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CHAPITRE 2 : FONCTIONNEMENT DES NAPPES

2.1. Notion de niveau et de surface piézométrique

Le niveau piézométrique est le niveau ou l’altitude du niveau de l’eau dans l’ouvrage. Par
convention, on utilise H pour niveau piézométrique. De même que la côte de niveau permet de
tracer les cartes topographiques, les niveaux piézométriques permettent de déterminer la surface
piézométrique. La surface piézométrique varie en fonction de plusieurs paramètres comme la
perméabilité, la variation du niveau de la nappe.
En général, le gradient hydraulique est un paramètre qui renseigne sur la vitesse d’écoulement dans
le sol. Plus sa valeur est faible, plus l’écoulement est facile, plus la perméabilité est grande. Au
contraire, les secteurs où le gradient hydraulique est très fort sont les secteurs où l’écoulement rendu
difficile par les mauvaises conditions de circulation d’eau dans le sol.
Les fluctuations périodiques de la surface piézométrique des nappes présentent des variations dans
le temps d’origine naturelle ou artificielle :
- variation séculaires dues à l’alternance des cycles annuels excédentaire ou déficitaire ;
- variation annuelle dues aux variations de précipitation due à l’évapotranspiration;
- variation journalière due à la pression atmosphérique ;
- variation artificielle due à l’exploitation par l’homme (pompage, barrage).
La différence de côte à chaque point entre nappe haute, moyenne et nappe basse s’appelle le
battement de la nappe. Les battements sont généralement importants sur les nappes superficielles,
beaucoup plus faible pour les nappes profondes et captives.

2.1.1. Courbes et cartes piézométriques

En hydrogéologie, la carte joue un rôle important. Sur une carte piézométrique, on trouve les
courbes piézométriques et les lignes de courant. La carte piézométrique s’établit pour un espace
délimité et pour un temps donné.
Les cartes piézométriques sont une retranscription cartographique de la surface des nappes d’eau
souterraine. Elles peuvent être lues comme des cartes topographiques, les courbes de niveau (ou
isopièzes) correspondant aux altitudes de la nappe.
La lecture d’une carte piézométrique permet donc de connaître le niveau de la nappe, avec un
niveau d’incertitude variable selon la densité de points de mesure utilisés pour l’établissement de la
carte. Elle permet également de déterminer les sens d’écoulement de la nappe.
Établir la carte piézométrique d’une nappe nécessite un long travail pour les hydrogéologues :
 sélection des points d’eau (forages) représentatifs de la nappe étudiée ;

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 campagne de terrain pour effectuer les mesures du niveau de la nappe dans un intervalle de
temps réduit (quelques jours à quelques semaines) ;
 contrôle des résultats, interprétation et tracé des courbes piézométriques.
Les courbes piézométriques portent des chiffres de valeur égale à celle des côtes de l’eau, alors que
les lignes de courant portent des flèches qui indiquent le sens de l’écoulement.
Courbes piézométriques = isopièzes = courbes équipotentielles = hydroisohypses.
Les forages sur même courbe piézométrique sont au même potentiel hydraulique, d’où le nom de
courbe équipotentielle.
Les courbes piézométriques sont perpendiculaires aux limites imperméables et parallèles aux
limites perméables. C’est le contraire pour les lignes de courant. Les eaux coulent des
équipotentielles les plus élevées vers les moins élevées.

Figure 9. Courbes piézométrique dans le bassin parisien


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La ligne de courant est une ligne idéale qui représente la trajectoire d’une particule d’eau en
mouvement dans la nappe. C’est pourquoi elle donne le sens de l’écoulement des eaux.

Pour dessiner les lignes de courant, on doit se rappeler qu’elles sont toujours perpendiculaires en
tout point aux équipotentielles.

2.1.2. Étude d’une carte piézométrique

L’étude d’une carte piézométrique présent un grand intérêt. Elle renseigne sur les zones de pertes ou
de captage dans la nappe, l’alimentation ou de gestion d’eaux ; permet de suivre les problèmes de
pollution (utilisation dans les programmes d’assainissement). Elle renseigne aussi sur les relations
entre eaux souterraines et de surface, sur la nature pétrographique des sols. Il suffit de calculer les
variations du gradient hydraulique dans les différents secteurs de la carte piézométrique :
 dans les zones d’alimentation, les lignes de courant sont divergentes ;
 dans les zones de captage, elles sont convergentes.
Quand les formations limites sont de nature perméable, elles facilitent l’acheminement des eaux
d’infiltration vers la nappe. On parle d’alimentation de la nappe.
Si les formations limites sont imperméables, elles assurent la canalisation des eaux, empêchent les
pertes des eaux de la nappe.

Espacement Gradient hydraulique i Section Débit Q K et T


(L*l)
Resserrement des Croît décroît croît décroissent
isopièzes
Espacement des décroît croît décroît croissent
isopièzes

L’analyse morphologique de la surface piézométrique dans les zones de limite de l’aquifère apporte
des informations qualitatives :
 isopièzes fermés.
Selon le sens d’écoulement, le filet d’eau diverge quand on a une dépression piézométrique. On a :
- une zone de drainance

- une zone d’alimentation où les filets d’eau convergent


 les isopièzes sont perpendiculaires sur les conditions aux limites. On a une limite étanche à débit
nul
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 les courbes piézométriques sont obliques ou parallèles à la bordure. Deux cas peuvent se
présenter :
- si l’écoulement est dirigé vers l’intérieur, on a une limite d’alimentation ou une limite à débit
entrant ;
- si l’écoulement est dirigé vers l’extérieur, on a une limite d’écoulement ou limite à débit sortant.
La carte piézométrique donnant des indications sur l’analyse et la schématisation des fonctions
capacitive et conductrice du réservoir et du comportement hydrodynamique de l’aquifère, c’est une
synthèse importante pour une étude hydrogéologique.

2.2. Notions de paramètres hydrauliques des aquifères

Les aquifères sont définies par un certains nombres de paramètres appelés paramètres hydrauliques
des aquifères. Ces paramètres définissent la qualité d’un aquifère : porosité efficace, perméabilité,
transmissivité, l’emmagasinement.

2.2.1. Porosité
Elle représente le volume d’eau que le sol peut libérer pour une exploitation ; c’est la quantité d’eau
qui circule librement dans le terrain.
La porosité est un paramètre sans dimension, on l’exprime par les pourcentages. Paramètre
fondamental en hydrologie, elle est difficile à déterminer parce que fonction des conditions
d’exploitation et de la durée de mesure. Elle est déterminée indirectement par essais de débits dans
les puits. Les facteurs de variation de la porosité sont :
- la granulométrie : Wt diminue quand la dimension des grains augmente
- l’arrangement des grains et la compacité
- la forme et la répartition : si les grains sont étalés ou sont dans un mauvais classement, Wt
diminue.
On parle de porosité d’interstice par opposition à la porosité de fissure. La porosité d’interstice
concerne les roches meubles et qui ont presque toujours une porosité ouverte. La porosité de fissure
englobe la schistosité, les fissures, la fracturation et la stratification. La porosité des chenaux est due
à l’élargissement des fissures préexistantes par dissolution ou par l’intermédiaire des activités
biologiques. Elle concerne les roches solubles telles que le calcaire, le sel gemme, le gypse et la
dolomie.
Ces différentes porosités peuvent coexister dans une même roche. On distingue la porosité primaire
ou congénitale et la porosité secondaire ou acquise due à des dissolutions ou à un broyage après
fissuration.

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Type de réservoirs Porosité efficace(%) Type de réservoirs Porosité
efficace(%)
Gravier gros
30 Sable gros + silt 5
Gravier moyen 25 silt 2
Gravier fin 20 vases 0,1
Calcaire fissuré
Gravier + sable 15 à 25 2 à 10
Alluvions 8 à 10 craie 2à5
Sable gros 20 Grès fissuré 2 à 15
Sable moyen 15 Granite fissuré 0,1 à 2
Sable fin 10 Basalte fissuré 8 à 10
Sable très fin 5 schistes 0,1 à 2

2.2.2. Perméabilité - Formule de la loi de Darcy

La perméabilité est le paramètre exprime la capacité d’un terrain à laisser circuler de l’eau sous
l’effet d’un gradient hydraulique. Par conséquence, c’est elle qui renseigne sur l’impact des pertes
de charge qui naissent dans la circulation d’eau dans les terrains.
En hydrogéologie, elle désigne la vitesse de filtration ou d’écoulement d’eau souterraine sous une
charge donnée. On le désigne par la lettre K. C’est un paramètre très différent de la porosité parce
qu’une roche peut être poreuse et non perméable c’est le cas des argiles, des pierres ponces qui sont
très poreuses mais dont les vides ne communiquent pas entre eux. La perméabilité est une notion
dynamique. Contrairement à la porosité ; elle implique la présence de l’eau et son mouvement.
Le coefficient de perméabilité est défini par la loi de Darcy,
K = coefficient de perméabilité = coefficient de Darcy = conductivité hydraulique.
K dépend des caractéristiques du fluide (poids spécifique et viscosité). Il est défini par un
autre coefficient appelé perméabilité intrinsèque k qui ne dépend que du milieu poreux quel que soit
le fluide.
K et k sont liés par la relation K = (k. δ)/η δ : poids spécifique
η : Viscosité
k est exprimé en darcy ;
Le darcy est la perméabilité d’un milieu débitant 1 cm3/s à travers une surface de 1 cm2 sous un
gradient hydraulique, normal à cette surface, d’une atmosphère par centimètre.

Loi de Darcy

La loi de Darcy établie expérimentalement est la base de l’hydrodynamique souterraine.


L’expérience de Darcy (1856) permet de mesurer l’écoulement d’eau souterraine dans un milieu
poreux sous l’influence d’une différence de charge h.
Dans l’expérience de Darcy, le sable est entassé dans un tube cylindrique (conditions
expérimentales de Darcy : 2,5 m de long et 0,35 m de diamètre) sur une longueur L ; on verse de
l’eau sur ce sable dans le cylindre jusqu’à une hauteur H. Le cylindre est fermé vers le bas par une
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grille très fine parfois on met un sac sous forme de mousse. On ouvre le robinet et l’eau qui traverse
le sable verse vers le bas. Elle est recueillie dans un récipient gradué. On mesure en fonction du
temps le début d’écoulement de l’eau à travers la section S. L’auteur a remarqué que ce début n’est
pas le même pour deux terrains de nature différente :

H
Q  K.S.
L
L : longueur de la colonne de sable (m)
H : charge hydraulique (m) H = charge d’eau = hauteur de la colonne d’eau en m
S : section d’écoulement (m2)
K : perméabilité (m.s-1)
Q : débit (m3.s-1) : volume d’eau qui s’écoule dans un temps donné
Cette formule est appelée : formule de la loi de Darcy pour le calcul de la perméabilité. L est
souvent remplacé par e = épaisseur du terrain traversé.
H
- Gradient hydraulique i i
L
H
i Représente la perte de charge par unité de longueur due aux frottements. On l’appelle
L
donc gradient hydraulique désigné par i. Ainsi, lorsqu’on connaît la durée totale de l’écoulement, la
formule de Darcy permet de calculer le volume total d’eau écoulée pendant un temps t.
Volume total d’eau écoulée pendant un temps t.

H
V  Qt  KS t
L
La perméabilité est un paramètre exprimé en m.s-1 : c’est donc la distance parcourue en
fonction du temps ; mais la loi de Darcy n’est valable que pour les écoulements laminaires c’est-à-
dire les écoulements lents à travers les pores d’un aquifère. Cependant, lorsqu’on étudie les
écoulements turbulents dans les karts, les canaux et les rivières, il faut utiliser les lois
mathématiques dans le cas des tuyauteries.
Il convient de bien distinguer :
1 - la vitesse potentielle ou vitesse de Darcy K appelée conductivité hydraulique ;
2 - la vitesse apparente ou vitesse de filtration V = K i qui est le produit du coefficient de
Darcy par la valeur du gradient qui est une grandeur sans dimensions ;
3- la vitesse réelle ou vitesse effective Ve = (K i)/ We ; We (Wu) étant la porosité efficace car
dans une section donnée il n’y a qu’une surface égale à S de vides à travers lesquels l’eau peut
circuler.
Il existe deux grands types de perméabilité dans le cas des roches cristallines :
- la perméabilité de fissure ;
- la perméabilité de chenaux.

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La perméabilité de fissure se rencontre dans les joints de stratification, dans les plans de faille, dans
les zones de foliation, de schistosité et de rubanement ou agneissossité. C’est une perméabilité très
répandue en Afrique de l’Ouest dans les milieux cristallins.

Coefficient de perméabilité Nature de la formation


K (cm/s)
Très perméable 102 Galets, graviers, gravillons dépourvus d’éléments fins
Perméable 1010-1 Sables purs, sable et graviers dépourvus d’éléments fins
Peu perméable 10-210-6 Sables très fins, silts et mélanges de sables et d’argiles
Imperméable 10--710-8 Argiles homogènes

La perméabilité de chenaux est une perméabilité de dissolution ou d’écartement ou d’élargissement.


On la rencontre dans les roches calcaires et dans les roches cristallines là où les arbres poussent
dans les granites. Au fur et à mesure que l’arbre grandit, sa grosseur fait écarter la fracture ce qui
crée une perméabilité de chenaux.
Très souvent, la perméabilité de fissure ou de chenaux peut être fermée, soit par les sédiments
transportés par les eaux de ruissellement comme l’argile et les marnes, soit par une remontée tardive
des minéralisations appelée remontées hydrothermales.
2.2.3. Transmissivité (T)
C’est la quantité d’eau qu’une nappe peut transmettre d’un point à l’autre. Cependant, ce
paramètre s’exprime en m2.s-1 et il est désigné par la lettre T.

T = K.e (produit de la perméabilité K par la puissance de la nappe e)


Dans le cas des aquifères composés de plusieurs couches. La transmissivité totale est la
somme de la transmissivité de chacune des n couches perméables, soit :

À priori sa dimension n’a rien à avoir avec le débit d’eau qui s’écoule d’un point à un autre
dans la nappe. Mais lorsqu’on étudie sa formule à partir de la loi de Darcy on se rend compte qu’il
s’agit d’un débit qui s’écoule à travers une nappe d’épaisseur e et de largeur 1 m.
Q = KSi
S=Lxl e=L l=1
S=1xl; Q = Kei
2 -1
q = Kei = Ti  T m .s = K. e
-6 -1
En général, la transmissivité est de 10 à 10 dans le cas des nappes normales. Quand une nappe a
-1 2
une transmissivité de 10 m .s-1, l’aquifère est de très bonne qualité et sa perméabilité est
-3
généralement très grande de l’ordre de 10-1 à 10 m.s-1. Quand la perméabilité d’une nappe est très
-9
faible (10-6 - 10 ), son coefficient de transmissivité est très faible également; la transmissivité
évolue donc en fonction de la perméabilité.
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T = 10-1 m2.s-1_____ aquifère de très bonne qualité, 10-3<K<10-1
-9 -6
T faible _____ 10 < K < 10
T évalue la fonction conduite de l’aquifère. Elle permet de représenter sur des cartes les zones de
production. Elle est mesurée sur le terrain par les pompages d’essais.
2.2.4. Emmagasinement (S)

Le coefficient d'emmagasinement est défini comme le rapport du volume d'eau libérée (ou
emmagasinée) par unité de surface sur la différence de charge hydraulique. Dans les nappes libres,
le coefficient d'emmagasinement est égal à la porosité efficace; il est compris entre 0,2 et 0,01.
Dans les nappes captives, il est beaucoup plus petit, 0,001 à 0,0001. Il est mesuré sur le terrain par
des pompages d'essai qui rabattent la nappe.
On le désigne par la lettre S. Il est sans dimension, on l’exprime en pourcentage.
Le coefficient d’emmagasinement tient compte de la surcharge des terrains surmontant le toit de la
nappe.
2.3.5. Diffusivité

La diffusivité, notée T/S est égale au quotient de la transmissivité T par le coefficient


d’emmagasinement, S. Elle s’exprime en m2/s. Elle régit la propagation d’influences dans
l’aquifère. Plus la valeur est élevée, plus la nappe est dite "nerveuse".

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