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Thème 5 

: la convergence lithosphérique et ses effets

Constat (voir TPn°1)

 Les plaques lithosphériques (croûte + manteau lithosphérique, dont les roches peuvent se
déformer par rupture) constituent la portion très superficielle du globe terrestre. Elles sont
animées de mouvements relatifs les unes par rapport aux autres (cinématique des plaques).
Des phénomènes géologiques spectaculaires (séismes, volcanisme) se concentrent aux limites
des plaques (limites divergentes, convergents ou coulissantes).

 La Terre a une surface constante : toute fabrication de nouvelle lithosphère (zone de


divergence ou d’accrétion océanique) doit être compensé par une destruction de surface dans
le manteau (zone de convergence).

 La convergence lithosphérique est caractérisée par :


- le rapprochement de repères fixés aux plaques (mesures GPS aujourd’hui)
- la formation de relief (Cordillère des Andes, Himalaya…)
- une forte sismicité
- par les zones de subduction : un volcanisme andésitique explosif.

Problème

On cherche à connaître les processus géologiques au niveau des deux types de zone de
convergence.
 les zones de subduction : zones de convergence lithosphérique impliquant au moins
une lithosphère océanique.
 les zones de collision : zone de convergence lithosphérique impliquant deux
lithosphères continentales.

Chapitre 1 : Convergence et subduction

I) Les caractéristiques des zones de subduction


Voir TP n°2

A. Les marqueurs morphologiques

1) Les anomalies de relief (anomalies topographiques)


Les zones de subduction montrent un relief très contrasté sous forme de deux bandes étroites :
- une anomalie positive : chaîne de subduction (montagne type Cordillère des Andes)
ou des arcs magmatiques (île volcanique type arc des petites Antilles).
- une anomalie négative : la fosse océanique (- 11 000 mètres pour la Fosse des
Mariannes  Pacifique  pouvant être cependant comblé de sédiments  voir prisme
d’accrétion  ).

Remarque (voir doc D page 207)

Un troisième marqueur topographique peut être les bassins d’arrière-arc (ex : Bassin
de Grenade). Ces bassins sont liés à la subduction : ils naissent de la tension exercées en
surface par le plongement d’une lithosphère océanique âgée.

2) Le prisme d’accrétion sédimentaire = témoin d’une intense déformation


lithosphérique

Il s’agit d’un prisme tectonique complexe constitué de matériel volcano-sédimentaire


(sédiments océaniques mélangés à des apports détritiques continentaux et/ou à des cendres
volcaniques).
Il est parfois localisé à la frontière entre plaque subduite et plaque chevauchante.
La déformation (plis, failles inverses) des matériaux du prisme montre que la
convergence s’accompagne d’un fort raccourcissement et d’épaississement. Les sédiments
portés par la plaque plongeante sont comme rabotés par le buttoir rigide formé par la plaque
chevauchante.

Remarque

Une petite portion des sédiments peut rester solidaire de la croûte océanique et plonger
avec elle dans le manteau.

B. Les marqueurs sismiques

Le plongement de la lithosphère océanique froide, dense et rigide dans le manteau


sous-jacent créé de violents séismes jusqu’à 670 km de profondeur. Les foyers sismiques se
répartissent le long d’un pal bien délimité (plan de Bénioff) et leur profondeur augmente à
mesure que l’on s’éloigne de la plaque plongeante.

La distribution spatiale de ces séismes permet :


- d’identifier la phase subduite (plaque plongeante) et par conséquent la plaque
chevauchante.
- de retrouver l’angle de plongement de la subduction (de 20 à 90 selon le cas).

C. Les marqueurs thermiques = un flux de chaleur inégalement distribué

Profils du flux thermique (voir doc C page 191)

Le profil du flux thermique (quantité de chaleur qui sort de la Terre par unité de
temps) au niveau des zones de subduction est particulier :
- anomalie thermique négative (flux faible) à l’aplomb de la fosse de subduction : un
panneau lithosphérique dense et froid s’enfonce rapidement (quelques cm/an) dans le
manteau plus chaud. La lithosphère océanique s’enfonce plus vite qu’elle se réchauffe.
- anomalie thermique positive (flux élevé). Elle reflète la remonté et l’accumulation de
magma chaud à la base de la croûte de la plaque chevauchante. Ceci est à relier à
l’activité magmatique des zones de subduction

Remarque

Ces anomalies thermiques peuvent également être mises en évidence par thermographie
sismique (voir page 204).

D. Les marqueurs magmatiques

Les arcs d’îles volcaniques des subductions intraocéaniques ou les volcans actifs des
reliefs montagneux des marges actives montre qu’une activité volcanique y est très
importante. Les éruptions sont principalement de type explosif, typique des roches riches en
eau.
On trouve également des roches plutoniques (pluton de granitoïdes  roche de la
famille des granites qui ornent notamment les chaînes de montagne. Les roches formées
appartiennent pour la plupart à la série andésitique (ou série calco-alcaline).

II) Quelques moteurs de la subduction

A. L’entrée en subduction = le plongement d’une lithosphère océanique froide, épaisse


et dense.

Plus une lithosphère océanique s’éloigne de l’axe de la dorsale plus elle est âgée et se
refroidie (perte de chaleur par conduction thermique).

L’isotherme 1 300°, qui marque toujours la base de la lithosphère s’abaisse


progressivement : ceci s’accompagne donc d’un épaississement de la lithosphère par ajout
progressif d’une semelle de manteau froid. Cette semelle agit comme un leste qui augmente la
densité moyenne de la lithosphère océanique : vers 30 millions d’années une lithosphère
océanique devient ainsi plus dense que l’asthénosphère sous-jacente et peut désormais plonger
naturellement.

L’asthénosphère est toutefois une couche de manteau solide : elle oppose une très
grande résistance mécanique à l’enfoncement ce qui retarde souvent la subduction de
plusieurs dizaines de millions d’années.

B. Un plongement auto-entretenu

La plaque en subduction est finalement mise en mouvement par trois forces principales :
- l’évacuation de la chaleur interne du globe créé des mouvements de convexion dans
le manteau, qui entraînent la plaque océanique.
- une plaque océanique qui s’éloigne, s’alourdie et donc s’affaisse. Cette lithosphère
glisse donc le long de la pente topographique.
 glissement gravitaire
- surtout, la lithosphère océanique plongeante est plus dense et rigide que
l’asthénosphère autour d’elle. L’excès de masse qu’elle représente exerce une traction
qui se transmet à la lithosphère superficielle. Cette force de traction, exercée par le
panneau lithosphérique subduit entretient la subduction.

Conclusion

La différence de densité entre lithosphère océanique et asthénosphère est donc l’un des
moteurs essentiels de la subduction.

Remarque

On peut facilement faire le lien entre :


- subduction engageant une « lithosphère jeune » / plan de Bénioff
 plan de Bénioff : faible pente / prisme d’accrétion très développé
- « lithosphère âgée »
 plan de Bénioff fortement pentu / prisme d’accrétion peu ou pas développé
III) Le magmatisme des zones de subduction : caractéristiques et origine

A. Volcanisme andésitique explosif et plutons de granitoïdes

Les roches magmatiques qui forment les reliefs positifs sont notamment :
- des andésites surtout (Cordillère des Andes) et des rayolites : ces roches volcaniques
à texture microlitique (les minéraux baignent dans un verre non cristallisé et parfois
bulleux) cristallisent rapidement en surface à la suite d’une éruption.

- des diorites, des granodiorites et des granites : ces roches plutoniques formant la
famille des granitoïdes, à texture grenue (minéraux jointifs et visibles au moins à la
loupe cristallisent lentement en profondeur). Certaines sont donc dégagée par l’érosion
puisqu’on les trouve en surface. Les granitoïdes sont des roches caractéristiques de la
croûte continentale : le processus de subduction est donc à l’origine d’une quantité
considérable de croûte continentale.

La composition chimique et minéralogique de ces deux grands types de roches est


semblable (notamment présence d’amphibole et de mica hydraté) : ceci indique qu’elles sont
issues de la cristallisation d’un même magma riche en eau.

B. Formation des magmas andésitiques

1) La transformation minéralogique de la croûte océanique plongeante libère


de l’eau

 Les différents minéraux observés dans les roches ne sont stables que dans certains domaines
de pression et de température (ces domaines sont déterminés expérimentalement sur des
poudres de minéraux dans des enceintes où pression et température sont contrôlées).
Le refroidissement lié à l’éloignement de la dorsale où l’augmentation de pression lié à
l’enfoncement par subduction aboutissent à des recristallisations de nouvelles phases
minérales : cette transformation minéralogique à l’état solide constitue le métamorphisme.
 La première transformation subie par un basalte ou un gabbro après sa formation à l’axe
d’une dorsale est une hydratation suite à une importante circulation d’eau de mer
(hydrothermalisme). On observe la formation de minéraux verts, très riches en eau tels que
l’actinote ou le chlorite.
Les roches se transforment en méta-basalte ou méta-gabbro à actinote et chlorite : on parle de
faciès métamorphiques des schistes verts.

 Dans les contextes de subduction, la croûte océanique hydratée plongeante est soumise à des
conditions de hautes pressions et basses températures.
Certains minéraux sortent de leur domaine de stabilité et se transforment en glaucophane +
jadéite : on parlera de méta-basaltes ou méta-gabbros à glaucophane et jadéite (faciès des
schistes bleus).

A une profondeur plus importante encore (vers 100 km) de nouvelles transformations
minéralogiques conduisent à la formation de métabasalte et métagabbro à grenat + jadéite
(faciès éclogites).

Dans les deux cas, ces réactions métamorphiques libèrent de l’eau.

2) L’hydratation du manteau de la plaque chevauchante provoque sa fusion


partielle

L’hydratation de la plaque chevauchante provoque sa fusion partielle.


À mesure que la plaque plonge, sa pression augmente :
- à partir de 50 km de profondeur, l’eau contenue dans la croûte océanique hydratée
passe à l’état vapeur, s’échappe et hydrate le manteau lithosphérique chevauchant.
- à 100 km de profondeur, les réactions métamorphiques conduisent à la
déshydratation des minéraux et participent à leur tour à l’hydratation du manteau.

Cette eau induit la fusion du coin de manteau en abaissant son solidus.


À température constante, les péridotites fondent plus facilement si elles contiennent quelques
% d’eau.

Le magma produit, moins dense que le manteau qui lui a donné naissance peut migrer vers la
surface.

Dans la croûte, ce magma s’infiltre en empruntant des réseaux de fractures.


L’ascension et l’accumulation de magma chaud à la base de la croûte expliquent l’anomalie
positive du flux de chaleur observé à la verticale des marges actives.

Conclusion

Les zones de subduction sont le siège d’une importante activité magmatique. Le


magma provient de la fusion partielle des péridotites situées au-dessus du plan de Bénioff,
fusion qui s’explique par l’hydratation du manteau. L’eau provient de la déshydratation des
roches de la lithosphère océanique plongeante : soumise à des conditions de chaude pression,
basse température, différentes de leur formation. Ces roches se transforment et s’hydratent.
Des minéraux caractéristiques des zones de subduction apparaissent.
Nouveau problème :

La subduction est un processus stable tant que la lithosphère océanique s’enfonce dans
le manteau. Dès qu’une lithosphère continentale peu dense, tirée par la lithosphère océanique
rejoint le front de subduction, ce processus ne peut plus se poursuivre. La convergence
lithosphérique devient un contexte de collision continentale.
Que s’y passe-t-il ?

Chapitre 2 : Convergence et collision

La collision résulte de la convergence de deux lithosphères continentales. Ce


phénomène est étudié à partir des Alpes franco-italiennes (collision des croûtes continentales 
Italie et eurasiatique  France mais peut être étendu à bien d’autres chaînes de collision
(Himalaya  plaques indienne et eurasiatique ).
Alpes et Himalaya sont de jeunes chaînes car la collision se poursuit actuellement,
comme l’attestent les séismes enregistrés quotidiennement. Plusieurs témoins, aujourd’hui
retrouvés au cours des chaînes indiquent la participation d’un ancien domaine océanique à
cette chaîne.

I) Les témoins d’un ancien domaine océanique entré en subduction

A. Les marqueurs d’un ancien domaine océanique

1) Les blocs basculés d’anciennes marges passives continentales

Ces blocs sont découpés par des failles normales courbes (failles listriques). Ils portent
des sédiments dont la géométrie est particulière (sédiments syn et post rift). Ils sont les
témoins du stade rifting menant à l’ouverture d’un océan (l’océan alpin).
Exemple dans les Alpes : le Mont Rochail (Oisans).

Schéma d’un bloc basculé de marge continentale passive

2) Les témoins sédimentaires d’origine marins au cœur des chaînes

Les variations du niveau de la mer ne peuvent pas expliquer à elles seules la présence
de sédiments marins à des altitudes aussi élevées. L’origine marine est attestée par la nature
des sédiments et la présence de fossiles marins de grands fond (ammonites, radiolarites) ou
par diverses traces fossiles (fente de dessiccation, paléorides de plages…).
Exemple dans les Alpes : les dalles calcaires à ammonites de Digne et les radiolarites du
Chenaillet.

3) Les ophiolites du Chenaillet sont le témoin d’un océan alpin disparu

Les ophiolites sont constituées de l’association de trois roches :


- à la base, des péridotites serpentinisées
- des méta-gabbros (dans le faciès des schistes verts)
- des basaltes en coussin (ou pilow lava) : ils montrent que le basalte a refroidi
rapidement en milieu aqueux.
Cette association caractéristique d’une lithosphère océanique qui s’est donc formée au
niveau d’une dorsale. Cette lithosphère océanique est aujourd’hui directement posée sur la
croûte continentale des Alpes.

Leur présence dans les Alpes à plusieurs milliers de mètres d’altitude s’explique par
leur charriage sur le continent au cours de la fermeture océanique.

Le complexe ophiolitique du Chenaillet (Hautes-Alpes)

La collision fait suite en général à une subduction et constitue l’aboutissement du


processus de fermeture océanique.

On trouve dans les Alpes (exemple du Mont Viso) des ophiolites dont les roches ont
été métamorphisées (méta-basalte, méta-gabbro et méta-sédiments) en schiste bleu et en
éclogite, signe d’un métamorphisme de haute pression/basse température. Ce métamorphisme
est typique d’un contexte de subduction.

De même, quelques fragments de croûte continentale (ex : Massif de Doramaira) ont


sûrement été entraînés lors de la subduction de l’océan alpin car on retrouve de la coésite
(forme ultra haute pression de la silice) au cœur du quartz).
Ces roches, métamorphisées en profondeur lors de la subduction ont été par la suite ramenées
en surface.

II) Les marqueurs de la collision continentale

A. Un marqueur morphologique = des reliefs élevés


Des altitudes élevées de l’ordre du millier de mètres (ex : dans les Alpes Mont Blanc = 4 807
m).

B. Des marqueurs tectoniques

Plis, failles inverses, chevauchements et nappes de charriage témoignent des forces


compressives intenses. Elles aboutissent à un véritable empiétement d’unité.

C. Un marqueur structural : la racine crustale

Les profils sismiques mettent en évidence une racine crustale à la verticale des
altitudes les plus élevées. Le Moho est une croûte et peut atteindre 50 km de profondeur. Ces
profils montrent que des chevauchements, visibles en surface, se prolongent en profondeur.

Conclusion

D’immenses nappes de roches ont ainsi été empilées les unes sur les autres, montrant
que les chaînes de collision sont un lieu de raccourcissement et d’épaississement de la
lithosphère continentale. La croûte continentale (relief + racine) possède une épaisseur
anormale au niveau des chaînes de subduction : elles s’enfoncent donc dans le manteau.

III) Evolution tardive d’une chaîne de montagne. Lorsque la collision s’interrompt


(relâchement des forces tectoniques de convergence) la croûte continentale tend à
retrouver une épaisseur normale.

Deux processus principaux y participent :


- l’érosion en surface s’exerce sur les terrains les plus élevés et allège ainsi la chaîne.
- la croûte continentale, plus légère, a tendance à remonter par simple différence de
densité avec le manteau qui entoure la racine crustale.

En fin ultime d’évolution (cas des chaînes de montagnes vieilles), il se produit un


effondrement gravitaire : on assiste à la fusion partielle en profondeur de la croûte
continentale.

Conclusion

L’étude des Alpes permet aujourd’hui de reconstituer l’histoire d’une chaîne de


collision depuis l’ouverture océanique jusqu’à la collision continentale, soit plus de 220
millions d’années d’histoire. Elle raconte finalement l’évolution de la dynamique de la
lithosphère.

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