Vous êtes sur la page 1sur 19

Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre

Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique


côtière - Pr S. NIAZI

Chapitre 2 : LITTORAL ET DYNAMIQUE COTIERE

I-DEFINITIONS
I-1. Le littoral ou zone côtière
I-2. Côte et Trait de côte
I-3. Cellule littorale
I-4. Bilan sédimentaire

II- DIVERSITE DES COTES SELON LA MORPHOLOGIE ET LA TOPOGRAPHIE

III- CHANGEMENTS DU LITTORAL


II-1. Echelles spatio-temporelles des changements
a-Changements dans le profil de la plage
b- Changements longitudinaux
II-2. Déplacement des sédiments au niveau du littoral

III- FACTEURS NATURELS D’ALIMANTATION ET DE DEPERDITION DES SEDIMENTS


III-1. Source des sédiments (Gain)
III-2.Pertes des sédiments
III-3.Réserves sédimentaires
III-4. Déficit sédimentaire
III-5. Espace de liberté du littoral

IV- PROCESSUS DE MOBILITE DU RIVAGE ET DYNAMIQUE COTIERE


Conclusion

1
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
I-DEFINITIONS
I-1. Le littoral ou zone côtière
Le littoral est un espace de rencontre entre la terre, la mer et l'atmosphère. C’est un lieu de
convergence et de compétition entre de nombreuses activités humaines, quelquefois
concurrentes (industrie, agriculture, transport, tourisme). En perpétuelle transformation il subit
l’action continue de la mer, des fleuves et du vent, et peut prendre des formes très variées selon
la nature géologique de la côte.
Le littoral désigne la zone côtière et peut s'étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs
kilomètres de part et d'autre de la limite terre-eau. Il est d’une longueur totale dans le monde
d’environ 504 000 km, soit l’équivalent de 12 fois le tour de la planète, au niveau de l’équateur.

Figure 1 : Système littoral (Hénaff, Meur-Ferec et Lageat, 2015)


(Dynamiques littorales et risques côtiers- Académie des technologies – Paris – 11 mars 2015)
I-2. Côte et Trait de côte
*La côte est définie comme la partie de la terre adjacente ou proche de l’océan (ou de la mer).
En français, il n'y a pas de consensus sur la différence entre côte et littoral.
L'adjectif côtier qualifie ce qui est sur, proche ou relatif à une côte.

La dissipation brutale, quasi instantanée, de l’énergie de l’hydrodynamisme marin (Houle et


marée) façonne les côtes selon des processus qui n'ont d'équivalent ni au fond des mers ni sur
le continent. A ces actions, il convient d'ajouter celle du vent qui, dans le prolongement à la côte
de l'interface terre-air, est responsable de la création des systèmes dunaires littoraux.

*Le trait de côte, ou ligne de rivage, peut être défini comme la laisse des plus hautes mers dans
le cas d’une marée astronomique de coefficient 120 et dans des conditions météorologiques
normales (pas de vent du large, pas de dépression atmosphérique susceptible d’élever le niveau
de la mer). Malgré son utilité, cette ligne est par essence même imprécise et mobile. Sur le plan
juridique, la notion de trait de côte n'a d'ailleurs aucune valeur puisque seules sont reconnues

2
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
les limites du Domaine Public Maritime et celles des eaux territoriales. Le trait de côte se situe
quelque part entre ces deux limites sans qu'aucun recoupement n'existe.

Cette bande de terre évolue sans cesse au rythme de l'avancée ou du recul des plages, des
falaises et des étendues, ou « cordons », de dunes ou de galets . C’est donc une zone frontalière
entre terre et mer, elle possède une dynamique qui lui est propre : Il s'agit d'un espace mouvant,
subissant l'influence de nombreux facteurs.

Cette ligne générique est définie à partir d’indicateurs qui peuvent être différents :
* Altimétrique
*Hydrodynamiques
*Géomorphologique
*Botanique
La littérature scientifique montre que plus de 40 indicateurs de trait de côte ont été répertoriés
depuis 1950.

Figure 2

I-3. Cellule littorale


Une cellule littorale est un compartiment de côte ayant un fonctionnement relativement
autonome par rapport aux compartiments voisins. C’est une partie de côte homogènes,
cohérentes en terme de morphologie et de fonctionnement. Elle est indépendante des autres
en termes d’échange sédimentaire.

Elle est le plus souvent limitée par des Cap rocheux, des ouvrages maritimes, ou des
embouchures, et peut indiquer aussi une inversion des dérives littorales.

Le concept de cellule littorale est rattaché à la notion de transit longitudinal et décrit par
beaucoup d’auteurs comme étant indissociable de celui de budget sédimentaire. Le principe
revient à découper la côte en plusieurs compartiments alimentés par les apports de sources

3
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
variées (fluviatile, érosion des falaises, apports éoliens ou marins, etc.). Ainsi le
compartimentage de la frange littorale intervient en fonction des processus d’alimentation et
de déperdition de sédiment

La notion de transit sédimentaire longitudinal est également une composante essentielle du


dispositif car ces transferts assurent la connexion d’une cellule à une autre et les échanges
transversaux interviennent également dans la perte ou le gain de matériel.

C’est une unité d’analyse dont on peut établir le budget sédimentaire :

•(1) Au sein de la cellule (volume érodé, volume transporté par la dérive, volume stocké dans
l’avant-dune et la dune, volume échangé entre la plage et la dune...)

•(2) entre la cellule et ses voisines.

Figure 3 : Exemple de cellules littorales

Cellule littorale
❑ Une cellule sédimentaire est un compartiment de côte ayant un fonctionnement relativement
autonome par rapport aux compartiments voisins,
❑ Elle est indépendante des autres en terme d’échange sédimentaire ;
❑ Unité d’analyse dont on peut établir le budget sédimentaire • au sein de la cellule (volume érodé,
volume transporté par la dérive, volume stocké dans l’avant dune et la dune, volume échangé entre la
plage et la dune...) • entre la cellule et ses voisines
❑ Limites : Cap rocheux, inversion des dérives littorales, ouvrages maritimes, embouchures
❑ Portions de côte homogènes, cohérentes en termes de morphologie et de fonctionnement

Sous l’action des facteurs naturels (houles, vents,…), le sable reste à l’intérieur de la cellule ou
sort définitivement du système littoral (perte au large, à terre…). La cellule sédimentaire est

4
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
donc ainsi l’échelle minimum à prendre en compte pour comprendre les déplacements
sédimentaires.

Pour chaque cellule, il est théoriquement possible d’établir un bilan sédimentaire si l’on connaît :
1-les apports : sources d’alimentation en sédiment externes à la cellule,

2- les pertes : fuites des sédiments vers l’extérieur de la cellule,

3- les réserves sédimentaires internes. Le plus souvent, seule une évaluation approximative de ce
bilan peut être donnée compte tenu du manque de données quantifiées et fiables.

Figure 4 : Exemple de découpage de la côte en différentes cellules littorales Cas de la côte


méridionale de la Californie (d’après D.L. Inman et J.D. Frautschy, 1966)

I-4. Bilan sédimentaire


Un bilan sédimentaire est le résultat quantifié de la comparaison des entrées et des sorties en
sédiments dans un système supposé clos : un bilan sédimentaire est le résultat chiffré de la
comparaison des apports de sédiments et des pertes dans un milieu littoral relativement clos

5
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
Figure 5 : Schéma de synthèse illustrant les différents éléments intervenant dans le bilan
sédimentaire littoral (d’après P. Komar, 1996).

Donc le bilan sédimentaire d’une zone se caractérise par l’équilibre entre les entrées et les
sorties de sédiments.

➢ Dans le cas d’un bilan positif, les volumes entrants sont supérieurs aux volumes sortants
de la zone ; celle-ci est en accrétion.

➢ Dans le cas contraire, le bilan est négatif et la zone est érosion. Le sable entre dans le
système souvent grâce à un apport par un fleuve. Il peut sortir du système en raison de
la dérive littorale N-S, par sédimentation ou bien du fait de son exportation par le vent
vers l’intérieur des terres. De nombreux paramètres relatifs aux forçages naturels et
anthropiques interviennent dans le bilan sédimentaire ( Figure 6) :

Figure 6 : Synthèse des paramètres relatifs aux forçages naturels et anthropiques intervenant
dans le bilan sédimentaire littoral (modifié d’après P.W. French, 2001)
( texte en français est en bleu)

6
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 7 : Dynamique littorale (Flèche rouge : Sortie des sédiments ; Fléche bleue : entrée

Dans les cellules hydro-sédimentaires, l’équilibre dynamique et les évolutions


morphologiques sont tributaires du bilan sédimentaire.
des sédiments) RONLP, 2016

II- Diversité des côtes selon la morphologie et la topographie


On distingue différents types de côte :

➢ Côtes rocheuses : Côte caractérisée par un escarpement rocheux de 1,5 à plus de 10


m de hauteur: Côtes actives malgré leur apparence de dureté

Figure 8 : Types de falaises marines


http://www.supagro.fr/ress-tice/science_milieu/epiderme_terre/co/_gc_typologie_formes_littoraux.html+

➢ Côtes rocheuses ( sans estran ou à estran très étroit)

7
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
L’estran correspond à la partie du littoral qui est immergée à marée haute et qui se découvre
lors de la marée basse. Cette partie du littoral occupe la zone médiolittoral, zone de
balancement des marées. C’est une zone intermédiaire entre le milieu marin et le milieu
terrestre.

L’estran peut être de plusieurs nature : sableux, graveleux, ou encore rocheux.

Figure 9 : Estran au niveau d’une plage

➢ Côtes sableuses
❑ -Cas des Côtes à terrasse de plage : C’est une accumulation de sable et/ou de gravier formée
d'un replat généralement végétalisé qui est très rarement submergé par les marées. Ces côtes
sont particulièrement touchées par les tempêtes surtout lorsqu’elles se succèdent dans une
courte période ; leur évolution est rapide à cause des sédiments souvent peu cohésifs ; Elles sont
souvent habitées et très sujettes à la submersion étant donné le faible dénivelé.

Photo d’une plage sableuse

❑ Côtes à falaises meubles : Elle est caractérisée par un escarpement de dépôts meubles de 1,5 à
plus de 10 m de hauteur.

❑ Côtes à flèche littorale : C’est une accumulation de sable et /ou de gravier qui s’attache à la
côte et qui s’étire généralement parallèlement à la côte dont l’extrémité est libre.

8
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 10 : Formation d’une flèche sableuse

➢ Côtes à marais
Les marais sont des zones d'accumulation de sédiments fins colonisées par de la végétation
herbacée; ce sont des zones basses, très faiblement inclinées, périodiquement submergées par
la marée et constituées de sédiments fins d’origine marine ou fluviomarine.

Les marais se forment dans les parties de côtes à l’abri de l’action des houles particulièrement
au niveau des baies, les bords d’estuaires ou derrière les flèches sableuses

Photo d’une côte à marais

➢ Côtes à estuaire

L'embouchure est un estuaire quand le fleuve apporte peu de matériaux grossiers, surtout des
suspensions fines et des matières en solution, et quand l'hydrodynamisme marin est fort: fortes
marées, forte houle, courants littoraux.

9
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Photo de l’estuaire de la Moulouya (Maroc)

➢ Côtes à delta
Les deltas correspondent à une accumulation d’importantes masses de sédiments d’origine
essentiellement continentale formant une morphologie côtière plus au moins saillante à
l’embouchure des grands fleuves.
Les morphologies deltaïques résultent principalement de la conjonction d’un certain nombre de
facteurs:
-Une terminaison du cours d’eau en domaine de plateforme ( plateau continental) bien
développée ayant une topographie en pente douce ;
-un régime assez faible de courants marins;
-des apports fluviaux abondants en rapport avec l’énergie fluviale.

Photo du delta du Nil (Egypte)

III- CHANGEMENTS DU LITTORAL


II-1. Echelles spatio-temporelles des changements

10
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
Les processus mécaniques qui agissent sur le façonnement des côtes sont variables et
discontinus ; ils s’opèrent à des échelles spatio-temporelles :

La dimension spatiale des changements observés sur un littoral est largement dépendante de
l’échelle temporelle à laquelle agissent les forçages naturels et/ou anthropiques (Short, 1999).

Les processus intervenant sur des échelles de temps très longues (plurimillénaire) affecteront
des zones s’étendant à tout le domaine côtier. À l’inverse, les changements saisonniers ou les
événements brutaux (tempêtes) concerneront plutôt le proche côtier.

Figure 9 : Echelles spatio-temporelles des changements du littoral (modifié d’après M.S.


Fenster et al., 1993)

a-Changements dans le profil de la plage


Les changements dans le profil de la plage se traduisent par des transits sédimentaires entre la
dune, la plage et l’avant plage.

Les évolutions se traduisent par des alternances de recul/avancée du trait de côte, dans un contexte
général de déficit ou de pénurie sédimentaire, à diverses échelles de temps :
•Evénementielle (tempête)
•saisonnières (hiver/été)
•interannuelles (années tempêtueuses/calmes)
•pluri-décennales (périodes plus ou moins tempêtueuses)
•Séculaires …

11
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 10 : Sens du transit sédimentaire dans le profil de plage (Hénaff et al 2015)

Le profil de plage est une mesure de l'élévation ou de la taille d'une surface de la plage
s’étendant des dunes jusqu'au rivage.*
La pente d’équilibre qui pour chaque niveau de la mer a résulté de l’application d’une
énergie donnée à une taille donnée de particules qui s’agencent entre elles en un profil réel.
Celui-ci va refléter les divers états de la mer dans le passé immédiat ou bien pour l’extrême haut
de plage dans un passé assez lointain.

Les profils de plage permettent d’établir à différentes dates une comparaison de l’état de
la plage pour illustrer et quantifier les changements saisonniers (volume de sable perdu
ou déposé), causés par des tempêtes ou sur un long terme de la structure de la plage :
largeur, hauteur, volume et forme

Figure 11 : Méthode de calcul des volumes sédimentaires (en m3/m linéaire de côte)
(Joyal et Morissette, 2013)

Un profil de plage dépend de la saisonnalité du bilan et des évènements extrêmes

12
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 12 : Variations saisonnières du profil de plage (Paskoff, 1998)

Le bilan sédimentaire est qualifié de saisonnier : en période hivernale il a plutôt tendance à être
négatif alors qu’il est positif en été. Ceci est notamment dû aux évènements extrêmes hivernaux
que sont les tempêtes :

Un profil de plage dépend de la saisonnalité du bilan et des


évènements extrêmes

Figure 13 : Evolution de la plage en fonction des périodes hivernale ou estivale, capacité de résilience
D’après Panorama des solutions douces de protection des côtes, Réseau Atlantique pour la Prévention
et la Gestion des Risques Littoraux (ANCORIM) ( in FAURE et al 2013)

L’agitation provoquée par la houle déferlant sur la plage immergée est responsable de
déplacements de matériaux vers la plage ou vers le large et par des processus complexes de
formation de fosses et de barres. Ces mouvements donnent lieu à des variations de profil de
plage à l’occasion des tempêtes. Au-dessus d’un certain seuil d’énergie, ils modifient fortement
la morphologie de la plage en enregistrant dans celle-ci les événements météorologiques les plus
actifs ou les plus récents.

13
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 14 : Variation du budget sédimentaire et changement du profil de plage (Plage de


Moruya, Australie) ADP : Période dominée par l’accrétion ; EDP : Période dominée par
l’érosion (modifié d’après B.G. Thom et W.Hall ; 1991)

Entre ces événements et pendant ses longues périodes de faible énergie (petit temps), la houle
lisse les profils et cicatrise les dégâts des tempêtes.

Figure 15: Mouvements du sable dans le profil, perpendiculairement à la côte (EID & SMNLR.,
2005) et Mesure du profil de plage avec théodolite (Photo de droite).

-A: situation d’été; engraissement de l’estran par houle de beau temps ; apparition d’une
berme (1)
-B: situation d’hiver; démaigrissement par vagues de tempête ; enlèvement sur l’estran (2) et
dans l’avant-dune (3) de matériaux qui s’accumulent sous la forme d’une barre immergée (4) et
d’une fosse associée (5).

b- Changements longitudinaux
Ils correspondent au déplacement de sédiments parallèlement à la côte : C’est la Dérive littorale.
Cette dérive résulte de l’action moyenne du déferlement de la houle, sur les sédiments. Elle se
développe entre la ligne de déferlement et le trait de côte.

14
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Figure 16 : Dérive littorale

La dérive littorale dépend de l’angle d’incidence d’attaque de la houle sur le rivage (en moyenne
inférieur à 10°), de la hauteur et de la période des houles, ainsi que de la pente des fonds. Lorsque
initialement les vagues sont obliques par rapport à la côte (cas le plus fréquent), le déferlement
est également oblique. Tout se passe comme si les particules se déplaçaient parallèlement au
littoral. Si les vents changent de direction, la dérive s’adapte.

II-2. Déplacement des sédiments au niveau du littoral


Dans la zone de déferlement, les matériaux sont arrachés, brassés et déposés de façon
relativement imprévisible par la houle. Cependant si on observe le littoral d’une façon plus
globale, on s’aperçoit qu’il se dégage un déplacement préférentiel dans une direction parallèle
au rivage : c’est la dérive sédimentaire.

Après la houle, le vent est le second facteur de déplacement des matériaux sur nos côtes. Ces
déplacements concernent les matériaux sableux de granulométrie suffisamment fine pour être
emportés.

Ils peuvent constituer des apports ou des pertes, et être orientés depuis l’intérieur des terres
vers la mer ou inversement de la mer vers la terre. Ils sont à l’origine de l’édification de dunes:
les matériaux apportés sur la plage par la houle sont repris par les vents de mer pour constituer
des dunes. Celles-ci peuvent ensuite être enrichies de différentes façons. Mais elles peuvent
aussi être érodées.

La plage peut s'adosser à une dune qui est une accumulation de sable formée par le vent. Il
existe différents types de dunes

Figure 17 : Déplacements des sédiments dus au vent au niveau du littoral (EID Méditerranée)

15
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
III- FACTEURS NATURELS D’ALIMENTATION ET DE DEPERDITION DES
SEDIMENTS
III-1. Source des sédiments (Gain)
-Les apports des fleuves et rivières : Les fleuves transportent vers la mer le produit de l’érosion
de leur bassin versant. A l’échelle humaine des temps, on peut considérer que la majorité du
capital sédimentaire leur est due

-Apports du large : Ils se font par balayage du plateau continental par le jeu des marées, des
courants et des houles.

-Erosion des falaises ou du substrat rocheux : En dissipant son énergie sur les parois rocheuses,
la houle érode celles-ci. Les débris ainsi arrachés sont ensuite transportés et remodelés pour
alimenter le bilan sédimentaire côtier.

Le schéma ci-dessous illustre les sources d’apports en sédiment : (1) apport par dérive littorale. (2)
de sédiments provenant d'un cours d'eau. (3) de l'érosion de falaises par les vagues. (4) d'un vent de
terre. (5) de sédiments par les vagues a partir de l'avant côte. (6) perte de sédiments

Figure 18 : Schéma illustrant les sources d’apports en sédiment dans la zone côtière

III-2.Pertes des sédiments


❑ Prélèvements anthropiques : Au cours des 50 dernières années, l’homme a
procédé à d’importants prélèvements de matériaux sur les plages et le littoral
pour les besoins de la construction et des aménagements côtiers.
❑ Fuite des matériaux vers les grands fonds: Sous l’action de la houle et des
courants, les matériaux peuvent être emportés vers le large et déposés au delà
d’une certaine profondeur où ils ne peuvent être repris.
❑ Transport des matériaux vers l’intérieur des terres Sous l’action des vents marins,
voire de la houle, les matériaux de faible granulométrie sont transportés vers
l’intérieur au-delà des systèmes dunaires et plus particulièrement vers les lagunes.

16
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI

Photo de gauche montre une extraction du sable côtier


Image de droite illustre le départ du sédiment vers le large sous l’action de fortes
houles

Tableau 1.Inventaire des différentes sources de gain et de perte en sédiment définissant le


bilan sédimentaire des plages (d’après A.J. Bowen et D.L. Inman, 1966

Figure 19 : Apports et gains de sédiments au niveau du littoral (in Hénaff et al 2015)

17
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
III-3.Réserves sédimentaires
-Cônes de déjection des fleuves et rivières : Les fleuves et rivières sont responsables
d’importants apports. Leur dépôt à la côte se fait initialement à leur embouchure, et constitue
des réserves sous forme de deltas sous-marins.

-Prisme littoral : Il est formé par une sorte de bande de mobilité littorale, comprenant les
matériaux disponibles le long de la côte (dunes, plage, plage immergée) jusqu’à la profondeur de
fermeture, profondeur au-delà de laquelle les matériaux ne sont plus mobilisés.

-Dunes : A l'intérieur du prisme littoral, les dunes méritent une mention particulière car elles
constituent des réserves de sable de première importance. Ce réservoir tampon, utilisable selon
l'intensité et l'agressivité des tempêtes, intervient comme un système régulateur. La possibilité
d'accumulations successives peut donner naissance à de véritables champs de dunes qui
augmentent encore le volume de ces réserves.

Figure 20 : Cônes de déjection des fleuves et rivières (à gauche), et Dunes à l'intérieur du


prisme littoral ( cas de la dune de Pilat –Arcachon , France)

III-4. Déficit sédimentaire


Le déficit sédimentaire est lié à l'épuisement du stock de sédiments disponible sur le plateau
continental. C’est un paramètre indéniable du recul des côtes. Ce déficit est dû à la réduction des
apports d'alluvions par les fleuves. Un déficit sédimentaire limite la capacité du littoral à
s'adapter à des circonstances changeantes

III-5. Espace de liberté du littoral


Le littoral s’adapte en permanence à l’action simultanée des différents facteurs (houle, vent, …)
: cela se traduit entre autres par des variations de la pente de la plage, par le déstockage du sable
dunaire, par l’évolution des barres sous-marines, par le déplacement du trait de côte …Ces
variations qui peuvent être saisonnières ne sont pas pour autant synonymes d’une érosion ou
d’une accrétion.

A l’inverse, toute intervention intempestive dans cette zone peut rompre cet état d’équilibre et
engendrer alors une érosion chronique

18
Université Mohammed V –Faculté des Sciences Rabat- Département des Sciences de la Terre
Module 8 : Forçages Météo-Marins et Evolution côtière – STU6 – Chapitre 2 : Littoral et Dynamique
côtière - Pr S. NIAZI
La préservation d’un espace de liberté (zone nécessaire à la mobilité des différents éléments
composant le système littoral) participe nettement au maintien de l’équilibre naturel.

IV- PROCESSUS DE MOBILITE DU RIVAGE ET DYNAMIQUE COTIERE


La côte est l’interface entre l’océan et les terres en conséquence la côte est sous l’influence des
processus marins, d’autres continentaux et Actions anthropiques.

La côte, les facteurs de forçage et les paramètres liés constituent le “système côtier” . De
nombreuses interactions et rétroactions existent entre les facteurs et l’identification des causes
du changement à l’un ou l’autre facteur est de ce fait complexe.

Les changements côtiers sont contraints par 5 catégories de facteurs : le climat, des processus
de géodynamiques externes, la géodynamique interne, les processus biologiques et les impacts
et actions anthropiques.

Figure 21 : Différentes catégories de facteurs et de processus impliqués dans les changements


du littoral (After Bird (1996), Stive (2004) and Garcin et al. (2011))

Conclusion :
Le littoral reste un milieu dynamique qui, loin de toute intervention humaine, s’adapte aux
forçages naturels. Ces derniers induisent divers processus de mobilité du rivage (l’accrétion,
l’érosion, la dérive sédimentaire etc..)

Au cours des dernières décennies, l’occupation de plus en plus dense de la bande côtière par les
sociétés humaines a fait de la question du bilan sédimentaire, un élément déterminant en
matière de gestion du littoral.

19

Vous aimerez peut-être aussi