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Mémoire de master 1
Sous la direction de
Présenté par
M. Boubou Aldiouma SY
Aly CAMARA
Maître de conférences à L’UGB
Je dédie aussi ce travail à mes amis de Thiaroye Gare dont je citerai particulièrement :
Mamadou DIOP (Abou Daoud), Pape Amadou DIOP, Abdallah SARR, Mouhamad CAMARA,
Cheikh NIANG, Gaye Moussa DIOP et les Frères de Luqman Al Hakim à Thiaroye Gare.
Aux frères et sœurs en la foi de l’UGB, plus particulièrement à ceux avec qui j’évolue dans le
même cadre de DAWA, je cite Moustapha MBAYE, Ibrahima BIAYE, Ibrahima TALL, Bou
SOW, Imam Abdoulaye THIAM, Tawa NIANG, Souleymane FAYE, Méoundou SAMBE,
Abdoul Aziz IRADIAN, Oumar DIOUF, Landing DIEME, Sidy FALL, Idrissa FOFANA,
Fatou K DIOP, Zeynab BALDE, Ndiagou KAMA, Haby DIENG, etc.
Pour cela j’adresse mes remerciements à M. Boubou Aldiouma SY, qui a accepté d’encadrer
ce travail.
Je tiens aussi à remercier tous les professeurs de la section de géographie qui ont énormément
contribué à notre formation : M. Mouhamad Maouloud DIAKHATE, M. Oumar DIOP,
M.Serigne Modou FALL, M. Dah DIENG, M. Adrien COLY, M. Cheikh Samba WADE,
M.Sidy Mouhamed SECK, M. Cheikh SARR, M. André D’ALMEIDA et Mme Fatou Maria
DRAME.
Il y a par ailleurs des personnes qui ont effectivement contribué à la réalisation de ce Travail
d’étude et de recherche. Je citerai : Abdoul Karim SALL, Cyprien SENE, Marie M. DIOUF,
Babacar FAYE, Ibrahima LO, Yama NDIAYE, Anna Ndjilar NDIAYE, Cecilia Tenning
FAYE, Mame Betty Lette DIOUF.
Je remercie aussi Abou SY, Labaly TOURE, Djibril BASSENE, Moustapha CISSE, Aliou
SARR, Al Hassane TALL, Daouda DIOUF, Fatou LAGNANE, Mamadou Demba BA pour
leurs conseils et orientations relatives au travail.
Je termine en rendant grâce à Allah qui nous favorisé depuis toujours parmi ses serviteurs.
Avant-propos
La question de l’avenir des ressources naturelles suscite actuellement beaucoup de réflexions.
Les épisodes climatiques responsables de la situation actuelle remontent au quaternaire. Cette
période est marquée par une sécheresse persistante qui soutenait un équilibre climatique. Cet
équilibre voit ses premiers bouleversements au début du 19e siècle notamment avec la
révolution industrielle. Depuis lors, on assiste à une perturbation des écosystèmes du fait des
changements et réchauffements climatiques. On s’accorde sur le fait que les températures
augmentent avec plusieurs conséquences. Ce qui a suscité en 1972 des initiatives allant dans
le sens de la protection de l’environnement. L’enjeu de ces initiatives est la préservation et
l’utilisation des ressources par les communautés.
Les milieux tropicaux sont des espaces porteurs de cet enjeu car abritant une très grande
diversité des espèces et des ressources naturelles. Ces milieux subissent des dégradations. Ces
changements sont perceptibles à tous les niveaux et à différentes échelles : les zones humides,
les milieux arides, etc. On citera particulièrement les littoraux qui sont un dualisme marqué
par leur importance et leur vulnérabilité.
Ceux de l’Afrique de l’Ouest abritent des mangroves allant de la côte mauritanienne au sud de
l’Angola. Au Sénégal ces écosystèmes de mangroves longent la côte à Saint Louis dans le
delta du Saloum, Casamance, la Somone, et Joal-Fadiouth. Ils subissent à leur tour les effets
des variabilités climatiques exacerbés par les pressions anthropiques. A travers les constats de
dégradation de ces écosystèmes de mangroves, qui regorgent d’importantes ressources et
assurent plusieurs fonctions, les populations locales essayent de trouver des solutions faces à
ces crises de l’environnement.
C’est dans cette perspective que s’inscrit ce Travail d’Etude et de Recherche (TER) de
Master 1 qui porte sur l’analyse des stratégies de restauration à Joal-Fadiouth. Ainsi travaux
menés pour une meilleure connaissance de la valeur économique de l’écosystème de la
mangrove s’ajoute ce TER qui entre dans une logique de renforcer les capacités et les
connaissances relatives à la protection de la mangrove.
Sommaire Page
Dédicace………………………………………………………………………………………..1
Remerciements ………………………………………………………………………………...2
Avant propos…………………………………………………………………………………...3
Première partie : Cadre théorique, cadre opératoire et cadre méthodologique.........................6
Introduction générale..................................................................................................................7
Chapitre1 : Cadre théorique......................................................................................................13
Chapitre2 : Cadre opératoire………………………………………………………………….21
Chapitre3 : Cadre méthodologique...........................................................................................29
BU : Bibliothèque Universitaire
«Il est aujourd’hui certain que les milieux aquatiques se sont déjà transformés sous l’effet des
actions anthropiques, et environ cent fois plus vite qu’au cours des 10000 ou 20000 dernières
années. Reste à préciser quelles sont les répercussions de ces changements sur les cycles du
carbone et de l’azote et du phosphore et par voie de conséquence sur la biodiversité». (La
Recherche, 2007).
Cette situation est d’autant plus difficile dans les pays pauvres avec les populations de faibles
revenus qui ont du mal à prévenir ou à lutter contre les catastrophes naturelles. Actuellement
la problématique de la gestion des zones humides et particulièrement celle des zones côtières
est une des priorités au niveau international avec des ONG telles que WETLANDS, PRCM,
UICN, Enda, FIBA, GIRMAC. En effet les littoraux, demeurent la partie la plus sensible à ces
changements, car longtemps laissés à eux-mêmes, sans aucune mesure adéquate de protection
(GAMBLIN et AL.1998). Leur nature d’interface entre la lithosphère, l’hydrosphère et
l’atmosphère, fait qu’ils abritent l’une des plus grandes diversités de la planète et une forte
concentration humaine (PASKOFF, 1998).
L’écosystème mangrove qui couvre une superficie de 10 millions ha environ dans les zones
intertidales côtières des régions tropicales, sur et sur prés de 75% de ces littoraux (Fromard,
1997), abrite à son tour: une avifaune, des mammifères, des reptiles, et une ichtyofaune. En
outre, les mangroves se développent à plus de 90% de leur superficie dans des pays pauvres
ou émergents dans lesquels il n y a pas assez de moyen pour ménager ou encore protéger les
ressources naturelles. La confusion dans la gestion des ressources favorise leur dégradation à
la suite d’une exploitation abusive et très souvent incontrôlée et frauduleuse (Vertigo, Vol 7
No2 sept. 2006). Ce qui fait que, les écosystèmes forestiers 1 de mangrove subissent quasiment
partout dans le monde, des dégradations anthropiques de toutes sortes et de diverses
1
L’écosystème mangrove est défini en fonction de la végétation, de la faune et de la géomorphologie, Cf. cadre
opératoire.
amplitudes. A ces actions anthropiques qui ont fortement contribué à la dégradation de la
mangrove, on note à certains endroits des variabilités climatiques qui ont augmenté la
dégradation de la couverture végétale en générale et la mangrove en particulier.
Face à cette situation de dégradation des mangroves et ses conséquences négatives, les
organisations de développement et population locales, s’activent dans la restauration. C’est
ainsi que des actions de reboisement de la mangrove furent initiées, avec des espèces
différentes suivant les localités et les conditions du milieu (DIEDHIOU, 2009). Si les effets
des variabilités climatiques étaient néfastes sur les végétaux à l’échelle planétaire, ils le sont
plus dans les pays du Sahel où la sécheresse a été plus persistante, de quoi suffire évaluer la
dégradation dans les mangroves des pays comme la Gambie et le Sénégal.
Comme beaucoup d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, le Sénégal est un des pays
concernés par ces perturbations. Il a adopté un certain nombre de stratégies pour la lutte
contre la dégradation des ressources naturelles. C’est dans ce cadre qu’il a ratifié la
convention de RAMSAR pour la protection des aires menacées. Ainsi nous avons comme
aires protégées au Sénégal la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS), les aires
marines protégées (AMP) à travers certaines zones côtières du pays.
2. Contexte national
La situation du Sénégal intègre le territoire dans le cadre général du climat
tropical de type soudano sahélien, caractérisé par l'alternance de deux saisons, soumis au
cours de l’année aux mouvements alternatifs de masses d’air d’origine différents. Du fait de
la latitude tropicale, les températures sont généralement élevées, avec une variation dans le
temps, et dans l’espace.
Les mangroves s’étendent entre les latitudes 12° 20’ et 16° 20’ N et les longitudes 16°20’ et
16° 30’ W et une superficie de 1853 km2, qui représente 6 % de la superficie en Afrique
(DIOP E S al. 1993). La mangrove est présente, dans la lagune de Joal-Fadiouth, à la Somone,
dans les estuaires du Saloum et du fleuve Casamance, dans l’embouchure du fleuve Sénégal.
Vers les 1970, on assiste à de nouvelle série de sécheresses qui est à l’origine de la baisse de
la pluviométrie, qui à son tour a marqué ces dernières décennies par des variabilités inter
annuelles et des déficits atteignant parfois 40%. (Rép. SN 2010 PRATICA, UNICEF, EWV
45p.). Les effets de cette sécheresse se font encore sentir dans la dégradation des sols à
travers une diminution du potentiel hydrique ou par aération et salinisation.
Ce contexte de changement climatique s’est manifesté donc par une salinisation et une
acidification des estuaires et lagunes ; ce qui a causé une forte mortalité des palétuviers, une
extension des tannes, une multiplication des bancs de sable et de vasières, un faible niveau de
régénération entre autres et une salinisation des nappes. (Sécheresse, sept 1994 N°3 vol 5).
Les premières manifestations de cette sécheresse au Sénégal concernent la désertification qui
a affecté les ressources végétales (CONSERE, 1997).
Ainsi le contexte socio économique actuel et les problèmes qui ont découlé de la sécheresse
expliquent l’état de dégradation avancé des ces zones. En d’autres termes la dégradation des
zones côtières résulte en grande partie des pressions exercées suite à l’expansion des
populations sur la zone côtière, l’urbanisation et le développement industriel. Ce qui limite
les possibilités agricoles et la végétation à quelques espèces adaptées de la mangrove :
Rhizophora, Avicennia (Lindeboom, H. 2002 in DIOP E S).
Ces mangroves longent la côte du Sénégal dans les estuaires du Sénégal, le delta du Saloum,
à Joal-Fadiouth et la Casamance. Ces écosystèmes montrent un état de dégradation avancé
(KALY J L 2001 ; DIEDHIOU C M 2009). C’est ce qui a suscité la restauration dans
certaines zones du pays telles que la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS) qui
compte une superficie de 5.8300 ha de mangrove. Cette action est menée en collaboration
avec les OGN telles UICN, WAAME, etc. Si la dégradation s’observe à l’échelle nationale,
elle peut s’observer à l’échelle d’une localité. On constate que ces particularités se retrouvent
sur une échelle locale à Joal-Fadiouth (DIEDHIOU C M, 2009).
3. Contexte local
La commune de Joal-Fadiouth est située sur la petite côte, 14°10 N et 16°51 W, à 114 km de
Dakar, avec une distance de 32km à l’extrême sud du département de Mbour. Elle couvre une
superficie 5035 ha. La commune est composée de trois entités : le site de Ngazobil, au nord,
la flèche sableuse dans laquelle Joal s’est érigée ; Fadiouth qui est sur un îlot de la vasière
constitué d’amas coquilliers est relié à Joal par un pont en bois de 725 m et Dioto son
cimetière par une passerelle d’environ 250 m. Limitée au nord par le titre foncier n°481 de
Ngazobil, au sud par les îles du Saloum (Palmarin, Ngalou) à l’est par la zone des mangroves
(Fadial et Mbissel) à l’Ouest par l’Océan.
2
SENE C. et al. 2008. Plan de gestion de l’AMP de Joal-Fadiouth, (2009-2013), WWF WAMER, DPNS, 123 p.
3
On parle souvent d’estuaire de Joal Fadiouth pour sous entendre la lagune Cf. cadre opératoire p.16.
Figure 1 : croquis de localisation et de l’occupation du sol de la commune de Joal-
Fadiouth
La conséquence de ce phénomène est que ces marais à mangroves sont associés à de grandes
surfaces dénudées et sursalées appelées tannes. (SADIO, 1991).
Vu que la situation est la même partout, la gestion de ces zones devient une priorité. La
cartographie diachronique révèle une baisse de la surface couverte par les palétuviers du fait
de l’effet conjugué de l’érosion hydrique et éolienne, de la baisse drastique des précipitations
et de la pression anthropique (KALY, 2001).
Ce premier chapitre est un préalable dans la mesure où il permet de jeter les bases pour
l’analyse du sujet. C’est la partie qui traite de la problématique, de l’intérêt et la justification
de la recherche, des questions de recherche, de la délimitation du champ d’investigation, de la
dimension géographique, des objectifs et hypothèses.
1. Problématique
Comme toutes les zones côtières, l’estuaire de Joal-Fadiouth qui fait partie du complexe
estuarien de la Petite Côte, est caractérisé par des fluctuations de la marée. Ce qui produit un
important phénomène de transfert de sédiment, de matière organique et de sels minéraux. Les
conditions morphoclimatiques passées font état d’un équilibre pluviométrique qui régulait la
teneur du sel à une concentration pouvant permettre le développement et l’adaptation des
espèces végétales côtières telles que la mangrove (INQUA, ASEQUA, 1986).4
Il y a une première situation passée dominée par l’acidité potentielle. La basse plaine littorale
de l’estuaire du Saloum constituée de sédiments fluviomarins récents, se trouve soumise à un
régime hydrique équilibré entre les inondations biquotidiennes ou bimensuelles (cycles de
marées) et les apports d’eau douce issue du ruissellement des bassins versants, en raison des
pluies, auxquels s’ajoutent les transferts de nappes toute l’année. L’apport d’eau douce était
donc assuré de façon quasi permanente, limitant dans le temps une phase de comportement
lagunaire (fin de saison) pendant laquelle l’estuaire fonctionne temporairement de façon
inverse (AGBOGBA et al. 1985).
Au plan écologique, cette situation initiale permettait à la végétation pionnière de la mangrove
à base d’espèces Rhizophora de coloniser la vasière et de s’y développer dans de bonnes
conditions. Dans les zones plus en retrait par rapport au cours d’eau, atteignant une plus forte
salinité en saison sèche, la séquence se poursuit avec les espèces Avicennia mieux adaptées.
Les surfaces des tannes vives et à halophytes sont réduites.
Au plan pédologique, ce régime d’inondation permet le développement d’une pédogenèse
initiale décrite par VIEILLEFON (1974) dominée par les processus d’hydromorphie
permanente qui créent des conditions anaérobies. Le pH reste voisin de la neutralité et la
salinité est supérieure à de celle de l’eau de mer. Les phénomènes de réduction sont
prépondérants. Des mécanismes chimiques tels que l’oxydation des sulfures en sulfate ont
provoqué une acidification brutale. La pédogenèse de ces vases est donc essentiellement
caractérisée par cette acidité potentielle initiale.
Cependant, le contexte des années 1970 est marqué par la sécheresse qui s’est manifestée par
une forte dégradation des mangroves, ce qui a augmenté leur vulnérabilité. Le déficit
pluviométrique enregistré depuis 1968, accentué par une contraction de la saison pluvieuse, a
profondément et rapidement concouru à la modification de ce fragile équilibre. Les très
4
Op.cit.
faibles quantités d’eau ruisselées sur le bassin versant associées aux faibles pentes
longitudinal des vallées ont déclenchés un fonctionnement inverse de l’estuaire par intrusion
d’eaux marines vers l’amont. La longueur de la saison sèche sous ce climat très contrasté à
fort pouvoir évaporatoire y a favorisé la concentration en sel des eaux de surface.
D’autres difficultés se sont ajoutées sur celles précitées. Actuellement il se pose un problème
d’espace à Fadiouth. L’exiguïté de l’espace communal dont 65% de la superficie sont
inondables, (les zones marécageuses) semble étouffer la commune dans ses limites
territoriales et installer les conditions d’une rupture de l’équilibre symbiotique entre la nature
et les hommes. (DIALLO et Al.2008). Les difficultés les plus notoires pour
l’environnement de Joal-Fadiouth concernent principalement la dégradation des mangroves à
travers l’exploitation abusive de sa ressource, l’urbanisation de cette zones, la gestion des
déchets, et le contexte de paupérisation dans la commune.
Il ressort de ce qui a précédé l’importance des travaux relatifs à ces thèmes. Ces TER ont des
intérêts pour la recherche et se justifient sur le plan scientifique et social.
On peut retenir que les études faites dans le cadre international sur la mangrove concernent
principalement le delta du Saloum. Egalement ce sont des études qui se focalisent plus sur les
conditions d’évolution des palétuviers notamment sur l’éthologie et la géomorphologie. Les
aspects les plus fréquemment étudiés sur les mangroves sont la zonation en fonction des
conditions du milieu, les particularités biologiques (notamment concernant la reproduction),
leur productivité par chute des feuilles, la physiologie et la succession des espèces (KJERFVE
et al. 1997). Malgré l’importance de ces travaux, la plupart d’entre eux sont anciens et
nécessitent une actualisation (AGBOGBA et al. 1985, BENGA, E., 1985, DIOP, E.S., 1986,
MARIUS C. 1984).
En plus de cela, on note à Joal-Fadiouth une urbanisation poussée, un problème de gestion des
déchets et l’organisation de la population autour de la question environnementale. On
comprend donc qu’au-delà de la justification scientifique il y a des enjeux socio-économiques
qui ouvrent des perspectives d’une justification sociale.
2.1.2. Justification sociale
Un support pour les populations et les autorités locales, les mangroves constituent un enjeu
pour le développement économique et social des populations. En plus de ces préoccupations,
nous avons celles d’ordres économiques. L’écosystème de la mangrove est riche et complexe,
et son exploitation dans une logique de changement social et de développement durable
requiert tout d’abord, une bonne connaissance des espèces, ensuite, une implication des
populations riveraines et d’autres acteurs pour la conservation et la réhabilitation de ces
espaces humides et, enfin, un cadre institutionnelle local pouvant garantir, le bon
positionnement des acteurs, et, plus globalement une bonne gouvernance. De ce fait aux
travaux menés pour une meilleure connaissance de la valeur économique de la mangrove,
s’ajoute ce TER, dans une logique de renforcement des capacités des organisations sociales.
L’autre partie de l’étude, celle qui abrite les acteurs notamment la population de la commune.
Elle concerne principalement les membres responsables des GIE, les personnes impliquées
dans la restauration, dont nous avons : l’association DynFemme, Fata Ndébane, Femme et
Coquillage, Cyprien SENE, Abdou Karim SALL de l’Oéanium, ils sont localisés à Joal et à
Fadiouth. Donc le village de Ngazobil qui est une partie intégrante de la commune ne fait pas
partie de notre champ d’investigation car cette partie ne concerne pas notre étude. La
délimitation du cadre temporel est la partie consacrée à la dimension géographique.
2.2.3. Dimension géographique du sujet
Dans ce TER, on se propose d’étudier la question à partir des études faites sur le climat ouest
africain en général et celui du Sénégal en particulier. On se réfère principalement sur le
colloque tenu à Dakar en 1986, organisé par ASEQUA ET INQUA à la suite des sécheresses
des années 1970. En effet les thèmes portant sur l’érosion, la dégradation des ressources
végétales et leurs conséquences sur le milieu ouest africain et les activités économiques en
général et celui du Sénégal en particulier sont étroitement liés à ce contexte de sécheresse.
L’autre aspect de la dimension géographique de l’étude est l’approche possibiliste que tente
d’adopter la population face à une situation déterministe qui est la sécheresse. Autrement dit
la réaction de la population pour résoudre les difficultés découlant de la sécheresse.
C’est la raison pour la quelle les objectifs de cette étude sont suscités par ce constat de
dégradation et les réactions de la population.
2.2.4. Objectifs de l’étude
Mettre en évidence les facteurs qui sont à l’origine de la dégradation. Montrer l’importance
de la mangrove à Joal-Fadiouth. Montrer les acteurs et les partenaires dans la restauration de
cet écosystème. Analyser les différentes stratégies de restauration.
Ces différents objectifs nous amènent à émettre des hypothèses qui sont aussi en rapport avec
la dégradation du milieu et la réponse de la population face à cette situation.
2.2.5. Hypothèses de recherche
Elles s’articulent autour de l’hypothèse générale qui englobe les autres hypothèses
spécifiques.
2.2.5.1. Hypothèse générale
Ainsi l’hypothèse générale s’articule comme suit : la dégradation des mangroves résulte des
facteurs physiques et anthropiques, elle a favorisé la mise en place des stratégies de
restauration qui vont dans le sens de leur protection.
2.2.5.2. Les hypothèses spécifiques sont :
La dégradation des mangroves de Joal-Fadiouth résulte d’un déficit pluviométrique
constaté depuis la sécheresse des années 1970.
Les pressions anthropiques exercées sur la mangrove de Joal-Fadiouth ont accentué en
partie les dégradations, ce qui a suscité la mise en place des stratégies de restauration.
Ces hypothèses feront l’objet de vérification en vue de leur confirmation ou infirmation à la
suite de l’étude.
Conclusion partielle
Cette première partie de l’étude qui traitait le cadre théorique, a été l’occasion de présenter la
problématique qui met en relation la dégradation des mangroves de Joal-Fadiouth et la
sécheresse des années 1970. Elle se justifie par son apport dans le cadre académique et social.
Son objectif est de montrer les stratégies de restauration de la mangrove, après avoir émis
l’hypothèse que ces stratégies sont la réponse des populations faces aux dégradations liées à la
sécheresse des années 1970.
Cependant on souligne que la problématique du sujet, évoque des questions qui doivent
nécessairement être développées car leur analyse nous permet de mieux valider nos
justifications, de confirmer ou d’infirmer les hypothèses. A cet effet il est important d’avoir
une bonne compréhension du sujet et des termes qui le structurent, cette partie est consacrée
au deuxième chapitre intitulé cadre opératoire.
Le cadre opératoire permet de définir les termes qui structurent le sujet ; leur signification,
leur opérationnalisation etc. Le mot peut avoir une seule signification mais son usage dans
des contextes différents peut en faire un terme polysémique, ce qui justifie une approche
pluridisciplinaire pour leur compréhension ; également les concepts utilisés ne sont pas en soi,
autrement dit, ils recouvrent ou bien font appel à d’autres notions, d’où la nécessité dans cette
étude de faire en premier lieu la définition des concepts pour terminer par leur
opérationnalisation.
1. Définition des concepts utilisés
Les termes clés sont : lagune/estuaire, la mangrove, dégradation, sécheresse, stratégie de
restauration.
1.1. Le système hydrologique de Joal-Fadiouth : estuaire ou lagune
Au Sénégal les ensembles géomorphologiques les plus remarquables au niveau du littoral sont
le delta et l’estuaire. Celui-ci est une des embouchures évasé, c'est-à-dire la partie terminale
du fleuve où la marrée se fait sentir. Son envasement provoque la formation de vasière le
long des berges. Il est constitué de matériaux très fins et localisé le long de côtes très basses.
La lagune quant à elle est une étendue d’eau marine isolée par une construction littorale
perméable.
Le système de Joal-Fadiouth, dans la partie marine répond aux critères de définition
caractéristiques d’un estuaire : c’est la partie qui abrite le slikke. Elle est formée de vase molle
inondée à chaque marrée. C’est sa partie supérieure, la haute slikke, qui abrite la mangrove,
nous avons l’exemple de Tindine à l’est de l’île.
Cependant, mis à part l’utilisation plus fréquente du terme lagune pour désigné le système
hydrologique de Joal-Fadiouth, deux aspect peuvent nous pousser à utiliser ce terme: absence
de cours d’eau permanent, et la présence de l’eau marine qui est isolée par la flèche du Finio.
Ainsi on va dire que la lagune qui abrite la mangrove de Joal-Fadiouth est une partie
intégrante de l’estuaire du même nom, d’où le terme de site laguno-estuarien. 5La
toposéquence de la lagune de Joal-Fadiouth permet d’identifier les vasières regroupées en
trois (3) unités : les vasières récentes fonctionnelles ou vasières à mangroves localisées en
arrière des cordons littoraux dans la lagune de Joal-Fadiouth. Elles résultent de la
sédimentation actuelle à subactuelle. Ces vasières bordent les chenaux de marée et
correspondent sur le plan morphologique à la partie topographiquement basse des slikkes
régulièrement recouvertes par les eaux marines (DIOP E S, 1978); les vasières anciennes
dénudées représentées par les tannes inondables et les tannes à efflorescences salines qui
s’étendent en arc en ciel derrière les vasières à mangrove. Les tannes sont des terrasses
plus ou moins inclinées ; les vasières partiellement dénudées ou enherbées appelées aussi
pelouses ou prairies qui s’étendent derrière les vasières dénudées, sont importantes dans la
lagune et vers Palmarin Ngalou.
5
Cf. Diversité Floristique dans la lagune de Joal-Fadiouth, enda, IUCN, drynet, pp5.
La présentation de la commune de Joal-Fadiouth par la mairie utilise le terme laguno-estuarien.
Après tout, on constate que la végétation qui pousse dans les vasières fonctionnelles est
typique. Elle est parfois désignée sous le nom de mangrove, parfois on parle de palétuvier ;
d’autre utilisent ces terme pour désigner l’écosystème en tant que tel. Qu’en est-il réellement?
1.2. La mangrove
Les auteurs utilisent le terme mangrove pour plusieurs acceptions
1.2.1. Un écosystème forestier tropical
Selon PASKOFF, la mangrove est une forêt sous les latitudes tropicales et subtropicales, au
niveau des vasières intertidales qu’elle colonise. Elle est constituée d’arbres originaux,
appelés mangliers ou palétuviers, qui exigent pour son développement des eaux chaudes.
Une telle acception est retenue par VIEILLEFON (1977) qui selon lui la mangrove est
universellement répandue sur les littoraux intertropicaux, dont les membres les palétuviers ont
des formes et des adaptations très particulières. Blasco et al., (1998) en plus de l’aspect
forestier ajoutent qu’elles se développent dans la zone de balancement des régions littorales,
pouvant se maintenir localement jusqu'à 32° Nord et 28° Sud sous l'effet de courants marins
chauds. Marius (1977), a abondé dans le même sens.
On constate une faible phytobiodiversité au niveau de la lagune de Joal-Fadiouth avec
seulement quatre espèces.
Tableau n°1. Les mangroves de Joal-Fadiouth
A travers ces définitions, l’on constate que le terme mangrove est analysé en fonction des
paramètres tels que le climat, la topographie ou la géomorphologie, et l’écosystème ce qui
revient à considérer une acception holistique d’un écosystème côtier particulier à cause des
fluctuations de la marrée qui est à l’origine de sa végétation particulièrement adaptée au
milieu.
Toutefois la différence entre les palétuviers et la mangrove réside dans le fait que le palétuvier
est la forêt des mangroves ; il regroupe l’ensemble de la famille des plantes alors que le terme
mangrove peut englober en même temps l’espèce végétale et les autres composantes de
l’écosystème.
On voit donc que les questions de recherche et les objectifs de gestion dépendent de la
définition de la mangrove. Dans cette étude l’accent sera mis sur la mangrove en tant que
ressource végétale porteuse d’enjeux socio économique et environnemental parce que
perturbée par les variabilités climatiques.
Parallèlement, il peut y avoir de sécheresse du point de vue hydrologique, si les averses n’ont
pas été très concentrées au cours de la saison des pluies, le ruissellement ne pourra pas être
important. Face à cette situation, il est probable que sur le plan agronomique les cultures
pluviales auront souffert d’un déficit d’eau momentané. La représentation de la sécheresse par
des critères quantitatifs comme le total pluviométrique annuel, le volume écoulé annuel, etc.
… est un moyen commode pouvant parfois donner un aspect spectaculaire au déficit par
rapport à la normale, mais qui reste insuffisant.
Toutefois il est intéressant de rappeler que la sécheresse sous toutes ses formes, contribue à
une dégradation des sols et une réduction du couvert végétal comme celle ci s’est produite au
Sénégal dans un cadre et sur une petite échelle à Joal-Fadiouth. On établit ainsi un rapport
entre la sécheresse et la dégradation. Cette dernière est définie en fonctions des paramètres.
1.3.2. Dégradation
La dégradation est une des conséquences de la sécheresse ; elle affecte les terres par la perte
des propriétés physico-chimiques des sols quelque soit l’isohyète. Dans le Dictionnaire des
sciences de l’environnement (PARENT, 1990), on distingue une dégradation au sens
pédologique qui signifie un stade d’évolution d’un sol caractérisé par une diminution de la
qualité d’un caractère du sol, acidification, baisse de fertilisation, ou altération du sol lui-
même ; dans un sens écologique, elle signifie altération de l’état de l’environnement ; en
géomorphologie : effritement des falaises des terrasses des lits des cours, etc. sous l’action des
agents atmosphériques.
La dégradation des sols s’est manifestée au niveau de Joal-Fadiouth. Elle est perceptible à
travers l’apparition des tannes qui sont des surfaces dénudées. Ce qui fait que les populations
sont obligées de développer des stratégies adaptatives pour le maintien de la mangrove.
Avec le contexte actuel de dégradation des mangroves, le terme stratégie prend une
orientation beaucoup plus adaptative. En effet la sécheresse est un risque climatique dont
l’intervention humaine ne peut pas modifier au diminuer l’ampleur. Son intervention réside
dans l’adaptation aux désastres causés. Dés lors les stratégies élaborées à Joal-Fadiouth
concourent à la restauration de la mangrove et elles tournent principalement autour de la mise
en œuvre des plans de reboisement et de protection pour la restauration. Ainsi, elles font appel
à une procédure qui regroupe la sensibilisation de la population, l’éducation
environnementale, la formation, le renforcement des capacités, l’assainissement, le
reboisement, le suivi et la protection.
Face à ce problème, les populations adoptent des stratégies de restauration, c'est-à-dire des
dispositifs (institutionnels et autres) accompagnés de ressources humaines, financières,
matérielles et intellectuelles mis en valeur en vue de maintenir les conditions initiales qui
étaient prétendues favorables. Un tel objectif peut être réalisé avec une gestion intégrée qui
vient accompagner la régénération naturelle des plantes.
De l’autre côté il y a des facteurs anthropiques qui exacerbent la destruction des mangroves.
En effet l’urbanisation, l’usage abusif des ressources de la mangrove participent aussi à la
dégradation de la ressource. Face à cette situation les populations de Joal-Fadiouth ont mis en
œuvre des stratégies de restauration.
Conclusion partielle
A travers ce deuxième chapitre qui avait trait à la définition et à l’opérationnalisation des
concepts on peut retenir que la lagune de Joal-Fadiouth appartient à l’estuaire du même nom.
La mangrove qui désigne plus ici les espèces végétales, n’est représentée que par quatre
espèces d’où une faible phytobiodiversité. Le modèle d’analyse conceptuel traduit un
processus qui va de la dégradation des mangroves liée à deux sortes de causes aux stratégies
et méthodes adoptées pour la restauration de l’écosystème.
Etant donné que les termes du sujet sont expliqués, il convient à présent d’élaborer les
procédés qui nous ont permis d’obtenir les informations. Ce dernier chapitre de cette première
partie est le cadre méthodologique.
Ainsi la première adaptation caractérisant les mangroves concerne leur aptitude à coloniser
des substrats instables grâce à des racines aériennes en "arceaux", à des racines sub-
superficielles disposées radialement par rapport au tronc, et à des racines en contreforts. La
deuxième adaptation leur permet d’occuper des substrats anaérobiques ou très pauvres en
oxygène, grâce à de nombreuses lenticelles sur les troncs et racines, ou à la présence de
pneumatophores ou prolongations des racines qui émergent perpendiculairement de la vase et
qui permettent les échanges gazeux avec l’atmosphère pendant la marée basse. La troisième
adaptation est l’aptitude à coloniser les milieux salés grâce à une haute tolérance à des
concentrations élevées d sel dans la sève ; à la sécrétion active de sels par les racines ou les
feuilles et à la sécrétion passive des sels qui s’accumulent dans les feuilles avant leur chute.
7
In DIOP E. S (1997) 349p.
Certaines espèces peuvent bloquer l’entrée des sels au niveau des membranes cellulaires des
racines grâce à la forte pression osmotique de la sève. La dernière adaptation est la capacité de
reproduction par des embryons par des embryons dotés de chambres à air permettant aux
mangroves d’assurer leur multiplication et leur dispersion par flottaison.
Il y a cependant lieu de constater que : notre zone d’étude, Joal-Fadiouth, est peu concernée
par ces travaux, ce qui traduit un manque d’information relatif au milieu. Il y a donc une
nécessité de pousser la recherche avec la collecte des données du terrain.
2. L’étude terrain
L’activité de terrain est importante dans la mesure où il y a des structures et des personnes
chargées de la gestion des mangroves. Les méthodes de collectes d’information se regroupent
autour de : la collecte proprement dite, de l’interview, l’enquête par échantillonnage.
2.1. Les structures visitées à Joal-Fadiouth
La station météorologique de Mbour qui abrite l’IRD ex ORSTOM.
Le service régional de pêche de Thiès à Joal-Fadiouth.
L’AMP de Joal-Fadiouth.
Le centre social Fuenlabrada le siège de l’association fédératrice des GIE et GPF
Il faut préciser que les données que nous avons obtenues à travers ces structures et services
techniques traitent seulement de l’état de la mangrove. À cet effet les informations obtenues
sont la surface de la mangrove, sa cartographie, les facteurs de sa dégradation et les données
climatiques. Il est donc nécessaire de questionner la population et surtout les acteurs
directement concernés par la restauration. Cette étape est réalisée avec les interviews.
2.2. Les interviews
Les personnes concernées par nos interviews sont: Anna Ndjilar NDIAYE présidente GIE
Femme et Coquillage. Abdoul Karim SALL qui représente Océanium dans cette zone.
Babacar FAYE un conseiller au ministère de la jeunesse, chargé de la mobilisation des jeunes
pour les actions citoyennes. Cyprien SENE dit Ibrahima Sylla responsable de la mangrove à
Fadiouth, collaborateur des HCLM de Fadiouth. Khatary MBAYE, il est l’un des initiateurs
du projet. Marie Madeleine Diouf, présente du GIE Fata Ndébane. Pierre DIOH, adjoint au
maire de Joal-Fadouth et Yama NDIAYE présidente de DynFemme.
Nous avons formulé des questions en fonctions des hypothèses, de nos questions et objectifs
de recherche. Quelques on utilise l’interview semi structurée comme c’est le cas avec A K
SALL, parfois on utilise le questionnaire se réalise spontanément.
Les questions tournent autour de trois aspects: d’abord sur l’état actuel de la mangrove,
notamment la dégradation et ses différentes causes ; ensuite la gestion actuelle et antérieure de
la mangrove et les fonctions de celle-ci ; enfin le troisième série de questions porte sur les
stratégies de restauration, comment s’organisent les acteurs pour restaurer la mangrove.
Ces informations sont traitées et utilisée dans le cadre de la deuxième partie qui concerne la
présentation des résultats. Ainsi le traitement des données sera l’occasion de montrer la
démarche adoptée et les difficultés rencontrées.
Janvier Documentation sur des organismes de recherche (UNIVAL, Acquisition de données quantitatives
CSE, CODESRIA, à Dakar) (données et des cartes)
Février
Rédaction AMP de Joal-Fadiouth, Service régional de Avoir des données sur l’état de la
e
Avril 1 phase du travail pêche, KARIM /OCEANIUM mangrove.
de terrain. Centre social Fuenlabrada Faire des enquêtes relatives aux stratégies
de restauration.
Mai Rédaction
Traitement et
analyse des Structuration des données sous forme de
données UGB résultats
La mangrove de Joal-Fadiouth s’est développée dans des conditions particulières que sont: la
teneur en sel de l’eau et du sol, la nature de son substrat, etc. Il y a cependant des facteurs de
dégradation qui perturbent l’équilibre de l’écosystème. Ce sont les causes physiques et celles
anthropiques. L’ampleur des perturbations s’évalue à travers les manifestations sur le recul du
couvert végétal, l’apparition des tannes accompagnée d’une salinité des terres voire même une
acidification. Ce chapitre portera sur les causes de la dégradation des mangroves de Joal-
Fadiouth et leur manifestation.
1. Les causes de la dégradation
Elles se répartissent en causes physiques et anthropiques.
1.1. Les causes physiques
Les causes physiques se résument dans le déficit pluviométrique qui est à l’origine des autres
conséquences néfastes sur la mangrove. Il y a néanmoins une part attribuable à l’histoire
géomorphologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth.
1.1.1. Le système hydrologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth depuis le
Quaternaire
Le Quaternaire a joué un rôle essentiel dans la compréhension de l’évolution de la mangrove
au Sénégal en général et Joal-Fadiouth en particulier. C’est une période est marquée par des
épisodes morphoclimatiques arides et humides successifs. La transgression Nouakchottienne
(12000 – 4000 ans BP) : dont le maximum est atteint vers 5500 ans BP. , correspond avec le
plus haut niveau de la mer. Celle-ci pénètre dans les zones déprimées du Saloum jusque
dans les rias des deux Guinées et bien au delà ; elle a donc envahi Joal-Fadiouth (SENE
et Al. 2008)8: ces zones se présentent alors sous forme de golfes largement ouverts sur
l'océan.
La sédimentation qui était jusqu'à 4500 BP. marine, est relayée par une sédimentation de
type lagunaire à partir de 4200 B.P. (M. SALL, 1982) et après la fermeture des golfes
par des cordons littoraux successifs. Un développement en lagunes s'effectue parallèlement
avec des dépôts de vases épaisses, de couleur grise ou noire, plus ou moins argileuses
qui colmatent petit à petit les milieux estuariens. (ASEQUA, INQUA, 1986).
L'adjonction des cordons sableux, minces et discontinus et le comblement des lagunes
entre les cordons, sont à l'origine de la formation des groupes d'îles et de mangrove des
zones estuariennes du Saloum, de la Casamance, et de Jaol-Fadiouth.
La lagune de Joal-Fadiouth est alimentée par des écoulements continentaux intermittents de
type saisonnier dont le seul cours d’eau qui l’alimente de manière permanente est le marigot
de Mbissel. En effet, il doit sa pérennité essentiellement à son origine, c'est-à-dire sa source
qui ne provient pas d’une zone directement en amont du système de Joal mais du fleuve Sine
situé à plus d’une dizaine de kilomètres appartenant au système du Saloum. Les principaux
8
In MICHEL, P. (1973), DIOP E.S., (1978) et SALL M., (1982).
cours sont les rivières de Mbissel, de Joal (Mama-Ngueth) et de Ndiémane. Elle est aussi
parcourue par un réseau de petits cours d’eau s’écoulant vers l’ouest. Le marigot de Joal est
un petit talweg venant des environs de Mbodiène, de direction nord-sud, pour se jeter dans la
lagune du même nom. Le marigot de Mbissel, localisé dans la partie sud-est du marigot de
Joal, est envahi par la mer jusqu’au village de Fadial, à l’est de Joal. Ces deux marigots se
subdivisent en un réseau de chenaux dans la lagune de Joal qui est reliée au système du
Saloum par le marigot de NDiass envahi par la mer lors des marées dynamiques.
Cela entraîne des remontées d’eaux salées jusqu’au niveau des marigots, un phénomène, qui
résulte aussi de la faiblesse de la topographie aux abords de l’océan.
Cependant, durant la période subactuelle et actuelle, l'aridification croissante dans les
estuaires du Nord : Saloum et environnants tend à figer la morphologie et même à
inverser le fonctionnement des estuaires les plus septentrionaux (Joal-Fadiouth); alors que
les conditions de sédimentation, nettement favorisées dans le Sud (les deux Guinées) se
poursuivent de nos jours ; cela est lié principalement au climat plus humide. (FAURE H
et al. 1976, MICHEL P, 1977).
L'évolution climatique à la même époque provoque l'apparition d'un climat sec qui
conduit la dernière transformation importante du paysage avec l'apparition du faciès
tanne à l'arrière des mangroves et donc par là la dégradation, la mortalité et l’absence de
régénération des mangroves.
Toutefois la dégradation de la mangrove est explicable par une cause récente dont les
conséquences sont plus perceptibles : c’est le déficit pluviométrique.
1.1.2. Déficit pluviométrique
L’étude de l’évolution de la mangrove a permis d’identifier trois (3) zones majeures ; les
résultats indiqués à la Figure n°3. Une zone septentrionale A (ou mangrove de Joal), séparée
de la zone de B par la piste de Fadial ; une zone centrale B (ou mangrove des cimetières) qui
correspond à la zone des amas coquilliers de Diotio, Facao et Fassanda : et une zone C (ou
mangrove de Fadiouth) au sud de la zone B dont elle est séparée par le chenal de Dioto.
L’analyse de cette dynamique entre 1954 et 1997 met en évidence une tendance générale à la
baisse des superficies occupées par la mangrove. Ainsi, entre 1954 et 1997, on note une
évolution de la surface occupée allant de 424,7195 ha à 403,2649 soit un recul de 21,46 ha. La
mangrove de Fadiouth (Zone C) suit la même évolution avec 19,19 ha de mangrove perdue
entre 1954 et 1997.
Aussi la période de 1978 à 1997 est marquée par une baisse généralisée des surfaces dans les
trois zones. Cette baisse met en évidence le degré élevé des perturbations de la mangrove du
fait de conditions climatiques défavorables. Dans cette évolution, la variabilité climatique, en
particulier pluviométrique, a été largement responsable de la diminution de la mangrove suite
à la sécheresse de 1970. Cette évolution climatique défavorable met en évidence la fragilité
de l’environnement lagunaire.
350
425
300
420
250
415
200
410 1954 1954
1978 150 1978
405
1997 100 1997
400
50
395
0
390 Zone A Zone B Zone C
Superficie totale (ha) (ha) (ha) (ha)
Figure nº3. Evolution de la superficie totale et celle des zones pour la période de 1954 à1997.
Cependant les mangroves de Joal (Zone A) et des cimetières (Zone B) connaissent une
augmentation des superficies : de 1954 à 1978 la zone A, a évolué de 34,4682 ha à 35,1525 ha
soit une augmentation de 0,68 ha et pour la zone B elle augmente de 51,4868 ha à 62,3377 ha
soit une progression de 10,85 ha. Cette augmentation de surface est liée, par le fait que cette
zone, parsemée d’amas coquilliers, est un véritable sanctuaire, qui est sujet des considérations
cultuelles.
Par ailleurs, il y a une apparition progressive de la mangrove entre 1988 et 2005, apparition
spatialement localisée en bordure des bolongs. La reprise de la pluviométrie depuis les années
90 qui a favorisé la réduction de la salinité des eaux de la lagune et la prise de conscience des
populations sur la nécessité de conservation de la mangrove et de ses ressources, ont permis
aujourd’hui un arrêt de la dégradation et une reprise de la régénération de la mangrove.
Toutefois, on peut être amené à croire que cette dégradation est négligeable puisque
concernant certaines parties. Mais si on considère la surface totale dégradée entre 1954 et
1997 (21,46 ha), comparée à la surface régénérée en 1978 la tendance générale donne une
baisse.
Figure n°4 : Cartographie de la mangrove de Joal-Fadiouth par zone, (A. K., 1997).
Celle-ci est exacerbée par l’urbanisation et des actions anthropiques préjudiciables telles que
la coupe de bois, le dépôt d’ordures, etc.
Dès lors, la végétation de mangrove ne peut que reculer au profit d’autres paysages tels que
les tannes.
Mangrove
Prairies
Tannes à efflorescences
Tannes salines
humides
La mangrove est l’un des écosystèmes les plus productifs et les plus riches en terme de
biodiversité. Elle remplit des fonctions pour les communautés riveraines en général, dans une
échelle réduite comme la commune de Joal-Fadiouth elle fait partie des sources de revenu
pour les populations.
1. Les fonctions de la mangrove
La mangrove assure les fonctions écologique, socioéconomique et sanitaire
1.1. Fonctions écologiques
La mangrove joue un rôle écologique particulièrement important dans le cadre de la
protection des zones côtières très menacées.
1.1.1. La rétention des sédiments et éléments nutritifs
Les zones à mangrove sont des pièges à sédiments. De part leur situation déprimée,
elles fonctionnent comme de véritables cuvettes de décantation. Le dépôt des sédiments est
facilité par le ralentissement des masses d’eau par les palétuviers.
La mangrove joue également un rôle d’accumulation d’éléments nutritifs. Ces substances
nutritives sont stockées par la végétation ou par le sous-sol. Il s’agit principalement de l’azote
et du phosphore. Ce stockage des éléments minéraux permet non seulement d’améliorer
la qualité de l’eau en empêchant l’eutrophisation, mais sert aussi de base à la production
de nombreuses ressources halieutiques (poissons, crevettes...).
1.1.2 La fonction de brise-vent prévention des inondations
En retenant les eaux de pluie, les palétuviers permettent à l’eau de s’écouler de façon
uniforme. Ces palétuviers jouent ainsi un rôle important d’atténuation des assauts des têtes de
crue (KALY, 2002). De même, le rideau de palétuviers qui borde la côte constitue une sorte
de brise-vent qui protège contre les tempêtes. Ce rideau est d’autant plus efficace avec le
Rhizophora. Ses racines échasses lui donnent une grande souplesse et une grande stabilité,
qui lui permettent de faire face à des vents très forts en atténuant leur violence avant qu’ils
arrivent sur le continent.
1.1.3. La production et exportation de biomasse
En optimisant la production de la matière organique sur place, la mangrove se
présente comme la base de plusieurs chaînes trophiques.
Les feuilles et fragments végétaux qui tombent des palétuviers sont décomposés par des
micro-organismes décomposeurs. Cette décomposition s’accompagne de l’accumulation
d’invertébrés et de micro-organismes tout autour. Cela va ensuite attirer d’autres
espèces détritivores (vers, mollusques, crevettes, crabes, etc.).
La mangrove joue à cet effet un rôle primordial dans la productivité des pêcheries
locales, d’autant plus que de nombreuses espèces y séjournent au moins une partie de leur
cycle ou s’y reproduisent. C’est une zone de frayère pour la multiplication des poissons, des
crevettes et autres micro-organismes elle est l’habitat et le domaine vital pour un plus grand
nombre d’oiseaux limicoles.
Par rapport à l’exportation de la biomasse, les substances nutritives stockées par les
palétuviers pendant la période de croissance sont libérées en saison sèche lorsque les
plantes meurent (KALY, 2002). Elles sont ensuite transportées par les eaux de surface
dans les fleuves et dans les eaux souterraines. Cette exportation de nutriments définit en
partie la valeur des pêcheries locales et côtières. On déduit ainsi la fonction socioéconomique
de la mangrove.
1.2. Fonctions socioéconomiques
Ceux sont les usages que les populations font des ressources. Nous avons entre autres
l’utilisation domestique, celle alimentaire et celles sanitaires.
1.2.1. Utilisations domestiques
Le palétuvier, au bois dur et dense, est l’arbre le plus recherché pour la construction des
maisons pour les populations riveraines. I1 offre un bois idéal pour la fabrication des manches
de marteaux, de pelles, de haches et d’hilaire. Le bois de Rhizophora donne d’excellents
piquets. Le bois de palétuvier est un excellent bois de chauffe. I1 se consume totalement
et une fois allumé, ce bois s’éteint difficilement. Les feuilles de palétuviers séchées et pilées
donnent une poudre qui mélangée a I’eau, est la base de teintures, de vernis ou de
détergents, selon le mode de mixage et de concentration.
1.2.3. Utilité alimentaire
Sur le plan nutritionnel, la mangrove par le biais d’activités telles que la cueillette des divers
fruits de mer : huîtres, murex, symbium, Arches, etc. et la riziculture, apparaît comme une
excellente source de subsistance. Les huîtres, consommées par les populations se
reproduisent dans la mangrove et établissent leurs colonies sur les racines échasses des
palétuviers. Vendues aux marchés, elles sont sources de revenus.
1.2.3. Utilisation sanitaire
Les feuilles jaunes de Rhizophora racemosa repoussées à la berge et en voie de
putréfaction sont pilées et appliquées sur une plaie ouverte. Les feuilles fraîches sont
coupées et attachées à la tête d’un malade qui se plaint de céphalées. Les racines sont utilisées
pour calmer les maux de dents. Les femmes utilisent les feuilles de Rhizophora mangle L.
après I’accouchement. Dans un premier temps, les feuilles sont bouillies et la femme en
couche inhale la vapeur dégagée. Ensuite, les feuilles sont retirées et servent à masser la
même femme. Enfin, elle boit l’infusion pour arrêter I’hémorragie de la délivrance et pour
éliminer les dernières lochies. La partie supérieure des racines de Rhizophora mangle L., non
soumise aux variations du plan d’eau, est utilisée, dans la guérison de certains maux de ventre
et contre les diarrhées.
Par ailleurs la mangrove a d’autres fonctions qui se regroupent sur le tableau suivant :
Tableau n° 5: Les autres des fonctions de la mangrove
Environnement Faune Hommes
Prévention des inondations Habitat Bois
Stabilisation du littoral Reposoir Pêche
Lutte contre l’érosion Frayère Cueillette et chasse
Piégeage et destruction des Abris Artisanat
métaux lourds
Réservoir de sédiments et nidificatio Tourisme et esthétique
d’éléments minéraux n
Conclusion partielle
La mangrove est un écosystème riche en biodiversité et à usages multiples. Elle assure parmi
tant d’autre les fonctions de production, de protection, scientifiques, écologiques, de
conservation et culturelles.
Les populations de Joal et de Fadiouth entretiennent d’anciennes relations avec la mangrove,
celles-ci sont marquées par une exploitation des ressources végétales et celles fauniques de la
lagune notamment les crustacés et les mollusques. L’exploitation du bois de Rhizophora est le
résultat des toits des maisons à Joal et celui des combustibles à Fadiouth. Les amas coquilliers
expliquent quant à eux l’exploitation des arches.
Il s’est trouvé que l’état actuel de la mangrove est plutôt marqué par une dégradation et un
constat de raréfaction de ces ressources. De ce fait les enjeux et opportunités qu’elle porte en
son sein et son état de dégradation suscitent des stratégies de restauration pour faire revenir
ces potentialités.
Les conséquences de la sécheresse ont été senties sur la mangrove à travers une diminution
de la surface occupée par celle-ci et l’apparition des tannes. Ce constat de dégradation et celui
d’une raréfaction des ressources sont à l’origine de la mise en œuvre des projets pour la
restauration. Ces projets découlent des initiatives d’un certains nombre d’acteurs qui utilisent
une procédure comprenant l’ensemble des stratégies pour restaurer la mangrove.
1. Les stratégies ou procédures de la restauration
La procédure de restauration, fait appel à un certains nombre de manœuvres qui facilitent les
opérations de reboisement. Mais tout commence d’abord par des initiatives d’où l’importance
de revenir sur la présentation et l’historique de la restauration.
1.1. Historique et présentation des projets de restauration de la mangrove.
1.1.1. Les premières initiatives et motivations
L’idée de la restaurer la mangrove de Joal Fadiouth date des années 1998 avec une initiative
de la direction des Eaux et Forêts qui collaborait avec l’association DynFemme. Elles
intervenaient au niveau du littoral de Joal et de la Flèche Finio dans le reboisement des Filao
et eucalyptus. Cette action s’est orientée vers la mangrove dès suite de deux constats : en
premier lieu on notait un manque de protection et une absence de suivi des plantations car les
animaux les broutaient. L’autre facteur qui semblait être plus attirant était lié au constat de
dégradation des palétuviers. En effet dans la même année, un vent fort avait fait des dégâts sur
les toits des maisons au niveau de Joal 10. Ce qui faisait que la mangrove commençait à perdre
ses fonctions de brise vent d’où le souci de les protéger pour restituer ces fonctions.
Les premiers intervenants étaient les étudiants de la commune, les Scoot Guide Musulman de
Kaolack, la croix rouge de Pikine (Dakar), l’association Dynamique Femme, les Eco-guide.
10
1998, D’après Marie M. Diouf (présidente de Fata Ndébane) et Babacar Faye conseiller au ministère de la
jeunesse, responsable de la mangrove à Joal, collaborateur à DynFemme.
Quatre années plus tard, en 2002, c’est l’implication de Mr SENE actuel responsable de la
mangrove à Fadiouth. L’idée de restaurer la mangrove lui est venue d’un documentaire sur la
mangrove réalisé aux îles du Saloum. En 2006 l’implication du GIE Femme et Coquillage
rend effectif la collaboration entre Cyprien et ce GIE. Ainsi en 2009 c’est au HCLM de
rejoindre la liste des acteurs.
Après que les femmes et les responsables d’associations des autres quartiers aient été bien
formés et que l’ensemble de la commune soit sensibilisé, le travail sur le terrain démarre.
12
D’après Babacar Faye.
1.2.2. Assainissement des sites à reboiser
Cette phase commence à partir du mois de Juin, pendant l’hivernage. Les responsables des
groupements des autres quartiers, aidés dans leur tâche par les techniciens du service
d’hygiène, des agents des Eaux et Forêts et du service de pêche de la commune vont s’investir
dans la localisation des zones appropriées au reboisement du rhizophora. Les sites propices
sont généralement les endroits assez profonds ou la vase atteint au minimum les genoux.
Après la localisation des sites, des panneaux de repérage vont être installés en vue de
l’assainissement des sites car il ne faut pas oublier que ce qui a le plus dégrader la mangrove
c’est le fait qu’elle soit envahie par les ordures ménagères. Il est important de noter que
l’assainissement ne concerne que les localités affectées par les ordures ménagères, c’est
pourquoi Fata Ndébane s’active plus dans le nettoyage car le quartier Mbélénième et ses
environs, (la zone des tannes) sont longtemps considérés comme des décharges.
Ainsi après ce travail de délimitation et de nettoyage, les sites sont prêts à accueillir les
propagules en vue d’une restauration de la mangrove.
Après les travaux préliminaires cités ci-dessus, le reboisement commence. En plus des
spécialistes et des femmes qui ont été formées, les enfants et quelques jeunes du quartier
participent au reboisement. En effet, le reboisement suscite un engouement populaire car c’est
une occasion pour chaque participant de gagner de l’argent (cinq cent francs pour les enfants
et mille francs pour les adultes). Arrivé au niveau des sites déjà délimités et nettoyés, les
propagules qui ont été collectés sont distribuées aux participants qui commencent le
repiquage. Ce travail se fait sous la supervision du spécialiste qui accompagne le groupe car il
faut une distance moyenne entre chaque propagule qui est planté eu vue de leur permettre de
bien pousser.
L’espèce reboisée est le Rhizophora son choix est lié à sa facilité par rapport au Avicennia
qui sont sous forme de graines. Certain comme A.K. SALL utilise le piquetage au mois de
mars, selon lui, les Rhizophora auront suivi. Son choix de l’espacement entre les propagules
est de 2m sur 1m, bien que d’autres comme Fata Ndébane reboisent serré c'est-à-dire 1m sur
0,5m.
Toutefois, la fin de l’hivernage ne signifie pas la fin du travail car après le reboisement il y a
un suivi qui s’opère puisqu’il y a des descentes qui se font chaque mois au niveau des sites
déjà reboisés en vue de contrôler leur évolution. Après le repiquage des propagules des balises
sont installées le long des sites pour permettre aux pêcheurs de pouvoir les éviter et en même
temps de renforcer la visibilité. On protège aussi les propagules contre l’action destructrice de
certains animaux comme les porcs.
Ces stratégies de reboisements ont été à l’origine des résultats dont il conviendra de faire
l’analyse dans la suite de l’étude.
2. Analyse des résultats et des stratégies de la restauration
Cette partie s’intéresse des résultats des reboisements et une étude critique des stratégies
notamment les contraintes et les dysfonctionnements.
2.1. Les zones reboisées et résultats des reboisements
2.1.1. Les zones reboisées
A Joal-Fadiouth, les acteurs ont reboisé plusieurs sites. Les reboisements de DynFemme faits
avec A. K SALL (Océanium) sont à : Mama Ngueth, Ndionm, Mbour dioxan, Ngolna, Tine
Dine (Fadiouth) et aussi vers Fadial. Les reboisements de Fata Ndébane sont faits à :
Mbélénième, la route de Mama Ngueth à gauche, en prolongeant la route de Mama Ngueth
après le site de Fassanda, plus à l’intérieur un autre site sablo argileux à Fassanda. Derrière le
bras de mer de Mbélénième se trouve le site de Kalamack.
Le CSE, Green Sénégal ont contribué à hauteur de 900 millions répartis à 400 millions pour
le port, 400 millions pour la digue antisel (entre Joal Fadiouth, Nguéniène et jusqu’à
Palmarin), un projet soutenu par DynFemme.
Les reboisements de C. SENE sont faits au niveau de : Sédial, du Grenier à mil, Galsandi,
Gohoulou, Locomoudj, Mboudj
Espacement de 2m Espacement de 1m
N W propagules
Source : C SENE
Taille actuelle des plants
reboisés en 2009 = 70 cm
Photo n°4 : Etat des reboisements depuis 2009 à Mbélénième (Cliché : CAMARA A.
Juil. 2011)
2.2. Etude des contraintes et dysfonctionnements
2.2.1. Contraintes
Dans les premières années on constatait un manque d’expérience des acteurs dans les
stratégies et une réticence de la part de la population. Ce qui a causé en 2005 l’échec de la
DynFemme dans sa première opération de restauration. On notait aussi un manque de
financement pour certains acteurs. En effet le GIE Fata Ndébane qui a érigé le reboisement
comme activité principale, procède depuis la fin du programme PMFEM (2008/2009) à la
restauration avec fonds propre. Même le fond d’adaptation pour le changement climatique
dans les zones côtières, qui appuie la DynFemme dans ses activités, n’intervient pas dans le
reboisement des mangroves de Joal-Fadiouth. Ces GIE font recours dans le micro crédit
comme c’est le cas pour le GIE Femme et Coquillage. En plus de ça on sent une faible
contribution de la part des autorités locales. Ce qui n’encourage pas des réussites, puisque ces
activités nécessitent un financement. L’autre problème réside au nivaux des populations qui
croient qu’on doit les payer au lieu de mener des actions bénévoles. Il s’avère alors un
manque de communication et d’éducation environnementale. Il y a certes des sensibilisations
mais il reste beaucoup à faire.
2.2.2. Dysfonctionnements
La gestion de la mangrove de Joal-Fadiouth souffre d’un manque de coordination entre ses
différents acteurs. En effet on compte plusieurs acteurs qui s’activent dans le reboisement,
chacun de manière isolée. D’autres travaillent de manière individuelle. Pour les GIE la
possibilité de formation et d’encadrement en faveur de tous les acteurs, n’implique pas celle
des relations entre les acteurs. Les conséquences de ce fait sont de deux formes : il y a une
absence de formalisme dans la manière de travailler, c’est la raison pour la quelle deux GIE
peuvent donner les mêmes informations. Nous avons à cet effet l’exemple du GIE Femme et
Coquillage et DynFemme d’une part, Océanium et DynFemme d’autre part. L’autre situation
est celle de rupture entre les relations comme c’est le cas entre Fata Ndébane. Ceux qui
travaillent de manière individuelle comme C. SENE (le responsable de la mangrove à
Fadiouth) sont contraints par un déficit de matériels pour le reboisement, lié au manque de
financement de la part des partenaires.
Pour le suivi des parcelles reboisées il faut après chaque opération de reboisement, établir un
calendrier de suivi, qui consiste évaluer le taux de reprise, qui se calcule d’après A K SALL
comme suit :
Cependant, compte tenu de la présence du sel et de la sécheresse qui sont les causes de
l’absence de régénération naturelle, le reboisement serré (1m sur 0,5m) serait plus optimal.
Par contre si on admet l’hypothèse d’un retour du cycle pluviométrique actuel (depuis 2005)
la méthode de l’espacement serait de loin la plus avantageuse car étant moins coûteuse et avec
plus de surface reboisée. Ce qui fait qu’Océanium a reboisé au-delà de la zone de Joal-
Fadiouth (Palmarin).
Ainsi pour un bon reboisement il est préférable de tenir en compte ces deux paramètres. La
prise en compte de la toposéquence et du choix de l’espèce qui est plus facile à reboiser est
parmi les stratégies. L’espèce Rhizophora évolue dans des conditions telles que : un substrat
vaseux où la présence de l’eau ne détruit pas les plantules, c’est ce qu’on appelle poto-poto en
wolof. L’étude de la zonation des mangroves montre que l’Avicennia évolue dans un substrat
différent de celui du Rhizophora en termes de teneur en sel. En effet l’espèce Avicennia est
connue pour sa grande capacité d’adaptation au sel, d’où sa présence dans les bordures de la
mangrove, dans la zone de balancement des marrées, en contact avec la zone des tannes, plus
salée (Diversité Floristique dans la Lagune de Joal-Fadiouth pp 6). Il s’y ajoute que leur fruit
est sous forme de graine donc son repiquage prend plus de temps que celui du Rhizophora. Ce
qui justifie que les actions de reboisement sont plus portées sur le Rhizophora. Le choix du
Rhizophora peut être lié également aux ressources qu’on trouve au niveau des bolongs de
Rhizophora (poissons, crabes, bois) ; donc leur restauration permet de faire revenir ces
enjeux.
Malgré tout, on note un rôle important de l’espèce Avicennia dans l’écosystème de la
mangrove, leur situation de zone tampon entre les tannes (qui sont des manifestations de la
sécheresse) et les autres espèces montre cela. Si l’objectif des repiquages est la restauration il
fallait envisager une stratégie qui permet de réduire le sel. Ce qui suggère donc un
reboisement d’Avicennia vue sa capacité de lutter contre la salinité.
Conclusion partielle
La population de la commune de Joal-Fadiouth s’est lancée depuis les années 1998 dans une
dynamique de protection de la mangrove, à la suite d’un constat de dégradation celle-ci.
L’implication des acteurs locaux aidés par les partenaires de l’environnement à travers le
financement, la formation et l’encadrement, a vulgarisé les stratégies de restauration.
Ces dernières regroupent les différentes manœuvres qui ont abouti au reboisement du
Rhizophora au niveau de Joal et de Fadiouth.
Cependant il y a lieu de constater que la collaboration entre les acteurs n’est pas très effective,
ce qui a suscité parfois une différence de stratégies qui s’est traduit dans les surfaces
reboisées. Le choix du Rhizophora est justifié par sa facilité au reboisement par rapport à
l’Avicennia qui est d’ailleurs plus résistant à la lutter contre le sel qui dégrade les ressources
végétales d’où sa justification aussi.
Ainsi il convient de prendre en compte tous les paramètres pour optimiser dans le reboisement
tel est le meilleur choix entre les stratégies.
Conclusion générale
La problématique de la gestion des mangroves à Joal-Fadiouth s’analyse autour des aspects,
tels que: la sécheresse qui a causé une sursalinité provoquant la mortalité des palétuviers,
l’état de dégradation; les enjeux qui sont portés autour de la mangrove à travers ses différents
apports (économiques sociales et environnementales) ; la réaction de la population à travers
les difficultés qui relèvent de l’organisation de la population locale pour les stratégies de
restauration.
Cette étude qui portait sur la mangrove comme ressources végétale, porteuse d’enjeux socio
économique, a été le résultat des recherches menées à travers les institutions de recherche et
des déplacements vers la zone d’étude. Elle a bénéficié d’informations relatives à la
connaissance du milieu, la dégradation des mangroves ; l’autre type d’information concerne
les stratégies, cette recherche a fait l’objet de terrain.
L’écosystème mangrove qui couvre une superficie de 10 millions ha environ dans les zones
intertidales côtières des régions tropicales, sur et sur prés de 75% de ces littoraux abrite une
riche biodiversité. Aussi ils se développent à plus de 90% de leur superficie dans des pays
pauvres ou émergents dans lesquels il n y a pas assez de moyen pour ménager ou encore
protéger les ressources naturelles contre les actions anthropiques.
Les études faites au Sénégal sur les écosystèmes estuariens à mangrove (KALY, 2001 ;
DIEDHIOU, 2009) montrent un état de dégradation avancé. Les estuaires du Sénégal
(Saloum, Casamance) sont caractérisés par deux phénomènes que sont : l’inversion du rôle
d’estuaire qui s’est transformé sous forme de ria et un abaissement de la nappe phréatique qui
a provoqué la remonté du sel par capillarité.
Face à cette situation, la restauration fut entreprise au niveau des mangroves car ces dernières
assurent parmi tant d’autre les fonctions de production, de protection, scientifiques,
écologiques, de conservation et culturelles. Cette action de restauration est menée en
collaboration avec les OGN telles UICN, Enda Graf, Océanium, FEM, Total Elf etc.
Les stratégies de restauration qui sont la recherche de financement, la mobilisation des acteurs
locaux, la population, l’assainissement des vasières à reboiser pour certains, la recherche des
propagules, le reboisement du Rhizophora en tant que tel, le suivi et la protection des plantes
sont accompagnées d’un encadrement et une formation de la part des partenaires. Les choix
du reboisement dépendent du site à reboiser qui doit être orienté vers les vasières les plus
aptes à abriter des plantations de mangrove et les écartements entre les plantules.
A l’heure actuelle on peut apercevoir les premiers résultats du reboisement car beaucoup de
propagules ont poussé. Les sites reboisés sont localisables au niveau de Joal à Mbélénième
Mama Ngueth, Ndionm, Mbour dioxan, Ngolna, et aussi vers Fadial, la route de Mama
Ngueth à gauche, en prolongeant la route de Mama Ngueth après le site de Fassanda, à
Kalamack et Tine Dine, soit plus de 100 ha depuis le début des opérations.
Ainsi pour cette initiation à la recherche le travail s’est plus focalisé sur la présentation des
stratégies ou procédures qui permettent de mieux reboiser, car il y avait une absence de
formalisme au niveau des acteurs. C’est pourquoi il est de nos perspectives de continuer la
recherche dans la protection et le suivi évaluation des mangroves par cartographie.
Bibliographie
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télédétection», Mémoire de DEA, Université Paris VII, 123 pages.
Figure nº3. Evolution de la superficie totale et celle des zones pour la période de 1954 à
1997......……………………………………………………………………………………….42
Cadre opératoire………………………………………………………………………………22
Introduction…………………………………………………………………………………...39
Chapitre1 : Les causes et les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth……………...40
1. Les causes de la dégradation …………………………………………………………40
1.1. Les causes physiques………………………………………………………………...40
1.1.1. Le système hydrologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth depuis le Quaternaire….40
1.1.2. Déficit pluviométrique……………………………………………………………..41
1.2. Les causes anthropiques……………………………………………………………...44
1.2.1. L’urbanisation et ses conséquences………………………………………………..44
1.2.2. Dépôt d’ordures ménagères……………………………………………………….44
2. Les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth……………………………….45
2.1. La Salinisation et acidification……………………………………………………….45
2.2. L’apparition des tannes ……………………………………………………………..45
Conclusion partielle………………………………………………………………………….47
Nom :…………………………………………………..
Prénom :……………………………………..………...
Age :………………..………………………………..…
Sexe M F
Profession :…………………………………………….
Source: A. K. SALL
Acteurs
Surface Ecarte- Nombre de Montant Surface Ecarte- Nombre de Montant Surface Ecarte- Nombre de Montant
Années
(ha) mement Propagules (ha) mement Propagules (ha) mement Propagules
13
69,707Ha est la surface totale reboisée par Océanium, alors que Mbissel en fait partie donc il faut faire 69,707Ha -4,16ha (Mbissel)=65,547ha
Annexe3 : les principaux acteurs de la restauration des mangroves à Joal-Fadiouth