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UNIVERSITE DE LOME

Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société (FSHS)


Département de Géographie

GEOMORPHOLOGIE DYNAMIQUE : DOMAINE


LITTORAL ET ESPACES MARITIMES
Semestre 4
Séance 1

Chargés du cours : M. Pessièzoum ADJOUSSI (MC)


Mme Koko Zébéto HOUEDAKOR (MA)

1
Introduction générale

Les espaces maritimes sont des zones très dynamiques, sensibles et très fragiles. Le
domaine océanique et côtier constitue des milieux marqués par des conditions naturelles
particulières. Cet équilibre environnemental est en rapport avec la dynamique des mers et
des océans qui sont des étendues d’eau salée, à la différence des étendues des cours d’eau
douce tels que les lacs, les fleuves et les rivières qui s’y jettent. Les mers et les océans
recouvrent environ 70 % de la surface de la terre et jouent un rôle essentiel de régulateurs
thermiques et dans l’équilibre climatique de l’environnement, en raison des échanges
océan-atmosphères-terre. La température de l’eau des mers et des océans varie en fonction
de la profondeur des eaux, de la latitude (position par rapport à l’équateur) et de l’apport
de soleil, mais également de l’importance des courants marins. Des échanges réguliers
s’effectuent donc entre les océans, l’atmosphère et la terre. Cette dynamique
océanographique contribue énormément au façonnement des zones côtières par
l’édification des plages, des cordons, de flèches littorales, etc. Elle influence également
l’évolution des fonds océaniques par la mobilisation des sédiments.

Ce cours portera dans un premier temps sur les formations/modelés côtiers, et dans un
second temps sur l’océanographie physique (ou hydrologie marine) élément fondamental
de la dynamique côtière, pour finir pas la description des fonds océaniques ou la
géomorphologie sous-marine.

I- Le domaine littoral et sa dynamique

Interface entre Terre-Océan-Atmosphère, on y distingue le domaine fluviomarin et le


domaine littoral.

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1.1- Le domaine fluviomarin

Le domaine fluviomarin constitue une zone de contact entre dynamique fluviale et la


dynamique littorale. C’est donc une zone de transition représentée par les estuaires et les
deltas.

1.1.1–Dynamique générale des estuaires et des deltas

Les estuaires et les deltas sont des secteurs de niveau de base des cours d’eau où la tendance
de la dynamique fluviale est à l’accumulation. GUILCHER A. définit l’estuaire comme
étant la « partie terminale d’un organisme fluvial, où la marée et ses courants se font
sentir ». C’est en fait une embouchure évasée appelée encore étier lorsqu’elle est petite
dans un marais littoral ou ria lorsqu’elle est inscrite dans un relief massif, entaillé lors des
régressions marines précédant l’invasion marine actuelle. Quant au delta, c’est également
une embouchure de fleuve comportant presque toujours plusieurs bras avec une avancée
de la terre sur la mer dont la partie subaérienne s’apparente à un cône de déjection, c’est le
delta cône alors que la partie immergée est appelle delta sous-marin ou barre.
Le long des littoraux tropicaux, il est fréquent de voir les eaux troubles, rougeâtres, des
rivières en crue s’étaler largement en avant du littoral, puis sous l’effet des courants côtiers,
se rabattre, de plus en plus diluées, le long de celui-ci. Lorsque le cours d’eau débouche
dans la mer ou dans un bac salé, la différence de densité de l’eau douce et de l’eau salée
intervient. Dans un milieu faiblement agité (estuaire), l’eau salée, plus dense, glisse sur le
fond sous l’eau douce, qui la recouvre. Lorsque le milieu est bien agité, il s’effectue un
brassage de ces cours d’eau qui deviennent troubles dans cette zone neutre entraînant un
bouchon vaseux de part et d’autre duquel se produit la décantation des particules fines en
suspension. Le régime hydrologique joue un rôle capital dans cette interférence de
dynamiques.

3
Sur les littoraux à fortes marées, les estuaires peuvent se conserver plus facilement si bien
que les eaux troubles se déposent surtout à l’amont, là où les eaux du fleuve sont bloquées
lors de l’étale de haute mer. Tel est le cas des estuaires des milieux périglaciaires.
Dans le cas des côtes à marées faibles ou sans marées, comme celles des mers tropicales et
celles des lacs, les dynamiques fluvio-marines sont plus favorables à la décantation des
eaux troubles, donc à l’accumulation. Le colmatage des estuaires y est plus rapide et la
construction des deltas y est facilitée. C’est pourquoi des deltas sont plus fréquents sur les
littoraux à faibles marées et dans les lacs et les estuaires, au contraire, sur les côtes à fortes
marées.

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1.1.2-Types de formes des estuaires et deltas

1.1.2.1–Deltas-cônes

Dans les deltas-cônes, la prédominance de la dynamique fluviale est très grande. Il s’agit,
en somme, de cônes de déjections édifiés au bord d’une nappe d’eau libre (delta de Var
dans la Méditerranée). Pour que le delta-cône se construise, il faut que les arrivées de
matériaux grossiers soient suffisamment abondantes pour dépasser sensiblement la
capacité de transport de la dérive littorale. Cela suppose un bassin vigoureusement disséqué
et une pente forte jusqu’au rivage, et enfin des conditions morphologiques permettant la
fermeture de débris grossiers abondants, sables et, surtout, galets. Il existe deux variétés de
deltas-cônes :

- Les deltas-cônes en eau profonde

Ils sont caractérisés par un front sous-aquatique abrupt soumis à de glissements. Le modelé
d’un tel delta comporte une partie aérienne qui est un vrai cône de déjection, avec des
chenaux instables balayant sa surface en éventail et une pente longitudinale qui peut être
forte (5° en moyenne).

- Les deltas-cônes en eau peu profonde

Ils ne présentent généralement pas de rupture de pente littorale et l’on passe graduellement
de la partie aérienne à la partie sous-aquatique du delta. Ce dernier cas est fréquent le long
des littéraux des régions tropicales humides où les apports fluviaux sont formés de sables
et de fines particules. Les embouchures percent le cordon littoral mais aucun delta ne se
construit, tout le matériel étant emporté au fur et à mesure par la dérive littorale. Les deltas
ne se forment qu’aux débouchées de très grande fleuves, comme le Niger, le Sao Francisco
ou l’Orénoque. Les deltas-cônes en eau peu profonde se construisent surtout dans les lacs

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et dans les lagunes, où la dynamique littorale est suffisamment faible pour que des
accumulations puissent s’édifier aux débouchés de cours d’eau médiocres.

1.1.2.2–Les grands deltas composites

Bien qu’ils ressemblent aux deltas-cônes en eau peu profonde, les grands deltas composites
ont des dimensions considérables (des dizaines voire parfois quelques centaines de km).
Ils résultent des effets des oscillations climatiques et des variations du niveau de base.
L’interférence entre dynamique littorale et dynamique fluvial est plus accentuée. Tels sont
par exemple les deltas du Mississipi, Rhône, de Sao Francisco, de l’Orénoque, du Gange,
du Nil, du Niger. Ces grands deltas sont donc caractérisés par une importante reprise des
apports relativement grossiers, sablo limoneux, par la dérive littorale à la bouche des
chenaux. Ils servent à édifier des cordons littoraux sableux qui contribuent à fermer, du
côté de la mer, des cuvettes enserrées par les levées qui gênent les chenaux.
Si les cuvettes sont peu subsidentes, elles sont occupées le plus souvent par de l’eau douce
et les cordons sont larges et continus. Par contre, si les cuvettes sont subsidentes, elles, sont
occupées par des eaux saumâtres. Parmi ces grands deltas, on note deux types :

- Les deltas digités, où chaque chenal important s’avance dans la nappe d’eau en se
subdivisant : ce sont des deltas instables qui ne peuvent se maintenir que par les conditions
de dynamique littorale modérée.
- Les deltas régularisés, comme ceux du Nil, du Rhône et du Pô, sont caractérisés par
une certaine stabilité du rivage. Les cordons littoraux sableux bordent le littoral et reflètent
un équilibre dynamique dans lequel les actions littorales isolent habituellement des lagunes
qui se situent entre les chenaux importants.

1.1.2.3- Les deltas colmatant des lagunes

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Certains grands deltas, comme ceux du Sebou (Maroc), du Sénégal, de la Comoé (Côte
d’Ivoire), ne forment aucune saillie sur le littoral. Il s’agit cependant de deltas typiques,
avec des formes caractéristiques (diffluences, levées, cuvettes). Ils occupent des zones
subsidentes dont l’affaissement a permis la mise en place des accumulations alluviales,
mais se terminent sur la mer par une côte rectiligne formée par un cordon large et massif,
parfois occupée par des dunes (Sebou, Sénégal). Ce cordon littoral isole complètement le
delta de la mer. Un tel delta est la conséquence du colmatage d’un ancien golfe (grande
baie) avec régularisation du littoral et formation des lagunes.

1.1.2.4–Les deltas-estuaires

Certaines régions ont subi successivement une évolution de type deltaïque, puis une
évolution de type estuarien. C’est le cas typique des deltas de l’Amazone et du Rhin. Un
delta caractéristique s’est édifié, puis a été ennoyé et partiellement transformé en estuaire.
Cette situation est le résultat d’une diminution importante des apports solides lors des
phénomènes de transgression et par conséquent de déficit de colmatage et le passage dans
le temps du régime deltaïque au régime estuarien.

1.1.2.5–Les estuaires

Les littoraux des océans dans la zone tempérée sont souvent favorables à la formation des
estuaires du fait des transports solides modérés de cours d’eau du domaine forestier
océanique et de l’ampleur des marées. Tel est le cas de la Gironde, la Loire, la Seine, la
Tamise.
Les estuaires se caractérisent par le développement des vasières à leur tête (à l’amont) et
on distingue :

- Les estuaires où la zone neutre se localise tout à l’amont (Côtes bretonnes) ;

4
- Les estuaires à déplacements importants de la zone neutre (Loire) ;
- Les estuaires atrophiés où la zone neutre reste au voisinage du trait de côte. Ils sont
fréquents dans les régions tropicales humides du fait du rôle fixateur considérable
joué par la mangrove.

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1.2- Le domaine littoral

Le domaine littoral, est le domaine géomorphologique situé au contact des nappes d’eau et
des terres émergées. C’est un espace influencé par les forces marines agissant au contact
du continent et constitué par un rivage et une côte. Cet espace est caractérisé donc par une
dynamique particulière, qui lui est propre.

1.2.1- La dynamique littorale

La dynamique littorale est commandée par les houles, les vagues, les variations du niveau
marin et les actions biologiques.

1.2.1.1– Les houles et les vagues

Les houles sont des variations ou oscillations du niveau de l’eau provoquée par le vent.
Elles se propagent donc dans la même direction que lui en décrivant des ondulations plus
régulières (vagues libres = houles) que celles des vagues proprement dites appelées vagues
forcées qui se déferlent sur les estrans sous l’action des rafales de vents violents. Dans ces
conditions, l’onde d’oscillations se transforme en une onde de transition qui va exercer une
action de pression entraînant un mitraillage par des éléments solides qu’elle porte. Chaque
vague déferlante transporte, creuse ou dépose. Les zones affectées par les vagues sont
déplacées par les variations du niveau marin. Ces variations concernent les marées et les
seiches.

1.2.1.2–Les marées et les seiches

Les marées, provoquées par les actions exercées sur les masses océaniques par la lune et le
soleil, ont une périodicité rigoureuse en haute mer. Mais, sur les côtes, des décalages se

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produisent, ce qui provoque des déversements. Sous leurs effets, le niveau de la mer monte
et descend. La marée montante ou flux ou flot et la marée descendante ou reflux ou jusant
sont séparées par une étale de haute mer et de basse mer c’est-à-dire période
d’immobilisation du niveau marin. La dénivellation ou l’amplitude s’appelle le marnage et
la zone d’oscillation est dite intertidale ou intercotidale ; c’est l’estran des plages. Le
marnage varie tout au long de l’année, en fonction de la position du soleil, qui commande
aussi les saisons. Les plus grandes marées ont lieu à l’équinoxe (printemps : mars-avril-
mai ; automne : sept-oct-nov). Il varie également en fonction de la configuration des côtes.
Certains littoraux ont des marées très faibles si bien que l’action des vagues s’exerce
pratiquement toujours aux mêmes endroits. Les courants de marées agissent un peu à la
manière des courants fluviaux. Ils peuvent déplacer des particules sur le fond ou en
suspension. Lors de la marée montante, les courants de flot entrent dans les baies, les
estuaires, les lagunes et les remplissent. Ils se dirigent vers l’intérieur des terres. A marée
descendante, les courants de jusant vidangent vers le large les eaux apportées par les
courants de flot.

Au total, les marées agissent donc indirectement sur la morphogénèse par l’intermédiaire
des vagues, dont elles accroissent la zone d’action et des courants qu’elles engendrent. Ces
derniers sont d’autant plus importants que les côtes sont plus découpées et jouent un rôle
prépondérant.

Quant aux seiches qui constituent des ondes stationnaires issues de variation de pression
atmosphérique ou due au vent, elles affectent les lacs et, même parfois, des golfes ou des
mers.

Par contre, les tsunamis ont des effets comparables aux marées quoique leur mécanisme
soit entièrement différent. Il s’agit, en effet, d’ondes déclenchées par les séismes et qui se
transforment en une série de vague déferlantes sur les rivages. Par ailleurs, les éboulements
rocheux et les détachements d’icebergs ont des effets analogues mais beaucoup moindres.

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Ils sont à l’origine de vagues exceptionnelles, chroniques dans les Fjords (auge ou vallée
glaciaire envahie par les eaux marines au cours de la déglaciation).
Enfin, le milieu littoral est favorable au développement de nombreux être vivants qui
interviennent dans sa dynamique (mollusques, oursin, algues, etc.)

1.2.1.3–Les actions biologiques

Les modalités d’action de tous les êtres vivants changent d’un secteur à l’autre en fonction
de la composition des biocénoses et des conditions écologiques et de la nature des roches
supports. Mais sur les côtes à marées, il existe toujours un certain étagement, commandé
par les durées d’émersion qu’il est convenu d’appeler « zonation » biologique. Cet
étagement biologique ne doit pas être confondu avec les influences climatiques s’exerçants
sur les littoraux, comme l’édification des récifs coralliens (reliefs sous-marins construits
par les madrépores, organismes élaborant du calcaire, tels les algues, vers, mollusques, etc.,
appelés polypiers)

Les écologistes distinguent les étages suivants :

- Etage supra littoral, mouillé par les embruns (eaux de mer jaillissantes sur les
falaises ou les rochers littoraux) ou les vagues des tempêtes (étage supra tidal ou zone supra
tidale) ;
- Etage médiolittoral, correspondant à la zone intertidale et subdivisée en sous-étage
médiolittoral supérieur et inférieur. Dans ce dernier prédominent les algues calcaires qui
occupent surtout le sous-étage-étage supérieur ;
- Etage infralittoral, formé par des étendues toujours immergées mais atteintes par la
lumière solaire. C’est là que vivent les coraux récifaux (étage infra tidale ou zone infra
tidale)
La connaissance des biocénoses propres à ces divers étages est indispensable pour étudier
la morphogenèse littorale d’une région.
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1.2.2- Les formes littorales

Selon que le travail des vagues et des courants de marée est surtout une érosion ou une
accumulation, la forme correspondante est une falaise ou une plage.

1.2.2.1–La falaise.

La falaise est un ressaut « non couvert de végétation, en forte pente (entre environ 15° et
la verticale ou le surplomb), de hauteur très variable, au contact de la terre et de la mer, et
qui est dû à l’action ou à la présence marine » selon GUILCHER A. toute côte rocheuse
n’est pas une côte à falaise, et, inversement, il peut exister des falaises dans des formations
non rocheuses comme du limon. Ceci étant dit, côte rocheuse et côte à falaises ne sont donc
pas synonymes.

La théorie classique de la formation de la falaise fait appel à la seule érosion mécanique


par la vague. En effet, c’est le coup de bélier des vagues qui mine l’abrupt de la côte, lui
donne un profil en surplomb. Mais l’enroche dite de sapement qui se forme à la base des
falaises est en revanche attribuable à l’érosion chimique. Elle n’est due au sapement que
dans le cas de roches tendres ; ailleurs, et notamment dans les calcaires résistants, la
dissolution par les embruns et par les vagues joue le rôle principal.

En avant de la falaise, il existe souvent une plate-forme immergée qu’on appelle plate-
forme d’érosion littorale (Figure 1) qui s’intègre à la plate-forme continentale, une zone
peu profonde (moins de 180 m), qui longe le continent. Cette zone s’élargit devant les
plaines et se rétrécit devant les montagnes. Vers le large, la plate-forme continentale est
limitée par le talus continental, qui la raccorde en pente forte aux fonds océaniques. Ce
talus est souvent entaillé par des vallées sous-marines, les canyons sous-marins, qui sont

2
soit d’anciennes vallées subaériennes englouties, soit des formes d’érosion dues à des
courants sous-marins.

a)

b)
Figure n°1 : Falaise (a) et plate-forme d’érosion littorale (b)

3
Il arrive qu’aucune falaise ne se forme et que l’abrupt côtier n’ait aucun rapport avec le
travail de la mer (dû à une flexure ou à une faille) : on est alors en présence d’une fausse
falaise différente d’une falaise morte, qui est due à une action marine passée donc séparée
de la mer par une zone de dépôt. On distingue également les falaises vives, encore battues
par la mer.

1.2.2.2– La plage

Une plage est « une accumulation sur le bord de la mer, de matériaux plus grossiers que
les constituants principaux de la vase », encore que certaines plages passent à des vasières
dans la zone de basse mer. Les plages sont donc des accumulations meubles de sables ou
de galets, constamment remaniées au rythme des marées, des changements de temps et des
saisons. En effet leur profil concave s’établit suivant l’énergie et le style de déferlement de
vagues, il peut ainsi évoluer au cours d’une marée. On réserve le nom de grève à une plage
formée de galets.
La plage a une partie immergée (plate-forme d’érosion littorale) et une partie émergée
(cordon littoral ou crête d’avant-côte émergée). Parmi les plages liées à une indentation du
rivage, on peut distinguer :

- Les plages de fond de baie (en arc de cercle) ;


- Les flèches littorales appelées pouliers. Elles résultent des transferts latéraux
importants et tendent à barrer l’entrée de la baie. L’établissement d’un poulier se fait en
général d’un seul côté de la baie, par progression suivant la direction du courant de débris.
La rive opposée est au contraire rongée : c’est le musoir. Le poulier tend à transformer la
baie en lagune si aucun cours d’eau important ne s’y jette et si aussi l’évaporation et
l’infiltration suffisent à assurer l’évacuation des eaux qui y parviennent. Mais, le plus
souvent, des passes appelées graus se maintiennent ; elles assurent la sortie des eaux
continentales et permettent l’entrée de la marée (Figure 2).
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Figure n° 2 : Profil type d’une plage de sable

Une flèche peut aussi relier une île à la côte voisine. On appelle alors tombolo (Figure 3).
Un tombolo est un cordon littoral de sédiments reliant deux étendues terrestres. Les formes
peuvent être plus ou moins complexes : il existe des tombolos simples comme celui de
Quiberon en Bretagne, des tombolos doubles, comme celui de Giens, sur la côte
méditerranéenne française, des tombolos triples, comme celui d’Orte-bello sur la côte des
Maremmes en Italie.

Figure n°3 : Tombolo

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1.2.2.3–Les formes coralliennes

Certains organismes construisent littéralement des côtes. Ce sont surtout les coraux qui
donnent naissance à des formes particulières de reliefs appelées récifs coralliens.
Les récifs coralliens se développent à faible profondeur en avant des côtes exposées. Ils
présentent au battement des houles un abrupt externe très raide, puis un platier interne
toujours irrégulier, coupé de chenaux, échancré (creusé en forme V) en vasques (sorte de
bassin), hérissé de pinacles (partie plus élevée). A l’arrière du récif s’accumulent les sables,
fragments de calcaires brisés par les vagues, qui constituent les plages blanches des atolls
(îles coralliennes). Les constructions coralliennes se disposent parfois en récif frangeant,
accolé à la côte, ou en récif barrière séparé de la terre par un lagon plus ou moins large.
Les platures coralliennes sont des récifs entièrement à faible profondeur.

Il faut enfin évoquer quelques processus efficaces sur les plages et qui donnent un caractère
zonal à certains rivages : en milieu chaud, l’évaporation peut cimenter des grès de plage
(beach rock), bancs massifs résistant aux vagues ; aux hautes latitudes, le gel peut briser
les galets et triturer les sédiments de plage, tandis que les plages flottantes sont capables
de trainer de gros blocs et labourer les estrans.

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1.2.3–Les types de côtes

Parmi les types les plus caractéristiques, on peut distinguer :

1.2.3.1–Les côtes à rias

On appelle ria (terme espagnole) une vallée fluviale envahie par la mer en partie ou en
totalité (Figure 4). L’ennoyage peut être d’origine tectonique, mais il peut aussi résulter de
la transgression flandrienne (post glaciaire). Comme celle-ci a ennoyé toutes les côtes du
monde, on pourrait s’attendre à ce que toutes soient des côtés à rias, ce qui n’est pas le cas
de celles qui ont subi un soulèvement préflandrien assez fort ou des accumulations post
flandriennes qui ont fait disparaître toute trace de ria. En revanche, les plus belles rias
correspondent à l’ennoyage de vallées qui ont eu le temps de s’élargir avant la transgression
flandrienne tout en gardant des bords assez marqués.

2
Figure n° 4 : Côte à rias : Côte nord-ouest de la République de Corée

1.2.3.2– Les côtes à calanques

C’est un cas particulier de côte à ria dont les indentations se terminent en cul-de-sac comme
en Provence, Corse et dans les Baléares, soit parce que la forme ennoyée est un bout-du-
monde, c’est-à-dire bout-de-cigare ou poljé karstique, soit parce que la côte correspond à
une faille ou à une flexure préflandrienne et que les cours d’eau qui la dévalaient n’avaient
pas eu le temps de régulariser le profil en long et le profil en travers de leur vallée.

3
1.2.3.3–Les côtes d’origine glaciaire

Il en existe 3 sortes de côtes d’origines glaciaires :

- Les côtes à fjords : on appelle fjord une auge (vallée glaciaire en U) occupée par la
mer après la fonte du glacier. Les côtes à fjords se rencontrent surtout sur les bords ouest
des continents, tel en Alaska, Canada, Chili, Norvège, Ecosse, Nouvelle Zélande etc. on
reconnaît dans les fjords tous les caractères des vallées glaciaires. Le profil en long présente
des seuils et des ombilics ;
- Les côtes à skjar sont des côtes à écueils c’est-à-dire des têtes de roches à fleur d’eau
comme les récifs. Ces côtes sont donc dues à des roches moutonnées ennoyées (côtes
comportant des bosses) ; elles sont bordées d’archipels, d’îlots en minuscule. La plus
grande partie des côtes finlandaises et des côtes suédoises ;
- Les côtes d’accumulation glaciaire. Elles sont extrêmement variées, les drumlins
(collines allongées à versants convexes, allongées dans le sens de l’écoulement des régions
glaciaires), y forment des promontoires ou des îlots, les vallées des cours d’eau sous-
glaciaires constituant des golfes.

1.2.3.4– Les côtes des plaines non glaciaires

Ce sont des côtes bondées le plus souvent de dunes qui barrent des vallées fluviales qu’elles
transforment en étangs d’eau douce (Côte de Gascogne).

1.2.3.4.1–Les côtes à directions structurales prépondérantes

Il existe des côtes dont l’essentiel du tracé est déterminé par les influences structurales.
Telles sont les côtes qui correspondent à une flexure ou une faille. Suivant les rapports des
lignes directrices avec l’orientation de la côte on peut distinguer des côtes à structure
transversales ou longitudinale.

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- Les côtes à structure transversale

La côte sud-ouest de l’Irlande est un bon exemple de côte à structure transversale (Figure
5). Elle est constituée par un relief appalachien ennoyé, les sillons formant des rentrants
profonds, les crêtes des promontoires qui s’avancent vers le large.

Figure n° 5 : Côte à structure transversale (SW–Irlande)

- Les côtes à structure longitudinale

L’exemple classique d’une structure longitudinale est la côte dalmate en Croatie (Figure 6)
où les grandes chaînes paraissent s’abîmer dans les flots. De longues îles, parallèles à la
côte, représentent le plus souvent les anticlinaux, tandis que les synclinaux forment de
longs chenaux. On reconnaît là des éléments de reliefs plissés ennoyés.

5
Figure n° 6 : Côte à structure longitudinale (côte dalmate)

1.2.3.5- Les côtes à falaises

La côte à falaise représente le terme d’une évolution. Elle est rectiligne et ne s’élabore que
dans les roches tendres, comme la craie et les roches dures. Le sommet de la falaise offre
un profil ondulé, celui d’une coupe de relief continental réalisée par le rapide recul, avec
des vallées sèches suspendues, des vallées fluviales qui ont eu au contraire la force de se
raccorder sans cesse avec le niveau marin à mesure que l’embouchure reculait.

Au total, la dynamique littorale est commandée par les houles, les vagues, les variations du
niveau marin et les actions biologiques qui sont responsables des formes littorales aussi
variées et toujours en évolutions. Les changements qui affectent principalement les
accumulations apparaissent comme des réponses rapides à une modification des conditions
d’équilibre.
Comme on le constate, l’océan joue un rôle important dans la dynamique du milieu littoral
avec toutes les conséquences connexes : accumulation sédimentaire, érosion,
envahissement des côtes par l’eau marine pendant les tempêtes, formation de modelés, etc.
Tous ces éléments seront abordés dans la partie qui suit.

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II) L’érosion côtière

L'érosion côtière résulte de la conjonction de facteurs d'origines naturelles et humaines.


Parmi les causes non anthropiques, on peut citer :

 L'évolution du niveau de la mer : ce phénomène peut provoquer un démaigrissement


et un recul des plages plus ou moins importants. Il est secondaire en Afrique de
l’ouest car l'élévation du niveau moyen de la mer est seulement de quelques
millimètres par an ;
 Les tempêtes : les fortes vagues associées aux tempêtes attaquent les hauts de plages
et peuvent emporter les cordons littoraux meubles ;
 Les transports sédimentaires par les courants, les houles et les vents : les courants
marins ont une influence sur les processus sédimentaires. En Manche et en mer du
Nord, ils dépassent fréquemment 2 à 3 m/s. Dans la baie du Mont St Michel, ils sont
à l'origine d'un transport de 1,5 millions de m3 de sédiments par an. Il en est de même
dans le golfe du Bénin.

De plus, le littoral est depuis toujours le lieu privilégié d'installation de ports, de villes et
d'activités industrielles. Ces pressions humaines causent de profondes perturbations du
rivage et des écosystèmes littoraux. Ces perturbations agissent conjointement et placent les
plages dans une situation précaire. A titre d'exemple, on peut citer :

 Les barrages de retenue sur les fleuves qui représentent des pièges à sédiments très
efficaces. Les matériaux ainsi retenus sont justement les constituants des plages ;
 La déstabilisation des dunes qui est liée également à l'extraction de matériaux pour
les besoins de constructions. Ces dommages importants sont aggravés par la
fréquentation touristique. Ces dunes bordières constituent une réserve importante en
sédiments qui peut être mobilisée par les vagues lors des tempêtes ;
2
 Les grands travaux portuaires ou les ouvrages de protection (comme les épis),
implantés sur une côte caractérisée par une dérive littorale dominante et chargée en
sédiments, qui risquent de perturber gravement le transit des matériaux et de modifier
l'évolution du rivage. Des accumulations de sable se forment contre les jetées qui
arrêtent le courant tandis que les secteurs situés au-delà de ces obstacles
démaigrissent et reculent car ils sont privés d'apports sédimentaires ;
 Des aménagements de front de mer (villas, promenades, routes, parkings') qui ont été
construits sur l'emplacement de dunes voire sur le haut des plages. En réduisant la
largeur de l'estran, le pouvoir de dissipation de l'énergie des vagues par les dunes est
diminué et la nature des sédiments des plages s'en trouve modifiée.

Différents moyens existent pour lutter contre le phénomène de l'érosion côtière. D'une part,
les méthodes dites passives, très utilisées, qui correspondent à la construction d'ouvrages
lourds en mer ou sur le rivage. Ces ouvrages, tels que les épis et les brise lames, demandent
un investissement élevé mais leur coût d'entretien est faible. Ces aménagements peuvent
localement ralentir l'érosion des plages mais souvent l'aggravent ailleurs et, qui plus est,
parfois en détériorant le paysage. À présent, des méthodes dites actives sont proposées afin
de stabiliser le phénomène d'érosion côtière. Il s'agit d'aménagements dynamiques dont
l'impact sur l'environnement est beaucoup moins important que celui des ouvrages massifs.
Ils sont généralement moins onéreux à l'investissement mais plus chers à l'entretien. Il s'agit
du remodelage de l'estran, du rechargement des plages par apports artificiels de sable, de
la réhabilitation et de la création de dunes, etc.

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SEANCE N° 7

Objectif : - Connaissance de l’état de la côte du Togo face à l’érosion côtière

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) : Présentation de quelques images des


conséquences de l’érosion sur la côte du Togo

Contenu :

III) Situation actuelle de la côte togolaise

Le recul spectaculaire du trait de côte est un fait réel sur le littoral du Togo qui fait 50 Km
de long. Ce recul au départ naturel a été renforcé et restructure après la mise en place des
aménagements hydroélectriques (barrage d’Akossombo au Ghana) et la construction du
port autonome de Lomé en eau profonde en 1963. Ces aménagements ont bouleversé le
régime sédimentaire dans le golfe du Bénin. La dérive littoral Ouest-Est chargé de
sédiments par la Volta dépose sa charge à l’ouest de la jetée principale du port de Lomé, et
à l’Est, elle commence par se recharger en érodant la côte. Cette situation a créé deux
cellules morphosédimentaires, une en accumulation à l’ouest et une en érosion à l’est du
port. Ce qui a occasionné des conséquences socioéconomiques et environnementales très
graves. On estime aujourd’hui environ 500 m linéaires de terre emportés par l’océan. De
nombreux villages de pêcheurs ont également disparu du paysage côtier.

La biodiversité est pauvre sur la frange côtière. Les espèces qui peuplent la flore sont des
cocotiers, des cactus, des gazons sauvages et on observe par endroit des zones de
maraîchages. La Mangrove est un peuplement arborescent étendu dans la zone intertidale
sur la côte et à l’intérieur des estuaires. Ces zones de mangrove répondent à plusieurs
conditions surtout liées à la nature des substrats riches en vase ou en sable vaseux. Elles ne
s’installent que dans la partie littorale où il y a submersion des eaux océaniques et
continentales: cette zone est qualifiée de saumâtre.

29
Figure n° 8 : végétation de mangrove à Aného

La frange côtière est une zone attractive du fait de sa position géographique et concentre
42% de la population nationale et abrite des unités industrielles, des activités économiques
et portuaires des vestiges touristiques des villages de pêche, etc. C’est un site qui focalise
l’implantation de l’homme et de ses activités. Le paysage est marqué dans l’ensemble par
des agglomérations urbaines développement des espaces agricoles, les aires de forêts, les
domaines d’utilité publique et les zones d’activité industrielles et économiques. Les zones
naturelles s’identifient largement aux lagunes, aux cours d’eau et aux vallées.

Activités : Sortie de terrain sur la côte du Togo

3
SEANCE N° 8

Objectif : - Connaissance des notions de base en océanographie

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) : Présentation de la problématique des


mers et océans et la nécessité de les étudier

Contenu :

IV) Définition de l’océanographie

L’océanographie est définie comme l’ensemble des sciences qui ont en commun l’étude du
milieu marin. Par rapport à ces sciences, les études ou domaines océanographiques se
regroupent en trois domaines principaux de recherche :

- L’océanographie du solide étudie aussi bien le relief (la géomorphologie, la


bathymétrie), que la nature (la géologie), l’origine des fonds océaniques
(géophysique), jusqu’aux rivages des continents.
- L’océanographie du liquide ou l’hydrologie marine a pour objet l’étude de la nature,
des propriétés physiques et des mouvements des masses d’eau marines, ainsi que
celles des interactions entre les océans et l’atmosphère.
- L’océanographie du vivant relève de la biologie, de la biogéographie et de l’écologie
(environnement marin). Elle étudie les espèces végétales et animales qui vivent dans
la mer, se préoccupant de la production de la biomasse et des chaînes alimentaires,
ainsi que de la préservation et la conservation de ce milieu fragile, très sensible.

D’autres études sont rattachées à l’océanographie et se regroupent dans l’économie


maritime : la gestion et la maintenance des navires, le transport maritime et la logistique,
les droits de la mer, la consignation et le transit, la gestion du domaine portuaire.

31
Quel est le rôle majeur de l’océan et de la météorologie marine dans la dynamique littorale
? Quel est le principe du fonctionnement de l’océan ? Telles sont les questions auxquelles
les parties qui vont suivre vont tenter de répondre.

4.1- Echanges océan-atmosphère-terre


4.1.1- Echanges océan- atmosphère

Les océans représentent 70 % de la surface du globe et environ 97 % de l’eau disponible


sur la terre. Leur profondeur moyenne est de 3800 m et ont une capacité de stockage de la
chaleur 1200 fois que l’atmosphère. La mer échange constamment avec l’atmosphère, du
mouvement, de la chaleur et des substances.

- Le mouvement : Le vent déforme la surface de la mer et lui transmet de l’énergie.


Sur une mer d’abord calme, le vent crée des rides, puis des vagues, puis de la houle.
Il entraîne des embruns. Le vent produit ainsi de la turbulence dans la couche de
surface qu’il pousse devant lui. Cette couche en mouvement entraîne alors les
couches plus profondes, mais, parce que l’océan se trouve sur une sphère qui tourne,
celles-ci sont déviées par l’effet de Coriolis.

- La chaleur : L’air, et plus encore l’eau, absorbent le rayonnement solaire. La mer


constitue un réservoir de chaleur, qui est en partie restituée à l’atmosphère. Par
exemple, un vent froid et sec entraîne le refroidissement et l’évaporation de l’eau.
Ce vent produit ainsi une eau froide et dense. La plongée de cette eau crée un
mélange profond en automne et en hiver, qui apportera ainsi dans la couche de
surface les sels nutritifs nécessaires au développement du phytoplancton au
printemps.

- La précipitation: La répartition des pluies est inégale sur le globe. Les zones
équatoriales sont plus arrosées, ainsi les régions tropicales des océans et des mers
reçoivent plus d’eau de pluie.
32
- L’évaporation: L’évapotranspiration est plus intense dans les zones chaudes
intertropicales à cause de la chaleur. Sur les océans dans ces zones une quantité
important d’eau s’évapore dans l’atmosphère.
Les échanges océan-atmosphère sont permanents durant l’année et dépendant des
saisons, de la zone.

4.1.2 - Echanges océan-terre

Des échanges s’effectuent entre les océans et la terre. On remarque des échanges réguliers
quotidiens dans les zones côtières. Ces échanges entrainent une mobilisation de sédiments
:
- Les échanges ponctuels sont marqués par des sédiments qui sont déversés dans la
mer par les cours d’eau surtout lors des saisons pluvieuses, lorsque la compétence
continentale devient dominante. Ces flux sédimentaires des embouchures sont
redistribués le long de la côte par les courants côtiers par le phénomène de la dérive
littorale.

- Les échanges réguliers sont de deux sortes :

• Le déversement continue des cours d’eau dans les mers et océans. Ces eaux
douces modifient le taux de la salinité surtout dans les zones équatoriales.
• Les échanges réguliers provoqués par le phénomène de marées. Les marées
sont des oscillations océaniques provoquées par l’attraction entre la terre, la
lune et le soleil. Ce phénomène entraine de façon cyclique la haute marée et
la basse marée. Au Togo, on a deux basses marées et deux hautes marées. La
marée est dite semi-diurne.

Activités : Identification des mers et océans sur une carte.

33
SEANCE N° 9

Objectif : - Comprendre le fonctionnement de l’océan et ses conséquences sur le continent

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) : Présentation de la problématique des


mers et océans et la nécessité de les étudier

Contenu :

V - Fonctionnement océanique

Le fonctionnement océanique est basé sur des mécanismes de l'organisation de la


circulation océanique. L'inégale répartition de l'énergie solaire à la surface de la Terre, les
circulations océaniques de surface sont présentées comme un des facteurs de transfert
d'énergie des zones équatoriales où l'océan absorbe le plus d'énergie solaire (T° moyenne
de l'eau : 31,32 °C) vers les plus hautes latitudes (T° moyenne de l'eau : -1,9 °C). Les
observations et des études récentes, couplées par les simulations permettent de quantifier
et de comprendre les échanges océaniques inter bassins à l'échelle de globe, sur des échelles
de temps de l'ordre du millier d'années, qui, couplés à l'atmosphère, assurent la
redistribution de l'énergie solaire et la régulation du climat.

5.1. Comment s'organise la circulation océanique mondiale ?

L’océan est en mouvement perpétuel. A l’origine des courants marins et de leur


configuration, on trouve quatre facteurs qui se conjuguent pour déplacer l’eau des océans
:
- une source d’énergie, le soleil ;
- le couplage de l’océan et de l’atmosphère, animé par le vent ;
- la rotation de la Terre ;
- l’attraction de la lune.

34
De l’énergie solaire qui entre dans le système terre, 56 % sont absorbés par l’océan, deux
fois plus que par l’atmosphère. L’océan est ainsi le principal réservoir d’énergie solaire. Il
en rétrocède une part à l’atmosphère par rayonnement, conduction, évaporation. Si bien
que c’est l’océan (45 %) et non le rayonnement solaire direct (34 %), qui est le principal
fournisseur d’énergie de l’atmosphère. L’apport des continents et de la biosphère terrestre
ne représente que 21 %. Ce transfert de chaleur et d’énergie de l’océan vers l’atmosphère
se fait principalement dans les régions intertropicales qui sont les principales bénéficiaires
du rayonnement solaire et où les températures de l’océan sont les plus élevées.

Les cartes de courants marins de surface et des vents générées par les aires de hautes
pressions atmosphériques présentent une grande similitude. Cette comparaison permet de
comprendre le moteur de cette circulation superficielle : la force de friction du vent qui
entraine la formation de courants en surface.

5.1.1 - Circulation en surface

Les échanges thermodynamiques et mécaniques précédents, et les mouvements qu’ils


induisent dans l’océan comme dans l’atmosphère, génèrent des variations de pression
atmosphérique et océanique, qui vont organiser la circulation des deux fluides. Les
courants de surface qui assurent, pour une part, la redistribution de l'énergie solaire
inégalement répartie à la surface de la terre en raison de sa sphéricité sont le résultat de la
friction exercée par les vents à la surface des océans, Figure 9.

35
Figure n°9 : Circulation océanique en surface

La circulation permanente à grande échelle de l'eau des océans est aussi engendrée par des
écarts de température et de salinité des masses d'eau. La fonte des glaces arctiques
provoque la montée de l'eau douce à la surface des océans. Celle-ci, plus légère, agit
comme un couvercle et va empêcher le mélange vertical des eaux, c'est-à-dire que les eaux
salées plongent en profondeur. En empêchant cette plongée des eaux denses, depuis la
surface vers le fond, le risque est de stopper la circulation océanique globale qui transporte
la chaleur et le sel à l'échelle de la planète.

5.1.2 - Circulation thermohaline ou circulation de fond

On appelle circulation thermohaline les courants produits non par le vent mais par des
différences de densité entre les masses d’eau océanique. L'étude des circulations
superficielles est complétée par celle de la circulation thermohaline qui se distingue par le
rôle de la température et de la salinité de l'eau dans ses variations de densité comme

36
l'indique le phénomène d'upwelling. Ces mécanismes permettent de comprendre les
mouvements de subsidences et d’ascendances.

Dans la circulation océanique, les mouvements subsidents et profonds sont la conséquence


de variation de densité de l'eau qui s'explique par des variations de sa température et de sa
salinité. Les mouvements ascendants sont quant à eux dus notamment au phénomène
d'upwelling.

Lorsqu’en hiver, en mers du Groenland et de Norvège, la banquise constituée d’eau douce


se forme, la salinité augmente et aussi la densité devient supérieure à celle des eaux sous-
jacentes. Les eaux de surface salées et plus lourdes plongent jusqu'à leur profondeur
d’équilibre hydrostatique vers 3 000 m de profondeur. Elles s’écoulent ensuite vers le sud
pour se répandre dans tout l’océan. Sous l’influence des mélanges et de la dissipation de
l’énergie des marées, elles regagnent la surface et finissent, via les courants de surface, par
regagner leur point de départ, prêtes pour un nouveau tour.

Un tour complet prend environ mille ans. C’est ce que l’on appelle le « tapis roulant », qui
joue un rôle important dans la dynamique du climat.

5.2 - Bilan de la circulation océanique

Un modèle synthétique de la circulation océanique globale est décrit comme suit : une
molécule d'eau circule d'un océan à l'autre, de la surface aux abysses sur une durée de mille
ans en moyenne grâce aux courants de surface et courants profonds qui couplés à
l'atmosphère redistribuent l'énergie solaire et régulent le climat. L’océan joue donc un rôle
crucial dans la machine climatique. Près de 25 % du CO2 émis chaque année par l’homme
dans l’atmosphère est absorbé par l’océan selon des mécanismes complexes au sein
desquels le plancton joue un rôle majeur. L’océan est également le premier fournisseur net
d’oxygène de la planète, jouant un rôle encore plus important que les forêts. L’océan

37
constitue donc le principal poumon de la planète et se trouve au cœur de la machine
climatique planétaire.

Activités : Exercice sur le bilan de la circulation océanique

38
SEANCE N° 10

Objectif : - Connaissance des principes généraux de la météorologie marine

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) : Situation de la météorologie marine au


Togo

Contenu :

VI - Principe de la météorologie marine

L’océan affecte le climat et les côtes car les courants transportent de la chaleur et des
sédiments. Ainsi, les courants chauds des couches de surface peuvent réchauffer le climat
d’une région. A l’inverse, les eaux qui remontent des profondeurs modèrent la température
des eaux des régions équatoriales. L’océan joue un rôle essentiel pour la régulation du
climat de notre planète et assure un transport méridien de chaleur aussi important que
l’atmosphère. Il assure la redistribution des sédiments, venant des embouchures des cours
d’eau, sur la côte.

Les fluctuations saisonnières et interannuelles de l’environnement marin physique ont une


grande répercussion sur la dynamique océanique. En mer, cet environnement physique
comprend les paramètres comme le vent, les courants, les marées, les vagues, la salinité, la
température, l’ensoleillement. Les vents influencent les courants et les turbulences, et font
remonter les sels minéraux à la surface des océans. Le suivi de ces paramètres constitue la
météorologie marine.

VII - Océanographie opérationnelle

L’objectif de l’océanographie opérationnelle est de pouvoir décrire et prévoir l’état de


l’océan à tout moment dans un endroit donné, Figure 10 : état de la mer, température de
l’eau, sens et force d’un courant… L’océanographie opérationnelle est la résultante de

39
l’océanographie appliquée et l’océanographie spatiale. En effet, connaitre et prévoir l’état
de l’océan, c’est préserver les zones côtières.

Les analyses et prévisions peuvent servir aux océanographes mais aussi aux secteurs de la
navigation, de l’industrie offshore, de la pêche, du tourisme balnéaire, des forces navales,
bref de l’économie bleue. Pour cela, des capteurs, balises etc. sont mouillés pour une
longue durée. Les événements climatiques comme : El Niño, les Upwelling peuvent être
étudiés, ainsi que la dispersion des pollutions, le niveau des mers, le cycle du carbone, les
variations du climat et ses impacts…

Figure n°10 : Principe de fonctionnement de l’océanographie opérationnelle

La prévision océanique tient compte des observations spatiales (océanographie spatiale),


des observations in situ (océanographie appliquée) pour pouvoir établir des modèles de
prédiction en temps réel. Donc la caractérisation des états de la mer doit tenir compte des
paramètres atmosphériques au-dessus de l’océan et des paramètres physiques et chimiques
océaniques à temps réel. Donc, le principal défi de l’océanographie opérationnelle est

40
d’observer, comprendre et de prévoir l’état de la mer et le climat en temps réel au profit de
tous les acteurs des zones littorales.

Ces paramètres sont mesurés à l’aide des capteurs fixés sur les équipements : les bouées,
les flotteurs, les prélèvements in situ, etc.

• Paramètres atmosphériques au-dessus de l’océan


- Précipitation
- Pression atmosphérique
- Tendance de pression
- Température de l’air
- Humidité absolue et spécifique
- Rayonnement
- Point de rosé
- Vent (direction et vitesse)

• Paramètres océaniques à mesurer


✓ Paramètres physiques
- Courant (direction, vitesse, hauteur)
- Température de l’eau de mer (SST)
- Températures à différents niveaux de profondeur (capteurs Onset)
- Houle (direction, vitesse, hauteur)

✓ Paramètres chimiques
- Salinité
- Oxygène dissout
- Nitrate
- Turbidité

41
- Conductivité
- Phosphate
- CO2

Activités : Travail personnel de lecture d’ouvrages de géomorphologie littorale et


d’océanographie

42
SEANCE N° 11

Objectif : - Connaissance des principes généraux de la météorologie marine

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) :

Contenu :

7.1- Vers la météorologie marine dans le Golfe de Guinée

Le Golfe de Guinée est le lieu où le mode de variabilité équatorial se manifeste de façon


évidente au travers des anomalies de la SST, qui se prolongent vers le sud le long des côtes
et influent fortement sur les conditions hydrologiques et les upwellings côtiers. Donc,
l’océan Atlantique tropical est le siège d’une forte variabilité climatique. En plus d’un
signal saisonnier dominant, l’océan Atlantique tropical possède une variabilité
interannuelle marquée, qui influe notablement sur les anomalies climatiques des régions
avoisinantes, et plus particulièrement sur les anomalies de précipitations sur l’est du
continent sud-américain (Nordeste brésilien) et en Afrique de l’ouest (Sahel).

Cette grande variabilité des conditions océaniques dans l’Atlantique tropical ne permet pas
de faire une bonne prédiction de l’état de la mer qui pourra sécuriser la navigation maritime
et la réalisation des activités au large (la pêche, la croisière, la prospection et l’exploitation
pétrolière..), ainsi que dans la zone côtière (la pêche, le tourisme, les activités portuaires,
l’agriculture …). Une observation permanente couplée avec une bonne connaissance des
phénomènes cycliques sont nécessaires pour prévenir les risques et élaborer régulièrement
les bulletins marins ou marine forecasts. Un suivi permanent des forces du vent et de houle
ainsi que la tendance du champ de pression est indispensable.

7.1.1 - Etude de la force du vent

La force du vent, exprimée en nœuds (kt) sur l’échelle Beaufort, décrit la vitesse du vent
observée ou prévue et l’état de la mer qu’elle engendre. Le vent moyen par convention, en

43
météorologie, est un vent moyenné sur 10 minutes et mesuré à une hauteur de 10 m. Les
bulletins météorologiques font toujours référence au vent moyen.

7.1.2 - Etude de la force de houle

La force de houle suivant la hauteur spécifique des vagues détermine l’état de la mer. Sur
la côte togolaise, les conditions de l’état de mer habituellement observées affichent les
données de hauteur spécifique qui varient entre 0,1 à 1,25 m, traduisant respectivement une
belle mer et une mer peu agitée.
L’état de la surface résulte de la superposition des trains de houle et des vagues engendrées
par le vent (mer du vent). Pour décrire l'état de la mer, on utilise la hauteur moyenne du
tiers des vagues les plus hautes. Cette hauteur caractéristique est appelée H1/3 ou hauteur
significative suivant l’échelle Beaufort et de l’état de la mer.

Prévoir “ l’océan qu’il fera demain” constitue l’objet de l’océanographie opérationnelle. A


tout instant, et dans tous les recoins de notre planète bleue, être capable de décrire l'état de
l'océan, en temps réel et à l'échelle globale, au large ou près de nos côtes, en surface comme
en profondeur, permettra de prévenir les risques dans la zone côtière.
Prévoir l'océan et contribuer aussi à l'initialisation des modèles couplés océan/atmosphère
constituent des axes pour prévoir le temps à l'échelle de la saison et le climat sur plusieurs
années. On touche alors à l'enjeu politique et sociétal évident du réchauffement climatique,
économique dans des secteurs d'activité tels que la production agricole, la planification
énergétique, la navigation maritime comme par exemple, dans la prévention des anomalies
climatiques : El Niño et Upwelling, cyclones qui y sont liées.
Ces phénomènes naturels s’opèrent sur un fond océanique qui n’est pas uniforme avec des
modelés très variés qui seront étudiés dans la partie qui suit.

Activités : Travail et lecture personnelle sur le sujet.

44
SEANCE N° 12

Objectif : - - - Connaissance du relief sous-marin

Consignes / activités d’introduction (éventuellement) : Aperçu des fonds marins

Contenu :

VIII) Le relief sous-marin ou des fonds océaniques

Le relief des fonds océaniques est un héritage de la tectonique des plaques. Voyons d'abord
les grandes lignes du relief des fonds océaniques exprimé par la figure suivante. Cette
figure montre la disposition des fonds océaniques avec la dorsale atlantique qui passe au
large du continent africain et du continent américain. Cette dorsale est en accrétion lente
produite par les volcans sous-marins qui rejettent leur magma sous l’eau développent un
relief assez particulier, (Figure 11).

45
Figure n° 11 : la dorsale atlantique

46
Figure n° 12 : coupe transversale d’un fond océanique mettant en évidence les différentes
formes

Le plateau continental, (Figure 12) correspondant à la marge de la croûte continentale, est


de bathymétrie (profondeur d'eau) très faible comparativement au reste de l'océan, de zéro
à moins de 200 mètres. Sa pente moyenne est très faible, 0° 7' seulement. Le talus
continental a une pente de l'ordre de 4° seulement, mais qu'on représente le plus souvent
comme très abrupte. Par rapport au plateau continental, il s'agit néanmoins d'un
changement de pente relativement brusque, créant une rupture de pente importante et
marquée. Cette rupture se fait à une profondeur de 132 mètres en moyenne. A la base du
talus, il y a une sorte de bombement qu'on appelle le glacis continental. Toute cette zone
qui va, du rivage jusqu'à la base du glacis, forme ce qu'on appelle la marge continentale.

Le bassin océanique proprement dit est formé de la plaine abyssale (4000 à 6000 mètres de
profondeur) et la crête médio-océanique (2000 à 3000 mètres). Des fosses profondes
caractérisent le pourtour du Pacifique (la fosse des Mariannes atteint les 11 033 mètres).

On comprend mieux l'origine de ces reliefs lorsqu'on sait comment se forme un océan. La
topographie d'une marge continentale a hérité du processus de rifting, d'abord continental,
puis océanique. Le plateau continental correspond à la croûte continentale, et la rupture de
pente, à la terminaison de cette croûte. La couverture sédimentaire vient adoucir les reliefs
de la croûte. Le glacis correspond à l'empilement des sédiments à la base du talus. Dans la
figure ci-haut (Figure 12), il s'agit d'une marge océanique dite passive, c'est-à-dire qu'il n'y
a pas d'activité tectonique significative : croûte océanique et croûte continentale font partie
de la même plaque lithosphérique. Sur les marges actives les fosses profondes
correspondent à des zones de subduction et constituent la frontière entre les deux plaques
lithosphériques.

47
Dans la majeure partie des fonds océaniques, des sédiments surmontent la roche en place
(des basaltes principalement). Celle-ci n'apparaît guère à nu que là où une pente
suffisamment forte, jointe souvent à l'action de courants vifs, prévient la sédimentation, ou
encore dans les endroits où une activité éruptive récente n'a pas laissé un temps suffisant
pour que la couche de sédiment masque le substrat rocheux.

On classe les sédiments d'après leur origine en deux grandes catégories : les sédiments
terrigènes, issus des terres émergées et amenés à la mer par les fleuves, le ruissellement,
les vents ; les sédiments organogènes, constitués par des débris d'organismes. On distingue
parfois une troisième catégorie, celle des sédiments hydrogènes, formés par précipitation
au sein même des eaux à partir de substances dissoutes. Les sédiments terrigènes (galets,
graviers, sables, vases, argiles) sont abondants surtout sur le plateau continental et le talus
; toutefois, l'« argile rouge des grands fonds », qui couvre presque toutes les plaines
abyssales et occupe le fond des ravins, est sans doute formée principalement des particules
argileuses les plus fines d'origine terrigène, quoiqu'on suppose qu'il puisse s'y ajouter une
fraction sédimentaire hydrogène. Quant aux sédiments organogènes, toujours mêlés
d'ailleurs à une fraction terrigène plus ou moins importante, ils sont constitués, aux faibles
profondeurs, de restes d'êtres benthiques toujours plus ou moins fragmentés et toujours
calcaires (sauf près du continent antarctique où les fonds riches en spicules d'éponges sont
courants) : algues calcifiées, coquilles de mollusques, débris de coraux, de bryozoaires, etc.
Au contraire, les sédiments organogènes du large, où les restes squelettiques ne
représentent guère, en général, que la moitié au plus de l'ensemble du sédiment, comportent
essentiellement des débris d'êtres planctoniques.

48
Conclusion générale

Ce cours nous a amené de l’intérieur des continents, à travers les cours d’eau qui charrient
les sédiments, à la côte où s’effectue le dépôt de ces sédiments et leur redistribution par les
agents naturels hydrologiques et climatiques, jusqu’aux fonds marins. Comme sur le
continent, les fonds marins présentent des formes très originales de paysages sous-marins,
(Figure 13). Il se dégage donc que la zone côtière est une interface Terre-Océan-
Atmosphère très dynamique et fragile qui mérite une attention très particulière. La
particularité de ces espaces fait d’eux des zones densément occupées par les populations
qui s’adonnent à de nombreuses activités.

Figure n°13 : Typologie des fonds marins (vue de profil)

49
Figure n°14 : Relief des fonds marins (vue en 3D)

Les eaux territoriales ou mer territoriale est la partie de mer côtière sur laquelle s'étend la
souveraineté d'un État côtier. 12 milles = 22 224 m.
Une zone économique exclusive (ZEE) est, d'après le droit de la mer, un espace maritime
sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d'exploration et d'usage
des ressources. 200 milles = 370 400 m.

Les problèmes d’érosion côtière, de pollution et d’inondation hantent ces espaces d’où la
nécessité de proposer des plans d’investissement, dans ce contexte de changements
climatiques, afin de développer de façon harmonieuse les zones côtières. Quant aux
espaces maritimes, ils constituent un enjeu majeur pour les Etats côtiers. Cet enjeu ferait
l’objet d’approfondissement au niveau du master.

Activités : Travail de recherche personnel de recherche.

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4. ACTIVITES COMPLEMENTAIRES (éventuellement)
Chaque étudiant est invité à faire des recherches et à s’exercer à domicile sur les différentes
thématiques étudiées.

5. DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES
Voir la bibliothèque virtuelle sur le net.

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