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GISEMENTS DIAMANTIFÈRES

Le diamant est une pierre précieuse connue par sa grande dureté, ses
propriétés optiques (haut taux de réfraction et fort pouvoir réflecteur)
et sa propriété électrique (bon isolant électrique).
Sa valeur ne dépend pas de sa quantité, mais bien de sa qualité : carat
(= 0.2g), clarté, couleur et coupe (forme) (Jébrak & Marcoux, 2008).
Le diamant est présent dans de nombreuses roches (basaltes alcalins,
péridotites de type alpin, lamprophyres ultramafiques, roches
métamorphiques…), mais seules les kimberlites et lamproïtes
le renferment en quantité économique. Les dimensions des gîtes sont
aux alentours de 0.6 km3 à 3 km3 pour les gîtes près de la surface de
la Terre (Kjarsgaard, 1996). La teneur des diamants varie entre 0.5 et 5
carats/tonne (soit 0.1 à 1 ppm).
Les diamants ne cristallisent pas dans ces roches, il s’agit plutôt
d’enclaves « xénolites » arrachées par les laves au cours de leur
montée.
Les Kimberlites sont des roches ignées ultra-potassiques porphyriques
avec Ol, Opx enstatite (Mg), Cpx diopside (Ca, Mg) chromifère,
phlogopite, grenat pyrope (Mg)-almandite (Fe) dans une matrice
finement grenue mafique. Elles renferment également des nodules de
roches ultramafiques.
Elles s’associées aux points chauds sous un craton continental.
Les kimberlites sont divisées en kimberlites du groupe I et kimberlites
du groupe II (Smith et al. 1985).
Le groupe I correspond aux roches archétypes de la région de Kimberley,
en Afrique du Sud, dénommées kimberlites basaltiques par Wagner
(1914).
Le groupe II est celui des kimberlites lamprophyriques ou micacées
(connues sous le nom d’orangéïtes).
Les lamproïtes sont définies comme des roches effusives
ultrapotassiques magnésiennes, porphyriques (leucite,
sanidine, phlogopite titanifère, amphibole titanifère,
olivine) dans une matrice finement grenue mafique.
Elles sont caractérisées par des rapports élevés en
K2O/Na2O, généralement supérieur à 3.

La forme la plus courante des pipes (cheminées)


kimberlitiques et lamproïtiques est la forme de cône, bien
qu’elle puisse aussi se présenter sous la forme de dyke et
filons-couches.
Une pipe kimberlitique est constituée schématiquement
de trois zones
Une pipe kimberlitique est constituée schématiquement
de trois zones
Une cheminée kimberlitique est constituée de plusieurs parties qui
peuvent être diamantifères Cratère: L’éruption kimberlitique
projette roches et cendres à la
surface, formant un anneau de tuf
autour de l’ouverture du volcan.

Le diatrème: se forme lors d’une


éruption explosive dans la partie
inférieure de la zone de racines. Il
constitue la partie la plus épaisse
de la cheminée kimberlitique et
repose sous le cratère. Il mesure
plus d’un kilomètre de longueur,
possède des parois abruptes et a la
forme d’une carotte.

Le dyke kimberlitique, qui est généralement


tabulaire et étroit, est composé de kimberlite La zone de racines: se forme par la
hypabyssale et proviendrait de la zone de cristallisation du magma sous le
racines. diatrème.
Différents types d’inclusions ont été découverts dans les
diamants. Elles permettent de connaître leur environnement
de formation, et nous renseignent également sur la
minéralogie du manteau.

Type P
Les diamants dits ‘péridotitiques’ (type P) contiennent un
cortège de minéraux en inclusion, caractéristiques d’un
assemblage péridotitique : l’olivine , l’orthopyroxène (de type
enstatite), le grenat, le clinopyroxène (de type diopside), la
chromite et les sulfures. Les teneurs en chrome et en calcium
des grenats permettent d’identifier la roche hôte plus
précisément, les deux lithologies les plus fréquentes étant les
lherzolites et les harzburgites
1- Les diamants de type P : (associés aux péridotites)
Les teneurs rapprochées en δ13C avec une moyenne aux
alentours de 5 ‰ = provenance du manteau supérieur
juvénile

Le carbone proviendrait de l’oxydation partielle du méthane


CH4, ou d’autres hydrocarbures.

Leurs inclusions sont principalement des grenats riches en


Cr, diopsides chromifères, forstérite et enstatite.
photo d’un diamant contenant un grenat de type
pyrope (à gauche) et des olivines et oxydes (à droite)
en inclusion (image extraite du site web de l’American
Museum of Natural History).
2- Les diamants de type E : (associés aux Eclogites)
Les principaux minéraux présents en inclusion dans les
diamants dits ‘éclogitiques’ (type E) sont le grenat, le
clinopyroxène (de type omphacite), les sulfures et plus
rarement la coésite, l’orthopyroxène, et le disthène.
En pratique, la distinction entre les paragenèses péridotitique
et éclogitique se fait surtout grâce à la composition chimique
des grenats : en effet, les grenats « péridotitiques » sont
riches en Cr et pauvres en Ca, tandis que les grenats
« éclogitiques » sont pauvres en Cr et riches en Ca .
teneurs en δ13C nettement plus dispersées entre 35
‰ et 5 ‰
→ existence d’un nombre conséquent d’origines
diverses.

Le carbone proviendrait de matériaux subductés


dont les compositions dépendraient par conséquent
des zones géographiques : de magmas basaltiques de
haute pression ou bien d’anciennes roches
basaltiques de croutes océaniques subductées.
Minéralisation associée aux Kimberlites : le diamant
• Les kimberlites sont la première source de diamant dans le
monde.
• Le diamant est une forme métastable du carbone sur Terre,
c'est-à-dire qu’il ne devrait pas être stable dans les
conditions où on l’observe, à la surface du globe.
• Il se forme à 150 km de profondeur et plus, à des pressions de
l’ordre de 4 GPa et des températures de 1100 à 1200 degrés
Celsius.
• On trouve ces conditions dans le manteau supérieur (enveloppe de la
Terre située entre 150 et 670 km de profondeur) constitué d'éclogites
et de péridotites ; c'est pourquoi les diamants contiennent des
inclusions de grenat, de pyroxène et d'olivine.
La remonté du diamant à la surface du globe
• Après leur formation, les diamants sont remontés à la surface du
globe à la faveur d'éruptions volcaniques dont la source est très
profonde.
• Ces éruptions échantillonnent le manteau terrestre et la croûte.
• La particularité de ces éruptions est la vitesse de leur remontée :
plusieurs centaines de km/h ! C'est cette vitesse qui empêche le
diamant de se transformer en sa forme basse pression-basse
température, le graphite.
• Ce type de volcanisme cataclysmique est appelé kimberlitique
(du nom de la célèbre mine Kimberley en Afrique du Sud).
• Les gisements de kimberlites se trouvent dans les cratons
archéens, c'est-à-dire des croûtes continentales anciennes
(antérieures à -2,5 milliards d’années).
WC : West
central African
craton ;
WN : West Nile
craton ;
Tz : Tanzanian
craton ,
K : Kasai craton
CS(WA) : Central
Shield (West
Angola) craton,
Z-K : Zimbabwe-
Kaapvaal craton
A-A :
Antananarivo –
Antogil craton
Distribution des
gisements
diamantifère
Distribution des
gisements diamantifères
en Afrique
Les minéraux indicateurs sont beaucoup plus abondants dans la kimberlite que ne l'est
le diamant. Ils résistent à l'érosion et se distinguent tant à l'œil nu que par leur
composition chimique.
Les minéraux indicateurs sont récupérés dans la fraction de sable moyen à grossier
des sédiments et analysés par microsonde électronique pour confirmer leur identification.
Minéraux indicateurs de kimberlites
Les minéraux indicateurs de kimberlites sont :
L'ilménite magnésienne : noire, fracture conchoïdale. L'ilménite est présente dans de
nombreuses roches archéennes ainsi que dans la kimberlite. Les ilménites dans les
kimberlites se distinguent des autres par leur teneur élevée en MgO, supérieure à 4 % en
poids. Chaque kimberlite se distingue par sa signature de Cr2O3 en fonction de MgO.
Le grenat pyrope chromifère : couleur pourpre, auréole kélyphitique. Les grenats
harzburgitiques subalcalins sont associés aux kimberlites diamantifères. On peut les
différencier des autres grenats lherzolitiques, harzburgitiques ou dunitiques en traçant le
graphique de CaO en fonction de Cr2O3. La diagonale qui sépare les grenats lherzolitiques
des grenats harzburgitiques est la ligne de 85 % définie par Gurney (1984).
Le diopside chromifère : vert pâle à émeraude. Le
diopside riche en Cr (> 0,5 % en poids de Cr2O3) se
distingue par sa couleur verte. Il indique la présence de
kimberlite sans toutefois informer sur la présence de
diamants.

L'olivine très magnésienne : jaune-vert


pâle
Minéraux traceurs
La méthode des minéraux traceurs est la plus employée en exploration, surtout lors des
premières étapes, bien avant les méthodes géophysiques. Utilisée pour la première fois en
1902 pour la cheminée « Premier », en Afrique du Sud, la méthode des minéraux libérés
dans l'environnement secondaire (sols, ruisseaux, rivières...) consiste à rechercher des
minéraux caractéristiques associés aux kimberlites diamantifères et à remonter à leur
source (Bari, H. , 2001).
LA KOMATIITE
Avant les découvertes en Guyane, les géologues pensaient que les pipes se mettaient
en place dans les boucliers d'âge précambrien dans des terrains de plus de deux
milliards et demi d'années, comme on vient de le voir. La Guyane posait problème. Ces
diamants détritiques ne sont pas accompagnés par les autres minéraux
caractéristiques des kimberlites et lamproïtes. Avec cette découverte, c'est l'étude des
talc-schistes de type komatiite qui est lancée...
La komatiite est un magma, sec et chaud, engendré au cœur de panaches
mantelliques à des profondeurs d'au moins 250 kilomètres, en milieu sec. Lorsqu'il
débouche en surface, le magma est une émulsion riche en fluides et il doit remonter
rapidement pour éviter la graphitisation.
Deux indices indiquent que ces magmas ont traversé une zone de subduction riche en
fluides :
▪des komatiites métamorphiques, fréquentes dans la ceinture de roches vertes de la
Guyane ;
▪la forme des diamants et leur composition éclogitique.
Ces magmas naissent au cœur d'un panache mantellique. En remontant lentement
dans un premier temps, ils traversent la plaque océanique qui s'enfonce. Ceci a deux
conséquences :
le magma entraîne des éclogites et des péridotites ;
le magma se charge en eau, ce qui accélère sa remontée jusqu'à Mach 2.
Les kimberlites
Coupe schématique de quatre gisements
kimberlitiques et lamproïtiques
• les gisements 1 et 2 sont stériles, car ils ne
traversent pas de zones de stockage des
diamants.
• Les deux sources de diamants sont
représentées : péridotitique et éclogitique.
• Les diamants sont stockés dans leur zone de
stabilité, sous les croûtes continentales
anciennes et profondes de l’Archéen (gisement
3) et du Protérozoïque (gisement 4).

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