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COURS DE PROSPECTION MINIERE 1

I. INTRODUCTION

L'importance des matières premières minérales et plus


particulièrement des minerais, que ce soit pour les pays consommateurs ou
producteurs, n'est plus à démontrer. La mise en évidence de nouveaux
gisements métalliques est ainsi devenue primordiale et a motivé la mise en
œuvre de techniques diverses: levé géologique, géophysique, géochimie,
télédétection, thermoluminescence, etc.…Mais, si ces techniques sont
importantes et si leur développement harmonieux est essentiel, un stade de
recherche s'impose: c'est celui du prospecteur de terrain dont dépend en
grande partie le succès des recherches.
La recherche minière progresse par phases qui se distinguent par
les surfaces concernées et les techniques mises en œuvre et, par conséquent,
par les moyens humains, matériels et financiers qu'elles nécessitent.
Chaque méthode de prospection doit être mise en œuvre avec un
soin extrême depuis le simple examen d'affleurements ou la moindre batée
en lit vif jusqu'au recueil de cuttings de sondages percutants, ou à
l'échantillonnage de travaux miniers.

I.1. DEFINITION
La prospection minière est l'ensemble des travaux géologiques,
géophysiques, géochimiques, géobotaniques, de photogéologie et de
télédétection dont la finalité est de:
 localiser les substances utiles dans l'écorce terrestre;
 préciser la position exacte, la forme et la concentration
des corps minéralisés (ore bodies) ou gisements;
 estimer (évaluer) la quantité des substances utiles
extractibles que contiennent ces corps minéralisés, étant
donné que ceux–ci peuvent contenir, et c'est souvent le
cas, d'autres matières premières non extractibles.
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I.2. NOTIONS GENERALES


I.2.1. Gisement
Un gisement est une accumulation naturelle de minéraux utiles,
matières premières industrielles. Il doit être économiquement et
techniquement rentable. Ce qui fait qu'un gisement exploitable dans un pays
peut ne pas l'être ailleurs: ex: en République .Démocratique Congo, on
exploite le cuivre à partir d'une teneur de 0.1%, alors qu'aux USA, on
descend jusqu'à 0.01%.
L'ensemble des minéraux utiles, exception faite pour les matériaux
de construction, forme le minerai. Celui–ci est associé à des minéraux non
utiles qui constituent la gangue.
Succinctement on distingue les gisements ci–après:

A. Gisements magmatiques:

Ils sont dus à la différenciation magmatique lors de la


cristallisation fractionnée au cours de trois stades principaux:
 Stade orthomagmatique: cristallisation des minéraux
pétrogènes, les plus réfractaires (olivine, pyroxènes,
plagioclases basiques) d'abord, avec formation des roches
encaissantes des minéralisations ultrabasiques (dunites,
pyroxénites, péridotites); minéraux utiles:chromite, diamant,
platine, pyrochlore, etc.
Formation aussi des roches basiques (gabbros, norites); minéraux
utiles: magnétite, titanomagnétite, vaesite (Ni).
Cristallisation de feldspaths alcalins et quartz en dernier lieu, avec
formation de roches magmatiques acides (granites, granodiorites, syénites);
éléments utiles: Be, Li, Sn, W, U, etc.
 Stade pegmatitique: séparation du bain résiduel saturé en
composants volatils (F, Cl, O,…) et en vapeur d'eau. Mise en
place des pegmatites; éléments utiles: Be, Li, Sn, Nb, Ta, U,
etc.
 Stade postmagmatique: liquéfaction des composants volatiles
et genèse des solutions hydrothermales ou pneumatolyto–
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hydrothermales dans les roches encaissantes; minéraux


utiles: chalcopyrite (Cu), cassitérite (Sn), molybdénite (Mo),
cinabre (Hg), arsénopyrite ou mispickel (As), galène (Pb),
blende ou sphalérite (Zn).

B. Gisements sédimentaires

 Gisements résiduels: dus à l'action d'une altération


dominante:
 Kaolin, latérites à Fe – Ni – Co - Mn, bauxites, fer et
chapeaux de fer.
 Gisements détritiques: accumulation mécanique des
substances utiles (placers): or, platine, cassitérite, diamant,
magnétite, zircon, monazite, corindon, béryl, ilménite,
pyrolusite,…
 Gisements d'infiltration: Cu, Co, U, V, Fe, Mn, …
 Gisements d'origine chimique:
 calcaires et dolomies: matériaux de construction,
 de fer
 de manganèse
 gisement mixte de Fe et Mn,
 évaporites.
 Gisements biogéniques et biochimiques:
 Combustibles fossiles: tourbes, charbons, shales
bitumineux, pétrole et gaz naturel
 Calcaires organogènes
 Phosphorites à squelettes d'organismes
 Diatomites formées d'opale.

C. Gisements métamorphogènes

 Gisements métamorphisés: formés aux dépens des gisements


préexistants. Exemple:certains gisements de Fe, Mn, Au, U,
dont les accumulations initiales étaient sédimentaires. Ex.
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Gisement Au–U de Witwatersrand (RSA).


 Gisements métamorphiques:
 Marbres: à partir des calcaires,
 Ardoises: à partir des shales argileux.

I.2.2. Catégories des minerais extractibles


Les combustibles: charbon, pétrole, gaz
Les minerais métalliques: ferreux (Fe, Mn, Co, Ni, W), non
ferreux (Cu, Pb, Zn, Sn), légers (Al, Mg, Ti) utiles dans
l'aéronautique, précieux ( Au, Ag, Pt), rares ( Be, Ba )
Les minerais non métalliques: matériaux de construction,
chimiques (sel, soufre, soude, gypse), engrais (nitrate,
phosphate, sulfate), réfractaires (silice, bauxite, argiles,
chromite), pierres précieuses et semi–précieuses (diamant de
joaillerie, saphir, émeraude), matériaux abrasifs (diamant
industriel, quartz), isolants (magnésie, asbeste), peinture
(argile, barytine).

I.2.3. Facteurs influant sur l'exploitabilité d'un


gisement
 La teneur et le tonnage: la teneur limite d'exploitabilité
(mutable et fonction du coût d'exploitation) est la teneur
minimale supportable en deçà de laquelle l'exploitation d'un
gisement cesse d'être rentable. Elle dépend du cours du
métal sur le marché économique mondial. Elle est à
distinguer de la teneur marchande qui est la teneur atteinte
après valorisation.
Les bons gisements sont ceux qui présentent un bon tonnage de
façon à récupérer le coût d'investissement et à faire du profit.
 La nature du minerai: comportement chimique lors de la
flottation: les carbonates réagissent mieux que les silicates.
 La position géographique du gisement: le coût du transport
vers les usines de traitement et vers les centres de
consommation. De plus la main–d'œuvre qualifiée coûte de
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plus en plus cher avec la distance.


 La profondeur et la structure du gisement: c'est moins
coûteux d'exploiter à ciel ouvert (gisement en plateure) qu'en
mine souterraine (gisement dressant).
 Les facteurs économiques: notamment la loi de l'offre et de la
demande.
 Les outils d'exploitation: engins pour forage, extraction,
transport.
 Les substances extractibles: les gisements poly métalliques
sont les plus intéressants.
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CHAP. II. ETAPES ET TECHNIQUES


SPECIFIQUES DE LA PROSPECTION
MINIERE

II.1.ETAPES DE LA PROSPECTION MINIERE


La prospection minière est, rappelons–le, une opération
économique visant à mettre en évidence les réserves minières pour un
district, une province, un pays ou même un continent. Et en tant
qu'opération économique elle doit être rentable. Dans cette optique, elle doit
être menée avec minutie, par étapes successives.

II.1.1. Etape préparatoire: Approche du sujet.


Documentation.
Objectifs :
 Appréciation a priori de l'intérêt de la région
 Identification du ou des sujets à traiter
 Contrôle du cadre géologique et choix de la méthode de
prospection stratégique
 Première sélection régionale
Méthodes et Techniques:
 Documentation technique: inventaire de toutes les
minéralisations, cartes géologiques, topographiques,
hydrographiques, hydrogéologiques, tectoniques, photos
aériennes, images satellites, mémoires, rapports miniers du
Service Géologique et des Mines. Les photos aériennes et
satellites permettent de repérer les cours d'eau, la
géomorphologie, le système des failles, les affleurements, les
structures géologiques, le type de végétation ou son absence,
la nature lithologique. On récoltera également des
renseignements oraux ;
 Documentation juridique: permis antérieurs, droit de
concession ;
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 Echelle de travail / Surfaces concernées:1/200000 et


inférieures; 5000–100000 Km2.
Durée des travaux: quelques semaines
Décision:
En fonction de toute la documentation (technique et juridique), on
doit distinguer les zones retenues et les régions sans intérêts. On choisit les
itinéraires à emprunter, le nombre de prospecteurs, la quantité et la qualité
du matériel (hélicoptère, Jeep, tente, boussole, marteau, carnet, sachets,…),
le nombre des techniciens, des ouvriers.

II.1.2. Prospection préliminaire ou de Reconnaissance


ou Stratégique ou Générale
Au cours de cette étape, on ne cherche pas directement un
gisement, mais plutôt on s'atèle à mettre en évidence des indices de la
présence éventuelle d'un gisement ou de conditions géologiques favorables à
la formation d'une minéralisation.
Objectifs:
 Réduction sensible de la surface initiale
 Localisation des secteurs à indices et anomalies pour y
concentrer les moyens
 Eventuellement approche typologique et choix de la méthode
de prospection semi–systématique.
Méthodes et moyens:
 Prospection au marteau et esquisse géologique: on parcourt
des grandes distances (ex; tous les 5 Km) suivant une
direction bien définie et en notant tout ce qui est frappant
(ex, nature des roches, structures tectoniques,
minéralisations) et on essaie de les localiser sur les cartes.
Les indices sont de différents ordres: guides morphologiques,
géobotaniques, lithologiques, stratigraphiques,
minéralogiques et structuraux).
 Prospection aéroportée: méthodes électromagnétiques,
magnétiques et radiométriques.
 Prospection géochimique (stream sediments, fond de batée,
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sol, hydrogéochimie, base des cuirasses).


 Prospection alluvionnaire: lit vif, lit mineur, bed rock.
 Photogéologie (éventuellement vols spéciaux).

Echelle de travail/Surfaces: 1/200000–1/50000; 50–500 Km2.


Durée des travaux: Quelques semaines à quelques mois.
Décision:
 La prospection stratégique se termine par un rapport qui
évalue approximativement les potentialités minérales
(quantité et qualité) de la province (réserves possibles).
 On évalue les critères économiques minima
 On circonscrit les secteurs retenus à étudier au cours de la
phase suivante. Ou bien, on décide de l'abandon total ou
partiel du projet.

II.1.3. Prospection semi–systématique: Contrôle des


points d'accrochage.
On étudie l'indice pour le transformer si possible en gisement, c’est-
à-dire qu’on s'adonne à connaître sa largeur, sa largeur, sa puissance (d'où
le volume), et la répartition des teneurs.
Objectifs:
 Définition des cibles
 Classement des cibles par ordre d'intérêt (hiérarchie)
 Premières teneurs pour prouver la valeur industrielle du
gisement; type de minerai (oxydé, sulfuré, carbonaté) en vue
de sélectionner la méthode de valorisation.
 Sélection des cibles pour leur reconnaissance approfondie.
Dans cet ordre d'idées, on recourt à des travaux miniers (puits,
tranchées, sondages), des ouvrages de prospection rapprochés, donc à maille
plus réduite. Les travaux miniers mettent à vue les gisements affleurants et
sub–affleurants. Les gisements, dits aveugles, recouverts par d'épaisses
altérites, sont découverts grâce aux méthodes indirectes (Géophysique,
Géochimie).
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Méthodes et Techniques:
 Cartographie géologique détaillée + prospection au marteau:
étude typologique (pétrographie, sédimentologie,
structurologie, minéralogie).
 Prospection géophysique au sol (ou héliporté): Radiométrie,
Magnétisme, Electro–magnétisme, Profils de résistivité et
sondages électriques, Polarisation spontanée, Polarisation
Provoquée, Mise à la masse, Gravimétrie, Sismique Réflexion
et Sismique Réfraction.
 Prospection géochimique à maille régulière serrée sur sol
(surface ou tarière), roche, biogéochimie.
 Prospection alluvionnaire: puits et/ou tranchées (si
recouvrement peu épais), sondages rotary ou percutants (si
recouvrement très épais).
 Si possible, test de valorisation.
 Pré–étude économique d'orientation. Premier regard
géostatistique.
Echelle de travail/Surface: 1/20000–1/5000; 5–50 Km2
Durée: Quelques mois
Décision:
A la fin de la prospection semi–systématique :
 On évalue les réserves probables du secteur ;
 On décide des cibles retenues et rejetées ;
 Les cibles retenues sont mises au portefeuille et constituent
la zone intéressante à étudier d'une manière approfondie
dans la 3ème phase ;
 On recherche les partenaires (joint venture).

II.1.4. Prospection systématique ou détaillée ou


Reconnaissance du corps minéralisé
La maille d'étude est encore plus resserrée car on prépare le
gisement à l'exploitation. Ce qui implique une connaissance plus
approfondie et minutieuse de ce dernier, pour son évaluation plus efficiente.
Le gisement est subdivisé en sections et on le détaille pour mieux
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connaître la répartition des teneurs et la composition minéralogique. On


étudiera aussi le comportement mécanique de la roche encaissante et du
minerai (broyage), la fissuration, les conditions hydrogéologiques, la
structurale. Cela en vue de déterminer la méthode d'exploitation.
Résumé des objectifs:
Détermination de :
 Forme, volume, profondeur et pendage du gisement.
 Premières fourchettes pour le couple tonnage–teneur.
 Première approche économique chiffrée.
Méthodes et Techniques:
 Levé topographique et topo géologique
 Sondages diamants et sondages percutants intercalés, d'où
échantillonnage et contrôle géostatistique.
 Géochimie: étude du chimisme des encaissants (traces,
majeurs) pour dégager des "guides" de prospection locaux.
 Géophysique: opérations géophysiques dans les sondages
(diagraphies, géophysique de développement).
 Interprétation géologique synthétique découlant des
opérations susmentionnées.
 Essai de valorisation
 Pré - étude économique de faisabilité.
Echelle de travail/Surface:1/5000–1/500; 0.5–5 Km2.
Durée: Quelques mois à 1 année.
Décision:
 Gisement à évaluer
 Gisement mis en portefeuille
 Recherche des partenaires.

II.1.5. Evaluation de gisement:


Objectifs :
 Calcul des réserves (Estimation)
 Resserrement des fourchettes pour le couple tonnage–teneur
 Mise au point du traitement
 Choix de la méthode d'exploitation
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 Etude de rentabilité.
 Méthode et Techniques:
 Sondages diamants systématiques et/ou travaux miniers (si
possible préparatoires à l'exploitation), suivis d'un
échantillonnage et d'une estimation géostatistique.
 Essais semi–industriels de traitement
 Etude de faisabilité.
Echelle/Surface: 1/1000–1/200; ha–a.
Durée: Quelques mois à quelques années (2–5 ans).
Décision:
 Etude de marché
 Recherche du financement
 Mise en exploitation ou en portefeuille
 Recherche de partenaires.
Rédaction du rapport ou Fiche technique du sujet:
Pays:……………Intitulé du sujet:………………………………………….
I. Généralités:
1. Données géographiques:
 Pour un indice: Coordonnées, voies d'accès, croquis de
situation
 Pour une zone à prospecter: périmètre, surface, croquis de
voies d'accès et de pénétration, données climatiques
(périodes optimales de travail, possibles, impossibles)
2. Données juridiques:
 Détenteurs des droits, partenaires dans l'opération, etc.
3. Historique:
 Travaux antérieurs: résultats connus, éventuellement
tonnages extraits, teneurs,…
4. Données géologiques et gîtologiques:
 Esquisse régionale rapide (carte schématique)
 Géologie locale (environnement immédiat de l'indice, de
l'anomalie, etc.)
 Description de l'indice lui–même: géométrie des zones
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minéralisées visibles ou reconnues sur la profondeur,


paragenèses. Pour les anomalies (géophysiques,
géochimiques), préciser leur extension, leur relief par rapport
au fond régional.
 Gisements et indices connus dans la région (avec importance
économique, type de gîte,…).
5. Données économiques:
 Tonnage (reconnu, probable, possible), teneurs, sous–
produits éventuels.
6. Bibliographie:
 Aussi complète que possible. Rapports internes. Préciser s'il
existe une couverture photographique.
7. Pièces jointes:
 Photocopies ou résumés des rapports uniques, et tous
documents susceptibles d'aider à instruire le projet.
II. Appréciation et remarques personnelles du (des) rédacteur(s).
Intérêt et objectif(s) possible(s) (type de gîtes)
Motivation du projet.
III. Intervention proposée:
 Objectif à atteindre
 Travaux nécessaires pour atteindre cet objectif: chiffrer.
 Moyens nécessaires: physiques, financiers
 Chronogramme des travaux: tenir compte des impératifs
climatiques ou autres.
 Date à laquelle un bilan des résultats de cette phase pourra
être fait.
Date:………………………….Sé/ Rédacteur(s).
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II.2. Les caractères géologiques prévisionnels,


les guides et les techniques spécifiques de
prospection minière
II.2.1. Les caractères géologiques prévisionnels et les
guides de prospection minière:
Ce sont les contrôles de la minéralisation qui guident le
prospecteur sur terrain. Parmi eux, on distingue:
Les provinces métallogéniques: Une province
métallogénique est une vaste région géologique
correspondant à un bassin ou géostructure ou un craton
(bouclier, fosse géosynclinale) ayant un certain caractère
dépendant de la tectonique et pouvant, dans une certaine
mesure, être prévue par elle. Cette notion met en évidence
l'analogie entre les minéralisations des diverses parties de
contrées étendues par l'effet d'une histoire géologique
(chronologie) commune. Elle permet des rapprochements
heureux entre les gîtes (genèse, structure, exploitabilité) et
se fonde entre autres sur la théorie de la tectonique des
plaques et de la dérive des continents.
Les facteurs principaux de la répartition des provinces
métallogéniques sont :
La relation des provinces métallogéniques avec les
phénomènes de concentration géochimique et en rapport
avec:
 La sédimentation: Provinces ferrifères de vieux
socles où le fer est localisé dans les sédiments très
siliceux.
Au KATANGA, le cuivre et le cobalt sont liés à la sédimentation
des shales dolomitiques.
 Les zones granitisées: le granite "fertile",
concentrateur de plusieurs éléments, ex.. La chaîne
Hercynienne a fourni: U, Sn, W.
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 La différenciation en roches basiques et


ultrabasiques: ex. au Canada, on trouve de gros
tonnages de Cr et de Ni dans les péridotites.
 Les bassins mio - géosynclinaux à forte subsidence:
gisements de pétrole.
La relation des provinces métallogéniques avec des
successions chronologiques:
 Les boucliers antécambriens: Fe, Cu – Co
 Les bassins tertiaires: Pétrole
 Les bassins permo–carbonifères: Charbon, ex.
R.D.C. (Luena, Lukuga), R.S.A. (Dwyka).
Les guides morphologiques:
 Des gisements en saillie et en inselberg: ex.grands
alignements de quartzite avec formation des itabirites
(Brésil); alignements de colline à Cu–Co (KATANGA,
RDC).
 La couleur: les minéraux noirs au KATANGA sont
souvent de l'hétérogénite alors qu'en Afrique de l'Ouest
le noir correspond aux minéraux de fer (hématite).
 Les dômes de sel: pièges d'hydrocarbures.
 Les gisements de chapeau de fer: les boxworks
témoignent du type des minéralisations sous–jacentes
des zones de cémentation.
Les guides lithologiques:
 La minéralisation se fait là où la roche est poreuse
ou fissurée (ex. roche carbonatée), et a une
granulométrie hétérogène (ex. le conglomérat aurifère
de Witwatersrand, RSA).
 Les guides stratigraphiques: les minéralisations
stratiformes, les pièges stratigraphiques de pétrole
(lentilles sableuses, les biseaux sous–discordances, les
biohermes et les biostromes).
 Les guides structuraux: les pièges anticlinaux,
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synclinaux (subsidence), les failles à remplissage.


 Les guides pétrographiques: les minéralisations liées
aux roches basiques ou ultrabasiques (ex. Cr, Pt, Ni, C)
et acides ( Cu, Nb, W, Li).
 Les guides sédimentologiques: les minéraux
résistants (diamant, cassitérite, colombo-tantalite) et
lourds (or) dans les placers.

II.2.2. Les techniques spécifiques de la prospection


minière:
II.2.2.1. La prospection au marteau. Echantillonnage

La prospection au marteau consiste à rechercher des indices de


minéralisation par l'observation des affleurements et des éboulis ou " pierres
volantes". Elle requiert un petit matériel pour la recherche (boussole,
clisimètre, topofil, planchette topographique Chaix, réactifs HCl 10% et
HNO3), et, ultérieurement, un matériel plus important (mototarières,
sondeuses légères, engins de terrassement) pour l'étude des indices ou des
anomalies découverts.
A leurs affleurements, les gisements présentent presque toujours
une minéralisation différente de celle qui constitue leur masse principale en
profondeur. Cette différence résulte d'une oxydation accompagnée de la
disparition  complète de certains éléments (lessivage) et de la concentration
d'autres (rétention). Cette masse oxydée ou "chapeau de fer" ou "gossan" est
caractérisée par des cavités appelées "boxworks" laissées par le lessivage des
minéraux utiles et tapissées par endroits des minéraux secondaires
provenant de l'altération du minéral primaire.
L'auréole d'altération des minerais amène souvent un changement
dans la couleur des roches encaissantes, ce qui constitue un traceur des
minéralisations primaires et secondaires.
A. Observation des affleurements
Constitue l'étape principale de la prospection au marteau.
A ce niveau, on doit:
casser le rocher en plusieurs endroits et de préférence à la
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masse,
déterminer succinctement la roche, en retenant que sur une
roche mouillée la structure apparaît beaucoup mieux; donc
rafraîchir la paroi;
mesurer la direction et le pendage de la stratification, la
schistosité et les fractures significatives,
rechercher des minéralisations à l'œil nu et éventuellement
à la loupe (analyse macroscopique) pour mettre en évidence
le degré d'altération et les produits oxydés,… On doit se
référer entre autres aux propriétés alignées dans les trois
tableaux suivants :
Tableau 1: Types de boxworks dans la limonite
Boxwork Caractéristiques Couleur Dérivant de
Grossier, angulaire; parois minces, larges,
Cellulaire grossier Ocreux Chalcopyrite
rigides; bulles, masses
Cellulaire grossier Siliceux; parois minces, rigides, angulaires Brun clair Blende
Parois minces, petites, friables, mouchetures, Bornite,
Cellulaire fin Jaune orangé
bulles chalcopyrite
Cellulaire fin Cellules plus fortes, jaspe limonitique "ridé" Brun clair Blende
Cellules arrondies, épaisses, rigides, vides ;
Eponge cellulaire Brunâtre Blende
crépues, beaucoup de silice
Triangulaire Cellules triangulaires; épais, fragile, encroûté Ocre orangée Bornite
Triangulaire Triangulaire, incurvé Ocre orangée Bornite
En courbes Cellules longues, voisines, angulaires, rigides Chocolat Tétraédrite
Chalcosine
Pas de boxwork; arrangement de grains de
En relief Marron , covelline,
sulfure; fragile, poreux, en relief
bornite
Poix de limonite Semblable à de la poix; vernissé, pas de cellules Brun foncé Chalcopyrite
Croûtes de Minces, fragiles, feuillets lamelleux Brun foncé à
Chalcosine
limonite concentriques noir
Plans cubiques parallèles minces de jaspe
Clivages Ocre Orangé Galène
limonitique
Maille du diamant Mailles en forme de diamant Ocre Orangé Galène
Pyramidal Arrangement en marche d'escalier Ocre Orangé Galène
Foliacé Cellules lisses, minces, arrondies Tan à marron Molybdénite
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Tableau 2: Couleur des minerais à l'affleurement


Minéral ou métal Couleurs à l'affleurement Composés oxydés
Jaunes, brunes,
Sulfures de fer Goethite, hématite, limonite, sulfates
marrons, rouges
Manganèse Noires Oxydes de Mn
Carbonates, oxydes, silicates, sulfates,
Cuivre Vertes, bleues
Cu natif
Cobalt Noir, rose parfois violacé Oxydes, erythrine
Nickel Vertes Annabergite, garniérite, vaesite
Molybdénite Jaune vif Oxydes de Mo, molybdates de fer
Argent Verdâtre cireux Chlorures,etc., Ag natif
Arsenic Verdâtres, vert jaunâtre Arséniates de fer
Bismuth Jaune Bismuthocres
Cadmium (dans le
Jaune clair Sulfures de Cd
zinc)

Tableau 3: Principaux minéraux fluorescents à l'ultra–violet


Minéraux U.V. de courte  U.V. de grande 
Autunite Jaune verdâtre Jaune verdâtre
Anglésite Jaune, rose, blanc Jaune, rouge
Ankérite orangé Rouge
Apatite Jaune, rose, bleu Rose, jaune, bleu
Axinite Bleu clair, bleu, rouge Bleu clair, bleu, vert–jaune
Barytine blanc Rose, blanc
Blende jaune Jaune
Calamine Jaune pâle, bleu Blanc, bleu clair, jaune blanchâtre
Calcite Rose, rouge, rouge orangé, jaune–vert Rose, rouge
Célestine Jaune, blanc, blanc bleuté Blanc, jaune, rose
Cérusite Jaune, blanc Jaune, blanc
Corindon Rouge, jaune–brun, bleu clair Rouge, bleu clair, bleu
Diamant Bleu clair, vert, jaune Bleu clair, vert, jaune
Disthène Rougeâtre Rougeâtre
Dolomie Rouge, blanc, bleu clair Rose, rouge, blanc
Fluorine Bleu Bleu
Giobertite Blanc, bleu clair, rouge Blanc, bleu clair, rouge
Grossulaire Rouge orangé Faiblement jaune verdâtre, rouge
Hydrozincite Blanc bleuté
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Malacon Jaune Jaune


Mimétite Jaune orangé Jaune
Opale Verdâtre
Powelite Jaune Faiblement bleu clair
Pyromorphite Jaune
Scheelite Blanc bleuté, bleu, jaune Orange pâle, orangé, jaune
Smithsonite Bleu clair, blanc, rose Bleu clair, blanc, rose rougeâtre
Spinelle Rouge Rouge
Spodumène Rose, bleu, bleu clair Rouge, rose, bleu
Strontianite Blanc, rouge, bleu, rose Blanc, jaune, vert
Thorite Faiblement vert
Topaze Jaune, vert, rouge Vert clair, rouge rosâtre
Trémolite Jaunâtre, rose orangé, rouge Jaunâtre
Willémite Vert vif Vert vif
Withérite Jaune, blanc, rose Rose, jaune, orangé
Wollastonite Faiblement jaune rosé Faiblement jaune rosé
Zircon Jaune, jaune orangé Jaune, jaune orangé, rose

Tableau 4: Coloration de la rayure des minerais


COULEUR MINERAIS
Blanc Argent, bismuth, blende (quelquefois), calamine, pyromorphite
Bleu Azurite, malachite
Jaune Calomel, limonite, or
Noir verdâtre Chalcopyrite
Noirâtre Cobalt terreux, argyrose (aspect métallique), stannine
Noir Cuivre noir, magnétite, pyrolusite, stéphanine (noir métallique)
Vert Malachite
Blende (brun rougeâtre), cassitérite (brunâtre), fer chromé, franklinite,
Brun
hématite (brun jaune), pyrite de fer (brun noirâtre)
Chalcosine (gris de plomb noirâtre), chloanthite (aspect métallique), pyrite
Gris noirâtre
arsenicale, pyrite magnétique, stibine
Cuivre gris (gris d'acier), galène (gris de plomb), kérargyrite (gris brillant),
Gris
molybdénite, platine
Argent rouge, cinabre, cuivre, cuivre oxydé (rouge brun), sidérose (rouge
Rouge
cerise foncé), nickéline (rouge pâle)

L'échantillonnage se fait par référence à une carte et l'on note la


maille et les profils. On prélève les roches saines, sur paroi rafraîchie.
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B. Les tranchées:
Ce sont de travaux miniers de subsurface auxquels on recourt
lorsque la couche d'altération est peu épaisse (< 5m). Les tranchées sont
rectangulaires et atteignent la formation recherchée.
Leur creusement peut être effectué manuellement (pelles, pioches,
éventuellement marteaux perforateurs et explosifs), mais on tend de plus en
plus à utiliser des engins de terrassement. Elles permettent en les
échantillonnant de découvrir la lithostratigraphie de l'assise concernée par la
prospection ainsi que la minéralisation qu'elle contient.
Dans le cas général, les tranchées doivent être creusées
perpendiculairement à l'alignement probable des indices ou bien à
l'allongement des anomalies géochimiques.
L'échantillonnage se fait sur les parois et le fond de la tranchée par
rainurage et tranches successives selon les différentes assises géologiques
traversées.
Quand la minéralisation est marquée par des éboulis de minerai
sur une pente, la tranchée sera implantée perpendiculairement à
l'alignement des éboulis situés le plus haut de la pente. Elle débutera
quelques mètres en aval de ces éboulis et s'arrêtera en amont d'eux sur des
distances variables, dès que l'une des conditions suivantes aura été remplie:
Sommet de pente atteint,
Passage de la tranchée dans des terrains différents de celui
des éboulis minéralisés, s'il s'agit de roches minéralisées
dans leur masse et non de gangues filoniennes,
Et surtout, minéralisation en place découverte.
On devra prendre des précautions pour éviter le glissement de
terrain.
Les renseignements suivants doivent figurer dans le carnet du
prospecteur minier:
La nature de différents minerais et de la gangue, ainsi que
la manière dont les minéraux utiles sont disposés dans la
gangue (filonnets longitudinaux rubanés ou non, filonnets
transversaux, filonnets anastomosés, plages ou cristaux,
20 COURS DE PROSPECTION MINIERE

mouches, enduits superficiels)


La nature de la roche encaissante, son degré d'altération et
la présence éventuelle de minéraux particuliers ou de
minéralisation
La relation entre minerai et roches encaissantes (mode de
gisement, sa gangue dans la roche encaissante).
L'échantillonnage se fera par rainurage ou saignée au marteau et
au burin: rainurage vertical si la minéralisation est liée à un niveau
stratigraphique ou à un filon–couche horizontal; rainurage horizontal, situé
à la partie inférieure de la tranchée, si la minéralisation est stratiforme en
contexte plissé ou liée à un filon vertical ou sous forme disséminée. Le
sérieux doit caractériser le prospecteur au cours de cette étape en vue de ne
pas fausser les résultats.
C. Les puits
Lorsque les altérites ont une puissance comprise entre 5 et 20 m,
les tranchées présentent des déficiences. On recourt alors aux puits.
Il s'agit de petits puits de reconnaissance et d'échantillonnage
d'indices et de gisements tabulaires horizontaux ou subhorizontaux. Ils
peuvent être isolés ou disposés suivant un réseau à maille carrée ou
rectangulaire, suivant le stade de la prospection.
Le plus souvent ces puits sont foncés à la main et leur ouverture
est circulaire d'un diamètre de 0.70 à 0.80m.
L'échantillonnage de ces puits peut se faire soit par rainurage sur
les parois, soit par prélèvement sur les terres extraites par mètre
d'approfondissement.
Le rainurage se fait par niveau. Pour différencier les différents
niveaux, on recourt à la couleur, la granulométrie, la composition moyenne.
A défaut des niveaux bien mis en évidence, il faut prendre un échantillon
tous les 50 cm d'une paroi pour remplir un pan ou une batée (récipient de
10 l) de capacité.
Si le puits est profond d'un mètre seulement, prélever les
échantillons sur toute la longueur et sur tous les côtés, les mélanger et
former un tas homogène. En moyenne, prélever 2 à 4 pans.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 21

Les terres extraites sont préalablement rejetées loin du puits et les


environs de celui–ci sont nettoyés sur un rayon de 5 à 6m autour de l'axe du
puits.
On sépare les produits des alluvions de ceux du bedrock plus
riche.
Les tas métriques sont disposés en spirale autour du puits dans le
sens des aiguilles d'une montre et séparés les uns des autres par des
rondins ou des planches en bois. La réduction à un échantillon de petit
volume se fait par quartages successifs.
Si le tas a un volume inférieur à 0.5 m3, on ne procède pas par le
quartage, on le lave en entier.
Aussi, au lieu du quartage, on peut analyser les différents tas et
calculer statistiquement la moyenne des teneurs.
Chaque échantillon doit porter les indications suivantes:
numéro de l'échantillon,
nom du secteur ou du lieu,
localisation aussi précise que possible de l'échantillon,
la nature de l'échantillon éventuellement.
L'échantillon à analyser chimiquement doit préalablement être lavé
et séché et une fraction –témoin doit être gardée.
D. Echantillonnage en sondage
Le sondage est un moyen de prélever des échantillons à des
profondeurs plus ou moins importantes. A de faibles profondeurs, les engins
légers utilisés sont souvent mis en œuvre par le prospecteur lui–même. A des
profondeurs plus importantes, le travail est effectué par des sondeurs
spécialisés, le rôle du prospecteur consistant essentiellement à contrôler la
récupération des échantillons, à les ranger, à les examiner, à faire analyser
ceux qu'il juge intéressants et à établir la coupe de sondage.
Les appareils utilisés sont de deux types:
les appareils dits destructifs (wagons–drills par exemple),
les sondeuses carottières (machines à couronne diamantée
qui, par rotation et pression, découpe la carotte).
L'échantillonnage se fait, soit de manière systématique, soit de
22 COURS DE PROSPECTION MINIERE

façon sélective.
La longueur à forer par passe à échantillonner est fixée à l'avance
par le géologue, selon la nature des terrains à traverser. En règle générale, la
récupération des échantillons s'effectue à chaque ajout de tige (2.40 m ou
3 m (10 pieds) le plus souvent) en des zones minéralisées.
A la fin de la passe, quand la machine s'arrête, on retire du
récupérateur la totalité de l'échantillon dans un des bacs prévus à cet effet et
on laisse décanter quelques minutes s'il y a lieu.
Selon la quantité d'échantillons recueillis, un quartage est effectué
ou non. Chaque échantillon porte les renseignements ci–après:
nom du chantier, numéro du sondage,
numéro de l'échantillon,
cotes du début et de la fin de la passe, longueur de la
passe.

E. Echantillonnage en galerie
Dans une galerie comme dans un puits en cours de creusement, le
levé géologique et éventuellement topographique, est effectué en même temps
que l'échantillonnage. Chaque front de taille, caractérisé par sa position par
rapport à l'entrée de la galerie et par la date à laquelle il est atteint, fera
l'objet d'un croquis comportant les observations géologiques et
minéralogiques principales. S'il est rainuré pour prise d'échantillons, la
position de la rainure et les longueurs échantillonnées seront notées; sinon
on mesurera des dimensions caractéristiques telles que puissance et
puissance réduite. Toutes ces indications seront reportées sur un registre
d'avancement de travaux. Les résultats des analyses des échantillons
prélevés seront reportés à leur place sur le registre.
F. Echantillonnage automatique à l'usine
A l'usine de concentration, il s'opère automatiquement un
échantillonnage en vue de connaître la qualité des produits concentrés. A cet
effet, on étudie la granulométrie et la teneur de minerai en vue de préciser le
stade de la fragmentation et les différents réactifs (déprimants,
réactivants,…) utiles pour un bon rendement.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 23

CHAP. III : PROSPECTION ALLUVIONNAIRE


La prospection alluvionnaire est très performante si elle est bien
exécutée, c'est–à–dire si les graviers échantillonnés le sont avec grand soin.
Elle consiste à prélever et laver des échantillons d'alluvions ou d'éluvions
pour en extraire les minéraux utiles et évaluer leur degré de concentration
ou teneur, exprimée le plus souvent en grammes par mètre–cube.
La prospection alluvionnaire a pour objectif la mise en évidence de
l'existence des placers, qui sont des dépôts de terres et de sables sans
cohésion, constitués d'éléments arrachés à des roches ou à des gisements
primaires par des agents d'érosion mécanique. C'est le cas notamment du
ruissellement, de la marée marine, du vent.
Le placer a donc un caractère détritique. On doit étudier les
minéraux utiles qui s'y trouvent, leur teneur, leur répartition, leur
exploitabilité, leur rentabilité.

III.1. Caractères généraux des gisements


détritiques
Au sein des gisements détritiques, les minéraux métallifères sont
clastiques; ils proviennent de la destruction d'un gîte ou tout au moins d'un
site hypogène dans lequel se sont formés les minéraux (de néoformation). Le
site de néoformation n'était peut–être pas exploitable; dans ce cas, la
concentration a eu lieu pendant la sédimentation.
Parmi les gisements détritiques, on cite:
 Les éluvions: qui se sédimentent sur la terre ferme;
 Les alluvions: se déposent dans un cours d'eau.

III.2. Mode de formation des gisements


détritiques
La concentration détritique n'a pas lieu n'importe où. Elle est
orientée par:
 la loi de chute (loi de Stockes) qui indique que la vitesse de
chute d'une particule dans un fluide (le cas échéant l'eau)
est directement proportionnelle à la densité de la particule,
24 COURS DE PROSPECTION MINIERE

à sa forme (pour une particule sphérique par exemple, son


diamètre), et, inversement proportionnelle à la viscosité du
fluide (pour l'eau la viscosité est 1).
La conséquence à ce qui précède est que:
 les particules de mêmes dimension et forme s'étageront en
fonction de leur densité, les plus denses en bas, les plus
légères au sommet;
 si les grains ont des dimensions différentes, mais de même
densité, les plus grossiers se sédimentent plus au fond.
L'eau provoque donc la séparation des particules, elle opère un
classement granulométrique et densimétrique.
Dans un courant d'eau, la force du courant influe sur la
sédimentation. Les sédiments sont de plus en plus fins vers l'aval en dépit de
la densité.
Les zones de sédimentation détritique alluvionnaire sont celles où
la force de l'eau diminue; c'est notamment dans la partie concave des
méandres et aux confluents des cours d'eau calme et des torrents.
Si l'on fait une coupe transversale au niveau d'une rivière, on
distingue 3 zones (Figure 1)
I: zone à vitesse lente,
II: zone à turbulence,
III: zone à grande vitesse au milieu).

Figure 1 : Coupe transversale d’une rivière et discrimination des


zones à vitesses différentes.
Il y a dépôt dans la zone à vitesse lente située vers la bordure de la
rivière. Jamais dans les deux autres zones.
Il existe des placers actuels et fossiles, des placers en terrasses
COURS DE PROSPECTION MINIERE 25

hautes ou basses, soit en flat des vallées, et des placers cachés ou situés en
aval de gros boulders. Aussi trouve-t-on des placers lacustres, littoraux,
éoliens, glaciaires.

III.3. Les minéraux exploités en placers


Les minéraux susceptibles d'être exploités en placers doivent
présenter un certain nombre de propriétés:
 la résistance ou l'inertie chimique: les eaux météoriques
dégageant ces minéraux de leur site primitif ne doivent pas les
altérer, les dissoudre;
 la résistance physique: le transport long ou court de ces minéraux
ne doit pas les user intensément jusqu'à les détruire. Deux
catégories de minéraux résistent bien à l'effet du transport: ceux
qui sont particulièrement durs et cohérents (diamant, par
exemple) et ceux qui sont malléables (cas de l'or). L'indice
d'arrondi de l'or, par exemple, caractérise la distance au gisement
primaire: des grains d'or à formes cristallines vagues (anguleuses)
indiquent la proximité du gisement primaire.
 ces minéraux doivent posséder une propriété qui permette leur
concentration sélective au cours de la circulation des eaux qui les
entraînent. Cette propriété est la densité. De tels minéraux sont
du reste appelés couramment "minéraux lourds". Ils doivent avoir
une densité supérieure à celle du quartz (d= 2,5 à 2,7), minéral
ubiquiste et le plus abondant et constituant la gangue.
 il est évident que ces minéraux doivent en outre présenter un
intérêt économique.
Les minéraux exploités en placers sont peu nombreux:
 métaux natifs: or, platine, cuivre;
 minéraux oxydés: cassitérite, colombo–tantalite, uraninite,
wolframite, rutile, chromite, magnétite;
 pierres précieuses: diamant, corindon, zircon, émeraude, aigue-
marine;
 autres: monazite, …
26 COURS DE PROSPECTION MINIERE

III.4. Procédés de prospection


III.4.1. Prospection alluvionnaire stratégique (ou de
grande reconnaissance)
Le but de la prospection stratégique, qu'elle soit alluvionnaire ou
géochimique, est la recherche des points d'accrochage (indices ou anomalies)
qu'il conviendra de contrôler dans une phase ultérieure.
Le plus souvent, les prospections alluvionnaire et géochimique sont
effectuées simultanément dans le réseau hydrographique. Elles conduisent à
la mise en évidence de deux types de points d'accrochage:
 des zones regroupant des anomalies et des points
minéralisés dans lesquels seront effectuées des
prospections tactiques essentiellement géochimiques,
 des points du réseau hydrographique à minéralisations
alluvionnaires fortes en certaines substances, peu
nombreuses (Au, Sn, Nb, W, diamants, gemmes); ces points
d'accrochage seront contrôlés par une prospection
alluvionnaire qui est appelée traditionnellement
"prospection générale ou volante".
On superposera la carte géologique à la carte hydrographique qui
montrent respectivement les zones intéressantes probables et les zones
d'alluvions (cours d'eau). En fonction de cela, on tracera des itinéraires
perpendiculairement aux formations géologiques et qui recoupent les
rivières près des endroits où il peut y avoir dépôt (aux environs de 5 Km
de ces points, jamais au–delà de 8 Km où il n'y a pas de concentration
alluvionnaire, cas de l'or). Pour le diamant, on peut aller jusqu'à 30 Km
(résistance élevée); en ce qui concerne l'or, ne pas dépasser 3 Km. Toutefois,
les distances susmentionnées sont fonction aussi de la force de courant
d'eau.
Le but de cette phase étant de trouver l'indice de la substance
utile, on fera des prélèvements des alluvions des rivières pour détecter sa
présence.
Si l'on découvre l'indice au niveau d'une rivière, tout son bassin
COURS DE PROSPECTION MINIERE 27

versant (délimité géographiquement par des lignes de crête) sera retenu et


fera l'objet de la seconde phase. Auparavant, il aura fait un rapport à propos
des unités géologiques, la nature pétrographique, la présence des alluvions,
et un plan d'échantillonnage.
La densité des prélèvements doit être aussi régulière que possible,
la grande majorité d'entre eux se situant dans les affluents et sous–affluents
des grands collecteurs, toujours en amont du confluent sauf si l'on est obligé
de réduire, par manque de temps, le nombre de prélèvements auquel cas on
ne fait qu'une seule prise collective en aval.
Les prélèvements doivent être effectués aux points de
concentration optimale des minéraux lourds: seuils rocheux, marmites
d'érosion, dépôts à gros galets, zones d'étranglement du lit, coude,
confluence (Figure 2).
Au point de prélèvement choisi, surtout dans le cas de dépôts de
type torrentiel sur bed–rock, il est recommandé de faire deux ou trois prises
à quelques mètres ou dizaines de mètres de distance pour constituer en les
mélangeant un échantillon moyen du dépôt.
Les volumes d'alluvions prélevés doivent être toujours mesurés et
numérotés; la mention du volume et le numéro sont inscrits sur l'étiquette
accompagnant le concentré de batée correspondant.
Une carte de prélèvement est établie pour être complétée
ultérieurement par des figures représentant les teneurs en minéraux
économiques, ou des minéraux "traceurs" utiles à la réalisation de la carte
géologique.
Les itinéraires
Ils sont tracés de façon à couvrir:
 chaque bassin versant, au moins par le collecteur principal
et le confluent et ses affluents,
 toute la crête, c'est–à–dire à prélever dans tous les
ruisseaux qui en proviennent,
 les prises alluvionnaires selon la maille demandée par
l'ordre de mission du programme général de travaux,
 chaque confluence, l'affluent inférieur.
28 COURS DE PROSPECTION MINIERE
COURS DE PROSPECTION MINIERE 29

Figure 2 : Zone de dépôt de sediments


 Un bon prospecteur fait 8 Km (linéaires sur carte) et 3 à 4
prélèvements d'alluvions par jour en forêt équatoriale.
Technique de prélèvements en lit vif
L'équidistance est en moyenne de 1 Km, parfois 750 ou 500 m,
déterminée avant le début de la campagne de prospection en fonction du
contexte géologique régional.
La densité de prélèvement est de 1 à 5 échantillons par Km2.
Le prélèvement se fait suivant une technique appropriée qui peut
se résumer ainsi:
 chaque prélèvement est constitué par deux prises faites en
deux points distants de 10 à 20 m dans des sites de
concentration maximale des minéraux lourds, où le gravier
est assez épais et le moins boueux possible;
 on prélève le gravier à une profondeur variant de 10 à 40
cm, on le verse sur un tamis de 5 mm placé au–dessus d'un
pan, on le débourbe et on le tamise jusqu'à obtention de 5 l
de sable;
 le refus du tamis est grossièrement classé par quelques
secousses verticales et retourné sur le sol pour vérifier la
présence éventuelle de gros éléments minéralisés;
 les 5 l de sable recueillis dans chaque pan sont lavés
jusqu'à obtenir un concentré contenant non seulement les
minéraux lourds, mais aussi une bonne quantité de
minéraux de densité moyenne;
 les concentrés de deux pans sont réunis dans un même sac
30 COURS DE PROSPECTION MINIERE

à échantillons munis d'une étiquette portant les indications


utiles (numérotation selon le site, le profil, l'emplacement).
Technique de prélèvements par puits
L'emplacement d'un puits est guidé par la présence du gravier que
l'on peut mettre en évidence au moyen d'une canne à sonder que l'on
enfonce verticalement dans le sol et qui permet de s'assurer de la présence
d'une couche de gravier, de sa profondeur et de son épaisseur probable.
La prospection débute par puits isolés: un puits de section
rectangulaire sur chaque berge du cours d'eau rencontré, de préférence dans
la partie convexe de deux méandres successifs. Le grand axe du puits doit
être perpendiculaire au lit de la rivière.
Lorsque la largeur du cours d'eau ne dépasse pas quelques mètres
et si l'épaisseur de gravier est suffisante, on peut creuser dans le lit même de
la rivière (bien, dans une partie du lit à sec).
Les puits sont alignés sur des lignes espacées d'environ 400 m en
moyenne, 200 m pour les cours d'eau peu importants, 1000 m si la
minéralisation est bien répartie dans tout le gravier. Sur chaque ligne, les
puits sont espacés de 10–30m. En principe, l'un des puits est placé à
proximité du lit mineur.
L'exhaure des puits est effectuée avec des seaux. L'eau sera jetée
du côté de la pente naturelle du terrain de manière à ce qu'elle ne revienne
pas par infiltration dans le puits. Si les infiltrations d'eau sont importantes,
l'épuisement peut être réalisé au moyen d'une pompe dont la capacité est
adaptée aux venues d'eau.
Les puits sont disposés perpendiculairement au sens de la vallée,
qui est le sens de la coulée et concentration différentielle des alluvions. Les
graviers et le stériles sont disposés en tas autour du puits (figure 3)
COURS DE PROSPECTION MINIERE 31

Figure 3 : Disposition des tas de graviers (minerais) et de sterile


autour du puits.
Cas des vallées étroites :
Les puits doivent être plus rapprochés dans le sens
perpendiculaire que longitudinal. On procède donc par maille rectangulaire
(fig.) en estimant que le sens de l'évolution des teneurs est connu.

Figure 4 : Disposition de prospects dans une vallées étroite (maille


rectangulaire)
Cas des vallées étendues :
Dans les vallées étendues, la maille d'échantillonnage à utiliser est
carrée (fig) car on n'a pas des données précises sur le sens de l'évolution des
teneurs.
32 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Figure 5 : Maille (vallée étendue) et en quinconce


COURS DE PROSPECTION MINIERE 33

Parfois, après la maille carrée, on peut ajouter des puits à mi–distance entre
les lignes pour ne pas perdre les détails (données) du milieu. L'ensemble des
puits dessine un réseau en quinconce.
Le choix de la largeur de la maille dépend aussi de:
 la teneur du minéral: maille petite pour l'or en paillettes,
grande maille pour les grosses pépites d'or;
 du type de minéral, plus particulièrement de sa résistance à
l'usure: le transport long n'entame pas le diamant comme
l'or; ce dernier sera recherché près du gisement primaire.
Les alluvions minéralisées peuvent se présenter sous plusieurs
formes:
 lentilles ou faux bedrock: les concentrations minérales de celles–
ci sont proches de celles du vrai bedrock ;
 terrasses étagées ou emboîtées: un cours d'eau peut éroder ses
propres alluvions. Ces alluvions remaniées sont plus riches que
les alluvions primaires. Les terrasses sont des replats situés sur
un versant de vallée ou sur les deux, à une altitude supérieure à
celle du cours d'eau, et qui représentent le reste d'un lit ancien
dans lequel ce cours d'eau s'est enfoncé. Elles peuvent être
construites par des alluvions (terrasses alluviales) que façonnées
par l'érosion, soit du lit rocheux (terrasse rocheuse), soit d'une
terrasse antérieure (et l'on observe des terrasses emboîtées)
(Figure 6).

Figure 6 : Expression des lentilles sous forme de terrasse, flat ou lentille


cachée.
34 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Par extension, le mot terrasse désigne les alluvions qui la


constituent plutôt que le replat. Dans le cas des terrasses étagées,
les plus hautes sont les plus anciennes (contraire du principe de
superposition vu en stratigraphie et qui stipule qu'une couche
recouverte par une autre est plus ancienne que cette dernière).
 alluvions cachées, enfouies par la coulée de laves,
 alluvions anciennes des anciens lits des rivières capturées,
 dépôts d'alluvions déterrées par la rivière.
Technique de prélèvements par sondage
Les renseignements donnés par les puits étant plus complets, on
n'utilisera les sondes que lorsque de puits ne pourront être foncés. C'est le
cas de flats dont le prolongement se trouve dans le lit vif de la rivière et des
flats où le recouvrement stérile est constitué par des sables boulants.
Le matériel de sondage utilisé généralement est la sondeuse Banka
de 4 ou 6 pouces. Les appareils de 4 pouces, très légers, sont utilisés en
prospection stratégique tandis que pour l'évaluation des gîtes, on préfère la
sondeuse de 6 pouces qui donne des échantillons plus volumineux.
Les meilleures conditions de travail sont réalisées quand le placer
est très étendu et que le gravier roulé à petits éléments non cimentés ne
contient pas beaucoup de boulders et est minéralisé de façon assez
irrégulière; le bed–rock ne doit pas être trop dur.
Le tableau suivant donne les caractéristiques des minéraux
habituels retrouvés dans les placers et leur emplacement dans une batée.

Tableau 5: Minéraux des alluvions les plus habituels et leur


classement dans la batée.
Minéral Couleur caractéristique Forme Observations
A. Minéraux flottant à la surface et pouvant former des pellicules
– Gris, lustré Paillettes Restent
Graphite Blanc, jaune, noir, brillant '' facilement à la
– Gris clair, brillant Paillettes surface
Micas Noir brillant Paillettes très fines Après broyage
Gris, jaune, éclat métallique Poussières "
– Jaune d'or, éclat métallique Paillettes très fines "
COURS DE PROSPECTION MINIERE 35

Molybdénite "

Oligiste

Sulfures (pyrite,
chalcopyrite,
pyrrothine, …)

Or
B. Minéraux formant le liséré blanc
– Blanc, gris, mat Grains, souvent fragments Les plus gros se
Quartz ou éclat gras avec restes de faces classent avec la
– cristallines catégorie suivante
Feldspath Grains, souvent clivages "
– Blanc, jaune " "
Calcite pâle, rose grains, fragments de "
– Blanc, jaune prismes hexagonaux
Béryl pale, gris
Blanc, jaune
clair, vert émeraude
C. Partie extérieure de la languette noire (sable noir)
– Violet, vert Grains Les plus gros se
Fluorine Blanc, grisâtre Prismes fins allongés confondent avec
– Gris, brun clair, rosâtre Fragments de prismes la catégorie
Andalousite Noir, vert foncé hexagonaux suivante
– Vert sale, vert noir Fragments de prismes
Apatite Vert sale, vert noir triangulaires striés Grains,
– Brun rouille clivage à 124°
Tourmaline Grains, clivage à 90°
– Grains sphériques
Amphiboles

Pyroxènes

Pisolithes
D. Partie intérieure de la languette noire (sable noir)
– Vert Grains souvent octaèdres Attirables à
Ceylanite Incolore, jaune clair Prismes allongés striés l'aimant
– Blanc à éclat nacré, bleu Fragments, prismes aplatis

Par le Prof Gabriel MAKABU


36 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Topaze chatoyant
– Jaune clair, gris clair Grains
Disthène Gris rosâtre Grains, fragments de
(Cyanite) Vert jaunâtre prismes
– Brun sale Fragments, prismes
Corindon orthorhombiques

Sphène Vert olive Grains arrondis
– Blanc, mauve, brun rouge Grains sphériques à
Epidote Noir brillant facettes nombreuses
– Noir à reflet violacé Grains lamelleux
Staurotide Noir brunâtre "
– Blanc, gris Grains octaèdriques
Olivine Gris, incolore, jaune, rouge Octaèdres à arêtes parfois
– Brun grisâtre à reflet courbes, cubes
Grenats métallique Grains, prismes
– Gris, jaunâtre quadratiques
Oligiste Brun orangé terne Fragments, prismes avec
– clivages
Ilménite Grains
– Fragments, prismes fins
Magnétite

Diamant

Zircon

Rutile

Scheelite

Monazite
E. Fond de la batée
– Noir Grains, fragments, prismes Intensité de la
Wolframite Noir Grains, octaèdres couleur et de
– Jaune, brun foncé, noir Grains avec parfois l'éclat constante
Chromite Brun foncé, terne clivages sous tous les
– Noir Grains avec parfois angles de
Cassitérite Rouge rosâtre à éclat clivages l'éclairage*

Par le Prof Gabriel MAKABU


COURS DE PROSPECTION MINIERE 37

métallique Grains, cubes


– Jaune d'or à éclat métallique Grains, mouches, paillettes
Colombo - Gris à éclat métallique Grains, points
tantalite Grains, points

Thorianite

Cuivre natif

Or

Platine

* : détail permettant de distinguer l'or natif de certains sulfures


métalliques, de la chalcopyrite en particulier, dont les grains s'éteignent sous
une certaine orientation.

III.4.2. Prospection éluvionnaire


La prospection des éluvions est en général identique à celle des
alluvions.
Dans le cas de la découverte d'un gisement éluvionnaire exploitable
que l'on cherche à cuber, la prospection est conduite comme pour une
prospection alluvionnaire classique.
Le réseau des puits a généralement une maille carrée, du moins si
l'on soupçonne que la minéralisation se dispose en bandes parallèles, on
recourt à une maille rectangulaire.
La maille est resserrée si la minéralisation est très irrégulière; si les
teneurs varient peu, on resserre seulement au stade du cubage.
Lorsqu'il s'agit de l'approche d'un gisement primaire, la localisation
de ce dernier se fait en fonction de:
la distribution croissante des teneurs éluvionnaires,
la netteté des contours ou formes anguleuses des grains de
minerai (ou de minéraux– satellites ou accompagnateurs),
la grosseur croissante et de l'aspect de plus en plus
anguleux des fragments de la roche formant la gangue du
38 COURS DE PROSPECTION MINIERE

minerai primaire,
leur concentration.

III.4.3. Prospection semi–systématique


La prospection volante ayant cerné les zones minéralisées, on
passe à l'étape semi–détaillée des gîtes circonscrits.
On procède par sondages des formations sableuses au–delà du
niveau piézométrique, jusqu'au substratum.
A. Maille de prélèvements
La maille est plus resserrée:
dans les formations moins minéralisées: distance interligne:
640 m, pouvant descendre à 320 m, distance inter puits: 80
m, et 40 m dans les passes les plus riches;
dans les formations bien minéralisées: interligne: 320m,
160 m et 80 m, inter puits: 40 m, 20m, 10 m et même 5 m
dans les passes très enrichies.
Les sondages sont exécutés sur des lignes perpendiculaires à une
ligne de base matérialisant l'axe principal d'orientation des formations
minéralisées faisant l'objet de l'étude.
B. Echantillonnage
L'échantillonnage est plus méticuleux afin de ne pas fausser les
résultats. Il comprend deux opérations fondamentales:
le traitement des échantillons sur place pour l'obtention de
la teneur en concentré dans chaque passe minéralisée sur
chaque sondage,
la préparation des concentrés composites pour étude en
laboratoire central.
Le traitement des échantillons sur place en brousse se fait au pan
ou à la batée en vue d'obtenir la teneur en concentré dans chaque passe
métrique sur le profil minéralisé de chacun des sondages. On peut aussi
recourir à une table à secousses et au tamisage.
La teneur (t) du sable minéralisé est obtenue par:
T = Poids du concentré obtenu au pan / poids total de
l'échantillon
COURS DE PROSPECTION MINIERE 39

III.4.4. Prospection systématique et évaluation des


gîtes alluvionnaires des cours d'eau
On retiendra au cours de cette phase les régions ayant montré en
prospection générale des teneurs moyennes supérieures à la teneur limite
d'exploitabilité.
Le secteur à étudier est donc d'une superficie restreinte. On
l'étudiera en détail à une maille beaucoup plus réduite que lors de la phase
précédente.
La région ainsi retenue est couverte par un réseau de profils
rectilignes.
La ligne de base, qui servira ensuite de sentier de prospection, suit
l'axe général de la vallée en restant parallèle aux directions principales. C'est
de part et d'autre d'elle que l'on trace perpendiculairement des lignes de
prospection (ou de puits) parallèles.
Les lignes doivent aller d'un bord de flat à l'autre. Elles sont
désignées par les lettres de l'alphabet ou par des chiffres précédés de la
lettre L (lignes). Les puits (ou les sondages) sont placés à égale distance sur
chaque ligne, numérotés par un chiffre arabe, croissant de gauche à droite
en remontant la vallée.
L'espacement est de:
entre les lignes de puits: 400, 200, 100, 50 ou 25 m,
entre les puits: 20,10 ou 5 m.
La distance de 400 m entre les lignes de puits sera maintenue
dans les zones stériles, elle sera réduite à 200 m dès que l'on rencontre des
teneurs égales ou supérieures à la teneur limite.
L'échantillonnage est exécuté par saignées verticales creusées sur
toute l'épaisseur du gravier, soit sur deux parements parallèles, soit sur les
quatre parements du puits, ou bien en prélevant un échantillon moyen sur
le tas de tout le gravier extrait du puits après mélange.
40 COURS DE PROSPECTION MINIERE

III.5. LES SONDAGES


III.5.1. Généralités
La Prospection alluvionnaire, s'occupant généralement des terrains
meubles, fera moins usage d'un sondage carottier. Elle recourt surtout aux
sondages percutants ou rotatifs (ex. Sondeuse Banka, en Malaisie), et à la
tarière.
Le principe de sondage est:
enfoncer le tube par percussion,
emprisonner le matériau meuble.
Selon la nature lithologique de la formation concernée, on utilise:
la tarière ordinaire: pour argile, sable argileux,
le trépan: pour sable compact.
Pour curer, on se sert de:
la cuillère à boulet pour le sable et les petits graviers,
la cuillère à clapet pour les gros graviers,
un collier de serrage pour assurer l'enfoncement du tube
par rotation au cours de l'approfondissement du trou de
forage.
Les produits de sondage sont étudiés par niveau en vue de
déterminer l'épaisseur minéralisée et la teneur correspondante. L'évaluation
des réserves découle du volume des graviers et de la teneur.

III.5.2. Les sondeuses


A. Sondeuse BANKA manuelle

Sondeuses légères de 6–4 ou 6 pouces. Celles de 4 pouces sont


utilisées lors de la prospection semi–systématique tandis que lors de la
prospection systématique on se sert des sondeuses de 6 pouces qui donnent
des échantillons plus volumineux, d'où une meilleure évaluation des
réserves.
Pour sa manipulation, on a besoin de 5 à 9 personnes.
Son avancement moyen journalier (par poste de 8 h) est de :
30 à 40 m en recouvrement stérile sablonneux,
COURS DE PROSPECTION MINIERE 41

10 à 30 m en recouvrement stérile argileux,


1 à 15 m pour le gravier, selon qu'il nécessite l'emploi de
trépan ou non, que le gravier est sablonneux, meuble ou
argileux.
Ses avantages sont:
la robustesse qui permet de la placer dans des endroits
difficiles,
la simplicité de manipulation et le forage sous niveau
piézométrique à plus de 40 m de profondeur.
Ses inconvénients comprennent:
le poids élevé et beaucoup de pièces détachées, ce qui oblige
l'usage d'un camion pour son déplacement,
le coincement d'outils, d'où la lenteur dans l'exécution des
travaux de forage.

B. Sondeuses mécanisées

Elles présentent un meilleur rendement. On peut citer la Méca–


Banka et la sondeuse Benoto, qui forent des trous de gros diamètres, d'où le
prélèvement de gros échantillons.

C. Autres sondeuses

On peut évoquer à ce sujet:


la drague à godets,
la pompe à graviers, qui aspire ces derniers,
la sondeuse manuelle rotative,
la sondeuse à auges pour les alluvions moins épaisses.

III.6. TRAITEMENT DES ECHANTILLONS


Les échantillons d'alluvions sont lavés et les minéraux sont isolés
(séparés) par différentes techniques.

III.6.1. LAVAGE DES ECHANTILLONS


Les petits volumes d'alluvions sont lavés à l'aide des pans ou des
batées. Sur le marché on retrouve des batées coniques ou chinoises et des
42 COURS DE PROSPECTION MINIERE

batées californiennes. Elles ont un sillon qui empêche le départ des grains
(Figure 7).

Figure 7 : Une batée tronconique et les sillons.


La batée, généralement en métal, nécessite pour une manipulation
correcte, une surface d'eau assez grande. L'instrument qui flotte sur l'eau
subit un mouvement de bascule de manière que les produits tournent, se
classent par la force centrifuge et s'évacuent à leur partie supérieure en un
point situé du côté opposé de l'opérateur. Lorsque le laveur opère dans le
courant, l'évacuation des légers se fait dans le sens du courant.
Le pan, de forme tronconique, ne repose pas sur l'eau. Il est tenu à
deux mains, les coudes de l'opérateur prenant appui sur les jambes un peu
au–dessus des genoux. L'opération comprend des cycles de 3 mouvements
successifs, répétés jusqu'à élimination des minéraux légers:
secousses horizontales identiques à celles du tamisage, le
pan étant modérément rempli d'eau et tenu horizontal;
inclinaison du pan du côté opposé de l'opérateur et vidage
de l'eau sans perdre de sable;
en conservant cette position inclinée, plongement du pan
dans l'eau de manière à introduire une lame d'eau et
l'évacuer aussitôt en diminuant la tranche supérieure du
sable (mouvement à répéter trois fois au maximum).
Pour de grandes alluvions, on utilise des appareils d'exploitation
industrielle, notamment le sluice.
Le sluice (Figure 8) recrée la sédimentation détritique tout en
éliminant les particules légères. Il comprend une logette légèrement inclinée,
garnie dans son fond de rifles (petites planches de 0.5 à 1 cm de hauteur) et
COURS DE PROSPECTION MINIERE 43

se terminant par du velours côtelé. Les rifles et le velours côtelé ont pour rôle
de retenir les minéraux lourds recherchés alors que les fines sont éliminées.
L'alimentation du sluice comprend donc les alluvions à laver et de l'eau.

Figure 8 : Présentation d’un sluice.


Pour de grands travaux, on recourt à des sluices en chaînes, avec
des pentes diminuant depuis le premier sluice alimenté, soit de 12 % à 6 %.
On les regroupe en zones de débourbage et de classement granulométrique,
de triage, et de recueil des grains dans la batée.
La pente crée la sédimentation. Elle est déterminée empiriquement
de manière à évacuer les minéraux légers et retenir les lourds.
La pente (%)= nombre de pouces/12 pieds
= 2.71cm x n/12 x 32.5 cm
= 2.71 x n /390
Les valeurs de 6 à 8 pouces sont les plus fréquentes.
Le sluice est utilisé pour les métaux lourds (cassitérite, or,…).
Lorsqu'il y a présence des minéraux argileux, on opte pour une succession
de sluices pour désagréger l'argile qui embourberait les minéraux lourds.
La vitesse de séparation des minéraux est fonction de la pente et
de la quantité d'eau.
Si l'on ne dispose pas d'une grande quantité d'eau, on recourt à un
sluice assez court appelé "Long–Tom".
D'autres sluices existent, notamment le Rocker (Figure 9), un
sluice complexe. Les produits à laver plus l'eau sont déversés sur un tamis
44 COURS DE PROSPECTION MINIERE

horizontal. Le refus est nettoyé soigneusement, puis jeté. Les passants


constitués de minéraux lourds du tamisa sont arrêtés par le plan incliné
tandis que les fins tombent dans le sluice.

Figure 9 : Présentation d’un rocker.


Pour permettre le meilleur fonctionnement du tamis, on est obligé
de secouer le Rocker.
Le Rocker se compose de bas en haut de (Figure 10):
un tamis de 8 mm de maille en tôle de cuivre perforée
(épaisseur: 2 mm), longueur: 94 cm,
un tamis de 4 mm de maille en tôle de cuivre perforée
(épaisseur: 1 mm), longueur: 96 cm,
un tamis de 2 mm de maille en toile de cuivre rigide
(épaisseur: 1.5 mm), longueur: 98 cm,
un tamis en toile de cuivre (genre moustiquaire), longueur:
1 m),
un renfort et contrefort,
un support permanent.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 45

Figure 10 : Détails d’un rocker


Dans le cas de l'or, les produits recueillis dans le sluice sont
retraités dans le jig (Figure 11) (sac sarde attaché au bout d'un levier) qu'on
laisse tomber dans l'eau calme pour lavage.

Figure 11 : Présentation du jig ou sac sarde.


Tous les minéraux lourds tendent vers le bas et les légers vers le
46 COURS DE PROSPECTION MINIERE

haut. L'or est pesé en g.


Pour le diamant, les alluvions sont lavées dans un appareil appelé
"Shaker" constitué d'une superposition de 4 tamis de maille 8 mm, 4 mm,
placés dans une caisse. L'ouvrier secoue le Shaker et les grains passent si
possible à travers le tamis d'une maille donnée. A part le refus du tamis de "
8mm " qui sont jetés, les autres sont recueillis et traités séparément dans le
jig. Les passants du tamis de " 1 mm " et, parfois, les refus contiennent la
plus forte concentration du diamant. Le diamant étant fluorescent, on peut
faire le triage manuel sous une lampe à ultraviolet. La pesée donne les
résultats en carats (1 carat=0.2g).

III.6.2. TECHNIQUES ANNEXES UTILISEES EN


PROSPECTION ALLUVIONNAIRE
On peut se limiter à ce niveau à énumérer les techniques suivantes
qui seront détaillées dans le chapitre V traitant de la géophysique:
 la magnétométrie: pour la mise en évidence des minéraux
riches en fer comme la magnétite, l'ilménite,…
 la radiométrie: pour détecter la présence des minéraux
radioactifs (uraninite, monazite, …),
 les méthodes électriques et sismiques: pour déterminer
l'épaisseur du gravier et, ipso facto, la profondeur du
bedrock.

III.7. EVALUATION DES RESERVES


III.7.1. Types de réserves
Les réserves minières d'une province, d'un gisement ou d'un indice
donnent la qualité et la quantité du minerai, sa distribution géométrique et
statistique. Leur détermination requiert un échantillonnage suivi d'une
analyse chimique.
Cette évaluation des réserves intervient à tous les stades de la
prospection.
Parmi les différents types de réserves, on distingue:
 les réserves des pronostics ou réserves possibles: elles sont
évaluées lors de la prospection préliminaire et se
COURS DE PROSPECTION MINIERE 47

caractérisent par une grande imprécision;


 les réserves géologiques ou probables: elles sont établies au
cours de l'étape de la prospection semi–systématique grâce
aux ouvrages miniers (tranchées, puits) et sondages;
 les réserves exploitables ou certaines: on les détermine
pendant la prospection systématique. Elles tiennent compte
des pertes en minerai, soit parce qu'il est pauvre en certains
niveaux, soit qu'il est inaccessible pour raison de sécurité
des engins ou du personnel.
 les réserves industrielles: elles sont les plus objectives. On
les évalue après l'exploitation réelle du gisement. En
pratique, ces réserves correspondent à la production tenue
quotidiennement dans les livres d'une Entreprise minière.

III.7.2. Evaluation des réserves


A. Démarche générale synthétisée

A chaque prospect on attribue une zone d'influence délimitant la


surface minéralisée.
On calcule l'épaisseur moyenne de chaque couche de graviers
minéralisés.
La surface d'influence multipliée par l'épaisseur moyenne donne le
cubage à exploiter.
Le tonnage = teneur moyenne x cubage.
L'évaluation peut se faire par prospect. On totalise les réserves de
tous les prospects payants avant de passer à l'exploitation. Les prospects
payants sont ceux où la teneur enregistrée est supérieure à la teneur limite
d'exploitabilité.

B. Méthode détaillée

B.1. Concentration de l'échantillon


On broie l'échantillon à la maille de 1 mm. Dans le cas du broyage
à l'eau, la sortie du produit est automatique et la concentration se fait au fur
et à mesure du broyage dans un petit sluice. Après le broyage, on récolte la
48 COURS DE PROSPECTION MINIERE

substance utile recherchée (clean–up). La concentration se fait uniquement


dans un pan.
Ensuite, on concentre à nouveau le concentré susmentionné dans
un petit pan (ou batée), on le sèche, on le nettoie à l'aide d'un aimant et on le
souffle.
Si le concentré contient de l'or amalgamable, celui–ci est récupéré
avant le séchage en ajoutant du mercure directement dans le petit pan. Le
concentré restant après amalgamation est mélangé au produit de broyage
pour servir à la détermination en laboratoire de la teneur en or par fusion
plombeuse. L'amalgame est chauffé dans une cornue spéciale enduite de
graphite pour empêcher l'or de coller aux parois; le mercure est
généralement récupéré dans une autre cornue après évaporation.

B.2. Calcul de la teneur


La pesée du concentré propre sur une balance de précision
fournit la teneur de l'élément utile recherché dans l'échantillon à partie de la
formule suivante:
t= Po x tonne ( en grammes) / Pe
Où:
t = teneur en grammes,
Tonne = 1000000 g,
Po = poids de minéral utile recueilli, en grammes,
Pe = poids d'échantillon broyé, en grammes.
La teneur t est exprimée en grammes par tonne de minerai brut.

B.3. Cubage du gîte prospecté


A la fin de la prospection semi–systématique, on obtient la
délimitation du gisement. La présente étape consistera à préciser les
contours dudit gisement et en calculer le tonnage en minerai tout venant et
en minéraux lourds.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 49

B.3.1.Détermination de la teneur moyenne du concentré sur le


profil
La teneur en concentré obtenue par le traitement des
échantillons de sable est reportée pour chaque passe métrique des différents
sondages du profil.
Soit l'exemple ci–après:
Trois sondages S1, S2 et S3 du profil AB et équidistants de 40 m
(Figure 12).

Figure 12 : Disposition des sondages et teneurs séquentielles ne


minerais.
La teneur limite d'exploitabilité ou teneur de coupure étant fixée à
5 %.
TENEUR (%)
PROFONDEUR (m)
S1 S2 S3
0 –1 12.00 10.03 10.05
1–2 17.25 3.10 12.00
2–3 31.20 28.30 7.43
3–4 15.03 17080 0.05
4–5 7.09 12.05 –
5–6 2.40 11.29 –
6–7 0.27 – –
50 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Au cours de cette étape, se posent différents problèmes pour


l'établissement des profils minéralisés avant les calculs des réserves. Ils ont
été résolus ainsi dans l'exemple sus–mentionné:
a. Sur le sondage S1, on a arrêté la profondeur du profil à 5 m,
parce que les 2 m sous–jacents ne présentent que des teneurs métriques en
minéraux lourds inférieures à la teneur de coupure choisie:
de 5 à 6 m: 2.40 %,
de 6 à 7 m: 0.27 %.
b. Sur S2, on constatera que la tranche métrique comprise entre 1
et 2 m de profondeur présente une teneur inférieure à 5 % (3.10 %), mais
elle est encadrée par des tranches métriques dont les teneurs sont
supérieures à 5 %.
c. Sur S3, la tranche comprise entre 5 et 6 m présente une teneur
de 5.10% (supérieure à la teneur de coupure 5%), mais elle est séparée des
niveaux supérieurs minéralisés par 2 m d'une couche présentant des
teneurs inférieures à 5 %, respectivement:
de 3 à 4 m:0.05%,
de 4 à 5 m:0.2o%.
Il ne serait pas payant d'extraire ces deux mètres à teneurs
infra économiques pour atteindre la couche comprise entre 5 et 6 m; on
arrêtera donc la tranche exploitable à la profondeur de 3 m.
Pour calculer la teneur moyenne en minéraux lourds
(concentré) sur le profil, on inscrit les données sur le tableau suivant:

Tableau 6 : Calcul des teneurs moyennes en minéraux lourds d’un


placer
Teneur Teneurs moyennes (%)
Longueur
minéraux
N° puits ou passe
lourds Lxt Sondage Profil
sondage minéralisée
L x t/ L L x t/ L
L
t
1 12.00 12.0
S1 1 17.25 17.25
1 31.20 31.20
COURS DE PROSPECTION MINIERE 51

1 15.03 15.03
1 7.09 7.09
Total: 5 82.57 82.57:5 = 16.51
1 10.03 10.03
1 3.10 3.10
1 28.30 28.30
S2 1 17.80 17.80
1 12.05 12.05
0.5 11.29 5.65
Total: 5.50 76.93 76.93:5.50 = 13.99
1 10.05 10.05
S3 1 12.00 12.00
1 7.43 7.43
Total: 3 2.48:3 = 9.83
Profil
Total: 13.50 188.89 188.98:13.50 = 14
1+ 2 + 3

B.3.2. Détermination de la densité


La densité est fonction de la teneur en minéraux lourds. La densité
d'un sable stérile étant de 1.5, la densité d'un sable minéralisé est donnée
par la formule empirique:
D = 1.5 + 0.0115 t,
Où t étant la teneur moyenne, exprimée en points, dans le profil
considéré.
Ainsi pour le profil pris en exemple, d= 1.5 + (0.0115 x 14) = 1.66.

B.3.3. Détermination de la surface minéralisée dans chaque profil


La surface minéralisée d'un profil comprend:
 la somme des surfaces des trapèzes ou rectangles ayant
pour base les longueurs minéralisées dans deux sondages
voisins et pour hauteur la distance entre ces sondages
(Figure 13).
52 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Figure 13 : Délimitation de la zone d’influence autour d’un prospect.


 à l'extérieur des sondages extrêmes (à gauche du sondage
S1 et à droite du sondage S3 dans l'exemple choisi) la
somme de triangle ayant pour base la longueur minéralisée
dans le sondage (S1 ou S3) et pour hauteur la moitié de
l'intervalle entre sondages dans le profil (40 m/2 =20 mdans
l'exemple choisi).
Ainsi dans l'exemple choisi, la surface sera la suivante:
5x20/2 + (5+5.50)/2 x 40 + (5.50 +3)/2 x40 + 3x20/2 =
50 + 210 + 170 + 30 = 460 m2

B.3.4. Détermination du volume du gisement


La zone d'influence de chaque profil minéralisé dont la surface et la
teneur moyenne ont été calculées plus haut, est prise égale aux demi–
distances entre le profil considéré et chacun des profils qui l'encadrent,
qu'ils soient minéralisés ou non. Si le profil minéralisé est en bout d'axe, on
extrapolera sa zone d'influence d'une longueur égale à la moitié de la
distance qui le sépare du profil précédent.
Dans l'exemple figuré ci–dessus, le volume de minerai déduit du
profil minéralisé AB dont la surface minéralisée est de 460 m2, sera:
460 x (125 + 160) = 131100 m3.

B.3.5. Détermination des tonnages


Ces tonnages sont de trois sortes et seront calculés dans l'ordre
suivant:
a. Le tonnage en minerai tout–venant est obtenu en multipliant le
volume par la densité.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 53

Dans l'exemple choisi, le tonnage en minerai tout–venant sera:


131100 m3x 1.66 = 217 626 arrondi à 217600 t.
b. Le tonnage en concentré est obtenu en multipliant le tonnage en
minerai tout–venant par la teneur moyenne en minéraux lourds (concentré)
du profil:
217400 x 14 / 100 = 30436 t.
c. Les tonnages de chacun des minéraux valorisables rencontrés
dans le gisement (ilménite, rutile, zircon, monazite, cassitérite, wolframite,
colombo-tantalite etc.).
La teneur en chacun de ces minéraux valorisables est fournie par
le laboratoire qui aura analysé les échantillons composites de chaque ligne
de sondage.
Dans l'exemple choisi, on aura pour la ligne du profil hypothétique
AB les valeurs suivantes fournies par le laboratoire:
 Ilménite dans l'ensemble du concentré: 80 %
 Zircon : 9%
 Monazite : 3.25 %.
Tous les renseignements précédents seront reportés sur une fiche
qui synthétisera les résultats obtenus sur la ligne de sondages. Il y aura
autant de fiches de ce type qu'il y aura de lignes de sondages (profils) sur le
gîte.
C'est la somme des renseignements obtenus par le calcul de toutes
ces fiches réunies, qui donnera les renseignements d'ensemble du gisement
prospecté en deuxième phase.
1. Teneur moyenne
Fiche de profil
Longueur Teneur Teneurs moyennes
N° puits ou passe minéraux
Sondages (%) Profil (%)
sondage minéralisée lourds .t
L.t/ L L.t/ L
L t

2. Densité
1.5 + (0.0115 x 14) = 1.66
3. Surface minéralisée du profil
54 COURS DE PROSPECTION MINIERE

(5 x 20)/2 +  (5+5.50)/2  x 40 +  (5.50 + 3)/2  x 40 + ( 3 x 20 )/2 =


50 + 210 + 170 + 30 = 460 m2.
4. Volume de minerai encadrant le profil
 distances interlignes d'un côté du profil : 250 m
 distances interlignes de l'autre côté du profil : 320 m
volume = 460 m2 x (125m + 160 m ) = 131100 m3.
5. Tonnages
Minerai tout–venant: 131100 x 1.66 = 217600 t
Concentré (217600 x 14)/100 = 30647 t

Minéraux valorisables:
 ilménite : (30464 x 80)/100 = 24371 t
 zircon : (30464 x 9)/100 = 2742 t
 monazite: (30464 x 3.25)/100 = 990 t.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 55

CHAP. IV : PROSPECTION GEOCHIMIQUE

IV.1 Définition de la prospection géochimique


La prospection géochimique consiste en la mesure systématique
du contenu en un ou plusieurs éléments en traces des roches, de sols, des
sédiments de ruisseau, de la végétation, de l’eau ou des gaz.
Le but de ces mesures est la mise en évidence d’anomalies
géochimiques, c’est-à-dire de la concentration anormale en certains éléments
contrastant nettement avec leur environnement qui représente le fond
géochimique ou background. La formation des anomalies résulte de la
mobilité et de la dispersion des éléments concentrés dans la minéralisation.
Une anomalie peut être définie comme toute teneur plus élevée
(Anomalie positive) ou plus basse (Anomalie négative) que le fond
géochimique.
Son origine peut être due aux pollutions et aux contaminations
par les déblais d’une exploitation minière ancienne ou récente ou par
préférence (anomalies formationnelles) à une formation géologique
déterminée (cuivre pour les roches basiques ; le plomb-zinc pour les
dolomies) mais sous une forme minéralogique (silicates à Cu) ou géologique
(dispersion fine) qui ne la rend pas économiquement récupérable.
Donc le prospecteur doit distinguer :
La vraie anomalie
La fausse anomalie : pollution, anomalie formationnelle.

IV.2. Types de dispersion


Dispersion primaire : liée aux phénomènes de mise en place de la
concentration minérale, comme par exemple l’altération hydrothermale.
Cette dispersion est localisée en profondeur. L’étude des auréoles primaires
ainsi formées est utile dans la reconnaissance de gisements et se fait au
moyen de prélèvements de roches (carottes de sondage, cutting). Des
éléments caractéristiques dits « traceurs » sont choisis soit parmi les
éléments majeurs de la roche encaissante, soit parmi les éléments
56 COURS DE PROSPECTION MINIERE

métalliques de la minéralisation et permettent de tracer des auréoles et de


déterminer des gradients de polarité dans l’environnement d’un gîte.
Dispersion secondaire : liée aux phénomènes d’altération et
d’érosion superficielle et de géomorphologie. Cette dispersion, à la fois
mécanique et chimique, à partir du stock métal déstabilisé dans la zone
d’oxydation, provoque des auréoles et traînées secondaires qui couvrent une
surface plus grande que l’intersection par la surface d’érosion d’une
concentration minérale cachée par des recouvrements divers. Au cours de la
prospection stratégique ou tactique, ce sont ces auréoles secondaires que la
prospection géochimique cherche à mettre en évidence par l’analyse
chimique de prélèvement de sol, de sédiments de ruisseau ou de roche
désagrégée.
Dans certaines conditions, des éléments associés dans un
gisement pourront avoir des mobilités totalement différentes, et ne pas
donner d’anomalies superposables.
Exemple : Pb et Zn fréquemment associés dans le gisement ; mais
en milieu de surface, Zn plus mobilisé alors que Pb moins mobile donnera
une anomalie à l’aplomb de la minéralisation.
Le chimisme d’une anomalie secondaire n’est par le reflet direct du
chimisme du gisement sous-jacent, mais le résultat du concours des
phénomènes suivants :
- chimisme primaire
- condition de piégeage
Ne pas donc tirer hâtivement des conclusions d’ordre gîtologique
aux seules vues des « paragenèses anomales ».
Du point de vue de leur mode, on a :
 des dispersions chimiques : amènent un élément donné d’un
point à un autre. Elles comprennent un stade de transport par
une solution (ions propres correspondant à l’élément recherché,
ions complexes)
 des dispersions mécaniques : sont celles qui, pour amener
l’élément ou un composé d’un point à un autre, le laissent dans
l’état chimique identique à celui du départ. Souvent les
COURS DE PROSPECTION MINIERE 57

phénomènes des dispersions mécaniques, dont les facteurs


principaux sont d’origine météorique (eau, gel, érosion), sont
toujours accompagnés de dispersions chimiques.

IV.3. Types d’anomalies


 anomalies de surimposition : la teneur anomale est le fait
d’éléments allogènes
 anomalies de répartition : la teneur anomale provient
d’éléments authigènes.
La prospection géochimique concerne donc les gisements liés à la
sédimentation chimique et biochimique ainsi qu’à la diagenèse.
Ces types de gisement contiennent les éléments qui ont été
soustraits du contenant par l’altération et l’érosion.

Ces gisements sont contrôlés par :


La nature de la roche encaissante (lithologie) ;
La position stratigraphique ;
Le chimisme du milieu.

C’est le cas des gisements du Katanga :


à Cu-Co : situés dans le groupe des mines, avec deux ore bodies
séparés par un horizon stérile (RSC) ;
à Pb-Zn-(Cu) dans le groupe de Nguba (ex-Kundelungu
inférieur), plus précisément dans le sous-groupe de Kakontwe) ;)
à Fe dans le Mwashya inférieur, Kakontwe et formation de
Kafufya ;
à U- (Ni- Co-Li) dans le groupe des Mines (Ore Body Inférieur ou
OBI).
Ces gisements sont constitués des éléments mobiles. D’où le
recours à la prospection géochimique. On peut également utiliser la
prospection géophysique, notamment la radiométrie car la plupart des
gisements Cu de notre pays contiennent toujours un peu d’uranium.
58 COURS DE PROSPECTION MINIERE

IV.4. Stades de développement progressifs


En résumé
La Prospection stratégique ou reconnaissance générale :
Consiste à parcourir une région peu connue et étendue par des
itinéraires à large maille et vise à recueillir les premières données de
caractères.
 Géographique (réseau hydrographique, relief, voies d’accès).
 Géologique (nature des formations rencontrées : sédimentaire
ou socle, etc.)
 Pédologique (type d’altération, nature des sols, présence de
sédiments de ruisseau, etc.)
L’échantillonnage est mi-systématique, mi-sélectif. On s’attachera
dans la mesure du possible à orienter les coupes perpendiculairement aux
formations et à collecter des prélèvements d’une manière assez continue le
long des coupes pour mettre en évidence les variations des fonds
géochimiques
Les anomalies mises en évidence peuvent conduire à la découverte
des zones minéralisées. La prospection géochimique stratégique correspond
donc à une phase de recherche préliminaire et elle peut être employée sans
que la connaissance géologique de la région étudiée soit très approfondie.
Elle se fait dans les eaux (hydrogéochimie), alluvions, sols (pédogéochimie),
roches consolidées, végétaux.
La Prospection tactique :
Est utilisée pour la résolution des problèmes de détail,
généralement sur des étendues restreintes. Elle constitue la phase de
définition des anomalies, consécutive aux travaux de prospection
stratégique. Elle est principalement employée lors des recherches d’extension
de systèmes filoniens, d’horizons favorables, plus en relation avec la
structurale.
Ne doit être utilisée que lorsque la connaissance géologique et
métallogénique des secteurs où elle doit être appliquée est suffisante.
Elle est utilisée particulièrement dans l’eau, les sols, les roches et
COURS DE PROSPECTION MINIERE 59

les végétaux.

IV.5. Prospection stratégique


Au cours de cette étape, il est conseillé au prospecteur de laisser
aux endroits intéressants des repères (marqueurs, bandes plastiques), de
façon à pouvoir y revenir éventuellement sans difficultés afin de compléter
les informations.
A. Application de la prospection stratégique dans les eaux
On prélève les eaux naturelles et on y analyse les résidus solubles.
On sait que les eaux naturelles traversent les roches et y arrachent des
fractions rocheuses. Elles contiennent des éléments sous forme adsorbée en
raison de la présence de colloïdes ou de suspensions minérales ou
organiques. Ces éléments peuvent également se disperser sous forme d’ions
complexes, voire même, de composés organiques non dissociés. Sous ces
formes variées, les éléments sont transportés loin de leur point d’origine.
Cette méthode hydrogéochimique, très séduisante, présente
néanmoins des inconvénients :
 les niveaux de teneurs des éléments habituellement
recherchés dans les eaux sont très bas (ppb ou mg/t), alors
que ces mêmes éléments ont des teneurs toujours plus
élevées (ppm ou g/t) dans les roches, les sols ou les
végétaux.
 la difficulté de conserver les échantillons dans les mêmes
conditions.
A partir des résultats d’analyses chimiques obtenus, on aboutit à
la cartographie des zones étudiées.
B. Application de la prospection stratégique dans les alluvions, et
dans les sols consolidés sur les alluvions
C’est le type de prospection stratégique qui est le plus répandu. Ici
le niveau des teneurs est plus élevé et on a la possibilité de conserver
indéfiniment l’échantillon, dont les teneurs relatives sont indépendantes des
facteurs météorologiques.
Cette méthode s’intéresse aux deux types de dispersions :
60 COURS DE PROSPECTION MINIERE

mécanique et chimique.
La dispersion mécanique est le fait des éléments conservés qui
peuvent se trouver dans l’échantillon et provenir de zones minéralisées
situées en amont.
La dispersion chimique résulte de l’absorption le plus souvent dans
les fractions fines de l’échantillon d’éléments en solution dans les eaux.
En prospection stratégique, le choix de la position, du prélèvement
dans les vallées est très important. On peut se contenter de prélever des
échantillons d’alluvion en lit vif (dont on analyse, en général la fraction fine),
ou dans le lit mineur (Figure 14).
Lit vif : échantillon à l’écart du courant pour éviter un échantillon
très lavé.

Figure 14 : Lieux de prélèvement d’échantillons.

Les résultats sont cependant plus homogènes en travaillant sur


des sols consolidés sur les alluvions du lit mineur où la présence d’arbres ou
de plantes herbacées est alors garant d’un échange biochimique entre les
alluvions et le sol développé au dessus. Le milieu vivant est riche en matière
organique que constitue le sol ; il contribue à homogénéiser des résultats
qui, obtenus dans des lits vifs ou mineurs, ont une plus grande variance,
laquelle est peu favorable à l’interprétation.
Echantillonnage :
 alluvions et colluvions
 sols consolides sur alluvions
 colluvions
COURS DE PROSPECTION MINIERE 61

C. Prospection stratégique en sol résiduel du corps minéralisé


Quand un corps minéralisé est érodé, ses résidus solides peuvent
être introduits dans le réseau hydrographique. On obtient des auréoles ou
traînées de dispersion qu’il est facile de mettre en évidence.
Ce type de prospection conduit à l’obtention des informations ci-
après :
 Indication de zones très circonscrites, différenciées
positivement, se traduisant par une grosse traînée de
dispersion , qui résulte de l’altération et de l’érosion d’un indice
important.
N.B. : Prélèvement : éviter la couche humique superficielle. La
profondeur optimale : 15- 40 cm.

Figure 15 : mise en évidence d’une anomalie géochimique liée à une


minéralisation sous-jacente en cuivre
D. Prospection stratégique en sol non résiduel (du corps minéralisé)
La filiation entre les échantillons de surface et un corps minéralisé
profond ne peut se faire que grâce à des anomalies résultant de la
circulation (anomalies de fuite) ou éventuellement à des anomalies résultant
d’effets biochimiques. Ces anomalies se situent dans le recouvrement
(stérile) surmontant le corps minéralisé (Figure 16).
62 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Figue 16 : Anomalie géochimique au sein du recouvrement


supergène.

IV.6. Prospection tactique


A. Recherches tactiques d’anomalies allogènes ou de
surimposition
A.1. Dans les sols résiduels
On prospecte dans les sols résiduels du corps minéralisé ou de son
environnement, sols dont la filiation directe d’origine mécanique avec le
corps minéralisé est indiscutable.
Domaine d’application : recherche des filons, d’amas ou d’horizons
minéralisés cachés par un recouvrement horizon minéralisé (Figure 17 &
18).

Figure 17 : Mise en évidence d’un filon minéralisé


COURS DE PROSPECTION MINIERE 63

Le sol est résiduel de la roche consolidée.

Figure 18 : Mise en évidence d’un filon minéralisé

Ici la dispersion mécanique est la plus importante par rapport à la


dispersion chimique. L’étalement de l’anomalie et son étendue sont plus
grands à la surface du sol qu’en profondeur au voisinage des corps
minéralisés. Compte tenu de cela, il est recommandé de :
 prélever le plus souvent les échantillons près de la surface,
à maille régulière.
 ensuite étudier la répartition des teneurs en profondeur
grâce à des échantillonnages dans le plan vertical, appelés
communément profils géochimiques, de façon à mettre en
évidence « l’enracinement de l’anomalie ».

Recherche de l’enracinement d’une anomalie


Une fois le top de l’anomalie défini en surface, on recherchera, au
moyen de prélèvements en profondeur, si cette image de surface correspond
biens à une image au niveau du bed-rock, dans la roche en place.
Pour rechercher l’enracinement de l’anomalie, on recoupe le top
anomal par un ou plusieurs profils de prélèvement à la tarière. On utilisera
des tarières à mains ou des moto tarières.
Pour mieux guider les prélèvements, tenir compte de la règle
empirique de « l’entonnoir » qui stipule une diminution de la dispersion des
éléments quand on passe des sols aux roches plus cohérentes. Par exemple,
64 COURS DE PROSPECTION MINIERE

pour tester le bed-rock à 5m de profondeur d’une anomalie de surface


définie à la maille 25/25m, on pourra prévoir un profil avec tarièresespacées
de 5m.
Suivant que l’on veut étudier l’évolution des teneurs entre la
surface et le bed- rock ou simplement rechercher le meilleur enracinement,
les prises d’échantillons seront différentes :
un échantillon par mètre de sol traversé (soit quartage de
l’échantillon métrique total, soit prise uniquement de dix
derniers centimètres) ;
prise d’un échantillon uniquement au niveau du bed- rock.
Dans le cas d’une géochimie en roche pour étude des halos
primaires, l’échantillonnage se fait sur carotte de sondage ou sur cutting
dans le cas d’un sondage destructif. L’échantillonnage de ces sondages se
fera par passes de 1-5m pour une formation homogène, ou par faciès (si pas
d’homogénéité). Une description complète accompagnera chaque échantillon.
Le long des galeries, on prend au hasard une dizaine d’esquilles de quelques
cm3 tous les 2-5m de galerie pour en faire un échantillon. Ne pas
échantillonner uniquement un faciès plus dur ou plus minéralisé.
Le repérage se fait par numérotation séquentielle reportée sur les
logs de sondage, soit sur les plans de galerie.
Facteurs de la forme des anomalies
La forme des anomalies géochimiques observées au niveau des sols
dépend de :
- la pente du terrain et les transports des matériaux,
- la puissance de l’altération et du degré de la porosité,
- l’influence de la position de la formation minéralisée par
rapport à la surface topographique,
- phénomène de surimposition causé par des matériaux sans
rapport direct avec les minéralisations ; ces matériaux
allochtones oblitèrent les dispersions.
Quantité à prélever
La prise de matériau tout venant est de l’ordre de 200-500g
suivant la proportion de sédiments fins inclus ; elle permet d’obtenir, après
COURS DE PROSPECTION MINIERE 65

tamisage un échantillon pesant au minimum 60g ; un échantillon d’environ


40g est expédié au laboratoire ; cette quantité permet d’effectuer, outre les
analyses courantes, des contrôles ou des dosages éventuels d’éléments en
infra traces (Au, Hg, ...). Il faut 25g de poudre pour une analyse Au). Les
20g restants seront stockés sur place.
A.2. Dans les sols non résiduels
Ce sont des sols développés sur les recouvrements les plus divers.
Les zones minéralisées profondes ne sont pas érodées. Ici les dispersions
chimiques et biochimiques dominent sur les dispersions mécaniques.
Deux phénomènes provoquent une filiation indirecte, mais
utilisable, entre les matériaux superficiels et des zones minéralisées
profondes non érodées :
a. Anomalies causées par des circulations latérales résultant de
modification d’une nappe phréatique.
Les eaux transportent les éléments appartenant à la minéralisation
à travers des matériaux allochtones constituant un recouvrement épais,
sans rapport direct avec le corps minéralisé. Elles peuvent donner lieu au
point, d’émergence, à l’apparition d’anomalies. Ces dernières peuvent
apparaître à différents niveaux en relation avec les variations de niveau
hydrostatique (Figure 19).

Figure 19 : Anomalie au battement du niveau de la nappe phréatique


66 COURS DE PROSPECTION MINIERE

b. Anomalies dues à des circulations par ascension à la faveur des


manifestations tectoniques = Anomalies de fuite (Figure 20)

Figure 20 : Anomalie de fuite

B. Recherches tactiques d’anomalies authigènes ou de répartition


Il s’agit des anomalies résultant d’un déplacement des éléments
dans un milieu, sans qu’il y ait un apport extérieur de ces éléments. Ainsi
trouvera-t-on deux zones :
- la zone de concentration (anomalie positive),
- la zone de lessivage (anomalie négative)
Donc on a une anomalie de répartition.
On devra en tenir compte dans l’interprétation, d’autant plus qu’au
lieu d’être isolés ces deux principaux types d’anomalies (anomalies allogènes
et authigènes) peuvent coexister.

IV.7. Types et densité de prélèvement- Analyses à


effectuer
Trois questions principales se posent :
type de prélèvement,
densité de prélèvement,
éléments à analyser.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 67

A. Type de prélèvement
Comme dit plus haut, les prélèvements porteront sur des
sédiments de ruisseau, des sols ou des roches.
Pour ces trois types de matériaux, on fait généralement une étude
méthodologique préalable pour déterminer la meilleure tranche
granulométrique à analyser ou pour voir s’il existe une phase porteuse
privilégiée des métaux (hydroxydes, oxydes) qui pourrait être isolée et dont
l’analyse permettrait d’obtenir des niveaux de teneurs et des contrastes
géochimiques (teneurs anomales / teneur fond) plus élevés. Cette étude peut
être faite dès le stade de la reconnaissance générale au cours de laquelle on
essaie tous les types de prélèvements.
Dans le cas d’une prospection, on prélève la plupart du temps des
sédiments de ruisseau (stream - sédiments), technique qui, à l’heure
actuelle, paraît la mieux adaptée. On peut toutefois être conduit, pour
différentes raisons, à prélever partiellement des échantillons de sols. Il
faudra alors augmenter la densité d’échantillonnage et prélever les sols en
zones basses plutôt qu’en zones de crête. Pour certains métaux,
particulièrement ceux dont les minéraux sont sous forme d’oxydes (W,Sn),
l’analyse du concentré de batée couplée avec son examen optique fournit des
résultats moins dispersés à des niveaux de teneurs plus élevés.
Toute prospection tactique est basée sur l’échantillonnage en sol,
normalement à la base de l’horizon A (figure 21). La présence d’une
altération particulière, cuirasse latéritique, ou d’un recouvrement plus ou
moins allochtone peut obliger à l’emploi de techniques spéciales de
prélèvement : par exemple prélèvement des fractions grossières du sol en
pays désertique à recouvrements éoliens possibles, prélèvement dans
l’horizon C à la tarière en cas de recouvrements allochtones caractérisés en
tranchée, puits, sondage.

B. Densité de prélèvements
La densité d’échantillonnage varie suivant l’échelle de la
prospection et suivant la taille des cibles recherchées. En prospection
stratégique, on travaille généralement à une échelle variant de 1/200.000 à
68 COURS DE PROSPECTION MINIERE

1/500.000. L’échantillonnage se fait à large maille avec une densité de 1 à


quelques prélèvements au Km2, s’il s’agit de sédiments de ruisseau.
La notion d’espacement des prélèvements suivant le réseau doit
céder le pas à la notion de densité moyenne, beaucoup plus importante pour
obtenir une information continue. Dans le cas de prélèvements mixtes sols et
sédiments de ruisseau, la densité devra être augmentée. Quoi qu’il en soit,
une densité de prospection stratégique ne devrait pas descendre en dessous
d’un échantillon/Km2. Une telle maille vise à « accrocher » directement des
anomalies liées à des concentrations minérales. Cette densité permet en
outre une visualisation satisfaisante du fond géochimique local. Tout point
anomal, même isolé, devra être pris en considération.
Au stade tactique, les prélèvements étant faits suivant une grille
régulière, on ne parlera plus de densité au km2, mais de maille. Celle-ci sera
variable en fonction du métal recherché. Une maille carrée 200m X 200m est
normalement suffisante pour une première localisation d’anomalies Pb, Zn
ou Cu, mais il faudra choisir une maille 50m X50m dans le cas d’anomalies
Sb ou W. Un resserrement ultérieur est toujours préférable à un « sur
maillage » initial.

Figure.21 – Profil d’un sol.


COURS DE PROSPECTION MINIERE 69

C. Analyses
C’est un poste essentiel, et le choix d’une technique plutôt qu’une
autre pourra changer totalement l’efficacité et la signification de la campagne
envisagée.
La technique utilisée doit à la fois être sensible, reproductible et
peu coûteuse.
Deux grandes stratégies se dégagent :
- adopter des méthodes simples permettant une utilisation
sur le terrain, par exemple en camion laboratoire ;
- choisir une technique plus sophistiquée, disponible dans
un laboratoire central.
Toutes deux ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Il existe de nombreux laboratoires effectuant commercialement des
analyses de type prospection géochimique, et où l’on peut sous-traiter les
travaux de dosage. Une précaution essentielle sera néanmoins d’introduire
des étalons à teneur connue, afin de contrôler à la fois la reproductibilité et
le niveau des teneurs des analyses fournies par le laboratoire.
Au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) en
France, l’application de techniques d’analyses multiéléments a modifié les
critères de choix ; elle est de plus en plus fréquente au stade de la
prospection stratégique.
Au stage des prospections tactiques, le problème est normalement
beaucoup mieux défini et seul un petit groupe d’éléments sera analysé,
cependant que certains éléments autres que ceux que l’on recherche
directement sont très utiles pour juger du caractère métallique ou non des
anomalies. Par exemple, Ni sera systématiquement analysé dans une
prospection tactique pour Cu ; de même As, Ag, Mo, Cd sont des indicateurs
intéressants pour la prospection Pb-Zn.
Au stade de la reconnaissance d’indices et spécialement s’il s’agit
d’étudier des auréoles primaires à partir de la géochimie en roche, des
analyses multi-éléments seront indispensables : intérêt primordial des
variations des éléments majeurs et intérêt des halos métalliques composites
permettant dans certains cas de visualiser la polarité et le niveau d’érosion
70 COURS DE PROSPECTION MINIERE

d’un gisement.
Dans le cas d’études de chapeau de fer, ce sont les éléments tels
que Sn, Bi, Sb, Ag, Mo,… qui permettent de faire un diagnostic sur la valeur
de la minéralisation primaire, il faudra même dans ce cas avoir recours à des
techniques d’analyse en infratraces pour Au, Hg,etc.
Méthodes d’analyse les plus courantes
Au BRGM deux techniques d’analyses multiéléments sont
actuellement utilisées :
 Spectrométrie d’émission à partir d’une source plasma :
12 éléments prioritaires :
Cu, Pb, Zn, Ag, W, Sb, Ba, Ni, Mn, Fe, Cr, Sn ;
Dix éléments utiles, soit en tant qu’éléments accompagnateurs soit
pour la cartographie géologique :
V, P, As, Mo, B, Be, Cd, Co, Ni, Y.
 Spectrométrie d’émission optique à lecture directe :
quantomètre, qui dose simultanément 7 éléments majeurs
et 26 éléments traces (SiO2, Al2O3, MgO, CaO, Na2O, K2O-
Mn, P, Ti, Zr, B, Sr, La, Y, Nb, Pb, Zn, Cu, Ag, Cd, As, Sb,
Bi, Li, Sn, W, Mo, Cr, Co, V, Ni).
 Fluorescence X,
 ICP-Ms.
Pour les analyses courantes mono élémentaires, la plus employée
est l’absorption atomique. Les résultats des analyses sont généralement
donnés en p.p.m. (partie par million, c'est-à-dire gramme par tonne), parfois
en p.p.b. (partie par milliard). Pour les éléments majeurs, ils sont donnés en
%.
Recommandation importante
Les différentes techniques d’analyse ayant des sensibilités
distinctes selon les métaux analysés, il est absolument impossible de
comparer des résultats provenant de techniques différentes.
Une campagne stratégique devra par conséquent être exécutée
entièrement avec la même technique analytique.
Enfin, pour s’assurer de la reproductibilité et de la précision des
COURS DE PROSPECTION MINIERE 71

analyses, on intercalera des échantillons doubles ou des échantillons


témoins à raison d’environ 1 échantillon toutes les 100 analyses. Les
échantillons doubles de contrôle seront obtenus soit par double prélèvement,
soit par quartage d’un échantillon abondant. Les échantillons témoins se
feront par l’intermédiaire d’étalons géochimiques internes. Il conviendra de
prévoir des numéros sans échantillon pour y placer les témoins.

IV.8. Traitement des données et interprétation


A. Prospection stratégique
La prospection géochimique stratégique avec analyse
multiéléments implique, vu le nombre d’informations obtenues (33 éléments
/échantillon), un traitement informatisé avec programme géostatique
(variogramme, krigage) utilisé en cartographie automatique. La présentation
des résultats se fait sur :
des cartes de report des valeurs brutes,
des cartes de report des valeurs anomales avec des figures
spéciales,
des cartes de représentation des fonds géochimiques
locaux.
Ces différents documents permettent l’établissement d’une carte de
système sur laquelle seront définies les zones anomales méritant un
complément d’étude.

B. Prospection tactique
Le nombre des données est beaucoup moins important et le
prospecteur, lui seul, peut les analyser par traitement statistique
élémentaire. Ce qui permet de déterminer les coupures entre les teneurs de
fond et les teneurs anomales.
Les paramètres de distribution sont de deux types :
Les caractéristiques de tendance centrale : qui représentent
l’ordre de grandeur des teneurs d’un élément sur l’ensemble
des échantillons. Il s’agit de :
 Moyenne arithmétique :
72 COURS DE PROSPECTION MINIERE

 n
x  1 xi ; xi = teneur de l’échantillon i
n i 1
 Moyenne géométrique G : elle est obtenue en faisant la
moyenne des teneurs transformées en valeurs
logarithmiques
n
logG  1 log xi
n i 1
La moyenne géométrique est relativement meilleure surtout pour la
«teneur de fond » géochimique car elle diminue l’importance des valeurs
fortement anomales.
Les caractéristiques de dispersion : ont pour but d’apprécier
dans quelle mesure les diverses observations d’une série
s’écartent les unes des autres et par conséquent de la
valeur centrale adoptée.
 Intervalle de variation : c’est la différence entre les
valeurs extrêmes de la variable étudiée :

I xmax  xmin
 Ecart type (déviation standard) : c’est un paramètre de
dispersion qui tient compte des écarts de toutes les
valeurs observées par rapport à la moyenne :
2

 x i  x 
1
 
n

 Coefficient de variation : il est défini à l’aide du rapport
de l’écart type à la moyenne arithmétique.

V  
x
Ce coefficient permet de comparer la dispersion de deux séries ;
c’est un paramètre sans dimension qui ne tient pas compte de l’ordre de
grandeur des variables.
 Déviation géométrique (écart géométrique ε) : c’est le
nombre dont le logarithme correspond à l’écart type des
COURS DE PROSPECTION MINIERE 73

valeurs logarithmiques des teneurs :

log  
1
 log x i  log G 2
 n 1
Les paramètres de distribution sont utilisés d’une manière
habituelle pour l’estimation des seuils d’anomalie (A) pour éléments étudiés,
paramètres utilisés pour l’établissement des cartes.
Ainsi par exemple, le seuil permettant d’isoler 2.5%
des valeurs les plus élevées (valeurs anomales) est calculé :
- pour une distribution normale :

A x 2 

- pour une distribution log. normale :

A' G 2
La qualité de la distribution est déterminée à partir de l’allure
générale de la courbe enveloppe obtenue sur le tracé de l’histogramme. Cela
permet de choisir les coupures représentatives.

Traitement des résultats


L’outil informatique est très important et des programmes aident à
faire des cartographies. On peut donc y recourir :
 Histogramme de fréquence
La population d’échantillon peut être caractérisée par son
histogramme de fréquence, où en abscisses, sont reportées les classes des
teneurs, en ordonnées, les fréquences, exprimées en % (Figure 22).
On travaille souvent entre 9 et 19 classes, dont l’intervalle dépend
de la valeur minimale et maximale.

Figure 22 : Histogramme de fréquence


74 COURS DE PROSPECTION MINIERE

 Carte d’isoteneurs (Figure 23)


Le traitement des fréquences cumulées sur papier gausso-
logarithmique fait apparaître les coupures qui correspondent aux limites
entre le bruit de fond (zone non intéressante), la zone intermédiaire

Figure 23 : Carte d’isoteneurs


(moyennement intéressante), et la zone d’anomalies (très
intéressante).
Chaque zone doit avoir des figurés, en l’occurrence des couleurs
dont les plus vives doivent représenter les zones d’anomalies :
 teneur faibles : blanc, brun pâle, brun, brun foncé,
 teneurs élevées : orange vif, rouge.
Proscrire les cartes dites synthétiques où plusieurs éléments sont
reportés, cette manière d’opérer empêche de saisir le paysage géochimique.
Si l’on veut étudier les variations relatives de plusieurs éléments, le
meilleur moyen est la superposition de cartes mono éléments sur calque.

Interprétation et sélection des anomalies


A partir des données du terrain et de la description des indices
rencontrés, et des renseignements sur les possibilités de pollution, on devra
interpréter les données en se basant sur des notions de mobilité
différentielle des éléments, d’associations caractéristiques de telle ou telle
formation,… A partir de tels résultats et des exemples connus le prospecteur
pourra sélectionner des anomalies sur lesquelles on devra se pencher
sérieusement.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 75

CHAPITRE V. PROSPECTION GEOPHYSIQUE

V.1. Introduction
La prospection géophysique consiste en la reconnaissance des
terrains à partir de la mesure de certaines caractéristiques physiques au
dessus de la surface du sol et parfois dans les forages. Elle peut servir d’outil
de recherche des gisements.
Elle peut donner des profils continus du terrain et une bonne vue
d’ensemble des sites étudiés. Car les paramètres physiques mesurés
permettent de localiser des structures présentant des contrastes (de densité,
magnétisme, conductivité) par rapport à l’encaissant.
La géophysique permet de lever un certain nombre
d’indéterminations dans le choix de l’implantation des forages et d’en réduire
le nombre en précisant les zones homogènes.
La prospection géophysique présente le gros avantage d’être non
destructive et économique.
Les principales méthodes géophysiques sont :
- les méthodes radiométriques, auxquelles on associe les
méthodes gaz fondées sur la radioactivité des minéraux,
- les méthodes gravimétriques basées sur la mesure des
anomalies de pesanteur engendrées par l’inégale
distribution de roches de densités différentes,
- Les méthodes sismiques, fondées sur la mesure des
vitesses de propagation des ondes sismiques dans le sol,
- Les méthodes magnétiques et électromagnétiques basées
sur la mesure des anomalies engendrées par l’inégale
distribution de champ magnétique des roches.

V.2. La prospection radiométrique


V.2.1. Généralités
L’instabilité des atomes radioactifs se manifeste par l’émission de
rayonnements α, β, γ.
76 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Radioactivité α
C’est elle qui a conduit à la découverte de la radioactivité en 1896
par Henri Becquerel à la suite de l’étude des causes de l’impression des
plaques photographiques à proximité des sels d’uranium.
Elle consiste en l’émission spontanée d’un noyau d’hélium animé
d’une énergie cinétique de plusieurs MeV.

X  A4  2 HeQMeV 
A ' 4
Z z 2 x
Avec :
A nombre de masse
Z numéro atomique
Radioactivité β
C’est la plus courante des radioactivités sans changement du
nombre de masse A. Elle conduit à un gain d’une unité sur le nombre
atomique
Exemple :


234
90 Th e  234
91 Pa
Les émissions α et β peuvent s’accompagner d’un rayonnement
gamma provenant de la désexcitation du noyau. L’énergie de ces
rayonnement est caractéristique du radioélément émetteur.
α : est moins pénétrant, une feuille de papier bloque son
passage,
β : plus pénétrant que α, il faut une feuille d’Al pour
l’arrêter,
De ces rayonnements, γ est le plus pénétrant..
Il est le plus utilisé en prospection minière. N’est arrêté que par : 7-
8cm de Pb, 75 cm d’eau, 30cm de roches, plusieurs centaines de m d’air.

V.2.2. Les radioéléments naturels


Parmi les radioéléments naturels principaux, on peut citer :
le K40, T=1,3 X 109a, isotope stable final A40 ou Ca40
U238, T=4,51X109a, isotope stable final Pb206
U235, T=7,13X108 a, isotope stable final Pb207
COURS DE PROSPECTION MINIERE 77

Th232, T=1,39X1010a, isotope stable final Pb208


Les radioéléments sont caractérisés par leur période (T) ou 1/2 vie,
temps au bout duquel la moitié des atomes initialement présents ont été
désintégrés. On peut exprimer la décroissance radioactive par la relation :
e t
N No
Où No : nombre d’atomes à t = O
N : nombre d’atomes au temps t
λ : constante radioactive
On dit que l’équilibre radioactif est atteint dans une famille si les
proportions relatives des descendants successifs sont constantes et dans le
rapport des demi-vies. L’équilibre radioactif est très intéressant en
prospection minière.

V.2.3. Appareillages

Scintillomètres
Ils sont basés sur l’effet de fluorescence provoqué par le passage
du rayonnement radioactif dans la matière (cristal, matière plastique,…).
Ainsi un rayonnement gamma qui bombarde un cristal de NaI(Tl) provoque
l’émission d’un photon lumineux qui est converti par une cellule
photoélectrique en émission électrique et mesurée en une unité arbitraire :
coups par seconde (cps). La lumière émise est fonction de l’intensité de
bombardement. Elle est donc liée au radioélément, émetteur gamma. On
obtient un spectre dont les raies caractéristiques se situent à 1,47, 1,76 et
2,67 MeV, correspondant respectivement au K, U et Th.
Pour des mesures très précises, on étalonne l’appareil sur une
dalle dopée à U,Th, K avec des teneurs bien connues en ces éléments et l’on
peut connaître le nombre de coups y afférents. Sur le terrain, on fait des
mesures que l’on corrige en soustrayant le nombre de coups dus au bruit de
fond.
D’autres détecteurs plus chers sont vendus sur le marché. Le
tableau suivant compare leur robustesse et leur rendement par rapport au
NaI dopé au thallium.
78 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Tableau 7 : Comparaison du rendement des détecteurs


Détecteur Résolution Densité
NaI(Tl) 8 3,67
CsI(Na) 11 4,51
BGO Bi4Ge3O12 20 7,13

Chambre d’ionisation
Elle est basée sur la conduction électrique des gaz irradiés. Plus le
gaz est irradié par une source radioactive, plus il est ionisé et par
conséquent très conducteur.
Détecteurs solides de traces nucléaires ou films autoradio
graphiques α
On peut utiliser de nombreux matériaux (nitrate de cellulose,
polycarbonate,..). Les particules α laissent dans ces matériaux des dégâts ou
impacts qui sont agrandis par une attaque à la soude. On les compte au
microscope et on identifie leurs minéraux support par l’observation au
microscope en lumière transmise ou en lumière réfléchie.
Parmi ces détecteurs on cite :
le film Kodak LR 115
le film CR – 39.

Détecteurs au charbon actif


Cherchent à détecter le gaz radioactif, Rn, provenant de la
désintégration de l’U et du Th.
Dans la chaîne de désintégration de l’’U238, se forme le Rn222 appelé
radon et dont la période est de 3,8 jours ; le Rn220 (T=54 secondes) appelé
thoron provient de la désintégration du Th232 ; le Rn219 (T=3 s) ou actinon
dérive de l’U235. Compte tenu de leur demi-vie, le Rn222 est le plus
intéressant en prospection minière, car sa période lui permet de migrer des
gisements sous-jacents pour atteindre l’interface sol-air.
Le radon, gaz inerte, peut migrer facilement à travers des roches
poreuses et perméables et transporter sous forme de micro bulles des
éléments métalliques qui peuvent former des anomalies en surface.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 79

Le radon rendra compte de la présence en profondeur des


gisements cachés d’U ou des métaux qui sont associés à ce dernier.
Ce détecteur comprend (figure 24).

Figure 24 : Détecteur au charbon actif


Application
Méthode
Pour discriminer les rayonnements dus à l’U, Th et K, on utilise les
raies des spectres en fonction de leur énergie : U,Th, K
En prospection préliminaire, on doit recourir :
- à la prospection aérienne ou autoportée : on utilise les
spectromètres γ
- en prospection détaillée, utiliser les scintillomètres au sol
(prospection pédestre) pour le comptage global selon des
profils radiométriques et une maille régulière pour les
stations de mesure. On mesure la radioactivité et on établit
des cartes iso rad ou plan compteur (FIGURE 26).
On peut utiliser en sondage des diagraphies nucléaires qui vont
donner la radioactivité selon un plan vertical (figure 25).
80 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Figure 25 : Diagraphie nucléaire


Précautions
- indiquer le type d’appareil car la sensibilité dépend de la
taille du cristal
- la date des mesures : contexte météorologique (temps sec
ou humide, temps ensoleillé ou non) et caractéristiques du
sol (sol poreux et perméable ou non).

Figure 26 : Plan compteur de la radioactivité


COURS DE PROSPECTION MINIERE 81

Prospection
Essentiellement les gisements d’uranium :
Minéraux : Oxydes (uraninite, pechblende, thorite)
Phosphate : autunite
Les minéraux associés à l’U ; cas du Katanga/ Cu-Co-Ni
N.B. : On doit retenir pendant la prospection radiométrique que
toute roche est radioactive. Cela contribue donc au bruit de fond (BF).
L’anomalie radiométrique qui nous intéresse ressort deux à plusieurs fois le
BF. La figure 27 suivante montre l’ordinogramme des mesures en
spectrométrie gamma de laboratoire.

NaI
IMPRIMANTE DETECTEUR
RACK DE
SORTIE
TUBE
CASSETTE
P.M. PHOTOMULTI
MAGNETIQUE
PLICATEUR

HAUTE Préampli
TENSION photomultipl

ANALYSEUR 400
CANAUX

Figure 27 : Ordinogramme d’analyse des échantillons en


spectrométrie gamma.
L’analyseur multicanaux classe les impulsions issues du tube
82 COURS DE PROSPECTION MINIERE

photomultiplicateur en fonction de leurs amplitudes ou les photons γ selon


leurs énergies.

V.3. La prospection électrique et


électromagnétique
V.3.1. La prospection électrique
Les méthodes de prospection géophysique dites « électriques » sont
toutes fondées sur l’étude de la distribution du potentiel électrique dans le
sol.
On distingue deux groupes de méthodes :
 La méthode des résistivités où on mesure la résistivité
du sol par envoi dans celui-ci d’un courant électrique
continu ou alternatif (à basse fréquence) ;
 La méthode de la polarisation induite ou provoquée où
l’on étudie les anomalies de potentiel électrique
provoquées par la présence, dans le sol, de masses
conductrices, en général des gîtes minéraux.

V.3.1.1. Méthode de Résistivité

Notion de résistivité électrique


La résistance mesure l’opposition au passage d’un courant
électrique, et peut permettre de caractériser un matériau. La loi d’ohm
stipule que la résistance électrique est donnée par le quotient du potentiel V
appliqué aux bornes d’un matériau par le courant I qui circule, soit
V
R 
I

Cependant, en prospection électrique la notion de résistance n’a


pas vraiment de signification puisque si on prend deux échantillons de
longueur différence du même matériau, ils n’auront pas la même résistance,
tandis que deux échantillons de matériaux différents peuvent présenter la
même valeur. Puisque la résistance dépend de la géométrie du corps, on
doit se baser sur une propriété qui, tout en caractérisant la facilité à laisser
passer le courant, est indépendante de la géométrie de l’échantillon choisi.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 83

Cette propriété s’appelle la résistivité électrique ρ et est reliée par


L
R p
A

Pour un prisme rectangulaire de longueur L et de section A (figure


28), l’inverse de la résistivité est appelé la conductivité électrique (σ = 1/ρ) et
ses unités des mho/m ou siemens/m.

Figure 28: Mesure de la résistivité en laboratoire

Notons que la loi d’ohm sous la forme exprimée à l’équation


précédente est une forme simplifiée de la forme générale qui s’écrit
 
J E
84 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Exemple 1 calcul de la résistivité d’un échantillon de grès

Soit : L= 20 cm

  3cm
V  6V
I  4,1106 A

On calcule
6V
E  30 V / m
0.2m

4,1 106 A
J   5,8103 A m 2
 0,0015 m
2 2

E 30 V m2
   5172 m
J 5,8 103 m A

On injecte dans le sol un courant continu.


Par « sol », nous entendons ici tout horizon distinct, qu’il soit
meuble ou cohérent.
Dans la plupart des cas, la résistivité d’un sol est fonction
de sa teneur en eau et de la minéralisation de cette eau. Ce n’est que dans le
cas de sol argileux, au sens granulométrique du terme (≤ 2µm) que la nature
de la phase solide entre en compte.
En effet, le phénomène est compliqué par l’existence autour de ces
particules d’un complexe absorbant formé d’ions positifs et de molécules
d’eau absorbées. La conductivité électrique du réseau solide n’est plus
négligeable dans ce cas.
La relation expérimentale liant ces paramètres est due à Archié,
dans le cas de sols saturés :
1
s  2
e
n
 ρs : résistivité du sol saturé en ohm-m,
 n : porosité,

 ρe : résistivité de l’eau de formation en ohm-m.


COURS DE PROSPECTION MINIERE 85

Dans le cas d’un sol non saturé on a :


1
Sr  2 2
e
n Sr
volume occupé par l ' eau
Où Sr  volume total des vides

Dans le cas d’un sol contenant une certaine proportion d’argile, on


peut calculer la résistivité en remplaçant dans les formules ci-dessus l’eau
par l’argile :

 2 arg ile


1
n
Les variations de résistivité pour un minéral particulier sont
énormes, et peuvent dépendre des impuretés et des cristaux en général,
dans les roches ignées, la résistivité apparente est élevée. Si la roche est
saine, peu fracturée, pas poreuse, peu de fluide y circule et elle sera très
résistante. Les fractures diminuent la résistivité.

Dans les sédiments et roches sédimentaires. La résistivité est


généralement plus faible. Plus ces roches sont vieilles, tassées et profondes,
plus la porosité diminue et la résistivité est élevée. En fait, le facteur
déterminant de la résistivité d’un sol est la teneur en eau. La formule
d’Archié relie la ρa et la teneur en eau. C’est une relation empirique de la
forme

a I F w a w   m S  n
Où ρw est la résistivité de l’eau contenue dans les pores, F est le
facteur de formation et est égal à 0-m et I est l’index de résistivité et vaut
Sn. Le terme n vaut approximativement 2. On retrouve au tableau 8 les
valeurs de a et m à utiliser pour différents types de roche. La résistivité de
l’eau fraîche est d’environ 20 Ωm, alors que celle de l’eau de mer est 0,5 Ωm.
86 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Tableau 8 : valeurs à utiliser avec la formule d’Archié


Description de la roche a m

Roche détritique faiblement cimentée, présentant une porosité entre 0.88 1.3725 et 45%

Roche sédimentaire modérément cimentée, présentant une porosité 0.62 1.72 entre 18 et 35%

Roche sédimentaire bien cimentée, présentant une porosité entre 5 0.62 1.95 et 25%

Roche volcanique à porosité élevée, de 20 à 80% 3.5 1.44

Roches à très faible porosité, moins de 4% 1.4 1.58

Exemple 2 – Calcul de la résistivité par la formule d’Archié

Pour un sable ayant une porosité de 30 % saturé d’eau fraîche de résistivité


égale à 20 Ωm, la résistivité de la formation sera

1 a
a  20  96  m
1 0,31,3

Si la formation est saturée d’eau de mer à 0,5 Ωm, alors ρa vaut 2,4 Ωm. Si le
sable est sec, ρa vaut environ ρ 103 – 104 Ωm.

Les tableaux 9 & 10 ci-après donnent respectivement un ordre de


grandeur de la résistivité des minéraux et des roches. Avouons cependant
que le contrôle géologique (levé géologique) est très nécessaire pour plus de
sûreté.

La résistivité électrique est la propriété physique qui montre les


plus forts contrastes en géophysique. Par exemple, l’argent natif présente
une résistivité de 1.6x10-8Ωm, alors que celle du soufre est de 1016Ωm. On a
donc 1024 ordres de grandeur de différence entre les deux.

On distingue trois grandes classes de conducteurs :

- 106- 102 Ωm: bon conducteurs,

- 102 – 103 Ωm: conducteurs intermédiaires,

- 1010 – 1017 Ωm: faibles conducteurs


COURS DE PROSPECTION MINIERE 87

Tableau 9 : Résistivité de quelques minéraux


1. Bons conducteurs (106 à 102 Ωm)

- Les métaux :…………………………………………… 2 X 106Ωm

Or, argent, cuivre.

- La plupart de sulfures, quelques oxydes :……… 10-3 à 108 Ωm

pyrite, chalcopyrite, chalcosine, pyrrhotine, galène, bornite, molybdénite,


magnétite, cuprite.

2. Conducteurs intermédiaires (10 2 à 103 Ωm)

- La plupart des oxydes, quelques sulfures :……….. 10 3 à 108 Ωm

Hématite, limonite, serpentine, sphalérite, Stibine, cinabre.

3. Faibles conducteurs (1010 à 1017Ωm)

- Les minéraux non métalliques :……………………...10 12 à 1017Ωm

Gypse, quartz, sel (NaCI), souffre, nitrates, sulphates, etc.

4. Exception : le graphite

- Graphite pur :…………………………………….……………….10 3Ωm

- Graphite dans les schistes :.…………………………….0,5 à 350Ωm

- Charbon :…………..……………………………………….10 4 à 107 Ωm

- Huile :………………………………………………………10 11 à 1018 Ωm

Tableau 10 : Résistivité de quelques roches


Terrain /eau Résistivité en ohm-m
Argiles et marnes 4-30
Schistes 40-250
Craies 100-300
Calcaires 100-5.000
Grès 500-10.000
Sables et graviers 30-10.000
Eau douce 50
Eau salée (mer) 0,5

La résistivité (ρ) étant l’inverse de la conductivité électrique (1/ρ).


Ainsi les terrains gorgés d’eau, bonne conductrice de courant, ont une
résistivité faible.
Les minerais ayant une bonne conductivité (exemple magnétite,
88 COURS DE PROSPECTION MINIERE

pyrite, graphite) ont une faible résistivité : ≈ 0,01Ω.m.


La conductivité dépend plus de la porosité, du degré de saturation
en eau et de la salinité de celle-ci. Les roches pétrolifères contiennent de
l’eau salée, en conséquence elles ont une faible résistivité.
Les roches éruptives ou silicifiées sont peu poreuses, leur
conductivité sera faible, donc elles sont très résistantes.
En fonction des terrains (voir levé géologique : 1, 2 ou 3 couches),
la résistivité calculée à partir de I et ∆V sera :
 pour terrain homogène : celle du terrain
 pour terrain hétérogène : « apparente », elle est calculée en
fonction de l’état de stratification et du nombre supposé des
couches. On recourt à des formules empiriques, à des
abaques et surtout à des logiciels appropriés.

Méthodes
A. Profil de résistivité

On a un quadripole ABMN
A et B peuvent être séparés de 1 à 2 Km. Puis on injecte dans le sol
un courant continu à intensité constante dans A et B. On garde M et N à
une distance constante et placés perpendiculairement à AB. Car AB est
parallèle à la formation à étudier et MN perpendiculaire.
On mesure la ddp (différence des potentiels) entre M et N.
Les résistivités apparentes peuvent être rapportées sur une carte,
on trace les courbes d’égales résistivités (figure 29). Les profils sont corrélés.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 89

Figure 29 : courbes d’égales résistivités


Il existe plusieurs dispositifs quadripolaires, dont les plus utilisés
sont :
Dispositif WENNER
AM=MN=NB

L’équation appliquée est :


V
 2
a
I

Dispositif SCHLUMBERGER
90 COURS DE PROSPECTION MINIERE

M-N : distance constante


A et B bougent.
V
2 L l
2 2

L’équation appliquée est :



I 4l
Deux électrodes à la surface

Lorsque la distance entre deux électrodes du courant est finie, le


potentiel en un point P1 est affecté par ces deux électrodes (figure 30 ci-
dessous). Le potentiel au point P1 dû à l’électrode C1 est

I
V  ,
2r1
1

Et le potentiel au point P1 dû à l’électrode C2 est


I 
V2  ,
2 r2

Figure 30 : Disposition à quatre électrodes en surface

Puisque le courant qui sort par une électrode est égal au courant
qui entre par l’autre électrode, on peut écrire que I1 = - I2. Le voltage total à
P1 est

I   1 1 
V1 V2    .
2  r1 r2 
COURS DE PROSPECTION MINIERE 91

Ainsi, la différence de potentiel ∆V entre deux électrodes de
potentiel sera

V  V1  V2   V3  V4 ,


Ou encore 

I   1 1   1 1 
V    
   
   .
2 r1 r 2   3 r r 4 

B. Sondages électriques
Après le profil électrique, on peut choisir certains points de mesure
pour explorer d’avantage en profondeur. Le sondage électrique est donc une
exploration verticale du sous sol, au droit du point de mesure, le centre du
dispositif.
Au cours du sondage, le centre du dispositif de mesure reste fixe
tandis que l’écartement des électrodes A et B croit progressivement. Plus
AB est grand plus le courant passe plus profondément.
On peut obtenir des cas suivants :
a)

Un terrain homogène de résistivité ρa= f(AB) est une droite

b)
92 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Ici tant que AB est petit, seul la première couche de résistivité ρ1


est intéressée et la courbe de sondage est asymptotique à ρa=ρ1.
Si AB augmente, l’influence de ρ2 devient prépondérante et la
courbe de sondage électrique tend asymptotiquement vers ρa=ρ2.
c)

On obtient (figure 31) : quatre types de courbe de sondage pour des terrains à
trois couches

Figure 31 : Les quatre types de courbes de sondage


COURS DE PROSPECTION MINIERE 93

V.3.1.2. La polarisation provoquée

Principe
Jusqu’ici on a supposé que lorsqu’on injectait un courant dans le
sol, le potentiel mesuré en surface était obtenu instantanément et que, d’une
façon similaire, lorsque le courant est coupé, le potentiel tombe
instantanément à zéro. Dans la pratique, il existe un délai entre le temps où
le voltage atteint son maximum et aussi pour qu’il tombe à zéro. Ces délais
tombent dans deux catégories : instrumentale et effet du sol. En général, les
délais instrumentaux sont très faibles. Cependant, le délai du sous-sol, lui,
est souvent significatif. Il varie de place en place et le temps de délai et la
forme de la courbe de décharge constituent des paramètres utiles pour
l’investigation du sol.
Au cours de cette méthode, on utilise une source de champ
variable.
Cette méthode est spécialement utilisée pour la recherche des
minéralisations sulfurées disséminées dans une gangue isolante.
On injecte le courant pendant une fraction de seconde, puis on
coupe ; pendant l’envoi du courant, des grains de minerai se polarisent
progressivement et des dipôles qui se forment s’opposent au passage du
courant, tandis qu’après coupure, ils se déchargent, ce qui crée un champ
transitoire observable en surface. Les minéraux conducteurs seront ainsi
mis en évidence grâce au courant restitué.

Origine et propriétés de la Polarisation Provoquée


Le passage d’un courant électrique dans un sol s’accompagne de
processus électroniques dont le caractère et l’intensité dépendent
directement des propriétés chimiques et physiques du sol.

Le passage du courant peut se faire de deux façons :

(1) par conductibilité électrique pour laquelle il y a déplacement


d’électrons libres dans les particules métalliques (pyrite, chalcopyrite, …) : et
(2) par conductibilité ionique pour laquelle il y a déplacement d’ions dans les
94 COURS DE PROSPECTION MINIERE

solutions contenues dans les pores et les fractures des roches.

La polarisation provoquée a pour origine des processus


électrochimiques qui se produisent lorsque le courant passe : (1) d’un milieu
à conductibilité ionique (eau) à un milieu à conductibilité électronique ; et
(2) d’un milieu à conductibilité ionique à un milieu peu conducteur ou au
contact d’un milieu de conductibilité ionique différente.

Minéraux donnant des effets de polarisation provoquée :


1. la plupart des sulfures ;

2. quelques oxydes (la magnétite) ;

3. le graphite ;

4. certaines argiles (bentonite).

L’effet de polarisation provoquée pour la polarisation de membrane


est un phénomène plus faible que celui de la polarisation d’électrode. Les
deux effets sont semblables et rien ne permet de les distinguer dans les
mesures.

V.3.1.3. Méthode des potentiels

On travaille en courant continu.


Dans cette méthode, on laisse A et B séparés de 0,5 ; 1 à 2 Km, et
on injecte le courant comme dans le cas des mesures de la résistivité.
Cependant ici on utilise un voltmètre.

On mesure les différences de potentiels lues sur tous les points et


on les reporte sur une carte. En reliant les points de mêmes potentiels, on
obtient les courbes équipotentielles.
Lorsqu’on a un corps conducteur dans le sous-sol, les lignes sont
disposées comme suit :
COURS DE PROSPECTION MINIERE 95

Les lignes se concentrent sur le corps :

Si le corps est isolant :

V.3.1.4. Méthode de mise à la masse

C’est une variante de la méthode des potentiels.


96 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Pour connaître l’extension du gisement affleurant en partie, on


place l’une des électrodes sur le corps minéralisé affleurant tandis que
l’autre est implantée dans une zone où la minéralisation recherchée
n’affleure pas et on injecte le courant. On dresse une carte des courbes
équipotentielles.
Les courbes se concentrent autour du corps minéralisé et mettent
en évidence la géométrie de celui-ci (figure 32).

Figure 32 : Mise en évidence de la pyrite

V.3.1.5. Méthode de polarisation spontanée (P.S.)

Principe
Par polarisation spontanée, on entend deux choses. D’abord on
peut parler du phénomène physique comme tel, à savoir la génération de
potentiels électriques dans les sols sans influence humaine. On utilise
également cette expression pour désigner la méthode de prospection basée
sur la mesure du phénomène. La polarisation spontanée est causée par
l’activité électrochimique ou mécanique, soient (1) altération des sulfures ;
(2) variation de la composition des roches aux contacts géologiques ; (3)
activité bioélectrique du matériel organique ; (4) corrosion ; et (5) gradients
thermiques et pression dans les fluides souterrains.
On n’injecte pas le courant, on mesure plutôt le courant naturel.
Le corps minéralisé (amas sulfureux, graphites) agit à cause de sa
situation par rapport au niveau hydrostatique, comme une pile avec un pôle
positif et un pôle négatif (figure 33). Ce corps est soumis à des réactions
chimiques.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 97

Figure 33 : Effet de pile autour du corps sulfureux


Il se crée alors un effet de pile, et les courants correspondants
produisent un champ dont on peut suivre les courbes équipotentielles à la
surface du sol.
Sur un profil, on note un minimum à l’aplomb de l’amas.
Les sources naturelles du potentiel électrique
 Potentiel électrocinétique

Ce potentiel est observé lorsqu’une solution de résistivité ρ et de


viscosité η traverse un matériau poreux. Ce phénomène a une origine
mécanique ; il se produit généralement sous l’influence de la gravité. Sa
valeur est donnée par :

P  
E k   (mV)
4  

Avec 0 étant le potentiel d’adsorption de l’interface solide-liquide,


∆P étant la différence de pression ; et ε étant la constante diélectrique de la
solution.

Ce potentiel est généralement d’effet négligeable, sauf lorsque la


topographie a une incidence marquée sur la conduction hydraulique de l’eau
d’imbibition, ou que la végétation agit suffisamment sur le drainage de l’eau
souterraine.

 Potentiel de diffusion

Ce potentiel est dû à la différence de mobilité des ions dans une


solution de concentration variable. L’équilibre ne peut se faire également de
98 COURS DE PROSPECTION MINIERE

part et d’autre et un ∆V est généré. Il est de nature chimique. Pour NaCl à


25°C.
C 
E d  11 ,6 log 1  (mV)
 C 2 

 Potentiel de Nernst (shale potential)

Lorsque deux électrodes métalliques sont immergées dans une


solution dont la concentration est différente pour les deux électrodes, il y a
une ∆V de créée. Il s’agit d’un phénomène chimique.
 C 
E s  59 ,1 log 1  (mV) (2.3)
C 2 

 Potentiel de contact électrolytique

On observe le potentiel de contact lorsque deux électrodes de


métaux différents sont introduites dans une solution électrolytique.

 Le potentiel de minéralisation

Le potentiel de minéralisation est associé avec les sulfures


métalliques, le graphite et certains oxydes métalliques comme la magnétite.
L’anomalie se produit le plus souvent au dessus des sulfures métalliques
(pyrite, chalcopyrite, pyrrhotite, sphalérite, galène, graphite) et présente une
anomalie variant de quelques mV à V, 200 mV étant considéré comme une
bonne anomalie. Les potentiels observés sont toujours (ou presque) négatifs.
Ces potentiels sont relativement stables dans le temps (à part les
telluriques).

On doit bien distinguer le potentiel de minéralisation des bruits de


fond dus à toutes les autres causes. L’amplitude de ∆V de chacune de ces
causes varie beaucoup mais reste en général inférieure à 100mV. Puisqu’ils
peuvent être aussi bien positifs que négatifs, ces potentiels ont tendance à
s’annuler sur de grandes distances ; mais à une échelle plus grande, il va
exister une régionale. Le bruit de fond le plus inquiétant est dû au
phénomène bioélectrique qui peut atteindre 100 mV, qui est reconnaissable
si on fait attention.

Peut-on s’en servir comme méthode d’exploration ? Considérant


COURS DE PROSPECTION MINIERE 99

qu’on peut avoir des ∆V allant jusqu’à 1 V au dessus de minéralisation et


que ces ∆V sont stables dans le temps, la réponse est oui.

Les Mécanismes supposés de la P.S.


Plusieurs modèles sont proposés mais aucun n’explique
entièrement le phénomène. La meilleure théorie est celle de Sato et Mooney
(1960). Ces auteurs supposent qu’il s’agit d’un phénomène d’oxydoréduction
(voir figure précédente) : deux réactions chimiques de signes opposés se font
de part et d’autre de la nappe phréatique. Au dessus, la tête du gisement
agit comme une cathode, il y a une réaction de réduction (gain d’électrons).
Au dessous, la base du gisement agit comme une anode où il y a réaction
d’oxydation (perte d’électrons). La zone minéralisée ne sert qu’à transporter
les électrons de l’anode vers la cathode.

D’après le modèle de Sato et Mooney, l’anomalie ∆Vmax pour le


graphite est de 0,78 V ; 0,73 V pour la pyrite ; et 0,33 V pour la galène.

Ce modèle présente certaine lacune. On a déjà rencontré des


valeurs de 1,5 V au dessus du graphite. La théorie suppose également que la
minéralisation est conductrice, or on a des anomalies au dessus de la
sphalérite qui n’est pas un bon conducteur.

La P.S. comme méthode de prospection


Grâce à sa grande simplicité, la P.S. est une très vieille méthode.
Un dénommé Robert Fox l’a utilisée en 1830 pour trouver l’extension de
dépôts de cuivre.

Théoriquement, on peut faire des mesures de P.S. avec un


équipement aussi simple qu’un voltmètre et deux électrodes. Cependant, afin
de s’assurer d’une bonne qualité des données, il faut compter sur un
matériel approprié. Le choix des électrodes s’avère de première importance.
En effet, la performance des électrodes dépend de leur polarisation et de leur
dérive.

Interprétation des résultats


L’interprétation se fait traditionnellement par contours ou par
profils. L’anomalie est située directement au dessus du corps la générant,
100 COURS DE PROSPECTION MINIERE

mais peut être déplacée par un effet topographique. L’interprétation est


surtout qualitative. On peut avoir une idée du pendage avec le gradient des
courbes de contours. La forme du corps anomal est indiquée par la forme
des contours.

Par ailleurs, il existe une certaine quantité de courbes types pour


des corps de géométries simples (Corwin, 1990). Ces corps simples sont : la
source ponctuelle, la ligne horizontale, la sphère, le cylindre, la « feuille »
verticale (voir modèles développés en prospection gravimétrique). On se sert
de ces courbes types pour les comparer à nos mesures et ainsi déterminer
approximativement la forme et la profondeur du corps générateur de notre
anomalie.

Désavantages de la méthode
On note les désavantages ci-après :

 s’il n’y pas de réaction de P.S., on ne détecte rien ;

 l’investigation est limitée en profondeur à moins de 60 m ;

 l’interprétation quantitative est difficile à réaliser suite au


caractère erratique des anomalies.

Conclusion
La P.S. joue un rôle mineur en exploration (difficulté
d’interprétation et rayon d’investigation limité). Par contre, elle est rapide,
économique, et peut être utilisée en association avec une autre méthode.

V.3.1.6. Les mesures en forage (diagraphies)

Résistivité en forage
Pour les levés dits de type conventionnel, on dénombre quatre
configurations de mesure :

1. P.S. ;

2. 16’’ normal (sondage normale de 16’’) (figure 34) ;

3. 64’’ normal (sondage normale de 64’’) ;

4. Sonde latérale 18’ 8’’ (voir figure 35).


COURS DE PROSPECTION MINIERE 101

Calcul de la résistivité vraie (Rt) de la formation

La résistivité mesurée dans le forage dépend de la résistivité de la


boue en plus de la résistivité de la formation avoisinante. Une série de règles
de calcul ont été mises au point pour déterminer Rt.

Figure 34 : Configuration normale

Figure 35 : Configuration sonde latérale


102 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Applications
En prospection pétrolière, les multiples mesures faites en forage
permettent de bien caractériser les réservoirs. Par méthodes combinées, on
peut évaluer la porosité, la perméabilité, le contenu en hydrocarbures et la
géométrie des structures. Ceci se fait à partir des mesures de la résistivité,
de densité (diagraphie nucléaire par méthode gamma-gamma), de la P.S., de
la radioactivité naturelle, de la température et de la pression.

Ces techniques sont applicables en recherche d’eau mais elles


demeurent coûteuses, ce qui limite leur utilisation (elles ne sont pas
nécessairement rentables).

En prospection minière, l’apparition de la Polarisation Provoquée a


incité l’utilisation accrue des méthodes électriques en forage pour la
caractérisation des gisements. Elles renseignent sur la dissémination du
minerai et donnent une idée de la distribution (mesures directionnelles).

Par ailleurs, les techniques de tomographie sont de plus en


utilisées. Elles se font à partir de deux ou plusieurs trous et permettent de
reconstruire un modèle 2D ou 3D du sous-sol.

V.3.2. La prospection électromagnétique


A. Principe
La prospection par champs électromagnétiques artificiels ou
naturels porte le nom de prospection électromagnétique. Les techniques
électromagnétiques peuvent être variées quasiment à l’infini, de sorte qu’il
ne peut être question ici que d’en faire ressortir les principes généraux, les
avantages, les inconvénients, les limitations.

La complexité de phénomènes, et, par conséquent, les difficultés


mathématiques d’interprétation y sont bien plus grandes encore que
lorsqu’on se sert de courants continus (DC). C’est pourquoi, si les techniques
électromagnétiques sont parfois intéressantes, très intéressantes même
quand il s’agit d’une reconnaissance rapide, digne « détection » sommaire ou
de la simple découverte des zones d’anomalies, l’interprétation quantitative
en 1D, 2D et 3D peut devenir très compliquée et loin d’être « intuitive ».
Autre inconvénient des techniques de prospection électromagnétique : leur
COURS DE PROSPECTION MINIERE 103

profondeur d’investigation est limitée, d’autant plus limitée que la fréquence


est plus élevée.

Tous les appareils de prospection électromagnétique répondent à


une grande variété de conducteur tant naturels qu’artificiels, qui peuvent se
classer comme suite :

1. conducteurs superficiels

 mort- terrain (terrain marécageux, argileux)

 Fonds de lacs et lits de cours d’eau

 Formations conductrices (argiles)

 Topographie (relief).

2. conducteurs dans la roche en place

 Graphite

 Sulfures massifs

 Magnétite massive

 Zone de cisaillements et failles

 Péridotite serpentinisée

3. Conducteurs artificiels (anthropiques)

 Réservoirs métalliques

 Conduites et déchets métalliques

 Pipe-lines

 Voies ferrées

 Lignes à haute tension

Les gisements de sulfures exploitables sont très rares. Dans la


plupart des cas, il est impossible de distinguer la réponse de ces masses de
celles des sulfures stériles ou du graphite en ne faisant appel qu’aux estimés
de la conductivité du dépôt. La discrimination entre les différents types de
conducteurs se fait à l’aide d’une méthode géophysique complémentaire
comme par exemple la gravimétrie, ou par forage pour mettre en évidence
l’enracinement de l’anomalie et à quoi celle-ci est liée.
Lorsqu’une onde électromagnétique (EOM) pénètre dans le sol, elle
104 COURS DE PROSPECTION MINIERE

induit dans les corps conducteurs des courants de Foucault, qui sont
déphasés par rapport au champ primaire et se distribuent selon la géométrie
des conducteurs. Ces courants induits créent un champ secondaire. Le
courant résultant (combinaison des champs primaire et secondaire) est
déformé au voisinage des conducteurs : ce sont ces déformations qui sont
mesurées à la surface du sol et qui renseignent sur la présence des
conducteurs souterrains (couches, amas, filons, failles).
Les méthodes EOM nécessitent donc un émetteur (qui créera le
champ primaire) et un récepteur (qui permettra de mesurer certains
paramètres du champ résultant).
L’une des méthodes très utilisées est la VLF (Very Low Frequency)
qui recourt aux ondes EOM émises par des stations radios militaires qui
veulent envoyer des messages aux sous-marins ne désirant pas faire surface.
Pour pouvoir pénétrer dans la mer, ces ondes doivent avoir une fréquence
radio très faible 15-25Khz.
D’où la profondeur d’investigation ≤ 40m (inconvénient)
Néanmoins, les avantages sont:
De ne pas s’occuper de l’émetteur (gain en temps et en
personnel)
L’utilisation d’un émetteur lointain : donc pas d’effet source,
ce qui facilite l’interprétation des mesures.

B. Stations émettrices :
 FUO : 15,1 KHz : à Bordeaux (France),
 GBR : 16KHz : à Rugby (Grande-Bretagne),
 NAA : 17,8 KHz : à Cutler (USA).

C. Appareillage et fonctionnement :
Les appareils sont constitués de :
l’antenne : une partie horizontale (mesure de la composante
électrique) et une verticale (composante magnétique) en
ferrite entourée de spires,
Le système analogique de traitement des signaux,
Un inclinomètre qui permet de corriger la position de
COURS DE PROSPECTION MINIERE 105

l’antenne, donc l’orienter pour mieux capter la station


émettrice.
Si l’on a une idée sur la direction approximative de l’allongement
des corps conducteurs, on choisira une station émettrice dans cette direction
et on fera des profils perpendiculaires à cette direction. Sinon faire deux
levés avec profils perpendiculaires.
Les électrodes seront implantées sur le profil à 5 m de part et
d’autre de l’opérateur et alignées en direction de l’émetteur.

D. Traitement des données


 Cartes isanomales
106 COURS DE PROSPECTION MINIERE

 Allure des courbes mesurées et dérivées


Courbes dérivées : on transforme le point d’inflexion en un
maximum ou minimum plus aisément perceptible (figure 35).

Figure 36 : Utilisation des courbes dérivées pour la mise en évidence des filons
COURS DE PROSPECTION MINIERE 107

V.3.3. Domaines d’application des méthodes électriques et


électromagnétiques
A. Exploration indirecte

L’objectif poursuivi est de préciser les grandes lignes structurales


et tectoniques d’une région donnée et de délimiter les différents
compartiments lithologiques en présence.
Les méthodes suivantes sont les mieux indiquées :
 sondages électriques et EOM,
 cartes électriques et EOM.
On peut les exécuter en aéroporté (si les surfaces à explorer sont
vastes) ou en prospection pédestre (secteurs plus délimités).

B. Exploration directe

a) Recherche de minéraux métalliques :


Conducteurs massifs (amas sulfurés de Pb et de Cu) : électrique,
EOM, Polarisation spontanée, polarisation provoquée.
Minéraux métalliques disséminés dans la roche mère : seule la
polarisation provoquée permet de les détecter.
b) Recherche de matériaux de construction :
Gravier, calcaires, gypse, craie, kaolin.
Résistivité : contraste de résistivité entre ces matériaux et les
terrains encaissants.
De plus des indications précieuses peuvent être fournies sur
l’épaisseur du recouvrement stérile qu’il faudra excaver pour les
exploitations en carrière.
c) Recherche de l’eau : Méthodes électriques : étude des nappes
alluviales , des nappes perchées ; recherche des aquifères en terrain
cristallin ou volcanique ; limite des invasions salées et des nappes d’eau
douce. Les méthodes électriques permettent bien souvent de préciser la
morphologie des aquifères, mais également de fournir des renseignements
sur leur nature et leur qualité grâce aux relations qui existent entre la
résistivité et la porosité. Méthodes sismiques (voir au point V.6.) : structure
du sous-sol, porosité et perméabilité des potentiels aquifères.
108 COURS DE PROSPECTION MINIERE

d) Etude de génie civil : sondages électriques et cartes de résistivité


en courant continu, plus rarement méthode EOM.
Ce domaine comprend les études de sites de barrage (cubage des
terrains meubles à enlever, allure du toit du bedrock sain, détermination de
l’épaisseur de la roche altérée, fissurée et décomprimée, problèmes de fuites
au niveau de la retenue,…), l’étude de fondation d’ouvrages d’art ou
d’immeubles, étude de tracés de voies ferrées, de routes ou d’autoroutes, y
compris des tunnels éventuels.

V.4. Prospection gravimétrique


V.4.1. Principe de la méthode
A. Notions de base
La gravimétrie est une méthode géophysique qui étudie les
variations du champ de la pesanteur et qui en déduit les variations de
densité du sous-sol.
Les variations de densité sont ensuite interprétées en termes de
nature (minéraux denses ou non), de structure, de géométrie des terrains.
La gravimétrie est basée sur la loi de gravitation universelle de
Newton : 
m.m '
F en dynes  f
r2
F est la force d’attraction réciproque de deux masses ponctuelles m
et m’ distants de r.
f est la constante de gravitation universelle et vaut 6,67. 10-8
Cm2/g s2.
Un corps initialement au repos qui fait une chute libre sur la terre
tombe à une vitesse moyenne de 980 Cm/s dans la direction verticale. Ce
corps connaît une accélération qui est exprimée en gal (1Cm/s2). Compte
tenu des valeurs observées en géophysique, l’unité de mesure la plus
couramment utilisée est de 10-3gal (milligal)
L’accélération terrestre moyenne est de 980 gals
Equateur : 978 gals
Pôle : 983 gals, suite à l’aplatissement.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 109

Cette valeur de g varie en fonction de la latitude et de l’altitude et


des discontinuités de terrain. On obtient des anomalies gravimétriques qui
peuvent être interprétées. Ces anomalies gravimétriques sont les différentes
entre les valeurs de la pesanteur calculées sur l’ellipsoïde, et les valeurs
correspondantes réellement mesurées et auxquelles on a fait subir certaines
corrections pour les ramener au niveau de cet ellipsoïde.
Donc en géophysique, ce ne sont pas les valeurs absolues qui nous
intéressent, mais plutôt les valeurs relatives ∆g d’un point à un autre. Ce
sont les hétérogénéités dans la distribution des densités du sous-sol qui
causent des variations de g appelées anomalies gravimétriques locales qui se
superposent à l’accélération terrestre normale.

On peut noter le contraste de densité entre l’encaissant et la


minéralisation
Un excès de masse provoque une anomalie positive.
Un défaut de masse provoque une anomalie négative.
Pour mieux évaluer ces anomalies il faut travailler dans les mêmes
conditions. Un certain nombre de corrections aux valeurs brutes mesurées
sur le terrain s’imposent.
110 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Traitement des données


On représente les anomalies de Bouguer en traçant les iso
anomales (ou isanomales) c-à-d des lignes d’égales anomalies de Bouguer.
Ce document est interprété en termes de variation de densité du sous-sol
due parfois à une masse minérale appelée masse causative. L’étude de
l’anomalie de Bouguer induite par la masse causative permet d’apprécier la
position, les dimensions, la forme et l’orientation de cette masse

Influences des caractères pétrographiques sur la densité des roches du sous-sol


a. composition : les roches du SIMA (manteau) sont plus denses
que celles du SIAL (croûte)
b. texture : les roches solidifiées en profondeur sont plus denses
que celles consolidées en surface (refroidissement rapide
laissant des vides)
c. minéralisation : les minéraux métalliques sont plus denses que
les minéraux transparents constituant la gangue
d. porosité et fracturation : elles diminuent la densité des roches
suite aux vides qu’elles génèrent.
e. métamorphisme : par pression elle augmente la densité des
roches.

Lois de l’attraction universelle


Première loi de Newton
Deux particules de masse m1 et m2 séparées par une distance r
sont attirées l’une vers l’autre par un force F telle que :
 
G m m 
  1 2
r1
F r1
2



Où F est la force appliquée sur la masse m2, r , le vecteur unitaire


1
(voir figure ci-dessous), r1, la distance entre les masses m1 et m2, et G, la
constante universelle de la gravité, r1 et G sont données par :

x 2  x 1  2   y 2  y 1  2   z 2 z 1 
2
r1 

8
G 6 ,67 X 10 dyne cm 2
/ g 2 CGS
 11
6 ,67 X 10 Nm 2
/ kg 2
SI
COURS DE PROSPECTION MINIERE 111

Figure 37 : Détermination de la force dans le plan X-Y-Z

Deuxième loi Newton


Il faut appliquer une fois F à une masse m pour lui faire subir une
accélération α. Ceci se traduit par la relation :
 

F m a
L’accélération d’une masse m à la surface du sol s’exprime donc
par :
 GM 
T 
a  r  g
2
RT

Où MT est la masse de la terre (5,977 X 1024kg) et RT le rayon


moyen de la terre (6370 Km). g est dite « accélération de la gravité » et vaut
en moyenne 9,81 m/S2.
En l’honneur de Galilée, on a nommé l’unité d’accélération
gravitationnelle de gal avec :

2
1 gal  1 cm / S 2
 10 m / s2
3 5
1 mgal  10 gal  10 m / s2
112 COURS DE PROSPECTION MINIERE

La précision d’un gravimètre d’exploration est de l’ordre de 0,01


mgal (10-7 m/s2). Les gravimètres pour les études géodynamiques ou
géotechniques sont sensibles au µgal, soit 10-8 m/s2, environ le milliardième
de g.
B. Une référence pour la terre
B.1. Une ellipsoïde de révolution : le sphéroïde
Pour prédire le champ gravitationnel de la terre en tout point, sa
forme et ses variations de densité doivent être connues. A cause de sa
rotation, la terre n’est pas sphérique. Sa forme peut être approximée par un
ellipsoïde de révolution quelques fois appelé sphéroïde et caractérisé par son
coefficient d’aplatissement :
Req Rpo 1

Req 298,247
Où Req est le rayon de la terre à l’équateur (6378,138 Km) et Rpo le
rayon de la terre au pôle.
Sur l’ellipsoïde, la gravité de référence go pour un point de latitude
φ est (formule » acceptée depuis 1967 par l’Union International de Géologie
et de Géophysique (I.U.G.G.) :


gth 9,7803 15,2789 X 103 sin 2 23,462 X 10 6 sin 4  
C. Densité des roches
Les tableaux 11-14 ci-dessous donnent un ordre de grandeur
des densités pour les roches magmatiques, sédimentaires et
métamorphiques. Les tableaux 15-16 traitent des densités moyennes des
minéraux. On y note une grande hétérogénéité des valeurs.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 113

Tableau 11: Densité des roches ignées (g/cm3)

Type de roche Intervalle Moyenne Type de roche Intervalle Moyenne


Rhyolite vitreuse 2,20-2,24 2,24 Diorite quartzeuse 2,62-2,96 2,79

Obsidienne 2,20-2,40 2,30 Diorite 2,72-2,99 2,79

Vitrophyre 2,36-2,53 2,44 Laves 2,80-3,00 2,85

Rhyolite 2,35-2,70 2,52 Diabase 2,50-3,20 2,91

Dacite 2,35-2,80 2,58 Essexite 2,69-3,14 2,91

Phonolite 2,45-2,71 2,59 Norite 2,70-3,24 2,92

Trachyte 2,42-2,80 2,60 Basalte 2,70-3,30 2,99

Andésite 2,40-2,80 2,61 Gabbro 2,70-3,50 3,03

Néphéline- Syénite 2,53-2,70 2,61 Hornblende-Gabbro 2,98-3,18 3,08

Granite 2,50-2,81 2,64 Péridotite 2,78-3,37 3,15

Granodiorite 2,67-2,79 2,73 Pyroxénite 2,93-3,31 3,17

Porphyre 2,67-2,89 2,74 Ignées acides 2,30-3,11 2,61

Syénite 2,60-2,95 2,77 Ignées basiques 2,09-3,17 2,79

Anorthosite 2,64-2,94 2,78

Tableau 12 : Densité des roches métamorphiques (g/cm3)

Type de roche Intervalle Moyenne Type de roche Intervalle Moyenne


Quartzite 2,50-2,70 2,90 Serpentine 2,40-3,10 2,78
Schiste 2,39-2,90 2,64 Ardoise 2,70-2,90 2,79
Grauwacke 2,60-2,70 2,65 Gneiss 2,59-3,10 2,80
Granulite 2,52-2,73 2,74 Schiste à chlorite 2,75-2,98 2,87
Phyllite 2,68-2,80 2,75 Amphibolite 2,90-3,51 2,96
Marbre 2,60-2,90 2,77 Eclogite 3,20-3,51 3,37
Ardoise quartzique 2,63-2,91 Métamorphique 2,10-3,10 2,71
114 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Tableau 13: Densité des roches sédimentaires (g/cm3)

Type de roche Intervalle Moyenne


Grès 1,61-2,76 2,32
Schiste argileux 1,71-2,45 2,42
Calcaire 1,93-2,90 2,54
Dolomie 2,36-2,90 2,70

Tableau 14 : Densités des matériaux rocheux typiques (g /cm3)

Roches ignées

Roche Nombre d’échantillons Intervalle


Granite 155 2,516-2,809
Granodiorite 11 2,668-2,785
Syénite 24 2,630-2,899
Diorite 13 2,721-2,960
Norite 11 2,720-3,020
Gabbro 27 2,850-3,120
Diabase 40 2,804-3,110
Péridotite 3 3,152-3,276
Dunite 1 3,289
Pyroxénite 8 3,10-3,318
Anorthosite 12 2,640-2,920
COURS DE PROSPECTION MINIERE 115

Tableau 15: Densités des minéraux (g/cm3)

Minéral Intervalle Moyenne Minéral Intervalle Moyenne


Cuivre - 8,7 Sulfures, Arséniures
Argent - 10,5 - Sphalérite 3,5-4,0 3,75
Or 15,6-16,4 - - Covellite - - 3,8
Oxydes, carbonates - Malachite 3,9-4,03 4,0
- Limonite 3,5-4,0 3,78 - Chalcopyrite 4,1-4,3 4,2
- Sidérite 3,7-3,9 3,83 - Stannite 4,3-4,52 4,4
- Rutile 4,18-4,3 4,25 - Stibnite 4,5-4,6 4,6
- Manganite 4,2-4,4 4,32 - Pyrrhotine 4,5-4,8 4,65
- Chromite 4,3-4,6 4,36 - Molybdénite 4,4-4,8 4,7
- Ilménite 4,3-4,6 4,67 - Marcassite 4,7-4,9 4,85
- Pyrolusite 4,7-5,0 4,82 - Pyrite 4,9-5,2 5,0
- Magnétite 4,9-5,2 5,12 - Bornite 4,9-5,4 5,1
- Franklinite 5,0-5,22 5,12 - Millérite 5,3-5,65 5,4
- Hématite 4,9-5,2 5,18 - Charballite 5,5-5,8 5,65
- Cuprite 5,7-6,15 5,92 - Cobalite 5,8-6,3 6,1
- Cassitérite 5,8-7,1 6,92 - Arsénopyrite 5,9-6,2 6,1
- Wolframite 7,1-7,5 7,32 - Smaltite 6,4-6,6 6,5
- Uraninite 8,0-9,97 9,17 - Bismuthinite 6,5-6,7 6,57
- Argentite 7,2-7,36 7,25
- Niccolite 7,3-7,67 7,5
- Galène 7,4-7,6 7,5
- Cinabre 8,0-8,2 8,1
116 COURS DE PROSPECTION MINIERE

TABLEAU 16 : Densités des minéraux non métalliques et des


minéraux divers

Type Intervalle Moyenne Type Intervalle Moyenne


Neige - 0,125 Gypse 2,20-2,60 2,35
pétrole 0,60-0,90 - Bauxite 2,30-2,55 2,45
Glace 2,88-0,92 - Kaolinite 2,20-2,63 2,53
Eau de mer 1,01-1,05 - Orthoclase 2,50-2,60 -
Tourbe - 1,05 Quartz 2,50-2,70 2,65
Asphalte 1,10-1,20 - Calcite 2,60-2,70 -
Lignite 1,10-1,25 1,19 Talc 2,70-2,80 2,71
Houille grasse 1,20-1,50 1,32 Anhydrite 2,90-3,00 2,93
Anthracite 1,34-1,80 1,50 Biotite 2,70-3,20 2,92
Brique - 1,50 Magnésite 2,90-3,12 3,03
Carnallite 1,60-1,70 - Fluorine 3,01-3025 3,14
Soufre 1,90-2,10 - Epidote 3,25-3,50 -
Craie 1,53-2,60 2,01 Diamant - 3,52
Graphite 1,90-2,30 2,22 Barite 4,30-4,70 4,47
Zircon 4,00-4,90 4,57

V.4.2. Les données gravimétriques : Corrections et


références
Afin d’obtenir les variations du champ gravitationnel dues à des
causes géologiques, il est nécessaire de corriger nos lectures de toutes les
autres causes extérieures pouvant les influencer (dérive de l’appareil, marée,
ellipticité de la terre….)
A. Correction de dérive
Par cette correction, on tente d’éliminer l’influence apportée sur les
mesures par les marées (figure 38) et la fatigue de l’instrument.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 117

Figure : Marées gravimétriques


Dans ce but il est nécessaire de suivre un certain cheminement
entre les stations de lectures. Dans la pratique on fait une série de mesures
en suivant un cheminement en boucle : la série débute habituellement en un
point donnée et se termine à ce même point (figure). Le point de départ de la
boucle est normalement relié à une station de base.

Figure 39 : Mesures en boucle


En général, les mesures du début et de la fin à la station de base
ne sont pas semblables. Cette différence, appelée dérive, est due en partie
au gravimètre, et en partie à la marée lunaire. Les valeurs mesurées sont
donc entravées d’erreurs puisqu’une de leurs composantes provient de la
dérive et ne reflète pas un changement dans les valeurs dz.g dû à des
hétérogénéités du sous-sol.
La correction est faite en supposant que la dérive est linéaire dans
le temps. Donc si on est passée à la station de base aux temps T1 et T2 et que
les valeurs mesurées étaient respectivement V1etV2, le taux de dérive TD
est défini par :
118 COURS DE PROSPECTION MINIERE

V V1
TD  2
T2 T1
Lorsque la dérive est positive, c’est que les mesures ont été
surestimées, il faut donc les diminuer. La correction est faite en supposant
que la dérive est linéaire dans le temps. La correction de dérive sera
négative. Inversement, dans le cas où la dérive est négative, les mesures sont
sous-estimées et la correction devra être positive.
Ainsi toute valeur V prise au temps T (où T1 ≤T≤T2) est corrigée
par la formule suivante :

v V 
vcor  Vlu   2 1 X T T1 
T2 T1 

Station Lecture Temps


1 1032,1 12h15
2 12h20
3 12h25
4 12h31
5 12h35
6 12h39
1 1031,0 13h05


Exemple : le taux de dérive est :
1031,0 1032,1 1,1
TD   0,022 div./ min utes
133h05 12h15 50
Donc, pour la lecture de la station 4, prise 16 minutes après la
1ère lecture de la station 1, la correction est de :

16 X 0,0220,352 div. 0,4 div


Station Temps Lecture
BL1 8h50 1027,9
BL2 8h53
BL3 8h56
BL4 9h00
… …
BL10 10h00
BL12 10h30 1028,7
COURS DE PROSPECTION MINIERE 119

La dérive est de 1,1 division (1032,0-1030,1+1027,9), et le taux de


correction est de 0,011 div/minute (1,1/1h40). La correction de niveau vaut
2,2 div. (1030,1-1027,9). Ainsi pour la station BL1 (2ème journée) :

Vcor 1027,9 0,011 X 0 2,2 1032,1 M 1


Et pour la station BL2 (2ème journée) :
10h30’ - 8h50’ = 100’

Vcor 1028,7 0,011 X 100 2,2 1030,0 M 2


B. Correction de latitude
Cette correction tient compte des variations de g avec la latitude
dues à la rotation de la terre et à son aplatissement.
A partir des mesures géodésiques mondiales, on sait que la terre
est un ellipsoïde de révolution presque parfait. Sur cette surface, le champ
gravitationnel peut être décrit par l’équation suivante (IUGG.1967) :

 
gth 978,03 15,2789 X 10 3 sin 2 23,462 X 10 6 sin 4  gals
Où gth(φ) est la valeur du champ au point de latitude géocentrique
φ. La correction ∆L pour un déplacement dl suivant un méridien est donc :

dgth
 L  dl
dl
Avec

dl RdRe d

Où Re est le rayon équatorial de la terre (6378 km).


Finalement,

 L 0,081dl sin 2mgal /100 m :N S 



L’équation est linéaire (i.e. φ = Constante) sur une distance
d’environ 1,5 km. Comme gth est plus fort aux pôles qu’à l’équateur, il faut
additionner ∆L (correction positive) pour un déplacement N→ S. Il convient
de noter que pour obtenir une précision acceptable, on doit chercher à
positionner les différentes stations avec une précision d’une dizaine de
mètres (par exemple à partir de photos - aériennes). Pour une précision de
120 COURS DE PROSPECTION MINIERE

0,01 mgal, il faut connaître à ± 10m la distance entre 2 stations séparées de


100m si φ = 45°. Il est à noter que les corrections sont positives lorsque les
stations se localisent au sud de la ligne de référence et négative pour celles
se situant au nord. Aucune correction n’est apportée pour un cheminement
est-ouest. Dans un levé local, les corrections ne sont pas calculées pour
chacune des stations à partir de la formule générale ; mais sont plutôt
déterminées à partir d’une grille proprement graduée. Par exemple,
supposons un levé de gravimétrie à effectuer autour de la latitude
géographique 48°44’ N. L’échelle des cartes de travail est de 1 : 2000
(20m/cm) et nos stations de mesure sont espacées de 25m.

Dans un premier temps, il faut convertir la latitude géographique


en latitude géocentrique. Pour cela, on utilise la figure suivante.

On a θ = 48°44’, ce qui donne une correction de 0,192. Alors, φ =


48,733 – 0,192 = 48,541. On trouve alors la correction de latitude
correspondante, soit :

L 0,081 dl sin20,08038 dl mgal /100 m N S 



Ainsi, chaque déplacement de 1,25 cm du nord vers le sud (N→ S)
entraînera une correction de 0,02 mgal (0,08038 X 25). La grille peut donc
être graduée en multiples de 0,02, la correction zéro étant affectée aux
COURS DE PROSPECTION MINIERE 121

stations se trouvant à la latitude 48°44’N (voir figure suivante).

C. Correction d’altitude

Les lectures d’un levé gravimétrique ne sont pas forcément prises


au-dessus d’un terrain plat. Or plus on se rapproche du niveau de référence,
plus g augmente. Les mesures obtenues présentent donc des variations qui
ne sont dues qu’à la position de la station de mesure et non pas à des
hétérogénéités du sous-sol. Il faut donc corriger les mesures.

Puisque

Gm
g 
r
r2
Où r est le rayon de la terre au niveau de référence, si on déplace
d’une hauteur h par rapport à ce niveau de référence, alors

Gm  Gm
g h 
r  h 2   h  h 2 
r 2 1  2    
 r  r  

Puisque l’on a r » h, alors :


Gm 1  2 h 
 r 
gh  g r  2 h g r
r2 r

Et donc

h gr
gh gr 2
r
122 COURS DE PROSPECTION MINIERE

En prenant r comme rayon moyen, la correction à faire est donnée


par (h positif vers le haut) :

 h  0,3086h mgal / m ; h  0 
Donc ∆h est positif si on est au-dessus du référentiel et négatif si
on est en dessous. Pour une précision d’environ 0,01 mgal, il faut connaître
à ± 3 cm la hauteur de la station par rapport au référentiel.

D. Correction de plateau
La correction de plateau tient compte de la masse comprise entre le
référentiel et la station de mesure. Pour une tranche de hauteur h,
l’attraction est donnée par :

 p  2 G B h
Où G = constante universelle de la gravitation et ρB est la densité
présumée de la coûte terrestre (ρB =2,67 g/cm3 en moyenne).
Comme ∆p augmente lorsque h augmente, il faut soustraire ∆p
lorsque h>0 et donc :

 p   0 ,04191  B h mgal / m ; h  0 
Il faut connaître précisément l’évolution de l’appareil à chaque
station (h = ± 10 cm) si on veut une précision de ± 0,01 mgal.
Le plus souvent, on combine la correction d’altitude et la correction
de plateau pour obtenir ce que l’on appelle alors la correction de Bouguer
(attention, ceci n’est pas l’anomalie de Bouguer) :

 hB  0,3086  0,04191  B  h mgal / m; h  0 


Si l’on choisit ρB = 2,67 g/cm3, on obtient :

hB 0,197 h mgal / m ; h 0


COURS DE PROSPECTION MINIERE 123

E. Anomalies Bouguer
L’anomalie de Bouguer est :

∆gB = ∆g (observée) ± les 5 corrections

1- Correction de dérive de l’appareil

2- Correction de latitude ∆L = 0,081 sin 2φ mgal/100m

3- Correction d’altitude ∆h = 0,3086 h mgal/m

4- Correction de plateau ∆B = - 0,04191 ρBh mgal//m

5- Correction de terrain ∆T

h est positif si la station est au-dessus du référentiel et négatif en-dessous

et

g observée  g observée  g ref

Remarque : Le gravimètre ne donne pas une valeur absolue de g,


mais une valeur relative.

gB  gobservée  g  g ref

V.4.3. Instrumentation et traitement


Il y a deux types de mesures : absolues et relatives.
A. Mesures absolues :
 Pendule
 Corde vibrante
Le principe de la corde vibrante est de déterminer la fréquence de
résonance entre d’une part la corde soutenant la masse m et le circuit
(solénoïdes) électrique, cette fréquence étant proportionnelle à g.
 Chute libre
B. Traitements

Séparation régionale – résiduelle

L’anomalie de Bouguer peut provenir de plusieurs niveaux :


124 COURS DE PROSPECTION MINIERE

1. grande profondeur : ex. : variations du socle


métamorphique ;

2. profondeur moyenne : ex. : lentille de sel à l’intérieur d’une


colonne sédimentaire ;

3. faible profondeur : variations de l’épaisseur du mort terrain.

Plus la source est profonde, plus l’anomalie est évasée (voir figure
ci-dessous).

Une fois toutes les corrections appliquées, on obtient une carte de


l’anomalie de Bouguer qui démontre en général deux caractéristiques
(l’anomalie de Bouguer représente la somme de tous les corps sous la
surface) :

1. Des variations du champ gravitationnel régulières et


continues sur de grande distance appelées variations
régionales.

2. Superposées à ces variations régionales, et souvent


masquées par celles-ci, on observe de petites perturbations
locales du champs gravitationnel qui sont secondaires en
dimensions mais primordiales.

Selon le but du levé, il faut :

1. Lisser les effets de sources profondes et les soustraire pour


obtenir les anomalies de surface (résiduelle).

2. Lisser et enlever les effets de surface pour ne retenir que les


effets de profondeur (régionale).

Les anomalies dites résiduelles, sont surtout produites par des


hétérogénéités situées dans la partie supérieure de l’écorce terrestre. Ce sont
souvent le résultat de minéralisation ou de réservoirs. Afin de pouvoir
observer ces anomalies, il est nécessaire de soustraire l’anomalie régionale
COURS DE PROSPECTION MINIERE 125

de nos données. Pour séparer la régionale et la résiduelle, on peut soit :

- faire un lissage graphique sur le profil ;

- faire un lissage graphique sur les lignes de contours ;

- calculer la régionale analytiquement ou appliquer un filtre


(généralement par ordinateur) ;

- calculer l’effet de la source à éliminer si sa géométrie et sa


densité sont connues afin de le soustraire à l’anomalie de
Bouguer (modélisation).

V.5. Prospection magnétique


A. Principe
La prospection magnétique est fondée sur l’interprétation des
anomalies du champ magnétique terrestre décelant la présence dans le sous-
sol des roches ± aimantées grâce à leur susceptibilité magnétique.
Elle s’adresse aux substances ferromagnétiques car la
susceptibilité des matériaux para ou diamagnétiques est faible. La magnétite
(Fe3O4), l’Ilménite (Fe Ti O3), la Pyrrothite (FeS) jouent un rôle prépondérant
dans le ferromagnétisme des roches naturelles. Elles sont présentes dans
toutes les roches du socle cristallin, dont l’aimantation est fonction de la
proportion de magnétite incluse. La plupart de roches sédimentaires peuvent
être considérées comme amagnétiques.
Les roches basiques ou ultrabasiques se prêtent mieux à cette
méthode. On peut y mettre en évidence le chrome, le nickel, le diamant, le
platine.
La prospection minière s’intéresse à des anomalies intenses et très
localisées, d’origine peu profonde.
La prospection structurale ou indirecte s’intéresse aux variations
du socle cristallin ou encore à l’épaisseur des sédiments qui le recouvrent.

B. Appareillage
Actuellement avec le progrès en matière d’appareillage, les
variomètres à aimant, tels la balance de schmidt, sont supplantés par les
magnétomètres électromagnétiques (« vanne de flux ») et surtout à résonance
126 COURS DE PROSPECTION MINIERE

nucléaire ou à pompage optique.

C. Applications in situ
Le champ magnétique, comme le champ gravimétrique, n’est pas
constant. Il connaît des variations séculaires, saisonnières et journalières
(diurnes surtout). Seules les variations journalières intéressent le
prospecteur. Elles sont éliminées en utilisant deux appareils, dont l’un fixe
et l’autre mobile.
La station fixe détermine les variations journalières du champ
magnétique tandis que la station mobile fait la campagne de prospection.

Si on n’a qu’un seul appareil, il vaut mieux prélever les valeurs du


champ magnétique sur tout le terrain tout en rentrant de temps en temps à
la base (station fixe).

D. Dépouillement et traitement des données


Le dépouillement des enregistrements, le traitement, le report des
résultats ainsi que le tracé des courbes sont réalisés de façon automatique.
Actuellement, même l’interprétation est confiée à l’ordinateur.
A partir des mesures de la susceptibilité magnétique, on dresse
une carte en reliant les points de même valeur. Les courbes obtenues sont
dites isanomales ou isoanomales entourant le corps conducteur comme
tracé à la figure 40.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 127

Figure 40 : Corps conducteur et courbe isoanomale l’entourant

Plus les contours sont moins étalés, c'est-à-dire rapprochés, plus


la pente est forte, plus la différence de susceptibilité magnétique est forte,
donc il existe une anomalie.
Les mesures de la susceptibilité magnétique sont comparées aux
valeurs bibliographiques (tableau 17) pour une meilleure interprétation :

Tableau 17 : Susceptibilité magnétique de quelques roches


ROCHE ou MINERAL k.106, unité e.o.m. CGS
Magnétite 300.000-800.000
Pyrrhotite 125.000
Ilménite 135.000
Serpentine 14.000
Péridotite 12.500
Granite 2370
Grès 16,8
Dolomie 14

La méthode magnétique est actuellement aéroportée et sert surtout


en prospection préliminaire. Elle peut servir dans la recherche indirecte de
cuivre et de l’or associés aux minéraux ferrugineux (figure 41).
La figure 42 présente quelque cas d’anomalies magnétiques
observées et leurs sources causatives.
128 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Figure 41 : Recherche indirecte des gisements de cuivre associé au fer

Figure 42 : Quelques cas d’anomalie observés

V.6. Prospection sismique


V.6.1. Principe
La prospection sismique est basée sur l’étude de la propagation des
ondes provoquées par un ébranlement du sol provoqué par exemple en
utilisant un peu d’explosif ou en tapant sur le béton ou une plaque de métal
avec un gros marteau.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 129

Le temps nécessaire pour qu’un ébranlement provoqué en un point


atteigne un récepteur dépend de la nature des caractéristiques des roches
considérées.
Les ondes provoquées par un ébranlement sont de 3 types :
 ondes de surface (Rayleigh)
 ondes longitudinales ou primaires (de compression)
 ondes transversales ou secondaires (de cisaillement)
Ces ondes sont élastiques, c'est-à-dire elles peuvent être réfractées,
réfléchies. On a donc ainsi deux types de sismique, l’une qui exploite les
ondes réfractées, l’autre l’onde réfléchie.

Loi de Descartes
Sin i V1 Sin r V 2
V
Sin i 2 Sin r
V1
On considère souvent que les différentes couches du sous-sol sont
homogènes et isotropes.
- Le dispositif sismique, constitué par les points
130 COURS DE PROSPECTION MINIERE

d’ébranlements et les récepteurs, est rectiligne.


Les ondes résultant d’un ébranlement produit en E peuvent suivre
4 sortes de trajets pour attendre les récepteurs :
un trajet direct, longeant la surface du sol,
des trajets réfléchis au contact des deux terrains,
des trajets subissant la réfraction totale et suivant, sur une
certaine distance, le toit du second terrain,
des trajets diffractés au toit de l’interface.
Les contacts (ou interfaces) sur lesquels les rayons sismiques se
réfractent totalement ou se réfléchisseent, constituent des marqueurs
sismiques.
Les couches temps-distance relatives aux trajets réfractés et
réfléchis sont appelées respectivement dromochronique et indicatrice.
Les équations des couches temps-distances correspondant aux 4
sortes de trajets possibles sont :

- trajet direct : 
EG X
t  1

V1 V1
- trajet réfléchi :

X
2 EF  X avec 2 EF 2 2
t  V  e 2
V1 1
4
 X 2

2
4   e 2

 2 2

Soit t 2
 4 EF  4   X 4 e

V 12 V 1
2
V 12

- trajet réfracté :

X  2 e Cos i
t  2 
V1 V1
Le tableau 18 aligne un ordre de grandeur de la vitesse des ondes
sismiques dans quelques roches cohérentes.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 131

Tableau 18 :Vitesse de propagation des ondes longitudinales dans quelques


roches cohérentes
Vitesse en
Roches
m/s
Remblais 100-600
Limon sec 300-600
Limon humide 750-1300
Argile 400-1800
Sable sec 200-1500
Sable humide 1000-1900
Gravier sec 500-1200
Gravier sous nappe 1300-2300
Schiste 1870-4500
Grès 2200-3500
Calcaire 3100-3500
Granite 4700-5600
Basalte 5000-5600
Vases 200-600
Marnes et craies 2000-3000
Air 330
Eau douce 1450
Glace (Eau de mer) 3200

V.6.2. Les méthodes sismiques


La sismologie est la branche la plus développée de la géophysique.
De fait, la sismologie est née de l’étude des tremblements de terre (seismos :
tremblement, choc en grec) pour déterminer les causes et les effets de ce
phénomène naturel catastrophique.

Depuis, le domaine s’est développé surtout sous l’impulsion de


l’exploration économique du pétrole, et maintenant ce champ d’étude couvre
un spectre très large de mouvements du sol depuis les tremblements de
terre jusqu’au très faibles pulsations séismiques.

Les méthodes sismiques peuvent être divisées en deux groupes en


fonction de la source d’énergie utilisée :
132 COURS DE PROSPECTION MINIERE

1. sismologie lorsque l’énergie provient de secousse naturelles


(tremblement de terre, volcan) ;

2. sismique (ou « sismologie induite ») lorsque l’énergie est


obtenue d’une explosion ou d’une source provoquée
(explosifs, vibrateurs).

Parfois cette division est arbitraire (ex : explosions nucléaires).

Les champs d’application sont :

- sismologie : étude des tremblements de terre ;

- séismotectonique ;

- sismique : surtout pour l’exploration, mais aussi pour le


génie civil.

V.6.2.1 Caractéristiques des élastiques solides

Les méthodes sismiques reposent sur le principe de la propagation


des ondes (déformation du milieu) dans un milieu élastique. Les ondes
sismiques se propagent dans les matériaux comme des patrons de
déformation de particules à travers les matériaux avec des vitesses qui
dépendent de leurs propriétés élastiques et de leurs densités. Pour
démontrer la nature de cette dépendance, nous décrivons les déformations
en terme des forces qui les causent, définissant deux concepts importants,
la contrainte et la déformation (stress et strain en anglais). Les relations
entre contrainte et déformation pour un matériau particulier permettent de
décrire les propriétés élastiques de ce matériau, ainsi que les
caractéristiques (tel que la vitesse) des ondes qui s’y propagent.

On considérera le cas d’une onde se propageant dans un milieu


élastique, homogène et isotrope. Un milieu est homogène lorsque ses
propriétés sont les mêmes partout dans l’espace, et isotrope lorsque des
propriétés sont uniformes selon la direction. La propagation dépend donc
des propriétés ou constantes élastiques du milieu (et de leur distribution).
Par ailleurs, sous l’action d’une contrainte, un matériau est déformé. La
déformation est élastique si le corps reprend sa forme initiale lorsque la
contrainte est retirée.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 133

Les constantes élastiques mettent en relation contrainte (force) et


déformation :

- contrainte : force par unité de surface (F/A) N/m2 ;

- déformation : déformation unitaire

L V
ou
l V

A l’intérieur des limites d’élasticité, la contrainte est


proportionnelle à la déformation (loi de Hooke).

Quelques définitions

Module de Young ou module d’élasticité (E)

F/A contra int e uniaxiale


E  
l / l déformation parallèle à la contraint e

Avec F/A=P

Module d’élasticité volumique (K) : les contraintes hydrostatiques P

dans les trois axes orthogonaux entraînent un changement de volume V .

contra int e volumique F/A P


K   
déformation volumique V /V V /V

1/K est appelé compressibilité

Module (d’élasticité) de cisaillement ou de rigidité () Mesure du


rapport contrainte/déformation dans le cas d’un cisaillement simple
tangentiel. Déformation sans changement de volume.

P P
 
l / l 

Ø est l’angle de déformation

* Coefficient de Poisson () : est la mesure du changement


géométrique dans la forme du corps élastique (dans les directions
orthogonales à la direction de la contrainte)

W
déformation transversale
  W
l
déformation longitudinale
l
134 COURS DE PROSPECTION MINIERE

est toujours inférieur à 0,5. Pour la plupart des roches, ≈ 0,25.
Le coefficient de Poisson est relié au module de Young par la 2ème constante
de Lamé, qui vaut par définition :

E
 
112

Les constantes élastiques sont indépendantes deux par deux.


E
K
31 2

E
 
21 

9K
E 
3K  

3K 2

6K  2

B.2.2.2 Les types d’ondes sismiques

Il existe deux grands types d’ondes : les ondes de volume (ondes P


et S) et les ondes de surface : ondes de Rayleigh figure 42 et de Love (figure
43).

Ondes de compression (P)

- Dans ce cas, le mouvement des particules consiste en une


alternance de condensation et de raréfaction pendant
lesquels les particules adjacentes se retrouvent plus près et
plus loin les unes des autres.

- Un impact soudain sur un point à l’intérieur d’un milieu


élastique homogène infini produit une région de
compression qui se déplace loin du point d’application sous
une forme sphérique.

Derrière cette zone de compression, on retrouve une autre coquille


sphérique représentant une zone de raréfaction et à peu près égale à celle
séparant les deux premières zones, une autre zone de compression.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 135

Figure 42: Onde de Rayleigh

- Dix (1952) a montré qu’une compression initiale des


particules est suivie d’au moins une raréfaction et d’une
autre compression avant que l’état statique premier des
particules ne soit retrouvé.

- La vitesse de déplacement des fronts de compression/


raréfaction est donnée par

E 1  
v p 
  1 2  1  

Ondes de cisaillement (S)

- Le déplacement des particules est toujours perpendiculaire


à la direction de propagation de l’onde ;

- Leur vitesse est

E
vS 
2 1

- On note que VP > VS. Pour la plupart desroches consolidées,


le ratio VP/VS ≈ 1,5 – 2,0. Par exemple, si le coefficient de
Poisson σ = 0,25, VP/VS = 1,73 et VP/VS = 0,58. De plus,
comme ρ ne varie pas plus que par un facteur de 2 dans la
roche usuelle et que σ ne varie pas beaucoup, on voit que VP
et Vs dépendent essentiellement de E.

- Puisque les déformations par cisaillement ne sont pas


136 COURS DE PROSPECTION MINIERE

possibles dans les liquides, les ondes de cisaillement ne se


propagent pas dans les liquides.

- On pense que le noyau extérieur de la Terre est liquide


parce qu’il ne transmet pas les ondes de cisaillement de
terre.

Ondes de Rayleigh

- elles voyagent le long de la surface libre d’un matériau


solide.

- Le mouvement des particules suit une trajectoire elliptique


rétrograde et se fait dans un plan vertical.

- L’amplitude du mouvement décroît exponentiellement avec


la profondeur.

- Leur vitesse est d’environ 9/10 de VS dans le même


matériau.

- Leur vitesse varie aussi en fonction de la longueur d’onde


(dispersion).

- Elles constituent la composante principale du ground roll

Figure 43: Onde de Love


COURS DE PROSPECTION MINIERE 137

Ondes de Love

- Elles sont observées seulement lorsqu’il y a une couche de


basse vitesse recouvrant un substratum de vitesse plus
élevée.

- Elles se propagent par multiples réflexions entre le sommet


et le plancher de la couche de basse vitesse.

- Ce sont des ondes de surface dont le mouvement est


horizontal et perpendiculaire à la direction de propagation.

- Elles montrent de la dispersion.

- Puisque leur mouvement est horizontal, elles ne sont pas


enregistrées lors de levés sismiques puisque la plupart des
géophones ne répondent qu’aux mouvements verticaux.

V.6.2.2. Les méthodes sismiques

Ces procédés consistent à produire des ondes élastiques dans le


sol en faisant détoner, au voisinage de la surface, des charges d’explosifs très
brisants. En se propageant vers la profondeur ces ondes élastiquestraversent
des milieux de constantes mécaniques différents et, aux limites entre ceux
– ci, elles sont en partie transmises. Ces phénomènes sont vrais aussi bien
pour les ondes longitudinales, ou ondes de compression, que pour les
ondes transversales. Chacun de ces types d’ondes engendre à son tour, en
passant d’un milieu à un autre, à la fois des ondes longitudinales qui se
transmettent. Au bout d’un certain temps de parcours, il en résulte une
réelle complexité. Heureusement, les ondes longitudinales se transmettent à
une vitesse plus grande.

En général, ce sont les seules dont on tient compte dans les calculs
et les interprétations.

A. La méthode par réfraction

Une comparaison simple consiste à assimiler les normales aux


fronts d’ondes élastiques à des rayons lumineux.

La vitesse de propagation des ondes augmente avec la profondeur :


V.1. < V.2. < V.3. (D’après Heiland).
138 COURS DE PROSPECTION MINIERE

Leur propagation suit des lois comparables à celles de l’optique


géométrique. Toute onde, en passant d’un milieu dans lequel elle se propage
à la vitesse V1 à un milieu dans lequel elle progresse à la vitesse V2, subit
une réfraction qui obéit à la loi connue :

sin i V
 1
sin r V2
Lorsque l’angle d’incidence dépasse une valeur critique, l’onde est
doublement réfractée. Une onde ayant un parcours plus profond et une
vitesse plus grande peut, après une double réfraction, atteindre un point de
la surface du sol plus rapidement que l’onde qui s’est transmise en surface.

La technique consiste à mesurer l’espace de temps qui s’est écoulé


entre le moment de l’explosion et de l’arrivée de l’onde en une série de points
situés sur un profil, à la surface du sol.

On dispose le long de ce profil des géophones ou sismographes qui


vibrent dès qu’ils sont atteints par une onde. On réalise le système de
sismographe le plus simple en suspendant au bout d’un ressort un petit
solénoïde qui oscille autour d’un aimant permanent. Le courant engendré
par la vibration du solénoïde dans ce champ magnétique est transmis, par
des câbles électriques, à un amplificateur et, de là, à un galvanomètre
vibrant muni d’un petit miroir sur lequel tombe un faisceau lumineux. Les
déplacements de ce rayon traduisent sur un papier photographique, qui se
déroule à vitesse constante selon les mouvements de chaque galvanomètre. Il
y a autant de circuits que de géophones. En même temps, un dispositif
spécial commandé, par exemple, par un diapason permet de fixer sur le
papier photographique des traits perpendiculaires au déplacement du film,
traits qui servent à la mesure du temps. On peut alors construire un
diagramme sur lequel on porte, en abscisses, à une échelle convenable, les
distances entre le point d’explosion et les endroits où l’on a déposé les
géophones ; en ordonnées, l’on parle les intervalles de temps.

Le diagramme que l’on obtient est une ligne brisée dont le premier
segment de droite passe évidemment par l’origine. Le calcul montre que les
coefficients angulaires des différentes droites sont inversement
COURS DE PROSPECTION MINIERE 139

proportionnels à la vitesse de transmission des ondes dans les divers


horizons superposés dans lesquels les vibrations sont transmises.

Les abscisses des points anguleux de cette ligne brisée « temps-


parcours » sont fonction de l’épaisseur des horizons et du rapport de la
vitesse de propagation dans un horizon à la vitesse de propagation de l’autre.
Pour que la méthode soit applicable il faut qu’il y ait augmentation de la
vitesse avec la profondeur.

Ce procédé par réfraction est le premier à s’être développé. Il a


donné d’excellents résultats, entre autre pour la recherche de dômes de sel
dans lesquels les vitesses de transmission sont très grandes. Mais il a le
désavantage, lorsqu’on veut atteindre de grandes profondeurs, d’exiger des
charges explosives de plus en plus puissantes, qui parfois ont dépassé
plusieurs tonnes. Les sismographes aussi doivent s’écarter alors de plus en
plus du point d’explosion, à plusieurs dizaines de kilomètres même, et ces
suggestions ont rendu la méthode coûteuse. Aussi a-t-elle était remplacée
par la méthode par réflexion.

B. La méthode par réflexion


Dans ce cas des charges beaucoup plus faibles, de l’ordre de
quelques kilogrammes au maximum, sont suffisantes et l’on rapproche les
sismographes du point d’explosion.

On enregistre les fractions d’énergie des ondes réfléchies. Ceci se


marque sur les enregistrements par une inflexion nette qui apparaît à peu de
chose près au même instant sur les diverses traces, car les ondes réfléchies
presque verticalement parcourent des chemins sensiblement parallèles, ce
qui permet de déceler l’arrivée de toute une série de réflexions successives
correspondant à des horizons réflecteurs de plus en plus profonds.

Par une disposition judicieuse des géophones par rapport au point


de tir, il est possible de préciser la pente de ces « miroirs sismiques ».

La méthode sismique est d’une grande sensibilité et d’une grande


précision. Les profondeurs des horizons réflecteurs peuvent être estimées,
dans des bonnes conditions, à 1% près. Elle permet de suivre dans le détail
des successions stratigraphiques caractérisées par des trains d’ondes
140 COURS DE PROSPECTION MINIERE

réfléchies et cela jusqu’à des profondeurs de plusieurs milliers de mètres.

Les études de structures deviennent possibles et l’application de


cette méthode marque, en général, le point final des recherches
géophysiques. Pour le pétrole, c’est alors que l’on fixe les points de sondages.

Les méthodes gravimétriques et sismiques sont applicables aussi


sur rivière ou sur mer.

La méthode magnétique aéroportée n’est évidemment pas gênée


par des difficultés de terrains.
COURS DE PROSPECTION MINIERE 141

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Charlet, J.M., 2001 cours de Géologie nucléaire


Ed. Faculté Polytechnique de Mons ;

2. CHOUTEAU, M., 2005, Géophysique Appliquée II, Méthodes


sismiques, notes de cours, Ecole Polytechnique Montréal ;

3. CHOUTEAU, M. & GIROUX, P, 2002, Géophysique Appliquée I,


gravimétrie, Magnétisme, notes de cours, Ecole Polytechnique
Montréal ;

4. CHOUTEAU, M. & GIROUX, P., 2006, Géophysique Appliquée II,


Méthodes électriques, notes de cours, Ecole Polytechnique de monts ;

5. FOUCAULT, A. et RAOULT, J.F. 2000, Dictionnaire de Géologie, Ed.


Masson et Cie.

6. GRANIER, C.L., 1973, Introduction à la prospection géochimique des


gîtes métallifères, Ed. Masson et Cie ;

7. HOCHLEITNER, R., 2000, Minéraux et cristaux, Ed. Nathan ;

8. MAKABU, K., 2001, Les traceurs radiométriques et éléments associés


des sols pour la prospection des minéralisations Cu-Co-U du
Katanga (R.D. Congo). Approche méthodologique. (Géochimie -
Radiométrie - Technique gaz - Thermoluminescence). Thèse Doctorat
Faculté Sciences, Université de Lubumbashi, Inédit.

9. Morer, J., 1981, Manuel du prospecteur minier


Ed. BRGM

10. Pomerol, C., Lagabrielle, Y ; et Renard, M ; 2003, Eléments de


géologie, Ed. Dunod

11. RAMADE, F., 2005, Eléments d’écologie, Ecologie appliquée, Ed.


Dunod ;

12. Rollinson, H., 1995, Using geochemical data: evaluation,


presentation, interpretation. Longman Scientific & Technical, John
Wiley & Sons, Inc, N.Y., 352 p.
142 COURS DE PROSPECTION MINIERE

TABLE DES MATIERES


I. INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 1

I.1. DEFINITION ................................................................................................................................................. 1


I.2. NOTIONS GENERALES .............................................................................................................................. 2
I.2.1. Gisement ................................................................................................................................................. 2
I.2.2. Catégories des minerais extractibles ..................................................................................................... 4
I.2.3. Facteurs influant sur l'exploitabilité d'un gisement .............................................................................. 4

CHAP. II. ETAPES ET TECHNIQUES SPECIFIQUES DE LA PROSPECTION MINIERE.............. 6

II.1.ETAPES DE LA PROSPECTION MINIERE ............................................................................................... 6


II.1.1. Etape préparatoire: Approche du sujet. Documentation ..................................................................... 6
II.1.2. Prospection préliminaire ou de Reconnaissance ou Stratégique ou Générale.................................... 7
II.1.3. Prospection semi–systématique: Contrôle des points d'accrochage ................................................... 8
II.1.4. Prospection systématique ou détaillée ou Reconnaissance du corps minéralisé................................. 9
II.1.5. Evaluation de gisement ....................................................................................................................... 10
II.2. LES CARACTERES GEOLOGIQUES PREVISIONNELS, LES GUIDES ET LES TECHNIQUES SPECIFIQUES DE
PROSPECTION MINIERE .......................................................................................................................................... 13
II.2.1. Les caractères géologiques prévisionnels et les guides de prospection minière ............................... 13
II.2.2. Les techniques spécifiques de la prospection minière........................................................................ 15

CHAP. III : PROSPECTION ALLUVIONNAIRE ...................................................................................... 23

III.1. CARACTERES GENERAUX DES GISEMENTS DETRITIQUES ............................................................................... 23


III.2. MODE DE FORMATION DES GISEMENTS DETRITIQUES.................................................................................... 23
III.3. LES MINERAUX EXPLOITES EN PLACERS ........................................................................................................ 25
III.4. PROCEDES DE PROSPECTION ........................................................................................................................... 26
III.4.1. Prospection alluvionnaire stratégique (ou de grande reconnaissance) ........................................... 26
III.4.2. Prospection éluvionnaire .................................................................................................................. 37
III.4.3. Prospection semi–systématique......................................................................................................... 38
III.4.4. Prospection systématique et évaluation des gîtes alluvionnaires des cours d'eau ........................... 39
III.5. LES SONDAGES ...................................................................................................................................... 40
III.5.1. Généralités ........................................................................................................................................ 40
III.5.2. Les sondeuses .................................................................................................................................... 40
III.6. TRAITEMENT DES ECHANTILLONS .................................................................................................. 41
III.6.1. LAVAGE DES ECHANTILLONS ...................................................................................................... 41
III.6.2. TECHNIQUES ANNEXES UTILISEES EN PROSPECTION ALLUVIONNAIRE ........................... 46
III.7. EVALUATION DES RESERVES ............................................................................................................ 46
III.7.1. Types de réserves............................................................................................................................... 46
III.7.2. Evaluation des réserves ..................................................................................................................... 47
COURS DE PROSPECTION MINIERE 143

CHAP. IV : PROSPECTION GEOCHIMIQUE .......................................................................................... 55

IV.1 DEFINITION DE LA PROSPECTION GEOCHIMIQUE............................................................................................. 55


IV.2. TYPES DE DISPERSION ................................................................................................................................... 55
IV.3. TYPES D’ANOMALIES ..................................................................................................................................... 57
IV.4. STADES DE DEVELOPPEMENT PROGRESSIFS ................................................................................................... 58
IV.5. PROSPECTION STRATEGIQUE .......................................................................................................................... 59
IV.6. PROSPECTION TACTIQUE ................................................................................................................................ 62
A. Recherches tactiques d’anomalies allogènes ou de surimposition .......................................................... 62
IV.7. TYPES ET DENSITE DE PRELEVEMENT- ANALYSES A EFFECTUER .................................................................. 66
A. Type de prélèvement ................................................................................................................................. 67
B. Densité de prélèvements ........................................................................................................................... 67
C. Analyses .................................................................................................................................................... 69
IV.8. TRAITEMENT DES DONNEES ET INTERPRETATION ......................................................................................... 71
A. Prospection stratégique ............................................................................................................................ 71
B. Prospection tactique ................................................................................................................................. 71

CHAPITRE V. PROSPECTION GEOPHYSIQUE ......................................................................................... 75

V.1. INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 75


V.2. LA PROSPECTION RADIOMETRIQUE ................................................................................................................. 75
V.2.1. Généralités .......................................................................................................................................... 75
V.2.2. Les radioéléments naturels ................................................................................................................. 76
V.2.3. Appareillages ...................................................................................................................................... 77
V.3. LA PROSPECTION ELECTRIQUE ET ELECTROMAGNETIQUE .............................................................................. 82
V.3.1. La prospection électrique.................................................................................................................... 82
V.3.2. La prospection électromagnétique.................................................................................................... 102
Figure 36 : Utilisation des courbes dérivées pour la mise en évidence des filonsV.3.3. Domaines
d’application des méthodes électriques et électromagnétiques ................................................................... 106
V.3.3. Domaines d’application des méthodes électriques et électromagnétiques ...................................... 107
V.4. PROSPECTION GRAVIMETRIQUE .................................................................................................................... 108
V.4.1. Principe de la méthode ..................................................................................................................... 108
V.4.2. Les données gravimétriques : Corrections et références ................................................................ 116
V.4.3. Instrumentation et traitement ............................................................................................................ 123
V.5. PROSPECTION MAGNETIQUE .......................................................................................................................... 125
A. Principe ................................................................................................................................................... 125
B. Appareillage ............................................................................................................................................ 125
C. Applications in situ ................................................................................................................................. 126
D. Dépouillement et traitement des données............................................................................................... 126
V.6. PROSPECTION SISMIQUE ................................................................................................................................ 128
144 COURS DE PROSPECTION MINIERE

V.6.1. Principe ............................................................................................................................................. 128


V.6.2. Les méthodes sismiques .................................................................................................................... 131

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................................... 141

TABLE DES MATIERES .................................................................................................................................. 142

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