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SECTION 1 – MODULE 2

LA THÉORIE DE LA TECTONIQUE DES PLAQUES


ET SON POUVOIR UNIFICATEUR

Les plaques tectoniques


Leur distribution géographique (figure 1.2.1)
Les différentes limites de plaques (figure 1.2.2)
Les limites divergentes et l’ouverture des océans (figures 1.2.3 à 1.2.6)
Les limites convergentes et la fermeture des océans (figures 1.2.7 à 1.2.9)
Les limites transformantes et les mouvements coulissants (figure 1.2.10)
Le relief des fonds océaniques (figure 1.2.11)
La dynamique terrestre en bref (figures 1.2.12)
Les vitesses relatives des plaques (figure 1.2.13)

Conséquences des mouvements des plaques tectoniques


Les séismes aux limites de plaques (figures 1.2.14 à 1.2.21)
L’activité magmatique dans le contexte de la tectonique des plaques (figures 1.2.22 à 1.2.25)
La formation des chaînes de montagnes immatures et matures (figure 1.2.26 et 1.2.27)
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Figure 1.2.1 – La mosaïque des plaques lithosphériques.


Selon la théorie de la tectonique des plaques, la lithosphère terrestre est découpée en un certain
nombre de plaques qui bougent les unes par rapport aux autres en glissant sur l’asthénosphère 1.
Ces mouvements définissent trois types de limites entre les plaques : divergente, convergente, trans-
formante.

Certaines plaques (synonyme de lithosphères) sont entièrement océaniques telles que celles du Pacifique
ou de Nazca alors que d’autres sont composées de lithosphères océanique et continentale. Les plaques de
l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique sont des exemples de ce deuxième type de
plaques. Il n’existe aucune plaque tectonique entièrement composée de lithosphère continentale. Rappe-
lez-vous qu’une plaque, comme une lithosphère, est composée de la croûte et de la partie supérieure du
manteau supérieur.

Le Canada, les États-Unis (sauf Hawaii), le Mexique et le Groenland font partie de la plaque de
l’Amérique du Nord, aussi appelée plaque nord-américaine.

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Il s’agit en quelque sorte de la définition de la théorie de la tectonique des plaques.
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Figure 1.2.2 – Les limites entre les plaques lithosphériques.


Il existe trois types de limites (ou frontières) entre les plaques qui résultent des mouvements relatifs entre
ces dernières.

• Les limites divergentes, là où les plaques s’éloignent l’une de l’autre et où il y a production de nou-
velle croûte océanique grâce à une montée de magmas depuis l’asthénosphère; ici, entre les plaques A
et B, et D et E. Ce type de limites se situe presqu’exclusivement en domaine océanique et se caractéri-
sent souvent par la présence des crêtes médio-océaniques (dorsales).

• Les limites convergentes là où deux plaques entrent en collision, conséquence de la divergence; ici,
entre les plaques B et C, et C et D. La plaque qui passe sous l’autre correspond à la plaque subductée
(B, D) et elle est de nature océanique. La plaque chevauchante (celle qui reste à la surface, C) est soit
océanique, soit continentale. La lithosphère continentale, parce que formée de roches moins denses que
celles de la lithosphère océanique, ne passe pas en subduction. Les fosses profondes caractérisent ces
limites de plaques.

• Les limites transformantes, lorsque deux plaques glissent latéralement l’une contre l’autre, le long de
failles. Ce type de limites permet d’accommoder des différences de vitesses dans le déplacement de
plaques les unes par rapport aux autres, comme ici entre les plaques A et E, B et E, et B et D. À noter
que seul le segment de la faille délimitant les plaques B et E met en contact des plaques ayant des
mouvements en sens opposés tels que montrés par les flèches. Les deux autres segments de la faille (A-
E et B-D) accommodent seulement des différences de vitesse de déplacement dans le même sens (les
vitesses de déplacement sont imagées par la longueur des flèches). Dans ce type de limites de plaques,
il n’y a ni divergence, ni convergence. Les plaques océaniques et continentales peuvent être affectées
par des limites transformantes.
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Figure 1.2.3 – La divergence des plaques.


(A) Un flux de chaleur qui va du centre vers l'extérieur de la Terre (causé en partie par la désintégration
radioactive de certains éléments chimiques) engendre des cellules de convection dans le manteau plas-
tique (asthénosphère). À cause de cette convection, il y a concentration de chaleur en une zone située entre
l’asthénosphère et la base de la lithosphère où le matériel chauffé se dilate, ce qui explique le soulève-
ment correspondant de la lithosphère au niveau de la dorsale océanique. La concentration de chaleur
conduit à la fusion partielle (et non complète) du manteau ce qui produit du magma. La convection pro-
duit, dans la partie rigide de l'enveloppe de la Terre (lithosphère), des forces de tension qui font que deux
plaques divergent. Cette convection est le moteur du tapis roulant, entraînant la lithosphère océanique de
part et d'autre de la dorsale. Entre ces deux plaques divergentes, la venue de magmas crée de la nouvelle
croûte océanique. (B) Gros plan de la zone de divergence. L'étalement des fonds océaniques crée, dans la
zone de dorsale, des tensions qui se traduisent par des failles d'effondrement et des fractures ouvertes,
ce qui forme au milieu de la dorsale, un fossé d'effondrement qu'on appelle un rift océanique. Le magma
produit par la fusion partielle du manteau s'introduit dans les failles et les fractures du rift. Une partie de
ce magma cristallise dans la lithosphère avant d’atteindre la surface, alors qu'une autre est expulsée sur le
fond océanique sous forme de laves ce qui permet la création de volcans sous-marins. C'est ce magma
cristallisé qui forme de la nouvelle croûte océanique en réponse à l'étalement des fonds. Il y a donc une
partie du magma qui a cristallisé dans la croûte océanique déjà en place sans jamais faire éruption et une
autre partie qui s’est épanchée sur le fond marin.
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Figure 1.2.4 – La formation d’un océan (phases d’ouverture du cycle de Wilson).


(A) L’accumulation de chaleur sous une grande section de lithosphère continentale2 cause une dilatation
de la matière qui conduit à un bombement de la lithosphère. Il s’ensuit des forces de tension qui fracturent
la lithosphère et amorcent un mouvement de divergence. Le magma viendra s’infiltrer dans les fissures, ce
qui causera par endroits du volcanisme continental; les laves formeront des volcans ou s’écouleront le
long de fissures linéaires. C’est l’amorce du rift continental. Un exemple de ce stade est le plateau du
Colorado, aux États-Unis (figure 1.2.5). (B) La poursuite des tensions produit un étirement de la lithos-
phère; il y aura alors effondrement en escaliers, ce qui produit une vallée appelée un rift continental. Il y
aura des volcans et des épanchements de laves le long des fractures. Le rift du Rio Grande (Colorado-
Mexique), le Basin and Range (Utah-Nevada) et le rift Est-Africain en sont de bons exemples (figures
1.2.5-1.2.6). (C) Avec la poursuite de l’étirement, le rift s’enfonce sous le niveau de la mer et les eaux
marines envahissent la vallée. Deux morceaux de lithosphère continentale vont se séparer et progressive-
ment s’éloigner l’un de l’autre. Le volcanisme sous-marin forme un premier plancher océanique basal-
tique (croûte océanique) de part et d’autre d’une dorsale embryonnaire; c’est le stade de la mer linéaire,
comme par exemple la mer Rouge (figure 1.2.7). (D) L’élargissement de la mer linéaire par l’étalement
des fonds océaniques conduit à la formation d’un océan de type Atlantique. Ces quatre stades définissent
les phases d’ouverture et de développement d’un océan dans le cycle de Wilson.

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Voir la figure 1.1.3B pour les différences entre lithosphères/croûtes continentales vs océaniques.
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Figure 1.2.5 – Le bombement et la fracturation d’un continent : le plateau du Colorado et le rift du


Rio Grande (États-Unis).
Le plateau du Colorado, aux États-Unis, est un bon exemple de la première étape de la formation d’un
océan dans le cycle de Wilson (figure 1.2.4A). Depuis quelques dizaines de millions d’années, cette zone
se soulève et connaît du volcanisme continental, particulièrement sur son pourtour. Ce stade correspond à
l’amorce du rift continental. On est encore bien loin cependant de la création de matériel de nature
océanique dans cette région. Le rift du Rio Grande, aussi associé à la région du Basin and Range située à
l’ouest du plateau du Colorado, correspond au stade du rift continental (figure 1.2.4B). Les traits foncés
représentent des zones de fractures soumises à des forces de tension. Bien qu’il y ait extension lithosphé-
rique, il n’y a pas, ici non plus, de formation de croûte océanique. Cette zone ne constitue pas une limite
entre deux plaques lithosphériques; il s’agit toujours de la plaque continentale nord-américaine. Un jour,
peut-être, l’évolution géologique de cette région fera en sorte que le stade de la mer linéaire sera atteint.
Dans ces deux premiers stades du cycle de Wilson, toutes les roches sont de nature continentale.
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Figure 1.2.6 – Le rift Est-Africain et la mer Rouge.


Le rift Est-Africain entaille l’est du continent africain, au sud de la mer Rouge. Il s’étend, du canal du
Mozambique au sud, jusqu’aux bouches de la mer Rouge au nord; il se divise en deux branches au nord du
lac Malawi. On y est à un stade un peu plus avancé que celui du Rio Grande, quoique toujours au niveau
du développement d’un rift continental (toujours le 2e stade dans le cycle de Wilson). Déjà des vallées
profondes et larges se sont creusées, avec de grands lacs, tels le lac Tanganyika, et de grands volcans,
comme le Kilimandjaro. Progressivement, ces vallées s’élargiront, s’enfonceront et seront envahies par la
mer pour former une mer linéaire. D’ailleurs, les eaux marines commencent déjà à envahir la partie nord
du rift (à l’ouest du golfe d’Aden). La mer Rouge, quant à elle, constitue l’exemple classique de mer li-
néaire où une dorsale médiane y fabrique de la croûte océanique. Les flèches foncées indiquent les ten-
sions qui affectent la lithosphère continentale dans l’est de l’Afrique. Le rift Est-Africain représente le
stade du rift continental alors que la mer Rouge correspond au stade de la mer linéaire (figure 1.2.4C).
C’est d’ailleurs lors de ce stade de mer linéaire que commence à se former la croûte océanique de
composition basaltique. Par la suite, l’océan se développe pour former la 4e phase du cycle de Wilson,
soit le type Atlantique (figure 1.2.4D).
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Figure 1.2.7 – La convergence lithosphère océanique contre lithosphère océanique (phase de ferme-
ture du cycle de Wilson).
Lorsqu’il y a collision de type lithosphère océanique contre lithosphère océanique, une des deux plaques
(la plus dense, généralement la plus vieille3) s’enfonce sous l’autre pour former une zone de subduction
(littéralement : conduire en dessous). Cette subduction est responsable des fosses océaniques profondes,
comme celles qui se trouvent au pourtour du Pacifique. L’asthénosphère « digère » peu à peu la plaque
lithosphérique. Il se produit un phénomène de fusion partielle de la plaque engloutie et de l’asthénosphère
au-dessus de cette plaque, à plus de 100 km de profondeur. Le magma résultant (liquide), moins dense que
le milieu ambiant, monte vers la surface. Une grande partie de ce magma reste emprisonnée dans la lithos-
phère sus-jacente, mais une partie est expulsée à la surface produisant des volcans sous forme d’une série
d’îles volcaniques sur le plancher océanique (arc insulaire volcanique). De bons exemples de cette situa-
tion sont les arcs des Kouriles et des Aléoutiennes dans le Pacifique Nord, l’arc des petites Antilles bor-
dant la mer des Caraïbes et l’arc de l’Indonésie dans l’océan Indien.

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Même si deux lithosphères océaniques ont la même composition chimique, la plus dense est généralement la plus
vieille car elle est plus froide que la plus jeune. Comme cette dernière s’est formée il y a moins longtemps, le gra-
dient géothermique à l’intérieur peut être relativement élevé étant donné que l’activité magmatique a cessé il y a
moins longtemps que dans la plus vieille lithosphère.
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Figure 1.2.8 – La convergence lithosphère océanique contre lithosphère continentale (phase de fer-
meture du cycle de Wilson).
Lorsqu’il y a collision de type lithosphère océanique contre lithosphère continentale, la lithosphère océa-
nique, plus dense, s’enfonce sous la lithosphère continentale. Les basaltes de la lithosphère océanique et
les sédiments les recouvrant s’enfoncent dans du matériel de plus en plus dense. Rendue à une profondeur
excédant les 100 km, la croûte océanique est partiellement fondue. L’asthénosphère au-dessus de la plaque
en subduction fond partiellement elle aussi. Comme dans le cas précédent, la plus grande partie du magma
restera emprisonnée dans la lithosphère (ici continentale) et le magma qui aura réussi à se frayer un che-
min jusqu’à la surface formera une chaîne de volcans sur les continents (arc volcanique continental). De
bons exemples de cette situation sont les volcans de la chaîne des Cascades (Cascade Range) aux États-
Unis (incluant le mont St. Helens) et ceux de la Cordillère des Andes en Amérique du Sud. Dans une
phase avancée de la collision, le matériel sédimentaire déposé sur les fonds océaniques et qui est transpor-
té par le tapis roulant s’accumule en partie au niveau de la zone de subduction pour former un prisme
d’accrétion. Des sédiments peuvent aussi être subductés avec le reste de la lithosphère. L’érosion de la
lithosphère continentale sus-jacente génère des sédiments qui peuvent aussi accroître le volume du prisme
d’accrétion si ceux-ci atteignent le milieu marin.

Dans ce contexte géologique, la marge continentale est dite active car elle marque la limite entre deux
plaques tectoniques et parce qu’elle est affectée par de l’activité volcanique et des séismes associés au
plongement (subduction) de la lithosphère océanique. Ce type de marge continentale s’oppose à celui as-
socié à l’ouverture des bassins océaniques (figure 1.2.4) qui est considéré comme passif, étant donné
l’absence de zone de convergence. Une marge passive ne constitue pas une limite de plaques.
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Figure 1.2.9 – La convergence lithosphère continentale contre lithosphère continentale (phase de


fermeture du cycle de Wilson).
(A) L’espace océanique se refermant au fur et à mesure du rapprochement de deux masses continentales,
le matériel sédimentaire du plancher océanique (plus abondant près des continents) et celui du prisme
d’accrétion se concentrent de plus en plus; le prisme croît. (B) Lorsque les deux masses continentales en-
trent en collision, le mécanisme se coince : le moteur du déplacement (la convection dans le manteau su-
périeur) n’est pas assez fort pour enfoncer une des deux masses dans l’asthénosphère à cause de la trop
faible densité de la lithosphère continentale par rapport à celle de l’asthénosphère. Tout le matériel sédi-
mentaire est comprimé et se soulève pour former une chaîne de montagnes où les roches sont plissées et
faillées. Des lambeaux de la croûte océanique (incluant son manteau sous-jacent) peuvent même être coin-
cés dans des failles et remonter vers la surface. Ce processus, relativement rare étant donné la densité plus
élevée de la croûte océanique par rapport à celle de nature continentale, s’appelle obduction (s’oppose au
processus de subduction). Ce stade de fermeture correspond à la soudure entre deux masses continentales
pour n’en former qu’une seule. Un bon exemple : la soudure de l’Inde au continent asiatique, il y a à peine
quelques millions d’années, avec la formation de la chaîne himalayenne.
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Figure 1.2.10 – Les limites transformantes (ou failles transformantes).


Les failles transformantes permettent d’accommoder des différences dans les vitesses de déplacement ou
même des mouvements opposés entre les plaques, ou de faire le relais entre des limites divergentes et
convergentes. Ces failles transforment le mouvement entre divergence et convergence, de là leur nom de
failles transformantes. La fameuse faille de San Andreas, en Californie, est un bon exemple de cette si-
tuation car elle assure le relais du mouvement entre la limite divergente4 de la dorsale du Pacifique-Est, la
limite convergente des plaques Juan de Fuca-Amérique du Nord et la limite divergente de la dorsale de
Juan de Fuca. Elle affecte à la fois la lithosphère océanique et la lithosphère continentale. Elle constitue la
limite entre trois plaques : Juan de Fuca, Amérique du Nord et Pacifique. Elle présente aussi
l’inconvénient de traverser la partie ouest de la ville de San Francisco! Au rythme actuel du déplacement
(~5,5 cm/an), la ville de Los Angeles se retrouvera face à San Francisco dans 10 Ma (noter que ces deux
villes se situent de chaque côté de la faille).

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Les limites divergentes (dorsales) sont identifiées par les doubles lignes parallèles alors que les limites conver-
gentes correspondent aux lignes avec des triangles noirs. La subduction de la plaque Juan de Fuca se fait dans la
direction où pointent les triangles, soit vers l’est sous la plaque de l’Amérique du Nord.
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Figure 1.2.11 - Le relief des fonds océaniques : un héritage de la tectonique des plaques.
Les principaux éléments topographiques des océans sont identifiés sur cette figure dans le contexte des
marges continentales passives et actives. Dans le cas de la marge passive, il n’y a ni activité magmatique,
ni activité séismique marquée étant donné qu’il n’y a pas de zone de subduction à proximité. Les deux
croûtes (continentale et océanique) appartiennent à la même plaque tectonique. Si une zone de subduction
se situe à proximité d’une marge continentale, cette dernière sera plutôt active d’un point de vue tecto-
nique d’où le terme de marge active.

Le plateau continental est de bathymétrie très faible (<200 m) comparativement au reste de l'océan. Sa
pente moyenne est très faible (<1°). Le talus continental a une pente de l'ordre de 4˚ seulement, mais
qu'on représente le plus souvent, dans notre iconographie habituelle, comme très abrupte. Par rapport au
plateau continental, il s'agit néanmoins d'un changement de pente relativement brusque, créant une rup-
ture de pente importante et marquée. Cette rupture se fait à une profondeur de 132 m en moyenne. À la
base du talus, il y a une sorte de bombement qu'on appelle le glacis continental qui correspond à l'empi-
lement de sédiments à la base du talus. Toute cette zone qui va du rivage jusqu'à la base du glacis forme ce
qu'on appelle la marge continentale. Le bassin océanique proprement dit est formé de la plaine abyssale
(4 000 à 6 000 m de profondeur) et de la crête médio-océanique (2 000 à 3 000 m). Des fosses profondes
(p. ex. la fosse des Mariannes atteint les 11 034 m) caractérisent le pourtour du Pacifique. On comprend
mieux l'origine de ces reliefs lorsqu'on sait comment se forme un océan (figure 1.2.4). La topographie
d'une marge continentale a hérité du processus de rifting, d'abord continental, puis océanique (phases
d’ouverture du cycle de Wilson). Noter que la limite entre les croûtes continentale et océanique se situe
au niveau du glacis continental. La couverture sédimentaire adoucit les reliefs de la croûte.
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Figure 1.2.12 – La dynamique terrestre en bref.


La Terre est un système où toutes les pièces, tous les éléments, forment une grande machine mue par les
phénomènes thermodynamiques. Le moteur est constitué par les grandes cellules de convection dans le
manteau qui sont le résultat du flux de chaleur qui va du centre vers l’extérieur de la Terre. Ce flux de
chaleur est, en grande partie, relié à la désintégration des éléments radioactifs contenus dans les minéraux
constitutifs de la Terre. Ces cellules concentrent de la chaleur dans leur partie ascendante, ce qui cause une
fusion partielle dans l’asthénosphère et une expansion des matériaux. C’est cette expansion qui produit
une dorsale médio-océanique linéaire 5. L’écoulement de l’asthénosphère sous la lithosphère rigide en-
traîne cette dernière; il en résulte des tensions au niveau de la dorsale, causant la divergence et le magma-
tisme associé. Ainsi, il y a formation perpétuelle de nouvelle lithosphère océanique au niveau des dorsales.

En contrepartie, puisque le globe terrestre n’est pas en expansion, il faut détruire de la lithosphère, ce qui
se fait par enfoncement de lithosphère océanique dans les zones de subduction qui correspondent aux
fosses océaniques profondes pouvant atteindre les 11 km (fosse des Mariannes). Les dorsales sont dissé-
quées par des failles dites transformantes pour accommoder des différences de vitesse de divergence.

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L’iconographie de la tectonique des plaques présente toujours les dorsales comme des droites sur un plan. En fait, il
faut bien comprendre que, la Terre étant une sphère, le parcours de la dorsale est linéaire sur la surface de cette
sphère. On représente aussi les cellules de convection en deux dimensions; il faut faire un effort d’abstraction pour se
les représenter en trois dimensions, à l’intérieur de la sphère.
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Figure 1.2.13 – Les taux de divergence et de convergence aux limites de plaques.


Les taux de divergence (pointes de flèche qui s’éloignent l’une de l’autre) et de convergence (pointes de
flèche qui convergent l’une vers l’autre) ne sont pas uniformes à la surface du globe terrestre. La longueur
des flèches est proportionnelle aux taux de déplacement exprimés en cm/an. Remarquer que les taux de
divergence de la dorsale Est-Pacifique (jusqu’à 18,3 cm/an) sont bien supérieurs à ceux de l’Atlantique.
Pour fins de comparaison, le taux de divergence de part et d’autre de la dorsale de l’océan Atlantique (en-
viron 3,0 cm/an) se compare à la croissance des ongles chez l’humain. Les nombres inscrits représentent
la somme des taux de déplacement de chaque côté des limites de plaques, donc le déplacement total.

Noter aussi le taux de déplacement latéral relatif le long de la faille de San Andreas, en Californie, qui est
de 5,5-5,6 cm/an. Petit rappel : cette faille est une limite transformante (non divergente, ni convergente).

Les limites de plaques lithosphériques exercent un énorme contrôle sur la nature et la distribution des
tremblements de terre et de l’activité volcanique. Les prochaines figures discutent de ces deux phéno-
mènes géologiques qui affectent grandement l’écosystème terrestre ainsi que le quotidien d’une grande
proportion de la population humaine.
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Figure 1.2.14 – L’origine des tremblements de terre.


Lorsqu’un matériau rigide est soumis à des contraintes de cisaillement, il va d’abord se déformer de
manière élastique, puis, lorsqu’il aura atteint sa limite d’élasticité, il va se fracturer, en dégageant de façon
instantanée toute l’énergie qu’il a accumulée durant la déformation élastique. C’est ce qui se passe lorsque
la lithosphère est soumise à des contraintes. Sous l’effet des contraintes causées le plus souvent par le
mouvement des plaques tectoniques, la lithosphère accumule l’énergie. Lorsqu’en certains endroits, la
limite d’élasticité est atteinte, il se produit une ou des ruptures qui se traduisent par des failles 6. L’énergie
brusquement dégagée le long de ces failles cause des séismes. Si les contraintes se poursuivent dans cette
même région, l’énergie va à nouveau s’accumuler et la rupture subséquente se fera dans les plans de faille
déjà existants. À cause des forces de friction entre les deux parois d’une faille, les déplacements le long de
cette faille ne se font pas de manière continue et uniforme, mais par coups successifs, dégageant à chaque
fois un séisme. Dans une région donnée, des séismes se produiront à plusieurs reprises le long d’une
même faille, puisque cette dernière constitue un plan de faiblesse dans la lithosphère. À noter que les
séismes ne se produisent que dans du matériel rigide. Par conséquent, les séismes se produiront tou-
jours dans la lithosphère, jamais dans l’asthénosphère qui est plastique.

Lorsqu’un séisme est déclenché, un front d’ondes sismiques se propage dans la lithosphère terrestre. On
nomme foyer le lieu, dans le plan de faille, où a réellement été produit le séisme, alors que l’épicentre
désigne le point, à la surface terrestre, à la verticale du foyer. Par exemple, le séisme de magnitude 7,8 qui
a frappé le Népal le 25 avril 2015 avait son foyer à 15 km de profondeur alors que l’épicentre était situé à
environ 80 km au nord-ouest de Katmandou. Le séisme s’est déclenché sur l’une des failles majeures qui
marque la limite entre les plaques indienne et eurasienne qui convergent actuellement à une vitesse de
l’ordre de 4-5 cm/an, engendrant le soulèvement de la chaîne himalayenne.

6
Une faille correspond à une rupture de terrain, souvent planaire, associée à un déplacement relatif de deux compar-
timents lithosphériques distincts. Pour des exemples de failles, vous pouvez consulter le module sur la mécanique
des roches.
17

Figure 1.2.15 – Les ondes sismiques.


On distingue deux grands types d’ondes émises par un séisme : les ondes de volume et les ondes de sur-
face. Les ondes de volume se propagent à l’intérieur de la Terre et comprennent les ondes S et P 7. Les
ondes de surface ne se propagent qu’à la surface de la croûte terrestre et comprennent les ondes de Love et
de Rayleigh Les ondes P sont des ondes de compression assimilables aux ondes sonores et se propagent
dans tous les états de la matière (solide, liquide, gaz). Les particules se déplacent selon un mouvement
avant-arrière dans la direction de la propagation de l’onde. Les ondes S sont des ondes de cisaillement qui
ne se propagent que dans les solides. Les particules oscillent dans un plan vertical, à angle droit par rap-
port à la direction de propagation de l’onde. Les ondes de Love, ou ondes L, sont des ondes de cisaille-
ment, comme les ondes S, mais qui oscillent dans un plan horizontal. Elles impriment au sol un mouve-
ment de vibration latéral. Les ondes de Rayleigh sont assimilables à une vague. Les particules du sol vont
se déplacer selon une ellipse, créant une véritable vague qui affecte le sol lors des grands tremblements de
terre.

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Les ondes de volume ont été brièvement discutées dans le module sur la dérive des continents.
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Figure 1.2.16 – Les échelles de Mercalli et de Richter.


Nous disposons de deux échelles pour évaluer les tremblements de terre : Mercalli et Richter. Au-
jourd’hui, nous n’utilisons que celle de Richter, mais les séismes du passé ne peuvent être évalués que
selon celle de Mercalli.

L’échelle de Mercalli a été développée en 1902, et modifiée en 1931. Elle indique l’intensité d’un séisme
sur une échelle de I à XII. Cette intensité est déterminée par deux choses : l’ampleur des dégâts causés par
le séisme et la perception qu’en a eue la population. Il s’agit d’une évaluation qui fait appel à une bonne
dose de subjectivité. De plus, la perception de la population et l’ampleur des dégâts vont varier avec la
distance à l’épicentre. On a donc là une échelle variable géographiquement. Mais, à l’époque, on ne pos-
sédait pas les moyens d’établir une échelle objective. L’échelle de Richter a été instaurée en 1935. Elle
nous fournit ce qu’on appelle la magnitude d’un séisme, calculée à partir de la quantité d’énergie dégagée
au foyer. Elle se mesure sur une échelle logarithmique ouverte. À ce jour, le plus fort séisme a atteint 9,5
(Chili). Cette fois, il s’agit d’une valeur qu’on peut qualifier d’objective : il n’y a qu’une seule valeur pour
un séisme donné. À titre informatif, on utilise maintenant un calcul modifié du calcul originel de Richter,
en faisant intervenir la dimension du segment de faille le long duquel s’est produit le séisme.
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Figure 1.2.17 – Quelques grands séismes.


Ce graphique met en relation la magnitude des séismes sur une échelle arithmétique et l’énergie déga-
gée au foyer sur une échelle logarithmique. Il présente aussi une comparaison entre quelques séismes les
plus connus. Un des grands séismes du Québec est celui de La Malbaie, en 1925. On le place ici avec une
magnitude de l’ordre de 7, au même niveau que celui de San Francisco, en 1989, mais il faut voir qu’en
1925, l’échelle de Richter n’était pas connue et qu’on ne possédait pas les instruments pour enregistrer
l’énergie dégagée au foyer. C’est uniquement basé sur une comparaison avec son intensité évaluée à 11
sur l’échelle de Mercalli qu’on suppose que sa magnitude était de cet ordre. Cette droite nous montre,
qu’avec une progression arithmétique de la magnitude, l’énergie dégagée au foyer croît de manière loga-
rithmique. En clair cela signifie qu’un séisme d’une magnitude de 8, comme celui de Mexico, en 1985,
n’est pas 33% plus fort qu’un séisme de magnitude 6 comme celui de Saguenay, en 1988, mais en fait
1 000 fois plus fort.
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Figure 1.2.18 – Les tsunamis (ou raz de marée).


Le tsunami (nom tiré du japonais), aussi appelé raz de marée, engendre un phénomène particulièrement
destructeur consécutif à un mouvement du fond sous-marin généré par un séisme, une éruption volcanique
ou un glissement de terrain. Il est en quelque sorte sournois parce qu'il peut survenir plusieurs heures après
l'événement. Ce schéma illustre la nature d'un tsunami engendré par un soulèvement du fond marin causé
par un séisme.

(A) Le soulèvement du fond marin engendre un gonflement de la masse d'eau. Ce gonflement donne lieu à
une vague qui, à la surface de l'océan, est à peine perceptible (de quelques centimètres à moins d'un mètre
d'amplitude en général), mais qui prend de l’ampleur en eau peu profonde pour atteindre des amplitudes
pouvant aller jusqu'à 30 m. La vitesse de propagation de ces vagues est de 500 à 800 km/h en eau pro-
fonde (milliers de mètres), diminuant à quelques dizaines de km/h en eau peu profonde (moins de 100 m).
La périodicité des vagues est de l'ordre de 15 à 60 minutes. Ainsi, un tsunami initié par un mouvement du
fond marin à la suite d'un séisme qui se serait produit à 1 000 km des côtes viendra frapper ces dernières
environ 2 heures plus tard. On peut aisément imaginer l'effet destructeur de telles vagues déferlant sur les
côtes habitées et les populations. (B) À l'approche de la première vague de tsunami, il se produit d'abord
un retrait de la mer (ce qui est de nature à attirer les curieux !). (C) Vient ensuite la première vague. (D)
Celle-ci peut être suivie d’un second retrait, puis d’une autre vague. On compte normalement quelques
vagues seulement qui, en général, diminuent progressivement en amplitude. Le tsunami de Sumatra, sur-
venu le 26 décembre 2004, fut le plus meurtrier dans l’histoire de l’humanité. On estime qu’environ
230 000 ont péri dans cette catastrophe dans les pays situés autour de l’océan Indien, depuis le Sri Lanka
vers l’Indonésie. Le raz de marée fut causé par un très fort séisme (magnitude 9,1) associé à la zone de
subduction Sunda dans le nord-ouest de l’île de Sumatra, en Indonésie.
21

Figure 1.2.19 – La répartition des séismes à la surface du globe dans le contexte de la tectonique des
plaques.
La répartition des séismes à la surface de la planète vient appuyer la théorie de la tectonique des plaques,
particulièrement l’existence de zones de subduction. Les séismes ne se répartissent pas de façon aléatoire,
mais avec un patron bien défini. On les retrouve surtout aux frontières des plaques lithosphériques. De
plus, on distingue trois classes de séismes, en fonction de la profondeur où ils se produisent :

• les séismes superficiels (points blancs) qui se produisent à faible profondeur, soit dans les premières
dizaines de kilomètres et qui se retrouvent autant aux frontières divergentes (c.-à-d. le long des dor-
sales médio-océaniques) qu’aux frontières convergentes (au voisinage des fosses océaniques);
• les séismes intermédiaires (petits points noirs) qui se retrouvent entre quelques dizaines et quelques
centaines de kilomètres de profondeur et se concentrent uniquement au voisinage des limites conver-
gentes;
• les séismes profonds (gros points noirs) qui se produisent à des profondeurs pouvant atteindre
les 700 km, soit en pratique à la base de l’asthénosphère et qui se trouvent exclusivement au voisinage
de limites convergentes.

Le petit rectangle au niveau de l’arc des Kouriles, dans le nord-ouest de l’océan Pacifique, situe le schéma
de la figure suivante. On y voit que les séismes se distribuent selon un patron bien défini en fonction de
leur profondeur et de leur distance horizontale par rapport à la fosse de subduction. Du sud-est au nord-
ouest, le foyer des séismes devient de plus en plus profond.
22

Figure 1.2.20 – Les séismes aux limites convergentes.


Une coupe à la hauteur de l’arc des Kouriles (Pacifique Nord) montre que la plaque océanique du Paci-
fique, à droite, vient s’enfoncer sous la plaque Okhotsk au nord du Japon, à gauche, provoquant le volca-
nisme qui forme l’arc des Kouriles. Là où les deux plaques lithosphériques rigides entrent en collision et
se courbent, les fractures dans la lithosphère produisent des séismes de faible profondeur. L’enfoncement
d’une plaque rigide dans l’asthénosphère plastique ne se fait pas sans rupture dans cette plaque, ce qui
déclenche des séismes intermédiaires et profonds. Puisque les séismes ne peuvent être initiés que dans
du matériel rigide, on a ici une belle démonstration qu’il y a bel et bien enfoncement de plaque lithosphé-
rique rigide dans l’asthénosphère, sinon il n’y aurait pas de séismes intermédiaires et profonds.

Figure 1.2.21 – Les séismes aux limites divergentes.


Aux limites divergentes, l’épaisseur de la lithosphère océanique rigide dépasse rarement les 10-15 km, ce
qui fait qu’il ne peut y avoir que des séismes superficiels. Le gradient géothermique 8 élevé au niveau de
la dorsale fait en sorte qu’à une plus grande profondeur, le matériel, trop chaud, se déforme déjà de façon
plastique. C’est la raison pour laquelle les séismes intermédiaires et profonds sont confinés aux frontières
convergentes. Les mouvements de convection qui se produisent sous la lithosphère se font dans une asthé-
nosphère plastique et, par conséquent, ne peuvent engendrer de ruptures.

8
Le gradient géothermique correspond à la variation de la température en fonction de la profondeur. Ce
gradient est très élevé au niveau des dorsales océaniques (>100°C/km).
23

Figure 1.2.22 – Le volcanisme dans le contexte de la tectonique des plaques.


Comme les séismes, les volcans ne se répartissent pas de façon aléatoire à la surface de la planète. Plu-
sieurs se situent aux frontières de plaques (volcanisme de dorsale et de zone de subduction), mais aussi à
l’intérieur des plaques (par exemple, volcanisme de point chaud).

Le volcanisme de dorsale : Nous savons, pour l’avoir observé directement grâce à l’exploration sous-
marine par submersibles, qu’il y a des volcans sous-marins dans le rift central des dorsales, et qu’il s’y
forme de la nouvelle lithosphère océanique. La composition de la lave de ces volcans (voir le module sur
les roches) indique qu’on est tout près de la zone où se fait la fusion partielle du manteau. S’il n’y avait
pas de tension dans cette zone de dorsale, il n’y aurait pas de fractures qui permettent justement au magma
produit par la fusion partielle de s’injecter dans la lithosphère et de former des volcans. Ce volcanisme
nous est connu par l’exploration des fonds océaniques, mais aussi par un cas particulier, celui de l’Islande,
carrément assise sur la dorsale de l’Atlantique Nord et qui est formée uniquement de volcans. En fait, cette
île a été formée par le volcanisme de la dorsale qui a réussi à s’élever au-dessus du niveau marin. Elle
constitue un laboratoire naturel pour l’étude du volcanisme de frontières divergentes. En plus, il y a aussi
une anomalie thermique isolée dans le manteau sous l’Islande produisant du volcanisme de point chaud
(figure 1.2.24).

Le volcanisme de zone de subduction : Le volcanisme relié à l’enfoncement d’une plaque sous l’autre va
former des chaînons de volcans. La Ceinture de feu autour du Pacifique est l’expression de ce volcanisme
de convergence, mais selon qu’il s’agisse d’une collision entre deux portions de lithosphères océaniques,
ou entre une lithosphère océanique et une lithosphère continentale, la nature du volcanisme diffère. Dans
le cas où il y a convergence entre deux lithosphères océaniques (figure 1.2.7), il y aura formation d’un
chaînon de volcans qui s’élèvent au-dessus de la surface des océans pour constituer un arc insulaire. Par
exemple, la majeure partie de la Ceinture de feu qui se situe dans le Pacifique-Ouest et le Pacifique-Nord
est associée à ce type de collision. Dans le cas de la convergence entre une lithosphère océanique et une
lithosphère continentale (figure 1.2.8), les volcans se trouvent sur la marge de la lithosphère continentale
et forment un arc continental. La chaîne des Cascades, dans l’ouest du continent nord-américain, est un
bon exemple de cette situation (figure 1.2.23). La composition des laves des volcans des deux types de
convergence est caractéristique de chacun des environnements (voir le module sur les roches).
24

Le volcanisme de point chaud : Le volcanisme de point chaud est un volcanisme intraplaque retrouvé
principalement, mais pas exclusivement, à l’intérieur des plaques océaniques. Les chaînons volcaniques de
points chauds viennent appuyer la théorie de la tectonique des plaques, et particulièrement le concept du
déplacement des planchers océaniques (figure 1.2.24). L’Islande est le seul cas actuel où l’activité du
point chaud se situe à la limite entre deux plaques divergentes.

Figure 1.2.23 – La chaîne des Cascades aux États-Unis : un arc volcanique continental.
Cette carte montre les relations de mouvement entre trois plaques lithosphériques : Pacifique, Juan de
Fuca et Amérique du Nord. Au niveau de la zone de subduction, la plaque de Juan de Fuca plonge sous la
plaque nord-américaine, donnant ainsi naissance aux volcans de la chaîne des Cascades. Cette chaîne vol-
canique, faisant partie de la Ceinture de Feu du Pacifique, s’étend du Mont Garibaldi, au nord de Vancou-
ver, à Lassen Peak, dans le nord de la Californie. C’est dans cette chaîne volcanique que se trouvent, entre
autres, le volcan actif du mont St. Helens, le volcan du mont Rainier qui forme le plus haut sommet de la
chaîne, ainsi que le magnifique Crater Lake, un lac qui occupe le cratère du volcan Mazama dont la
chambre magmatique s’est littéralement vidée lors d’une éruption extraordinaire il y a seulement
7 700 ans.
25

Figure 1.2.24 – Le volcanisme de point chaud.


Pour des raisons que l’on comprend encore mal, il se fait en certains points du manteau, une concentration
locale de chaleur qui amène une fusion partielle du matériel. C’est ce qu’on appelle un point chaud (hot
spot). (A) Le matériel fondu au niveau du point chaud est moins dense que le matériel ambiant; de ce fait,
il remonte vers la surface et vient percer la lithosphère pour former un volcan. Ces volcans de point chaud
sont très abondants à l’intérieur des plaques lithosphériques, surtout au niveau de la lithosphère océanique.
Les fonds océaniques du Pacifique en constituent un bon exemple où on retrouve une multitude de ces
volcans, dont la plupart sont sous-marins, mais dont un bon nombre perce la surface des océans pour for-
mer des îles comme celles de la Polynésie, des Marshall ou d’Hawaii. Les points chauds sont stationnaires
par rapport au manteau terrestre et peuvent fonctionner pendant plusieurs dizaines de millions d’années,
jusqu’à 100 Ma même. (B) Si une plaque lithosphérique se déplace au-dessus d’un point chaud qui fonc-
tionne sporadiquement (vers la gauche comme dans l’illustration), on aura la formation d’un chaînon de
volcans. (C) Dans ce chaînon, les volcans les plus vieux se situent à l’extrémité du chaînon qui est la plus
éloignée du point chaud, alors que les plus jeunes se situent à proximité du point chaud. On retrouve plu-
sieurs de ces chaînons de volcans de point chaud sur les portions de lithosphère océanique, comme par
exemple, le chaînon qui va des îles Hawaii jusqu’aux fosses des Aléoutiennes et des Kouriles, dans le
Pacifique Nord (figure 1.2.25). Les collines montérégiennes, dans le sud du Québec, sont les vestiges de
ce type d’activité magmatique développée dans une lithosphère continentale. Les roches magmatiques les
constituant se sont mises en place lors du Crétacé (~100-140 Ma) suite au déplacement de la plaque conti-
nentale nord-américaine au-dessus d’un point chaud qui n’a jamais fait éruption. Le magma aurait refroidi
et cristallisé avant d’atteindre la surface.
26

Figure 1.2.25 – Le chaînon volcanique Hawaii – Empereur.


Le chapelet de volcans qui s’étire des îles Hawaii jusqu’aux fosses des Aléoutiennes et des Kouriles est un
bon exemple de la marque laissée sur le plancher océanique par le déplacement d’une plaque au-dessus
d’un point chaud. Il a été établi que les volcans d’Hawaii, à l’extrémité sud du chaînon, sont tout à fait
récents; ils sont plus jeunes qu’ 1 Ma, et certains sont encore actifs aujourd’hui. L’âge des volcans le long
du chaînon est de plus en plus vieux à mesure qu’on s’éloigne d’Hawaii. Les îles volcaniques du chaînon
au niveau de la fosse de subduction des Aléoutiennes datent de 80 Ma. C’est à dire qu’il a fallu au moins
80 Ma pour former le chaînon en entier. Ce dernier s’est formé par le déplacement de la plaque du Paci-
fique au-dessus d’un point chaud fixe situé actuellement sous l’île d’Hawaii.

Le tracé et les âges du chaînon Hawaii-Empereur nous renseignent sur deux choses : 1) la direction du
déplacement de la lithosphère s’est brusquement modifiée durant le mouvement de la plaque, il y a
40 Ma (Kimmei; 39,9 Ma); durant la période entre 80 et 40 Ma, la plaque s’est déplacée selon le sens et la
direction de la flèche blanche, donnant naissance au chaînon Empereur, alors que depuis 40 Ma, le dépla-
cement se fait selon le sens et la direction de la flèche grise, avec comme résultat le chaînon d’Hawaii; 2)
connaissant la distance entre deux volcans d’âge connu, on peut calculer la vitesse moyenne du déplace-
ment de la plaque entre ces deux points, ici par exemple, une vitesse moyenne de 6,7 cm/année entre
Hawaii et le point de changement de direction du déplacement de la plaque (Kimmei; une distance de
2 700 km). On ne sait pas vraiment depuis combien de temps fonctionne ce point chaud puisque si des
volcans ont été formés il y a plus de 80 Ma, ils ont été engloutis en même temps que la plaque du Paci-
fique dans la zone de subduction des Aléoutiennes et des Kouriles et digérés avec elle dans
l’asthénosphère.

Un jeune volcan sous-marin (Loihi, non montré) prolonge le chaînon à 30 km au sud-est de l’île d’Hawaii
témoignant de la construction actuelle toujours plus vers le sud-est de cet archipel.
27

Figure 1.2.26 – La formation d’une chaîne de montagnes immature.


(A) En s’éloignant de plus en plus de la zone de divergence (la dorsale serait à droite de l’illustration), la
lithosphère océanique devient de plus en plus dense, simplement parce qu’elle refroidit en s’éloignant de
la dorsale. Comme les continents contribuent beaucoup à l’apport de sédiments en milieu marin, leur
épaisseur augmente de façon considérable à l’approche des continents comme sur la marge passive à l’est
du continent nord-américain. (B) Il vient un moment où sous la poussée du tapis roulant et avec
l’augmentation de densité et/ou la surcharge de sédiments, cette lithosphère se fracture et l’une des lèvres
s’enfonce sous l’autre, créant une zone de subduction. Ce qui était un mouvement de translation latérale
d’une seule plaque lithosphérique se transforme alors en un système de collision entre deux plaques (tran-
sition entre marge passive et marge active). Il se forme alors un arc volcanique insulaire. Le chevauche-
ment progressif de la lithosphère océanique supérieure sur ce qui reste de la portion de lithosphère océa-
nique du côté continental concentre le matériel sédimentaire qui se trouve sur les fonds océaniques pour
former un prisme d’accrétion. (C) La collision entre l’arc volcanique et le continent crée un chevauche-
ment important de tout le matériel du prisme d’accrétion sur la marge continentale. Il peut arriver qu’une
portion de la lithosphère océanique chevauche la lithosphère continentale. On parle alors du phénomène
d’obduction (par opposition à subduction). (D) La poursuite du mouvement concentre encore plus de
matériel et crée une chaîne déformée que l’on qualifie d’immature, en ce sens que la dynamique de con-
vergence n’est pas terminée. La marge de cette chaîne immature peut se transformer en une nouvelle zone
active (subduction), ce qui permet à la collision de se poursuivre et instaure du volcanisme d’arc continen-
tal sur la nouvelle chaîne. La Cordillère des Andes est un bel exemple de cette situation.
28

Figure 1.2.27 – La formation d’une chaîne de montagnes mature.


(A) La véritable chaîne de montagnes mature est celle qui sera formée par la collision entre deux masses
lithosphériques continentales. Dans cette situation, à mesure que se referme l’étau constitué par le rappro-
chement des deux plaques, il se construit, comme dans le cas précédent, un prisme d’accrétion qui croît
progressivement par la concentration du matériel dans un espace de plus en plus restreint. La chaîne de
montagnes s’érige peu à peu. (B) Avec la collision des deux plaques et la cessation du mouvement, la
chaîne a atteint sa hauteur maximale et acquis ses caractéristiques. Il y aura des roches métamorphiques
très déformées aux racines de la chaîne, car ces roches se forment sous des températures et des pressions
élevées (voir le module sur les roches). On trouvera aussi des lambeaux de croûte océanique (ophiolites)
coincés dans des failles. Dans les Appalaches, par exemple, on a de ces vestiges de croûte océanique dans
la région de Thetford Mines. Ces roches de nature océanique n’ont pas été subductées avec le reste de la
lithosphère océanique mais ont plutôt été remontées sur le continent par le mécanisme d’obduction. Un
des beaux exemples de chaîne de montagnes formée par la collision entre deux masses continentales est la
chaîne de l’Himalaya qui a été formée par la collision récente, il y a à peine 10 Ma, d’une petite masse
continentale qui constitue aujourd’hui l’Inde et d’une grande masse continentale, l’Asie. La chaîne n’est
d’ailleurs pas encore réellement stabilisée puisqu’elle se soulève encore et qu’on y enregistre une sismicité
importante. À titre d’exemple, on n’a qu’à penser aux séismes du Népal du printemps 2015. Cette figure et
la précédente illustrent la portion de la fermeture et de la disparition des océans du cycle de Wilson.
29

Liste des références

Toutes les images proviennent du cours Planète Terre (GLG-1000).

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