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UNIVERSITE DE KOLWEZI

FACULTE DES SCIENCES


Département de géologie

GEOCHIMIE GENERALE
Notes de Cours à l’usage des Etudiants de :

Troisième Graduat GEOLOGIE

Par Pr. Pierre MASHALA TUMONE

Docteur en Sciences géologiques

Edition 2012/2013
Cours de Géochimie Générale

CHAPITRE I : INTRODUCTION

I.1. Définition et objectifs

La géochimie est une discipline des sciences de la Terre qui étudie : (1) la composition
chimique et isotopique des matériaux géologiques (les roches, les minéraux, les eaux et les
gaz), (2) les caractères et le comportement dans l’écorce terrestre des différents éléments,
c.à.d. leur distribution quantitative, leurs combinaisons, leurs migrations (dispersion,
concentration) et (3) qui tente d’expliquer ces processus pour les rendre utilisables.

La géochimique offre aujourd’hui une vision globale de l’abondance, de la distribution et du


comportement des éléments chimiques dans la plupart des processus géologiques qui
marquent l’évolution de notre planète ; elle permet une classification et une
compréhension de plus en plus fine de la genèse et de la dynamique des systèmes
géologiques, ainsi que l’établissement de cycles et de bilans géologiques, c.à.d. la
quantification des transferts de matière et d'énergie au sein de la Terre, la quantification des
interactions entre ses différentes enveloppes. La connaissance de ces cycles offre alors la
possibilité de reconstituer l’histoire de la terre, de comprendre les phénomènes géologiques
actuels et de mieux gérer les ressources et les matériaux terrestres.

Après une période d’analyse systématique et comparative des objets géologiques, la


géochimie est devenue aujourd’hui une science prédictive, basée sur des lois physiques et
chimiques. Les géochimistes modélisent quantitativement les phénomènes
géochimiques et confrontent ces modèles avec la réalité géologique.

Dans ses ramifications théoriques et appliquées, la géochimie couvre aussi bien des
processus endogènes qu'exogènes, sur du matériel organique ou inorganique. Ainsi,
l'application des méthodes de la géochimie à l'étude des êtres vivants a donné naissance à
la biogéochimie.

D'un point de vue applicatif, les buts de la géochimie sont, entre autres :
 la détermination de la composition des différentes enveloppes terrestres et de leur
évolution, des hautes couches de l'atmosphère à la graine ;
 la quantification des transferts de matière et d'énergie au sein de la Terre ; la
quantification des interactions entre ses différentes enveloppes ;

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 la détermination de l'âge des roches et des événements ayant affecté la Terre, par le
biais de la géochronologie ;
 l'étude des conditions environnementales passées (paléoenvironnements).

Les deux plus grands domaines en restent toutefois l'étude des roches (de profondeur ou de
surface) sur Terre ou dans les autres systèmes planétaires et la géochronologie.

I.2.Historique
Le mot géochimie a été introduit en 1838 par C.F.Schönbein, un chimiste suisse qui
découvrit l’ozone. Déjà les premiers chimistes, comme Lavoisier, tentèrent de comprendre
l’histoire des éléments. Mais ce sont surtout des minéralogistes qui furent à la source de plus
grands progrès.

L’américain Clarke publia, en 1908, les premières études sur la composition de l’écorce
terrestre. Le Russe V.I. Vernadski proposa en 1917 une classification géochimique des
éléments qui ne fut pas retenue car, fondée sur divers critères, et donc difficilement
utilisable. La classification moderne est celle de V.M. Goldschmidt (1888-1947) qui, en
relation avec le système périodique, s’appuie sur les affinités que présentent les éléments
pour les différents matériaux qui constituent l’écorce terrestre.

La recherche des minerais fut un des moteurs de la géochimie. Elle s’applique notamment à
de disciplines telles que la pédologie ou la prospection (pétrole, éléments radioactifs, etc.).

I.3. Les outils de la géochimie.


La géochimie utilise les techniques analytiques de la chimie minérale. Elle a connu un essor
important dans la deuxième moitié du XXe Siècle avec le développement d’outils performants
pour le dosage et l’analyse quantitative des éléments chimiques et de leurs isotopes. Pour
l’analyse de la composition chimique des matériaux géologiques, la géochimie utilise les
techniques d’analyse chimique et isotopique développées en physique et en chimie. Mais la
complexité des objets étudiés et la grande précision requise par les modèles géochimiques
ont nécessité l’adaptation de ces techniques à la nature spécifique des objets étudiés.

Les développements actuels concernent l’utilisation de lasers et de faisceaux d’électrons ou


d’ions pour l’analyse directe des échantillons géologiques. La difficulté pour ces techniques

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d’analyses consiste à analyser une très petite quantité de matière vaporisée par le faisceau,
ce qui nécessite des appareils d’une très grande sensibilité.
1.4. Plan du cours
I. Introduction : Définition, objectif, historique et outils de la géochimie.
II. La Terre dans le Système Solaire.
III. Classifications géochimiques des éléments.
IV. Composition de la Terre.
V. Géochimique des éléments en traces en processus magmatiques.
VI. Notions de Géochimie isotopique.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Allègre, C.-J. & Michard, G.1973 : Introduction à la géochimie, P.U.F, 220 p.


Albarède, F., 2001 : La géochimie. Ed.Gordon and Breach, Collection Géosciences, 190 p.
Dubois, M. 2002 : Processus géochimiques de surface ; htt://www.univ-lille1./cours/mbg-
web/processus-2.html.
Dubois, M. 2002 : Eléments de base de Géochimie des isotopes stables ; htt://www.univ-
lille1./coursgéochimie-isotopique…
Goossens, P.J. 2002 : Exploration minière. Les éditions de l’Ulg, 336p.
http.//wwwdsa.uqac.uquebec.ca/~mhiggins/cours/6sct265/
htt.//www.univ-lille1.fr/geoscience/cours/.htm
Mason, B. 1964: Principles of Geochemistry, John Willey & sons, Inc., New York, 310 p.
Rollinson, R.H. 1995: Using geochemical data: evaluation, presentation, interpretation.
Pearson Education Limeted, Harlow, 532 p.
Shaw, D.M. 1964 : Interprétation géochimique des éléments en traces dans les roches
cristallines. Masson&Cie, 237 p.
Steinberg, M., Touray, J.-C., Treuil, M. & Massard, P. 1979 : Géochimie : principe et
méthodes, Doin, 2 tomes.
Tardy, Y. 1993 : Pétrologie des latérites et des sols tropicaux, Masson, 459 p.
Vidal, Ph., 1998 : Géochimie, Dunod, 190 p.
Tableau de Mendeleïev : http://www.tableauperiodique.be/archi.htm;
http://www.webelements.com/
Nucléosynthèse : http://www.astronomes.com/http://www.astrosurf.com/lombry/cosmos-
creation.htm
Table des nucléides : http://wwwndc.tokai.jaeri.go.jp/CN03/index.html

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CHAPITRE II : LA TERRE DANS LE SYSTEME SOLAIRE.

II.1. Création du système solaire.

A. Phase de condensation
Le système solaire s’est formé à partir d’un nuage originel de gaz et de poussières
(nébuleuse gazeuse), large de 50 milliards de km, dont la composition était identique à celle
du soleil. Cette nébuleuse protosolaire a dû subir une concentration gravitaire qui provoqua
une différence thermique entre bordures froides et centre chaud ; ce centre devient le soleil
contenant presque la totalité des poussières et gaz (99,8%).

La matière en bordure se disposa en forme de disque, animé d’un mouvement de rotation


autour de ce centre. Alors que le centre de la nébuleuse protosolaire se réchauffait, le disque
au contraire, se refroidissait en rayonnant de l’énergie dans l’espace. Comme la pression
était très faible, le refroidissement des molécules de gaz provoqua leur condensation
directement en solides, c.à.d. en grains minuscules que l’on nomme condensats. C’est la
phase de condensation qui aurait duré moins de 2 Ma.

B. Phase d’accrétion.
Les mouvements mis en œuvre dans la nébuleuse ont favorisé la rencontre et l’agrégation
des condensats, produisant ainsi des noyaux de plus en plus massifs. Au début, l’agrégation
fut principalement causée par des forces magnétiques et électrostatiques. A mesure que leur
masse s’accroissait, les noyaux étaient devenus des attracteurs gravitationnels importants
c.à.d. des météorites puis des planétoïdes, attirant vers eux de plus en plus de matière.
Après quelques dizaines de Ma, un certain nombre de gros noyaux ou protoplanètes,
réchauffés par leur gravité s’étaient formés et avaient achevé d’attirer le reste de
poussières, roches et autres débris qui trainaient dans le disque nébulaire. C’est le
processus de la formation planétaire par accrétion. Cette phase a naturellement été
ponctuée de nombreuses collisions cataclysmiques et d’une forte activité météoritique dont
certains corps célestes, comme la lune ou le mercure, conservent encore la trace. Cette
phase dura quelques dix millions d’années !

C. Phase de différenciation des planètes et composition prégéologique de la Terre


L’accrétion des planètes s’était produite selon une séquence qui dépendait de la quantité de
matière disponible et de la température, et donc de leur distance au soleil. Il était donc

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apparu très tôt une hétérogénéité d’origine dans la nébuleuse qui se traduit par la présence
de deux cortèges de planètes : (1) les planètes joviennes et (2) les planètes telluriques.

La terre est l’une des planètes du système solaire qui constitue avec Vénus, Mars et
Mercure des planètes intérieures ou telluriques. Il s’agit des planètes rocheuses structurées
en couches de nature et d’épaisseur différentes. Elles présentent une surface solide et une
densité moyenne allant de 3,3 à 5,5. Par contre, les planètes externes dites joviennes
(Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) sont des planètes géantes, gazeuses, de faible
densité (0,7 à 1,5) et entourées d’anneaux et de nombreux satellites. Pluton, très éloigné du
soleil, constitue un gros planétoïde.

Les astéroïdes et les planètes, portés à température élevée par les collisions fondent en se
différenciant. Un rôle important est donc désormais accordé aux collisions. Ainsi de violents
bombardements par de blocs et de planétésimaux se sont poursuivis pendant un milliard
d’années, entre 4450 et 4350 Ma.

La terre primitive s’est ainsi formée par accrétion de poussières, blocs et planétésimaux dont
les collisions et la désintégration des éléments radioactifs (U, Th) libéraient de l’énergie. En
conséquence, la température s’est fortement élevée (2000°C) et un important volcanisme a
permis le dégazage d’une partie du manteau supérieur. En surface on trouvait alors, sur
environ 500 km d’épaisseur, des péridotites fondues ; en profondeur, avec l’intervention de la
pression, la péridotite reste à l’état solide alors que le fer reste liquide et percole.

La structure de la Terre est donc passée par un stade prégéologique où l’on trouvait, de la
périphérie vers le centre :
- 500 km de péridotite liquide ;
- 2000 km de péridotite solide dans laquelle transitait et percolait du fer liquide ;
- Un noyau de fer liquide qui grossissait avec les apports venant de la surface.

On estime que la formation du noyau interne liquide a dû être terminée en moins de 60 Ma.
Le refroidissement de ce noyau est très lent et sa cristallisation donne la graine ou noyau
interne. Cette cristallisation libère de l’énergie qui est à l’origine du champ magnétique
terrestre : celui-ci est engendré par le flux turbulent de la partie liquide du noyau externe.

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2.3. Abondance cosmique et Nucléosynthèse.

A. Abondance cosmique
La composition du système solaire nous est donnée par l’analyse spectroscopique de la
lumière émise par le soleil. Comme celui-ci constitue 99,8% de masse du système solaire,
on pense que sa composition est représentative de l’ensemble du système, d’où l’expression
de l’abondance cosmique pour désigner sa composition. En effet, la matière des couches
supérieures du Soleil est en général considérée comme une référence. Cette matière
superficielle n'est pas transformée par les réactions nucléaires qui n'ont lieu que dans le
noyau, on peut donc considérer que sa composition n'a guère varié pendant l'histoire du
Soleil, et qu'elle est assez semblable à celle de la nébuleuse qui a formé le Système Solaire
il y a plus de 4 milliards d'années.

Le tableau suivant donne l'abondance des principaux éléments de la photosphère solaire.


On voit que l'Hydrogène et l'Hélium en sont les constituants essentiels, et que les 4 éléments
les plus abondants représentent plus de 99 % de la masse, soit encore plus en nombre
d'atomes, puisqu'il s'agit d'éléments légers.
Numéro Proportion en Proportion
Elément Symbole
atomique nombre d'atomes en masse

Hydrogène H 1 94 % 73 %

Hélium He 2 5,9 % 25 %

Oxygène O 8 0,06 % 0,8 %

Carbone C 6 0,04 % 0,3 %

Néon Ne 10 - 0,1 %

Azote N 7 - 0,1 %

Silicium Si 14 - 0,07 %

Magnésium Mg 12 - 0,05 %

Soufre S 16 - 0,04 %

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Cette composition chimique du système solaire a été normée à 106 atomes de Si et


présentée en fonction du numéro atomique (Z) des éléments : c’est le Diagramme de
l’abondance cosmique des éléments. L’examen de ce diagramme montre que
l’abondance relative d’un élément chimique dans l’univers est essentiellement fonction de sa
masse atomique : elle décroit en général lorsque celle-ci augmente. Depuis l’hydrogène
(Z=1), on observe une décroissance non régulière jusqu’à la masse 45 (Scandium), puis une
augmentation des abondances relatives avec un maximum constituant le « 
pic du fer »
(masse 56). Au-delà de ce pic, l’abondance relative des éléments plus lourds diminue moins
rapidement, et est marquée par quelques irrégularités.

Diagramme de l’abondance cosmique des éléments

Dans le détail, on constate :


1) une irrégularité dans le début de la courbe : les éléments légers, Li, Be, B, sont moins
abondants que les suivants immédiats : C, N, O.
2) les éléments de Z pair sont plus abondants que ceux de Z impair : c’est la loi d’Oddo-
Harkins ; ceci reflète une grande stabilité des noyaux dont les nucléons sont appariés et
indique que l’abondance des éléments dépend de la constitution de leur noyau et non de
leurs propriétés chimiques qui, elles, sont liées à leur configuration électronique.

B. Nucléosynthèse
L’abondance des éléments dans l’Univers résulte d’un ensemble de processus physiques et
d’une série des réactions thermonucléaires nommé « Nucléosynthèse » et qui conduit à la
synthèse des noyaux atomiques. On distingue :

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a) Une nucléosynthèse primordiale, qui a lieu durant les premières minutes de


l’univers, et qui est responsable de la formation des noyaux légers tels que H, He,
Li…
b) Une nucléosynthèse stellaire qui a lieu dans les étoiles, elle crée une grande partie
des éléments entre Li et Fe.
c) Une nucléosynthèse dans les supernovae produit la plupart des éléments plus
lourds que Fe ;
d) Une nucléosynthèse interstellaire ou spallation cosmique responsable de la
production des éléments légers tels que : Li, Be, B,… lors de bombardement de
matière par rayons cosmiques.
Les processus nucléosynthétiques sont :
 la fusion. Elle a lieu au cœur des étoiles de petite taille come le soleil ; ainsi : 
- Lorsqu’au centre du soleil, la To dépasse 2x107°C et la densité 100 g/cm3, les noyaux
d’hydrogène fusionnent pour aboutir à la formation d’hélium (4x1H=4He).
- La production d’He s’accompagne d’une augmentation de T et de densité. C’est ainsi
qu’à la To de l’ordre de 2x108°C et à la densité de 10 5g/cm3, Il ya la formation de 12
C
par fusion d’hélium (3x4He), puis celle de l’oxygène (4x4He=16O).
- A la To de 2x109°C, il ya formation de Mg, S, Ca et Si par coalescence ou fusion
d’atomes d’He. Puis, par fusion de deux atomes de Si, on aboutit à la formation du fer
(2x28Si=56Fe).

Comme le passage par fusion à l’élément suivant encore plus lourd requiert chaque fois plus
d’énergie pour vaincre la répulsion des noyaux de plus en plus lourds, l’abondance des
éléments diminue quand croît leur numéro atomique. Une exception concerne cependant le
fer dont le pic s’explique par une particulière stabilité de son noyau : en effet, comme
l’augmentation de la To n’est plus capable, à ce niveau, de créer de nouveaux éléments, tout
arrangement plus lourd est instable et transmute en éléments de la famille de fer, d’où son
abondance exceptionnelle.
 l’addition ou l’absorption des neutrons par des noyaux.
On distingue :
(1) le processus d’addition lente ou processus « s » (de slow ou lent) qui intervient
concurremment à la production du fer dans le cœur de l’étoile au cours de la
phase « géante rouge ». Il rend compte de la production des éléments jusqu’au
Bi (dernier isotope stable).
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(2) le processus « r » (de rapide) permet l’apparition des éléments radioactifs lourds
tels que Th, U, 244Po.
 les réactions de spallation surviennent lorsque la matière est bombardée par les
atomes de 12C et 16O issus de l’explosion d’une supernova. C’est un cas particulier de
nucléosynthèse qui concerne et explique surtout l’abondance de Li, Be, B.

2.4. Séquence de condensation des minéraux du système solaire.


Pour expliquer comment des corps planétaires à chimisme varié ont pu se différencier, à
partir d’une nébuleuse protosolaire globalement homogène, on invoque la théorie de la
séquence de condensation. Ainsi :
 De 1700K à ≅ 1500 K : condensation des éléments les plus réfractaires tels que : Zr,
Re, Os, Tr, Th, U, oxydes de Al, Ca, Ti (spinelles ?).
 A 1390 K : condensation de silicates de Ca, Mg et des alliages de Fe-Ni-Co,
 1370-1200 : condensation des silicates de Mg-Fe (olivines, pyroxènes) ;
 De 1200 à 1000 K : condensation des silicates de Cu, Ge, Ga, suivie de celle des
alcalins (Na, K, Rb)
 A 750K : quelque 70% de la matière a été condensée, et les trois groupes :
condensats de haute température, Fe-Ni et silicates de Mg constituent plus tard les
corps rocheux.
 En dessous de 750K, se condensent les éléments les plus volatils tels que S, Pb Bi,
In, Te, et H et les minéraux hydratés. C’est à ce stade qu’apparaissent les sulfures et
les oxydes, les produits de réaction des métaux avec le S et l’eau. Enfin, la
condensation des minéraux de BT tels que les argiles.

Les différences de composition globale des planètes peuvent être expliquées grâce à cette
théorie. En effet, suivant leur contexte de refroidissement, les corps planétaires sont peu ou
pas différenciés par rapport à la nébuleuse initiale, ou au contraire s’en écartent
sensiblement.

Les planètes telluriques, les plus proches du soleil, sont globalement appauvries en
éléments et composés volatils, mais enrichis en éléments réfractaires et ce, à de degrés
variables. Au contraire, les planètes géantes joviennes correspondent aux lieux de l’espace
où les volatils (H, He, eau,…), chassés des zones plus internes, se sont rassemblés. Leur
composition est proche de la nébuleuse initiale.

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CHAPITRE III : CLASSIFICATIONS ET AFFINITES GEOCHIMIQUES DES ELEMENTS

III.1. Classification périodique ou de Mendeleïev

Mendeleïev a démontré, en 1871, le caractère périodique des propriétés des éléments


lorsqu’ils sont ordonnés par numéro atomique. Ainsi la température de fusion (T f), l’énergie
de formation (ΔG), le rayon atomique, l’énergie d’ionisation, par exemple, varient tous de
façon cyclique lorsqu’on balaye le tableau de Mendeleïev dans l’ordre croissant de Z ; de
même les propriétés géochimiques des éléments sont fortement influencées par leurs
positions dans ce tableau. Ainsi, les familles que forment les éléments alcalins (Li, Na, K,
Rb, Cs, …), les alcalino-terreux (Be, Mg, Ca, Ba) ; la famille de titane (Ti, Zr, Hf) ; les
halogènes (F, Cl, Br, I) ; les gaz rares (He, Ne, Ar, Kr, Xe), les lanthanides ou terres
rares ; les actinides ou famille de l’Uranium, sont reconnaissables par leurs propriétés
proches parfois si proches que leur séparation chimique fut un défi (cas de Zr et Hf).

Dans la classification périodique, les colonnes, Ia, IIa correspondent au remplissage des
orbitales s, les colonnes III et VI correspondent au remplissage de p; les colonnes
intermédiaires (éléments de transition) diffèrent les uns des autres par le remplissage de d. Il
faut noter que lors de leur remplissage, les orbites d se trouvent normalement à l’intérieur
par rapport à l’orbitale s d’ordre supérieur.

III.2.Classification géochimique des éléments de Goldschmidt.


Les éléments ont donc été classés en fonction de leur affinité pour les phases minérales qui
composent les météorites: silicates, sulfures, fer, etc.
a) Les éléments lithophiles : Sont ceux qui présentent une affinité avec les silicates : H,
Li, O, F, Na, Mg, K, Si, Al, Ti, Mg, Ca, Ti, V, Cr, Mn, Fe, Co, Ni, Zn, As, Rb, Sr, Y, Nb, Cs,
Ba, Pb, Terres rares, Zr, U, et Th appartiennent à cette catégorie. C’est la famille de loin
la plus importante.
b) Les éléments sidérophiles : Ont une affinité avec le fer métallique. On distingue des
éléments fortement sidérophiles tels que Ru, Rh, Pd, Os, Ir, Pt, et Au, et des éléments à
tendance sidérophile comme Mn, Fe, Co, Ni, Mo, Tc, Ag, Cd, In, Sn, Sb, W, Re, Hg, Pb.
c) Les éléments chalcophiles : Ce sont des éléments trouvés généralement dans la nature
sous forme de sulfures ; ils présentent des affinités pour le soufre. On a des éléments
fortement chalcophiles tels Cu et Ag et des éléments à tendance chalcophile (V, Cr, Mn,
Fe, Co, Ni, Mo, Tc, Ru, Rh, Pd, Cd, In, Sb, Te, I, W, Re, Os, Ir, Pt, Au, Hg, Pb, Bi).

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d) Les éléments atmophiles : Ce sont des éléments qui ont de l’affinité avec l’atmosphère.
Ce sont : O, N, H, gaz rares.
e) Les éléments hydrophiles : sont ceux qui ont une forte affinité pour les fluides hydratés.
Ce sont Li, Be, Cl, Nb, Mo, Sn, Au. Ils sont liés aux minéraux les plus fréquents tels les
aluminosilicates de Fe, Ca, Na, K et les oxydes de Mg et Fe.

Certains éléments bien que pondéralement moins bien représentés tels C, F, P, S et Cl ont
une importance considérable, car ils participent aux cycles organiques et aux minéraux qui
en proviennent plus ou moins directement tels que les carbonates, les sulfates, les chlorures
et les phosphates par exemple.

Ces affinités ne doivent cependant pas être prises à la lettre. En effet, les éléments tels que
le thallium, classé comme chalcophile, est communément en substitution de K dans les
feldspaths ; de même, l’oxygène classé comme lithophile est également atmophile.

Par ailleurs, la position des éléments dans le tableau périodique n’est pas quelconque. Les
lithophiles se distribuent entre les deux extrémités du tableau, les sidérophiles sont dans les
éléments de transition, les chalcophiles au centre droit, les gaz rares dans la dernière
colonne.

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III.3. Classification des éléments en fonction de leur température de condensation


Ici on distingue :
1. Les éléments réfractaires : Ce sont les éléments à haute T° de condensation comme :
Ca, Al, U, Mg, O, Terres Rares (lanthanides), Th, Cr…, Ces éléments ont tendance à se
concentrer dans les résidus solides après la fusion magmatique ou dans les tout premiers
minéraux de la différenciation magmatique (cristallisation fractionnée).
2. Les éléments volatiles ou fusibles: Ce sont les éléments à basse T° de condensation,
ils cristallisent dans le liquide magmatique tardif. C’est le cas des alcalins. Ce type de
classification rend surtout compte de différences géochimiques globales que peuvent
présenter les planètes en fonction du contexte de refroidissement.

III. 4. Classification fondée sur le rayon ou la charge ionique


On distingue :
(1) Les éléments incompatibles.
Ce sont :
 soit des éléments à gros rayon ionique et faible charge qui se concentrent
dans les liquides résiduels lors de la cristallisation des minéraux essentiels
dont la structure est trop compacte pour qu’ils s’y engagent ou préfèrent se
mobiliser dans les liquides résultant de la fusion des roches. On les appelle
LILE (acronyme anglais qui veut dire « Large Ion Lithophile Elements ») ; ce
sont K, Rb, Ba, Sr, les Terres Rares, U, Th, etc.
 soit des éléments caractérisés par le rapport z/r  (ou potentiel ionique)
élevé >2, et présentant une aptitude à former des ions complexes de
grande taille, stables dans les liquides silicatés. Ce comportement explique
pourquoi des éléments à rayon ionique faible, mais à fort potentiel ionique (ou
à fort champ électrostatique) comme Ti, Zr, Nb, Ta, Hf se comportent comme
des éléments incompatibles. Ce sont des HFSE (High Field Strength
Elements).

LILE et HFSE constituent les éléments hygromagmatophiles, concept crée par Treuil
(1973) et qui généralise celui d’éléments incompatibles.

Le degré d’incompatibilité est fonction du contexte de fusion partielle ou de cristallisation


fractionnée. Par exemple, Zr est incompatible dans la composition du manteau, mais
compatible dans la croûte acide où il entre dans la structure du zircon.
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(2) Les éléments compatibles


Sont ceux qui s’accommodent avec les minéraux essentiels et sont appauvris dans les
liquides magmatiques résiduels ou de fusion partielle. C’est le cas de Ni, Cr, etc.

III.5. Classification basée sur la solubilité des éléments dans des fluides.
En milieu hydrolytique (altération des roches, diagenèse), les éléments peuvent être classés
en fonction de leur rayon hydraté et donc en fonction de leur potentiel ionique (z/r). On
distingue donc :

Des éléments à faible potentiel ionique z/ri < 3

Parmi eux on distingue :

 Des ions à z/r<1 :¿ 1: leur taille est trop grande par rapport à leur charge, ils
présentent ainsi peu d’attirance pour la molécule d’H20, ils ne sont pas hydratés lors
de la mise en solution. C’est le cas de K, Rb, Cs.

 Des ions à z/r>1: sont hydratés et donnent des solutions alcalines.

Des ions à potentiel moyenne (3<z/r<10)

Ils sont insolubles. Ces ions réagissent avec les molécules d’eau pour former les hydroxydes
peu stables en solution. Ce sont des hydrolysats ; c’est le cas de Al3+, Fe3+ et Si4+ qui
donnent respectivement des hydroxydes Al (OH)3, Fe (OH)3 ou Si(OH)4.

Les éléments à fort potentiel ionique z/r > 10


C’est le domaine des oxyanions solubles. Ces ions de petits diamètres et de charge élevée
(C’est le cas des ions B3+, P5+, C4+, S6+,…) développent un champ électrique élevé ; l’ion H+
des oxhydryles (OH-) est libéré et l’oxygène annexé au cation pour former des anions
complexes.

Les cations du 1e groupe et les oxyanions solubles sont évacués (lessivés) par les
circulations d’eaux, ils constituent la phase migratrice, ils se recombinent plus tard pour
donner les principales roches sédimentaires (calcaire : Ca et CO3, gypse : Ca et SO4,
phosphate : Ca et PO4). Les hydrolysats insolubles restent sur place et forment la phase
résiduelle.

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Dans les fluides crustaux, la solubilité des éléments peut jouer un rôle majeur dans la
composition des roches à travers lesquelles ces fluides percolent, ainsi que dans la
composition des dépôts minéraux ou métalliques qui peuvent en résulter. Ici la solubilité est
fonction des paramètres physico-chimiques tels que T, P, pH,…

Exercice : prédire le comportement de Li+ (rayon ionique : 0.78Ǻ) et Cs+ (rayon ionique :
1.67Ǻ) dans l’eau de mer.
Solution :
- Pour Li+, le potentiel ionique z/r = 1/0,78 = 1,28 ;
- Pour Cs+, le potentiel ionique z/r = 1/1,67 = 0,60

On voit donc que Li développe un champ électrostatique assez fort, il est donc capable de
s’hydrater facilement et demeurer en solution contrairement au Cs qui, de part son potentiel
ionique, montre qu’il ne peut pas suffisamment s’hydrater et demeurer en solution ; il
s’adsorbe sur les matières colloïdales et précipite au fond de la mer.

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CHAPITRE IV : COMPOSITION DE LA TERRE.

IV.1. Structure interne de la Terre


La terre est composée de 3 enveloppes concentriques :
1) La croûte : elle représente 1,5% volume de la terre. On distingue :
- la croûte continentale, épaisse en moyenne de 35 km,
- la croûte océanique, très mince (8 km en moyenne)
La croûte continentale est riche en SiO2 alors que la teneur en silice de la croûte
océanique est plus faible. Les deux croûte sont riches en Al 2O3 ; ce qui, du point de vie
chimique, permettait de les rassembler sous le vocable de SIAL.
2) Le manteau : il présente 82,5% en volume de la terre. Son épaisseur est de 2900 km, on
distingue :
- le manteau supérieur jusqu’à 670 km,
- le manteau inferieur de 670 à 2900 km.
Le manteau est séparé de la croûte par une discontinuité dite de « Moho », mise en
évidence par l’accélération des vitesses des ondes sismiques lors de leur passage
croûte/manteau. Elle correspond à un changement des compositions des matériaux entre
croûte et manteau. Comme la croûte, le manteau est constitué des roches solides ; il est
relativement peu riche en silice, mais très riche en magnésium.
3) Le noyau : représente 16% du globe terrestre. Il est séparé du manteau par une
discontinuité dite de Gutenberg. Cette discontinuité se manifeste par un ralentissement
des vitesses des ondes sismiques traduisant un changement de composition par rapport
au manteau. Contrairement au manteau et à la croûte, le noyau n’est pas silicaté ou est
très peu silicaté. On distingue :
* Le noyau externe, jusqu’à 5150 km. Il a un comportement liquide, et est composé
principalement de fer, sulfures et un peu de silicium,
* Le noyau interne ou graine a un comportement solide, il est constitué d’alliage Ni – Fe.

Toutefois, la Terre étant une planète active et vivante, son activité (tremblements de terre,
volcanisme, formation de chaîne de montagnes) s’intègre dans un schéma dynamique. La
dynamique de la terre résulte des comportements rhéologiques différents de ses différents
ensembles : La partie superficielle de la terre qui comprend la croûte et une partie du
manteau supérieur constitue la lithosphère. Celle-ci a un comportement solide cassant.

Selon la nature de la croûte qui la constitue, on distingue 2 types de lithosphère :

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 une lithosphère continentale (150 à 200 km),


 une lithosphère océanique, plus mince (≈ 70 km).

Sous la lithosphère se situe l’asthénosphère. C’est une unité constituée du manteau


supérieur. Elle a un comportement solide, mais plastique et ductile.

Lithosphère et asthénosphère sont séparées par une zone où les vitesses des ondes
sismiques sont ralenties, appelée Lower velocity zone (LVZ). L’asthénosphère est animée
en son sein de courants de convection qui permettent à la plaque lithosphérique de glisser et
de se déplacer sur elle.

IV.2. Méthodes d’étude

Cette constitution interne de la Terre a été établie par différentes méthodes, à savoir :
1) observation directe de la composition de sa surface (les structures superficielles
visibles). Ces observations se limitent à la connaissance très restreinte de notre globe au
regard de ses 6370 km de rayon.
2) sondages (quelques Km de profondeur : 5 à 10Km),
3) méthodes géophysiques (sismique – gravité – magnétisme – flux chaleur) qui
permettent, par des mesures physiques, d’interpréter indirectement la structure profonde
du globe.
4) études de météorites – astéroïdes- qui, comme la terre, appartiennent au système
solaire, et par conséquent sont susceptibles de nous renseigner sur la composition
profonde de notre globe.

IV.3. Eléments majeurs et mineurs- Composition des grands réservoirs de la Terre.

IV.3.1. Eléments majeurs et mineurs-Règles de substitution

A. Définition
Par « éléments majeurs et mineurs », on désigne normalement les éléments qui constituent
et déterminent les structures des minéraux d’une roche, c.à.d. les éléments à concentration
supérieure à 1%, et qui règlent les types des phases solides. Toutefois, quelques centièmes
de % de Zr ou de P permettent la cristallisation de zircon ou d’apatite. Par contre, certains

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minéraux renferment plus de 1% de Li, Rb ou Cs sans pour autant que ces éléments soient
considérés comme des majeurs.

On divise habituellement les éléments chimiques en catégories suivantes :


1) Eléments majeurs : plus de 1% de l’élément (ou de l’oxyde),
2) Eléments mineurs : entre 1 et 0,1%,
3) Eléments en traces : moins de 0,1% ou 1000ppm
NB : 1% = 104 ppm.

Les éléments majeurs sont ceux qui prédominent dans l’analyse de toute roche. Il s’agit de :
Si, Ti, Al, Fe, Mn, Mg, Ca, Na, K et P. Leur concentration est exprimée en :
 % du poids d’oxydes,
 % du poids d’éléments ou
 % du poids de l’atome.

Les fractions massiques d’oxydes sont de loin les plus répandues dans toute la littérature par
tradition. Cette façon d’exprimer la teneur de l’élément répond au souci de l’électroneutralité
des matériaux de la croûte, l’oxygène étant l’anion le plus abondant dans ce contexte.

Si on connaît la teneur d’un élément X exprimé en oxyde, on peut calculer sa teneur en % en


multipliant la teneur en oxyde par la fraction de masse que présente cet élément dans
l’oxyde. Soit 4% la teneur moyenne de MgO dans la croûte, la masse molaire de
MgO = 40g/mole. Le % de Mg dans MgO = α MgO x %MgO, or α MgO = 24/40 = 0,6 ; d’où
%Mg = %MgO x α MgO, c.à.d. 0,04 x 0,6 = 2,4%.

De même si A est le poids en % de l’oxyde de l’élément X, on peut calculer le poids en % de


l’atome de cet élément. Soit une teneur de 66,95% SiO2, l’atome –g de Si = 66,95/60 = 1,12.

Les éléments majeurs sont principalement utilisés pour la classification et la nomenclature


des roches, ainsi que pour la construction des diagrammes de variation aidant à
l’identification des processus géochimiques ou pétrogénétiques ou encore à la
discrimination des environnements géotectoniques. Il s’agit de la géochimie descriptive.

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B. Substitution géochimique
Les règles de substitution énoncées par V. Goldschmidt ont pour critères principaux valence
et rayon ioniques :
Lorsque deux ions dont la taille ne diffère pas de plus de 15% sont en compétition pour
s’introduire dans un minéral en train de cristalliser, c’est le plus petit ou celui possédant la
plus forte valence qui l’emporte ou encore celui qui est le plus électropositif qui a l’avantage.
Quant aux éléments en trace, trois règles empiriques ont été définies :
- Règle de camouflage : les ions (majeur et trace qui remplace) ont même rayon
ionique, même charge et même électronégativité ; c’est le cas de Hf qui se substitue
au Zr dans le zircon.
- Règle de capture : l’élément en trace a un plus fort potentiel ionique (rapport
charge/rayon ionique) que le majeur qu’il remplace. Exemple : Ba+, Sr2+ se substituent
au K+ dans les feldspaths.
- Règle de l’admission : l’élément en trace a, au contraire, un faible potentiel ionique
que le majeur qu’il remplace ; cas de Rb+ et K+ dans les feldspaths et les micas.

Le problème de substitution des ions est aujourd’hui appréhendé ou quantifié à l’aide de


coefficient de partage D qui est, comme on le verra, le rapport de concentration de l’élément
à l’équilibre soit entre deux phases solides, soit entre une phase solide et un liquide.

IV.3.2. Composition des grands réservoirs de la Terre.


Elle peut être estimée à partir des échantillons terrestres, par comparaison avec les
échantillons extra – terrestres. A ce sujet, les météorites donnent des indications
intéressantes; elles ont, en plus, suivi une évolution voisine de celle des différentes couches
terrestres.

A. Les météorites.
Ce sont des roches extra – terrestres qui tombent sur la terre quand leur trajectoire elliptique
recoupe celle de la terre. Leur dimension varie du µ à 700 km. En traversant l’atmosphère,
elles s’échauffent jusqu’à se volatiliser en surface. La partie interne peut être préservée et
recueillie pour examen. Il existe une grande variété de météorites, parmi lesquelles on
distingue trois groupes :
 Les météorites métalliques ou sidérites (4,5% des météorites),
 Les météorites métallo – pierreuse ou lithosidérites, elles sont rares (1,2%),

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 Les météorites pierreuses sont très abondantes (94,3% du total).


A.1. Les sidérites
Elles sont constituées d’un peu de soufre et d’un alliage de Fe et de Ni sous trois types
principaux :
 Hexahédrites : 5 à 6 % Ni,
 Octaédrites : 7 à 15% Ni
 Ataxites : Ni ˃ 16%.

L’examen au microscope montre une structure de Weidmanstätten due aux phénomènes


d’exsolution, c’est donc une structure qui se forme à l’état solide lors du refroidissement de
l’alliage Fe – Ni. Elle indique que l’alliage a été porté à des températures élevées (500 –
750°C) et a subi un refroidissement lent (1°C/Ma). Les sidérites correspondraient à la
composition du noyau.

A.2. Les lithosidérites ou sidérolites 


Elles sont constituées des cristaux d’olivine, de pyroxène ou de plagioclase isolés dans une
matrice de fer et de nickel natifs. On distingue également ici trois types :
 Pallasites : on y distingue de l’olivine gemme dans une matrice FeNi ;
 Mésosidérites : FeNi, pyroxène et plagioclase ;
 Lodranites : FeNi, olivine, pyroxène.
Ces types de météorites proviendraient de l’interaction entre le noyau métallique liquide et le
manteau cristallisé riche en olivine. Elles correspondent donc à la composition de l’interface
noyau/manteau ou discontinuité de Gutenberg.

A.3. Les météorites pierreuses.


Ce sont les corps les moins différenciés qui comprennent :
Les chondrites (85,4%) :
Ce sont des météorites contenant des sphérules vitreuses nommées chondrules ou
chondres de taille voisine du mm. Ces chondres représentent des gouttes de liquides
formés lors des premières collisions. La composition chimique des chondrites est identique à
celle de l’ensemble de toutes les météorites.

Parmi les chondrites, on distingue :

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 les chondrites carbonées (4,7% des météorites) formées d’un matériau ayant subi un
réchauffement tellement léger que plus de 20% d’eau, de carbone et d’autres éléments et
composés volatiles y sont encore présents. Ce sont les seules météorites qui contiennent
des argiles dans leur fine matrice ainsi que de magnétite, graphite mal cristallisé,
polymères organiques et troïlite FeS, avec accessoirement de l’olivine et de pyroxène,
du verre et des inclusions métalliques. Leur densité est faible (2,2).
 Les chondrites ordinaires (80,6%) sont constituées par de la péridotite ferreuse (à
olivine, pyroxène et un alliage Fe-Ni) de composition très différente des péridotites qui
constituent l’actuel manteau terrestre.

Il convient de noter que toutes les chondrites ont un âge de cristallisation de 4,55 Ga qui
correspond pratiquement à l’âge radiométrique de la Terre. La composition chimique des
chondrites est la même que celle de la Terre si l’on mélange toutes ses enveloppes (croûtes,
manteau, noyau). On peut donc conclure que tout le système solaire a le même âge de 4550
Ma, et que Soleil, Terre et chondrites ont la même origine : un gaz de composition solaire.

Les Achondrites (8,9%)


Ne contiennent pas de chondres ; la taille de leurs cristaux généralement plus grosse que
dans les chondrites, est due à un refroidissement lent à partir du matériel fondu. Elles
ressemblent aux roches magmatiques terrestres. On distingue :
 Les achondrites riches en Ca parmi lesquelles on distingue les Angrites, les Eucrites
et les Howardites ;
Elles sont l’équivalent de la croûte ;
 Les achondrites pauvres en Ca (péridotitiques) comprennent les Digénites, les
Urélites et les Aubrites ; elles sont pauvres en fer et représenteraient le manteau.

En résumé, l’étude des achondrites, de sidérites et de lithosidérites montre :


1. Un âge plus récent de 20 à 50 Ma que celui des chondrites ;
2. Une composition chimique différenciée par rapport à celle du soleil, de la Terre et des
chondrites ;
3. Que chaque catégorie est équivalente à l’une des enveloppes de la Terre :
4. Que leur différenciation peut être obtenue par fusion d’une chondrite : le fer, dense, tombe
au fond ; les éléments légers silicatés montent en surface donnant du basalte par
association avec le pyroxène.

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La Terre serait donc une gigantesque chondrite qui aurait fondu et qui se serait
complètement différentiée.
B. La croûte
La croûte est constituée par les types lithologiques essentiels suivants :
 Le granite, le granodiorite, la diorite et leurs équivalents métamorphiques (gneiss)
constituant 45% de la croûte et l’essentiel des continents ;
 Le basalte, le gabbro et leurs équivalents métamorphiques (amphibolites, éclogites)
constituant 43% de la croûte, et forment le plancher océanique ;
 Les roches sédimentaires et leurs équivalents métamorphiques (schistes, marbres,
etc.) constituant le reste, soit 12%, et se répartissant aussi bien dans les océans que
sur les continents.

Cette hétérogénéité de la croûte se marque aussi dans la composition minéralogique. En


effet, les silicates sont plus prépondérants (96% du volume) ; et parmi eux les tectosilicates
dont les feldspaths (aluminosilicates) forment, à eux seuls, 51% justifiant ainsi l’appellation
ancienne de SIAL donnée à la croûte. Les minéraux hydratés (amphiboles, micas, argiles)
forment environ 15% du total, et servent à stocker l’eau dans les phénomènes pétrologiques.

La croûte est mieux connue, et les estimations de sa composition sont nombreuses. Les
premières estimations sont l’œuvre de Clarke et Washington (1924). Leurs analyses,
regroupées par aires géographiques, ne concernaient que les continents émergés de sorte
que la composition obtenue ressemble à celle de la croûte continentale. Elle ne correspond
à aucune roche magmatique spécifique, mais se situe entre la composition de granite et
celle de basalte.
SiO2 Al2O3 Fe2O3 FeO MgO CaO Na2O K2 O TiO2 P2 O5 Total
60.18 15.61 3.14 3.88 3.56 5.17 3.91 3.19 1.06 0.30 100.00

A la différence de Clarke et Washington, les estimations de Ronov et Yaroshevsky


concernent les différentes couches qui constituent la croûte:
- Croûte continentale subdivisée en deux couches : supérieure dite granitique, et
inférieure improprement appelée basaltique et qui serait plutôt dioritique à
granodioritique ;
- Croûte océanique à chimisme basique prononcé.

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Couche granitique Couche basaltique Croûte océanique


SiO2 63.90 58.20 48.7
TiO2 0.6 0.90 1.4
Al2O3 15.2 15.5 16.5
Cr2O3 - - -
FeO 4.9 7.7 8.5
MnO 0.1 0.2 0.2
MgO 2.2 3.9 6.8
NiO - - -
CaO 4.0 6.1 12.3
Na2O 3.1 3.1 2.6
K2O 3.3 2.6 0.4
P2O5 0.2 0.3 0.2
H2O +
1.5 1.0 1.1
Total 100.1 100.1 100.1

C. Manteau
Le manteau est constitué des roches magmatiques de type péridotite.  En effet, les roches
basaltiques issues des magmas ayant pris naissance dans le manteau contiennent souvent
des enclaves mantelliques sous forme de nodules de péridotites. Ces roches sont riches
en olivine et contiennent également des pyroxènes (monocliniques et calciques,
orthorhombiques et non calciques) et des minéraux alumineux en quantité mineure
(plagioclase, spinelle ou grenat). Le manteau est donc péridotitique, et est la source de
magmas basaltiques. Selon Ringwood, il existe :
- Un manteau primitif, défini par sa capacité de donner, par fusion partielle, un magma
basaltique et un résidu enrichi en olivine appelé dunite. Ce manteau primitif a été nommé
« pyrolite » (roche à pyroxène et olivine).
- Un manteau résiduel qui est le résidu réfractaire de la FP.
Les compositions chimiques du manteau primitif et du manteau résiduel proviennent des
moyennes des échantillons terrestres, en l’occurrence les roches du massif du Lizard
(Cornouaille) pour le manteau primitif et les nodules de dunite pour le manteau résiduel.

SiO2 TiO2 Al2O3 Cr2O3 FeO MnO MgO NiO CaO Na2O K2O Total
(1) 44,77 0,19 4,16 0,40 8,21 0,11 39,22 0,24 2,42 0,22 0,05 99,99
(2) 41,10 0,08 0,56 0,35 10,55 0,15 46,33 0,44 2,60 2,60 0,03 99,99
(1)  : composition chimique du manteau primitif ; (2) : composition chimique du manteau résiduel.

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Le manteau primitif (1) se distingue particulièrement du manteau résiduel (2) par de fortes
teneurs en Al2O3 et par ses faibles teneurs en Na2O.

D. Le Noyau
Aucun échantillon du noyau terrestre n’a pu être observé ; cependant, les fortes densités
calculées (10 à 13) par rapport à celles de la croûte (2.7 à 2.9) et du manteau (3.3) et la
présence du champ magnétique terrestre laissent supposer qu’il est constitué
essentiellement d’un alliage de fer et de nickel, avec peu d’éléments légers. Soit 82% Fe, 5%
Ni, 7% Si, 2% S et 4% O, 8000 ppm Cr, 5800 ppm Mn, 3700 ppm P et 2500 ppm Co.
E. Terre globale

La composition chimique de la Terre globale représente la composition qu’avait la Terre à la


fin de son accrétion, et avant que le noyau ne s’individualise du manteau primitif. Pour
déterminer cette composition, on fait l’hypothèse que la Terre a une composition
globalement chondritique.
Rapport massique sidérophile/lithophile dans la Terre globale Teneurs massiques Terre
globale
Fe/Al = 18.8 Si/Al = 12 O = 32.22% Mn = 0,3%
Mg/Al = 10,52 Si = 17.15% Cr = 0,27%
Fe/Mg = 1.82 Ca/Al = 1,07 Al = 1.48% Na = 0,25%
Mg = 15.60% Ca = 1,6%
Si/Mg = 1.10 Fe = 28.39% Ti = 0,07%
Ca = 1.58% K = 0,02%
Ni/Al = 1.10 Ni = 1.63%

La composition chimique, minéralogique, pétrographique et les principales propriétés


physico-chimiques de différentes couches du globe terrestre sont synthétisées à la figure ci-
dessous :

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IV.4. Distributions des éléments chimiques dans les roches et les minéraux

Pour comprendre la distribution des éléments chimiques dans chacun des réservoirs
terrestres ainsi définis, il faut avoir une idée des minéraux essentiels gros porteurs de ces
éléments. Ainsi :
(1) l’oxygène est présent à peu près partout ;
(2) le silicium se trouve cantonné aux silicates qui sont les minéraux de loin les plus
abondants. La teneur en Si est un paramètre particulièrement important puisque la
concentration en Si mesure l’acidité des roches. Elle augmente dans les minéraux depuis
les olivines, les pyroxènes, les amphiboles et les minéraux en feuillets (biotite, chlorite,
serpentine) des roches métamorphiques. Une roche acide comme le granite ou la rhyolite
est riche en silice et pauvre en Mg et Fe. Par contre, une roche basique, tel que le
basalte, est riche en Mg et Fe.
(3) Le calcium se rencontre surtout dans les pyroxènes et les plagioclases dans les roches
magmatiques, dans les carbonates sédimentaires et dans les amphiboles
métamorphiques.

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(4) Le magnésium se rencontre surtout dans les olivines, les pyroxènes et les amphiboles
des roches magmatiques, dans les phyllites des roches métamorphiques et dans
quelques carbonates des roches sédimentaires.
(5) L’aluminium a de nombreux porteurs :
- Dans les roches magmatiques, il se localise par ordre de pression croissante dans les
plagioclases, les spinelles (oxydes) et les grenats ;
- Il se rencontre dans les minéraux argileux des roches sédimentaires ;
- Dans les roches métamorphiques, Al est porté par les micas (biotite, muscovite).
(6) Potassium et sodium ne sont guère présents que dans les micas et les feldspaths.

La composition minéralogique d’une roche magmatique dépend notamment de sa


composition chimique (puisque la roche résulte de la cristallisation du magma) et
inversement, la composition chimique d’une roche dépend de sa composition minéralogique
(puisque la roche est le mélange des minéraux). On peut donc aborder de deux manières la
description d’une roche : soit minéralogiquement, soit chimiquement.

Le tableau ci-après donne une approximation de la composition chimique des minéraux


communs, le tableau qui le suit la composition chimique de quelques grands types de
roches ; la figure donne une représentation schématique des proportions des minéraux dans
ces roches.
Minéraux Fe-Mg SiO2 TiO2 Al2O3 Fe2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2O
Olivines (1) 37.3 0.09 0.18 1.60 21.6 0.27 38.1 0.38 0.03 0.05
Orthopyroxène (2) 52.2 0.22 1.50 0.84 11.9 0.28 28.1 1.93 - -
Augite (3) 51.8 0.49 3.07 1.38 7.21 0.17 16.0 19.2 0.27 0.02
Hornblende 48.7 0.32 9.48 2.33 9.12 0.23 14.4 11.9 1.16 0.15
Biotite 38.1 3.60 14.0 3.98 20.2 0.09 7.96 0.9 0.50 8.31
Les plagioclases SiO2 TiO2 Al2O3 Fe2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2O
Calciques (An70) 51.1 0.05 31.0 0.28 0.12 0.01 0.27 14.0 3.30 0.13
Feldspaths –K
(orthose) 64.0 - 19.6 0.32 - - 0.16 0.33 3.02 12.1
Feldspathoïdes
Néphéline 42 - 36 - - - - - 22
Leucites 55 - 23 - - - - - 22
Minéraux de silice
Quartz 100

Fe
(1) Olivine commune des roches basiques (Fo76) Fo= x 100 = 76% (2) Orthopyroxène (En77) ; (3)
Fe+ Mg
augite (Wo40 En46) ; (4) hornblende (Mg69) ; (5) biotite (Ph31).

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Voici la composition chimique de quelques roches magmatiques communes (en % de poids).


Granite Granodiorite Tonalite Syénite Diorite Gabbro Péridotite
(rhyolite) (rhyodacite) (dacite) (trachyte) (Andésite) (basalte) (basanite)
SiO2 71.3 66.1 61.5 58.6 57.5 50.1 42.3
(72.8) (65.6) (65.0) (61.2) (57.9) (49.2) (44.3)
TiO2 0.31 0.54 0.73 0.84 0.95 1.12 0.63
0.28 0.60 0.58 0.70 (0.87) (1.84) (2.51)
Al2O3 14.3 15.7 16.5 16.6 16.7 15.5 4.23
13.3 15.0 15.9 17.0 (17.0) (15.7) (14.7)
FeO3 1.21 1.38 1.83 3.04 2.50 3.01 3.61
1.48 2.13 2.43 2.99 3.27 (3.79) (3.94)
FeO 1.64 2.73 3.82 3.13 4.92 7.62 6.58
1.11 2.03 2.30 2.29 4.04 (7.13) (7.50)
MnO 0.05 0.08 0.08 0.13 0.12 0.12 0.41
0.06 0.09 0.09 0.15 0.14 (0.20) (0.16)
MgO 0.71 1.74 2.80 1.87 3.71 7.59 31.2
0.39 2.09 1.78 0.93 3.33 (6.73) (8.54)
CaO 1.84 3.83 5.42 3.53 6.58 9.58 5.05
1.14 3.62 4.32 2.34 6.79 (9.47) (10.2)
Na2O 3.68 3.75 3.63 5.24 3.54 2.39 0.49
3.55 3.67 3.79 5.47 3.48 (2.91) (3.55)
K2O 4.07 2.73 2.07 4.95 1.76 0.93 0.34
4.30 3.0 2.17 4.98 1.62 (1.10) (1.96)
P2O5 0.12 0.18 0.25 0.29 0.29 0.24 0.10
0.07 0.25 0.15 0.21 0.21 (0.35) (0.74)

Il faut remarquer :
1. Une variation de la composition minéralogique d’un type de roche à l’autre, il s’en suit que
la composition chimique d’un type de roche varie dans limites précises.
2. Le nombre de minéraux essentiels qui composent les roches communes est relativement
réduit. Le plagioclase et plus généralement les feldspaths sont des constituants importants
des roches banales. Si on compte un ou deux minéraux ferromagnésiens, une roche est
donc composée de 2 à 5 minéraux.

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3. Les roches plutoniques et les roches volcaniques portent des noms différents à égalité de
composition chimique et minéralogique. Cela tient à la tradition qui a nommé les roches
sur base de l’aspect macroscopique avant de les examiner au microscope ou de les
analyser.

Les roches plutoniques se distinguent des volcaniques par la taille de leurs minéraux. Les
premières cristallisant lentement dans les chambres magmatiques profondes, contiennent
des minéraux bien développés, visibles à l’œil nu ou à la loupe. Les secondes, cristallisant
rapidement lors des éruptions volcaniques, apparaissent comme une pâte homogène
enrobant parfois quelques minéraux bien formés et constituée des minéraux très petits,
parfois à la limite de l’observation microscopique. Dans certains cas, le magma a refroidi
tellement rapidement que les minéraux n’ont pas eu le temps de germer et de croître : le
magma forme alors un verre amorphe sans structure cristalline.

Le comportement des éléments peut être observé en construisant le diagramme de variation


de type Harker, sur lequel les teneurs en éléments sont rapportés en fonction de celle en
silice.

On constate que :
(1) Si, Na, K ont des teneurs plus élevés au pôle granitique ;
(2) Fe, Mg, Ca Ti, Mn ont des teneurs plus élevés au pôle basique ;
(3) Al, P ont des tendances variables.

Le degré d’enrichissement relatif du Fe s’exprime par le rapport Fe/(Mg+Fe). Dans ce cas,


on a pour les roches ultrabasique : 0.42 ; basiques : 0.61 ; intermédiaires : 0.74 et acides :
0.81.

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NB. : Si la teneur en Fe est exprimée en Fe2O3 % et FeO %,  FeO% = % FeO+0.8998Fe2O3%.

IV.5. Fractionnement des éléments majeurs dans les principaux réservoirs terrestres.

1. Fusion partielle des roches :


Lors des processus de fusion partielle des roches, les éléments présentent soit un
caractère fusible, c’est le cas de Na, K, Al, Ca, Si, soit un caractère réfractaire (Mg, et, à
moindre degré, Fe). Ce processus aide au fractionnement ou à la différenciation
géochimique entre différents réservoirs.

Une comparaison de la composition du manteau par rapport à celle de la Terre globale, par
exemple, permet de constater que le manteau est enrichi en éléments réfractaires comme
Mg et Cr, et appauvri par contre en éléments fusibles tels que Na, K, Al, Ca, Si. Ceci
démontre le caractère résiduel du manteau lors de la fusion. De même, l’olivine et le
pyroxène prédominent dans la minéralogie du manteau supérieur alors que la croûte
continentale est, elle, enrichie en éléments fusibles portés par les minéraux tels que les
feldspaths, le quartz et les argiles, ce qui montre que la croûte constitue un « liquide » de
fusion par rapport au manteau qui, lui, est un résidu de la fusion.

2. Processus sédimentaires :
Pour ce qui est des processus sédimentaires, les éléments tels que Na, K, Ca, et Mg, plus
solubles que les autres, induisent un fractionnement géochimique entre l’eau de l’océan et
les roches sédimentaires de type argiles ou shales. En effet, l’océan se trouve enrichi en
cations (Na, K, Ca) et en anions (Cl, SO 42-) solubles alors que les éléments à la fois
insolubles et fusibles comme Si, Al, Fe s’accumulent dans les roches sédimentaires
détritiques de type argiles ou shales.

3. Comportement des éléments majeurs au cours de la cristallisation fractionnée


Quand les magmas refroidissent en système clos (chambres magmatiques), la nature et la
proportion des phases minérales qui cristallisent sont fonction de leur composition et des
conditions de pression et température.

La cristallisation fractionnée suppose que les minéraux X1 puissent sortir du système


magmatique soit en montant à la surface par flottation, soit en descendant au fond de la

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chambre magmatique par gravité, soit en étant expulsés par tout autre moyen ; dans tous les
cas, les minéraux ne réagissent pas avec le liquide résiduel.

Le liquide M1 produit le liquide M2 par départ de minéraux X1. D’où M2 = liquide résiduel = M1-
X1. Si la température baisse lentement et passe de t1 à t2, M2 se trouve placé dans des
conditions propices à la cristallisation d’autres minéraux X 2. En conséquence, M2 = liquide
résiduel + X2. Si les minéraux X2 peuvent sortir du système sans réagir avec le liquide
résiduel, on a comme à l’étape précédente : liquide M2 produit le liquide M3 par départ des
minéraux X2, et donc M3 = liquide résiduel = M2-X2.

Le mécanisme de passage de M1 à M2, de M2 à M3, avec extraction des minéraux X1 et X2,


correspond à la cristallisation fractionnée.

La cristallisation fractionnée a pour résultat de produire des séquences de roches dont la


teneur en SiO2 augmente lorsque la température s’abaisse. La composition chimique globale
de la dernière fraction résiduelle est ainsi fort différente de celle du liquide initial.

Le modèle de Wright et Doherty (1974) permet de soustraire par calcul un ou plusieurs


minéraux (%) à un liquide de départ et d’obtenir un liquide résiduel. Ce modèle suppose
que :
 La composition des liquides de départ est connue ;
 La composition des minéraux cristallisant (supposés identiques aux phénocristaux
contenus) dans la première lave est aussi connue.

Exercice : soit un magma basaltique (initiale) dont la composition est donnée ci-dessous:


SiO2 TiO2 Al2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2 O Total
48.09% 2.29% 16.13% 11.06% 0.17% 6.74% 10.04% 3.77% 1.71% 100%
De ce magma cristallise l’olivine en phénocristal dont la teneur est de 10% en poids et de
composition chimique suivante :
SiO2 TiO2 Al2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2 O Total
38.05% 0% 0.11% 20.54% 0.56% 40.52% 0.22% 0% 0% 100%

Calculer la composition du magma résiduel.


NB : De la cristallisation de 10% en poids de l’olivine aux dépens du magma basaltique
initial, résulte la formation de 90% de magma résiduel, d’où : magma initial = olivine +

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magma résiduel, autrement dit M2 = M1-X1, avec M2 = magma résiduel et M1 = magma


initial, X1 = olivine.

IV.6. Compositions modales et normatives


Pour préciser la composition minéralogique des roches ignées, on fait appel à deux types
d’analyses : le mode et la norme.
1. Le mode correspond à la composition minéralogique d’une roche magmatique,
déterminée par analyse macroscopique et/ou microscopique. Il consiste à identifier les
différents minéraux de la roche et à exprimer la part relative de chacun en pourcentage du
volume occupé.
2. La norme exprime la composition minéralogique théorique (virtuelle) d’une roche
magmatique. Pour déterminer la norme d’une roche, on doit d’abord déterminer sa
composition chimique en % du poids en oxydes. La teneur en % de chacun de ces
oxydes étant obtenue, on repartit ceux-ci suivant une procédure de calcul appelée norme
(cas de la Norme CIPW (Cross, Iddings, Pirsson, Washington)) afin d’exprimer au mieux
la composition minéralogique de la roche comme si elle avait cristallisé complètement.
Les minéraux ainsi définis par calcul sont qualifiés de minéraux normatifs. L’intérêt de
connaître la norme d’une roche tient dans le fait qu’il devient dès lors possible de
comparer des roches magmatiques effusives, non cristallisées, avec des roches intrusives
cristallisées, et d’établir des similitudes ou des différences qui, autrement, passeraient
inaperçues.
Les résultats de ces analyses sont graphiquement traduits sur des diagrammes de
variation triangulaires (de Streckeisen) ou rectangulaires qui permettent ainsi de
comparer le caractère géochimique des roches magmatiques.

Exercice : Calculer la composition chimique d’une roche formée de 30% d’olivine, 20%
d’orthopyroxène et 50% de plagioclase sachant que la composition chimique de ces
différentes phases minéralogiques est la suivante :
Olivine Orthopyroxène Plagioclase
SiO2 39.2 55.4 49.7
TiO2 0.15 0.35 0.07
Al2O3 0.11 1.66 31.05
Fe2O3 0.7 0.64 0.86
FeO 19.8 6.39 -
MnO 0.27 0.13 -
MgO 39.4 32.9 0.05

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CaO 0.27 1.50 14.60


Na2O - 0.14 3.12
K2 O - 0.02 0.29

IV.7. Différents Types des Magmas

On distingue classiquement 3 types de magmas à l’origine des roches magmatiques, et cela


en fonction du contexte géotectonique où ils prennent naissance.
1. Magmas basaltiques
C’est un type de magmas pauvres en SiO2 (< 52%) qui prend naissance :
 Au niveau des limites des plaques divergentes, dans les zones médiocéaniques et
des rifts continentaux, par fusion partielle du manteau supérieur.
 Dans les zones de subduction en bordure des plaques convergentes. Dans ce cas,
le magma basaltique accompagne les magmas andésitiques.

2. Magmas andésitiques

Ce sont des magmas à composition intermédiaire, c'est-à-dire à SiO 2 comprise entre 52 et


65%. Ces magmas naissent dans les zones de subduction, là où la croûte océanique
basaltique plonge en-dessous de la croûte continentale. La genèse de ces magmas est donc
liée à la fusion partielle de la plaque océanique subductée ou du manteau supérieur
produisant des magmas andésitiques et basaltiques dont l’éruption forme des arcs
insulaires volcaniques.
3. Magmas granitiques
Ces magmas acides (SiO2 > 65%) naissent dans le contexte précédent par fusion de la
croûte continentale. Cette fusion étant due à la chaleur dégagée par la remontée des
magmas basaltiques et andésitiques.

Comme la composition chimique des roches magmatiques est fonction de l’assemblage


minéralogique, on note :
(1) Dans les roches acides (SiO2 > 65%), la présence de la silice sous forme libre c.à.d.
sous forme de quartz d’au moins 10%. Leur rapport Fe/Mg est faible. C’est le cas des
roches appelées granites et rhyolites et des granodiorites ou dacites. La différence
entre les deux types de roches réside dans le fait que pour le granite (et la rhyolite), le
rapport Na/K est élevé alors que les granodiorites (et les dacites) ont des teneurs
élevées en Ca ;
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(2) Dans les roches intermédiaires, les teneurs en SiO2 sont comprises entre 63 et 52%.
Le rapport Fe/Mg est modéré. Le quartz en tant que silice libre y est minimal. Ce sont
des roches de type :
 Syénites (trachytes) avec Na/K élevé ;
 Diorites avec des teneurs en Ca élevées.
Ces roches sont toutes caractérisées par la présence de feldspaths, micas, amphiboles
et quartz.
(3) Les roches basiques sont des roches sans quartz exprimé, la teneur en SiO 2 est
comprise entre 52 et 45%. Leur rapport Fe/Mg est élevé. Ce sont des roches de type
gabbro, dolérite ou basalte formées minéralogiquement de plagioclase, pyroxène et
olivine ;
(4) Les roches ultrabasiques sont des roches sans quartz exprimé, à teneur en SiO2
généralement inférieure à 45%. Le rapport Fe/Mg est élevé. Ce sont des roches riches
en minéraux ferromagnésiens de type pyroxène, olivine. C’est le cas des péridotites,
pyroxénites, etc.

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CHAPITRE V : GEOCHIMIE DES ELEMENTS EN TRACE EN PROCESSUS IGNES

V. 1. Définition, répartition dans les roches et utilisation


Il s’agit, par définition, des éléments en très faibles teneurs dans les minéraux et les roches
(<1000ppm), et qui ne peuvent pas contrôler la structure cristallochimique des minéraux. Les
éléments en trace se trouvent dans les minéraux en solution solide par substitution. Leurs
concentrations peuvent être décrites en termes d’équilibre thermodynamique. Ils se
mélangent ainsi dans les minéraux hôtes soit de façon idéale, soit de façon non-idéale.

Cependant, leurs très faibles teneurs conduisent à des relations relativement simples entre
la concentration et l’activité. Si la solution est idéale (suffisamment diluée), la relation entre
activité et concentration est donnée par la loi de Raoult : ai = Xi où ai = activité de l’élément i
en trace dans le minéral-hôte et Xi = sa concentration. En d’autres termes, dans ce cas
concentration = activité. S’il y a interaction entre élément en trace et les composants majeurs
du minéral-hôte, la solution est non idéale, l’activité s’écarte de la concentration. Dans ce
cas, la relation activité-concentration obéit à la loi de Henry qui stipule qu’à l’équilibre,
l’activité d’un élément en trace est directement proportionnelle à sa concentration : aij= kijXij
où kij = constante de la loi de Henry qui est une constante de proportionnalité, c’est le
coefficient d’activité de l’élément i dans le minéral j.

La loi de Henry s’applique à une gamme étendue de concentrations d’éléments en trace ;


toutefois, à très faible concentration (<10 ppm), il y a déviation par rapport à cette loi. De
même, la loi n’est pas d’application à de très fortes concentrations. En plus, dans le cas où
l’élément en trace est le constituant structurel essentiel d’une phase minérale mineure (cas
de Zr dans les zircons), la loi de Henry n’est pas applicable.

Les éléments en trace contrastent avec les éléments majeurs par leurs très grandes
variations des teneurs suivant les types de roches. Ils sont donc a prori beaucoup plus
discriminants. Leur répartition dans les roches magmatiques est fonction de l’état et de la
composition des régions-sources et des processus magmatiques.

Ils sont particulièrement utilisés pour caractériser les roches volcaniques (modernes), pour
assigner une affinité géodynamique à des séries magmatiques anciennes que tectonique et

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métamorphisme empêchent de reconnaître et pour la modélisation des processus


magmatiques.
Plusieurs diagrammes géotectoniques discriminants dans lesquels les magmas de sites
géodynamiques distincts occupent des champs particuliers aux recouvrements minimes sont
utilisés (cf. Rollinson, 2005); c’est le cas par exemple des diagrammes rectangulaires ou
triangulaires tels que celui préconisé par Pearce et Cann (1973) : Ti/100-Z-Yx3. Ces
diagrammes utilisent généralement des éléments réputés immobiles ou réfractaires aux
processus d’altération et de métamorphisme. On les utilise également dans les diagrammes
de Terres rares ou de Terres rares étendus (spiderdiagrams).

V.2. Coefficient de partage

1. Définition et concept de compatibilité

La distribution des éléments en trace entre les phases peut être décrite par un coefficient de
distribution ou coefficient de partage. Il s’agit du coefficient de Nernst, extensivement utilisé
en géochimie des éléments en trace. Il décrit la distribution en équilibre d’un élément en
minéral
C élément
trace entre un minéral et un liquide, et est défini par : K d = liquide où Kd = coefficient de
C élément
distribution de Nernst, et C = la concentration de l’élément en trace i en ppm ou en %. Par
exemple, un phénocristal de plagioclase titrant 500 ppm de Sr est contenu dans une
C plg
Sr 500
mésostase (verre) de lave titrant 125 ppm ; le coefficient de partage K d = = =4
C liq
Sr
125

Un coefficient de partage minéral-liquide = 1 montre que l’élément est équitablement réparti


entre le minéral et le liquide. Une valeur > 1 implique que l’élément en trace a une
préférence pour la phase minérale. Une valeur < 1 montre que l’élément a de préférence
pour le liquide magmatique.

Lorsqu’un élément en trace se substitue à un élément majeur connu dans un minéral-hôte, le


coefficient de partage Kd est défini par l’expression KD(i/j)= [Xi/Xj]solide /[Xi/Xj]liquide où i
= l’élément en trace et j = l’élément majeur remplacé par i dans le minéral-hôte, et X i=
concentration soit en % de poids, soit en % molaire de l’élément i. C’est le cas de Ni se
substituant à Mg dans l’olivine.

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Un coefficient de partage global est un coefficient de partage calculé pour une roche et


pour un élément spécifique à partir des coefficients de partage de Nernst de différents
minéraux en fonction de leurs proportions respectives dans la roche. Il est défini par
l’expression : Di = x1Kd1 + x2Kd2 + x3Kd3+… où Di = coefficient de répartition pour l’élément i ;
x1, x2 …= proportions en % du minéral 1, 2… dans la roche ; Kd1, Kd2,…= coefficient de
répartition de l’élément i dans le minéral 1, 2, …

Un élément i dont la valeur Di>1 est dit compatible : il est préférentiellement incorporé dans
l’assemblage minéral. Un élément est dit incompatible ou hygromagmatophile si la valeur
de son Di <0. Il est parfaitement incompatible si Di = 0.

Lors de la fusion partielle, les éléments incompatibles sont préférentiellement enrichis


(concentrés) dans les tout premiers liquides formés, alors que les compatibles restent dans
le matériau non fondu. Les cations compatibles sont normalement divalents, 6-coordonnées,
avec un rayon ionique relativement faible (<1.0), à ces cations s’ajoutent aussi des ions
trivalents de taille similaire comme Ce 3+. Ces éléments sont incorporés dans les sites de
structures des minéraux stables dans le manteau supérieur tels que l’olivine et les
pyroxènes ; par contre, les cations incompatibles sont ceux à large rayon ionique et qui se
concentrent dans les liquides primaires.

Il faut noter qu’un élément compatible dans certaines conditions peut être incompatible dans
d’autres. Ainsi, si les plagioclases sont stables dans le manteau supérieur, Sr se substitue au
Ca dans leur structure et est donc compatible ; dans les minéraux les plus profonds du
manteau supérieur où le liquide est plus stable que le plagioclase, Sr peut être incompatible.
De même si la phlogopite est stable, les éléments tels que K, Rb, Cs et Ba, généralement
fortement incompatibles deviennent compatibles.

Rb, Sr et Ba sont généralement considérés comme incompatibles dans la plupart des


minéraux des roches magmatiques ; Cr et Ni sont compatibles vis-à-vis de plusieurs
minéraux. Toutefois, Rb et Ba sont compatibles dans la biotite, Sr et Ba dans les feldspaths
potassiques, Sr également dans les plagioclases ; par contre Cr et Ni sont incompatibles
dans les plagioclases. Quant aux Terres Rares, elles sont communément incompatibles,
excepté Yb dans le grenat.

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2. Détermination des coefficients de partage

Les coefficients de partage D peuvent être déterminés de deux manières :

1° En isolant les phénocristaux dans les roches volcaniques et en comparant leurs teneurs à
celles des mésostases (liquides magmatiques) qui les renferment. Faiblesses de la
méthode : elle suppose qu’il y a eu équilibre entre mésostase et phénocristaux alors que
ces derniers peuvent être des xénocristaux (cristaux étrangers hérités) ; en plus, on
observe fréquemment dans les cristaux des zonation qui peuvent être causées par les
effets de déséquilibre ou de diffusion.

2° En passant par les techniques de la pétrologie expérimentale, c.à.d. par le dopage en un


élément donné. Cette façon de procéder semble être avantageuse puisqu’elle permet le
contrôle de variations de T° et de P qu’on ne peut pas faire dans le système naturel.

3. Quelques applications des coefficients de partage


 Problème de substitution diadochique : le concept de coefficient de partage
permet de répondre à la question de savoir lequel des deux éléments diadochiques i
et j, en compétition lors de la croissance ou cristallisation d’un minéral α à partir d’un
liquide magmatique β, sera préférentiellement incorporé. Il suffit de comparer les
coefficients de partage Diα/β et Djα/β ; celui qui a le coefficient de partage le plus élevé
est celui qui entrera préférentiellement dans le minéral α.
 Test d’équilibre : Pour une série des roches cogénétiques, formées dans les
conditions de T et P identiques, mais de compositions chimiques différentes ; si leurs
minéraux α et β peuvent satisfaire à la relation :
Ci
( )α
Cj
α β α/β
Ci /Ci = Di où =K , alorsl ' équilibrea été réalisé dans les deux phases.
Ci
( )β
cj
Exemple : Le partage des rapports Fe/Mg entre opx et cpx se traduit dans le diagramme
(Fe/Mg)opx=f(Fe/Mg)cpx par des points se disposant selon une droite si ces deux
phases minérales ont cristallisé en équilibre l’une par rapport à l’autre dans la
même roche.

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(Fe/Mg)opx
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0 (Fe/Mg)cpx
0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8

 Géothermomètre et géobaromètre :
La relation mise en évidence dans le test précédent peut-être utilisé comme thermomètre ou
baromètre géologiques. En effet, Kd ou D dépend de la T et de la P. La dépendance avec la
T est beaucoup plus importante que celle avec la pression. Ainsi à P constante et à égalité
de composition chimique des phases, D varie linéairement en fonction de 1/T suivant la
A
relation lnD = +B, A et B étant des constantes. Comme la substitution isomorphe
T
n’introduit que de très faibles variations de volume, Kd variera très peu avec la P.
Exemple de géothermomètre :
Les géothermomètres sont généralement formulés en termes de coefficient de distribution Kd,
défini comme Kd = (a/b)C / (a/c)D où a et b sont les fractions molaires des composants
chimiques dans les phases C et D.

Géothermomètre d’équilibre Grenat-biotite (Ferry et Spear, 1978) est basé sur l’équilibre :
KMg3Si3AlO10(OH)2 + Fe3Al2Si3O12 = KFe3Si3Al10(OH)2 + Mg3Al2Si3O12
Phlogopite almandin annite pyrope

12.454+0.057 p(bars )
T°(K) = où Kd = (Mg/Fe)gt / (Mg/Fe)bi et R = -1.987
4.662−3 R ln K

Soit la composition chimique du couple grenat – biotite présumés être en équilibre.


SiO2 TiO2 Al2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2O H2O
Grenat 37.73 0.10 21.46 31.23 0.50 2.26 7.76 0.05 0.02 -
Biotite 36.64 1.53 19.95 17.85 0.13 10.51 - 0.15 9.39 3.54

Pour calculer la température de cet équilibre, on procède de la manière suivante :

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1°) Calcul de la formule structurale du grenat sur base de 12 oxygènes :

(1) (2) (3) (4) (5) (6)


SiO2 37.53 60.09 0.628 0.628 1.256 2.98

TiO2: 0.10 79.90 0.001 0.001 0.003 0.01

Al2O3: 21.46 101.94 0.211 0.421 0.632 1.99


FeO: 31.23 71.85 0.435 0.435 0.435 2.06

MnO: 0.50 70.94 0.007 0.007 0.007 0.03

MgO: 2.26 40.32 0.056 0.056 0.056 0.27


CaO: 7.76 56.08 0.138 0.138 0.138 0.66

Na2O: 0.05 61.98 0.001 0.002 0.001 0.01

K2O: 0.02 94.20 2.110-4 4.210-4 2.110-4 -

(1) Pourcentage poids des différents oxydes ;


(2) Poids moléculaires des oxydes ;
(3) Nombre des moles d’oxydes c'est-à-dire (1)/(2) ;
(4) Nombre des cations ;
(5) Nombre d’oxygènes, la somme de nombre total d’oxygène pour les différents oxydes est ici
∑ 2.528
(6) Nombre de cations pour 12 oxygènes en effectuant : (4).12/2.528

2°) Calcul de la formule structurale de la biotite sur base de 11 oxygènes (formule anhydre):


On obtient :
Si Al Ti Fe Mn Mg Ca Na K OH
2.73 1.75 0.08 1.11 0.01 1.17 - 0.02 0.89 2.00

3°) On tire immédiatement Kd = (Mg/Fe)gt / (Mg/Fe)bi = 0.123


4°) La température à 5kbars par exemple est :
12.454+ 0.057 x 5000
T ( K )= =742° K=46 8 ° C
4.662+ 3(1.987 ln 0.123)

V.3. Fractionnements géochimiques des Terres Rares.


Le groupe des Terres Rares ou REE (Rare Earth Elements) ou Lanthanides comprend 15
éléments dont 14 sont naturels, de numéro atomique Z allant de 57 à 71 c.à.d. de La au Lu,
auxquels on ajoute souvent Yttrium (Y). Ces éléments occupent une place privilégiée en
Géochimie endogène et exogène, car leurs propriétés géochimiques sont très voisines du
fait qu’ils ont en commun leurs deux couches électroniques externes.

Les REE sont trivalentes dans les conditions naturelles, à l’exception de cérium (Ce) et de
l’europium (Eu) ; le premier peut être tétravalent (Ce4+) en conditions oxydantes, le second

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bivalent (Eu2+) en conditions réductrices. Elles sont en outre caractérisées par une diminution
régulière de leur rayon ionique, depuis La jusqu’au Lu : c’est le phénomène appelé
« contraction lanthanique » : le remplissage de l’orbite électronique interne au lieu de
l’addition d’une nouvelle orbite est tel que l’accroissement de la charge nucléaire produit une
forte attraction des électrons les plus externes qui conduit ainsi à la diminution du rayon
ionique. Cette diminution de rayon ionique correspond à la diminution du degré
d’incompatibilité. Ainsi, l’échelle d’incompatibilité diminue dans le sens : La>Ce>Pr>Nd>…
>Lu.

Les REE sont subdivisées en 3 sous-groupes :


- Les TR légères (LREE) : La, Ce, Pr, Nd, Pm (qui n’existe plus dans la nature) ;
- Les TR moyennes (MREE) : Sm, Eu, Gd ;
- Les TR lourdes (HREE) : Tb, Dy, Ho, Er, Tm, Yb, Lu et Y.

Représentation graphique des abondances des REE ou diagramme de Coryell

Les concentrations des REE dans les roches sont habituellement normalisées par rapport à
leurs valeurs respectives dans les chondrites. Cela permet de :
 Supprimer les variations en zigzag entre les éléments à Z pair et ceux à Z impair (cf.la Loi
de Oddo-Harkins) ;
 Identifier tout fractionnement d’un groupe des terres rares par rapport aux chondrites.

Les REE sont alors représentées sur un diagramme de l’abondance en fonction du nombre
atomique Z. La forme du spectre ou diagramme des REE a un intérêt considérable en
géochimie. Généralement la trace de la position de Eu ou de Ce définit une anomalie qui
peut être soit positive, soit négative. Ces anomalies en Eu et/ou en Ce peuvent être
quantifiées en comparant les concentrations mesurées avec les abondances obtenues par
extrapolation entre les valeurs normalisées des éléments voisins, Sm et Gd  pour europium:
Eu/Eu*=EuN/(SmN x Gd N)1/2 , ou La et Pr pour cérium : Ce/Ce*=CeN/(LaN x PrN)1/2

Lorsque Eu/Eu* ou Ce/Ce* > 1, on parle d’anomalie positive d’europium ou de cérium, et


quand Eu/Eu* ou Ce/Ce* < 1 il y a anomalie négative d’europium ou de cérium.
Le degré de fractionnement d’un spectre des Terres Rares peut être exprimé par le rapport
d’une LREE (La ou Ce) à une HREE (Yb ou Y), soit La N/YbN. Ainsi, si LaN/YbN >1, les LREE
sont plus fractionnées que les HREE et vice-versa.

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Il faut noter que pour les roches sédimentaires, les abondances en REE peuvent être
normalisées par rapport à des valeurs référentielles des shales. Les valeurs
communément utilisées sont les suivantes : (1) North American Shale Composite (NASC),
(2) Composite European Shale (ES), (3) Post-Archean Average Australian Sedimentary
rocks (PAAS), et (4) Moyenne de l’abondance des REE dans la croûte supérieure
(UCC = Upper Continental Crust).

1000
Roche/Chondrite

100

10

1
La Ce Pr Nd Sm Eu Gd Dy Ho Er Yb Lu

B45 B21 B3 Croûte Sup.

Dans le cas des roches sédimentaires, la plupart des auteurs recommandent la


normalisation aux NASC qui permet de mieux identifier le type des sédiments et les
enrichissements ou les déficiences subtiles en certains éléments ; en plus, les NASC
présentent une abondance de plus de 100 fois en LREE et de plus de 10 fois en HREE que
les chondrites, et se caractérisent par une légère anomalie en Eu.

Interprétation des spectres des REE


Les REE sont souvent utilisées comme marqueurs géochimiques pour la caractérisation des
divers processus géologiques, et même pour l’identification de certaines roches.
1. Pour les roches magmatiques, le spectre des REE est contrôlé par la chimie des
roches sources des REE et par l’équilibre minéral-liquide au moment de l’évolution de
la roche. C’est ainsi que les anomalies en Eu sont contrôlées par les feldspaths :
Eu2+ est compatible dans les plagioclases où il se substitue partiellement au Ca 2+ ; la
soustraction de plagioclases du liquide magmatique par cristallisation fractionnée, par
exemple, appauvrit ce liquide en Eu2+, et il en présentera une anomalie négative.
Le fractionnement des LREE par rapport aux HREE est causé par la présence des
minéraux tels que l’olivine et les pyroxènes (opx et cpx) : dans les magmas
basaltiques et andésitiques, les REE étant incompatibles vis-à-vis de ces minéraux,
les LREE vont être faiblement fractionnées dans ces types de roches qui en dérivent.

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De même, une forte dépression des HREE par rapport aux LREE indique souvent la
présence des grenats dans la roche-source.
2. Parmi les roches sédimentaires, il faut distinguer :
 Les sédiments détritiques : ici le facteur le plus important expliquant la teneur en
REE est la source même des ces sédiments ; les REE sont à l’état particulaire et
reflètent la chimie de leur source. Le spectre des REE de la roche source est donc
plus clairement représenté dans les roches argileuses telles que les shales.
 Les sédiments chimiques représentent, par contre, la composition de l’eau de
mer dont ils ont été précipités. Or, normalisées aux shales, les eaux marines
montrent un graduel enrichissement en REE, allant des LREE aux HREE et une
importante anomalie négative en Ce. Ce comportement est la réponse à
l’oxydation de Ce3+ en Ce4+ qui précipite ainsi de la solution sous forme de CeO 2.
C’est ainsi que les nodules ferromanganifères qui fixent cet élément présentent un
spectre caractérisé, contrairement à l’eau de mer, par un enrichissement en LREE
et une anomalie positive en Ce.

V.4. Modélisation de la distribution des éléments en traces lors des processus


pétrogénétiques

1. Fusion partielle à l’équilibre


La fusion partielle à l’équilibre signifie que le liquide magmatique est maintenu en contact
avec la roche résiduelle (celle affectée par la fusion). L’équation qui décrit la fusion partielle à
l’équilibre est la suivante :
CL 1
= où CL = concentration de l’élément considéré dans le liquide
CO D+ F (1−D)
magmatique ;
C O = concentration de l’élément dans la roche initiale, avant le début de la
fusion ;
F = fraction de liquide formé, elle varie de 0 à 1 ;
D = coefficient de distribution globale de l’élément pour l’ensemble des
phases minérales : D = XiDi + XjDj + XkDk + … Xi,j,k… = la fraction en
poids de chaque minéral dans le résidu à la fin de la fusion partielle ;
Di,j,k… = coefficient de distribution minéral/liquide de l’élément considéré
pour chacun des minéraux de la roche affectée par la fusion partielle.

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Cas particuliers :

D = 0, c.à.d. que le coefficient de distribution globale de l’élément pour l’ensemble des


CL 1
phases minérales est nul. On aura la relation suivante : =¿
CO F
F<<1, c.à.d. la proportion de liquide formé est infime. On a alors la relation suivante :
CL 1
=
CO D
La concentration de l’élément concerné dans le solide résiduel est donnée par la relation :
CO
Cs = où Cs = concentration de l’élément dans le solide.
1+ F (¿ 1+D
D )¿

2. Fusion partielle fractionnée


La fusion partielle fractionnée signifie que le liquide est évacué dès sa formation, au fur et à
mesure qu’il est généré. Il n’y a pas de rééquilibrage possible avec la roche dont il est issu.
CL 1
L’équation qui décrit ce type de fusion est suivante : = (1- F)1/D-1
CO D
3. Cristallisation fractionnée
Nous considérons ici le cas de la cristallisation fractionnée dans une chambre magmatique,
à savoir dans un réservoir fermé. Dans le modèle de chambre magmatique, les minéraux
formés se déposent sur le plancher, les bords et même le toit de la chambre. Ces minéraux
sont ainsi retirés du liquide et ne sont plus en contact avec celui-ci ; il n’y a plus d’échange
chimique entre ces cristaux et le liquide. L’équation qui décrit cette situation est la suivante :
CL (D-1)
= où :
CO
CL = concentration de l’élément considéré dans le liquide résiduel ;

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Co = concentration de l’élément dans le magma initial ;


F = fraction de liquide restant, elle varie de 1 à 0 ;
D = coefficient de distribution global.

Pour un élément compatible, le rapport CL/Co décroit lorsqu’augmente la cristallisation


fractionnée. Par contre, pour un élément incompatible ce rapport croit avec le degré de
fractionnement.
Eléments en trace Propriétés dans l’Interprétation des processus pétrogénétiques
utiles
Ni, Co, Cr Teneurs élevées (Ni=250-300, Cr=500-600ppm) pour ces éléments sont de bons
indicateurs de l’origine de magma parental à partir de la source péridotitique
mantellique ; la décroissance de Ni (et Co en partie) à travers les roches d’une série
magmatique suggère le fractionnement (séparation) de l’olivine.

V, Ti Ces éléments ont un comportement parallèle lors des processus de CF et de FP ; ce


sont de traceurs du fractionnement des oxydes de Fe-Ti (ilménite ou titanomagnétite).
Lorsque V et Ti montrent un comportement divergent, cela indique généralement une
substitution du Ti dans les phases accessoires telles que sphène ou rutile.

Ce sont des éléments incompatibles, qui ne se substituent pas facilement aux éléments
Zr, Hf majeurs mantéliques ; ils peuvent néanmoins se substituer au Ti dans les phases
accessoires comme sphène et rutile.

Il se substitue au K dans les feldspaths-K, à la hornblende et à la biotite. Les variations


Ba en teneur de Ba ou du rapport K/Ba peuvent indiquer le rôle de l’une de ces phases.

Il se substitue au K dans les feldspaths-K, à la hornblende et à la biotite. Les rapports


Rb K/Rb sont les possibles indicateurs du rôle de ces phases en pétrogenèse ;

Se substitue facilement au Ca dans les plagioclases et au K dans les feldspaths-K ; Sr


Sr ou rapports Ca/Sr est un indicateur utile de l’implication de plagioclases dans des
niveaux inférieurs du manteau. Sr se comporte beaucoup plus comme élément
incompatible dans les conditions mantéliques.

Grenat et probablement hornblende s’accommodent facilement avec les HREE et


fractionnent ainsi les LREE. Sphène accommode elle les LREE, CPX fractionnent
REE
légèrement les REE ; Eu est fortement fractionné dans les feldspaths et l’anomalie en
Eu reflète l’implication de feldspath.

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3. Exercices résolus

1° Soit la cristallisation à partir d’un liquide basaltique d’une tholéiite à olivine constituée de
58% de plagioclase, 25% d’olivine et 17% de verre ; sachant que DSr est respectivement
de 2 dans le plagioclase, de 0.005 dans l’olivine et de 1 dans le verre volcanique. Calculer
sa teneur dans le liquide résiduel après 60% de cristallisation du liquide contenant
initialement 200 ppm de Sr.
Solution : DSr = (0.58 X 2) + (0.25 X 0.005) + (0.17 X 1.0) = 1.33 ; ce coefficient montre
que Sr est ici légèrement compatible, il va donc relativement s’appauvrir dans le liquide
résiduel au fur et à mesure de la cristallisation de cette tholéiite.
CSrL = CoF(D-1) = 200 x 0.4(1.33-1) = 148 ppm de Sr.
2° Soit la fusion partielle d’une lherzolite en trois bains successifs de 5% chacun. Si cette
roche titre 10 ppm de Sr et comprend 40% d’olivine, 30% de cpx , 20% de opx et 10% de
grenat. Calculer la concentration en Sr dans les 3 liquides successifs sachant que
DSrol = 0.05, DSrcpx = 0.1, DSropx = 0.01 et DSrgrt = 0.001
Solution : DSr = (0.4x 0.005) + (0.3 x 0.1) + (0.2 x 0.01) + (0.1 x 0.001) = 0.034. Le calcul
de la concentration de Sr dans les liquides successifs exige de connaître le Cs, c.à.d. la
composition de l’élément Sr dans le résidu laissé après la fusion partielle à l’équilibre.
Ainsi :

10
10
Pour le 1e bain : CL = = 112 ppm Sr et Cs = 1+ 0.034 = 4
0.05+0.034 (1−0.05) 1+ 0.05( )
0.034
4
ppm Sr ; Pour le 2e bain : CL = = 49 ppm Sr et Cs =
0.05+0.034 (1−0.05)
4
1+ 0.034 = 2 ppm Sr
1+ 0.05( )
0.034
2
2
e
Pour le 3 bain : CL = = 24 ppm Sr et Cs = 1+ 0.034 = 1
0.05+0.034 (1−0.05) 1+ 0.05( )
0.034
ppm Sr
3° Deux basaltes contiennent respectivement 1 ppm en Rb et 100 ppm en Sr et 11 ppm en
Rb et 80 ppm en Sr. Calculer leurs rapports Rb/Sr et dire lequel dérive de la fusion
partielle d’une péridotite à plagioclase. Si le basalte choisi représente un liquide issu de
15% de fusion partielle de cette péridotite, calculer le rapport originel (dans la péridotite)
sachant que le coefficient global DRb = 0.085 et DSr = 0.272.

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Solution : Basalte 1 : Rb/Sr = 1/100 = 0.01, Basalte 2 : Rb/Sr = 11/80 = 0.14. Sr2+ étant
compagnon diadochique de Ca2+, il se substitue en partie au Ca 2+ dans les plagioclases-
Ca ; dans ces conditions, Sr est compatible, ce qui signifie que le liquide formé en sera
appauvri car il sera attaché au résidu solide. Par conséquent c’est le basalte qui est
relativement pauvre en Sr et donc à rapport Rb/Sr élevé qui est celui dérivant de la fusion
de péridotite à plagioclase, en l’occurrence le basalte 2. Ainsi pour ce basalte :

CoRb = CLRb [D + F (1 – D)] = 11[0.085 + 0.15(1 – 0.085)] = 2 ppm


CoSr = CLSr [D + F (1 – D)] = 1[0.272 + 0.15(1 – 0.272)] = 30 ppm
D’où le rapport (Rb/Sr)o = 2/30 = 0.067
4. Exercice à résoudre
Calculer la teneur en La, Ce, Nd, Sm, Eu, Gd, Dy, Er, Yb et Lu dans le liquide résiduel après
30%, 50%, 70% et 90% de cristallisation fractionnée de l’olivine à partir d’un magma
komatiitique selon les données du tableau ci-après :
Magma komatiitique Valeurs de normalisation Ol F =30% F =50% F =70% F =90%
Coefficient K K Liq
La : 2,79 ppm 0,3290 0,0067

Ce : 7,93 0,8650 0,0060

Nd : 4,73 0,6300 0,0059

Sm : 1,40 0,2030 0,0070

Eu : 0,63 0,0770 0,0074

Gd : 2,01 0,2760 0,0100

Dy : 2,46 0,3430 0,0130

Er : 1,61 0,2250 0,0256

Yb : 1,41 0,2200 0,0491

Lu : 0,24 0,0339 0,0454

- Tracer les diagrammes de normalisation des REE des valeurs calculées et


normalisées pour les différents taux de cristallisation ;
- Calculer les anomalies en Eu et le degré de fractionnement des REE pour chaque
spectre.
- Interpréter les résultats.
NB : utiliser de préférence le papier semi-logarithmique.

4. Identification des processus magmatiques

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Les variations des teneurs en éléments en traces dans les différents termes d’une suite des
roches magmatiques peuvent être imputées aux effets superposés de : (1) la fusion partielle,
(2) la cristallisation fractionnée, (3) des hétérogénéités de sources et (4) d’assimilation de
l’encaissant. La démarche du géochimiste consiste :
- à déterminer les rapports d’isotopes radiogéniques (de Sr, Nd,…) et stables (O,…).
- S’il y a identité de ces rapports entre les différents termes, les processus
d’hétérogénéité de sources et d’assimilation d’encaissants sont écartés ;
- dans ce cas, on utilise la modélisation suivante :

( )
a
Ca C o D a + F ste
1) Pour la fusion partielle : ≅ ≠ C ; dans le diagramme, les points
Cb C bo D b + F
représentatifs d’une suite d’échantillons issus de la F.P. ne sont pas alignés, sauf
a
Ca C o
pour des cas à taux de fusion élevés, c.à.d. où ≅ = pente k de la droite passant
Cb C bo
par l’origine, et égale au rapport des concentrations dans le solide initial. a et b sont
des éléments incompatibles, c.à.d. dont les D respectifs sont <1, on a :

0.6
0.4
C(b)/C(a)

0.2
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
(Da+F)/(Db+F)

a
Ca C o F(Da−1)
(2) Pour la cristallisation fractionnée, on a : ≅ = ; il s’agit d’un rapport proche
Cb C bo F(Db−1)
a
Co
ou égaux de b lorsque les D sont faibles (c.à.d. pour les éléments incompatibles).
Co
Dans le diagramme Ca = f(Cb), les points représentatifs d’une suite de C.F.s’alignent sur
a
Co
des droites passant par l’origine, et ayant une pente k = b , c.à.d. celle des
Co
concentrations dans le liquide initial.

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1.5
1

C(a)
0.5
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
C(b)

Treuil (1973) utilise la notion des éléments fortement hygromagmatophiles notés (C+) et
faiblement hygromagmatophiles (C-). Par exemple, les couples Ta-Sm, La-Sm, Ta-Tb, etc.
Dans le diagramme C+/C- = f(C-), la F.P. se traduit par une droite passant par l’origine, alors
que la C.F. produit des droites parallèles à l’axe des abscisses

CHAPITRE VI : NOTIONS DE GEOCHIMIE ISOTOPIQUE

VI. 1. Introduction

La géochimie isotopique est la branche de la géochimie qui étudie la composition isotopique


des éléments constitutifs des matériaux terrestres.

Rappelons que chaque élément chimique est caractérisé par un numéro atomique Z donné,
égal au nombre de protons du noyau ; et que pour un même élément, il peut exister
plusieurs isotopes, qui diffèrent entre eux par leur masse atomique A, égale au nombre de
protons et de neutrons du noyau, et définissant la masse molaire en g/mol.

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Chacun des quelques 100 éléments du tableau de Mendeleïev possède plusieurs isotopes.
Certains sont naturels, c'est à dire qu’ils ont été formés soit lors du Big Bang
(nucléosynthèse primordiale), soit lors de la nucléosynthèse dans les étoiles
(nucléosynthèse stellaire), soit encore sous l'effet des rayonnements cosmiques (isotopes
dits cosmogéniques dus aux réactions de spallation). D'autres ne sont connus que par leur
synthèse dans les laboratoires de physique nucléaire et sont donc artificiels.

On dénombre à ce jour plus de 3000 isotopes, mais la plupart ne sont pas observables dans
les échantillons naturels. En effet, la plupart des isotopes sont radioactifs, et ont une durée
de vie extrêmement courte. Seuls 158 isotopes radioactifs ont une période de désintégration
de plus de un an (c'est à dire une durée de vie de 10 ans environ). Seuls 237 isotopes sont
stables, c'est à dire qu'ils ne subissent aucune désintégration radioactive spontanée.

Si on regarde la table des nucléides, on s'aperçoit qu'il existe une relation entre le nombre de
proton et le nombre de neutron. Il existe un domaine de stabilité correspondant à un rapport
proton/neutron égal à 1 pour les éléments légers, et à 1.5 pour les éléments lourds.

Les proportions entre les différents isotopes d'un même élément sont appelées
abondances. Ces abondances sont légèrement variables dans les matériaux terrestres, ce
qui constitue la base de la géochimie isotopique. En effet, les différences de composition
isotopique observées entre les différents réservoirs et matériaux terrestres nous renseignent
sur les processus qui sont à l'origine de cette variabilité. Ces processus étant différents pour
les isotopes stables et les isotopes radioactifs, on distingue donc deux grands domaines en
géochimie isotopique: la géochimie des isotopes stables, et la géochimie des isotopes
radioactifs.

VI.2. Géochimie des isotopes stables

Les isotopes d'un même élément ont des propriétés chimiques comparables car ils ne
différent entre eux que par la composition de leur noyau, et non par leur structure
électronique. Mais la différence de masse entre les isotopes induit des différences
d'énergie des liaisons moléculaires dans lesquelles les isotopes sont impliqués. Ces
différences de masse et d'énergie des liaisons moléculaires entre les isotopes induisent des
fractionnements isotopiques, c'est à dire des différences de composition isotopique entre
les matériaux terrestres.

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La composition isotopique d'un élément donné dans un objet donné peut s'exprimer de
plusieurs manières:

 par les abondances isotopiques, c'est à dire les proportions atomiques entre les
différents isotopes de l'élément. Par exemple, pour les 3 isotopes de l'oxygène, les
abondances sont de 99.63% pour 16
O, 0.0375% pour O et 0,1995% pour
17 18
O. Les
abondances servent généralement à exprimer la composition isotopique moyenne
d'un élément, mais pas les variations de composition isotopique.
 par les rapports isotopiques entre deux isotopes du même élément (par
convention, en général, l’isotope le moins abondant sur le plus abondant). Par
exemple, pour l'oxygène, on utilise les rapports 18O/16O et 17O/16O.
 par les "δ", c'est à dire les rapports isotopiques relatifs à un standard, exprimés
en ‰. Par exemple, pour l'oxygène:

δ18O = [(18O/16O)-(18O/16O) Std] / (18O/16O) Std x 1000

La notation en "δ" est la notation qui met les mieux en évidence les variations de
compositions isotopiques, qui sont généralement très faibles.

Par exemple pour l'oxygène 18O, le standard de référence est le rapport isotopique 18O/16O
très constant des eaux océaniques (Standard Mean Ocean Water : SMOW). Ce rapport
RSMOW : 18O/16O est égal à 2,035.10-3. Si pour un échantillon, le rapport isotopique
18O/16O (R -3
échant.) est égal à 2,043. 10 , on peut calculer δ :

= ( 2,043.10-3
2,035.10-3
) -- 1 X 1000

δ = 3,931 %o

Les compositions isotopiques sont mesurées par spectrométrie de masse. On obtient par
spectrométrie de masse des rapports isotopiques.

Les différences de composition isotopique entre deux objets s'expriment de deux


manières:

 par le "Δ", différence de composition isotopique exprimée en notation "δ" entre deux
objets. Par exemple, pour exprimer la différence de composition isotopique de
l'oxygène entre l'eau liquide et l'eau vapeur, on écrira: Δliq-vap = δ18Oliq - δ18Ovap

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 par le fractionnement isotopique α, c'est à dire le rapport entre les compositions


isotopiques de deux objets exprimés par leurs rapports isotopiques. Par exemple,
pour exprimer la différence de composition isotopique de l'oxygène entre l'eau liquide
et l'eau vapeur, on écrira: αliq-vap = (18O/16O)liq/(18O/16O)vap

Noter que lorsque α est voisin de 1 (c'est le cas pour l'oxygène en particulier), il existe une
relation fort utile entre les α et les Δ qui est: Δa-b=1000lnαa-b

Types de fractionnements :

On distingue deux types de fractionnements entre les isotopes stables: les fractionnements à
l'équilibre et les fractionnements cinétiques.

 Les fractionnements à l'équilibre sont des fractionnements dus à la différence


d'énergie entre les molécules impliquant des isotopes différents. Prenons l'exemple
de l'équilibre isotopique entre les carbonates et l'eau exprimé pour l'oxygène. On peut
18 16
écrire une réaction d'échange entre les O et les O de l'eau et du carbonate,
comme on le fait en thermodynamique pour les réactions chimiques.

H218O + 1/3 Ca C16O3 = H216O + 1/3 CaC18O3

A cause des différences de masse, l'énergie des produits de la réaction d'échange


est différente de celle des réactifs. Les différences sont de quelques centaines de
Joules seulement, contre quelques centaines de kJ pour les réactions chimiques. On
introduit la constante K, comme en thermodynamique, on a :

Soit encore :

Le rapport entre la composition isotopique de l'eau et celle de la calcite est fixé par
cette constante d'équilibre, qui dépend de la température.

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 Les fractionnements cinétiques sont dus au fait que les réactions impliquant les
isotopes légers sont en général plus rapides que celle impliquant les isotopes lourds.
Prenons l'exemple de l'évaporation de l'eau. L'évaporation d'H218O est plus lente que
celle d'H216O. Si l'évaporation est continue, la vapeur sera donc enrichie en H216O par
rapport à l'eau liquide.

Les fractionnements isotopiques dépendent pour les isotopes stables de la différence


relative de masse entre les isotopes. Plus la différence relative de masse est importante,
plus les fractionnements isotopiques seront importants. Ainsi, les fractionnements entre les
isotopes de l'hydrogène (dM/M=1/1=1 entre H et
1
H) seront plus forts que les
2

fractionnements entre les isotopes du Sr (dM/M=2/86=1/43 entre 86Sr et le 88Sr). En pratique,


les fractionnements isotopiques ne sont mesurables à l'heure actuelle que pour les éléments
les plus légers (grosso modo, les 4 premières lignes du tableau de Mendeleïev).

Les isotopes les plus couramment utilisés en sciences de la Terre sont ceux de l'oxygène, du
carbone, et de l'hydrogène, mais la géochimie des isotopes stables concerne des éléments
de plus en plus variés tels que N, S, Ca, Si, Fe, ....

On peut distinguer deux grands types d'utilisation des isotopes stables.

 Traçage isotopique

Les différents réservoirs terrestres ont acquis des caractéristiques isotopiques au


cours des processus magmatiques, sédimentaires, atmosphériques, biologiques, ou
même anthropiques... On peut ainsi déterminer la source des matériaux par leur
composition isotopique. Ainsi, une eau douce n'aura pas la même composition
isotopique de l'oxygène qu'une eau de mer, ou que l'eau constitutrice des silicates
hydratés, ce qui permet d'identifier l'origine des eaux d'altération, des eaux
hydrothermales, etc.

Voici quelques exemples de composition isotopique des matériaux géologiques :

 Oxygène-hydrogène
- Les altérites
Les compositions isotopiques des altérites sont directement liées à
celles des eaux météoriques. Toutefois les minéraux argileux

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(océaniques ou continentaux) ne se situent pas sur la droite des eaux


météoriques dans le diagramme δD = f (δ18O) ; ils se situent plutôt sur
des droites parallèles.
- Les sédiments détritiques marins ou continentaux
Ils ont des compositions isotopiques fonction de la proportion
argile/(quartz + feldspaths). Par exemple :
les shales : 15< δ18O<20‰ ; -73< δD<-33‰
les carbonates marins récents : +27< δ18O<+31‰ pour une
moyenne de +29‰ ;
les cherts : δ18O ~44‰ à cause du fort fractionnement entre
quartz et l’eau.
- Les météorites
Les chondrites ordinaires et les achondrites ont des compositions
isotopiques de l’oxygène homogènes et comparables à celle de la
Terre globale ;
Les chondrites carbonées témoignent de la présence d’un composant
nucléosynthétique anormal riche en 16O ;
Les chondrites carbonées présentent des δD excessivement élevés,
jusqu’à 6500‰ interprétées comme l’héritage de molécules
organiques interstellaires fractionnées dans un rapport de 100 vis-à-vis
de l’hydrogène interstellaire.
- Les minéraux
Les fractionnements entre les minéraux en équilibre sont plus faibles
dans les roches volcaniques que dans leurs équivalents plutoniques ;
ils sont plus forts dans les roches métamorphiques et maxima dans les
roches sédimentaires.
Lors de la cristallisation fractionnée, O se concentre dans les
18

minéraux fortement polymérisés (à l’exception des minéraux


hydroxylés). Comme les liquides magmatiques s’enrichissent en O
18

au cours de CF, les minéraux basiques (premiers formés) possèdent


des δ18O plus faibles que ceux de leur roche-hôte.
- Fractionnements dans les séries magmatiques
Les variations de coefficients de fractionnement au sein d’une même
série magmatique sont très limitées (à cause de la faible valeur des
coefficients de fractionnement à HT). Des variations plus importantes
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que 1‰ s’expliquent par l’intervention des processus tels que le


mélange magmatique, la contamination crustale, les interactions
roches-eaux, etc.
Les MORB (basaltes des rides médio-océaniques) : +5,5 < δ18O <
6,1‰ avec une moyenne de +5,8‰ ;
Les OIB (basaltes alcalins des îles océaniques) : la gamme est
légèrement plus forte d’environ 0,5‰. Le manteau subocéanique ne
diffère pas de météorites ordinaires ; mais les océans (δ18O = 0) n’ont
pas le même δ18O que l’ensemble de la Terre du fait qu’une grande
partie 18O issu de l’altération des continents est piégé dans les argiles
ou dans les carbonates et cherts.
Les granites : -6,3< δ18O < +17‰ avec la plupart des valeurs
comprises entre +6 et +14‰ ; les valeurs très positives correspondent
à une forte contamination crustale ; les valeurs < +6‰, et fortiori < 0,
sont indicatrices d’interaction avec des roches crustales appauvries en
18
O ou avec des eaux météoriques ou hydrothermales.
- Fractionnements dans le métamorphisme
On observe ici une forte hétérogénéité des valeurs qui reflètent la
complexité lithologique initiale où le rôle des fluides
postmétamorphiques peut être considérable, car des rééquilibrations
isotopiques peuvent se produire pendant le refroidissement. Les
réactions métamorphiques peuvent jouer en sens opposé, par
exemple :
Dans la déshydratation : ce qui reste s’enrichi en isotope lourd jusqu’à
500°C, au-delà c’est le contraire ;
Dans la décarbonatation : il ya appauvrissement en isotope lourd
puisqu’à l’équilibre l’O du CO2 est plus lourd que celui de l’eau
d’environ 5‰.
 Carbone
Les deux isotopes stables du carbone sont : 12C (98,89%) et 13C (1,11%). Les
deux principaux réservoirs sont la matière organique et les carbonates
sédimentaires. La teneur en 13C est plus faible dans la matière organique que
dans des carbonates du fait qu’elle est fonction du degré d’oxydation du C.

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Cours de Géochimie Générale

Pour la MO, tous les processus biologiques (respiration, action bactérienne)


12
provoquent des fractionnements ; la photosynthèse concentre le C dans la
MO.
- Les plantes terrestres ont δ13C compris entre -10 et -30‰ ;
- les plantes marines sont plus lourdes de 10‰ que les plantes
terrestres ;
- le pétrole, le charbon et le gaz naturel sont très appauvris en 13C ;

Dans le système CO2-bicarbonate-carbonate, ces composés sont enrichis en


13
C par rapport au CO2 atmosphérique (dont δ13C = -7‰) ; le δ13C des
carbonates marins est ~0 ;

13
Dans l’eau de mer, la teneur en C est fonction de la présence de la MO ; le
δ C des carbonates pélagiques semble être fonction de la profondeur de
13

sorte que les périodes de haut niveau eustatique correspondent à un fort δ 13C.
C’est donc un traceur de la température et du niveau eustatique fortement
appliqué aux études paléoclimatiques du Quaternaire récent.

Dans les roches ignées continentales, le δ13C est de -23‰ en moyenne, mais
il est en général fonction de l’état du carbone ; ainsi pour le graphite (C réduit),
le δ13C est compris entre -20 et -32‰ alors que pour les carbonates et les
inclusions fluides de CO2 (C oxydé), les valeurs de δ13C sont comprises entre
-18 et +3‰.
La composition isotopique du manteau est difficile à atteindre, néanmoins le
δ13C de kimberlites, carbonatites, diamants et inclusions de CO 2 dans les
MORB, compris entre -2 et -8‰, en donne une estimation qui est en accord
avec celle de la Terre globale, à -7‰.

Dans les météorites, les carbonates des chondrites carbonées sont le matériel
le plus lourd (δ13C = +60‰), leur carbone réduit étant plus léger (-7< δ13C< -
30‰).
 Le soufre
32 33 34
Le soufre possède 4 isotopes tous stables : S (95,02%), S (0,75%), S
(4,21%) et 36
S (0,02%) ; toutefois dans la pratique, on ne s’intéresse qu’aux
variations du rapport 34S/32S.

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- Dans le processus d’oxydoréduction, le passage à l’état sulfate


augmente le δ34S et la réduction à l’état sulfure le diminue.
- Les fractionnements les plus forts interviennent lors des processus
biologiques ; c’est l’isotope léger qui est préférentiellement absorbé
par les organismes vivants. Ainsi la précipitation de S dans l’eau à
partir de l’ion sulfate produit de δ34S plus forts si la précipitation est
purement chimique que si une action biochimique (comme celle des
bactéries anaérobies) est impliquée. Ceci explique les remarquables
variations du δ34S dans les sulfates marins, au cours du temps
géologiques, avec un taux d’accumulation de sulfures d’origine
bactérienne fonction des conditions paléogéographiques et du
système tectonique globale.
- Dans les sulfures des météorites, le S a une composition isotopique
presque constante avec δ34S~0. Il est aussi proche de 0 dans les
MORB, alors qu’il va jusque +8 dans les basaltes aériens (il y a
probablement fractionnement lors du dégazage de la phase vapeur).

La géochimie des isotopes stables s'avère également utile dans le traçage des
pollutions: par exemple, les nitrates naturels des aquifères n'ont pas la même
composition isotopique que les nitrates apportés par les engrais. On peut même
utiliser la composition isotopique des composés organiques pour tracer les fraudes
alimentaires.

Les isotopes stables sont également fort utiles en cosmochimie où ils donnent des
indications sur l'origine des matériaux extra-terrestres.

 Thermométrie
La constante d'équilibre K dépendant de la température, les fractionnements
isotopiques dépendent de la température. On détermine généralement des relations
de la forme 1000 ln α =A/T+B, ou 1000 ln α =A/T2+B où A et B dépendent du
système isotopique considéré et des matériaux entre lesquels on estime le
fractionnement.

On voit que le fractionnement dépend inversement de la température, autrement dit,


les fractionnements sont plus forts à basse température qu'à haute température. Si
on connaît précisément la relation entre la constante d'équilibre et la température,

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Cours de Géochimie Générale

alors, la mesure des fractionnements isotopiques peut être utilisée comme


thermomètre.

Ainsi, les fractionnements isotopiques de l'oxygène entre l'eau et les carbonates sont
à la base de la paléothermométrie et de la reconstitution des paléoclimats ou des
paléoaltitudes. Les fractionnements isotopiques de l'oxygène sont également des
thermomètres utilisés en pétrologie magmatique et métamorphique.

Exercice-exemple : Dans une métapélite de faciès granulite coexistent quartz et


orthopyroxène formés au même moment : δ18O quartz = 10,2‰ et δ18O orthopyroxène = 7,9‰.
Calculer la température de formation.

Solution : La température de fractionnement isotopique de O entre quartz et pyroxène est


18

donnée par la formule : 1000 ln αqz-px = 2,75 x 106/T2 (Chiba et al. 1989) ;
1000+δ A
αA-B = , ainsi αqz-px = 1010,2/1007,9 = 1,00228 ≈ 1 d’où :
1000+δ B
1000lnα = 1000ln 1,00228 = 2,277
D’où : 2,277 = 2,75.106/T2
2,75.106
T2 = = 1207729
2,277
T = 1099K = 825°C

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VI.3. Géochimie des isotopes radioactifs et radiogéniques

Les isotopes se désintégrant par radioactivité s'appellent des isotopes radioactifs, et ils
génèrent des isotopes dits radiogéniques. On parle aussi d'isotopes pères et d'isotopes fils
des réactions de désintégration radioactive.

Les phénomènes radioactifs :

Il existe plusieurs formes de désintégration radioactive.

a - Radioactivité α
4
Un atome se désintègre en émettant une particule α c'est à dire un noyau d'hélium ( 2He ).
M M −4 4
Z X -------> Z−2 X ' + 2He .

(Période T = 4,51.109 ans)


238 234
Exemple : 92 U ------> 90 Th + α

b - Radioactivité β-

La particule émise est un électron. Ce phénomène correspond à la transformation d'un


neutron du noyau en proton avec émission d'un électron selon la réaction : n -----> p+ + e

M
Z
M
X -----> Z +1 X ' + e (β -) : M ne change pas, Z augmente d’une unité.

Rb ---------> 38 Sr + e (β-) (T = 4,7.1010 ans)


87 87
Exemple : 37

c - Capture d'un électron de la couche K

Un électron de la couche électronique la plus interne K réagit avec un proton du noyau pour

former un neutron (M ne change pas, Z diminue d’une unité) : e + p+ ---> n ; Z---> Z - 1

M M 40 40
Z X + e ----> Z−1 X ' ; Ex : 19 K + e ----> 18 Ar

d - Fission spontanée

Un noyau lourd éclate en deux noyaux de masses voisines, avec émission de neutrons ;
Exemple : 235U

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Les deux grands champs d'application de la géochimie des radio-isotopes sont: la


géochronologie par l'estimation du temps t et le traçage isotopique par la mesure des
rapports initiaux.

Les lois de la désintégration - Équations fondamentales de la géochronologie

Les méthodes de la géochronologie reposent sur le principe suivant : soit un isotope


radioactif -Père (P) qui se désintègre en élément radiogénique- fils (F) : P ------> F, le
rapport de concentration P/F à un instant donné est une fonction de la constante de
désintégration λ (qui est la probabilité de désintégration par unité de temps) de l'élément P et
de l'âge t.

La quantité d'atomes P désintégrés dans le temps dt est proportionnelle au nombre P


d'atomes et à la constante de désintégration λ. On peut alors écrire :

dP
(1) = - P
dt P = nombre d'atomes pères radioactifs

λ= constante de désintégration

dP/dt = taux instantanée de transformation

Si Po représente la quantité d'atomes- pères à l'instant to, l'équation (1) s'intègre selon les
équations (2) et (3) :

(2) P = P 0 e -t

(3) P0 = P e t

Dans la pratique, on ne doit faire intervenir dans l'équation que des grandeurs mesurables
actuellement. Or,

 on ne connaît pas le nombre d'atomes pères Po à l'instant initial to.


 Au cours du temps, un certain nombre d'atomes Po radioactifs se sont transformés
en éléments fils radiogéniques F.

On pose alors l'hypothèse que le nombre (P) d'atomes- père à un temps t est égal au
nombre P0 d'atomes -pères initiaux au temps to moins le nombre F d'atomes fils
radiogéniques produits au cours du temps t. Soit : P = Po – F ou Po = P + F

En remplaçant Po par sa valeur (P + F) dans l'équation (3) on obtient :

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P + F = P e λ t ou F = P e λ t - P ; soit :

(4) F = P ( e t - 1 )

De l’équation (4) on peut déduire l'âge t :

(5) 1 ln 1 + F
t =
 P

Mais un problème se pose dans ce cas. La quantité d'atomes F mesurés aujourd'hui


correspond en fait à la quantité d'atomes -fils radiogéniques provenant de la désintégration
de l'élément père (P) radioactif, mais aussi à la quantité d'atomes -fils (F 0) qui étaient

présents dès le départ dans le système. C'est à dire que : F total mesuré = F radiogénique +
F0 existant au départ. L'équation (4) peut alors s'écrire :

(6) F = P ( e t - 1 ) + F0

Cette équation (6) est l'équation fondamentale de la géochronologie. Elle permet d'obtenir
l'âge d'une formation géologique (ou d'un minéral) selon l'équation (7) :

(7) t= 1 ln 1+ F - F0
 P

L'âge est obtenu dans les conditions suivantes :

1) La constante de désintégration λ doit être connue avec précision ;

2) que l'on connaisse P et F avec une bonne précision ;

(3) que l'on connaisse F0 ; ce qui est souvent délicat, voir impossible ;

(4) que le système soit resté clos (rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
transforme).

Exemple du système Rubidium – Strontium

Il existe plusieurs systèmes isotopiques utilisés en radiochronologie, les plus en vogue sont
les systèmes Rb-Sr, Sm-Nd et K-Ar. Pour ce cours ne sera étudié que le système Rb-Sr.

 Principe et équation fondamentale du système Rb-Sr

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85Rb 87Rb 87Rb


Le Rb37 possède 2 isotopes : (72,15% de Rb total) et (27,85%). Seul est

radioactif et se transforme en 87Sr radiogénique (par émission de ß): 87Rb--->87Sr

(radioactivité ß). Sa période de désintégration est très grande (~50 Ga, soit
λ = 1,42.10-11/an). Selon l’équation fondamentale de désintégration(6) du 87Rb (éléments-
père radioactif, P) se désintègre en 87Sr (élément-fils radiogénique, F) :

(6) F = P (eλt - 1) + Fo peut donc s’écrire :

t 87
(8) (87Sr) = (87Rb) (e λ
- 1) + ( Sr)
0

Sr38 possède 4 isotopes: 84-86-87-88. Seul 87Sr est radiogénique. Dans l'équation (8), 87Sr

et 87Rb peuvent être mesurés et sont connus ; par contre, la quantité de (87Sr)o est une

inconnue. Le 86Sr étant un isotope stable non radiogénique, non radioactif, sa quantité dans
le système est donc une constante.

Dans l'équation (8), on rapporte (on divise) les concentrations de (87Sr)actuel, (87Rb)actuel et

(87Sr)originel à cette isotope stable (86Sr) ; d’où l’équation (9) :

87Sr 87 Rb t 87Sr
(9) ( )actuel = ( ) (e λ
- 1) + ( )initial
86Sr 86Sr 86Sr

Cette équation est de la forme linéaire : y = ax + b, avec (eλt -1) la pente qui peut être
assimilée à λt à cause de la très faible valeur de λRb (1,42.10-11), d’où :

87Sr 87 Rb 87Sr
( )actuel = ( ) (λt - 1) + ( )initial
86Sr 86Sr 86Sr

Voici à titre indicatif les abondances des Rb et Sr dans les principaux types de roches :

Rb Sr R/Sr

Roches ultrabasiques 0,2 1 0,2

Basaltes alcalins 30 500 0,06

MORB 1 100 0,01

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Granites 100-200 100-300 1-0,67

Shales 140 300 0,47

Grès 60 20 3

Carbonates des grands fonds 10 2000 0,005

Argiles des grands fonds 100 200 0,5

Si l’on a plusieurs échantillons cogénétiques (mêmes intrusions magmatiques, suite des


roches ignées cristallisées à partir des liquides similaires) de même âge, distincts les uns
des autres par leur rapport 87Rb/86Sr, qui évoluent en système clos ; les points représentatifs
de ces échantillons doivent s'aligner sur une droite dans un diagramme
(87Sr/86Sr) - (87Rb/86Sr), dénommée isochrone, dont la pente (λt) est fonction de l'âge du
système. L'ordonnée à l'origine permet de connaître le rapport (87Sr/86Sr)0.
M el3 % 7 C %3 D % 7 C 7 5 6 c6 f3 d 6 a 6 2 6 d 6 c3 7 3 5 3 5 3 9 7 c7 6 6 9 7 0 3 d
 3 7 3 8 3 1 3 7 3 3 3 2 3 9 3 5 3 3 3 6 3 5 3 5 7 c7 5 7 0 7 7 3 d
 7 0 6 c6 1 7 4 6 f6 e9 7 e4 2 a 7 a                                       

87Sr
86Sr

*4
*3
*2
* 1

( 87Sr
)
86Sr 0

87Rb
86Sr
Fig.1 : tracé d'une isochrone dans le système radiochronologique Rb - Sr

 Ages absolus et âges apparents

Age « absolu» : lorsque tous les points analytiques sont, dans le diagramme
(87Sr/86Sr) - (87Rb/86Sr), alignés (aux incertitudes analytiques près), cela signifie que 3
conditions ont été remplies :

- Les échantillons ont le même âge ;


- Les échantillons ont le même rapport initial (87Sr/86Sr)0 ;

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- Les échantillons se sont comportés en système clos vis à vis du rubidium et du


strontium.

L'âge obtenu peut être alors considéré comme un " âge absolu."

Age « apparent» : suite à un événement thermique (tel qu'un épisode métamorphique), le


système peut s'ouvrir, facilitant alors la diffusion des éléments chimiques. Les concentrations
en Rb et Sr sont alors perturbées et l'âge obtenu n'est plus un âge "absolu" mais un âge
"apparent".

Les roches acides et intermédiaires sont les mieux adaptées à la datation par cette méthode
en raison de la valeur relativement élevée et souvent assez étalée, au sein d’un même
massif, de leur rapport Rb/Sr et donc des rapports 87Rb/86Sr. Les roches plus récentes que
la centaine de Ma ne sont pas abordables par cette méthode (les difficultés d’analyse sont
d’autant plus réduites que l’âge est ancien).

 Exercices :

Voici les résultats de 6 roches :

Echantillon Sr/86Sr
87
Rb/86Sr
87

1 0,7130 0,12
2 0,7187 0,95
3 0,7245 1,75
4 0,7262 2,00
5 0,7250 2,50
6 0,7310 2,70
 Tracer la droite isochrone passant par au moins 5 de ces points ;
 Calculer la pente de l’isochrone et déterminer ainsi l’âge de ces échantillons sachant
que λ pour 87Rb = 1,42.10-11 an-1
 Calculer le rapport (87Sr/86Sr)o et donnez-en une interprétation quant à l’origine de
matériau-source.
 Quelle est, à votre avis, la raison pour laquelle l’un des échantillons ne s’aligne pas
sur l’isochrone ?

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Traçage isotopique

Les isotopes radiogéniques des éléments lourds ont une particularité: ils ne sont pas
fractionnés par les processus physico-chimiques tels que la fusion, la cristallisation ou les
réactions métamorphiques, alors que les éléments pères le sont.

Comme les rapports isotopiques des laves ne sont modifiés ni par la fusion partielle ni par la
cristallisation fractionnée, ils fournissent donc des informations directes sur les
hétérogénéités des « régions-sources ». Les isotopes radiogéniques et particulièrement ceux
de Sr procurent donc des informations sur la composition et les variations éventuelles de
compositions des sources au cours de temps.

La géochimie isotopique de Sr concerne :

- l’histoire et la dynamique du manteau,


- l’évolution du système croûte-manteau,
- la croissance continentale,
- les relations entre les différents termes d’une même série magmatique,
- l’altération et la diagenèse,
- les tests de mélanges (magmas, sédiments, eaux).

 Caractéristiques isotopiques du manteau

Lorsqu’on s’intéresse aux relations croûte-manteau et donc à la genèse de la croûte


continentale, on doit connaitre les caractéristiques actuelles et passées du manteau. Les
caractéristiques du manteau actuel sont connues grâce au volcanisme des dorsales (MORB)
et des îles océaniques (OIB) parce que les risques de contamination par la croûte
continentale sont ici nuls.

Dans le manteau le rapport isotopique initial 87Sr/86Sr varie entre 0,702 et 0,706.

Pour la Terre globale, comme il n’y a aucune roche terrestre aussi vieille que 4,57 Ga (âge
de la Terre), c’est le rapport des météorites qui est utilisé ; ces dernières étant demeurées
des systèmes clos depuis leur formation, leur rapport Sr/86Sr initial, appelé BABI (basaltic
87

achondrite best initial), qui est donc celui du système solaire, est de 0,69897±0,00003.

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Connaissant le rapport isotopique initial et la gamme des rapports actuels du manteau, on


peut délimiter son champ de l’évolution isotopique au cours du temps.

On utilise donc à cet effet un diagramme dit d’évolution isotopique : 87Sr/86Sr = f(t). L’intérêt
de ce diagramme est qu’il permet d’illustrer comment varient les rapports ( 87Sr/86Sr) avec le
temps. Comme la pente correspond dans ce diagramme au rapport λ ( 87Sr/86Sr), on peut
calculer le rapport Rb/Sr du manteau ou de n’importe quel milieu.

En effet, le rapport Rb/86Sr est approximativement proportionnel à Rb/Sr, il est proche de


87

2,8925 x Rb/Sr pour des milieux riches Sr commun, la pente est aussi approximativement
proportionnelle à Rb/Sr ; ce qui permet de calculer ce rapport.

Cette approche conduit à un rapport Rb/Sr d’environ 0,025 pour le manteau, ce qui est en
accord avec la nature basique du manteau et témoigne de l’appauvrissement global de la
Terre en volatils par rapport aux chondrites, qui ont conservé au contraire la chimie de la
nébuleuse solaire initiale.

 Evolution isotopique de la croûte continentale

La croûte continentale est enrichie en éléments incompatibles dont le Rb et le Sr ; le Rb


étant plus incompatible que le Sr, les rapports Rb/Sr y sont sensiblement plus élevés que
ceux du manteau.

Cette croûte a une composition moyenne granodioritique, son rapport Rb/Sr est d’environ
0,25 ; soit 10 fois plus que celui du manteau. Ses constituants les plus acides, comme les
granites, ont des rapports Rb/Sr encore plus élevés, souvent supérieurs à 10 (même à 100
dans le cas des roches hyperalcalines).
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L’augmentation du rapport Sr/88Sr en fonction du temps est donc beaucoup plus rapide
87

dans la croûte que dans le manteau.

 Fusion d’une portion de la croûte continentale

Lorsque une portion de la croûte continentale radiogénique fond, elle produit des liquides
87
radiogéniques puisque le rapport Sr/88Sr du liquide est le même que celui de sa région
source à l’époque de la fusion. Par exemple, la fusion à l’époque hercynienne (~300 Ma)
87
d’un vieux bouclier de 3 Ga produit des magmas dont le rapport Sr/88Sr initial est d’environ
0,730. L’âge de la fusion est donné par la datation du matériel (magma), le rapport initial
élevé (0,730) de ce matériel indique une origine crustale.

- En général, les valeurs élevées de rapport Sr/88Sr initial traduisent une


87

origine à partir des matériaux crustaux (les leucogranites himalayens ont le


87
rapport Sr/88Sr initial compris entre 0,740 et 0,760 ; c’est donc un exemple
classique des matériaux crustaux) ;
- Les valeurs très faibles (~0,704) trahissent une origine à partir du manteau ;
- L’interprétation des rapports isotopiques initiaux intermédiaires reste plus
difficile : plusieurs processus tels que l’origine mantellique avec contamination
crustale, la fusion des sédiments récents, etc. peuvent en rendre compte.

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