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1 Chap. 10
- Présenter les formes de relief découlant de l’action des glaciers ou modelés glaciaires
(formes de creusement, formes liées aux dépôts)
INTRODUCTION
En haute montagne et sous les latitudes polaires, les températures sont assez basses pour que
les précipitations tombent sous forme de neige (voir cours sur les précipitations), qui ne fond
pas de toute l’année. Cette neige va s’accumuler et se compacter1 pour former une masse de
glace appelée glacier2. Les glaciers occupent 10 p. 100 de la surface des continents ; leur
répartition est inégale. La plupart se trouvent dans les hautes latitudes, où ils couvrent 14 660
000 km², soit 98,4 p. 100 de la surface de tous les glaciers réunis. Une forte dissymétrie
oppose l'hémisphère Sud (12 578 000 km² englacés) et l'hémisphère Nord (2 081 000 km²).
Ces glaciers ont façonné de différentes manières la surface des continents ; ce qui a donné lieu
aux modelés glaciaires.
Tout commence en effet avec la neige et sa diagenèse3 en glace. La neige fraîche a une
densité de 0,1 à 0,3 ; sous l'effet du poids des couches successives, ses flocons perdent leur
forme étoilée, se brisent, s'arrondissent en grains qui se soudent ; la densité augmente
progressivement et, lorsqu'elle est comprise entre 0,5 et 0,8, la neige tassée est transformée en
névé. La compression continuant, la recristallisation, c'est-à-dire la formation de grands
cristaux de glace imbriqués les uns dans les autres, fait passer le névé à l'état de glace, corps
dur, imperméable, de densité 0,9, susceptible de flotter sur l'eau. En été, l'eau issue de la fonte
superficielle de la neige, s'infiltrant dans le névé, congèle au contact des cristaux en
formation, ce qui favorise leur soudure. Dès qu'elle atteint quelques dizaines de mètres
d'épaisseur, la glace devient plastique à la base et se met en mouvement : c'est le fluage, qui se
produit même sur des pentes faibles ; par exemple, un névé épais de 40 m se met à fluer sur
une pente de 7°. Sous l'action de son propre poids (effet de la gravitation) et de la poussée
éventuelle de la glace accumulée en amont, la glace s'écoule le long des pentes ou s'étale dans
toutes les directions, ce qui forme un glacier.
1
Compresser (quelque chose) pour former un tout dense et solide Exemple : compacter le fourrage en balles
rondes
2
Glacier (n. m.) du latin glacies, glace ; en anglais glacier : Masse de glace formée par l’accumulation et la
compaction de la neige. Importante masse de glace continentale, en mouvement, se formant dans les régions
froides, en haute montagne ou à des latitudes élevées, là où la neige s'accumule et ne fond pas d'une année sur
l'autre.
3
Ensemble des phénomènes assurant la transformation d’un sédiment en une roche cohérente.
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Les glaciers se terminent par un front quand l'alimentation devient insuffisante pour les
2
entretenir, quand la température moyenne de l'air supérieure à 0 °C ne permet plus la
conservation de la glace ou lorsqu'ils débouchent dans un lac ou dans la mer. Dans ce dernier
cas, l'évacuation de la glace se fait par détachement de pans ou de blocs de glace à l'origine
des icebergs4. La partie des mers et océans ainsi prise par les glaces est appelé banquise.
On oppose les inlandsis aux glaciers locaux en raison des énormes différences de surface et de
volume de glace qui les séparent. La superficie des premiers s'expriment en millions de km²
tandis que les plus grands de la seconde catégorie n'atteignent pas 10 000 km².
1- Les inlandsis
Ce sont des glaciers couvrant d’importantes (quelques milliers de km²) surfaces continentales.
Depuis peu, le terme d'inlandsis est réservé aux énormes glaciers que sont l'inlandsis de
l'Antarctique (12 350 000 km2) et l'inlandsis du Groenland (1 726 400 km2). Ils représentent
à eux deux 97 p. 100 des surfaces englacées de la planète et 99 p. 100 du volume total des
glaces. Ce sont d'immenses chapes5 de glace d'une épaisseur moyenne de plus de 3 000 m en
Antarctique et de 2 100 m au Groenland, qui submergent complètement un relief de
montagnes et de cuvettes dont le plancher se trouve en partie profondément enfoncé sous le
niveau de la mer par le poids de la glace (isostasie) ; ils ont la forme de dômes surbaissés, à
pente faible, culminant6 respectivement à plus de 4 000 m et 3 200 m.
Malgré le flux géothermique et les frottements sur le substrat qui échauffent la base des
glaciers, aucun film d'eau de fonte ne vient faciliter le glissement basal7 des inlandsis ; seules
les irrégularités du lit glaciaire entraînent une accélération du fluage8 dans les couches
inférieures, mais il s'agit de déplacements très lents, de l'ordre de 3 à 4 m par an, qui suivent
des trajectoires radiales9. La pente des inlandsis s'accroît à leur périphérie pour rejoindre
l'océan Antarctique ou l'étroite frange du Groenland dépourvue de glace.
4
Bloc de glace de dimension importante flottant sur la mer, dont la partie émergée ne constitue qu'une faible
partie de la masse totale
5
Sorte de couvercle qui recouvre ou enveloppe (soutenu) Exemple : une chape de nuages recouvre la plaine • la
chape de la poulie protège l'axe
6
En raison de la latitude, de l'altitude et de l'albédo (pouvoir de réflexion du rayonnement lumineux) de la glace,
les climats qui règnent sur les inlandsis sont particulièrement rigoureux : des vents violents, des températures
moyennes de l'air comprises entre - 56 °C et - 20 °C ont été observées au-dessus de l'inlandsis antarctique, le
record du froid, - 88,3 °C, ayant été enregistré à Vostok, tandis que les précipitations, le plus souvent neigeuses,
sont très faibles.
7
Au niveau de la base
8
Fait de couler, de s’écouler, se répandre, en parlant de l’eau, d’une odeur, etc.
9
Disposé en rayon
10
Cours d'eau ou canal évacuant l'excès d'eau (d'une nappe ou d'un réservoir) Exemple : un affluent qui est
l'émissaire du lac
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12 km par an ; ils se terminent bien souvent en mer comme tous les émissaires de
3
l'Antarctique.
Ce sont des glaciers dont la superficie des plus grands n'atteint pas 10 000 km². Les glaciers
locaux se situent en montagne et sont définis en fonction de leur forme et de leur position par
rapport au contexte topographique ; il s'agit des glaciers alpins, des glaciers de piémonts et
des calottes glaciaires.
Les calottes glaciaires sont des inlandsis en miniature ; avec leur forme bombée et régulière,
elles occupent soit des topographies à peu près planes, cuvettes (Vatnajökull en Islande),
plateaux (calotte de Barnes ; on dit aussi glacier de plateau ; par exemple, le glacier de Mont-
de-Lans), soit des parties culminantes (Kerguelen, Svalbard) qui sont enrobées par la glace
mais d'où émergent des arêtes12 rocheuses, les nunataks13. D'un blanc étincelant, la glace des
calottes est évacuée par des glaciers émissaires qui divergent tout autour mais qui sont
rarement longs, faute d'alimentation14 ; leur forme dépend de la topographie : glaciers de
vallée et glaciers de piémont.
Les glaciers de type alpin existent dans les montagnes du monde entier dès que celles-ci sont
assez élevées pour conserver des neiges permanentes. Les glaciers de type alpin se composent
de deux sous-types : les glaciers de cirque et les glaciers de vallée, inégalement développés
selon les massifs montagneux et leur localisation.
Ils se forment sous les lignes de crête lorsque la neige s'accumule dans des creux — les
cirques, de forme semi-circulaire — et sont entourés de parois tantôt rocheuses, tantôt
nappées de glace immobile : c'est l'aire d'alimentation des glaciers. Le névé et la glace
s'élaborent dans le cirque. Une grande crevasse généralement demi-circulaire, appelée rimaye,
s'interpose entre le glacier et les parois du cirque matérialisant le mouvement de la glace qui
décolle du rocher et glisse vers l'aval.
Quand l'alimentation et l'épaisseur du glacier de cirque sont telles qu'il déborde de la cuvette
initiale, la glace s'écoule le long des pentes, empruntant le plus souvent des vallées
préglaciaires ; le glacier prend alors, sous le nom de langue glaciaire ou de glacier de vallée,
une forme allongée dont le tracé épouse les sinuosités de la vallée préexistante.
11
Couche épaisse et dense de neige et de glace recouvrant les régions polaires et le sommet de certaines
montagnes.
12
Ligne fine plus ou moins saillante délimitant deux plans Exemple : l'arête du nez
13
Mot inuktitut (dialecte inuit) signifiant « pic isolé », c'est un piton rocheux s'élevant au-dessus de la calotte
glaciaire ou d'un glacier.
14
Tous les glaciers possèdent une aire d'alimentation correspondant à la formation et à l'accumulation de la glace
et une aire d'ablation où la fonte et l'évaporation peu à peu l'emportent sur les gains. La surface d'alimentation est
couverte de neige et de névé toute l'année alors que la neige fraîche disparaît de la surface d'ablation en été.
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A quelques exceptions près (glaciers élevés des hautes latitudes), la glace des glaciers alpins
est tempérée, c'est-à-dire qu'elle se trouve à une température négative mais proche du point de
fusion. Par conséquent, en été, la glace fond facilement en surface ; à la base, la chaleur
dégagée par le flux géothermique et les frottements au contact des obstacles du lit glaciaire
provoquent la fonte d'une pellicule de glace, l'apparition et l'écoulement d'un film d'eau
liquide qui regèle (congélation) à l'aval. Cette alternance répétée de fonte et de regel de la
glace à la base des glaciers alpins contribue à leur glissement.
Glaciers de cirque
Il occupe une dépression perchée. Dans les Pyrénées, le glacier de cirque occupe une alvéole
perchée, remplie de neige tassée ou névée.
Un cirque du Dévoluy (Hautes-Alpes) (photo aérienne). Les éboulis post-glaciaires ne laissent émerger que le
haut des murailles supérieures, mais on distingue bien le fond du cirque.
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Ce sont des langues de glace plus ou moins longues partant d’un glacier de cirque. Dans les
Alpes et l’Himalaya, mieux alimentés en neige, les glaciers en forme de langue, accidentés de
séracs15 (fig. 8 p. 127 livre photocopié de géo) et de crevasses16 (fig. 11 p. 128, op.)
descendent dans les vallées.
Formé à partir d’un glacier de vallée suffisamment alimenté, il vient s’étaler dans la
plaine…Comme leur nom l'indique, les glaciers de piémont s'étendent au pied des chaînes de
montagnes. Ils prolongent les glaciers alpins quand ceux-ci ont une alimentation assez
importante pour atteindre le piémont et s'y maintenir grâce aux conditions climatiques. Les
courants de glace qui étaient canalisés dans les vallées s'étalent en vastes nappes de glace qui
dessinent des lobes plus ou moins réguliers. Les conditions nécessaires à l'existence de ces
15
Bloc de glace qui se forme sur un glacier dans les zones du manteau glaciaire où la déclivité est plus forte et
l'adhérence moindre Exemple : un écroulement de séracs
16
1. cassure profonde dans un glacier Exemple : un alpiniste est tombé dans une crevasse
2. fente assez profonde sur une surface Exemple : le gel a provoqué l'apparition de crevasses dans le sol
17
Glacier qui s’étale en lobe au sortir de la vallée, dans la plaine.
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glaciers se trouvent réunies dans les régions froides, au pied de reliefs élevés et enneigés. Tel
6
est le cas dans l'île Axel Heiberg (Grand Nord canadien, 80° N), en Patagonie, et en bordure
occidentale de la chaîne de l'Alaska, où le prototype des glaciers de piémont est le Malaspina.
Ce glacier couvre approximativement 3 900 km2.
Les mouvements des glaciers font de ceux-ci des agents d’érosion. En effet, les glaciers
façonnent19 le substrat20 sur lequel ils s'écoulent, polissant21 les roches dures, arrachant des
18
Formes de reliefs sculptées par les glaciers.
19
Œuvrer en vue de donner une forme particulière à (une matière) Synonyme: modeler
20
Couche plus profonde sur laquelle repose une autre couche de terrain
21
Rendre lisse et brillant (un objet ou une surface) par frottement
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débris, les transportant et les abandonnant au terme de leur course. Cette érosion glaciaire crée
7
donc des modelés originaux, dont la plupart n'apparaissent qu'après le recul ou la disparition
totale des glaciers. Mais, ces modelés diffèrent selon que le glacier creuse le substrat rocheux
ou dépose les matériaux arrachés.
À l'arrivée des glaciations22, des flocons de neige s'installent, autour du relief, en des lieux
propices (vallons préexistants, combes23 à neige). Le névé et la glace s'élaborent dans ces
lieux. Le mouvement de la glace finit par arracher les rochers des parois et le relief originel
est maintenant entaillé sur son pourtour par des cirques glaciaires24.
Généralement, les glaciers locaux prennent naissance dans les cirques 25, sortes de bassin de
réception aux versants raides, où s’entassent la neige et le névé. Quand l'alimentation et
l'épaisseur du glacier de cirque sont telles qu'il déborde de la cuvette initiale, la glace s'écoule
le long des pentes. Dans leur descente continue, les glaciers arrachent au fond du lit glaciaire
et sur les versants des blocs entiers, grâce aux fissures qui existent dans la roche. Transportant
ces matériaux, le glacier strie26 les galets et creuse des cannelures le long des parois, tandis
que la farine de roche, résidu de cette usure, émousse27 et polit28 les roches moutonnées29.
22
Période géologique durant laquelle l'évolution des conditions climatiques entraîne l'extension des glaciers
23
Dépression formée dans une couche tendre, dominée par deux escarpements rocheux. Vallée longitudinale
ouverte dans un anticlinal et dominée, par inversion du relief, par deux escarpements, les crêts.
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24
Cirque glaciaire (g.n. m.) : Dépression contenant, ou ayant contenu un « glacier suspendu ».
25
Cirque glaciaire (g.n. m.) : Dépression contenant, ou ayant contenu un « glacier suspendu ».
26
Cannelures et stries : Rayures parallèles à l'écoulement glaciaire créées par l'abrasion des débris rocheux
incrustés dans la glace. Les stries ont les rayures les plus fines ( < 1 cm), tandis que les cannelures sont plus
larges
27
Rendre (quelque chose) moins tranchant ou moins pointu Exemple : émousser un couteau
28
Rendre lisse et brillant (un objet ou une surface) par frottement
29
Roche moutonnée : Affleurement rocheux modelé en forme de bosse par le passage d'un glacier. Ces roches
striées, moutonnées ou polies s'observent aussi bien sous les inlandsis que sur les parois des vallées glaciaires.
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Poli glaciaire
2) Cannelures glaciaires au Sapey, une falaise entre Thônes et Annecy, bien connue des alpinistes.
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3) Stries glaciaires et front du glacier Athabasca, champ de Glace de Columbia, Parc National de Jasper,
9 province d'Alberta, Canada
4) Chenaux d'eau de fonte de la glace de glacier, en matériel meuble situé contre le Bras de Fer, est du Moyen-
Caniapiscau, Ouest-Schefférie
7) Nunatak en Oisans, avec le sommet du Pied Moutet, au-dessus de la zone grisée, qui dominait une vaste aire
glacière formée par les glaciers de la Romanche et du Vénéon.
8) Lac d'ombilic, le lac Gentau (1982 m), un des quatre lacs d'Ayous dans les Pyrénées, avec vue sur le Pic du
Midi d'Ossau.
9) Poli glacier de taille géante au Yosemite Park, Sierra Nevada, Californie, Etats-Unis.
Devenue plus dure, la glace s’écoule dans la vallée, usant les parois et laissant au-dessus
d’elle des épaulements30 et des replats31.
De part et d’autre, des vallées affluentes se raccordent difficilement avec le fond de la vallée
principale : les ruptures de pente se signalent par des cascades et des gorges de
raccordement32, tandis que de petites vallées restent suspendues33 vers l’aval et souvent
isolées.
30
Replats qui surplombent les vallées. Replat situé au niveau supérieur du glacier et auquel se raccordent des
vallées suspendues,
31
Partie horizontale qui vient interrompre un relief
32
Gorge de raccordement (g.n. f.) : Après la fonte du glacier (retrait ou fonte totale), l’ex-réseau glaciaire,
devenu réseau hydrographique, est surcreusé et les vallées suspendues se raccordent au fond de la vallée par de
profondes gorges de raccordement qui débouchent au fond de l’auge glaciaire.
33
Forme résultant d’un glacier annexe, affluent d’un glacier plus important ayant creusé une vallée plus
profonde.
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Souvent, la pente longitudinale d'une vallée glaciaire n'est pas constante et présente le plus
souvent des irrégularités tout à fait caractéristiques. Ainsi, lorsqu'un glacier de vallée
rencontre un obstacle au cours de sa progression (roche dure ou coude brutal de la vallée), il
le façonne un verrou. « Un verrou est une colline rocheuse, aux formes arrondies, obstruant
en partie la vallée glaciaire et constituée d'une roche suffisamment dure pour que l'érosion
sous-glaciaire, malgré sa puissance, n'ait pu la faire disparaître » (Louis Reynaud).
Certains d'entre eux se présentent sous forme d'un barrage complet de la vallée, entaillé
seulement par la gorge d'écoulement des eaux sous glaciaires et postglaciaire. Un exemple de
verrou de ce type, celui de la Sarenne.
Les verrous de ce type constituent des sites privilégiés pour la construction de barrages
hydrauliques (Grande Dixence, Girotte) ou de ponts.
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D'autres verrous se composent d'une bosse rocheuse située au milieu de la vallée et séparée des flancs
de celle-ci par deux encoches, l'une d'entre elles étant occupée par la rivière actuelle. Exemple :
Château Queyras (Hautes-Alpes).
Le Guil coule dans la gorge indiquée par une flèche blanche, alors que la flèche rouge désigne une encoche
nettement moins profonde, où passe la route.
À l'amont des verrous, la vallée est surcreusée34 en dépression, occupée en général par une
plaine mais parfois par un lac, c'est un ombilic. C’est une dépression, cuvette provoquée par
le surcreusement d'une vallée glaciaire, parfois fermée par un verrou glacier. Ils ont souvent
été occupés par des blocs de glace qui, aux périodes postglaciaires, ont fondu pour donner
naissance à des lacs appelés "lacs d'ombilic". L'ombilic situé à l'amont du verrou est, quant à
lui, creusé dans des roches plus tendres.
Le schéma le plus probable du creusement d'un ombilic est le suivant : descendant la vallée, la
glace rencontrait des terrains de dureté variable. Elle érodait plus profondément les zones de
terrains tendres que celles de roches dures, modelant des ombilics dans les premières et des
verrous dans les secondes. Plus l'épaisseur du glacier augmentait au-dessus du banc de roches
34
Creusée au-dessous du niveau de la mer
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tendres, plus la pression exercée par la glace y était importante, creusant donc de plus en plus
12
l'ombilic.
Flancs en pente raide dans les terrains cristallins de la rive droite (1) mais aussi dans les
schistes liasiques de la même rive (2). Les pentes boisées plus douces de la rive gauche (3)
résultent d'un énorme tassement de versant postglaciaire, celui des Sables.
Certaines vallées de nos montagnes ne sont qu'une succession de verrous et d'ombilics. Ceux-
ci s'inscrivent dans les paysages, tantôt sous la forme d'un chapelet de lacs étagés, tels ceux de
Bassiés
..... tantôt comme une succession de petites plaines, anciens lacs remblayés, disposées en
marches d'escalier et en général propices à la culture.
Les langues ont façonné des vallées au profil longitudinal irrégulier. Dans le sens transversal,
le profil de ces vallées offre des flancs raides ; le remblaiement35 alluvial postglaciaire en
explique le fond plat : il s'agit de vallées ayant la forme d'un U ou auges glaciaires. Les auges
ne sont pas l'apanage des montagnes puisque le glacier Lambert, un des émissaires de
35
Accumulation d'alluvions qui comblent (un terrain) Exemple : une plaine de remblaiement
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Sognefjorden (Norvège)
Héritage des glaciations quaternaires, le Sognefjorden est le plus long fjord de la côte norvégienne. Il s’enfonce
loin à l’intérieur des terres, jusqu’à 150 km de la mer, et sa profondeur maximale dépasse 1 200 m.
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Au sommet de la montagne, si les glaciers continuent à agir, par exemple au cours d’une
glaciation postérieure, l’érosion fait reculer les parois supérieures des cirques. Les formes de
la montagne s'affinent en une suite de pics37 réunis les uns aux autres par des arêtes38
aiguisées d'où descendent en grand nombre glaciers de cirque et langues glaciaires de versant
; quelques calottes locales peuvent subsister, qui donneront, après disparition des glaciers, des
surfaces reliques. C’est le cas de bien des paysages parmi les plus célèbres des Alpes :
Combes des Aravis (Haute Savoie), vallons du Dévoluy (Hautes-Alpes), Churfisten (canton
de St Gall, au N du Walensee, Suisse).
36
Ancienne auge glaciaire envahie par la mer. Un fjord a l'aspect d'un bras de mer ou d'une baie étroite qui
s'enfonce profondément dans l'intérieur des terres, entre d'abruptes parois rocheuses. Sa profondeur est souvent
plus grande à l'intérieur des terres que près de son embouchure.
Les fjords résultent de l'action, pendant les périodes glaciaires, des glaciers à proximité du littoral, qui ont
souvent surcreusé des vallées. À la fin de la dernière glaciation, les auges glaciaires se sont remplies d'eau au fur
et à mesure que le niveau de la mer montait.
La plupart des fjords existant dans le monde sont situés le long des côtes de Norvège. Le Sognefjorden est le plus
long fjord de Norvège ; il s'étire à l'intérieur des terres sur environ 175 km et atteint une profondeur de plus de 1
300 m. Des fjords se trouvent aussi le long des côtes de l'ouest du Canada, de l'Alaska, de l'Islande, du
Groenland, du sud de l'Argentine et de la Nouvelle-Zélande. Le plus grand du monde est Admiralty Inlet, sur la
côte nord-ouest de l'île de Baffin, dans le nord du Canada ; il mesure environ 370 km de long et plus de 30 km de
large à son embouchure. Des bras de mer semblables aux fjords, mais appelés « sea lochs », ou « firths », se
trouvent le long des côtes britanniques.
37
Éminence montagneuse en forme de pointe
38
Ligne fine plus ou moins saillante délimitant deux plans
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Phase 2
L'érosion glaciaire continuant son action, les parois qui séparent les cirques sont finalement
démantelées et ceux-ci se réunissent. Il subsiste cependant parfois, au point de rencontre des
arêtes, des sommets aux formes généralement élancées, des horns39 : le Cervin, bien sûr, mais
aussi la Dent d'Hérens, Pierra Menta (Savoie), l'Obiou (Isère) et ... le Puy Mary. Un horn
résulte de la coalescence40 de 3 ou 4 cirques situés sur des versants différents. D’une manière
analogue, la réunion de 2 cirques seulement d’un même versant donne parfois naissance à une
forme analogue à un horn, mais située sur un versant et non sur une arête sommitale et que
nous proposons d'appeler une corne41.
Phase 3
39
un horn est un sommet, aux pentes souvent abruptes, dû à l’action de quatre - parfois trois - glaciers de cirque
œuvrant sur les deux versants d’une arête sommitale
40
Union
41
Relief analogue au horn mais situé à l'intersection de deux cirques d'un même versant ou au milieu d'un glacier
de versant.
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16
Les glaciers sont capables d'entraîner dans leur mouvement tous les objets qui tombent à leur
surface (cailloux anguleux des pentes rocheuses ou nunataks) ou qui sont arrachés aux parois
(cailloux polis, boue ou farine glaciaire). Ils ont une compétence illimitée, pouvant transporter
des blocs de plusieurs m3 donc de plusieurs tonnes sur de grandes distances.
Les débris tombant sur la zone d'accumulation sont peu à peu recouverts et entraînés vers la
base du glacier où ils alimentent la moraine42 de fond ; dans la partie médiane et en aval de
cette zone, ils sont incorporés dans la glace (débris intraglaciaires) et forment la moraine
interne ou médiane. Les débris tombant sur la zone d'ablation demeurent à la surface de la
glace et se déplacent plus vite s'ils se trouvent au centre de la langue glaciaire que sur ses
bords. Si la vitesse d'un glacier diminue vers l'aval, il peut être entièrement recouvert de
débris (glacier noir, par opposition au glacier blanc, qui est un glacier de cirque ou un
inlandsis).
Au moment de la fonte du glacier, les matériaux s’accumulent : ce sont des moraines. Dans
les glaciers de montagne, ces accumulations apparaissent en bordure, au milieu et sur le front
des glaciers ; les moraines comprennent des débris en cours de transport ou abandonnés lors
de la fonte ou du recul d'un glacier. On distingue les moraines latérales (déposées entre la
42
Accumulation de blocs rocheux de toutes tailles, transportés par lui, après qu’ils ont été arrachés par lui, ou se
sont éboulés sur lui.
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marge d'un glacier et le versant qui domine le glacier), les moraines médianes (résultant de la
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coalescence de moraines latérales de deux langues glaciaires qui confluent) et les moraines
frontales (à la terminaison des langues et qui dessinent parfois des vallums ou des
amphithéâtres morainiques). Les glaciers de type alpin déposent peu de moraines de fond,
sauf lorsqu'il s'agit de grands appareils. Dans le cas des inlandsis, la moraine de fond
prédomine.
Au-delà du glacier, les eaux de fonte étalent des alluvions en cônes de déjection fluvio-
glaciaires52, puis en plaines caillouteuses et sableuses, parcourues par des chenaux
proglaciaires très larges : les fleuves de l’Europe du Nord occupent d’anciens chenaux créés
en avant des glaciers quaternaires.
43
Il s’agit de collines constituée par la moraine de fond d’un ancien glacier, et allongée suivant l’écoulement
glaciaire.
44
Qui a la forme d'un œuf Synonyme: ovale
45
Ôs (n. m.) ôs, transcription française du suédois ås, prononcer *ôsse. Synonyme : esker.
46
Ås (n. m.) ås, prononcer *ôsse, au pluriel asar, mot suédois, désigne une colline boisée ; en anglais ås, os,
pluriel osar ; transcrit ôs en français. Synonyme : esker.
47
Qui a la forme d’un serpent.
48
Au front du glacier, la glace, en fondant, abandonne tous les matériaux qu'elle a transportés : ceux de la
surface, ceux emprisonnés dans la glace et ceux arrachés au fond ; l'ensemble constitue la moraine frontale,
49
Partie saillante, arrondie, longeant ou faisant le tour de qqch.
50
Colline, constituée par la moraine frontale et en croissant convexe vers l’aval.
51
Pente douce du relief qui s'incurve en forme de cirque (s’incurver : donner une forme courbe à quelque chose)
52
Il s’agit de dépôts glaciaires remaniés par les eaux
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18
CONCLUSION
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SOURCES
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- Géographie 2de
- « Modelé » in http://fr.wikipedia.org/wiki/Model%C3%A9
- “ Modelé” in http://www.geowiki.fr/index.php?title=Modelé
- « Le modelé glaciaire » in
http://www.paysagesglaciaires.net/site_source/Pages_2/5_modele_glaciaire.html
- « Ablation » in http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.encyclopedie-
universelle.com/DOSSIERS/ablation/ablation-cotes-structures-
geologiques.jpg&imgrefurl=http://www.encyclopedie-
universelle.com/DOSSIERS/ablation/ablation.html&h=794&w=944&tbnid=DjsNiI9dOg634
M:&zoom=1&tbnh=90&tbnw=107&usg=__dzrFdsUJCz5Z66uSYjLjO0k1UMk=&docid=qs
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