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Université Gaston Berger de Saint Louis

U.F.R. de Lettres et Sciences Humaines


Section de géographie /Laboratoire Leïdi
Option : Ecosystèmes et environnement

Mémoire de maitrise

Impactdes
Impact desfacteurs
facteursphysiques
physiquesetetanthropiques
anthropiquesdans
dansl’évolution
l’évolution
del’écosystème
de l’écosystèmemangrove
mangrove dedel’estuaire
l’estuairedu
duSénégal
Sénégalau
auSud
Sudde
de
Saintlouis
Saint louisetetperspectives
perspectivesde
degestion.
gestion.

Présenté par
Fatou Bintou SALL

Sous la direction de
M. Boubou Aldiouma SY
Maitre de conférences

Année académique 2009-2010


Sommaire

Dédicace....................................................................................................................2

Remerciements.........................................................................................................3

Introduction générale

Première partie: Présentation et mise en place des unités géomorphologiques

de l'estuaire du Sénégal

Chapitre 1. Aperçu géologique et présentation des unités géomorphologiques

de l’estuaire du Sénégal.........................................................................................37

Chapitre 2 : Origine et composition des sédiments.............................................45

Chapitre 3. Importance de l’écosystème mangrove de l’estuaire du Sénégal. .51

Deuxième partie: Evolution spatio-temporelle et les facteurs de la dynamiques

de la mangrove

Chapitre 1 : évolution spatio-temporelle de la mangrove..................................58

Chapitre 2 : les facteurs de la dynamique de la mangrove du Sud de Saint

Louis........................................................................................................................70

1
Conclusion générale………………………………………………………………………...94

Dédicace
Dédicace

Alhamdoulilah ! Louange à ALLAH, Seigneur de l’Univers.

Je dédie ce travail

A mes parents Khadydiatou DIA et Mamadou SALL

A ma tante Oulimata DIA et mon oncle Abdou DIEYE

A mon cher mari Mamadou DIAO

A ma très chère copine Ramatoulaye Rane NDOYE

A tous mes frères et sœurs

A mes cousins et cousines

A toutes les filles de la PROFA

A tous mes amis : Zeynab MBAYE, Pape Gora GAYE,

Arame DIOP, Oumar SENE, Marème SENE,Omar CISSE DIAÏTE et

Ass Malick NDIAYE, Abdoulaye NDIAYE.

2
Remerciement
Remerciements

Ce Travail d’Etude et de Recherche (TER) marque la fin de la première année de formation en


master de Géographie. Il a été mené à bien grâce à l’appui et à l’encouragement de plusieurs
personnes.

D’abord, nous tenons à remercier très vivement un monsieur hors paire qui nous a fait l’honneur
de diriger ce travail, un monsieur dont le nom rime avec travail, rigueur, sérieux objectivité et
disponibilité : M. Boubou Aldiouma SY, Maitre de conférences à l’université de Saint Louis.

Nous tenons également à remercier tous les professeurs de la section de géographie qui ont
énormément contribué à notre formation : M. Mouhamad Maouloud DIAKHATE, M.Oumar DIOP,
M.Serigne Modou FALL, M. Dah DIENG, M. Adrien COLY, M. Cheikh Samba WADE, M.Sidy
Mouhamed SECK, M. Cheikh SARR, M. André D’ALMEIDA et Mme Fatou Maria DRAME.

Du coté du Centre de Suivi Ecologique, nous tenons à remercier du fond du cœur M. Ousmane
BATHIERY, notre maitre de stage qui a accepté de nous accordé un séjour au niveau de leur
structure. Ce stage nous a permis d’acquérir des images satellites et de faire le traitement
cartographique. Nous n’oublions pas M. CAMARA et aussi M. M BAYE chargé de la
documentation qui nous a fourni l’essentiel des documents généraux sur la mangrove.

Nous n’oublions pas M. Pape Samba BEYE de la DTGC qui a beaucoup contribué à l’acquisition
de certaines données cartographiques.
Nous associons à ces remerciements M. DIOP et M. FAYE de la délégation de la SAED de
Dagana pour bien vouloir nous accueillir au niveau de leur laboratoire. Lors de nos quelques
semaines de stage, ils ont beaucoup contribué à notre initiation à l’analyse physico-chimique des
sols et nous ont aidés dans le traitement de nos échantillons.

Merci à M. Abou SY, notre compagnon de recherche, notre ainé pour sa disponibilité, ses
conseils et ses suggestions.

3
Nous pensons également à M. Labaly TOURE pour ses encouragements et son soutien permanent.

Introduction générale

4
La sécheresse, selon MAINGUET, « est un phénomène climatique résultant d’un déficit
pluviométrique temporaire mais par rapport à des précipitations normales ». Dans son Rapport
sur l’état de l’environnement en Afrique de l’Ouest le PNUE ajoute « dans les pays côtiers
forestiers les manifestations de la sécheresse ont été sévèrement ressenties et plus
particulièrement, dans les régions sahéliennes, l’impact de la sécheresse est plus significatif ».

Le Sénégal, situé dans cette zone saliennes, entre les latitudes 12° et 16° Nord et11° et 17° Ouest
de longitudes, est concerné par ces phénomènes de déficit pluviométrique temporaire surtout dans
sa partie Nord.

En outre, le territoire sénégalais est caractérisé par l’inégale répartition des précipitations dans le
temps et dans l’espace du fait de l’alternance de saisons sèche et humide, très contrastées.

Ces deux situations pèsent doublement sur l’équilibre des écosystèmes de plus en plus. En effet,
dans l’estuaire du Sénégal qui est une zone côtière, la thématique de la dégradation de
l’environnement se pose avec acuité. En réalité les mutations de l’écosystème mangrove y sont
considérables.

La région de Saint Louis et plus particulièrement le Sud qui constitue notre zone d’étude, n’est
pas épargnée par ce phénomène. En effet, situé dans les derniers kilomètres du Bas Delta, entre
16°25 de longitude Ouest et 16°15 de latitude Nord, cet espace renferme un écosystème de type
mangrove très menacé. Il est soumis à des conditions climatiques assez difficiles marquées par
une baisse de la pluviométrie, une dégradation des indices d’aridité, des températures élevées et
une forte évaporation.

Du point de vue administratif, notre étude porte sur la communauté rurale de Gandon. La
dernière réforme administrative, datant de décembre 2008, donne naissance à la communauté
rurale de Ndièbène Gandiole. Elles comptent 114 établissements dont 83 villages officiels. La
population totale de ces derniers est estimée à 52370 habitants, répartie dans un espace de 560
km². Elles sont limitées au nord-est par l’arrondissement de Ross Béthio, à l’Ouest par le Fleuve
Sénégal et l’Océan Atlantique, au Sud par la région de Louga, Sud – Est par la communauté
rurale de Mpal et au Nord est par celle de Ross Béthio. (Carte1).

5
Notre champ d’investigation concerne le Sud-ouest de la communauté rurale de Gandon et à
l’Ouest de la communauté rurale de Ndièbène Gandiole qui occupent un site d’estuaire. Dans
cette zone, notre étude portera d’une part, sur l’écosystème mangrove, et à sa dynamique spatio-
temporelle. D’autre part, elle s’intéressera aux différents mobiles à l’origine de cette évolution
ainsi qu’à ses multiples conséquences; mais également les stratégies mises en œuvre pour son
rétablissement.

6
7
Carte 1: Localisation administrative de la zone d’étude

8
Cadre théorique, opératoire et méthodologique

9
Cette partie comporte trois étapes. Il s’agit du cadre théorique, du cadre opératoire et du cadre
méthodologique. Elles ont permis connaître le thème de l’étude et ainsi lui éviter les égarements.
Parallèlement, elles facilitent aux lecteurs une bonne compréhension des phénomènes abordés.
Ces étapes se subdivisent en sous parties intrinsèquement liées.

10
1. Cadre théorique

Dans cette partie, il sera question ressortir la problématique, de dégager les questions de
recherche, de montrer l’intérêt et la justification du sujet, de délimiter le champ de l’étude, de
fixer nos objectifs et de formuler des hypothèses de recherche.

1.1. Problématique

Les mangroves sont un milieu des régions littorales intertropicales. Elles se retrouvent entre le
tropique du Cancer et celui du Capricorne. Classé parmi les zones humides les plus riches, elles
constituent des écosystèmes naturels particuliers, regorgeant d’énormes potentialités mais à
l’équilibre très fragile

Leurs importances ne se réduisent pas à leur rôle du point de vue socio-économique et


écologique, mais aussi par leur pouvoir de protection des côtes contre les vagues, typhons, etc.

Elles occupent 1% des formations forestières tropicales naturelles. Le continent africain, à lui
seul, totalise 20% des mangroves mondiales. Au Sénégal, les mangroves occupaient en 1990 un
peu moins de 300.000 ha. Celles-ci sont localisées au débouché des grands fleuves que sont le
Sénégal, le Saloum et le Casamance.

Au niveau mondial, la superficie occupée par les mangroves décroît assez rapidement. Selon
l'étude récente d'évaluation des mangroves de la FAO intitulée Les mangroves du monde 1980-
2005, le monde a perdu environ 3,6 millions d'hectares de mangroves depuis 1980, soit une
déperdition de 20% de la superficie totale des mangroves. Ainsi, la superficie totale des
mangroves est passée de 18,8 millions d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005, selon le
rapport.

Au Sénégal, le taux de régression des mangroves peut être estimé à 4,5 % pendant la période
1980-1995. Il s’agit en fait, de la mangrove de la Casamance du Sine Saloum et de Saint Louis
(PIROTTE, sans date).

Considéré comme la formation de palétuvier la plus septentrionale de l’Afrique, la mangrove de


l’estuaire du Sénégal a été plus touchée par la dégradation.

11
En effet, situé entre 16°25 de longitude Ouest, 16°15 de latitude Nord, l’estuaire du Sénégal, au
sud de Saint Louis se localise dans le Sahel sénégalais, essentiellement caractérisé par l’aridité.
Les cumuls annuels de précipitations tournent autour de 300 mm/ an et elles sont regroupées
dans une saison pluvieuse de trois mois (de juin à octobre) qui s’oppose à une longue saison
sèche de 9 mois.

Du fait des facteurs climatiques telles que les sécheresses répétitives des dernières décennies,
l’estuaire du Sénégal en général, connaît d’importantes séries de perturbations.

Assurément, depuis les années 1970, la diminution quantitative des ressources hydriques s’est
accompagnée de la dégradation du potentiel végétal dont la mangrove. Son évolution négative se
manifeste par la disparition de beaucoup d’espèces, par la forte mortalité de Rhizophora
racemosa et d’Avicennia africana, à l’extension des tannes, et au dysfonctionnement progressif
de cet écosystème.

A ces éléments physiques s’ajoute le facteur humain, avec tout ce qu’elle peut comporter comme
atteinte à l’environnement : la pression démographique et l’utilisation grandissante de la
mangrove, associée à la mise en place des aménagements tels que les barrages de Kheune, de
Diama, et plus récemment l’ouverture de la brèche à travers la Langue de Barbarie, se sont
traduits par accentuation de la dégradation de cet écosystème estuarien fragile.

Notre problématique se structure autours de quelques questions de recherche.

1.2. Questions de recherche


Quelle est la dynamique spatio- temporelle de la mangrove depuis les sécheresses de 1970 ?
Quels sont les facteurs qui expliquent son évolution? Quelles sont les répercussions sur cet
écosystème? Quelles sont les perspectives de gestion mises en œuvre pour le rétablissement de ce
peuplement fluviomarin?
Telles sont les questions autour desquelles tourne notre thème de recherche.

12
L’intérêt et la justification du choix de ce thème d’étude sur la mangrove reposent sur plusieurs
raisons.

1.3. Intérêt et justification du sujet


Les dommages environnementaux et économiques provoqués par la dégradation alarmante des
mangroves dans de nombreux pays sont au centre des préoccupations. Ce constat a été une des
raisons de la convention internationale sur les zones humides, signée le 2 février 1971 à Ramsar,
en Iran. Depuis cette clause, les appels n’ont cessé à la faveur d’une attention particulière pour la
gestion de la ressource eau, et en particulier pour la sauvegarde des écosystèmes, surtout dans les
milieux secs. L’enjeu de cette mobilisation pour les zones humides est de réduire les pratiques
conduisant à des perturbations de ces écosystèmes.

La Convention a adopté une large définition des types de zones humides qui relèvent de sa
mission : marécages et marais, lacs et cours d'eau, prairies humides et tourbières, oasis, estuaires,
deltas et zones intertidales, zones marines côtières, mangroves et récifs coralliens et zones
humides artificielles telles que les bassins de pisciculture, les rizières, les retenues, etc.

La signature de ce cet accord a été le point de départ de la réalisation de plusieurs travaux sur la
mangrove : l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) « Les
mangroves du monde 1980-2005 »; la Direction des Communautés Européennes « Les
mangroves d’Afrique et de Madagascar » (1992) ; la Société Internationale pour l’Etude des
Ecosystèmes Mangroves (ISME) « Faites connaissance avec la mangrove, (1995) », etc.

Dans un contexte où les séquelles des sécheresses des années 1970 perdurent, où les conditions
climatiques vont de mal en pis; où les actions anthropiques deviennent de plus en plus
accentuées, les études sur la dynamique de l’écosystème mangrove se multiplient.

Ce Travail d’Etude et de Recherche est une contribution aux travaux réalisés dans d’autres
régions sur les causes de la dégradation de la mangrove. Elle a pour objectif de montrer le
processus de dégradation de l’écosystème mangrove, de comprendre le niveau de responsabilité
des différents facteurs à l’origine de cette évolution; les manifestations de cette dégradation sur
l’environnement mais également les perspectives de gestion en vue l’inversion de l’évolution de
la tendance de la mangrove en cours dans l’estuaire du Sénégal, au sud de Saint Louis.

13
1.4. Délimitation du champ de l’étude
Le champ de l’étude peut être délimité dans le temps et dans l’espace.

Dans le temps, la délimitation s’inscrit dans un contexte de dégradation des conditions


climatiques. Ce contexte est marqué par des périodes humides et des périodes sèches. Ces
dernières plus connues sous le nom de sécheresse, se manifestent par une insuffisance des
précipitations, de fortes évaporations, par un abaissement de nappes et par une détérioration du
couvert végétal.

Dans l’espace, le champ d’étude s’inscrit dans le fonctionnement global de la mangrove dans
l’estuaire du Sénégal.
Avant la mise en service du barrage de Diama, la remontée saline était sensible en période
d’étiage jusqu’à Podor, à environ 300 km de l’embouchure. La zone estuarienne était alors
beaucoup plus vaste qu’elle ne l’est actuellement ; le fleuve y alimentait de nombreuses zones
d’inondation occupées par des vasières à mangrove. Cependant, depuis 1986, l’estuaire du
Sénégal a considérablement diminué et devient un espace borné en amont par le barrage de
Diama et en aval par Potou. Il est bordé en rive droite par le cordon dunaire de la Langue de
Barbarie et sur la rive gauche par un réseau assez diffus de chenaux de marée colonisé par la
mangrove.

14
Source : DGPRE, cité par CAMARA 2008.

Carte 1: Domaine estuarien du Sénégal après le barrage

15
Brèche

Carte 2: L’estuaire du Sénégal au sud de Saint Louis et sa mangrove (2009)

16
Le centre d’intérêt de ce travail se trouve ainsi focalisé sur les parties aval et envasées
littéralement colonisées par la mangrove qui y forme d’importantes colonies.

D’après HARBOUR, 2007, les colonies de palétuviers se rencontrent sur trois sites : dans le
massif de Bopp Thior ; dans le massif de Dakar - Bango s’étendant de Saint Louis, Dakar Bango
et le village de Sanar le long de la route nationale ; au sud de Saint Louis dans le massif de
Toubé. C’est ce dernier site qui constitue notre zone d’étude. Elle concerne les villages de
Bountou Ndour (nom officielle : Bambara), Doun baba Dièye, Dieul mbam, Dieuleuk, Keur
Barka et Mouit. (Carte 3).
Cette étude se fixe un objectif général scindé en objectifs spécifiques.

1.5. Objectifs

Objectif général : ce Travail d’Etude et de Recherche vise principalement à montrer le processus


de dégradation de la mangrove dans l’estuaire du Sénégal, au sud de Saint Louis.

Objectifs spécifiques : pour justifier cette dynamique, nous allons :


-montrer par cartographie la dynamique spatio-temporelle de la mangrove ;
-identifier les facteurs qui entretiennent ce changement et les répercutions de ce dernier sur le
milieu ;
-montrer les moyens mis en œuvre pour sa restauration.

Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de dégager des hypothèses autour desquelles tourne
toute notre étude.

1.6. Hypothèses
Les hypothèses suivantes sont posées :
Hypothèse 1: les pressions physiques et anthropiques sont les principales causes de la
dynamique de l’écosystème mangrove dans l’estuaire du Sénégal, au sud de Saint Louis.

Hypothèse 2 : il existe des réponses efficaces face au processus de dégradation de l’écosystème


mangrove de l’estuaire au sud de Saint Louis.
Ce cadre théorique, nous a permis d’identifier les problèmes de recherche, de dégager l’intérêt et
de poser les hypothèses, ce qui facilite l’élaboration du cadre opératoire.

17
2. Cadre opératoire
Cette partie comprend la définition conceptuelle et la définition opérationnelle.

2.1. Définition conceptuelle


Pour une meilleure compréhension de notre sujet, il est nécessaire de définir les concepts qui le
structurent. Ainsi plusieurs termes clés se dégagent: impact, pressions physiques, pressions
anthropiques, évolution, écosystème, estuaire, mangrove, stratégie et gestion.

Synonyme d’effet, d’influence, un impact est défini par le Petit Larousse (édition 2005),
comme un choc résultant de la rencontre d’un projectile, d’un corps avec un autre corps. Bien
entendu, cet angle de chute né de cette rencontre est causé par un motif. Au niveau de l’estuaire,
celui-ci est occasionné par les différents types de pressions qui s’exercent sur l’écosystème.

La pression : selon toujours le Petit Larousse, elle désigne une action de presser, de pousser avec
effort. C’est aussi une contrainte, une influence exercée sur quelque chose. C’est une notion
physique fondamentale .On peut la voir comme une force rapportée à une surface sur laquelle
elle s’applique. Elle est souvent associée à un mot c’est pourquoi on parle de pression
atmosphérique, de pression artérielle, etc.
En géographie, on parle souvent de : pressions physiques ou de pressions anthropiques.

Les pressions physiques désignent l’ensemble des influences ou contraintes exercées par les
facteurs naturels (climatiques) tels que la température, les précipitations, l’évaporation,
l’évapotranspiration, etc. et qui concourent à modifier le fonctionnement normal d’un milieu.
Cependant dans « La Géographie, Pourquoi ? Comment ? » (2005), GATTONI affirme
« beaucoup de Géographes ont défini ou définissent encore la géographie comme étude de la
relation homme/nature ».

Dès lors, il semble intéressant de définir les pressions relevant du domaine de l’homme. Ainsi,
selon BRUNET (1995), le concept anthropique désigne le « fait, provoqué, accentué par l’action
humaine ». Associé au terme pression, il renvoi à la forte demande de l’homme à un milieu
donné à travers ses activités de surexploitation des ressources telle que les coupes excessives de
bois et la surpêche, etc.

18
Par essence, une pression est censée s’exercer sur quelque chose. Dans l’estuaire du Sénégal, au
sud de Saint Louis, ces pressions ont pour réceptacle l’écosystème mangrove.

Un écosystème, d’une manière générale, est défini par T ANSLEY (1935) comme un système
localisé d’êtres vivants et de leur milieu de vie. B RUNET (1995), dans « Les mots de la
géographie », approfondit cette définition en montrant que « l’écosystème inclut la matière
vivante, les chaînes alimentaires, l’habitat de l’espèce ou du groupe. Il est un modèle
d’interaction entre la biocénose1… et le biotope 2… ». Et, « l’écosystème pourrait prendre …
place dans une échelle des systèmes naturels qui irait de l’atome à l’univers » DROUIN,
« L’écologie et son histoire » ou encore selon BERTRAND « l’écosystème va de l’océan à la marre

à grenouille ». Ces affirmations font ainsi de l’estuaire du Sénégal au sud de Saint Louis, une
échelle de système naturel.

L’estuaire est un terme qui mérite d’être défini car il est souvent utilisé par les géologues dans
un sens très large. PASKOFF (1985), montre que pour les géomorphologues, il désigne, sur une
côte à faible relief, l’embouchure d’un cours d’eau important, qui s’évase vers l’aval et dans
laquelle pénètre amplement la marée. Au sens strict, il se distingue à d’autres formes du littoral
dues à l’ennoyage par la mer de vallées continentales comme le sont les rias3, les calanques4 et les
fjords5. Selon PRICHARD6, l’estuaire est défini comme un plan d’eau semi-fermé qui a une liaison
libre avec la mer ouverte et dans lequel l’eau de mer est diluée de façon mesurable dans l’eau
douce apportée par le drainage continental. Cette zone éco-géographique abrite une végétation
dominante, caractéristique de type mangrove.

Selon la revue de la Communauté Européenne intitulée « les mangroves d’Afrique et de


Madagascar », (1992), il existe une différence notoire de la perception de la mangrove entre les
scientifiques qui trouve son origine dans la diversité de leurs interprétations. Néanmoins, ils
s’accordent sur certaines caractéristiques communes. Par conséquent, les mangroves sont situées
1
Les êtres vivants associés
2
Milieu de la biocénose
3
Ria : vallée, jeune et creusée dans des terrains résistants, largement envahie par la mer.
4
Calanque : ria étroite et courte, à versants raides entaillant des terrains calcaires.
5
Fjord vallée d’origine glaciaire occupée par la mer.
6
Pritchard, cité par PASKOFF dans Les littoraux, impact des aménagements sur leur évolution, 1985.

19
à l’étage intertidal des rivages tropicaux et subtropicaux abrités, c’est-à-dire sur des zones
caractérisées par d’énormes variations au cours du temps, rythmées par des marées, généralement
biquotidiennes, par de lentes fluctuations inter-équinoxiales et par les saisons. Elles croissent sur
des sols sursaturés d’eau, manquant d’oxygène et salés. Ces espaces sont soumis à de nombreuses
transformations graduelles et continuelles ou évolution.

Une évolution est un ensemble de changements subis au cours du temps géologiques par les
lignées animales ou végétales ayant pour résultat, l’apparition de formes nouvelles. Son sens est
plus explicité par le mot dynamique.

D’après LEVY et LUSSAULT (2003), en géographie le mot dynamique est associé à plusieurs
expressions :

-Une analyse dynamique, qui induit le temps dans une étude géographique par opposition à une
analyse statique qui consiste à étudier un ensemble d’objets figés par l’observation à un moment
donné. De cette définition ressort l’idée de mobilité dans le temps. Pour notre cas il s’agit de la
régression de la mangrove.

-Un système dynamique défini par les mêmes auteurs comme un ensemble de réalités
géographiques en évolution liées les unes par rapport aux autres par de fortes interactions.

En effet selon VERGER « il ne faut pas considérer la dynamique comme un faisceau d’actions
mais il faut la considérer comme un réseau d’actions, d’interactions et de rétroactions ». La
combinaison des actions naturelles et anthropiques, imprime une transformation, autrement dit,
un recul des espaces occupés par les palétuviers. Cependant, cette dynamique, n’est pas sans
conséquences.

Une conséquence est définie par le Petit Larousse (édition 2005) comme une suite logique
entraînée par un fait qui en est la cause. A partir de cette définition, les séquelles de la
dynamique sont : une disparition des palétuviers et de sa faune, une extension des tannes, un
assèchement des vasières et sur le plan social, par un départ massif des jeunes, etc. La crise de
l’écosystème n’en serait donc que la résultante de la combinaison de ces effets multiples.

20
Actuellement, grâce à la prise de conscience de son importance et de sa vulnérabilité par les
populations et les autorités, la mangrove bénéficie d’une nouvelle considération par la mise en
place de nouvelles stratégies de régénération.

Terme d’origine militaire, une stratégie est définie par BRUNET, (2005) comme l’art de parvenir
à un but par un système de dispositions adaptées. LEVY et LUSSAULT, (2003) vont plus loin et
affirment « la notion de stratégie est consubstantielle à la notion d’acteur. Un acteur n’est pas
acteur que parce qu’il possède une compétence stratégique, c’est-à-dire une capacité à construire
un « horizon d’attente » autrement dit la représentation d’un contexte souhaitable, et à l’assortir
des moyens à déployer pour le faire advenir ». Parallèlement, beaucoup d’acteurs se mobilisent
pour la gestion administration durable de la mangrove: les populations locales, les collectivités
locales, l’Etat, les organismes de défense de la mangrove (FAO, WETLANDS international,
UICN, etc.). Ces derniers occupent une place de première importance. Ils sont remarquables dans
le financement des programmes. Cette définition conceptuelle a été traduite par un modèle
d’analyse(Figure1).

21
Facteurs de la
Pressions physiques Pressions Anthropiques
dynamique

Surexploitation Pression Usage Réalisation


Précipitations Evaporation Forte insolation poissons, crevettes, etc. démographique domestique d’aménagement
faibles forte s

Impacts sur l’évolution de la mangrove

Dégradation Extension
de Dégradation
des tannes
palétuviers

Dégradation Migration de
conditions de vie la population

Stratégies de gestion

Actions des Actions des projets et


populations locales associations

22
Figure 1 : Modèle d’analyse

23
Ce modèle exprime une relation de cause à effet entre les concepts :
Les pressions physiques et anthropiques constituent les principales causes de la dynamique de
l’écosystème. Sur le plan environnemental, cette dynamique a comme conséquences la
dégradation de la mangrove et l’extension des tannes. Sur le plan social, elle se manifeste par la
dégradation des conditions de vie et la migration. Et face à la prise de conscience de l’importance
de cet écosystème, sa conservation devient une nécessité. Ainsi, des stratégies de gestion de la
crise sont alors développées par les populations de même que les programmes de soutient au
développement.
La thématique de recherche peut être plus visible à travers l’opérationnalisation des concepts.

2.2. Définition opérationnelle

Tableau 1: choix des indicateurs de vérification des hypothèses

Niveaux d’hypothèses Indicateurs Variables

Hypothèse1: ●Précipitation en mm ●Diminution des précipitations


Les facteurs physiques et ●Température en degré ●Augmentation des températures
anthropiques de la dynamique ●Evaporation en mm ●Forte évaporation des plans d’eau et des
de l’écosystème mangrove nappes

Les facteurs anthropiques de la ● faune ●Surexploitation


dynamique de l’écosystème ● flore ●Coupe
mangrove ●Barrage de Kheune ●Forte salinisation en aval
●Barrage de Diama ●Forte salinisation en aval
●Brèche ● marnage accentué dans l’estuaire

● Programme de financement ●Augmentation de l’occupation


Hypothèse 2: pour le reboisement spatiale des palétuviers ;
Les stratégies de gestion face ●Utilisation rationnelle ;
au processus de dégradation ●Actions des populations locales ●Protection par la population locale ;
●Recours à d’autres combustibles ;
●Diminution des coupes d’arbres ;

Le tableau1 est une traduction des concepts définis plus haut. Les variables servent à apprécier les
indicateurs. Ces derniers permettent de mieux cadrer les hypothèses.
Les définitions conceptuelle et opérationnelle qui forment le cadre opératoire sont des étapes qui
préparent le cadre méthodologique.

24
3. Cadre méthodologique

Cette partie consiste à montrer les différentes méthodes de collecte et de traitement des données.
Pour la progression du travail, nous avons établi un tableau de l’organisation du travail. Il relate
l’ensemble de nos activités, allant de la documentation à la soutenance.
Tableau 2 : Organisation du travail
Mois

Nov. Déc. janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil.

Activités
Documentation

collecte de
données
Traitement des
données
Rédaction

Correction du
professeur
Soutenance

Plusieurs méthodes d’acquisition de données sont utilisées. Celles-ci vont dans le sens de la
vérification de nos hypothèses.

3.1. Les méthodes de collecte des données


La revue documentaire, l’entretien, les enquêtes et l’échantillonnage par prélèvement sont les
principales méthodes adoptées pour avoir des données. Elles sont menées durant deux phases que
sont: la phase documentaire et la phase de terrain.

3.1.1. La phase documentaire


Elle s’est effectuée au niveau de différentes structures et centres de recherches. En fonction de la
progression du travail, notre calendrier de recherche documentaire est établi comme suit :

Tableau 3: Calendrier de recherche documentaire


25
Documents exploités Période de Lieux de documentation
documentation
Documents généraux sur la mangrove et sur Du 16 au 30 septembre -Bibliothèque C.S.E.
les zones humides 2008 -Salle de documentation GIRARDEL
-Salle de documentation des eaux et forets
-Internet (site U.I.C.N- Wetlands)

Documents de méthodologie Nov.2008 à Avril 2009 -Salle de cours


-Bibliothèque U.G.B.
-Centre doc UFR/L.S.H.
-Bureau du professeur enca- dreur
Documents sur les pressions physiques et Août 2008 à juin 2009 -Bibliothèque U.G.B
anthropiques sur la mangrove -Centre doc UFR/L.S.H
-Internet (site U.I.C.N)
Documents sur les stratégies de régénération Août 2008 à juin 2009 -Centre de documentation UFR/L.S.H
sur la mangrove -Internet (site U.I.C.N, site Wetlands
International et site FAO)

C’est sur la base des informations recueillies que l’on s’est appuyé pour faire le bilan et synthèse
des travaux antérieurs.

3.1.2. La revue documentaire


Le nombre considérable de références bibliographiques montre que les estuaires et les
mangroves, d’une manière générale, ont longtemps fait l’objet de très nombreuses recherches.
Du fait de leurs fonctions écologiques vitales, leur valeur économique, culturelle, scientifique et
récréative, les zones humides et plus particulièrement la mangrove et les estuaires ont bénéficié
d’un regain de considération dans les années 1970, plus précisément à partir du 2 février 1971 au
sortir de la signature de la convention de Ramsar. Beaucoup d’auteurs consacrent ainsi, une part
importante de leurs travaux à l’étude des estuaires.

R.Paskoff, dans « Les littoraux, impact des aménagements sur leur évolution », (1985), réalise
une étude sur les estuaires en général. Elles portent sur l’origine, les conditions d’existences, la
dynamique et l’hydrologie. Plus tard, en 1990, DIOP S., dans sa thèse compare les estuaires
holocènes tropicaux de l’Afrique de l’Ouest - du Saloum, au Sénégal, à la Mellacorée, en
république de Guinée (Les rivières du Sud).

26
La thèse de DIOP S. (1990), démontre les incidences des facteurs physiques (mécanismes
généraux, régime des vents, les précipitations, la température, les régimes de l’insolation et de
l’évaporation, l’humidité relative) sur le comportement des marais à mangrove.

Selon l'étude récente d'évaluation des mangroves de la FAO intitulée « Les mangroves du monde
1980-2005 », le monde a perdu environ 3,6 millions d'hectares de mangroves depuis 1980, soit un
recul de 20% de la superficie totale. D’autres travaux ont été consacrés comme celle de l’ISME
(Société Internationale pour la Conservation de la Mangrove) en collaboration avec l’UNESCO
« Faites connaissance avec la mangrove » (1995) ; « Les mangroves d’Afrique et de
Madagascar » (1992) publié par la Commission Européenne, présente de manière précise les
mangroves de ces zones ainsi que les problèmes liés à leur conservation.

L’acte du séminaire de juin 1986 sur l’estuaire de la Casamance, examine les causes de
dégradation de la mangrove et révèle qu’elles sont aussi bien naturelles qu’anthropiques.

S.PIROTTE dans, « Les mangroves en Basse Casamance », présente le rôle très large que joue cet
écosystème. Pour lui, «elles remplissent en effet des fonctions multiples dans l’écosystème et
fournissent de nombreux produits en quantité aux populations locales et ce depuis toujours ».
Cependant, la forte demande faite par l’homme, peut avoir d’énormes répercutions sur le milieu.

L’estuaire du fleuve Sénégal, classé zone humide sensible, accueille beaucoup d’aménagements
hydro-agricoles, réalisés dans le cadre de la mise en valeur des terres du Delta. Ces
aménagements ont notamment engendré des transformations des écosystèmes estuariens.
PASKOFF, (1985), dans les littoraux, relate l’impact des aménagements dans la dynamique des
estuaires. En 2003, les travaux de D IATTA sur «L’impact de la brèche sur l’environnement »,
dans le cadre de son mémoire, sont à ranger dans cette catégorie.

L’année 2008 est marquante dans les recherches des étudiants de l’université Gaston Berger sur
les mangroves. En effet, DIENG S.D. montre une fois de plus les « Effets des pressions physiques
et anthropiques sur la mangrove en Basse Casamance ». Pour elle, il a été surtout question de
démontrer la surexploitation comme un contrecoup de la dégradation de la mangrove. Celui de
M. KAMARA, porte sur « La dynamique spatio-temporelle et la conservation de la mangrove au
nord de Saint louis ».

27
Leurs fonctions écologiques vitales, leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative
considérable, explique le besoin de les utiliser de façon durable au bénéfice de l’humanité, par
l’encouragement des politiques de restauration, de protection et de conservation. A.SOUMARE et
DIOP S., (1999) ont travaillé sur la Restauration de la mangrove du Delta du Saloum du Sénégal.

Ainsi, nous constatons que beaucoup d’études ont été réalisées sur les estuaires et la mangrove.
Toutefois, au Sénégal, la plupart de ces travaux sont spécialisées, focalisées sur les régions de la
Casamance et du Saloum.

En ce qui concerne la mangrove à Saint Louis, une faible production scientifique a été effectuée.
Les quelques travaux rencontrées sont : le T.E.R. de M. KAMARA (2008). Or, celle-ci porte sur
La dynamique spatio-temporelle et la conservation de la mangrove au nord de Saint louis. En
outre, celui d’A. P. DIAGNE traite de la Cartographie d’évolution de la mangrove (effets de la
sécheresse et impacts potentiels du barrage de Diama).
Rappelons que le manque de document qui traite exclusivement de la mangrove de l’estuaire du
Sénégal, au Sud de Saint Louis est notoire. Ainsi un travail de terrain rigoureux nous permettra
d’obtenir la première production scientifique de cette zone portant sur son écosystème mangrove.

3.1.2. La phase de terrain

L’objectif est d’évaluer l’influence des facteurs physiques et surtout l’impact des activités socio-
économiques et des aménagements sur la dynamique de la mangrove. La phase de terrain consiste
à mener des entretiens, des enquêtes et la mise en place de transects dans des sites dans le cadre
de l’échantillonnage. Les différentes sorties de terrain sont organisées dans le tableau suivant :

28
Tableau 4: calendrier des activités de sortie

Sites de travail Dates Activités menées


Observation du site
23 novembre Prélèvement d’échantillons
2008 -sur la dune jaune
Coumba bang - sur la tanne
7 février 2010 - dans la vasière
Prise de photos
Observation du site
23 novembre Prélèvement d’échantillons
Bountou Ndour 2008 -sur la dune jaune
- sur la tanne
7 février 2010 - dans la vasière
Prise de photos
Embouchure artificielle sur la langue de 23 novembre Observation de la brèche:
barbarie: la brèche 2008 - observation de l’état actuel du canal
3février 2010 -observation de la marée
Entretien avec l’éco-garde du village et
Bountou Ndour 12 avril 2009 avec le président du comité inter-
2 février 2010 villageois ;
Enquête auprès de la population
Observation de l’effet des marées
26 avril 2009 Entretien avec l’éco-garde du village
Coumba bang 2 février 2010 Enquête auprès de la population

Dièle Mbam 2 février 2010 Enquête auprès de la population


Observation des aires à mangrove reboisés
par les populations
Doun Baba Dièye 3 février 2010 Enquête auprès de la population
Observation de la brèche et de se effets

Chaque activité de terrain est assortie d’un protocole permettant de définir les méthodes utilisées.

3.2.1. Le protocole d’enquête


C‘est l’ensemble des préalables à l’élaboration du questionnaire. Il s’agit du choix du modèle du
questionnaire, des principes de base de l’élaboration du questionnaire et de sa structuration.

3.2.1.1. Les principes de bases de l’élaboration d’un questionnaire

29
L’élaboration du questionnaire découle de notre deuxième hypothèse. Ce questionnaire nous
aidera à collecter les informations nécessaires pour sa vérification.

3.2.1.2. La structuration du questionnaire


L’objectif est de connaître l’évolution du milieu dans le temps de même que la place de l’homme
dans les modifications actuelles. Pour ce faire, nous avons utilisé la méthode du profil historique.
L’enquête est appliquée essentiellement sur la population de Bountou Ndour, de Dièle Mbam,
de Keur Barka et de Doun Baba Dièye. Elle cible principalement les personnes âgées de plus de
50 ans. Ce choix s’explique par le fait qu’elles sont plus disposées à percevoir l’évolution du
milieu sur des générations.

Notre échantillon est constitué de 30 personnes avec une moyenne de 7 personnes par villages car
dans les villages le nombre de concessions est souvent faible. Par exemple à Dièle Mbam, on n’y
retrouve que cinq concessions. Aussi la tranche d’âge visée c’est-à-dire les personnes de plus
50ans, est sont peu nombreux dans les villages.

3.2.2. Le protocole d’échantillonnage par prélèvement


Ce prélèvement d’échantillons a également nécessité l’élaboration d’un protocole.
L’échantillonnage consiste à faire des prélèvements sur les unités : dune jaune, tanne et vasière.
Le choix a porté sur Bountou Ndour et Coumba bang du fait que sur ces sites, les séquences
morphologiques sont plus visibles.

Les prélèvements effectués sur le site de Coumba bang sont nommés T1 (transect 1) et sur ceux
de Bountou Ndour T2 (transect 2). Chaque transect compte trois (3) puits profond de 10cm dont
deux sur le cordon (P1), deux sur la tanne (P2) et deux dans la vasière (P3). Sur chaque puits,
nous avons effectué des prélèvements à deux niveaux: en surface (N1) et en profondeur (N2). Ce
qui fait que dans un transect, on a 6 niveaux pour un total de 12 échantillons dans les 2 sites.
L’échantillon porte le numéro du transect (T), le numéro du puit (P) et le niveau (N).
T1P1N1 => Transect 1 - Puit 1 - Niveau

30
Tableau 5: récapitulation de la technique d’échantillonnage

Sites Numéro Niveaux Code échantillon Séquences


puit
P1 N1 en surface Dune jaune
T1P1N1
N2 a 10 cm T1P1N2
Coumba bang P2 N1 en surface
T1P2N1 Tanne
T1 N2 a 10 cm T1P2N2
P3 N1 en surface
T1P3N1 Slikke
N2 a 10 cm T1P3N2

P1 N1 en surface T2P1N1 Dune jaune


N2 à 10 cm T2P1N2
P2 N1 en surface
Bountou Ndour T2P2N1 Tanne
N2 à 10 cm T2P2N2
T2 P3 N1 en surface
T2P3N1 Slikke
N2 à 10cm T2P3N2
Total 2 6 12 12 3

Les photos 1, 2 et 3 illustrent les échantillonnages sur les différentes séquences.

Dune

Slikke
Slikke

Photo 1: prélèvement sur Photo 2: prélèvement sur Photo 3: prélèvement dans


le cordon la tanne la vasière

Le but de cette activité consiste à étudier les échanges sédimentaires entres les différentes unités
(transports et de dépôts des sédiments) et surtout à analyser la composition granulométrique des
vasières qui supportent la mangrove. Les sites de prélèvement ont fait l’objet de levées GPS pour
pouvoir les localiser sur une carte.

31
Tableau 6. Levés GPS des sites d’échantillonnages de Coumba bang et Bountou Ndour

Coordonnées site Puits Altitud Coordonnées x Coordonnées y Date Heures


e

Coumba bang T1P1 12 m 0340892 1765420

T1P2 13 m 0340890 1765425


T1 10h 25mn

T1P3 14 m 0340885 1765432


23 nov. 2008
Bountou Ndour T2P1 10 m 0340448 1764297

T2P2 7m 0340445 1764299


T2 11h 33mn

T2P3 10 m 0340454 1764301

Les coordonnées du T1P3 ont permis la cartographie du transect de Coumba Bang. Pour la
localisation du transect de Bountou Ndour, nous avons choisi celles de T2P3.

Carte 3 : Localisation des sites d’échantillonnage

Cet ensemble de protocole a permis la collecte de données qui vont faire l’objet de traitement et
d’analyse.

32
3.2. La méthode de traitement des données
Les travaux de traitement de données s’articulent autour du traitement statistique, graphique,
cartographique, traitement physico- chimique et granulométrique au laboratoire des échantillons
prélevés.

3.2.1. Le traitement statistique


Certaines données collectées nécessitent un traitement statistique. Il s’agit des données obtenues
auprès de la Direction de la Météorologie Nationale de Dakar concernant la précipitation et
l’évaporation Piche de la station de Saint Louis sur une période de 35 ans (1970 à 2005), ceux
sont également les données tirées des entretiens et des enquêtes auprès de l’éco-garde du village
de Doun Baba Dièye, du président de la réserve naturel communautaire de Gandon et auprès de la
population de Bountou Ndour.

3.2.2. Le traitement graphique


Il correspond à l’utilisation d’outils et de méthodes dans le but de mieux ressortir l’information.
C’est ainsi que nous avons choisi EXCEL pour le traitement des données pluviométriques et
d’évaporation.

3.2.2.1. La pluviométrie
Le travail consiste à la construction de courbes des cumuls pluviométriques annuelles et des
moyennes mobiles sur 5 ans de 1970 à 2005. Elles représentent la distribution de la pluviométrie
de la station de Saint Louis dans le temps. En outre, la courbe qui va de 1965 à 2005, permet de
comparer les tendances entre ces deux périodes.

3.2.2.2. L’évaporation
Pour l’évaporation le principe reste le même. En effet, la construction de la courbe d’évolution
des cumuls évaporatoires annuelles, nous donne une idée de la progression annuelle depuis les
années 1970 jusqu’à 2005. Sa superposition avec celle de la pluviométrie, permet de faire
ressortir les années les plus déficitaires.

3.2.3. Le traitement cartographique


Ce traitement a été facilité grâce à la mise à notre disposition du GPS de poche Garmin eTrex
Vista pour le prélèvement des coordonnées des sites d’échantillonnage ; des logiciels Arc Gis en
vue de la réalisation de la carte de localisation de la zone d’étude et de la cartographie
d’évolution spatio-temporelle de la mangrove. Un stage de sept mois au niveau du Centre de

33
Suivi Ecologique nous a permis d’effectuer le traitement de presque toutes les cartes figurant
dans notre mémoire.

3.2.4. Le traitement physico- chimique


Les 12 échantillons prélevés sur les sites de Coumba Bang et de Bountou Ndour ont fait l’objet
de traitements au laboratoire de pédologie de la délégation de Dagana de la SAED à Ross Béthio
le 27 Avril 2009, avec l’aide de M. DIOP et M. FAYE. Les analyses consistent à identifier les
paramètres physico- chimiques dans les différentes séquences géomorphologiques et leur teneur.
Ainsi, après le conditionnement (broyage et tamisage à la maille de 2mm) des échantillons de
20g, nous avons déterminé le pH (potentiel hydrogène) au 1/2.5 e 1
et la CE (conductivité
électrique) au 1/ 5e2. Les appareils utilisés sont respectivement le pH-mètre (photo 4) et le
conductimètre (photo 5).

Photo 4: pH-mètre Photo 5: Conductimètre

Les résultats obtenus de l’analyse de ces échantillons sont présentés dans le tableau 7.

3.2.5. Le traitement granulométrique

Les mêmes échantillons utilisés pour l’analyse physico chimique on été utilisés pour la
granulométrie qui est l’étude de la granularité3.

La plupart des échantillons étant humides, leur analyse a nécessité le séchage à l’air libre puis ils
sont conditionnés. Un échantillon représentatif de 20g a été prélevé à chaque niveau à l’aide de
1
Pour le pH, un échantillon de 20g correspond à un volume d’eau distillée de 50 ml
2
Pour la salinité, un échantillon de 20g correspond à un volume d’eau distillée de 100 ml
3
Distribution dimensionnelle des grains

34
la balance de précision Mettler PM 400. A l’aide du tamis, nous avons pu ressortir cinq niveaux
de grain ou refus1 : Sable grossier, Sable moyen, Sable fin, Sable très fin + Limon grossier, et
Limon fin + argile.

Sable grossier 1 à 2
Sable Moyen 0,71 à
Sable Fin 0,12 à 0,20

Sable très Fin 0,06 à

Limon + Argile 0,02


à 0,06

Photo 6 : maillage des tamis

Refus cumulé2 qui est de 20g a été multiplié par 5. Ce qui nous donne le poids de refus pour un
échantillon de 100g. Cependant, une des limites de notre travail au laboratoire a été
l’indisponibilité d’un certain nombre de produits à savoir de l’eau oxygénée. Ce manque nous a
contraints dans l’analyse des paramètres organiques des vasières. Les activités de collecte et de
traitement des données nécessaires à la vérification des hypothèses se sont faites avec quelques
difficultés.

4. Difficultés rencontrées

Pendant la réalisation de ce mémoire de maitrise, nous avons rencontré un certain nombre de


difficultés. Il s’agit principalement :
-du manque de documents qui traitent du peuplement de l’estuaire du Sénégal, au Sud de Saint
Louis. L’essentiel des documents rencontrés sont des études faites à l’échelle de communauté
rurale. Encore que données démographiques sont très récentes pour retracer l’historiques de
peuplement de cet espace naturelle.

1
Partie de l'échantillon qui n'est pas passée à travers les mailles du tamis
2
C'est la somme de tous les refus, celui du tamis lui même plus tous les refus des tamis de maille plus grande. Il peut
être exprimé en gramme ou en % de refus cumulés

35
- des difficultés liées à la représentation sous forme de diagramme de la superficie occupée par
les palétuviers avec le logiciel ArcGis a été une contrainte à la connaissance statistique des
couvertures aux différentes dates.
Malgré ces difficultés, la démarche méthodologique a permis d’aboutir à quelques résultats.

Conclusion

Cette première partie nous a permis de mieux nous imprégner de notre thème de recherche. En
effet, l’identification de la problématique constitue le point central autour de laquelle tourne
toutes les autres activités. Il s’agit principalement de justifier l’intérêt du sujet, de délimiter le
champ de l’étude, de dégager les hypothèses de recherche, de définir et d’opérationnaliser les
concepts clés. La collecte et le traitement des données vont dans le sens de la vérification des
hypothèses. Ainsi, nous pouvons dire que cette partie est essentiellement méthodologique. Quant
à la deuxième partie, elle sera consacrée à l’étude proprement dite du cadre physique estuarien et
à l’importance de l’écosystème mangrove qu’elle renferme.

36
Première partie:

Présentation et mise en place des unités géomorphologiques de


l’estuaire du Sénégal

37
Cette partie est constituée de trois chapitres. Le premier porte sur la présentation et la mise en
place des unités géomorphologiques de l’estuaire du Sénégal ; le deuxième chapitre traite de
l’analyse de l’origine et de la composition des sédiments des vasières ; quant au troisième, il
montre les fonctions multiples de l’écosystème, sa constitution ainsi qu’à son système de
fonctionnement.

Chapitre 1. Aperçu géologique et présentation des unités


géomorphologiques de l’estuaire du Sénégal
Aperçu géologique
La géologie au niveau de la Grande Côte et du Delta du fleuve Sénégal est très récente. La zone
étudiée appartient au bas Delta du Sénégal. Les différentes unités géomorphologiques qui y sont
présentes, montrent qu’elles découlent de deux faits : la tectonique de subsidence et les
mouvements eustatiques et oscillations climatiques du quaternaire.

1.1. La tectonique de subsidence


Selon Pierre MICHEL (1969), cette tectonique de subsidence se vérifie dans le cadre de
l’affaissement continuel du delta. A. NDIAYE (1975, p.28) reprend ces travaux en affirmant que «
contrairement aux régions soulevées, le Delta est une zone de subsidence s’enfonçant au fur et à
38
mesure que les dépôts sédimentaires s’y accumulent. Ce processus très ancien s’explique par le
fait que la zone repose sur un substratum de tectonique cassante, faillée, qui s’est soulevé aux
confins Est immédiats, tandis qu’il s’affaisse sur la bordure Ouest du continent ». Cette situation
a beaucoup facilité le façonnement du bas delta du fleuve Sénégal, à la faveur des différents
mouvements eustatiques et des oscillations climatiques.

1.2. Les mouvements eustatiques et les oscillations climatiques


Les mouvements eustatiques correspondent aux variations du niveau marin, qui se traduisent par
les allers et retours de la mer sur le continent. Ils sont aussi connus sous les noms de transgression
et de régression marine. L’action des mouvements eustatiques a donné aux côtes africaines leur
tracé d’ensemble.
Au quaternaire, les oscillations climatiques ont affecté l’ensemble du golfe sénégalo-mauritanien
et leurs effets ont été accentués par les mouvements tectoniques locaux. Mais ce sont surtout les
transgressions et les régressions qui ont été déterminantes dans la formation et l’évolution et du
delta du fleuve.

1.3. Le Quaternaire récent


Le Quaternaire récent est la période qui s’étend entre 100.000 et 2000ans B.P. C’est la phase la
mieux connue car ses formations sont plus récentes et aussi plus étendues. Elle correspond à la
phase la plus déterminante dans l’édification des unités géomorphologiques de la zone étudiée.

1.3.1. L’Ogolien
C’est une longue période aride qui suivit l’Inchirien Supérieur (vers 22.000 B.P.). La rareté des
pluies a entrainé une absence d’écoulement. Elle correspondait au retrait de la mer et à une
intensification des actions éoliennes. Les alizés continentaux d’orientation NE—SW ont mis en
place un système dunaire d’orientation NNE – SSW. C’est le système Ogolien. Il est présent au
sud de la Mauritanie, au Lac Tchad, au Niger. Au Sénégal, l’erg Ogolien est d’orientation NNE-
SSW. L’Ogolien a été suivi d’une longue période humide dénommée le Tchadien

1.3.2. Le Tchadien
Dénommée aussi le pluvial tchadien ou post Ogolien, elle correspond à la reprise de l’écoulement
de surface et à la hausse du niveau de la mer. Une reprise de l’érosion s’effectua dans la plupart
des réseaux hydrographiques, dont le Sénégal, qui entailla les cordons dunaires et se réinstalla
dans son ancien lit. C’est ce qu’on appelle la deuxième phase d’entaille. Les dunes reprises et
remaniées connurent une nouvelle pédogenèse. Il s’en est suivi une sédimentation sableuse fine
dans l’ensemble du Delta, que la mer recouvrit pendant la transgression nouakchottienne.

39
1.3.3. Le Nouakchottien
Il fait suite à la petite phase sèche, période qui s’étend entre 8000- 7500ans B.P. Cette période a
été à l’origine de la sédimentation notée dans le Delta mais également de la recrudescence des
actions éoliennes. Le Nouakchottien (7500-2000ans B.P.) se situe dans un contexte "transgressif"
mondial. Il est marqué par le retour des pluies. La mer connait une élévation et atteint la cote 1.5
à 2.5 m IGN vers 5.500 B.P. Elle envahit ainsi le continent et le système des dunes ogoliennes.
Elle atteint Boghé à 250 km de la côte actuelle (d’après M ICHEL P. cité par Amadou NDIAYE,
1975 : 30), en remplissant au passage les cuvettes du R’khiz et du Guiers. Cette remontée du
niveau marin s’est accompagnée d’une importante sédimentation de type marin ou lagunaire dans
les régions littorale, avec la formation d’une grande ria.

Au Taffolien (entre 4.000 et 2.000 B.P), l’aridification du climat et le processus de régression (-


2 à - 3 m) sont les faits marquants. La récurrence des actions éoliennes, intervenue après le retrait
de la mer Nouakchottienne, est responsable de l’édification de petits massifs dunaires que
TRICART (1961)1 a appelés dunes jaunes. Les sables de surface de cette unité présentent des
teintes allant d’un brun très pâle au jaune clair. Ces formes sont locales, généralement isolées, de
topographie confuse, ce qui les différencie aussi des dunes rouges dont elles dérivent à la faveur
d’un remaniement au terme duquel la résultante aurait été à dominante nord à nord-nord/est mais
orientée actuellement au nord-nord-ouest/sud-sud-est à nord-sud. Ces cordons sableux ont isolé
une série de lagunes dans les golfes Nouakchottiens. La sédimentation lagunaire qui s’est
produite avec des dépôts plus ou moins argileux favorise le développement de la mangrove.

1.3.4. L’évolution du Subactuel à l’Actuel


C’est durant cette phase que s’est mise en place une bonne partie des unités géomorphologiques
des domaines littoral et estuarien du Sénégal. Il constitue une période de transition marquée par
une légère régression marine qui a été à l’origine, elle aussi de 1 à 1,5 m à la cote actuelle.
(TRICART, 1961)2
Cette fluctuation du niveau marin s’est accompagnée d’importantes changements paléo-
géographiques. Le Sénégal se détourne de son chemin habituel et prend la direction du Sud,
envahit les zones basses des dunes ogoliennes aux environs de Saint Louis.
Les dépôts subactuels sont plus ou moins bas. Ils sont en grande majorité inondés par les fortes
crues du fleuve.

1
Cité par SY, (2008).
2
Cité par SEYE, 2004.

40
L’Actuel quant à lui, correspond à une stabilité apparente des phénomènes eustatiques. Avec
l’évolution du climat vers l’aride durant le post-nouckchottien, les anciens cordons ont été
recouverts par l’avancée des cordons littoraux antérieurs vers l’intérieur.ils sont relativement
stabilisés par une végétation maigre datant des pluviaux antérieurs. Ce sont les dunes jaunes semi
fixés longeant la grande cote sénégalaise et se retrouvant derrière le système des dunes rouges.
Les témoins de l’actuel sont les cordons littoraux, les dépressions inter-dunaires et les vasières.
Le quaternaire récent, de par ses variations climatiques et ses oscillations eustatiques ; a été à
l’origine de la mise en place de la quasi- totalité des unités géomorphologiques notées dans la
zone littorale et estuarienne du Sénégal. Ce qui nous permet de dire donc que ces unités sont
toutes des paléoformes.

2. Présentation des unités géomorphologiques de l’estuaire du Sénégal


Le paysage constitue un des objets d’étude du géographe même si cela a longtemps été un sujet
de controverse entre « naturalistes » et « humanistes ». Sa description permet d’identifier les
unités géomorphologiques présentes dans le milieu, leur processus de mise en place ainsi que
leurs dynamiques.

L’estuaire du Sénégal au sud de Saint Louis s’intègre dans le bas Delta du fleuve Sénégal. Il est
marqué par un relief relativement plat. Cette morphologie du paysage fait que la différenciation
n’est pas toujours nette. Néanmoins, l’observation de l’espace estuarien montre principalement
trois séquences géomorphologiques. Ce sont la vasière basse, la vasière haute et la dune jaune
semi-fixe (SY, 2004).

41
Figure 2: Schéma d’une séquence vasière-tanne à Bountou Ndour (15°57’N-16°29’W).

Mise en place durant la période lagunaire, la vasière à mangrove constitue un espace plus ou
moins particulier car étant sous l’influence permanente des actions de la marée. Elle peut être
subdivisée en deux sous entités : la vasière basse et la vasière haute.

2.1. La vasière basse: la slikke


Une vasière est la zone d’extension de la vase. Celle-ci est un dépôt caractéristique des estuaires
mais aussi de certains lacs et de nombreux fonds marins littoraux ou de grande profondeur
(ELKBIR, 1998).
Du point de vue pédologique, les sols des mangroves sont avant tout caractérisés par le rôle
prépondérant que jouent la salinité et la teneur en souffre (pH) de leur sol dans la pédogenèse.
1
Ces sols présentent la caractéristique d’avoir un important taux de souffre sous forme de pyrite
et sont appelés « sols sulfatés acides ». L’analyse des sols de la slikke montre qu’ils sont neutres
(la teneur du pH tourne autour de 8). Cependant, ce taux varie en fonctions des saisons sous
l’influence de l’alternance d’engorgement et de dessiccation qui modifie le potentiel d’oxydo-
réduction.
En période engorgée, la réduction affecte le fer des particules et des grains de quartz SiO2 ainsi
que le souffre des sulfates déposés avec les sédiments sous l’effet de l’évolution anaérobie de la
matière organique des vases des mangroves. Les produits de la réduction, les sulfures de fer et la
pyrite Fe2S, s’accumulent au niveau racinaire des Rhizophora et atteignent des concentrations de
5 à 6% (PIROTTE).

1
Minéral provenant de la combustion du souffre avec le fer

42
La principale végétation qui se développe dans la slikke est l’espèce Rhizophora racemosa (cf.
photo 4.). Ses racines sont dotées d’une membrane qui filtre l’excès de sel. Ainsi seuls les
éléments nutritifs et l’eau indispensable au développement de la plante passent. Ses racines
échasses permettent à l’espèce de s’arc-bouter pour éviter l’étouffement

Photo 7: la slikke et sa végétation de Rhizophora racemosa

En arrière de la slikke, se retrouve la vasière haute. Elle composée par la tanne et le schorre.

2.2. La vasière haute


Dans cette séquence, on peut distinguer deux sous unités:

2.2.1. La tanne
Cette unité correspond au terrain recouvert par des eaux du fleuve pendant l’hivernage. Avant
l’ouverture de l’embouchure artificielle, cet espace constituait de larges plages nues après le
retrait de l’eau du fleuve c'est-à-dire, après l’hivernage. Mais actuellement, avec l’ouverture de
brèche à travers la Langue de Barbarie, elles sont temporairement recouvertes par la marée
montante.

L’analyse des sols à Bountou Ndour et à Coumba Bang montre une salinité importante des
tannes. La forte évaporation en saison sèche, laisse souvent sur place des croûtes de sels, du aux
phénomènes d’efflorescence saline.

43
La tanne abrite la mangrove de type Avicenia africana. Cette espèce supporte des salinités plus
élevées que les Rhizophora, jusqu’à 90 g/l, ce qui explique sa position dans la zonation des
mangroves (PIROTTE). Leurs cellules disposent d’un système spécial qui élimine le sel. Ce sont
les pneumatophores1.

Photo 8. La tanne et sa végétation d’Avicennia africana à Bountou Ndour

2.2.2. Le schorre
Elle est la séquence adjacente à la dune. Le schorre se présente sous la forme de surfaces basses
subhorizontales. Il est régulièrement inondé par la marée et la crue. La surface du schorre dispose
d’un réseau de chenaux plus ou moins dense. Elle est recouverte par une végétation herbacée
appelée schorre. L’unité se compose d’une végétation halophyte: Tamarite senegalensis, Salsola
baryosma. Elles supportent des inondations périodiques et une salure variable. Du point de vue
pédologique les vasières présentent des sols limoneux-argileux, halomorphes à sulfatés acides.

1
Organes permettant aux racines des plantes qui poussent dans l’eau, la vase, etc., de respirer

44
Photo 9. Le schorre et sa végétation de Salsola baryosma à Bountou Ndour

Dans l’estuaire du Sénégal, le schorre à herbacées et la tanne forment la zone de fluctuation de la


marée et marquent la transition entre la basse slikke et le cordon.

2.3. Les dunes jaunes


Elles ont été édifiées pendant la transgression nouakchottienne (5000-4000 ans B.P.). Ce système
dunaire est le résultat des actions éoliennes intervenues après le retrait de la mer. Leur modelé se
caractérise par de petits ensembles dunaires parallèles à la côte avec une orientation Nord-Sud.
Elles sont fixées par endroit par une végétation composée d’Acacia nilotica, de Prosopis
juliflora, Maytenus Senegalensis, Acacia macrostachya, Parinari macrophyla, Cenchrus biflorus,
Chlorus prieuri, etc (cf. photo10.). Les dunes jaunes font apparaître un léger horizon humifère
«A» reposant directement sur la roche mère «C». Elles sont caractérisées par l’influence très
marquée de la nappe qui est de très faible profondeur. Ce sont donc des sols sableux peu évolués,
mais riches en éléments minéraux et très alcalins (cf. tableau 7). Ils servent de support aux
établissements humains tels que les villages de Bountou Ndour, Doun Baba Dièye, Moumbaye,
Tassinère, etc.

45
Photo 10 : Dune jaune semi-fixées et sa végétation à Bountou Ndour

Ces trois unités entretiennent d’importants échanges sédimentaires. L’observation de la


morphologie du paysage montre qu’ils se font surtout en faveur de la vasière basse. Toutefois, il
faut noter que la vasière constitue un mélange de sédiments d’origines diverses. C’est pourquoi
l’étude de sa composition se révèle nécessaire.

46
Chapitre 2 : Origine et composition des sédiments

Mise en place durant la période lagunaire du Nouakchottien, les vasières à mangrove constituent
des milieux sédimentaires exceptionnels.

Du point de vue sédimentologique, il ne semble pas y avoir une règle applicable à tous les
estuaires sur l’origine des sédiments (PASKOFF, 1985). Cependant, les auteurs s’accordent sur le
principe selon lequel, la vase est un sédiment fin formé de précollaïdes et de colloïdes où la
fraction sableuse est réduite. Les composants sont des minéraux argileux, du fer et de la matière
organique.

1. Les sédiments avant le barrage de Diama


Dans les années 1980 avant la mise en eau de Diama, les apports du continent étaient
prépondérants. Ils étaient liés à l’érosion par les eaux dans le bassin depuis la source autrement
dit le Fouta Djallon, déterminés par des conditions climatiques (contrastes, saisonniers et
interannuels, thermiques et surtout pluviométriques), géologiques (affleurement de roches dures
ou tendres productrices en plus ou moins grande quantité de débris fins ou grossiers),
topographiques (valeur des pentes), biogéographiques (conservations ou dégradation du couvert
végétal plus ou moins dense originellement). Les éléments les plus grossiers, les galets déplacés
par roulage, restent dans la partie amont de l’estuaire car la diminution de la pente longitudinale
amortit la vitesse du courant fluvial, donc sa compétence. Les sables fins mus par saltation dans
les chenaux vont à l’aval de l’estuaire. SALL (1980) estimait les teneurs des dépôts fluviatiles à
676 mg/l à la hauteur du Pont Faidherbe. Cependant, après trois décennies d’aménagement, la
composition sédimentaire des vasières doit être revue en aval du barrage.

2. Les sédiments actuels


Actuellement, les vasières au sud de Saint Louis ont connu de profondes modifications du fait de
leur morphologie et des actions anthropiques.
Au niveau des villages de Coumba Bang et de Bountou Ndour, l’analyse des échantillons
prélevés sur les dunes jaunes, la tanne et la vasière à deux niveaux (en surface et à -10cm), ont
donné les résultats suivants :

47
Figure 3: Granulométrie des prélèvement en surface sur la dune jaune, la tanne et la
vasière à Coumba Bang

L’analyse des échantillons montre la présence du sable fin et une prédominence du sable moyen
sur les trois unités géomorpholgiques (plus de 70%). La part du sable grossier des limons et des
argiles est très faible.
Particulièrement, au niveau de la vasière à Coumba Bang, le fait marquant demeure la faible
présence en surface des particules fines.

Figure 4: Granulométrie des prélèvement en profondeur sur la dune jaune, la tanne et la


vasière à Coumba Bang

48
A -10cm de la surface la dune et de la tanne, la granularité est à la faveur des grosses particules.
Si dans la dune, les sables grossiers représentent à eux seuls 40,9g sur 100g, dans la tanne, c’est
plutôt les sables moyens qui dominent avec plus de 70% de l’échantillon.
Contrairement à ces deux unités, dans la vasière, les particules fines sont très représentatives
(plus de 95% des 100g).

Figure 5: Granulométrie des prélèvement en surface sur la dune jaune, la tanne et la


vasière à Bountou Ndour

Dans ce village, on retrouve la même composition granulométrique rencontrée à Coumba Bang


sur la dune et la tanne. Cependant, celle de la vasière connait des modifications. L’analyse
montre un taux plus important des limons et des argiles en surface.

Figure 6: Granulométrie des prélèvement en profondeur sur la dune jaune, la tanne et la


vasière à Bountou Ndour

49
En profondeur de la vasière, on retrouve les mêmes éléments notés en surface. Seulement, la part
des limons et des argiles est plus importante (plus de 30%). Aussi, une très faible portion de
sable grossier est apparente.

En gros nous pouvons dire que les sols des vasière ont une granulométrie complexe : sables
grossiers, sables moyens, sables fins, sables très fins - limons grossiers et limons fins – argile. La
présence et la proportion des particules moyens et grossiers témoignent de l’échange sédimentaire
qui s’effectue entre les trois unités. Leur transport s’effectue par roulage et ou saltation vers la
dépression (vasière). Au fur de leur accheminement, se produit une dégradation de leur texture,
ce qui explique la présence la fraction fine.
La taille du massif dunaire joue beaucoup sur l’importance des dépots dans la vasière. C’est
pourquoi on observe une proportion de la fraction fine plus intéressante à Bountou Ndour où le
relief est plus marquant qu’à Coumba Bang caractérisé par une faiblesse de la dénivélation.

Selon KANE (1997), les quelques modifications notées sur le fonctionnement hydrodynamique de
l’estuaire n’influent pas sur les teneurs en MES (Matières En Suspension) puisque celles-ci
restent comparables à ce qui était observé avant l’existence du barrage (cf. tableau 6). La crue
inverse le fonctionnement estuarien entre juillet et septembre. Les eaux estuariennes sont alors
plus chargées en MES que celles de l’amont, du fait de l’érosion des berges et des zones basses
encore dénudées longeant le fleuve.

Tableau 7 : bilan des flux particulaire à l’embouchure du fleuve Sénégal

Concentration Volume écoulé Masse


moyenne (mg.l-1) (m3) (tonnes)
Saint-
Louis
Cycle 81/82 252 11,834.10⁹ 2,865.10⁶
Cycle 82/83 155 7,625.10⁹ 1,186.10⁶

Diama
Cycle 89/90 218 8,742.10⁹ 1,908.10⁶
Cycle 90/91 90 6,931.10⁹ 0,627.10⁶
Cycle 91/92 188 9,073.10⁹ 1,702.10⁶
Cycle 92/93 125 7,640.10⁹ 0,957.10⁶
Cycle 93/94 190 8,532.10⁹ 1,86.10⁶⁹
(Source : A. KANE, 1997)

50
La productivité primaire des arbres de mangroves par unité de surface est estimée à sept fois
supérieure à celle du phytoplancton côtier. Les feuilles mortes ou nécromasse forment la litière
qui constitue la matière organique des sols à mangrove. Ces détritus de végétaux interviennent
pour une grande part dans la composition de la bourbe.
En outre, les cadavres des microorganismes et des détritivores tels que les alvins alevins, crabes,
crevettes, etc., ainsi leur excréments participent également dans la formation de la vase.
L’élément récent de la composition des vasières est constitué le sable issu de l’érosion des
berges de la brèche.

Photo 11: Erosion des berges de la brèche par le courant

51
Apports marins :
Charges solides grains de quartz, des
du fleuve fractions coquillères
et de phytoplanctons

Vase
Sédiments meubles
Cadavres de des unités
microorganismes géomorphologiques
et détritivores
+excréments
Nécromasse de
palétuviers
(litière)

Figure 7: Eléments intervenant dans la composition de la vase

Des matériaux pénètrent aussi dans l’estuaire à partir de la brèche. Ce sont : grains de quartz
(sable grossier), des fractions coquillères et de phytoplanctons d’origine marine. Ils sont apportés
par les vagues et la dérive littorale, ensuite relayés par les courants dus à la marée. Ce qui
explique leur présence dans la vase.

Au total, l’analyse de la composition granulométrique de la vase révèle qu’elle est formée


d’apports divers. Ses propriétés physico-chimiques particulières font que la vasière demeure un
milieu très sélectif et accueille un type de végétation très singulière mais aux fonctions multiples.

52
Chapitre 3. Importance de l’écosystème mangrove de l’estuaire du Sénégal

La mangrove joue de multiples : fonctions socio-économiques, écologique et de protection des


littoraux.

1. Fonctions de la mangrove
Le caractère luxuriant des formations végétales de type mangroves sur les estuaires explique en
partie la forte présence humaine. En réalité, les mangroves présentent beaucoup d’avantages
d’ordre socio-économiques, écologique, entre autres.

1.1. Fonctions socio-économiques


Les forêts de mangrove composent l’un des écosystèmes les plus productifs de la planète. Elles
offrent de nombreux services aux populations locales.

1.1.1. Un réservoir de nourriture


Lorsque la marée monte, la forêt de mangrove devient une partie intégrante de l’océan. C’est le
paradis des poissons et des crevettes qui s’y retrouvent en raison de l’abondance de nourriture et
de la possibilité qu’ils ont d’y trouver un endroit sûr pour se cacher grâce à la masse épaisse de
troncs et de racines échasses. Elles sont donc des frayères pour les poissons et les crevettes y sont
inféodées au stade juvénile. Les hommes sont chargés de la pêche de ces espèces pour la
consommation familiale et pour la vente.

1.1.2. Le bois de construction


Le bois de mangrove est réputé comme étant très imputrescible et résistant aux insectes, ce qui
fait de lui un matériau de construction privilégié. Pendant les périodes où la mangrove était
abondante, les populations de l’estuaire du Sénégal l’utilisaient pour faire des cloisons et des
toits. En effet lors de nos enquêtes à Bountou Ndour, nous avons eu à discuter avec monsieur
Konaté, un vieux âgé de plus de 75 ans. Il disait : « je suis né dans ce village et je me rappelle que
tout le matériel de construction des cases et de clôture des maisons étaient à base de bois de
mangrove ».
En outre, le bois est utilisé pour fabriquer des pirogues pour la pêche.

1.1.3. Un bon combustible


La production de bois de feu, de construction ou encore d’art. Le bois de palétuviers est un bois
nerveux, remarquablement solide et exceptionnellement durable avec cependant une tendance à
se fendre au séchage. Comme bois de feu, il présente l’avantage de brûler en donnant une chaleur
uniforme tout en produisant peu de fumée.

53
D’après toujours les résultats de nos enquêtes, la coupe de bois de mangrove était une activité très
développée. Elle était destinée à la vente auprès de la population de Guet-Ndar pour fumer le
poisson.

1.1.4. L’apiculture
Les palétuviers produisent des fleurs très sucrées. Ces dernières servent de nourriture aux
abeilles. C’est pourquoi, dans les zones où la mangrove est très développée, elles s’y retrouvent
en grand nombre. C’est le cas à Bountou Ndour, Doun baba Dièye, dans le parc de Gueumbeul,
etc. dans ces zones, les populations installent des niches pour recueillir le miel destiné à la
consommation et à la vente.

1.1.5. L’écotourisme
Les zones à mangroves, du fait de leur beauté, constituent de véritables sites d’attraction. Leur
charme réside dans la diversité de la faune et de la flore. C’est pourquoi, l’estuaire accueille
chaque année de nombreux visiteurs qui viennent observer ces espaces. C’est le cas du parc de
Gueumbeul qui abrite un écosystème très riche.

D’ailleurs, les palétuviers fournissent d’autres produits et services: tanins, fibres pour l’industrie
textile (rayonne), plantes médicinales, écorce utilisée comme condiments, fourrage, etc. Outre
son importance socio-économique, la mangrove joue un rôle non négligeable du point de vue
écologique.

1.2. Fonctions écologiques


La mangrove joue un rôle capital dans la mise en place de l’écosystème. Cet écosystème est
composé de la faune, de la flore. Cette biocénose entretient d’importantes relations avec le
milieu.

1.2.1. L’écosystème mangrove de l’estuaire du Sénégal


L’écosystème se défini par les éléments vivants (la flore, la faune) et par les éléments non vivants
(milieu) ainsi que les nombreuses interactions.

1.2.1.1. La flore
La mangrove étant un milieu très sélectif, les espèces qui la peuplent possèdent des adaptations
très poussées qui leur sont propres. La population de mangrove de l’estuaire a une structure
relativement simple. Elle est caractérisée par la pauvreté en espèces végétales. On y retrouve
principalement deux espèces de palétuvier : Avicenia africana (Sanar1) et Rhizophora racemosa
1
Nom vernaculaire d’Avicénia africana.

54
(Khèkhe1). Cependant dans l’estuaire, le fait marquant est l’emprise de l’espèce Avicennia
africana sur l’espèce Rhizophora racemosa. Cette population d’espèces végétales abrite une
faune très riche.

1.2.1.2. La faune
Elle est constituée par une diversité d’espèce. On retrouve essentiellement :
Les crustacés (les crabes noirs encore appelées crabes violonistes, les crevettes), les mollusques
(coquillages) ; les poissons qui d’après les pêcheurs interrogés, sont constitués par le Dèèm
(Mugil cephalus), le Wass (Sarotherodon melanotheron heudolotii), le Oba (Ethmalosa
fimbriata), le Seudd et le Guiss. Le périophtalme, un poisson amphibie emblématique des
mangroves, est fortement présent.

Photo 12. Le périophtalme Photo 13Un crabe violoniste

- les reptiles tels que les crocodiles, les varans, les serpents faisaient parti de la faune de l’estuaire
mais disparus au cours de ces dernières années.

: Agit.
Microorganismes décomposeurs et herbivores
1
: Produit.
Nom vernaculaire de Rhizophora racemosa.
: Est assimilé par.
55
Palétuviers et microorganismes
Grands prédateurs :
poissons adultes, oiseaux,
etc. Homme

Détritus + excréments

Consommateurs primaires :
poissons jeunes Détritivores : alevins, crabes, crevettes, etc.

Figure 8: Chaîne trophique dans l’écosystème mangrove

1.2.2. Le rôle de la mangrove dans l’écologie


D’un point de vue écologique, les mangroves fournissent la matière organique à la base des
chaînes alimentaires des cordons littoraux et des eaux côtières peu profondes grâce à son
importante productivité primaire et la quantité de détritus produite ; elles servent de support de
nidification, de sites alimentaires, d’abris,… pour de nombreuses espèces d’oiseaux ; elles sont
aussi des aires de croissances et d’alimentation pour de nombreuses espèces de poissons, de
crustacés et de mollusques du fait de la richesse alimentaire du milieu, des eaux calmes et des
nombreuses racines.

1.3. Fonction de protection


À l'interface entre la mer et la terre, les mangroves jouent un rôle fondamental dans la modération
des crues de moussons, dans la stabilisation et la protection des littoraux. Elles ont un rôle de
protection du littoral contre l’érosion due au vent, aux vagues et aux courants, atténuant les effets
des tempêtes et des cyclones. Le réseau dense de racines empêche les sédiments charriés par
ruissellement depuis les terres en amont de se déverser en masse dans la mer. Ce qui a pour effet
de stabiliser la berge, de protéger les coraux contre l’étouffement, de réduire la turbidité, de filtrer
et de retenir les polluants.

En somme, nous constatons que la mangrove joue un rôle très important dans la maintient de
l’équilibre environnemental. Malheureusement, elle est soumise à une forte dégradation. La

56
deuxième partie est consacrée à l’analyse diachronique de l’aire d’extension de la mangrove et à
l’étude des principaux facteurs qui entretiennent la dynamique.

57
Deuxième partie :

Evolution spatio-temporelle et les facteurs de la dynamique de la mangrove

58
Dans cette partie, il est question montrer l’évolution spatio-temporelle de la mangrove de 1954 à
2009 et d’identifier les multiples facteurs à l’origine de la dégradation de cet écosystème.

Chapitre 1 : évolution spatio-temporelle de la mangrove


La description de l’état de la mangrove est basée sur l’interprétation des feuilles de la carte
topographique de Saint-Louis de 1954 (1/50 000), de l’exploitation des images Landsat de 1973
et de 1984 ainsi que de celle de Spot de 2004 et la photographie aérienne.

Le choix des années d’étude a été effectué en fonction de la disponibilité des données au niveau
du Centre de Suivi Ecologique, mais aussi en fonction des paramètres telle que l’écart entre les
différentes années et leur position dans le temps par rapport à des évènements susceptibles
d’avoir des conséquences sur la dynamique de l’écosystème.

Les dates 1954, 1973, 1984, 2004 et 2010 présentent un certain intérêt dans l’évolution des
milieux naturels du delta du fleuve Sénégal.

59
1. Etat synchronique 1954

Cette vue est extraite de l’étude stratégique d’aménagement de la mangrove a Saint-Louis et ses
environs. DIAKHATE (2009). Elle est très importante dans la mesure où elle permet de visualiser
l’état de la mangrove avant la sécheresse. Sur cette vue, de 1954, la mangrove est assez
homogène dans sa répartition dans l’espace. Les massifs les plus denses sont localisés à
l’intérieur des chenaux de marée, notamment en face des villages de Mbambara, Dièle Mbame et
Keur Bernard. La superficie occupée par la mangrove à cette date est estimée à 685 ha DIAKHATE
(2009). (cf. carte de 1954).

60
Source : DIAKHATE, 2009.
Carte 4: spatialisation de la mangrove en 1954

61
2. Etat synchronique 1973

La carte de 1973, représente situation de la mangrove au début de la sécheresse. Elle témoigne


d’un important changement par rapport à celle de 1954. Les peuplements de palétuviers sont
moins homogènes : il faut noter à ce niveau l’élargissement des surfaces dégradées à l’intérieur
même de ces peuplements comme à Dièle Mbame. Au niveau du village de Keur Barka, une
certaine réduction de l’espace occupé par la mangrove est constatée. Dans le massif de
Mbambara, l’apparition de petites tannes est fort remarquable. Il en est de même au sud-est du
chenal qui fait face à Keur Bernard (cf. carte de 1973).

62
Carte 5 : spatialisation de la mangrove en 1973

63
3. Etat synchronique 1984
La carte représente la mangrove de 1984. Certes, cette année est marquante au Sahel dans la
mesure où elle correspond à une année déficitaire du point de vue hydrologique. Néanmoins, on
note une certaine augmentation de l’espace occupé par les palétuviers. Cette vue est un peu
semblable à celle de 1954 bien qu’on y note une faible diminution de la couverture végétale. Ce
fait est dû au repeuplement des tannes et surtout à la régénérescence des massifs de Mbambara
et de Keur Bernard et renseigne sur l’adaptabilité du milieu qui a su résister aux différentes
pressions physiques et anthropiques. (Carte de 1984).

64
Carte 6: spatialisation de la mangrove en 1984

65
4. Etat synchronique 2004
La situation de 2004 montre une reprise de la dégradation de l’écosystème. Le processus de
régénération déjà amorcé en 1984, connait une déchéance en 2004. Ainsi, à cette date le recul des
vasières et l’hétérogénéité des massifs redeviennent les deux faits majeurs. Cette situation
inquiétante s’est fait sentir au niveau des massifs jadis plus denses : Keur Bernard, Guembeung et
Mbambara. Des peuplements entiers de palétuviers ont été transformés en tannes. (Carte de
2004).

66

Mbamabara

Carte 7: spatialisation de la mangrove en 2004

67
5. Etat synchronique 2009

Cette carte reflète un accroissement de la couverture de la mangrove attestée par la densification


des massifs de Mbambara, de Keur Bernard et de Guembeung mais également l’apparition de
petites formations le long des chenaux. (Carte de 2009). Cette évolution positive s’explique
d’une part par le retour des bonnes pluviométries depuis 2005 et par l’apparition des premiers
résultats positifs de reboisement de la mangrove, initié par les programmes de conservation des
écosystèmes naturels et par les populations locales.

68
Mbamabara

Carte 8 : spatialisation de la mangrove en 2009

69
6. Analyse diachronique de la mangrove

De 1984 à 2004, la mangrove connait une évolution négative. En effet, en dix ans, leur superficie
a lourdement régressé (Carte 10). Cependant, à partir de cette date, la tendance est à la
régénération. Les massifs commencent à se revivifier.

70
Carte 9 : Cartographie de changement de la mangrove : Carte 10: Cartographie de changement de la mangrove :
1984- 2004 1984-2009

71
Chapitre 2 : les facteurs de la dynamique de la mangrove du Sud de
Saint Louis
La dégradation constatée trouve une explication à l’analyse des facteurs qui ont contraint
l’écosystème. On distingue les pressions physiques et les pressions anthropiques.

1. Les facteurs physiques


Les pressions physiques sont liées d’une part par les facteurs globaux et d’autre part, par les
facteurs locaux.

1.1. Les facteurs globaux

Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou réchauffement


global, est un phénomène d'augmentation de la température moyenne des océans et de
l'atmosphère, à l'échelle mondiale sur plusieurs années. Dans son acception commune, ce terme
est appliqué à une tendance au réchauffement global observé depuis les dernières décennies du
XXe siècle. (Voir figure1). Ce réchauffement est du à la concentration de plusieurs gaz à effet de
serre, dont le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d'azote.

Figure 9 : Température moyenne de surface entre 1856 et 2008 Source : Wikipédia

Selon le quatrième rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du


climat), la répartition des précipitations s'est modifiée au cours du XX e siècle du fait du
réchauffement global. En particulier, les précipitations auraient fortement augmenté dans l’est de

72
l’Amérique du Nord et du Sud, dans le nord de l’Europe et dans le nord et le centre de l’Asie,
tandis qu’elles diminuaient en Méditerranée, en Afrique australe, dans une partie de l’Asie du
Sud et notamment au Sahel.

Au-delà des conséquences directes, physiques et climatiques, du réchauffement planétaire, celui-


ci influe sur les écosystèmes, en particulier en modifiant la biodiversité. D'après le Giec, la
capacité de nombreux écosystèmes à s'adapter naturellement sera probablement dépassée par la
combinaison sans précédent des :

 bouleversements climatiques : inondations, incendies de forêts, sècheresses, insectes,


acidification des océans ;
 changements mondiaux : changements d'affectation des sols (déboisement, barrages, etc.),
pollution, surexploitation des ressources.

Dans le Sahel sénégalais, les changements globaux se sont traduits à partir des années 1970, par
une perturbation généralisée des paramètres climatiques locaux plus connu sous le nom de
sécheresse.

1.2. Les facteurs locaux


La sécheresse qui sévit dans l’estuaire du Sénégal, constitue le point de départ de la modification
de l’écosystème. Elle se manifeste par la baisse des précipitations, par une évaporation élevée et
par de fortes températures.

1.2.1. La pluviométrie
C’est généralement la baisse de la pluviométrie dans le temps et dans l’espace qui est le facteur le
plus incriminé.

FELLER et MARSHA, (2008), révèlent que les racines de mangrove à Rhizophora favorisent
l’accumulation de sulfure dans le sol. Elles engendrent après une exondation prolongée une forte
acidification (le pH peut passer de 7 à 3) 1 qui conduit à la disparition progressive puis totale de la
mangrove depuis l’embouchure vers l’amont.

Selon LE FLOC’H et al., (1992), la séquence géochimique qui conduit des sulfures à des sols
sulfatés a été étudié dans différentes régions du Sénégal et il a été montré qu’elle résultait de
l’exacerbation de la sécheresse des dernières années au Sahel.

1
pH égal à 7 : milieu neutre _ pH inférieur ou égal à 4,5 : milieu très acide

73
Le pH normal des mangroves est proche de la neutralité avec des variations saisonnières. De
manière simplifiée, nous pouvons dire que le pH est sous l’influence de l’alternance saisonnière
d’engorgement et de dessiccation.

En période engorgée, la réduction affecte le fer des particules et des grains de quartz (SiO2) ainsi
que le souffre des sulfates déposés avec les sédiments sous l’effet de l’évolution anaérobie de la
matière organique des vases des mangroves à Rhizophora. Les produits de la réduction, les
sulfures de fer et la pyrite (Fe2S), s’accumulent au niveau racinaire des Rhizophora et atteignent
des concentrations de 5 à 6%. Le tableau 7 montre les résultats de l’analyse de l’acidité et de la
salinité des sols de la slikke, des tannes, du schorre et du système de dunes jaunes.

Tableau 8. Résultats de l’analyse de l’acidité (pH) et de la salinité des sols des séquences
géomorphologiques

Nom de pH Niveau CE 1/5


Sites transects Séquences Profondeur 1/25 pH us/cm Niveau salinité
sol très
T1P1N1 Surface 9,22 alcalin 4300 sol excessivem. salé
T1P1N2 Dune profondeur 10cm 6,09 sol neutre 1420 sol non salé
T1P2N1 Surface 6,49 sol neutre 2110 sol très salé
T1P2N2 Tanne profondeur 10cm 8,82 sol neutre 300 sol non salé
Coumba T1P3N1 Surface 8,56 sol neutre 2050 sol très salé
Bang T1P3N2 Slikke profondeur 10cm 8,25 sol neutre 7500 sol excessivem. salé
T2P1N1 Surface 8,42 sol neutre 124 sol non salé
T2P1N2 Dune profondeur 10cm 8,64 sol neutre 49 sol non salé
T2P2N1 Surface 8,45 sol neutre 15800 sol excessivem. Salé

T2P2N2 Tanne profondeur 10cm 7,95 sol neutre 4200 sol excessivem. Salé
Bountou T2P3N1 Surface 8,78 sol neutre 1140 sol très salé
Ndour T2P3N2 Slikke profondeur 10cm 7,99 sol neutre 5200 sol excessivem.salé

De manière conventionnelle, les sols dont le pH est compris entre 6 et 9 sont qualifiés de sols
neutres. Les résultats de l’analyse des échantillons prélevés quelques semaines après la saison des
pluies, confirment le phénomène de réduction. En effet, ces sols de vasière à Rhizophora
racemosa qui étaient encore sous l’effet de l’engorgement, sont neutres. (cf. figure 10).

74
Figure 10 : Scénario durant une saison de pluie normale

Cependant, en saison sèche lorsque le niveau de la nappe baisse, une partie des sulfures est
oxydée en acide sulfurique faisant baisser le pH parfois de manière importante jusqu’à une
valeur de 3 à 2 lorsque le sol est sec. Cette acidification, très faiblement neutralisée du fait le
milieu contient peu de bases, augmente de la mangrove externe vers les tannes et sera lessivée par
les prochaines pluies où le phénomène de réduction va recommencer et ainsi de suite. (cf. figure
11).

75
Figure 11: Scénario durant une saison de pluie normale

Or, quant le déficit hydrique perdure, le phénomène d’autorégulation est perturbé. L’existence
des Rhizophora se trouve ainsi compromise. Ce fut le cas au cours de ces dernières années où la
baisse de la pluviosité a provoqué une acidification accrue du milieu.

1.2.2. Analyse de la distribution de la pluviométrie


Cette analyse se fonde sur les données pluviométriques de la station de Saint Louis. Elles
s’étalent entre 1892 à 2007. L’étude de la pluviométrie sur cette longue la période, nous permet
de percevoir les tendances.

Figure 12: E volution de la pluviométrie de 1892 à 2007

76
L’observation de la courbe montre deux étapes :
-celle qui s’étend 1892 à 1969 : avec des cumuls pluviométriques qui frolent les 800mm.
Pendant les années quelques années déficitaires, ces moyennes n’allaient jamais en dessous de
100mm. Cette situation permettait le renouvellement de l’eau salée dans l’estuaire durant
l’hivernage ce qui facilite le développement de la mangrove.
-celle qui va de 1970 à 2007 : ici les cumuls ont tendance à ce maintenir en deçà de 200mm avec
des années années très déficitaire dépassant meme les la barre des 100mm. Un zoom sur cette
période nous donne la figure suivant.

Figure 13: Evolution de la pluviométrie de 1965 à 2005

A partir de 1970, la station enregistre une succession de périodes déficitaires. Les cumuls
annuels atteignaient rarement la moyenne pluviométrique à Saint Louis (200mm). Ces dernières
peuvent parfois être longues et rigoureuses, ce qui leur a valu leur nom « d’années sèches ».

Selon TOUPET (1984) et PELISSIER (1989)1, la sécheresse relève d’un phénomène accidentel,
d’une durée et d’une périodicité variable. Elle est marquée par un déficit aigu en eau. Ce déficit
hydrique a eu d’énorme répercutions sur le système de régulation naturelle du pH des vasières à
mangrove de l’estuaire du Sénégal au sud de Saint Louis. En effet, la lixiviation 2 des éléments
solides se trouve empêchée. Les sulfates sont maintenus dans la solution du sol et le pH s’abaisse
ainsi fortement. Cette diminution entraîne la libération d’aluminium par les argiles. L’aluminium

1
Cité par LE FLOC’H et al., (1992)
2
Opération qui consiste à épuiser une substance de ses principes solubles en la faisant passer à travers un liquide
susceptible de les dissoudre.

77
peut repasser dans l’eau libre, abaissant davantage leur pH et pouvant exercer une action
phytotoxique non négligeable.

Ce phénomène est à l’origine de la stérilité des sols des vasières à mangroves. Il est donc une des
principales causes de la dégradation de la mangrove et surtout de l’espèce Rhizophora qui
n’arrive plus à survivre dans ces milieux excessivement acides. (cf. figure 14).

Figure 14: Scénario durant les années sèches

L’action de la baisse de la pluviométrie, à l’origine de la régression de l’espèce Rhizophora est


renforcée par un autre facteur naturel qui est l’évaporation.

1.2.3. L’évaporation

Le vaste complexe alluvial sénégalo-mauritanien de la basse vallée du fleuve Sénégal auquel


appartient notre zone d’étude est sous l’influence des sels marins. Au quaternaire, après le retrait
de la mer, les sels déposés ont contaminé les sédiments fluviomarins.

La salure ancienne dite « fossile », piégée dans les sols et les nappes du delta demeure importante
et certaines nappes alluviales comme celle des marais à mangrove de l’estuaire du Sénégal,
atteignent deux à trois fois la salinité de l’eau de mer. (LE FLOC’H et al., 1992).

78
Les mouvements du sel dans les sols de ces marais sont des phénomènes naturels résultants des
caractéristiques climatiques saisonnières.

Pendant la saison sèche, l’eau de la mangrove à Avicennia, très superficiellement drainée,


s’évapore, augmentant ainsi la concentration du sel. Dans les tannes, c’est l’évaporation des eaux
des nappes, alimentées souterrainement par la pulsation des marées, qui concentre le sel et donne
des teneurs beaucoup plus élevées.

Lors de la saison des pluies, les importantes précipitations de l’hivernage dissolvent le sel
accumulé et font chuter considérablement les concentrations.

Cependant, les problèmes de sécheresse des années 1970 et 1980 ont considérablement modifié
ce schéma. La figure 15 représente l’évolution des cumuls de la pluviométrie et de l’évaporation
de 1970à 2006.

Figure 15: Evolution des cumuls annuels de précipitation et d’évaporation de 1970 à 2005.

L’observation de la figure montre des cumuls d’évaporation largement supérieur aux cumuls de
précipitation. Cette situation s’explique par le fait que que le Sahel est marquée par deux saisons
contrastées : une courte saison pluvieuse (3 mois) avec des totaux pluviométriques faibles
atteignant rarement 500 mm ; une longue saison sèche (9 mois) où l’on enregistre de forte
évaporation en raison de 4 mm par jour.
Le constat en est que, les années les moins pluvieuses sont celles où l’on enregistre les plus

79
fortes quantités évaporées. D’où le phénomène d’accentuation du déficit hydrique . Ceux sont les
années 1972, 1977, 1983 et 1984. Le rapport entre la pluviométrie et l’évaporation montre des
déficit de près ce 1400mm. Cette situation se retrouve surtout pendant les années 1972, 1983 et
1984 avec respectivement 1297, 1388 et 1383 mm. Cette analyse confirme l’importance de
l’évaporation au cours des années 1970 et les années 1980. En conséquence, elle a eu d’énorme
répercutions sur le fonctionnement normal du milieu.
Le rôle de l'évaporation se traduit par la soumission de la nappe à un fort gradient vertical
ascendant et par la remontée par aspiration climatique des sels. Cette situation facilite la rapide
dessiccation des niveaux superficiels. L’abaissement des nappes phréatiques accentue le taux de
mortalité du couvert végétal, SY (2008).

Sous ces conditions, sels solubles s’accumulent en grande quantité dans les couches exploitées
par les racines à Avicennia. La salinité, l'acidité et la toxicité alumino-ferreuse constituent les
principales contraintes des sols sulfatés acides qui peuvent de la sorte devenir stérile, (PIROTTE,

sans date). Ainsi, la vasière à mangrove est remplacée par des surfaces sursalées et sans
végétation : les tannes nues. Les sels concentrés à la surface des tannes, apparaissent sous des
formes diverses, efflorescence, croûtes, formations poudreuses, etc. La concentration en sels de
ces salants humides peut atteindre 67 dS.m¹ de conductivité mesurée sur extrait 1/5 dans le delta,
(LE FLOC’H., 1992).

Figure 16:Scénario durant les années à faible pluviométrie et à forte évaporation

80
Cependant, à coté de ces facteurs physiques, il ne faut pas occulter ceux anthropiques car au
regard des pressions qu’il exerce sur les ressources, l’homme est de plus en plus cité comme un
facteur de dynamique.

2. les facteurs anthropiques

Du point de vue écologique, l’homme constitue un facteur fâcheux de la nature. Les interventions
anthropiques dans les écosystèmes ont été multiples et graves à toutes les époques.

La mangrove, quand elle est abondante comme ce fut le cas avant les années 1970, peut regorger
d’importantes ressources : le bois, très convoité du fait de sa haute valeur calorifique ; mais
également la diversité des espèces aquatiques (huitres, crevettes, poissons, crabes, etc.). Face à la
diversité de richesses que lui offre le milieu, l’homme a souvent tendance à les galvauder par une
forte pression démographique, par une surexploitation mais aussi et surtout la réalisation
d’aménagements. Autant de facteurs qui se combinent pour imprimer leurs contraintes au milieu.

2.1. Le facteur démographique

Depuis toujours, la zone estuarienne est un espace très convoité du fait de sa position
géographique. Cette partie occidentale de Saint Louis s’ouvre aux deux plus grandes unités
hydrologiques que sont le fleuve Sénégal et l’océan atlantique. Les populations riveraines s’y
sont installées depuis des générations.

Le groupe ethnique Wolof est la population la plus représentée car cette communauté est la
première s’installer sur l’estuaire. Ensuite viennent les Peulhs véritable, éleveurs nomades. Puis
les bambaras et enfin les maures. Ces derniers sont la quatrième entité ethnique installés en 1970
après le grand érudit de la confrérie Khadriya.
Actuellement, le long de l’estuaire est constellé de villages comme Bountou Ndour, Dieul Mbam,
Doun Baba Dièye, Keur Bernard, Gueumbeung, Mouit, etc. Au fur du temps, ces localités sont
devenues de véritables établissements humains.

Deux faits majeurs attiraient les gens vers l’estuaire :


D’une part, l’environnement estuarien offre d’énormes possibilités de développement d’activités
génératrices de revenus. Ceux sont : La pêche, le maraichage et l’élevage le commerce, etc.

81
D’autre part, la mise en place du chemin de fer est un facteur déterminant dans le peuplement du
Sud de l’estuaire. Il a fortement contribué à la naissance et à la densification de localités. En
outre, cette infrastructure permet l’écoulement plus facile des produits maraichers et halieutiques

Toutefois, l’estimation de la population de l’estuaire avant et pendant les sécheresses n’est pas
une chose facile. Les études précédentes ne l’ont pas faite dans un cadre spécifique. Elles ont été
globales. Soit, elles se faisaient à l’échelle de la communauté rurale de Gandon soit à l’échelle de
l’arrondissement de Rao. Ce qui constitue un facteur qui nous limite à mener une analyse
objective de la taille de la population de l’estuaire.

Cependant les 30 personnes enquêtées sur quatre villages différents (Boutou Ndour, Dieul Mbam,
Doun Baba Dièye, Mbambara) nous certifient que la taille de la population était nettement plus
importante avant la sécheresse et l’essentiel des activités économiques tournaient autour de la
mangrove. Ainsi durant la sécheresse, la dégradation des conditions de vie et par conséquent la
forte pression sur la ressource, a fortement participé à la dégradation des ressources. A terme,
cette situation a comme conséquence, le départ massif des populations vers les grandes villes à la
recherche de meilleurs conditions de vie.

Par ailleurs, le facteur prépondérant de l’accélération du processus de la détérioration de


l’écosystème demeure les activités anthropiques.

2.2. Les activités anthropiques

Les utilisations traditionnelles sont restées longtemps sans grands impacts sur les ressources. Ce
n’est que durant les sécheresses qu’elles ont commencé à subir de fortes dégradations. Ces
dernières sont le fait de la surexploitation des ressources halieutiques et de la déforestation des
îlots de palétuviers.

2.2.1. La surexploitation des poissons, des crevettes et des huitres


Avant les sécheresses, l’estuaire était connu pour la richesse de ses produits halieutiques. Les
vasières sont de véritables réservoirs de poissons, de crevettes et d’huitres. Certes, la pêche
demeure l’activité qui mobilise la plus importante partie de la population. Cependant, durant la
sécheresse, la pauvreté et la famine étaient telles, les populations ont surgit sur la ressource et

82
mènent une exploitation massive de celle-ci. Les captures étaient destinées à la consommation
familiale puis à la vente afin de pouvoir subvenir à leur besoins.

Du reste, les hommes ne sont pas limités seulement à l’asservissement des ressources
halieutiques, leurs abus sont également orientés vers les peuplements de palétuviers.

2.2.2. Utilisation du bois de mangrove


Le bois de mangrove est reconnu pour sa résistance. C’est pourquoi elle a été essentiellement
exploitée par les populations dans le passé et surtout pendant la sécheresse dans presque tous les
travaux qui nécessitaient du bois.

2.2.2.1. Bois de construction


Dans les années 1970, la construction en dur n’était aussi développée dans les campagnes
sahéliennes comme c’est le cas aujourd’hui. L’habitat était constitué par des cases. De toute la
formation végétale de l’estuaire, la mangrove était la plus développée et le plus solide. Selon
Vieux DIAKHATE, chef du comité villageois, les palétuviers ont une très longue durée de vie. Il
existe des pieds aussi vieux que lui, ce qui explique leur ténacité et le développement de leur

tronc et des branches. Ainsi, ces derniers ont été les plus sollicités dans l’édification des cases et
autres construction. M. DIAKHATE affirme toujours « c’est maintenant que le bâtiment s’est
généralisé mais avant on ne connaissait que les cases bien construites avec des troncs de
palétuviers ».
Les pêcheurs utilisaient également ce bois pour la construction de leurs pirogues

2.2.2.2. Bois de combustion

La mangrove est reconnue pour sa haute valeur calorifique. Il s’agit d’un type de végétation
aquatique nécessitant en permanence de l’eau. Durant la sécheresse, le stress hydrique l‘a
gravement affecté par l’assèchement de beaucoup de pied de palétuviers. Ainsi les espèces les
plus vulnérables commençaient à disparaitre : « Sabakhent », « Ngèdj » et « Mangui ». Celles qui
ont pu résister sont l’espèce « Sanar » (Avicennia africana) et « Khèkh » (Rhizophora racemosa).
Le décombre de ces palétuviers était essentiellement utilisé par les femmes de ménage pour la
combustion.

2.2.2.3. Vente

83
La coupe des palétuviers est à compter parmi les facteurs les plus nuisibles pour l’écosystème
dans la mesure où elle peut provoquer un recul souvent irréversible de la mangrove. Dans le
passé, le bois de mangrove était exploité massivement par les villageois puis vendu à la
population de Guet Ndar qui l’utilisaient lors des activités de transformation du poison.

2.2.2.4. Utilisation des feuilles pour la nourriture du bétail


Au niveau de l’estuaire du Sénégal, l’une des plus importantes activités est le maraichage,
pratiqué sur une bonne partie de l’année. Les restes de culture formaient les aires de pâture des
animaux domestiques. Cependant, du fait de la rareté des pluies et de la salinisation de l’eau du
fleuve et des espaces maraichers, ces espaces se sont mutés en de vastes étendues nues. Un des
recours les plus à portée était la mangrove et plus particulièrement, ses feuilles devenues la
nourriture essentielle pour le bétail. Cette défoliation massive pratiquée aussi bien par les
propriétaires de petits bétails que par les grands éleveurs, compte parmi les activités contribuant à
la dégradation de la mangrove durant ces dernières décennies.

2.3. L’impact des aménagements hydrauliques


Depuis 1884, le fleuve Sénégal a accueilli une série d’aménagements qui ont profondément
modifié son cours naturel. Seulement les ouvrages principaux qui ont artificialisé son régime sont
les barrages de Kheune, de Diama, de Manantali et dans une moindre mesure les endiguements
sur les rives gauche et droite dans la vallée.

Tableau 9: Quelques aménagements hydrauliques sur le fleuve Sénégal

Aménagements hydrauliques Année Objectifs généraux


Ouvrages de Makhana 1884 Réservoir d’eau sur le Lampsar pour alimenter
la ville de Saint Louis
Ouvrages vannés de Dakar-Bango de 1937-1939 Renforcer les capacités de stockage du
Ndiawdoun réservoir d’eau de Saint Louis
Le pont- barrage de Richard-Toll 1949 Liaison routière entre les deux rives de la
Taouey et régulation du système fluvio-
lacustre
Route digue entre Sait Louis et Richard- Toll 1950-1959 Liaison routière et isolement partiel de la
cuvette de Ndiael
La digue ceinture de la rive gauche du Sénégal 1964 Protection des terres du Delta contre la crue
Inférieur annuelle du fleuve Sénégal
Ouvrage de régulation sur le Lampsar et le 1976 Réalisation de biefs complémentaires au sein
Kassack ; endiguement de la rive gauche du du réservoir Gorom-Lampsar

84
Lampsar
Barrage en terre ou bouchon de Kheune sur le 1983-1984 Protection des réservoirs d’eau douce situés en
Sénégal inférieur amont contre la remontée de la langue salée
Barrage de Diama 1985 Arrêter définitivement la remontée de la
langue salée dans le cours inférieur du Sénégal
Digue de ceinture de la rive droite 1992 Améliorer la gestion de la retenue de Diama
Réhabilitation de la digue rive de gauche et des 1993 Améliorer la gestion de la retenue de Diama
ouvrages de dérivation
Ouverture d’une brèche au niveau de la 2004 Résoudre le problème des inondations à Saint
Langue de Barbarie Louis et dans les villages environnants
Source : DIALLO.A.T.S, (2005).

Ces ouvrages ont atténué, certes, les effets de la crue et de la remontée de la langue salée.
Cependant, ils ont profondément modifiés l’hydrologie naturelle du fleuve.

2.3.1. L’hydrologie naturelle du fleuve


Naturellement, le fleuve Sénégal fonctionne au rythme des saisons :

- durant la saison sèche (9 mois), la remontée saline était sensible, en période d’étiage, jusqu’à
Podor, à environ 300 km de l’embouchure naturelle. La zone estuarienne était alors beaucoup
plus vaste qu’elle ne l’est de nos jours ; le fleuve y alimentait de nombreuses zones d’inondation
occupées par des vasières à mangrove. GILIF, (2002).

Durant la période d’étiage qui précède la saison humide, l’eau des nappes était restituée depuis
l’amont du fleuve. Cette eau douce permettait dans une moindre mesure, la dilution de l’eau salée
en présence dans l’estuaire.

- En saison hivernale qui dure trois mois, le fleuve prend effectivement le dessus sur la mer.
L’eau douce venant de l’amont règne alors dans tout l’estuaire, chassant ainsi l’eau salée en
présence. Cette dilution de l’eau permettait un bon fonctionnement des vasières et en
conséquence, de la mangrove.

Depuis 1884, le fleuve Sénégal a connu une succession d’aménagements. Cependant, l’on
constate que, les ouvrages les plus récents sont ceux aux impacts les plus considérables sur

85
l’estuaire. Il s’agit du barrage de Kheune, de Diama, de Manantali et de la brèche ou embouchure
artificielle

2.3.2. Impact du barrage de Kheune


L’année hydrologique 1983-1984 était marquée par une crue déficitaire avec un « débit moyen
annuel de 226m³/s à Dagana » (KANE 1985)1. Ainsi la remontée des eaux marines a menacé
l’ensemble des réservoirs d’eau du Delta. Ceci a entrainé la construction du barrage en terre à
Kheune en prélude au barrage de Diama.

Ce barrage constitue un premier aménagement visant à artificialiser le cours naturel du fleuve et


ainsi à priver à l’estuaire les maigres flux d’eau douce qui s’écoulaient le long du fleuve pour
diluer en quelques sorte l’eau salée. Il intervient dans une phase de pleine sécheresse où les
palétuviers souffrent encore de stress causé par l’excès de sel des vasières. Ce trouble
fonctionnel du à la permanence du sel, est une des causes de la mort des palétuviers devenant
ainsi asphyxiés.

Quant aux digues, elles empêchent les épanchements de la crue dans la plaine alluviale et
changent ainsi le modèle des « cycles d’inondation et d’exondation ». L’effet immédiat est
l’assèchement d’anciens lits et dépressions comme les défluents du Gandiolais, et en conséquence
de l’estuaire. Leurs effets sur la mangrove sont comparables à ceux du barrage de Kheune.

2.3.3. Impact du barrage sur la mangrove

2.3.3.1. Contexte du barrage de Diama


Situé sur le fleuve Sénégal, dans le Delta, à 26 Km en amont de la ville de Saint-Louis et à 49
Km de l’ancienne embouchure, le barrage anti-sel de Diama a été conçu et réalisé pour lever les
contraintes nées de la péjoration du climat. Pour atteindre leurs objectifs de développement, les
Etats membres de l’O.M.V.S. ont fait l’option d’une stratégie de développement intégré du bassin
du fleuve Sénégal axé principalement sur l’exploitation optimale des ressources en eau et de
l’environnement du fleuve Sénégal. Ce barrage a pour objectif :
- d’empêcher, en période d’étiage, la remonté des eaux salées dans le delta et la basse vallée du
fleuve ;
- de permettre l’irrigation de 120.000 ha de terre dans sa zone d’influence, en combinaison avec
le barrage de Manantali ;

1
Cité par Aida Touty Sarr DIALLO

86
- de permettre la satisfaction des besoins en adduction en eau potables des centres urbains et
ruraux ;
- d’améliorer les conditions de remplissage des lacs et dépressions liés au fleuve Sénégal,
notamment le lac de Guiers, le lac de R’kiz, la dépression de l’Aftout-Es- Sahel, le parc du
Djoudj, le parc du Diaouling, les défluents en rive droite et en rive gauche ainsi que de réduire les
hauteurs de pompage dans la zone d’influence de la retenue.

Le barrage de Diama a engendré un nouvel équilibre dans l’évolution de l’estuaire. De sorte que
celui-ci était limité, en amont, par le barrage anti-sel de Diama, tant que ses vannes restent
fermées, et en aval, par son embouchure, unique exutoire par lequel les eaux marines remontaient
dans le fleuve.

2.3.3.2. Fonctionnement du barrage et conséquences sur l’écoulement du bief aval

La gestion du barrage est régie par des règles qui consistent d’une part, à manœuvrer les vannes
de façon uniforme et d’autre part à chercher à limiter l’énergie dissipée en aval du barrage.

Sur ce deuxième point, la consigne était de maintenir le niveau de la retenue à une cote telle que
le produit du débit Q (en m³/s) par la chute H (en m) reste inférieur à 1000m4 /s. Voir tableau

Tableau 10: Règles de gestion du barrage

Objectif Niveau de la retenue


Période d’étiage Niveau élevé dans la retenue +2,10 à +2,20 m IGN
Début de crue Maintien d’un niveau élevé le plus tard +2,10 à +2,20 m IGN puis
possible, puis abaissement préventif abaissement à +1,50m IGN
lorsque la crue arrive à Bakel
Période de crue Niveau d’abaissement dans la retenue +1,50m IGN tant que les débits
sont tels qu’il n’est pas nécessaire
d’effacer entièrement les vannes
Fin de crue Relèvement du niveau de la retenue le +1,50m IGN puis relèvement à
plus tôt possible +2,10 à +2,20 m IGN
Source : Rapport GILIF, 2005.

87
En début et en pleine crue, un abaissement du niveau de la retenue puis un effacement des vannes
sont notés. En effet, cela est dû au fait que les vannes deviennent incapables de retenir toute l’eau
venant de Manantali. Pendant ces deux périodes, le barrage n’a aucun effet sur l’estuaire.
L’influence du barrage est surtout notoire lors de la période d’étiage et en fin de crue où les
vannes sont relevées à leur maximum (+2,10 à +2,20 m IGN) afin de maintenir l’eau en amont du
barrage pour permettre l’irrigation dans le cadre de la mise en valeur des terres de la vallée et du
delta. Dès lors, ces règles de gestion ont des répercutions avérées en aval du barrage. En effet
l’observation des cotes, depuis la mise en eau de l’ouvrage, montre que le niveau de l’eau
n’atteint la cote 1,5 m que durant 3mois c'est-à-dire entre Aout et Novembre, tandis que pour
tout le reste de l’année, elle tourne autour du zéro IGN (cf. figure 17).

88
Figure 17: cotes journalières en aval du barrage de Diama de 1986 à 2005.

89
En gros, l’ouvrage de Diama a entrainé une hydrodynamique importante dans le bief aval. Par
contre en amont les conditions hydrologiques restent presque inchangées. Les eaux douces ne
restent dans le domaine estuarien que trois mois environ (aout à octobre). Cette situation entraine
répercutions sérieuses sur le comportement des paysages et en particulier de la mangrove.

2.3.3.3. Effets de la modification de l’hydrodynamique sur la mangrove


La mangrove est la végétation typique des zones soumises aux variations périodiques des
marées et des eaux douces. Elle est caractérisée par des adaptations morphologiques et/ou
physiologiques leur permettant de survivre dans un milieu instable influencé périodiquement par
les eaux saumâtres ou marines.

Toutefois, la mangrove demeure une végétation aquatique donc vivant permanence dans l’eau.
Bien que la dégradation de la mangrove ait été ébauchée par une déficience hydrique et par de
forte évaporation dans le passé, l’intervention plus ou moins récente de l’homme sur le cours
naturel du fleuve par l’édification du barrage de Diama n’a fait qu’empirer ce phénomène. En
effet, la fermeture des vannes en accentuant le stress, a intensifié le phénomène du recul des
vasières et d’extension des tannes.

Signalons que le Sud de Saint Louis connait un facteur plus récent, aux effets redoutables qui
impose une nouvelle dynamique estuarienne : c’est l’embouchure artificielle plus connu sous le
nom de « brèche ».

2.3.4. Impact de la brèche : un facteur récent


La percée du « canal de délestage 1 » à travers la Langue de Barbarie dans un contexte bien
précis. Son évolution dans le temps et dans l’espace a eu d’énormes conséquences sur
l’écosystème mangrove.

2.3.4.1. Contexte d’ouverture et évolution de la brèche


Les inondations constituent l’une des calamités naturelles ayant marqué l’histoire de la ville de
Saint-Louis depuis son origine. Le passage des crues de l’hivernage et les débordements du
fleuve prenaient parfois une envergure spectaculaire redoutée par les populations de Saint-Louis.
Malheureusement, depuis la mise en eau des barrages de Diama et de Manantali, le phénomène
s’est exacerbé. A partir de 1994, les inondations se sont renforcées. Ces calamités répétitives sont

1
Une tranchée creusée pour permettre la circulation des eaux
90
la résultante des bonnes pluviométries dans le haut bassin du fleuve Sénégal, de la forte montée
du plan d’eau du fleuve et de la hausse du niveau de la nappe phréatique.
Conscients de cette situation de plus en plus préoccupante, les pouvoirs publics ont tenté de
réagir en vue d’une solution durable à ce problème.

Dans le haut bassin, la saison pluvieuse de 2003 commençait à créer des inondations dans la
vallée du fleuve ainsi qu’à Saint-Louis et dans les villages voisins : 352 mm à Saint-Louis, là où
la normale 1961 – 1990 est de 256 mm, deuxième plus importante pluviométrie depuis 1993,
après celle de 2000 estimée à 445 m. DIATTA (2004).

Le Président de la République, a ordonné à la cellule de gestion et de prévention des inondations


de creuser la brèche à travers la Langue de Barbarie : une solution prétendue provisoire pour
soulager Saint-Louis des inondations. L’ouverture de la brèche est intervenue dans la nuit du
vendredi 3 au samedi 4 octobre 2003. L’ouvrage réalisé était large de 4 m, long de 100 m et
d’une profondeur de 1,5 m. L’écoulement de l’eau a été facilité au départ par un dénivelé de plus
de 1.5 m entre le niveau du fleuve et de la mer.

D’emblée le « canal de délestage » est le nom que lui ont donné les techniciens concepteurs de
cette solution. Appellation tout à fait propre au vu de l’ouvrage initialement réalisé et des
objectifs visés. Cependant, progressivement, le canal creusé s’est muté en brèche. Avec le
courant engendré par l’ouverture des vannes du barrage de Diama au moment de creuser la
brèche (le débit était de 1942 m3/s), l’eau creusait les berges et le sable n’a pu résister aux flots.
Dès lors, l’appellation juste qui s’impose est incontestablement la brèche.

Photo 14: Quelques minutes après l’ouverture de la brèche Source : DIATTA, 2004

91
De 1850 à nos jours, 20 ruptures d’inégale importance ont été enregistrées sur la Langue de
Barbarie. Les plus notables ont eu lieu en 1894 et 1959, la plus récente est intervenue en 1973
(Rapport GILIF, 2002, p.15). Depuis cette date, le cordon sableux a poursuit sa trajectoire vers le
sud, où son extrémité détermine la position de l’embouchure du fleuve Sénégal. L’observation
faite depuis 1850, a abouti sur un constat d’une cyclicité moyenne de 14 ans pour les ruptures
naturelles de la Langue de Barbarie.

Après chaque rupture naturelle d’une grande importance, on observe pendant un certain moment
deux embouchures à travers la Langue de Barbarie. La nouvelle, située le plus souvent au niveau
du segment médian, est généralement plus vive. Tandis que l’ancienne, située à la pointe distale
de la flèche, tend irréversiblement à s’ensabler. A partir de ce moment le fleuve Sénégal retrouve
une seule embouchure. Dès janvier 2004 le comportement de l’ancienne embouchure, laissait
croire à une fermeture imminente. Le 11 août 2004, l’ancienne embouchure s’est totalement
refermée. Après la fermeture de l’ancienne embouchure, la brèche s’impose comme l’unique
embouchure. Dès novembre 2003, l’ouverture qui a permis au fleuve de se vider rapidement, était
large de plusieurs centaines de mètres. Peu à peu, la dynamique marine a pris le dessus sur la
dynamique fluviale

S’il est vrai que la Langue de Barbarie a toujours connu, par le passé, plusieurs ruptures
naturelles, cette brèche constitue, contrairement à ces dernières, une rupture souhaitée,
programmée et exécutée sans égard pour les conséquences qui pouvaient en découler. L’urgence
a prévalu sur la mise en œuvre préalable d’études d’impact sérieuses de l’aménagement.

2.3.4.2. Evolution de la brèche et les conséquences sur la mangrove

2.3.3.2.1. Evolution de la brèche

Depuis son ouverture, la brèche a connu une évolution spectaculaire. En effet, selon toujours
DIATTA (2004), « devant la violence du courant, la largeur était de 200 m deux jours après (6
octobre 2003). Après trois semaines, le paysage était impressionnant. A la date du 23 octobre, on
était à une largeur de 329 m et le lendemain (24 octobre) à 370 m. La profondeur a évolué de 1.5
m à 6.20 m en marée basse. En mai 2004, la largeur de la brèche était de 800 m ». Les dernières
mesures de la brèche faites par le Centre Océanographique de Dakar en Décembre 2009, portent
la largeur de la brèche à 2,6 km, soit un élargissement de près de 2 km entre 2004 et 2009.

92
Photo 15: DIOP, le 6 octobre 2003 Source : DIATTA, 2004.

Photo 16: la brèche au mois d’avril 2004 Source : DIATTA, 2004.

Cette extension rapide de l’aménagement constitue un souci majeur aussi bien pour les autorités
que pour la population de Saint Louis.
Pour J. TRICART (1976)1, « l’aménagement ne peut partir d’un inventaire par définition statique.
Reposant nécessairement sur des prévisions, il doit s’appuyer sur une connaissance permettant de
dégager une évolution et d’apprécier par conséquent comment on pourra l’infléchir au moyen
d’intervention techniques pour obtenir le résultat assigné ». DIAKHATE (1986)2 ajoute « l’étude
d’impact est alors fonction des inconnues de l’équation définie par le rapport entre les

1
Cité par DIATTA (2004)
2
Cité par DIATTA (2004)

93
caractéristiques de l’espace » au moment de l’intervention et les effets induits par
l’aménagement, rapport qui se pose en termes d’incidences ».

L’absence de toute étude préalable, relative à la mise en place de cet aménagement est
actuellement à l’origine des multiples conséquences environnementales et de l’écosystème
mangrove en particulier.

2.3.4.2.2. Les conséquences sur la mangrove


En 2002, l’ancienne embouchure se situait à 29 km de Saint Louis. En 2003, les pouvoirs publics
ont décidé de réaliser la percée à seulement 7 km. Progressivement, la prise d’importance de ce
canal va de paire avec celle de l’activité de certains phénomènes océanographiques qui modifient
complètement le mécanisme fluvial et à terme, la propriété originelle des vasières.

2.3.4.2.2.1. Le lessivage des vasières


Ce phénomène est surtout causé par l’action des marées dont le dynamisme est de plus en plus
accentué depuis l’avènement de la brèche.

- Les marées
La marée est un phénomène d’abaissement et de relèvement du niveau marin. Elle est causée par
la résonance gravitationnelle, due à la rotation de la terre par rapport au soleil et à la lune. Elle est
conditionnée par l’attraction des corps célestes sur les masses d’eau, principalement la lune et le
soleil. Sur l’ensemble du littoral sénégalais, les marées sont de type semi diurnes c'est-à-dire
qu’une marée a lieu deux fois par jour.

Dans le Gandiolais, les variations de niveau d’eau des petits bras du fleuve sont considérables.
Dans les îles Baba Guèye le "choc des marées" a été le plus visible, du fait de la proximité de la
brèche. D’un moment à l’autre, un puissant cours d’eau laisse place à des ruisseaux qui
serpentent sur des bas-fonds vaseux. Et cela jusqu’à la prochaine marée haute, pour voir tout
rempli à nouveau. Durant de nos enquêtes au niveau des villages de l’estuaire, lorsque nous
sommes arrivés vers 10h à Keur barka, même la haute vasière était dans les eaux. Arrivés à
Mbambara vers 16h à, nous constatons que la vase sur laquelle les palétuviers sont fixés était
perceptible. Ce même scénario s’affichait jusqu’à Dieule mbam. Cependant, après nos enquêtes
vers 18h30, arrivés à hauteur de Mbambara, toute la basse et la haute slikke étaient encore
immergées.

94
Photo 17: Inondation de la vasière de Keur Barka par la marée 10h du matin.

Photo 18: Assèchement de la vasière de Mbambara vers 16h

Photo 19: Remplissage de la vasière de Mbambara par la marée à 18h30

95
Du temps de l’embouchure naturelle, située à 30km de Saint Louis, l’amplitude maximale de la
marée était de l’ordre de 0, 5 m. depuis 2003, avec la brèche, l’influence de la marée s’est
accentuée. Son amplitude maximale atteint alors 1 ,4m. GILIF (2002).
Ce mouvement de remplissage et de vidange soudain du fleuve et de la vasière a comme
conséquence un lessivage de cette unité géomorphologique. En effet, l’action combinée de la
pente et du dynamisme de la marée a comme résultat l’apport sédiments grossiers et le transport
vers la mer des particules fines (les argiles et les limons) laissant sur place les éléments fins. C’est
ce qui explique la forte présence des sables grossiers et des sables fins dans la composition de la
vase. Les Rhizophora mais également les Avicennia deviennent menacés car fixés à peine sur du
sable. Ce phénomène est plus marquant à Doun Baba Dièye, île en face de la brèche où des sols
noirs, bourbeux cèdent la place à un substrat blanchâtre et pauvre parce que lessivé. (Photo 20).

Photo 20: Lessivage des vasières à Doun Baba Dièye

D’ailleurs, au mécanisme de décapage des sols, la brèche ouvre la voie aux agents tels que la
houle et les vagues et leur donne l’aptitude à la dévastation.

2.3.4.2.2.2. La dévastation des palétuviers


Elle est la conséquence de deux facteurs principaux.

-La houle
La houle est le résultat de la propagation d’une onde sinusoïdale monochromatique dont la
manifestation extérieure est le déplacement d’une vague en surface. Les travaux de S ALL (1982)
ont permis de révéler que les houles WN à NW prédominent (avec 98 % des observations) sur les

96
houles du S – W, faiblement représentées (moins de 2 % des observations). La houle du nord-
ouest est régulier, peu cambré et haut de 1.5 m, sa période varie entre 8 à 16 secondes avec une
vitesse de 22 m/s. La longueur d’onde de ce courant varie de 265 m à 350 m. La houle ayant
achoppé sur un plateau continental peu profond et ayant subit des déformations, donne naissance
à des vagues de courte longueur.

-Les vagues

Elles sont très irrégulières, à crêtes pointues et sont produites ou influencées directement par le
vent soufflant sur l’eau qui déferlent sur le rivage. Autrefois, ce rivage correspondait à la Langue
de Barbarie. Aujourd’hui, cette façade est devenue le front Ouest de l’ile Doun Baba Dièye. Ce
village qui abritait un riche écosystème connait depuis l’avènement de la brèche une diminution
de la couverture de sa mangrove. Au phénomène de lessivage des vasières, s’ajoute l’effet des
vagues, à la force assez suffisante pour donner le coup de grâce aux palétuviers encore debout à
peine sur du sable. Lors de notre sortie sur cette ile le 3 janvier 2010, régnait le théâtre de la
désolation. La masse végétale de type mangrove laisse place à un étendu parsemé de palétuvier
relique et de reste de racines qui témoignent de l’existence sur les lieux de Rhizophora racemosa.
(cf. photo 21).

Photo 21: dévastation des palétuviers par les vagues

2.3.4.2.2.2. La fuite de la faune


Sur tout l’estuaire du Sénégal en particulier au sud de Saint louis qui est la zone la plus proche de

97
l’embouchure artificielle, les fluctuations de marée sont à l’origine de la perturbation du
fonctionnement de l’écosystème. L’entrée prématurée de l’eau de mer à une période où l’eau du
fleuve était habituellement douce, constitue une perturbation environnementale significative. Les
poissons d’eau douce ont souffert de cette nouvelle dynamique. Après l’ouverture de la brèche,
le fleuve qui était généralement en eau douce jusqu’en fin octobre est maintenant complètement
salée durant presque toute l’année.

De plus, le retrait brutal de l’eau de mer est à l’origine de la mort de beaucoup de poissons. En
fait, lors de la marée haute, les poissons marins venus pour chercher de la nourriture entre les
racines des palétuviers se trouvent surpris par la marée basse. Ainsi, ils deviennent prisonniers
dans les creux du bas-fond.
D’ailleurs, la baisse subite du plan d’eau empêche à la mangrove de jouer son rôle de frayère
pour les poissons et les crevettes et pour les alevins, de refuge contre les prédateurs. Durant nos
enquêtes, les villageois pêcheurs rencontrés nous ont fait savoir qu’avant la brèche existait une
variété d’espèces de poissons d’eau douce. (cf. tableau 11). « Actuellement, la brèche a tout
emporté » témoigne un vieux pêcheur du nom de M. SANKARE, chef du village de Mbambara.
Il en est de même pour les crustacés (les crevettes) devenus rares depuis l’avènement de la brèche
du fait de la forte présence de sel dans l’eau du fleuve.
L’analyse au laboratoire des prélèvements d’eau mer et du fleuve montre une faible différence de
salinité. Elle décèle une salinité égale à 53,700ms pour l’eau de mer contre 53,100ms au niveau
de la vasière de Dieule Mbam. Cette analyse confirme la forte intrusion de la mer dans le fleuve.

Tableau 11: espèce de poissons existants dans l’estuaire avant la brèche

FAMILLE Noms vernaculaires (Wolof)


Espèce
CHARACIDAE Segual
Hepsetus odoe (Bloch 1794)
CICHILIDÆ Wass
Sarotherodon melanotheron heudolotii (Dumeril 1859)
CLARIDÆ Bilique
Heterobranchus bidorsalis (Geoffroy Saint-Hilaire 1809)
CLUPEIDÆ Obo
Ethmalosa fimbriata (Bowdich 1825)
CYNOGLOSSIDÆ N’Dérére
Cynoglossus senegalensis (Kaup 1858)
ELOPIDÆ Lakh
Elops lacerta (valencienne 1846)

98
Elops senegalensis
MOCHOKIDÆ Gangue ou
Synodontis courteti (Pellerin 1906) Kala
MUGILIDÆ Démé
Mugil cephalus (Linné 1758)
OSTEOGLOSSIDÆ N’Diaguel
Heterotis niloticus (Ehrenberg 1829)
POLYNENIIDÆ N’Diamé
Polydactylus quadrifilis (Cuvier 1829)
POLYPTERIDÆ Khabe
Polypterus bichir laprade (Steindachner 1869)
Source : Rapport final GILIF, 2002.
Les oiseaux migrateurs à la recherche d’eau douce sont rarement rencontrés dans la zone
estuarienne, du fait des mutations rapides du niveau et de la qualité de l’eau et surtout parce que
le poisson devenait rarissime. Ils se concentrent maintenant un peu plus au nord de la brèche à la
recherche de conditions plus favorables.
Outre les impacts environnementaux sur l’écosystème mangrove, la brèche présente d’autres
conséquences telles que : l’inondation fréquente des habitats surtout ceux de Doun Baba Dièye ;
la salinisation des terres autrefois destinés au maraîchage. Consécutivement, la dégradation des
conditions de vie présente comme contrecoup, le chômage et la migration vers la ville de saint
louis et vers les zones périphériques de la ville.

En définitive, nous pouvons dire qu’à Saint Louis, il apparaît nettement que l’équilibre très
fragile de la mangrove au Sud demeure soumis à plusieurs contraintes dont les aléas climatiques,
les perturbations du régime hydrologique du fleuve Sénégal et de submersion de l’écosystème, la
réduction de l’écoulement d’eau douce et sa substitution par une submersion d’eau salée, la
salinisation de l’estuaire, des nappes phréatiques et lentilles d’eau douce. La combinaison de
toutes ces causes impriment des changements multiples sur l’estuaire. Ces changements se
traduisent par une rareté puis une disparition progressive de la mangrove du Bas Delta.

Ainsi en 2003, l’estuaire présente un théâtre de désolation jamais connu. L’évolution de la


mangrove atteint un état déplorable : disparition d’espèces de palétuviers, forte mortalité des
Rhizophora et des Avicennia et une extension des tannes.
La prise de conscience de l’état des faits et de la valeur de la mangrove est à l’origine de la mise
en œuvre, dès 2003, d’actions initiées par les populations locales ainsi que des projets dans le
cadre de la restauration de cet écosystème en péril.
Cependant, toutes les campagnes et activités de reconstitution de la mangrove s’inscrit dans la
partie « perspectives de gestion», partie qui sera réservé en master II.

99
Conclusion

100
La mangrove est un type de peuplement végétal ancien dans la région de Saint louis. Elle a existé
dans les temps géologiques et s’étendait beaucoup plus vers le nord à plus de 500 km de Saint
Louis. Les travaux de MICHEL (1973)1, signale la présence pollens dans un niveau de vase à
Boghé. Avec les épisodes pluvieux connus par le passé, elles étaient surtout marquées par leur
abondance et leur beauté.

Aujourd’hui les palétuviers ne s’’éloignent pour autant de Saint Louis et ont perdu leur caractère
luxuriant du fait de la régression progressive qu’elle enregistre depuis quatre décennies déjà. Ce
recul est confirmé par la cartographie diachronique de notre zone d’étude (Sud de Saint Louis),
réalisée sur la base des images de 1954, 1973, 1984 et de 2004.

Cette dégradation amorcée dans les dernières décennies du XXème siècle, est causée par un
ensemble de facteurs.
D’abord, on note le réchauffement global ou changement climatique. C’est le facteur principal
qui, au-delà des conséquences directes, physiques et climatiques, influe sur les écosystèmes et la
mangrove en particulier. Il est à l’origine de tous les autres facteurs dont la sécheresse.

Ensuite, les sécheresses répétitives à l’origine des changements globaux, ont eu une influence
extraordinaire sur la mangrove. En effet, le déficit hydrique prolongé, combiné à de fortes
évaporations, se traduit sur le couvert végétal par un stress sévère.

Conjointement, les pressions exercées par l’homme sur les ressources deviennent manifestes
d’une part, à travers la surexploitation aussi bien de la faune que de la flore. D’autre part, les
urgences développement avancées par les pouvoirs politiques ont pris le dessus sur les priorités
environnementales avec la mise en place d’aménagements sur le fleuve. Ces derniers ont
profondément modifié l’hydrodynamique estuarienne. L’ouvrage de Diama, notamment a
profondément accentué le stress déjà ébauché par la sécheresse.

La combinaison de tous ces facteurs, impriment sur l’espace estuarien un scénario sinistre :
disparition d’espèces, forte mortalité des Rhizophora racemosa et une extension des tannes due
au recul des Avicennia africana.

1
Cité par DIAGNE, (1997).

101
Enfin, la brèche, un facteur récent, impose une dynamique nouvelle sur l’estuaire. Son influence
se manifeste par la dévastation des palétuviers sous l’action des vagues ; le lessivage des vasières
et la fuite de la faune.

Ainsi depuis 2004, des actions sont menées afin de faire revenir la mangrove. Il s’agit
d’initiatives développées par les populations elles mêmes mais également, d’intervention de
projets tels que le PGIES (Projet de Gestion Intégrée des Ecosystèmes dans quatre sites
représentatifs du Sénégal) et d’associations pour en faveur de l’écologie telles que l’Océanium de
Dakar. Ces actions multiples entrant dans le cadre de la régénération de la mangrove, constitue la
troisième partie qui sera abordée au master II.

102
BIBLIOGRAPHIE

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103
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4. www.uicn.fr: site Union International pour la Conservation de la Nature

5. www.glomis.com/: site de la Société Internationale pour la l’Etude des Ecosystèmes de


Mangrove

106
Liste des illustrations

107
Liste des figures Pages

Figure 1 : Modèle d’analyse...........................................................................................................21


Figure 2: Schéma d’une séquence vasière-tanne à Bountou Ndour (15°57’N-16°29’W)..............40
Figure 3: Granulométrie des prélèvement en surface sur la dune jaune, la tanne et la vasière à
Coumba Bang.................................................................................................................................46
Figure 4: Granulométrie des prélèvement en profondeur sur la dune jaune, la tanne et la vasière
à Coumba Bang..............................................................................................................................46
Figure 5: Granulométrie des prélèvement en surface sur la dune jaune, la tanne et la vasière à
Bountou Ndour...............................................................................................................................47
Figure 6: Granulométrie des prélèvement en profondeur sur la dune jaune, la tanne et la vasière
à Bountou Ndour............................................................................................................................47
Figure 7: Eléments intervenant dans la composition de la vase.....................................................50
Figure 8: Chaîne trophique dans l’écosystème mangrove..............................................................54
Figure 9 : Température moyenne de surface entre 1856 et 2008 Source : Wikipédia. . .70
Figure 10 : Scénario durant une saison de pluie normale...............................................................73
Figure 11: Scénario durant une saison de pluie normale................................................................74
Figure 12: E volution de la pluviométrie de 1892 à 2007..............................................................74
Figure 13: Evolution de la pluviométrie de 1965 à 2005...............................................................75
Figure 14: Scénario durant les années sèches.................................................................................76
Figure 15: Evolution des cumuls annuels de précipitation et d’évaporation de 1970 à 2005........77
Figure 16:Scénario durant les années à faible pluviométrie et à forte évaporation........................78
Figure 17: cotes journalières en aval du barrage de Diama de 1986 à 2005.................................87

Liste des tableaux Pages

Tableau 1: choix des indicateurs de vérification des hypothèses...................................................20


Tableau 2 : Organisation du travail................................................................................................21
Tableau 3: Calendrier de recherche documentaire.........................................................................21
Tableau 4: calendrier des activités de sortie...................................................................................24
Tableau 5: récapitulation de la technique d’échantillonnage........................................................26
Tableau 6. Levés GPS des sites d’échantillonnages de Coumba bang et Bountou Ndour.............27

108
Tableau 7 : bilan des flux particulaire à l’embouchure du fleuve Sénégal.....................................45
Tableau 8. Résultats de l’analyse de l’acidité (pH) et de la salinité des sols des séquences
géomorphologiques........................................................................................................................68
Tableau 10 Tableau 9: Quelques aménagements hydrauliques sur le fleuve Sénégal...................79
Tableau 10: Règles de gestion du barrage......................................................................................82
Tableau 11: espèce de poissons existants dans l’estuaire avant la brèche......................................93

Liste des photos Pages

Photo 1: prélèvement sur la dune...................................................................................................29


Photo 2: prélèvement sur tanne…………………………………………………………………...30
Photo 3: prélèvement dans la vasière……………………………………………………………..30
Photo 4: pH-mètre..........................................................................................................................32
Photo 5: Conductimètre…………………………………………………………………………..33
Photo 6 : maillage des tamis...........................................................................................................33
Photo 7: la slikke et sa végétation de Rhizophora racemosa..........................................................41
Photo 8. La tanne et sa végétation d’Avicennia africana à Bountou Ndour...................................42
Photo 9. Le schorre et sa végétation de Salsola baryosma à Bountou Ndour................................43
Photo 10 : Dune jaune semi-fixées et sa végétation à Bountou Ndour.........................................44
Photo 11: Erosion des berges de la brèche par le courant..............................................................49
Photo 12. Le périophtalme..............................................................................................................53
Photo 13Un crabe violoniste……………………………………………………………………..53
Photo 14: Quelques minutes après l’ouverture de la brèche .........................................................89
Photo 15: DIOP, le 6 octobre 2003.................................................................................................91
Photo 16: la brèche au mois d’avril 2004.......................................................................................91
Photo 17: Inondation de la vasière de Keur Barka par la marée 10h du matin..............................93
Photo 18: Assèchement de la vasière de Mbambara vers 16h........................................................93
Photo 19: Remplissage de la vasière de Mbambara par la marée à 18h30.....................................93
Photo 20: Lessivage des vasières à Doun Baba Dièye...................................................................94
Photo 21: dévastation des palétuviers par les vagues.....................................................................95

Liste des cartes Pages

109
Carte 1: Localisation administrative de la zone d’étude...................................................................6
Carte 2 Carte 2: Domaine estuarien du Sénégal après le barrage...................................................12
Carte 3: L’estuaire du Sénégal au sud de Saint Louis et sa mangrove (2009)...............................13
Carte 4 : Localisation des sites d’échantillonnage..........................................................................28
Carte 5: spatialisation de la mangrove en 1954..............................................................................55
Carte 6 : spatialisation de la mangrove en 1973.............................................................................57
Carte 7: spatialisation de la mangrove en 1984..............................................................................59
Carte 8: spatialisation de la mangrove en 2004..............................................................................61
Carte 9 : spatialisation de la mangrove en 2009.............................................................................63
Carte 10 : Cartographie de changement de la mangrove ...............................................................65
Carte 11: Cartographie de changement de la mangrove …………………………………………68

Sigles et acronymes

A.R.D. : Agence Régionale de Développement.


C.S.E. : Centre de Suivi Ecologique.
D.T.G.C. : Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques
F.A.O. : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture.
GILIF : Groupe d’Initiative Local d’Intervention en Formation
G.I.R.A.R.D.E.L. : Groupe Interdisciplinaire de Recherche pour l’Appui à la Planification
Régionale et au Développement Local
G.P.S. : Global Positionning System (Système de Positionnement Global)
P.N.U.D. : Programme des Nations Unies pour le Développement
I.S.M.E : Société Internationale pour l’Etude des Ecosystèmes Mangroves.
T.E.R. : Travail d’Etude et de Recherche.
U.N.E.S.C.O. Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
U.G.B. : Université Gaston Berger.
U.I.C.N. : Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
S.A.E.D. : Société nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta et du fleuve
Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé

110
Table des matières Pages

Sommaire..................................................................................................................1

Dédicace....................................................................................................................2

Remerciements.........................................................................................................3

1. Cadre théorique.......................................................................................................................10
1.1. Problématique..........................................................................................................................10
1.2. Questions de recherche............................................................................................................11
L’intérêt et la justification du choix de ce thème d’étude sur la mangrove reposent sur plusieurs
raisons.............................................................................................................................................12
1.3. Intérêt et justification du sujet.................................................................................................12
1.4. Délimitation du champ de l’étude...........................................................................................13
1.5. Objectifs...................................................................................................................................16
1.6. Hypothèses...............................................................................................................................16
2. Cadre opératoire......................................................................................................................17
2.1. Définition conceptuelle............................................................................................................17
2.2. Définition opérationnelle.........................................................................................................22
3. Cadre méthodologique............................................................................................................23
3.1. Les méthodes de collecte des données....................................................................................23
3.1.1. La phase documentaire.............................................................................................23
3.1.2. La revue documentaire.............................................................................................24
3.1.2. La phase de terrain...................................................................................................26
3.2.1. Le protocole d’enquête.............................................................................................27
3.2.1.1. Les principes de bases de l’élaboration d’un questionnaire..............................27
3.2.1.2. La structuration du questionnaire......................................................................28
3.2.2. Le protocole d’échantillonnage par prélèvement.....................................................28
3.2. La méthode de traitement des données....................................................................................31
3.2.1. Le traitement statistique...........................................................................................31
3.2.2. Le traitement graphique...........................................................................................31
3.2.2.1. La pluviométrie..................................................................................................31
3.2.2.2. L’évaporation.....................................................................................................31

111
3.2.3. Le traitement cartographique...................................................................................31
3.2.4. Le traitement physico- chimique...............................................................................32
3.2.5. Le traitement granulométrique.................................................................................33
Les mêmes échantillons utilisés pour l’analyse physico chimique on été utilisés pour la
granulométrie qui est l’étude de la granularité..................................................................33
4. Difficultés rencontrées............................................................................................................34
Conclusion......................................................................................................................................34

Première partie: Présentation et mise en place des unités géomorphologiques


de l'estuaire du Sénégal

Chapitre 1. Aperçu géologique et présentation des unités géomorphologiques


de l’estuaire du Sénégal.........................................................................................37

Aperçu géologique......................................................................................................................37
1.1. La tectonique de subsidence...................................................................................................37
1.2. Les mouvements eustatiques et les oscillations climatiques...................................................37
1.3. Le Quaternaire récent..............................................................................................................37
1.3.1. L’Ogolien.................................................................................................................37
1.3.2. Le Tchadien............................................................................................................38
1.3.3. Le Nouakchottien.....................................................................................................38
1.3.4. L’évolution du Subactuel à l’Actuel........................................................................39
2. Présentation des unités géomorphologiques de l’estuaire du Sénégal....................................40
2.1. La vasière basse: la slikke.......................................................................................................40
2.2. La vasière haute.......................................................................................................................42
2.2.1. La tanne....................................................................................................................42
2.2.2. Le schorre.................................................................................................................42
2.3. Les dunes jaunes.....................................................................................................................43
Chapitre 2 : Origine et composition des sédiments.............................................45

1. Les sédiments avant le barrage de Diama...............................................................................45


2. Les sédiments actuels..............................................................................................................45
Chapitre 3. Importance de l’écosystème mangrove de l’estuaire du Sénégal. .51

1. Fonctions de la mangrove......................................................................................................51
1.1. Fonctions socio-économiques..................................................................................................51
1.1.1. Un réservoir de nourriture.......................................................................................51
1.1.2. Le bois de construction.............................................................................................51
1.1.3. Un bon combustible..................................................................................................51
1.1.4. L’apiculture..............................................................................................................52
1.1.5. L’écotourisme...........................................................................................................52
1.2. Fonctions écologiques.............................................................................................................52

112
1.2.1. L’écosystème mangrove de l’estuaire du Sénégal....................................................52
1.2.1.1. La flore..............................................................................................................52
1.2.1.2. La faune.............................................................................................................53
1.2.2. Le rôle de la mangrove dans l’écologie..................................................................54
1.3. Fonction de protection.............................................................................................................54
Deuxième partie: Evolution spatio-temporelle et les facteurs de la dynamiques
de la mangrove

Chapitre 1 : évolution spatio-temporelle de la mangrove..................................58

1. Etat synchronique 1954...........................................................................................................58


2. Etat synchronique 1973...........................................................................................................60
3. Etat synchronique 1984...........................................................................................................62
4. Etat synchronique 2004...........................................................................................................64
5. Etat synchronique 2009...........................................................................................................66
6. Analyse diachronique de la mangrove....................................................................................68
Chapitre 2 : les facteurs de la dynamique de la mangrove du Sud de Saint
Louis........................................................................................................................70

1. Les facteurs physiques............................................................................................................70


1.1. Les facteurs globaux...........................................................................................................70
1.2. Les facteurs locaux..................................................................................................................71
1.2.1. La pluviométrie.........................................................................................................71
1.2.2. Analyse de la distribution de la pluviométrie...........................................................74
1.2.3. L’évaporation...........................................................................................................76
2. les facteurs anthropiques.........................................................................................................79

2.1. Le facteur démographique.......................................................................................................79


2.2. Les activités anthropiques.......................................................................................................80
2.2.1. La surexploitation des poissons, des crevettes et des huitres...................................80
2.2.2. Utilisation du bois de mangrove..............................................................................81
2.2.2.1. Bois de construction..........................................................................................81
2.2.2.2. Bois de combustion...........................................................................................81
2.2.2.3. Vente..................................................................................................................81
2.2.2.4. Utilisation des feuilles pour la nourriture du bétail...........................................82
2.3. L’impact des aménagements hydrauliques.............................................................................82
2.3.1. L’hydrologie naturelle du fleuve..............................................................................83
2.3.2. Impact du barrage de Kheune..................................................................................84
2.3.3. Impact du barrage sur la mangrove.........................................................................84
2.3.3.1. Contexte du barrage de Diama..........................................................................84
2.3.3.2. Fonctionnement du barrage et conséquences sur l’écoulement du bief aval...85
2.3.3.3. Effets de la modification de l’hydrodynamique sur la mangrove.....................88

113
2.3.4. Impact de la brèche : un facteur récent...................................................................88
2.3.4.1. Contexte d’ouverture et évolution de la brèche.................................................88
2.3.4.2. Evolution de la brèche et les conséquences sur la mangrove............................90
2.3.3.2.1. Evolution de la brèche................................................................................90
2.3.4.2.2. Les conséquences sur la mangrove.............................................................92
2.3.4.2.2.1. Le lessivage des vasières.....................................................................92
- Les marées........................................................................................................92
2.3.4.2.2.2. La dévastation des palétuviers.............................................................94
-La houle.............................................................................................................94
-Les vagues.........................................................................................................95
2.3.4.2.2.2. La fuite de la faune..............................................................................95
Conclusion générale ………………………………………………………………………...94

BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................101
Liste des figures........................................................................................................................106
Liste des tableaux......................................................................................................................106
Sigles et acronymes................................................................................................108

114

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