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INTRODUCTION A LA GÎTOLOGIE

La gîtologie présente un aspect descriptif des gisements, elle ne néglige pas l’aspect
génétique, ce qui permet de définir les types de gisements. La notion de gîtologie
rejoint donc la notion de géologie économique des géologues anglo-saxons ou
encore de géologie minière des géologues français.

La gîtologie est l’ensemble des moyens d’approche basés sur l’observation. Elle
s’occupe de la recherche de relations spatiales entre la concentration minérale et le
contexte géologique et des méthodes d’exploration minérale.

Catégories des minerais extractibles

Les minerais extraits actuellement sont répartis en trois grands groupes. Il


s’agit :

• Combustibles : charbon fossile, pétrole, gaz, uranium

• Minerais métallifères :
- Métaux ferreux : Fe, Mn, Ni, W
- Métaux non ferreux : Cu, Pb, Zn, Co
- Métaux légers : Al, Mg, Ti souvent utilisés dans l’aéronautique
- Métaux précieux : Au, Ag, Pt, Pd
- Métaux rares : Be, Ra

• Minerais non métalliques :


- Matériaux de construction : calcaires, marbres, dolomies, granites, grès,
sables
- Utilisés dans l’industrie chimique : sel, soufre, gypse
- Engrais : nitrates, phosphates, sulfates
- Réfractaires : silice, bauxite, argiles, chromite
- Pierres précieuses et semi-précieuses : diamant, saphir, émeraude…
- Isolants : magnésie, asbeste, muscovite…
Peintures : argile, barytine
DÉFINITON ET CLASSIFICATION DES GÎTES MÉTALLIFÈRES

On appelle gîtes métallifères les dépôts naturels desquels on peut exploiter un ou


plusieurs minéraux utiles, c’est-à-dire les zones, où il y a une concentration anormale
de substances minérales utiles. Les minerais sont les minéraux ou mélanges de
minéraux sur lesquels portent cette exploitation.

La proportion dans laquelle un minéral doit contenir un métal pour devenir un minerai
est variable suivant la teneur de ce métal. Un gîte suivant les époques et les progrès
de la métallurgie, suivant les circonstances locales et le prix changeant des métaux
pourra cessé d’être exploité (cas des gisements d’uranium du Niger). Une roche
contenant 5g d’or par tonne sera un minerai, même si elle contenait 100 kg de fer
par tonne, elle n’en serait pas.

Un gîte métallifère ne comprend pas seulement des minerais, il renferme en même


temps des substances inutiles, souvent nuisibles : les gangues qu’on cherche à
éliminer par l’exploitation d’abord, puis par le triage et la préparation mécanique et
enfin par la métallurgie.

Les gangues peuvent être très diverses : dans une alluvion aurifère, c’est l’ensemble
des matériaux desquels on retire l’or, à savoir les galets et les graviers ; dans un
schiste cuprifère ce sera le schiste lui-même, dans une serpentinite chromifère, ce
sera la serpentine ; dans un filon, ce seront un certain nombre de minéraux, presque
toujours les mêmes : quartz, calcite, sidérose, fluorine, barytine etc… Parmi ces
minéraux le quartz est le plus abondant.

Les gîtes métallifères se divisent en gîtes primitifs et gîtes secondaires. Les gîtes ont
été constitués dès l’origine sous la forme, où nous les trouvons. Les gîtes
secondaires sont remaniés, déplacés ou altérés.

LES GÎTES PRIMAIRES


A) Les gîtes magmatiques
Il s’agit des gisements qui sont étroitement associés à un moment donné de
leur histoire génétique aux diverses étapes de la différenciation du magma. Le magma
est défini comme étant une masse silicatée en fusion située dans la terre.
On admet généralement que le magma proviendrait de la fusion des roches
due à la chaleur interne découlant de la radioactivitéde certaines substan ces (uranium
notamment).

Le magma est composé principalement d’oxydes (90-95%) et de silicates


dont la température de fusion demeure supérieure à 1000°C. Les composants volatils
H2S, HF, C, HCl, CO2, CO, SO4, HBO3, les chlorures des métaux lourds et d’autres
substances dont les températures critiques sont généralement basses, sont dissouts
dans le magma et y sont maintenus par la haute pression.

Pendant le refroidissement du magma, les minéraux réfractaires cristallisent


les premiers. Ainsi la fusion restante s’enrichit-elle de plus en plus en composants
volatils. Ceux-ci, quittant la chambre magmatique, s’infiltrent dans les terrains
encaissants pour donner naissance à des nouveaux minéraux.

On admet généralement les phases suivantes dans la différenciation


magmatique.

1.Cristallisation des minéraux silicatés les plus réfractaires : olivine, pyroxène,


plagioclases basiques (calcitiques) avec formation des roches ultrabasiques
(péridotites, pyroxénites, du-nites) et ensuite des minéraux plus fusibles (feldspaths et
quartz), qui composent les roches acides (granites, syénites, grano-diorites) : c’est la
phase ortho-magmatique ou magmatique sens strict.

2. Cristallisation de la fusion résiduelle saturée en composants volatils et en


vapeurs d’eau : formation des pegmatites.

3. Liquéfaction des vapeurs d’eau et des composants volatils aboutissant à la


formation des solutions aqueuses chaudes (hydrothermales) : processus
pneumatolytiques et hydrothermaux.

A chaque étape est associée la formation des gisements minéraux, à la


première phase sont rattachés les gisements magmatiques, à la deuxième phase sont
liés les gisements des pegmatites et à la dernière phase se rattachent les gisements
pneumatolytiques et hydrothermaux.

I. Les gisements orthomagmatiques


Ces gisements sont principalement associés aux roches basiques et
ultrabasiques : gabbros, norites (Ti, Cu, Ni, Co et platinoïdes), dunites, péridotites,
pyroxénites et leurs variétés (kimberlites…) : Pt, diamant, chromite, Cu, Ni…, et
accessoirement aux roches acides : granites (columbo-tantalite, cassitérite, zircon,
monazite et plus rarement l’ilménite).

On classe les gisements magmatiques en deux grands groupes :

1) Les gisements de cristallisation et

2) Les gisements de liquation.

1) Les gisements de cristallisation

Ils se subdivisent en gisements magmatiques précoces ou de ségrégation


et en gisements magmatiques tardifs ou à fusion. Les premiers sont constitués des
minéraux métallifères réfractaires (oxydes ou métaux natifs) séparés du magma en
cours de refroidissement (cristallisation) sous forme de cristaux en même temps ou
légèrement avant les minéraux silicatés constitutifs des roches encaissantes (olivine
et pyroxène) à une température comprise entre 1000°C et 1300°C.

Les minéraux les plus importants économiquement sont : chromite, platine,


platinoïdes, diamant, etc… Ces gisements sont généralement de taille modeste et
apparaissent sous forme de nids ou de corps lenticulaires.

Par contre les gisements magmatiques tardifs sont généralement liés à des
roches ultrabasiques. Cependant, on les retrouve aussi dans les syénites et les
syénites alcalines.

Les minéraux métallifères cristallisent après les silicates et semblent les


cimenter en occupant les espaces inter-granulaires des silicates. Ils peuvent
apparaître sous forme de couche ressemblant à une structure stratiforme. Les
minéraux extraits sont la chromite et le platine dans les roches ultrabasiques (dunites,
péridotites, serpentinites…), la titanomagnétite dans les roches basiques (grabbros,
norites), d’apatite et de magnétite dans les syénites, de pyrochlore, d’apatite et de
néphéline dans les roches alcalines.
2) Les gisements de liquation

Ce sont des gisements de sulfures. Ceux-ci se forment par le processus de


liquation, c'est-à-dire par la séparation de la fusion silicatée (magma), des sulfures en
fusion dissous dans le magma, suite à la diminution de la température. Aussi avec la
baisse de la température (dès 1500°C), la solubilité des sulfures en fusion dissous
dans le liquide magmatique diminue et progressivement ces sulfures se déposent sous
forme de petites gouttes et billes, et s’enfoncent dans les zones profondes du foyer
magmatique grâce bien entendu à leur poids spécifique élevé. Ainsi se forme
l’accumulation des sulfures sous forme de gîtes en nids stratiformes.

Sous l’action des contraintes tectoniques, ces sulfures peuvent être refoulés
dans les fissures et les failles parfois en dehors des roches de départ, formant ainsi
des filons.

Les principaux gisements de liquation sont représentés par des gisements


de Ni et Cu sulfurés. Les minerais comportent la chalcopyrite, la pentlandite, la
pyrrhotine, et accessoirement la magnétite, la cubanite, la pyrite, la galène, la blende,
le palladium, le platine natif, des sulfures de cobalt…

II. Les gisements pegmatitiques


Le terme de pegmatite a été énoncé au début du XIX me siècle pour désigner
le feldspath avec quartz enclavé, c'est-à-dire des granites à structure graphique. De
nos jours, ce terme s’étend à toutes les roches plutoniques à gros grains.

La plupart des pegmatites consistent en un assemblage de quartz et de


microcline avec ou sans albite, orthose, muscovite et tourmaline. Associés aux
pegmatites, on trouve les dykes et des filons d’aplite qui généralement prédatent ces
dernières.

Il y a beaucoup de différences dans la minéralogie, la texture et la structure


de pegmatites apparaissant dans différents champs de pegmatites et même entre les
pegmatites appartenant à un même champ pegmatitique. Les différences dans les
conditions physiques de mise en place et dans l’étendue des réactions chimiques entre
les fluides pegmatitiques et les roches encaissantes sont sans doute parmi les
principales causes de certains contrastes observés entre les pegmatites.
Il est admis qu’il existe un lien entre le type minéralogique de la pegmatite
et la composition de la roche encaissante. Il n’y a aucun doute que la plupart des
gisements des micas dans les pegmatites sont situés dans des micaschistes ou des
pegmatites intrusives dans des quartzites micacés et l’idée que les micas
proviendraient de l’incorporation dans la pegmatite du matériel alumineux en
provenance des schistes est attractive. Cependant, il convient de noter que dans
certains cas, la plupart des micas présents dans la roche encaissante proviendraient
clairement des pegmatites Il faut aussi noter que des pegmatites riches en micas se
rencontrent aussi dans d’autres types de roches, particulièrement dans les schistes à
hornblende et dans les roches ignées.

Par ailleurs, il existe également un lien entre le mode de mise en place des
pegmatites et les caractéristiques structurales des roches encaissantes. En effet, dans
les roches compétentes, légèrement foliées tels que les gneiss, les granites et les
quartzites, les pegmatites occupent les fractures qui recoupent généralement la
foliation ou la stratification. Dans les schistes par contre, les pegmatites sont
fréquemment concordantes à la foliation. Les exceptions sont cependant nombreuses
et les contacts de certaines pegmatites sont en partie concordants et en partie
discordants, bien que la majorité des pegmatites suivent la direction de la foliation.

Les pegmatites varient énormément en taille, forme et pendage. Leur taille


varie de moins de 0.5m à plus de 2 km de longueur, d’une fraction de centimètre à
plus de 100 mètres de largeur. Elles se présentent sous forme de petites lentilles, de
dykes, de corps tabulaires ou comme corps réguliers. Leur assemblage minéral
comporte essentiellement du quartz, les feldspaths potassiques, les fel dspaths
sodiques et les micas blancs.

III. Les gisements pneumatolytiques


Ils se forment à partir des fluides chauds de faible densité (vapeur d’eau,
CO2, F, Cl, …) issus des liquides magmatiques ; ils s’isolent vers la fin de leur
cristallisation. L’action la plus commune des pneumatolytes est la greisenification des
roches, c'est à dire leur transformation en un assemblage de quartz et muscovite. La
topaze, la tourmaline, la cassitérite, etc…, sont fréquentes dans ce type de formation.
IV. Les gisements hydrothermaux

On designe par gisement hydrothermal toute concentration minérale ou


métallifère formée à partir des fluides, essentiellement de température inférieure au
point critique de l’eau (473°C). A partir de ces fluides qui transportent à l’état dissout
et complexé des substances chimiques, la précipitation des minéraux a lieu par
diminution de la température et du changement de la composition chimique et de
l’acidité du milieu, provoquant

ainsi la saturation de la solution. Ces fluides peu vent avoir trois origines :

- Les eaux vadoses : ce sont des eaux superficielles, de pluie ou de


ruissellement qui s’infiltrent dans le sous-sol à la faveur des fractures et
qui se réchauffent en s’enfonçant dans l’écorce terrestre.
- Les eaux connées : lors de la compaction de sédiments (diagénèse)
sous l’effet de la pression, l’eau d’imbibition est expulsée et peut alors
être remise en circulation dans les fractures ;
- Les eaux juvéniles : il s’agit des expulsées des magmas en cours de
cristallisation et de différenciation dans la croûte terrestre. En
profondeur, les magmas sont très souvent hydratés. Par exemple, un
magma granitique à saturation peut contenir à l’état dissous jusqu’à 10
% de son poids en eau. Le gaz carbonique, à l’état dissous dans l’eau,
entre souvent pour une grande part dans la composition des fluides
hydrothermaux. Les eaux hydrothermales circulent dans les fissures,
l’expression générale d’un gîte hydrothermal est le filon. Lorsque,
localement, le remplissage de ce volume n’est pas complet, des cavités,
appelées géodes ou druses, se forment et sont souvent tapissées de
cristaux ( quartz, …).
Selon la température de cristallisation des minéraux, on distingue :

• les gîtes de haute température ou hypothermaux formés entre 300 et


473°C
• les gîtes de moyenne température ou mésothermaux formés entre 150
et 300°C
• les gîtes de basse température ou épithermaux formés entre 50 et 150°C
B)Les gîtes métamorphogènes
Comme les gisements magmatiques, les gisements métamorphiques, font
partie du cycle endogène (formation à profondeur variable, dans l’écorce terrestre sous
pression plus ou forte, à température pouvant atteindre 700 à 800°C. Le
métamorphisme correspond aux transformations à l’état solide d’une roche
préexistante affectant soit sa structure, soit sa composition minéralogique, soit sa
composition chimique (métasomatose) et très souvent l’ensemble de la roche.

On distingue :

a) les gisements de contact


b) les gisements provenant du métamorphisme d’un gisement plus ancien, lui-
même d’origine sédimentaire ou magmatique (gisements métamorphisés). On
peut retenir :
- les gisements de fer métamorphisés (quartzites ferrugineux, itabirites,
jaspillites ferrugineuses),
- les gisements de manganèse dans les vieux socles (gondites quartzites
riches en silicates manganifères : serpentine, diopside manganifère,
rhodonite)
c) Les gisements métamorphogènes : La concentration du métal ou du minéral
utile est due au métamorphisme lui-même. Exemple : gisements de talc,
graphite, sillimanite, disthène, etc…

LES GÎTES SEDIMENTAIRES


Ils prennent naissance à la suite du processus conduisant aux dépôts de
sédiments dans les dépressions (mers, océans, lacs, etc…)

A)Les gîtes détritiques

Les particules qui proviennent du démantèlement d’une roche sous l’effet


de l’érosion sont véhiculés par l’eau à une distance plus ou moins éloignée de leur
origine ; les minéraux les plus denses se déposent les premiers. C’est ainsi que
certains minéraux se concentrent dans les sites particuliers pour former les gîtes
alluvionnaires ; exemples : l’or, le platine, la cassitérite. Les gisements détritiques sont
donc des dépôts meubles ou consolidés, de substances utiles sous forme des débris.
Les minéraux qui se concentrent en gisements détritiques ont une grande densité et
sont chimiquement stables (difficilement solubles) et mécaniquement durs et peu
clivables. Ce sont la cassitérite, le colombo-tantalite, la magnétite, l’ilménite, l’or, le
platine, le rutile, la monazite, le zircon, le corindon et les gemmes (rubis, saphir, le
diamant, etc…).

Les accumulations de galets, graviers, sables et argiles constituent aussi


des gisements détritiques. La sédimentation détritique s’effectue en deux temps :

1. formation d’éluvions
2. transport et dépôt en alluvions.

1. Gisements éluvionnaires
L’altération météorique d’une roche contenant en teneur exploitable ou pas
des minéraux utiles susceptibles de former une concentration détritique fournit des
éluvions, c'est-à-dire un dépôt meuble comprenant des débris de taille diverse,
dérivant bien entendu de la fragmentation et de la dissolution de certains de ses
constituants.

Les éluvions contenant le minéral utile restent sur le lieu de leur formation
ou glissent lentement sur la pente vers la vallée. Le minéral utile se trouve à des
teneurs relativement élevées dans les éluvions par rapport à la roche d’origine. Cette
concentration se réalise de deux façons : l’eau de ruissellement emporte les particules
les lus fines et légères de l’éluvion. Cette diminution de volume conduit à
l’enrichissement du minerai utile. Il y a comme évoqué ci-haut, départ de certains
éléments et réduction plus ou moins importante de volume. Le minéral utile étant bien
évidemment peu soluble s’en trouve concentré.

Ainsi l’altération des gisements pegmatitiques de Manono a donné


naissance aux gisements éluvionnaires, ceux-ci recouvrent les gisements primaires.
Ces éluvions exploitables étaient très étendues au début des exploitations. Elles sont
présentement quasiment épuisées. Elles se répartissent en deux horizons distincts :

a) l’horizon de pegmatite altérée : dans cet horizon, la pegmatite est


complètement altérée et les feldspaths sont kaolinisés. La roche altérée se présente
sous forme d’un gravier argileux où les grains de quartz, de cassitérite et de coltan
sont enrobés dans une pâte friable de kaolin, se dévalant facilement dans l’eau. C’est
naturellement l’horizon qui a fourni l’essentiel de la production de la cassitérite de
Manono.
b) l’horizon de pegmatite pierreuse : entre le gîte primaire, constitué par les
roches dures et saines, et les pegmatites altérées, existe une zone de transition qui
surmonte les roches dures sur une épaisseur de 10 à 40 m. Cette zone, dite pierreuse,
est constituée par de la pegmatite partiellement altérée. On y trouve des éléments plus
ou moins volumineux et plus ou moins sains dispersés dans la roche semi altérée.

2. Les gîtes alluvionnaires


A partir des éluvions, on aura suivant le climat après un transport plus ou
moins long des placers fluviatiles ou marins (climat humide) ou des placers éoliens
(climat sec). Ces derniers sont des éventails des matériaux au bas de vallons secs.
Exemple : diamant de Namibie.

Les alluvions peuvent se présenter sous plusieurs formes :

- Sous forme des lentilles Les cours d’eau peuvent éroder leurs propres
alluvions. Celles-ci sont remaniées et demeurent ainsi plus riches que les premières.
Les terrasses peuvent être nombreuses et étagées. Les terrasses les plus élevées et
les plus éloignées du cours actuel sont les plus anciennes. A chaque nouvelle terrasse,
il y a concentration consécutive au remaniement des alluvions dont la granulométrie
dépend de l’énergie du cours d’eau.

- Sous forme des alluvions enfouies par des coulées de laves : Ce type
d’alluvions se rencontre le plus souvent dans les régions volcaniques. Le cours d’eau
peut ainsi être déplacé suite aux phénomènes naturels, tel est le cas d’une coulée des
laves qui replissent le lit du cours d’eau en emprisonnant une partie des alluvions.

- Sous forme d’un dépôt d’alluvions déterrées par la rivière : les


alluvions anciennes ensevelies par une coulée des laves sont déterrées par un cours
d’eau.

Les placers se forment se forment à la suite de l’érosion des roches et de la résistance


de certains minéraux à l’altération. Ces derniers se concentrent pendant les diverses
phases du cycle exogène : érosion, transport, dépôt.

Une condition préalable et nécessaire à la formation de placers est une roche-mère


contenant un ou plusieurs minéraux lourds, physiquement durs et réfractaires à
l’altération.

a) Les placers fluviatiles


Deux principes mécaniques sont nécessaires à la formation des placers
fluviatiles.

1er principe « Sur des grains de même forme, l’action d’un courant est fonction de leur
densité et de leur diamètre ». Les lois de chute qui ont été établies pour des sphères
sont les suivantes :

• pour des petites sphères, on applique alors la loi de Stockes :

V = g (d-d’) x2 / 18 γ d’où V = 2 g r2 (d-d’) / 9 γ

V : vitesse de chute

X : diamètre de la particule

r : rayon de la particule

d : densité de la particule

d’ : densité de l’eau (ou du fluide en général)

g : accélération de la pesanteur.

γ : coefficient de viscosité du fluide

• pour des sphères plus grandes, c’est la loi d’impact qui s’applique :
V = c x (d-d’)

V : vitesse de chute

d : densité de la particule

d’ : densité de l’eau (ou du fluide en général)

X : diamètre de la particule

C : constante dans laquelle seule la pesanteur intervient, le facteur viscosité


étant négligeable.

Rôle de la densité : triage


Que ce soit dans la loi de Stockes ou dans la loi d’impact, la vitesse de dépôt
des particules dans un fluide est directement proportionnelle à la densité de la
particule.

A taille égale et à forme identique, plus la particule est dense, plus vite, elle
se dépose. Il s’ensuit une tendance à la séparation des minéraux par densité, c'est-à-
dire par espèce minérale, étant entendu que chaque espèce minérale se caractérise
par sa densité. C’est le triage.

Dans les alluvions, on rencontre souvent plusieurs minéraux denses


mélangés aux minéraux légers. Leurs diamètres (ou volume) sont en général
inversement proportionnels aux densités respectives. Cela expliquerait que l’or, la
cassitérite, etc… se trouvent en général en petits grains associés à des sables assez
grossiers riches en quartz dans lesquels on reconnaît souvent les minéraux
accompagnateurs du minéral utile également en gros grains puisque plus légers,
provenant bien entendu de la roche encaissante ou du minerai.

Ainsi l’or est fréquemment associé à un sable noir composé essentiellement


de magnétite et d’ilménite ou à un sable jaune formé surtout de grenat, zircon et
monazite tandis que le diamant s’accompagne souvent de grenat rouge (pyrope), de
pyroxène, ‘amphibole, d’ilménite et perovskite (cas du plateau de Kundelungu).

Tableau : densité de quelques minéraux récoltés dans les alluvions

Minéral Densité Minéral Minéral

Platine, Pt 17-19 Ilménite 4.5-5.0

Or, Au 16-19 Chromite 4.5-4.8

Tantalite, 8.1 Zircon 4.0-4.8


(Ta,Nb)2O6

Wolframite, (Fe, 7.1-7.5 Rutile 4.2


Mn, Mg)WO4

Cassitérite, SnO2 6.8-7.1 Rubis-saphir 4.0


Scheelite,Ca WO4 5.9-6.1 Diamant 3.5

Columbite, 5.3 Topaze 3.5


FeONb2O5

Magnétite, Fe3O4 5.1 Feldspaths 2.5-2.7

Monazite, 5.0 Quartz 2.65


(Ce,La,Nd,Th)PO4

2ème principe

Il y concurrence entre la gravité d’une part et d’autre part, entre la turbulence


de l’eau et la vitesse du courant.

Un grain minéral se déposera d’autant plus loin que la vitesse du courant


est grande. Il se déposera à l’endroit où la vitesse du courant diminue sensiblement
pour que la gravité l’emporte sur la vitesse et la turbulence de l’eau.

Il existe deux types d’écoulement :

• L’écoulement laminaire dans lequel les filets d’eau reprennent leur


direction après avoir contourné un obstacle. Ce régime d’écoulement
dans lequel les filets d’eau se déplacent parallèlement à des vitesses
différentes n’a lieu qu’à très faible vitesse et ne serait pratiquement pas
réalisé dans la nature.
• L’écoulement turbulent : les filets d’eau forment des tourbillons derrière
l’obstacle. Des variations rapides de vitesse autour d’une valeur
moyenne entrainent des fluctuations transversales du courant, une
composante transversale de la vitesse.
La sédimentation détritique est favorisée par une diminution de la vitesse et
de la turbulence du courant. Autrement dit, les lieux où es telles conditions sont
réalisées sont les lieux privilégiés de dépôt des alluvions minéralisées ou pas.

Il faut noter que la vitesse et la turbulence du courant d’eau diminuent aux


endroits où il y a :

• élargissement de la vallée, notamment à l’embouchure d’un cours d’eau,


dans un lac, à la confluence de deux cours d’eau
• rupture dans le profil du cours d’eau et toutes les petites irrégularités du
profil. Par exemple : des bancs de roches alternativement dures et
tendres créent une sorte de riffles de sluice et peuvent retenir des
minéraux utiles.
• Les rives convexes des méandres et les coudes brusques des cours
d’eau
Etant donné que le lit des rivières se déplace, les concentrations détritiques
peuvent s’étendre loin du cours actuel de la rivière, notamment dans des bras de
méandres abandonnés. Très souvent, la répartition des minéraux utiles n’étant pas
uniforme, on trouve dans des alluvions des trainées plus riches éventuellement
exploitables. La pente du profil du cours d’eau favorable à l’accumu lation des
matériaux détritiques est assez variable. Aux USA, on a remarqué que les alluvions
bien minéralisées étaient localisées dans des segments des cours d’eau présentant
une pente de l’ordre de 5 à 6 %.

Les alluvions les plus récentes remanient les alluvions anciennes. Il en


résulte, généralement, une nouvelle concentration en minéraux utiles de telle sorte
que les alluvions récentes peuvent devenir exploitables alors que les anciennes ne le
sont pas.

b) Les placers marins

Sur les plages, le mouvement des vagues provoque une montée et une
descente alternative des grains. Lorsque la vague se retire, les grains descendent vers
la mer en obéissant au principe du triage. Les courants côtiers jouent un rôle dans la
concentration détritique, car ils classent les minéraux.

Sur la plage , la zone de balancement des marées et particulièrement à la


limite de la zone intertidale (partie du littoral située entre les plus hautes et les plus
basses marées) peuvent ainsi se former des concentrations détritiqu es.

Les minéraux ainsi concentrés peuvent provenir des formations rocheuses


du littoral ou avoir été repris des formations alluviales fluviatiles où ils avaient déjà été
concentrés (alluvions résédimentées).
Les placers marins, à l’instar des placers fluviatiles, peuvent se rencontrer
en plages soulevées parfois accompagnés des dunes plus ou moins loin du littoral. Il
existe aussi des placers fluviatiles ennoyés dans la mer.

Parmi les gisements détritiques, on peut mentionner les gisements de


matériaux de construction, bien que ce ne soit pas des gisements métallifères. Ils
diffèrent des autres gisements alluvionnaires par le fait que le composant utile
constitue ici la masse de la roche.

Les gisements de matériaux détritiques grossiers : graviers, galets et roches


erratiques sont généralement des dépôts constitués par des torrents rapides, par des
rivières proches des montagnes et par les coulées de glaciers et qui se forment parfois
en bordure de mer ou de lacs. Ils servent comme matériaux pour les ballasts de chemin
de fer ou pour la fabrication du béton.

Les gisements de sables sont fluviaux, lacustres et marins. Les sables


fluviaux sont généralement fins, mal triés (polyminéraux). Par contre, les gisements de
sable quartzeux lacustres et marins sont mieu x triés et de bonne composition minérale.
De ce fait, ils constituent la matière première pour l’industrie du verre, des abrasifs et
pour la métallurgie.

c) Les placers éluviaux

Les concentrations éluviales ou placers éluviaux sont généralement le stade


embryonnaire des autres placers. Ces concentrations se trouvent, soit sur un gisement
primaire, soit à sa proximité immédiate, le transport est donc nul ou peu important. Sa
formation présuppose également une topographie favorable, un climat et des
conditions physiographiques favorisant une altération suffisamment profonde et
pendant une longue période.

Les stades de la formation d’un placer éluvial sont :

a) Désagrégation du minerai primaire en morceaux relativement gros se


trouvant à proximité du gîte.
b) La roche encaissante s’érode et s’altère en formant des éluvions
emballant les grains de minerai ; ces éluvions glissent lentement vers
le bas de pente. La concentration peut être due à plusieurs facteurs :
dissolution de certains minéraux primaires, départ des particules
stériles plus légères emportées par les eaux de ruissellement, ou plus
rarement par le vent. (placers éoliens)
c) Les placers éoliens

Ils ont une importance secondaire et se forment dans des régions à climat
aride : vents souvent très violents emportant au loin des particules légères (quartz et
feldspaths. Les minéraux lourds subissent donc un enrichissement passif par suite de
la de la diminution du volume total. On connaît des placers éoliens d’or (Australie
occidentale), de diamant (Afrique du Sud-Ouest).

Du point de vue gîtologique, les placers exploités sont actuels (en cours de
formation) ou subactuels ( par exemples des méandres abandonn és dans une plaine
alluviale), beaucoup se trouvent dans des terrasses surélevées dont l’âge varie entre
l’époque subactuelle et le Tertiaire. D’autres sont parfois franchement fossiles
(consolidés et recouverts de sédiments plus jeunes). Il est possible que les
conglomérats du Witwatersrand, d’Afrique du Sud, d’âge précambrien représentent de
très anciens placers.

On peut subdiviser ainsi les placers :

1. Placers de minéraux lourds métallifères :


- métaux précieux : or natif, platine natif (Californie, Alaska, Sibérie,
Nouvelle Guinée, Afrique centrale,
- cassitérite, les 2/3 de la production mondiale viennent des placers,
coltan, etc.. (Congo, Indonésie, Malaisie…)
- magnétite, ilménite, chromite, rutile et cinabre, oxydes de fer….
2. Placers de pierres précieuses :
- diamant : Congo, Afrique du Sud
- gemmes diverses : rubis, saphir, béryl, aigue marine, topaze,
chrysobéryl (Inde, Birmanie, Ceylan) .
3. Placers de minéraux lourds : Colombo-tantalite, zircon, monazite,
grenat : Australie)
4. Gîtes détritiques de minéraux légers ayant un intérêt industriel: argiles
sédimentaires, d’estuaires ou lacustres, fluviatiles, de marécages,
sables de quartz, etc…
B) Gîtes de précipitation

Parmi ces gîtes, on peut citer :


a) les gisements de fer sédimentaires qui comprennent :
• Minette de Lorraine-Luxembourg,
• Minerais de fer oolithique du Nord de l’Allemagne
• Gisement de Clinton dans l’Alabama (USA)
• Gisements de Frodingham (Angleterre)
Il est possible que certains gisements de fer précambrien aient une origine
analogue. Par ailleurs, le gel d’hydroxyde de fer étant chargé positivement
attire et adsorbe des impuretés sous forme d’anions. Ces minerais de fer
seront riches en diverses impuretés telles que Ni, V, Sb, Se, P, As, Au, Co,
etc.. ; les unes profitables (Ni, V), d’autres nuisibles (As)-

b) les gîtes de manganèse


Dans la nature, le fer est souvent accompagné en petite quantité de
manganèse (50 fois moins). Après avoir été transportés par les eaux, ces deux métau x
peuvent être précipités soit ensemble, soit séparément. On constate que souvent les
gisements de fer sédimentaires contiennent un peu de Mn et vice versa. Cependant,
il est certain que dans la majorité des cas, le fer et le manganèse n’ont pas précipité
ensemble.

c) Les gîtes d’évaporites


Ces gisements font partie du groupe de roches dites évaporites qui se sont
formées par précipitation chimique de sels divers contenus dans des eaux dont le
volume diminuait par suite d’évaporation. Il s’agit donc des gîtes de sels. L’histoire des
gisements de sels est compliquée du fait que ces roches ont une stabilité chimique et
mécanique limitée. D’autre part, la plasticité des sels détermine une grande mobilité
de ces gîtes surtout en présence des forces tectoniques.

Gisements des biolithes

Les biolithes ou roches biogènes proviennent des restes organiques, plus


ou moins transformés Beaucoup ont un intérêt économique et forment des gîtes : les
caustobiolithes, combustibles. Ils se subdivisent en charbon, hydrocarbures li bres et
schistes bitumineux.
Le charbon

Le charbon provient de l’accumulation subaquatique de débris végétaux


dans des bassins en subsidence, soit limniques, soit paraliques. En général, ces débris
sont restés sur place (gisements autochtones), plus rarement, ils ont été transportés
avant de s’accumuler (gisements allochtones). La transformation en charbon
s’effectue en deux temps : d’abord, il y a tourbification (processus de transformation
essentiellement biochimique, relativement rapide et superficiel, aboutissant à la tourbe
qui n’est pas un vrai charbon), puis il y a la houillification (processus de transformation
géochimique, s’effectuant à l’intérieur de l’écorce terrestre, sous l’action de la chaleur
et de la pression, pendant un temps très long et aboutissant aux divers charbons. Au
fur et à mesure que la houillification progresse, la teneur en matières volatiles (H2, O2,
N2, …) diminue et celle en carbone fixe augmente, on dit que le rang du charbon
augmente.

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