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UNIVERSITE ZIANE ACHOUR DE DJELFA

FACULTE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE


DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LA TECHNOLOGIE
Cours d’Hydrogéologie

Chapitre I
GENERALITE ET DIFFERENTS TYPES DE NAPPES
1.Introduction

L’hydrogéologie est la science des eaux souterraines. Cette science étudie les
interactions entre les structures géologiques du sous-sol (nature et structures des roches, des
sols) et les eaux souterraines.
L’hydrogéologie se spécialise dans la recherche et l’exploitation des eaux souterraines à
usage domestique ou industriel et étudie comment les matériaux géologiques influencent la
circulation et la qualité des eaux souterraines.
Cette science permet aussi d’assurer le contrôle et le suivi des ressources souterraines
en eau, tant du point de vue quantitatif que qualitatif.

2.Cycle de l’eau

L’alimentation de l’eau souterraine provient de l’infiltration à la surface d’une fraction d’eau


provonant d’une fraction des précipitations , mais une seul partie des précipitations qui
s’inflitera.

3. Systèmes Hydrologiques
Trois domaines d'espaces interdépendants, emboîtés, peuvent être circonscrits. Ils
identifient 3 systèmes hydrologiques, dans l'ordre de grandeur décroissant :
A. Le bassin hydrologique
Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques,
délimitant le bassin versant d'un cours d'eau et de ses affluents. Il correspond donc à un
bassin. Il est admis que ses limites se superposent, au mieux, à celles du bassin
hydrogéologique. Ces conditions sont en général réalisées pour les grandes unités, de l'ordre
de quelques centaines de millier de km².
B. Le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines
Le bassin hydrogéologique est la fraction de l'espace du bassin hydrologique située
sous la surface du sol. C'est le domaine des eaux souterraines. En général, il correspond à un
bassin sédimentaire. Ses limites sont imposées par la structure hydrogéologique.

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Cours d’Hydrogéologie
C. L'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine

L'aquifère, identifié par la géologie, est l'unité de domaine d'étude des eaux
souterraines. Le bassin hydrogéologique est constitué d'un ou de plusieurs aquifères.
Un système aquifère est donc l'ensemble d'un réservoir naturel souterrain et de l'eau qu'il
contient, ou qui le traverse.

4. Formations litho-stratigraphiques
Une formation litho-stratigraphique est constituée par un corps de terrain de nature
homogène : sable, calcaire, grès, granite, argile, gypse, etc.

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5.Nappe d'eau souterraine

La nappe d'eau souterraine est constituée par l'ensemble des eaux comprises dans la zone
saturée d'un aquifère dont toutes les parties sont en continuité hydraulique. Le mouvement
de l'eau est fonction des gradients d'élévation et de pression.
6.Classification des nappes aquifères

La classification des nappes aquifères peut se faire selon différents critères :


 des critères piézométriques (niveau d'eau) ;
 des critères lithologiques ;
 des critères liés au contexte géologique et géomorphologique.

6.1.Classification selon des critères piézométriques

On peut classer les aquifères selon critères piézométriques comme suit:


a) Les nappes libres;
b) Les nappes captives;
c) Les nappes nappe semi-captive.
a)-Les nappes libres
Dans une nappe libre, la surface piézométrique peut, en fonction des conditions
climatiques et de la recharge de la nappe par les précipitations, fluctuer " librement " dans la
formation aquifère considérée car celle-ci s'étend au-dessus de la surface piézométrique

Schéma de l'aquifère a nappe libre.

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b)-Les nappes captives

Dans une nappe captive, la formation aquifère est surmontée d'une couche imperméable. Son
niveau piézométrique s'équilibre systématiquement au-dessus du toit de la formation
aquifère.

Schéma de l'aquifère a nappe captive


c)-Les nappes semi-captives:

Le terme de nappe semi-captive est utilisé lorsque l'aquifère est surmonté d'une couche
de plus faible perméabilité ou semi-perméable.
Le toit ou le substratum (ou les 2) de l'aquifère sont souvent constitués par une formation
semi-perméable. Celle-ci permet, dans certaines conditions hydrodynamiques favorables
(différences de charge) des échanges d'eau (ou de pression) avec l'aquifère superposé ou
sous-jacent, appelé drainance. Ce phénomène implique un aquifère à nappe semi-captive.

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Cours d’Hydrogéologie

6.2. Classification selon des critères lithologiques

Outre la nature de la formation géologique (sable, grès, calcaire, ...), la cohérence de la


roche permet de distinguer, les nappes suivantes :

a) Nappes de porosité de pores.


b) Nappes de fissures.
c) Nappes de manteau d'altération.

a)-Nappes de porosité de pores

Elles se trouvent dans les roches meubles (constituées de sables, de graviers, de


galets,....). La nappe des sables et la nappe des graviers d'origine alluviale.

b)-Nappes de fissures

Dans les formations cohérentes, les nappes sont localisées dans les zones perméables et
poreuses qui n'existent que si les roches sont fissurées et altérées.

c)-Nappes de manteau d'altération

Elles sont observées dans les formations cohérentes présentant une forte fissuration et
altération. Elles sont souvent localisées sur les crêtes topographiques et présentent des
capacités de production moyennes.

6.3Classification liée au contexte géologique et géomorphologique

On distingue:

a) Les nappes perchées;


b) Les nappes alluviales.

a)- Les nappes perchées

Les nappes perchées sont généralement de faible extension et situées très au-dessus
des nappes régionales profondes dont elles sont isolées par des formations imperméables. Ce
sont des nappes de faible capacité présentant de fortes variations saisonnières du niveau
piézométrique.

b)- Les nappes alluviales

Les nappes alluviales sont localisées dans des aquifères situés dans le fond des vallées.
Ils sont constitués de sédiments déposés par les rivières Ces nappes ont des perméabilités et
des porosités très variables en fonction de la granulométrie des alluvions;

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Chapitre II
AQUIFERE, RESERVOIR D'EAU SOUTERRAINE
1. Introduction
Pour former un aquifère la présence de 2 constituants, ou phases, est nécessaire : la
formation hydrogéologique perméable ou réservoir, et l'eau souterraine. Le terme, eau
souterraine, désigne toute l'eau contenue ou circulant dans le réservoir. La fraction mobile
est la nappe d'eau souterraine. A signaler éventuellement des gaz avec essentiellement de
l'air.
2. Caractéristiques Physico-chimiques Du Réservoir

Le réservoir représente la trame solide de la structure de l'aquifère. L'eau souterraine


mobile s'emmagasine et circule dans les vides du réservoir, d'où l'importance de leur étude.
Celle-ci porte sur les grandes caractéristiques des vides : morphologie et interconnections.
2.1. Morphologie et interconnections des vides

Deux grands types de vides, pores et fissures, caractérisent respectivement le milieu poreux
et le milieu fissuré.
a. Morphologie des pores et milieu poreux
Les pores sont des vides de forme plus ou moins sphérique, de petites dimensions
(ordre de grandeur millimétrique), ménagés entre les particules solides ou grains, constituant
le réservoir. Les grains ne sont jamais jointifs. Les dimensions des vides sont étroitement
liées à celles des grains, dont la mesure est plus directement accessible. Les diamètres des
grains des roches meubles perméables s'étalent dans une gamme de 0.06 à 16 mm. Il est plus
petit, de 0.1 à 0.001 mm, soit d'ordre de grandeur micrométrique, dans les argiles, milieu dit
imperméable.
b. Interconnections des pores et milieu continu
Les pores communiquent entre eux, dans le sens de l'écoulement de l'eau souterraine,
permettant le déplacement des particules d'eau. C'est pourquoi il ne faut pas confondre
porosité et perméabilité. La porosité est la propriété du réservoir de stocker ou de libérer de
l'eau souterraine. La perméabilité est son aptitude à conduire son écoulement.

c. Morphologie des fissures et milieu fissuré


Les fissures sont des fentes de forme allongée, à ouverture plus ou moins large; Leur
ensemble constitue la fissuration, phénomène naturel dont l'origine est essentiellement
mécanique. Les fissures sont classées, suivant leurs dimensions, en 2 types : les microfissures
(ouvertures de quelques dixièmes de millimètres) et les macrofissures (ouvertures supérieure
à quelques millimètres).

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3. Classification hydrogéologique des réservoirs

Basée sur la lithologie et le (ou les) types de vides, elle est importante pour l'étude
quantitative de l'infiltration, des fonctions du réservoir et des comportements de l'aquifère.
Elle est à la base de l'établissement des colonnes, coupes et cartes hydrogéologiques.
Les deux grands types de vides permettent de distinguer deux grandes catégories de
réservoirs :
 Les roches meubles ou non consolidées ;
 Les roches compactes fissurées ou consolidées.
Toutefois les roches compactes présentent souvent des caractères mixtes avec coexistence
de pores et de fissures.
4. Etude granulométrique et caractéristiques du milieu poreux
L’étude granulométrique, ou granulométrie, est l’ensemble des techniques permettant de
déterminer les caractéristiques physiques, pétrographiques, et géochimiques des roches
meubles.
Une roche meuble, milieu poreux, est constituée d’un assemblage de particules solides, ou
grains.Leurs caractéristiques géométrique, leur répartition et leur disposition vont
déterminer le type de réservoir. L’analyse granulométrique a pour but la mesure des
diamètres des grains par des paramètres granulométriques.
Intérêt de l’analyse granulométrique C’est une opération importante qui permet :
 D’accéder aux caractéristiques des vides par celles des grains ;
 De classer quantitativement les roches meubles et de dresser des cartes, trame de la
distribution spatiale des paramètres hydrodynamiques ;
 De calculer les paramètres granulométriques ;
 De procéder à l’équipement technique des puits et sondages : calcul de l’ouverture des
parties captantes (crépines), calibrage du gravier des massifs filtrants.
4.1. Phases et classification granulométriques
Les dimensions des grains des roches meubles s’étalent dans une gamme, en général continue.
L’analyse granulométrique a pour but le tri, par des tamis standards, des grains en
fourchettes de diamètres conventionnels. Une première opération est dons le classement des
grains en gammes de diamètres déterminés. C’est-à-dire l’établissement d’une classification
granulométrique.

Désignation Diamètres des grains (mm)


Caillou, pierre, bloc Supérieur à 16
Tamis Gravier, gravillon 16 à 2
Gros 2 à 0,5
Sable Moyen 0,5 à 0,25
Fin 0,25 à 0,06
Silt 0,06 à 0,002
Argile Inférieur à 0,002

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4.2. Courbe granulométrique cumulative

Le traitement statistique des données de l’analyse granulométrique, utilisé en hydrogéologie,


est la courbe granulométrique cumulative.

Le couple de données concernant une phase granulométrique, diamètre et poids, obtenu par
tamisage, est porté sur le graphique :
 En abscisses logarithmiques les diamètres des grains, en mm, déterminés par les
dimensions des mailles des tamis ;
 En ordonnée linéaire les poids cumulés, en grammes, exprimés en pourcentage du poids
de l’échantillon étudié.
Le graphique obtenu est la courbe granulométrique cumulative. Le sédiment est représenté
par le secteur du diagramme positionné sous la courbe. La courbe cumulative permet de
calculer 2 paramètres granulométriques principaux : le diamètre caractéristique, dx et le
coefficient d’uniformité, U. Le diamètre caractéristique, dx est mesuré par la valeur lue
abscisse, correspondant à un pourcentage en poids cumulé. Le plus utilisé est le diamètre

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efficace d10, obtenu par la valeur 10%. Cette valeur a été fixée conventionnellement en
considérant que les grains fins, entraînés par l’eau en mouvement obstruent les pores
réduisant ainsi leurs dimensions.
Le coefficient d’uniformité, U (sans dimension), attribue une valeur numérique à la
pente de la courbe. Il est calculé par le rapport suivant :

Par convention, si U est compris entre 1 et 2, la granulométrie est dite uniforme. S’il
est supérieur à 2, elle est variée.

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Chapitre III
CARACTERISTIQUES HYDRODYNAMIQUE DES AQUIFERES

Les aquifères sont caractérisés par les paramètres hydrodynamiques suivants:

1. Porosité totale :
La porosité totale est le rapport des volumes des vides ou des pores avec le volume total
de l’échantillon, elle est donnée en %.
Vv
n 
Vt
Un sol à l’état naturel se compose de grains de différentes dimensions. Les fines se logent
donc dans les interstices laissés entre les éléments de forte granulométrie ce qui permet une
diminution de la porosité. Cette dernière dépend donc uniquement de l’arrangement des grains
indépendamment de leurs dimensions.

Pour mesurer cette porosité, il faut mesurer le volume des vides, ce qui revient à estimer le
volume d’eau pour un aquifère.
On distingue 2 deux catégories d’eau :
 L’eau gravitaire : mobilisable par gravité, elle circule dans les aquifères et
alimente les captages et sources ;
 L’eau de rétention ou eau capillaire : non mobilisable, sauf par étuvage, elle est
retenue sur la surface des grains, le volume d'eau de rétention est noté par Vr
Toutefois, un réservoir n’est jamais dépourvu de son eau de rétention. En hydrogéologie,
on préfère donc parler de porosité efficace que de porosité totale plus théorique.

2. Porosité efficace
La porosité efficace est le rapport du volume d'eau gravitaire au volume total de la
roche saturée en eau:
Porosité efficace, ne (%) = volume eau gravitaire/ volume total.
Ve
ne 
Vt

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Schéma des trois états d'un échantillon de sous-sol

Vs : C'est le volume de la phase solide.


Un terrain drainé donne une porosité efficace (eau gravitaire).
L’eau de rétention donne la porosité résiduelle (eau capillaire).
La somme de ces deux porosités donne la porosité totale.
Tableau 1. Valeurs et facteurs de la porosité efficace

Types de d10 mm Porosité (n) Porosité efficace Coefficient de


sédiments (ne) perméabilité K
Gravier moyen 2.5 45 40 3.10-1
Sable gros 0.250 38 34 2.10-3
Sable moyen 0.125 40 30 6.10-4
Sable fin 0.09 40 28 7.10-4
Sable très fin 0.045 40 24 2.10-5
Sable silteux 0.005 32 5 1.10-9
Silt 0.003 36 3 3.10-8
Silt argileux 0.001 38 - 1.10-9
Argile 0.0002 47 - 5.10-10

Types de réservoirs Porosité efficace % Types de réservoirs Porosité efficace %


Gravier gros 30 Sable gros + silt 5
Gravier moyen 25 Silt 2
Gravier fin 20 Vases 0.1
Gravier + sable 15 à 25 Calcaire fissuré 2 à 10
Alluvions 8 à10 Craie 2à5
Sable gros 20 Grès fissuré 2 à 15
Sable moyen 15 Granite fissuré 0.1 à 2
Sable fin 10 Basalte fissuré 8 à 10
Sable très fin 5 schistes 0.1 à 2

3.Porosité de drainage
La porosité de drainage donnée en ( n d ) appelée aussi porosité d'aération ou porosité utile
est la partie de la porosité rendue accessible à l'air par le rabattement d'une nappe. Elle es
donnée en 0 0

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4. Surface spécifique des grains ou des fissures

La surface spécifique d'un milieu poreux ou fissuré est le rapport de la surface totale des
grains ou des parois des fissures, soit à l'unité de volume d'échantillon (surface volumique),
soit à l'unité de masse (surface massique) du solide. C'est le facteur principal des actions
physico-chimiques d'interface eau/roche (phénomènes d'adsorption). Elle croit fortement
lorsque le diamètre des grains ou la densité des fissures diminuent.
A0= S / V

5. Perméabilité hydraulique
La perméabilité hydraulique indique le degré de facilité que possède un milieu poreux à
laisser écouler l'eau à travers ses interstices
6. Conductivité hydraulique

La conductivité hydraulique est le coefficient de perméabilité de Darcy ou tout simplement


coefficient de perméabilité. On peut le définir comme étant le débit obtenu à travers un
matériel par unité de surface lorsque l'eau est soumise à un gradient hydraulique unitaire. Ce
coefficient dépend des propriétés du milieu poreux et aussi des propriétés du fluide, soit sa
masse volumique et sa viscosité, et il a la même unité que celle de la vitesse.

 . 
K   g k
 
Où K est la conductivité hydraulique et k est la perméabilité.

Tableau 2. Valeurs de coefficient de perméabilité.

K en m/s 10 1 10-1 10-2 10-3 10-4 10-5 10-6 10-7 10-8 10-9 10-10 10-11
Granulométrie
homogène Gravier Pur Sable Pur Sable Très Fin Limons Argile
Granulométrie gravier gros et gravier et
variée moy sable sable et limons argileux
degrés de
Très Bonne - Bonne Mauvaise Nulle
perméabilité
Type de formation Perméable Semi-perméable Imperméable

L’utilisation des coefficients de perméabilité, du tableau sont valables pour caractériser


les aquifères d’eau jusqu'à une profondeur d’un millier de mètres. Au-delà, il faut tenir
compte de l’augmentation de température et de pression.

7. Coefficient de perméabilité équivalent en terrain stratifié


La figure suivante montre la configuration des sols stratifiés pour le calcul de
coefficient de perméabilité équivalent.

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Cours d’Hydrogéologie

1 n 1 1 n Hi
K eq   KiHi
H 1
 
K eq H 1 K i
Coefficient de perméabilité équivalent en terrain stratifié.
Exemple-1

Un banc de sable comprend 3 couches horizontales d’égale d’épaisseur, le coefficient de


perméabilité des deux couches extrêmes est 10-1 cm/s, celui de la couche intermédiaire est
de 2.10-1 cm/s

Calculer :
KH (équivalent), Kv (équivalent)

8. Transmissivité

La productivité d'un captage dans un aquifère est fonction de son coefficient de


perméabilité, K et de son épaisseur, e. C'est pourquoi la transmissivité, notée T, a été crée. Il
régit le débit d'eau qui s'écoule, par unité de largeur, L, d'un aquifère, sous l'effet d'une
unité de gradient hydraulique, i. Il évalue la fonction conduite de l'aquifère par la relation
suivant : T(m2/s) =K(m/s).e(m)
Pour traiter des situations où l'écoulement n'est pas nécessairement horizontal et l'aquifère
n'est pas homogène et isotrope, il faut définir la conductivité hydraulique équivalente dans la
direction d'écoulement.

Conductivité/Transmissivité d'un aquifère.

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9.Coefficient d'emmagasinement

Des études et expérimentations, sur le terrain, permettent de mesurer, en place et sur un


volume important, les paramètres de l'emmagasinement de l'eau dans les réservoirs.
Sous l'effet d'un abaissement unitaire de niveau piézométrique, entraînant une différence de
charge, l'eau est libérée du réservoir :
 dans l'aquifère à nappe libre par l'action de la force de gravité
 dans l'aquifère à nappe captive par expulsion de l'eau

Libération de l'eau gravitaire.

Le coefficient d'emmagasinement, noté S (sans dimension), est le rapport du volume d'eau


libérée ou emmagasinée par unité de surface de l'aquifère 1m² à la variation de charge
hydraulique, D h, correspondante. Dans l'aquifère à nappe libre, le coefficient
d'emmagasinement est égal, en pratique, à la porosité efficace. Par contre dans l'aquifère à
nappe captive, il est 100 à 1000 (voir 10000) fois plus petit. Il varie de 0.2 à 0.01 pour les
nappes libres et de 0.001 à 0.0001 pour les nappes captives.

Dans le cas des nappes captives, S est égale au produit de l'emmagasinement spécifique
S S et de l'épaisseur de l'aquifère e.
S  SS .e
Où l'emmagasinement spécifique représente le volume d'eau que peut produire une unité de
volume d'aquifère, lorsque soumis a un changement unitaire de la charge hydraulique.
Le coefficient d'emmagasinement spécifique peut être calculé à partir de la formule
suivante :
Ss  .g.e(  n)

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n: porosité totale.
 , : Compressibilité du matériau de l'aquifère et de l'eau (m 2 /N).
S s : Cœfficient l'emmagasinement spécifique ( L1 ).
e: épaisseur de l'aquifère saturé (L).

10.Le coefficient de production spécifique (Specific yield)

Il est défini pour les aquifère libre par la relation suivante:

S y  S  e.S s

S y : C'est la production spécifique (sans unité).
11.La teneur en eau volumique

Dans les milieux non saturés, nous définissons la teneur en eau volumique comme suit:

volume d' eau contenue dans un échantillo n



volume total de l' échantillo n

La teneur en eau d’un sol varie entre une valeur minimale (la teneur en eau résiduelle,  r ), et
une valeur maximale (la teneur en eau à saturation,  s ). Ce dernier est en principe égal à la
porosité, toutefois, dans les conditions naturelles, un sol ne parvient jamais à la saturation
totale, car il reste toujours de l’air piégé.

12.Charge hydraulique

L’énergie totale de l’aquifère est exprimée par sa charge hydraulique.

Energie totale (charge hydraulique)= Energie potentielle (hauteur d’eau et pression) +


Energie cinétique (vitesse)
2
p V
H M  ZM  M  M
g 2.g
2
VM
-La composante d'énergie cinétique est négligeable en raison des faibles vitesses
2.g
d'écoulement dans les sols (quelques cm/s);
- .g : poids volumique de l'eau =   (=10 kN/m³);
- pM : pression du fluide = u (= 0 si sol non saturé) ;
- Z M : cote prise depuis la surface de référence.
En m, la charge hydraulique, définie à une constante près, devient:
u
H M  ZM 


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Cours d’Hydrogéologie

13.Gradient hydraulique

Le gradient hydraulique est la différence de niveau piézométrique entre deux points de la


surface piézométrique, par unité de longueur, mesurée le long d'une ligne de courant .il est
assimilable à la pente de la surface piézométrique.

Dans la pratique, le gradient hydraulique est calculé sur le terrain à l'aide des niveaux
piézométriques mesurés dans deux ouvrages d'observation, alignés sur une ligne de courant
.l'un amont H1, l'autre aval H2, séparés d'une distance L

Gradient hydraulique sur le terrain.


On utilise également les cartes piézométriques en mesurant la distance entre deux courbes
iso piézométriques.

Gradient hydraulique par la carte piézométrique.


14.Coefficient d'infiltration

Le coefficient d'infiltration Ci (en %) est le rapport caractérisant le volume d'eau qui


s'infiltre à travers la surface du sol, au volume d'eau tombée sur cette surface.

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Chapitre IV
L’ECOULEMENT D’EAU SOUTERRAINE

1. Introduction

La fonction conduite du réservoir permet le transport de quantités d'eau et la transmission


d'influences. Elle est imposée par la structure de l'aquifère : paramètres géométriques et
hydrodynamiques. La loi de Darcy, établie expérimentalement, est la base de
l'hydrodynamique souterraine. Elle est applicable sur le terrain dans des conditions bien
définies.

2.Types d’écoulement

2.1.Ecoulement laminaire et écoulement turbulent

L’écoulement d’un fluide peut être laminaire ou turbulent. Dans un écoulement laminaire,
chaque particule du fluide se déplace en formant des lames ou couches entre lesquelles il n’y a
pas de mélange. Par contre, dans le cas de l’écoulement turbulent, les particules se déplacent
en formant des tourbillons de tailles différentes accompagnés d’un mélange ou brassage
intensif des particules fluides.

2.2.Ecoulement uniforme

L’écoulement est dit uniforme si l’accélération convective est nulle ; la vitesse ne


dépend donc pas de la position dans l’espace. Par conséquent, dans un écoulement uniforme,
les vecteurs des vitesses sont parallèles en tout point.

2.3.Ecoulement permanent et écoulement transitoire

Si, en un point donné du milieu, la vitesse d’écoulement reste constante à tout instant,
c'est-à-dire que l’accélération est nulle, l’écoulement est dit permanent. La vitesse ne dépend
pas du temps mais peut varier d’un point à l’autre dans l’espace. Si la charge hydraulique ne
change pas dans le temps, l’écoulement naturel est nécessairement permanent. Par contre, cet
équilibre peut être rompu par des facteurs naturels ou artificiels, comme le pompage dans les
puits. Ces conditions de non équilibre induisent alors un écoulement transitoire, où la vitesse
d’écoulement en un point donné change en valeur et/ ou en direction dans le temps.

3.Zonalité sol/eau

L'étude de l'aquifère a nappe libre montre la présence de haut en bas, de deux zones,
caractérisées par la teneur en eau du réservoir :

3.1. zone non saturée


Elle est caractérisée par le complexe réservoir /eau de rétention /air. L'eau de
rétention inclut l'eau capillaire .Elle est subdivisée en trois sous zones :
La zone d'évapotranspiration, la zone de transition ou la teneur en eau est voisine de la
capacité de rétention, la zone ou frange capillaire, alimentée par l'eau de la zone saturée
remontant par ascension capillaire.

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Cours d’Hydrogéologie
3.2. Zone saturée
Elle est caractérisée par le complexe réservoir /eau de rétention /eau gravitaire. Les
deux types d'eau de rétention et eau gravitaire y sont présents. C'est le domaine de l'eau
gravitaire et de la nappe d'eau souterraine. Sa limite supérieure est la surface de la nappe.

4. LOI DE DARCY : DISPOSITIF EXPERIMENTAL

Le dispositif expérimental comportait des tubes verticaux de 2.5m de haut et de


0.35m de diamètre intérieur, remplis de sable naturel, sur une hauteur, l. La partie supérieure
du tube est alimentée en eau à un niveau maintenu à une altitude constante, H, au-dessus d'un
plan fixe de référence; Le volume d'eau, recueilli à la base, est mesuré en fonction du temps,
en secondes ou en heures. Le poids de la colonne d'eau, de hauteur équivalente à H, est la
charge hydraulique, notée h, exprimée en mètres de hauteur d'eau.

4.1. Enoncé de la loi de Darcy


Avec ce dispositif, H. Darcy a montré que le volume d'eau, Q en m3/s, filtrant de haut
en bas dans la colonne de sable de hauteur l en m, à travers la section totale, perpendiculaire
à la direction verticale d'écoulement, A en m², est fonction d'un coefficient de
proportionnalité, K en m/s, caractéristique du sable et de la perte de charge par unité de
longueur du cylindre de sable, h/l sans dimension; D'où l'expression de la loi de Darcy :

Le terme, K, défini par Darcy comme un coefficient dépendant de la perméabilité de la


couche, est appelé coefficient de perméabilité. La perte de charge h/l, est défini comme le
gradient hydraulique, noté i.
L'expression précédente devient donc :

Q = K.A.i

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Cours d’Hydrogéologie

La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se laisser traverser par l'eau, sous l'effet
d'un gradient hydraulique. Elle exprime la résistance du milieu à l'écoulement de l'eau qui le
traverse. Le coefficient de perméabilité est le volume d'eau gravitaire en m3 traversant en
une seconde, sous l'effet d'une section en m² orthogonale à la direction de l'écoulement, à la
température de 20°C

4.2. Conditions d’application de la loi de Darcy


1. continuité isotrope
2. homogénéité de réservoir
3. écoulement laminaire

Exemple-2

Un échantillon du sable grossier a 15cm de hauteur et 5.5 cm de diamètre , il est placé


dans un perméamètre a charge constant , l’eau percole à travers l’échantillon sous une
charge de 40 cm en 6 second , en recueille 40g d’eau.
1- Calculer la vitesse et le gradient hydraulique
2- Déduire la valeur de coefficient de perméabilité ‘k’

5. Exploitation des nappes phréatiques

Les nappes phréatiques (ou nappes de surface), à cause de leurs présences très proches de la
surface de la terre (une profondeur inférieure à 50 mètres), sont généralement
caractérisées par une eau à la pression atmosphérique : l'eau est en contact avec
l'atmosphère à travers les grains des couches supérieures perméables (généralement
sableuses).
L'exploitation de ces nappes se fait généralement à l'aide de puits: ouvrages de 3 à 5 mètres
de diamètre et de profondeur allant jusqu'à 30 mètres. Quand un débit d'eau Q est pompé à
partir d'une nappe phréatique, au bout d'un certain temps, un régime d'équilibre va s'établir
entre la nappe et le puits qui va se traduire par un abaissement de la hauteur d'eau dans le
puits jusqu'à une valeur h inférieure à la hauteur initiale H. La différence (H-h), désignée par
s, prend le nom de rabattement de la nappe.
Ce rabattement dépend du débit pompé, du rayon du puits, de l'épaisseur et la perméabilité
de la nappe.
La formule de Dupuit nous donne une relation entre toutes ces grandeurs :

Dans laquelle Q est le débit pompé (en m3/s), K est la perméabilité de la nappe (en m/s), H et
h sont les hauteurs d'eau dans la nappe avant et après pompage respectivement (en m), r est
le rayon du puits (en m), R est le rayon d'action du puits (c'est la distance entre l'axe du puits
et le point où l'influence du pompage ne se fera pas sentir, en m) et s est le rabattement (en
m).

20
Cours d’Hydrogéologie

6. Exploitation des nappes profondes

Les nappes profondes (ou captives), à cause de leur grande profondeur (allant jusqu'à 2500
mètres), sont généralement caractérisées par une eau à une pression supérieure à la pression
atmosphérique. Ainsi, l'eau de ces nappes peut éventuellement jaillir toute seule et atteindre
le niveau du sol sans aucun pompage.
L'exploitation de ces nappes se fait généralement à l'aide de forages tubés de faible
diamètre: 9"5/8 et 13"3/8 (soit environ de 25 et 34 centimètres).
Les forages sont entièrement exécutés à partir de la surface par des foreuses : par
percussion (battage) ou rotation, à sec ou avec injection de l'eau ou de la boue pour faciliter
le forage.
Dans une nappe captive, le rabattement s est défini comme étant l'abaissement de la pression
d'une valeur initiale H à une pression inférieure h.

Dans ce cas, la formule de Dupuit s'écrit:

Dans laquelle e est l'épaisseur de la nappe (en m). Notons que, pour les nappes captives, le
produit de la perméabilité K par l'épaisseur e s'appelle la transmissivité : T = K.e (en m2/s).

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Cours d’Hydrogéologie
Chapitre V
CARTOGRAPHIE DE L'AQUIFERE
1. Introduction

La cartographie de l'aquifère a pour but de représenter sa configuration, sa structure et de


schématiser les fonctions du réservoir et son comportement hydrodynamique.
Les cartes sont de 2 types : structurales et piézométriques.
o Les cartes structurales, représentent la morphologie et la position des surfaces limites.
o La carte piézométrique, en courbes hydroisohypses, synthèse essentielle de l'étude
hydrogéologique, schématise la fonction conduite du réservoir et le comportement hydrodynamique
de l'aquifère avec figuration des conditions aux limites.

2. Cartes structurales de l'aquifère

Les cartes structurales de l'aquifère représentent sa configuration et sa structure; Elles sont


établies par synthèse des données sur la géologie, les conditions aux limites et les paramètres
physiques et hydrodynamiques des aquifères.

A. Cartes de la configuration de l'aquifère

La cartographie de la configuration, ou enveloppe de l'aquifère, représente les limites géologiques et


hydrodynamiques. Ces cartes permettent de déterminer les dimensions et le volume de l'aquifère.
L'interpolation spatiale des données ponctuelles est figurée par 3 types de cartes en courbes
d'isovaleurs :
 Cartes en courbes isohypses ou d'égale altitude, figurant la morphologie de la surface
considérée, au même titre que les cartes topographiques en courbes de niveau, représentant la
surface du sol ;
 Cartes en courbes isobathes ou d'égale profondeur, par référence à la surface du sol, situant
dans le sous-sol la surface représentée ;
 Cartes en courbes isopaches ou d'égale épaisseur de l'aquifère, bases du calcul du volume du
réservoir.
B. Cartes de la structure du réservoir
Les données sur les caractéristiques physiques du réservoir permettent de dresser des cartes
représentant la structure de l'aquifère. Les 3 principales catégories d'information portent sur :
 La lithologie (lithofaciès) exprimée par les symboles conventionnels normalisés ;
 La granulométrie des roches meubles avec les classes granulométriques et le diamètre efficace
 La fissuration des roches compactes
: Sens de l'écoulement
El Hammamet : Route
ro : Oued
ab : Chemin de fer
Ch
d
O ue : Quaternaire
en
oy : Eboulis et alluvions
nm
htie
ic : Pliocène
str
ae
M : Eocène : Calcaire
: Crétacé Sup. : Calcaire
Ou

: Crétacé M oy. : Calcaire


ed
el

: Crétace Sup. : Calcaires


ke
bir

: Trias
TEBESSA

n
nie
ro
Tu

Bekkaria

Bouroumane

Ech.: 1/140 000

Exemple de carte des conditions aux limites de Tébessa. 22


Cours d’Hydrogéologie

C. Cartes piézométriques
Les cartes piézométriques représentent à une date donnée, la distribution spatiale des
charges et des potentiels hydrauliques. Elles figurent également les conditions aux limites
hydrodynamiques.
Elles sont les documents de base de l'analyse et de la schématisation des fonctions
capacitives et conductrices du réservoir, et du comportement hydrodynamique de l'aquifère.
C'est la synthèse la plus importante d'une étude hydrogéologique.
Un exemple de carte piézométrique simplifiée :

D. Mesure des niveaux piézométriques


Elles doivent être effectuées avec des piézomètres dans des conditions de
stabilisation et pour l'ensemble de la région cartographiée au cours d'une période la plus
courte possible. .
E. Report des niveaux piézométriques
Les points d'eau, affectés de leur code de référence et de leur niveau
piézométrique, sont reportés sur une carte topographique en courbes de niveau à grande
échelle, en général à 1/50000.

D. Tracé des courbes hydroisohypses


La surface piézométrique est, comme la surface du sol, représentée par des courbes d'égale
altitude de niveau d'eau, soit d'égal niveau piézométrique, dites courbes hydroisohypses. Le
dessin de ces courbes comporte successivement le choix de leur équidistance et la technique
de leur tracé.

 Choix de l'équidistance des courbes hydroisohypses


L'équidistance des courbes hydroisohypses est la distance constante entre des plans
horizontaux d'égal niveau piézométrique.

23
Cours d’Hydrogéologie

Elle dépend de la précision et de la densité des mesures, des valeurs du gradient hydraulique,
et de l'échelle de la carte. En général, elle est de l'ordre du mètre (0.5, 1 ou 2m) pour les
cartes à 1/1000 et 1/20000 ; de 5 ou 10m pour celles à 1/50000 et 1/100000.
 Tracé des courbes hydroisohypses :
Il est effectué par différentes méthodes d'interpolation, adaptés à la précision et à la
densité des données disponibles.
o L'interpolation approximative est effectuée par une méthode visuelle. Dans la
plupart des cas, cette méthode donne des résultats satisfaisant mais elle doit
être utilisée avec prudence.
o La méthode d'interpolation du triangle se réalise en groupant par 3 les données.
Les côtés du triangle sont tracés et divisés en segments proportionnels. Les
courbes hydroisohypses sont obtenues en joignant, par des segments de droite,
les points d'égal niveau. Cette méthode donne d'excellents résultats lorsque les
points de mesure sont suffisants.

E. Interprétation des cartes piézométriques


L'interprétation des cartes piézométriques, appuyée sur les cartes structurales du réservoir,
aboutit à 5 opérations :
 Analyse morphologique de la surface piézométrique, par traçage des lignes de courant
et des axes principaux de flux ;
 Etude de la structure de l'aquifère. Anomalies structurales du réservoir. Distribution
spatiale des paramètres hydrodynamiques ;
 Etude des fonctions du réservoir : distribution spatiale des stocks d'eau et régime de
l'écoulement de l'eau souterraine ;
 Etude du comportement hydrodynamique de l'aquifère : débits imposés entrants et
sortants, potentiels imposés ;
 Analyse des fluctuations de la surface piézométrique des aquifères à nappe libre.
Prévision de l'évolution des niveaux piézométriques.

L'interprétation globale des cartes structurales et piézométriques aboutit à


l'identification des zones privilégiées pour l'implantation des stations d'essais et des
ouvrages de captages. Elle contribue également à la prescription des mesures de protection
de la qualité des eaux souterraines captées pour l'alimentation humaine.

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Cours d’Hydrogéologie
Chapitre VI
LES ESSAIS DE POMPAGE
1- Généralités :
Les expérimentations par pompage à débit constant sur les puits et forages s’effectuées par
les essais de débit (les pompages d’essai) qui consiste à mesurer l’accroissement du
rabattement des niveaux piézométriques en relation avec le temps de pompage et leur
remontée après arrêt de pompage.
Les interprétations sont données par résolution graphique des équations de l’hydrodynamique
souterraine en régime transitoire (non permanent).
Les essais de pompage sont des tests portant sur les modifications hydrodynamiques du
complexe formé de l’ouvrage d’exploitation (forage, puits) et le milieu aquifère enregistrées
après provocation par pompage à un débit donné.

2- Objectifs des essais de pompage :


Dans le but d’installer un ouvrage (forage) pour l’exploitation d’une nappe, il fallait répondre
sur certaines questions :
Quelle est la quantité d’eau qui peut être pompée ?
À quel rythme ?
Quelle pompe va-t-on choisir ?
à quelle profondeur l’installer ?

Les essais de pompage ont comme objectifs :

a- la détermination des différentes caractéristiques hydrodynamiques de la nappe aquifère :


- la perméabilité K
- la transmissivité T
- l’étendue de la nappe : le rayon d’action Ra (rayon d’influence)
- le coefficient d’emmagasinement S
b- le réglage optimal d’exploitation d’un forage pour éviter la surexploitation et l’assèchement
de la nappe, à travers :
- la détermination du débit spécifique, du rabattement spécifique, la productivité de
l’ouvrage, le débit maximum admissible et le rabattement maximum admissible.
- la détermination des durées et des périodes de pompage.
- la détermination de la position optimale pour l’emplacement de la pompe.
Et ce par l’étude de l’évolution des rabattements en fonction des débits.
c- la détermination des différentes réserves d’eau dans la nappe(réserve exploitable, réserve
renouvelable, réserve non renouvelable).
3- Types d’essais de pompage :
On distingue deux types d’essai :
3.1 l’essai de nappe (aquifère test) : qui permet d’obtenir la transmissivité, le coefficient
de perméabilité, le coefficient d’emmagasinement et le rayon d’action.
Ce type d’essais s’effectue avec le pompage de longue durée.
3.2. L’essai de puits (well test) : permettant de déterminer les caractéristiques de
l’ouvrage et de son environnement immédiat pour déterminer si l’ouvrage répond aux besoins
des usagers, de définir ces limites d’exploitations, et la possibilité d’envisager des
réhabilitations pendant l’exploitation (remplacement de la pompe par exemple). Il permet
également d’établir le programme d’équipement de l’ouvrage (tubage, crépine, massif filtrant).
Ce type d’essais s’effectue avec le pompage par paliers de courtes durées.

25
Cours d’Hydrogéologie

4- Essais de pompage à paliers de débits de courte durée :


Il s’effectue en réalisant des paliers de débit constant pendant une courte durée. On mesure
le rabattement à la fin de chaque palier ainsi que le débit. Chaque palier est suivi par un arrêt
d’une durée permettant la remontée de niveau d’eau.
Par expériences, trois paliers avec débits croissants, dont chacun de deux heures sont
suffisants.
4-1- Interprétation :
a- calcul des pertes de charge :
Le rabattement mesuré dans l’ouvrage à un instant donné, est la somme de deux composantes
nommées pertes de charge caractéristiques du complexe aquifère- ouvrage.
o une perte de charge linéaire provoquée par l’écoulement laminaire dans
l’aquifère au voisinage de l’ouvrage, notée : B.Q
o une perte de charge quadratique provoquée par l’écoulement turbulent
dans l’ouvrage, la crépine et le tubage, notée : C.Q2
Le rabattement total sera :
s = B.Q + C.Q2
Cette équation est appelée l’équation de Jacob, établie pour les nappes captives, alors qu’elle
n’est plus valable pour les nappes libres que pour des rabattements mesurés inférieures à l’un
dixième de l’épaisseur de la nappe.
Avec s : en m, et Q : en m3/h
B et C : sont les coefficients de perte de charge linéaire et quadratique respectivement.

b- Estimation du débit maximal d’exploitation


On obtient en fin de chaque palier des couples mesurés (si, Qi). En reportant ces valeurs sur
un graphique arithmétique, avec s en ordonnées et Q en abscisse pour obtenir finalement la
courbe du rabattement en fonction des débits s = f(Q).
Cette courbe est formée par deux partie :
- une partie droite : correspondant à la perte de charge linéaire, dont la perte de charge
quadratique est nulle.
- une parie courbe : correspondant à la somme de la perte de charge linéaire et quadratique.
Quant cette partie est convexe : la perte de charge quadratique est importante, et quant elle
est concave, elle se traduit par un essai non valable (mesures altérés, décolmatage,
amélioration de la circulation de l’eau au voisinage immédiat de l’ouvrage).

26
Cours d’Hydrogéologie

Les deux parties se lient par le point A correspondant au débit critique Qc.
Le débit maximal d’exploitation est fixé légèrement inférieur au débit critique.
Si aucune rupture de pente de la courbe s = f(Q) n’apparaît clairement, le débit maximal est
fixé en fonction du rabattement maximal admissible, soit 1 m au dessus des crépines.
La résolution de l’équation de Jacob donne :
Q = [(B2 + 4.B.s)0,5 –B] /(2.B)
En introduisant le rabattement maximal admissible à la place de Δ pour obtenir la valeur du
débit maximal.
c- Estimation des coefficients de perte de charge :

En reportant les valeurs des couples (si/Qi, Qi) : (rabattements spécifiques, débits), en
plaçant les valeurs de rabattements spécifiques en ordonnées et les valeurs de débits en
abscisse ; pour tracer la courbe du rabattement spécifique en fonction du débit s/Q = f(Q).
Par comparaison avec l’équation de Jacob, nous obtenons :
s/Q = C.Q + B
Cette courbe est toujours une droite.
Avec C : la pente de la droite.
Et B : l’ordonnée à l’origine de la courbe (la droite)
Cette courbe peut prendre trois formes :

- une droite passant par l’origine (droite n°1 sur la figure) : B est nul ; traduisant un régime
turbulent et des pertes de charge turbulentes (quadratiques) résultant principalement de
l’écoulement dans l’ouvrage. Dans cas :
s/Q = C.Q → s = C.Q2
Et les pertes de charges laminaires sont négligeables.
- une droite verticale (droite n°3 sur la figure) : C est nul ; traduisant un régime laminaire, et
des pertes de charge laminaires résultant principalement de l’écoulement dans l’aquifère.
Dans ce cas :
s/Q = B → s = B.Q
Et les pertes de charge turbulentes sont négligeables.
- une droite recoupant l’axe des coordonnées ; dans ce cas, la perte de charge résulte de
l’écoulement dans l’ouvrage et dans l’aquifère.

Une première évaluation des pertes de charge et de l’état de l’ouvrage est donnée par
Detay (1993):

27
Cours d’Hydrogéologie

d- Estimation de la profondeur d’installation de la pompe :


La profondeur d’installation de la crépine de pompe est fonction du niveau dynamique
prévisible. Ce niveau est donnée par le rabattement induit par le débit d’exploitation (débit
max.), majoré par des variations piézométriques annuelles (on augmente la cote de la crépine
de 2 à 3m).

EXERCICE :
Soit les mesures données par le tableau suivant, effectuées pendant un essai de pompage par
paliers de courte durée :

On demande de :
1- tracer la courbe s = f (Q)
2- déterminer la valeur de débit critique Qc.
3- déterminer le rabattement critique sc.
4- tracer la courbe s /Q = f (Q).
5- déduire les coefficients de perte de charge A et B et donner l’équation donnant la perte de
charge.
6- que peut-t-on dire concernant l’état de l’ouvrage.
7- donner la valeur de débit max à pomper si le rabattement maximal admissible est 4,5 m.

SOLUTION :
1- la courbe s = f (Q) :

2- d’après la courbe, la valeur de débit critique est Qc = 140 m3/h.


3- la valeur du rabattement critique correspondant au débit critique est sc = 4 m.

28
Cours d’Hydrogéologie
4- la courbe s/Q = f (Q) :

5- d’après le graphe : B = 0,01


et C = 1,4.10-4.
→ s = 0,01.Q + 1,4.10-4.Q2.
6- nous avons :
1.10-4 < C = 1,4.10-4 < 4.10-4.
Il s’agit d’un puits colmaté.
7- la valeur du débit max à pomper est :
Qmax = [(B2 + 4.B.s)0,5 – B ]/ (2.B) = 20,72 m3/h.

5- Essais de pompage de longue durée :


Ce type d’essais est à exécuter par un seul palier de débit (à débit constant) pendant 42
heures au moins avec un optimum de 72 heures. La remonté du niveau doit être observée
pendant une durée égale.
5-1- Compagnes de mesures :
a- mesure avant pompage :
Avant pompage, on mesure la profondeur de l’eau dans l’ouvrage de mesure (piézomètre,
forage) pour pouvoir détecter les variations naturelles de la nappe, on étalonne le système de
pompage (vanne, pompe…etc.), on vérifie les appareils de mesure, et on met des repères
visibles sur le sommet de tubage.
b- pendant le pompage :
On prend des mesures de débit, de temps et de rabattement (profondeur).
Généralement, le scénario de prise de mesures se fait comme suit d’après G. Castany :

c- après l’arrêt de pompage :


Après l’arrêt de pompage, on effectue les mêmes mesures précédemment et avec les mêmes
fréquences (même scénario)

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