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PROGRAMME

INTITULÉ : HYDROGÉOLOGIE (Deuxième année BTS Géologie Mines Pétrole)

Chapitres Objectifs pédagogiques Durées

I : Identification des eaux Etude des différents types d’aquifères, les conditions 6H
souterraines de formation de pièges ou de réservoirs et les
provinces hydrogéologiques de l’Afrique de l’ouest

II : Catégorie d’eau dans le Etude des catégories d’eau dans le sol 2H


sol et le sous-sol
III : Propriétés physiques et Etude des conditions de circulation et 6H
hydrodynamiques des d’accumulation des eaux souterraines
roches
VI : Etude des nappes Notion des différents types de nappe d’eau 4H
d’eau souterraine souterraine et fonctionnement des nappes
V : Description du Etude du cycle hydrologique et du stockage des eaux 4H
processus d’alimentation souterraines
des nappes souterraines
VI : Prospection d’eau Stratégie de recherches hydrogéologiques 4H
souterraine
VII : Stratégie de captage Techniques de réalisation et de contrôle des ouvrages 10H
des eaux souterraines de captage et Exploitation des eaux souterraines
VIII : Hydrogéochimie Etude des paramètres, des constituants des eaux 4H
souterraines

Sorties: visite de site de forage


TD/TP : carte piézométrique

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CHAPITRE I : IDENTIFICATION DES EAUX SOUTERRAINES

INTRODUCTION
L’hydrogéologie est l’étude des eaux souterraines, c'est-à-dire l’étude des conditions
d’accumulation et de circulation des eaux dans les roches ainsi que celle d’acquisition des
substances dissoutes par l’eau au contact des roches encaissantes. Mais à l’heure actuelle,
l’hydrogéologie est devenue une science multidisciplinaire aux champs d’application très vaste
englobant les matières telles que l’hydrologie de surface, l’hydrochimie, l’hydrodynamique
souterraine, l’étude d’impact environnemental, la télédétection, la géophysique, les systèmes
d’informations géographiques, l’hydrodynamisme souterraine et modélisation...
Ce développement rapide de cette nouvelle science en très peu d’année se justifie par le fait que
l’hydrogéologie est une science à visage humain dont l’intérêt pour la population n’est plus à
démontrer.

I-1. DEFINITION
On appelle eau souterraine toute accumulation de l’eau dans les pores des formations
géologiques perméables, appelé aquifère. Cette eau est capable de circuler librement dans ce
terrain sous l’effet de la gravité. D’après CASTANY environ 60% des réserves d’eau sur la
planète sont stockés sous forme de glace et de neige et 40% sous forme d’eaux souterraines.
En hydrogéologie, le mot aquifère désigne tout terrain dont les caractéristiques sont favorables
à la formation de réserve d’eau souterraine. En conséquence, un aquifère désigne tout terrain
capable de contenir de l’eau. Cependant, cela ne signifie pas qu’un tel terrain contient
effectivement de l’eau, mais il offre simplement par sa nature les conditions propices à la
formation des réservoirs.

I-2. DESCRIPTION DU CONTEXTE GEOLOGIQUE ET HYDRODYNAMIQUE


I-2.1. NOTION DE ROCHE, D’AQUIFERE ET DE NAPPE
I-2.1.1. NOTION DE ROCHE
Les roches sont les matériaux constitutifs de l’écorce terrestre. Ces matériaux sont formés de
minéraux et présentent une homogénéité de composition, de structure et de modèle de
formation. On distingue selon leurs origines 3 groupes de roches :
-les roches sédimentaires ou exogènes : elles se forment en surface par diagenèse des sédiments.
Parmi ces roches, on peut citer :
les roches siliceuses (sable, grès) ; les roches argileuses (limon, kaolin) ; les roches calcaires
(calcaire) ; les roches salines (sel gemme, sel marin).
-les roches magmatiques : elles proviennent de la solidification du magma (granite, basalte…) ;
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-les roches métamorphiques : elles proviennent de la transformation des roches préexistantes
(roches magmatique, sédimentaire et même métamorphique) sous l’influence de la température
et ou de la pression (gneiss, schiste, micaschiste…).

I-2.1.2. NOTION D’AQUIFERE


A)- MILIEU POREUX
Certaines roches comme le sable, les grès se présentent sous forme de grains au sein desquels
existent des vides. Un milieu est dit poreux lorsqu’il possède des vides en son sein. De même
une roche poreuse est une roche qui possède des vides entre ses grains. Le milieu est dit continu
si ses vides sont connectés entre eux dans le sens d’écoulement du liquide qu’il le contient.
Un milieu est dit homogène si ses caractéristiques sont constantes dans le sens de l’écoulement
du liquide (l’eau). Dans le cas contraire, il est dit hétérogène.

B)- AQUIFERE
Un aquifère est un terrain perméable contenant de l’eau (ou un terrain capable de contenir
l’eau). Il n’est pas forcement homogène.
Un aquifère comporte une zone saturée en eau et une zone non saturée (Figure 1). Il est limité :

-à sa base par une roche imperméable appelée mur ou substratum ;

-à sa surface ou limite supérieure appelée encore le toit par une surface libre (roche perméable)
en contact avec l’atmosphère.

Figure 1 : L’eau dans l’aquifère


C) DIFFERENTS TYPES D’AQUIFERES
Les aquifères sont classés selon différents critères : lithologie, extension générale des roches,
profondeur de la couche, nombre de couche, situation dans l’espace...
- Aquifère en fonction de la lithologie
Il existe des aquifères de sable, de grès, de calcaire... En général, ce sont ces trois types de

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roches qui offrent les plus grandes possibilités de devenir un bon aquifère.
Les calcaires donnent les aquifères karstiques (Figure 2).
Tandis que les sables fournissent les aquifères poreux les plus captés dans le monde.
Au contraire, les argiles, les marnes, grès ferrugineux et d’une manière générale les roches
cristallines ne sont pas à priori de bons aquifères. Mais les roches cristallines peuvent contenir
de l’eau dans des conditions exceptionnelles quand elles sont fracturées (Figure 2).

Figure 2 : Aquifères en fonction de la lithologie

- Aquifère en fonction du mode de formation et d’extension de la roche

Le mode de formation permet d’avoir les roches cristallines (roche magmatique)


cristallophylliennes (roche métamorphique) et les roches sédimentaires. De ce point de vue, on
appelle aquifères discontinus, les aquifères de fissures et les aquifères d’altérites qu’on
rencontre dans les terrains cristallins; et aquifères continus, les aquifères qui se développent
dans les bassins sédimentaires. Ils sont de grande extension régionale et sont les premiers à être
étudiés dans le monde. Les aquifères discontinus sont souvent appelés aquifères isolés ou
limités (aquifères de lambeaux ou de poches de roches) où les eaux sont retenues dans de petites

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poches isolées les unes à côté des autres sans qu’il n’existe une liaison hydraulique entre ces
différentes poches; tandis que les aquifères continus sont des aquifères généralisés ou infinis
(aquifères d’extension régionale). Une grande partie des lois établies dans le domaine de
l’hydrologie ne concerne que ces aquifères continus d’extension théoriquement continue.

- Aquifère en fonction du nombre de couches

Un aquifère peut être formé d’une seule couche (aquifère monocouche) ou de deux couches
(aquifère bicouche) ou de plusieurs couches (et multicouche).

Figure 3 : Aquifères en fonction du nombre de couche

- Aquifère en fonction de la profondeur des couches


Il existe des aquifères de surface, de sub-surface, de semi-profondeur, de profondeur, etc. ;
lorsqu’on ne tient compte que de la profondeur à laquelle on trouve ces aquifères. Les aquifères
de surface ou de sub-surface donneront naissance plus tard aux nappes phréatiques qui
s’inondent facilement.
De même, on appelle aquifère perché un aquifère coiffant un inselberg granitique ou se trouvant
au sommet d’une colline formée de roches imperméables. Dans ce cas, un tel aquifère
n’entretient pas de relation directe avec le sol situé au pied de la montagne.

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Figure 4 : Aquifères en fonction de la profondeur des couches

I-3. CONDITIONS DE FORMATION DE PIEGES (OU RESERVOIRS) DANS UN


AQUIFERE

Pour qu’un piège capable de contenir de l’eau existe au sein d’un aquifère, il faut que l’une des
cinq conditions suivantes se réalise obligatoirement : conditions stratigraphique, tectonique,
volcanique, d’érosion et de subsidence. Ces cinq conditions donnent ainsi cinq principaux types
de réservoirs connus.

I-3.1. Piège stratigraphique


Un réservoir stratigraphique prend naissance à la faveur des phénomènes de sédimentation dans
un bassin, c’est un piège formé dans tous les dépôts stratifiés de sédiments. Dans ce cas, une
couche de nature favorable à la formation de nappe d’eau souterraine comme les sables s’est
déposée au sein de la série stratigraphique.
I-3.2. Piège par érosion
Quand une montagne est soumise aux phénomènes d’érosion, et que les sédiments érodés sont
transportés et déposés dans une dépression, on obtient un piège par érosion.

I-3.3. Piège volcanique


Les roches volcaniques sont des roches magmatiques caractérisées par un refroidissement
rapide. Ces conditions leur confèrent des porosités radicalement différentes de celles des roches
plutoniques. Le dégazage engendre lors du refroidissement des vacuoles non nécessairement
connectées dont la conséquence est une faible perméabilité primaire. Cependant, l’altération de

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ces formations permet d’avoir d’excellents réservoirs d’eau souterraine.
I-3.4. Pièges tectoniques
Un réservoir tectonique est un piège lié aux cassures dans les roches. Ces cassures peuvent
donner naissance aux contacts anormaux favorisant la formation de réservoirs. Il peut s’agir des
plans de faille par lesquels les eaux s’accumulent et circulent dans les roches.
Par ces réservoirs tectoniques, il y a souvent des remontées d’eaux chaudes provenant des
couches profondes ou des gaz divers comme le CO2 magmatique.
On peut avoir des pièges liés à des plis faille. En général, les horizons altérés riches en eau dans
les massifs cristallins naissent au droit d’une cassure tectonique. La fracture est le berceau de
l’altération et de la formation des réservoirs en milieu cristallin. On classe parmi les pièges
tectoniques, les pièges par plissement. Ces pièges sont liés à une déformation souple des
couches.
I-3.5. Piège de subsidence
Dans ce cas, il y a transport et accumulation de sédiments dans un bassin, et sous le poids des
matériaux les terrains s’affaissent en donnant par diagenèse la compaction des roches
sédimentaires favorables à la formation des réservoirs.
Ce phénomène provoque souvent la captivité de certaines couches de sables qui deviennent des
aquifères prisonniers.

Figure 5 : Différents types de pièges d’eau et leur mode de formation

I-4. CONDITIONS D’EXISTENCE DE NAPPE D’EAU SOUTERRAINE


Dans une région, pour qu’un aquifère contienne de l’eau, il faut que ces trois conditions se
réalisent nécessairement :
- Conditions lithologiques ;
- Conditions d’alimentation ;
- Conditions structurales.

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I-4.1. Conditions lithologiques
La nature de la roche en place doit être perméable pour permettre l’infiltration des eaux issues
des précipitations. En d’autres termes, il faut qu’il existe de bons aquifères dans la région. Dans
le cas contraire, s’il n’y a pas d’aquifères dans une région, l’eau va ruisseler (il ne se formera
jamais de nappe d’eau).
I-4.2. Conditions d’alimentation
Pour que le sous-sol d’une région contienne de l’eau, il est nécessaire que cette région soit
arrosée par des pluies abondantes, sinon sans précipitation même les roches perméables d’une
région ne peuvent pas contenir de l’eau.
I-4.3. Conditions structurales
L’évolution structurale des roches d’une région est aussi un facteur d’existence des nappes
d’eau souterraine. Par exemple une structure monoclinale dont les couches sont inclinées dans
un même sens, drainent les eaux souterraines vers les zones plus éloignées. Ainsi en fonction
de leur comportement dans le sol, les structures tabulaires, verticales, faillées monoclinales,
plissées peuvent générer ou favoriser la formation de nappes. Il existe une inter-indépendance
entre la structure de la roche et le type de réservoir mis en place.
En Afrique de l’ouest les réservoirs d’eau souterraine se développent au sein de trois grandes
provinces hydrogéologiques :
- Province de vieux bassin sédimentaire (bassin de Taoudéni Mali-Niger) d’âge
précambrien supérieur bassin de la volta d’âge paléozoïque inférieur ;
- Province des bassins récents (CI, Togo, Bénin, Ghana) d’âge compris entre le crétacé et
le Quaternaire ;
- La province de socle cristallin et cristallophyllien.
Ces provinces contenant des réserves d’eau dans les aquifères de nature variée : aquifère
d’altérite, des séries volcano-sédimentaires et de granite migmatite.

Figure 6 : Aquifères d’altérites au toit du socle cristallin

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CHAPITRE II : CATEGORIE D’EAU DANS LE SOL ET LE SOUS SOL

L’eau du sol et du sous-sol se présente sous différents états en desquels elle sera plus ou moins
accessible aux plantes et aux ouvrages de captage réalisé par l’homme comme le puits et les
forages.

1-- eau de constitution, 2-- eau fortement adsorbée, 3--Réserve hydrique (eau de rétention
capillaire), 4--Réserve hydrologique (eau gravitaire)
Figure 7 : Types d’eau dans la roche
II.1. Eau de constitution
Cette eau fait partie intégrante d’une molécule ou d’un assemblage de molécules, on reconnait
l’eau chimiquement liée dans une molécule laquelle ne peut être extraite que par des moyens
chimiques ou mécaniques très puissants. L’eau dite de cristallisation est celle qui entre dans la
composition minéralogique d’un minéral.
Le gypse dont la formule est CaSO4 (2H2O) illustre bien cette catégorie d’eau. En chauffant
légèrement le gypse, la majeure partie de l’eau qu’il contient est libérée et on obtient du plâtre.

II.2. Eau sous forme de vapeur


Cette eau est contenue dans l’air qui remplit les vides des roches ou les interstices entre les
particules. Sa quantité dépend de la température et de l’humidité de l’air. La vapeur d’eau peut
migrer des zones profondes et chaudes vers les zones plus froides de surface. Elle se condense
alors en eau liquide, contribuant au développement des nappes souterraines.

II.3. Eau solide sous de glace


Dans les régions au climat tempéré, cette eau est présente en hivers dans les couches
relativement superficielles. Dans les régions au climat rigoureux, elle est enfermée en
permanence dans le sol sur de grandes profondeurs, ce qui constitue le pergélisol.
II.4. Eau de rétention ou l’eau liée
Elle englobe l’ensemble des eaux retenues dans les vides d’un milieu poreux saturé ou non. Elle
est maintenue à la surface des particules par des forces très grandes, si bien qu’elle ne peut
s’écouler sous l’effet de sa gravité. Il existe deux types d’eau de rétention :

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- L’eau hygroscopique ou eau adsorbée ;
- L’eau pelliculaire ou eau d’adhésion.
L’eau hygroscopique ou eau adsorbée
Il s’agit de l’eau fixée au grain solide par attraction moléculaire (adsorption) entre les charges
du corps solide et celle de l’eau. Elle imprègne (mouiller) les micropores à la surface de la
particule et elle se déplace à l’état de vapeur seulement. Elle se caractérise par une viscosité et
une densité supérieure à celle de l’eau ordinaire. Dans les terrains, l’eau adsorbée varie en
fonction de l’humidité, de la température, de la pression de l’air et surtout de la porosité.
L’eau pelliculaire ou eau d’adhésion
Il s’agit de l’eau qui entoure les particules du sol et leur eau adsorbée par une mince pellicule
dont l’épaisseur est de l’ordre du micromètre. Elle est soumise à des forces d’attraction plus
faible que celle que caractérise l’adsorption, c’est l’adhésion.
L’eau pelliculaire se déplace à l’état liquide par le jeu des attractions moléculaires entre
particules voisines. Pour deux grains jointifs semblables, l’eau se déplace de la couche la plus
épaisse vers la couche la plus mince jusqu’à égalisation des pellicules.
La quantité d’eau pelliculaire est liée à l’importance de la surface spécifique des grains. Elle est
donc plus abondante dans les sédiments fins que dans les sédiments grossiers.

II.5. Eau capillaire


C’est l’eau maintenue dans une roche ou dans un milieu poreux par les forces de capillarité
(tension superficielle). Cette eau transmet la pression hydrostatique. Selon le niveau dans le sol
et la réponse à l’action de la gravité, l’eau capillaire se divise en :
-eau capillaire suspendue ou isolée ;
-eau capillaire soutenue.
Eau capillaire suspendue ou isolée
C’est l’eau qui se trouve dans la zone non saturée où elle n’occupe qu’une partie des vides,
l’autre partie contenant de l’air et de la vapeur d’eau.
Comme cette eau ne se déplace pas sous l’action de la force de la gravité, on peut la classer
dans la catégorie de l’eau de rétention étudiée précédemment.

Eau capillaire soutenue

Cette eau se trouve dans la frange capillaire (zone de transition entre la zone saturée et la zone
non saturée) juste au-dessus de la zone de saturation. Elle remplit totalement les pores ou
interstices capillaires. Elle subit l’action de la gravité.

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II.6. Eau gravitaire ou gravifique
C’est l’eau souterraine qui subit particulièrement l’action de la gravité. Elle transfert la pression
hydrostatique et alimente les autres formes d’eau. C’est la partie active des eaux souterraines
mobilisée lors du pompage dans un puits.
En conclusion, toutes les catégories d’eau présentes dans le sol se résument en trois types
principaux en exceptant l’eau de constitution (partie intégrante des cristaux, la vapeur d’eau et
la glace) nous avons :
─ Eau de rétention : il s’agit des molécules d’eau attirées à la surface des grains.
Elle se divise en eau d’adsorption et en eau d’adhésion ;
─ Eau capillaire : il s’agit de l’eau capillaire isolée qui est fixée entre les grains
par le jeu des tensions superficielles. Cette eau ne peut être extraite pour le besoin de l’homme ;
c’est donc de l’eau retenue dans le sol. L’eau capillaire soutenue est par contre la base d’eau
capable de mouvements dès que la gravité le permet ;
─ Eau gravifique (ou gravitaire) : c’est la partie de l’eau pour laquelle sont négligeables
les forces agissantes autre que celles de gravité. Cette eau peut être exploitée par
pompage ou par drainage.

CHAPITRE III : PROPRIETES PHYSIQUES ET HYDRODYNAMIQUES DES


ROCHES

Toutes les roches contiennent un certain pourcentage de vide pouvant héberger de l’eau. L’eau
issue des précipitations ou l’eau circulant librement à la surface du sol peut pénétrer dans ces
vides, y circuler sous l’effet de la gravité et dans certaine mesure s’y accumuler en donnant en
réservoir d’eau souterraine.
Au départ, on pensait que l’eau souterraine ne circule que par des cours d’eau souterraine pour
se rassembler dans des lacs souterrains. Hors, l’eau souterraine n’est pas condamnée dans
quelques canaux ou dépressions privilégiées comme c’est le cas au niveau des eaux de surface.
Au contraire, elle est omniprésente dans le sol et dans les roches. On en trouve partout : dans
les minéraux, pores, interstices, fissures, crevasses…
La qualité hydrogéologique d’une roche conditionne le transport et l’accumulation d’une masse
d’eau à l’intérieur de cette roche. Elle est définie par des paramètres physiques et
hydrodynamiques.

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III.1. POROSITE
III.1.1. Définition
L’ensemble des vides qui séparent les grains constitutifs d’une roche constituent sa porosité.
Si ces vides communiquent entre eux, la porosité est dite ouverte et peut donner naissance à
une masse d’eau souterraine. Au contraire, une porosité fermée ne peut donner de nappe d’eau
(cas des argiles). On trouve la porosité ouverte surtout dans les sédiments meubles à grains
juxtaposés (les sables, les graviers). Les roches sédimentaires consolidées à grains soudés (grès,
calcaire…) peuvent acquérir une porosité de dissolution tandis que les roches cristallines
(roches ignées), les roches cristallophylliennes (roches métamorphiques) formées de cristaux.
La porosité est liée aux fractures.
III.1.2. Différents types de porosité
La nature des vides dans les terrains permet de distinguer trois types de porosités :
─ La porosité d’interstices : elle concerne les formations meubles (sable) ou des roches
solides non encore complètement colmatées ; les pores sont interconnectés ;
Souvent la porosité d’interstice peut être détruite par cimentation des vides chez les grès.
─ La porosité de fissures : elle concerne les roches compactes fracturées et est due
aux déformations tectoniques ou aux plans de stratification, de foliation, de rubanement, etc ;
─ La porosité de chenaux : elle est causée par la dissolution des roches au contact
des solutions acides ou par la croissance des plantes vasculaires dans les plans de failles ; ce
qui provoque l’élargissement des fractures.

Figure 8 : Différents exemples de porosités rencontrés dans les roches

En outre, d’un point de vue génétique, on parle de porosité primaire et de porosité secondaire.
La porosité primaire est la porosité de la roche qui se développe au moment de sa formation.
C’est le cas des interstices dans les roches meubles. On appelle porosité secondaire, celle qui
peut intervenir au cours de la vie de la roche suite à des phénomènes physiques (déformation
tectonique) et chimiques (météorisation). Dans ce cas, les constituants présentent eux même

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leur propre porosité en plus de la porosité d’interstice. Cette porosité peut prendre les formes
de porosité de fissure et de porosité de chenaux.

III.1.3. Facteurs influençant la porosité


Les facteurs qui font varier la porosité des terrains en particulier celle des formations meubles
sont au nombre de trois :
─ La forme des grains qui détermine la forme et la dimension des vides. Des
particules qui se rapprochent de la forme cubique fournissent des vides plus importants que des
particules sphériques. Ainsi la porosité totale est plus grande pour des graviers anguleux que
sphériques ;
─ La dimension des grains : une roche de granulométrie uniforme à une porosité
plus grande qu’une roche de granulométrie étalée, les fines particules de cette dernière venant
combler les pores formés par les plus grosses particules ;
─ L’arrangement des grains qui exprime leur disposition spatiale. Dans le cas
théorique d’une formation homogène constituée de grains sphériques de même diamètre (ce
phénomène se comprend bien si on examine de quelles façons on peut superposer 8 sphères de
même diamètre), on constate qu’il y a six possibilités différentes d’arrangements conduisant à
autant de valeurs différentes pour la porosité variant entre 26 et 48%.

III.2. Perméabilité et conductivité hydraulique


III.2.1. Définition
La perméabilité k d’un matériau est une caractéristique propre à ce matériau représentant son
aptitude à laisser circuler l’eau. Le facteur principal est le diamètre efficace des grains. Elle
s’exprime en m2 ou en darcy (1 darcy = 10-12 m2). On l’appelle parfois perméabilité
géométrique.

Figure 9 : Notion de perméabilité des terrains dans la nature


La conductivité hydraulique K correspond au coefficient de proportionnalité de la loi de
DARCY. Elle décrit la vitesse de circulation de l’eau dans un aquifère. Son unité est le m/s.
Elle dépend à la fois de la roche et du fluide qui circule.

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III.2.2. Loi de Darcy en milieu poreux
La perméabilité est l’un des paramètres hydrodynamiques les plus fréquemment utilisés en
hydrogéologie. Il a été étudié expérimentalement pour la première fois par Darcy dont il porte
le nom.
a. Hypothèses faites sur le milieu poreux
Les hypothèses faites sur le milieu poreux sont : le milieu doit être homogène et isotrope.

b. Expérience de Darcy
𝐻
On montre expérimentalement que : 𝑄 = 𝐾𝑆 𝐿 = 𝐾𝑆𝑖 où i : gradient hydraulique ; S : section

de l’écoulement et K : conductivité hydraulique.

Figure 10 : Dispositif de Darcy pour la mesure de la perméabilité


Le débit Q (m3/s) de l’eau qui s’écoule en fonction du temps dépend de la vitesse de circulation
de cette eau à travers les grains de sable dans le cylindre de Darcy. Si ce sable se laisse traverser
très facilement par l’eau, on dit qu’il est perméable. Au contraire, si les conditions de
circulation sont très difficiles, la vitesse de circulation de l’eau ce sera faible et le débit
d’écoulement aussi. Dans ce cas, l’échantillon de sol utilisé n’est pas perméable, il est
imperméable. En conséquence, on peut utiliser cette expérience pour étudier le pouvoir
évacuateur des terrains et donc pour faire de l’assainissement individuel ou collectif. On utilise
aussi cette méthode pour étudier la nature des terrains de recouvrement d’une nappe en vue de
la protéger contre la pollution.

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III.2.3. Différents types de perméabilité
Les différents types de perméabilité sont :
─ La perméabilité d’interstices (ou perméabilité de Darcy : 𝑄 = 𝐾𝑆𝑖 liée à la porosité
d’interstices) dont le facteur principal est le diamètre efficace des grains. C’est le facteur du
coefficient de perméabilité propre du réservoir.
─ La perméabilité de fissures liée à la porosité de fissure, est une perméabilité acquise
postérieurement par une roche qui, à l’origine était une roche imperméable qui ne contient pas
de l’eau. Dans ce cas, un massif cristallin comme le granite subit des phénomènes tectoniques
en se fracturant. L’eau circule dans le massif cristallin suivant des directions préférentielles
imposées par la fracturation. De même, on trouve la perméabilité de fissures dans les joints de :
schistosité, foliation, stratification, gneissosité, etc.
─ La perméabilité de chenaux liée à la porosité de chenaux, est une perméabilité acquise
par une roche à la faveur soit de l’activité des plantes fracturophiles, soit de la dissolution. Ces
plantes poussent au droit des fissures dans les massifs cristallins. En grossissement, leur
système racinaire pénètre profondément dans le massif en provoquant le démantèlement de
blocs. L’eau emprunte ces voies ainsi créées pour aller dissoudre les roches cristallines en
profondeur. La perméabilité de chéneaux est donc une perméabilité d’élargissement des
fractures par les arbres. Mais, dans les massifs calcaires, il existe une perméabilité de chenaux
liée à des activités de dissolution du calcaire au contact des eaux acides. En milieu carbonaté,
il se développe ainsi, un type d’aquifère, appelé aquifère karstique, riche en figures de
dissolution.

Figure 11 : Différents types de perméabilité dans les terrains

Figure 12 : Valeurs de perméabilité des roches

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III.2.4. Facteurs influençant la perméabilité
Les facteurs agissant sur la perméabilité d’un terrain sont :
 la nature du fluide (viscosité, température, masse volumique, quantité de sels dissouts
...) ;
 la nature du milieu traversé (granulométrie, dimension des pores, rugosité ...), ce qui
compte le plus, c’est la surface de contact appelée surface spécifique ;
 les interactions éventuelles d’ordre physique et chimique entre fluide et roche.

III.3. Transmissivité
La productivité d’un aquifère est fonction de son coefficient de perméabilité (K) et de son
épaisseur (e), alors que sa fonction conduite ne dépend que de la transmissivité : elle évalue la
fonction conduite d’un aquifère. Par définition, la transmissivité est le débit d’eau qui s’écoule
par unité de longueur (l=1m) d’un aquifère sous l’effet d’une unité de gradient hydraulique (i =
1m). C’est donc le produit de la conductivité hydraulique K du matériau aquifère par son
épaisseur e. son expression est :

T = K.e où T : transmissivité en m2/s ; K : conductivité hydraulique en


m/s et e : épaisseur en m.

III.4. Coefficient d’emmagasinement et réserve d’eau


III.4.1. Coefficient d’emmagasinement
Le coefficient d’emmagasinement représente la capacité à libérer de l’eau sous l’effet d’un
abaissement de la charge hydraulique. Le coefficient d’emmagasinement spécifique (Ss) donne
le volume d’eau libéré par un volume unitaire de matériau pour une baisse unitaire de la charge
hydraulique. Son unité est proportionnelle à l’inverse d’une unité de longueur. Le coefficient
d’emmagasinement (S) est défini par :

S = Ss × e où e : épaisseur de l’aquifère et S est mesuré lors d’un essai de pompage.

III.4.2. Réserve souterraine


Les réserves d’une nappe peuvent être considérées comme le volume d’eau pouvant être prélevé
dans la nappe en la rabattant. On a :

─ La réserve totale d’une nappe qui est la quantité d’eau gravitaire contenue dans le
volume d’aquifère délimité par son toit, ses limites d’extension et son mur ;
─ La réserve régulatrice (ou réserve renouvelable) qui est le volume d’eau gravitaire
connu dans la zone de fluctuation de la surface piézométrique d’un aquifère à nappe libre.

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─ La réserve permanente qui est la part de la réserve totale qui est non renouvelable.
Dans les aquifères à nappe captive, réserve totale et réserve permanente sont pratiquement
confondues. La réserve d’une nappe peut être évaluée comme suit :
R = V × S où R : volume d’aquifère balayé et S : coefficient d’emmagasinement.
Dans le cas d’une nappe libre, on a : S = n ×e

Réserve régulatrice

Réserve totale

Réserve permanente

CHAPITRE IV : ETUDE DES NAPPES D’EAU SOUTERRAINE

IV.1 DIFFERENTS TYPES DE NAPPES D’EAU SOUTERRAINE

IV.1.1. Définition
Une nappe d’eau souterraine est l’ensemble de l’eau libre saturant un terrain. Cette eau étant en
communication hydraulique continue ; que ce soit par des pores, des fissures ou des chenaux.
IV.1.2. Types de nappes
Il existe dans la nature trois grands types de nappes d’eau souterraine : la nappe libre, la nappe
captive et la nappe semi-captive.
a. Nappe libre
On appelle nappe libre, une nappe dans laquelle la surface de l’eau se trouve exposée à l’air
libre. L’eau ne remplit pas toute la hauteur de l’aquifère, et la nappe est donc limitée
supérieurement par une surface libre à l’intérieur de l’aquifère. Cette surface libre ou surface
piézométrique est le lieu des points où l’eau est à la pression atmosphérique. Une telle nappe
se caractérise par les différents éléments suivants :
─ un toit perméable, exposé à l’air libre, à alimentation directe par les pluies actuelles et
supportant le tapis végétal (surface du sol) ;
─ un mur imperméable sur lequel repose la nappe ;
─ une épaisseur de la nappe, différence de côte entre le toit et le mur.

17
Figure 13 : Nappe libre

Dans une nappe libre, on peut creuser différents types d’ouvrages pour capter l’eau. Ces
ouvrages peuvent être des puits (ouvrage à gros diamètre pour les villages) ; ou des forages
(ouvrages à petits diamètres utilisés pour l’alimentation en eau des populations). Mais, en plus
des 2 types d’ouvrages, certains puits ou certains forages ne sont creusés rien que pour étudier
le comportement de l’eau dans une nappe. Dans ce cas, ces ouvrages ne servent qu’à mesurer
le niveau d’eau au sein de la nappe. Pour cette raison, un tel ouvrage s’appelle un piézomètre
(par exemple, la nappe d’Abidjan est équipée d’une vingtaine de piézomètres d’observation).
Les mesures de niveau dans un piézomètre se font à l’aide d’une sonde électrique. Le niveau
piézométrique est le niveau de l’eau mesuré dans un piézomètre lorsque la nappe est au repos
et ce niveau se raccorde avec la surface libre de l’eau dans toute la nappe.
Examinons maintenant la répartition verticale de l’eau dans une nappe libre. Soit un terrain
homogène (granulométrie uniforme, avec une porosité totale assez élevée, comme un sable) et
isotrope (milieu non stratifié où l’eau circule aussi bien de façon verticale qu’horizontale), une
section de ce terrain, limitée à la base par une couche imperméable et sur laquelle on laisse
tomber de l’eau en fines gouttelettes pendant un certain temps. Après avoir soumis ce terrain à
l’évaporation, il est possible de distinguer très nettement deux zones dans la distribution
verticale de l’eau :
 Une zone non saturée vers le haut ;
 Une zone saturée vers le bas ;
 Et également entre les 2, il y a la zone de battement de la nappe.

b. Nappe captive

Une nappe captive est une nappe coincée entre deux couches imperméables et pour cette raison,
elle ne communique pas directement avec l’atmosphère. Par conséquent, son alimentation n’est
plus directe par les eaux d’infiltration issues des pluies actuelles. Au contraire, cette

18
alimentation se fait à travers l’écoulement latéral. Dans ce cas, l’aquifère qui se comporte
comme un tuyau cylindrique plein d’eau est sous pression. Pour cela, le niveau piézométrique
de la nappe captive ne se situe pas dans l’aquifère, mais à un niveau situé au-dessus de
l’aquifère, notamment dans le toit imperméable, ou même en plein air quand l’épaisseur du toit
imperméable est faible : il s’agit donc d’un niveau piézométrique fictif. C’est pourquoi la
pression qui règne à la surface de l’eau dans une telle nappe est toujours supérieure à la Pa.

Aussi, tout forage creusé dans la nappe captive provoque-t-il un jaillissement d’eau
connu sous le nom d’artésianisme : on dit que le forage est jaillissant, ou qu’il est artésien ce
phénomène a été observé pour la première fois dans la ville d’artèse en Italie. Les nappes
captives sont les mieux protégées contre la pollution, mais elles contiennent souvent des eaux
très anciennes ou fossiles. Elles peuvent tarir à défaut d’alimentation ou lorsque l’alimentation
est lente.

Figure 14 : Nappe captive

En Côte d’Ivoire, les nappes captives existent partout dans le bassin sédimentaire. De même
que les nappes de fissures à l’intérieur du pays sont généralement captives.

Figure 14 : Artésianisme

19
c. Nappe semi-captive
Une nappe semi-captive est une nappe imparfaitement captive c'est-à-dire une nappe recelée
par une couche perméable entièrement saturée dont une éponte (éponte : couches qui entourent
un aquifère ; c'est-à-dire le mur ou le toit) ou les deux sont semi-perméables :
─ Mur imperméable et toit semi-perméable ou vis-versa ;
─ Mur et toit semi-perméables.
Dans ce cas, les épontes semi-perméables se laissent traverser par un égouttement lent des eaux
caractérisé par trois paramètres comme : paramètre de drainance, facteur de drainance et facteur
d’égouttement.

Figure 15 : Principaux types de nappes

20
IV.2. CARTE PIEZOMETRIQUE D’UNE NAPPE
Une carte piézométrique est la synthèse essentielle de l’étude hydrogéologique. Elle schématise
la fonction conduite du réservoir et le comportement hydrodynamique de l’aquifère avec
figuration des conditions aux limites. Une carte piézométrique est une carte d’iso-valeurs des
côtes piézométriques de l’eau dans les différentes parties de la nappe. Elle renseigne donc sur
l’allure ou le comportement de la surface piézométrique et même sur le mouvement de l’eau
dans une nappe.
IV.2.1. Eléments caractéristiques d’une carte piézométrique
Ce sont principalement les lignes de courant et les équipotentielles (courbe piézométrique). On
appelle courbe piézométrique (ou équipotentielle) le lieu géométrique des points de même
altitude à la surface de l’eau dans la nappe. Les équipotentielles sont parallèles aux limites
perméables dans l’aquifère et perpendiculaires aux limites imperméables.
On appelle ligne de courant, la ligne idéale qui représente la trajectoire théorique d’une particule
d’eau en mouvement dans la nappe. Elle correspond à la direction générale de l’écoulement de
l’eau dans la nappe.

Figure 15 : Equipotentielles et lignes de courant


En hydrogéologie, les lignes de courant et les vitesses sont horizontales et les équipotentielles
sont des verticales.

IV.2.2. Importance de la carte piézométrique


La carte piézométrique est un document fondamental et précieux en hydrogéologie. Elle
permet :
─ le calcul du gradient hydraulique ;
─ le calcul du débit unitaire de la nappe ;
─ la détermination du sens d’écoulement des eaux souterraines, la définition des zones
vulnérables, la définition des zones de captage ou d’alimentation des limites perméables ou

21
imperméables, les variations du gradient hydraulique ;
─ la classification des nappes : nappe cylindrique, nappe divergence, nappe convergente ;
─ l’étude des relations entre nappe et rivière dans une région.

CHAPITRE V : DESCRIPTION DU PROCESSUS D’ALIMENTATION DES NAPPES


SOUTERRAINES
Introduction
L’eau est très abondante sur notre planète. Elle est même probablement l’une des ressources les
plus abondantes de la Terre. Elle se trouve répartie entre quatre grands réservoirs : les mers et
océans, les eaux continentales (superficielles et souterraines), l’atmosphère, et la matière
vivante. 70% de la surface du globe sont d'ailleurs recouvertes d'eau. Toutefois, si la Terre est
bien la planète de l'eau, c'est avant tout la planète de l'eau salée, cette dernière représentant
97,2% du volume. Il ne reste donc plus que 2,8% pour l'ensemble des eaux douces des terres
émergées : glaces, eaux souterraines, cours d'eau, lacs. 70% de ces eaux douces sont concentrées
dans les glaces des pôles et la majeure partie du reste se trouve dans les sols, sous forme
d'humidité ou dans des nappes souterraines très profondes, inexploitables pour l'homme.
Au final, l'homme ne peut utiliser que moins d'1% du volume total d'eau douce présent sur
Terre. Ceci englobe les cours d'eau, les réservoirs naturels ou artificiels (lacs, barrages...) et les
nappes souterraines dont la profondeur n'est pas trop importante pour qu'elles soient
exploitables à des coûts abordables.

V.1. Description du cycle de l’eau


V.1.1. Milieu hydrologique
Le milieu hydrologique est le milieu dans lequel se déroulent tous les phénomènes directs ou
indirects influençant la circulation de l’eau dans la nature. Définissons d’abord le cycle de l’eau.
L’eau se présente, dans la nature, sous trois états :
 solide : neige et glace ;
 liquide : eau chimiquement pure ou chargée en solutés ;
 gazeux : à différents degrés de pression et de saturation.

Etats Principaux stocks Phases de transport


Liquides Océans, lacs, eaux souterraines Cours d’eau, pluies, circulations
souterraines
solides Manteau neigeux, glacier, calotte polaire Neige, écoulement des glaciers,
grêle
Vapeurs Humidité atmosphérique, nuage, brouillard Evaporation, évapotranspiration

22
Les eaux sont en constante circulation sur la terre et subissent des changements d'état.
L'ensemble des processus de transformation et de transfert de l'eau forme le cycle
hydrologique.
Le cycle de l’eau est classique : précipitation, interception par le couvert végétal, ruissellement,
infiltration, écoulement souterrain, évaporation et évapotranspiration, émergence,
concentration en nappe d’eau superficielle puis retour à l’atmosphère et un nouveau cycle
recommence. Nous retenons cependant que le cycle de l’eau comporte deux parties principales :
une partie terrestre et une partie atmosphérique.
La partie terrestre du cycle hydrologique se définit à partir de tout ce qui concerne l’écoulement
et le stockage des eaux sur la terre et dans les océans.
La partie atmosphérique concerne les transports d’eau dans l’atmosphère, principalement sous
forme de vapeur d’eau.

V-2.2. Cycle de l’eau


Le cycle de l’eau est la suite des déplacements de l’eau dans l’atmosphère à la surface et dans
le sous-sol de la terre. C’est donc le circuit que suit l’eau dans la nature : l'eau de surface
s'évapore sous l'effet du soleil et monte dans l’atmosphère où elle refroidit, se condense en
nuages et donne des précipitations (pluie, neige...). Une partie s'évapore, une autre s'infiltre
dans le sol et alimente les nappes phréatiques, une autre grossit les glaciers. Le reste retourne à
la mer par les cours d'eau.
Le cycle de l'eau peut être quantifié à partir d'un bilan hydrogéologique. Sur une surface
continentale définie et pour un temps suffisamment long, le bilan hydrologique est donnée par :
P=E+R+I avec P : précipitation ; R : ruissellement ; I : infiltration (variation de stock) ;
E : évaporation et transpiration.
Toutes les études et évaluation en hydrogéologie doivent porter sur un des trois systèmes
hydrologiques à savoir: le bassin hydrologique, le bassin hydrogéologique et l’aquifère.

L’évaporation 1 des eaux des océans est une source d’eau douce importante, elle est transportée

23
par les vents 2 se condense 3 et retombe en précipitations 4 surtout sur les océans et en partie
sur les continents 4. L’eau précipitée sur les continents est pour une part rapidement renvoyée
vers l’atmosphère par l’évapotranspiration 5 des végétaux, le reste s‘écoule en partie par
ruissellement 6 vers les lacs et rivières, et une partie s’infiltre dans le sol. Quand le sol est saturé
en eau, l’eau s’infiltre pour alimenter les nappes souterraines 7, cette eau circule sous terre et
ressort parfois au niveau de source qui alimente des rivières. Les rivières permettent à une partie
de l’eau tombée sur les continents de s’écouler 9 dans les océans.
Figure 16 : Schéma bilan simplifié du cycle de l’eau

V-2.2.1. Évapotranspiration
Le cycle commence par l’évaporation de l’eau. Sous l’effet de l’énergie solaire, l’eau des mers
et des océans s’évapore dans l’atmosphère sans le sel et les autres impuretés. L’évaporation est
plus importante au niveau des océans qu’à l’intérieur des terres : lacs, rivières, et fleuves. Donc
les rayons du soleil réchauffent l’eau des rivières, des fleuves, des lacs, des mers et des océans
et la fait passer de l’état liquide à l’état de vapeur d’eau (gazeux) ; c’est l’évaporation.
Les plantes et les autres espèces végétales puisent l’eau dans le sol et la rejettent sous forme de
vapeur d’eau. Environ 10% des précipitations tombant sur la terre proviennent de la
transpiration des végétaux, le reste est en conséquence dû à l’évaporation.
La transpiration des plantes et l’évaporation du sol humide libèrent de l’humidité qui s’élève
dans l’atmosphère sous la forme de nuages (évapotranspiration).
Pour l'hydrogéologue, les potentialités en eau d'une région peuvent être estimées à partir du
calcul des précipitations efficaces (PE). Elles sont égales aux précipitations (P) moins
l'évapotranspiration réelle (ETR).

PE = P - ETR
L'ETR est estimée en comparant les quantités de précipitation par rapport à l'évapotranspiration
potentielle (ETP) et en tenant compte de la présence, dans le sol, d'une réserve d'eau utilisable
par les plantes.
L'ETP est un des paramètres importants dans le calcul du bilan. C'est la quantité maximale d'eau
évapotranspirée par une surface d'eau ou par la végétation lorsqu'il y a 100 % de disponibilité
en eau. Dans la réalité, dans les régions chaudes ou en été dans nos régions, la disponibilité en
eau est souvent trop faible par rapport à l'ETP : les plantes doivent alors puiser dans les réserves
en eau du sol et l'évapotranspiration réelle (ETR) est alors plus faible que l'ETP. Pour le calcul
de l'ETP, il existe de très nombreuses formules utilisant divers paramètres (température, vitesse
du vent, insolation, ...).

24
V-2.2.2. Condensation et Précipitations
Au contact de l’atmosphère, la vapeur d’eau se refroidit et se transforme en petites gouttelettes
qui vont être à l’origine de la formation des nuages qui sous l’action des vents vont se diriger
vers l’intérieur des terres. Cette étape se nomme la condensation. Transportés par la circulation
atmosphérique, les nuages se déplacent et l’effet de la gravité aidant l’eau retombe sur le sol
sous forme d’eau, de neige ou la grêle (état liquide ou solide). Cette étape se nomme la
précipitation.
V-2.2.3. Ruissellement et infiltration
L’eau qui n’est pas absorbée par le sol, ruisselle le long des pentes jusqu’à se déverser dans les
rivières, les fleuves et les lacs. Elle sera ensuite transportée jusqu’aux mers et océans. Les
ruisseaux, les rivières, les fleuves ou les lacs qui reçoivent les eaux de ruissellement sont
appelés cours d’eau de drainage. L’eau de pluie s’écoule lorsqu’elle rencontre un sol
imperméable et dévale de l’amont vers l’aval. Le ruissellement part de la source en passant par
le ‘ru’, le ruisselet, le ruisseau, la rivière, le fleuve pour se jeter dans les mers et les océans.
Nous avons donc un ruissellement.
L’eau de pluie pénètre dans les sols perméables. En s’infiltrant dans un sol perméable, l’eau
peut parfois remplir une poche souterraine (grotte) et former un véritable réservoir d’eau. L’eau
contenue dans ce réservoir (nappe d’eau ou nappe phréatique) trouve parfois un chemin naturel
vers l’extérieur. L’endroit où jaillit l’eau hors du sol s’appelle la source. Certaines nappes
d’eaux souterraines, une fois découvertes, peuvent aussi être exploitées par l’homme comme
réserves d’eau potable. Un peu moins de la moitié des précipitations va recharger les nappes
phréatiques, le reste part en évaporation. Ceci représente l’infiltration des eaux.

Figure 17 : Ruissellement de surface

V-2.2. Alimentation des nappes


Les eaux souterraines proviennent de l’infiltration des eaux de pluie dans le sol. Celles-ci
25
s’insinuent par gravité dans les pores, les microfissures et les fissures des roches, humidifiant
des couches de plus en plus profondes, jusqu’à rencontrer une couche imperméable. Là, elles
s’accumulent, remplissant le moindre vide, saturant d’humidité le sous-sol, formant ainsi un
réservoir d’eau souterraine appelé aquifère. La nappe chemine en sous-sol sur la couche
imperméable, en suivant les pentes, parfois pendant des dizaines voire des centaines de
kilomètres, avant de ressortir à l’air libre, alimentant une source ou un cours d’eau. Les nappes
souterraines fournissent ainsi presque le tiers du débit total de tous les cours d’eau de la planète,
soit environ 12.000 km3 d’eau par an.
 Nappe alimentée par l'eau de pluie
Dans la majeure partie des cas, nappes libres, les eaux souterraines proviennent de l'infiltration
des eaux superficielles.
La source d'alimentation en eau d'un bassin hydrologique est fournie par les pluies efficaces,
c'est à dire par le volume d'eau qui reste disponible à la surface du sol après soustraction des
pertes par évapotranspiration. L'eau se répartit donc en 3 fractions :

 le ruissellement qui rejoint le réseau hydrographique ;


 l'évaporation et la consommation par les plantes ;
 l'infiltration qui alimente le stock d'eau souterraine.

Lorsqu'il s'agit d'une nappe alluviale l'alimentation de la nappe se fait avec quelques jours de
retard sur les pluies. Par contre, la nappe peut être alimentée avec plusieurs mois de retard selon
l'épaisseur et la porosité de la roche.

 Nappe alimentée par les cours d'eau


C'est le cas des nappes alluviales qui tantôt sont alimentées et tantôt sont drainées par les cours
d'eau. La surface piézométrique de la nappe a une cote généralement inférieure à celle du cours
d’eau.
 Nappe alimentée par une autre nappe
Les nappes peuvent communiquer entre elles et former des systèmes aquifères. Si elles circulent
dans des roches de propriétés différentes elles peuvent alors jouer un rôle modérateur et
régulateur des écoulements. Pluies efficaces = précipitations totales - évapotranspiration
La hauteur d'infiltration est la quantité d'eau infiltrée à travers le sol pendant une durée
déterminée. Le taux d'infiltration est le rapport entre la hauteur d'infiltration et la hauteur de
précipitation efficace.
L'infiltration est conditionnée par les principaux facteurs ci-dessous :

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• Le type de sol (structure, texture, porosité) - Les caractéristiques de la matrice du sol
influencent les forces de capillarité et d'adsorption dont résultent les forces de succion, qui elles-
mêmes, régissent en partie l'infiltration.

• La compaction de la surface du sol due à l'impact des gouttes de pluie (battance) ou à d'autres
effets (thermiques et anthropiques) - L'utilisation de lourdes machines agricoles dans les
champs peut par exemple avoir pour conséquence la dégradation de la structure de la couche
de surface du sol et la formation d'une croûte dense et imperméable à une certaine profondeur
(sensible au labour).

• La couverture du sol - La végétation influence positivement l'infiltration en ralentissant


l'écoulement de l'eau à la surface, lui donnant ainsi plus de temps pour pénétrer dans le sol.
D'autre part, le système radiculaire améliore la perméabilité du sol. Enfin, le feuillage protège
le sol de l'impact de la pluie et diminue par voie de conséquence le phénomène de battance.

• La topographie et la morphologie - La pente par exemple agit à l'opposé de la végétation. En


effet, une forte pente favorise les écoulements au dépend de l'infiltration.

• Le débit d'alimentation (intensité de la précipitation, débit d'irrigation).

• La teneur en eau initiale du sol (conditions antécédentes d'humidité) - L'humidité du sol est
un facteur essentiel du régime d'infiltration, car les forces de succion sont aussi fonction du taux
d'humidité du sol. Le régime d'infiltration au cours du temps évolue différemment selon que le
sol est initialement sec ou humide. L'humidité d'un sol est généralement appréhender en
étudiant les précipitations tombées au cours d'une certaine période précédant un événement
pluvieux. Les Indices de Précipitations Antécédentes (IPA) sont souvent utilisés pour
caractériser les conditions d'humidité antécédentes à une pluie. Finalement, les facteurs les plus
influents, pour une même topographie, sont le type de sol, sa couverture et son taux initial
d'humidité.

27
CHAPITRE VI : PROSPECTION D’EAU SOUTERRAINE

Introduction
Qu’il s’agisse d’un puits ou d’un forage, d’un point d’eau à utilisation humaine ou
agropastorale, l’implantation rationnelle d’un nouvel ouvrage exige un certain nombre
d’investigations hydrogéologiques comme d’ordre politico-économique et humain. En somme
il faut acquérir une bonne connaissance des ressources en eau régionales ou locales mais aussi
des besoins des habitants. Aussi l’hydrogéologue a-t-il recours à des méthodes comme l’analyse
géomorphologique, la géophysique et la télédétection.

VI.1 ETUDES PREALABLES


Après la délimitation de la zone à prospecter et la définition des objectifs à atteindre, toute
prospection commence par une recherche intense des documents déjà existants. Il s’agit d’abord
de rechercher les supports cartographiques utilisables (carte topographique, carte des isohyètes,
carte hydrogéologique, carte hydrographique).
En deuxième étape, l’hydrogéologue établit un inventaire exhaustif des manifestations
hydrauliques et des ouvrages hydrauliques existant dans la zone à investiguer ainsi que toutes
les informations en relation avec les éléments à investiguer. Ces informations permettront
d’établir une fiche de points d’eau.
En troisième étape, la prospection combinée pourra être appliquée si nécessaire. Cette
prospection implique que l’on confronte de nombreuses informations très diverses dans le but
de localiser des aquifères ou de préciser l’étendue, le fonctionnement des aquifères et les cibles
d’exploitation favorables qu’ils contiennent. Généralement, on intègre les informations
suivantes :
 Les informations géologiques ;
 Les indices géomorphologiques ;
 La géophysique ;
 La télédétection ;
 Le forage de reconnaissance.

VI.2 METHODES DE PROSPECTION


VI.2.1. Informations géologiques
Si toute prospection d’eau souterraine se base sur une bonne connaissance de la géologie locale,
cette dernière peut cependant jouer un rôle plus important dans les terrains sédimentaires que

28
dans les zones de socle à aquifère discontinu.
VI.2.2. Indices géomorphologiques
La géomorphologie, basée sur l’observation des éléments de la nature est la méthode la plus
rapide et la moins onéreuse parmi toutes les méthodes d’implantation. L’observation de certains
signes peut aider à pouvoir positionner un ouvrage. En région de socle, si la végétation aux
environs d’un village est constituée d’une forêt dense en anneau, nous avons plus de chances
d’avoir un sous-sol très fracturé. La présence d’une végétation linéaire dense peut être un indice
de la présence d’une fracture. Ceci s’explique par la présence de sédiments dans la zone
fracturée. Le sol acquiert une porosité lui permettant d’emmagasiner une certaine quantité
d’eau. La présence d’une zone humide est favorable à la construction des termitières. Ainsi leur
présence peut être un signe de la présence fracture ou d’une structure humide permettant aux
termites d’édifier leur habitation même en saison sèche.
En l’absence de ces quelques signes, la géomorphologie se base sur les dépressions observées.
Toutefois, il faut éviter d’implanter un forage dans le bas-fond. Il est conseillé de le situé au
tiers inférieur du versant.

VI.2.3. Géophysique
De nombreuses méthodes géophysiques actuellement opérationnelles occupent une place
importante dans la prospection d’eau souterraine. Ces méthodes permettent la détermination de
l’épaisseur des terrains aquifères, de la couche d’altération et du rocher fracturé au-dessus du
substratum rocheux compact. La prospection électrique est en mesure dans la majorité des cas
de mettre en évidence de manière indirecte les zones fracturées hydrauliquement favorables. La
géophysique permet donc de repérer un ensemble de zones potentielles favorables et seul digne
d’intérêts. Mais sa mise en œuvre ainsi que son coût plus élevé limitent son utilisation.
Contrairement à la géomorphologie qui donne un rayon assez grand de la zone à exploiter, la
géophysique elle donne plus de précisions.

VI.2.4. Télédétection
L’eau souterraine ne peut pas être directement observée sur les images satellitaires. Par
conséquent il faut procéder à l’identification et à l’étude d’un certain nombre d’indices
révélateurs d’occurrence de cette eau. La télédétection grâce à son échelle très fine permet
d’obtenir divers types d’informations sur la surface de la terre. On distingue sur les images
satellitaires les zones sèches des zones humides. La persistance du sol humide pendant la saison
sèche, les traits structuraux régionaux, le système de fractures, la densité du réseau de drainage,
la nature et la disposition de la végétation.

29
En milieu de socle, l’indicateur utilisé est la fracturation. Ainsi l’orientation actuelle de la
recherche d’eau souterraine est la cartographie des fractures. Les sites sont généralement à
l’intersection des accidents majeurs. On tente de différencier les directions structurales
productrices des directions moins productrices en prenant en compte la position topographique
d’un site retenu (c'est-à-dire avec son bassin potentiel d’alimentation). Le terrain se résume à
une vérification des observations. L’image satellitaire s’offre donc comme un moyen efficace
de caractérisation des réservoirs.
VI.2.5. Forage de reconnaissance
Réaliser des forages de reconnaissance constitue une étape majeure d’une prospection
hydrogéologique. Le but sera de :
→ confirmer et préciser les hypothèses faites à partir des premières étapes ;
→ préparer les sites pour les captages d’essai ou d’exploitation ;
→ permettre d’étalonner la géophysique voire de réinterpréter les données déjà acquises.
Le forage de reconnaissance est réalisé uniquement dans un but de recherche et non
d’exploitation. Suivant les conditions et les objectifs, il peut être fait rapidement et
économiquement ou inversement très soigneusement. Il permettra outre les observations
géologiques et l’étalonnage de la géophysique, de reconnaitre l’aquifère, soit principalement
les éléments tels que la nature du terrain (sec, tendre, dur, très dur, instable...), l’épaisseur de
l’aquifère, la granulométrie, la profondeur et le type de nappes, la charge hydraulique, la nature
physico-chimique de l’eau, la porosité, la perméabilité, le coefficient d’emmagasinement. Le
forage de reconnaissance marque l’étape finale de l’évaluation technique préliminaire d’une
campagne de forage d’eau.

VI.3. FACTEURS INFLUENCANT LE CHOIX DU SITE ET LE TYPE D’OUVRAGE


VI.3.1. Facteurs politiques et socio-économiques
Selon le but recherché, un projet ou un programme de gouvernement (santé, éducation,
abduction d’eau potable) peut imposer le choix du site et surtout le type d’ouvrage. Ainsi en
matière d’hygiène ou de santé, un projet humanitaire donné imposera le forage. Pour des raisons
financières, un projet peut choisir le puits au détriment du forage pour avoir beaucoup plus
d’ouvrages. Dans le domaine agricole, un village répondant aux exigences d’un programme
donné peut bénéficier d’un ouvrage au détriment d’un autre même plus grand et plus peuplé qui
ne participe pas au projet. Selon le débit escompté ou l’usage de l’ouvrage (domaine rural,
domaine urbain, domaine industriel), on préférera tel type d’ouvrage ou tel autre type.

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VI.3.2. Facteurs humains
Un puits ou un forage n’est pas seulement un ouvrage technique. Il est d’abord destiné à
satisfaire les besoins d’homme déterminés en un point donné. Par conséquent, la consultation
des habitants est particulièrement importante surtout quand il s’agit d’ouvrage d’alimentation
en eau potable. L’ouvrage doit servir à la totalité de la population ; c'est-à-dire se situer dans un
lieu public libre d’accès et non dans une concession privée (chef du village, député, maire...).
Si l’ouvrage doit desservir deux villages, il est souhaitable de l’implanter à égale distance de
ceux-ci. Suivant que la collectivité est purement rurale ou également pastorale, l’ouvrage sera
placé dans le village à l’intérieur ou dans la proche périphérie, soit à l’extérieur du village pour
éviter les inconvénients dus à la fréquentation des animaux. Si techniquement l’ouvrage peut
être construit n’importe où, c’est au représentant des villages que devra être laissé le soin d’en
déterminer l’emplacement. Dans le cas contraire on devra indiquer les sites favorables parmi
lesquels les représentants choisiront.

VI.3.3. Types d’aquifères et problèmes de pollution


Le choix du puits s’impose lorsqu’on désire exploiter les aquifères des altérites. Le puits est le
moyen le plus utilisé par les populations rurales pour se doter de points d’eau personnels et à
faible coût. Le forage est généralement utilisé pour l’exploitation des aquifères profonds des
terrains sédimentaires et des aquifères de fissures. Les problèmes de pollution imposent dans la
majorité des cas, la réalisation des forages au détriment des puits.

CHAPITRE VII : STRATEGIE DE CAPTAGE DES EAUX SOUTERRAINES

Les hommes captent depuis longtemps les eaux souterraines des nappes phréatiques au travers
de puits. Mais depuis l’époque où les puits étaient creusés à la pelle et l’eau remontée à l’aide
d’un seau fixé à une poulie actionnée par la force humaine, les procédés ont beaucoup évolué.
Aujourd’hui, les forages modernes utilisent des techniques similaires à celles mises en œuvre
pour les forages pétroliers. Elles permettent d’atteindre des nappes situées à de grandes
profondeurs, jusqu’à sept cents mètres sous terre parfois : l’eau est remontée, à l’aide de moteurs
électriques actionnant des pompes, le long de conduits habillés de tubes en ciment ou en acier.

31
VII.1. Techniques d’approche
Les projets d’approvisionnement en eau reposent sur des critères socio-économiques (volume
de l’approvisionnement actuel des populations, nombre de forages existants, production
journalière ; nombre de consommateurs effectifs, démographie, potentialités du développement
socio-économique) ; la disponibilité des financements et des critères hydrogéologiques
(conditions hydrogéologiques de la région : présence d’eau souterraine, profondeur du niveau
d’eau, caractéristiques des terrains, présence ou non de formations aquifères…).
En pratique, toute stratégie de satisfaction de besoins en eau se heurte toujours à de nombreuses
contraintes (ressources financières insuffisantes, difficulté pour l’exécution de l’ouvrage).
Certaines contraintes peuvent être contournées en partie par une bonne stratégie de recherches
hydrogéologiques.
La documentation permet au foreur ou chef de chantier de constituer une base de données
hydrogéologiques. La connaissance des caractéristiques hydrogéologiques des terrains
conditionne le choix des techniques et du matériel à mettre en œuvre. Par exemple la cohésion
des terrains conditionne la tenue du trou pendant le forage, la mise en place des tubages PVC
et la qualité des équipements.
La recherche hydrogéologique commence par une bonne recherche documentaire : prendre
connaissance des travaux hydrogéologiques antérieurs qui ont concerné partiellement ou
entièrement la région d’implantation (stratigraphie, lithologie, formations géologiques, analyse
granulométrique…). S’il existe déjà d’autres ouvrages dans la région, il faut étudier la
conception de construction de ces ouvrages, les fiches des forages et les rapports de fin de
travaux de ces ouvrages.
Après avoir rassemblé les données hydrogéologiques antérieures, le chargé d’étude mène une
observation directe sur le terrain (une prospection sur le terrain pour vérifier des informations
collectées par la documentation) : existe-t-il des sources à débit élevé et soutenu ? L’existence
d’écoulements puissants dans les cours d’eau même en saison sèche est des signes de ressources
en eaux souterraines importantes. La présence et la nature de la végétation peuvent également
être un bon indice.
L’implantation consistant à déterminer et repérer sur le terrain le point où le forage sera réalisé
avec le maximum de chance d’être positif, des méthodes de recherche complémentaires
s’avèrent nécessaires pour définir les sites et les types d’ouvrages capables d’assurer la
meilleure exploitation. Nous faisons appel à la photo-interprétation et aux méthodes
géophysiques.

32
VII.2. Techniques de forages
Pour forer à travers les différents types de formations (sols), de nombreuses techniques de
forage manuel et mécanique ont été développées et sont utilisées de par le monde. Dans tous
les cas, la technique de forage doit : casser ou couper la formation, dégager les matériaux coupés
(le sol) du trou, et si nécessaire, fournir un support aux parois du trou, pour éviter qu’il ne
s’effondre pendant le forage.
VII.2.1. Puits cuvelé creuse à la main
Les puits creusés à la main se font à l’aide de l’outillage élémentaire voire rudimentaire (pelles,
pioches, seaux ou brouettes, etc.) et surtout de la force physique de celui ou de ceux qui
creusent. Ils peuvent être intéressants dans des formations peu perméables, du fait de leur
capacité à stocker l’eau qui s’infiltrera durant la nuit. Ici on parlera plus de «creusage manuel»
que de forage proprement dit.
Cependant, le débit journalier pourra être faible. Les coûts et qualités de ce puits sont par
ailleurs très variables.

VII.2.2. Techniques de forage manuel


Le forage manuel est une solution pratique et abordable pour les points d’eau de moins de 40
mètres de profondeur dans les sols alluviaux (matériaux meubles tels que l’argile et le sable) et
les formations tendres de roches altérées (tels que les grès et les calcaires tendres).
Chacune des techniques de forage a été développée spécifiquement pour un ou plusieurs types
de formations (couches de sol) ; par conséquent, il est parfois envisageable de combiner
plusieurs techniques de forage pour réaliser un seul forage. Les différentes techniques de forage
peuvent être classées en 4 groupes principaux dont une large gamme de techniques dérivées
s’est développée à travers le monde.

a) La tarière manuelle
Principe : Le forage à la tarière consiste à un ensemble d’allonges en acier qui est tourné par
une poignée. Différents types de tarières peuvent être fixées à l’extrémité des allonges. Les
tarières sont tournées dans le sol jusqu’à ce qu’elles se remplissent et sont ensuite sorties du
trou pour être vidées. Le modèle des tarières varie en fonction du type de formation (type de
sol) à forer.
Généralement au-dessus du niveau statique, le trou du forage reste ouvert sans avoir besoin
d’être soutenu. Une fois dans la nappe, un pré-tubage temporaire peut être utilisé pour empêcher
l’effondrement des parois du trou du forage. Le fonçage se poursuit à l’intérieur de ce pré-
tubage à l’aide d’une tarière de mise en eau jusqu’à ce que la profondeur désirée soit atteinte.

33
Puis, le tubage permanent est installé et le pré-tubage temporaire remonté à la surface.
Profondeur d’utilisation : le forage à la tarière peut être utilisé jusqu’à une profondeur
d’environ 15 à 25 mètres, cela dépend de la géologie.
Domaine d’utilisation: Les formations non consolidées: Sables, limons & argiles tendres.

Avantages:
- appropriée et rapide pour les forages de petit diamètre (dans des formations ‘tendres’) ;
- une bonne équipe est capable de réaliser 1 à 2 forages par jour ;

- les équipements sont simples, peu coûteux, faciles à transporter et construits avec des
matériaux disponibles localement ;

- utilisation simple et coût de maintenance faible ;

- utilisation facile au-dessus du niveau de l’eau (niveau statique).

Inconvénients:
- la profondeur du forage est limitée à 15-25 mètres ;
- la méthode est limitée aux formations ‘tendres’. Les cailloux, les blocs de roche et les argiles
très compactes ne peuvent pas être traversés ;
- le fonçage est rapide dans les premiers mètres mais devient plus lent à plus grande profondeur.
Le désaccouplement des allonges est obligatoire à chaque fois que le train de tiges est remonté
à la surface. La tarière est vidée et redescendue encore dans le trou, ceci prend du temps et de
l’énergie aux foreurs ;
- il est parfois très difficile d’enlever le pré-tubage temporaire dans des niveaux argileux.
Illustration 1 :

34
b) Le forage à percussion / battage

Principe : Le forage a la percussion utilise un lourd trépan (ou cuiller) attaché à une corde ou
un câble, lequel est descendu dans le trou du forage ou à l’intérieur d’un pré-tubage. Un trépied
(ou chèvre) est en général utilisé pour suspendre l’équipement. En actionnant la corde ou le
câble de haut en bas, le trépan ameublie et fragmente le sol ou la roche consolidée dans le trou
de forage, dont les débris sont ensuite extraits grâce à la cuiller. Un pré-tubage en métal ou PVC
peut être utilisé pour éviter l’effondrement du trou. Une fois le tubage définitif (tuyaux et
crépines en PVC) installé, le pré-tubage doit être enlevé.

Profondeur d’utilisation : Le forage à percussion est généralement utilisé jusqu’à une


profondeur de 25 mètres.

Domaine d’utilisation: Les formations non consolidées et consolidées: Sables, limons, argiles
dures, calcaire tendre, latérite, les couches contenant des graviers et des petits cailloux.

Avantage :
- Contrairement aux autres techniques de forage manuel, elle peut briser des blocs de roches et
couper des formations plus dures.
- La technique à la percussion peut en principe être utilisée dans presque toute les formations ;
du sable et argiles tendres et roches non compactées aux roches dures et consolidées.

- La main d’œuvre non qualifiée telle que les villageois, peuvent participer à la réalisation du
forage. Cela augmentera leur appropriation du futur point d’eau et les responsabiliser à la
maintenance de l’ouvrage.

Inconvénients:
- L’équipement est souvent très lourd et la méthode assez lente (des semaines au lieu de
quelques jours) dans les formations dures.
- Le résultat est donc un coût par mètre de forage important.

- S’il est nécessaire d’utiliser un pré-tubage temporaire, le temps mis à l’installer et à le retirer
peut être considérable.

35
Illustration 2

c) Le forage à la boue / rotatif à boue

Principe : Le forage à la boue utilise la circulation de l’eau pour faire remonter à la surface du
sol les matériaux forés. Le train de tiges de forage est actionné de haut en bas. Pendant la
descente des tiges, le choc créé par le trépan fixé au bout du train de tiges ameubli/fragmente
les matériaux du sol et pendant le mouvement de remontée, l’extrémité du train de tiges est
obturée (bouchée) avec la main (effet de soupape), créant ainsi une aspiration de l’eau et des
débris qu’elle contient jusqu’à la surface. Au cours du mouvement de descente suivant, la main
est retirée du train de tiges et l’eau gicle dans le bassin préalablement creusé à côté du forage.
Dans ce bassin de décantation, les débris se séparent de l’eau pour se déposer au fond du bassin
alors que l’excédent d’eau redescend à nouveau dans le trou. La pression de l’eau sur les parois
du forage évite l’effondrement de ces dernières.

Profondeur d’utilisation: Le forage à boue (avec ou sans rotation) peut être utilisé jusqu’à une
profondeur d’environ 35 mètres.

Domaine d’application : Les formations non consolidées: Sables, limons et argiles. Si la


rotation est utilisée (avec un trépan), il est possible de pénétrer des formations semi-consolidées
telles que l’argile dure, le calcaire tendre et la latérite altérée.

Avantage : Elle est simple d’utilisation et ne nécessite pas de pré-tubage grâce à la pression
hydrostatique exercée par la boue sur les parois du trou.

Inconvénients:
- Le niveau d’eau dans le trou doit être maintenu tout au long de l’opération de fonçage.
- Le niveau de la nappe n’est pas connu avec précision pendant le forage.

36
Illustration 3 :

d) Le lançage d’eau ou jetting

Principe : Le lançage à l’eau est également basé sur la circulation et la pression de l’eau. A la
différence du forage à boue, l’eau est désormais injectée à l’intérieur du train de tiges et la boue
(eau et débris) remonte le long des parois du forage. Afin d’obtenir une pression d’eau
suffisante, on utilise une motopompe. On peut laisser l’extrémité inférieure du tuyau de forage
simplement ouverte, ou on peut y rajouter un outil de fonçage (trépan). On peut également faire
tourner totalement ou partiellement le train de tiges. Un fluide de forage (additif) peut être
mélangé à l’eau pour éviter l’effondrement des parois du trou et la perte incontrôlée de l’eau
par infiltration.
Profondeur d’utilisation : La technique du lançage à l’eau (avec rotation) peut être utilisée
jusqu’à une profondeur d’environ 35 – 45 mètres.
Domaine d’application: appropriée pour les forages dans les matériaux alluvionnaires tels que
les sables faiblement compactés, les limons et les fines couches d’argile tendre.

Avantages :
- Dans les formations meubles, telles que le sable et le gravier fin, le train de tiges s’enfonce
facilement, ce qui est en fait la plus rapide technique de forage manuel. Les forages peuvent
être réalisés en quelques heures alors que plusieurs jours sont nécessaires avec les autres
techniques.
- L’équipement est léger, le rendant facilement transportable particulièrement dans les zones
rurales.

Inconvénients:
- Généralement limité aux sols sableux. Il peut être difficile d’installer correctement un massif
filtrant et un joint d’étanchéité sanitaire. Le niveau de la nappe d’eau n’est pas connu avec
précision pendant le forage.

37
- La quantité d’eau disponible sur le site peut être un facteur limitant. Certains forages peuvent
être réalisés avec juste quelques fûts d’eau (500 - 1000 litres), tandis que d’autres nécessitent
des volumes d’eau aussi importants.
- Le forage est réalisé dans les structures de sol meuble qui peuvent facilement s’effondrer. Pour
éviter l’effondrement, le trou du forage doit être maintenu plein d’eau pendant toute la durée de
la construction et ce jusqu’au processus d’équipement.
- L’argile n’est pénétrée que très lentement. Les très gros graviers (galets) et autres formations
hautement perméables (fissures) peuvent créer une trop grande perte d’eau de sorte qu’ils ne
peuvent pas être forés.
- Si les forages profonds sont creusés dans les sols perméables (sable et gravier), le recours à
l’utilisation des additifs de forage (coût élevé) est nécessaire. Ceci augmente le coût total du
forage.
Illustrations 4 :

NB : Il existe deux types de forage au lançage : le lançage rapide à l’eau (lançage direct) et Le
lançage à l’eau rotatif ou rotary manuel.

38
VII.3.3. Techniques de forages mécaniques

a) Battage ou Percussion à cadence lente


Principe : Le forage est réalisé par fractionnement de la roche sous l’effet de la chute répétée
d’un trépan suspendu à un câble (ou éventuellement un train de tiges). Le mouvement alternatif
du trépan est produit soit par un système à « balancier » ou « excentrique ».
Les sédiments sont récupérés au moyen d’une soupape descendue dans le forage en lieu et place
du trépan, à intervalles de temps réguliers.
Dans les formations non consolidées, il est nécessaire de descendre une colonne de tubage
provisoire au fur et à mesure de l’avancement du forage. Le diamètre intérieur de ce tubage est
juste supérieur à celui du trépan. Les frottements contre les parois du forage limitent toutefois
la progression de la colonne et il peut être nécessaire de télescoper un ou plusieurs tubages à
l’intérieur de la première colonne pour poursuivre le forage. Ces tubages sont mis en place par
poussée et louvoiement (rotation en aller et retour). Ils peuvent être ensuite enlevés ou coupés
et ôtés sur la profondeur inutile, selon l’équipement définitif du forage.
Matériel de battage : Il existe deux techniques de forage au battage avec des spécificités qui
sont :
- le battage à la tige (voir illustration 5) où le trépan, surmonté d’une masse tige (pour augmenter
le poids des pièces percutantes), est suspendu à un train de tiges vissées les unes aux autres au
fur et à mesure de l’avancement du forage. Un tel équipement nécessite le démontage du train
de tiges à chaque opération de curage à la soupape et occasionne une grande perte de temps.
Le battage au câble (voir illustration 5) où le trépan et la masse tige sont directement suspendus
à un câble manœuvré par un treuil installé au sol.

Domaine d’application :
C’est une technique universelle traversant pratiquement tous les types de terrains, surtout les
terrains cohérents, pas trop dures (grès tendres, marnes indurés, schistes ou calcaires fracturés).
Les formations non consolidées nécessitent un tubage provisoire, éventuellement télescopé
pour tenir compte des frottements.
Profondeur d’utilisation : Cette méthode convient bien pour des forages peu profonds (moins
de 100 m), mais peut être éventuellement utilisée pour de plus grandes profondeurs ; la vitesse
d’avancement est alors sensiblement réduite. Les diamètres de forage habituels sont compris
entre 250 et 500 mm (10’’ et 20’’), mais il existe des machines de battage capables de forer
jusqu’en 1,5 m de diamètre (puits forés au battage).

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Avantages :
- simplicité et robustesse du matériel : personnel relativement peu spécialisé, maintenance
facile, coût de l’atelier deux fois moins cher que celui d’un forage par rotation.
- l’absence de circulation de boue permet :

 d’éviter la nécessité d’un travail en continue ;


 de mieux repérer les venues d’eau dans le forage ;
 d’éviter les difficultés de nettoyage ultérieur du forage ;
 de faciliter la prise d’échantillons qui sont du reste plus représentatifs ;
 une faible consommation d’eau : quelques dizaines de litres à l’heure, versés au fond du
forage pour faciliter le travail de l’outil.
Inconvénients : Cette méthode présente un inconvénient : la lenteur d’exécution. Pour cette
raison majeure, elle est de plus en plus délaissée. Elle n’est presque utilisée que là où les autres
techniques de forage ne sont pas appropriées.
- une faible vitesse d’avancement dans les roches très dures,
- une vitesse plus lente que le forage par rotation en terrains tendres et non consolidés.
Illustration 5

c) Forage par rotation à la boue

Principe : L’outil d’attaque est entraîné en rotation par le train de tiges de la sondeuse. Cet
outil, sous la double action de la rotation et du poids des tiges, perfore la roche et la fragmente.
Ce procédé est complété par la circulation dans le forage d’un fluide d’injection appelée boue
de forage par des pompes appropriées. Ces boues refroidissent et lubrifient l’outil de travail,

40
permettent la remontée à la surface les cuttings (sédiments broyés); le maintien des cuttings en
suspension s’il y’a arrêt de circulation de boue ; renseigner le foreur sur les pertes ou venues
d’eau (observation des variations de volume de boue) ; équilibrer les pressions hydrostatiques.
Mais en terrain non consolidé, il peut être nécessaire de descendre un tubage au fur et à mesure
de l’avancement du forage comme dans le battage.

Matériel de forage par rotation :


- L’outil de forage: Il peut être à lames pour les terrains sédimentaires compacts à structures
fines et de dureté peu élevée ou à molettes (tricône pour les terrains sédimentaires et sont
d’utilisation plus simple). Ils sont de ce fait les plus utilisés dans les chantiers de forage à la
rotation.

- les masses tiges : Ce sont des tubes à parois très épaisses dont le rôle principal consiste à faire
du poids et à permettre aux tiges supérieures de ne pas travailler en compression.

- le train de tiges : Ces tiges sont vissées entre elles et sont principalement soumises à des
efforts de traction quand la colonne est en position suspendue.

- la tige carrée (ou Kelly) : C’est une pièce unique dans la ligne de sonde qui n’existe que dans
les grands ateliers de forage dotés de table de rotation.

- la tête d’injection : C’est un organe délicat qui assure la liaison hydraulique étanche du circuit
de fluide entre le flexible d’alimentation et la conduite intérieure des tiges.

Étude de la boue de circulation/boue de forage :

Étude de la boue de circulation


La boue utilisée autrefois était une solution colloïdale de bentonite (variété d’argile proche du
kaolin aux particules très fines inférieures au micron). Les fonctions de la boue sont les
suivantes :
 remonter les sédiments broyés (cuttings) ;
 consolider les parois du trou par la constitution d’une croûte de dépôt (cake) ;
 maintenir les cuttings en suspension s’il y’a arrêt de circulation de boue ;

41
 lubrifier et refroidir l’outil ;
 augmenter, par l’effet des jets en fond de trou l’action abrasive de l’outil ;
 renseigner le foreur sur les pertes ou venues d’eau par l’observation des variations de
volume de boue ;
 équilibrer les pressions hydrostatiques.
Domaine d’application : Ce type de forage est conçu pour forer sans tubage dans les terrains
meubles ou peu consolidés c'est-à-dire des roches de dureté faible à moyenne. Au-delà d’une
certaine dureté de la roche, son rendement diminue fortement de sorte que le forage au tricône
convient mal aux roches dures. Il n’y a pas de limite technique à la profondeur qui peut être
atteinte mais une limite de prix de revient.
Avantages :
- c’est la seule méthode permettant de réaliser des forages à moyenne ou grande profondeur
dans les bassins sédimentaires récents, constitués de roches variées, généralement tendres et
peu cohérentes ;
- la profondeur du forage peut être très importante, la foration (action de forer) n'est pas
perturbée par les terrains peu stables ou plastiques, sous réserve de l'utilisation d'un fluide de
forage adapté à ce système permet un bon contrôle des paramètres de forage (poids de l'outil,
vitesse de rotation, qualité de la boue, débit d'injection de la boue) en fonction des terrains à
traverser ;
- le forage au rotary entraîne une consolidation des parois en terrains meubles par dépôt d'un
mud-cake. En effet, la boue de forage, en phase liquide, exerce une pression hydrostatique
supérieure à la pression des formations et des fluides qu’elles contiennent. Dans ces conditions,
il se produit dans la formation le filtrat (une filtration de la phase liquide et des substances
dissoutes qui pénètrent dans la roche) et le mud-cake.
Inconvénients
- cette technique nécessite d'un fluide de forage qui ne permet pas d'observation directe de la
qualité des eaux des formations traversées ;
- colmatage possible des formations aquifères par utilisation de certaines boues (bentonite) ;

- difficulté d'observation des cuttings, la présence de tamis vibrants en circuit retour diminue
sensiblement cet inconvénient.

42
Illustration 6 :

d) Sondeuses au marteau fond de trou

a- Principe : Cette technique la plus moderne à l’heure actuelle permet des perforations jusqu’à
500 m de profondeur de même que dans les sols très difficiles.
L’outil de creusement est géré depuis la surface, administrant des pressions rotatives utilisant
un axe. Les percussions du marteau proviennent de l’injection de grandes quantités d’air
compressé. L’air s’échappe du marteau, emmenant avec lui vers la surface, la roche et les eaux
de surfaces peuvent être quantifiées. Le système d’air compressé permet de déterminer les
quantités d’eau produites par chaque entrée et de récupérer des échantillons des sols et des eaux.
Cette information est prise en compte pour déterminer la profondeur exacte du puits dès que
l’exploration et le forage sont finis.
b- Domaine d’application de la technique
C’est la méthode la plus adaptée aux forages de petit diamètre (100 mm à 220 mm) en zone de
socle étant entendu qu’un dispositif complémentaire (généralement le rotary à l’air) doit lui être
associé pour la traversée des couches superficielles.
c- Avantages et inconvénients
Cette méthode permet le contrôle instantané et permanent du développement du forage. Ceci
permet aussi d’optimiser au maximum par rapport à d’autres techniques de forage à forer de
larges diamètres et ne permettent pas d’évaluer les quantités et la qualité de même que la
profondeur exacte des eaux. Ceci entraîne des coûts inutiles et des mauvaises surprises (eau
salée et/ou faible pression).

43
Illustration 7 :

VII.3. Equipement et mise en production des forages


Après la phase de forage par les méthodes citées précédemment, choisies en fonction de la
nature géologique du terrain et de la profondeur à atteindre, on procède à la mise en place de
l’équipement (tubages et crépines), à la pose du massif de gravier filtre, au nettoyage et à la
mise en production de l’ouvrage : par un traitement chimique éventuel, un développement et
des essais de pompage.
Ce n’est qu’à l’issue de ces différentes phases que le forage est prêt à être exploité.

Différentes parties de l’équipement d’un forage


De bas en haut, la colonne de captage comprend :
 un tube plein avec fond servant de piège à sable ;
 des crépines, qui sont la partie captant du forage et sont placées (de manière continue
ou parfois discontinues) en face des venues d’eau de l’aquifère ;
 un tube d’exhaure : tube acier (casing) ou tube PVC plein relié aux crépines et les
surmontant ;
 si le tube d’exhaure est long (plusieurs dizaines de mètres), il est conseillé d’utiliser des
centreurs (aciers ou bois) pour s’assurer de la bonne position au centre du trou de
l’équipement ;
 la chambre de pompage : c’est un équipement facultatif, mais généralement nécessaire
pour permettre l’installation d’une pompe immergée d’un diamètre ne passant pas dans
le tube d’exhaure.

44
La chambre de pompage est un tubage en acier (casing) ou en PVC surmontant le tube
d’exhaure (étanchéité avec cimentation) et descendant de quelques mètres en-dessous du niveau
de rabattement maximal prévisible.

VII.4. Techniques de développement des forages


On appelle développement l’opération consistant à mettre en production un forage d’eau. C’est
la phase ultime et indispensable dans l’exécution d’un forage, quelle que soit la nature
géologique de la roche aquifère.

Il est nécessaire pour maximiser la productivité du forage et optimiser la capacité de filtration


du massif filtrant. Cette opération est destinée à :
- prévenir un colmatage ;
- stabiliser la formation autour du forage ;
- améliorer la productivité du forage ;
- obtenir une eau claire, exempte de sable (dépôt de moins d’1 mm de diamètre au fond d’une
bouteille centrifugée et décantée).
Il existe plusieurs procédés de développement qui sont : le pompage, le pistonnage, le
développement pneumatique, le lavage sans pression et le traitement chimique.
Il n’y a pas de règles fixant l’emploi de tel ou tel de ces procédés, qui peuvent être souvent
employés successivement ou simultanément. L’expérience acquise, l’habilité et l’ingéniosité
du sondeur sont aussi des facteurs importants dans la réussite d’un forage.

VII.4.1. Pompage (surpompage)


C’est la méthode la plus simple, couramment utilisée, mais non la plus efficace. Elle consiste à
pomper par palier successifs de débits croissant, le régime final correspond à 1,5 à 2 fois le
débit maximal prévu pour l’exploitation ultérieure. À chaque augmentation de débit, l’eau sera
trouble, et le palier sera maintenu jusqu’à obtenir de l’eau claire. De cette façon, on élimine les
éléments les plus fins de la formation.

45
VII.4.2. Pistonnage
Un piston est introduit dans le forage. Il est actionné verticalement dans les deux sens à
l’intérieur du forage. Les dépressions et compressions provoquées sur la nappe entraînent un
mouvement de va-et-vient des particules fines qui finissent par rentrer dans les crépines et
tomber au fond du forage d’où elles sont retirées par pompage ou soupapage.

VII.4.3. Développement au jet


Le lavage sous pression est une des plus récentes et des meilleures méthodes de développement.
De puissant jet d’eau sont projetés à travers la crépine, dans la formation. La turbulence, ainsi
créée, déplace les fines particules qui pénètrent par la crépine et sont récupérés par pompage en
fond de forage.

VII.4.4 Développement pneumatique par émulseur d’air


L’air comprimé est injecté par un tube immergé dans l’eau du forage, l’émulsion ainsi créée
diminue la densité de l’eau qui s’élève et ce mouvement est guidé par un deuxième tube
entourant le premier et montant jusqu’au sol.

VII.4.5. Traitement chimique

- Traitement à l’acide
On utilise de l’acide chlorhydrique à 15% qui à la propriété de dissoudre le calcaire. Son action
permet donc de decolmater les fissures de certaines roches (calcaire, dolomie, grès à ciment
calcaire).

46
- Traitement aux polyphosphates
Il s’agit d’agents chimiques qui ont le pouvoir de défloculer les argiles et par conséquent de
permettre leur élimination par pompage. D’où l’intérêt de ce procédé pour achever le nettoyage
du cake lors d’un forage à la boue, et pour traiter les sables imprégnés d’éléments argileux. Le
pouvoir de défloculation est grandement facilité si le pH est compris entre 9 et 12.

VII.5. Pompage d’essai


Ce sont des moyens d’investigation effectués sur des puits où forages qui permettent à
l’hydrogéologue de vérifier si l’exploitation répondra aux besoins de la population. On aura des
informations sur :
- la quantité d’eau qui doit être pompée ;
- le rythme de pompage ;
- quelle pompe choisir et à quelle profondeur l’installée.
Un pompage d’essai a deux buts principaux, tout à abord on peut l’exécuter pour déterminer les
caractéristiques hydraulique d’un aquifère, c’est ce qu’on appelle souvent un «essai de nappe»,
car c’est avant tout la nappe que l’on teste plutôt que la pompe ou le puits.
Mais on peut aussi exécuter un pompage d’essai pour obtenir des renseignements sur les
caractéristiques du puits. On peut alors déterminer le débit spécifique du puits (rapport du débit
sur le rabattement), pour choisir ainsi le type de pompe et estimer le coût du pompage. Le débit
spécifique est une façon de mesurer la productivité du puits. Dans ce cas on baptise l’essai «
essai de puits » puisque l’on teste davantage le puits que la nappe.

VII.5.1 Essai de nappe (essai de longue durée)


Il permet d’exprimer les paramètres hydrauliques de l’aquifère, ces paramètres sont : la
transmissivité, la perméabilité, le coefficient d’emmagasinement.
Le principe d’un essai de nappe est assez simple, on pompe à un certain débit durant un temps
donné (72 h fortement recommandé) dans le puits d’essai crépiné à travers l’aquifère. On
mesure l’influence de ce pompage sur le niveau piézométrique dans ce puits et dans quelques
piézomètres installé au voisinage. On peut alors calculer les caractéristique hydraulique de
l’aquifère en appliquant des formules appropriées sur les rabattements mesurés dans les
piézomètres, le débit de pompage.

 exécution de l’essai
L’essai comporte généralement 3 paliers suivit d’une remontée
 le 1er palier de débit Q1

47
 le 2ème palier de débit Q2 avec Q1 < Q2
 le 3ème palier de débit Q3 avec Q2 < Q3

Schéma d’essai de pompage

 Interprétation de l’essai

Au cours de l’essai, on mesure le niveau statique (NS) qui est le niveau de l’eau dans l’ouvrage
avant tout essai de pompage, ensuite on mesure le niveau dynamique (ND) qui est le niveau
successif de l’eau au cours des tests de pompage, enfin on mesure le rabattement (S)=ND – NS
L’interprétation des essais se fait à l’aide de plusieurs méthodes : Méthode de Theis, Cooper-
Jacob, de Thiem. Cependant, l’interprétation des essais est actuellement rendue plus rapide par
l’existence de logiciels présentant plusieurs méthodes. Ainsi d’après méthode de Cooper-Jacob
donne T selon la relation suivante.
T=0.183 Q/Δs

VII.5.2 Essai de puits (essai par palier)


Il évalue les caractéristiques du complexe aquifère ouvrage. Ce sont : le débit critique, le débit
spécifique, les pertes de charge dans l'ouvrage et son environnement immédiat et le débit
d'exploitation.
- débit critique
C’est le débit maximum jusqu’auquel on peut considérer le rabattement comme proportionnel

48
au débit, au-delà du débit critique, le rabattement augmente rapidement et on s’écarte donc des
conditions optimales d’exploitation de l’ouvrage.

 pertes de charges

Le rabattement mesuré dans l’ouvrage représente la perte de charge de l’écoulement de la


nappe.

- rabattement en fonction du débit. L'analyse de la courbe des rabattements spécifiques en


fonction du débit permet de qualifier le type de pertes de charge du complexe. La courbe
affichée, selon les hypothèses posées, est du type :

S/Q= B + C*Q

s : le rabattement en m,

Q : le débit en m3/h,

B = : les pertes de charges linéaires induites par la nappe

C = : les pertes de charge quadratiques liées à la partie captante du forage (crépine + massif de
graviers).

L’interprétation des essais par palier est fonction des courbes caractéristiques

Cette droite met en évidence certaines formulations simples de la relation débits/rabattements.


On distingue généralement quatre cas :

- Droite passant par l'origine ; elle indique que le régime turbulent est fortement prédominant
dans l'aquifère et dans le puits (s = CQ²).

- Droite ne passant pas par l'origine ; régime de pertes de charge classique du type s=SQ + CQ².

- Droite à pente nulle et verticale ; elle traduit un écoulement de type laminaire avec pertes de
charge dans le tubage et la crépine négligeables. (s = BQ).

- Courbe concave ; écoulement complexe de type s = BQ+CQn avec n>2.

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VII.6. Dépérissement des forages d’eau

VII.6.1. Manifestations
Le captage est la partie la plus importante et la plus sensible du forage. L’essentiel des
problèmes de dépérissement des forages d’eau concerne le captage; ces problèmes sont
principalement :
 la baisse du niveau de l'eau de la nappe ;
 le colmatage des ouvertures des crépines du forage ;
 la corrosion de la crépine du forage qui peut entraîner des ouvertures plus grandes et
l'arrivée d'éléments de la formation captée (ensablement).

a) Réduction de la capacité spécifique


Bien rares sont les forages qui, après une certaine période d’utilisation, et, aussi souvent après
une interruption prolongé d’exploitation produisent le même débit, pour le même rabattement
que celui qui a été obtenu aux essais. La capacité spécifique se réduit de plus en plus avec le
temps.
b) Venue de sable
Après une période souvent assez longue de fonctionnement tout à fait normal, on constate une
brusque mais très brève augmentation de débit, accompagnée ou immédiatement suivie d’une
venue de sable. Le sable afflue alors de plus en plus au pompage pendant que le débit décroît
progressivement. L’introduction d’une sonde dans l’ouvrage montrerait que la crépine est
remplie de matériaux souvent grossiers. Il s’agit dans ce cas d’une destruction en un ou
plusieurs points du métal de la crépine ou des tubes de captages : c’est la corrosion.
c) Obstruction, colmatage, incrustation
La cause la plus commune de la perte de débit est le colmatage des voies d’eau de la crépine et
de la formation aquifère adjacente. On désigne sous le nom d’incrustation l’ensemble des
matières ou corps étrangers qui se déposent, s’accrochent et s’accumulent sur les pores du
terrain et dans la paroi filtrante de la crépine. Rien de commun avec la corrosion qui se traduit
par un enlèvement de matière, les incrustations constituent un apport d’éléments indésirables.
Cependant, si pour cette raison, les deux phénomènes ne peuvent être confondus, il arrive qu’ils
coexistent sur le même forage. Ainsi les produits de la corrosion de l’acier (rouille) peuvent se
fixer sur la crépine et constituer des incrustations qui l’obstruent finalement car le volume de la
rouille est beaucoup plus important que celui de l’acier dissous par la corrosion.

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VII.6.2. Remèdes
Il n’existe pas à notre connaissance de moyen rationnel préventif permettant de prévenir la
formation des incrustations. On peut cependant, en atténuer considérablement les effets en
observant quelques règles élémentaires dans l’équipement de l’ouvrage puis dans son mode
d’exploitation.
a) Choix de la crépine
Le colmatage physique dépend de la surface active des crépines et de la forme de leurs orifices.
Ainsi le colmatage se produit d’autant plus vite que la surface active est plus réduite, à cause
de la plus grande concentration de matériaux fins devant les ouvertures. La matière dont est
faite la crépine doit permettre l’emploi de produits chimiques souvent sous forte pression que
la destruction des incrustations.
Ainsi, une crépine en acier galvanisé ne supporterait pas l’injection d’acides, une crépine en
acier avec fourreau de gravier collé serait détruite au lavage aux jets sous forte pression.

b) Gravier auxiliaire
Cette dernière question est très importante pour éviter (ou pour le moins réduire) le phénomène
de colmatage. Celui-ci étant facilité par la ségrégation du gravier si la mise en place avait lieu
sans précaution.
c) Développement
Avec une formation bien développée, nettoyée et débarrassée dans la zone entourant le forage,
des éléments fins indésirables qui s’y trouvent les risques d’incrustation sont pratiquement
inexistants.
d) Régime de pompage
Il est préférable, quand on le peut de réduire le débit et d’augmenter la durée du pompage. Le
rabattement étant plus faible, le risque de colmatage qu’on suppose fonction de la dépression
due au pompage sera diminué.
c) Visites périodiques de contrôle et d’entretien
Les visites régulières, même si pendant quelques temps aucun indice d’obstruction n’a été
décelé permettent au spécialiste d’intervenir dès qu’un début de colmatage est observé et de
prendre immédiatement les mesures nécessaires.

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CHAPITRE VIII : HYDROGEOCHIMIE

VIII.1. Définition
L’hydrogéochimie est une branche de l’hydrogéologie qui s’intéresse à l’étude des interactions
entre l’eau et le sol ou le sous-sol. Ce terme est approprié pour décrire la chimie des eaux
continentales (dont les eaux souterraines). En effet, elle étudie les processus chimiques affectant
la distribution et la circulation des composés chimiques des eaux. L’hydrogéochimie tout
comme l’hydrochimie est essentiellement basée sur la chimie mais aussi de la biologie et de la
géologie. Les constituants étudiés peuvent être de nature variée :
- élément chimique naturel ;
- élément chimique artificiel ;
- organismes vivants.

L’hydrogéochimie cherche à déterminer la présence ou l’absence de ces éléments dans l’eau


tout en veillant à ce que les normes internationales ne soient pas dépassées. Dans le cas où il y
a dépassement, la concentration de ces éléments est jugé anormale. Ce qui entraime des cas de
pollution. Il faut veiller sur la qualité de l’eau car elle est une denrée fragile, cependant en
dehors de la pollution, l’hydrogéochimie peut étudier la géologie d’une région à partir de la
concentration de cette eau et la composition minéralogique des roches. Ainsi, elle permet
d’étudier la vitesse d’altération des roches d’une région et également la vitesse du niveau
d’altération atteint dans une région. Elle permet également d’étudier le vieillissement des eaux
dans l’aquifère, les phénomènes de réalimentation et des tarissements des nappes, la pérennité
des ouvrages.

VIII.2. Méthodes et techniques d'analyse


La caractérisation de la composition de l'eau fait appel à différents procédés :
• l'analyse chimique élémentaire : déterminer la composition en éléments dissous d'une eau
(concentration massique des différents solutés), en général traduite sous forme de teneurs en
ions pour les éléments majeurs et exprimées habituellement en mg/L;

• les méthodes physico-chimiques : les analyses, initialement faite avec des réactions
chimiques (dosages) élément par élément, sont maintenant faites avec des méthodes physiques
ou physico-chimiques comme la chromatographie liquide haute pression (anions majeurs), la
spectrométrie de flamme (cations majeurs), la spectrométrie de masse (isotopes de l'oxygène et
de l'hydrogène en particulier), torche à plasma (analyse des traces), analyseurs de carbone
(carbone organique/carbone inorganique), électrodes pour le pH et différents ions.

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Il existe plusieurs techniques qui permettent d’accéder à la concentration d’un élément dans
l’eau. Ces techniques sont :
a) La volumétrie
Dans ce cas la concentration des éléments est mesurée à partir d’un volume déterminé.
b) La colorimétrie
En présence de certaines substances (réactifs) les éléments se colorent, la densité de la
concentration est mesurée à l’aide du spectromètre.
c) La spectrophotométrie
C’est la technique la plus sophistiquée, on parle aujourd’hui de spectrophotométrie à flamme
et de spectrophotométrie de masse. Elle est basée sur le spectre des émissions des éléments dans
l’eau.
d) La fluorescence X
Dans ce cas, les éléments sont bombardés par des rayons X et l’atome de chaque élément émet
un rayonnement. Le rayonnement déterminé est caractéristique de chaque élément.
VIII.3. Différents constituants de l’eau

Il existe 4 constituants principaux de l’eau :

- les paramètres physico-chimiques ;


- les paramètres chimiques ;
- les paramètres isotopiques ;
- les paramètres biologiques.
VIII.3.1. Paramètres physico-chimiques
Ce sont des paramètres volatiles ou instables, en général ces paramètres ne supportant pas une
longue durée d’attente, leur détermination se fait in situ. Les plus importants sont :
 Température (en degrés Celsius °C) échelle répandue dans laquelle la glace (formée
d'eau) fond à 0 °C et l'eau bout à environ 100 °C dans les conditions standards de pression.
 pH mesure de l’acidité de l’eau, C’est à dire la concentration en ions hydrogène
(H+). L’échelle de pH s’étend de 0 (très acide) à 14 (très basique), la valeur médiane correspond
à une solution neutre à 25 °C. pH = -log[H+]

 Alcalinité représente la capacité de l'eau à neutraliser des acides. L’alcalinité de l’eau


est aussi appelée dureté carbonatée, TAC (Titre Alcalimétrique Complet) ou pouvoir tampon.

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Cette propriété dépend entre autres de la concentration en carbonate, bicarbonate et hydroxydes
de l’eau.
 Conductivité électrique de l’eau (EC) La conductivité électrique de l’eau est l’aptitude
d’une eau à laisser les charges électriques se déplacer librement, autrement dit à permettre le
passage du courant électrique.

Plus une eau est minéralisée, mieux le courant circule et plus sa conductivité est élevée. La
conductivité électrique s’exprime en micro Siemens / cm noté μS/cm.
 Potentiel redox (Eh) grandeur empirique exprimée en volt (V) et notée E. Ce potentiel
est exprimé par rapport à une référence, souvent mesurée par une électrode normale à
hydrogène (ENH), d'où l'unité V/ENH. Cette mesure est appliquée aux couples d'oxydo-
réduction pour prévoir la réactivité des espèces chimiques entre elles. Par convention, le
potentiel standard E° est mesuré par rapport au couple proton/hydrogène (H+/ H2), de potentiel
nul.
 Matières en suspension (ou MES) particules solides très fines et généralement visibles
à l'oeil nu, théoriquement, ni solubilisées, ni à l'état colloïdale. Elles déterminent la turbidité de
l'eau. Elles limitent la pénétration de la lumière dans l'eau, diminuent la teneur en oxygène
dissous et peuvent nuire au développement de la vie aquatique.
 Carbone organique total (COT) Quantité de carbone lié dans un composant
organique. Il est souvent utilisé comme indicateur non spécifique de la qualité de l'eau.
 Dureté de l’eau (ou titre hydrométrique) Indicateur de la minéralisation de l’eau. Elle
est surtout liée aux ions calcium et magnésium. La dureté s’exprime en ppm, w/v (ou mg/l) de
CaCO3 ou en degré français (symbole °f ou °fH).
 Oxygène dissous (OD) Taux d’oxygène présent dans une eau et provenant
essentiellement de l’atmosphère et de l’activité photosynthétique (pour les eaux de rivières).
L’OD est fonction de la température de l'eau et de l'air, de la pression atmosphérique. Les
résultats sont exprimés soit en teneur en oxygène dissous (mg/l), soit en pourcentage de
saturation.

VIII.3.2. Paramètres chimiques


Les paramètres chimiques sont des ions divisés en 2 catégories (les anions et les cations), dans

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la catégorie des cations on distingue les cations majeurs et les cations accessoires :
- Les cations majeurs, Ca2+, Mg2+ appelés alcalinoterreux sont généralement les plus
abondants dans toutes les solutions parce qu’ils proviennent des roches et minéraux d’altération.
Par contre Na+, K+ sont des alcalins sont en quantité très faible dans l’eau parce qu’ils
proviennent des roches et des minéraux difficilement altérables. Ils sont sollicités par les plantes
comme éléments nutritifs ce qui diminue leur concentration dans les eaux. Dans toute analyse
chimique il est nécessaire de connaître la concentration de ces 4 éléments majeurs.
- Les cations accessoires, Si4+ est issu de la silice pure, sa présence est en rapport avec
l’intensité du pluviolessivage dans le sol. Sa concentration toujours interprétée par rapport à
celle de l’aluminium. Il conditionne l’apparition des séquences d’argile.
Lorsqu’on a 2Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est nul (stade 1)
Lorsqu’on a 1Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est important (stade 2)
Lorsqu’on a 0Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est total (stade 3)
Le stade 1 est la bisialitisation= la nappe est confinée, elle ne reçoit pas d’eau, l’eau est vieille
dans l’aquifère.
Le stade 2 est la monosialitisation= la nappe est renouvelée, l’aquifère est perméable.
Le stade 3 est l’alitisation= un dépôt d’aluminium qui va donner la bauxite. Exemple : cations
accessoires : Al3+ ; Mn3+
Dans la catégorie des anions on distingue : les anions majeurs et anions accessoires :
- anions majeurs : CO32-, SO42-, NO3-, Cl-
- anions accessoires : PO34-, NO2-, I-

En Afrique, les teneurs en bicarbonates sont beaucoup plus élevées dans les eaux.

VIII.3.3. Paramètres isotopiques


Il existe 2 types d’isotopiques : les isotopiques stables et les isotopes instables.
Dans le cas des isotopes stables, le noyau ne subit aucune modification au cours du temps.
Exemple de la molécule d’eau.
Les isotopes instables ou radioactifs dont le noyau se transforme en un autre, on parle de
désintégration radioactive, exemple du carbone.

VIII.3.4. Paramètres biologiques


Les eaux naturelles contiennent souvent de nombreux êtres vivants (végétaux aquatiques,
animaux aquatiques…) très souvent, l’existence de ces éléments ne constituent pas un danger
en soi. Mais à côté de ceux-ci, on trouve des bactéries, des virus, des microorganismes divers
ainsi que des algues dont la seule existence peut constituer un danger potentiel. L’eau qui est
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un élément vital peut entrainer la mort lorsqu’elle contient des agents pathogènes entre autre,
ceux responsables du choléra, l’hépatite, la diarrhée, la dysenterie, le zona, l’ulcère de Burili.
Lorsqu’une eau est contaminée par la pollution fécale, les principaux microbes qu’elle contient
sont : les streptocoques, les E-colis, les pneumonas, les staphylocoques, les clostridiums.
VIII.4. Techniques d’analyses statistiques des données hydrogéochimiques

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