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Université Gaston Berger de Saint Louis

U.F.R. de Lettres et Sciences Humaines


Section de géographie /Laboratoire LEIDI
Option : Option : Ecosystèmes et environnement

Sujet : Analyse des stratégies de restauration de la mangrove dans


l’estuaire de Joal-Fadiouth au Sénégal

Mémoire de master 1

Sous la direction de
Présenté par
M. Boubou Aldiouma SY
Aly CAMARA
Maître de conférences à L’UGB

Année académique 2010-2011


Dédicace
Je dédie ce travail d’étude et de recherche :
A Mon père Ousmane CAMARA.
A ma mère Fatou SARR.
A mes frères et sœurs : Mamadou, Amy Cheikhou, Bouba, Awa, Ndèye et à moi même.
A mes neveux et nièces : Seyni SANE et Mariama BA.

Je dédie aussi ce travail à mes amis de Thiaroye Gare dont je citerai particulièrement :
Mamadou DIOP (Abou Daoud), Pape Amadou DIOP, Abdallah SARR, Mouhamad CAMARA,
Cheikh NIANG, Gaye Moussa DIOP et les Frères de Luqman Al Hakim à Thiaroye Gare.

Aux frères et sœurs en la foi de l’UGB, plus particulièrement à ceux avec qui j’évolue dans le
même cadre de DAWA, je cite Moustapha MBAYE, Ibrahima BIAYE, Ibrahima TALL, Bou
SOW, Imam Abdoulaye THIAM, Tawa NIANG, Souleymane FAYE, Méoundou SAMBE,
Abdoul Aziz IRADIAN, Oumar DIOUF, Landing DIEME, Sidy FALL, Idrissa FOFANA,
Fatou K DIOP, Zeynab BALDE, Ndiagou KAMA, Haby DIENG, etc.

Toute la famille SECK à Fadiouth et la Famille SARR à Kobongoye.


Tous mes camarades de classe et amis plus précisément ceux de l’UGB : je citerai Babacar
COBAR, Babacar DIOP, Abdoulaye D THIAM, El hadji Omar SARR, etc.
A mon ancien Ibrahima SY
Je ne saurais vous citer de manière exhaustive. Vous étiez gentilles à mon endroit.
Remerciements
Je commence par remercier Allah qui nous a facilité l’élaboration de ce travail d’étude et de
recherche. C’est Lui qui a aussi facilité notre parcours à l’UGB par l’intermédiaire des
professeurs dont je ne cesserai de remercier.

Pour cela j’adresse mes remerciements à M. Boubou Aldiouma SY, qui a accepté d’encadrer
ce travail.
Je tiens aussi à remercier tous les professeurs de la section de géographie qui ont énormément
contribué à notre formation : M. Mouhamad Maouloud DIAKHATE, M. Oumar DIOP,
M.Serigne Modou FALL, M. Dah DIENG, M. Adrien COLY, M. Cheikh Samba WADE,
M.Sidy Mouhamed SECK, M. Cheikh SARR, M. André D’ALMEIDA et Mme Fatou Maria
DRAME.

Il y a par ailleurs des personnes qui ont effectivement contribué à la réalisation de ce Travail
d’étude et de recherche. Je citerai : Abdoul Karim SALL, Cyprien SENE, Marie M. DIOUF,
Babacar FAYE, Ibrahima LO, Yama NDIAYE, Anna Ndjilar NDIAYE, Cecilia Tenning
FAYE, Mame Betty Lette DIOUF.

Je remercie aussi Abou SY, Labaly TOURE, Djibril BASSENE, Moustapha CISSE, Aliou
SARR, Al Hassane TALL, Daouda DIOUF, Fatou LAGNANE, Mamadou Demba BA pour
leurs conseils et orientations relatives au travail.

Je termine en rendant grâce à Allah qui nous favorisé depuis toujours parmi ses serviteurs.
Avant-propos
La question de l’avenir des ressources naturelles suscite actuellement beaucoup de réflexions.
Les épisodes climatiques responsables de la situation actuelle remontent au quaternaire. Cette
période est marquée par une sécheresse persistante qui soutenait un équilibre climatique. Cet
équilibre voit ses premiers bouleversements au début du 19e siècle notamment avec la
révolution industrielle. Depuis lors, on assiste à une perturbation des écosystèmes du fait des
changements et réchauffements climatiques. On s’accorde sur le fait que les températures
augmentent avec plusieurs conséquences. Ce qui a suscité en 1972 des initiatives allant dans
le sens de la protection de l’environnement. L’enjeu de ces initiatives est la préservation et
l’utilisation des ressources par les communautés.

Les milieux tropicaux sont des espaces porteurs de cet enjeu car abritant une très grande
diversité des espèces et des ressources naturelles. Ces milieux subissent des dégradations. Ces
changements sont perceptibles à tous les niveaux et à différentes échelles : les zones humides,
les milieux arides, etc. On citera particulièrement les littoraux qui sont un dualisme marqué
par leur importance et leur vulnérabilité.

Ceux de l’Afrique de l’Ouest abritent des mangroves allant de la côte mauritanienne au sud de
l’Angola. Au Sénégal ces écosystèmes de mangroves longent la côte à Saint Louis dans le
delta du Saloum, Casamance, la Somone, et Joal-Fadiouth. Ils subissent à leur tour les effets
des variabilités climatiques exacerbés par les pressions anthropiques. A travers les constats de
dégradation de ces écosystèmes de mangroves, qui regorgent d’importantes ressources et
assurent plusieurs fonctions, les populations locales essayent de trouver des solutions faces à
ces crises de l’environnement.

C’est dans cette perspective que s’inscrit ce Travail d’Etude et de Recherche (TER) de
Master 1 qui porte sur l’analyse des stratégies de restauration à Joal-Fadiouth. Ainsi travaux
menés pour une meilleure connaissance de la valeur économique de l’écosystème de la
mangrove s’ajoute ce TER qui entre dans une logique de renforcer les capacités et les
connaissances relatives à la protection de la mangrove.
Sommaire Page
Dédicace………………………………………………………………………………………..1
Remerciements ………………………………………………………………………………...2
Avant propos…………………………………………………………………………………...3
Première partie : Cadre théorique, cadre opératoire et cadre méthodologique.........................6
Introduction générale..................................................................................................................7
Chapitre1 : Cadre théorique......................................................................................................13
Chapitre2 : Cadre opératoire………………………………………………………………….21
Chapitre3 : Cadre méthodologique...........................................................................................29

Deuxième partie : de la dégradation des mangroves aux stratégies adaptatives de


restauration……………………………………………………………………………………37

Chapitre1 : Les causes et les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth……………..39


Chapitre2 : Fonctions de la mangrove et son importance à Joal-Fadiouth…………………..47
Chapitre3 : Etude de la restauration de la mangrove Joal-Fadiouth………………………… 50
Conclusion générale..................................................................................................................63
Bibliographie.............................................................................................................................65
Liste des illustrations................................................................................................................69
Table des matières.....................................................................................................................70
Annexe......................................................................................................................................74
Liste des Sigles et acronymes :

AMP : Aire Marine Protégée

ASEQUA : Association scientifique pour l’Etude du Quaternaire Africain

INQUA : Union Internationale pour l’étude du quaternaire

BU : Bibliothèque Universitaire

Bolongs : l’intérieur des mangroves qui est sous forme de méandres

CONSERE : Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l'Environnement.

DEFCCS : Direction des Eaux, Forêts, Chasses et Conservation des Sols

ENDA Diapol : ONG Enda Tiers Monde Prospective et Dialogues Politiques

GIE : Groupement d'intérêt Economique

GIRMaC : Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières

GPF : Groupement de Promotion Féminine

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

TER : Travail d'Etude et de Recherche

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar

UGB : Université Gaston Berger

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

WAAME: Weste African Association for Marine Environment

WWF: Fonds Mondial pour la Nature (World Fund Nature)


Première partie
Cadre théorique, opératoire et méthodologique
Introduction générale
1. Contexte international
Les recherches faites sur les environnements tropicaux montrent actuellement des
changements qui affectent les milieux naturels et leurs ressources. On constate une
augmentation des besoins qui se traduit par une surexploitation des ressources naturelles sur
tous les plans (VALENTIN, 2007). Ce qui est à l’origine d’une dégradation poussée, jamais
constatée auparavant. Ces espaces sont devenus vulnérables et fragiles.

«Il est aujourd’hui certain que les milieux aquatiques se sont déjà transformés sous l’effet des
actions anthropiques, et environ cent fois plus vite qu’au cours des 10000 ou 20000 dernières
années. Reste à préciser quelles sont les répercussions de ces changements sur les cycles du
carbone et de l’azote et du phosphore et par voie de conséquence sur la biodiversité». (La
Recherche, 2007).

Cette situation est d’autant plus difficile dans les pays pauvres avec les populations de faibles
revenus qui ont du mal à prévenir ou à lutter contre les catastrophes naturelles. Actuellement
la problématique de la gestion des zones humides et particulièrement celle des zones côtières
est une des priorités au niveau international avec des ONG telles que WETLANDS, PRCM,
UICN, Enda, FIBA, GIRMAC. En effet les littoraux, demeurent la partie la plus sensible à ces
changements, car longtemps laissés à eux-mêmes, sans aucune mesure adéquate de protection
(GAMBLIN et AL.1998). Leur nature d’interface entre la lithosphère, l’hydrosphère et
l’atmosphère, fait qu’ils abritent l’une des plus grandes diversités de la planète et une forte
concentration humaine (PASKOFF, 1998).

L’écosystème mangrove qui couvre une superficie de 10 millions ha environ dans les zones
intertidales côtières des régions tropicales, sur et sur prés de 75% de ces littoraux (Fromard,
1997), abrite à son tour: une avifaune, des mammifères, des reptiles, et une ichtyofaune. En
outre, les mangroves se développent à plus de 90% de leur superficie dans des pays pauvres
ou émergents dans lesquels il n y a pas assez de moyen pour ménager ou encore protéger les
ressources naturelles. La confusion dans la gestion des ressources favorise leur dégradation à
la suite d’une exploitation abusive et très souvent incontrôlée et frauduleuse (Vertigo, Vol 7
No2 sept. 2006). Ce qui fait que, les écosystèmes forestiers 1 de mangrove subissent quasiment
partout dans le monde, des dégradations anthropiques de toutes sortes et de diverses
1
L’écosystème mangrove est défini en fonction de la végétation, de la faune et de la géomorphologie, Cf. cadre
opératoire.
amplitudes. A ces actions anthropiques qui ont fortement contribué à la dégradation de la
mangrove, on note à certains endroits des variabilités climatiques qui ont augmenté la
dégradation de la couverture végétale en générale et la mangrove en particulier.

Face à cette situation de dégradation des mangroves et ses conséquences négatives, les
organisations de développement et population locales, s’activent dans la restauration. C’est
ainsi que des actions de reboisement de la mangrove furent initiées, avec des espèces
différentes suivant les localités et les conditions du milieu (DIEDHIOU, 2009). Si les effets
des variabilités climatiques étaient néfastes sur les végétaux à l’échelle planétaire, ils le sont
plus dans les pays du Sahel où la sécheresse a été plus persistante, de quoi suffire évaluer la
dégradation dans les mangroves des pays comme la Gambie et le Sénégal.

Comme beaucoup d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, le Sénégal est un des pays
concernés par ces perturbations. Il a adopté un certain nombre de stratégies pour la lutte
contre la dégradation des ressources naturelles. C’est dans ce cadre qu’il a ratifié la
convention de RAMSAR pour la protection des aires menacées. Ainsi nous avons comme
aires protégées au Sénégal la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS), les aires
marines protégées (AMP) à travers certaines zones côtières du pays.
2. Contexte national
La situation du Sénégal intègre le territoire dans le cadre général du climat
tropical de type soudano sahélien, caractérisé par l'alternance de deux saisons, soumis au
cours de l’année aux mouvements alternatifs de masses d’air d’origine différents. Du fait de
la latitude tropicale, les températures sont généralement élevées, avec une variation dans le
temps, et dans l’espace.

Les mangroves s’étendent entre les latitudes 12° 20’ et 16° 20’ N et les longitudes 16°20’ et
16° 30’ W et une superficie de 1853 km2, qui représente 6 % de la superficie en Afrique
(DIOP E S al. 1993). La mangrove est présente, dans la lagune de Joal-Fadiouth, à la Somone,
dans les estuaires du Saloum et du fleuve Casamance, dans l’embouchure du fleuve Sénégal.
Vers les 1970, on assiste à de nouvelle série de sécheresses qui est à l’origine de la baisse de
la pluviométrie, qui à son tour a marqué ces dernières décennies par des variabilités inter
annuelles et des déficits atteignant parfois 40%. (Rép. SN 2010 PRATICA, UNICEF, EWV
45p.). Les effets de cette sécheresse se font encore sentir dans la dégradation des sols à
travers une diminution du potentiel hydrique ou par aération et salinisation.
Ce contexte de changement climatique s’est manifesté donc par une salinisation et une
acidification des estuaires et lagunes ; ce qui a causé une forte mortalité des palétuviers, une
extension des tannes, une multiplication des bancs de sable et de vasières, un faible niveau de
régénération entre autres et une salinisation des nappes. (Sécheresse, sept 1994 N°3 vol 5).
Les premières manifestations de cette sécheresse au Sénégal concernent la désertification qui
a affecté les ressources végétales (CONSERE, 1997).

Ces difficultés observées au niveau de l’agriculture coïncident avec un contexte socio


économique difficile. En effet le Sénégal se trouvait dans les débuts d’une croissance
démographique en hausse, ce qui pose le problème de souveraineté alimentaire. Avec le
désengagement de l’Etat suite au programme d’ajustement structurel, on assiste à un
déplacement des populations en quête d’une situation beaucoup plus favorable à travers
d’autres activités. A cet effet elles ont migré vers la capitale Dakar et les zones côtières. Ce
qui augmentera la densité de ces zones. Les conséquences d’un tel phénomène sont l’avancée
du cadre urbain vers l’espace maritime, l’utilisation croissante de ses ressources, une érosion
côtière liée à l’utilisation du sable de mer, ajoutées au problème de gestion des déchets
domestiques et touristique (Vertigo, Vol 7 No2 sept. 2006).

Ainsi le contexte socio économique actuel et les problèmes qui ont découlé de la sécheresse
expliquent l’état de dégradation avancé des ces zones. En d’autres termes la dégradation des
zones côtières résulte en grande partie des pressions exercées suite à l’expansion des
populations sur la zone côtière, l’urbanisation et le développement industriel. Ce qui limite
les possibilités agricoles et la végétation à quelques espèces adaptées de la mangrove :
Rhizophora, Avicennia (Lindeboom, H. 2002 in DIOP E S).

Ces mangroves longent la côte du Sénégal dans les estuaires du Sénégal, le delta du Saloum,
à Joal-Fadiouth et la Casamance. Ces écosystèmes montrent un état de dégradation avancé
(KALY J L 2001 ; DIEDHIOU C M 2009). C’est ce qui a suscité la restauration dans
certaines zones du pays telles que la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS) qui
compte une superficie de 5.8300 ha de mangrove. Cette action est menée en collaboration
avec les OGN telles UICN, WAAME, etc. Si la dégradation s’observe à l’échelle nationale,
elle peut s’observer à l’échelle d’une localité. On constate que ces particularités se retrouvent
sur une échelle locale à Joal-Fadiouth (DIEDHIOU C M, 2009).
3. Contexte local
La commune de Joal-Fadiouth est située sur la petite côte, 14°10 N et 16°51 W, à 114 km de
Dakar, avec une distance de 32km à l’extrême sud du département de Mbour. Elle couvre une
superficie 5035 ha. La commune est composée de trois entités : le site de Ngazobil, au nord,
la flèche sableuse dans laquelle Joal s’est érigée ; Fadiouth qui est sur un îlot de la vasière
constitué d’amas coquilliers est relié à Joal par un pont en bois de 725 m et Dioto son
cimetière par une passerelle d’environ 250 m. Limitée au nord par le titre foncier n°481 de
Ngazobil, au sud par les îles du Saloum (Palmarin, Ngalou) à l’est par la zone des mangroves
(Fadial et Mbissel) à l’Ouest par l’Océan.

La croissance démographique de la commune de Joal-Fadiouth est rapide ; elle est liée à


l’essor de la pêche artisanale et des activités de transformation des produits de pêche. Les
projections faites à partir des résultats du RGPH 2 de 2003 estiment la population résidente
totale de la commune de Joal-Fadiouth à 32 991 habitants avec 89,8 % vivant à Joal. L’île
de Fadiouth abrite 10 % de cette population, et Ngasobil moins de 1%. A côté il y a d’autres
activités telles que l’ostréiculture (élevage des huîtres), la concluculture, (élevage des coques
et arches) l’agriculture, le commerce avec la transformation des céréales avec les GIE.

Au plan géomorphologique, le positionnement de la commune dans l’estuaire 3 fait que 60%,


soit après de 3021 ha sont immergées ou sous l’influence des marrées (DIENG, 2008).
La commune appartient au bassin sénégalo mauritanien mis en place crétacé tertiaire avec
comme principales unités géomorphologiques: les cordons littoraux situés sur les parties
topographiquement élevées et les vasières. Le relief est essentiellement plat excepté quelques
zones de bas-fonds au sud-est de Ngazobil. Joal-Fadiouth fait partie de ces systèmes
estuariens caractérisés par deux phénomènes que sont : l’inversion du rôle d’estuaire qui s’est
transformé sous forme de ria et un abaissement de la nappe phréatique qui a provoqué la
remonté du sel par capillarité (ASEQUA, INQUA, 1986).

2
SENE C. et al. 2008. Plan de gestion de l’AMP de Joal-Fadiouth, (2009-2013), WWF WAMER, DPNS, 123 p.
3
On parle souvent d’estuaire de Joal Fadiouth pour sous entendre la lagune Cf. cadre opératoire p.16.
Figure 1 : croquis de localisation et de l’occupation du sol de la commune de Joal-
Fadiouth
La conséquence de ce phénomène est que ces marais à mangroves sont associés à de grandes
surfaces dénudées et sursalées appelées tannes. (SADIO, 1991).

Vu que la situation est la même partout, la gestion de ces zones devient une priorité. La
cartographie diachronique révèle une baisse de la surface couverte par les palétuviers du fait
de l’effet conjugué de l’érosion hydrique et éolienne, de la baisse drastique des précipitations
et de la pression anthropique (KALY, 2001).

Chapitre1 : Cadre théorique

Ce premier chapitre est un préalable dans la mesure où il permet de jeter les bases pour
l’analyse du sujet. C’est la partie qui traite de la problématique, de l’intérêt et la justification
de la recherche, des questions de recherche, de la délimitation du champ d’investigation, de la
dimension géographique, des objectifs et hypothèses.
1. Problématique
Comme toutes les zones côtières, l’estuaire de Joal-Fadiouth qui fait partie du complexe
estuarien de la Petite Côte, est caractérisé par des fluctuations de la marée. Ce qui produit un
important phénomène de transfert de sédiment, de matière organique et de sels minéraux. Les
conditions morphoclimatiques passées font état d’un équilibre pluviométrique qui régulait la
teneur du sel à une concentration pouvant permettre le développement et l’adaptation des
espèces végétales côtières telles que la mangrove (INQUA, ASEQUA, 1986).4
Il y a une première situation passée dominée par l’acidité potentielle. La basse plaine littorale
de l’estuaire du Saloum constituée de sédiments fluviomarins récents, se trouve soumise à un
régime hydrique équilibré entre les inondations biquotidiennes ou bimensuelles (cycles de
marées) et les apports d’eau douce issue du ruissellement des bassins versants, en raison des
pluies, auxquels s’ajoutent les transferts de nappes toute l’année. L’apport d’eau douce était
donc assuré de façon quasi permanente, limitant dans le temps une phase de comportement
lagunaire (fin de saison) pendant laquelle l’estuaire fonctionne temporairement de façon
inverse (AGBOGBA et al. 1985).
Au plan écologique, cette situation initiale permettait à la végétation pionnière de la mangrove
à base d’espèces Rhizophora de coloniser la vasière et de s’y développer dans de bonnes
conditions. Dans les zones plus en retrait par rapport au cours d’eau, atteignant une plus forte
salinité en saison sèche, la séquence se poursuit avec les espèces Avicennia mieux adaptées.
Les surfaces des tannes vives et à halophytes sont réduites.
Au plan pédologique, ce régime d’inondation permet le développement d’une pédogenèse
initiale décrite par VIEILLEFON (1974) dominée par les processus d’hydromorphie
permanente qui créent des conditions anaérobies. Le pH reste voisin de la neutralité et la
salinité est supérieure à de celle de l’eau de mer. Les phénomènes de réduction sont
prépondérants. Des mécanismes chimiques tels que l’oxydation des sulfures en sulfate ont
provoqué une acidification brutale. La pédogenèse de ces vases est donc essentiellement
caractérisée par cette acidité potentielle initiale.
Cependant, le contexte des années 1970 est marqué par la sécheresse qui s’est manifestée par
une forte dégradation des mangroves, ce qui a augmenté leur vulnérabilité. Le déficit
pluviométrique enregistré depuis 1968, accentué par une contraction de la saison pluvieuse, a
profondément et rapidement concouru à la modification de ce fragile équilibre. Les très
4
Op.cit.
faibles quantités d’eau ruisselées sur le bassin versant associées aux faibles pentes
longitudinal des vallées ont déclenchés un fonctionnement inverse de l’estuaire par intrusion
d’eaux marines vers l’amont. La longueur de la saison sèche sous ce climat très contrasté à
fort pouvoir évaporatoire y a favorisé la concentration en sel des eaux de surface.

Cette sécheresse climatique a engendré au niveau physiologique et écologique des


conséquences dramatiques pour la population des palétuviers au niveau de l’écosystème. En
effet la cartographie diachronique (KALY, 2001) révèle une baisse de la surface occupée par
les mangroves. Les modifications sont principalement liées à la salinité et à l’acidification.
Les phénomènes de marée dynamique et de marée de salinité sur l’ensemble du réseau
hydrographique sont déterminants. I1 y a très peu d’apport de l’amont même en saison des
pluies, le débit d’eau douce étant très faible en hivernage. Ce qui fait que la salinité de l’eau
du Saloum est partout supérieure à celle de l’eau de mer. (DIOP E, S ; 1986). Les
conséquences sont sensibles au niveau de certaines unités géomorphologiques car les surfaces
de tannes vives ont augmentées considérablement au détriment des unités précédentes, mais
aussi des terres cultivables.

D’autres difficultés se sont ajoutées sur celles précitées. Actuellement il se pose un problème
d’espace à Fadiouth. L’exiguïté de l’espace communal dont 65% de la superficie sont
inondables, (les zones marécageuses) semble étouffer la commune dans ses limites
territoriales et installer les conditions d’une rupture de l’équilibre symbiotique entre la nature
et les hommes. (DIALLO et Al.2008). Les difficultés les plus notoires pour
l’environnement de Joal-Fadiouth concernent principalement la dégradation des mangroves à
travers l’exploitation abusive de sa ressource, l’urbanisation de cette zones, la gestion des
déchets, et le contexte de paupérisation dans la commune.

Ainsi, la problématique de la gestion des mangroves à Joal-Fadiouth s’analyse autour de


plusieurs aspects, parmi lesquels : la sécheresse qui a augmenté la salinité provoquant la
mortalité des palétuviers, l’état de dégradation avancée qui est en rapport avec la croissance
démographique et l’urbanisation de la commune de Joal-Fadiouth ; les enjeux qui sont portés
autour de la mangrove à travers ses différents apports (économiques sociales et
environnementales) ; la réaction de la population face à cette situation ; les difficultés qui
relèvent de l’organisation de la population locale pour les stratégies de restauration.
Cependant, des possibilités de conservation et de restauration de la diversité biologique pour
Joal-Fadiouth existent, elles nécessitent une bonne politique de restauration des milieux et de
régénération des ressources vivantes par des stratégies de gestion adaptées.

Il ressort de ce qui a précédé l’importance des travaux relatifs à ces thèmes. Ces TER ont des
intérêts pour la recherche et se justifient sur le plan scientifique et social.

2. Intérêt et justification de la recherche


Il est essentiel d’avoir une bonne connaissance des écosystèmes vulnérables et fragiles
(mangroves, herbiers marins, habitats critiques et zones de fraie, etc.) pour leur préservation,
mais aussi leur réhabilitation en cas de forte dégradation (comme c'est le cas aujourd’hui de la
mangrove de Joal-Fadiouth) et leur restauration (DIOP E. S).
L’effet combiné de tous ces facteurs suscite en nous la formulation de notre thème d’étude
qui s’intitule : analyse des stratégies de restauration de l’écosystème mangrove dans l’estuaire
de Joal-Fadiouth.
Ce qui sous entend que ce travail d’étude et de recherche s’est accompagné d’un certain
nombre de justifications qui sont d’ordre scientifique et sociale.

2.1.1. Justification scientifique


Un apport pour la connaissance de l’état de cet écosystème menacé de dégradation, dans un
monde où les priorités sont portées sur l’environnement. A travers les ouvrages consultés, qui
sont en rapport avec notre thème d’étude on a pu découvrir : les ouvrages qui ont parlé des
facteurs de dégradation (COUDRAYE et Al., 1994) l’ont inscrites dans le cadre général et
sont aussi en rapport avec le réchauffement climatique. D’autres aussi sont plus en rapport
avec la géomorphologie et plus précisément le domaine estuarien et lagunaire comme le delta
du Saloum ou la Casamance pour le Sénégal. C’est l’exemple de la thèse de (DIOP E. S.,
1986). Ainsi leurs études sont beaucoup plus globales et n’ont pas spécifié sur une ressource
définie encore moins une échelle réduite.

On peut retenir que les études faites dans le cadre international sur la mangrove concernent
principalement le delta du Saloum. Egalement ce sont des études qui se focalisent plus sur les
conditions d’évolution des palétuviers notamment sur l’éthologie et la géomorphologie. Les
aspects les plus fréquemment étudiés sur les mangroves sont la zonation en fonction des
conditions du milieu, les particularités biologiques (notamment concernant la reproduction),
leur productivité par chute des feuilles, la physiologie et la succession des espèces (KJERFVE
et al. 1997). Malgré l’importance de ces travaux, la plupart d’entre eux sont anciens et
nécessitent une actualisation (AGBOGBA et al. 1985, BENGA, E., 1985, DIOP, E.S., 1986,
MARIUS C. 1984).
En plus de cela, on note à Joal-Fadiouth une urbanisation poussée, un problème de gestion des
déchets et l’organisation de la population autour de la question environnementale. On
comprend donc qu’au-delà de la justification scientifique il y a des enjeux socio-économiques
qui ouvrent des perspectives d’une justification sociale.
2.1.2. Justification sociale
Un support pour les populations et les autorités locales, les mangroves constituent un enjeu
pour le développement économique et social des populations. En plus de ces préoccupations,
nous avons celles d’ordres économiques. L’écosystème de la mangrove est riche et complexe,
et son exploitation dans une logique de changement social et de développement durable
requiert tout d’abord, une bonne connaissance des espèces, ensuite, une implication des
populations riveraines et d’autres acteurs pour la conservation et la réhabilitation de ces
espaces humides et, enfin, un cadre institutionnelle local pouvant garantir, le bon
positionnement des acteurs, et, plus globalement une bonne gouvernance. De ce fait aux
travaux menés pour une meilleure connaissance de la valeur économique de la mangrove,
s’ajoute ce TER, dans une logique de renforcement des capacités des organisations sociales.

Si l’intérêt et la justification de la recherche constituent de manière globale les approches


fondamentales pour un TER, alors les questions de recherche sont dans un cadre plus précis
les moyens pour parvenir à l’analyse de ce TER.
2.2. Questions de recherche
Il y a une question principale autour de laquelle se regroupent d’autres questions spécifiques
de recherche.

2.2.1 Question principale


Cette question principale, fait appel à d’autres questions spécifiques qui sont en rapport avec
elle. Cette question est la suivante :
Qu’est ce qui a suscité la mise en place des stratégies de gestion des mangroves de Joal-
Fadiouth ?
Questions spécifiques
Les questions spécifiques se regroupent dans le fait de comprendre les phénomènes suivants :
Quels sont les facteurs qui sont à la l’origine de l’état actuel de la mangrove de Joal-
Fadiouth ?
Comment se manifestent les phénomènes physiques qui expliquent mieux la dégradation des
mangroves à Joal-Fadiouth ?
Quels sont les processus géochimiques qui ont accentuée la dégradation ?
Quelle est l’utilité de la mangrove au niveau de la localité ?
Quelle est l’attitude adoptée par les populations face à cette situation?
Comment s’organise la population autour de la problématique de la gestion de la mangrove ?
Quels sont les différents acteurs de la gestion de mangroves ?
Ces questions se rapportent à Joal-Fadiouth mais elles ne sont pas pour autant des
informations pour la bonne connaissance de la zone d’étude, d’où la nécessité de délimiter le
champ d’investigation.
2.2.2. Délimitation du champ d’investigation
Le champ d’investigation regroupe une partie qui abrite la mangrove de Joal-Fadiouth et une
autre partie où se trouvent les acteurs.
Pour la première partie qui abrite les mangroves il y a les vasières localisées en arrière des
cordons littoraux dans la lagune de Joal-Fadiouth. C’est le chenal qui traverse Mbélénième
(Mama Ngueth), il y a la mangrove de Dioto, mais aussi derrière les Greniers sur pilotis, et
derrière l’île de Fadiouth notamment à Tindine. La zone des mangroves se situe plus à l’est
notamment vers Fadial et Mbissel. Cette formation végétale couvre une superficie de
403,27 ha. Les tannes s’étendent derrière les vasières à mangrove. Elles se localisent derrière
la piste de Fadial et la route des champs.

L’autre partie de l’étude, celle qui abrite les acteurs notamment la population de la commune.
Elle concerne principalement les membres responsables des GIE, les personnes impliquées
dans la restauration, dont nous avons : l’association DynFemme, Fata Ndébane, Femme et
Coquillage, Cyprien SENE, Abdou Karim SALL de l’Oéanium, ils sont localisés à Joal et à
Fadiouth. Donc le village de Ngazobil qui est une partie intégrante de la commune ne fait pas
partie de notre champ d’investigation car cette partie ne concerne pas notre étude. La
délimitation du cadre temporel est la partie consacrée à la dimension géographique.
2.2.3. Dimension géographique du sujet
Dans ce TER, on se propose d’étudier la question à partir des études faites sur le climat ouest
africain en général et celui du Sénégal en particulier. On se réfère principalement sur le
colloque tenu à Dakar en 1986, organisé par ASEQUA ET INQUA à la suite des sécheresses
des années 1970. En effet les thèmes portant sur l’érosion, la dégradation des ressources
végétales et leurs conséquences sur le milieu ouest africain et les activités économiques en
général et celui du Sénégal en particulier sont étroitement liés à ce contexte de sécheresse.
L’autre aspect de la dimension géographique de l’étude est l’approche possibiliste que tente
d’adopter la population face à une situation déterministe qui est la sécheresse. Autrement dit
la réaction de la population pour résoudre les difficultés découlant de la sécheresse.
C’est la raison pour la quelle les objectifs de cette étude sont suscités par ce constat de
dégradation et les réactions de la population.
2.2.4. Objectifs de l’étude
Mettre en évidence les facteurs qui sont à l’origine de la dégradation. Montrer l’importance
de la mangrove à Joal-Fadiouth. Montrer les acteurs et les partenaires dans la restauration de
cet écosystème. Analyser les différentes stratégies de restauration.
Ces différents objectifs nous amènent à émettre des hypothèses qui sont aussi en rapport avec
la dégradation du milieu et la réponse de la population face à cette situation.
2.2.5. Hypothèses de recherche
Elles s’articulent autour de l’hypothèse générale qui englobe les autres hypothèses
spécifiques.
2.2.5.1. Hypothèse générale
Ainsi l’hypothèse générale s’articule comme suit : la dégradation des mangroves résulte des
facteurs physiques et anthropiques, elle a favorisé la mise en place des stratégies de
restauration qui vont dans le sens de leur protection.
2.2.5.2. Les hypothèses spécifiques sont :
 La dégradation des mangroves de Joal-Fadiouth résulte d’un déficit pluviométrique
constaté depuis la sécheresse des années 1970.
 Les pressions anthropiques exercées sur la mangrove de Joal-Fadiouth ont accentué en
partie les dégradations, ce qui a suscité la mise en place des stratégies de restauration.
Ces hypothèses feront l’objet de vérification en vue de leur confirmation ou infirmation à la
suite de l’étude.
Conclusion partielle
Cette première partie de l’étude qui traitait le cadre théorique, a été l’occasion de présenter la
problématique qui met en relation la dégradation des mangroves de Joal-Fadiouth et la
sécheresse des années 1970. Elle se justifie par son apport dans le cadre académique et social.
Son objectif est de montrer les stratégies de restauration de la mangrove, après avoir émis
l’hypothèse que ces stratégies sont la réponse des populations faces aux dégradations liées à la
sécheresse des années 1970.

Cependant on souligne que la problématique du sujet, évoque des questions qui doivent
nécessairement être développées car leur analyse nous permet de mieux valider nos
justifications, de confirmer ou d’infirmer les hypothèses. A cet effet il est important d’avoir
une bonne compréhension du sujet et des termes qui le structurent, cette partie est consacrée
au deuxième chapitre intitulé cadre opératoire.

Chapitre 2 : Cadre opératoire

Le cadre opératoire permet de définir les termes qui structurent le sujet ; leur signification,
leur opérationnalisation etc. Le mot peut avoir une seule signification mais son usage dans
des contextes différents peut en faire un terme polysémique, ce qui justifie une approche
pluridisciplinaire pour leur compréhension ; également les concepts utilisés ne sont pas en soi,
autrement dit, ils recouvrent ou bien font appel à d’autres notions, d’où la nécessité dans cette
étude de faire en premier lieu la définition des concepts pour terminer par leur
opérationnalisation.
1. Définition des concepts utilisés
Les termes clés sont : lagune/estuaire, la mangrove, dégradation, sécheresse, stratégie de
restauration.
1.1. Le système hydrologique de Joal-Fadiouth : estuaire ou lagune
Au Sénégal les ensembles géomorphologiques les plus remarquables au niveau du littoral sont
le delta et l’estuaire. Celui-ci est une des embouchures évasé, c'est-à-dire la partie terminale
du fleuve où la marrée se fait sentir. Son envasement provoque la formation de vasière le
long des berges. Il est constitué de matériaux très fins et localisé le long de côtes très basses.
La lagune quant à elle est une étendue d’eau marine isolée par une construction littorale
perméable.
Le système de Joal-Fadiouth, dans la partie marine répond aux critères de définition
caractéristiques d’un estuaire : c’est la partie qui abrite le slikke. Elle est formée de vase molle
inondée à chaque marrée. C’est sa partie supérieure, la haute slikke, qui abrite la mangrove,
nous avons l’exemple de Tindine à l’est de l’île.
Cependant, mis à part l’utilisation plus fréquente du terme lagune pour désigné le système
hydrologique de Joal-Fadiouth, deux aspect peuvent nous pousser à utiliser ce terme: absence
de cours d’eau permanent, et la présence de l’eau marine qui est isolée par la flèche du Finio.
Ainsi on va dire que la lagune qui abrite la mangrove de Joal-Fadiouth est une partie
intégrante de l’estuaire du même nom, d’où le terme de site laguno-estuarien. 5La
toposéquence de la lagune de Joal-Fadiouth permet d’identifier les vasières regroupées en
trois (3) unités : les vasières récentes fonctionnelles ou vasières à mangroves localisées en
arrière des cordons littoraux dans la lagune de Joal-Fadiouth. Elles résultent de la
sédimentation actuelle à subactuelle. Ces vasières bordent les chenaux de marée et
correspondent sur le plan morphologique à la partie topographiquement basse des slikkes
régulièrement recouvertes par les eaux marines (DIOP E S, 1978); les vasières anciennes
dénudées représentées par les tannes inondables et les tannes à efflorescences salines qui
s’étendent en arc en ciel derrière les vasières à mangrove. Les tannes sont des terrasses
plus ou moins inclinées ; les vasières partiellement dénudées ou enherbées appelées aussi
pelouses ou prairies qui s’étendent derrière les vasières dénudées, sont importantes dans la
lagune et vers Palmarin Ngalou.
5
Cf. Diversité Floristique dans la lagune de Joal-Fadiouth, enda, IUCN, drynet, pp5.
La présentation de la commune de Joal-Fadiouth par la mairie utilise le terme laguno-estuarien.
Après tout, on constate que la végétation qui pousse dans les vasières fonctionnelles est
typique. Elle est parfois désignée sous le nom de mangrove, parfois on parle de palétuvier ;
d’autre utilisent ces terme pour désigner l’écosystème en tant que tel. Qu’en est-il réellement?
1.2. La mangrove
Les auteurs utilisent le terme mangrove pour plusieurs acceptions
1.2.1. Un écosystème forestier tropical
Selon PASKOFF, la mangrove est une forêt sous les latitudes tropicales et subtropicales, au
niveau des vasières intertidales qu’elle colonise. Elle est constituée d’arbres originaux,
appelés mangliers ou palétuviers, qui exigent pour son développement des eaux chaudes.
Une telle acception est retenue par VIEILLEFON (1977) qui selon lui la mangrove est
universellement répandue sur les littoraux intertropicaux, dont les membres les palétuviers ont
des formes et des adaptations très particulières. Blasco et al., (1998) en plus de l’aspect
forestier ajoutent qu’elles se développent dans la zone de balancement des régions littorales,
pouvant se maintenir localement jusqu'à 32° Nord et 28° Sud sous l'effet de courants marins
chauds. Marius (1977), a abondé dans le même sens.
On constate une faible phytobiodiversité au niveau de la lagune de Joal-Fadiouth avec
seulement quatre espèces.
Tableau n°1. Les mangroves de Joal-Fadiouth

Famille Genre Espèce

Rhizophoraceae Rhizophora Rhizophora racemosa (palétuvier)

Avicenniaceae Avicennia Avicennia germinans (mangle blanc)

Laguncularia Laguncularia racemosa (palétuvier gris)


Combretaceae
Conocarpus Conocarpus erectus (palétuvier gris)

Il y’a d’autres acceptions données à la mangrove.


1.2.2. La mangrove : un écosystème côtier avec ses différentes composantes
VIEILLEFON (1977) conçoit aussi que, après avoir principalement concerné la végétation
elle-même, le terme mangrove a été progressivement étendu à l’ensemble du milieu
édaphique et biologique. On parle ainsi de la faune de la mangrove, de mangrove à marais,
voire sol de mangrove. Après avoir considéré la mangrove comme une formation végétale
côtière, la FAO englobe dans l’acception l'ensemble de l'écosystème colonisé par cette
végétation.
Une autre définition de Cormier-Salem (2004), permet de constater que, la mangrove désigne
au sens strict les formations végétales de certaines plaines littorales en régions tropicales, dont
les palétuviers sont les espèces dominantes. Au sens large, elles désignent les vasières
intertidales de la zone intertropicale, colonisées par les forêts de palétuviers. Au sens encore
plus large, ce sont des espaces amphibies entre terre et mer, singuliers (car spécifiques aux
zones intertropicales et encore mal connus), mouvants dans le temps et l’espace et complexes
(multifonctionnels, pluri ressources, multi usages).

A travers ces définitions, l’on constate que le terme mangrove est analysé en fonction des
paramètres tels que le climat, la topographie ou la géomorphologie, et l’écosystème ce qui
revient à considérer une acception holistique d’un écosystème côtier particulier à cause des
fluctuations de la marrée qui est à l’origine de sa végétation particulièrement adaptée au
milieu.
Toutefois la différence entre les palétuviers et la mangrove réside dans le fait que le palétuvier
est la forêt des mangroves ; il regroupe l’ensemble de la famille des plantes alors que le terme
mangrove peut englober en même temps l’espèce végétale et les autres composantes de
l’écosystème.
On voit donc que les questions de recherche et les objectifs de gestion dépendent de la
définition de la mangrove. Dans cette étude l’accent sera mis sur la mangrove en tant que
ressource végétale porteuse d’enjeux socio économique et environnemental parce que
perturbée par les variabilités climatiques.

1.3. Sécheresse et dégradation


1.3.1. Sécheresse
La sécheresse se traduit par un manque d’eau ; mais il faut que celle-ci soit ressentie comme
telle, et que ce manque se produise au moment des besoins. Elle est définie en tenant compte
des paramètres tels que les besoins des usagers, la variabilité propre aux éléments constituants
la ressource (SIRCOULON J, 1989).6
6
In BEST B. et al. (1989): Les hommes face aux Sécheresses, p409.
Ainsi on parle de sécheresse hydrologique si l’on choisit le total pluviométrique annuel
comme indicateur de la sécheresse en zone tropicale, l’année sera considérée comme sèche du
point de vue climatique si ce total pluviométrique est en dessous de la normale d’un certain
pourcentage.

Parallèlement, il peut y avoir de sécheresse du point de vue hydrologique, si les averses n’ont
pas été très concentrées au cours de la saison des pluies, le ruissellement ne pourra pas être
important. Face à cette situation, il est probable que sur le plan agronomique les cultures
pluviales auront souffert d’un déficit d’eau momentané. La représentation de la sécheresse par
des critères quantitatifs comme le total pluviométrique annuel, le volume écoulé annuel, etc.
… est un moyen commode pouvant parfois donner un aspect spectaculaire au déficit par
rapport à la normale, mais qui reste insuffisant.

Toutefois il est intéressant de rappeler que la sécheresse sous toutes ses formes, contribue à
une dégradation des sols et une réduction du couvert végétal comme celle ci s’est produite au
Sénégal dans un cadre et sur une petite échelle à Joal-Fadiouth. On établit ainsi un rapport
entre la sécheresse et la dégradation. Cette dernière est définie en fonctions des paramètres.

1.3.2. Dégradation
La dégradation est une des conséquences de la sécheresse ; elle affecte les terres par la perte
des propriétés physico-chimiques des sols quelque soit l’isohyète. Dans le Dictionnaire des
sciences de l’environnement (PARENT, 1990), on distingue une dégradation au sens
pédologique qui signifie un stade d’évolution d’un sol caractérisé par une diminution de la
qualité d’un caractère du sol, acidification, baisse de fertilisation, ou altération du sol lui-
même ; dans un sens écologique, elle signifie altération de l’état de l’environnement ; en
géomorphologie : effritement des falaises des terrasses des lits des cours, etc. sous l’action des
agents atmosphériques.

La dégradation des sols s’est manifestée au niveau de Joal-Fadiouth. Elle est perceptible à
travers l’apparition des tannes qui sont des surfaces dénudées. Ce qui fait que les populations
sont obligées de développer des stratégies adaptatives pour le maintien de la mangrove.

1.4. Stratégie ou procédure de la restauration


La stratégie est l’art de coordonner l’action d’ensemble des forces de la population pour gérer
une crise. Elle fait appel à un ensemble de moyen pour surmonter les contraintes. Ces moyens
pouvant être leur capacité, leur volonté, leur sens de l’anticipation, la mobilisation des
potentialités. Elle consiste à la définition d’actions cohérentes intervenant selon une logique
successive pour atteindre un objectif.

Avec le contexte actuel de dégradation des mangroves, le terme stratégie prend une
orientation beaucoup plus adaptative. En effet la sécheresse est un risque climatique dont
l’intervention humaine ne peut pas modifier au diminuer l’ampleur. Son intervention réside
dans l’adaptation aux désastres causés. Dés lors les stratégies élaborées à Joal-Fadiouth
concourent à la restauration de la mangrove et elles tournent principalement autour de la mise
en œuvre des plans de reboisement et de protection pour la restauration. Ainsi, elles font appel
à une procédure qui regroupe la sensibilisation de la population, l’éducation
environnementale, la formation, le renforcement des capacités, l’assainissement, le
reboisement, le suivi et la protection.

Concept Dimensions Indicateurs


Sensibilisation et organisation -Les couches sensibilisées
-L’effet de la sensibilisation sur
les comportements de la
population à l’environnement.
-Participation au diagnostique et à
Stratégie la planification.

Renforcement des capacités -Contenu de la formation


(formation et financement) -Qualité de la formation
-Maîtrise de la formation.
-Montant du financement
-Utilité du financement
-Apport dans l’amélioration des
conditions de vies

Tableau n°2 : la notion de stratégie


Source : Diallo Khadidiatou (2006/2007).

2. Opérationnalisation des concepts


Les termes qui articulent notre thème de recherche ne seront efficaces que s’ils permettent la
bonne compréhension du sujet. La dégradation des palétuviers de Joal-Fadiouth est comprise
à travers cette étude comme un stade de perturbation des ressources (les sols y compris) qui
ont un impact plus ou moins direct sur les espèces végétales. La dégradation affecte les
propriétés physico-chimiques du sol qui se traduisent sur l’évolution des plantes. Autrement
dit c’est la résultante des sécheresses en terme de variabilité climatique, de besoin en eau des
plantes et de périodicité de la sécheresse.

Face à ce problème, les populations adoptent des stratégies de restauration, c'est-à-dire des
dispositifs (institutionnels et autres) accompagnés de ressources humaines, financières,
matérielles et intellectuelles mis en valeur en vue de maintenir les conditions initiales qui
étaient prétendues favorables. Un tel objectif peut être réalisé avec une gestion intégrée qui
vient accompagner la régénération naturelle des plantes.

2.1. Le modèle d’analyse conceptuelle


De la dégradation aux stratégies adaptatives de restauration

Figure n°2 : Modèle d’analyse conceptuelle

2.2. Explication du schéma


La figure n°2 montre un processus qui a abouti à la dégradation des palétuviers au niveau de
Joal-Fadiouth. Il y a d’abord des facteurs physiques qui sont à l’origine de la dégradation des
mangroves. En effet la sécheresse qui se traduit par un déficit pluviométrique a des
conséquences sur le système hydrologique notamment avec l’absence d’apports en eau douce
au niveau de la mer, ce qui favorise une avancée de la mer sur la haute slikke, une sursalure
des terres qui affecte les végétations. Parallèlement au niveau des nappes phréatiques il s’y
passe un abaissement des eaux souterraines et une acidification des sols. Ce qui a des
conséquences sur la mangrove.

De l’autre côté il y a des facteurs anthropiques qui exacerbent la destruction des mangroves.
En effet l’urbanisation, l’usage abusif des ressources de la mangrove participent aussi à la
dégradation de la ressource. Face à cette situation les populations de Joal-Fadiouth ont mis en
œuvre des stratégies de restauration.

Conclusion partielle
A travers ce deuxième chapitre qui avait trait à la définition et à l’opérationnalisation des
concepts on peut retenir que la lagune de Joal-Fadiouth appartient à l’estuaire du même nom.
La mangrove qui désigne plus ici les espèces végétales, n’est représentée que par quatre
espèces d’où une faible phytobiodiversité. Le modèle d’analyse conceptuel traduit un
processus qui va de la dégradation des mangroves liée à deux sortes de causes aux stratégies
et méthodes adoptées pour la restauration de l’écosystème.
Etant donné que les termes du sujet sont expliqués, il convient à présent d’élaborer les
procédés qui nous ont permis d’obtenir les informations. Ce dernier chapitre de cette première
partie est le cadre méthodologique.

Chapitre 3 : Cadre méthodologique


Les travaux d’étude et de recherche obéissent à des procédures qui se regroupent sous le
terme de méthodologie ; celle-ci, diffère en fonction des thèmes de recherche. Pour la
présente étude la méthodologie regroupe la revue documentaire, la synthèse bibliographique,
la collecte d’information sur le terrain, le traitement et l’analyse des données.
1. La revue documentaire
La revue documentaire s’est faite au niveau des bibliothèques universitaires, des centres de
documentations et des structures de recherche. L’objectif de cette initiation était d’avoir des
informations sur l’état actuel de la production scientifique relative à la zone et à notre au
thème d’étude. Pour cela nous avons effectué des recherches au niveau de :
La bibliothèque de l’Université Gaston Berger de Saint Louis (B.U.G.B.) et d’autres centres
de recherche de l’université tel que le centre de documentation de l’UFR de Lettres et
Sciences Humaines, le centre de documentation de GIRADEL. Nous avons également réalisé
nos recherches dans le centre de documentation de l’Agence Universitaire Francophone
(AUF) où nous avons pu consulter des magazines comme La Recherche, La Sécheresse etc.

La recherche s’est poursuivie avec de nouveaux objectifs que sont : l’élaboration de la


problématique et la recherche des connaissances relatives à notre sujet. Outre la B.U.G.B.,
nous avons effectué des recherches au niveau de la bibliothèque centrale de l’Université
Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) où on a pu trouver d’autres ouvrages de référence et
des thèses d’étude. On peut citer des thèses comme celle de DIOP E. S. (1986) ; KALY
J.F.L., (2001) ; DACOSTA H., (2003). Parallèlement nous avons visité d’autres centres de
documentation tels que l’Institut des Sciences de la Terre/l’Environnement ex BRGM.
Nous avons continué dans la même lancée avec la collecte des informations en visitant
d’autres structures de recherche telles que : UNIVAL, CSE CODESRIA, IRD ex ORSTOM.
Ainsi les informations obtenues au cours des recherches nous ont permis de procéder à la
synthèse bibliographique.
1.1. La synthèse bibliographique
La synthèse bibliographique a été l’occasion de passer en revue les ouvrages qui ont pour
objet l’étude de la mangrove et d’en faire une synthèse. Par rapport à cela on note une
pluralité d’approche dont les plus pertinentes à notre niveau sont : l’approche éthologique, la
physiologie, géomorphologique, les particularités biologiques, la zonation en fonction des
conditions du milieu, leur productivité par chute des feuilles, et la succession des espèces.
CONAND Chantal (1974) dans Environnement en milieu tropical (1994), commence par
une définition de la mangrove en fonction de la végétation, de ses différents compartiments et
de sa productivité. La répartition des mangroves peut être étudiée à différentes échelles
spatiales et temporelles. Les échelles spatiales sont de trois types : globale, régionale et local.
A chaque échelle, les conditions environnementales prépondérantes peuvent dépendre du
climat, de la géomorphologie, et/ou de la pédologie.
A l’échelle globale, la mangrove est généralement liée aux conditions thermiques de l’air et
aux précipitations (Blasco, 1984). Les minima thermiques ont une influence nette sur la
germination des palétuviers. Les précipitations sont le facteur principal de leur physionomie ;
elles sont responsables de la zonation dans la zone de contact avec l’arrière mangrove. Ainsi
en climat humide, les sols sont constamment lavés par les pluies, alors qu’en climat semi-
aride à saisons marquées, l’évaporation entre les fortes marées, entraîne une hypersalinité et
une stérilité des sols.
A l’échelle régionale, l’approche est affinée par l’évaluation de l’aridité. Blasco a présenté
une répartition mondiale des mangroves en utilisant la valeur du rapport des précipitations
annuelles (P), sur l’évapotranspiration (Etp), calculée d’après la formule de Penman. Il
apparaît que 90% des mangroves se situent dans les zones chaudes humides à hivers doux.
Par rapport à la physiologie les différentes espèces présentent de remarquables adaptations
physiologiques : racines aériennes, racines aérifères, ou pneumatophores, glandes à sel,
capacité de régulation de la pression osmotique et viviparité. Elles permettent de supporter les
variations de salinité, de s’implanter et grandir dans de la vase anaérobie.
Jaime R. Cantera et Patrick M. Arnaud (Etude des écosystèmes de mangrove en Afrique et en
Amérique Latine)7 sont largement revenus sur les conditions d’adaptation des mangroves.

Ainsi la première adaptation caractérisant les mangroves concerne leur aptitude à coloniser
des substrats instables grâce à des racines aériennes en "arceaux", à des racines sub-
superficielles disposées radialement par rapport au tronc, et à des racines en contreforts. La
deuxième adaptation leur permet d’occuper des substrats anaérobiques ou très pauvres en
oxygène, grâce à de nombreuses lenticelles sur les troncs et racines, ou à la présence de
pneumatophores ou prolongations des racines qui émergent perpendiculairement de la vase et
qui permettent les échanges gazeux avec l’atmosphère pendant la marée basse. La troisième
adaptation est l’aptitude à coloniser les milieux salés grâce à une haute tolérance à des
concentrations élevées d sel dans la sève ; à la sécrétion active de sels par les racines ou les
feuilles et à la sécrétion passive des sels qui s’accumulent dans les feuilles avant leur chute.
7
In DIOP E. S (1997) 349p.
Certaines espèces peuvent bloquer l’entrée des sels au niveau des membranes cellulaires des
racines grâce à la forte pression osmotique de la sève. La dernière adaptation est la capacité de
reproduction par des embryons par des embryons dotés de chambres à air permettant aux
mangroves d’assurer leur multiplication et leur dispersion par flottaison.

Les approches géomorphologiques sont nécessaires pour comprendre la répartition


(GUILCHER, 1989). En effet les mangroves se développent dans le domaine intertidal où les
phénomènes hydrologiques déterminants son les vagues, les marrées, les régimes des cours
d’eau. De leur interaction dépend le mouvement des sédiments (érosion, dépôt, ou relative
stabilité) qui détermine à son tour l’évolution des mangroves.
L’analyse du rôle des substrats était apportée par l’approche pédologique. Ces sols inondés et
salés présentent des caractéristiques essentielles à la compréhension de la physiologie des
espèces et de la productivité globale. Elles concernent la texture, la granulométrie, la diffusion
réduite de l’oxygène qui entraîne, l’anaérobiose, enfin les particularités des cycles du souffre
et des éléments nutritifs (phosphore et azote).

Nous avons outre la présentation de l’environnement général de la mangrove des études


centrées au niveau régional et local.
Au niveau régional les travaux de DIOP E.S. au niveau des littoraux d’Afrique de l’Ouest en
prenant l’exemple du Sénégal. Après une présentation géomorphologique ; des conclusions
ont étés proposées quant à la gestion à long terme. Parmi les actions de réhabilitation et de
sauvegarde des zones humides continentales et littorales et du milieu marin, on peut citer
entre autres: les mesures de protection des littoraux contre l’érosion côtière, principalement
réalisées sur certains sites les plus menaces: Rufisque, Dakar, Saint-Louis; les actions de
reboisement entreprises sur toute la Côte Nord, de Dakar a Saint-Louis, afin de stabiliser les
dunes littorales et de remédier a leur avancée frontale sur le continent (conséquences de
l’ensevelissement des cuvettes maraîchères des Niayes); la création de plusieurs parcs
nationaux et réserves de la biosphère le long du littoral (Langue de Barbarie, réserve de
Gueumbeul, estuaires du Bas Saloum et de la Basse Casamance…); l’expérience de la
recolonisation des tannes herbus dans le Sine Saloum.
Au niveau local nous avons les études de KALY (2001) et celle de DIEDHIOU (2008-2009)
L’étude de DIEDHIOU a été menée dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum et au
niveau de la lagune de la Somone. Elle a pour but de contribuer à l’amélioration des
approches et techniques de reboisement de la mangrove. L’inventaire des plantations de
Rhizophora sp et Avicennia africana a permis d’analyser et d’interpréter leur l’état de
réussite en considérant les paramètres tant quantitatifs que qualitatifs. Le traitement et
l’analyse des données collectées ont permis de dégager les facteurs explicatifs de l’état des
plantations et d’identifier les conditions optimales pour la réussite d’un reboisement de
mangrove. Les facteurs explicatifs de la réussite d’une plantation sont essentiellement la
nature du substrat et la technique de plantation. Les sols sablo-argileux ont aussi été identifiés
comme les meilleures stations écologiques pour le reboisement de la mangrove avec
Rhizophora sp et Avicennia africana
Les travaux de KALY (2001) ont fait état d’une mise en évidence des enjeux socio
économiques de la mangrove à travers leur productivité. A travers une présentation
géomorphologique et climatique de la Petite Côte et son rapport avec la dégradation de la
mangrove, il décrit la typologie du milieu caractérisée par les mangroves tannes et tannes
herbues, bolons.
Les autres parties de l’étude sont consacrées à la dégradation, ses facteurs et les conséquences
de l’urbanisation et finalement des recommandations pour la gestion des mangroves.
En résumé, la synthèse bibliographique a permis d’avoir des connaissances importantes sur la
mangrove en général et celle du Sénégal en particulier et surtout celle de Delta du Saloum.
Elle a néanmoins facilité la compréhension de l’éthologie des mangroves, leur répartition dans
le littoral, et des orientations pour sa gestion dans le long terme.

Il y a cependant lieu de constater que : notre zone d’étude, Joal-Fadiouth, est peu concernée
par ces travaux, ce qui traduit un manque d’information relatif au milieu. Il y a donc une
nécessité de pousser la recherche avec la collecte des données du terrain.

2. L’étude terrain
L’activité de terrain est importante dans la mesure où il y a des structures et des personnes
chargées de la gestion des mangroves. Les méthodes de collectes d’information se regroupent
autour de : la collecte proprement dite, de l’interview, l’enquête par échantillonnage.
2.1. Les structures visitées à Joal-Fadiouth
La station météorologique de Mbour qui abrite l’IRD ex ORSTOM.
Le service régional de pêche de Thiès à Joal-Fadiouth.
L’AMP de Joal-Fadiouth.
Le centre social Fuenlabrada le siège de l’association fédératrice des GIE et GPF
Il faut préciser que les données que nous avons obtenues à travers ces structures et services
techniques traitent seulement de l’état de la mangrove. À cet effet les informations obtenues
sont la surface de la mangrove, sa cartographie, les facteurs de sa dégradation et les données
climatiques. Il est donc nécessaire de questionner la population et surtout les acteurs
directement concernés par la restauration. Cette étape est réalisée avec les interviews.
2.2. Les interviews
Les personnes concernées par nos interviews sont: Anna Ndjilar NDIAYE présidente GIE
Femme et Coquillage. Abdoul Karim SALL qui représente Océanium dans cette zone.
Babacar FAYE un conseiller au ministère de la jeunesse, chargé de la mobilisation des jeunes
pour les actions citoyennes. Cyprien SENE dit Ibrahima Sylla responsable de la mangrove à
Fadiouth, collaborateur des HCLM de Fadiouth. Khatary MBAYE, il est l’un des initiateurs
du projet. Marie Madeleine Diouf, présente du GIE Fata Ndébane. Pierre DIOH, adjoint au
maire de Joal-Fadouth et Yama NDIAYE présidente de DynFemme.

Nous avons formulé des questions en fonctions des hypothèses, de nos questions et objectifs
de recherche. Quelques on utilise l’interview semi structurée comme c’est le cas avec A K
SALL, parfois on utilise le questionnaire se réalise spontanément.

Les questions tournent autour de trois aspects: d’abord sur l’état actuel de la mangrove,
notamment la dégradation et ses différentes causes ; ensuite la gestion actuelle et antérieure de
la mangrove et les fonctions de celle-ci ; enfin le troisième série de questions porte sur les
stratégies de restauration, comment s’organisent les acteurs pour restaurer la mangrove.

Ces informations sont traitées et utilisée dans le cadre de la deuxième partie qui concerne la
présentation des résultats. Ainsi le traitement des données sera l’occasion de montrer la
démarche adoptée et les difficultés rencontrées.

Récapitulation du déroulement de la recherche


Mois Activités Lieux Objectifs et réalisations

1. Imprégnation sur le Déroulement et la


Août Documentation UGB procédure d’un TER.
(centres doc. , B.U.) 2. Choix de sujet

1. Imprégnation sur le Déroulement et la


Septembre Documentation UCAD procédure d’un TER.
2. Choix de sujet

UGB 1. Recherche sur l’objet et le domaine


Octobre Documentation (centres doc. , B.U. , AUF) d’étude.
2. Elaboration d’une problématique

Novembre Documentation UGB Elaboration d’une problématique

Documentation UCAD Elaboration du cadre théorique (première


Décembre (BRGM, ISE, BU, UCAD) partie)

Janvier Documentation sur des organismes de recherche (UNIVAL, Acquisition de données quantitatives
CSE, CODESRIA, à Dakar) (données et des cartes)

Février

Mars Rédaction Fin du cadre théorique


(première partie)

Rédaction AMP de Joal-Fadiouth, Service régional de Avoir des données sur l’état de la
e
Avril 1 phase du travail pêche, KARIM /OCEANIUM mangrove.
de terrain. Centre social Fuenlabrada Faire des enquêtes relatives aux stratégies
de restauration.

Mai Rédaction

2e phase du travail IRD ex ORSTOM à Mbour.


de terrain GIE : Fata Ndébane, Femmes et Coquillage,
Mairie de Joal-Fadiouth, Cyprien SENE, Avoir des données climatiques et
Centre social Fuenlabrada pluviométriques.
Juin Sites reboisés à Joal et Fadiouth Avoir la toponymie des sites reboisés.
Prises de photos pour illustrations

Traitement et
analyse des Structuration des données sous forme de
données UGB résultats

Juillet Soutenance UGB Présentation des résultats de la recherche

Tableau n°3 : Programme et organisation de la recherche

3. Démarche adoptée dans le traitement et l’analyse des données


La démarche à adopter dans cette étude est étroitement liée aux objectifs qu’on s’est fixés.
Cela signifie que la compréhension des facteurs de dégradation de la mangrove n’est pas le
but de travail d’étude et de recherche mais un passage incontournable vers le vrai objectif qui
est l’analyse des stratégies de restauration. De ce fait on privilégie plus la présentation des
résultats liés à la restauration que la cartographie de la dégradation. Ce qui ne nous a pas
empêché concevoir la carte de l’occupation du sol et la carte des mangroves.

3.1. Traitement de données :


Le traitement de données relatif à la cartographie s’est fait avec l’utilisation des logiciels
Google Earth et Arc View. A travers un découpage de l’image avec Google Earth, nous avons
procédé par la reconnaissance des différentes entités spatiales, pour faire leur matérialisation
sous Arc View.
Par rapport aux autres types de données qui ne sont pas cartographiques, les résultats se
présentent sous deux formes : il y a des informations qualitatives relevant des interviews et
questionnaire pour recueillir la perception de la population locale sur la mangrove et les
stratégies de restauration ; l’information quantitative quant à elle constitue les données
relatives à la restauration. Leur traitement s’est fait sous forme d’intégration d’information
provenant principalement de A. K. SALL, Marie M. DIOUF, HCLMF/Cyprien. Nous avons
confectionné des tableaux où figurent ces trois acteurs, la surface qu’ils ont reboisée,
l’espacement entre les propagules, le nombre de propagules, montant des dépenses liées au
paiement par sac de propagule. Ce calcul nous permet non seulement d’avoir la surface totale
reboisée à Joal Fadiouth, mais aussi de savoir la gestion du financement des acteurs.
Cela n’est possible qu’avec la recherche sur le terrain qui ne s’est pas réalisée sans difficultés
rencontrées.
3.2. Difficultés rencontrées
Des difficultés sont survenues au cours de ce travail d’étude et de recherche. La première est
liée au manque d’informations relatives à notre sujet d’étude. Mis à part la documentation
ancienne qui traite des îles du Saloum et de la Casamance, peu d’ouvrage parle de la
mangrove de Joal-Fadiouth. Donc il nous faut actualiser les informations et ressortir celles qui
ont trait à la zone d’étude. Ce qui a valu des déplacements jusqu’à Dakar notamment à la
bibliothèque centrale l’université. Il y a aussi une réticence voire une méfiance des structure
et services techniques concernant la distribution des données telles que les cartes et les
données climatiques et pluviométriques. Il y a une procédure fastidieuse qui traduisait une
certaine lenteur au point de renoncer à la requête. L’éloignement de la zone ne favorise pas
beaucoup de visite de terrain. En effet la distance Saint Louis et Joal-Fadiouth fait de plus de
300 Km, ce qui ne facilite pas les déplacements d’autant plus que les moyens financiers font
défaut. En outre il y a un manque formalisme des GIE dans la gestion de leurs données. Ce
qui a causé des difficultés dans le traitement des données.
Conclusion partielle
La méthodologie ou historique de la documentation explique la procédure qui a abouti à la
réalisation de ce TER. Nous avons trois types d’informations recueillies de trois manières : la
première partie dont sa recherche est effectuée au niveau des bibliothèques et centre de
documentation, l’état du milieu qui a suscité la visite des structures et services techniques qui
sont sur le terrain et enfin les éléments pour les stratégies de restauration qui ont découlé des
interviews et enquêtes. Ce qui a révélé la nécessité pour nous de descendre sur le terrain.
Conclusion de la première partie
Par ailleurs, la méthodologie vient aussi boucler la première partie de l’étude qui traitait du
cadre théorique, opératoire, ceux sont des chapitres qui aident certes à la compréhension du
sujet, mais l’étude approfondie réside dans l’analyse des autres parties car elles traitent de
l’état de la mangrove et des stratégies de restauration. La deuxième partie prendra en charge
ces questions.
Deuxième partie
De la dégradation des mangroves aux
stratégies adaptatives de restauration
Introduction
Quand on parle de dégradation de la mangrove, il y a un certain nombre de mécanismes qui
entrent en jeu. Ils font appel aux causes qui ont abouti à la mortalité, à la réduction de la
surface occupée par la mangrove ou par l’absence de régénération naturelle. Si on admet pour
l’instant que le déficit pluviométrique est incriminé, l’action humaine doit aussi être prise en
compte. De ce fait il y a des causes physiques et d’autres anthropiques dont leur manifestation
permettent de connaître l’ampleur de la dégradation.
Il ressort de cette situation l’adoption des stratégies adaptatives pour la protection et la
restauration de la ressource.
Cette deuxième partie traite des questions relatives à l’étude de la dégradation des mangroves
dans la lagune de Joal-Fadiouth et les stratégies de restauration. Elle s’organise autour de trois
chapitres qui sont intitulés respectivement : étude de la dégradation de Joal-Fadiouth ;
fonctions de la mangrove et son importance à Joal-Fadiouth ; études des stratégies de
restauration de Joal-Fadiouth.

Chapitre1 : Etude de la dégradation de la mangrove de Joal-Fadiouth

La mangrove de Joal-Fadiouth s’est développée dans des conditions particulières que sont: la
teneur en sel de l’eau et du sol, la nature de son substrat, etc. Il y a cependant des facteurs de
dégradation qui perturbent l’équilibre de l’écosystème. Ce sont les causes physiques et celles
anthropiques. L’ampleur des perturbations s’évalue à travers les manifestations sur le recul du
couvert végétal, l’apparition des tannes accompagnée d’une salinité des terres voire même une
acidification. Ce chapitre portera sur les causes de la dégradation des mangroves de Joal-
Fadiouth et leur manifestation.
1. Les causes de la dégradation
Elles se répartissent en causes physiques et anthropiques.
1.1. Les causes physiques
Les causes physiques se résument dans le déficit pluviométrique qui est à l’origine des autres
conséquences néfastes sur la mangrove. Il y a néanmoins une part attribuable à l’histoire
géomorphologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth.
1.1.1. Le système hydrologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth depuis le
Quaternaire
Le Quaternaire a joué un rôle essentiel dans la compréhension de l’évolution de la mangrove
au Sénégal en général et Joal-Fadiouth en particulier. C’est une période est marquée par des
épisodes morphoclimatiques arides et humides successifs. La transgression Nouakchottienne
(12000 – 4000 ans BP) : dont le maximum est atteint vers 5500 ans BP. , correspond avec le
plus haut niveau de la mer. Celle-ci pénètre dans les zones déprimées du Saloum jusque
dans les rias des deux Guinées et bien au delà ; elle a donc envahi Joal-Fadiouth (SENE
et Al. 2008)8: ces zones se présentent alors sous forme de golfes largement ouverts sur
l'océan.
La sédimentation qui était jusqu'à 4500 BP. marine, est relayée par une sédimentation de
type lagunaire à partir de 4200 B.P. (M. SALL, 1982) et après la fermeture des golfes
par des cordons littoraux successifs. Un développement en lagunes s'effectue parallèlement
avec des dépôts de vases épaisses, de couleur grise ou noire, plus ou moins argileuses
qui colmatent petit à petit les milieux estuariens. (ASEQUA, INQUA, 1986).
L'adjonction des cordons sableux, minces et discontinus et le comblement des lagunes
entre les cordons, sont à l'origine de la formation des groupes d'îles et de mangrove des
zones estuariennes du Saloum, de la Casamance, et de Jaol-Fadiouth.
La lagune de Joal-Fadiouth est alimentée par des écoulements continentaux intermittents de
type saisonnier dont le seul cours d’eau qui l’alimente de manière permanente est le marigot
de Mbissel. En effet, il doit sa pérennité essentiellement à son origine, c'est-à-dire sa source
qui ne provient pas d’une zone directement en amont du système de Joal mais du fleuve Sine
situé à plus d’une dizaine de kilomètres appartenant au système du Saloum. Les principaux

8
In MICHEL, P. (1973), DIOP E.S., (1978) et SALL M., (1982).
cours sont les rivières de Mbissel, de Joal (Mama-Ngueth) et de Ndiémane. Elle est aussi
parcourue par un réseau de petits cours d’eau s’écoulant vers l’ouest. Le marigot de Joal est
un petit talweg venant des environs de Mbodiène, de direction nord-sud, pour se jeter dans la
lagune du même nom. Le marigot de Mbissel, localisé dans la partie sud-est du marigot de
Joal, est envahi par la mer jusqu’au village de Fadial, à l’est de Joal. Ces deux marigots se
subdivisent en un réseau de chenaux dans la lagune de Joal qui est reliée au système du
Saloum par le marigot de NDiass envahi par la mer lors des marées dynamiques.
Cela entraîne des remontées d’eaux salées jusqu’au niveau des marigots, un phénomène, qui
résulte aussi de la faiblesse de la topographie aux abords de l’océan.
Cependant, durant la période subactuelle et actuelle, l'aridification croissante dans les
estuaires du Nord : Saloum et environnants tend à figer la morphologie et même à
inverser le fonctionnement des estuaires les plus septentrionaux (Joal-Fadiouth); alors que
les conditions de sédimentation, nettement favorisées dans le Sud (les deux Guinées) se
poursuivent de nos jours ; cela est lié principalement au climat plus humide. (FAURE H
et al. 1976, MICHEL P, 1977).
L'évolution climatique à la même époque provoque l'apparition d'un climat sec qui
conduit la dernière transformation importante du paysage avec l'apparition du faciès
tanne à l'arrière des mangroves et donc par là la dégradation, la mortalité et l’absence de
régénération des mangroves.
Toutefois la dégradation de la mangrove est explicable par une cause récente dont les
conséquences sont plus perceptibles : c’est le déficit pluviométrique.
1.1.2. Déficit pluviométrique
L’étude de l’évolution de la mangrove a permis d’identifier trois (3) zones majeures ; les
résultats indiqués à la Figure n°3. Une zone septentrionale A (ou mangrove de Joal), séparée
de la zone de B par la piste de Fadial ; une zone centrale B (ou mangrove des cimetières) qui
correspond à la zone des amas coquilliers de Diotio, Facao et Fassanda : et une zone C (ou
mangrove de Fadiouth) au sud de la zone B dont elle est séparée par le chenal de Dioto.
L’analyse de cette dynamique entre 1954 et 1997 met en évidence une tendance générale à la
baisse des superficies occupées par la mangrove. Ainsi, entre 1954 et 1997, on note une
évolution de la surface occupée allant de 424,7195 ha à 403,2649 soit un recul de 21,46 ha. La
mangrove de Fadiouth (Zone C) suit la même évolution avec 19,19 ha de mangrove perdue
entre 1954 et 1997.
Aussi la période de 1978 à 1997 est marquée par une baisse généralisée des surfaces dans les
trois zones. Cette baisse met en évidence le degré élevé des perturbations de la mangrove du
fait de conditions climatiques défavorables. Dans cette évolution, la variabilité climatique, en
particulier pluviométrique, a été largement responsable de la diminution de la mangrove suite
à la sécheresse de 1970. Cette évolution climatique défavorable met en évidence la fragilité
de l’environnement lagunaire.
350
425
300
420
250
415
200
410 1954 1954
1978 150 1978
405
1997 100 1997
400
50
395
0
390 Zone A Zone B Zone C
Superficie totale (ha) (ha) (ha) (ha)

Figure nº3. Evolution de la superficie totale et celle des zones pour la période de 1954 à1997.

Cependant les mangroves de Joal (Zone A) et des cimetières (Zone B) connaissent une
augmentation des superficies : de 1954 à 1978 la zone A, a évolué de 34,4682 ha à 35,1525 ha
soit une augmentation de 0,68 ha et pour la zone B elle augmente de 51,4868 ha à 62,3377 ha
soit une progression de 10,85 ha. Cette augmentation de surface est liée, par le fait que cette
zone, parsemée d’amas coquilliers, est un véritable sanctuaire, qui est sujet des considérations
cultuelles.

Par ailleurs, il y a une apparition progressive de la mangrove entre 1988 et 2005, apparition
spatialement localisée en bordure des bolongs. La reprise de la pluviométrie depuis les années
90 qui a favorisé la réduction de la salinité des eaux de la lagune et la prise de conscience des
populations sur la nécessité de conservation de la mangrove et de ses ressources, ont permis
aujourd’hui un arrêt de la dégradation et une reprise de la régénération de la mangrove.

Toutefois, on peut être amené à croire que cette dégradation est négligeable puisque
concernant certaines parties. Mais si on considère la surface totale dégradée entre 1954 et
1997 (21,46 ha), comparée à la surface régénérée en 1978 la tendance générale donne une
baisse.
Figure n°4 : Cartographie de la mangrove de Joal-Fadiouth par zone, (A. K., 1997).

Celle-ci est exacerbée par l’urbanisation et des actions anthropiques préjudiciables telles que
la coupe de bois, le dépôt d’ordures, etc.
Dès lors, la végétation de mangrove ne peut que reculer au profit d’autres paysages tels que
les tannes.

Mangrove

Prairies

Tannes à efflorescences
Tannes salines
humides

Photo 1 : les conséquences du déficit pluviométrique sur la mangrove dans la lagune de


Joal-Fadiouth

1.2. Les causes anthropiques

1.2.1. L’urbanisation et ses conséquences


La croissance démographique de la commune consécutive aux sécheresses des années 1970 a
favorisé le développement de la pêche artisanale entraînant ainsi des flux continus de migrants
avec comme conséquence une rapide extension spatiale de la commune, marquée par
l’exiguïté de son territoire. En effet, l’extension du cadre de l’habitat de la commune est
considérablement limitée par sa configuration en bordure du littoral aggravée par les bras de
mer qui envahissent son arrière-pays ; les eaux de la lagune lui retirent, sous l’extension des
marées, 65 % de sa superficie. Ainsi, seuls 35 % des terres, soit 1762 ha sur les 5035 ha de la
commune sont propres à l’habitat. Ce manque d’espace est encore plus remarquable à
Fadiouth qui avec ses 14,48 ha de superficie abrite une population présente de 3354 habitants,
soit une densité de 23169 habitants au km2.
L’extension du bâti vers l’arrière pays a un impact considérable sur la régression de la surface
de la mangrove. D’abords la partie ouest est constituée par le littoral, il est donc impossible
d’y avancer en terme de construction, la seule solution avec l’exiguïté de la commune est de
couper les mangroves ou de remblayer les zones déprimées pour la construction. C’est ce que
A. K. SALL parle de «bayy deukk " qui signifie en wolof : défricher pour habiter.
Le remblayage qui se fait avec les déchets domestiques n’est pas sans conséquence néfaste
pour la mangrove : en marrée haute les déchets et sachets plastiques sont mobilisés vers les
racines pour se fixer là bas, ce qui empêche le développement et la croissance de la mangrove.
La mangrove subit également les impacts de la pollution des ordures ménagères et surtout des
sachets plastiques.
1.2.2. Dépôt d’ordures ménagères
Le problème de l’assainissement se pose avec acuité à Joal-Fadiouth. La pollution due aux
ordures est persistante. Joal est souvent envahi par les eaux stagnantes durant la saison des
pluies. Lors des grandes marées, ces ordures atteignent la mangrove par l’intermédiaire des
eaux de ruissellement et par l’inondation occasionnée par la montée des eaux du fleuve. Cette
situation est consécutive à la présence de quelques zones de dépression et de l’imperméabilité
du sol (argile, marne) dans ces endroits. Ces ordures sont visibles parfois dans la mangrove et
en bordure du chenal de Mama Ngueth dans le quartier Mbélénième. Le littoral et les abords
des maisons sont dans un état d’insalubrité quasi permanent. La zone des tannes sert aussi de
décharge publique (FAYE C T, 2010).

En définitive les causes de la dégradation de la mangrove de Joal-Fadiouth font état d’un


changement de conditions au quaternaire notamment avec l’inversion du système
hydrologique. Ensuite la différence entre les conditions morphoclimatiques liées à la salinité
et aussi amplifiée par les effets de la sécheresse des années 1970. Donc il y avait une salinité
qui s’observait autour des systèmes hydrologiques mais qui n’empêchaient cependant pas
l’évolution des mangroves. Finalement avec l’action humaine qui s’est ajoutée à la
9
Selon Pierre Dioh Adjoint au maire de Joal-Fadiouth.
dégradation mangrove, on parle de sursalure, acidification, apparition des tannes qui ne sont
que des manifestations.
2. Les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth
Elles sont le prolongement des conséquences de la sécheresse sur le sol et notamment sur le
couvert végétal.
2.1. La Salinisation et acidification
Il faut rappeler que dans tous les estuaires du Sénégal, la salinisation est surtout d'origine
(ancienne ou actuelle) marine et se caractérise par des inflations de la mer dans une nappe
phréatique littorale qui est douce au départ. La salinisation est un processus d'enrichissement
d'un sol en sels solubles qui aboutit à la formation d'un sol salin (MARIUS C. 1984). Elle est
liée à la dernière transgression marine, qui a laissé des surfaces d'eaux piégées, qui sont
devenues de véritables lagunes (Lagune de Joal-Fadiouth). Des sédiments marins (sources de
remontées salées) ont également été déposés lors de cette transgression.
Cependant cette salinité permettait à la mangrove de s’adapter dans des conditions optimales.
Par la suite de l’inversion du système hydrologique, liée au déficit pluviométrique noté. En
effet la salinité a beaucoup augmenté à cause de la faiblesse des apports d'eau douce pendant
la sécheresse persistante des années 1970. Elle entraîne un accroissement de la pression
osmotique qui rend l'eau plus difficilement mobilisable par les plantes. Les changements se
sont intervenus avec une sursalinité d’où l’apparition des tannes.
2.2. L’apparition des tannes
Selon Turmine V. (2001), les tannes sont considérées comme un marqueur de la dégradation
d’origine anthropique ou naturelle de la végétation de mangrove. La salinisation et ses
conséquences peuvent être étudiées au niveau des tannes et des mangroves ou la végétation
naturelle est soumise à une pression saline qui croit quand la sécheresse est dure.
Celle-ci affecte le sol par remontée capillaire en rendant nocifs les micro-organismes et les
aliments qui sont favorables au développement des plantes.
Photo n° : Tanne à efflorescences saline derrière le chénal de Mama Ngéth (cliché
CAMARA A. Juil. 2011).
C’est un phénomène qui dresse une toxicité de certains ions pour les végétaux. La salinisation
des tannes met en évidence une cause principale d'ordre naturel et une cause aggravante
directement liée à l'action anthropique.

Figure n°5 : Carte de l’occupation du sol de Joal-Fadiouth : emplacement du réseau


hydrographique, des mangroves et des tannes
Conclusion partielle
A travers ce chapitre on peut retenir que : la mangrove de Joal-Fadiouth comme celle des
autres estuaires du Sénégal évolue avec une salinité d’origine marine. Cette salinité bien
qu’ayant subit des perturbations, avec les changements de climats intervenus au Quaternaire,
permettait l’évolution de la mangrove.
C’est la sécheresse des années 1970 et les actions anthropiques qui sont à l’origine de la
dégradation actuelle qui se manifeste par l’acidification et l’apparition des tannes c’est donc le
phénomène de sursalinité.
Ainsi cette dégradation a affecté un écosystème riche en biodiversité, aux fonctions et usages
multiples pour la population riveraine. Cet écosystème est la mangrove de Joal-Fadiouth.
Chapitre2 : Fonctions de la mangrove et son importance à Joal-Fadiouth

La mangrove est l’un des écosystèmes les plus productifs et les plus riches en terme de
biodiversité. Elle remplit des fonctions pour les communautés riveraines en général, dans une
échelle réduite comme la commune de Joal-Fadiouth elle fait partie des sources de revenu
pour les populations.
1. Les fonctions de la mangrove
La mangrove assure les fonctions écologique, socioéconomique et sanitaire
1.1. Fonctions écologiques
La mangrove joue un rôle écologique particulièrement important dans le cadre de la
protection des zones côtières très menacées.
1.1.1. La rétention des sédiments et éléments nutritifs
Les zones à mangrove sont des pièges à sédiments. De part leur situation déprimée,
elles fonctionnent comme de véritables cuvettes de décantation. Le dépôt des sédiments est
facilité par le ralentissement des masses d’eau par les palétuviers.
La mangrove joue également un rôle d’accumulation d’éléments nutritifs. Ces substances
nutritives sont stockées par la végétation ou par le sous-sol. Il s’agit principalement de l’azote
et du phosphore. Ce stockage des éléments minéraux permet non seulement d’améliorer
la qualité de l’eau en empêchant l’eutrophisation, mais sert aussi de base à la production
de nombreuses ressources halieutiques (poissons, crevettes...).
1.1.2 La fonction de brise-vent prévention des inondations
En retenant les eaux de pluie, les palétuviers permettent à l’eau de s’écouler de façon
uniforme. Ces palétuviers jouent ainsi un rôle important d’atténuation des assauts des têtes de
crue (KALY, 2002). De même, le rideau de palétuviers qui borde la côte constitue une sorte
de brise-vent qui protège contre les tempêtes. Ce rideau est d’autant plus efficace avec le
Rhizophora. Ses racines échasses lui donnent une grande souplesse et une grande stabilité,
qui lui permettent de faire face à des vents très forts en atténuant leur violence avant qu’ils
arrivent sur le continent.
1.1.3. La production et exportation de biomasse
En optimisant la production de la matière organique sur place, la mangrove se
présente comme la base de plusieurs chaînes trophiques.
Les feuilles et fragments végétaux qui tombent des palétuviers sont décomposés par des
micro-organismes décomposeurs. Cette décomposition s’accompagne de l’accumulation
d’invertébrés et de micro-organismes tout autour. Cela va ensuite attirer d’autres
espèces détritivores (vers, mollusques, crevettes, crabes, etc.).
La mangrove joue à cet effet un rôle primordial dans la productivité des pêcheries
locales, d’autant plus que de nombreuses espèces y séjournent au moins une partie de leur
cycle ou s’y reproduisent. C’est une zone de frayère pour la multiplication des poissons, des
crevettes et autres micro-organismes elle est l’habitat et le domaine vital pour un plus grand
nombre d’oiseaux limicoles.
Par rapport à l’exportation de la biomasse, les substances nutritives stockées par les
palétuviers pendant la période de croissance sont libérées en saison sèche lorsque les
plantes meurent (KALY, 2002). Elles sont ensuite transportées par les eaux de surface
dans les fleuves et dans les eaux souterraines. Cette exportation de nutriments définit en
partie la valeur des pêcheries locales et côtières. On déduit ainsi la fonction socioéconomique
de la mangrove.
1.2. Fonctions socioéconomiques
Ceux sont les usages que les populations font des ressources. Nous avons entre autres
l’utilisation domestique, celle alimentaire et celles sanitaires.
1.2.1. Utilisations domestiques
Le palétuvier, au bois dur et dense, est l’arbre le plus recherché pour la construction des
maisons pour les populations riveraines. I1 offre un bois idéal pour la fabrication des manches
de marteaux, de pelles, de haches et d’hilaire. Le bois de Rhizophora donne d’excellents
piquets. Le bois de palétuvier est un excellent bois de chauffe. I1 se consume totalement
et une fois allumé, ce bois s’éteint difficilement. Les feuilles de palétuviers séchées et pilées
donnent une poudre qui mélangée a I’eau, est la base de teintures, de vernis ou de
détergents, selon le mode de mixage et de concentration.
1.2.3. Utilité alimentaire
Sur le plan nutritionnel, la mangrove par le biais d’activités telles que la cueillette des divers
fruits de mer : huîtres, murex, symbium, Arches, etc. et la riziculture, apparaît comme une
excellente source de subsistance. Les huîtres, consommées par les populations se
reproduisent dans la mangrove et établissent leurs colonies sur les racines échasses des
palétuviers. Vendues aux marchés, elles sont sources de revenus.
1.2.3. Utilisation sanitaire
Les feuilles jaunes de Rhizophora racemosa repoussées à la berge et en voie de
putréfaction sont pilées et appliquées sur une plaie ouverte. Les feuilles fraîches sont
coupées et attachées à la tête d’un malade qui se plaint de céphalées. Les racines sont utilisées
pour calmer les maux de dents. Les femmes utilisent les feuilles de Rhizophora mangle L.
après I’accouchement. Dans un premier temps, les feuilles sont bouillies et la femme en
couche inhale la vapeur dégagée. Ensuite, les feuilles sont retirées et servent à masser la
même femme. Enfin, elle boit l’infusion pour arrêter I’hémorragie de la délivrance et pour
éliminer les dernières lochies. La partie supérieure des racines de Rhizophora mangle L., non
soumise aux variations du plan d’eau, est utilisée, dans la guérison de certains maux de ventre
et contre les diarrhées.
Par ailleurs la mangrove a d’autres fonctions qui se regroupent sur le tableau suivant :
Tableau n° 5: Les autres des fonctions de la mangrove
Environnement Faune Hommes
Prévention des inondations Habitat Bois
Stabilisation du littoral Reposoir Pêche
Lutte contre l’érosion Frayère Cueillette et chasse
Piégeage et destruction des Abris Artisanat
métaux lourds
Réservoir de sédiments et nidificatio Tourisme et esthétique
d’éléments minéraux n

Source : DIENG S. D. 2006

2. Importance de la mangrove pour les habitants de Joal-Fadiouth


Les populations de Joal-Fadiouth à l’instar de celle du delta du Saloum dépendent fortement
du capital faunique et floral de la mangrove.
2.1. Les espèces fauniques de la lagune
Dans les bras de mer, à marée basse, on trouve des crabes Callinectes dans les filets d’eau
restants. Sur les supports des Greniers sur pilotis et les racines aériennes des palétuviers on
rencontre surtout les crabes de mangroves. Les petits crabes comme les Panopeus, dans la
vase des parcs à huître. On trouve la Tourlourou dans la terre ferme, zones rarement inondées
présence signalée par de nombreux terriers. Les Crabes violonistes sont dans les zones de
balancement des marées, sol vaseux. Les pagures sont, en général, en milieu immergé. Enfin
les cloportes sont très abondants.

Ainsi les ressources fauniques se répartissent en mollusques et crustacés : les mollusques


trouvées sur place sont : Arche, huître des palétuviers, l’arche de Noé, Mélongène noir (tuufa
en Sérère), volute neptune, Cône papillon, volute trompe d’éléphant, Seiche ; pour les
crustacés, les plus remarquées sont : Crabe violoniste, Crabe de mangrove, Tourlourou des
lagunes, Crabe bicorne, Crabe caillou africain, Ocypode pénicillée, Cloportes, LE BERNARD
L’ERMITE.

2.2. Exploitation des ressources de la mangrove

Ces mollusques et crustacés font l’objet d’exploitation à Joal-Fadiouth, du fait de l’existence


d’un marché local profitable à tous les groupes sociaux notamment les femmes. Les sous
produits de ces mollusques (coquillage) viennent étendre l’espace d’habitation. D’ailleurs, la
plupart des îles habitées comme Fadiouth ou même sacrées (Fassanda, Tine Dine etc.) et les
autres amas coquilliers résultent d’une longue période d’exploitation de ces mollusques. Il s’y
ajoute l’exploitation des ressources florale de la mangrove qui occupe une place importante
dans la vie quotidienne des populations locales. En effet, pendant très longtemps, les habitants
de la commune de Joal-Fadiouth ont fortement exploité le bois de mangrove pour satisfaire
les besoins énergétiques pour la consommation domestique et comme bois de service pour la
construction de cases et autres clôtures domestiques (SAMBOU V. et al).

Conclusion partielle
La mangrove est un écosystème riche en biodiversité et à usages multiples. Elle assure parmi
tant d’autre les fonctions de production, de protection, scientifiques, écologiques, de
conservation et culturelles.
Les populations de Joal et de Fadiouth entretiennent d’anciennes relations avec la mangrove,
celles-ci sont marquées par une exploitation des ressources végétales et celles fauniques de la
lagune notamment les crustacés et les mollusques. L’exploitation du bois de Rhizophora est le
résultat des toits des maisons à Joal et celui des combustibles à Fadiouth. Les amas coquilliers
expliquent quant à eux l’exploitation des arches.
Il s’est trouvé que l’état actuel de la mangrove est plutôt marqué par une dégradation et un
constat de raréfaction de ces ressources. De ce fait les enjeux et opportunités qu’elle porte en
son sein et son état de dégradation suscitent des stratégies de restauration pour faire revenir
ces potentialités.

Chapitre3 : Etude de la restauration des mangroves de Joal-Fadiouth

Les conséquences de la sécheresse ont été senties sur la mangrove à travers une diminution
de la surface occupée par celle-ci et l’apparition des tannes. Ce constat de dégradation et celui
d’une raréfaction des ressources sont à l’origine de la mise en œuvre des projets pour la
restauration. Ces projets découlent des initiatives d’un certains nombre d’acteurs qui utilisent
une procédure comprenant l’ensemble des stratégies pour restaurer la mangrove.
1. Les stratégies ou procédures de la restauration
La procédure de restauration, fait appel à un certains nombre de manœuvres qui facilitent les
opérations de reboisement. Mais tout commence d’abord par des initiatives d’où l’importance
de revenir sur la présentation et l’historique de la restauration.
1.1. Historique et présentation des projets de restauration de la mangrove.
1.1.1. Les premières initiatives et motivations
L’idée de la restaurer la mangrove de Joal Fadiouth date des années 1998 avec une initiative
de la direction des Eaux et Forêts qui collaborait avec l’association DynFemme. Elles
intervenaient au niveau du littoral de Joal et de la Flèche Finio dans le reboisement des Filao
et eucalyptus. Cette action s’est orientée vers la mangrove dès suite de deux constats : en
premier lieu on notait un manque de protection et une absence de suivi des plantations car les
animaux les broutaient. L’autre facteur qui semblait être plus attirant était lié au constat de
dégradation des palétuviers. En effet dans la même année, un vent fort avait fait des dégâts sur
les toits des maisons au niveau de Joal 10. Ce qui faisait que la mangrove commençait à perdre
ses fonctions de brise vent d’où le souci de les protéger pour restituer ces fonctions.
Les premiers intervenants étaient les étudiants de la commune, les Scoot Guide Musulman de
Kaolack, la croix rouge de Pikine (Dakar), l’association Dynamique Femme, les Eco-guide.
10
1998, D’après Marie M. Diouf (présidente de Fata Ndébane) et Babacar Faye conseiller au ministère de la
jeunesse, responsable de la mangrove à Joal, collaborateur à DynFemme.
Quatre années plus tard, en 2002, c’est l’implication de Mr SENE actuel responsable de la
mangrove à Fadiouth. L’idée de restaurer la mangrove lui est venue d’un documentaire sur la
mangrove réalisé aux îles du Saloum. En 2006 l’implication du GIE Femme et Coquillage
rend effectif la collaboration entre Cyprien et ce GIE. Ainsi en 2009 c’est au HCLM de
rejoindre la liste des acteurs.

1.1.2. Les acteurs locaux et leurs partenaires


Actuellement les acteurs sont : l’association DynFemme qui est la structure qui regroupe les
GIE et les GPF (Groupement de Promotion Féminine) ils sont plus de 50. Il y a aussi le Fata
Ndébane qui se localise à Joal dans le quartier de Mbélénième. Nous avons aussi Océanium
qui est dirigé par A.K. SALL qui s’active dans toute la Petite Côte. Il collabore avec les
conservateurs de l’AMP. Son siège se trouve dans la même localité que Fata.
Les autres acteurs sont à Fadiouth, il s’agit du GIE Femme et Coquillage qui est à Fadiouth, il
compte 65 membres dont Mr SENE, qui est chargé de la surveillance et de la protection de la
mangrove. Il y a également le HCLM : c’est une association qui regroupe 14 lignées
familiales issues de Fadiouth.
Par rapport au mode de fonctionnement, ces acteurs se répartissent en deux catégories :
certains travaillent avec les bailleurs de fonds, des structures et ONG dont le but est la
protection de l’environnement. Océanium est financé par le groupe DANONE, la DynFemme
avec des partenaires comme Green Sénégal, Ministère de l’Environnement et UICN. Le Fata
Ndébane collabore avec le FEM dans le cadre du PMFEM (Programme de Micro finances du
Fonds pour l’Environnement Mondial). Le HCLM travaille avec le groupe Total Elf avec un
financement tripartite à hauteur de 160 millions de FCFA pour une durée de cinq ans. Le
travail des partenaires est de financer, former et encadrer les acteurs dans la protection de
l’environnement à Joal Fadiouth. Le rôle des conservateurs de l’Aire Marine Protégée (AMP)
dans ce mécanisme de coopération est de surveiller, protéger les ressources de l’aire marine
dont la mangrove est une partie intégrante. 11 Par contre d’autres font de cette activité une
participation bénévole, une contribution gratuite de la préservation de l’environnement et
notamment celui des mangroves. C’est l’exemple de Mr SENE dit Ibrahima Sylla responsable
de la mangrove à Fadiouth, les Eco-guides.
On note toutefois la présence d’autres acteurs qui sont non moins importants ; ils participent
de la même manière dans la restauration des mangroves dans la localité. Ces derniers sont
11
Plan de Gestion de l’AMP de Joal-Fadiouth ,2009/2013.
entre autres Enda Graf, l’UICN, WWF Sénégal ; PEACE CORP ; GIRMaC, et FIBA etc. Il
résulte de ce contexte de restauration de la mangrove, une absence de collaboration entre les
différents acteurs de la mangrove, les partenaires et les autorités locales ; ce qui a suscité la
mise sur pied d’un cadre local de conservation de l’environnement et le développement de
Joal Fadiouth12. Malgré tout, il y a un certain nombre de stratégies ou procédures élaborées
pour restaurer la mangrove.
1.2. Etude des stratégies de la restauration
On définit par stratégie de restauration les procédures qui interviennent jusqu’au reboisement.
Elles sont différentes d’un GIE à un autre. Ceux sont globalement : la recherche de
financement, l’information, la sensibilisation, l’assainissement, la récolte des propagules, le
repiquage, la cartographie et le suivi des plantes.

1.2.1. Mobilisation avant la période du reboisement

Le reboisement se fait en période d’hivernage mais avant cela il y a un travail de mobilisation


entre les acteurs et la population locale. Cette mobilisation des membres des GIE doit être
menée par les responsables des organisations en vue des différentes rencontres entre les
femmes des GIE et les collaborateurs dans la restauration. Au démarrage des activités, il y a
des séances d’information, de sensibilisation et surtout de communication entre les acteurs et
les bailleurs de fonds. C’est l’occasion pour les collaborateurs (FEM, Enda, Total Elf, AMP)
d’informer les femmes sur leur véritable rôle dans la restauration et de subir une formation en
vue de la maîtrise des différentes techniques qui permettent de reboiser la mangrove. Après la
formation, c’est la phase d’acquisition du matériel et des équipements nécessaires pour mener
à bien la restauration. Et ce matériel est constitué de bottes, de gilets de sauvetage, de coupe-
coupe, de décamètre, de seaux, de brouettes, de gans, de pelles et de râteaux. Dans le souci
d’une sensibilisation de toute la commune, les GIE disposent des tee-shirts, des panneaux
publicitaires qu’on retrouve d’ailleurs à l’entrée de la ville et du quartier, des brochures et des
prospectus. De plus, les médias (radio, presse écrite) ont été impliqués par la couverture de
certaines activités notamment la cérémonie de remise du financement du FEM au GIE, et au
niveau de la radio de la commune plusieurs émissions ont été réalisées avec des responsables
du GIE Fata Ndébane et des représentants du FEM à Joal.

Après que les femmes et les responsables d’associations des autres quartiers aient été bien
formés et que l’ensemble de la commune soit sensibilisé, le travail sur le terrain démarre.
12
D’après Babacar Faye.
1.2.2. Assainissement des sites à reboiser

Cette phase commence à partir du mois de Juin, pendant l’hivernage. Les responsables des
groupements des autres quartiers, aidés dans leur tâche par les techniciens du service
d’hygiène, des agents des Eaux et Forêts et du service de pêche de la commune vont s’investir
dans la localisation des zones appropriées au reboisement du rhizophora. Les sites propices
sont généralement les endroits assez profonds ou la vase atteint au minimum les genoux.
Après la localisation des sites, des panneaux de repérage vont être installés en vue de
l’assainissement des sites car il ne faut pas oublier que ce qui a le plus dégrader la mangrove
c’est le fait qu’elle soit envahie par les ordures ménagères. Il est important de noter que
l’assainissement ne concerne que les localités affectées par les ordures ménagères, c’est
pourquoi Fata Ndébane s’active plus dans le nettoyage car le quartier Mbélénième et ses
environs, (la zone des tannes) sont longtemps considérés comme des décharges.

Ainsi après ce travail de délimitation et de nettoyage, les sites sont prêts à accueillir les
propagules en vue d’une restauration de la mangrove.

1.2.3. Récolte et triage des propagules

La propagule ou la plantule et non la graine, c’est le fruit du Rhizophora, qui tombe à


maturité, et par flottaison, va se fixer en bordure pour donner une nouvelle plante. Pour
s’installer dans le milieu, les fruits évoluent de manière particulière. Ils se développent en
germant avant de se détacher de l’arbre. Ils sont détachés du palétuvier pour être plantés sur la
vase, ils donnent à leur tour de nouvelles plantes. En raison du mode de reproduction et par
analogie au monde animal, le palétuvier est vivipare.
C’est en à cela que les propagules sont nécessaires pour le reboisement. Ces derniers doivent
être recherchés et triés avant le reboisement. Ainsi pour chaque opération de recherche de
propagule, il y a la constitution d’une équipe de vingt personnes qui se déplace à bord d’une
pirogue pour la collecte de propagule. Le déplacement en pirogue s’explique par le fait que la
collecte se fait dans des zones reculées (Niodior, Bassoul) qui avaient une mangrove en bon
état comparée à la mangrove de la commune qui ne pouvait pas fournir le nombre de
propagule nécessaire au reboisement du fait de sa forte dégradation. La recherche (en grande
quantité) peut prendre deux jours du fait de la rareté du manque de propagules. Le triage des
propagules se fait en même temps que la collecte car ceux sont seulement les propagules
mûres qui peuvent être utilisés pour le reboisement. Mais ces propagules cueillies doivent être
plantées dans les deux jours qui suivent se cueillette. De ce fait, la phase de recherche et de
triage est immédiatement suivie de celle du reboisement. Ainsi dès que le stock de propagule
s’épuise, une autre opération de recherche est entamée.
Ainsi la disponibilité des propagules permettait la régénération naturelle car la plantule du
Rhizophora, qui tombe à maturité, va flotter, pour se fixer en bordure. C’est en l’absence de
cette régénération que les acteurs reboisent la mangrove.
1.2.4. Le reboisement ou repiquage

Après les travaux préliminaires cités ci-dessus, le reboisement commence. En plus des
spécialistes et des femmes qui ont été formées, les enfants et quelques jeunes du quartier
participent au reboisement. En effet, le reboisement suscite un engouement populaire car c’est
une occasion pour chaque participant de gagner de l’argent (cinq cent francs pour les enfants
et mille francs pour les adultes). Arrivé au niveau des sites déjà délimités et nettoyés, les
propagules qui ont été collectés sont distribuées aux participants qui commencent le
repiquage. Ce travail se fait sous la supervision du spécialiste qui accompagne le groupe car il
faut une distance moyenne entre chaque propagule qui est planté eu vue de leur permettre de
bien pousser.

L’espèce reboisée est le Rhizophora son choix est lié à sa facilité par rapport au Avicennia
qui sont sous forme de graines. Certain comme A.K. SALL utilise le piquetage au mois de
mars, selon lui, les Rhizophora auront suivi. Son choix de l’espacement entre les propagules
est de 2m sur 1m, bien que d’autres comme Fata Ndébane reboisent serré c'est-à-dire 1m sur
0,5m.
Toutefois, la fin de l’hivernage ne signifie pas la fin du travail car après le reboisement il y a
un suivi qui s’opère puisqu’il y a des descentes qui se font chaque mois au niveau des sites
déjà reboisés en vue de contrôler leur évolution. Après le repiquage des propagules des balises
sont installées le long des sites pour permettre aux pêcheurs de pouvoir les éviter et en même
temps de renforcer la visibilité. On protège aussi les propagules contre l’action destructrice de
certains animaux comme les porcs.
Ces stratégies de reboisements ont été à l’origine des résultats dont il conviendra de faire
l’analyse dans la suite de l’étude.
2. Analyse des résultats et des stratégies de la restauration
Cette partie s’intéresse des résultats des reboisements et une étude critique des stratégies
notamment les contraintes et les dysfonctionnements.
2.1. Les zones reboisées et résultats des reboisements
2.1.1. Les zones reboisées
A Joal-Fadiouth, les acteurs ont reboisé plusieurs sites. Les reboisements de DynFemme faits
avec A. K SALL (Océanium) sont à : Mama Ngueth, Ndionm, Mbour dioxan, Ngolna, Tine
Dine (Fadiouth) et aussi vers Fadial. Les reboisements de Fata Ndébane sont faits à :
Mbélénième, la route de Mama Ngueth à gauche, en prolongeant la route de Mama Ngueth
après le site de Fassanda, plus à l’intérieur un autre site sablo argileux à Fassanda. Derrière le
bras de mer de Mbélénième se trouve le site de Kalamack.
Le CSE, Green Sénégal ont contribué à hauteur de 900 millions répartis à 400 millions pour
le port, 400 millions pour la digue antisel (entre Joal Fadiouth, Nguéniène et jusqu’à
Palmarin), un projet soutenu par DynFemme.
Les reboisements de C. SENE sont faits au niveau de : Sédial, du Grenier à mil, Galsandi,
Gohoulou, Locomoudj, Mboudj

Espacement de 2m Espacement de 1m

Photo n° 3 : parcelle reboisée avec espacement de 2mx1m (Cliché : CAMARA A Juil.


2011)

2.1.2. Le résultat des reboisements


En 2005 le GIE DynFemme avait débuté les travaux mais ils n’ont pas abouti. Avec le
financement du PNUD qui a contribué à la formation des femmes dans la protection et la
restauration des mangroves, ce qui donné des résultats satisfaisants pour le GIE.
Le GIE Fata Ndébane a évolué dans sa première année avec le Fond pour l’Environnement
Mondial (FEM).c’était en 2007/2008, ils ont reboisé 10 ha. En 2008/2009 la surface repiquée
a diminué dans sa moitié (5,5ha). Il y avait aussi une diminution des propagules. En
2009/2010, le GIE a repiqué sous fond propre 3ha. L’espacement entre les plantules est de 1m
ou 50cm. D’après le GIE les stratégies mises en place sont efficaces (même si la régénération
est lente). Pour Océanium de A.K. SALL qui a reboisé plus les autres car allant jusqu’aux îles
du Saloum. Pour l’année 2010 seulement il a reboisé 69,707Ha. SENE C. a collaboré avec le
HCLM pour la période de 2009 :

Tableau n° 5 : Reboisement de Rhizophora HCLM/Total Elf et C SENE pour la période


2009
Coordonnées Surface
Date plantation Nom du site Nom Parcelle géographiques cartographiée (ha) Ecartement Nombre de

N W propagules

01/08/2009 Sédial Parcelle 14°09.568 16°49.472 1,0253 0,50m x 0,50m 20506


Total 1

01/08/2009 Sédial Parcelle 14°09.584 16°49.533 0,2285 0,50m x 0,50m 4570


Total 2

21 au Grenier à Parcelle 14°09.243 16°49.278 1,9324 1m x 1m 19324


23/08/2009 mil Total 3

24/08/2009 Grenier à 14°09.144 16°49.189 0,2169 1m x 1m 2169


mil Parcelle

14/10/2009 Grenier à Total 4 0,5611 1m x 1m 5611


mil

17/10/2009 Grenier à Parcelle 14°09.229 16°49.226 0,2189 1m x 1m 2189


mil Total 5

Le Total 4,1831 54369

Source : C SENE
Taille actuelle des plants
reboisés en 2009 = 70 cm

Photo n°4 : Etat des reboisements depuis 2009 à Mbélénième (Cliché : CAMARA A.
Juil. 2011)
2.2. Etude des contraintes et dysfonctionnements
2.2.1. Contraintes
Dans les premières années on constatait un manque d’expérience des acteurs dans les
stratégies et une réticence de la part de la population. Ce qui a causé en 2005 l’échec de la
DynFemme dans sa première opération de restauration. On notait aussi un manque de
financement pour certains acteurs. En effet le GIE Fata Ndébane qui a érigé le reboisement
comme activité principale, procède depuis la fin du programme PMFEM (2008/2009) à la
restauration avec fonds propre. Même le fond d’adaptation pour le changement climatique
dans les zones côtières, qui appuie la DynFemme dans ses activités, n’intervient pas dans le
reboisement des mangroves de Joal-Fadiouth. Ces GIE font recours dans le micro crédit
comme c’est le cas pour le GIE Femme et Coquillage. En plus de ça on sent une faible
contribution de la part des autorités locales. Ce qui n’encourage pas des réussites, puisque ces
activités nécessitent un financement. L’autre problème réside au nivaux des populations qui
croient qu’on doit les payer au lieu de mener des actions bénévoles. Il s’avère alors un
manque de communication et d’éducation environnementale. Il y a certes des sensibilisations
mais il reste beaucoup à faire.
2.2.2. Dysfonctionnements
La gestion de la mangrove de Joal-Fadiouth souffre d’un manque de coordination entre ses
différents acteurs. En effet on compte plusieurs acteurs qui s’activent dans le reboisement,
chacun de manière isolée. D’autres travaillent de manière individuelle. Pour les GIE la
possibilité de formation et d’encadrement en faveur de tous les acteurs, n’implique pas celle
des relations entre les acteurs. Les conséquences de ce fait sont de deux formes : il y a une
absence de formalisme dans la manière de travailler, c’est la raison pour la quelle deux GIE
peuvent donner les mêmes informations. Nous avons à cet effet l’exemple du GIE Femme et
Coquillage et DynFemme d’une part, Océanium et DynFemme d’autre part. L’autre situation
est celle de rupture entre les relations comme c’est le cas entre Fata Ndébane. Ceux qui
travaillent de manière individuelle comme C. SENE (le responsable de la mangrove à
Fadiouth) sont contraints par un déficit de matériels pour le reboisement, lié au manque de
financement de la part des partenaires.

2.2.3. Eléments d’appréciation des stratégies


La récolte des propagules s’accompagne quelque fois de la dégradation de l’écosystème
même si les effets semblent être dérisoires. En effet une double action négative apparaît dans
la récolte. Le fait de détacher la propagule, réduit la capacité de régénération naturelle dans
ces milieux alors que celle ci est assurée pour 80% par les crabes qui creusent des trous où
vont se fixer les propagules flottantes. L’autre action réside dans le fait de détacher des
propagules immatures. Le reboisement avec les plantules immatures ne donne pas de
résultats ; ce qui signifie une destruction de ces plantules. Pour éviter cela les populations
doivent commencer la collecte au mois d’août et septembre période à la quelle les plantules
seront mûres. La différence dans les méthodes de reboisement pousse à faire un certains
nombre de remarques. Océanium qui dirigé par A.K. SALL, choisi d’espacer les propagules
sur un écart de 2m sur 1m. Ainsi avec A.K. on peut reboiser une grande surface avec un
nombre réduit de propagule comparé à la méthode de Fata Ndébane qui fait 1m sur 0,5m.
Par ailleurs à travers nos interviews on s’est aperçu que cette différence est liée à des choix
techniques : pour A.K. SALL le fait de reboiser avec un espacement de 2m sur 1m permet
aux plantes de mieux occuper l’espace une fois en croissance. Ainsi on reboise avec un petit
nombre de propagule une grande surface ; une fois la croissance assurée la plante pourra
occuper une plus grande surface par la régénération naturelle. Contrairement aux choix de
SALL, Fata Ndébane procède à un espacement serré : 1m sur 0,5m leur justification porte sur
la capacité des plantes à résister à la salinité pendant la saison sèche. En effet selon la
présidente de Fata Ndébane le repiquage se faisait au début de l’hivernage avec espacement.
Après l’hivernage la salinité augmente, ça les obligeait à rapprocher l’espacement pour éviter
les mortalités liées à la salinité car la densité est forte.
2.2.4. Quel est le meilleur choix entre les méthodes
Pour un bon reboisement, deux parties sont ciblées : dans les zones dites intertidales où les
marées arrivent chaque jour, même en marées basses et dans un sol dit, de poto poto, c'est-à-
dire un substrat vaseux et dans les zones où les vagues ne sont pas fortes, et où les courants
sont moins effectifs, ceci pour éviter les risques d’arracher les jeunes plants. C’est la haute
slikke. La période du reboisement doit coïncider avec la marée basse. Il faut aussi que cela
coïncide avec la période de la maturité des propagules. Ainsi le mois de juin coïncide avec le
début de maturité des propagules. Le reboisement est possible, mais pas assez de propagules
en cette période. Cependant les mois les plus indiqués sont : Juillet (il y a peu de propagules
matures). Août (il y a beaucoup plus de propagules qu’en juin et juillet). Septembre (il y a
beaucoup plus de propagules matures). Les propagules ne doivent pas rester plus de 3 jours
avant la date de reboisement. Elles doivent être enfoncée dans le poto poto, jusqu’au un tiers
de sa longueur elle doit aussi être maintenue droit, enfoncée dans le sol.

Cela nécessite un équipement composant : d’un personnel formé, et motivé (hommes,


femmes, et jeunes) ; des sacs vides de (50 kg) pour le stockage des propagules ; des seaux
plastiques pour chacun des planteurs, (afin d’y mettre les propagules). Une bonne longueur de
corde graduée chaque mètre (50 à 100 mètres). Deux perches de 2 mètres de long, servant au
maintien de l’écartement entre ligne et attachées aux extrémités de la corde. Une bonne
quantité de carburant. Une pirogue motorisée et des gilets de sauvetage.

Pour le suivi des parcelles reboisées il faut après chaque opération de reboisement, établir un
calendrier de suivi, qui consiste évaluer le taux de reprise, qui se calcule d’après A K SALL
comme suit :

Soit N. Total = nombre de propagules plantées

Soit N1 = nombre de propagules vivantes après 1 an de plantation.

Alors le taux de reprise se calcule comme suit : (en %) T = N1 / N. Total x 100

Cependant, compte tenu de la présence du sel et de la sécheresse qui sont les causes de
l’absence de régénération naturelle, le reboisement serré (1m sur 0,5m) serait plus optimal.
Par contre si on admet l’hypothèse d’un retour du cycle pluviométrique actuel (depuis 2005)
la méthode de l’espacement serait de loin la plus avantageuse car étant moins coûteuse et avec
plus de surface reboisée. Ce qui fait qu’Océanium a reboisé au-delà de la zone de Joal-
Fadiouth (Palmarin).

Ainsi pour un bon reboisement il est préférable de tenir en compte ces deux paramètres. La
prise en compte de la toposéquence et du choix de l’espèce qui est plus facile à reboiser est
parmi les stratégies. L’espèce Rhizophora évolue dans des conditions telles que : un substrat
vaseux où la présence de l’eau ne détruit pas les plantules, c’est ce qu’on appelle poto-poto en
wolof. L’étude de la zonation des mangroves montre que l’Avicennia évolue dans un substrat
différent de celui du Rhizophora en termes de teneur en sel. En effet l’espèce Avicennia est
connue pour sa grande capacité d’adaptation au sel, d’où sa présence dans les bordures de la
mangrove, dans la zone de balancement des marrées, en contact avec la zone des tannes, plus
salée (Diversité Floristique dans la Lagune de Joal-Fadiouth pp 6). Il s’y ajoute que leur fruit
est sous forme de graine donc son repiquage prend plus de temps que celui du Rhizophora. Ce
qui justifie que les actions de reboisement sont plus portées sur le Rhizophora. Le choix du
Rhizophora peut être lié également aux ressources qu’on trouve au niveau des bolongs de
Rhizophora (poissons, crabes, bois) ; donc leur restauration permet de faire revenir ces
enjeux.
Malgré tout, on note un rôle important de l’espèce Avicennia dans l’écosystème de la
mangrove, leur situation de zone tampon entre les tannes (qui sont des manifestations de la
sécheresse) et les autres espèces montre cela. Si l’objectif des repiquages est la restauration il
fallait envisager une stratégie qui permet de réduire le sel. Ce qui suggère donc un
reboisement d’Avicennia vue sa capacité de lutter contre la salinité.

Conclusion partielle
La population de la commune de Joal-Fadiouth s’est lancée depuis les années 1998 dans une
dynamique de protection de la mangrove, à la suite d’un constat de dégradation celle-ci.
L’implication des acteurs locaux aidés par les partenaires de l’environnement à travers le
financement, la formation et l’encadrement, a vulgarisé les stratégies de restauration.
Ces dernières regroupent les différentes manœuvres qui ont abouti au reboisement du
Rhizophora au niveau de Joal et de Fadiouth.

Cependant il y a lieu de constater que la collaboration entre les acteurs n’est pas très effective,
ce qui a suscité parfois une différence de stratégies qui s’est traduit dans les surfaces
reboisées. Le choix du Rhizophora est justifié par sa facilité au reboisement par rapport à
l’Avicennia qui est d’ailleurs plus résistant à la lutter contre le sel qui dégrade les ressources
végétales d’où sa justification aussi.

Ainsi il convient de prendre en compte tous les paramètres pour optimiser dans le reboisement
tel est le meilleur choix entre les stratégies.
Conclusion générale
La problématique de la gestion des mangroves à Joal-Fadiouth s’analyse autour des aspects,
tels que: la sécheresse qui a causé une sursalinité provoquant la mortalité des palétuviers,
l’état de dégradation; les enjeux qui sont portés autour de la mangrove à travers ses différents
apports (économiques sociales et environnementales) ; la réaction de la population à travers
les difficultés qui relèvent de l’organisation de la population locale pour les stratégies de
restauration.

Cette étude qui portait sur la mangrove comme ressources végétale, porteuse d’enjeux socio
économique, a été le résultat des recherches menées à travers les institutions de recherche et
des déplacements vers la zone d’étude. Elle a bénéficié d’informations relatives à la
connaissance du milieu, la dégradation des mangroves ; l’autre type d’information concerne
les stratégies, cette recherche a fait l’objet de terrain.

L’écosystème mangrove qui couvre une superficie de 10 millions ha environ dans les zones
intertidales côtières des régions tropicales, sur et sur prés de 75% de ces littoraux abrite une
riche biodiversité. Aussi ils se développent à plus de 90% de leur superficie dans des pays
pauvres ou émergents dans lesquels il n y a pas assez de moyen pour ménager ou encore
protéger les ressources naturelles contre les actions anthropiques.

Les études faites au Sénégal sur les écosystèmes estuariens à mangrove (KALY, 2001 ;
DIEDHIOU, 2009) montrent un état de dégradation avancé. Les estuaires du Sénégal
(Saloum, Casamance) sont caractérisés par deux phénomènes que sont : l’inversion du rôle
d’estuaire qui s’est transformé sous forme de ria et un abaissement de la nappe phréatique qui
a provoqué la remonté du sel par capillarité.

L’estuaire de Joal-Fadiouth appartient au bassin sénégalo mauritanien mis en place crétacé


tertiaire avec comme principales unités géomorphologiques: les cordons littoraux situés sur
les parties topographiquement élevées et les vasières. Son positionnement dans l’estuaire fait
que 60% soit après de 3021 ha sont immergées ou sous l’influence des marrées (DIENG,
2008). Cette formation végétale moins étendue et localisée dans la lagune couvre une
superficie de 403,27 ha. La cartographie diachronique révèle une baisse de cette surface
couverte par les palétuviers du fait de l’effet conjugué de l’érosion hydrique et éolienne de la
dérive littorale. On note des variabilités climatiques et des pressions anthropiques (KALY,
2001) qui ont augmenté la dégradation la mangrove. Les difficultés les plus notoires à Joal-
Fadiouth concernent principalement la dégradation des mangroves à travers l’exploitation
abusive de sa ressource, l’urbanisation de cette zone, la gestion des déchets et le contexte de
paupérisation dans la commune.

Face à cette situation, la restauration fut entreprise au niveau des mangroves car ces dernières
assurent parmi tant d’autre les fonctions de production, de protection, scientifiques,
écologiques, de conservation et culturelles. Cette action de restauration est menée en
collaboration avec les OGN telles UICN, Enda Graf, Océanium, FEM, Total Elf etc.

Les stratégies de restauration qui sont la recherche de financement, la mobilisation des acteurs
locaux, la population, l’assainissement des vasières à reboiser pour certains, la recherche des
propagules, le reboisement du Rhizophora en tant que tel, le suivi et la protection des plantes
sont accompagnées d’un encadrement et une formation de la part des partenaires. Les choix
du reboisement dépendent du site à reboiser qui doit être orienté vers les vasières les plus
aptes à abriter des plantations de mangrove et les écartements entre les plantules.

A l’heure actuelle on peut apercevoir les premiers résultats du reboisement car beaucoup de
propagules ont poussé. Les sites reboisés sont localisables au niveau de Joal à Mbélénième
Mama Ngueth, Ndionm, Mbour dioxan, Ngolna, et aussi vers Fadial, la route de Mama
Ngueth à gauche, en prolongeant la route de Mama Ngueth après le site de Fassanda, à
Kalamack et Tine Dine, soit plus de 100 ha depuis le début des opérations.

Cependant il y a des difficultés à souligner : en matière de sensibilisation, éducation


environnementale, l’effort doit être amélioré. Il faut privilégier la protection de la mangrove
parce que le pourcentage et le temps de sa régénération sont lents. La collaboration entre les
acteurs locaux n’est pas très effective raison pour laquelle un cadre de concertation entre les
acteurs est initié par Enda ça intervient dans le renforcement des capacités des acteurs locaux.

Ainsi pour cette initiation à la recherche le travail s’est plus focalisé sur la présentation des
stratégies ou procédures qui permettent de mieux reboiser, car il y avait une absence de
formalisme au niveau des acteurs. C’est pourquoi il est de nos perspectives de continuer la
recherche dans la protection et le suivi évaluation des mangroves par cartographie.
Bibliographie
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Tables des illustrations :


Liste des Tableaux :
Tableau n°1 Les mangroves de Joal-Fadiouth…………………………………………….23
Tableau n°2 : la notion de stratégie………………………………………………………...27
Tableau n°3 Programme et organisation de la recherche…..…………………………….35
Tableau n° 4: Les autres des fonctions de la mangrove…………………………………...50
Tableau n° 5 : Reboisement de Rhizophora HCLM/Total Elf et C SENE pour la période
2009…………………………………………………………………………………………...58

Liste des Figures :


Figure n° 1 :croquis de localisation et de l’occupation du sol de la commune de Joal-
Fadiouth…………………………………….………………………………………………..12
Figure n°2 : Modèle d’analyse conceptuelle……………………………………………….28

Figure nº3. Evolution de la superficie totale et celle des zones pour la période de 1954 à
1997......……………………………………………………………………………………….42

Figure n°4 : Cartographie de la mangrove de Joal-Fadiouth par zone………………….43


Figure n°5: Carte de l’occupation du sol de Joal-Fadiouth : emplacement du réseau
hydrographique, des mangroves et des tannes…………………………………………….46

Liste des Photos

Photo 1 : les conséquences du déficit pluviométrique sur la mangrove dans la lagune de


Joal-Fadiouth………………………………………………………………………………...43

Photos n° : Tanne à efflorescences saline derrière le chénal de Mama Ngéth…………..46


Photo n° 3 : parcelle reboisée avec espacement de 2mx1m ……………………………....57
Photo n°4 : Etat des reboisements depuis 2009 à Mbélénième ………………………......58
Table de matières Page
Dédicace……………………………………………………………………………………......1
Remerciements…………………………………………………………………………………2
Avant propos…………………………………………………………………………………...3
Sommaire………………………………………………………………………………………4
Liste des acronymes..…………………………………………………………………………..5
Introduction générale…………………………………………………………………………..7
1. Contexte international……………………………………………………………………….8
2. Contexte national……………………………………………………………………………9
3. Contexte local……………………………………………………………………………...10
Première partie : Cadre théorique, cadre opératoire et cadre méthodologique……………….14
Chapitre1 : Cadre théorique…………………………………………………………………..15
1. Problématique……………………………………………………………………………...15
2. Intérêt et justification de la recherche……………………………………………………..17
2.1.1. Justification scientifique……………………………………………………………….17
2.1.2. Justification sociale…………………………………………………………………….18
2.2. Questions de recherche…………………………………………………………………18
2.2.1 Question principale……………………………………………………………………..19
2.2.2. Délimitation du champ d’investigation………………………………………………...19
2.2.3. Dimension géographique du sujet……………………………………………………...20
2.2.4. Objectifs de l’étude……………………………………………………………………20
2.2.5. Hypothèse de recherche ………………………………………………………………20
2.2.5.1. Hypothèse générale………………………………………………………………….20
2.2.5.2. Les hypothèses spécifiques…………………………………………………………..20
Conclusion partielle…………………………………………………………………………..21

Cadre opératoire………………………………………………………………………………22

1. Définition des concepts utilisés…………………………………………………………….22


1.1. Le système hydrologique de Joal-Fadiouth : estuaire ou lagune……………………….. 22
1.2. La mangrove……………………………………………………………………………..23
1.2.1. Un écosystème forestier tropical……………………………………………………….23
1.2.2. La mangrove : un écosystème côtier avec ses différentes composantes……………….24
1.3. Sécheresse et dégradation………………………………………………………………..25
1.3.1. Sécheresse……………………………………………………………………………...25
1.3.2. Dégradation…………………………………………………………………………….25
1.4. Stratégie ou procédure de la restauration………………………………………………...26
2. Opérationnalisation des concepts…………………………………………………………..27
2.1. Le modèle d’analyse conceptuelle……………………………………………………….28
2.2. Explication du schéma…………………………………………………………………...29
Conclusion partielle…………………………………………………………………………..29

Chapitre3 : Cadre méthodologique…………………………………………………………...30


1. La revue documentaire……………………………………………………………………..30
1.1. La synthèse bibliographique……………………………………………………………..30
2. L’étude terrain……………………………………………………………………………...34
2.1. Les structures visitées à Joal-Fadiouth…………………………………………………...34
2.2. Les interviews……………………………………………………………………………34
3. Démarche adoptée dans le traitement et l’analyse des données……………………………36
3.1. Traitement de données…………………………………………………………………...36
3.2. Difficultés rencontrées…………………………………………………………………...36
Conclusion partielle…………………………………………………………………………..37

Deuxième partie : de la dégradation des mangroves aux stratégies adaptatives de


restauration……………………………………………………………………………………38

Introduction…………………………………………………………………………………...39
Chapitre1 : Les causes et les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth……………...40
1. Les causes de la dégradation …………………………………………………………40
1.1. Les causes physiques………………………………………………………………...40
1.1.1. Le système hydrologique de l’estuaire de Joal-Fadiouth depuis le Quaternaire….40
1.1.2. Déficit pluviométrique……………………………………………………………..41
1.2. Les causes anthropiques……………………………………………………………...44
1.2.1. L’urbanisation et ses conséquences………………………………………………..44
1.2.2. Dépôt d’ordures ménagères……………………………………………………….44
2. Les manifestations de la dégradation à Joal-Fadiouth……………………………….45
2.1. La Salinisation et acidification……………………………………………………….45
2.2. L’apparition des tannes ……………………………………………………………..45

Conclusion partielle………………………………………………………………………….47

Chapitre2 : Fonctions de la mangrove et son importance à Joal-Fadiouth…………………...48


1. Les Fonctions de la mangrove………………………………………………………….48
1.1. Fonctions écologiques……………………………………………………………….48
1.1.1. La rétention des sédiments et éléments nutritifs…………………………………...48
1.1.3. La production et l’exportation de biomasse………………………………………..48
1.1. Fonctions
socioéconomiques………………………………………………………. 49
1.2.1. Utilisations domestiques…………………………………………………………...49
1.2.3. Utilité alimentaire………………………………………………………………….49
1.2.3.1. Utilisation sanitaire
…………………………………………………………………..49
2. Importance de la mangrove pour les habitants de Joal-Fadiouth………………………50
2.1. Les espèces fauniques de la lagune……………………………………………………50
2.2. Exploitation des ressources de la mangrove……………………………………………..51
Conclusion partielle…………………………………………………………………………..51

Chapitre3 : Etude de la restauration de la mangrove Joal-Fadiouth………………………….52


1. Les stratégies ou procédures de la restauration…………………………………………….52
1.1. Historique et présentation des projets de restauration de la mangrove…………………..52
1.1.1. Les premières initiatives et motivations………………………………………………..52
1.1.2. Les acteurs locaux et leurs partenaires ………………………………………………...53
1.2. Etude des stratégies de la restauration …………………………………………………..54

1.2.1. Mobilisation avant la période du reboisement………………………………………...54

1.2.1. Mobilisation avant la période du reboisement…………………………………………54


1.2.2. Assainissement des sites à reboiser…………………………………………………….55
1.2.3. Récolte et triage des propagules………………………………………………………..55
1.2.4. Le reboisement ou repiquage ………………………………………………………….56
2. Analyse des résultats et des stratégies de la restauration…………………………………..57
2.1. Les zones reboisées et résultats des reboisements……………………………………….57
2.1.1. Les zones reboisées…………………………………………………………………….57
2.1.2. Le résultat des reboisements…………………………………………………………..57
2.2. Etude des contraintes et dysfonctionnements……………………………………………59
2.2.1. Contraintes……………………………………………………………………………..59
2.2.2. Dysfonctionnements……………………………………………………………………59
2.2.3. Eléments d’appréciation des stratégies………………………………………………...60
2.2.4. Quel est le meilleur choix entre les méthodes………………………………………….61
Conclusion partielle…………………………………………………………………………..62
Conclusion générale…………………………………………………………………………..63
Bibliographie………………………………………………………………………………….65
Table des illustrations………………………………………………………………………...69
Table des matières…………………………………………………………………………….70
Annexe…………………………………………………………………………………………………73
Annexes

Annexe 1 : questionnaire sur la mangrove de Joal-Fadiouth

Nom :…………………………………………………..
Prénom :……………………………………..………...
Age :………………..………………………………..…
Sexe M F

Profession :…………………………………………….

 Quelles sont les principales activités économiques de FADIOUTH ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
 Quels rôles joue la mangrove au niveau de la localité ?
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Comment est l’état actuel de la mangrove ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Qu’est ce qui a suscité les politiques de restaurations de cet


écosystème ?
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Comment appréciez-vous le rapport population et ressource de la


mangrove ? protection/exploitation /utilisation rationnelle/ utilisation
abusive ?
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
 Gestion antérieure de la mangrove
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Quelles sont les stratégies de restauration de la mangrove ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Quelle est votre perception des stratégies de restauration ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Les stratégies mises en place sont elles efficaces pour la restauration ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Y a-t-il d’autres stratégies plus efficaces ? les quelles ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Quel est le rôle de l’AMP de Joal-Fadiouth ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….

 Quel est le degré d’implication de la population dans la restauration ?


…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
Annexe 2
Tableau n°4 : Estimation des superficies de la mangrove de 1954 à 1997

Années 1954 1978 1997


Superficie totale (ha) 424,7195 421,4625 403,2649
Zone A (ha) 34,4682 35,1525 29,5140
Zone B (ha) 51,4868 62,3377 54,1799
Zone C (ha) 338,7645 323,9723 319,5710

Source: A. K. SALL
Acteurs

Océanium Fata Ndébane HCLM et Cyprien SENE

Surface Ecarte- Nombre de Montant Surface Ecarte- Nombre de Montant Surface Ecarte- Nombre de Montant
Années
(ha) mement Propagules (ha) mement Propagules (ha) mement Propagules

1998 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

1999 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2000 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2001 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

1998 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

1999 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2000 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2001 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2002 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2003 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2004 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2005 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2006 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2007 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2008 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2009 2mx1m 1mx0, 5m 4,1831 1m x 1m 54369

2010 13 65,547ha 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

2011 2mx1m 1mx0, 5m 1m x 1m

13
69,707Ha est la surface totale reboisée par Océanium, alors que Mbissel en fait partie donc il faut faire 69,707Ha -4,16ha (Mbissel)=65,547ha
Annexe3 : les principaux acteurs de la restauration des mangroves à Joal-Fadiouth

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