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La collision continentale

et
le cycle orogénique

Les chaînes de collision résultent de la collision entre une marge continentale et une autre
structure qui peut être :
- soit une croûte océanique ou, plus fréquemment, un arc insulaire. Le résultat est une
chaîne liminaire.
- soit une autre marge continentale. Le résultat est une chaîne de collision
intercontinentale ou chaîne de collision sensu stricto.

I- Les chaînes liminaires : exemple de l’île de Taiwan


L’île de Taiwan résulte de la collision, actuellement en cours (Fig.1 et 2), de l’arc des
Philippines avec la marge chinoise (eurasiatique).
L’archipel des Philppines est un arc insulaire volcanique (dit arc de Luzon) qui est séparé de
l’Asie par la mer de chine méridionale, en cours d’ouverture (début Tertiaire). La fosse de Manille
est le point de départ d’une subduction à pendage Est (Fig. 2). Elle est associée à un important
prisme d’accrétion. Or, vers le Nord, on voit la mer de Chine méridionale se refermer peu à peu. En
même temps, la fosse de Manille s’estompe, la sismicité devient diffuse et l’arc volcanique perd toute
activité. Ces changements résultent de la collision de l’arc de Luzon avec la marge continentale
asiatique. La partie émergée de ce système en collision est l’île de Taiwan.
L’âge de la collision peut être déduit des données stratigraphiques classiques (les sédiments les plus
récents de la marge chinoise chevauchés par l’arc insulaire sont d’âge Miocène), de l’arrêt du
volcanisme à l’extrémité Nord de l’arc de Luzon (limite Miocène-Pliocène) et enfin de l’âge du
métamorphisme schistes bleus à schistes verts lié à la collision (5Ma), qui est bien la limite Miocène-
Pliocène.
L’orientation des contraintes régionales lors de la collision est donnée par le sens de
déplacement de la plaque pacifique, soit vers le NW (Fig.1) .

L’île de Taiwan comprend deux parties (Fig.1):


1- La chaîne côtière orientale, très étroite. C’est l’extrémité Nord de l’arc de Luzon, très
déformée. On y voit un puissant volcanisme andésitique d’âge miocène associé à des
grauwackes. Cette chaîne côtière est limitée à l’ouest par une zone d’écailles rétrochariées
vers l’Est, jalonnant un grand accident, sismiquement actif. L’analyse structurale et les
mécanismes au foyer montrent une compression très active vers l’Ouest ou le NW, doublée
d’une composante décrochante sénestre.
2- Le compartiment occidental forme l’essentiel de l’île et représente la bordure déformée de
la plaque eurasiatique. D’une manière générale, l’âge des terrains, l’âge et l’intensité de la
déformation décroissent vers l’Ouest, ce qui est en bon accord avec un processus de collision
se produisant d’E en W. L’intérieur du compartiment et notamment la chaîne centrale (qui
dépasse localement 4000m) est un ensemble d’écailles dont une partie appartient au socle et
à la couverture de la marge chinoise, l’autre représente la partie émergée et plissée du

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prisme d’accrétion de Manille, précédant l’arc de Luzon. Il s’agit de turbidites, à faciès d’eau
de moins en moins profonde jusqu’à la fin du Tertiaire. Elles ne seront tectonisées qu’au
quaternaire. La plaine côtière occidentale est un secteur particulièrement intéressant parce
que la déformation y est en cours : les terrasses alluviales et marines sont basculées et
déformées; la séismicité est intense.

On remarquera l’absence d’ophiolites dans la suture. Ces roches ont cependant existé mais
ont été détruites par l’érosion car on en retrouve des traces en olistolites dans les sédiments
constituant les écailles rétrochariées sur la chaîne côtière orientale.

II- Les chaînes intercontinentales


Elles résultent de la collision entre 2 marges continentales jadis séparées par un espace de
croûte océanique. La plupart des chaînes actuelles de ce type se trouvent le long de l’axe orogénique
qui court de Gibraltar à la Birmanie (Fig. 3), ou axe mésogéen, axe qui a été depuis longtemps
interprété comme le résultat de la collision des blocs africain et indien d’une part, et asiatique et
européen de l’autre, bien avant que ne soient définies les plaques lithosphériques.

II-1- Exemple 1- La collision indienne et la formation de l’Himalaya

II-1-1. La structure de l’Himalaya


La carte et les coupes de la chaîne de l’Himalaya (Fig. 4 et 5) montrent les grands traits
géologiques de cet orogène :
- La suture de l’Indus correspond à ce qui reste de l’océan Tethys. On reconnaît des nappes
ophiolitiques ainsi que des séries sédimentaires (turbidites, flysch à blocs, mélanges) correspondant
à un prisme d’accrétion et aux sédiments syntectoniques formés lors de la fermeture de la Téthys.
- Au Nord de la suture, le plateau du Tibet est caractérisé par des séries de grès rouges
continentaux et de laves calcoalcalines du Crétacé et quelques calcaires marins d’âge crétacé-
éocène. Ces roches sont dans l’ensemble faiblement déformées par des plis droits à grand rayon de
courbure, sans schistosité et sans métamorphisme associé. Il existe aussi de vastes plutons de
granitoïdes calcoalcalins (granodiorite, diorite) formant le batholite transhimalayen.
- Au Sud, sous le flysch à blocs, le continent indien est subdivisé en Haut-Himalaya (Haute
chaîne), Bas-Himalaya (Moyen Pays) et Sous-Himalaya (collines des Siwaliks). Le Haut-Himalaya
comprend au Nord la zone Téthysienne constituée de roches sédimentaires plissées, déversées au
Sud et transportées par le chevauchement de Kangmar sur les séries téthysiennes de la « dalle du
Tibet ». Il s agit de roches sédimentaires paléozoïques reposant sur des gneiss à disthène et
sillimanite. L’ensemble métamorphique du Haut-Himalaya chevauche le Bas-Himalaya par
l’intermédaire du chevauchement Central Principal (MCT=Main Central Thrust). Le Bas Himalaya,
formé de roches sédimentaires et métamorphiques, chevauche également vers le Sud des formations
terrigènes du Tertiaire inférieur qui constituent la zone sous-himalayenne. Ce chevauchement est
appelé le Chevauchement Bordier Principal ou MBT (Main Boundary Thrust).

Cette zonation montre clairement que les deux continents qui sont entrés en collision sont
très inégalement déformés. Le continent asiatique en position supérieure est peu déformé. Le
continent indien en position inférieure est débité en grandes lames crustales séparées par plusieurs

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chevauchements ductiles : suture ophiolitique, Kangmar, MCT et MBT. La structure de l’Himalaya,
bien connue dans la partie centrale, au Nepal, se suit tout au long de la chaîne sur près de 2500 Km.

Les roches métamorphiques du Haut-Himalaya sont caractérisées par des linéations


d’étirement transverses à la chaîne indiquant le sens de déplacement des nappes vers le sud. La
chaîne de l’Himalaya présente aussi un métamorphisme inverse. Pendant le fonctionnement des
cisaillements crustaux, l’empilement d’une nappe plus chaude que l’unité sous-jacente provoque son
réchauffement et la formation de nouveaux minéraux métamorphiques de haute température et
basse pression comme biotite, grenat, staurotide. Les isogrades du métamorphisme le plus intense
(sillimanite, muscovite) s’observent au niveau du contact des nappes. Puis lorsqu’on s’éloigne du
contact, la chaleur diminue, le métamorphisme décroît, on observe du grenat associé à de la
staurotide puis du grenat et de la biotite. Le métamorphisme s’accompagne de fusion crustale (ou
anatexie) à l’origine de plutons leucogranitiques dont la mise en place dans la croûte supérieure est
associée à des failles normales. Ainsi, le flanc nord de l’Everest, du côté chinois, est découpé par la
faille normale nord himalayenne qui abaisse le compartiment nord (le Tibet) par rapport à l’Himalaya.

II-1-2. Un scénario d’évolution probable : découplage croûte manteau


La formation de la chaîne de collision de l’Himalaya se réalise par un empilement crustal
édifié progressivement dans le temps et dans l’espace. On observe une migration du nord vers le sud
des grands cisaillements crustaux (Fig. 14). Dans un premier temps, entre le Crétacé supérieur et
l’Éocène inférieur, la disparition de la Téthys est accommodée par sa subduction sous l’Asie à la
vitesse de 140 mm/an. Au Crétacé supérieur, le sud Tibet est une chaîne de subduction de type
andin. La croûte océanique téthysienne est ensuite charriée (obductée) sur la partie la plus
septentrionale de l’Inde qui subducte sous le Tibet. La collision se produit au début de l’Eocène, vers
50 Ma. Le continent indien est alors découpé en grandes nappes de charriage par les chevauchements
de Kangmar, le MCT puis le MBT. Ce sont ces cisaillements qui sont à l’origine de l’épaississement
crustal. Notons que puisque l’océan indien continue actuellement à s’ouvrir, le rapprochement Inde-
Asie se poursuit par des déformations intracontinentales à la vitesse de 50 mm/an. Les anomalies
magnétiques de l’océan Indien montrent que depuis 50 Ma, l’Inde et l’Asie ont connu un
raccourcissement intracontinental de l’ordre de 2500 km. La convergence se poursuit encore
actuellement comme en témoigne la sismicité actuelle des Siwaliks et même parfois en Inde.

Ce schéma évolutif montre aussi que la collision indienne est responsable d’un épaississement
limité à la croûte. On doit donc admettre l’existence d’un découplage mécanique très important entre
la croûte et le manteau lithosphérique, au niveau du MOHO.

II-1-3. Les effets à grande distance de la collision indienne


La collision continentale ne se limite pas à la zone de contact entre les deux plaques, c’est-à-
dire à la chaîne de l’Himalaya. La déformation affecte des régions éloignées de plusieurs centaines
voire des milliers de km. Les déformations tertiaires d’Asie s’étendent de l’Himalaya au lac Baïkal et
de l’Afghanistan au Vietnam.
Le modèle du « poinçon continental rigide » proposé par Molnar et Tapponnier en 1976 (Fig.
6) est devenu très populaire. Selon ce modèle, la croûte indienne rigide déforme, « poinçonne », la
croûte asiatique plus ductile et hétérogène en réactivant certaines structures héritées des
tectoniques paléozoïques et mésozoïques. Au nord du Tibet, la compression himalayenne est
responsable de la réactivation de failles paléozoïques et de la surrection des chaînes du Kun Lun et

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du Tian Shan qui peuvent atteindre des altitudes très élevées (entre 3000 et 5000 m). L’Asie
Centrale fournit donc un exemple exceptionnel de subduction continentale.

Le poinçonnement indien est aussi accommodé par un échappement de l’Asie vers l’est rendu
possible grâce à l’existence du bord libre constitué par les zones de subduction de la partie orientale
de l’Eurasie sous les plaques Pacifique et Mer des Philippines : arcs des Kouriles, du Japon, de Nankai
et des îles Ryukyu, de Manille. Ainsi, au nord de l’Himalaya, le plateau du Tibet est découpé par de
grands décrochements sénestres dont la faille de l’Altyn Tag constitue la structure la plus
spectaculaire. A l’est, des décrochements lithosphériques accommodent l’extrusion de grands blocs
crustaux : Indochine, Chine du Sud, Chine du Nord et Mongolie. Ce déplacement vers l’est
s’accompagne d’une distension crustale. C’est ainsi que l’on peut expliquer la formation de plusieurs
systèmes de rifts continentaux de direction globale N-S : Tibet central, lac Baïkal, Shanxi. Dans
certaines régions, l’étirement crustal est tellement important que la croûte continentale disparaît et
est remplacée par de la croûte océanique. Les bassins océaniques de la Mer de Chine du Sud et de la
Mer d’Andaman seraient formés de cette manière.

II-2. Exemple 2- La collision Afrique-Europe et la formation des Alpes

Les chaînes alpines méditerranéennes résultent de la convergence entre l'Afrique et


l'Eurasie depuis le Crétacé jusqu'à l'actuel. Ces chaînes forment de vastes ceintures orogéniques
tout autour de la Méditerranée depuis la Turquie jusqu'à l'océan Atlantique. Les Alpes franco-
italiennes (que l’on décrira ci dessous) résultent de la collision entre la plauque européenne et le
promontoire adriatique (insubrien) de la plaque africaine. Plus à l’ouest, les cordillères Bético-
Rifaines constituent la terminaison occidentale de ce vaste domaine orogénique et se sont formées
en réponse à la collision entre l'Afrique et le bloc Ibérique (Fig. 3).

Il ne s’agit pas ici de décrire en détail la structure et l’évolution géodynamique de la chaîne


des Alpes qui est également un exemple classique de chaîne de collision. Les Alpes sont étudiés
depuis près de 2 siècles, il est donc plus difficile d’extraire les informations les plus significatives au
sein d’une énorme masse de données. En outre, la paléogéographie qui contrôle le dépôt des
sédiments ultérieurement tectonisés est beaucoup plus complexe que dans l’Himalaya et par
conséquent les structures résultantes sont également plus complexes. Une autre différence entre
les 2 chaînes est due au fait que la chaîne alpine résulte de la collision de 2 continents, l’Europe et
l’Afrique, issus d’une même masse continentale initiale, la Pangée, préalablement structurée au
Paléozoïque lors de la formation de la chaîne hercynienne. De ce fait le socle des 2 continents
possèdent de grandes analogies.

II-2-1. Principaux domaines structuraux


Quatre domaines structuraux qui sont du NW au SE (ou des zones externes vers les zones
internes, (Fig. 7 et 8) :

a)- Les domaines extraaplins


Ils comprennent la zone molassique périalpine, formée de produits de destruction des Alpes.
(bassin flexural) et les chaînons du Jura (pateforme continentale plissée lors de la compression

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alpine). Ici la croûte continentale a une épaisseur normale (30 Km). On est sur le continent européen
lui même.
Le bassin flexural s’est formé au miocène qui est l’étape principale de l’émersion de la chaîne.
Les produits d’érosion (molasses et conglomérats) s’accumulent dans les dépressions au front de la
chaîne.
Les chaînons subalpins correspondent à une couverture sédimentaire d’âge jurassique-
crétacé affectée par des plis coffrés et des plis-failles à déversement W ou NW.

b)- Le domaine dauphinois (zone externe)


Domaine caractérisé par un enfoncement généralisé du socle au Mésozoïque. Ce socle montre
une inversion structurale. Après avoir subi un rifting au Trias-Lias (qui a donné lieu à des failles
normales et grabens), il est affecté par une compression alpine qui a donné lieu à des failles inverses
et des plis. Aux approches des zones internes, la tectonique devient plus énergique et affecte le
socle qui apparaît alors dans les massifs cristallins externes. Le raccourcissement a donc été plus
intense et la tectonique des nappes apparaît. Les massifs cristallins externes constituaient le socle
de la marge européenne. Ils comprennent le massif de Belledonne qui est une portion de la
lithosphère océanique âgée de 496 Ma (ophiolites varisques).

Les zones externes sont séparées des zones internes par une importante surface de
chevauchement dite chevauchement pennique frontal. C’est une zone étroite avec plusieurs
chevauchements à vergence ouest à NW.

c) - Le domaine Briançonnais (croûte supérieure)


Pendant la période triasico-jurassique, le domaine briançonnais formait une zone de haut
fond (barrière) entre le domaine dauphinois et le domaine piémontais. Le briançonnais est
représenté par des roches sédimentaires de type dolomies triasiques et de ce fait il correspond à
une croûte supérieure.

d)- Le domaine piémontais


Le domaine piémontais correspond aux « schistes lustrés » qui renferment les massifs
cristallins internes et des ophiolites éclogitisées. Il correspond au bloc les plus proche de l’océan
téthysien (le bloc le plus profond). Le socle est de type granito-gneissique, et à structure très
différente de celle de son homologue externe. Les plis qui l’affectent sont longs, souples, à flancs
inverses conservés et schistosité de flux. La couverture de ce socle est souvent décollée.

Le piémontais est une lithosphère éclogitisée. La coupe du Mont Viso montre des
métagabbros et des métabasaltes affectées par des zones de cisaillement, surmontant des
serpentinites et surmontés par les schistes lustrés. La présence de minéraux de métamorphisme
type omphacite et grenat témoignent de l’éclogitisation. La présence de structures plissées indiquant
un jeu normal témoigne de l’exhumation. Le piémontais correspondait à un océan, l’océan « Ligure ».

Enfin on rapporte au domaine austroalpin, c’est à dire la zone alpine la plus interne, d’origine
« africaine » (qui fait suite vers le SE au domaine piémontais et se trouve largement représentée
dans les Alpes autrichiennes), le lambeau de terrain de socle hercynien de la dent blanche, au Nord
d’Aoste; il est chevauchant sur les terrains précédents.

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La partie la plus méridionale est dite « sudalpine ». Elle est séparée de l’austroalpin par la
faille insubrienne.

II-2-2. Les principales étapes de l’évolution tectonique et géodynamique

On peut résumer l’histoire des Alpes comme suit (Fig. 9 et 10) :(1) Rifting continental au
Trias-Lias. Les domaines piémontais et dauphinois se trouvent séparés par un haut
fond ou domaine émergé, le briançonnais.
 (2) Après la période de distension intracontinentale du Trias-Lias, au jurassique
moyen au Crétacé inférieur il y’a formation de l’océan « Ligure » (de 165 à 120 Ma) au
niveau du domaine piémontais (vitesse d’extension faible) et d’un autre petit océan,
l’océan valaisan (100Ma) au niveau du domaine dauphinois (on connaît aussi des
ophiolites dans le domaine valaisan). Les deux océans sont séparés par le
microcontinent le briançonnais.
 (3) Subduction océanique (de 110 Ma à 65 Ma), en témoignent les flyschs (p. ex.
flyschs à Helminthoïdes de l’Embrunais) interprétés comme des dépôts de prisme
d’accrétion, et le métamorphisme de haute pression associé à la subduction de la
lithosphère océanique (schistes bleus, éclogites à jadeite-glaucophane…)
 (4) subduction continentale de (65 à 35 Ma), les 2 marges continentales rentrent en
contact avec comme conséquences l’obduction de l’ophilolite de l’océan « Ligure », la
subduction du briançonnais au paléocène (65-50Ma) et de la marge européenne à
l’Eocène (50-35 Ma). Un métamorphisme de haute pression est associé à la
subduction continentale (apparition de coésite)
 (5) collision (de 35 Ma à l’actuel). Le blocage de la subduction continentale induit
l’empilement et l’exhumation, ainsi que la migration de la déformation vers l’ouest ou
le NW.

II-2-3. Les traits originaux des Alpes

Contrairement aux chaînes himalayenne ou hercynienne, l’anatexie crustale et le plutonisme


sont pratiquement absents dans les Alpes. Les petits massifs granitiques de Bergell et d’Adamello à
la frontière italo-helvétique ainsi que le dôme du Tessin sont les rares représentants des
phénomènes thermiques post-collisionnels (fusion crustale ou métamorphisme de HT) dans la chaîne
alpine. Certains auteurs considèrent que des plutons granitiques sont présents en profondeur mais
pas encore exposés à la surface. Cet argument se heurte à la présence de roches de ultra-haute
pression formées plus profondément et pourtant elles déjà exhumées. Une autre hypothèse
séduisante est de considérer que les roches continentales qui constituent la chaîne alpine ne sont
plus « fertiles ». En effet, ces roches ayant déjà exprimé des liquides magmatiques lors de
l’orogenèse hercynienne, leurs potentialités comme sources de magmas pendant l’orogenèse alpine
sont quasi nulles.

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II-3- Exemple 3- La chaîne hercynienne (= varisque) d’Europe

La chaîne hercynienne a perdu tous ses reliefs à la fin du Paléozoïque (il y a 270-280 MA) et
tous les océans paléozoïques contemporains de sa formation ont disparu. Aussi pour étudier et
reconstituer cette chaîne fossile d’extension mondiale, il faut : (1) localiser les zones qui ont été
plissées avant le paléozoïque supérieur ou le mésozoïque, (2) raccorder ces zones plissées sous les
bassins récents et au travers les océans, (3) décrire les structures hercyniennes et reconstituer
l’allure globale de la chaîne, et (4) comprendre, grâce au paléomagnétisme et à la
paléobiostratigraphie, les déplacements des continents qui ont accompagné la formation de la chaîne.
En Europe occidentale, du Sud du Portugal an Nord de l’Allemagne, on observe des discordances
entre des terrains palézoïques violement plissés et des terrains plus récents (290-220MA) peu ou
pas plissés. Pour reconstituer l’allure de cette chaîne, il faut déterminer dans chaque massif la
direction des structures hercyniennes (plis, failles), et les prolonger sous les bassins, grâce à la
géophysique, « en décapant la couverture mésozoïque », puis remettre les différents blocs dans leur
position antémésozoïque avant leur dérive et tenir compte de la tectonique alpine. On voit apparaître
alors un orogène sinueux qui s’étend de façon discontinue de l’Espagne à la Tchecoslovaquie sur près
de 3000 Km de long et 700 de large, avec deux fortes courbures, les arcs ibéro-armoricain et
bohémien (Fig. 11).

II-3-1. Zonation structurale

L’orogène hercynien d’Europe occidentale se caractérise par une large partie centrale ( zone
axiale) où affleurent les terrains les plus anciens (Précambrien et paléozoïque inférieur), les plus
métamorphiques et les plus anciennement plissés, ainsi que la plupart des granitoïdes. Le Westphalien
et le Stéphanien y sont présents dans des bassins restreints, sous forme de dépôts limniques
discordants sur le substratum plissé et métamorphisé. Le degré de métamorphisme de ce dernier
indique que, localement, près de 25 Km de croûte continentale ont disparu avant le Westphalien par
érosion ou à la suite d’un amincissement crustal important.

De part et d’autres de la zone centrale, viennent des bassins dévono-carbonifères peu ou pas
métamorphiques et sans granitoïdes où le passage aux faciès houillers se fait plus ou moins en
continu par des séries flyshoïdes, et qui représentent des bassins d’avant chaîne.
Cette symétrie se traduit aussi, sur le plan tectonique, par une disposition générale en éventail avec
double déversement des structures et migration de la déformation vers l’extérieur de la chaîne au
cours du temps.
La limite N de la chaîne est bien marquée, de l’Irlande à l’Allemagne, par le « front
varisque », grand chevauchement plat à vergence N, qui fait reposer un paléozoïque plissé et
schistosé sur le bassin carbonifère paralique, à substratum non déformé au dévonien.
La limite S de la chaîne n’est bien connue qu’au SE du massif de Bohème où l’on observe une
série de plis couchés vers le S, charriant le Dévonien-carbonifère plissé sur une plateforme non
déformée, et au N de l’Espagne où les nappes cantabriques reposent sur un substratum également
non déformé au cœur de la virgation « ibéro-armoricaine ».

C’est une chaîne où on retrouve les deux caractéristiques majeurs des chaînes de collision, les
sutures ophiolitiques et les clivages crustaux des marges.

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 Les sutures ophiolitiques
Les séquences ophiolitiques varisques sont connues sous forme de roches basiques à
ultrabasiques dont l’origine océanique a pu être démontrée grâce à la géochimie des terres rares.
Toutes indiquent des âges de formation de l’ordre de 450-500 MA (Ordovicien). Leur localisation
suggère l’existence de 2 domaines à croûte océanique, plus ou moins parallèles :
- une bande N qui n’affleure qu’au cap Lizard (pointe SW de l’Angleterre) et dans le Nord
du massif de Bohème. L’obduction des ophiolites, à vergence Nord, paraît s’y être
produite au Dévonien inférieur à moyen car ces roches ont été métamorphisées sous
faciès éclogite à 380MA. Par ailleurs on trouve de la chromite et des spinelles
chromifères détritiques dans le flysh dévonien supérieur de la zone saxo-thuringienne,
située sous les racines de la nappe ophiolitique.
- Une bande S, à vergence S. Les roches correspondantes, toujours intensément
métamorphisées, sont dispersés au sein des gniess lepyno-amphibolitiques.

Une grande partie de ce matériel océanique, tant au N qu’au S, a été fortement


métamorphisée sous faciès de haute pression (granulite, éclogite, schistes à glaucophane). Une
rétromorphose générale sous faciès amphibolite affecte l’ensemble. Il paraît donc que le premier
stade de l’évolution de la chaîne hercynienne a été la disparition par subduction, au cours du Silurien
et du Dévonien inférieur, d’au moins deux espaces océaniques.

 Les clivages crustaux


On peut distinguer trois grands types de clivages, c’est à dire de grandes nappes,
caractérisant autant de zones successives de la chaîne :
- Les nappes cristallines internes (surtout connus dans la moitié Sud de l’orogène). Elles
caractérisent la zone axiale (interne) de la chaîne. Il s’agit de superposition de terrains
très métamorphiques et à métamorphisme polyphasé (haute pression à barrovien) sur des
terrains qui le sont moins. L’amplitude des chevauchements pourrait atteindre 200Km
dans le NW de l’Espagne et le massif central francais, chiffre d’échelle himalayenne. La
mise en place de ces nappes est accompagnée d’une déformation ductile synmétamorphe,
épizonale à mesozonale, avec parfois disposition inverse des isogrades. Ce
métamorphisme a été daté radiométriquement à 380-390MA (Dévonien inférieur) et
stratigraphiquement par la discordance du Dévonien supérieur.
- Les nappes en plis couchés synmétamorphiques situés en avant et au dessous des nappes
précédentes et dont la mise en place est un peu plus récente (350MA, Carbonifère). On y
distingue (i) des nappes à schistosité horizontale, sans grandes structures plissées, avec
une déformation cisaillante intense et (ii) des grands plis couchés, avec des flancs
inverses de 20 Km, des axes perpendiculaires à la direction du transport et une
schistosité de plan axial.
- Les nappes de décollement des bassins externes . Le plus bel exemple est celui de
l’Ardenne où la série ordovicienne à dévonienne est décollée au niveau du cambrien et du
dévonien le long d’un contact plat situé à 5 Km de profondeur. Le chevauchement se
produit sur le Carbonifère montrant qu’il s’agit des structures tangentielles les plus
récentes.

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 Les phénomènes associés
- Le magmatisme granitique varsique. Il est particulièrement abondant dans le cœur de la
chaîne, entre 370 et 280MA (Dev sup-Carb terminal), époque à laquelle il est manifestement lié à
un métamorphisme barrovien et à l’épaississement de la croûte. Les bassins externes, à croûte
non épaissie, en sont dépourvus. Ces granitoïdes sont de 3 types (i) des granodiorites, souvent
calco-alcalines, à enclaves basiques. Elles sont probablement issues de la fusion de la base de la
croûte, avec une certaine participation mantellique. Ce sont les plus répandues et se trouvent
dans les parties les plus internes de la chaîne; (ii) des granites d’anatexie, liés au métamorphisme
syntectonique; (iii) des leucogranites alumineux, liés aux décrochements et résultant de la fusion
humide des sédiments ou des granites au contact. Ils sont riches en inclusions sédimentaires et
dépourvus d’enclaves basiques.
- Les décrochements ductiles. Ces accidents, généralement parallèles à la direction de la
chaîne sont surtout connus sur les deux côtés de la virgation ibéro-armoricaine., sénestres sur la
branche ibérique et dextres dans le massif armoricain. Ils traduisent une déformation
intracontinentale postérieure à la mise en place des nappes car les leucogranites contemorains de
ces décrochements sont datés de 340 à 310 MA. Comme les décrochements de l’Himalaya, ils
suggèrent l’échappement latéral de matière de part et d’autre du poinçonnement de l’une des
masses en présence (Fig. 12).

II-3-2. Evolution structurale

La chaîne hercynienne résulte de collisions complexes entre deux grandes masses


continentales (Fig. 13), séparés par deux hiatus océaniques, dits « rhéique » au N, et mésogéen au S.
Les âges de 450 à 500 MA obtenus sur les ophiolites suggèrent une ouverture cambro-ordovicienne.
Subduction et obduction se produisent au Silurien-Dévonien inférieur. Le métamorphisme de haute
pression associé (éclogites, schistes bleus) est daté du Silurien (430-380 MA). La collision des
marges continentales se produit au Dévonien, en accord avec un métamorphisme barrovien daté de
380 MA et qui peut se superposer au précédent (haute pression). Par la suite, les clivages affectent
des zones de plus en plus externes de la chaîne, toujours accompagnés de métamorphisme et de
granitisation datés de 380 à 300 MA, aboutissant à une structure à double déversement. Les écailles
correspondantes s’empilent peu à peu vers l’extérieur de la chaîne, provoquant une flexion de l’avant
pays et donc la naissance de bassins d’avant chaîne où vont se déposer flyschs et molasses. Ces
flyschs se déposent dans deux bandes N-S, parallèles, reflétant la double polarité de la chaîne.
Aussi bien au N qu’au S, les directions de transport sédimentaire sont toujours tournées vers
l’extérieur de la chaîne. L’âge des sédiments est de plus en plus jeune de l’intérieur vers l’extérieur
de la chaîne ce qui s’accorde bien avec l’idée d’un dépôt syntectonique s’effectuant au front d’un
véritable prisme d’accrétion tectonique progradant.

III. Conclusion : Les caractères généraux des chaînes de collision

III-1 .Les marqueurs de la collision


A la lumière des exemples précédents, plusieurs critères d’identification d’une chaîne de
collision peuvent être mis en avant. Cependant, certains caractères, bien que nécessaires ne sont pas
suffisants pour conclure à une collision continentale. On retiendra la présence des éléments suivants:

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– une suture ophiolitique entre deux continents, mais il existe des nappes ophiolitiques sans collision ;
– des traces de subduction océanique précédant la collision : arc magmatique, prisme d’accrétion dans
la plaque supérieure ;
– des traces de marge passive inversée dans la plaque inférieure ;
– des preuves d’épaississement crustal d’origine tectonique : nappes, chevauchements ;
– des marques d’un métamorphisme de haute pression et/ou un métamorphisme inverse (selon le
modèle classique du « fer à repasser ») dans les nappes crustales de la plaque inférieure;
– une racine crustale mise en évidence par la sismologie ou la gravimétrie ;
– un relief important dans les chaînes récentes, mais tous les reliefs élevés ne résultent pas de
collision.
Les deux derniers critères s’appliquent aux chaînes récentes, ils manquent la plupart du
temps dans les chaînes anciennes.

III-2. Evolution dans l’espace et dans le temps d’une zone de collision continentale
La genèse des chaînes intercontinentales impliquant la fermeture d’un domaine océanique, leur
évolution comprend deux stades, la disparition de ce domaine, puis la collision proprement dite (Fig.
14) :
1- La disparition du domaine océanique appartenant forcément à l’une des plaques en présence,
s’effectue par subduction sous l’autre. Ce stade laisse des traces : phénomènes volcaniques
et métamorphiques habituels sous les marges actives, écailles ou nappes ophiolitiques
obductées.
2- La collision des marges. La pression exercée sur les 2 marges aboutit à leur clivage en lames
granitogneissiques très probablement à la limite croûte superficielle-croûte profonde car
leur épaisseur excède rarement 15Km. Ces lames gneissiques s’empilent les unes sur les
autres en donnant naissance à une « racine crustale » qui peut atteindre 50 à 70 Km, Ces
racines relativement légères, déclenchent le soulèvement isostatique de la chaîne.

III-3. Fonctionnement d’une zone de collision Afin de retrouver son équilibre isostatique, une
croûte continentale, mécaniquement et thermiquement perturbée par l’épaississement, va recouvrer
son épaisseur initiale en faisant disparaître le relief et la racine «desépaississement crustal».
Intuitivement, il est facile de concevoir que le relief que constitue une chaîne de montagne est un
site privilégié pour l’érosion. Cependant, la comparaison des volumes érodés, estimés à partir de la
profondeur de formation des roches métamorphiques affleurantes et des volumes de roches
sédimentaires déposées dans les bassins autour des chaînes montre que le compte n’y est pas. Même
importante, l’érosion seule ne peut pas rendre compte de la mise à l’affleurement de roches
métamorphiques et magmatiques formées profondément dans la croûte. Il est nécessaire de faire
aussi appel à des mécanismes tectoniques pour expliquer l’exhumation des racines des chaînes.
L’instabilité gravitaire créée par l’épaississement constitue le moteur de la tectonique de
desépaississement. Ainsi on peut dire qu’une chaîne de montagnes porte en elle même les germes de
sa disparition car elle s’écroule sous son propre poids.

Deux stades peuvent ainsi être distingués (Fig. 15) :


A) un stade d’épaississement lithosphérique, caractérisé par :
- une tectonique en chevauchement et un bassin flexural
- un métamorphisme de HP/MT
- une fusion crustale localisée produisant des granites peralumineux (leucogranites).

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B) un stade de desépaississement lithosphérique caractérisé par :
- une tectonique distensive, faille de détachement et bassin
- un métamorphisme HT-BP,
- une fusion crustale produisant des granitoïdes peralumineux, calocalcalins et alcalins

Plusieurs remarques peuvent être émises quant aux phénomènes géologiques qui
accompagnent la collision :

 la compression et l’extension
Les cisaillements plats sont responsables de l’épaississement crustal alors que les grandes
failles normales ductiles à faible pendage (failles de détachement) permettent l’exhumation des
roches métamorphiques de la croûte profonde. Ces deux structures peuvent coexister comme dans
l’Himalaya où le fonctionnement simultané de la faille normale nord himalayenne et du MBT illustre
bien l’extension syn-orogénique qu’il convient de distinguer de l’extension post-orogénique. Comme le
moteur principal de l’exhumation est la poussée d’Archimède qui fait remonter les unités les plus
légères, l’érosion en allégeant le coin crustal, accélère l’exhumation.

 Le métamorphisme
Au cours de son histoire, une roche impliquée dans la formation d’une chaîne va connaître des
successions de conditions de pression (P) et de température (T) qui peuvent être quantifiées par
l’étude des minéraux métamorphiques. On représente graphiquement ces variations
thermodynamiques par des diagrammes de trajets P-T. Quand les conditions le permettent, le trajet
P-T peut aussi être paramétré en fonction du temps. Le trajet rétrograde contemporain de
l’exhumation peut s’accompagner ou non de fusion crustale.

 Le magmatisme
L’épaississement crustal a pour conséquence d’élever le géotherme, notamment à cause de
l’accroissement des éléments radiogéniques. La fusion crustale, favorisée par une abondance de
fluides, produit des migmatites et des granites alumineux (à muscovite, cordiérite, grenat). A propos
du magmatisme, il est important de distinguer clairement trois aspects : i) la profondeur et la
composition des sources des magmas, ii) les modalités de transport des liquides magmatiques dans la
croûte et iii) la mise en place finale des plutons. On constate que les roches granitiques possèdent
souvent des structures planaires et linéaires qui permettent de construire la structure interne d’un
pluton. Le passage progressif entre des structures acquises à l’état magmatique (au cœur des
massifs) et à l’état solide après la cristallisation (sur les bordures des plutons) démontre le
caractère syntectonique des plutons. A cet égard, la chaîne hercynienne fournit de nombreux
exemples de plutons mis en place dans des contextes tectoniques décrochants, comme dans le Massif
armoricain ou la Meseta marocaine, ou extensifs, comme dans le Massif Central.

 la sédimentation
Les produits de l’érosion de la chaîne vont s’accumuler dans des bassins sédimentaires. On en
distingue deux grandes catégories. Les bassins intramontagneux sont des réceptacles de petite
taille, limités au moins d’un côté par une faille normale. Ces demi-grabens sont l’expression de
surface de la tectonique extensive au cœur de la chaîne en voie de desépaississement. Dans le

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Massif Central, le bassin houiller de Saint-Etienne est un exemple classique de ce type de
bassin intramontagneux formé pendant l’effondrement gravitaire de la chaîne hercynienne. Les
bassins d’avant-pays ou bassin flexuraux représentent les sites d’accumulation des produits
terrigènes ayant connu un certain transport. Il s’agit de dépressions synclinales formées par
flexuration de la lithosphère en réponse à l’épaississement de l’arrière-pays. Le « sillon molassique
périalpin » ou le « bassin molassique sous-himalayen » correspondent à de telles structures.

 Le rôle et le devenir du manteau lithosphérique


Une chaîne de montagnes résultant d’un épaississement crustal, le manteau qui supporte
cette croûte doit nécessairement se décoller au niveau du MOHO et s’enfoncer dans
l’asthénosphère. C’est exactement ce que montre la tomographie sismologique. Cette délamination
lithosphérique a d’importantes conséquences géodynamiques. En profondeur, la substitution de
manteau lithosphérique froid par du manteau asthénosphérique chaud est susceptible de déclencher
la fusion crustale à cause de l’apport de chaleur et de fluides. En outre la remontée de
l’asthénosphère peut aussi engendrer des magmas basaltiques par fusion partielle.

III-4. La collision : un phénomène fondamental dans le cycle des mégacontinents


La collision continentale est un processus géodynamique majeur de la lithosphère. C’est en
effet un des mécanismes permettant le couplage entre la croûte et le manteau. Les récentes
données tomographiques suggèrent que le volume de croûte continentale recyclée dans le manteau a
été jusqu’à présent sous-estimé. Les couplages entre les processus géodynamiques internes et
externes par l’intermédiaire de la collision sont des sujets de recherche en plein développement.
La collision est aussi responsable du rassemblement régulier et périodique des masses
continentales en mégacontinents. Dans l’histoire du globe, on commence à identifier des cycles de
rassemblement et de dispersion des mégacontinents avec une périodicité de l’ordre de 350-400 Ma.
La Pangée, formée vers 300-250 Ma, après l’orogenèse hercynienne, est le dernier et le mieux connu
de ces mégacontinents. Son éclatement au Mésozoïque puis son regroupement est à l’origine des
chaînes de collision « alpino-himalayennes ». Le rassemblement de tous les continents n’est pas
encore achevé, puisque la collision Eurasie-Australie commence à peine au sud de l’Indonésie (Timor,
Papouasie-Nouvelle-Guinée) et que ’Atlantique n’a pas encore débuté sa fermeture, ce qui ne saurait
tarder, à l’échelle géologique bien sûr!
Avant la Pangée, on identifie les mégacontinents Rodinia vers 750-600 Ma et Columbia vers
1200-1000 Ma. Ces reconstructions paléogéographiques, fondées sur le paléomagnétisme, les
corrélations de formations remarquables (comme les dépôts glaciaires) ou l’analyse structurale des
chaînes issues des collisions, restent encore débattues et constituent une des voies de recherche en
sciences de la Terre.

A. ESSAIFI, FSSM, Décembre 2012

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