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GEOLOGIE
STRUCTURALE
Par
TANOH YAO PARFAIT
Ingénieur des Mines
Co-Fondateur ONG JIDD-AFRIQUE
parfaityao69@gmail.com
www.jiddafrique.blogspot.com

Sommaire
CHAPITRE I : CONCEPTS DE BASE DE LA TECTONIQUE
CHAPITRE II : DEFORMATION DUCTILE HOMOGENE
CHAPITRE III : DEFORMATION DUCTILE HETEROGENE : LES PLIS
CHAPITRE IV : DEFORMATION CASSANTE : LES FRACTURES
CHAPITRE V : MESURE DES OBJETS STRUCTURAUX SUR LE TERRAIN
CHAPITRE I : CONCEPTS DE BASE DE LA TECTONIQUE

La majorité des roches rencontrées à la surface du globe sont des roches sédimentaires
d’origines marines c’est-à-dire des roches d’anciens sédiments déposés en mer dans des bassins
de sédimentation. Au départ, ces roches constituaient des empilements de couches horizontales
régulières au sein desquelles éventuellement s’étaient mis en place des massifs magmatiques
constitué de matériaux montés des profondeurs du globe. Or ces formations se présentent
maintenant à nous sous forme d’ensembles plissés, redressés, affectés d’accidents (fissures,
fractures), voire déplacés sur de grandes distances.
La structure paisible initiale a donc été remplacée par des structures dites « acquises » plus ou
moins complexes c’est-à-dire des objets géologiques cassés, déformés ou déplacés.
L’un des objectifs du géologue est d’analyser l’architecture de ces structures acquises, de
reconstituer l’histoire des phénomènes géologiques qui sont la cause de ces transformations et
enfin de tenter de découvrir l’origine des forces qui animent la lithosphère et constituent le
moteur de ces phénomènes.
Au sein des diverses disciplines de la géologie, une étudie l’architecture et l’histoire des
structures acquises : c’est la « tectonique ou géologie structurale ».

I. DEFINITIONS
La Tectonique ou Géologie Structurale est la discipline des sciences de la Terre qui étudie les
déformations de l’écorce terrestre. Ce terme, vient du grec « Tektonikos », qui signifie « propre
au charpentier, à l’architecte ».
Par ailleurs, chez les auteurs de langue anglaise, les termes Tectonique et Géologie Structurale
présente une nuance. Pour eux, la Géologie Structurale (Structural Geology) est essentiellement
l’étude de la géométrie des structures tandis que la Tectonique (Tectonics) concerne plutôt
l’étude de ces structures en relation avec les mouvements (Cinématique) et les forces
(Dynamique) qui les ont créées.
La Tectonique ou Géologie Structurale nécessite l’observation pour essayer de reconstruire une
structure afin d’en déterminer le pourquoi et le comment. Le géologue structuraliste est
confronté dans la nature à ce qui semble être un produit fini par lequel il doit se poser un tas de
question et tenter d’y répondre.

II. ANALYSE STRUCTURALE


L’analyse de la déformation des corps rocheux passe par plusieurs étapes successives :
descriptive, cinématique et dynamique.
On dira qu’un corps est déformé s’il y a une variation de la forme, des dimensions, de la
localisation et de l’orientation dans l’espace de ce corps d’un état initial à un état final.

1. Analyse descriptive ou géométrique


L’analyse descriptive consiste à caractériser la géométrie tridimensionnelle des structures à
partir des observations de terrain. Il s’agit de reconnaître les structures, mesurer leur orientation
et décrire leur comportement physique et géométrique.
Les observations sont portées soit directement sur le terrain soit en testant au laboratoire des
échantillons prélevés.
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Un volume de roche peut changer de forme, subir une rotation, se déplacer ou se fracturer d’une
place à une autre.

2. Analyse cinématique
L’analyse cinématique se consacre davantage aux mouvements de déformations responsables
du développement des structures. Il peut être utile à ce stade de quantifier la déformation pour
ensuite de déterminer les différents stades d’une déformation progressive et caractériser
comment l’objet géologique se déforme en passant d’un état initial non déformé à un état final
déformé.

3. Analyse dynamique
L’analyse dynamique interprète les forces, les pressions et les mécanismes responsables de la
formation des structures. Mais aussi pour l’évaluation de la résistance durant leur déformation.
Elle doit expliquer alors le caractère physique et géométrique des structures, la cinématique et
la relation entre tension et contrainte.

III. NOTION DE CONTRAINTE ET DEFORMATION


1. Contrainte
Un corps rocheux qui est soumis à des forces sera en état de contrainte. En dynamique tout
changement dans l’état d’un objet ou son déplacement résulte d’une force. La translation, la
distorsion, la dilatation d’un objet sont des réponses de cet objet aux contraintes externes. On
distingue deux types de forces : les forces de volume (qui affectent tout le volume de roches
concerné ; poids par exemple) et les forces de surface (qui agissent au limite du système et sont
transmises aux roches étudiées ; forces tectoniques en général).
La contrainte correspond à une force agissant sur une unité de surface.

Pour une même force, plus la surface sur laquelle elle est exercée est petite, plus la contrainte
développée est grande.
NB :
- Une contrainte est homogène à une pression ; elle s’exprime donc en Pa (unité SI) ou
en bar, et leurs multiples (en général en géologie, kbar et GPa, 1 GPa = 10 kbar)
- Une contrainte, contrairement à une pression, est un vecteur.
Bien qu’une contrainte soit orientée, elle se transmet à l’ensemble de la roche sur laquelle elle
est appliquée. Si on considère un volume de roche auquel on applique une force ; et un plan
dans ce volume de roche (une fracture, par exemple). On peut décomposer la force (ou la
contrainte) appliquée à ce plan en :
o Une contrainte normale (N) perpendiculaire au plan
o Une contrainte tangentielle () dans le plan
La contrainte varie selon l’angle du plan, de façon relativement complexe, puisque la même
force est distribuée sur un plan plus ou moins grand selon son orientation (c’est aussi un intérêt
d’utiliser les contraintes plutôt que les forces, c’est une mesure indépendante de la surface).

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Le lieu géométrique des extrémités des vecteurs « contraintes » pour un ensemble de surface
passant par un même point est une figure géométrique. Cette figure est la représentation de
l’état de contrainte et est appelée « ellipsoïde de contraintes ». Il est caractérisé par les valeurs
des contraintes selon les trois directions orthogonales dites contraintes principales qui sont :
▪ 1 : c’est la contrainte principale majeure ou maximale
▪ 2 : c’est la contrainte principale mineure ou minimale
▪ 3 : c’est la contrainte intermédiaire qui n’est pas la moyenne des deux autres
contraintes mais leur est simplement orthogonale
La notion de contrainte permet de décrire un état dynamique en un point et un moment donné.
L’ellipsoïde de contrainte est fonction du point considéré et vari quand on passe d’un point à
un autre.
Expressions des contraintes normale et tangentielle

avec  : l’angle du plan

L’ellipsoïde de la contrainte totale peut se décomposer en deux composants :


- Une sphère (les trois contraintes principales sont égales, et égales à la contrainte
moyenne), qui représente l’ellipsoïde de la contrainte moyenne (lithostatique) ;
- Un ellipsoïde correspondant au reste de la contrainte, qu’on appelle l’ellipsoïde de
contrainte déviatorique (deviatoric stress).

Figure 1: Ellipsoïde de référence


Figure : Contrainte lithostatique (principale) et déviatorique (différentielle).
La contrainte lithostatique est isotrope et cause des changements de volume (compression). La
contrainte déviatorique est anisotrope et est responsable de la distorsion. La contrainte totale
est la somme des deux.

2. Déformation
En géologie, “déformation” est un terme générique qui décrit les changements de forme, de
position ou d’orientation d’un corps soumis à des contraintes. C’est le seul élément que l’on

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peut décrire à partir d’objets géologiques. La déformation peut se décrire comme une
combinaison de 4 composants :
- translation,
- rotation,
- distorsion ou déformation interne : l’anglais a deux mots, « deformation » pour la
déformation et « strain » pour la distorsion
- changement de volume

Figure 2: Les 4 types de déformation


(a) translation, (b) rotation, (c) distorsion, (d) changement de volume

a. Déformation par translation


La déformation par translation est caractérisée par le changement de localisation d’un objet
dans l’espace sans variation dans l’espace de la forme ni des dimensions de l’objet. La
translation est simplement un changement de position. Dans la translation, les vecteurs
déplacements sont tous parallèles.

Figure 3: Exemples de translation


b. Déformation par rotation
La déformation par rotation est caractérisée par un changement de localisation d’un corps
spécifiquement dans l’espace autour d’un axe fixe sans variation de la forme ni des dimensions.
Il s’agit d’un changement d’orientation.

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Figure 4: Exemple de rotation
La déformation par translation et par rotation sont dites rigides car les corps déformés ne
subissent pas de changement de forme et de dimension.

c. Déformation par distorsion


La déformation par distorsion est caractérisée par un changement de forme d’un objet
accompagné ou non d’une variation de localisation de cet objet dans l’espace. Il s’agit d’un
changement de forme. Si la dimension l’objet augmente, on dira qu’il y a eu une « dilatation
positive ». Au contraire, on parle de « dilatation négative ».
La déformation par distorsion est le composant le plus important de la déformation, pour le
géologue. Il est composé d’une déformation linéaire et d’une déformation cisaillante.

➢ Déformation linéaire
Allongement dans un sens, raccourcissement dans l’autre, comme un élastique qu’on étend ou
une boule de pâte à modeler qu’on écrase. On peut le quantifier de plusieurs façons :
- Allongement relatif ou extension (en anglais : elongation)

Avec l0 (longueur initial) et lf (longueur après déformation)


NB :  est négatif dans le cas d’un raccourcissement.
- Etirement (stretch)

- Elongation quadratique (quadratic elongation)

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➢ Déformation cisaillante ou angulaire
La déformation angulaire peut se mesurer par l’angle que font deux droites initialement
orthogonales (cisaillement angulaire Φ). La déformation cisaillante (shear strain) noté γ est liée
à la déformation angulaire par la relation γ = tanΦ.

Figure 5: Déformation cisaillante


Φ = 32° et γ = 0,63

d. Déformation par gain ou perte de volume (changement de volume)


Elle peut avoir lieu par différents mécanismes tels que :
- Compaction et fermeture de vides (porosités) entre les grains ;
- Dissolution d’une partie de la roche ;
- Fracturation de la roche (qui augmente le volume en créant des vides entre les
fragments) ;
- Expansion/contraction du à des changements de pression (en pratique le plus souvent
marginal dans la croûte ; cf. cependant formation de joints/diaclases) ;
- Réaction minérales et formation de nouveaux minéraux de volume molaire différent
(métamorphisme).

Figure 6: Changement de volume


(a) contraction, (b) dilation, (c) fracturation

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e. Vitesse de déformation
La vitesse ou taux de déformation (strain rate) est un paramètre important ; on peut le quantifier.
C’est la dérivée de la quantité de déformation par rapport au temps. Elle s’exprime en s-1.

Faute de pouvoir accéder à la dérivée, si on peut estimer la durée ∆T de la phase de


Déformation, on peut l’approcher par :

f. Types de déformation
➢ Déformation continue et discontinue
Une déformation est continue lorsque tous les points voisins avant déformation restent voisins
après déformation. Elle est dite discontinue lorsque les points voisins avant déformations sont
séparés après déformation.
Autrement, La déformation est continue si ses propriétés varient progressivement dans l’objet
déformé (pli, par exemple) sinon elle est discontinue (faille).

➢ Déformation homogène et hétérogène


La déformation est dite homogène si des lignes initialement parallèles le restent après la
déformation. Aussi, les droites de l’objets non déformé restent des droites après déformation.
On parle sinon de déformation hétérogène, ce qui est d’ailleurs le cas général dans la nature.

Figure 7: (a) objet initial (b) déformation homogène (c) déformation hétérogène
➢ Déformation coaxial et non coaxiale
On parle de déformation coaxiale lorsque les axes de déformation et les lignes qui leurs sont
parallèles changent de longueur et non d’orientation.
On parle de déformation non coaxiale lorsque les axes de déformations basculent
progressivement de toutes les lignes (changement d’orientation avec aggravation de la
déformation).

Figure 8: Déformation coaxiale

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Figure 9: Déformation non coaxiale
3. Relation contrainte-déformation : rhéologie
Contrainte et déformation sont reliés par des lois physiques : les lois rhéologiques. La rhéologie
est l’étude des relations entre contrainte et déformation.
N’importe quel matériau peut se déformer de deux façons différentes :
- De façon élastique (elastic deformation), c'est-à-dire avec une déformation instantanée
et réversible (la déformation disparaît lorsque la contrainte est relâchée)
- De façon plastique (plastic deformation), c'est-à-dire avec une déformation non-
réversible, généralement non-instantanée.
Dans les deux cas, au-delà d’une certaine quantité de déformation, le corps se casse (rupture).
On représente souvent la déformation dans des diagrammes contrainte-déformation.

Figure 10: Graphe contrainte-déformation d’un cylindre de roche en compression uniaxial


La relation contrainte-déformation est linéaire dans le cas de la déformation élastique. A un
point donné de la déformation élastique, la relation contrainte-déformation devient non
linéaire : le matériau a atteint sa limite d’élasticité. Si la contrainte dépasse cette limite, le
matériau est déformé de façon permanente. Il en résulte une déformation plastique.
Dans le cas de la déformation plastique, toute l’énergie est utilisée pour déformer le matériau.
Avec une augmentation de la contrainte, le matériau atteint un second seuil, son point de rupture
et se casse ; c’est la déformation cassante.
Trois paramètres importants doivent être considérés lorsqu’on applique les concepts de
contrainte-déformation aux matériaux de la croute terrestre : température, pression et temps.
Température et pression augmente avec la profondeur de la croûte terrestre et modifie
significativement le comportement des matériaux. Un autre élément à ne pas négliger est la

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composition de la roche. Certaines roches sont cassantes de nature (calcaire, granite, grès…).
D’autres sont plutôt plastiques (roches argileuses).
Une roche a un comportement cassant si elle ne subit que peu ou pas de déformation plastique
avant la rupture. Elle a un comportement ductile si elle subit de grandes déformations
plastiques.
Il existe fondamentalement deux types de contraintes qui déforment les roches : compression
et tension.
Dans la compression, les forces convergent, elles peuvent être coaxiale ou non. Si les
contraintes ne sont pas coaxiales, il va se développer du cisaillement. Dans la tension, les
contraintes divergent et ont pour effet d’étirer le matériel.

IV. DEFORMATIONS TECTONIQUES ET MOUVEMENTS DES PLAQUES


LITHOSPHERIQUES
Les déformations de l’écorce terrestre et de la partie supérieure du manteau résultent du
mouvement des grandes plaques lithosphériques à la surface du globe. Les limites de ces
plaques sont des zones de déformations sismiquement actives. Là où les plaques s’écartent,
divergent, leurs bordures sont soumises à une traction (ou tension), donc à des déformations en
allongement, dites aussi en extension ; c’est ce qui se produit au niveau des rides médio-
océaniques ou dans certaines régions continentales (les rifts). Là où les plaques convergent,
leurs bordures peuvent être soumises à une compression, donc à des déformations en
raccourcissement ; c’est ce qui se produit le long des zones de collision et de certaines zones de
subduction. Là où les plaques glissent les unes par rapport aux autres, sans converger ni
diverger, les déformations résultent de déplacements horizontaux (sans épaississement ni
amincissement vertical) appelés coulissements ; c’est ce qui se produit le long des failles
transformantes.
En Tectonique globale, c’est-à-dire à une échelle de plusieurs milliers de km, ces plaques sont
considérées en première approximation comme indéformables car l’essentiel de la déformation
se produit aux limites de plaques. Mais en réalité, il existe aussi des déformations intraplaques
qui peuvent être importantes à l’échelle de l’analyse structurale. Ces déformations intraplaques
résultent elles aussi de raccourcissements, d’allongements ou de coulissements.

V. ELEMENTS STRUCTURAUX
Les structures dans l’écorce terrestre sont l’expression de l’arrangement géométrique de la
matière à différentes échelles. Elles sont de trois types :
- Les contacts
- Les structures primaires
- Les structures secondaires

Les contacts sont des limites qui séparent un corps rocheux d’un autre. On distingue :
▪ le contact normal,
▪ le contact discordant ou anormal,
▪ le contact intrusif,
▪ le contact par faille et

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▪ le contact par « shear zone ».

Les structures primaires se développent au moment de la formation des roches sédimentaires


et ignées et dépendent grandement des processus à l’origine de ces roches. Ces structures sont
le reflet des conditions locales de l’environnement de dépôt ou de formation des roches.
Exemples : les stratifications entrecroisées, les rides de courant, les vésicules de gaz dans les
roches volcaniques, le granoclassement.

Figure 11: Exemples de structures primaires


Les structures secondaires ou structures tectoniques qui font l’objet de ce cours de géologie
structurale se développent après la lithification complète des roches sédimentaires et ignées
ainsi que dans les roches métamorphiques pendant ou après leur formation.
Exemples : joints, fentes, failles, plis, schistosité, foliation, linéation et « shear zone ».

Par ailleurs, la simple observation des roches dans des régions très déformées, comme les
chaînes de montagnes, montre de façon évidente deux grands types de déformations : d’une
part, des « plis » et d’autre part, des « cassures » qu’on appelle des « failles ». Plis et failles
correspondent respectivement à des déformations continues ou ductiles et à des déformations
discontinues ou cassantes.
L’analyse de ces déformations peut se faire à différentes échelles. La cartographie géologique,
l’analyse des photographies aériennes et des images par satellites permettent de décrire la
géométrie en deux dimensions (2D) des structures de tailles supérieures au km ; les forages et
l’imagerie sismique permettent parfois d’en connaître la géométrie en 3D.
Mais l’étude des déformations peut aussi se faire de l’échelle de l’affleurement à celle de
l’échantillon (1 cm < d < 100 m) et de celle du microscope optique à celle du microscope
électronique (d < 1 cm).
L’interprétation de ces déformations naturelles est basée sur le principe de
l’« uniformitarisme » de Lyell (1833) qui admet que les « phénomènes qui ont eu lieu au cours
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des temps géologiques sont les mêmes que ceux qui produisent les mêmes effets à l’époque
actuelle ». Leur interprétation se fait donc en tenant compte des données fournies par
l’observation des déformations actuelles (sismotectoniques) ou récentes (néotectoniques), de
celles fournies par les expériences de mécanique ou de physique des matériaux géologiques,
enfin de celles fournies par la simulation soit analogique (modèles réduits) soit numérique (sur
ordinateur). L’interprétation des déformations géologiques par les déformations actuelles n’est
en fait valable que pour autant qu’on considère un état physique et chimique de la planète
proche de l’état actuel. Les déformations actuelles ne peuvent guère nous renseigner sur celles
qui se sont produites au cours de l’Archéen quand les conditions de température sur la Terre
étaient plus élevées qu’actuellement. Toutefois, ce qui est important c’est que les interprétations
respectent les lois fondamentales de la physique d’où l’intérêt de l’expérimentation qui permet
de comprendre les mécanismes de déformation des roches dans des conditions physico-
chimiques diverses.

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CHAPITRE II : DEFORMATION DUCTILE HOMOGENE

Dans les conditions naturelles, les roches peuvent se déformer de façon ductile. La déformation
ductile correspondant simplement à un étirement sans rupture. Elle existe sous deux forme :
- la déformation ductile homogène
- la déformation ductile hétérogène
La déformation ductile homogène concerne les structures linéaires et planaires telles que la
schistosité et la foliation. Ce sont des structures des roches métamorphiques.
Le plissement est l’exemple le plus frappant de déformation ductile hétérogène. Il sera étudié
dans un chapitre entier.
Ce chapitre s’attaque plus aux mécanismes de la déformation ductile (homogène et hétérogène)
des roches et plus particulièrement à la déformation ductile homogène.
Notons avant de poursuivre que :
- à basse température et pression de confinement élevée un échantillon peut subir une
déformation ductile sans rupture ;
- à pression de confinement constante, une augmentation de la température abaisse le
seuil d’apparition de la déformation plastique et peut augmenter la quantité de
déformation plastique avant rupture.

I. MECANISME PHYSIQUES DE LA DEFORMATION PLASTIQUE


La déformation plastique s’exprime à l’échelle du grain ou de quelques grains : la roche est
déformée dans la masse, et pas uniquement sur des plans particuliers. En fonctions des
conditions de la déformation (contrainte et température surtout), différents types de déformation
plastique sont possibles.

Figure 12: Types de déformation plastique en fonction de la contrainte et de la température


Pour toutes ces déformations, il existe une loi reliant la contrainte et le taux de déformation (et,
en général, la température) si bien que le taux de déformation est défini en tout point du
graphique .

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Il existe plusieurs mécanismes physiques à l’origine de la déformation plastique.

1. Microfracturation et cataclase
Il s’agit d’une déformation cassante à l’échelle microscopique, sur des microfractures. Leur
somme donne une déformation continue à l’échelle de l’échantillon ou de l’affleurement. La
roche peut finir par montrer suffisamment de plans de fractures interconnectés pour pouvoir
fluer (glissement sur des plans de fracture).

2. Macles de déformation (mechanical twinning)


Si le réseau cristallin est déformé, et non pas brisé, on développe préférentiellement des «
pliures » dans des directions cristallographiques privilégiées. Les cristaux sont alors séparés en
domaines plus petits, d’orientation cristallographique homogène, séparés par des plans de macle
(twinning plane) (ne pas confondre avec les macles « ordinaires » de croissance minérale).
Les macles de déformation sont communes dans la calcite et le plagioclase (où on peut les
confondre avec des macles polysynthétiques ordinaires ; mais les macles de déformation
tendent à s’amincir et se biseauter aux extrémités).

Figure 13: Macles de déformation, à gauche de faón idéalisée à l’échelle cristalline, à droite
différents types dans de la calcite
3. Pression-dissolution (dissolution creep, ou pressure- solution)
C’est une dissolution sous contrainte depuis des sites de haute pression, avec transport des ions
par des fluides (eau) suivit d’un dépôt dans des domaines de plus basse pression appalée ombre
de pression (pressure shadow) ou simplement veines. Il est nécessaire d’avoir un fluide pour
transporter la matière.

Figure 14: Pression - dissolution, et formation d’ombres de pression autour d’un cristal

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Figure 15: Différents processus associés aux phénomènes de pression-dissolution
4. Fluage par diffusion
a. Diffusion intra-cristalline (Volume diffusion creep)
C’est une diffusion sans fluides. Il s’agit « d’autodiffusion » d’ions (et de lacunes) dans un
cristal, depuis les sites de haute pression aux sites de plus basse pression.
Ce fluage obéit à une loi newtonienne.

Figure 16: Fluage par diffusion intra-cristalline (fluage de Nabarro- Herirng)


b. Diffusion sur les joints de grains (grain boundary diffusion creep)
Aussi appelé fluage de Coble, similaire au précédent, mais le fluage se fait sur les joints de
grains et pas dans les grains eux-mêmes. Plus efficace à basse température. Il est lui aussi
newtonien.

5. Fluage par dislocation (dislocation creep)


On appelle « dislocation » un défaut (linéaire au planaire) dans le système cristallin. Ces
dislocations peuvent se déplacer sous contrainte, ce qui permet au cristal de se déformer.

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Figure 17: Fluage par glissement de dislocation.
Ce type de fluage forme des textures très reconnaissables au microscope (en particulier dans
les quartzs) :
- Extinction roulante (undulose extinction), qui résulte de la distribution irrégulière des
dislocations dans un cristal, et donc des plans cristallographiques un peu désordonnés ;
- Formation de sous-grains (sub-grains), par accumulation de dislocations sur une surface
séparant des domaines cristallographiques différents ; avec des textures mosaïques où
des gros grains (de quartz, souvent) sont découpés en de nombreux petits grains à limite
floue.
Le fluage-dislocation obéit à une loi non-newtonienne

6. Recristallisation
La recristallisation correspond à la formation de nouveaux grains, soit du même minéral, soit
de nouveaux minéraux.

a. Recristallisation dynamique
Il s’agit principalement de l’exagération des processus de glissement de dislocations
mentionnés plus haut ; les limites de sous-grain deviennent de « vraies » bordures de cristaux.
On forme de nombreux petits grains.

b. Recristallisation statique
En l’absence de contraintes, les grains d’une roche cherchent d’abord à revenir à un état où il y
a moins de tensions dans le système cristallin (donc moins de dislocations), et à minimiser leur
énergie de surface en fusionnant plusieurs petits grains en peu de plus gros.
Les textures caractéristiques de ce recuit (annealing) sont des textures équantes, en équilibre
(equilibrium texture) caractérisé par des assez gros grains avec des joints à 120°. Le recuit a
lieu d’autant plus vite qu’on est à haute température ; il est par exemple assez classique d’avoir
des granulites qui semblent très déformées à l’échelle de l’échantillon ou de l’affleurement,
mais auxquelles le recuit a conféré une texture totalement équante en lame mince.

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c. Formation de nouveaux minéraux
Enfin, dans le cas de réactions métamorphiques, on forme de nouveaux minéraux. La formation
de minéraux métamorphiques implique des phénomènes de diffusion, et on a de la même façon
des minéraux dont les formes dépendent de la contrainte sous laquelle ils se sont formés.

II. LES FABRIQUES TECTONIQUES DES ROCHES


La déformation ductile homogène des roches donne des roches aplaties et/ou étirées. Cest
roches aplaties et/ou étirées sont appelées tectonites. L’ensemble des éléments structuraux
définit la fabrique de la roche.
Selon les cas, une roche peut être dominée par des éléments planaires, des éléments linéaires,
ou les deux. On parle alors de fabrique S, L, ou SL (on peut aussi préciser, par exemple S>L,
etc.).

Figure 18: Tectonites L et S


III. LES ELEMENTS STRUCTURAUX LINEAIRES : LINÉATIONS
On appelle linéation tectonique n’importe quelle famille de structures linéaires parallèles. C’est
un alignement d’éléments entre eux. C’est éléments peuvent être des aiguilles, des hornblendes,
des agrégats de minéraux, des striations, etc.

Remarques
- Les linéations les plus visibles sur un affleurement sont souvent des linéations
relativement peu informatives : linéation d’intersection entre deux plans par exemple
- Une erreur classique consiste à prendre pour une linéation l’intersection des plans de
foliation avec la surface de l’affleurement: c’est une intersection entre deux plans, donc
une ligne. Pour autant, elle n’a aucune signification tectonique.

On distingue plusieurs types de linéation : linéations minérale, de surface, de forme, d’étirement


ou allongement.

1. Linéations de surface : linéation d’intersection (Li)


Ce sont les linéations liées à une ou plusieurs surfaces, par exemple linéations d’intersection,
stries de glissement sur un plan, etc.
La linéation d’intersection résulte de l’intersection entre deux surfaces. Par exemple, la
stratification S0 et une schistosité S ou deux schistosités S1 et S2. Parfois ces linéations sont
courbes et cela est dû soit à la torsion d’une linéation initialement rectiligne (superposition de
deux phases de déformation), soit à l’intersection d’une surface plane avec une surface courbe.

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2. Linéations de forme
Ce sont des linéations données par la forme d’objets déformés, par exemple des axes de plis
(crénulation), des boudins, etc.

a. Linéation de crénulation (Lc)


Elle correspond au plissotement d’une surface de stratification S0 ou une schistosité S. Ce type
de linéation est étroitement lié à la schistosité de crénulation qui se développe
préférentiellement dans les roches riches en, minéraux plylliteux (pélite, micaschiste,
séricitoschiste, …).

b. Linéation de boudinage (Lb)


Elle résulte d’une striation régulière et répétée de niveaux compétents inclus dans une matrice
ductile. Les minéraux compétents sont découpés en baguettes parallèles selon des zones de
rupture qui sont caractérisées par des cristallisation minérales (quartz, calcite).

3. Linéations de croissance minérale (Lm)


Elle se manifeste dans les roches déformées par un allongement des minéraux néoformés ou
non. Cette linéation peut résulter de minéraux de forme aciculaire qui cristallise au cours d’une
déformation en striction.
Elle peut aussi résulter de la réorientation lors de la déformation d’anciens minéraux.
La minéralisation des minéraux aciculaires ou non dans les zones d’ombre de pression (pressure
shadow) peut aussi donner naissance à ce type de linéation.

4. Linéation d’allongement ou d’étirement


Ce sont les linéations formées par l’étirement d’objets préexistants (galets, clastes, fossiles,
minéraux...) dans une direction préférentielle. Ces objets peuvent se déformer ductilement ou
fragmentairement.

Figure 19: Quelques types de linéations.

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(1) linéation d’intersection S0-S1, (2) linéation de crénulation, (3) linéation de croissance
minérale, (4) linéation d’allongement, (5) linéation de boudinage

IV. LES STRUCTURES PLANAIRES : SCHISTOSITÉ ET FOLIATION


1. Mécanismes de formation des éléments planaires
On peut distinguer plusieurs mécanismes à l’échelle microscopique :
▪ Par micro-fracturation, parallèle et régulièrement espacée ;
▪ Par pression-dissolution ;
▪ Par rotation rigide d’objets préexistants ;
▪ Par déformation des cristaux ;
▪ Par cristallisation orientée de nouveaux minéraux.

Figure 20: Mécanismes de formation des schistosités et foliations


2. Schistosités
La schistosité (cleavage), aussi appelée clivage schisteux est une structure planaire, d’origine
tectonique suivant laquelle les roches se débitent préférentiellement en feuillet ou plaquette.
C’est le cas des schistes et micaschistes. On distingue deux principaux types de schistosité. La
distinction de ces principaux types est établie selon le caractère continu ou discontinu que
présente, à l’échelle d’observation macroscopique, ce débitage parallèle qui intéresse la totalité
de la roche.

a. Schistosité de type continu (continous cleavage)


La schistosité est de type continue lorsqu’aucun plan de fissilité c’est-à-dire de débit en feuillet
n’est observable au microscope, on parle de schistosité de flux.
Une schistosité de flux se forme par réorientation de minéraux argileux (réorientation
mécanique, ou pression-dissolution). La stratification d’origine est en général effacée presque
totalement. Un exemple classique est la schistosité ardoisière.

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Figure 21: Schistosité de flux effaçant presque totalement S0
b. Schistosité de type espacé (spaced cleavage)
La schistosité est de type espacé lorsque la roche montre des zones de schistosité qui sont des
plans de fissilité, séparant des zones appelées microlithon et la morphologie des surfaces qui
les séparent. La schistosité de type espacé se subdivise en deux. On distingue :
- La schistosité disjointe (dit schistosité de fracture)
- La schistosité de crénulation dite aussi schistosité par microplis (strain-slip cleavage)
➢ Schistosité disjointe (disjunctive cleavage)
Schistosité définie par des microfractures régulièrement espacées (spaced cleavages), séparant
des volumes de roche non déformés (« microlithons »). Elle se forme essentiellement par
pression-dissolution (et en général, il y a des sites de précipitation des minéraux dissous tels
que veines).
Un cas particulier s’observe quand la stratification d’origine est encore préservée : dans ce cas
l’existence de deux plans de débits plus ou moins orthogonaux résulte en un débit en crayons
(ou en frite) (pencil cleavage).

➢ Crénulation (crenulation)
Si un élément structural préexistant (une foliation de micas le plus souvent) est elle-même
déformée, elle forme souvent des plis centimétriques en chevron (crénulation). Les flancs des
plis sont fréquemment étirés et finissent par évoluer en une nouvelle schistosité (S2).

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Figure 22: Exemple de crénulation en lame mince.
3. Foliations
La foliation est un alignement planaire de minéraux (micas, rubans de quartz, phénocristaux,
surfaces de cisaillement), etc.). Il y a en fait une différenciation minéralogique en lits claires et
lits sombres. Les lignes claires sont quartzo-feldspathiques et les lits sombres sont
ferromagnésiens. Ici, la roche est compacte et massive et il n’y a pas de plan de séparation entre
les lits.

a. Foliation par cristallisation de micas (schistosity)


Dans des conditions métamorphiques un peu plus élevées (schiste vert et au-delà), de nouveaux
minéraux (chlorite, muscovite, biotite) se forment. Si la cristallisation a lieu sous contrainte, ils
se forment avec une orientation préférentielle et définissent une foliation (en anglais schistosity,
puisque les roches concernées sont des schistes).

b. Foliation (gneissosity)
Une foliation (en anglais gneissosity, car on l’observe dans des gneiss) correspond à des
alternances minérales dans des roches de degré métamorphique moyen ou élevé. Ces
alternances peuvent correspondre :
▪ A la stratification d’origine de la roche (rare) ;
▪ A une stratification transposée ;
▪ A des niveaux contrastés formés par métamorphisme ;
▪ A des injections lit-par-lit de magmas ;
▪ A une fusion in-situ (migmatites) ;
▪ A une foliation magmatique (flux dans le système partiellement cristallisé).

4. Transposition tectonique (transposition)


C’est un cas particulier de structure qui peut affectée les structures citées plus haut. Plus
généralement, la déformation et le plissement peut démembrer et étirer une structure plane
existante (stratification, ou une élément tectonique) et la réorienter dans la direction de la
nouvelle déformation ; on parle de transposition. Dans ce cas, on peut observer des reliques de
la structure d’origine.

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Figure 23: Crénulation et transposition

Figure 24: Transposition par plissement.


V. RELATION ENTRE PLIS ET SCHISTOSITÉ
Dans les plis formés par aplatissement, lorsque plis et schistosité ce sont produit simultanément,
on parle de plis synschisteux. Dans un pli déversé, la schistosité permet de reconnaître le flanc
normal et le flanc inverse en absence de critères de polarités internes aux couches. Sur le flanc
normal, la schistosité a un pendage plus fort que celui des couches. Sur le flanc inverse, ce sont
les couches qui ont un pendage plus fort que celui de la schistosité.

Remarque : La schistosité est un type particulier de foliation marqué par des surfaces
subparallèles avec une concentration et une régularité qui donne aux roches la propriété de se
détacher facilement le long de ces plans.

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CHAPITRE III : DEFORMATION DUCTILE HETEROGENE : LES
PLIS
La déformation structurale résulte de « tension-forces » externes et internes de la roche appelées
contraintes. Sous l’action de ces contraintes, les roches peuvent subir deux principaux types ou
formes de déformation : les unes cassantes et les autres plus souples dites ductiles. La
déformation ductile est très souvent hétérogène. Le plissement est la plus spectaculaire des
déformations ductiles hétérogènes. C’est l’objet de ce chapitre.

I. TYPES DE DEFORMATION DUCTILE HETEROGENE


1. Cisaillement
En domaine ductile, la déformation a tendance à se localiser dans des zones relativement
étroites : les zones de cisaillement (shear zone, ou high-strain zone) ; ceci est vrai à toutes les
échelles.

Figure 25: Zones de cisaillement en cisaillement simple et pur

Notez la façon dont la déformation augmente (et tourne, en cisaillement simple) en pénétrant
dans la zone de cisaillement ; à rapprocher de la discussion sur les sens de cisaillement et les
relations S-C précédemment.

En théorie, une zone de cisaillement peut correspondre à une déformation en cisaillement pur
ou en cisaillement simple. En pratique, ce sont le plus souvent des zones en cisaillement simple,
et le cisaillement pur est accommodé par des zones de cisaillement (simple) conjuguées.
Des zones de cisaillement (simple) sont souvent l’équivalent en profondeur de failles cassantes.
Le cisaillement se produit dans un sens dont la détermination est plus ou moins complexe en
fonction du cas. Si une roche contient des objets reconnaissables, on peut s’en servir pour
déterminer le sens de cisaillement. Par exemple :
- Les surcroissances (ombres de pression) sur des phénocristaux peuvent montrer une
asymétrie qui donne le sens de cisaillement ;
- Des objets cassés par des microfailles peuvent aussi donner un sens de cisaillement ;
- Des plis asymétriques peuvent parfois marquer un sens de cisaillement.

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2. Boudins
Les boudins sont des structures en extension, dues à la rupture d’un niveau localement plus
compétent (cassant) au sein d’un paquet « mou » (moins compétent, et se déformant de façon
plastique). Ils sont liés à un contraste de viscosité (de compétence).
Selon la géométrie de l’extension (uni- ou bi-directionnelle), on peut avoir des boudins de forme
différente (boudinage en « tablette de chocolat », chocolate-block boudinage).
On peut trouver des boudins dans les flancs d’un pli.

3. Plis
Un pli résulte d’une déformation continue, hétérogène, en principe compressive d’un matériau
originellement horizontal à comportement mécanique ductile. C’est une structure qui se forme
lorsque les bancs et couches sont transformés en forme courbée, coudée et froissée.

II. MODE DE FORMATION DES PLIS


Les plis sont des déformations plastiques continues donc sans ruptures. En fonction de la
température et de la pression du milieu, la formation d’un pli peut se faire de trois manières
différentes.

1. Pli par flexion


Il se produit au niveau de la charnière (la partie courbée du pli) une distension qui peut
s’accompagner d’une rupture au niveau de la partie externe. Ceci va provoquer naturellement
le raccourcissement de la partie interne. Le déplacement de la matière peut aussi se faire au
niveau des flancs. Il existe deux mécanismes de plissement par flexion.

a. Déformation de la charnière
Lors du plissement de la roche, les flancs ne sont pas affectés. La déformation se localise dans
la zone de charnière avec extension de la partie externe (extrados) et compression de la partie
interne (intrados).

Figure 26: Structures extrados et intrados sur un pli


b. Déformation de flanc
La zone charnière n’est pas affectée dans ce cas ; les flancs sont déformés en cisaillement :
- Discontinu dans le cas du plissement pas flexion-glissement
- Continu dans le cas du plissement par flexion-écoulement

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Figure 27: Plissement par déformation de flanc
2. Pli par aplatissement
Ce mode de plissement se caractérise par l’apparition de nouveaux de recristallisation et se fait
en deux étapes :
- Apparition de schistosités de fractures c’est-à-dire apparition d’une fausse schistosité
dû à l’apparition d’un réseau de fractures.
- Observation une schistosité de flux c’est-à-dire un fluage du matériau. On assiste à
l’apparition de nouveaux minéraux recristallisant le long des plans de moindre
résistance.

Figure 28: Pli par cisaillement simple hétérogène

Figure 29: Pli par cisaillement pur hétérogène

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3. Pli par écoulement
Ce type de plissement se réalise dans un domaine de la fusion où plus aucune structure n’est
visible. On assiste à l’apparition de schistosité avec une réorganisation de la matière. Ce type
de pli est caractérisé le plus souvent par un étirement et un amincissement de la matière.

III. ELEMENTS D’UN PLI


Un pli élémentaire se composé d’une partie convexe ou anticlinal et d’une partie concave ou
synclinal. La charnière (synclinale ou anticlinale) est le lieu des points de courbures maximum
de la couche la plus récente intéressée par le pli. Le flanc est la surface qui raccorde deux
charnières consécutives ou successives. On appelle flancs normaux ceux qui limitent des
couches en superposition normales et flancs inverses ceux qui limitent des séries renversées.
Le plan axial est la surface plane qui passe par les charnières de toutes les couches prenant part
un à synclinal ou à un anticlinal. L’axe étant l’intersection du plan axial avec une surface
horizontale de référence (le niveau zéro de la mer) qui ne coïncide généralement pas avec la
surface topographique.
Un anticlinal est un pli convexe vers le haut. Le noyau comprend les couches les plus anciennes
couvertes par les plus récentes. Les flancs sont convergents vers la charnière.
Un synclinal est un pli concave vers le haut. Le noyau comprend les couches les plus récentes.
Les flancs convergent vers la charnière.
Le noyau est la zone la plus interne du pli.
On parle parfois de la crête du pli pour désigner le point topographiquement le plus élevé.

Figure 30: Eléments d’un pli


IV. CLASSIFICATION DES PLIS
Les plis sont classés en fonction de :
- La forme
- L’orientation
- L’inclinaison
- L’épaisseur des couches

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▪ Pli en fonction de l’épaisseur des couches
On parle de pli isopaque quand l’épaisseur des strates reste constante quel que soit sa position
dans le pli. Les isogones qui déterminent l’épaisseur de la couche divergent (vers le haut des
anticlinaux). Dans le cas contraire, on parle de pli anisopaque.

NB : l’isogone est la droite qui relie les points de même pendage de toutes les strates.
L’épaisseur est mesurée par rapport à a strate.

Figure 31: (a) Pli isopaque ; (b) Pli anisopque

Figure 32: Plis en fonction de la nature des isogones


▪ Pli en fonction de la nature des matériaux
On parle de plis harmoniques lorsque les couches plissées (homogènes) sont de même
plasticité. Dans le cas contraire, on parle de plis disharmoniques.

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▪ Pli en fonction du sens de courbure
Un Antiforme est un pli dont la courbure est orientée vers le haut, ses flancs pendent dans des
directions opposées et sont divergents. Dans le cas contraire, on parle de Synforme.
On définit aussi un pli neutre comme un pli dont les flancs sont parallèles.

Figure 33: Plis antiforme, synforme, anticlinal, synclinal


▪ Pli en fonction de la position de la couche la plus jeune ou la plus vieille
Anticlinal : pli dans lequel la couche la plus vieille est au cœur du pli.
Synclinal : pli dans lequel la couche la plus jeune est au cœur du pli.

NB : un synclinorium est un ensemble de plis parallèles dont la disposition d’ensemble est


synclinale. On parle d’anticlinorium dans le cas contraire.

▪ Pli en fonction de la direction de l’axe


Pli horizontal : un pli dont l’axe est horizontal.
Pli vertical : un pli dont l’axe est vertical
Pli plongeant : un pli dont l’axe est incliné
Pli subhorizontal : un pli plongeant dont le plongement est compris entre 0 et 10°.
Pli subvertical : un pli plongeant dont le plongement est compris entre 80 et 90°.

Figure 34: (a) Pli horizontal, (b) Pli plongeant, (c) Pli subhorizontal, (d) Pli subvertical

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▪ Pli en fonction de la symétrie
On parle de pli symétrique dans le cas où le plan axial est un plan de symétrie. Dans le cas
contraire, on parle de pli asymétrique.

▪ Pli en fonction de la nature de la ligne charnière


Pli cylindrique : pli dans lequel la ligne de charnière (rectiligne) est parallèle à l’axe du pli. En
fait, c’est un pli qui peut être produit en déplaçant une ligne parallèlement à elle-même.
Pli non cylindrique : pli dans lequel la ligne de charnière est courbée.
Pli conique : c’est un type particulier de pli non cylindrique dont la forme se rapproche d’une
partie d’un cône.

▪ Pli en fonction de l’angle d’ouverture


Pli modelé : pli dont l’angle d’ouverture est compris entre 180°-120°.
Pli ouvert : pli dont l’angle d’ouverture est compris entre 120°-70°.
Pli fermé : pli dont l’angle d’ouverture est compris entre 70°-30°.
Pli serré : pli dont l’angle d’ouverture est compris entre 30°-0°.
Pli isoclinal : pli dont les flancs sont subparallèles.

Figure 35: Plis en fonction de l’angle d’ouverture


▪ Pli en fonction de l’orientation du plan axial
Pli droit : pli dont le plan axial est vertical ou presque.
Pli déjeté : pli dont le plan axial est incliné.
Pli en genou : c’est un type particulier de pli déjeté à plan axial incliné, dont un flanc fait un
angle droit avec l’horizontal.
Pli déversé : pli à plan axial incliné avec une inclinaison unique des flancs supérieur à 45°.
Pli renversé : pli déjeté dans lequel les deux flancs ont le même pendage (inférieur à 45°).
Pli couché : pli dont le plan axial a un pendage maximal de 10°.

Figure 36: Plis en fonction de l’orientation du plan axial

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▪ Cas particuliers de plis
Pli étiré : pli présentant un flanc étendu.
Pli laminé : pli dont un des flancs est écrasé.
Pli faillé : pli présentant une rupture à l’amincissement extrême.
Pli diapir ou pli à noyau perçant : pli dû à des montées de masses légères à l’intérieur des
dépôts sédimentaires (NaCl, KCl) sous l’action des forces tectoniques.
Pli en chevron ou en zig-zag ou en accordéon : pli avec des flancs droits et une charnière
pointue.
Pli en fourreau (sheath folds) : les axes de plis sont courbes et forment des plis à section
fermée.
Pli stygmatique, Pli concenyrique, Pli déraciné, Pli coffré, Pli en éventail, Pli en blague à
tabac, Pli de king-band…

Figure 37: Plis particuliers

Figure 38: Pli en fourreau

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V. RELATIONS ENTRE PLIS ET AUTRES ELEMENTS STRUCTURAUX
1. Plis et schistosité
De façon générale, les plis sont associés à une schistosité de plan axial (axial planar cleavage),
parallèle au plan axial du pli ou légèrement en éventail.
La schistosité de plan axial peut légèrement changer d’angle, selon la nature des couches
(réfraction de schistosité).

Figure 39: Schistosité de plan axial


2. Emboîtement de plis
Comme beaucoup d’objets en géologie, les plis sont des structures auto-similaires : on retrouve
à petite échelle des formes semblables aux formes à grande échelle. Ici, on parle de plis parasites
(parasitic folds).
De part et d’autre de l’axe d’un pli principal, les plis de second ordre ont une asymétrie
différente (plis en « S » et plis en « Z ») ; proche du sommet les plis secondaires sont des plis
symétriques en « M ».

Figure 40: Plis parasites sur un anticlinal

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3. Systèmes plissés sur le terrain

Figure 41: Associations entre plis régionaux, plis de second ordre et schistosité
Les relations entre schistosité (de plan axial) et forme du pli, d’une part ; entre plis principaux
et plis de second ordre, d’autre part ; permettent sans ambigüité de savoir sur le terrain où on
se trouve sur un pli principal.

4. Interférences de plis
Une région qui subit plusieurs phases de plissement présente des structures d’interférence (plis
replissés). On classifie les plus communs en plusieurs types (Figure ci-dessous) :

Figure 42: Interférences de plis

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▪ Type 0 : les deux plissements ont la même orientation. Les premiers plis sont resserrés.
▪ Type 1 : deux phases de plissements orthogonales. Structures en dômes et bassins.
▪ Type 2 : plis couchés replissés par des plis droits orthogonaux. Structures « en
champignon ».
▪ Type 3 : plis couchés replissés par des plis droits. « plis plissés » (refolded folds).

VI. TECTONIQUE DUCTILE A L’ECHELLE REGIONALE


On peut schématiquement opposer deux types de domaines où la déformation est
essentiellement ductile : les domaines de couverture plissés, et les zones profondes de la croûte.

1. Associations de plis et chevauchements


Dans les domaines « de couverture », comme par exemple les chaînes subalpines ou les zones
externes de la chaîne hercynienne, on a typiquement des associations de plis et de nappes. Les
chevauchements sont souvent des flancs inverses étirés de plis. Il y a un contraste rhéologique
important entre le « socle » et sa « couverture » (cassant vs ductile), qui contrôle la géométrie
du système. Le rôle mécanique de couches plus ou moins compétentes est important dans la
morphologie des plis (penser à la dalle urgonienne dans les Alpes).

Figure 43: Tectonique de couverture plissée, type sub-alpin

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En allant vers des niveaux structuraux plus profonds, on a toujours des associations de plis et
de chevauchements ; mais une importante schistosité se développe (plan axial, souvent parallèle
aux chevauchements). Le rôle rhéologique d’une unité particulière s’amenuise, et on évolue
vers un domaine purement ductile où la tectonique cassante (failles et chevauchements) n’a
plus guère de place.

Figure 44: Tectonique de plis et chevauchements en domaine modérément profond (type


Montagne Noire)
2. Domaines profonds des zones déformées
Dans les domaines profonds (à partir du faciès amphibolite), on est dans le domaine de la
déformation purement ductile ; la déformation cassante est rare, limitée à par exemple des
pegmatites (pression de fluide importante).
Les domaines structuraux profonds, au premier abord, se ressemblent : ce sont des zones de
gneiss, plus ou moins déformés. Il est possible d’y identifier des zones de cisaillement ; une
étude cinématique plus fine permet de se rendre compte que ces domaines ductiles peuvent
enregistrer des associations structurales analogues à celles que l’on peut voir en domaine
cassant : zones décrochantes (grands décrochements ductiles, type Bretagne) ; zones
extensives ; zones compressives (chevauchements crustaux, Haut-Allier par exemple).

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Figure 45: Représentation schématique des styles tectoniques à différents niveaux structuraux

Figure 46: Décrochements ductiles : les cisaillements hercyniens de Bretagne

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Figure 47: Chevauchements en domaine ductile : le Haut-Allier

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CHAPITRE IV : DEFORMATION CASSANTE : LES FRACTURES

Tout comme les échantillons soumis aux essais mécaniques, les milieux rocheux peuvent se
déformer par rupture, se fracturer, quand ils sont soumis à des contraintes tectoniques. Les
déformations cassantes naturelles ainsi formées peuvent être regroupées en deux grands types :
d’une part les failles et les joints de cisaillement, d’autre part les fentes et les diaclases.
Les failles seront les fractures les plus étudiées dans ce chapitre.

On appelle fracture ou lithoclase une ouverture (cassure) dans l’écorce terrestre qui résulte de
la rupture d’une roche ou d’un ensemble rocheux. C’est un produit de rupture fragile qui se
forme lorsque la force de tension agissant sur la roche devient trop forte.

I. MÉCANISMES DE RUPTURE DES ROCHES


1. Mécanismes macro et microscopiques
A l’échelle microscopique, la rupture implique de briser des liaisons atomiques. En théorie,
c’est très difficile et devrait nécessiter une énergie (donc une contrainte) très supérieure à la
contrainte observée pour la rupture des matériaux géologiques.
A l’échelle d’un massif de roche, il existe de nombreuses fractures préexistantes (diaclases,
litage, anciennes failles, etc.), si bien que la déformation régionale implique plutôt la
réactivation de fractures existantes que la formation de nouvelles ruptures. Mais il est, quand
même, possible de casser une roche non-fracturée, et expérimentalement ceci ne nécessite pas
des énergies compatibles avec la rupture de liaisons atomiques. La solution à ce paradoxe
apparent est connue sous le nom de « fracturation de Griffith » (Griffith cracking).
A l’échelle du grain, une roche contient d’innombrables petites fractures : limites de grains,
micro-fractures, pores, etc. A la pointe de ces craquelures, il se produit une importante
concentration de contraintes.
Ainsi une roche apparemment « intacte » contient en réalité de nombreuses fentes sur lesquelles
le glissement a lieu.

2. Géométrie
a. Effet de la pression de confinement sur la géométrie
Pressions de confinement faibles ou nulles : fentes de tension purement cassantes
Pour des faibles pressions de confinement, la rupture se développe sans glissement, par des
fissures perpendiculaires à σ1, qui s’ouvrent dans la direction de σ3. Ce sont des fentes de
tension (tensile cracks).

Pressions de confinement élevées : rupture cisaillante ductile-cassante


Pour des pressions de confinement plus élevées, il devient plus difficile d’ouvrir des fissures.
La fracturation a lieu par glissement sur des plans de fracture.
D’autre part, la rupture a maintenant lieu après un petit peu de déformation plastique.

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Figure 48: Géométrie de la rupture, pour des pressions de confinement croissante
Le changement correspond à des courbes rhéologiques qui évoluent avec la pression de
confinement
b. Systèmes de failles conjuguées
Les failles qui se forment par rupture cisaillante se forment à 30° de σ1, et contiennent σ2. Il y
a donc deux orientations possibles pour la rupture (ou la réactivation de failles existantes), qui
forment des systèmes de failles dit conjugués (conjugate faults).

Figure 49: Failles conjuguées pour différentes orientations de σ1

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c. Associations failles-fentes
Dans la nature, les deux éléments (failles conjuguées formées par rupture cisaillante, et fentes
de tension) sont associées. On a donc des systèmes où on associe des failles avec des fentes en
échelon (en-echelon tension gashes).

Figure 50: Association entre failles conjuguées et fentes de tension


II. DIFFERENTS TYPES DE FRACTURE
Les fractures ou cassures se répartissent en diaclase, fente de tension, joint stylolithique et faille.

1. Fentes de tension
Les fentes de tension sont des fractures qui, en section, présentent des bords (des épontes)
écartés dans la partie centrale et jointifs aux extrémités. Les épontes ont subi un déplacement
perpendiculaire au plan de fracture, donc sans cisaillement. Simplement, une fente de tension
est une fracture avec écartement des lèvres. L’ouverture des fentes est en général millimétrique
à décimétrique. Leur longueur axiale va du centimètre à quelques dizaines de mètres,
exceptionnellement elle atteint quelques centaines de mètres.
Il n’est pas rare que des fentes de tension soient à leur tour déformées par le mouvement relatif
des lèvres de la faille ; on peut même parfois voir une nouvelle génération de fentes les
recoupant.

2. Joints stylolithiques
Ce sont des fractures avec resserrement des lèvres. Les joints stylolithiques sont des surfaces
portant des pics et des creux en forme de colonnes ou de cônes qu’on appelle des pics
stylolithiques ou stylolithes dont la taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres.
Ces joints stylolithiques se présentent comme des surfaces suivant lesquelles deux blocs
adjacents sont étroitement engrenés. Il ne s’agit donc pas de fractures ; ils ne sont cités ici que
parce qu’ils sont souvent associés aux fentes de tension. Il s’agit de surfaces de dissolution par
pression, abondantes dans les roches calcaires mais aussi présentes dans les roches siliceuses.

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Figure 51: Fentes de tension et joints stylolithiques. σ1 est vertical dans ce dessin
3. Diaclases
Les diaclases sont des fractures qui, comme les fentes, ne montrent pas de trace de cisaillement
mais dont cependant les épontes restent jointives. Elles forment des réseaux de fractures, en
gros, perpendiculaires à la stratification.
On emploie aussi le terme de « joint » dans un sens très général pour désigner des fractures aux
épontes jointives sans traces de cisaillement mais ayant, elles, une disposition quelconque par
rapport à la stratification. Des réseaux de joints sont souvent associés aux failles.
Lorsque la maille de ces joints est serrée, ceux-ci contribuent à augmenter les capacités de
réservoir en fluides (eau, pétrole) des roches.
Les joints, fractures, etc. sont souvent les éléments géométriques les mieux visibles sur un
affleurement. Quand les systèmes de fracture sont remplis de minéraux (souvent quartz ou
calcite), on parle de veine.

Les joints sont importants :


▪ En hydrologie (ou pour le pétrole) : ils définissent la perméabilité en grand d’un
réservoir ;
▪ En géotechnique, génie civil et minier, etc.: ils définissent la solidité d’une masse
rocheuse ;
▪ En géomorphologie : ils définissent souvent les principales directions du relief ;
▪ En gîtologie : ils sont souvent des sites de précipitation de minéraux, dont des minéraux
d’importance économique (systèmes de veines minéralisées, ou stockwork).

Les joints sont des fractures tensiles ; leur origine peut varier :
• Fracturation tectonique (on a dans ce cas des systèmes conjugués de joints, dans des
directions compatibles avec le champ de contrainte régional) ;
• Fracturation par relâchement des contraintes (post-tectonique) ;

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• Fracturation hydraulique (par exemple, eau libérée par la cristallisation d’un pluton ;
dans ce cas, on a souvent des systèmes de veines de quartz ou de pegmatites, qui
remplissent la fracturation, et qui définissent deux systèmes, radial et concentrique
autour du pluton) ;
• Fracturation par érosion et remontée à la surface (compétition entre compression des
roches qui se refroidissent.

4. Failles
Une faille est une fracture suivi d’un déplacement relatif des parties séparées. C’est une fracture
macroscopique des matériaux de l’écorce terrestre accompagnée d’un glissement l’un par
rapport à l’autre des blocs que celle-ci sépare. Elle résulte d’un mécanisme fragile qui termine
un déplacement cisaillant. S’il y a glissement des parties séparées, c’est qu’il existe une
contrainte de cisaillement sur le plan de fractures.
La plupart des grandes fractures observées sur le terrain, sur photographies aériennes ou sur
images satellites sont ce qu’on appelle des failles.

Figure 52: Faille et Diaclases


III. ETUDE DES FAILLES
1. Nomenclature relative aux failles
Les deux parties séparées par une faille sont appelées compartiments ou blocs. On appelle lèvres
de faille les bords des couches tranchées par l’accident (faille). On distinguera donc un
compartiment et une lèvre soulevée et un compartiment et une lèvre affaissée. Le plan de faille
est figuré par la surface de glissement. Au contact des lèvres, le plan de faille ou plan de
cisaillement peut subir un coulissage mécanique lors du mouvement et former le miroir de
faille. Il porte souvent des stries ou tectoglyphe ou trace qui indique la direction et le sens du
mouvement de faille. Le compartiment situé au-dessus du plan de faille est le toit et celui situé
au-dessous est le mur. L’ampleur ou la valeur du déplacement est appelé le rejet. Le rejet
vertical d’une faille est la valeur du déplacement relatif d’une couche déterminée dans le sens
vertical ; celle déterminée dans le sens horizontal est le rejet horizontal. La direction de la faille
est donnée par l’horizontale tracée sur le plan de faille avec le nord géographique. Son pendage
est l’angle que fait le plan de faille avec l’horizontal du lieu.

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Figure 53: Eléments d’une faille
2. Principaux types de faille
On distingue généralement deux types de faille en fonction de la nature des mouvements qui
les engendre :
- Failles verticales et inclinées
- Failles décrochantes ou décrochements
On parle de failles verticales lorsque les mouvements ou glissements sont verticaux. Une faille
vertical présente un plan de faille vertical. On distingue des failles normales et des failles
inverses.
Une faille normale présente un glissement du toit vers le bas par rapport au mur et produit un
raccourcissement vertical du matériau.
Une faille inverse présente un glissement du toit vers le haut par rapport au mur et produit un
raccourcissement horizontal du matériau. Lorsque le pendage est orienté dans le même sens
que celui des couches, la faille est dite conforme. S’il est incliné dans le sens contraire, elle est
dite contraire.

a. Failles normales

- Le déplacement sur une faille normale (normal fault) est proche de la ligne de plus
grande pente du plan de faille (down dip movement, ou dip-slip fault) ;
- Le mur descend relativement au toit ;
- Il manque de la stratigraphie de part et d’autre de la faille ;
- Ce sont des failles en extension (σ3 horizontal, perpendiculaire à la faille, σ1 vertical),
leur pendage typique est de 60 °.

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b. Failles inverses et chevauchements

- Le déplacement sur une faille inverse (reverse fault) est aussi dans la ligne de plus
grande pente; Le mur monte par rapport au toit ;
- La stratigraphie est répétée de part et d’autre de la faille ;
- Ce sont des failles en compression (σ1 horizontal, σ3 vertical) ; en théorie elles
devraient avoir un angle de 30° (mais en pratique on trouve aussi des failles inverses
très pentées, souvent par réactivation d’anciennes failles normales)

Figure 54: (b) Faille normale, (c) Faille inverse


Les chevauchements (thrust fault) sont des failles inverses plates, avec un fort déplacement
(pouvant atteindre des dizaines de kilomètres). Ce sont des failles compressives qui résultent
en un épaississement et un raccourcissement crustal.
Les chevauchements peuvent séparer des nappes, éventuellement déracinées de leur source, et
mettent alors en contact un terrain transporté, allochtone (allochtonous) sur un autochtone
(autochtonous). L’érosion peut creuser des fenêtres (window, ou allemand fenster) dans une
nappe, ou au contraire en isoler des kilppe (klippe, plur. Klippen en allemand)

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Figure 55: Nappe et chevauchement
c. Failles décrochantes
Les failles décrochantes (transcurrent) ont un mouvement essentiellement horizontal (strike slip
fault). On parle de décrochement (wrench fault) pour une faille décrochante à peu près verticale
(c’est le cas général).

Figure 56: (c) Décrochement dextre, (d) Décrochement senestre


Le mouvement sur une telle faille est définie par rapport à la direction dans laquelle « fuit » le
compartiment opposé à celui sur lequel on se trouve : à gauche, faille senestre (left lateral) ; à
droite, faille dextre (right lateral) (dextral et sinistral existent mais ne sont pas aussi courants).
Autrement, une faille est décrochement dextre si l’observateur, débout dans la direction de la
faille, a à la main droite, le bloc qui a glissé vers lui. Si le bloc est dans la main gauche, on parle
de faille décrochante senestre.

Les failles normales, inverses et décrochantes ont la fonction commune d’étirer la croûte dans
une direction et la raccourcir dans une autre. Les failles décrochantes de grandes dimension
(supérieur à 100 km) pouvant affecter toute l’épaisseur de la lithosphère et constituant des
limites de plaques sont appelées failles transformantes. La faille de San Adreas aux USA en
Californie s’étend sur plus de 1500 km du golfe de Basse Californie jusqu’au nord de San
Francisco est une faille décrochante dextre.
Le terme de faille coulissantes peut être utilisée pour définir les failles décrochantes qui
affectent la croûte continentale mais ne sont pas des limites de plaques.

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La plupart des failles ont en réalité des mouvements composites, qui ne sont pas purement l’un
des types décrits (faille normale dextre, décrochante normale, etc.). Il existe aussi des failles
sur lesquelles le mouvement est essentiellement rotationnel : failles en ciseaux.

Figure 57: Faille en ciseaux (rotationnelle)


IV. ETUDE DES FAILLES SUR LE TERRAIN
1. Détermination du sens de déplacement
Si on observe un plan de faille exposé, différents indicateurs permettent de déterminer le sens
et la direction du glissement :
➢ Le plan de faille est en général strié (slickenslide). L’orientation des stries donne le sens
du mouvement ;
➢ Des stylolithes et des fentes de tension associées peuvent indiquer le sens du
déplacement ;
➢ Des cristallisations de minéraux (calcite en France, le plus souvent) se forment « en
aval » de petites irrégularités du plan de faille et forment des écailles qui donnent le sens
du déplacement ;
➢ Les roches proches de la faille sont tirées et tordues de façon ductile et forment des
crochons (fault drag).
Il faut se méfier, en revanche, du déplacement apparent sur carte : selon l’orientation initiale
des couches et de la faille, il peut être tout et n’importe quoi.

Dans la réalité, les vraies failles sont des éléments complexes :


- Les failles ne sont que rarement planes
- Les failles ne sont pas un plan de rupture unique
- Les failles se terminent quelque part

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Figure 58: « Tectoglyphes » : marqueurs de glissement sur un plan de faille
2. Les roches de faille
Les failles sont en général associées à des roches broyées et écrasées, qu’on range sous le terme
générique de roches de failles (fault rocks). Il existe une terminologie complexe selon la taille
des fragments, et la nature cohésive ou non des roches formées.

➢ Brèches (fault breccia, fault gouge)


Roche non cohésive, avec des clastes angulaires dans une matrice fine. La taille des fragments
peut varier de métrique (megabreccia) à sur millimétrique (gouge, généralement altéré en
argiles rougeâtres).

➢ Cataclasites
Roche cohésive, fragments angulaires en puzzle.

➢ Mylonites
Roche cohésive, fortement foliée ; grains très fins (non visibles à l’œil nu)

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➢ Pseudo-tachylites
(Tachylite = terme désuet pour des liquides basaltiques). Roche cohésive, formée par de la
fusion par friction lors de la déformation. Typiquement un verre (parfois dévitrifié). Rare,
associé par exemple aux impacts de météorites.

3. Changement de comportement avec la profondeur


Quand la profondeur augmente, changements rhéologiques dus à l’augmentation de la pression
et de la température ; on évolue globalement vers des déformations plus ductiles. Les zones de
déformation deviennent plus larges, plus diffuses. On passe de failles superficielles avec
striations et placages minéraux ; à des failles intermédiaires (transition ductile- cassant) avec
des mylonites ou des cataclasites ; à des zones de cisaillement ductiles (éventuellement avec
des mylonites) en profondeur.

4. Morphologie associée aux failles


Les failles sont souvent associées à une morphologie reconnaissable, avec un escarpement plus
ou moins linéaire (escarpement de faille, ou de plan de faille) ; elles sont très faciles à observer
en photo aérienne ou satellite (Google Earth ).
Un escarpement de faille est souvent disséqué en facettes triangulaires (« flat irons ») par des
ruisseaux perpendiculaires. Sur une faille active, on peut observer des ruisseaux décalés, des
terrasses alluviales récentes ou des cônes de déjections découpés par la faille, etc.

Figure 59: Morphologie associée aux failles du plateau Tibétain


V. TECTONIQUE CASSANTE A L’ECHELLE REGIONALE
Les niveaux superficiels de l’écorce terrestre se déforment le plus souvent par fracturation. Les
structures formées à l’échelle régionale sont essentiellement des groupements de failles dont la
cinématique dépend de leur géométrie et du régime tectonique dans lesquels elles se forment
ou se réactivent. Le régime tectonique peut être :
- extensif
- coulissant
- compressif ou raccourcissant

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1. Tectonique en extension
Les systèmes de failles normales se trouvent dans les zones d’extension crustale (rifts, marges
passives...), mais aussi dans les zones de convergence (effondrement post-collision).

Figure 60: Associations et terminologie des structures extensives cassantes


On peut noter l’opposition entre deux modèles d’extension crustale :
- Extension symétrique (c'est-à-dire, cisaillement pur à l’échelle de la croûte); souvent
associée à un amincissement thermique de la lithosphère ;
- Extension dissymétrique (avec amincissement sur une faille normale plate), en
cisaillement simple, principalement tectonique.

Figure 61: Extension symétrique et dissymétrique


On distingue les Grabens, les Rifts et les Bassins en extension.

a. Graben
Un graben est un fossé limité par des failles normales à pendage convergent tandis qu’un horst
forme un bloc topographiquement élevé situé entre deux failles normales à pendage divergent.
Le fossé d’Alès dans les Cévennes (Sud de la France) est un exemple de graben.
Fossés et grabens se forment par extension (allongement) horizontal de la croute terrestre.

b. Rift
Un rift est formé de nombreux grabens et est associé à un volcanisme actif ou non.
En carte, les rifts sont formés de faisceaux de failles normales parallèles (éventuellement avec
des relais) ; en coupe, des grabens (graben) ou demi-grabens.

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Les failles normales crustales sont souvent listriques, c'est-à-dire que leur pendage change avec
la profondeur. Les mouvements de blocs ont une composante rotationnelle.
Proche de la surface, les rifts semblent souvent symétriques. Mais en profondeur, il est fréquent
qu’une des failles apparaissent comme une faille maîtresse, sur laquelle les failles du côté
opposé (failles antithétiques) viennent se brancher.

Figure 62: Un exemple de graben dissymétrique, le fossé d’Alès


Exemples de rifts :
- Rift de l’Europe occidentale qui se présente comme une dépression dominée par les
hauteurs appelées épaulement ;
- Rift des Afras (à l’ouest de la mer rouge)
- Rift continental africain dans son angle Sud-Ouest
- Rift du golfe d’Aden prolongement de la ride océanique de Carlsberg

c. Bassin en extension
Un bassin en extension est la structure formé d’ensemble de horst et de graben de 30 km à 40
km de large se répétant périodiquement.

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2. Tectonique en compression
Il s’agit des Uplifts ou Ecailles de socle. Les uplifts sont des soulèvement d’une structure qui
résulte de maux de failles gigantesques affectant le socle qui forme lui-même de grands
monoclinaux, portés à une altitude de 3 à 4 km.
EX : Uplifts de montagnes rocheuses Ouest américaines, ceux des Aples continentales.

Les failles inverses forment rarement de grands systèmes tectoniques à elles seules ; on les
trouve associées le plus souvent à des chevauchements ou des décrochements (zones localement
compressive).
Elles peuvent prendre une importance particulière dans quelques cas :

a. Inversion tectonique de bassins


C’est le cas dans les chaînes de montagnes comme la chaîne alpine ; les demi-grabens de la
marge passive de l’Océan Alpin sont « inversés », c'est-à-dire que les failles normales ont un
nouveau jeu, cette fois inverse.

b. Failles inverses associées aux décrochements


Dans des zones compressives sur des décrochements, on peut former des failles inverses
branchées sur la faille principale (structures en fleur, flower structures).

c. Chevauchements
Les chevauchements sont l’élément constitutif des chaînes de montagnes, qui sont des piles de
nappes à l’échelle crustale, voire lithosphérique.
Les chevauchements peuvent s’imbriquer pour former des structures complexes (duplex), entre
un chevauchement basal (basal thrust) et un chevauchement sommital (roof thrust).

Figure 63: Système de duplex


De façon générale, les chevauchements se propagent vers l’avant-pays des chaînes de montagne
au cours du temps.

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3. Tectonique en décrochement
Les failles décrochantes (strike-slip fault) présentent des caractères différents selon qu’il s’agit
de failles transformantes, en limite de plaque (transform faults), qui peuvent relier des zones
avec des régimes tectoniques différents ; ou de failles coulissantes (usage rare en Français, mais
transcurrent fault est un terme commun en Anglais) quand il s’agit simplement de
décrochements loin de limites de plaques.

a. Structures associées aux décrochements


Les décrochements sont rarement de « simples » failles verticales ; on trouve de nombreuses
structures associées :
- Irrégularités sur la faille (stepovers) : rides compressives et « pull-aparts »
- Rotations de blocs
- Failles transpressives et transtensives (transpression, transtension)
La plupart des décrochements ne sont pas de « purs » décrochements, mais des zones mixtes
avec décrochement et compression ou extension. Dans ce cas, la déformation est le plus souvent
partitionnée entre des structures purement décrochantes (la faille principale) et des structures
compressives ou extensives, parallèles à la faille, qui découpent des « pop-ups » ou des bassins
d’effondrement le long de la faille (structures en fleur extensives ou compressives).
Exemples : sillon houiller en extension ; pop- ups dans le Languedoc en compression.

Figure 64: (a) Transtension (b) Transpression


b. Failles coulissantes continentales
On les trouve dans différents contextes :

➢ Convergence oblique
Si la convergence est oblique, on forme une chaîne de montagne mixte, décrochante et
convergente ; on a là encore partitionnement de la déformation entre des structures de type
chevauchement, et des décrochements.

➢ Indentation
La collision par exemple de l’Inde dans la plaque asiatique, résulte dans l’expulsion latérale de
blocs rigides, avec un déplacement différentiel accommodé sur des grands décrochements en
Asie du Sud Est.
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Figure 65: Indentation de l’Asie par l’Inde
➢ Association avec des ceintures de plis et chevauchements
Dans le cas de σ1 horizontal (compression), on peut former des failles inverses associés à des
plis (si σ3 est vertical et σ2 parallèle aux structures) ; mais si on inverse σ2 et σ3, on forme des
décrochements conjugués. Pour peu que les valeurs des deux soient voisines, il est très facile
d’inverser ces deux directions et de former des associations de plis/chevauchements, et de
décrochements (exemple classique du Jura).

➢ Relais dans des systèmes compressifs ou extensifs


Enfin, ils sont fréquents que des zones extensives (rifts) ou compressives soient décalées de
quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres, et soient reliés par des failles décrochantes
(relais décrochants).

c. Failles transformantes
Les failles transformantes (transform, ou transfer faults) sont des limites de plaques. Elles
connectent des limites divergentes ou convergentes entre elles. Leur déplacement accommode
la différence entre les mouvements sur les deux limites connectées ; les limites ainsi reliées ne
sont pas à interpréter comme des marqueurs passifs.

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Figure 66: Failles transformantes
VI. RELATION ENTRE FAILLE ET TOPOGRAPHIE
Lorsqu’une faille atteint la surface, elle s’exprime dans la topographie en séparant un secteur
en relief d’un secteur bas. Ces secteurs sont appelés gradins de faille. Tant que la faille est jeune
et n’a pas encore été atteint par l’érosion, le relief est abrupt et est à la verticale du plan de faille.
On l’appelle escarpement de faille.
Par la suite, l’érosion fait reculer le versant du gradin surélevé. Le relief principal n’est plus à
l’aplomb du plan de faille, on parle d’escarpement de ligne de faille.
Lorsque l’érosion a ramené les deux gradins à un même niveau, on parle de faille nivelée.
Enfin, si la couche de gradin initialement surélevé mis à l’affleurement est plus tendre que celle
du gradin initialement abaissé, l’érosion l’attaque plus rapidement ; on aboutira à une inversion
du relief ; le gradin abaissé lors du mouvement devenant plus élevé dans la topographie.

Figure 67: Illustration faille-érosion-topographie (1 et 2 sont des blocs)


VII. PLI-FAILLE
Lorsqu’une poussé de faille affecte un gradin de faille surélevé, celui-ci peut se coucher sur le
gradin affaissé donnant une structure particulière appelée « pli-faille ». Le plan de faille est
courbé à la partie supérieure pour devenir subhorizontal alors qu’il reste subvertical en
profondeur.

Figure 68: Pli-faille

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CHAPITRE V : MESURE DES OBJETS STRUCTURAUX SUR LE
TERRAIN

Un géologue doit caractériser l’orientation dans l’espace des structures qu’il observe sur le
terrain : stratification, schistosité, linéation, faille, fracture, pli, etc. La forme de ces structures
peut être ramenée à deux figures géométriques très simples : le plan ou la droite (ou un
ensemble de plans ou de droites). De plus, l’orientation d’un plan peut être définie à partir de
l’orientation des droites qu’il contient. Dans la pratique, il suffit donc de savoir mesurer
l’orientation dans l’espace d’une droite sur le terrain pour pouvoir y caractériser celle d’une
structure géologique.
L’attitude est l’ensemble des paramètres permettant de caractériser une droite ou un plan, à un
parallélisme près. Les mesures d’attitude se font directement sur le terrain à l’aide de la
boussole et du clinomètre. Il existe des boussoles à clinomètre. Alors que la boussole mesure
les orientations, le clinomètre mesure les inclinaisons de l’élément à orienter. Les composantes
de l’attitude sont :
- L’orientation par rapport aux points cardinaux qui détermine la direction et
- Le pendage qui exprime l’inclinaison en valeur angulaire

Dans ce chapitre, nous verrons la terminologie des objets exprimés en valeur, le matériel de
mesure ainsi que les méthodes de mesure.

I. TERMINOLOGIE
1. Direction
La direction d’un plan ou d’une couche est la direction d’une horizontale de ce plan. Sa mesure
est celle de l’angle entre la direction du nord géographique et l’horizontale du plan. La mesure
se fait à l’aide d’une boussole puis est corrigé de la déclinaison magnétique. Une direction est
toujours comprise entre 0 et 180°.

Figure 69: Direction d’un plan (angle et droite de référence)


Exemple : une direction de N30 (Nord 30°) signifie que l’on peut mesurer, dans le sens des
aiguilles d’une montre et dans le même plan horizontal, un angle de 30° entre la direction du
Nord donnée par l’aiguille de la boussole et une ligne horizontale du plan.

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2. Pendage
C’est le concept scientifique correspondant à la notion intuitive de pente d’un plan. Il possède
une valeur et un sens.
La valeur du pendage est celle de l’angle entre la ligne de plus grande pente du plan (toujours
perpendiculaire à une horizontale du plan, on dit que le pendage est perpendiculaire à la
direction) et sa projection sur le plan horizontal (qui contient cette horizontale). Le pendage a
une valeur d’angle (en degré) et en mesuré à l’aide du clinomètre.
Le sens du pendage est la direction de la ligne de plus grande pente vers le bas. On l’exprime à
l’aide des directions de la rose des vents.
Exemple : pendage NNW. On dit que le plan ou la couche pend vers le NNW.

Figure 70: Relations entre ligne de plus grande pente, direction et azimut d’un plan à
mesurer
La direction est perpendiculaire à la ligne de plus grande pente et à l’azimut. Ici, les limites des
plans ont été choisies pour visualiser le mieux possible les relations angulaires entre azimut,
direction et ligne de plus grande pente. Ainsi le plan à mesurer est limité par une horizontale en
haut et en bas et par une ligne de plus grande pente sur ses côtés.

3. Plongement
C’est l’équivalent, pour les lignes, de la notion de pendage pour les plans. Il a une valeur qui
est celle de l’angle entre la ligne et sa projection sur le plan horizontal, mesuré dans le plan
vertical qui les contient, et un sens qui est la direction vers laquelle la ligne s’abaisse ou
descend.

Exemple : un plongement de 60° vers l’Est.


Lorsqu’une ligne est portée par un plan dont on a repéré l’orientation (direction et pendage), il
est souvent plus commode de mesurer l’orientation de la ligne par rapport au plan qu’il apporte
que de mesurer directement sa direction et son plongement.
On mesure pour cela le « pitch (angle de chute) » de la ligne, qui est l’angle entre ligne et une
horizontale du plan porteur, mesuré directement sur plan avec un rapporteur.

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4. Azimut
En géologie structurale, c’est une orientation du plan vertical qui contient cette droite. Il est
caractérisé dans un plan horizontal par l’angle compris entre 0 et 360° que forme ce plan vertical
avec le plan vertical qui contient la direction du Nord Géographique. Pour caractériser un plan,
on mesure l’azimut d’une ligne horizontale du plan vertical qui contient sa ligne de plus grande
pente. Par extension, ligne virtuelle horizontale comprise dans le plan vertical qui contient la
ligne de plus grande pente du plan ou l’élément linéaire à caractériser. L’Azimut est
perpendiculaire à la direction d’un plan et se confond avec la direction pour un élément linéaire.
Contrairement à la direction, l’azimut a un sens. C’est celui du plongement de la ligne de plus
grande pente du plan ou de l’élément linéaire à caractériser.

Exemple : un azimut de N300 (Nord 300°) signifie que l’on peut mesurer, dans le sens des
aiguilles d’une montre et dans le même plan horizontal, un angle de 300° entre la direction du
Nord donnée par l’aiguille de la boussole et une ligne horizontale située dans le plan vertical
qui contient la ligne de plus grande pente du plan. Il est possible de calculer la direction à partir
de l’azimut puisque ces deux droites sont perpendiculaires. Un azimut N300 correspond à une
direction de 30° avec un plongement vers le NW. Par contre, pour calculer un azimut à partir
d’une direction, il est nécessaire de savoir vers où plonge la droite de référence. Une direction
de N30 peut correspondre à un azimut de N300 ou de N120.

Figure 71: Azimut d’un plan (angle et droite de référence)


La mesure est comprise entre 0 et 360°. Attention à la perspective ! La ligne de plus grande
pente est perpendiculaire aux horizontales. Ici les limites du plan à mesurer ne correspondent
ni à des horizontales, ni à des lignes de plus grande pente !

5. Localisation
Le repérage d’un objet dans l’espace nécessite de déterminer sa localisation (où est-il ?) et son
orientation ou attitude (comment est-il orienté à cet endroit). On l’exprime à l’aide de
coordonnées. Ici nous utiliserons les coordonnées géographiques.

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a. Latitude
Angle dièdre formé en un lieu donné par la verticale du lieu et le plan de l’équateur. Elle est
mesurée de 0 à 90° de l’équateur vers les pôles et il faut préciser « latitude N » ou « latitude
S ».

b. Longitude
Angle dièdre formé en un lieu donné par le méridien du lieu et le méridien de référence
(méridien de Greenwich). On la mesure de 0 à 180° vers l’Ouest ou l’Est.

c. Altitude
C’est la distance verticale entre le plan horizontal passant par l’objet considéré et un plan de
référence zéro qui constitue pour la surface moyenne des océans (niveau 0 de la mer).

II. MATERIEL DE MESURE : BOUSSOLE ET CLINOMETRE


L’orientation d’un plan ou d’un droite est mesuré par la boussole (direction) et le clinomètre
(pendage).
Grâce à un système de graduation spécifique, la boussole permet de mesurer, dans un repère
horizontal, l’angle entre la direction Nord­Sud donnée par l’aiguille de la boussole et une droite
horizontale caractéristique de l’orientation du plan ou de l’élément linéaire. Grâce à un
clinomètre ou une charnière graduée, elle permet la mesure du plongement d’une droite (angle
avec le plan horizontal dans le plan vertical qui la contient).
La boussole est graduée de 0 à 360° dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (graduation
externe). Le clinomètre quant à lui se limite à 180°.
Une boussole peut contenir en même temps un clinomètre. Il existe plusieurs modèles de
boussole.
Exemple de boussoles

Figure 72: Boussole d’orientation simple


Boussole d'orientation simple avec loupe, centimètre et échelle de 1:25 000 et 1:50 000.
Points cardinaux fluorescents, Corps en plastique avec lacet ; Dimensions : 65 x 113 mm, Poids
50g.

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Figure 73: La boussole Silva Ranger S
La boussole Silva Ranger S est équipée d’un grip en caoutchouc DryFlex pour une manipulation
facile et d’une échelle de déclinaison intégrée à la capsule pour permettre son utilisation en tout
lieux. Une loupe, des échelles de mesures cartographiques en mm ainsi qu’au 1/25 000e et au
1/50 000e intégrées à la plaquette, complètent son équipement. La Ranger S bénéficie en plus
d’une assistance par inclinaison à 45 degrés dans la fonction visée miroir. C'est une boussole
indispensable partout dans le monde pour les utilisateurs avertis.

Figure 74: La boussole Konustar


Idéal pour les géologues et les étudiants entièrement en métal, remplie de liquide avec
clinomètre, bulle de niveau, fixation du trépied, oculaire de pointage réglable pour la lecture.
Cadran pivotant de 360°, Echelle métrique graduée, Lentille ou prisme de lecture en verre.

III. METHODES DE MESURE


On distingue deux méthodes de mesure pour caractériser l’orientation d’un plan ou d’un
élément linéaire : la méthode de la direction et la méthode de l’azimut.

1. Méthode des directions


Pour un plan, on mesure l’angle compris entre 0 et 180° entre la direction et l’aiguille de la
boussole. La mesure est complétée par la mesure du plongement de la ligne de plus grande
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pente qui est également le pendage du plan. Dans cette méthode, il faut préciser vers où pend
la ligne de plus grande pente.

Exemple : N 30, 60 NW caractérise un plan dont les lignes horizontales font un angle de 30°
avec l’aiguille de la boussole et dont le pendage est de 60° vers le NW.

Figure 75: Exemple de notation sur le carnet de terrain pour un plan


La lettre avant la mesure indique une direction (N30) alors que la mesure avant les lettres
indique un pendage (60NW ou 60SE). Le dessin permet de vérifier la cohérence de la mesure ;
il est donc indispensable.

Pour une ligne, direction et azimut sont confondues mais dans la méthode de direction la mesure
s’effectue entre 0 et 180° et il est nécessaire de préciser vers où plonge la ligne.

Figure 76: Exemple de notation sur le carnet de terrain pour une ligne
2. La méthode de l’azimut
Pour un plan, on mesure l’angle compris entre 0 et 360° entre l’azimut et la direction du nord
donnée par l’aiguille de la boussole. La mesure est complétée par la mesure du plongement de
la ligne de plus grande pente.

Figure 77: Notation avec la méthode des azimuts (flèche) d’un plan et relation avec la
direction
La lettre avant la mesure indique un azimut (N120 ou N300). La valeur de l’azimut entre 0 et
360° définit vers où pend la ligne de plus grande pente.

Pour une ligne, la méthode reste la même.

Parfait Yao, Ingénieur des Mines 58


parfaityao69@gmail.com
Figure 78: Notation avec la méthode des azimuts (flèche) d’une ligne.
3. Choix de la méthode
En général, le géologue s’en tient à une méthode de mesure qui a sa préférence (voir une
combinaison des deux). Souvent la méthode des directions est préférée en géologie structurale
pour les arguments suivants :
La manipulation de nombres peu élevés (0 à 180° pour 0 à 360° pour la méthode de l’azimut)
est plus facile.
- On obtient des valeurs voisines pour les directions des deux flancs opposés d’un pli.
- Il semble plus facile de se représenter un plan par sa direction et sa ligne de plus grande
pente (le T des cartes) que par le seul azimut.
- Direction d’un plan et directions cartographiques régionales sont un même type de
mesure (direction cartographique d’une couche, d’un filon, d’un axe de pli...).
- La méthode de l’azimut ne permet pas de définir les plans verticaux qui sont très
importants. Par exemple, la direction axiale d’un pli est donnée par la direction de ses
couches verticales.

A l’inverse, la méthode de l’azimut est parfois préférée des étudiants car elle ne nécessite pas
de se soucier du sens de plongement, surtout avec certaines boussoles. Elle peut être plus rapide
que la méthode de la direction pour un utilisateur expérimenté.

Pour le débutant, il faut comprendre les deux méthodes. C’est le meilleur moyen de ne pas se
tromper quand il faut passer à l’application et mesurer sur le terrain avec la boussole dont on
dispose.

IV. REPRESENTATION

Sur le carnet de terrain, l’orientation d’un plan est notée par un T pour un plan. Le sommet du
T marque l’orientation de la direction, la barre verticale la direction et le sens de l’azimut. La
longueur de la barre peut être utilisé pour caractériser l’importance du plongement.
Par convention, le bord latéral de la feuille du carnet est orienté NS avec le N vers le haut.

Figure 79: Exemple de notation graphique de plans sur le carnet de terrain.

Parfait Yao, Ingénieur des Mines 59


parfaityao69@gmail.com
L’orientation d’une ligne est généralement notée par un segment de droite accompagné d’un
symbole disposé du côté opposé au plongement.

Figure 80: Exemple de notation graphique de lignes sur le carnet de terrain

RÉFÉRENCES

Yves Missenard, Jacques Mercier, Tectonique, 4e édition, Dunod


Jean-François Moyen, cours de Géologie Structurale, Licence STE – S5, Septembre 2009
JL Potdevin, 20/12/2008

Parfait Yao, Ingénieur des Mines 60


parfaityao69@gmail.com

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