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Partie1

L'eau souterraine

Les principaux types de nappes

Il y a plusieurs types de nappes selon les roches-magasins et selon la nature du réservoir.

Les grandes nappes libres des formations sédimentaires

 Il s'agit de roches poreuses (sable, craie, calcaire) jadis déposées en vastes couches. Elles peuvent contenir de 50 à 100
l d'eau par m3 . Les forages peuvent délivrer à peu près de 50 à 200 m3 d'eau à l'heure.Ces nappes sont dites libres
parce que la surface supérieure de l'eau fluctue sans contrainte. Il n'y a pas de "couvercle" imperméable au toit du
réservoir et la pluie efficace peut les alimenter par toute la surface. Certaines nappes libres sont constituées par des
plateaux calcaires où les vides sont surtout des fissures élargies par la dissolution, parfois jusqu'à la taille de gouffres et
de cavernes. Ce sont des karsts. Ils peuvent donner lieu à de grosses sources ( Vaucluse), mais comme les vides
contenant de l'eau sont grands et peu nombreux, la réserve s'écoule vite et le débit des sources varie parfois de 1 à 100
au cours de l'année. Dans les régions méditerranéennes, beaucoup de ces sources tarissent en fin d'été

Les nappes captives . 

 Elles sont constituées à peu près des mêmes types de roche, mais sont recouvertes par une autre couche géologique
imperméable qui confine l'eau. Celle-ci est alors sous pression et peut jaillir dans des forages dits artésiens. L'alimentation
ne peut se faire que par des zones d'affleurement limitées ou des communications souterraines. Dans les déserts, ces
nappes sont fossiles. Elles ne reçoivent plus d'alimentation et sont alors des mines d'eau épuisables non renouvelées.

 Les nappes captives sont souvent profondes, voire très profondes (1000 m et plus). On peut alors les exploiter pour la
géothermie.

Les nappes alluviales 

Elles constituent un type particulier de nappes, formées par les grands épandages de sables et graviers des fleuves et
des rivières. Ces nappes fournissent 60% des eaux souterraines captées en France, en particulier grâce à leur facilité
d'accès et leur bon débit. Elles sont le lieu privilégié des échanges entre les cours d'eau et les autres grandes nappes des
coteaux (nappes libres). C'est à travers ces nappes alluviales que les grands flux issus des nappes libres rejoignent les
rivières. Parfois, ce sont les rivières qui cèdent de l'eau aux nappes alluviales. 

La dynamique des eaux souterraines

 A l'intérieur des nappes se déroulent de grands phénomènes naturels de fluctuation et d'écoulement. L'eau d'infiltration
issue des pluies efficaces, au sommet de la nappe remplit les pores et relève le niveau de la nappe sur une hauteur de un
à quelques dizaines de mètres, selon les roches et l'importance de la recharge. Ceci entretient une pente faible mais
suffisante pour que l'eau s'écoule vers les points bas et les sorties possibles (rivières, sources). Sous l'effet de la
pesanteur, l'eau souterraine s'écoule comme le fait l'eau de surface, mais le freinage produit par le frottement dans les
pores de la roche fait durer le phénomène des semaines ou des années.Dans un karst, très perméable, cela dure de
quelques semaines à quelques mois. Dans un sable fin argileux, peu perméable, cela prend des années. Pendant ce
temps, l'écoulement aux limites vide le réservoir et abaisse la surface. Là est l'origine de la fluctuation du niveau des
nappes, et le niveau remontera aux prochaines pluies efficaces. L'amplitude de la fluctuation est maximale, loin des
limites de sortie. En revanche, aux sources, le niveau varie peu, c'est alors le débit qui fluctue. Ainsi, beaucoup de nappes
ont un régime pluriannuel. Une série de recharges, chaque année, constitue un peu comme un train d'ondes irrégulières
qui se combinent pour former une modulation plus lente, plus large. Une et même plusieurs années sans recharge de ces
types de nappes ne constituent donc pas une phénomène grave. Elles supportent bien ces déficits temporaires
d'alimentation, mais leur écoulement aux limites se ralentit progressivement et donc également leur apport aux cours
d'eau.

Les relations entre nappes

 Des nappes qui communiquent entre elles forment des systèmes aquifères et la combinaison naturelle de plusieurs
nappes contenues dans des terrains de propriétés diverses, va jouer un rôle modérateur et régulateur des écoulements. A
plus grande échelle, le drainage successif de plusieurs nappes par le réseau hydrographique d'un grand bassin constitue
aussi un phénomène compensateur par addition de nappes karstiques à tarissement rapide et de nappes à effet de
réserve différée par exemple. Chacune joue alors son rôle le moment venu en fonction de ses capacités. De plus, la taille

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des bassins organisés en grappes de sous-bassin est aussi responsable de la plus ou moins grande pérennité des
écoulements. Ce sont donc les petites nappes de faible capacité de stockage, vites vidées parce que très perméables et
situées en tête des bassins qui vont mal supporter la sécheresse.

L'infiltration des pluies ou la recharge des nappes

Le milieu naturel fonctionne comme un ensemble de réservoirs en cascades. Le sol recueille les pluies (une partie de
l'eau ruisselle plus ou moins rapidement selon la pente et la perméabilité des terrains) et le proche sous-sol s'humecte et
retient une partie de l'eau qu'il redistribue vers l'atmosphère par les plantes qui "évaporent et transpirent"
(évapotranspiration : en France, près des 2/3 des pluies repartent ainsi vers l'atmosphère) et vers le sous-sol profond. Les
nappes sont ainsi alimentées par l'infiltration.  Les couches profondes du sous-sol sont le réservoir des nappes. Ces
nappes ne sont pas immobiles. Un flux quasi horizontal les parcourt d'amont en aval, des zones d'infiltration vers les
sources et les rivières. Fortement freiné par l'écoulement dans les pores des roches, ce flux est lent. Alors qu'une rivière
s'écoule sous nos yeux à environ un mètre par seconde, il faut à l'eau souterraine un jour ou un an pour parcourir le
même trajet. Cette lenteur ne signifie pas pour autant faiblesse des débits. Grâce à la grande largeur des fronts
d'écoulement des nappes, des dizaines de milliards de m3 pour chaque bassin rejoignent ainsi les rivières. Le devenir
d'une pluie va donc être très différent selon l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Une faible pluie d'hiver, sur un sol
labouré, va humecter le réservoir superficiel qui va se recharger. Avec de nouvelles pluies, le taux d'humidité va croître
jusqu'à ce que la terre contienne, selon sa nature, 50 à 150 l d'eau au m3 . C'est la réserve facilement utilisable par les
plantes qui vont y puiser dès le printemps et l'épuiser progressivement, s'il ne pleut pas de nouveau. 

Si le sol superficiel reçoit plus d'eau que le volume de cette réserve, il ne peut la stocker. Il va alors céder cette eau aux
nappes. C'est le phénomène de recharge ou d'infiltration. Le niveau des nappes va commencer à monter mais cela se
produit avec un certain décalage dans le temps car l'eau chemine lentement, même verticalement. Au contraire, si des
pluies, mêmes importantes, surviennent alors que la végétation est très active, l'eau de réserve superficielle qui se
reconstitue est redistribuée aux plantes qui se servent les premières. Il ne peut y avoir d'infiltration profonde. De très
violentes pluies qui n'ont alors pas le temps de s'infiltrer (surtout si le terrain est en pente) peuvent donner lieu à des
ruissellements et à des crues.

 Ceci explique donc :

que les nappes se rechargent en hiver. Si l'hiver est sec, il n'y a pour ainsi dire pas de recharge. Il y a possibilité de
sécheresse de nappes, dans la mesure ou celles-ci n'ont pas de grosses réserves,

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que même s'il y a eu une bonne recharge hivernale, on peut avoir un printemps et un été chauds et secs qui
engendreront alors une sécheresse superficielle (sécheresse du sol et de la végétation),
qu'à un hiver sec, sans recharge de nappes, peut succéder un printemps très humide. Les nappes resteront basses mais
la végétation sera florissante.

 En année "moyenne", près de 200 l d'eau s'infiltrent ainsi sous chaque m2 de notre territoire, mais il peut s'agir
localement de moins de 50 l et ailleurs de plus de 500 l en fonction du climat et des terrains en présence.

 Toutes les combinaisons selon les types de sols, de climats et de topographies, sont donc possibles.

L'écoulement des nappes vers les cours d'eau

En période de pluie dite efficace, les nappes et le ruissellement de surface s'alimentent. Il peut donc y avoir des crues, ou
simplement des hautes eaux, car le sol gorgé d'eau ne peut "avaler" plus vite que sa perméabilité ne le lui autorise. Pour
la recharge, il vaut donc mieux des pluies moyennes régulières et entretenues que des trombes d'eau qui ruissellent et
provoquent des inondations. Ces phénomènes, parfois catastrophiques, durent quelques jours, quelques semaines, ou
moins selon la taille des bassins versants et la durée des séquences pluvieuses .Cependant, lorsque les ruissellements
cessent, ce qui se passe de façon progressive, les fleuves ne s'assèchent pas, ou pas tout de suite car ils sont, en effet,
alimentés par la vidange des nappes (par les sources) et par l'effet de drainage du fond du lit des cours d'eau (c'est le
point le plus bas où convergent tous les écoulements souterrains). Lorsque les pluies ont cessé, que les ruissellements se
sont taris, c'est l'eau de nappe qui s'écoule dans les rivières. Grâce aux propriétés d'éponge des pores des roches,
l'écoulement est ralenti et les nappes fonctionnement alors comme des réservoirs. A la suite d'une bonne recharge
hivernale, les nappes sont hautes. Elles alimentent alors, de façon abondante et durable, le débit des cours d'eau, au
moins jusqu'au début de l'été. Il peut donc y avoir une canicule sévère sans qu'il y ait nécessairement pénurie d'eau dans
les rivières et les barrages. A l'intérieur des nappes interviennent également des phénomènes régulateurs, plus ou moins
intenses selon la nature géologique des terrains (ou aquifères) qui contiennent l'eau.

La sécheresse

 Beaucoup d'idées reçues circulent sur la sécheresse et bien souvent les faits démentent les apparences. Ainsi, un
paysage verdoyant ne recouvre pas forcément un sous-sol riche en eau. Inversement, sous des paysages minéraux,
d'importantes réserves attendent d'être exploitées. Par ailleurs, quand les besoins l'exigent et que les ressources sont
disponibles, il n'y a aucune raison de se priver des "banques à eau" que sont les nappes souterraines. 

 La sécheresse : quelques définitions

 La sécheresse est une déficience conjoncturelle (établie par rapport à une valeur de référence) des apports d'eau par
les pluies. Il y a des périodes de sécheresse, des années ou des décennies sèches. Ainsi, un mois sans pluie en
Bretagne = sécheresse, huit mois sans pluies à Niamey = état "normal". Par rapport à des pluies toujours irrégulières, la
valeur moyenne est une notion abstraite faite d'années diversement arrosées et, même en climat tempéré, l'année
moyenne est très rare.Plus l'écart à la moyenne est grand (on dit aussi écart à la "normale", qui est le standard de
référence de la météorologie nationale), plus la déception est grande, car la sécheresse est surtout l'insatisfaction d'une
attente, voire d'un "dû" dans l'esprit de certains.

 L'aridité est une caractéristique permanente du climat, définissable par des valeurs de pluie et de température. Par
rapport à une valeur moyenne, qui sera faible, un pays aride peut aussi présenter des sécheresses.

 La désertification est un phénomène lié à l'activité humaine qui frappe en premier les milieux naturels les plus fragiles.
Elle est favorisée par la sécheresse ou les séquences d'années sèches, mais elle est surtout causée par le surpâturage,
la déforestation, la mauvaise gestion des sols.

L'évaluation, la mobilisation et la préservation des ressources en eau souterraine répondent à des enjeux importants qui
relèvent à la fois du développement économique, de contraintes sociales ainsi que de la protection de l'environnement et
du cadre de vie.L'expression de ces enjeux se traduit essentiellement de deux manières :

certaines demandes en eau font spécifiquement appel à l'eau souterraine, compte tenu de propriétés
avantageuses :

- très large répartition spatiale de la disponibilité .

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- plus ou moins grande régulation annuelle, voire interannuelle, ce qui permet de minimiser les investissements en
dispositifs de stockage. Cette propriété confère à l'eau souterraine un pôle de réserve régulatrice "de secours" mieux à
l'abri des aléas climatiques que les eaux superficielles, et pouvant contribuer à réduire les effets d'éventuels déficits ;

l'eau souterraine contribue pour une large part à l'alimentation des cours d'eau et des rivières, et bien au-delà des
seules sources et émergences bien connues. Cette fonction lui confère une "responsabilité" dans le maintien des
ressources en eau de surface et la préservation des zones humides. 
 Les systèmes aquifères : unités de gestion de la ressource en eau souterraine

Le système aquifère est à la ressource en eau souterraine ce que le bassin versant est à la ressource en eau de surface :
c'est l'espace du sous-sol contenant une ressource identifiable, et gérable, en tant que telle.La tendance naturelle de l'eau
est de s'écouler toujours vers un "niveau de base" qui est celui de la mer. Elle peut être momentanément ralentie, piégée
et peut s'accumuler dans des formations géologiques lui offrant cette place : c'est le système aquifère.

Un système aquifère est donc l'ensemble d'un réservoir naturel souterrain et de l'eau qu'il contient, ou qui le
traverse.Plusieurs définitions ont été données du "système aquifère". Toutes expriment les notions d'espace géologique et
d'indépendance hydraulique.Si le système aquifère est une unité physique, géométriquement identifiable, l'eau qu'il
contient ne fait en général que le traverser : elle vient d'un amont et va vers un aval. Tant qu'elle reste dans le sous-sol
elle est dite "souterraine" et l'on a affaire à un système aquifère.Les états que l'on présente ne sont que des "instantanés"
figés de cette évolution, lente, mais qui mobilise d'énormes masses d'eau. La connaissance de la ressource en eau est à
la mesure de cette définition, une grande inertie par rapport aux signaux de surface, une vaste distribution et des volumes
considérables rarement reconnus de façon exhaustive.Cette ressource, que l'on conçoit comme un stock, ne se mesure
qu'indirectement par les volumes qui entrent, les volumes qui sortent, les rythmes d'échange, tous ces termes entrant
dans ce que l'on a coutume d'appeler le bilan d'eau.

1/Entrent dans un système aquifère, des flux qui sont :

- une partie de la pluie,


- les échanges dans un sens avec les cours d'eau,
- les eaux de ruissellement des zones urbanisées et une part des eaux usées,
- une petite partie des eaux d'irrigation,
- les eaux échangées avec d'autres systèmes aquifères.

Entrent, avec cette eau, des micro organismes et des substances dont l'homme maîtrise encore mal les échanges :
nitrates, pesticides, polluants d'origine industrielle, urbaine, ...

2/Sortent de ce système :

- les eaux de débordement (sources),


- les eaux provenant de la vidange gravitaire naturelle du système lui-même,
- les eaux échangées avec d'autres systèmes aquifères,
- les eaux extraites par l'homme pour ses besoins, notamment pour assurer les besoins alimentaires et les activités
industrielles et agricoles,
- la reprise par les végétaux profondément enracinés pour les nappes peu profondes.

Par le terme de gestion on désigne les interventions que l'homme peut entreprendre sur l'un ou l'autre, ou plusieurs
termes du bilan, afin de modérer, accentuer ou stabiliser une situation, garantir la ressource et en permettre l'usage,
indépendamment des aléas climatiques. 

Le suivi des eaux souterraines

Il porte sur trois aspects :

- piézométrie (mesure du niveau d'eau dans les nappes) : vérifier l'adéquation des réseaux de mesures existants aux
contraintes, risques et objectifs de gestion. Concevoir et mettre en place un suivi piézométrique pour les systèmes qui
en sont dépourvus et concevoir des réseaux de bassin.
- qualité de l'eau : concevoir le suivi qui jusqu'à présent ne concerne quasi-exclusivement que les captages pour
l'alimentation en eau potable afin de satisfaire l'objectif de qualité "eau souterraine".
- prélèvements : actuellement ce suivi incombe aux Agences de l'eau dans le cadre de leur politique de redevance. Le
secteur agricole très mal connu, pourtant poste clé des bilans hydrauliques et théoriquement "mesurable", demande un
suivi qui est actuellement très incomplet.

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Partie2

L'hydrogéologie

D'après
G. Castany " principes et méthodes de l' hydrogéologie " 

L'hydrogéologie est une science qui étudie les phénomènes que peuvent subir les fluides dans le milieu souterrain, en
fonction du type de réservoir.
Elle permet de suivre l'évolution des pollutions pouvant se propager dans les sols et les eaux souterraines, et de
déterminer les moyens les plus appropriés pour les combattre.
Elle est également indispensable lors de la mise en place de puits de captages, afin de localiser précisément le lieux
d'implantation ; ceci par l'étude des nappes d'eaux disponibles sur le terrain.
Pour cela, plusieurs approches d'études se recoupent : la partie géologique du terrain, avec les formations existantes
(appelées formations lithostratigraphiques), la partie hydrodynamique et son aspect physico-chimique. Enfin, la partie
pratique "in situ", très importante pour évaluer les paramètres d'écoulement (pompages d'essai).

Plan :

1. Systèmes hydrologiques
  1.1 Le bassin hydrologique
  1.2 Le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines
  1.3 L'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine
2. Identification géologique de l'aquifère
  2.1 Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques
2.2 Surfaces limites du réservoir
2.3 Les formations hydrogéologiques et les aquifères
2.3.1 Formations hydrogéologiques perméables, gisements d'eau souterraine, origines des aquifères
  2.3.2 Formations hydrogéologiques imperméables imposant les limites géologiques des aquifères
  2.3.3 Formations hydrogéologiques semi-perméables à l'origine de l'aquifère multicouche
 
3. Identification hydrodynamique de l'aquifère
  3.1 Concept d'aquifère
  3.2 Types hydrodynamiques
    3.2.1 Aquifère à nappe libre
    3.2.2 Aquifère à nappe captive
    3.2.3 Aquifère à nappe semi-captive
4. Aquifère, réservoir d'eau souterraine
  4.1 Caractéristiques physico-chimiques du réservoir
    4.1.2 Morphologie et interconnection des vides
    4.1.3 Classification hydrogéologique des réservoirs
    4.1.4 Etude granulométrique et caractéristiques du milieu poreux
    4.1.5 Paramètres des vides ; Porosité et surface spécifique
  4.2 Types d'eau souterraine
    4.2.1 L'eau gravitaire
    4.2.2 L'eau de rétention
  4.3 Caractéristiques hydrogéologiques du complexe eau/réservoir
    4.3.1 Porosité efficace
    4.3.2 Valeurs et facteurs de la porosité efficace
    4.3.3 Facteurs de la porosité efficace
  4.3.4 Emmagasinement souterrain

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5. Aquifère, conduite d'eau souterraine
  5.1 Loi de Darcy : dispositif expérimental
  5.2 Enoncé de la loi de Darcy

5.3 Transmissivité

6. Pompages d'essais
  6.1 Equipement technique
  6.2 Effet du pompage sur l'aquifère - Cône de dépression
  6.3 Enregistrement des paramètres hydrodynamiques
 
7. Cartographie de l'aquifère
  7.1 Cartes structurales de l'aquifère
    7.1.1 Cartes de la configuration de l'aquifère.
    7.1.2 Cartes de la structure du réservoir
  7.2 Cartes piézométriques
    7.2.1 Mesure des niveaux piézométriques
    7.2.2 Report des niveaux piézométriques
    7.2.3 Tracé des courbes hydroisohypses
    7.2.4 Interprétation des cartes piézométriques

Systèmes hydrologiques

Le cycle de l'eau est planétaire et perpétuel. Pour l'exécution des études hydrogéologiques il est nécessaire de le
fractionner, conventionnellement, en domaines d'espace et en durées accessibles aux observations, expérimentations et
mesures, donc en systèmes hydrologiques. L'étude du cycle de l'eau situe les systèmes hydrologiques dans leur
environnement et permet d'analyser leur comportement hydrodynamique.

Trois domaines d'espaces interdépendants, emboîtés, peuvent être circonscrits. Ils identifient 3 systèmes hydrologiques,
dans l'ordre de grandeur décroissant :

Le bassin hydrologique

Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques, délimitant le bassin versant d'un cours
d'eau et de ses affluents. Il correspond donc, en surface au bassin hydrogéographique. Il est admis que ses limites se
superposent, au mieux, à celles du bassin hydrogéologique. Ces conditions sont en général réalisées pour les grandes
unités, de l'ordre de quelques centaines de millier de km².

Le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines

Le bassin hydrogéologique est la fraction de l'espace du bassin hydrologique située sous la surface du sol. C'est le
domaine des eaux souterraines. En général, il correspond à un bassin sédimentaire. Ses limites sont imposées par la
structure hydrogéologique.

L'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine

L'aquifère, identifié par la géologie, est l'unité de domaine d'étude des eaux souterraines. Le bassin hydrogéologique est
constitué d'un ou de plusieurs aquifères.

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Identification géologique de l'aquifère

Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques

Une formation lithostratigraphique est constituée par un corps de terrain de nature homogène : sable, calcaire, grès,
granite, argile, gypse, etc. Elle est désignée par le nom de la région (ou de la localité) où elle a été observée et décrite ou
par un terme d'étage. Exemples : calcaire de Champigny, alluvions de la Crau, sables albiens du bassin de Paris.

Elle est identifiée par 3 ensembles de données fixes : surfaces limites, localisation dans le sous-sol et structure.

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Surfaces limites du réservoir

Les surfaces limites du réservoir, inférieure ou substratum, supérieure ou toit, et latérales (affleurements, passage latéral
de faciès, failles), identifient les conditions aux limites géologiques.

 Localisation dans le sous-sol : la géologie stratigraphique et structurale d'un bassin sédimentaire localise, à
différentes échelles les formations lithostratigraphiques dans le sous-sol.

 Structure du réservoir

La pétrologie, la sédimentologie, l'analyse structurale et la géochimie déterminent les caractéristiques physiques et


chimiques du réservoir. C'est-à-dire sa structure. Un importance est apportée à la granulométrie et à la fissuration. La
distribution des données dans l'espace est exprimée par des coupes et cartes structurales.

Les formations hydrogéologiques et les aquifères

aquifère : formation géologique souterraine, formée de roches poreuses ou fissurées, dans laquelle l'eau peut s''infiltrer,
s'accumuler et circuler; le mot aquifère désigne à la fois le contenant (les roches) et son contenu (l'eau).

Une formation hydrogéologique est une formation lithostratigraphique ou leur combinaison, ayant des fonctions globales
vis-à-vis du stockage et de l'écoulement de l'eau souterraine.

La caractéristique essentielle d'une formation hydrogéologique est son degré de perméabilité. La perméabilité, aptitude
d'un réservoir à conduire l'écoulement d'eau, dans des conditions hydrodynamiques imposées, permet un classement en
3 grandes catégories; perméables, imperméables et semi-perméables.

Formations hydrogéologiques perméables, gisements d'eau souterraine, origines des aquifères.

Les matériaux ayant la propriété de se laisser traverser par l'eau à des vitesses appréciables (quelques mètres à des
milliers de mètres par an), sous l'impulsion de différences d'altitudes ou pente de la nappe appelés gradients, sont dits
perméables. Ce sont les graviers, les alluvions, les sables gros et moyens, les calcaires fissurés, etc.

Formations hydrogéologiques imperméables imposant les limites géologiques des aquifères

Les vitesses d'écoulement de l'eau souterraine, dans certains matériaux, sont très faibles, pratiquement non mesurables
(quelques millimètres par an). Ils constituent les formations hydrogéologiques imperméables imposant les limites
géologiques des aquifères. Ce sont les silts, les argiles, les marnes, etc.

Formations hydrogéologiques semi-perméables à l'origine de l'aquifère multicouche

Certains matériaux, comme les sables très fins, les sables argileux, de très faible perméabilité permettent dans des
conditions hydrodynamiques favorables, les échanges verticaux ascendants ou descendants entre aquifères superposés,
par un phénomène naturel appelé la drainance. Ils constituent les formations hydrogéologiques semi-perméables. Une
structure hydrogéologique, constituée d'une alternance de formations hydrogéologique perméables et semi-perméables
identifie un aquifère multicouche.

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Identification hydrodynamique de l'aquifère

Concept d'aquifère

Un aquifère est un système hydrologique, hydrodynamique. Il est donc identifié par 5 ensembles de caractéristiques
quantifiables :

 Un réservoir, domaine d'espace fini, caractérisé par ses conditions aux limites et ses dimensions ou configuration
et par son organisation interne ou structure. Il est identifié par une (ou une combinaison de ) formation
hydrogéologique.
 Des processus internes ou mécanismes hydrodynamiques, hydrochimiques et hydrobiologiques, entraînant 3
fonctions du réservoir vis-à-vis de l'eau souterraine : stockage, conduite (transfert de quantités d'eau ou
d'énergie) et milieu d'échanges géochimiques.
 Une séquence du cycle de l'eau, avec des interactions avec l'environnement se traduisant par 3 comportements,
hydrodynamique, hydrochimique et hydrobiologique. Elle est caractérisée par le couple impulsion/réponse
exprimé par une relation ou fonction de transfert.
 La variabilité dans l'espace de ces caractéristiques.
 Des conditions de temps, toutes les mesures de caractéristiques étant rapportées à une date donnée ou a une
durée moyenne. Ces dernières, basées sur des historiques, permettent les prévisions.

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Types hydrodynamiques

La configuration ou enveloppe, de l'aquifère porte sur ses dimensions et les caractéristiques de ses limites géologiques et
hydrodynamiques.La base de l'aquifère, appelé substratum, est constitué par une formation hydrogéologique
imperméable; Par contre sa limite supérieure est de 3 types :

 Hydrodynamique avec fluctuations libres : aquifère à nappe libre


 Géologique imperméable : aquifère à nappe captive
 Géologique semi-perméable : aquifère à nappe semi-captive

Aquifère à nappe libre

Les puits et sondages du premier aquifère, rencontré sous la surface du sol, présentent un niveau d'eau dont l'altitude est
appelé par convention, le niveau piézométrique. Souvent, ce niveau est mesuré dans des ouvrages de petit diamètre,
appelés piézomètres. L'ensemble des niveaux piézométriques mesurés en différents points à une date donnée, détermine
la surface piézométrique.

De même que les cotes du niveau du sol permettent de tracer la surface topographique, elle est représentée sur des
cartes piézométriques par des courbes d'égal niveau piézométrique ou courbes hydroisohypses. C'est une limite
hydrodynamique. Cette surface peut s'élever ou s'abaisser librement dans la formation hydrogéologique perméable, d'où
la dénomination d'aquifère à nappe libre.

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Aquifère à nappe captive

Dans les aquifères plus profonds, les eaux souterraines sont emprisonnées dans la formation hydrogéologique
perméable, entre 2 formations imperméables fixes : le substratum à la base et le toit au sommet.

Etant donné la situation en profondeur, l'aquifère subit une pression, dirigée de haut en bas, égal au poids de la colonne
de terrains de densité moyenne 2,5 (soit 2,5 bars par tranche de 10m) qui le surmonte jusqu'à la surface du sol. La
pression atmosphérique étant négligeable, cette pression, dite géostatique, est équilibrée par la pression de couche ou de
pore qui règne à l'intérieur de l'aquifère.

Par exemple, l'aquifère des sables albiens de Paris, dont la base du toit est à 600m de profondeur sous la capitale, la
pression de couche est de 150 bars.

Lorsqu'un sondage perce le toit de l'aquifère la substitution au poids de la colonne de terrain de celui d'une colonne d'eau
entraîne une chute de pression dans l'aquifère. D'où décompression du réservoir et de l'eau qui est expulsée; Son niveau
se stabilise à une différence de charge entre la zone d'alimentation et l'ouvrage considéré. Ce type est l'aquifère à nappe
captive.Les eaux souterraines sont dites ascendantes. Si le niveau piézométrique se situe au dessus de la surface du sol,
l'eau jaillit naturellement. C'est l'artésianisme. Donc, si le captage des aquifères profonds exige des sondages coûteux,
leur exploitation s'effectue souvent à faible profondeur et parfois même sans pompage, l'artésianisme produisant un débit
naturel en surface.Comme pour les aquifères à nappe libre, l'ensemble des niveaux piézométriques permet de tracer la
surface piézométrique. Mais celle-ci fictive, n'est pas matérialisée sur le terrain. Elle n'indique pas la profondeur de l'eau
sous la surface du sol.

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Aquifère à nappe semi-captive

Le toit ou le substratum (ou les 2) de l'aquifère sont souvent constitués par une formation semi-perméable. Celle-ci
permet, dans certaines conditions hydrodynamiques favorables (différences de charge) des échanges d'eau (ou de
pression) avec l'aquifère superposé ou sous-jacent, appelé drainance. Ce phénomène implique un aquifère à nappe semi-
captive.

Aquifère, réservoir d'eau souterraine

Pour former un aquifère la présence de 2 constituants, ou phases, est nécessaire : la formation hydrogéologique
perméable ou réservoir, et l'eau souterraine. Le terme, eau souterraine, désigne toute l'eau contenue ou circulant dans le
réservoir. La fraction mobile est la nappe d'eau souterraine. A signaler éventuellement des gaz avec essentiellement de
l'air.

La première fraction du réservoir est capacitive. Elle caractérise le stockage ou la libération de l'eau souterraine. Ces 2
actions sont groupées sous le terme d'emmagasinement souterrain de l'eau. La libération de l'eau du réservoir est
provoquée par l'action de la force de la gravite (aquifère à nappe libre) ou par expulsion et décompression (aquifère à
nappe captive).

Caractéristiques physico-chimiques du réservoir

Le réservoir représente la trame solide de la structure de l'aquifère. L'eau souterraine mobile s'emmagasine et circule
dans les vides du réservoir, d'où l'importance de leur étude. Celle-ci porte sur les grandes caractéristiques des vides :
morphologie et interconnections

12
Morphologie et interconnection des vides

Les fonctions, réservoir et conduite, sont déterminées essentiellement par les dimensions et les interconnections des
vides. Ces dernières assurent la continuité du milieu aquifère.L'étude morphologique des vides porte sur leur nature, leur
forme et leurs dimensions. Deux grands types de vides, pores et fissures, caractérisent respectivement le milieu poreux et
le milieu fissuré.

 Morphologie des pores et milieu poreux

Les pores sont des vides de forme plus ou moins sphérique, de petites dimensions (ordre de grandeur millimétrique),
ménagés entre les particules solides ou grains, constituant le réservoir. Les grains ne sont jamais jointifs.Les dimensions
des vides sont étroitement liés à celles des grains, dont la mesure est plus directement accessible. Les diamètres des
grains des roches meubles perméables s'étalent dans une gamme de 0.06 à 16 mm. Il est plus petit, de 0.1 à 0.001 mm,
soit d'ordre de grandeur micrométrique, dans les argiles, milieu dit imperméable.

 Interconnection des pores et milieu continu

Les pores communiquent entre eux, dans le sens de l'écoulement de l'eau souterraine, permettant le déplacement des
particules d'eau. Celles-ci suivent des trajets ou trajectoires, plus ou moins compliqués, identifiant les lignes de courant.

Cet agencement est une des conditions de base pour la validité des lois de l'hydrodynamique souterraine. Par exemple la
pierre ponce volcanique qui renferme un grand nombre de vides, mais sans interconnections, est imperméable. C'est
pourquoi il ne faut pas confondre porosité et perméabilité. La porosité est la propriété du réservoir de stocker ou de libérer
de l'eau souterraine. La perméabilité est son aptitude à conduire son écoulement.

 Morphologie des fissures et milieu fissuré

Les fissures sont des fentes de forme allongée, à ouverture plus ou moins large; Leur ensemble constitue la fissuration,
phénomène naturel dont l'origine est essentiellement mécanique. Les fissures sont classées, suivant leurs dimensions, en
2 types : les microfissures (ouvertures de quelques dixièmes de millimètres)et les macrofissures (ouvertures supérieure à
quelques millimètres).

Classification hydrogéologique des réservoirs

Basée sur la lithologie et le (ou les) types de vides, elle est importante pour l'étude quantitative de l'infiltration, des
fonctions du réservoir et des comportements de l'aquifère. Elle est à la base de l'établissement des colonnes, coupes et
cartes hydrogéologiques.

Les deux grands types de vides permettent de distinguer deux grandes catégories de réservoirs :

 Les roches meubles ou non consolidées ;

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 Les roches compactes fissurées ou consolidées.

Toutefois les roches compactes présentent souvent des caractères mixtes avec coexistence de pores et de fissures.

Etude granulométrique et caractéristiques du milieu poreux

L’étude granulométrique, ou granulométrie, est l’ensemble des techniques permettant de déterminer les caractéristiques
physiques, pétrographiques, et géochimiques des roches meubles.

Elle repose sur :

 L’examen microscopique : géométrie, forme, dimensions et disposition dans l’espace (arrangement) des grains
et des vide ;
 L’étude pétrographique : nature des minéraux constituant les grains, argiles en particulier (échanges d’ions) ;
 L’analyse chimique des grains : sels solubles ;
 L’analyse granulométrique : dimension des grains.

Seule l’analyse granulométrique sera abordée.

 Analyse granulométrique et paramètres granulométriques

Une roche meuble, milieu poreux, est constituée d’un assemblage de particules solides, ou grains.

Leurs caractéristiques géométrique, leur répartition et leur disposition vont déterminer le type de réservoir. L’analyse
granulométrique a pour but la mesure des diamètres des grains par des paramètres granulométriques.

 Intérêt de l’analyse granulométrique

C’est une opération importante qui permet :

 D’accéder aux caractéristiques des vides par celles des grains ;


 De classer quantitativement les roches meubles et de dresser des cartes, trame de la distribution spatiale des
paramètres hydrodynamiques ;
 De calculer les paramètres granulométriques ;
 De procéder à l’équipement technique des puits et sondages : calcul de l’ouverture des parties captantes
(crépines), calibrage du gravier des massifs filtrants.

 Phases et classification granulométriques

Les dimensions des grains des roches meubles s’étalent dans une gamme, en général continue. L’analyse
granulométrique a pour but le tri, par des tamis standards, des grains en fourchettes de diamètres conventionnels. Une
première opération est dons le classement des grains en gammes de diamètres déterminés. C’est-à-dire l’établissement
d’une classification granulométrique.

Désignation Diamètres des grains (mm)

Caillou, pierre, bloc Supérieur à 16

Tamis Gravier, gravillon 16 à 2

  Gros 2 à 0,5

Sable Moyen 0,5 à 0,25

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  Fin 0,25 à 0,06

Silt 0,06 à 0,002

Argile Inférieur à 0,002

 Courbe granulométrique cumulative

Le traitement statistique des données de l’analyse granulométrique, utilisé en hydrogéologie, est la courbe
granulométrique cumulative.

Le couple de données concernant une phase granulométrique, diamètre et poids, obtenu par tamisage, est porté sur le
graphique :

 En abscisses logarithmiques les diamètres des grains, en mm, déterminés par les dimensions des mailles des
tamis ;
 En ordonnée linéaire les poids cumulés, en grammes, exprimés en pourcentage du poids de l’échantillon étudié.

Le graphique obtenu est la courbe granulométrique cumulative. Le sédiment est représenté par le secteur du diagramme
positionné sous la courbe.La courbe cumulative permet de calculer 2 paramètres granulométriques principaux : le
diamètre caractéristique, dx et le coefficient d’uniformité, U.

Le diamètre caractéristique, dx est mesuré par la valeur lue abscisse, correspondant à un pourcentage en poids cumulé.
Le plus utilisé est le diamètre efficace d10, obtenu par la valeur 10%. Cette valeur a été fixée conventionnellement en
considérant que les grains fins, entraînés par l’eau en mouvement obstruent les pores réduisant ainsi leurs dimensions

Le coefficient d’uniformité, U (sans dimension), attribue une valeur numérique à la pente de la courbe. Il est calculé par le
rapport suivant :

15
Par convention, si U est compris entre 1 et 2, la granulométrie est dite uniforme. S’il est supérieur à 2, elle est variée.

Paramètres des vides ; Porosité et surface spécifique

Les deux paramètres principaux des vides sont la porosité, et la surface spécifique. Tous sont exprimés en référence au
volume total de l'échantillon car la géologie évalue les volumes des formations hydrogéologiques.

 Porosité totale

La porosité totale, ou porosité, est la propriété d'un milieu poreux ou fissuré, de comporter des vides interconnectés ou
non. Elle est exprimée, en pourcentage, par le relation suivante :

Porosité = volume des vides/ volume total

Ce paramètre est d'une utilisation pratique très limitée en hydrogéologie, un réservoir n'étant jamais complètement
dépourvu de son eau. C'est pourquoi les facteurs de la porosité seront étudiés avec la porosité efficace.

 Surface spécifique des grains ou des fissures

La surface spécifique d'un milieu poreux ou fissuré est le rapport de la surface totale des grains ou des parois des
fissures, soit à l'unité de volume d'échantillon (surface volumique), soit à l'unité de masse (surface massique) du solide.
C'est le facteur principal des actions physico-chimiques d'interface eau/roche (phénomènes d'adsorption). Elle croit
fortement lorsque le diamètre des grains ou la densité des fissures diminuent.

Types d'eau souterraine

Il convient de distinguer, pour définir les caractéristiques hydrogéologiques des réservoirs, deux types d'eau souterraine :
l'eau gravitaire et l'eau de rétention.

L'eau gravitaire

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L'eau gravitaire est la fraction de l'eau souterraine libérée par l'action de la force de gravité. C'est l'eau mobilisable. Elle
seule circule dans les aquifères, sous l'action des gradients et alimente les ouvrages de captage et les sources. Le
volume d'eau gravitaire libéré est fonction du temps d'égouttage et de la granulométrie.

L'eau de rétention

L'eau de rétention est la fraction de l'eau souterraine, maintenue dans les vides à la surface des grains ou des parois des
microfissures, par des forces supérieures à celles de la gravité. Elle n'est donc pas mobilisable. Attirée fortement à la
surface du solide, elle fait corps avec lui et appartient physiquement et mécaniquement à la même phase de l'aquifère,
réservoir/eau de rétention.Le phénomène de rétention de l'eau, à la surface des grains, est la conséquence de la structure
moléculaire particulière de l'eau. La molécule d'eau est une très petite molécule angulaire. Elle est constituée de 2 atomes
d'hydrogènes et d'un atome d'oxygène chargé négativement. Le défaut de 2 électrons de l'atome d'oxygène la dote d'un
moment dipolaire élevé. Ainsi polarisée, elle se comporte comme un minuscule aimant permanent ou dipôle. Au contact
des molécules polarisées se développent ainsi des forces d'attraction moléculaire de plusieurs dizaines de milliers de fois
la force de gravité.

La limite de séparation des 2 phases eau/grain, est le lieu de champs de force. Ceux-ci attirent, en les orientant
perpendiculairement à la surface, les dipôles qui sont solidement fixés. La molécule est adsorbée.Les forces d'attraction
moléculaire décroissent, très rapidement, de la surface des grains vers le centre des vides. Les liaisons deviennent de
plus en plus lâches et l'eau peut-être libérée du réservoir par des forces de plus en plus faibles. Les molécules devenues
libres, à une distance très faible de la surface du grain (1 à 2 microns) peuvent être déplacées par la force de gravité. Cet
état n'étant pas constant, cette conception explique, en partie, l'accroissement en fonction du temps, du volume d'eau
gravitaire obtenue par égouttage.

17
 

On peut ainsi séparer 2 phases dans la classe de l'eau de rétention :

 L'eau adsorbée constitue un film continu, mince pellicule d'une épaisseur de l'ordre du dixième de micron, soit
l'empilement de quelques dizaines de molécules. En pourcentage du volume total, elle augmente en fonction de
la granulométrie : 2 à 5% dans les sables gros, 10 à 15 dans les sables fins et 40 à 50 dans les argiles.
 L'eau pelliculaire représente une pellicule de l'épaisseur de l'ordre du micron. Elle peut se déplacer à la surface
des grains sous l'action de l'attraction des molécules d'eau voisines.

Caractéristiques hydrogéologiques du complexe eau/réservoir.

Les paramètres de la fonction réservoir de l'aquifère peuvent être mesurés en laboratoire et sur le terrain. En laboratoire,
le complexe eau/réservoir ou aquifère, est caractérisé par un paramètre hydrodynamique important, la porosité efficace.
Sur le terrain, les pompages d'essai, l'étude des fluctuations de la surface piézométrique, déterminent les paramètres
hydrodynamiques de l'emmagasinement souterrain, dont le principal est le coefficient d'emmagasinement.

1/Porosité efficace

La porosité efficace, exprimée en pourcentage, est le rapport du volume d'eau gravitaire que le réservoir peut contenir à
l'état saturé, puis libérer sous l'effet d'un égouttage complet, à son volume total.

2/Valeurs et facteurs de la porosité efficace

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Coefficient de
Types de sédiments d10 mm Porosité (n) Porosité efficace (ne)
perméabilité K

Gravier moyen 2.5 45 40 3.10-1

Sable gros 0.250 38 34 2.10-3

Sable moyen 0.125 40 30 6.10-4

Sable fin 0.09 40 28 7.10-4

Sable très fin 0.045 40 24 2.10-5

Sable silteux 0.005 32 5 1.10-9

Silt 0.003 36 3 3.10-8

Silt argileux 0.001 38 - 1.10-9

Argile 0.0002 47 - 5.10-10

Types de réservoirs Porosité efficace % Types de réservoirs Porosité efficace %

Gravier gros 30 Sable gros + silt 5

Gravier moyen 25 Silt 2

Gravier fin 20 Vases 0.1

Gravier + sable 15 à 25 Calcaire fissuré 2 à 10

Alluvions 8 à10 Craie 2à5

Sable gros 20 Grès fissuré 2 à 15

Sable moyen 15 Granite fissuré 0.1 à 2

Sable fin 10 Basalte fissuré 8 à 10

Sable très fin 5 schistes 0.1 à 2

3/Facteurs de la porosité efficace

Il est utile de relier la porosité efficace aux caractéristiques physiques des réservoirs. Celles-ci constituent la trame de la
distribution spatiale des données ponctuelles. Les trois facteurs principaux de la porosité efficace sont :

 Les diamètres respectifs des grains,


 L'arrangement des grains,
 La surface spécifique des grains.

L'examen des tableaux précédents dégage 2 faits :

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La porosité efficace, la granulométrie étant uniforme, diminue avec le diamètre des grains ;La porosité efficace diminue
lorsque la granulométrie est variée. Pour un sédiment mixte, elle est, en générale, plus faible que celle de l'un quelconque
des constituants, d'où la prise en compte du diamètre efficace d10.L'arrangement des grains exprime leur disposition dans
l'espace. La porosité est fortement influencée par l'arrangement des grains. Elle décroît de 47.6% pour l'arrangement
cubique, le plus lâche, à 25.9% pour l'arrangement rhomboédrique le plus tassé. Une conséquence est la diminution de la
porosité avec la profondeur.Les forces de liaison entre l'eau et le réservoir ont une intensité maximale à la surface des
grains. La grandeur de cette surface est donc importante. C'est pourquoi un paramètre a été défini, la surface spécifique
des grains. La porosité efficace croît avec la surface spécifique des grains.

4/Emmagasinement souterrain

Des études et expérimentations, sur le terrain, permettent de mesurer, en place et sur un volume important, les
paramètres de l'emmagasinement de l'eau dans les réservoirs.Sous l'effet d'un abaissement unitaire de niveau
piézométrique, entraînant une différence de charge, l'eau est libérée du réservoir :

 dans l'aquifère à nappe libre par l'action de la force de gravité


 dans l'aquifère à nappe captive par expulsion de l'eau

5/Aquifère, conduite d'eau souterraine

La fonction conduite du réservoir permet le transport de quantités d'eau et la transmission d'influences. Elle est imposée
par la structure de l'aquifère : paramètres géométriques et hydrodynamiques.La loi de Darcy, établie expérimentalement,
est la base de l'hydrodynamique souterraine. Elle est applicable sur le terrain dans des conditions bien définies.

6/Loi de Darcy : dispositif expérimental

Le dispositif expérimental comportait des tubes verticaux de 2.5m de haut et de 0.35m de diamètre intérieur, remplis de
sable naturel, sur une hauteur, l. La partie supérieure du tube est alimentée en eau à un niveau maintenu à une altitude
constante, H, au-dessus d'un plan fixe de référence; Le volume d'eau, recueilli à la base, est mesurée en fonction du
temps, en secondes ou en heures.Le poids de la colonne d'eau, de hauteur équivalente à H, est la charge hydraulique,
notée h, exprimée en mètres de hauteur d'eau.

20
 

7/Enoncé de la loi de Darcy

Avec ce dispositif, H. Darcy a montré que le volume d'eau, Q en m3/s, filtrant de haut en bas dans la colonne de sable de
hauteur l en m, à travers la section totale, perpendiculaire à la direction verticale d'écoulement, A en m², est fonction d'un
coefficient de proportionnalité, K en m/s, caractéristique du sable et de la perte de charge par unité de longueur du
cylindre de sable, h/l sans dimension; D'où l'expression de la loi de Darcy :

Le terme , K, défini par Darcy comme un coefficient dépendant de la perméabilité de la couche, est appelé coefficient de
perméabilité. La perte de charge h/l, est défini comme le gradient hydraulique, noté i.

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L'expression précédente devient donc :

Q = K.A.i

La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se laisser traverser par l'eau, sous l'effet d'un gradient hydraulique. Elle
exprime la résistance du milieu à l'écoulement de l'eau qui le traverse.

Le coefficient de perméabilité est le volume d'eau gravitaire en m3 traversant en une seconde, sous l'effet d'une section en
m² orthogonale à la direction de l'écoulement, à la température de 20°C

Transmissivité

La productivité d'un captage dans un aquifère est fonction de son coefficient de perméabilité, K et de son épaisseur, b.
C'est pourquoi la transmissivité, notée T, a été crée. Il régit le débit d'eau qui s'écoule, par unité de largeur, L, d'un
aquifère, sous l'effet d'une unité de gradient hydraulique, i. Il évalue la fonction conduite de l'aquifère par la relation
suivant :

T = K.b

101 1 10-1 10-2 10-3 10-4 10-5 10-6 10-7 10-8 10-9 10-10 10-11
K(m/s)

Granulométrie homogène Gravier pur Sable pur Sable très fin Silt Argile

Gravier gros et
variée Gravier et sable Sable et argile-limons
moyen

Degrés de perméabilité Très bonne Mauvaise Nulle

Types de formations Perméables Semi-perméables Imperméables

Le coefficient d'emmagasinement, noté S (sans dimension), est le rapport du volume d'eau libérée ou emmagasinée par
unité de surface de l'aquifère 1m² à la variation de charge hydraulique,  h, correspondante.Dans l'aquifère à nappe libre,
le coefficient d'emmagasinement est égal, en pratique, à la porosité efficace. Par contre dans l'aquifère à nappe captive, il
est 100 à 1000 (voir 10000) fois plus petit.Il varie de 0.2 à 0.01 pour les nappes libres et de 0.001 à 0.0001 pour les
nappes captives.

Pompages d'essais

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Les expérimentations, par pompage à débit constant sur les puits et sondages sont exécutées par des pompages
d'essais. Elles consistent à mesurer l'accroissement des rabattements du niveau piézométrique et leur remontée après
l'arrêt de l'opération.

Les buts principaux sont au nombre de 3 :

 Mesure sur le terrain des paramètres hydrodynamiques : transmissivité et coefficient d'emmagasinement,


 Etude quantitative des caractéristiques particulières de l'aquifère : conditions aux limites (confirmation de la
distance du puits à la limite, colmatage des berges d'une rivière), structure (hétérogénéité, drainance),
 Observation directe de l'exploitation sur l'aquifère. Prévision de l'évolution du rabattement en fonction des débits
pompés. Evaluation de la ressource en eau souterraine exploitable.

Equipement technique

L'équipement technique d'un sondage comporte 2 éléments essentiels : la colonne ascensionnelle et la partie captante :

 La colonne ascensionnelle, constituée d'un tube unique ou d'éléments télescopiques, soutient la paroi du trou.
L'espace annulaire, entre le tubage et le terrain, est obstrué par une colonne de ciment. Celle-ci joue un double
rôle : consolidation de l'ouvrage et suppression des fuites et intercommunications entre aquifères. A sa base, elle
est ancrée dans le toit de l'aquifère à nappe captive ou dans le substratum de la nappe libre.

 La partie captante comporte une crépine, et éventuellement un massif filtrant. La crépine est un tube perforé
d'ouvertures de formes diverses, à travers lesquelles l'eau pénètre dans le sondage. Dans les terrains meubles
l'espace annulaire entre la crépine et le terrain est rempli de gravier calibré. Son rôle est double : filtre retenant
les éléments fins et augmentant la perméabilité au voisinage du sondage et soutènement du terrain.

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Effet du pompage sur l'aquifère - Cône de dépression

Le prélèvement de l'eau dans une nappe (libre ou captive) déclenche une déformation de la surface piézométrique. La
vitesse de l'eau dans le cylindre est différente de l'eau dans l'aquifère et l'abaissement de l'eau dans l'ouvrage, appelé
niveau dynamique, se propage dans l'espace de l'aquifère.

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Cela entraîne la formation d'un cône qui s'étend dans l'aquifère, le cône de rabattement.

Le cône de rabattement suit les hétérogénéités du sédiment, et forme une géométrie elliptique. L'aile du cône se déplace
dans l'aquifère jusqu'à une limite susceptible de compenser les prélèvements.

Il existe différents types de cônes en fonction du type de nappe de l'aquifère :

 Les formations très perméables : le cône se propage très loin dans le puits
 Les formations peu perméables : le cône se propage dans un espace limité

Le cône est asymétrique ; il est proportionnel au gradient de la nappe. Sa progression dans l'espace du réservoir est
fonction de la réponse de l'aquifère au volume prélevé, de la transmissivité et de la présence ou de l'absence d'un front
d'alimentation proche ou éloigné.

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Cartes piézométriques

Les cartes piézométriques représentent à une date donnée, la distribution spatiale des charges et des potentiels
hydrauliques. Elles figurent également les conditions aux limites hydrodynamiques.Elles sont les documents de base de
l'analyse et de la schématisation des fonctions capacitives et conductrices du réservoir, et du comportement
hydrodynamique de l'aquifère. C'est la synthèse la plus importante d'une étude hydrogéologique.

Un exemple de carte piézométrique simplifiée est donnée page suivante.

Mesure des niveaux piézométriques

Elles doivent être effectuées avec des piézomètres dans des conditions de stabilisation et pour l'ensemble de la région
cartographiée au cours d'une période la plus courte possible. En effet ce document a une valeur de référence à une date
donnée. En cas de variations importantes au cours de la campagne de relevés, il faut effectuer des corrections en
rapportant les résultats à une cote de référence d'un (ou de plusieurs) ouvrage représentatif en observation continue.

Report des niveaux piézométriques

Les points d'eau, affectés de leur code de référence et de leur niveau piézométrique, sont reportés sur une carte
topographique en courbes de niveau à grande échelle, en général à 1/50000. L'échelle de la carte est choisi en tenant
compte de la densité des points de mesure et des fonds topographiques existants. La priorité est donnée à la précision du
nivellement. La date, à laquelle ont été effectuées les mesures, est portée sur la carte.Pour les cartes à petites échelles
ou poursuivant des objectifs particuliers, comme l'évaluation de la réserve, les données moyennes sont retenues.

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Tracé des courbes hydroisohypses

La surface piézométrique est, comme la surface du sol, représentée par des courbes d'égale altitude de niveau d'eau, soit
d'égal niveau piézométrique, dites courbes hydroisohypses. Le dessin de ces courbes comporte successivement le choix
de leur équidistance et la technique de leur tracé.

 Choix de l'équidistance des courbes hydroisohypses

L'équidistance des courbes hydroisohypses est la distance constante entre des plans horizontaux d'égal niveau
piézométrique. Elle dépend de la précision et de la densité des mesures, des valeurs du gradient hydraulique, et de
l'échelle de la carte. En général, elle est de l'ordre du mètre (0.5, 1 ou 2m) pour les cartes à 1/1000 et 1/20000 ; de 5 ou
10m pour celles à 1/50000 et 1/100000.

 Tracé des courbes hydroisohypses :

Il est effectué par différentes méthodes d'interpolation, adaptés à la précision et à la densité des données disponibles.

L'interpolation approximative est effectuée par une méthode visuelle. Dans la plupart des cas, cette méthode donne des
résultats satisfaisant mais elle doit être utilisée avec prudence. La méthode d'interpolation du triangle se réalise en
groupant par 3 les données. Les côtés du triangle sont tracés et divisés en segments proportionnels. Les courbes
hydroisohypses sont obtenues en joignant, par des segments de droite, les points d'égal niveau. Cette méthode donne
d'excellents résultats lorsque les points de mesure sont suffisants.

Interprétation des cartes piézométriques

L'interprétation des cartes piézométriques, appuyée sur les cartes structurales du réservoir, aboutit à 5 opérations :

 Analyse morphologique de la surface piézométrique, par traçage des lignes de courant et des axes principaux de
flux ;
 Etude de la structure de l'aquifère. Anomalies structurales du réservoir. Distribution spatiale des paramètres
hydrodynamiques ;
 Etude des fonctions du réservoir : distribution spatiale des stocks d'eau et régime de l'écoulement de l'eau
souterraine ;
 Etude du comportement hydrodynamique de l'aquifère : débits imposés entrants et sortants, potentiels imposés ;
 Analyse des fluctuations de la surface piézométrique des aquifères à nappe libre. Prévision de l'évolution des
niveaux piézométriques.

L'interprétation globale des cartes structurales et piézométriques aboutit à l'identification des zones privilégiées pour
l'implantation des stations d'essais et des ouvrages de captages. Elle contribue également à la prescription des mesures
de protection de la qualité des eaux souterraines captées pour l'alimentation humaine.

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