Vous êtes sur la page 1sur 14

ASSOCIATION FRANÇAISE DES TUNNELS

ET DE L’ESPACE SOUTERRAIN

Organisation nationale adhérente à l’AITES


www.aftes.asso.fr

Recommandations
de l’AFT E S

La mise en œuvre
du tir séquentiel
en travaux souterrains
GT3R4F2
Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2

Recommandations relatives
à la mise en œuvre du tir séquentiel
en travaux souterrains
Version 2 – 2007 – approuvé par le comité technique du 23/10/2007

Texte présenté par Loïc THEVENOT animateur du Groupe de travail n°3,


Marie Christine MICHEL et Thierry PANIGONI

Cette version annule et remplace la version 1.


(Version 1 – 1999 – approuvé par le comité technique du 4/05/1999 - Texte présenté par André SCHWENZFEIER
animateur du groupe de travail n°3, Pierre HINGANT et André ROZIERE)

Etabli avec la participation de :


A. BLANCHIER (YSO CONSULTANT), Y. BLEUZEN (NITRO BICKFORD), GF CARRARA (EIFFAGE), D. CHARLOT (BEC),
B. COSME (VINCI CONSTRUCTION), G. CUEILLE (RAZEL), S. DUCLOS (CATM), L. FAURIA (CETU), P. GOYET (BEC),
P. HINGANT (SCETAUROUTE), C. LEMAI (BOUYGUES), A. MARTINOTTO (VINCI CONSTRUCTION),
P. MONTAGNEUX (NITRO BICKFORD), G. PARADIS (SNCF), R. PUNTOUS, S. RABUT (TITANITE), J. REVIL SIGNORAT (KINSITE),
JL SCHREIBER (NOBEL EXPLOSIFS), A. SCHWENZFEIER (CETU), C.TURRO (EXCIA)

Sont à remercier pour leur participation à la relecture du document :


Jean GUILLAUME (RAZEL), Alain MERCUSOT (CETU), Jean-Luc TROTTIN (EIFFAGE), Patrick RAMOND (RAZEL)

L’A.F.T.E.S. recueillera avec intérêt toute suggestion relative à ce texte.

SOMMAIRE
Pages Pages

1 - AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 457 3 - CONSIDERATIONS RELATIVES A LA PROTECTION


1.1 - Maîtrise du tir séquentiel électrique . . . . . . . . . . 457 DE L’ENVIRONNEMENT CONTRE LES EBRANLEMENTS
1.2 - Développement du tir électronique . . . . . . . . . . . 457 DUS AU TIR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461
1.3 - Valorisation du tir séquentiel non électrique . . . 457 3.1 - Caractéristiques du tir en tunnel . . . . . . . . . . . . 461
3.2 - Précautions à prendre lors de l’usage du
2 - CONCEPTION ET MISE AU POINT
tir séquentiel pour limiter les ébranlements . . . . 461
DES PLANS DE TIR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458
2.1 - Première règle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459 4 - MISE EN ŒUVRE DES TIRS SEQUENTIELS . . . . . . . . 462
2.1.1 - Tir électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459 4.1 - Contrôles et vérifications avant le tir . . . . . . . . . 462
2.1.2 - Tir non électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459 4.2 - Exécution des tirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463
2.1.3 - Tir électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 460 4.3 - Formation du personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463
2.2 - Deuxième règle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 460 5 - PERSPECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463
2.2.1 - Tir électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 460
2.2.2 - Tir non électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 460 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 464
2.2.3 - Tir électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 464
2.3 - Troisième règle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461
2.4 - Autres éléments à prendre en compte . . . . . . . . 461

456 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

1 - AVANT-PROPOS

1.1 - Maîtrise du tir séquentiel électrique présent réservée à des applications spécifiques avec de fortes
contraintes environnementales, principalement de vibrations.
Le tir séquentiel, l’utilisation des précharges, celles des jumbos
Malgré quelques aléas inhérents à la mise en œuvre de nouvelles
programmables et maintenant la sensibilisation et le pompage des
techniques, les détonateurs électroniques sont présentés comme
émulsions à front de taille sont les éléments qui ont fait progresser le
une technique d’avenir, le coût d’utilisation étant à ce jour le prin-
creusement des tunnels à l’explosif ces 20 dernières années.
cipal obstacle à lever.
Le tir séquentiel électrique venu des Etats-Unis est maintenant
Un certain nombre de règles de sécurité sont voisines de celles du
généralisé en France où il a d’abord été utilisé sur des chantiers de
tir séquentiel électrique et assimilées au niveau de la formation du

ES
démolition ou de terrassement délicats en site sensible (première
personnel (option n°8 « tir par amorçage électronique » du CPT).
utilisation en France : démolition du viaduc SNCF de Commelles
en 1985) puis à partir de 1987 pour le creusement à l’explosif en
site sensible, Tunnel des Piles, notamment pour doublement de 1.3 - Valorisation du tir séquentiel
tunnel autoroutier : calotte du tunnel de l’Arme 1988 – Stross non électrique
Epine 1989 – Chamoise Sud pleine section 1992. Le tir séquentiel non électrique est encore peu utilisé en France.
Depuis, le tir séquentiel, basé rappelons le sur l’échelonnement des Etant par nature insensible aux champs électriques ou électromagné-
détonations, est maîtrisé par la plupart des entreprises de travaux tiques induits, aux courants vagabonds (défaut d’isolement), il a été
souterrains. dans le passé réservé à des tirs difficiles à réaliser en site sensible sou-
mis à des champs électriques ou électromagnétiques (ex : tunnels des
L’apport en termes d’impacts positifs sur l’environnement (ébranle- 13 vents sur A 55). Il est par contre très largement utilisé à l’étranger.
ment du massif, vibrations et surpressions aériennes) n’est plus
remis en cause.
L’évolution des techniques (détonateurs électroniques) et le déve-
loppement de nouveaux produits explosifs (émulsions pompées)
FT
nous conduisent à mettre à jour cette recommandation.

1.2 - Développement du tir électronique

Figure 2 : Connections des détonateurs non électriques


avec jhook sur cordeau détonant 5g/m.

La mise sur le marché des produits explosifs pompés et l’évolution


de la gamme non électrique (augmentation importante du nombre
de délais disponibles) réhabilite l’emploi du tir non électrique
(ex : tunnel des Grands Goulets, descenderie de Modane, galerie
de transfert des eaux de Salazie, tunnel de Chavane, descenderie
de La Praz) ; en effet les émulsions, produit de consistance
A

visqueuse, peuvent rendre délicate la réalisation des épissures


Figure 1 : Programmation des détonateurs électroniques à front de taille.
nécessaires au raccordement des détonateurs électriques. Le
contrôle de la continuité des circuits est visuel.
Dès la fin des années 80, les contraintes environnementales
notamment en tir de carrière ont imposé de maîtriser les dates de
départ des détonateurs et ont conduit les industriels à développer
des systèmes de tir électronique. Ces systèmes intègrent le détona-
teur proprement dit mais aussi des moyens de communication de
contrôle et de transfert d’énergie.
Aujourd’hui, existent sur le marché français plusieurs systèmes certifiés.
Outre l’intérêt pour l’environnement, les détonateurs électro-
niques apportent une sécurité supplémentaire et un confort lors
de la mise en œuvre, flexibilité de programmation, sécurité au
niveau du contrôle et gestion des stocks.
L’utilisation des détonateurs électroniques en souterrain est jusqu’à Figure 3 : Réalisation d’une grappe de détonateurs non électriques du plan de tir.

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


457
Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

2 - CONCEPTION ET MISE AU POINT DES PLANS DE TIR

Le plan de tir sera établi avant le démarrage du chantier par le Cet échelonnement est obtenu :
directeur de travaux du chantier ou son adjoint délégué. Il peut • En tir séquentiel électrique, par la combinaison du délai de la
faire appel à un laboratoire spécialisé pour la définition du plan de séquence programmée sur l’exploseur et du retard nominal des
tir type ou d’adaptations importantes aux conditions de chantier. détonateurs. L’exploseur séquentiel le plus couramment utilisé
Le directeur de travaux est responsable des adaptations imposées autorise 9 séquences (intervalles de temps entre 2 lignes consécuti-
par les variations du site. ves). (cf figure 4 - exemple d’engin électrique de mise à feu
Le plan de tir séquentiel comprend comme tout plan de tir : séquentielle).
• La définition du diamètre et de la profondeur des trous, de leur

ES
écartement et de leur orientation ;
• Leur disposition en vue d’une meilleure efficacité du tir ;
• Le plan de chargement (définition de la quantité d’explosif par
trou, du diamètre des cartouches, de la densité du produit…)
Les précharges ou, pour les explosifs pompés, l’utilisation de systè-
mes contrôlant la quantité d’émulsion mise en œuvre dans chaque
Figure 5 : Bornier de tir (planchette) au centre de la photo et commutateur
mine sont recommandées en tir séquentiel pour des considéra- de contrôle (boitier jaune) à gauche sur la photo.
tions de sécurité et pour assurer la maîtrise des ébranlements.
L’originalité du tir séquentiel électrique réside dans l’échelonne-
ment des détonations qui peut être beaucoup plus grand que pour
une série classique de détonateurs commercialisés en France.
Par exemple, pour le fabricant français DBS :
FT
• Avec des détonateurs électriques, 21 numéros de court retard
(0 à 20 par pas de 25 ms) et 12 numéros de retard utilisables en
série retard (1 à 12 par pas de 500 ms) soit 33 possibilités.
• Avec des détonateurs non électriques, 18 numéros de court
retard (SP3 à SP 20 par pas de 25 ms) et 23 numéros utilisables en
série retard (LP6 à LP80, pas de 100ms, 200ms et 500 ms).
Figurine 6 : Exploseur séquentiel.
A

Figure 4 : Schéma de principe d’un exploseur séquentiel.

458 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

• En tir non électrique, par la combinaison du délai des raccords la fois la probabilité et les conséquences. Il faut, en outre, impéra-
non électriques qui initient chaque grappe et du retard nominal tivement veiller lors des tirs séquentiels à n’utiliser dans une même
des détonateurs. volée que des détonateurs ayant des dates de fabrication voisines
(moins de 3 mois) et provenant d’un même lot.
• En tir électronique, par l’affectation à chaque détonateur d’une
date de détonation unique.

2.1 - Première règle


2.1.1 - Tir électrique
ES
Figure 7 : Tir séquentiel non électrique par grappage.
Figure 8 : Exemple de sécurité électrique en tir séquentiel non électrique –
1er détonateur n°10 CR (250 ms) et initiation de la ligne n°8 à 231 ms (7 * 33ms).

2.1.2 - Tir non électrique


Un tir séquentiel peut être réalisé avec des détonateurs non électriques
en partageant le front de taille en plusieurs zones.
En conséquence, la date de départ du premier détonateur doit être
FT
Tous les détonateurs électriques de l’ensemble de la volée doivent être
initiés avant le départ de la première mine. supérieure à la somme des retards des raccords non électriques
utilisés.
En conséquence, la date de départ du premier détonateur de la
volée doit être supérieure à la somme des délais des séquences Les séquences entre zones sont obtenues avec des raccords de
programmées sur l’exploseur. surface dont les différents retards peuvent être par exemple 17, 25,
42, 65, 100 et 200 millisecondes. Il est possible de positionner
Par exemple pour une durée d’initiation des circuits de 270 milli- en série plusieurs raccords permettant ainsi d’obtenir d’autres
secondes, la date de départ du premier détonateur devra être supé- intervalles de temps (ex : 17 + 42 = 59 ms) et augmenter ainsi le
rieure à cette valeur. Dans ce cas les détonateurs court retard de nombre de zones.
fabrication française ayant un numéro inférieur à 11 ne devront
pas être utilisés. Le respect de cette règle est impératif pour la
sécurité du tir.
Les séquences entre lignes doivent être le moins réduites possibles.
Cette séquence doit tenir compte de la dispersion des dates de
départs entre détonateurs d’une même série. Cette dispersion,
A

fonction à la fois de la précision de la fabrication, mais aussi du


vieillissement des composants des détonateurs, peut être élevée.
La précision des dates de départ des détonateurs dépend de leurs
temps de retard : les détonateurs court-retard jusqu’au n°20 (500
ms par pas de 25 ms) offrent une précision de +/- 4 ms sur la date
de départ. Les détonateurs à retard (pas de 500 ms) sont moins
précis (+/- 60 ms) mais respectent dans tous les cas la contrainte
de non recouvrement. L’imprécision sur la date de départ atteint
son maximum pour les détonateurs de dates de fabrication
éloignées.
Elle peut, en cas de durée de séquences insuffisantes entre lignes,
provoquer une inversion de dates de départ et perturber le plan de
tir. On peut donc, pour conserver avec une probabilité acceptable
le plan de tir et l’émission de vibration compatible avec les prévi- Figure 9 : Exemple de sécurité pyrotechnique en tir non électrique –
1er détonateur SP5 (125 ms) – dernier raccord initié 65 ms.
sions, adopter un intervalle de départ de l’ordre de 20 à 30 millise-
condes, ce qui, sans éliminer totalement les risques, en diminue à

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


459
Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

2.1.3 - Tir électronique


Les détonateurs électroniques, grâce à la puce électronique qui les
équipe, offrent une très grande souplesse dans le choix des inter-
valles de temps entre mines et autorisent donc une multitude de
combinaisons dans la programmation du tir réduisant ainsi
l’impact des contraintes vibratoires.
La connexion de tous les détonateurs s’effectue en parallèle sur
une seule ligne (ligne bus) à l’aide d’un connecteur prévu à cet
effet.
Selon les fabricants, les possibilités de programmation s’échelon-
nent de 1 à plusieurs milliers de millisecondes (1 à 14 000 ms

ES
pour le modèle Daveytronic 3).
La ligne bus alimente tous les détonateurs et envoie un ordre de
mise à feu commun. Tous les détonateurs sont autonomes et
Figure 10 : Vue, avant le tir, d’un front chargé avec des détonateurs NONEL. fonctionnent aux dates auxquelles ils ont été programmés, après
appui sur le bouton de tir,. Il n’y a donc pas de règle spécifique de
Les tubes des détonateurs d’une même zone peuvent être attachés raccordement et de séquence de tir pour les détonateurs électro-
ensemble, formant ainsi une grappe elle-même reliée soit à un rac- niques.
cord non électrique (maximum 6 tubes par boitier de connexion
en fonction du fabricant) soit à un dispositif spécial qui consiste
en un cerclage d’un brin de cordeau détonant 10g/m (maximum
de 20 tubes par grappe). La date de départ du premier détonateur
de la volée doit être supérieure à la somme des délais des différents
raccords ou du dernier raccord branché. Il est également possible
de raccorder individuellement les détonateurs par « clippage » du
tube non électrique (jhook) sur cordeau basse énergie 5g/m : dans
FT
ce cas tous les détonateurs sont initiés simultanément.

Figure 13 : Connexion d'un détonateur Daveytronic sur sa ligne de bus.

2.2 - Deuxième règle


2.2.1 - Tir électrique
Figure 11 : Raccordement des tubes non électrique par clipage d'un jhook sur CD 5. Limiter le nombre de détonateurs par ligne à la résistance maximale
admissible.
Par exemple : 24 ohms pour les détonateurs haute intensité,
(fabrication DBS France et pour un exploseur REOBM 20F 10
PT). La résistance d’un détonateur est fonction de sa tête, mais
A

aussi de sa tige qui peut être assez longue compte tenu de l’amor-
çage postérieur obligatoire. Il faut y ajouter la résistance des lignes
de tir élémentaires et du câble de tir jusqu’à la planchette de l’ex-
ploseur séquentiel.
Le nombre de détonateurs utilisables par ligne et la longueur
maximale de ligne de tir élémentaire doivent être définis en
concertation avec le fournisseur.
Figure 12 : Réalisation d'une grappe initiée par CD 20g/m puis raccordé
Nota : L’utilisation des détonateurs électriques haute intensité
ultérieurement à un raccord non électrique pour lui affecter un délai.
(HI) est recommandée pour les travaux souterrains ayant choisi
l’amorçage électrique.
Le bouchon est réalisé avec des détonateurs courts retards comme
pour le tir électrique. 2.2.2 - Tir non électrique
La mise à feu du tir se fait avec dispositif spécifique ou un autre L’usage est de limiter le nombre de détonateurs à une vingtaine
détonateur. d’unités par grappe afin de prévenir tout défaut d’allumage des
Le contrôle des circuits est visuel. tubes conducteurs d’onde de choc.

460 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

2.2.3 - Tir électronique 2.4 - Autres éléments à prendre


Les consoles de tir commercialisées actuellement permettent la en compte
mise à feu d’un nombre de détonateurs électroniques très supé- D’autres règles peuvent découler de la nécessité de limiter les
rieur au besoin rencontré en travaux souterrains. vibrations non seulement pour le chantier mais aussi pour son
environnement. Ce sujet sera traité au chapitre suivant. On peut
2.3 - Troisième règle déjà signaler qu’en tunnel, des mines peuvent être distantes de
plus de 10 mètres ce qui rend pour de telles mines presque nul le
Adopter une position simple et claire des lignes de tir et des risque de superposition totale des ondes dans le terrain.
raccordements.
C’est à partir de ces règles qu’on établit les documents du plan de
Il s’agit, autant que faire se peut, d’éviter les croisements pour faci- tir qui doivent comprendre en plus des documents habituels la
liter le travail de chaque préposé au raccordement et le contrôle répartition des lignes de tir et l’échéancier des détonations après

ES
par le chef de poste responsable du tir. mise à feu : le retard est la somme des séquences entre lignes
En tir séquentiel électrique, divers types de dispositions des lignes jusqu’à la ligne concernée ajouté au retard du détonateur. Il
de tir sont utilisés : est très commode, avant de reporter ces chiffres sur le plan, d’en
• La disposition en lignes horizontales (cf. exemple 1 en annexe) dresser un tableau avec les numéros de ligne en ordonnée et les
ou la disposition en lignes verticales (cf. exemple 2 en annexe). numéros de détonateur en abscisse. Il est également indispensable
Ces deux dispositions permettent de donner des instructions clai- de compléter ce plan par un tableau indiquant les résistances obtenues
res aux préposés au tir et éviter ainsi les risques d’erreurs. à la planchette et à l’exploseur.
• La disposition en ligne concentrique inspirée des tirs classiques On a toujours intérêt dans le plan de tir séquentiel :
(cf. exemple 3 en annexe). • A vérifier que l’ordre de départ des lignes est compatible avec le
En tir non électrique, l’usage est d’équilibrer le nombre de détona- dégagement des mines pour prévenir tout dysfonctionnement du
teurs entre les grappes, de réaliser une symétrie des connexions tir ;
entre la gauche et la droite du bouchon afin de repérer visuelle- • A réaliser le bouchon uniquement avec les détonateurs à court
ment tout oubli de branchement, de réaliser un lovage des tubes retard disponibles et sur la première ligne du plan de tir séquentiel
après leur raccordement à la grappe afin d’améliorer les contrôles ou sur le premier raccord en tir non électrique de façon à garantir
visuels à front, de réaliser une grappe unique pour le bouchon si son amorçage. La bonne sortie du bouchon conditionne en effet
FT
possible. le résultat du tir en termes d’efficacité et d’ébranlement.
Le choix incombe au directeur de travaux compte tenu à la fois Voir exemple de tir en annexe (Mêmes exemples que la recom-
des données du site, de la qualification du personnel et du matériel mandation originale).
utilisé (plateforme, nacelles, etc...).

3 - CONSIDERATIONS RELATIVES A LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT


CONTRE LES EBRANLEMENTS DUS AU TIR

3.1 - Caractéristiques du tir en tunnel Les deux premières de ces caractéristiques font que les charges
unitaires (charge par date de détonation) sont généralement limi-
A

Le tir en tunnel présente des particularités liées à la nécessité de tées à quelques kg voire même à quelques centaines de grammes.
préserver l’environnement de l’ouvrage en cours de creusement.
Le tir, avant l’apparition du séquentiel, se faisait en plusieurs
• Ménager le terrain encaissant est indispensable tant pour la volées (sauf pour les petites galeries bien entendu). Pour économiser
stabilité à court et à long terme de l’ouvrage que pour la limitation le nombre de volées, la tendance naturelle était d’augmenter
des « hors profils » et la demande de soutènement. les charges unitaires ce qui se traduisait par des ébranlements pas
• Les techniques dites de pré-découpage (tirs bloqués ébranlant au toujours admissibles pour l’environnement.
maximum le terrain) sont à proscrire. Seules sont admissibles les Le tir séquentiel offre la possibilité d’affecter une date de détona-
techniques de découpage soigné, tir de charges proches mais fai- tion par mine, ce qui autorise l’augmentation du nombre de
blement chargées sur le pourtour de l’excavation. La technique mines et la diminution de la charge unitaire instantanée.
dite de post-découpage offre le meilleur dégagement du tir en fin
d’abattage (derniers retards) et donne de bons résultats. 3.2 - Précautions à prendre lors
• Le tir ne doit pas affecter les soutènements immédiats ou définitifs de l’usage du tir séquentiel
(revêtement) situé à proximité du front. pour limiter les ébranlements
• Le tir ne doit pas affecter non plus les constructions ou installa- La protection contre les ébranlements est avant tout un problème
tions voisines. de limitation de la charge unitaire instantanée, ce que nous avons

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


461
Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

vu pour l’élaboration du plan de tir. Les précautions supplémen- compte de ces phénomènes en intercalant, par exemple, dans sa
taires à prendre consistent à éviter le départ simultané de plusieurs géométrie des trous vides entre les premiers trous qui sont parfois
charges et la superposition des vibrations induites. très proches (15 à 20 cm).
En ce qui concerne la charge unitaire instantanée Qi, on ne peut Comme indiqué au paragraphe 2.1.1 la précision des dates de
que rappeler la formule : départ des détonateurs court retard peut, pour une même série de
V= K [D/√Q i]- α fabrication, être estimée à quelques millisecondes ce qui élimine la
plupart des risques ; par contre, pour les retards obligatoirement
V est la vitesse particulaire exprimée en mm/s. utilisés pour des raisons pratiques en souterrain, le risque peut
Q i est la charge instantanée maximale exprimée en kg. paraitre plus grand. Il est toutefois minime étant donné la disper-
K est la constante du site sion statistique des retards pyrotechniques.
α est la pente de la droite de régression en coordonnées bi loga- Il faut toutefois insister sur la précision de la foration et le choix

ES
rithmiques. de retards éloignés pour les mines proches.
D est la distance en mètres entre la charge et le capteur placé sur le En ce qui concerne le cumul des vibrations (superposition des
point sensible à protéger. ondes vibratoires), il faut tout d’abord rappeler que le principe du
critère de vitesse crête de vibration retenu est la vitesse maximale
Des tirs d’essais réalisés dans les terrains à excaver, permettent de mesurée sur l’un des trois axes de mesure.
déterminer K (très variable) et α (variant peu 1,4 à 1,8 en général).
Il faut également prendre en compte les fréquences des ondes
On peut en déduire Qi en fonction du site et des constructions à vibratoires.
protéger.
En résumé, pour ce qui concerne la protection de l’environne-
En ce qui concerne le départ simultané des charges, celui-ci ment contre les ébranlements dus au tir en tunnel, tout est subor-
peut se produire par « sympathie » : mine influençant une mine donné à l’exécution des tirs d’essais avec mesure de vibrations
voisine (détonateur ou charge) en cas de trop grande proximité. (enregistrement du signal temporel et répartition des fréquences),
Celui-ci peut également se produire en cas de délai entre retards à partir desquelles doivent être établies des plans de tirs séquentiels
séquentiels trop réduits. La conception du bouchon devra tenir appropriés. Des contrôles réguliers doivent être ensuite effectués.
FT
4 - MISE EN ŒUVRE DES TIRS SEQUENTIELS

4.1 - Contrôles et vérifications


avant le tir
Les contrôles de l’exploseur proprement dit sont à réaliser en labo-
ratoire : laboratoire du constructeur, du distributeur ou laboratoire
compétent (réglementairement chaque année).
Ils sont à effectuer en outre avant le démarrage de chantier important
et bien entendu en cas d’anomalies, à l’initiative du directeur de
A

travaux (cf. Nota).

Tir séquentiel
Les vérifications des résistances des lignes de tir avant chaque tir
sont du ressort du chef de poste responsable du tir. Elles doivent se Figure 14 : Contrôle des résistances ohmiques de chaque ligne à la planchette.
faire au niveau de chaque ligne de tir avant raccordement au
bornier (planchette), au niveau de la ou des planchettes à l’aide
d’un ohmmètre et d’un sélecteur de ligne à l’extrémité du câble de Tir électronique
raccordement avant branchement sur l’exploseur. La mise en œuvre d’un plan de tir électronique est réalisée par un
Ces contrôles font l’objet d’une notice spécifique fournie par opérateur spécialement formé à l’utilisation au front de la console
le distributeur qui indique également les résistances limites des de programmation.
circuits. Il procédera notamment au contrôle de la présence des détona-
Le contrôle visuel de l’état des lignes, des connexions et de la teurs, du nombre de détonateurs, de la détection des courants de
conformité des raccordements au plan de tir est du ressort du chef fuite et du contrôle des temps de départ et doit être capable de
de poste responsable du tir (cf. Nota) avant chaque tir. détecter toute autre anomalie et les signaler.

462 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

Tir non électrique Pour le tir électronique, le personnel devra suivre une formation
Le chef de poste responsable du tir procède au seul contrôle visuel spécifique délivrée par le fabricant à l’issue de laquelle il recevra
des connexions et à la conformité des raccordements au plan de tir une habilitation délivré par le chef d’établissement.
avant chaque tir. Il est primordial, pour que le contrôle visuel soit
efficace, que les tubes soient raccordés de façon lisible. 4.3 - Formation du personnel
Nota : Nous avons privilégié les dénominations de postes propres aux Il appartient au fournisseur du matériel de tir, non seulement
travaux publics : ainsi le directeur de travaux est le premier représentant d’élaborer et fournir une notice d’emploi mais d’alerter l’utilisateur
de l’entreprise assumant la responsabilité du projet. Il peut être assisté sur les précautions en tous domaines et de bien préciser les vérifi-
d’un adjoint expérimenté en matière de creusement à l’explosif. cations à effectuer (sur le chantier ou en laboratoire).
Le chef de poste responsable du tir est la personne qui dirige l’équipe Le directeur de travaux (ou un adjoint spécialement désigné sur
d’excavation. Il est titulaire du CPT et est expérimenté en matière de les grands chantiers) est responsable de l’élaboration des plans de

ES
creusement à l’explosif. tir (foration, répartition des charges et de la consigne de tir) ce qui
implique qu’il ait reçu une formation spécifique en minage.
4.2 - Exécution des tirs Le chef de poste responsable du tir d’un niveau au moins « technicien
La bonne exécution des tirs séquentiels implique : supérieur ou assimilé » est responsable de toutes les opérations et
contrôles effectués sur le chantier. Il effectue lui-même les derniers
• Le respect rigoureux du plan de tir pour ce qui concerne les contrôles avant tir et le tir proprement dit. Dans ce cas il sera titulaire
charges unitaires, la répartition des retards et le raccordement des du certificat de préposé au tir CPT avec option amorçage par
circuits de tirs ; dispositif électronique et aura reçu une formation supérieure en
• Le respect de tous les contrôles avant tirs : contrôles des résistances minage et une formation au tir séquentiel.
des circuits à front, à la planchette et au poste de tir, contrôle Les préposés au tir, titulaires au minimum du CPT avec option
visuel des circuits de tirs. « amorçage par dispositif électronique » sont responsables de
La personne essentielle est le chef de poste responsable du tir qui l’amorçage, de la mise en place des charges, du bourrage et des
ne peut déléguer qu’à des préposés titulaires du CPT, avec option opérations de raccordement des circuits de tir en référence au plan
« amorçage par dispositif électronique » pour les tirs séquentiels de tir. Ils doivent avoir été formés aux règles de sécurité du tir
électrique et électronique, le chargement et le raccordement des séquentiel en souterrain et posséderont un permis de tir délivré
FT
circuits. Le chef de poste responsable du tir supervisera tous les par le chef d’établissement.
contrôles avant tir et l’exécution du tir.

5 - PERSPECTIVES

Le tir à l’explosif en tunnel a réalisé ces dernières années des


progrès considérables, tant sur le plan de l’efficacité que celui de la
sécurité et de la maîtrise des nuisances vibratoires.
A

Les progrès sont liés à l’utilisation :


• Des jumbos assistés par ordinateur
• Des précharges
• Des émulsions pompées
• Des systèmes d’amorçage électriques séquentiels et non
électriques (associés aux explosifs pompés)
On peut espérer, en outre, que l’arrivée sur le marché français des
détonateurs électroniques de dernière génération et des équipe-
ments associés permettra encore de progresser en sécurité,
efficacité, respect de l’environnement, tout en optimisant le tir
séquentiel à l’explosif. Figure 15 : Chargement avec des explosifs pompés.

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


463
Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

BIBLIOGRAPHIE

• AFTES - Recommandations du Groupe de travail n°3 • R. LIMONET, P. HINGANT, F. THIERRY - Utilisation de


« Creusement à l’explosif » l’amorçage séquentiel pour les travaux du doublement du
- L’étude des effets sismiques de l’explosif - Supplément du n°117 tunnel de la Chamoise - TOS n°124 juillet/août 1994
TOS mai/juin 1993
- Utilisation du guide pour la mesure et le suivi de l’effet des vibra- • A. SCHWENZFEIER - Apport du tir séquentiel pour le
tions solidiennes induites par les travaux (à paraître) respect des contraintes de vibrations - TOS n° 134 mars/avril
- La méthode de préparation des précharges - TOS n°131 1996
mars/avril 1996

• GFEE - Groupement français de l’énergie explosive de la


SIM - « La sécurité du tir séquentiel » par P.Vuillaume et
A.Blanchier - Memento des Mines et Carrières n°3/ 1997
ANNEXES

Exemple 1 : Tunnel ferroviaire de Marseille – Pleine section – Lignes horizontales

464 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


Recommandations de l’AFTES n° GT3R4F2
Recommandations relatives à la mise en œuvre du tir séquentiel en travaux souterrains

ANNEXES
Exemple 2 : Tunnel de la Duchère – Site propre – bus - pleine section – Lignes verticales

Exemple 3 : Tunnel de la Chamoise – Plan de tir séquentiel - Pleine section

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 210 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2008


465
www.aftes.asso.fr

Tous droits de reproduction, adaptation, totales ou partielles sous quelques formes que ce soit, sont expressément réservés.

Vous aimerez peut-être aussi