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MASTER EN GEOSCIENCES

Appliquées aux GEORISQUES: LES Ressources en Eau

FORMATION SUR LES RESSOURCES EN EAU & CONSTRUCTION


DES OUVRAGES HYDRAULIQUES
L’Eau dans le sol – Son Exploitation – Sa Gestion

«On ne captera bien que ce que l’on connaitra bien».


«Bien faire, ce n’est pas faire ; c’est faire suivant les normes».
I.-L’eau dans le sol
Si l’on peut admettre que les émergences captées constituent la voie idéale pour
satisfaire les besoins en eau d’une population, il reste indispensable que l’explosion
démographique, la déforestation et la dégradation des bassins versants ont un impact
négatif sur la qualité et la quantité de l’eau et nécessitent des actions urgentes pour
compenser la demande en eau.
L’hydrogéologie dont l’étude de l’eau souterraine est la base fondamentale, indique que
les formations lithostratigraphiques (formations de Morne de Delmas en Haïti, sables
albiens du bassin de Paris, etc.) peuvent être perméables (graviers, sables grossiers,
calcaires fissurés), semi –perméables (sables fins) et imperméables (argiles).
L’identification des aquifères repose sur les critères géologiques, hydrodynamiques et
hydrochimiques qui permettent de déterminer la configuration d’un réservoir naturel et
d’appliquer des méthodes appropriées pour son exploitation.
Cette exploitation doit se faire suivant des normes à partir des techniques et machines
construites à cette fin. La formation des étudiants et des cadres à des techniques
nouvelles doit faciliter le choix d’ouvrage bien adapté à construire pour réaliser certains
travaux bien délimités.
II.-Exploration et/ou Exploitation de l’eau
2.1 Fonctionnement général des nappes
Par le jeu de la pesanteur, une partie de l’eau de pluie s’infiltre dans le sol, soit directement, soit
après circulation à la surface de celui-ci (eaux sauvages, rivières).
Selon la perméabilité des terrains rencontrés, elle descend à une plus ou moins grande
profondeur. Cette circulation, approximativement verticale est interrompue par la rencontre d’un
terrain de faible perméabilité par rapport à celle de ceux qui le précèdent.
Sous les terrains perméables, cette formation imperméable représente en quelque sorte le fond
du réservoir. L’eau s’y accumule en saturant l’ensemble des vides des terrains sus-jacents plus
perméables. Ainsi se constitue dans ces formations, une nappe souterraine (On dit simplement
aussi un aquifère ou une nappe).
Lorsque le récipient est plein, il déborde vers l’extérieur ou en direction d’autres terrains
perméables. Finalement l’eau réapparaît, ici et là, à la surface topographique, sous forme de
sources ou encore se déverse dans un plan d’eau.
Une nappe est définie par le terrain perméable qui sert de réceptacle, le terrain imperméable qui
sert de fond étanche, le mode d’alimentation du terrain perméable et enfin par les exutoires elle
se vide. Cet ensemble de données constitue un système aquifère.
2.2 Les différents types de nappes
Sous l’angle piézométrique, on a coutume de distinguer deux
catégories de nappes1: les nappes libres et les nappes
captives. Entre la nappe libre et la nappe captive on peut
trouver une troisième catégorie de nappe appelée: nappe
semi captive2.
a) nappe libre ou nappe superficielle identifiée par des
puits et sondages du premier aquifère, rencontré sous la
surface du sol. C’est un aquifère saturé en eau. Il n’est pas 3
surmonté d’une couche imperméable. Les profondeurs sont
le plus souvent inférieures à 30 mètres. Cette surface peut
s’élever ou s’abaisser librement dans la formation 1
hydrogéologique perméable, d’où la dénomination d’aquifère
à nappe libre.
b) nappe captive, aquifère saturé prisonnier entre deux
couches imperméables. L’eau est habituellement sous
pression. Lorsque l’aquifère est limité par un ou deux
aquitards, il est dit semi-captif.

1
Figure 8.-Configuration nappe libre, nappe captive , Les eaux artésiennes circulent au sein de la nappe captive. 1).-
Puits de grand diamètre dans la nappe libre; 2).-Forage artésianisme jaillissant arrêté au toit de la couche imperméable;
3).-Forage coupant les deux nappes. Le niveau correspond à la charge la plus élevée de la nappe captive. Source:
Jacques.beauchamp u-picardie.fr
2
Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET), Le point sur le captage des sources, Paris-France, 1987
Les eaux souterraines sont emprisonnées dans la formation hydrogéologique perméable entre
deux formations imperméables fixes: le substratum à la base et le toit au sommet. La profondeur
est supérieure à 30 mètres. Les eaux de cette nappe sont communément appelées eaux
artésiennes.
c) Nappe semi- captive ou à drainance
C’est une couche de faible perméabilité qui peut tout de même transmettre verticalement de
faibles flux d’eau d’un aquifère à un autre. Le toit ou le substratum (ou les deux) de l'aquifère
sont souvent constitués par une formation hydrogéologique semi-perméable (aquitard). Dans
certaines conditions hydrodynamiques favorables, il y a des différences de charge qui favorisent
des échanges d’ions (ou de pression) avec l’aquifère superposé ou sous-jacent, appelé
drainance. La formation est alors incorporée à un aquifère multicouche.
Bien entendu, une même nappe peut être, le long de son parcours souterrain, successivement
libre et captive (ascendante ou jaillissante), selon la disposition géométrique des formations
géologiques, la position topographique, l’alimentation du système aquifère et la perméabilité du
terrain.

2.3.- Détermination des mouvements de l’aquifère (Comport….des aquifères)


Un aquifère est une formation souterraine de roche perméable ou de matériau meuble qui
contient une nappe d’eau. Les aquifères existent dans toutes les dimensions. Ils peuvent être
petits, ne couvrant que quelques hectares de superficie ou très grands, sous-jacents à des milliers
de kilomètres carrés de surface terrestre. Ils peuvent seulement avoir quelques mètres
d’épaisseur ou mesurer des centaines de mètres du haut vers le bas. La limite inférieure de
l’aquifère, appelée substratum est constituée par une couche imperméable; tandis que la limite
supérieure peut être soit la surface de la nappe dans le cas d’un aquifère à nappe libre, soit la
base d’une strate imperméable dans le cas d’un aquifère à nappe captive3.
Selon G. Castany (1978 et 1980), l’aquifère est un système dynamique qui présente trois
comportements vis-à-vis de l’eau
souterraine: comportement
hydrochimique, comportement
hydrodynamique et comportement
hydrobiologique. Ces comportements
résultent de l’intervention des fonctions
de la nappe en réponse à des
incitations extérieures ou impulsions,
imposées à ses limites. Ils
conditionnent la régulation des débits et
la qualité de l’eau suivant les
possibilités de recharge et l’étendue de
la nappe. La figure4 ci-dessus permet d’identifier les mouvements de l’hydraulique souterraine

3
Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET), Le point sur le captage des sources, Paris-France, 1987
4
Figure 9.-L’eau et les terrains, Source: Eléments de géologie, stratigraphie, tectonique et hydrogéologie
qui coexistent dans une même roche et qui conditionnent la facilité de circulation et d’exploitation
du réservoir souterrain.

• Comportement hydrochimique de l’aquifère


L’eau souterraine, au cours de son séjour et de son écoulement dans la formation
hydrogéologique perméable, subit des échanges géochimiques avec la nappe ou le réservoir
souterrain. Ces interactions eau / roche modifient les caractéristiques de l’eau des écoulements.
Des mesures effectuées in situ permettent de déterminer les paramètres physiques de l’eau: T o,
pH, conductivité, etc, qui permet de comprendre les variations dues à l’aquifère.
En fonction du gradient géothermique, la température de la nappe augmente avec la profondeur
créant des gisements géothermiques basse énergie. On peut citer en exemple les cas de sources
thermales en Haïti: Sources chaudes et sources puantes (Plaine de l’Arbre, Lascahobas, Plaine
du Cul de sac).
En ce qui concerne les caractéristiques chimiques, les précipitations de sels et les échanges
modifient la qualité chimique de l’eau souterraine. Cette modification peut aussi faire l’objet de
présence de corps étrangers dans la nappe entraînant la pollution chimique de l’eau (Présence
de nitrates, de sulfates, de gaz sulfureux dans l’aquifère).
Les mesures des caractéristiques chimiques des eaux souterraines, dans le but de définir
l’aptitude de celles-ci à l’exploitation (eau potable, eau industrielle) ou encore les risques de
corrosion qu’elles peuvent représenter pour les ouvrages enterrés (acier, béton).

• Comportement hydrodynamique de l’aquifère


Dans un système donné, un équilibre s’établit nécessairement entre le volume d’eau qui y arrive
(notamment par les pluies) et celui qui en
sort par les exutoires naturels (On dit aussi
les émergences) ou artificiels (forages
pompés, drains). Les apports de quantités
d’eau (transfert de masse) ou de variation
de pression ou de charge (transfert
d’énergie) peuvent faire l’objet de
plusieurs scénarios, liés à la structure
géométrique des terrains et aux
paramètres hydrodynamiques de
l’écoulement de l’eau souterraine:
- charge totale et gradient
hydraulique (formation géologique
hétérogène);
- débit d’une nappe et vitesse
d’écoulement (G. Castany, 1978 et 1980).
- coefficient de perméabilité,
transmissivité et diffusivité.

Figure 10.-Coefficient
d’emmagasinement d’une nappe

• Comportement hydrobiologique de l’aquifère


Ce comportement est surtout localisé dans la zone saturée et à un certain degré, dans la nappe,
avec le pouvoir d’autoépuration naturelle des réservoirs. Il assure la protection naturelle totale
ou partielle de l’eau souterraine, contre les eaux superficielles bactériennes ou chimiques. En
Haïti où les pentes raides sont près de 4/5 du territoire et où il y a une prédominance de formation
calcaire fissurée et/ou fracturée les eaux souterraines sont peu protégées, surtout quand les
forages sont construits en dehors des procédures techniques régissant la matière.
2.4.- Contexte géologique et Caractéristiques hydrogéologiques
Une bonne partie des formations géologiques sont susceptibles de recéler de l’eau, mais
cependant certaines d’entre elles ne peuvent être guère exploitées par forage. On peut les ranger
en fonction des attributs physiques des réservoirs naturels en: milieux poreux et aquifères
fissurés.

• Contexte géologique
D’une façon générale les formations sédimentaires sont interstratifiées de formations
éruptives correspondant à des épisodes volcaniques fissuraux sous –marins.

CRETACE, EOCENE, OLIGOCENE, MIOCENE, PLIOCENE–PLEISTOCENE, QUATERNAIRE

• Caractéristiques hydrogéologiques
Les milieux poreux sont des aquifères composés d’agrégats de particules distinctes comme le
sable et le gravier,
a) Les aquifères fissurés sont des roches dans lesquelles l’eau souterraine circule à travers
des fissures, des joints ou des fractures dans une roche par ailleurs solide. En Haïti, le basalte
qui est le substratum des formations calcaires en constitue un exemple.
b) Les calcaires sont souvent des aquifères fissurés, mais ici les fissures et les fractures
peuvent être agrandies par dissolution, formant de grands chenaux ou même des cavernes.
Les formations calcaires ayant localement subi une évolution karstique poussée donnent
naissance à des résurgences qui peuvent être très importantes (débits pouvant localement
dépasser 1 m3/s). Les autres formations qu’elles soient volcaniques ou sédimentaires donnent
lieu localement à des sources liées à la fracturation, mais en général de débit plus faible (quelques
l/s à 100 l/s); Des aquifères généralisés dans les plaines alluviales de piémont calcaire
et dans les bassins d’effondrement sont les ressources mobilisables tributaires des apports des
bassins versants. Les débits ponctuels exploitables par forage peuvent atteindre 100 l/s. La
carte d’hydrogéologie ci-dessus montre les différents aquifères d’Haïti.
3.- Particularités des ouvrages hydrauliques
Les nappes souterraines sont, en général, alimentées par les eaux d’infiltration en provenance
de la surface, et se vident par les exutoires essentiellement les sources. L’eau qui s’infiltre dans
le sol tend à s’enfoncer de plus
en plus en fonction de la nature
du terrain et de la pesanteur.
Son parcours continue jusqu’à
ce qu’elle rencontre en
profondeur une couche
imperméable (argile, grès,
granite, calcaire non fissuré et
non fracturé) où elle est
emprisonnée et constitue une nappe d’eau.
Il est fondamental de déterminer les dispositions à prendre, et les caractéristiques à donner aux
ouvrages construits surtout en Haïti, en fonction des contraintes dues aux différents types de
nappe: profondeur, fluctuation de niveau, perméabilité, etc., de sorte que ces ouvrages répondent
bien à leur objet: «fournir, en toute période, un débit convenant aux besoins».
3.1 Captage d’une nappe ou d’une source
Les buts principaux d’un captage de source sont de préserver l’eau de la source de la pollution
à sa sortie de terre et de la rendre facilement accessible aux consommateurs.
Une source est de l’eau qui revient à la surface, qui sort de terre, soit par suintement (plusieurs
émergences), soit par un filet important. Dans l’un ou l’autre cas les eaux forment des ruisseaux
ou des rivières5. Elle est généralement caractérisée par son affleurement: localisé ou diffus, et
par le lieu topographique de ses émergences: haut, milieu, bas de pente. C’est surtout la
morphologie et /ou le contexte géologique qui va permettre d’identifier les émergences6.
Selon le mode de déplacement des filets liquides, les sources ou les nappes peuvent être de
différents types: artésiennes, de déversement, de débordement, d’émergence et les résurgences:
- les sources de débordement où une partie des filets liquides se meut, en amont de la
source, au-dessous du niveau de celle-ci. Ces sources sont le plus souvent situées sur des
hauteurs. Elles peuvent se situer en amont ou en aval de la partie captive de l’aquifère. On les
capte par puits. La remontée du niveau de l’eau dans l’ouvrage permet l’installation d’une
conduite à une altitude supérieure à celle de la zone marécageuse.
- les sources de déversement où les filets liquides se déplacent au–dessus du niveau de la

5
Fritz PIERRE-LOUIS, Géologie d’Haïti, Editions Caraïbes, Port-au-Prince, Haïti, 1980
6
Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET) et Association française des volontaires du progrès
(AFVP), le point sur le captage des sources, Paris-France, juin 1987.
mer. On les trouve à mi-pente dans des régions à relief plutôt marqué. C’est une forme
concentrique des courbes isopièzes. Leur emplacement est souvent signalé par une rupture de
pente. Ces sources sont rarement isolées et s’échelonnent le long de la ligne d’affleurement du
substratum, à la faveur des points bas de celui-ci. On parle d’une ligne de sources. C’est la
variation de perméabilité et la variation de teneur en argile et de degré d’altération qui provoquent
l’apparition de la source. On les capte en prenant les précautions qui s’imposent suivant la nature
de l’aquifère (terrain meuble ou fracturé) et en choisissant une techniques adaptée à leur
situation;
- nappes ou sources artésiennes: sources jaillissant «sous pression» d’une nappe
emprisonnée dans le sol. Elles jaillissent dans les pentes, parfois au bas des pentes, sans qu’il
y ait nécessairement dans le relief et la géologie une anomalie qui en signale l’emplacement.
Ce sont des sources d’aquifères captifs, dont l’altitude du niveau piézométrique est supérieure à
celui du sol7. L’eau circule sous pression depuis l’aquifère jusqu’à la surface du sol, à travers les
fissures du toit de la nappe. Ce toit peut être constitué de roches meubles et de roches
consolidées. .
En captant les sources artésiennes, deux grandes mesures sont à prendre:
• ne jamais relever le niveau de l’eau pour ne pas déplacer le lieu naturellement
d’écoulement vers un endroit où la charge sera moins grande;
• ne jamais entreprendre un travail qui puisse avoir pour conséquence de colmater les
fissures ou d’en ouvrir d’autres;

- sources d’émergence: sources rencontrées en amont de zones marécageuses étendues.


Leur captage consiste en un ou plusieurs puisards dans lesquels l’eau arrive par le fond. Le
captage de ce type de sources ne peut se faire que par puits de la même façon que les sources
par débordement. Ces sources correspondent à l’affleurement de la zone saturée d’un aquifère
à nappe libre, nappe alluviale ou nappe de vallée. Le captage de ce type ne peut se faire que
par puits. Les débits dans ce cas seront fonction de l’épaisseur de la tranche d’aquifère captée.
C’est pourquoi, il est important de reconnaître les environs de l’implantation projetée afin de
s’assurer que le substratum n’affleure pas et que cette épaisseur peut être suffisante.

- dans les formations calcaires très poreuses et fissurées, dans les régions où l’altération
karstique a profondément entaillé des calcaires massifs, le réseau hydrographique superficiel et
le réseau souterrain sont en relations permanentes par un jeu de pertes et de résurgences.
Du point de vue hydrogéologique, les sources sont nombreuses en Haïti et relativement bien
reparties. Elles constituent la seule ressource disponible dans un grand nombre de cas. Elles
contribuent en 2005, à plus de 60% à l’alimentation en eau potable de la population haïtienne.
Elles sont captées soit par les services publics, soit par la communauté, soit par des particuliers.

7
Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET) et Association française des volontaires du progrès
(AFVP), le point sur le captage des sources, Paris-France, juin 1987.
L’exploitation de l’eau des sources présente trois grands avantages:
- la possibilité de réaliser un captage avec un minimum de moyens,
- la régularité du débit des sources,
- la possibilité de capter de l’eau directement potable8.

Les critères à prendre en considération dans le choix d’une source à capter ou d’un forage
à construire sont function de:
- l’hydrogéologie,
- la population à desservir,
- la structure de l’habitat (concentré ou dispersé),
- choix faits dans la stratégie de l’alimentation en eau potable (facilités de gestion et
d’entretien, diminution de la dépendance énergétique),
- du coût.

Il est fondamental de faire la différence entre un puits et un forage pour éviter toute une série de
problèmes dans l’élaboration d’un document de projet. Il arrive parfois que le directeur d’une
firme d’exécution propose un coût pour la construction d’un forage tout en sachant qu’il va
construire un puits ou fait une proposition pour un puits alors qu’il entreprenne des démarches
auprès d’une compagnie pour construire un forage.

8 Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET) et Association française des volontaires du progrès
(AFVP), le point sur le captage des sources, Paris-France, juin 1987.

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