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Chapitre 8 :

Tectonique des plaques 3 :


la formation des chaînes de
montagne

- Cours et Figures dans répertoire sur le BV : 2016-2017/Semestre1/UE Géosciences 1

- Cours en ligne également sur le site web du département « Géosciences » de l’Université de Poitiers dans le lien
« Ressources pédagogiques ».
Chap. 8 : Tectonique des plaques 3 : la formation des chaînes de
montagne
Questions choisies :
- Quelles sont les limites des plaques convergentes ?
- Comment est généré un magma au niveau d’une zone de subduction ?
- Donner des exemples de « célèbres » volcans à l’aplomb d’une zone de subduction .
- Où et comment se forme la croute continentale ?
Plan :
8.1. Types de frontières convergentes
8.1.1 Limites convergentes des plaques lithosphériques
8.1.2 Facteurs influençant le type de frontière convergente
8.1.3 Sismicité aux frontières de plaques convergentes
8.1.4 Déformation aux limites de plaques convergentes

8.2. Le magmatisme aux frontières convergentes


8.2.1 Magmatisme des arcs océaniques et continentaux (zones de subduction)
8.2.2 Génération des magmas des zones de collision

8.3. Exemples d’éruptions à des frontières convergentes

8.4. Formation de la croute continentale

Ce qu’il faut connaitre : questions typiques


Introduction :

Les limites de plaques convergentes (zones de subduction et de


collision continentale)
sont les lieux de formation de la croute continentale
8.1. Types de frontières convergentes
8.1.1 Limites convergentes des plaques lithosphériques

- Les marges qui convergent


sont marquées soient par :

 des fosses très profondes, quand


des lithosphères océaniques
« plongent » sous des lithosphères
plus légères et sont recyclées
dans le manteau

 des chaines de montagnes


(croutes continentale et océanique
fortement plissées et faillées)

Fig. 8.1 : Les principales fosses et chaînes de montagne du globe dues aux mouvements convergents des plaques
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
- Convergence entre deux lithosphères océaniques :
> Une lithosphère océanique descend dans le manteau, se réchauffe et un magma peut être généré.
> Celui-ci est plus léger que les roches environnantes – il est donc amené en surface créant en se
solidifiant un arc d’iles volcaniques (roche volcanique principale : andésite).
> Présence d’un prisme d’accrétion dans la région « avant arc » constitué de roches sédimentaires et
métamorphiques fortement déformées.
> Exemples : Les Tonga, les Philippines, les Antilles.

Fig. 8.2 : Convergence océan - océan


(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen,
Ed. Prentice Hall)
- Convergence entre une lithosphère océanique et une lithosphère continentale :
> Une lithosphère océanique descend dans le manteau alors que la lithosphère continentale, moins
dense reste surface. La chaîne d’arc volcanique se forme sur le continent, et la compression peut déformer la croute
continentale fortement pour former une chaîne de montagne fortement plissée.
> Un magma est généré en profondeur et peut entrainer la formation de plutons (roches intrusives) dans
les racines de la croute continentale.
> Comme dans la convergence océan-océan : une fosse, une zone d’avant « arc » déformée et une région
« arrière arc » sont présentes.
> Exemples : Les Andes, Les Cascades dans l’Ouest Américain. Ou plus vieux : la Chaine des Rocheuses
dans le Nord Ouest Américain et les Appalaches dans l’Est américain.

Fig. 8.3 : Convergence océan - continent


(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed.
Prentice Hall)
- Convergence entre deux lithosphères continentales :
> Si deux croutes continentales convergent, aucune n’est suffisamment « lourde » pour rentrer en
subduction. Une plaque est chevauchée par l’autre.
> Il n’y a pas de fosse, ni de plaque subductée, ni de bassins « avant arc » ou « arrière arc ». A la place,
les deux blocs continentaux sont compressés et « suturés » pour n’en former plus qu’un.
> Au niveau de la zone de suture : une chaîne de montagne fortement plissée se forme. Un
métamorphisme régional et des générations de magma granitique sont typiques de ces contextes.
> Exemples : L’Himalaya (collision actuelle Inde-Europe/Asie), La chaîne de l’Oural (plaque Sibérienne
contre la plaque Europe au paléozoïque).

Fig. 8.4 : Convergence continent - continent


(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed.
Prentice Hall)
8.1.2 Facteurs influençant le type de frontière convergente
• La différence de « flottabilité » (ou densité) entre les
deux plaques. Densité de la croute océanique = 2,9
g/cm3 alors que la densité de la croute continentale =
2,7 g/cm3.

• Différences de masses des plaques en lien avec leur


variation d’épaisseur. Ex : une plaque océanique sous
marine composée d’un volcan de type « point chaud »
ou d’un épais plateau de laves basaltiques est
légèrement moins dense qu’une plaque océanique ne
contenant pas ces structures.

• La température affecte la densité des roches. Ex : si une


lithosphère océanique est « jeune « (car crée non loin
d’une dorsale océanique active), elle est chaude et sa
densité peut être donc moins importante qu’une
lithosphère continentale « vieille » et froide. Ceci peut
influer sur l’angle de subduction.

• Le mouvement des plaques (plongement de la


Fig. 8.5 : Structure thermique d’une zone de subduction
subduction, obliquité et vitesse). (Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
8.1.3 Sismicité aux frontières de plaques convergentes

 Au niveau des zones de subduction, les foyers des séismes sont d’autant plus profonds que la plaque subductée est en
profondeur.
 Au niveau des zones de collision, la majorité des séismes sont superficiels (foyers « peu profonds »).

Fig. 8.6 : Profondeurs des foyers des séismes au niveau des limites de plaques en convergence
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Foyers des séismes dans la région des Tonga (Pacifique)
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
8.1.4 Déformation aux limites de plaques convergentes

 Les zones de convergence sont fortement plissées et possèdent de nombreuses failles inverses.

 Chaque déformation va de l’échelle du grain (ou du « fossile ») jusqu'à la dizaine de kilomètres, et

ces déformations se combinent pour former des chaînes de montagnes pouvant s’étendre jusqu’à

plusieurs centaines de kilomètres de largeur et des milliers de kilomètre en longueur.


Cas des zones de subduction :

 Les prismes d’accrétion, avant l’arc, sont fortement plissés


et faillés.
 Les prismes d’accrétion sont constitués à la fois de
sédiments, de fragments de croute et lithosphère
océanique et de volcans sous-marins ou de provinces
ignées.

 Le changement de pression et température en font aussi


des zones où les processus métamorphiques sont très
importants (faciès schistes bleu par exemple).
 Les sédiments peuvent être entrainés très loin dans la
plaque plongeante et empêchés les failles inverses de
fonctionner. Il peut en résulter une exhumation des
Fig. 8.7 : Exemple de prisme d’accrétion au niveau des Cascades
roches profondes en surface. (Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
 Dans la région centrale des Andes :
- Compression et élévation crustale encore actives.
- Ceci provoque d’importants plissements, failles inverses et épaississement de la croute ; intrusion de plutons en
profondeur.
- Toutes les séquences de roches sont fortement métamorphisées.
- La croute sous les Andes peut être épaisse de 75 km et les volcans peuvent atteindre 6 km d’altitude au dessus du
niveau des mers.

Fig. 8.8 : Mise en évidence de


l’épaisseur de la croute
continentale des Andes
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and
Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Cas des zones de collision continentale :

La ceinture orogénique (chaîne de montagne) a des caractéristiques


différentes d’une chaîne de montagne provenant d’une convergence
océan-continent :

• Succède à une subduction océan-continent


• Quand la subduction cesse, le volcanisme généralement cesse
• Les mers Noire et Caspienne sont des reliques de lithosphères
océaniques « non » subductées.
• Présence de nombreux lambeaux de croute océanique dans la
zone de suture dans la chaîne de montagne (phénomène
d’obduction) : les ophiolites.

Histoire de formation de l’Himalaya


(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Histoire de la formation de l’Himalaya par la collision des
plaques « Indienne » et « Europe » (fait en TD n°6) :

Formation de l’Himalaya
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed.
Prentice Hall)
8.2. Le magmatisme aux frontières convergentes
8.2.1 Magmatisme des arcs océaniques et continentaux (zones de subduction)

- Le magmatisme d’une zone de subduction est généré par la libération de l’eau de la lithosphère
océanique s’enfonçant dans le manteau qui permet d’abaisser le point de fusion des roches du manteau (les
péridotites)

- Deux solidus possibles (courbes de


fusion de la péridotite) suivant si les
roches du manteau sont hydratées ou
non

- Gradient géothermique au niveau


d’une zone de subduction : courbe en
rouge

- Si péridotite hydratée : fusion partielle


possible dans le contexte du gradient
géothermique des zones de
subduction

Fig. 8.9 : Mode de génération des magmas dans une zone de subduction
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Petit rappel : grande différence avec les magmas générés au niveau des dorsales océaniques
(Rappel Chapitre 7)
au niveau des dorsales, les roches du manteau fondent partiellement par décompression adiabatique (chute
de pression rapide sans échange de chaleur avec l’environnement)

Magma formé par décompression


adiabatique à l’aplomb des dorsales
océaniques.
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed.
Prentice Hall) – Rappel chapitre 7
Retour au magmatisme des zones de subduction :
- Les magmas générés sont généralement
« hybrides » car dûs à la fusion partielle de matériaux
complexes (sédiment, lithosphère océanique,
lithosphère continentale environnante)

- Possibilité de mélange de magmas avant


d’arriver à la surface

- Cristallisation fractionnée très fréquente au


cours de la remontée du magma : des andésites
jusqu’au rhyolithes (roches à texture microlithique –
équivalent volcanique d’un granite)

- Les magmas générés refroidissent en


profondeur pour donner des plutons, ou arrivent en
surface sous forme de laves très visqueuses – Magmas
très riches en eau et volatils (manifestation très
fréquente en surface sous forme de « nuées
ardentes »). Fig. 8.10 : Les magmas dans les zones de convergence
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
- Toutes les roches générées sont plus légères
que le manteau et resteront donc en surface.
8.2. Le magmatisme aux frontières convergentes

8.2.2 Génération des magmas des zones de collision

- Volume de magma généré bien plus faible que pour une zone de subduction

- Généralement, le magma cristallise en profondeur (les granites sont les roches formées les
plus importantes)

- Magmatisme calco-alcalin

- Roches continentales incluant des roches métamorphiques peuvent fondent partiellement


(« le pourquoi » de la fusion reste encore fortement débattu).
8.3. Exemples d’éruptions à des frontières convergentes

- Au niveau des zones de subduction, les éruptions des volcans sont fréquentes et donnent le plus
souvent des laves visqueuses (d’autant plus qu’elles sont riches en silicium) et des nuées ardentes (cendres
volcaniques).
- Quatre exemples :

Le Vésuve (Pompéi) en Italie en -79 avant J.C. – Zone de subduction entre la plaque Africaine sous la plaque
Européenne – 20 000 habitants disparaissant sous les nuées ardentes.
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Fig. 8.11 : Le Krakatoa en Indonésie (Ouest de Java) avant l’éruption (1883) et après : volcan explosif de la ceinture de
feu du Pacifique (subduction de la plaque australienne sous la plaque eurasienne) – région inhabitée mais 36 000 morts à
Java et à Sumatra dus au tsunami associé - fort impact atmosphérique.
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice Hall)
Fig. 8.12 : La montagne Pelée (Martinique) – 30 000 habitants disparaissant sous les nuées ardentes en 1902 – fort impact
atmosphérique. (Web)
Fig. 8.13 : Le Mont Saint Hélène (Ouest des USA ;
chaîne des Cascades)

Subduction de la plaque Juan de Fuca sous la plaque


Amérique du Nord – 500 fois la puissance de la bombe
détruisant Hiroshima ; Volcan explosif à gaz et nuées
ardentes.

(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice


Hall)
8.4 Formation de la croute continentale

- Les continents se créent par accrétion de blocs continentaux aux zones de convergence.

- De la nouvelle croute continentale se forme quand le magma riche en silicium cristallise pour former
des roches « s’additionnant » aux roches métamorphisées et déformées préexistantes.

- Les marges continentales sont donc constituées par la juxtaposition d’une multitude de blocs crustaux,
ayant tous une origine et histoire différente.

- Chaque bloc est appelé « terrane » : morceau de croute détaché d’une plaque et qui s’est accrété ou
suturé à une plate forme continentale ou craton d’une autre plaque.
- Des terranes peuvent être des reliques de volcans de type « point chaud », des lambeaux de croute
océanique, des fragments d’anciens arc volcaniques formés par des anciennes subductions, des roches
métamorphiques issues de la base d’anciennes chaînes de montagne.
A: les Rocheuses B: les Appalaches
Rocheuses (Ouest Américain) :
- Blocs « attachés » durant les épisodes
de convergence aux mésozoïque (250 à
65 Ma) et cénozoïque (65 Ma à
aujourd’hui).

Appalaches (Est Américain) :


• Blocs formés (i) des anciennes plaques
Europe, Afrique, et d’arc volcaniques et
iles de points chauds et (ii) accrétés à
l’ère paléozoïque (540 à 250 Ma : donc
des millions d’années avant que
l’accrétion de l’Ouest Américain n’ait été
réalisée).
Fig. 8.14 : Terranes accrétées au niveau (A) des
Rocheuses et (B) des Appalaches.

(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice


Hall)
- Les continents « grandissent » par accrétion à leur périphérie, avec les blocs crustaux les plus anciens au
centre et les plus jeunes en périphérie :

Ages des terranes du socle de l’Amérique du Nord


pour celles dont l'âge est supérieur à 1 Ga.
(Earth’s dynamic systems, Hamblin and Christiansen, Ed. Prentice
Hall)
Illustration des terranes qui composent le continent
« Europe ».
(web : http://weppi.gtk.fi/publ/foregsatlas/image.php?id=2).

Zoom sur la chaîne Varisque (ou chaine hercynienne) : chaîne de


montagne se formant du carbonifère (300 Ma) au permien (250
Ma) – Cette chaine prend naissance par le rapprochement de trois
continents (Armorica, Gondwana et Laurussia) pour donner « La
Pangée ».
Traces de la chaine Varisque (ou Hercynienne) aujourd’hui (zones hachurées)
(web : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cha%C3%AEne_varisque#/media/File:Distribution_of_varisican_orogenies.png).
CE QU’IL FAUT RETENIR/SAVOIR : questions typiques :

- Quelles sont les type de limites de plaques engendrant la formation des chaînes de montagne ?

- Donner des exemples géographiques de convergence océan-océan, océan-continent et de collision continentale.

- Savoir « commenter » un profil de gravité au niveau d’une section de zone de subduction.

- Quel est le principal mécanisme de fusion partielle au niveau des zones de subduction ?

- Citer le noms de volcans à l’aplomb de zones de subduction.

- Que sont des terranes ?

- Qu’est ce que la chaine hercynienne ?


C’EST LA FIN !!

BON COURAGE POUR LA SUITE

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