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INTRODUCTION
L’étude du cycle de l’eau, ou hydrologie au sens large comporte trois volets
distincts :
- la météorologie ou climatologie : c’est la science qui étudie la composition et les
circulations de l’atmosphère, son bilan énergétique, les précipitations (pluie, neige, grêle)
et l’évaporation et l’évapotranspiration.
- l’hydrologie de surface : cette discipline s’intéresse aux écoulements dans les réseaux
hydrographiques. Elle a pour principaux objectifs :
- l’évaluation des ressources disponibles soit en régime naturel, soit après un
aménagement (barrage), et le calcul du volume de retenue nécessaire pour assurer un
débit donné.
- la prévision des risques de crue et des ouvrages nécessaires pour les
combattre.
- l’hydrologie souterraine ou hydrogéologie : C’est la science des eaux souterraines.
Elle a pour objet l’étude du rôle des matériaux constituant le sol et le sous-sol et des
structures géologiques dans l’origine, la distribution et le mode de gisement, les modalités
de l’écoulement et les propriétés physico-chimiques de l’eau.
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Chapitre I

LES EAUX SOUTERRAINES


DANS LE CYCLE
HYDROLOGIQUE NATUREL

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I- LE CYCLE HYDROLOGIQUE MONDIAL
Le cycle hydrologique met en jeu divers processus bien individualisés
(précipitation, évaporation, interception, transpiration (des végétaux),
ruissellement, percolation, infiltration, stockage dans les aquifères) qui
constituent les principaux volets de l’hydrologie d’où son expression schématique :
P=R+E+I

Les volumes d’eau mis en oeuvre dans le cycle de l’eau peuvent être
abordés d’un point de vue réserves statiques (stocks) ou réserves dynamiques
(flux).

• D’un point de vue statique (Tableau 2-1) : on remarquera que les océans (eaux
salées) représentent plus de 97 % des eaux terrestres; uniformément répartis sur
le globe, leur épaisseur moyenne serait de 2 640 mètres. L’eau douce ne
représente que 2,6 % des eaux terrestres dont 60 % sont des glaces, et les
rivières, qui sont abondamment exploitées pour l’alimentation en eau et
l’évacuation des déchets, ne représentent que 0,003 % de cette eau douce.

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Tableau 2-1 : Volumes d’eau stockés dans les différents réservoirs
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D’un point de vue dynamique (Figure 1-1) : Les différentes phases du
cycle de l’eau échangent constamment de la matière par précipitation (577 000
km3/an), évaporation (577 000 km3/an), infiltration, etc. En effet, si les précipitations
qui tombent sur l’océan sont de 458 000 km3/an et les précipitations qui tombent sur
les continents de 119 000 km3/an, l’évaporation sur les océans s’élève à 505 000
km3/an et l’évapotranspiration sur les continents à 72 000 km3/an. Il en ressort qu’il
y a un volume de 47 000 km3/an d’eau douce (44 000 liquide et 3000 neige et glace)
qui est transféré annuellement par l’atmosphère, des océans vers les continents.
Pour boucler ce cycle qui doit être conservatif, un écoulement souterrain de 44 000
km3/an des continents vers les océans doit se faire.
Sur ces 44 000 km3/an, 70 % (30 800 km3/an) sont des écoulements de
surface dans les cours d’eau et interceptés par les ouvrages de stockage
(barrages), et 30 % (13 200 km3/an) des écoulements souterrains. 9000 km3/an sont
potentiellement disponibles pour l’humanité et ce volume suffirait pour une
population mondiale de 25 Milliards d’habitants.

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Figure 1-1 : Le cycle de l’eau d’un point de vue dynamique
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Figure 2-1 : Cycle de l’eau et quantités d’eau en mouvement en km3/an
(D’après G. CASTANY, 1982)
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Réservoir Temps de renouvellement Temps de renouvellement
(Jacques, 1996) (Gleick, 1993)

Océans 2500 ans 3100 ans

Calottes glaciaires 1000 – 10 000 ans 16000 ans

Eaux souterraines 1500 ans 300 ans

Eaux du sol 1 an 280 jours

Lacs 10-20 ans 1-100 ans (eaux douces)


10-1000 ans (eaux salées)

Cours d'eau 10-20 jours 12-20 jours

Eau atmosphérique 8 jours 9 jours

Biosphère Quelques heures -

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II- ETUDE DES PARAMETRES DU BILAN
HYDROLOGIQUE (P, E, R, I)
1- Précipitations (P)

- Définition : Les précipitations sont constituées de toutes les eaux


météoriques tombant à la surface de la terre sous forme liquide (pluie), solide
(neige et grêle) ou vapeur (rosée). Elles sont mesurées en mm par jour.

- Mesure des précipitations :


pluviomètre et pluviographe

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Pluviomètre
Abri météorologique
Anémomètre
Bac d’évaporation

Figure 3-1 : Station météorologique

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Figure 4-1 : Abri météorologique

La mesure de la température de l'air exige quelques précautions en raison des effets perturbateurs, principalement ceux du rayonnement. Il est
donc nécessaire de protéger le thermomètre en le mettant sous un abri météorologique. Ces abris météorologiques abritent en général d'autres
instruments tels qu'un barographe ou un psychromètre par exemple.

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Pluviomètre 2000 cm²

Pluviomètre 400 cm²

Figure 5-1 : Pluviomètres 400 cm² et 2000 cm²


Un pluviomètre se compose d'une bague à arête chanfreinée, surmontant un récepteur (seau). On distingue
plusieurs types de pluviomètres selon la surface réceptrice qui peut être de 400 cm² (pluviomètre SPIEA en
France), ou de 200 cm² (pluviomètre HELLMANN en Suisse) ou encore 2000 cm² dans d’autres pays. La quantité
d'eau recueillie est mesurée à l'aide d'une éprouvette graduée toutes les 24 h à 7 h 00 précises.
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Augets basculateurs

Figure 6-1 : Pluviographe à augets Figure 7-1 : Pluviographe à augets basculateurs


basculateurs et centrale d’acquisition
automatique 14
2- Evapotranspiration (E)
- Définition : On regroupe généralement évaporation et transpiration sous le terme
«évapotranspiration», sans distinguer les deux phénomènes.
L’évapotranspiration résulte de deux phénomènes : l’évaporation des sols et
des surfaces d’eau libre qui est un phénomène physique et la transpiration du
couvert végétal à travers les stomates des plantes qui est un phénomène
biologique.
Les pertes d’eau d’un sol sont déterminées par sa couverture végétale, sa
lithologie sa perméabilité verticale, son humidité et la profondeur de la surface
piézométrique. On définit souvent, la quantité d’eau contenue dans le sol et
susceptible d’être transformée en vapeur : c’est la RFU ou Réserve Facilement
Utilisable. La valeur moyenne de RFU souvent utilisée : 100 à 200 mm (L. TURC,
1978). Cette quantité d’eau (RFU) est consommée par le pouvoir évaporant de
l’atmosphère (Evaporation potentielle) et l’activité biologique (transpiration), soit au
total par l’évapotranspiration potentielle (ETP), si l’on suppose que l’eau est
disponible en abondance.

Si l’eau venait qu’à manquer, on aura alors l’évapotranspiration réelle (ETR) et


toujours ETR ≤ ETP

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Figure 8-1 : Evaporation et évapotranspiration
(d’après G. CASTANY, 1982)

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- Mesure de l’évaporation et estimation de l'évapotranspiration :

* Mesure directe : bacs d’évaporation et évaporimètre de piche

* Estimation à partir de formules empiriques (ETR et ETP)

Il existe des formules empiriques qui sont basées sur des mesures
climatologiques (température, ensoleillement, vitesse du vent…). [par exemple
formules de Thornthwaite, Turc, Coutagne ou Penman].

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Figure 9-1 : Bac d’évaporation circulaire
Les bacs d’évaporation sont des bassins de 1 à 5 mètres de diamètre et de 10 à 70 cm de profondeur, posés
sur ou dans le sol (bacs enterrés) ou encore dans l'eau (bacs flottants). Dans tous les cas, on doit maintenir
le niveau de l'eau à faible distance au-dessous du bord du bac. Les variations du niveau d'eau du bac,
mesurées à des intervalles fixes, sont le reflet de l'intensité de l'évaporation.
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L'évaporimètre de Piche est constitué d'un tube
d'où l'eau s'évapore à travers la surface de papier
filtre. La baisse du niveau de l'eau est directement
lisible sur le tube calibré et le taux d'évaporation est
alors calculé par unité de surface de papier filtre.

Figure 10-1 : Evaporimètre de Piche

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Formules empiriques d’estimation de l’Evapotranspiration :

- Evapotranspiration Réelle (ETR)


• Formule de Turc (1954) : ETR (mm) = P / √ (0,9 + P2/L2)
Avec :
P : Précipitation moyenne annuelle (mm)
T : Température moyenne annuelle (°C)
L = 300 + 25.T + 0,05.T3

• Formule de Coutagne : ETR (m) = P – λ.P²


Avec :
P : Précipitation moyenne annuelle (mm)
λ : coefficient régional = (0,8 + 0,14.T) -1
Formule applicable pour 1/(8λ) < P < 1/λ
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Formules empiriques d’estimation de l’Evapotranspiration :

- Evapotranspiration potentielle (ETP)

• Formule de C.W. Thornthwaite (1948)

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Formules empiriques d’estimation de l’Evapotranspiration :

- Evapotranspiration potentielle (ETP)

• Formule de TURC

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Formules empiriques d’estimation de l’Evapotranspiration :

- Evapotranspiration potentielle (ETP)


• Formule de Penman

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3- Ruissellement (R)

- Définition : le ruissellement est la part des précipitations qui échappe à


l'évapotranspiration et à l'infiltration et qui circule dans le réseau
hydrographique (cours d'eau).
On distingue un ruissellement de surface et un «écoulement
hypodermique » qui se fait dans les premiers centimètres du sol.

- Mesure du ruissellement :
* échelles limnimétriques,
* moulinet de jaugeage dans les petits cours d’eau
* stations téléphériques de jaugeage avec saumon dans les grands
cours d’eau.

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Figure 11-1 : Echelles limnimétriques sur berges d’oued

L’échelle limnimétrique est une règle en métal, graduée au centimètre près, placée verticalement ou
inclinée, et permettant la lecture directe de la hauteur d'eau à la station considérée. Le zéro de l'échelle
limnimétrique doit être placé au-dessous des plus basses eaux, et ce pour ne pas avoir de cotes négatives.
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Figure 13-1 : Moulinet de jaugeage
26
Figure 12-1 : Station téléphérique de jaugeage Figure 13-1 : Saumon de jaugeage monté sur treuil
avec saumon 27
4- Infiltration (I)

- Définition : l'infiltration est la quantité d'eau qui commence par humidifier la


fraction supérieure du sol (quelques centimètres). Quand la teneur en eau
dépasse une valeur limite, appelée capacité de rétention spécifique, cette eau
se propage vers le bas et humidifie une zone plus profonde du sol pour parfois
atteindre la nappe phréatique.

En hydrogéologie, on parle souvent d’infiltration efficace : c’est la part de


l’infiltration qui rejoint la nappe d’eau souterraine.

- Mesure de l'infiltration:
* Méthode directe (Infiltromètres et lysimètres)
* Méthodes indirectes par mesure de l’humidité du sol
(tensiomètres, sonde à neutrons, résistivité)

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Figure 14-1 : Infiltromètre Müntz
La méthode de l’infiltromètre de Müntz est fondée sur le principe de l'infiltration à charge
constante. Un réservoir gradué entretient un niveau d'eau constant de 30 mm dans un cylindre implanté
dans le sol. Les variations, en fonction du temps, du niveau de l'eau dans le réservoir d'alimentation
gradué détermine le taux d'infiltration.

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Figure 15-1 : Infiltromètre à double cylindre
Deux cylindres concentriques sont implantés dans le sol. Le cylindre externe est rempli d'eau de façon
à saturer le sol autour du cylindre central et limiter également l'écoulement latéral de l'eau infiltrée dans le
sol à partir de ce dernier. On favorise ainsi un flux vertical de l'eau. La mesure est basée sur le principe de
l'infiltration à charge variable. Après remplissage des deux cylindres, les variations du niveau d'eau dans le
cylindre central sont mesurées au cours du temps. Cette méthode permet donc d'évaluer l'infiltration
verticale de l'eau dans le sol. 30
Figure 16-1 : Principe d'un lysimètre (ou case lysimétrique)

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III- EXPRESSION DU BILAN HYDROLOGIQUE
A L’ECHELLE D’UNE REGION
L’expression générale du bilan hydrologique d’une
région pour une année est :

P = E + R + I ± ΔW ± q

Avec :

- P ou Pe : Précipitations ou pluie efficace


- I ou Ie : Infiltration ou infiltration efficace
- E : Evapotranspiration réelle
- R ou QS : Ruissellement de surface
- Qw : écoulement souterrain
-ΔW : variation des réserves (positive s’il y a
accroissement du stock et négative s’il y a déstockage)
- q : apports et pertes extérieurs

Figure 17-1 : Les trois domaines d’espace


identifiant les systèmes hydrologiques
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IV- BILAN DES RESSOURCES EN EAU DE LA TUNISIE

- Précipitations : en moyenne 36.109 m3/an

- Evaporation et évapotranspiration : 32,5.109 m3/an (90 % des précipitations)

- Ruissellement (Ressources en eau de surface) : 2,7.109 m3/an


(7,5 % des précipitations)

Sur les 2,7.109 m3/an, 0,6.109 m3/an proviennent des écoulements de surface aux
limites (Algérie)

-Infiltration (Ressources en eau souterraines renouvelables) : 1,4.109 m3/an


(3,9 % des précipitations)

Nappes phréatiques (faibles profondeurs : 0–50 m) : 737.106 m3/an


Nappes profondes (fortes profondeurs > 50 m) : 682.106 m3/an

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Entrées Sorties

- Précipitations : 36.109 m3/an - Ruissellement de surface : 2,7.109 m3/an

- Eaux de surface entrant par les - Evaporation : 32,5.109 m3/an


limites (Algérie) : 0,6.109 m3/an
- Infiltration aux nappes : 1,4.109 m3/an

- Sortie à la mer : négligeable

36,6.109 m3/an 36,6.109 m3/an

Tableau 3-1 : Bilan hydrologique moyen annuel de la Tunisie

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Figure 18-1 : Carte des isohyètes moyennes
interannuelles de la Tunisie

35
Figure 19-1 : Carte de l’évapotranspiration
potentielle moyenne annuelle de la Tunisie

36
Figure 20-1 : Carte des principaux bassins versants de la Tunisie

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Mobilisation des eaux de surface :
26 Barrages et grands barrages

- 15 au Nord :
Gouvernorat Ben Arous (1) : El Hmma (2002)
Gouvernorat Bizerte (3) : Ghezala (1984), Joumine (1984), Sejnane (1994)
Gouvernoat Béja (3) : Kasseb (1968), Sidi Salem (1981), Sidi El Barrak (1999)
Gouvernorat Jendouba (3) : Beni M’tir (1954), Bou Heurtma (1976), Zouitina
(1999)
Gouvernorat Le Kef (1) : Mellègue (1954)
Gouvernorat Siliana (3) : Lakhmes (1966), Siliana (1987), R’Mil (2002)
Gouvernorat Zaghouan (1) : Bir M’Cherga (1971)

- 6 au Cap Bon :
Chiba (1963), Masri (1968), Lebna (1988), Bezirkh (1959), Rmel (1998), El Abid
(2002)

- 4 au Centre :
Gouvernorat Kairouan (3) : Nebhana (1965), Sidi Saad (1982), El Haouareb
(1989)
Gouvernorat Kasserine (1) : El Brek (2002)

- 1 au Sud :
Gouvernorat Gafsa : Sidi Aïch (1998)

Figure 21-1 : Carte de grands barrages de la Tunisie


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Barrage Sidi Salem : Le plus grand barrage de Tunisie
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Mobilisation des eaux souterraines :

- Nappes phréatiques :

Nombre total de puits de surface inventoriés (2000) : 128399


Nombre de puits équipés de groupes moto-pompes : 86965 (taux d’équipement 68 %)

Généralement les eaux des nappes phréatiques sont exploitées sur place
sans conduite.

- Nappes profondes :

Nombre total d’ouvrages d’exploitation :

- 2935 forages pompés (652,8 Mm3/an soit 60,5 % de l’exploitation totale)


- 330 forages artésiens (377,2 Mm3/an soit 35 % de l’exploitation totale)
- 97 sources (49 Mm3/an soit 4,5 % de l’exploitation totale)

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Puits de surface

41
Forage artésien dans le sud tunisien

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Chapitre II

CARACTERISTIQUES HYDROLOGIQUES ET
FACTEURS D’ECOULEMENT :
Porosité, perméabilité, coefficient
d’emmagasinement et transmissivité

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INTRODUCTION
L’hydrogéologie, d’après la définition retenue, étudie cinq grandes séries de problèmes:
- la distribution et le mode de gisement de l’eau dans le sol et le sous-sol (physique du sol)
- l’écoulement des eaux souterraines (hydrodynamique souterraine);
- la physico-chimie des eaux souterraines (hydrogéochimie);
- l’alimentation et l’émergence des eaux souterraines (bilan);
Le sol et le sous-sol ou complexe air-eau-sédiment est constitué de matériaux
(roches et sols) ayant la propriété, à des degrés divers, d’emmagasiner, de laisser s’écouler
et de restituer l’eau souterraine en fonction de leurs caractéristiques physiques et
hydrologiques. Les sels solubles contribuent à la composition chimique des eaux (exemple:
eaux minérales en général, eaux sulfatées sodiques des roches métamorphiques, sulfatées
calciques des formations gypseuses).
En hydrogéologie, on s’intéresse à la zone saturée qui constitue l’aquifère et qui
rempli trois fonctions essentielles par rapport à l’eau :
- fonction Réservoir ou capacitive : elle est régie par la porosité n et le coefficient
d’emmagasinement S.
- fonction Conductrice : elle est régie par la perméabilité K et le coefficient de
transmissivité T
- fonction Echange : elle donne la qualité physico-chimique de l’eau

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I- DIFFERENTS TYPES D'EAU DANS LE SOL ET LE
SOUS-SOL (Phase eau)
Le sol et le sous-sol sont constitués de matériaux poreux susceptibles de contenir de l’eau.
L'eau est une molécule ionisée constituant un dipôle, qui subit dans le sol et le sous-sol, des
forces d'attraction moléculaire.

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De ce fait, l’eau se présente sous deux états :

1- L’eau de rétention
La molécule d’eau (H2O), par son caractère polaire (H+ et OH-) est attirée par la surface des cristaux
contenus dans le sol (chargée +). Une certaine quantité d’eau du sol est ainsi adsorbée par la roche. C’est
l’eau de rétention ou l’eau d’imbibition, souvent qualifiée d’eau liée. On peut y distinguer :

- l’eau hygroscopique, est adsorbée à la surface des grains et fortement retenue par les forces d’attraction
moléculaires. Elle est impossible à extraire. Cette eau ne peut se déplacer qu’à l’état de vapeur : on l'élimine
par dessiccation à 105°C.

- l'eau pelliculaire entoure les particules de sol d’une mince pellicule d’épaisseur variable (0 à 1 µm). Les
racines des végétaux sont capables de l'extraire. En laboratoire on l'extrait par centrifugation. Elle peut se
déplacer à l’état liquide par le jeu des attractions moléculaires.

- l'eau capillaire occupe les fins interstices que constituent les passages entre les grains du sol. Dans ces
pores, elle est soumise aux forces de tension superficielle et peut remonter au-dessus de la nappe souterraine,
par capillarité. On distingue l’eau capillaire continue qui remplit la totalité des pores et l’eau capillaire isolée qui
n’occupe qu’une partie des vides. La hauteur capillaire dépend de la nature des pores; plus les pores sont
petits, plus la hauteur est grande.

2- L’eau libre

- L'eau gravitaire ou eau libre est la seule à circuler dans le sol et le sous-sol, sous l'effet de la pesanteur.
L’eau libre remplit l’espace resté libre des pores, interstices et fissures de la roche. Elle s’écoule dans le sous-
sol et peut être extraite par des procédés facilement utilisables. Sous l’action des différences de pression, l’eau
gravifique peut circuler dans les nappes aquifères. C’est elle qui constitue la partie active des eaux
souterraines.
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ZONALITE SOL/EAU SOUTERRAINE
Une coupe depuis la surface du sol
jusqu'à la première nappe phréatique montre la
zonalité suivante:
- une zone non saturée ou d’aération
constituée d’un complexe réservoir/eau de
rétention/air. En fonction de la teneur en eau qui
croît vers le bas, elle se subdivise en trois sous-
zones : zone d’évapotranspiration, zone de
transition et zone de remontée capillaire ou frange
capillaire.
- une zone saturée constituée d’un
complexe réservoir/eau de rétention/eau
gravitaire. La partie supérieure est imprégnée
d'eau remontant par capillarité. Les piézomètres
indiquent la position du sommet de l'eau gravitaire
alors que le sommet de la nappe libre se situe au
niveau de l'eau capillaire.

(1) eau de rétention; (2) eau gravitaire; (3) remontée


capillaire;
(4) surface piézométrique; (5) surface de la nappe.
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II- CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SOL ET DU
SOUS-SOL
Les différents types d’eau que l’on vient de voir ci-dessus, vont occuper les vides de la
roche.

On peut identifier deux types de vides dans les roches : les pores et les fissures.
- Les pores ou interstices sont des vides de petites dimensions, toujours inférieurs au
dixième de millimètre, dépendant de la cohésion des grains de formes et de grosseurs
variables: grains de silice d’un sable, galets et particules de limons d’une formation alluviale.

- Les fissures sont des fentes plus ou moins étroites, allongées, d’origine mécanique en
général. Les microfissures, d’une largeur inférieure à 0,25 mm, ont les mêmes
caractéristiques que les pores. Un calcaire présente des fissures.
Ces deux types de vides permettent de distinguer deux grandes catégories de roches du
point de vue hydrogéologique:
- les roches meubles, ou non consolidées, qui présentent uniquement des pores (roches
poreuses: graviers, sables, sables argileux et argiles);

- les roches compactes, ou consolidées, où les fissures dominent (calcaire, grès,


basalte, granite).

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II- 1- Etude de la granulométrie d’un sédiment (Phase solide)

L'étude granulométrique d'un sédiment,


est l'ensemble des techniques de laboratoire,
permettant de déterminer les caractéristiques
physiques, pétrographiques et géochimiques des
roches meubles. En hydrogéologie, l'analyse
granulométrique permet de caractériser la phase
solide du complexe air-eau-sédiment.

a- Technique utilisée : Tamisage par voie sèche


On réalise une analyse granulométrique par
tamisage. L’échantillon après avoir été pesé est
passé sur une colonne de tamis à mailles de plus
en plus petites. On pèse ensuite les parties de
l’échantillons restées dans chaque tamis (appelés
refus).

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Les résultats de l'analyse granulométrique sont représentés sous forme d'une courbe
cumulative (diagramme semi-logarithmique : taille des grains en mm en abscisses
logarithmiques et % des poids cumulés des refus ou tamisas, en ordonnées).
La position de la courbe cumulative dans le diagramme permet par référence à la
classification portée en haut ou en bas, de classer l'échantillon et de le désigner par un terme
lithologique précis.

50
La pente de la courbe donne une indication sur le type de granulométrie :
uniforme ou homogène si la pente est voisine de la verticale.

- variée ou hétérogène si la courbe s'étale dans le diagramme.

51
b- Calcul des paramètres granulométriques

La courbe cumulative permet de déterminer différents paramètres à savoir :

- le diamètre caractéristique dx, en mm, est mesuré par la valeur lue en abscisses,
correspondant à un pourcentage en poids cumulés, choisi arbitrairement en ordonnées. Le
plus utilisé est le diamètre efficace d10, obtenu par la valeur 10 %.

- le diamètre efficace d10 correspond au diamètre tel que 10 % des éléments du


milieu soient plus petits que d10 . Ce paramètre conditionne les propriétés de perméabilité
étant donné que se sont les éléments fins qui sont susceptibles d’obstruer les pores.

- Le coefficient d’uniformité ou coefficient de Hazen, sans dimension, attribue


une valeur numérique à la pente de la courbe. Il est défini par le rapport : U = d60 / d10

Par convention, si U est compris entre 1 et 2, la granulométrie est dite uniforme ou


homogène, si U est supérieur à 2, la granulométrie est dite variée ou hétérogène.

52
c- Classification granulométrique des sédiments

Désignation Diamètre des grains


(mm)
Cailloux, pierres, blocs > 16
Graviers et gravillons 2 < 
< 16
Sables grossiers 0,5 < <2

Sables moyens 0,25 <  
< 0,5
Sables fins 0,06 < 
< 0,25
Silts 0,002 <  < 0,06
Argiles < 0,002

Les colonnes de tamis usuelles permettent de filtrer de 16 mm à 0,06 mm.

Sédiment d10 (mm) nt (%) ne (%)


Gravier moyen 2,5 45 40
Sable grossier 0,250 38 34
Sable moyen 0,125 40 30
Sable fin 0,09 40 28
Silt 0,03 36 3
Argile 0,0002 47 0
La différence entre nt et ne est d’autant plus grande que le grain est plus fin.
53
54
II-1- Etude de la Porosité d’une roche (Phase air)
La porosité d’une roche constitue l’ensemble des vides qu’elle contient.
Suivant la nature de ces vides, on distingue différents types de porosités :
- porosité d’interstices dans les sables (1)
- porosité vacuolaire surtout rencontrée dans les roches éruptives
- porosité de fissures (2) rencontrée dans les roches compactes (joints de
stratification, diaclases, fissures, shistosité)
- porosité de chenaux dans les roches solubles (gypse, calcaire)

1 1 2

1 1 2
Selon que ces vides sont ou non interconnectés, on distinguera deux types de porosité.
55
a- Porosité totale (concerne toutes les eaux )

La porosité totale (nt) d’une roche


est définie comme étant le pourcentage du
volume des vides (Vv) sur le volume total
(Vt) de cette roche et s’exprime en % :

nt (%) = [Vv / Vt ] . 100

- saturation: l'eau s'écoule,


- capacité au champ: le maximum d'eau est retenu dans le terrain (< saturation)
- point de flétrissement: les racines ne peuvent plus vaincre les forces de rétention de l'eau.
56
Si l’on s’intéresse à des milieux poreux théoriques, constitués d’assemblages de sphères de même
diamètre, on peut montrer qu’il existe six cas possibles d’agencement de sphères juxtaposées (dérivés des
arrangements rhombique et cubique) conduisant à des porosités de 26 % - 30 % - 40 % - 48 %

- Facteurs de la porosité totale des roches meubles


La porosité totale des roches est fonction du volume global des vides et dépend :
- de la forme des grains (gravier anguleux, sable, argile)
- de la dimension respective des grains (exprimée par l'analyse granulométrique) qui joue un rôle
plus important que le diamètre des grains. En effet, les particules fines peuvent obturer les pores (d'où
l'utilité du coefficient d'uniformité U = d60 / d10 et du diamètre efficace d10). La porosité est d'autant plus
grande que la taille des grains est plus uniforme.
- de l'arrangement des grains (Voir plus haut)
- du degré de tassement et de la cimentation auront tendance à diminuer cette porosité.
57
b- Porosité efficace (concerne l'eau libre)

La porosité efficace (ne) (spécific yield) est définie comme étant le rapport du
volume Ve de l’eau de gravité, recueilli par drainage, au volume total de l'échantillon (Vt). Ce
paramètre, exprimé en pourcentage, permet de calculer le volume d’eau exploitable d'un gisement,
le volume de l’aquifère étant connu.

ne (%) = [Ve / Vt ] . 100

58
Sédiment nt (%) ne (%)
Gravier moyen 45 40
Sable grossier 38 34
Sable moyen 40 30
Sable fin 40 28
Silt 36 3
Argile 47 0

Tableau 1-2 : Valeurs de porosité totale et porosité efficace

59
c- Mesures de la porosité
La mesure de la porosité d’un échantillon est une tâche
délicate étant donné qu’il est difficile dans la pratique d’avoir un
échantillon non remanié sauf dans le cas d’un carottage.

- Mesures directes sur échantillon


- On mesure d’abord le volume total (Vt) de l’échantillon, soit par
ses dimensions (sol non consolidé prélevé par carottage), avant
que sa structure ne soit détruite ; soit par le volume de liquide qu’il
déplace après que sa surface ait été imperméabilisée à la
paraffine fondue (immersion dans l’eau distillée ou le mercure).

On mesure le volume des pores connectés en pesant


l’échantillon saturé (Ph) d’eau puis ensuite sec après passage à
l’étuve et constance de poids (Ps).
nt = (Ph – Ps) /Vt = (Vv/Vt).100
- Porosimètre
60
- Mesures indirectes in situ

- Résistivité du terrain : A l’exception des argiles, les minéraux usuels du sol sont plus ou
moins isolants et l’électricité circule dans la phase liquide du sol. La résistivité est donc
fonction de la porosité.
Les géophysiciens proposent la relation empirique permettant de déterminer le
« facteur de formation » F de la façon suivante :
Résistivité de la roche
F = -------------------------------------------------
Résistivité de l’eau contenue
A l’aide de tables appropriées, à chaque facteur F correspond une valeur de porosité
totale.

Archie propose la formule empirique suivante : F = C / ntm avec C voisin de 1, et m le


facteur de cimentation (1,3 (sable) < m < 2,2 (calcaire)).

Statistiquement on obtient F = 0,62 / nt2,15

D’après Houpeurt : F = 0,75 / nt2 quand nt > 15 %


et F = 1 / nt2 quand nt < 15 %

61
- Diagraphie neutron : A l’aide d’une sonde à neutrons, on bombarde le terrain avec des
neutrons rapides (Am : Améritium généralement), puis on compte les neutrons lents
produits par ralentissement des neutrons rapides sur les atomes d’Hydrogène, qui sont
essentiellement présents dans l’eau.
On peut obtenir ainsi la porosité des milieux saturés, et surtout la teneur en eau des
milieux non saturés. Il est préférable cependant de faire un étalonnage de la méthode sur
un échantillon de sol sec, pour retrancher la part des atomes d’Hydrogène qui ne sont
pas liés à la porosité (eau de constitution des argiles)

- Méthode gamma-gamma (méthode des densités): A l’aide d’une sonde appropriée, on


bombarde le terrain avec des rayons Gamma. On détecte la partie non absorbée du
rayonnement à une distance fixe de l’émetteur. Cette quantité est fonction inverse de la
masse spécifique des terrains traversés par le rayonnement. Or cette masse spécifique
est liée à la porosité par la relation :
rr = nt . re + (1-nt) . rs
où rr , re , rs , sont les masses spécifiques respectives de la roche en place, de l’eau et
des grains solides qui la constituent.

- Vitesse du son : C’est une méthode surtout utilisée par les pétroliers. La vitesse du son
est liée à de nombreux paramètres dont la porosité par la quantité de fluide dans la
roche.

62
II- 3- Coefficient d’emmagasinement
Les vides d’un matériau aquifère contiennent une eau
de rétention et une eau gravitaire.
- Cas des nappes libres :
Pour les nappes libres, le coefficient
d’emmagasinement (storage coefficient) est défini
comme étant le volume d’eau pouvant être libéré (par
gravité) par un prisme vertical de matériau aquifère de
section égale à l’unité, pour une baisse unité du niveau
piézométrique ou de charge hydraulique.

Dans les aquifères libres, le coefficient


d’emmagasinement est sensiblement égal à la porosité
efficace (S = ne).
Pour les nappes libres, le coefficient
d’emmagasinement varie en général :

- de 10 à 20 % pour les alluvions et les sables


- de 2 à 15 % pour les gravier plus ou moins sableux
- de 1 à 5 % pour les limons.

63
- Cas des nappes captives :
Pour les nappes captives, le mécanisme de libération de l’eau
est différent. Le départ d’eau se fait essentiellement par
décompression. Le départ d’eau entraîne une baisse de pression
et le liquide contenu dans les pores se dilate par détente élastique
fournissant ainsi une certaine quantité d’eau. La pression
hydrostatique dans les terrains diminue entraînant ainsi des
tassements de sol à la suite de pompages prolongés.
L’expression du coefficient d’emmagasinement pour les
nappes captives est le suivant : S = r . ne . g . e ( a / ne + b) où
a : coefficient de compressibilité de la matrice poreuse
b : coefficient de compressibilité de l’eau
r : poids spécifique de l’eau
ne : porosité efficace
g : accélération de la pesanteur
e : épaisseur de l’aquifère

Dans les nappes captives, où l’eau n’est pas libérée par


gravité mais par décompression, le coefficient d’emmagasinement
est 100 à 1 000 fois plus petit que pour les nappes libres. Ce
coefficient varie en général de 10-3 à 10-6.
L’ordre de grandeur du coefficient d’emmagasinement,
mesuré sur le terrain à partir des essais de pompage, permet donc
de déterminer le type de nappe, captive ou libre.
64
III- FACTEURS D’ECOULEMENT DANS LE SOL ET LE SOUS SOL
III- 1- Expérience de Darcy
En 1856, Henry Darcy étudie les fontaines de la ville de Dijon (France), et établit
expérimentalement que le débit d’eau s’écoulant à travers un massif de sable peut se
calculer de la façon suivante :

Les conditions d’expérience sont les suivantes :

- Un cylindre vertical de 2,5 m de long et 0,35 m de diamètre intérieur

- Matériau aquifère ayant la composition granulométrique suivante :

58 % en poids des grains de 0,77 mm


13 % en poids des grains de 1,1 mm
12 % en poids des grains de 2 mm
17 % en poids des graviers

- la porosité totale était de 38 %

- sable utilisé avec coefficient K = 3 . 10-4 m/s

Schéma de l’expérience de Darcy


65
Schéma de l’expérience de Darcy (2)

66
Le débit Q qui s’écoule par unité de temps, à travers une section totale de terrain A (m2), est
fonction d’un coefficient de proportionnalité K (m/s) et du gradient hydraulique (Dh/L sans dimension)
ou perte de charge.

En divisant par A les deux membres de l’équation de Darcy, on fait apparaître la vitesse U
fictive du fluide à la sortie du massif, comme si toute la section était soumise à l’écoulement. C’est ce
que nous pouvons appeler vitesse de Darcy ou vitesse apparente ou vitesse de filtration : U = Q / A

Mais en réalité, la section soumise à l’écoulement est égale à (A.ne ) < A

d’où l’expression de la vitesse microscopique moyenne ou vitesse réelle effective : Ve = U / ne


et Ve >> U
De plus, si l’on note i = Dh/L la perte de charge par unité de longueur du milieu poreux
traversé, dénommé encore gradient hydraulique, on obtient U = K . i , qui est l’expression la plus
simple de la Loi de Darcy.

67
III- 2- Gradient hydraulique
Le gradient hydraulique ou perte de charge par unité de longueur est un facteur
prépondérant dans la circulation des eaux souterraines. C’est un nombre sans dimension qui
correspond à une différence de pression entre deux points donnés d’un aquifère.

h1 = z1 + p1/rg
h2 = z2 + p2/rg

68
La charge hydraulique en un point est la somme de la charge hydrostatique et de la charge
hydrodynamique. Ces deux charges constituent deux types d’énergies (énergie potentielle et
énergie cinétique).

h (charge hydraulique) = Ep (charge hydrostatique) + Ec (charge hydrodynamique)

Les caractéristiques de l’écoulement d’un fluide sous l’effet d’un champ de pesanteur
(d’accélération g) sont définies par l’équation d’état (Théorème de Bernouilli) suivante :
h = z + p/rg + u2/2g
h : énergie mécanique totale
z + p/rg : énergie potentielle
u2/2g : énergie cinétique

En hydrogéologie, la charge hydrodynamique (u2/2g) est très faible et négligeable, d’où :

h (charge hydraulique) = hz (charge altimétrique) + hp (charge piézométrique)


énergie de position + énergie de pression
h = z + p/rg

Dans la pratique, on exprimera la charge hydraulique de dimension [L] par la cote


piézométrique.

69
- h est constant dans un fluide au repos
En deux points A et B d’un fluide au repos de masse spécifique r, on peut écrire :
hA = PA/rg + zA
PA + rg(zA - zB)
hB = PB/rg + zB = ---------------------- + zB
rg
hB = PA/rg + zA = hA

- h décroît dans le sens de l’écoulement


hA = 0 + zA
PA + rg(zA – zB)
hB = PB/rg + zB = ---------------------- + zB = hA = zA
rg
hC = PC/rg + zC = zC hC – hB = zC – zA = Dh

Q = K . A . (hC – hB)/BC d’où U = K . (hC – hB)/BC


(hC – hB)/BC est le gradient de charge (variation dans le sens de l’écoulement donc signe -)

La loi de Darcy peut aussi s’écrire sous forme vectorielle : U = - K grad h

70
Limite de validité de la loi de Darcy :

Cette loi n’est valable que dans des conditions nettement définies :

- milieu continu
- milieu homogène et isotrope
- substratum imperméable horizontal
- écoulement en régime laminaire

* Pour que l’on ait un régime d’écoulement laminaire, il faut que la vitesse de filtration U soit
inférieure à la vitesse critique Uc.
Uc = m. Re/d
où :
m :est la viscosité dynamique de l’eau
d : le diamètre des conduites (en hydraulique) ou des grains (d10)
Re : le nombre de Reynolds en milieu poreux

L’écoulement est laminaire à l’intérieur des pores tant que 1 < Re < 10, si 10 < Re <
100 l’écoulement n’est ni laminaire ni turbulent. Au delà de Re = 100, le régime d’écoulement
est turbulent à l’intérieur des pores.

71
Dans la nature, les conditions de validité de la loi de Darcy peuvent être considérées
comme respectées, sauf dans les cas où les gradients hydrauliques sont faibles ou forts :

Gradients faibles : Pour les faibles valeurs de i, la vitesse de filtration est nulle, donc K = 0. La
proportionnalité ne s’applique que pour i > i1

Gradients forts :
Dans les terrains karstiques et au voisinage immédiat des ouvrages de captage, comme
valeur du gradient limite, on peut noter la formule empirique de Sichardt (in Chauveteau) :
I = 1/ ( 15 . K ) où K est exprimé en m/s

72
III- 3- Perméabilité

a- Définition :

La perméabilité est définie comme étant l’aptitude plus ou moins grande avec laquelle
une roche se laisse traverser par un fluide sous l’effet d’un gradient hydraulique. Elle
dépend de la morphologie des grains, également de la porosité mais ne lui est pas
proportionnelle.

Deux roches peuvent avoir la même porosité mais des perméabilités différentes
puisque cette perméabilité est fonction de la grosseur des grains.

Il existe deux sortes de perméabilité selon le type de roche :

- Perméabilité en petit : une formation est dite perméable en petit quand sa


perméabilité est due à la perméabilité d’interstice (grès, sables)

- Perméabilité en grand : une formation est dite perméable en grand quand


sa perméabilité est due à l’existence de fissures par lesquelles l’eau peut circuler (calcaire).

73
b/ Coefficient de perméabilité

Le coefficient de perméabilité caractérise l’écoulement de l’eau gravitaire dans les roches


réservoirs : c’est le volume d’eau s’écoulant pendant l’unité de temps à travers l’unité de section de
l’aquifère, sous un gradient hydraulique égal à 1 et à la température de 20 °C.

- Coefficient de perméabilité de Darcy


Le coefficient K de la loi de Darcy est appelé coefficient de perméabilité de Darcy ou tout
simplement coefficient de perméabilité. Il a la dimension d’une vitesse [Loi de Darcy U = K . i (m/s)].

74
- Coefficient de perméabilité intrinsèque

Le coefficient de perméabilité englobe des facteurs propres au fluide (poids spécifique, viscosité,
densité) et des facteurs propres à la roche (porosité). D’où le coefficient de perméabilité peut s’écrire sous
forme d’une relation :
K = [ g / m ] . [d² . f(n)]

g est la poids spécifique du liquide et m sa viscosité


d est le diamètre efficace
f(n) est une fonction de la porosité
k = d² . f(n) est appelé coefficient de perméabilité intrinsèque ou perméabilité géométrique. Il a pour
dimension une surface (m²). d correspond au diamètre efficace d10, f(n) caractérise le type de milieu et
varie de 46 à 116 et statistiquement nous pouvons utiliser une valeur moyenne de 100.

A. Hazen (1895) établit une relation empirique qui lie la vitesse apparente d’écoulement (vitesse de
filtration) en fonction de la granulométrie :
U = N . D10² . h/L . 1/m où :
U est la vitesse apparente d’écoulement en cm/s
N est une constante voisine de 100-116
h est la charge d’eau sur la colonne expérimentale en cm
L est la longueur de la colonne expérimentale en cm
m est la viscosité en poise, qui varie avec la température
Après simplifications, la formule empirique qui permet de déterminer le coefficient de perméabilité
intrinsèque est la suivante : k = 100 . d10² où k est exprimé en cm² et d10 exprimé en cm.
75
c/ Unité de perméabilité

A l’origine, l’unité de perméabilité à été le darcy souvent utilisé par les pétroliers.

Le darcy est la perméabilité d’un matériau aquifère débitant 1cm3/s à travers une surface
de 1 cm², sous un gradient normal à cette surface de 1 atmosphère par centimètre.

1 darcy correspond à 0,966 . 10-3 cm/s à 20 °C soit environ 1 . 10-3 cm/s

Dans la pratique, on utilise surtout le millidarcy.

Dans le système de mesure international, l’unité de perméabilité est le m/s. Pour une eau
souterraine classique, 1 darcy = 10-5 m/s

Quelques valeurs de perméabilité :


- Graviers sans éléments fins : 10-2 m/s
- Sables non argileux et graviers :10-2 à 10-5 m/s
- Sables fins argileux : 10-5 à 10-9 m/s
- Argiles franches : 10-9 à 10-13 m/s

La distinction entre roche perméable et roche imperméable est arbitrairement faite à


10-9 m/s. Les argiles sont imperméables malgré leur porosité totale importante, à cause de la
finesse de leurs pores, leur donnant une porosité efficace très faible.
76
d/ Mesure de la perméabilité sur échantillon

Perméamètre à charge constante

Perméamètre à charge variable


77
III- 4- Coefficient de transmissivité

La transmissivité d’une couche aquifère est définie comme étant son aptitude à
transmettre un flux d’eau. Elle dépend de l’épaisseur de cette couche et de son coefficient de
perméabilité.

Le produit T = K. e exprimé en m²/s est appelé coefficient de transmissivité.

L’écoulement de l’eau souterraine, donc la productivité d’un aquifère, est régi par la
transmissivité. Mais le coefficient d’emmagasinement joue un rôle par l’intervention du volume
des vides dans la libération de l’eau.

C’est pourquoi on définit aussi la diffusivité T/S d’un aquifère, quotient de la transmissivité
par le coefficient d’emmagasinement.

Par exemple pour les sables albiens du bassin de Paris :


T = 0,3 m²/s et S = 0,005; d’où T/S = 60 m²/s.

78
79
CHAPITRE III
LES DIFFERENTS TYPES
DE RESERVOIRS AQUIFERES
ET LEURS CARACTERISTIQUES

80
I- INTRODUCTION
Définitions
- Un réservoir aquifère est une couche de roche perméable comportant une zone saturée (ensemble du milieu
solide et de l’eau contenue) qui permet un écoulement significatif d’une nappe d’eau souterraine et le captage d’une
quantité appréciable d’eau. Un aquifère peut comporter une zone non saturée.
- une nappe d’eau souterraine est définie par Margat et Castany comme « l’ensemble des eaux comprises
dans la zone saturée d’un aquifère, dont toutes les parties sont en liaison ».

II- STRUCTURE ET CONFIGURATION DES RESERVOIRS AQUIFERES


II- 1- Formations hydrogéologiques
Une formation géologique est tout d’abord définie par un ensemble de caractéristiques pétrographiques et
paléontologiques : c’est ce que l’on appelle faciès d’une formation.
Une formation présente des limites nettes à savoir : un substratum ou mur vers le bas, un toit vers le haut et
des limites latérales ou affleurements.
En hydrogéologie, on ne s’intéressera qu’aux formations lithologiques perméables vis-à-vis de l’eau (formations
hydrogéologiques). Les formations géologiques constituant les réservoirs aquifères peuvent être de trois types :
perméable, imperméable ou semi-perméable.
II- 2- Les limites de réservoirs aquifères
Un aquifère est une formation hydrogéologique définie à partir de ces conditions aux limites :
- La limite inférieure est un substratum imperméable.
- La limite supérieure détermine trois principaux types d’aquifères du point de vue hydrodynamique : aquifères à
nappe libre, à nappe captive et à nappe semi-captive.

81
82
De plus, un aquifère présente toujours :
- une ou des zones d'alimentation (entrées) : affleurement du réservoir aquifère, faille, cours d’eau
alimentant
- une ou des zones d'exhaure (sorties ou exutoires) : sources, faille, cours d’eau drainant, sebkha,
mer, puits ou forage d’exploitation

83
II- 3- Différents types de réservoirs aquifères
a/ Aquifère à nappe libre :
Une nappe libre (water table aquifer) est une nappe où la surface piézométrique (limite supérieure)
coïncide avec la surface libre de la nappe, qui est surmontée par une zone non saturée.

La surface piézométrique qui est en équilibre avec la pression atmosphérique est une limite
hydrodynamique qui peut s’élever ou s’abaisser librement dans la formation hydrogéologique. On dit qu’il
y a des fluctuations piézométriques.
Le niveau piézométrique est l’altitude du niveau d’eau dans un piézomètre ouvert à une cote
donnée et mesuré à une date donnée. L’ensemble des niveaux piézométriques recueillis dans une
84 région
constitue la surface piézométrique.
b/ Aquifère à nappe captive :

Une nappe captive (confined aquifer) est une nappe dont la limite supérieure est
constituée par une formation peu ou pas perméable. Dans ce cas, le niveau piézométrique
est supérieur à la cote du toit de la nappe.

85
c/ Aquifère à nappe semi-captive

Dans le cas d’une nappe semi-captive, au moins une des limites est une formation
semi-perméable, ce qui se traduira par des échanges verticaux d’eau par le phénomène de
drainance (leakage). Ce phénomène de drainance exige deux conditions : existence d’un
semi-perméable (perméabilité de 10-4 à 10-9 m/s) et existence d’une différence de charge
hydraulique entre les deux aquifères.

86
En réalité, une même nappe peut être libre, captive ascendante ou captive
artésienne selon les endroits.

Nappe libre Nappe captive jaillissante ou artésienne

ascendante
Captive
Nappe

87
III- LES PRINCIPAUX TYPES DE SOURCES

III- 1- Les sources artésiennes :

Ces sources prennent naissance à


partir d’une nappe captive emprisonnée entre
deux formations imperméables. L’eau circulant
sous pression dans la formation aquifère, peut
remonter vers la surface pour émerger, soit
sous forme d’une source ponctuelle par le
biais de fissures et failles (dans les roches
compactes), soit sous forme de sources
diffuses (dans les roches meubles).

88
III- 2- Les sources par débordement :

Ces sources apparaissent dans des zones de


passage entre une nappe captive et une nappe libre,
par affleurement de la base du toit imperméable. Il
existe alors deux cas distincts : la partie libre est
située à l’amont de la partie captive (zone de recharge
d’un aquifère à nappe captive) ou la partie libre se
situe à l’aval de la partie captive (zone de décharge).

89
III- 3- Les sources par émergences :

Lorsque la zone saturée d’un aquifère à nappe libre affleure à la surface du sol, elle donne
naissance à une source par émergence. Ce type de sources se rencontre dans des zones à relief très
peu accentué, non loin de zones marécageuses.

90
III- 4- Les sources par déversement :

Ces sources se rencontrent dans des zones où il


existe un aquifère à nappe libre perchée, et sont liées à
l’affleurement du substratum imperméable.

91
IV- PRINCIPAUX TYPES DE NAPPES
IV- 1- Nappes libres
a/ Nappes de vallée
En climat tempéré

Dans ce type de nappe, l’eau circule vers les exutoires, qui sont les points bas de la topographie (sources,
rivières, lacs…).
Nous avons représenté sur cette coupe, les lignes de courant de l’écoulement, et les lignes d’égale charge,
qu’on appelle ligne équipotentielles de l’écoulement (ou courbes isopièzes, courbes piézométriques).
Si la perméabilité est isotrope, les lignes de courant sont perpendiculaires aux équipotentielles d’après la loi
de Darcy.
On appelle nappe phréatique ce type de nappe (du grec phreatos , puits) qui veut simplement dire que c’est
la première nappe que l’on rencontre lorsque l’on creuse un puits, et qui est donc la plus facilement exploitée.

92
En climat aride

Les crues des oueds temporaires amènent beaucoup d’eau, qui peut s’infiltrer et alimenter
la nappe. On a souvent des systèmes endoréiques c’est-à-dire des écoulements vers des
dépressions fermées formant des lacs temporaires où l’eau s’accumule et s’évapore, laissant
des croûtes salées en surface (chotts, sebkhas).

93
b/ Nappes alluviales

C’est une nappe libre contenue dans des alluvions qui ont été accumulés par un cours
d’eau (fleuve). L’eau de la nappe est généralement en équilibre avec l’eau du fleuve, étant
tantôt drainée par le fleuve, tantôt alimentée par lui.

On appelle souvent ce type de nappe « nappe sous fluviale » ou d’inféroflux ou encore


chez les anglo-saxons underflow aquifer.

94
c/ Nappe perchée

C’est une nappe limitée vers le bas par un imperméable et qui n’est pas en liaison avec un
cours d’eau venant soutenir son alimentation. Elle s’alimente généralement directement par la
pluie, et ses exutoires sont matérialisés par des sources (cas du Nord de la Tunisie à Aïn
Draham).

95
d/ Les karsts

Ce type de nappe se rencontre dans les régions calcaires. Sous l’effet de l’érosion et
par attaque chimique par des eaux de pluie acides, les carbonates sont dissous
progressivement et il se forme des cavités et des chenaux permettant à l’eau d’infiltration
de circuler. Les exutoires de ces nappes sont appelées résurgences ou exurgences.

96
IV- 2- Nappes captives

Ces nappes sont généralement situées à des profondeurs plus grandes. Elles sont
recouvertes par des formations imperméables mettant l’eau sous pression.
Si deux nappes sont superposées, il peut se produire des phénomènes de drainance
verticale vers le haut ou vers le bas selon les gradients.

97
IV- 3- Cas des nappes côtières
Dans le cas où l’eau n’est pas perturbée, le contact eau douce-eau salée peut être
considéré comme une ligne de courant, et la surface piézométrique également. En un point A du
biseau, l'égalité des pressions et l'immobilité de l'eau de mer nous permet d'écrire :

PA = - r2 . g. zA ou bien PA= - r1 . g . zA + r1 . g . h
Soit en posant l'égalité : - r2 . g. zA = - r1 . g . zA + r1 . g . h

D'où : (r1 - r2) . g .z = r1 . g . h

Donc : zA= h . r1/(r1 - r2)


98
La profondeur zA de l'interface eau douce-eau salée, est donc liée à la charge h dans l'eau
douce et au contraste de densité de l'eau. A 32 g/l de sel, la masse volumique de l'eau de mer
est voisine de 1,025 T/m3 et cela donne : zA = - 40.h

Avec : - pour l’eau de mer : r2 = 1,025 T/m3 ou g/cm3


- pour l’eau douce : r1 = 1 g/cm3

Cette relation est connue sous le nom de "Principe de Ghyben Herzberg".

Ceci permet, en première approximation, d'estimer sur une nappe côtière, la profondeur
probable de l'interface eau douce-eau salée. Si par exemple, à 200 m du rivage marin, la
charge piézométrique est de +2 m au dessus du niveau de la mer, la profondeur probable du
biseau sera d'environ 80 m, à moins qu'il n'ait déjà été arrêté par le substratum de la nappe.

L’exploitation intensive des nappes côtières peut parfois engendrer une intrusion marine
qui contaminera les eaux de la nappe à jamais.

99
V- RESERVES DES NAPPES AQUIFERES

V- 1- Définitions

Les réserves en eau souterraine


constituent un volume d’eau gravitaire stocké dans
une tranche de réservoir aquifère, pour une période
donnée. Les données qui déterminent les réserves
en eau souterraine sont fixes (substratum et toit
imperméables des nappes captives, coefficient
d'emmagasinement); ou variables (surface
piézométrique des nappes libres).

D'un point de vue général, on distingue


quatre types de réserves :

- Réserves totales ou réserves géologiques,


- Réserves régulatrices,
- Réserves permanentes,
- Réserves exploitables.

100
V- 2- Réserves en eau des nappes libres

Pour les aquifères à nappe libre, on distingue quatre types de réserves :

101
a/ Réserves totales
Les réserves totales d’une nappe d’eau souterraine constituent le volume d’eau gravitaire
emmagasiné entre le substratum imperméable et la surface libre maximum moyenne de toutes les
années d’observation : WT = A . ne . Bmax

b/ Réserves régulatrices
Les réserves régulatrices d’une nappe d’eau souterraine représentent le volume d’eau gravitaire
emmagasiné dans la zone de fluctuation de la surface piézométrique d’une nappe libre par
référence à une durée donnée (année) : WR = A . ne . Dh

c/ Réserves permanentes
Les réserves permanentes d’une nappe d’eau souterraine représentent le volume d’eau non
renouvelé des réserves totales. Dans le cas d’une nappe libre, elle est limitée vers le haut par la
surface piézométrique minimale moyenne pour une durée donnée :
WP = WT – WR
d/ Réserves exploitables
Les réserves exploitables d’une nappe d’eau souterraine constituent le volume d’eau maximal
qu’il est possible en pratique d’extraire dans un aquifère temporairement ou définitivement dans des
conditions économiques acceptables.

Les réserves en eau souterraine sont généralement renouvelées chaque année par l’infiltration
efficace (IE). En dehors de l’exploitation par l’homme, IE est compensée par QW (écoulement
souterrain).

102
V- 3- Réserves en eau des nappes captives

Dans les nappes captives, la surface piézométrique étant, par définition, au dessus du
toit imperméable, les fluctuations n'intéressent pas la couche aquifère. Elles se traduisent par
des variations de pression dp. Les réserves régulatrices ne sont pas individualisées et seules
sont à considérer les réserves permanentes, égales aux réserves totales et au volume d'eau
libérable de la totalité de la couche aquifère.

Pour une nappe captive, l'expression des réserves totales est : WT = A . e . S

103
V- 4- Taux de renouvellement

Le taux de renouvellement des réserves d’une nappe est le rapport de l’alimentation moyenne annuelle à la réserve
totale moyenne (WM) c’est-à-dire limitée vers le haut par la surface piézométrique moyenne annuelle.

Taux de renouvellement (%) TR = IE/WM = QW/WM

V- 5- Durée de renouvellement

La durée de renouvellement des réserves d’une nappe est le temps théorique nécessaire pour que le volume cumulé
de l’alimentation soit égal à la réserve moyenne. Il est exprimé en années :

Durée de renouvellement = WM / IE= WM/QW

IE dépend de la pluviométrie et de la lithologie de la formation aquifère


WM dépend de la structure géologique du réservoir aquifère
Taux de Importance des Régulation
renouvellement réserves
TR > 1 Faible Nulle
TR = 0,5 Moyenne Limitée
TR = 0,1 Importante Optimale
0,001 < TR < 0,1 Très importante Très grande

Si l’alimentation est très faible, on parle de nappe fossile : c’est une eau très ancienne, qui se renouvelle très peu
aujourd’hui et qui s’est infiltrée dans des conditions climatiques plus clémentes.

C’est le cas des aquifères sahariens (Continental Intercalaire et Complexe Terminal) dont les eaux qui constituent les
réserves se sont infiltrées il y a 7000 à 30 000 ans, lors des périodes humides du Quaternaires (dernières glaciations).

104
CHAPITRE IV
CIRCULATION DES EAUX SOUTERRAINES
DANS LES COUCHES HOMOGENES ET
HETEROGENES A ECOULEMENT
UNIFORME ET NON UNIFORME

105
I- INTRODUCTION
Pour qu’il y ait écoulement d’eau entre deux
points, il faut qu’il existe une différence de pression
ou de charge hydraulique c’est-à-dire qu’il existe un
gradient hydraulique.
La schématisation de l'écoulement de l'eau
souterraine se fait à l'aide de cartes piézométriques
qui représentent la répartition de la charge
hydraulique d'une nappe en tout point de l'espace.
On définit les lignes piézométriques comme
étant des équipotentielles (égale charge, potentiel
hydraulique ou niveau piézométrique) et en
hydrodynamique souterraine, l'écoulement est
considéré comme le déplacement de particules le
long de trajectoires théoriques appelées lignes de
courant ou lignes de flux ou filets liquides. Une ligne
de courant est par définition perpendiculaire aux
lignes équipotentielles.
Dans le chapitre 2, nous avons vu que la loi de
Darcy ne pouvait s’appliquer que si le milieu
perméable présentait les trois caractéristiques
physiques suivantes : Continuité, Isotropie et
homogénéité.
106
II- MILIEU CONTINU, HOMOGENE, ISOTROPE : définition
II- 1- Milieu continu :
Un milieu perméable comportant des vides interconnectés dans le sens de l’écoulement est dit continu. Les
roches meubles, pourvues de pores et les roches compactes, découpées par un réseau de micro-fissures
constituent des milieux continus. Par contre, les roches compactes à macrofissures et karstiques (cavités) sont des

milieux discontinus.
II- 2- Milieu isotrope :
Un milieu est dit isotrope lorsque ses caractéristiques
physiques (granulométrie en particulier) sont constantes dans les
trois directions de l’espace. Dans le cas contraire, il est dit
anisotrope.

II- 3- Milieu homogène :


Un milieu est dit homogène lorsqu’il présente en tout point
dans le sens de l’écoulement, des caractéristiques physiques
constantes.
Un milieu homogène peut être isotrope ou anisotrope.
Un milieu hétérogène est toujours anisotrope.

Or, ces trois propriétés ne sont pas toujours respectées


dans la nature : c’est une question d’échelle.

107
II- 4- Notion de Volume Représentatif
Elémentaire (VRE) :
Ainsi, un aquifère peut être considéré comme
homogène à l’échelle régionale, mais il devient
hétérogène à l’échelle locale, tout en étant
homogène à l’échelle du VRE.
On définit le VRE comme étant le volume
unitaire assimilé à un cube de grandeur comprise
entre deux limites extrêmes. Ce VRE doit être
assez petit pour être isotrope et homogène et
assez grand par rapport aux dimensions des vides
pour permettre la continuité de l’écoulement.
Cette notion de VRE est utilisée pour
l'établissement des modèles conceptuels dans la
modélisation hydrogéologique.

108
III- CIRCULATION DES EAUX SOUTERRAINES DANS LES MILIEUX NATURELS

Dans la nature, les milieux aquifères présentent des variations de perméabilité par rapport
au sens de l’écoulement des eaux souterraines, les dépôts sédimentaires présentant des
variations de faciès latérales et verticales. On doit alors considérer la perméabilité de l’aquifère
dans les trois directions de l’espace avec Kx, Ky et Kz.

La loi de Darcy suppose que Kx, Ky et Kz sont égaux (Principe d’une couche aquifère
isotrope). Cependant, pour les écoulements souterrains, nous ne prendrons en considération
que Kx et Ky car l’essentiel de l’écoulement est dans un plan horizontal.

Si en plus, le milieu est homogène et isotrope, nous prendrons Kx = Ky = K.

109
Si par contre, nous considérons un milieu homogène anisotrope, nous pouvons décrire
deux cas particulier :

- Circulation en série ou circulation verticale :

QV : Q1 = Q2 = Q3

S ei
Kmoy V = ---------------
S ei/Ki

110
- Circulation en parallèle ou circulation horizontale :

QH = Q1 + Q2 + Q3

Sei.Ki
KmoyH =-------------
S ei

On retrouve ici la composition des résistances pour la loi d’Ohm.


En réalité, dans la nature, KH >>> KV

111
IV- DIFFERENTS TYPES D’ECOULEMENTS

La courbure et le module d’espacement des


courbes piézométriques nous permettent de
différencier trois grands types d’écoulements dans
les aquifères. Chaque type est caractérisé, en plan,
par le tracé des courbes isopièzes et en coupe par
son profil piézométrique.

Les aquifères à nappe plate (a) présentent


une surface piézométrique plane, inclinée dans le
sens de l’écoulement. Le profil piézométrique est
linéaire. Ce type de nappe, seul à caractériser un
écoulement uniforme, est restreint aux aquifères
homogènes à épaisseur constante, donc
pratiquement aux aquifères à nappe captive.
Les aquifères à nappe cylindrique (b) sont
caractérisés par une surface piézométrique
cylindrique et le régime d’écoulement est non
uniforme.
Les aquifères à nappe radiale (c, d, e et f)
sont les plus fréquents. La surface piézométrique
est de forme convexe à profil parabolique (d, f) avec
module d’espacement décroissant ou concave à
profil hyperbolique (c, e) avec module d’espacement
croissant.
112
Selon le type de nappe (plate, cylindrique ou radiale), on va définir le type d’écoulement.

IV- 1- Ecoulement uniforme :

L’écoulement uniforme est caractérisé par des débits unitaires et une direction constants
en tout point de l’aquifère. Les lignes isopièzes sont parallèles et équidistantes. La surface
piézométrique présente de ce fait un profil linéaire, c’est-à-dire que le gradient hydraulique est
constant. Généralement l’écoulement est uniforme si la formation aquifère est homogène et à
épaisseur contante.

Dans les nappes libres, l’écoulement est très rarement de type uniforme car les formations
aquifères sont souvent des sédiments détritiques d’origine continentale très hétérogènes. Par
contre, dans les nappes captives, il est fréquent d’avoir un écoulement souterrain uniforme.
113
IV- 2- Ecoulement non uniforme :

L’écoulement non uniforme se caractérise par des débits unitaires et une direction
variable selon les endroits de l’aquifère. Les lignes isopièzes sont parallèles mais non
équidistantes. Le profil de la surface piézométrique a une allure non linéaire mais convexe ou
concave.

Dans la réalité, on peut avoir un profil qui combine les deux types d’écoulement non
uniforme, donnant ainsi un profil elliptique à la surface piézométrique :

114
IV- 3- Ecoulement radial :

L’écoulement radial se caractérise


par des lignes de courant sous forme de
rayons divergents ou convergents selon
le cas :

- Ecoulement radial à filets


liquides convergents : les lignes
isopièzes forment des arcs de cercles
avec concavité orientée vers l’aval
hydraulique de la nappe. Cette
configuration caractérise en général les
zones de drainage par des cours d’eau ou
surfaces d’évaporation (exutoires).

- Ecoulement radial à filets


liquides divergents : les lignes isopièzes
forment des arcs de cercles avec
concavité orientée vers l’amont
hydraulique de la nappe. Cette
configuration caractérise souvent les aires
d’alimentation par infiltration des
précipitations

115
V- INTERPRETATION DU PROFIL DE DEPRESSION :

Le profil de dépression d’une nappe est défini par une multitude de facteurs à savoir :

- le type de nappe (voir plus haut),


- la perméabilité de la formation aquifère,
- le débit d’écoulement souterrain,
- la forme de la surface topographique,
- la structure de l’aquifère.

116
a/ Variation de la perméabilité :

Soient deux filets liquides de la surface piézométrique et deux sections d’écoulement A1 et


A2 :

Par hypothèse, on a : Q1 = Q2

Q1 = K1.A1 .i1 et Q2 = K2 . A2 . i2 d’où :


K1.A1 .i1 = K2 . A2 . i2 et K1/K2 = A2/A1 . i2/i1

Donc K1/K2 = C . i2/i1

A débit constant, le gradient hydraulique d’une nappe (la pente du profil de


dépression) est ainsi inversement proportionnel au coefficient de perméabilité. Si la
perméabilité d’un réservoir aquifère diminue dans le sens de l’écoulement, la pente du profil de
dépression (ou le gradient hydraulique) augmente et sa courbure est accentuée. Cette évolution
se traduit par un resserrement des courbes isopièzes.
117
b/ Variation du débit d’écoulement

Les autres facteurs étant constants (K), soient Q1 et Q2 les débits souterrains
traversant deux sections A1 et A2 sous les gradients hydrauliques i1 et i2 :
Q1 = K .A1 .i1 et Q2 = K . A2 . i2 d’où :
Q1/Q2 = (A1 . i1)/ (A2 .i2) donc : Q1/Q2 = C . i1/i2

La pente du profil de dépression est directement proportionnelle au débit


traversant une section donnée. L’accroissement du débit dans le sens de
l’écoulement se traduit par un resserrement des courbes isopièzes.

c/ Influence de la forme de la surface topographique :

D’après G. Castany, « la forme de la surface piézométrique épouse celle de la


topographie »

118
d/ Influence de la structure de l’aquifère :
- Variation de la section d’écoulement
Q = K .A .i donc : à K et Q constants : si A diminue, alors i augmente

- Variation de la structure propre


Une lentille imperméable ou une faille affectant le réservoir aquifère modifie la
configuration des courbes isopièzes.

119
- Variation de la forme du substratum imperméable

La forme du substratum imperméable a une influence sur la forme de la surface


piézométrique. Si l’inclinaison du substratum est dans le sens de l’écoulement, il y a
accélération de l’écoulement souterrain et rapprochement des courbes isopièzes. Dans le cas
contraire, il y a ralentissement de l’écoulement souterrain et espacement des courbes isopièzes.

120
TRAVAUX PRATIQUES :

CARTOGRAPHIE DES AQUIFERES :

ETABLISSEMENT ET INTERPRETATION
DE LA CARTE PIEZOMETRIQUE

121
INTRODUCTION

La cartographie des aquifères a pour but essentiel de représenter leur configuration,


leur structure et schématiser les fonctions du réservoir et son comportement hydrodynamique.

La cartographie peut être représentée avec différents types de cartes :

- les cartes en courbes isohypses ou égale altitude (du toit, du mur)

- les cartes en courbes isobathes ou d'égale profondeur

- les cartes en courbes isopaques ou d'égale épaisseur de l'aquifère

On distingue les cartes structurales et les cartes piézométriques.

122
I- LES CARTES STRUCTURALES

I-1- Cartes de la surface du substratum

Ces cartes sont généralement tracées en courbes isohypses ou isobathes si l'on


ne dispose pas des cotes topographiques. Elles donnent des renseignements sur la
profondeur maximum des puits et forages.

I-2- Cartes de la limite supérieure de l'aquifère


Pour les nappes captives, la morphologie du toit imperméable du réservoir
aquifère est représentée par des cartes en courbes isohypses et en courbes isobathes.
Pour les nappes libres, la morphologie de la surface piézométrique donne des
renseignements sur la profondeur du niveau de l'eau dans les puits et forages.

I-3- Carte de l'épaisseur de l'aquifère


La superposition de deux cartes en courbes isohypses (carte de la surface du
substratum et carte de la base du toit imperméable ou de la surface piézométrique) permet
de tracer les courbes isopaques du réservoir aquifère. Ces cartes permettent de calculer le
volume de ce réservoir aquifère, qui est utile pour l'estimation des réserves en eau
souterraine.

123
I-4- Carte des conditions aux limites latérales géologiques et hydrodynamiques
Sur ces cartes, on reporte les informations concernant les limites latérales géologiques
(affleurement, lignes de partage des eaux, limite à flux nul, failles...).

I-5- Carte des caractéristiques physiques du réservoir


Les données sur les caractéristiques physiques du réservoir permettent de tracer des
cartes de la structure du réservoir, utiles pour l'implantation de nouveaux forages. On distingue
3 principaux types de cartes :

- carte représentant la lithologie


- carte représentant la granulométrie des roches meubles (d10, classes
granulométriques)
- carte de la fissuration pour les roches compactes (étudiée par l'analyse structurale)

I-6- Carte des paramètres hydrodynamiques


On peut aussi reporter sur des cartes, si l'on dispose d'assez de données, les
informations concernant le coefficient de perméabilité, la transmissivité, le coefficient
d'emmagasinement ou de débit spécifique.

124
II- CARTES PIEZOMETRIQUES

II-1- Etablissement

Une carte de la surface piézométrique établie à partir des mesures des niveaux
piézométriques, à une date donnée, représente la distribution spatiale des charges et des
potentiels hydrauliques.
Les cartes piézométriques sont des documents de base de l'analyse et de la
schématisation des fonctions capacitive et conductrice du réservoir, et du comportement
hydrodynamique de l'aquifère. C'est la synthèse la plus importante d'une étude
hydrogéologique.

- Mesure des niveaux


On mesure la profondeur du niveau de la nappe par rapport au niveau du sol à l’aide
d’une sonde électrique lumineuse ou sonore, dans des puits de surface ou dans des
piézomètres. Ces mesures doivent être effectuées dans des conditions de stabilisation des
niveaux, et à la même date.

125
Puits de surface (Mejez El Bab)

Puits de surface (Jerba)

126
Puits de surface dans oued (Siliana)

127
Différents types de sondes électriques

Mesure de la profondeur de la surface de la nappe


dans un piézomètre 128
- Tracé des courbes hydro isohypses

Il existe trois méthodes pour le traçage des courbes iso piézométriques :

- Interpolation approximative
Les courbes iso piézométriques sont tracées en tenant compte, implicitement , des lois
générales de la morphologie de la surface piézométrique.

- Interpolation du triangle
Les données sont groupées par trois, aux sommets de triangles. Les côtés du triangle
sont tracées et divisés en segments proportionnels. Les courbes sont obtenues en joignant par
des segments de droites, les points d'égal niveau. Les tracés sont ensuite lissés pour obtenir
des courbes régulières. Cette méthode donne d'excellents résultats lorsque les points de
mesure sont suffisants.

- Programmes de traitement informatique


Des programmes informatiques utilisant différentes méthodes d'interpolation (krigeage,
interpolation linéaire, polynomiale....) permettent de tracer des courbes iso pièzes à partir des
données mesurées. A l'aide de tables traçantes, on obtient des cartes plus précises.
Néanmoins, il est souvent nécessaire de corriger les courbes surtout pour les zones extérieures
car l'interpolation est toujours faussée par manque de points voisins.

129
La méthode d’interpolation des triangles

Rivière

Points de mesure

1- Reporter les valeurs des cotes piézométriques


H = z – hp
z : altitude du sol
hp : profondeur de la surface de la nappe
H : cote piézométrique (altitude de la surface de la nappe) 2- Regrouper les points trois par trois et tracer les triangles

130
La méthode d’interpolation des triangles (Suite)

3- Diviser les cotés des triangles en segments proportionnels

4- Tracer les courbes isopiézométriques

131
II-2- Habillage des cartes piézométriques
Après avoir tracé les courbes isopiézométriques (équipotentielles), il est nécessaire de
tracer les lignes de courant qui leurs sont perpendiculaires, et les flèches correspondantes
représentant le sens d’écoulement déduit des niveaux piézométriques. Les droites brisées,
ainsi tracées perpendiculairement aux courbes isopiézométriques, sont lissées.

5- Tracer les lignes de courant


perpendiculairement aux isopièzes
1 : Point d’observation,
2: courbe isopièzes et niveau piézométrique
3: Courbe maîtresse
4: courbe intermédiaire
132
II-3- Interprétation des cartes piézométriques

L’interprétation des cartes piézométriques passe par l’analyse du tracé


plus ou moins sinueux, et du module d’espacement des courbes entre elles.

La courbure et le module d’espacement des courbes


Isopièzes identifient trois grands types d’aquifères élémentaires :

a : aquifère à nappe plate;


b : aquifère à nappe cylindrique;
c, d, e et f : aquifère à nappe radiale

133
- analyse de la courbure du tracé

Si la concavité des courbes est ouverte vers l’aval de la nappe, elle signifie un écoulement convergent vers l’aval.

Si la concavité est orientée vers l’amont, elle signifie au contraire un écoulement divergent vers l’aval.

134
- analyse du module d’espacement
Le module d’espacement des courbes isopiézométriques peut être constant, croissant ou
décroissant dans le sens de l’écoulement. Selon les cas, il reflète deux types d’écoulement :
- Ecoulement uniforme (a) caractérisé par des débits unitaires et une direction constante
en tout point du domaine aquifère. Sur une coupe verticale passant par une ligne de courant, il
caractérise le profil piézométrique. La valeur numérique de cet espacement s’appelle gradient
hydraulique. Ce régime exige un aquifère homogène à épaisseur constante.
- Écoulement non uniforme (b et c) présente des débits unitaires et une direction
variable selon les points du domaine

Profil linéaire Profil parabolique Profil hyperbolique

135
- calcul du gradient hydraulique
Définition : Le gradient hydraulique est la différence de niveau piézométrique
entre deux points de la surface piézométrique, par unité de longueur, mesurée le long
d’une ligne de courant. Elle est assimilable à la pente de la surface piézométrique.

Vue en plan (Carte piézométrique) Vue en coupe transversale

136
Une nappe peut soit alimenter une rivière (à droite) : on parle de cours d’eau
drainant;

soit être alimentée par une rivière (à gauche) : on dit que la nappe draine la rivière

La nappe draine la rivière La rivière draine la nappe

137
CHAPITRE V
METHODES DE PROSPECTION ET
D’EXPLORATION HYDROGEOLOGIQUES

138
I- INTRODUCTION
Pour étudier une nouvelle région d’un point de vue hydrogéologique, il est
nécessaire d’entreprendre des études préliminaires diverses qui se complètent. Ces
études nous permettront de localiser les ressources en eau souterraines et d’évaluer
les quantités d’eau disponibles. Parmi ces études préliminaires on peut citer :
- l’inventaire des ressources en eau
- étude géologique et géomorphologique,
- étude par prospection géophysique (prospections électrique, sismique et
gravimétrique, polarisation spontanée),
- la reconnaissance par sondage,
- les diagraphies des sondages,
- la cartographie des eaux souterraines,
- l’établissement du bilan en eau (de surface et souterraine) de la région,
- étude par modèle numérique du bassin hydrologique afin de pouvoir faire
des prévisions d’exploitation à moyen ou long terme en établissant des scénarios
possibles de développement de la région.

139
II- INVENAIRE DES RESSOURCES EN EAU
L’inventaire des ressources en eau d’une région passe tout d’abord par
une étude bibliographique sur la région puis par une étude de prospection sur le
terrain afin de dresser un inventaire systématique de tous les points d’eau
naturels (source, lacs, marais, cours d’eau pérennes ou temporaires) et artificiels
(puits de surface, forages, citernes, lacs collinaires, ouvrages d’épandage des
crues…). Tous les résultats de l’enquête menée sur le terrain seront portés sur des
fiches d’inventaire.

140
III- ETUDE GEOLOGIQUE ET
GEOMORPHOLOGIQUE
A l’aide d’une carte topographique, des photos aériennes et même parfois des
photos satellitaires, nous allons étudier le relief de la région, c’est-à-dire situer les
points hauts et les points bas et voir les sens d’écoulement des eaux de surface qui
peuvent parfois être en relation avec l’écoulement souterrain.

A partir de la carte géologique, nous allons identifier et localiser les formations


perméables qui peuvent contenir potentiellement une nappe et voir dans quelles
mesures cette nappe peut exister. Se poser la question s’il existe une formation
imperméable pouvant constituer un substratum ou bien s’il y a lieu d’existence d’une
nappe à surface libre séparée d’une nappe captive par un imperméable ou un semi-
perméable. Dans ce dernier cas, il faudra penser à la possibilité de drainance
verticale.

S’il existe des forages dans la région il faudra tenter de dresser des coupes
géologiques schématiques passant par ces forages et par les affleurements.
141
142
Carte topographique au 1/50 000

143
Photographie aérienne

144
Carte géologique au 1/50 000

145
IV- PROSPECTIONS GEOPHYSIQUES
Les méthodes géophysiques consistent en l’étude des variations dans
l’espace d’un paramètre physique des roches ou des sols. Les méthodes les plus
fréquemment utilisées en hydrogéologie sont la prospection électrique et la
prospection par sismique réfraction. Toutefois, on peut toujours utiliser des résultats
de campagnes de prospections géophysiques par sismique réflexion si l’on a accès
à ces données (forages pétroliers de grande profondeur). Nous allons citer les
principales méthodes de prospections géophysiques.
IV- 1- Prospection par polarisation
Cette méthode consiste à suivre les variations des courants de polarisation du
sol. Ces courants de polarisation sont d’origine électrocinétique (circulation d’eau)
et électrochimique (différence de concentration). On distingue deux méthodes :

* la polarisation spontanée :
* la polarisation provoquée (si le signal électrique n’est pas assez fort)

146
IV- 2- Prospection électrique et électromagnétique

Les méthodes de prospections électrique et électromagnétique étudient


les variations du champ électrique et/ou électromagnétique lorsque l’on fait passer
un courant électrique dans le sol.

a/ Prospection électrique ou méthode des résistivités :

Cette méthode est très utilisée en hydrogéologie car relativement peu


coûteuse. Elle convient pour les faibles profondeurs d’investigation exigées par
les études des eaux souterraines et l’étude des caractéristiques
hydrogéologiques. Elle permet de déterminer la nature lithologique des couches
géologiques traversées, leur morphologie et la profondeur du substratum des
formations aquifères.

La résistivité d’une roche dépend de sa nature lithologique mais aussi de la


salinité de l’eau qu’elle renferme. Par exemple, les argiles présentent une faible
résistivité. La faible résistivité d’un sable peut être due à la présence soit d’argile
soit d’eau salée.

147
En prospection électrique, on distingue deux types de dispositifs couramment
utilisés :

Dispositif Schlumberger Dispositif Wenner

Une ligne d’émission permet entre deux électrodes d’injection A et B, plantées dans
le sol, de faire passer un courant d’intensité I. On mesure la différence de potentiel DV
entre deux électrodes réceptrices M et N qui constituent la ligne de réception. Ainsi, les
électrodes A et B, M et N sont disposées symétriquement par rapport au centre O du
quadripôle.

148
La mise en œuvre de ce dispositif de mesure permet deux méthodes d’investigation :

- le sondage électrique : L’emplacement du point O est fixe, et on augmente la


profondeur d’investigation en écartant progressivement les électrodes d’injection de courant A et
B, symétriquement par rapport à O. On estime la profondeur d’investigation est comprise entre
AB/4 et AB/10 selon la nature des terrains.

En reportant sur un papier bi-logarithmique les valeurs de la résistivité apparente ρa en


fonction de AB/2, on obtient un diagramme de sondage électrique qui peut être dépouillé à l’aide
d’abaques deux terrains ou abaques trois terrains selon les cas. 149
150
Abaques Lieu de croix (Trois terrains et plus)

151
Résistivités de quelques formations lithologiques

152
Exemples de sondages électriques

153
- le traîné électrique : pour une même géométrie du quadripôle (même profondeur
d’investigation), on translate le dispositif d’un point à l’autre et on obtient une série de
valeurs de résistivités apparentes qui nous permettent de tracer une carte d’iso résistivité.

154
b/ La prospection électromagnétique :

Cette méthode est très utilisée en prospection minière et dans les terrains
karstiques pour tenter de déceler des cavités souterraines.

Le principe de cette méthode consiste à envoyer dans un câble posé sur le sol,
un courant alternatif qui va engendrer en tout point un champ magnétique appelé
champ primaire. En présence d’un corps conducteur dans le sol (eau, accumulation
minérale), le champ magnétique primaire engendre dans ce corps une force
électromotrice d’induction, d’où naissance d’un champ magnétique secondaire de
même période que le champ primaire mais déphasé.

Cette méthode appelée aussi méthode Turam permet l’étude du champ


secondaire et par la même de fixer la position du corps conducteur dans le sous-sol.

155
IV- 3- Prospection sismique

Les méthodes de prospection sismique étudient la propagation des ondes sismiques


dans le sol et le sous-sol. Le principe consiste à déclencher une explosion en surface qui
provoque un ébranlement du sol. L’onde de choc se propage à travers les couches du sous-
sol à une vitesse variable selon la nature des roches en progressant en profondeur.
Lorsqu’elle rencontre une surface de séparation entre deux roches différentes (deux vitesses
de propagation différentes) elle se réfléchit, se réfracte ou est transmise comme une onde
lumineuse sur un miroir.
Selon les profondeurs d’investigation, et le type d’onde étudié on distingue deux
méthodes : sismique réfraction et sismique réflexion. Le dispositif de mesure comporte en
surface une source d’explosion E, et une ligne de récepteurs sonores S, ou sismographes ou
géophones régulièrement espacés et un enregistreur.

Disposition des géophones sur le terrain


Propagation dans le sous-sol d’un ébranlement
provoqué par une explosion 156
a/ La sismique réfraction

Cette technique, intéressante pour des prospections à faibles


profondeurs, est la plus utilisée en hydrogéologie. Elle étudie les ondes
réfractées. On s’intéresse aux rayons réfractés c’est-à-dire tels que αi =
αL (angle limite). Le rayon transmis se propage le long du réflecteur et
émet vers le haut des ondes réfractées dont les trajets font un angle
avec la verticale égal à αi.
Les enregistrements obtenus sous forme de courbes
dromochroniques (temps de parcours en fonction de la distance) sont
dépouillés, et on obtient ainsi la vitesse de propagation des terrains
traversés qui nous renseigne sur la nature de ces terrains

157
Courbes dromochroniques

Propagation des ondes sismiques


158
Exemples de dromochroniques

159
b/ La sismique réflexion
Cette technique repose sur l’étude des ondes réfléchies (ai > aL). Elle permet
d’atteindre de grandes profondeurs d’investigation avec des charges d’explosifs
moins importantes que la sismique réfraction.
Les résultats sont généralement représentés par des coupes temps, coupes
profondeurs, cartes isochrones et cartes isobathes. Le dépouillement des
sismographes enregistrés nous permet de déterminer la profondeur du “ miroir ”
ainsi mis en évidence et d’estimer la nature des roches traversées à partir de la
vitesse de propagation des ondes.

Principe de la sismique réflexion


160
IV-4- Prospection gravimétrique

Ce type de prospection consiste à établir des cartes d’égale valeur du


champ magnétique terrestre. Ce champ nous renseigne sur la densité des
formations traversées en profondeur et permet de localiser des “masses”
présentant une différence de densité avec l’encaissant. Cette technique est
surtout utilisée dans les régions de socle cristallin ou en prospection minière.

161
V- RECONNAISSANCE PAR SONDAGE
Un sondage est un trou de faible diamètre, généralement vertical, creusé
dans le sol et le sous sol à l’aide de moyens mécaniques appropriés.
Les appareils de forage sont généralement constitués de :
- un outil de foration
- une tête rotative ou table de rotation
- un train de tiges comportant une masse tige ou tige d’entraînement.
Selon le type d’outil de foration, on distingue plusieurs techniques :
- la foration par percussion : surtout utilisée dans les terrains très
durs. Dans ce cas, l’outil est un marteau fond de trou actionné par de l’air
comprimé,
- la foration par battage : surtout utilisée dans les terrains meubles,
- la foration par rotation : destructif ou non destructif (carottier)
Dans les terrains meubles, les parois du trou ainsi foré doivent être
maintenues soit par des tubes en acier, soit par la boue (bentonite) comme c’est le
cas dans les forages rotary.

162
Principe du forage par battage

Principe du forage rotary

Principe du forage par percussion


163
Sondeuse rotary artisanale 164
165
Les différents outils de forage

166
- Les crépines ou tubages perforés

La crépine constitue l’élément principal de l’équipement d’un ouvrage


d’exploitation d’eau. Placée à la suite du tubage plein, face à une partie ou à
la totalité de la formation aquifère, les crépines doivent :
- permettre la production maximale d’eau claire sans sable,
- résister à la corrosion due aux eaux agressives,
- résister à la pression d’écrasement exercée par la formation aquifère en
cours d’exploitation,
- avoir une longévité maximale,
- induire des pertes de charges minimales.

Il existe plusieurs types de crépines industrielles en acier : crépines à


trous ronds, à fentes verticales, à persiennes, à nervures repoussées, crépine
à fil enroulé (type Johnson).

Ce dernier type a pour principaux avantages : la précision et la régularité


de l’ouverture, les faibles risques de colmatage et le coefficient d’ouverture le
plus élevé par rapport aux autres crépines.
167
Crépine à fentes verticales (lanternée)

Crépine à trous ronds

Crépine à nervures repoussées

Crépine à fil enroulé

168
Crépine à fil enroulé 169
Crépine à nervures repoussées

170
Crépine lanternée

171
Crépine en PVC (type lanterné) Crépine en PVC (type fil enroulé)

172
VI- DIAGRAPHIES
En cours de foration, le trou étant plein de bentonite, il est parfois utile de
procéder à une exploration du trou à l’aide d’une sonde. Cette opération s’appelle
une reconnaissance par carottage ou diagraphie. Il existe alors plusieurs types
de diagraphies possibles selon le problème posé.

Vue en coupe
Vue en plan
VI-1- Carottage électrique
Le carottage électrique dans les sondages a pour but de mesurer les
variations avec la profondeur de deux paramètres électriques des terrains :
- la résistivité
- le potentiel spontané (ou polarisation spontanée)
Cette opération est effectuée dans un trou non tubé, rempli de bentonite au
repos et homogène. 173
a/ Mesure de la résistivité

Le principe consiste à créer un champ


électrique dans le sondage en faisant passer du
courant continu ou alternatif d’intensité I connue
entre deux électrodes A et B suffisamment éloignées
l’une de l’autre. La différence de potentiel DV créée
par ce champ électrique est mesurée par deux
électrodes M et N suffisamment éloignées l’une de
l’autre.

Ces quatre électrodes sont généralement


groupées selon deux dispositifs :
- des sondes normales : L’électrode B peut
être implantée en surface ou descendue dans le
trou. Elle est placée avec les électrodes d'envoi de
courant A et de mesure M à l’intérieur de la sonde de
diagraphies.
Généralement, pour une même sonde, on
distingue la grande normale (AM = 1,6 m) permettant
une investigation des terrains et de l’eau qu’ils Principe de mesure de la résistivité
contiennent, et la petite normale (AM = 0,4 m) dans les sondages
permettant une investigation limitée à la boue.
- des sondes inverse ou latérales
(l’électrode B étant implantée en surface, A est
descendue dans le trou avec les électrodes M et N).
174
Action du filtrat de la boue sur la résistivité du terrain

Localisation des venues d’eau par mesure de la résistivité


175
b/ Potentiel spontané :

Si on mesure la différence de potentiel entre deux électrodes plantées dans le sol,


celle-ci peut atteindre quelques millivolts pour une distance de 100 m. Parfois ces variations
se superposent à des phénomènes électriques locaux, plus stables et plus intenses pouvant
atteindre 1 volt pour 100 m. C’est le potentiel spontané ou P.S. Ce phénomène est dû à
plusieurs causes :

- les forces électromotrices dues à l’oxydation des masses métalliques du sol,


- les forces électromotrices d’origine électrochimique.

Allure schématique des courants


de PS (D’après Schlumberger)

176
Ces deux types de forces prennent naissance au contact de milieux de
nature différente.

Forces électromotrices à travers


les limites A, B et C Electrofiltration

Le potentiel spontané (ou la polarisation spontanée) donne donc des


indications sur la perméabilité des terrains et sa courbe permet de distinguer
les horizons perméables et les horizons étanches.

177
VI-2- Carottage radioactif
a/ Diagraphie Gamma-ray
Les sondes de diagraphie Gamma-ray permettent de mesurer la radioactivité naturelle
des roches. Le principe est celui d’un compteur de radioactivité donnée en coups par seconde.
Nous pouvons classer les roches en deux groupes :
- roches à faible radioactivité : calcaires, dolomies, sables, grès, sel gemme
- roches à forte radioactivité : argiles, marnes, schistes charbonneux ou bitumineux,
bentonite.

La radioactivité des roches croît Exemple d’enregistrement de


des calcaires vers les argiles diagraphie Gamma ray
178
b/ Diagraphie Neutrons

La sonde de diagraphie neutron est utilisée pour bombarder les parois du trou par une
source radioactive de Béryllium-Radium. On détecte les rayons gamma émis par les
formations traversées, et on peut mettre en évidence les formations perméables et les
formations imperméables.

Carottage neutronique
179
VI-3- Pendagemétrie

Cette diagraphie permet de déterminer le pendage des couches


traversées ainsi que l’inclinaison du trou par rapport à la verticale.

180
VI-4- Thermométrie

Le suivi de la température de la boue en fonction de la profondeur peut apporter des


informations sur le gradient géothermique. Il permet aussi le contrôle de la cimentation et la
localisation des pertes de boue ou des arrivées d’eau.

Equilibre thermique dans les sondages


181
Contrôle de la cimentation derrière les
tubages par thermométrie

Localisation des pertes de Localisation des venues d’eau


boue par thermométrie par thermométrie

182
Carottage électrique montrant les caractéristiques
de différentes roches

183
Carottage électrique en formations dures

Carottage électrique en formations tendres


184
VI -5- Diamétreur (Caliper log)

185
VI -6- Inspection télévisée

Crépine après traitement


Crépine avant traitement

Vidéo : auscultation et régénération de forage

186
187
VII- CARTOGRAPHIE
Après avoir rassemblé toutes les données à partir de l’inventaire et des
prospections (géologique, géomorphologique, prospections géophysiques,
reconnaissance par forages et diagraphies…), on peut établir plusieurs types
de cartes :
- cartes structurales du réservoir aquifère ( toit, substratum, épaisseur)
- cartes des paramètres hydrodynamiques (Perméabilité, Transmissivité,
porosité, débit spécifique),
- cartes piézométriques qui vont nous permettre de tracer les principales
lignes d’écoulement souterrain et de définir les zones d’alimentation et
d’exhaures,
- cartes du résidu sec (minéralisation totale) et cartes chimiques

188
CHAPITRE 6
CHIMIE DE L’EAU
ET CARTES HYDROCHIMIQUES

189
INTRODUCTION
L’étude de la chimie des eaux souterraines apporte un concours précieux en
hydrogéologie. L’interprétation de leur composition chimique permet de comparer les eaux
entre elles et de différencier plusieurs familles à partir du faciès chimique. L’interprétation de la
composition chimique d’une eau souterraine doit nécessairement prendre en compte :

1- La mise en solution primaire des divers éléments


a/ Par dissolution (gaz ou sels)
La dissolution des sels obéit aux lois de la thermodynamique et de la chimie.

Sels CaCO3 NaCl MgSO4 CaCl2 CaSO4


Solubilité à 20°C 0,013 263 355 745 2016
(g/kg de solution)

190
b/ Par attaque chimique
Hydratation, hydrolyse, oxydation (en zone d’aération Fe 2+  Fe 3+), réduction (en absence d’oxygène :
sulfates  H2 et H2S), par les acides (CO2 produit par la respiration des micro-organismes vivants dans
le sol).

2- Les phénomènes modificateurs

Certains phénomènes secondaires sont susceptibles de transformer le chimisme de l’eau


souterraine au cours de son parcours. On distingue :

- La réduction des sulfates


Dans certaines conditions, des micro-organismes (sporovibrio de sulfurieums) interviennent dans la
réduction des sulfates (H2SO4  H2SO3  H2SO2  H2SO  H2S).

- Les échanges de bases


Au cours de leur parcours souterrain, les eaux coulent en contact avec des terrains susceptibles
d’échanger leurs ions contre ceux contenus dans l’eau par adsorption (minéraux argileux ou
zéolithiques, substances organiques). Ces substances échangeuses d’ions sont appelées permutolites :
Permutolite2Na + Ca 2+  argileCa + 2 Na+
ArgileNa + Ca(HCO3)2  argileCa + 2NaHCO3

- Les nouvelles dissolutions


De nouvelles dissolutions peuvent avoir lieu et modifier la concentration de certains ions dans l’eau.
Ainsi, une augmentation de la teneur en NaCl de l’eau permettra une dissolution plus grande de CaCO3
ou de CaSO4 (eau des gisements de pétrole).
191
3- Les phénomènes limitants
L’un des principaux phénomènes limitants est la concentration qui peut se faire :
- par dissolution : le contact de l’eau avec la formation aquifère favorise la dissolution jusqu’à un
certain équilibre. Cette dissolution est fonction de plusieurs paramètres (vitesse d’écoulement, surface de
contact, perméabilité, teneur en sel de l’eau…)
- par évaporation : dans les zones d’alimentation des nappes, après une pluie, l’évaporation
produit une concentration en sels qui seront repris par la pluie suivante.

I - LES METHODES ANALYTIQUES UTILISEES DANS L'ANALYSE DE L'EAU


I- 1- Méthodes titrimétriques
- Titrage par électrométrie
* Potentiométrie : à l'aide d'un potentiomètre ou d'un pH-mètre (TAC, pH, O dissout, Fluorures)
* Voltamétrie ou Ampérométrie : (Chlore)
- Titrages par neutralisation
* Acidimétrie ou alcalimétrie : avec choix de l'indicateur coloré adéquat (TAC, TA, Ammoniaque,
Azote Kjeldahl)
- Titrages par oxydo-réduction
* Permenganométrie : solution titrante : KMnO4 = oxydant fort (milieu acide)
MnO4- + 8 H3O+ + 5 e- = Mn 2+ + 12 H2O
* Iodométrie : (O dissout, Cl2) : I2 + 2 e- = 2 I-
- Titrages par précipitation : valables pour d'assez fortes concentrations
* Argentométrie (Cl- : Méthode de Mohr)
- Titrages par complexométrie : pour mesurer la dureté de l'eau (Ca, Mg) à l'aide du réactif EDTA
(Ethyle Diamino Tétra Acétique)
192
I- 2- Méthodes spectroscopiques

- Spectrométrie d'émission atomique


- SE en flamme
- SE plasma

- Spectrométrie d'absorption
- SA Atomique
- SA moléculaire

I- 3- Méthodes chromatographiques

Les substances à séparer sont réparties dans deux phases :


- phase mobile (liquide ou gazeuse)
- phase stationnaire (liquide ou solide)

- Chromatographie en phase gazeuse (convient pour les molécules volatiles)


- phase mobile : gaz très pur : H, He, N2
- phase stationnaire : solide imprégné de liquide à température d'ébullition inférieure à 400 °C

- Chomatographie Liquide Haute Performance (convient pour les liquides peu ou pas
volatiles). 193
II- CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX

II- 1- Modes d’expression de la composition chimique

Il existe plusieurs façons d’exprimer les concentrations en ions des eaux.

- Concentration en poids : mg/l le plus couramment utilisé; ppm (partie par million de
partie) c’est-à-dire mg de sel dissout par kg de solution. On admet en général que 1 kg de
solution équivaut à un litre, donc ppm est assimilable à mg/l.

- Concentration en milliéquivalents : l’équivalent chimique d’un élément est égal au


quotient de la masse atomique de cet élément par sa valence (eCa=40/2 = 20 g, eSO4 = 96/2= 48).

- Quantités en réaction : elles expriment le nombre d’équivalents de chacun des éléments


entrant en combinaison. Pour obtenir ce nombre, on divise le poids de l’élément considéré par
son équivalent chimique. Ce nombre est appelé “reacting value” et noté rNa. Pour l’interprétation
des analyses et la comparaison des eaux entre elles, on considère les quantités en réaction et on
utilise comme unité le meq/l.

194
Commodité d’utilisation des milliéquivalents par litre

- Contrôle des résultats par la balance ionique

Dans une analyse complète, le nombre de meq des cations doit être égal au nombre de meq d’anions : S r+
= S r-; mais dans la pratique, il y a toujours une petite différence qui ne doit toutefois pas dépasser 5 %. On
exprime le degré de fiabilité d’une analyse chimique par l’expression suivante :
S r+ - S r-
Degré de fiabilité : DF (%) = 100 -----------------
S r+ + S r-

Les éléments non dissous c’est-à-dire à l’état colloïdal (SiO2, Al2O3, Fe2O3…) ou en suspension n’entrent pas
dans la balance ionique. Par contre, on peut les retrouver dans le résidu sec.
Si Df > 5%, ceci indique une erreur soit dans l’analyse, soit dans le calcul; soit l’existence d’éléments non dosés.

- Représentation en r %
On peut de cette manière comparer aisément les eaux entre elles.

- Formule caractéristique et représentation graphique de la composition chimique

On utilise alors les quantités en réaction :

Ca > Mg > Na  eau bicarbonatée calcique


HCO3 > Cl > SO4

195
Echantillonneur d’eau

196
Pompe d’échantillonnage

197
Mini laboratoire de terrain

198
II- 2- Les données de l’analyse
Nous allons passer en revue tous les paramètres susceptibles d’être mesurés pour une eau de boisson.
1- Paramètres organoleptiques et physiques
a/ Couleur
b/ Turbidité
Quand une eau contient des particules en suspension, on dit qu’elle est turbide. La turbidité est mesurée
à l’aide d’un turbidimètre et exprimée en degré de silice.
c/ Odeur et saveur
d/ Température
La température de l’eau, mesurée à l’aide d’un thermomètre de précision (au 1/10 è de degré) doit être
effectuée sur le terrain. Elle joue un rôle très important dans la solubilité des sels, donc sur la conductivité
électrique. Ce paramètre est une caractéristique très importante des eaux thermales.

Une source est dite thermale si son eau présente une température supérieure de 5 à 6 °C à la température
moyenne de la zone d’émergence (Eau thermale en Tunisie si T > 25°C au Nord et si T > 30 °C au Sud).
- Aïn El Atrous : T = 58°C Q = 40 l/s (le plus grand débit en Tunisie)
- Hammam Sollah : T = 71 °C (source la plus chaude en Tunisie située dans la région de Aïn Draham
dans Oued Ellil)
- Hammam Meskoutine : T = 95 °C (source la plus chaude en Afrique du Nord (Algérie))
- Aix-Les-Bains : T = 45 °C (source la plus chaude en France)

L’origine primordiale de la température est le gradient géothermique (en moyenne 1 °C/30 m).
En Tunisie, un forage exécuté dans le cap Bon (CB 101) près de Tazograne, a donné une eau de température
185°C à 4500 m de profondeur, ce qui donne un gradient géothermique gT = 27 à 28 m.
Dans les forages profonds de la Tunisie du Sud, qui atteignent 1500 à 2500 m de profondeur, l’eau sort à une
température variant entre 50 et 82 °C. On conçoit donc que l’eau se refroidisse en remontant vers la surface.
L’émergence des sources thermales exige donc une ascension très rapide.
199
Forage artésien d’eau chaude (Sud tunisien)

Refroidisseur d’eau chaude (Sud tunisien)

200
e/ pH

Le pH des eaux constitue le mode de représentation de la concentration en ions H+ d’une solution.


pH = - log [H+]  [H+] = 10-pH (Norme 6,5 < pH < 9)

Le pH d’une solution est mesuré à l’aide d’un pH mètre gradué de 1 à 14. Mais, les pH des eaux
naturelles (eaux souterraine et superficielles) sont généralement situés entre 5 et 10.

- Eau de mer : 7,85 < pH < 8,35


- Eau de pluie : pH = 6
- Eau fluviale : pH = 7
- Safia : pH = 7,6
- Aïn Garci : pH = 6,3 (eau bicarbonatée sodique)
- Sabrine : pH = 7,5
- Hammam Bourguiba : pH = 8 à 10 (eau sulfurée sodique)

f/ Le résidu sec

Le résidu sec représente la minéralisation totale de l’eau en sels dissous, en éléments colloïdaux et
en matières organiques (Norme : RS < 1500 mg/l). Il est exprimé en g/l ou mg/l et est obtenu :
- à 110 °C par dessiccation (destruction de la matière organique)
- à 180 °C par calcination à 180 °C (destruction des bicarbonates)
- à 500 °C
201
g/ Conductivité électrique
En raison des sels dissous qu’elle contiennent, les eaux naturelles
constituent des solutions d’électrolytes qui permettent un passage plus
ou moins aisé du courant électrique.

La conductivité électrique (inverse de la résistivité) d’une solution est


définie comme étant l’aptitude plus ou moins grande de cette solution à
conduire le courant. Elle est mesurée à l’aide d’un conductivimètre et
exprimée mho/cm ou Siemens/cm.

La conductivité décroît lorsque la température augmente. Pour


pouvoir comparer deux eaux entre elles, il faut donc donner les résultats
de conductivité à la même température. On ramène généralement Type les d’eau Conductivité à 20°C
résultats à 20 °C ou 25 °C. Il faut donc à chaque mesure de conductivité (mS/cm)
faire une mesure de température pour effectuer les corrections qui
s’imposent à l’aide du terme de correction : A = 1/ [1Eau
- C(t0-t)]
déminéralisée 1
et r20 = rt / A où
t0 : température standard (20 °C) Eau distillée 10
t : température de l’eau mesurée
Eau de pluie 25
C : constante comprise entre 0,021 et 0,022
Safia 416
1/A = 0,022.t + 0,560 (Voir table de correction de la conductivité)
Evian 400
Eau deest
A une température donnée, la conductivité d’une solution mer > 10 000
proportionnelle à la concentration ionique.

La minéralisation d’une eau peut être estimée approximativement en


mg/l à partir de la relation suivante :

Minéralisation totale (mg/l) = C (mS/cm à 20°C) x 0,7

202
2- Paramètres chimiques d’une eau
a/ Alcalinité
On distingue le titre alcalimétrique Complet (TAC) et le Titre Alcalimétrique (TA).
- TAC : Le TAC donne la teneur en CO32- en en HCO3- des carbonates alcalins et
alcalinoterreux et en OH- dû aux hydrates alcalins NaOH et KOH contenus dans l’eau. Le TAC
traduit le caractère basique de l’eau et correspond à la neutralisation de l’eau jusqu’à pH= 4,6
en présence de méthyle orange.
TAC = rCO3 + rHCO3 + rOH en meq/l
TAC = (rCO3 + rHCO3 + rOH) . 5 en °F

pH = 4,6 pH = 8,3

HCO3 HCO3 + CO3 CO3

- TA : Le TA représente la teneur en hydrate alcalin et en carbonates alcalins et alcalinoterreux.


Il se mesure en présence de phénolphtaleïne (virage à pH = 8,3)
TA = rCO3 + rOH en meq/l
TA = (rCO3 + rOH) . 5 en °F

Le TA est compris dans le TAC, sa valeur est souvent nulle dans les eaux naturelles.

203
b/ Titre Hydrotimétrique (TH)
Le TH indique la teneur totale en sels de calcium et magnésium. Il traduit la dureté de
l’eau. Une eau dure incruste à froid ou à chaud les récipients et les canalisations, elle mousse
difficilement avec le savon.

c/ Les éléments minéraux majeurs


Les éléments majeurs existent dans les eaux naturelles à des concentrations de l’ordre du
mg/l au g/l. Ils se présentent comme suit :

- Cations : Ca 2+, Mg 2+, Na +, K+


- Anions : Cl-, SO42-, HCO3-, NO3-, NO2-

d/ Les éléments minéraux en traces


On appelle élément en traces tout élément qui existe dans une eau à des teneurs de
l’ordre du mg/l au ng/l.

Pb, Zn, Cd, As,Fe, Al, Ag, B, Cr, Cu, Mn, Ni, Zn, Se…

e/ Les éléments organiques en traces


Les hydrocarbures, les organohalogénés (Cl)

204
205
III- MODES D’EXPRESSION DES RESULTATS D’UNE ANALYSE D’EAU
III- 1- Résultats numériques

Exemple de calculs :
On donne les résultats en mg/l de l’analyse chimique d’une eau :
Ca 2+ : 85,2 Cl - : 214
Mg 2+ : 33,5 SO 4 2- : 38,7
Na + : 332,5 HCO 3 - : 967
K + : 45,8
1- Calcul des équivalents chimiques des principaux ions
Poids atomique Masse de Poids atomique Masse de
Cations ou moléculaire Valence l’équivalent Anions ou moléculaire Valence l’équivalent
en g Chimique (g) en g Chimique (g)
2+ -
Ca 40 2 20 Cl 35,5 1 35,5
2+ 2-
Mg 24 2 12 SO 4 96 2 48
Na + 23 1 23 HCO 3 - 61 1 61
K+ 39 1 39 NO 3 - 62 1 62

206
2- Calcul des quantités en réaction (meq /l)
Cations Anions
rCa = 85,2/20 =4,26 rCl = 214/35,5 = 6,03
rMg = 33,5/12 = 2,79 rSO4 = 38,7/48 = 0,80
rNa = 332,5/23 = 14,45 rHCO3 = 967/61 = 15,85
rK = 45,8/39 = 1,17
Total cations : 22,67 méq/l Total anions : 22,68 méq/l
3- Calcul de l’erreur sur l’analyse :

l S r+ - S r- l l 22,67 – 22,68 l 0,01


Erreur (%) = 100 . ------------------- = ------------------------.100 = ---------.100 = 0,02 % (analyse fiable)
l S r+ + S r- l l 22,67 + 22,68 l 45,35
4- Comparaison des eaux entre elles :
Pour comparer les eaux entre elles, il faut calculer les pourcentages des concentrations de
chaque élément exprimés en milliéquivalents par litre par rapport à la concentration totale en cations ,
puis en anions.
Cations Anions
r% Ca = 4,26.100/22,67 = 19 % r% Cl = 6,03.100/22,68 = 27 %
r% Mg = 2,79.100/22,67 = 12 % r% SO4 = 0,80.100/22,68 = 3 %
r% Na = 14,45.100/22,67 = 64 % r% HCO3 = 15,85.100/22,68 = 70 %
r% K = 1,17.100/22,67 = 5 %
Total cations : 100 % Total anions : 100 %
207
III- 2- Modes de représentations graphiques des analyses d’eau

- Diagramme logarithmique vertical


de Schoeller-Berkaloff

208
- Diagramme losangique de Piper

209
Source jaillissante

210

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