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et géomorphologie continentale
L’hydrosphère et les systèmes de la Terre Cours
Les nuages, entrainés par les mouvements atmosphériques, déversent sur les continents des
précipitations sous forme de pluie ou de neige, en quantité variable dans le temps et dans l’espace.
Que deviennent ces précipitations à la surface des continents et quelles sont les conséquences de
leur circulation sur la morphologie des continents ?
Æ Une partie ruisselle : l’eau coule en abondance en surface, et ce d’autant plus et d’autant plus vite
que le couvert végétal n’est pas continu ou absent, que la pente est forte, que la pluie est violente,
que le sol est imperméable (argiles) et/ou déjà saturé en eau (l’eau ne peut plus s’infiltrer dans les
pores pleins). Dans ce dernier cas, au lieu de former des rigoles, l’eau forme une nappe continue en
surface (sheet-flood) dans les régions chaudes subdésertiques, entrainant des particules fines et
laissant sur place les gros cailloux.
Les eaux de ruissellement sont appelées les
« eaux sauvages », leur action dépend moins
de la pluviosité annuelle moyenne que de la
quantité d’eau précipitée dans un minimum de
temps : les pluies d’orages exceptionnels sont
les plus catastrophiques à l’origine
d’inondations, et les eaux de ruissellement
sont l’agent le plus actif de l’érosion des
continents : elles sont la source principale de
la charge solide des cours d’eau.
Le ruissellement a donc des conséquences sur
le paysage qui dépendent de la géologie :
Ravines et relief de « bad-lands » : terres noires dans Lapiez dans le massif de la Chartreuse (Isère)
les marnes près de Digne (Alpes de Haute Provence) © Ian McKenzie
Cheminée de fée à Cotteuge Chaos granitiques à Uchon Dyke (secteur de Los Antiguos, Argentine)
(Puy-de-Dôme) © B. Tiphine (Saône-et-Loire) © B. Beauvière
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Æ une partie s’évapore à partir des surfaces d’eau libre ou des feuilles des végétaux
(évapotranspiration), retournant ainsi à l’atmosphère dans le cycle de l’eau.
En moyenne, en France, on estime à 60% l’évapotranspiration, 16 % le ruissellement et 24%
l’infiltration.
Bilan : Précipitations = Ruissellement + Infiltration + (Evaporation + Evapotranspiration)
Une partie des eaux courantes peut s’accumuler dans des dépressions basses, donnant les eaux
plus ou moins stagnantes des lacs, étangs, mares, mais une grande partie continue son écoulement,
les eaux collectées se regroupent en cours d’eau de plus en plus importants.
B - Des eaux courantes au cours d’eau : le bassin versant alimente le cours d’eau
Les limites du bassin versant dépendent du point où l’on se place sur le cours d’un fleuve. Ici le bassin versant
en vert est inclus dans le bassin versant en rouge, correspondant au fleuve à son embouchure. © CPIE des
Causses méridionaux
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¾ Les torrents sont des cours d’eau rapides en pays montagneux, au sens strict, ils sont
temporaires, mais le terme est parfois étendu à des cours d’eau permanents. On distingue 3
parties :
© EduTerre / IFE
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II – Les eaux courantes s’organisent en réseaux hydrographiques
L’organisation des réseaux de cours d’eau fait l’objet de l’hydrographie.
Réseau hydrographique de la
Cèze, un affluent du Rhône
(Lozère et Gard) © A.B.Cèze
Par contre, dans les régions plus arides, les réseaux peuvent être désorganisés (vallées
sèches, oblitérées par des dunes) ou anarchiques (les eaux confluent, diffluent, s’unissent à d’autres
et se séparent à nouveau, en Afrique par exemple).
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Le débouché des fleuves en mer :
Une rivière qui débouche en mer, quelle que soit sa taille, s’appelle un fleuve. La morphologie
de l’embouchure est variable : dans un delta (comme celui du Rhône), c’est l’apport en alluvions du
fleuve qui domine, et c’est l’ensemble de l’embouchure du fleuve qui prograde vers le large ; dans un
estuaire (Loire, Seine), c’est l’influence de la mer ou de l’océan qui domine, les marées se font sentir
loin vers l’intérieur, la charge sédimentaire est fine (les sédiments grossiers se sont déposés en
amont), et le contact avec l’eau salée fait floculer les argiles : la sédimentation est vaseuse. Dans les
rias ou abers (fleuves bretons), d’anciennes vallées aériennes lors des périodes de bas niveau marin
sont aujourd’hui envahies par la mer. Dans les fjords norvégiens, la vallée, profonde, a été creusée
par un glacier.
De gauche à droite : le delta du Nil a progradé dans la Méditerranée (sa forme évoque la lettre grecque
Δ) ; l’estuaire de la Seine avec son bouchon vaseux (vue Google Earth) ; l’aber Wrac’h en Bretagne.
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Ces différents lits sont distincts pour la Loire, dernier grand « fleuve sauvage » d’Europe, mais
confondus pour la Seine. L’Homme peut tenter de régulariser le cours d’eau, et diminuer les effets
des crues en construisant des levées (Loire) ou des barrages (barrage d’Assouan sur le Nil). Il
modifie alors la sédimentation et ses conséquences.
Moselle
Meurthe
Meuse Avant la capture
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C- Profil d’équilibre et terrasses
Par le jeu de l’érosion et de la sédimentation, le profil longitudinal d’une rivière tend vers un
profil d’équilibre concave vers le haut, qui tangente vers le bas le niveau de base (niveau de la mer
pour un fleuve). Quand le profil est atteint, l’érosion cesse. Si un aménagement écarte la rivière de
son profil d’équilibre, l’érosion – et/ou la sédimentation – reprennent. Si le niveau de base s’abaisse
(baisse du niveau marin par accumulation de glace dans les inlandsis lors d’une période froide),
l’érosion reprend dans la partie basse. Si, au contraire, le niveau de base s’élève (période plus
chaude avec fonte des inlandsis), la rivière dépose des alluvions dans sa partie basse.
Une terrasse apparaît quand une rivière s’encaisse dans ses propres alluvions (phase
érosive) avant de se remettre à déposer des alluvions : la surface de l’ancien lit majeur est alors
suspendue au dessus du cours d’eau. Si le phénomène se reproduit plusieurs fois, on a des
terrasses :
- étagées si les couches d’alluvions sont dégagées les unes des autres (érosion importante)
- emboitées si l’entaille d’érosion où se dépose la terrasse t+1 reste contenue dans la terrasse t.
Dans la partie aval des rivières, il est possible de corréler l’altitude des terrasses avec les variations
du niveau de base, c'est-à-dire du niveau marin : les terrasses sont eustatiques.
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D- Les méandres
Ce sont les sinuosités des cours d’eau qui s’installent en particulier dans les zones du cours
d’eau à faible pente, et donc plutôt vers la zone aval. Dans les plaines alluviales, ils s’incrustent à
peine, et peuvent divaguer en abandonnant d’anciens méandres.
Si la région où serpentent des méandres se soulève ou que le niveau de la mer s’abaisse, les
méandres s’encaissent sur place. La rivière sape la rive concave qui devient abrupte et alluvionne sur
la rive convexe qui est en pente douce (c’est le cas de la Seine en aval de Paris). Cette différence de
comportement s’explique par la différence de vitesse du courant (cf courbe d’Hjulström) : il est plus
rapide sur la rive concave, qu’il érode, que sur la rive convexe, ou l’eau lâche sa charge solide.
Bien que les rivières ne contiennent que 0,0001% des réserves d’eau de la planète, elles sont
donc un élément fondamental de la compréhension de la géomorphologie des continents et de leur
évolution : elles participent à l’érosion des reliefs, mais sont aussi génératrices de reliefs en créant
des dénivelés relatifs (cf Canyon du Colorado).