Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SISMOLOGIE APPLIQUEE
SISMOLOGIE: ETUDE DES SEISMES
Figure 1 - Séisme niçois de 1564. De tous temps les hommes ont cherché à
représenter et expliquer le phénomène sismique.
1. Introduction, avertissement
2. Le phénomène sismique
2.1. Contrainte, déformation, rupture des roches
2.2. Les différents mécanismes des failles actives
2.3. Notion de cycle sismique d’une faille active
2.4. Caractérisation d’une source sismique
2.5. Notion de Magnitude d’un séisme
11. Bibliographie
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 4
1. Introduction, avertissement
Les sismologues et géophysiciens se livrent à des recherches toujours plus poussées pour
caractériser la sismicité du globe.
Les mécanismes sismiques sont étudiés de plus en plus finement pour tenter d’établir des
lois de comportement, des « modèles », qui permettent peu à peu de progresser dans la
prévision des phénomènes et donc de la prévention.
Dans l’état actuel des choses, il est question de prévoir et non de prédire. C’est à dire
qu’on peut assez bien caractériser ce qui peut arriver dans une zone sismique, et lui
associer une probabilité de survenance, mais pas encore dire quand.
Une partie des résultats de la recherche est directement utile à l’élaboration de stratégies
de « protection » contre les actions sismiques, c’est celle qui intéresse les architectes et
les ingénieurs, et en général les professionnels impliqués dans la prévention.
Ainsi, sous l'effet des contraintes dues le plus souvent au mouvements des plaques
tectoniques, la lithosphère accumule de l'énergie. Lorsqu'en certains endroits, la limite
d'élasticité est atteinte et que le matériau ne peut pas plastifier (conditions physiques), il
se produit une rupture sur un plan de rupture (ou plan de faille) qui libère une partie
de l’énergie accumulée: le séisme.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 6
DEFORMATION PLASTIQUE DES ROCHES
Ainsi, dans certains cas, les roches peuvent se déformer sans amorcer de rupture fragile :
– Déplacement tectonique lent,
– Température et pression interne élevée, sont des facteurs de plasticité.
La propagation de la rupture depuis le foyer sur le plan de faille provoque des déformations
tectoniques irréversibles et cassantes.
La propagation des ondes sismiques (tridirectionnelle) depuis le foyer provoque des
déformations du sol temporaires (oscillations, voir § 4 et 5) et éventuellement définitives (effets
induits comme les tassements de sol, voir §7).
Faille en décrochement
(Cisaillement)
Chaque faille a un cycle sismique qui lui est propre et qui dépend de son
mécanisme, de la vitesse de progression des contraintes, de la nature des
roches et de sa géométrie. Le cycle de retour des séismes de différentes
magnitudes obéit à des lois de probabilité. L’identification de ces lois fait partie
des outils de la prévention.
Phases d’un cycle sismique sur une faille sismogène, processus en trois étapes:
– Accumulation de contraintes.
– Déclenchement de la rupture au-delà du seuil de résistance des roches.
– Arrêt de la rupture sismique (quelques secondes plus tard).
Cycle sismique d’une faille : Le cycle sismique d’une faille est une succession de
périodes d’augmentation des contraintes et de ruptures brutales dont il faut établir la
périodicité pour définir son activité.
La chute de contrainte provoquée par la rupture brutale de la roche sur le plan de faille
libère de l’énergie, sous forme de chaleur et d’émission d’ondes élastiques. Plus
la surface de rupture et le déplacement sont importants, plus la quantité d’énergie libérée
l’est. La Magnitude représente la quantité d’énergie libérée par le séisme.
Lorsqu'un séisme est déclenché, des trains d'ondes sismiques se propagent dans la croûte
terrestre. On nomme foyer le lieu du plan de faille où commence la rupture, alors que
l'épicentre désigne le point de la surface terrestre à la verticale du foyer.
Domaines de recherches
NBRE
MOYEN LONGUEUR DEPLACEMENT DUREE DE
SEISMES CARACTERISTIQUE SUR LE PLAN DE LA ENERGIE
MAGNITUDE ANNUEL DE LA RUPTURE RUPTURE RUPTURE LIBEREE
Il n'y a qu'une seule valeur de magnitude pour un séisme donné (ne pas
confondre avec l’intensité locale, voir § 5.7). Puisqu’il s’agit d’une grandeur
logarithmique, le second chiffre n’est pas une décimale.
Richter a été le précurseur. Pour les séismes majeurs, seule la « magnitude de moment »
est précise (les autres méthodes « saturent » au-delà de M = 7.5. La magnitude peut être
calculée soit à partir de l’amplitude des mouvements enregistrés (Ml, Ms, mb, Mw), soit à
partir de leur durée (Md).
La loi d’Échelle permet, pour un segment de faille sismogène donné une évaluation de la
magnitude du séisme maximum plausible à partir de l’estimation de la longueur maximum
possible de la rupture.
Le moment du séisme, couple de forces qui a provoqué le déplacement de part et
d’autre du plan de faille, dépend de la rigidité du milieu, de la longueur du déplacement
moyen et de l’importance de la surface de rupture. L’évaluation du moment du séisme
(c’est-à-dire l’évaluation de la quantité d’énergie libérée) permet d’établir sa magnitude.
M=8
Profondeur (km)
M=5
M=7
M=4
0 M=6
15
30
Faille
MAGNITUDE 6,0 - 6,4 6,5 - 6,9 7,0 - 7,4 7,5 -7,9 > ou = 8 Total
Moyenne
annuelle 65 19 6 2,4 0,3 92
Ecart type 9 4 2 1,7 0,5 13
Figure 14 - Tableau de dénombrement statistique des séismes majeurs annuels sur la planète.
On retiendra que seuls les séismes d’origine tectonique, c’est-à-dire liés aux
déplacements relatifs des plaques terrestres peuvent avoir des longueurs de
ruptures suffisantes pour que leur magnitude soit élevée et justifie d’une
politique de prévention visant la résistance aux oscillations.
Figure 15 - Carte planisphère de sismicité. Une dizaine d'années de séismes moyens à forts sur la planète
- la croûte océanique qui est formée de roches basaltiques de densité 3,2 et qu'on
nomme aussi SIMA (silicium-magnésium). C’est un socle rocheux « éphémère »
produit par l’arrivée sur les dorsales océaniques de magma qui refroidit. Sous l’effet
des déplacements des plaques tectoniques océaniques elle « retourne » fondre
dans l’asthénosphère dont sont est issue (voir comment § 3.5).
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 18
- la croûte continentale, qui se situe au niveau des continents. Ce sont des socles
rocheux « originels » formés lors du refroidissement de la planète. Elle est plus
épaisse et de plus faible densité (roches granitiques à intermédiaires de densité 2,7
à 3). On la nomme SIAL (silicium-aluminium). C’est un socle rocheux persistant.
Figure 19 - Coupe sur le globe terrestre (Document USGS) indications sur la composition chimique et
les températures des différents niveaux.
Wegener a imaginé que les continents sont les morceaux d'un seul bloc originel : la
Pangée.
La tectonique des plaques aurait débuté vers -900 millions d'années. A cette époque, les
premiers boucliers continentaux remontés par convection de matériaux profonds du
manteau étaient déjà présents. Ces premiers continents se déplaçaient déjà sous l’effet des
courants de convection. Il y a environ 270 millions d'années l’ensemble des terres
émergées était réuni sous un continent unique, la Pangée. La Pangée, était entourée d'un
vaste océan : la Panthalassa.
La tectonique est la partie de la géologie qui étudie la nature et les causes des
déformations des ensembles rocheux, plus spécifiquement à grande échelle de la
lithosphère terrestre. Une plaque est un volume rigide, peu épais par rapport à sa
surface.
On peut en première approche classer les séismes selon la profondeur de leur source, qui
peut dépendre du type de frontière (voir explication des phénomènes plus loin).
Plaques tectoniques
Les plaques tectoniques sont en général « mixtes » et de tailles très variables : les plaques
continentales sont souvent associées dans leurs déplacements à un « morceau » de
plaque océanique.
La tectonique des plaques est donc une théorie scientifique qui explique que les
déformations de la lithosphère sont les conséquences des forces internes de la terre et
que ces déformations se traduisent par le découpage de la lithosphère en un certain
nombre de plaques rigides (13) qui bougent les unes par rapport aux autres en
« glissant » sur l'asthénosphère.
Une deuxième approche pour classer les séismes consiste à comprendre leurs
mécanismes, et le domaine tectonique qui leur est associé. C'est le long des limites entre
plaques que l’activité sismique est la plus importante et que la caractérisation des
domaines tectoniques (voir § 3.6) doit être réalisée. Il existe trois types de limites :
- les zones d'expansion océanique, dans lesquelles naît de la croûte océanique,
- les zones de subduction, dans lesquelles disparaît du matériel crustal,
- les zones transformantes, le long desquelles coulissent des plaques ou des
fragments de plaques sans création ni résorption de croûte.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 24
Figure 29 - Types de frontières entre plaques (Document Université de laval - Québec)
Les mouvements relatifs entre les plaques définissent trois types de frontières entre elles:
1) les frontières divergentes, là où les plaques s'éloignent l'une de l'autre et où il y a production de
nouvelle croûte océanique; ici, entre les plaques A et B, et D et E;
2) les frontières convergentes, là où deux plaques entrent en collision, conséquence de la
divergence; ici, entre les plaques B et C, et D et C;
3) les frontières transformantes, lorsque deux plaques glissent latéralement l'une contre l'autre, le
long de failles; ce type de limites permet d'accommoder des différences de vitesses dans le
déplacement de plaques les unes par rapport aux autres, comme ici entre A et E, et entre B et D, ou
même des inversions du sens du déplacement, comme ici entre les plaques B et E.
La terre est une structure dont tous les éléments forment un grand système mu
par la thermodynamique.
Figure 35 - Coupe schématique du cycle des fonds océaniques (Document Université de Laval -
Québec) La convection dans l’asthénosphère provoque des concentrations de chaleur en certaines zones où
le matériel chauffé se dilate, ce qui explique le soulèvement correspondant à la dorsale océanique. La
convection produit, dans la lithosphère, des forces de tension qui font que deux plaques divergent; elle est
le moteur du « tapis roulant », entraînant la lithosphère océanique de part et d'autre de la dorsale. Entre les
deux plaques divergentes, la venue de magma crée de la nouvelle croûte océanique.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 27
Figure 36 - Coupe schématique de détail d’une dorsale (Document Université de Laval -
Québec)
L'étalement des fonds océaniques crée dans la zone de dorsale, des tensions qui se traduisent par des failles
d'effondrement et des fractures ouvertes, ce qui forme au milieu de la dorsale, un fossé d'effondrement
qu'on appelle un rift océanique. Le magma produit par la fusion partielle du manteau s'introduit dans les
failles et les fractures du rift. Une partie de ce magma cristallise dans la lithosphère, alors qu'une autre est
expulsée sur le fond océanique sous forme de lave et forme des volcans sous-marins. C'est ce magma
cristallisé qui forme de la nouvelle croûte océanique à mesure de l'étalement des fonds.
C'est donc ainsi que se crée perpétuellement de la nouvelle lithosphère océanique aux
niveaux des frontières divergentes, c'est-à-dire sur les dorsales médio-océaniques. Ce
processus qui explique comment se sont formés les océans entre les continents.
Sur les zones de divergence des plaques océaniques, la lithosphère océanique
dépasse rarement 10-15 km d’épaisseur, les séismes sont donc tous superficiels sur ces
zones.
N-B : L'iconographie de la tectonique des plaques représente les dorsales comme des
« droites » sur un plan. En fait, la terre étant une sphère, le parcours de la dorsale est
linéaire sur la surface de cette sphère. On représente aussi les cellules de convection en
deux dimensions; il faut faire un effort d'abstraction pour se les représenter en trois
dimensions, à l'intérieur de la sphère.
1
Le pôle magnétique de la planète est périodiquement inversé (sur de longues périodes). Il l’est pas
toujours au nord. L’étude des champs magnétiques des fonds océaniques a permis d’établir que le champ
magnétique terrestre avait subi des inversions périodiques et de déterminer ces périodes.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 29
Les fonds marins ont la polarité magnétique qui correspond à celle des pôles au moment où ils ont été
créés par refroidissement du magma sortant sur la dorsale. Les relevés de polarité des fonds sous-marins
(que l’on peut dater), permettent de situer les époques d’inversion de la polarité du globe, donc de définir
leur vitesse de progression. La vitesse d'expansion des fonds océaniques varie de 1 à 2 cm par an pour les
dorsales lentes, et atteint jusqu'à 10 cm et plus pour les dorsales rapides. Les dorsales lentes, telle la dorsale
médio-atlantique, présentent dans leur partie médiane, un rift, fossé profond de 2 000 m et large de 20 à 30
km, alors que les dorsales rapides, comme la dorsale Est-Pacifique, en sont dépourvues et ne présentent
qu'un relief modéré. les chambres magmatiques n'y sont qu'à quelques kilomètres de profondeur.
L’étude de ces champs magnétiques a mis en évidence la symétrie des fonds, d’autant plus
anciens qu’éloignés de la dorsale. Les fonds océaniques les plus âgés avaient été formés
pendant le jurassique ce qui indique qu’ils « disparaissent » puisqu’il n’y a pas de croûte
océanique aussi âgée que les croûtes continentales. C’est ce qu’on observe sur les limites
convergentes en subduction.
Aujourd'hui les géophysiciens sont d'accord pour dire que la terre n'est pas en expansion.
Si la surface de la terre est un espace fini, le fait qu’il y ait création de matière aux
frontières divergentes implique que de la lithosphère est détruite ailleurs pour maintenir
constante la surface terrestre. Cette destruction se fait sur certaines frontières
convergentes. La destruction de plaque se fait par l'enfoncement dans l'asthénosphère
d'une plaque sous une autre plaque et par la fusion progressive de la portion de plaque
plongeant dans l'asthénosphère : le phénomène de subduction. Les manifestations de
cette convergence diffèrent selon la nature des plaques (océaniques ou continentales) qui
entrent en collision.
Lorsque le mouvement de convergence fait « s’affronter » deux continents, donc deux
plaques « légères », le mécanisme de subduction d’une plaque plus dense que l’autre ne
peut s’amorcer « aisément ». On assiste à un phénomène de surrection des
continents : formation et croissance de chaînes de montagnes.
Coupe n°11
0 Zone de Martinique
concentration B
A C
Profondeur (en km)
des foyers
PLAQUE CARAIBE PLAQUE AMERIQUE
peu profonds 0
Zone de D -40
concentration
100 des foyers
profonds Séisme du 8/06/1999
-80
E
-120
200
A : Sources intraplaques caraïbe en faille normale
-160
B : Sources intraplaques caraïbe intermédiaire
Figure 42 - Subduction d'une plaque océanique sous une plaque continentale (Document
Université de Laval - Québec)
Les basaltes de la plaque océanique et les sédiments du plancher océanique s'enfoncent dans du matériel de
plus en plus dense. Rendue à une profondeur excédant les 100 km, la plaque est partiellement fondue.
Comme dans le cas précédent, la plus grande partie du magma restera emprisonnée dans la lithosphère (ici
continentale); le magma qui aura réussi à se frayer un chemin jusqu'à la surface formera une chaîne de
volcans sur les continents (arc volcanique continental). De bons exemples de cette situation se retrouvent à
la marge du Pacifique-Est, comme les volcans de la Chaîne des Cascades (Cascade Range) aux USA (incluant
le Mont St. Helens) résultat de la subduction dans la fosse de Juan de Fuca et ceux de la Cordillère des
Andes en Amérique du Sud reliés à la fosse du Pérou-Chili. Dans une phase avancée de la collision, le
matériel sédimentaire qui se trouve sur les fonds océaniques et qui est transporté par le tapis roulant vient
se concentrer au niveau de la zone de subduction pour former un prisme d'accrétion.
Les ondes P sont des ondes de compression assimilables aux ondes sonores et qui se
propagent dans tous les états de la matière (gazeux, liquide et solide). Les ondes P se
déplacent en créant successivement des zones de compression et des zones de dilatation.
Les particules se déplacent selon un mouvement « avant-arrière » dans la direction de la
propagation de l'onde (Voir figure 48).
• Vitesse : de l’ordre de 4 à 6 km/s (beaucoup moins selon la nature des roches tendres et des sols
traversés près de la surface). Plus rapides que les ondes S, ce sont les premières enregistrées par les
appareils, d’où leur dénomination.
• Périodes: de l’ordre de la seconde (de la fraction de seconde à quelques secondes)
• Longueur d’onde: de l’ordre de 4 à 6 km
Les ondes S sont des ondes de cisaillement qui ne se propagent que dans les
solides. Les particules oscillent dans un plan perpendiculaire à la direction de propagation
de l'onde (Voir figure 48).
Elles sont générées par l’arrivée des ondes de volume à la surface du globe. Plus le séisme
est profond, moins elles sont puissantes. Elles concernent les couches superficielles des
sols. Les ondes de Love et de Rayleigh ont un contenu fréquentiel qui concerne certaines
structures, mais leur influence sur les constructions courantes est négligeable :
Les ondes de Rayleigh ou ondes R sont assimilables à une vague; les particules du sol
se déplacent selon une ellipse rétrograde, créant une véritable vague qui affecte le sol lors
des grands tremblements de terre.
= + +
Nécessité d’identifier le signal possible d ’un séisme sur un site avant le séisme
La concordance entre les périodes de grande amplitude des oscillations pour un sol donné
sous l’effet d’un séisme donné et les périodes propres d’oscillation d’une construction
créent des phénomènes de résonance qui peuvent multiplier les accélérations que subit la
structure par 2 ou plus. C’est un des principaux facteurs de ruine s’il n’est pas pris en
considération par le concepteur et le bureau d’études.
L’un des objets de la sismologie appliquée est d’associer à chaque site un
« outil de travail », appelé « spectre de réponse » (voir § 4.3 et 8.2), qui permet
à l’architecte et à l’ingénieur d’évaluer la possible amplification des ondes
arrivant sur le site par le bâtiment, en raison d’une mise en résonance de la
structure.
La première étape pour y parvenir est d’enregistrer les séismes des différents types de site
pour en décomposer le signal.Enregistrement des séismes
La convention internationale est d’enregistrer les mouvements dans les trois directions :
Figure 51 - Principes schématiques des enregistrements dans les plans horizontaux et verticaux
avec des appareils « mécaniques ». (Document EOST)
On mesure les accélérations du sol dans les trois directions en fonction du temps.
La recherche des pics d’accélération possibles sur une région donnée est le premier
élément de l’évaluation du mouvement sismique pour l’application des règles de calcul
réglementaire. (En anglais PGA : Pic Ground Acceleration).
On mesure les vitesses du sol dans les trois directions en fonction du temps. La vitesse
« en réponse » au séisme est un paramètre du comportement dynamique des structures.
Déplacement (exprimé en m)
On mesure les déplacements du sol dans les trois directions en fonction du temps. Une
structure flexible peut subir des niveaux d’accélérations et des forces d’inertie acceptables
au regard de son dimensionnement, mais ses déformations peuvent être trop importantes
à différents égards (pérennité de la structure, compatibilité avec les éléments secondaires
et équipements.
Chaque système (défini par ses matériaux et sa géométrie) a une « période propre
d’oscillation » : c’est celle de ses oscillations libres, jusqu’à arrêt du mouvement, après
une action unique le déplaçant (déformant) de sa position d’origine (exemple des
oscillations du punching-ball après une poussée unique). La durée de cette période,
propre au système, dépend de sa raideur, de sa masse et de la nature des liaisons entre
ses éléments et avec le « sol d’implantation ».
Lorsque ce système est mis en mouvement par une action dynamique répétée du
« sol d’implantation », si la période de cette action correspond à la période propre
d’oscillation du système, l’amplitude du mouvement du système augmente rapidement par
mise en résonance. (Exemple de la balançoire qui reçoit de petites impulsions « en
cadence » avec sa période propre d’oscillation, ce qui fait croître l’amplitude du
mouvement avec un faible apport énergétique, alors que des impulsions plus fortes, mais
de période aléatoire seraient susceptibles de la ralentir et réduire l’amplitude de ses
oscillations. N-B : L’analogie avec un oscillateur élastique déformé par les forces d’inertie
n’est pas exacte, mais l’illustration du phénomène de mise en résonance est valable)
Ainsi, chaque site, caractérisé par ses données physiques (matériaux, géométrie des
accidents topographiques et/ou géométrie des couches de sol meuble sur le substratum),
est un système qui va amplifier (ou atténuer) les différentes périodes qui composent le
signal sismique qui lui parvient depuis la source, en le « filtrant ». Chaque site aura
donc un signal propre en réponse à un séisme donné.
De même, chaque structure est un système qui possède une (ou plusieurs) période propre
d’oscillation et qui va amplifier (ou atténuer) les différentes composantes du signal propre
au site. La « réponse » d’une structure est caractérisée par le niveau
d’amplification ou d’atténuation du mouvement sismique que le sol lui
transmet. Les constructions dont une période propre d’oscillation correspond à
celle(s) qui est (sont) amplifiée(s) par le site vont entrer en résonance avec le
mouvement propre du site d’implantation, et leur mouvement « en réponse »
pourra être multiplié par 3 et plus par rapport au mouvement de référence au
rocher. C’est un des principaux facteurs de ruine totale en cas de séisme.
Les études de sismologie visent donc la production, entre autres outils d’aide à la
conception, de spectres de réponse, graphiques permettant à l’architecte et à
l’ingénieur qui savent les lire de prendre en considération le phénomène d’amplification
possible des secousses par la construction projetée.
On doit donc distinguer (voir ci-après):
- Le spectre de réponse d’un site à un séisme donné,
- Le spectre de réponse d’un site aux différents séismes régionaux possibles
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 43
- Le spectre de réponse réglementaire associé à une famille de sites comparables.
Le « spectre de réponse » des structures d’un site pour un séisme identifie les périodes du signal de ce
séisme que ce site a amplifié (ou atténué) parmi celles qui sont parvenues au sol rocheux sous-jacent
(mouvement de référence), et ainsi celles qui ont pu « exciter » les structures de période(s) propre(s)
concordante(s) qui y sont implantées.
Le « spectre de réponse » des structures, se présente sous la forme d’un « graphique » sur lequel on va lire
le « coefficient » d’amplification (par mise en résonance) ou de dé-amplification (par non concordance
des périodes sol-bâtiment) des paramètres du mouvement sismique (déplacement, vitesse, accélération),
mesurés au sol, par les différentes structures. Ainsi, on lira sur le spectre de réponse, la réponse de la
structure au signal du site en fonction de sa « période propre d’oscillation » et de son taux d’amortissement.
Le spectre de réponse des sites est un des outils issus des recherches en
sismologie sans lesquels on ne peut pas faire de construction parasismique
« démocratique ». Il permet de calculer avec des méthodes assez simples
l’action d’un séisme avec une très bonne fiabilité (spectre propre au site) ou
une assez bonne fiabilité (spectre standard de la réglementation, voir plus
loin).
En France, les règles PS-92 (qui concernent tous les bâtiments courants situés en zone
sismique) classent les sites selon quatre types S0, S1, S2 et S3 (du plus raide –rocher ou
assimilé- au plus meuble) qui sont censés représenter tous les cas de figures.
Les méthodes de calcul des « ouvrages à risque normal » concernés par les règles PS-92,
calcul modal spectral, utilisent le spectre de réponse en accélération du mouvement
sismique.
Figure 58 - Les graphiques ci-dessus représentent les différences de vitesse de propagation des
ondes P et S dans les différentes strates du globe terrestre. (Document Université de Laval –
Québec)
Des enregistrements en différents points du globe des ondes P et des ondes S provenant des différents
séismes majeurs à des vitesses différentes ont permis de déterminer sur leurs trajets (en ligne directe entre
l’épicentre et l’observatoire où se fait l’enregistrement en un point quelconque de la surface du globe) des
variations de densité, et la présence de milieux « liquides » dans lesquels les ondes S ne se propagent pas.
Ainsi la géométrie et la nature des différentes strates de la planète ont pu être déterminées.
Figure 59 - Décalage d'arrivée des ondes S par rapport aux ondes P : mesure de la distance
épicentrale (Documents Université de Laval – Québec)
En un lieu donné, comme les ondes P arrivent en premier, il y aura sur l'enregistrement un décalage entre le
début d'enregistrement des deux types d'ondes; ici par exemple, il y a un retard de 6 minutes des ondes S
par rapport aux ondes P. Le graphique suivant nous dit, par exemple, que pour franchir une distance de
2000 kilomètres, l'onde P mettra 4,5 minutes, alors que l'onde S mettra 7,5 minutes pour parcourir la même
distance; il y a un décalage de 3 minutes. Pour un séisme donné, il s'agit de trouver à quelle distance sur ce
graphique correspond le décalage obtenu sur l'enregistrement; on obtient alors la distance entre le séisme et
le point d'enregistrement.
L’établissement des lois d’atténuation permet de définir l’aléa sismique régional (ou la
« violence » des secousses possibles au niveau du rocher d’un site, d’une région), à partir
de la connaissance des sources « voisines » (voir § 7) et des milieux traversés.
Figure 62 - Propagation des ondes sismiques aux limites des strates de sol (document Milan
Zacek).
Ce phénomène explique les modifications sur signal sur les différents sites, dont les effets de site sur sol
meuble.
2
Réflexion : Changement de direction d’une onde (lumineuse, acoustique, radioélectrique) causé par un
obstacle. (Lois de la réflexion, énoncées par Descartes. «Le rayon réfléchi est dans le plan du rayon incident
et de la normale à la surface de réflexion au point d’incidence. L’angle de réflexion est égal à l’angle
d’incidence.»)
3
Réfraction : Déviation d’un rayon qui passe d’un milieu à un autre. L’Indice de réfraction dépend des
différences d’impédance entre les milieux.
4
Diffraction : Modification de la direction de propagation d’une onde au voisinage d’un obstacle.
Figure 63 - Enregistrements d'un même séisme en des points différents (Document USGS)
Ce document met en évidence plusieurs phénomènes : plus on s’éloigne de l’épicentre, plus l’arrivée des
ondes est tardive, ce qui est logique, mais par ailleurs la distance ne s’accompagne pas toujours de la
réduction des accélérations ou de la durée du séisme. Ainsi, malgré l’atténuation du signal « au rocher
horizontal » par la distance, ce sont les conditions de site qui vont modifier le signal local en cas de
conditions particulières : buttes, sols meubles, etc. (Si on établissait les spectres de réponse de ces
enregistrements sur les différents sites on verrait aussi que les pics fréquentiels ne sont pas les mêmes). Ce
phénomène, appelé « effet de site » est décrit sommairement au § 8.2. Les politiques de prévention
nécessitent l’identification des sites de comportements différents et leur caractérisation par des spectres de
réponse spécifique.
Le comportement des sols meubles est qualifié de « non linéaire », c’est à dire qu’il est
différent selon la violence des secousses qui y parviennent. Ainsi les caractéristiques de
comportement établies pour des mouvements faibles ne sont pas toujours valables pour
des mouvements forts. En effet, les sols meubles filtrent les hautes fréquences et
amortissent davantage les mouvements forts que les mouvements faibles, ce qui est
plutôt une bonne nouvelle en termes de sécurité (les spectres et leurs niveaux
d’amplification sont souvent établis sur mouvements faibles, donc a priori surestimés),
mais devrait être étudié en termes d’économies (pourquoi construire en fonction d’une
réponse plus élevée que la réponse réelle ?). La non-linéarité (l’amortissement) augmente
avec le niveau des sollicitations sismiques.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 52
La recherche travaille à caractériser les sols fortement non linéaires. Pour ce faire,
disposer d’enregistrements sur différents sols d’un séisme de référence et de séries de
répliques de magnitudes variables est nécessaire.
On sait déjà que les sols peu consolidés, sous fortes accélérations, augmentent avec le
niveau de sollicitation sismique leur taux d’atténuation anélastique des ondes (sans
modification macroscopique définitive de la structure du matériau) et diminuent leur
module de cisaillement (sous l’action des ondes S).
Ainsi on a un décalage de la fréquence fondamentale du sol vers les basses fréquences et
une diminution générale de l’amplitude des ondes. On pourrait considérer que ce
phénomène est globalement favorable, mais le niveau de sollicitation peut rester assez
important pour que certaines structures soient mises en résonance par les périodes
d’oscillation qui sont donc plus longues sous séisme fort.
Ces phénomènes sont encore trop mal identifiés pour être pris en considération par les
règles de construction PS-92. Mais ils posent des interrogations pour l’établissement des
spectres de microzonage des PPR à partir des enregistrements de mouvements faibles.
La recherche a établi que la non-linéarité commence sur les sols sableux pour des
accélérations supérieures à 0,1 – 0,2g, et sur les autres sols meubles pour des
accélérations supérieures à 0,3 – 0,4g.
Effets de site
5.7.1. Définition
Mesure en un lieu des effets du séisme, en termes de perception par la population (II à
VI), désordres sur les constructions (VI à X), bouleversements sur l’environnement (X à
XII). Elle s’écrit en chiffres romains quelle que soit l’échelle utilisée.
Mercalli a établi une échelle de mesure des effets locaux d’un séisme en 1902. Elle a été
modifiée en 1931. Elle évalue l'intensité d'un séisme sur une échelle discrète fermée de 12
degrés (de I à XII).
L’intensité est déterminée pour chaque site d’observation par l'ampleur des dégâts causés
par un séisme et par la perception qu'a eu la population du séisme. Il s'agit d'une
évaluation qui fait appel à une certaine subjectivité. Mais, à l'époque, on ne possédait pas
les moyens d'établir une échelle objective comme la mesure de l’énergie à la source
(Magnitude) et l’enregistrement des accélérations sur les sites.
Ce type d’observations post-sismiques a toujours un intérêt. Elle permet, sur les sites non
équipé d’appareils d’enregistrement, d’évaluer les accélérations par corrélations, et
d’établir à rebours la magnitude d’un séisme passé bien décrit à partir des isoséistes (voir
§ 5.6.3) et des lois d’atténuation.
L’échelle de Mercalli a été précisée par la suite notamment par Medvedev, Sponheuer et
Karnik en 1964 (Echelle MSK), puis par l’European Macroseismic Scale (EMS), actuellement
utilisée en Europe. L’évolution des techniques de construction, une meilleure connaissance
des comportements des matériaux et structures différentes et la volonté d’établir une
corrélation plus fine entre les niveaux d’accélération observés et les intensités ont abouti à
ces modifications (Il existe d’autres échelles que les trois citées).
Après un séisme on établit les courbes isoséistes : courbes d’égale intensité ou égale
accélération.
La localisation et la géométrie de la source sont des facteurs déterminants des isoséistes.
Mais ce ne sont pas les seuls. Les conditions de site sont également très importantes.
Figures 65 - Il n'y a pas de corrélation absolue entre la distance épicentrale et les isoséistes
(documents USGS)
Pour un séisme donné, ici Taiwan en 1999, les courbes isoséistes (égale intensité locale) décroissantes
montrent que l’atténuation de l’énergie sismique ne dépend pas que de la distance, mais aussi de la source
et des sites (topographie et nature des sols). Ainsi à Taiwan les courbes isoséistes ont davantage été
conditionnées par l’orientation du massif montagneux que par l’azimut de la faille.
Cette collecte de données passe entre autres par l’observation de la microsismicité actuelle
(microsismicité en l’absence de séisme fort) et par des recherches sur les indices de la
sismicité passée.
Jusqu’à l’arrivée d’un séisme majeur on ne dispose pas d’enregistrements de mouvements
forts pour établir les spectres de réponse précis des sites et les spectres réglementaires du
microzonage des PPR le cas échéant.
On peut néanmoins utiliser des spectres établis sur les enregistrements de la micro-
sismicité pour les différents types de sites. Ils indiquent assez bien les pics, sauf sur sol
meuble, mais pas les niveaux d’amplifications qui sont « surestimés » : l’amortissement
par les sols traversés est moins important que sur mouvements forts (Voir § 5.6).
6.5. La paléo-sismicité
L’observation des déformations régionales et locales (suivie d’études géotechniques)
permet de détecter la présence de failles ayant joué en surface dans un passé lointain et
dont le cycle serait trop long pour que les données actuelles et même historiques suffisent
à leur étude. Elle permet en outre de mesurer les déplacements sur une faille séisme par
séisme et de déterminer le cycle d’une faille.
Figure 75 - Géologues travaillant sur une tranchée pour étudier une ramification de la faille de
San Andréas (Document USGS)
Proches
1E+3
M≥6 - 25 ans
1
0.01
1E-3
2 4 6 8
Magnitude Mw
Figure 77 - Lois de fréquence-magnitude pour les différentes sources sismiques de la
Martinique. (Document Géo-Ter) Les lois des différentes failles étant régulièrement dégressives, la
somme de l’activité de plusieurs failles est également régulièrement dégressive.
L’évaluation déterministe de l’aléa sismique régional est la première étape d’une protection
« totale » des ouvrages contre les séismes. Elle est obligatoire pour les ouvrages à risque
spécial, pour lesquels non n’admet pas d’échec car, en cas de séisme majeur leur ruine
entraînerait des victimes et des pollutions sur des étendues beaucoup plus vastes que leur
emprise (Voir Ouvrages à Risque Spécial § 10.2).
Figure 79 - Carte de l'aléa sismique régional probabiliste de la France métropolitaine pour une
période de retour de 475 ans (Document BRGM) Ce document ne ressemble pas du tout à la carte de
l’aléa déterministe, ce qui indique que les séismes violents possibles dans la région de Nice, de la Durance,
des Pyrénées orientales et de la région de Bâle, connus dans le passé, ont une période de retour très
longue. Ainsi, les valeurs des « accélérations nominales » (mouvement sismique « au rocher ») retenues
pour chaque région sont-elles beaucoup plus faibles, puisque les « grands séismes » plus rares ne sont pas
retenus.
Figure 80 - Carte de l’aléa régional probabiliste des petites Antilles (Document BRGM)
L’étude de l’aléa sismique régional donne la carte d’aléa probabiliste ci-contre. On y observe bien que les
zones les plus proches de la zone de subduction ont les accélérations nominales les plus élevées. On
constate également que l’aléa est plus élevé au large de la Guadeloupe, c’est dû aux variations du pendage
de la subduction.
C’est bien sur les terres émergées (zones construites) que les valeurs estimées nous intéressent.
Pour les ouvrages à risque spécial (arrêté du 10 mai 1993) on retient pour déterminer l’aléa
régional la méthode déterministe. (Voir § 10.2112)
Pour les ouvrages à risque normal (arrêté du 27 mai 1997) on retient pour déterminer
l’aléa régional des valeurs forfaitaires de l’accélération au rocher dépendant du zonage
réglementaire (voir § 10.211) et de la classe des bâtiments : l’accélération nominale aN.
(Voir § 11.2111)
Figure 81 - Localisation schématique des effets possibles d’un séisme (Document Géo-Ter)
Les effets du séisme peuvent être plus ou moins destructeurs d’un lieu à l’autre, pour une
même construction, parfois à quelques dizaines de mètres près. L’étude de l’aléa local
permet ainsi de préciser la part du risque liée au site d’implantation.
S’il peut être envisagé de répondre à l’action de type oscillatoire par des dispositions
architecturales et constructives appropriées, il faut éviter absolument les conséquences
des effets induits (agir sur le phénomène avant le séisme, ou implanter le bâtiment hors
zone d’effet induit).
De même, il convient de vérifier l’adéquation entre le programme et le site:
Le site lui-même peut ne pas aggraver la vulnérabilité potentielle d’un bâtiment, mais ses
voies d’accès ou ses viabilités peuvent être très vulnérables. Ce qui n’est pas acceptable
pour certaines classes de bâtiments qui ont une nécessité vitale de pérennité des viabilités
et circulations, comme les hôpitaux ou les centres de secours par exemple.
Heureusement assez rares, ces effets directs du séisme ne se produisent qu’en cas de
séisme superficiel de magnitude très élevée. Les variations de niveau entre les
« compartiments » situés de part et d’autre de la rupture ont atteint plusieurs mètres lors
du séisme d’Alaska (1964).
Le problème se pose pour les grandes agglomérations et ouvrages importants situés sur
des sites tectoniques associés à ce type de conditions.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 68
Figure 83 - Séisme de Messine (1908)
(Document GNDT) Ici, les points de levée figurant
en rose sont remontés (jusqu’à 13 cm), et ceux en
bleu sont descendus (parfois de plus de 50 cm)
Le risque lié au jeu d’une faille en surface (déplacement visible du sol, de part et d’autre
de la faille, en hauteur et/ou en longueur) a une probabilité d’occurrence très faible en
France. Il doit néanmoins être étudié précisément pour les ouvrages à risque spécial, et
pour les bâtiments d’intérêt stratégique (classes C et D). Les constructions qui seraient
implantées sur une faille jouant en surface verraient leurs fondations (et l’ensemble de la
structure par conséquence) cisaillées par ce déplacement pouvant atteindre plusieurs
mètres dans certaines régions du monde!). Actuellement ce risque, bien que faible en
France métropolitaine et aux Antilles est évalué aux Antilles. Les déplacements attendus
sont faibles (moins de 20 cm). En termes d’aléa il est traduit sur les cartes des PPR par
des bandes de neutralisation (inconstructibles), larges pour tenir compte de l’incertitude si
les études précises n’ont pas encore été entreprises.
Figure 86 - Séisme de Taiwan, 1999, rejet de faille de près de trois mètres de haut dans un
bâtiment (Document USGS)
5
Actuellement Plans de Prévention des Risques (un PER approuvé vaut un PPR)
La réflexion des ondes sismiques à l’intérieur de ces reliefs peut amplifier les secousses qui
y parviennent, et plus particulièrement les composantes vibratoires correspondant aux
caractéristiques géométriques propres du site (effet de site). Les constructions implantées
sur ce type de reliefs pourront subir une action sismique beaucoup plus importante que
sur un site voisin non accidenté s’il y a concordance des fréquences du sol et du bâtiment.
S’il n’est pas envisageable de changer d’implantation, il convient de prendre les
dispositions architecturales nécessaires (par exemple modification de la fréquence propre
du bâtiment) et/ou des dispositions constructives appropriées (résistance mécanique
accrue, isolateurs, amortisseurs…)
Les phénomènes de réflexion des ondes sur ces zones en raison des fortes variations
d’impédance entre les différents milieux (par exemple vallées rocheuses partiellement
remplies d’alluvions) génèrent également des phénomènes d’amplification locale des
ondes sismiques par aggravation du phénomène décrit ci-après.
La réflexion des ondes sismiques « prisonnières » à l’intérieur d’une couche de sol meuble
entre la surface et le substratum rocheux a pour conséquence d’amplifier certaines
composantes des secousses sismiques qui y parviennent (en fonction de la période propre
du système qui dépend de la nature physique du sol et de sa géométrie). Ces
composantes peuvent être très sous-estimées par les spectres des sols S3 de la
réglementation.
En outre, ce type de sols permet une bonne propagation des ondes de surface (période
longue) et prolonge notablement la durée de l’action sismique, alors que les méthodes de
calcul « modal-spectral » des PS-92 ne tiennent pas compte de la durée du séisme.
Les constructions de période propre plutôt élevée sur les sols meubles peuvent subir une
action sismique beaucoup plus importante que sur le sol rocheux: éventuelle mise en
résonance si concordance entre les périodes propres du sol et celles du bâtiment,
augmentation de l’amplitude des déplacements différentiels sur les fondations,
prolongation de la sollicitation…
S’il n’est pas envisageable de changer d’implantation, il convient d’éviter absolument la
mise en résonance du bâtiment par concordance entre la fréquence propre du site et celle
du bâtiment (ou de disposer un système d’amortisseur pour éviter l’amplification), et de
prendre toutes les dispositions constructives liées à ce site sensible, notamment des
fondations descendues au bon sol. Il faut noter que les spectres réglementaires ne
permettent pas de prendre en compte un effet de site important sur sol meuble.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 73
Figure 91 - Séisme de Mexico (Document BRGM)
Exemple remarquable de l'amplification du mouvement sismique pour une période T proche de 2 secondes
dans cette cuvette alluvionnaire située à 350 km de l'épicentre. Les accélérations atténuées par la distance à
un niveau de 0,035g au rocher ont été amplifiées par la mise en résonance du sol à 0,17g pour cette période
qui est celle de la cuvette définie par son matériau (limons) et sa géométrie (H = 50 m). Les constructions
qui avaient elles-mêmes une période de 2s se sont mises en résonance avec le sol et ont subi des graves
dommages ou l’effondrement, car leurs accélérations en réponse ont atteint 0,7g.
Règles PS-92,
Par des méthodes aussi empiriques on peut avoir une approximation de la période
fondamentale d’une construction. Si les ordres de grandeur entre Tsol et Tbât sont proches,
il conviendra de se livrer à des études plus approfondies que la simple application des
règles… ou de changer l’architecture pour modifier la période du bâtiment ou lui conférer
un amortissement très élevé… En tout état de cause, ne pas se contenter aveuglément de
l’application des accélérations réglementaires de calcul sur les sols meubles.
PARAMETRES DETERMINANT LE MOUVEMENT VIBRATOIRE
1- La source
Rigidité
Piégeage et résonance : fi , Ai
Géométrie
Relief de surface
Focalisation + ? ?
Interfaces (vallées, bassins, irrégularités)
Diffraction, réflexion
Amplification et prolongation
Non-linéarités de comportement
Diminution de la rigidité et augmentation de l’amortissement
Réduction, voire élimination ( ?), des effets d’amplification
8.3. Effets induits par les secousses sismiques sur les sites
De la même manière, le risque est représenté par le glissement du sol vers les
constructions aval, mais également par la « régression » (progression vers l’amont de la
zone d’éboulement) vers les biens situés en amont de la zone instable. Indépendamment
de la détermination du risque de glissement des sols, il faut absolument, sur les sites en
pente, veiller à implanter les fondations sur un sol homogène (attention aux déblais-
remblais).
Pour les mêmes raisons de purge potentielle de la falaise ou du versant dominant un site,
il convient d’éviter l’implantation des constructions sur les zones aval concernées par le
risque (avalanches de pierres ou coulées de boues…), dont l’étendue doit être déterminée
avec soin… Ce qui n’est pas facile.
Sous l’action des ondes P, la pression d’eau interstitielle des sols granulaires augmente et
leur fait perdre leur cohésion. Des jets d’eau et de sable remontent à la surface sous l’effet
de cette pression et sont projetés en l’air avant de retomber sous forme de cônes de
sable. Des affaissements localisés par tassement de la couche de sable, dont les grains se
« réorganisent », se produisent.
Les études géotechniques permettent d’identifier les critères de susceptibilité à la
liquéfaction des sols et de détecter les zones où le phénomène pourrait se produire en cas
de séisme majeur.
A cet égard, âge du dépôt, granulométrie, saturation d’eau, et taux de contrainte cyclique
des sols sont déterminants et bien précisés par les règles PS-92.
Lorsque la couche de sol liquéfiée se trouve sous un talus, un glissement de terrain induit
peut s’en suivre. Ce cas de figure concerne particulièrement les rivages.
Figure 101 - Coupe schématique d’un glissement de talus sur sol liquéfié (Document BRGM)
Figure 102 - Séisme d’Anchorage 1964 (Document X) Illustration dramatique d’un glissement de talus
de grande ampleur sur une zone liquéfiée.
Ces caractéristiques des sols liquéfiables, définies par les règles PS-92 ont été vérifiées à
maintes reprises sur les séismes majeurs. Or, elles n’ont en général pas été vérifiées pour
la cartographie des Atlas communaux et des PPR français qui mentionnent une suspicion
de liquéfaction pour des zones sur les seuls critères de présence d’eau et de sables ou
limons. La vérification de ces critères sur les zones urbanisées et à urbaniser serait
souhaitable pour des raisons économiques, car elle permettrait de lever la suspicion sur
nombre d’entre elles.
8.3.4. Tsunamis
Le raz de marée (qu'on appelle du nom japonais "tsunami" dans le Pacifique) constitue un
phénomène particulièrement destructeur consécutif à un séisme. Il peut survenir plusieurs
heures après le séisme, et à des milliers de kilomètres de l’épicentre. Les Tsunamis qui
traversent le pacifique sont observés par satellite par les japonais qui lancent le cas
échéant une alerte d’évacuation des rivages.
D’autres effets induits par la secousse sismique sont susceptibles de provoquer des
désordres ou la ruine des bâtiments : propagation des incendies post-sismiques,
inondations par rupture d’une retenue d’eau, action de remblais lourds sur sols instables,
purge des terrassements sans soutènement …
Il est difficile de prétendre maîtriser tous les facteurs d’effets induits anthropiques.
Cependant une discipline d’observation du site, d’investigations sur documents, et
d’études géologiques ou géotechniques en rapport avec les enjeux de la construction en
projet … et la prise de décisions politiques permet de réduire sensiblement l’aléa lié aux
effets induits anthropiques.
Outre la problématique de l’aléa local pour un bâtiment à construire en zone urbanisée,
c’est toute la politique d’aménagement du territoire qui doit être envisagée en fonction de
l’aléa sismique : VRD, grands équipements, transports, etc.
Ainsi, bien que le sujet soit complexe, et dépasse l’objet strict de la sismologie appliquée à
la construction, avec des incidences éventuellement lourdes sur la programmation et le
budget, il est souhaitable, pour une véritable démarche parasismique, de prendre en
considération l’environnement construit et sa vulnérabilité.
Figure 105 - Cartographie de plusieurs aléas induits par le séisme à Fort de France (Document
BRGM)
Le chapitre 4, qui définit les règles générales de conception accorde une part importante
aux:
– Choix du site
– Reconnaissances de sol
– Prise en compte du sol pour le choix des fondations
4. REGLES GENERALES DE CONCEPTION
4.1. Choix du site
4.2. Reconnaissances et études de sol
4.3. Fondations
4.4. Structures
Le chapitre 10 est consacré aux problèmes de soutènement des pentes et présente les
critères de vérification de leur stabilité.
10. PAROIS D ’INFRASTRUCTURE ET OUVRAGES DE SOUTENEMENT
10.1. Règles générales
10.2. Méthodes de calcul simplifiées
10.3. Vérification de stabilité
10.4. Vérification de résistance
10.5. Murs de soutènement isolés
ALEA NATUREL ( Natural Hazard): Probabilité d’occurrence, dans une région et au cours
d’une période donnée, d’un phénomène naturel susceptible de causer des dommages.
RISQUE SPECIFIQUE (Specific Risk): Estimation du niveau des pertes pouvant être
attendues suite à un phénomène naturel particulier, exprimées par une fonction de l’aléa
et de la vulnérabilité.
ENJEUX DE SOCIETES
Les arbitrages politiques déterminant le niveau d’exigence légal pour la protection des
biens et des personnes dépendent du niveau de sensibilité de la société au problème et se
font en considération des facteurs :
Humains
Economiques (directs et indirects)
Figure 109 - Séisme d’Izmit, 1999. (Document EERI – USA) La perte d’une raffinerie de pétrole a un
impact sur l’économie d’une région qui est infiniment plus important que la valeur des installations. Il faut y
ajouter une atteinte à l’environnement.
Figure 110 - Séisme de Taiwan, 1999. (Document EQE – USA) Il en va de même pour la perte d’un
grand barrage. A ce titre, ces constructions font l’objet de procédures de construction plus complexes, celles
des Ouvrages à Risque Spécial.
- pertes patrimoniales (monuments, objets d’art…) qui n’ont pas une valeur matérielle en
soi, mais une valeur de mémoire pour la société,
- pertes sociologiques (déstructuration temporaire ou durable d’une société), la crise
sismique est un traumatisme dont la société qui en est victime ne sort pas indemne.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 92
ARBITRAGES
Ils doivent être faits entre :
- Incidence économique de la prévention sur le neuf et sur l’existant
- Incidence économique de la catastrophe, ramenée à sa probabilité d’occurrence.
Un pari à faire ? Les arbitrages nécessitent une bonne connaissance de la sismologie, de
l’aléa, de la vulnérabilité. L’arbitrage politique peut éventuellement être élevé par choix du
maître d’ouvrage.
En général :
Le séisme est considéré comme une action accidentelle, ajoutée aux charges
permanentes des structures, pour laquelle on établit une probabilité d’occurrence et
estime le risque.
La politique de mitigation du risque sismique est probabiliste. Pour les ouvrages à
risque normal, elle vise à sauver les vies humaines, elle admet les dégâts et un
pourcentage d’échecs décroissant avec l’importance de l’enjeu. Pour les ouvrages à risque
spécial elle vise l’absence de nuisances indirectes.
Le niveau de protection décidé par la puissance publique est forfaitaire.
– Les critères sont physiques (aléa, vulnérabilité, risque)
– Économiques (coût selon le niveau de réduction du risque)
– Politiques (degré de sensibilisation de la société)
DOMAINES D’ACTION
On doit mettre en relation la valeur des enjeux (selon les différents paramètres de l’enjeu)
avec:
- Le coût de la démarche parasismique préventive pour le neuf et pour le
renforcement de l’existant (coût absolu et coût relatif à l’aléa).
- Le coût de la réparation ou de la reconstruction après séisme.
(coût absolu et coût relatif à l’aléa).
Pour ce faire il faut les rapporter à la notion de risque sismique (Aléa x vulnérabilité x
Enjeux) et à une durée d’amortissement rapportée à la période de récurrence des
événements de gravité plus ou moins élevée.
Cette Loi est la première à encadrer la notion de « prévention des risques majeurs » et le
droit du citoyen à l’information sur son exposition aux risques.
(Loi codifiée en 2000.)
Equivalences entre la Loi du 22 juillet 1987 et le Code de l’environnement (via la Loi Barnier)
Les articles 562-1 à 562-7 du Code reprennent les articles 40-1 à 40-7 de la Loi
L’article 563-1 du Code reprend l’article 41 de la Loi
Relative au renforcement de la Loi de 1987 dont elle précise certains articles, elle
substitue les PPR aux PER.
(Loi codifiée en 2000.)
Son Titre II encadre les dispositions relatives à la prévention des risques naturels.
CHAPITRE Ier Des mesures de sauvegarde des populations menacées par certains risques
- Ses articles (11 à 15) ont été codifiés (Voir § 10.213).
CHAPITRE II Des plans de prévention des risques naturels prévisibles
- Son article 16 (portant modification de la Loi de 1987), a été codifié (Voir § 10.213).
- Ses articles 17 à 19 modifient le Code des assurances et la Loi sur l’indemnisation des victimes de
catastrophes naturelles (Voir encadré ci-après)
Art. 17. -
Il est inséré, dans le code des assurances, un article L. 121- 16 ainsi rédigé :
"Art. L. 121-16. - Toute clause des contrats d'assurance tendant à subordonner le versement
d'une indemnité en réparation d'un dommage causé par une catastrophe naturelle au sens de l'article L.
125-1 à un immeuble bâti à sa reconstruction sur place est réputée non écrite dès lors que l'espace
est soumis à un plan de prévention des risques naturels prévisibles."
Art. 18. -
Le I de l'article 5 et l'article 5-1 de la loi n 82-600 du 13 juillet 1982 relative à l'indemnisation des victimes de
catastrophes naturelles sont abrogés.
Art. 19. -
L'article L. 125-6 du code des assurances est ainsi modifié :
I. - Au premier alinéa, les mots : "plan d'exposition aux risques naturels prévisibles, défini par le
premier alinéa de l'article 5-1 de la loi n 82-600 du 13 juillet 1982" sont remplacés par les mots : "plan de
prévention des risques naturels prévisibles approuvé dans les conditions prévues par la loi n 87-565
du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et
à la prévention des risques majeurs".
II. - Au quatrième alinéa, les mots : "plan d'exposition" sont remplacés par les mots : "plan de prévention
des risques".
III. - Au quatrième alinéa, les mots : "prescriptions visées par le premier alinéa du I de l'article 5 de la loi n
82-600 du 13 juillet 1982 relative à l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles" sont remplacés
par les mots : "mesures visées au 4 de l'article 40-1 de la loi n 87-565 du 22 juillet 1987 précitée".
Art. 20. - I. -
L'article 16 de la loi n 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau est ainsi rédigé :
"Art. 16. - Dans les parties submersibles des vallées et dans les autres zones inondables, les plans de
prévention des risques naturels prévisibles institués par la loi n 87-565 du 22 juillet 1987 relative à
l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et à la prévention des risques
majeurs définissent en tant que de besoin les interdictions et les prescriptions techniques à respecter afin
d'assurer le libre écoulement des eaux et la conservation, la restauration ou l'extension des champs
d'inondation".
II. - Les articles 48 à 54 du code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure sont abrogés.
III. - Au I de l'article 46 de la loi n 92-3 du 3 janvier 1992 précitée, la mention des articles 48 à 54 du code
du domaine public fluvial et de la navigation intérieure est supprimée.
Art. 21. -
L'article 21 de la loi n 91-5 du 3 janvier 1991 modifiant diverses dispositions intéressant l'agriculture et la
forêt est ainsi rédigé : "Art. 21. - Afin de définir les mesures de prévention à mettre en oeuvre dans les
zones sensibles aux incendies de forêt, le préfet élabore, en concertation avec les conseils régionaux et
conseils généraux intéressés, un plan de prévention des risques naturels prévisibles institué par la loi n 87-
565 du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie
et à la prévention des risques majeurs."
Art. 22. -
A l'article L. 443-2 du code de l'urbanisme6, il est inséré, avant le dernier alinéa, un alinéa ainsi rédigé :
"Si l'une des zones visées au présent article est couverte par un plan de prévention des risques
naturels prévisibles établi en application de la loi n 87-565 du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la
sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et à la prévention des risques majeurs, les
prescriptions fixées en application du présent article doivent être compatibles avec celles définies par
ce plan."
6
POS, actuellement PLU
TITRE VI
PREVENTION DES RISQUES NATURELS
Chapitre Ier
Mesures de sauvegarde des populations menacées par certains risques naturels majeurs
Art. L. 561-1. - Sans préjudice des dispositions prévues au 5o de l'article L. 2212-2 et à l'article L. 2212-4
du code général des collectivités territoriales, lorsqu'un risque prévisible de mouvements de terrain,
d'avalanches ou de crues torrentielles menace gravement des vies humaines, les biens exposés à ce
risque peuvent être expropriés par l'Etat dans les conditions prévues par le code de l'expropriation
pour cause d'utilité publique et sous réserve que les moyens de sauvegarde et de protection des populations
s'avèrent plus coûteux que les indemnités d'expropriation.
La procédure prévue par les articles L. 15-6 à L. 15-8 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique
est applicable lorsque l'extrême urgence rend nécessaire l'exécution immédiate de mesures de sauvegarde.
Toutefois, pour la détermination du montant des indemnités qui doit permettre le remplacement des biens
expropriés, il n'est pas tenu compte de l'existence du risque.
Art. L. 561-2. - Sans préjudice des dispositions de l'article L. 13-14 du code de l'expropriation pour cause
d'utilité publique, les acquisitions d'immeubles peuvent ne donner lieu à aucune indemnité ou qu'à une
indemnité réduite si, en raison de l'époque à laquelle elles ont eu lieu, il apparaît qu'elles ont été faites dans
le but d'obtenir une indemnité supérieure au prix d'achat.
Sont présumées faites dans ce but, sauf preuve contraire, les acquisitions postérieures à l'ouverture de
l'enquête publique préalable à l'approbation d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles rendant
inconstructible la zone concernée ou, en l'absence d'un tel plan, postérieures à l'ouverture de l'enquête
publique préalable à l'expropriation.
Art. L. 561-3. - Le fonds de prévention des risques naturels majeurs est chargé de financer, dans la limite
de ses ressources, les indemnités allouées en vertu des dispositions de l'article L. 561-1 ainsi que les
dépenses liées à la limitation de l'accès et à la démolition éventuelle des biens exposés afin d'en
empêcher toute occupation future. En outre, il finance, dans les mêmes limites, les dépenses de
prévention liées aux évacuations temporaires et au relogement des personnes exposées.
Ce fonds est alimenté par un prélèvement sur le produit des primes ou cotisations additionnelles relatives à
la garantie contre le risque de catastrophes naturelles, prévues à l'article L. 125-2 du code des assurances. Il
est versé par les entreprises d'assurances ou leur représentant fiscal visé à l'article 1004 bis du code général
des impôts.
Le taux de ce prélèvement est fixé à 2 %. Le prélèvement est recouvré suivant les mêmes règles, sous les
mêmes garanties et les mêmes sanctions que la taxe sur les conventions d'assurance prévue aux articles 991
et suivants du code général des impôts.
En outre, le fonds peut recevoir des avances de l'Etat.
La gestion comptable et financière du fonds est assurée par la caisse centrale de réassurance dans un
compte distinct de ceux qui retracent les autres opérations pratiquées par cet établissement. Les frais
exposés par la caisse centrale de réassurance pour cette gestion sont imputés sur le fonds.
Chapitre II
Plans de prévention des risques naturels prévisibles
Art. L. 562-1. –
I. - L'Etat élabore et met en application des plans de prévention des risques naturels prévisibles
tels que les inondations, les mouvements de terrain, les avalanches, les incendies de forêt, les séismes, les
éruptions volcaniques, les tempêtes ou les cyclones.
III. - La réalisation des mesures prévues aux 3o et 4o du II peut être rendue obligatoire en
fonction de la nature et de l'intensité du risque dans un délai de cinq ans, pouvant être réduit
en cas d'urgence. A défaut de mise en conformité dans le délai prescrit, le préfet peut, après mise en
demeure non suivie d'effet, ordonner la réalisation de ces mesures aux frais du propriétaire, de l'exploitant
ou de l'utilisateur.
IV. - Les mesures de prévention prévues aux 3o et 4o du II, concernant les terrains boisés, lorsqu'elles
imposent des règles de gestion et d'exploitation forestière ou la réalisation de travaux de prévention
concernant les espaces boisés mis à la charge des propriétaires et exploitants forestiers, publics ou privés,
sont prises conformément aux dispositions du titre II du livre III et du livre IV du code forestier.
Art. L. 562-2. - Lorsqu'un projet de plan de prévention des risques naturels prévisibles contient certaines
des dispositions mentionnées au 1o et au 2o du II de l'article L. 562-1 et que l'urgence le justifie, le préfet
peut, après consultation des maires concernés, les rendre immédiatement opposables à toute personne
publique ou privée par une décision rendue publique.
Ces dispositions cessent d'être opposables si elles ne sont pas reprises dans le plan approuvé ou si le plan
n'est pas approuvé dans un délai de trois ans.
Art. L. 562-4. - Le plan de prévention des risques naturels prévisibles approuvé vaut servitude
d'utilité publique. Il est annexé au plan d'occupation des sols, conformément à l'article L. 126-1 du
code de l'urbanisme.
Le plan de prévention des risques naturels prévisibles approuvé fait l'objet d'un affichage en mairie et d'une
publicité par voie de presse locale en vue d'informer les populations concernées.
Art. L. 562-5. –
I. - Le fait de construire ou d'aménager un terrain dans une zone interdite par un plan de prévention des
risques naturels prévisibles approuvé ou de ne pas respecter les conditions de réalisation, d'utilisation ou
d'exploitation prescrites par ce plan est puni des peines prévues à l'article L. 480-4 du code de l'urbanisme.
II. - Les dispositions des articles L. 460-1, L. 480-1, L. 480-2, L. 480-3, L. 480-5 à L. 480-9 et L. 480-12 du
code de l'urbanisme sont également applicables aux infractions visées au I du présent article, sous la seule
réserve des conditions suivantes :
1o Les infractions sont constatées, en outre, par les fonctionnaires et agents commissionnés à cet effet par
l'autorité administrative compétente et assermentés ;
2o Pour l'application de l'article L. 480-5 du code de l'urbanisme, le tribunal statue au vu des observations
écrites ou après audition du maire ou du fonctionnaire compétent, même en l'absence d'avis de ces derniers,
soit sur la mise en conformité des lieux ou des ouvrages avec les dispositions du plan, soit sur leur
rétablissement dans l'état antérieur ;
3o Le droit de visite prévu à l'article L. 460-1 du code de l'urbanisme est ouvert aux représentants de
l'autorité administrative compétente.
Art. L. 562-6. - Les plans d'exposition aux risques naturels prévisibles approuvés en application
du I de l'article 5 de la loi no 82-600 du 13 juillet 1982 relative à l'indemnisation des victimes de
catastrophes naturelles valent plan de prévention des risques naturels prévisibles. Il en est de même
des plans de surfaces submersibles établis en application des articles 48 à 54 du code du domaine public
fluvial et de la navigation intérieure, des périmètres de risques institués en application de l'article R. 111-3
du code de l'urbanisme, ainsi que des plans de zones sensibles aux incendies de forêt établis en application
de l'article 21 de la loi no 91-5 du 3 janvier 1991 modifiant diverses dispositions intéressant l'agriculture et la
forêt. Leur modification ou leur révision est soumise aux dispositions du présent chapitre.
Les plans ou périmètres visés à l'alinéa précédent en cours d'élaboration au 2 février 1995 sont considérés
comme des projets de plans de prévention des risques naturels, sans qu'il soit besoin de procéder aux
consultations ou enquêtes publiques déjà organisées en application des procédures antérieures propres à
ces documents.
Art. L. 562-7. - Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application des articles L. 562-1 à L.
562-6. Il définit notamment les éléments constitutifs et la procédure d'élaboration et de révision des plans
de prévention des risques naturels prévisibles, ainsi que les conditions dans lesquelles sont prises les
mesures prévues aux 3o et 4o du II de l'article L. 562-1.
Art. L. 562-8. - Dans les parties submersibles des vallées et dans les autres zones inondables, les plans de
prévention des risques naturels prévisibles définissent, en tant que de besoin, les interdictions et les
prescriptions techniques à respecter afin d'assurer le libre écoulement des eaux et la conservation, la
restauration ou l'extension des champs d'inondation.
Art. L. 562-9. - Afin de définir les mesures de prévention à mettre en œuvre dans les zones sensibles aux
incendies de forêt, le préfet élabore, en concertation avec les conseils régionaux et conseils généraux
intéressés, un plan de prévention des risques naturels prévisibles.
Art. L. 563-1. - Dans les zones particulièrement exposées à un risque sismique ou cyclonique,
des règles particulières de construction parasismique ou paracyclonique peuvent être imposées
aux équipements, bâtiments et installations.
Si un plan de prévention des risques naturels prévisibles est approuvé dans l'une des zones
mentionnées au premier alinéa, il peut éventuellement fixer, en application de l'article L. 562-1,
des règles plus sévères.
Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application du présent article.
Art. L. 563-2. - Dans les zones de montagne, en l'absence de plan de prévention des risques naturels
prévisibles, les documents d'urbanisme ainsi que les projets de travaux, constructions ou installations soumis
à une demande d'autorisation ou à une décision de prise en considération tiennent compte des risques
naturels spécifiques à ces zones, qu'il s'agisse de risques préexistants connus ou de ceux qui pourraient
résulter des modifications de milieu envisagées.
Cette prise en compte s'apprécie en fonction des informations dont peut disposer l'autorité compétente.
Sans préjudice des dispositions des deux alinéas ci-dessus, le représentant de l'Etat visé à l'article L. 145-11
du code de l'urbanisme pour les unités touristiques nouvelles et à l'article L. 445-1 du même code pour les
remontées mécaniques tient compte des risques naturels pour la délivrance des autorisations
correspondantes.
10.2.2. Décrets
Ce décret définit :
- Le contexte de prise en compte du risque sismique
- Le zonage sismique de la France en 5 zones
Il prévoit le cadre des deux 2 futurs arrêtés pour:
- Les Ouvrages à Risque Normal (dont la ruine ne provoque que des atteintes de proximité
immédiate). (Voir 10.231)
- Les Ouvrages à Risque Spécial (dont la ruine provoque des atteintes à l’environnement
sur des étendues importantes). (Voir 10.232)
Art. 1er. - Les dispositions mentionnées à l'article 41 de la loi n° 87-565 du 22 juillet 1987 susvisée
destinées à la mise en œuvre de la prévention du risque sismique et applicables aux bâtiments, équipements
et installations nouveaux sont définies par le présent décret.
Art. 2. - Pour la prise en compte du risque sismique, les bâtiments, les équipements et les
installations sont répartis en deux catégories, respectivement dites "à risque normal" et "à
risque spécial".
Art. 3. - La catégorie dite "à risque normal" comprend les bâtiments, équipements et installations pour
lesquels les conséquences d'un séisme demeurent circonscrites à leurs occupants et leur voisinage immédiat.
Ces bâtiments, équipements et installations sont répartis en quatre classes :
- classe A : ceux dont la défaillance ne présente qu'un risque minime pour les personnes ou l'activité
économique ;
- classe B : ceux dont la défaillance présente un risque dit moyen pour les personnes;
- classe C : ceux dont la défaillance présente un risque élevé pour les personnes et ceux présentant le
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 99
même risque en raison de leur importance socio-économique.
En outre la catégorie "à risque normal" comporte une classe D regroupant les bâtiments, les équipements
et les installations dont le fonctionnement est primordial pour la sécurité civile, pour la défense ou pour le
maintien de l'ordre public.
Art. 4. - Pour l'application des mesures de prévention du risque sismique aux bâtiments, équipements et
installations de la catégorie dite et "à risque normal", le territoire national est divisé en cinq zones de
sismicité croissante :
- zone 0 ;
- zone I a ;
- zone I b ;
- zone II ;
- zone III.
La répartition des départements, des arrondissements et des cantons entre ces zones est définie par
l'annexe au présent décret.
Art. 6. - La catégorie dite "à risque spécial" comprend les bâtiments, les équipements et les
installations pour lesquels les effets sur les personnes, les biens et l'environnement de dommages même
mineurs résultant d'un séisme peuvent ne pas être circonscrits au voisinage immédiat desdits bâtiments,
équipements et installations.
Article 1
L'établissement des plans de prévention des risques naturels prévisibles mentionnés aux articles
40-1 à 40-7 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée est prescrit par arrêté du préfet. Lorsque le périmètre
mis à l'étude s'étend sur plusieurs départements, l'arrêté est pris conjointement par les préfets de ces
départements et précise celui des préfets qui est chargé de conduire la procédure.
Article 2
L'arrêté prescrivant l'établissement d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles détermine le
périmètre mis à l'étude et la nature des risques pris en compte ; il désigne le service
déconcentré de l'Etat qui sera chargé d'instruire le projet. L'arrêté est notifié aux maires des
communes dont le territoire est inclus dans le périmètre ; il est publié au Recueil des actes administratifs de
l'Etat dans le département.
Article 3
Le projet de plan comprend :
1° Une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, la nature des phénomènes
naturels pris en compte et leurs conséquences possibles compte tenu de l'état des connaissances ;
2° Un ou plusieurs documents graphiques délimitant les zones mentionnées aux 1° et 2° de l'article 40-1
de la loi du 22 juillet 1987 susvisée ;
3° Un règlement précisant en tant que de besoin :
- les mesures d'interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces zones en vertu du 1°
et du 2° de l'article 40-1 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée ;
Article 4
En application du 3° de l'article 40-1 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée, le plan peut notamment :
- définir des règles relatives aux réseaux et infrastructures publics desservant son secteur
d'application et visant à faciliter les éventuelles mesures d'évacuation ou l'intervention des
secours ;
- prescrire aux particuliers ou à leurs groupements la réalisation de travaux contribuant à la
prévention des risques et leur confier la gestion de dispositifs de prévention des risques ou
d'intervention en cas de survenance des phénomènes considérés ;
- subordonner la réalisation de constructions ou d'aménagements nouveaux à la constitution
d'associations syndicales chargées de certains travaux nécessaires à la prévention des risques, notamment
l'entretien des espaces et, le cas échéant, la réalisation ou l'acquisition, la gestion et le maintien en condition
d'ouvrages ou de matériels.
Le plan indique si la réalisation de ces mesures est rendue obligatoire et, si oui, dans quel délai.
Article 5
En application du 4° de l'article 40-1 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée, pour les constructions, ouvrages,
espaces mis en culture ou plantés, existants à la date d'approbation du plan, le plan peut définir des
mesures de prévention, de protection et de sauvegarde. Ces mesures peuvent être rendues obligatoires
dans un délai de cinq ans, pouvant être réduit en cas d'urgence.
Toutefois, le plan ne peut pas interdire les travaux d'entretien et de gestion courants des bâtiments
implantés antérieurement à l'approbation du plan ou, le cas échéant, à la publication de l'arrêté mentionné à
l'article 6 ci-dessous, notamment les aménagements internes, les traitements de façade et la réfection des
toitures, sauf s'ils augmentent les risques ou en créent de nouveaux, ou conduisent à une augmentation de
la population exposée.
En outre, les travaux de prévention imposés à des biens construits ou aménagés conformément aux
dispositions du code de l'urbanisme avant l'approbation du plan et mis à la charge des propriétaires,
exploitants ou utilisateurs ne peuvent porter que sur des aménagements limités dont le coût est
inférieur à 10 p 100 de la valeur vénale ou estimée du bien à la date d'approbation du plan.
Article 6
Lorsque, en application de l'article 40-2 de la loi du 22 juillet 1987 susvisée, le préfet a l'intention de rendre
immédiatement opposables certaines des prescriptions d'un projet de plan relatives aux constructions,
ouvrages, aménagements ou exploitations nouveaux, il en informe le maire de la ou des communes sur le
territoire desquelles ces prescriptions seront applicables. Ces maires disposent d'un délai d'un mois pour
faire part de leurs observations.
A l'issue de ce délai, ou plus tôt s'il dispose de l'avis des maires, le préfet rend opposables ces prescriptions,
éventuellement modifiées, par un arrêté qui fait l'objet d'une mention au Recueil des actes administratifs de
l'Etat dans le département et dont une copie est affichée dans chaque mairie concernée pendant un mois au
minimum.
Les documents relatifs aux prescriptions rendues ainsi opposables dans une commune sont
tenus à la disposition du public en préfecture et en mairie. Mention de cette mesure de publicité est
faite avec l'insertion au Recueil des actes administratifs et avec l'affichage prévus à l'alinéa précédent.
L'arrêté mentionné au deuxième alinéa du présent article rappelle les conditions dans lesquelles les
prescriptions cesseraient d'être opposables conformément aux dispositions de l'article 40-2 de la loi du 22
juillet 1987 susvisée.
Article 7
Le projet de plan de prévention des risques naturels prévisibles est soumis à l'avis des conseils municipaux
des communes sur le territoire desquelles le plan sera applicable.
Si le projet de plan contient des dispositions de prévention des incendies de forêt ou de leurs effets, ces
dispositions sont aussi soumises à l'avis des conseils généraux et régionaux concernés.
Si le projet de plan concerne des terrains agricoles ou forestiers, les dispositions relatives à ces terrains sont
Article 8
Un plan de prévention des risques naturels prévisibles peut être modifié selon la procédure décrite aux
articles 1er à 7 ci-dessus. Toutefois, lorsque la modification n'est que partielle, les consultations et l'enquête
publique mentionnées à l'article 7 ne sont effectuées que dans les communes sur le territoire desquelles les
modifications proposées seront applicables. Les documents soumis à consultation ou enquête publique
comprennent alors :
1° Une note synthétique présentant l'objet des modifications envisagées ;
2° Un exemplaire du plan tel qu'il serait après modification avec l'indication, dans le document graphique et
le règlement, des dispositions faisant l'objet d'une modification et le rappel, le cas échéant, de la disposition
précédemment en vigueur.
L'approbation du nouveau plan emporte abrogation des dispositions correspondantes de l'ancien plan.
Art. 1er. - Le décret du 14 mai 1991 susvisé est modifié ainsi qu'il suit :
Article 1
Il est institué un comité interministériel de prévention des risques naturels majeurs présidé par
le Premier ministre ou, par délégation, par le ministre chargé de l'environnement.
Article 2
Le comité interministériel comprend les ministres chargés de la défense, de l'éducation nationale, de la
recherche, de l'intérieur, de l'équipement, des transports, du logement, de l'urbanisme, de l'agriculture, de
l'outre-mer, des finances et de l'environnement.
Les autres ministres intéressés par les questions inscrites à l'ordre du jour sont invités à siéger au comité
interministériel.
Article 3
Le comité interministériel contribue à définir la politique conduite par le Gouvernement en matière de
prévention des risques naturels majeurs. Plus particulièrement, le comité interministériel fixe les
orientations dans les domaines suivants :
1° L'amélioration de la connaissance des risques, le renforcement de leur surveillance et de leur
prévision, ainsi que le développement de l'information préventive sur ces risques ;
2° Le renforcement de la prise en compte des risques dans l'utilisation des sols et dans la
construction ainsi que la réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens aux aléas,
notamment par le développement des plans et des travaux de prévention des risques naturels;
3° Le développement des méthodes d'analyse et d'expertise dans le domaine du risque naturel,
notamment par l'amélioration des méthodes de retour d'expérience pour tirer les leçons des
catastrophes occasionnées par la survenance des aléas et le renforcement des recherches dans
le domaine de la prévention des risques naturels majeurs.
Article 4
Le comité interministériel se réunit au moins une fois par an. Le délégué aux risques majeurs assure le
secrétariat permanent du comité interministériel.
Article 5
Le comité interministériel s'appuie sur un conseil d'orientation chargé de lui donner des avis et de lui faire
des propositions en matière de prévention des risques naturels.
Le conseil d'orientation peut proposer à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et
technologiques de s'associer à ses travaux.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 104
Article 6
Le conseil d'orientation comprend :
1° Un représentant de chacun des ministres membres de droit du comité ;
2° Le secrétaire général de la défense nationale ou son représentant ;
3° Dix personnalités qualifiées, dont deux représentants des compagnies d'assurance désignés par le
ministre chargé des finances, une personnalité désignée par le ministre chargé de l'équipement, une
personnalité désignée par le ministre chargé du logement, deux experts scientifiques désignés par le
ministre chargé de la recherche, et quatre personnalités désignées par le ministre chargé de l'environnement
4° Douze élus :
- trois députés désignés par l'Assemblée nationale ;
- trois sénateurs désignés par le Sénat ;
- six titulaires de mandats locaux désignés par le ministre chargé des collectivités locales.
Le président du conseil d'orientation est désigné par le ministre chargé de l'environnement. Le secrétariat du
conseil est assuré par le délégué aux risques majeurs.
Le conseil se réunit sur convocation de son président en tant que de besoin, et au moins une fois par an.
La durée des mandats des membres du conseil mentionnés au 3° de l'article 6 du présent décret est de trois
années.
La qualité de membre se perd avec la cessation des fonctions en considération desquelles l'intéressé a été
désigné. Un nouveau titulaire est alors désigné dans les mêmes conditions, pour la période de mandat
restant à courir.
Article 7
Le rapport sur la prévention des risques naturels majeurs, élaboré chaque année par le délégué
aux risques majeurs, est soumis pour avis au conseil d'orientation puis au comité
interministériel.
En application du décret du 14 mai 1991 il précise la règle pour les ouvrages à risque
normal. Abroge et remplace l’arrêté du 16 juillet 1992 qui avait le même objet, mais dont
le niveau d’exigence demandait à être revu, par exemple remplacement des règles PS-
69/82 par les règles PS-92, clarification de l’applicabilité à l’existant, etc.). Ainsi, il :
- Redéfinit les classes A, B, C et D
- Redéfinit les constructions auxquelles s’appliquent les règles
- Rend applicables les règles PS 92 et définit les niveaux d’accélération à retenir pour
les classes B, C, D selon chaque zone.
Art. 1er - Le présent arrêté définit les règles de classification et de construction parasismique pour les
bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" en vue de l’application de l’article 5 du décret du
14 Mai 1991 susvisé mentionnant que des mesures préventives sont appliquées aux bâtiments, équipements
et installations de cette catégorie, et vise notamment l’application des règles aux bâtiments nouveaux ainsi
que, dans les conditions définies à l’article 3 du présent arrêté, à certains bâtiments existants faisant l’objet
de certains travaux de construction.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 105
Art. 2. – I. - Classification des bâtiments
Pour l’application du présent arrêté, les bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" sont répartis en
quatre classes définies par le décret du 14 Mai 1991 susvisé et précisées par le présent article. Pour les
bâtiments constitués de diverses parties relevant de classes différentes, c’est le classement le plus
contraignant qui s’applique à leur ensemble.
Les bâtiments sont classés comme suit :
En classe A :
• les bâtiments dans lesquels est exclue toute activité humaine nécessitant un séjour de longue durée
et non visés par les autres classes du présent article ;
En classe B :
• les bâtiments d’habitation individuelle ;
• les établissements recevant du public des 4e et 5e catégories au sens des articles R. 123-2 et R. 123-
19 du code de la construction et de l’habitation ;
• les bâtiments dont la hauteur est inférieure ou égale à 28 mètres ;
• les bâtiments d’habitation collective ;
• les bâtiments à usage de bureaux, non classés établissements recevant du public au sens de
l’article R. 123-2 du code de la construction et de l’habitation, pouvant accueillir simultanément un
nombre de personnes au plus égal à 300 ;
• les bâtiments destinés à l’exercice d’une activité industrielle pouvant accueillir simultanément un
nombre de personnes au plus égal à 300 ;
• les bâtiments abritant les parcs de stationnement ouverts au public ;
En classe C :
• les établissements recevant du public des 1ère, 2ème et 3ème catégories au sens des articles R. 123-2
et R. 123-19 du code de la construction et de l’habitation ;
• les bâtiments dont la hauteur dépasse 28 mètres :
o bâtiments d’habitation collective ;
o bâtiments à usage de bureaux ;
• les autres bâtiments pouvant accueillir simultanément plus de 300 personnes appartenant
notamment aux biens suivants :
o les bâtiments à usage de bureaux, non classés établissements recevant du public au sens de
l’article R. 123-2 du code de la construction et de l’habitation ;
o les bâtiments destinés à l’exercice d’une activité industrielle ;
• les bâtiments des établissements sanitaires et sociaux, à l’exception de ceux des établissements de
santé au sens de l’article L. 711-2 du code de la santé publique qui dispensent des soins de courte
durée ou concernant des affections grave pendant leur phase aiguë en médecine, chirurgie et
obstétrique et qui sont mentionnés à la classe D ci-dessous ;
• les bâtiments des centres de production collective d’énergie quelle que soit leur capacité d’accueil ;
En classe D :
• les bâtiments dont la protection est primordiale pour les besoins de la sécurité civile et de la défense
nationale ainsi que pour le maintien de l’ordre public et comprenant notamment :
o les bâtiments abritant les moyens de secours en personnels et matériels et présentant un
caractère opérationnel ;
o les bâtiments définis par le ministre chargé de la défense, abritant le personnel et le
matériel de la défense et présentant un caractère opérationnel ;
• les bâtiments contribuant au maintien des communications, et comprenant notamment ceux :
o des centres principaux vitaux des réseaux de télécommunications ouverts au public ;
o des centres de diffusion et de réception de l’information ;
o des tours hertziennes stratégiques ;
• les bâtiments et toutes leurs dépendances fonctionnelles assurant le contrôle de la circulation
aérienne des aérodromes classés dans les catégories A, B et C2 suivant les instructions techniques
pour les aérodromes civils (ITAC) édictées par la direction générale de l’aviation civile, dénommées
respectivement 4C, 4D et E suivant l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ;
• les bâtiments des établissements de santé au sens de l’article L. 711-2 du code de la santé publique
qui dispensent des soins de courte durée ou concernant des affectations graves pendant leur phase
aiguë en médecine, chirurgie et obstétrique ;
• les bâtiments de production ou de stockage d’eau potable ;
• les bâtiments des centres de distribution publique de l’énergie ;
• les bâtiments des centres météorologiques.
Art. 3 - Les règles de construction, définies à l’article 4 du présent arrêté, s’appliquent dans les zones
de sismicité I a, I b, II ou III définies par article 4 du décret du 14 Mai 1991 susvisé :
1) A la construction de bâtiments nouveaux des classes B, C et D ;
2) Aux bâtiments existants des classes B, C et D dans lesquels il est procédé au remplacement total des
planchers en superstructure ;
3) Aux additions par juxtaposition de locaux :
• à des bâtiments existants de classe C ou D dont elles sont désolidarisées par un joint de
fractionnement ;
• à des bâtiments existants de la classe B dont elles sont ou non solidaires ;
4) A la totalité des bâtiments, additions éventuelles comprises, dans un au moins des cas suivants :
• addition par surélévation avec création d’au moins un niveau supplémentaire, même partiel, à des
bâtiments existants de classe B, C ou D ;
• addition par juxtaposition de locaux solidaires, sans joint de fractionnement, à des bâtiments
existants de classe C ou D ;
• création d’au moins un niveau intermédiaire dans des bâtiments existants de classe C ou D.
Pour l’application des 3° et 4° ci-dessus, la classe à considérer est celle des bâtiments après addition ou
transformation. Au cas où l’application des critères ci-dessus ne permet pas de définir sans ambiguïté la
nature des travaux d’addition ou de transformation et, notamment, d’opérer la distinction entre la
surélévation et la juxtaposition, c’est la définition la plus contraignante qui s’applique.
Art. 4. - I. - Les règles de construction applicables aux bâtiments mentionnés à l’article 3 du présent
arrêté sont celles de la norme NF P 06-013, référence DTU Règles PS 92 "Règles de construction
parasismique, règles applicables aux bâtiments, dites règles PS 92".
Ces règles doivent être appliquées avec une valeur de l’accélération nominale aN résultant de la
situation du bâtiment par rapport à la zone sismique, telle que définie par l’article 4 du décret du
14 Mai 1991 susvisé et son annexe, et de la classe, telle que définie à l’article 2 du présent arrêté, à laquelle
appartient le bâtiment.
Les valeurs minimales de ces accélérations, exprimées en mètres par seconde au carré, sont
données par le tableau suivant :
ZONES CLASSE B CLASSE C CLASSE D
II. - Pour les bâtiments appartenant à la classe B définis au paragraphe 1.1 (domaine d’application) de la
norme NF P 06-014 "construction parasismique des maisons individuelles ou des bâtiments assimilés,
règles PS-MI 89 révisées 92" et qui sont situés dans l’une des zones de sismicité I a, I b ou II, l’application
des dispositions définies dans cette même norme dispense de l’application des règles indiquées au I du
présent article.
Art. 5 - L’arrêté du 16 Juillet 1992 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique
applicables aux bâtiments de la catégorie dite "à risque normal" telle que définie par le décret du
14 Mai 1991 relatif à la prévention du risque sismique est abrogé aux dates d’entrée en application du
présent arrêté telles que précisées à l’article 6 ci-dessous.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 107
Art. 6. - Les dispositions du présent arrêté sont applicables, au plus tard, le premier jour du septième mois
suivant sa publication, aux bâtiments faisant l’objet d’une demande de permis de construire, ou d’une
demande d’autorisation au sens de l’article R. 123-23 du code de la construction et de l’habitation ou, en
dehors des cas indiqués précédemment, d’un début de travaux, à l’exception des bâtiments d’habitation
collective dont la hauteur est inférieure ou égale à 28 mètres, pour lesquels l’application des dispositions du
présent arrêté est reportée, au plus tard, au premier jour du treizième mois suivant la publication.
Art. 7. – Le directeur de la prévention des pollutions et des risques, délégué aux risques majeurs, le
directeur de l’eau, le directeur général des enseignements supérieurs, le directeur de la recherche et des
affaires scientifiques et techniques, le directeur de l’administration générale du ministère de la défense, le
directeur général de l’aviation civile, le directeur de la sécurité civile, le directeur du trésor, le directeur du
budget, le directeur du service public au ministère de l’industrie, de la poste et des télécommunications, le
directeur général de l’énergie et des matières premières, le directeur général des collectivités locales, le
directeur des affaires économiques, sociales et culturelles de l’outre-mer, le directeur de l’habitat et de la
construction, le directeur général de la santé et le directeur des hôpitaux sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 29 mai 1997
ARRETE du 10 mai 1993 fixant les règles parasismiques applicables aux installations soumises
à la législation sur les installations classées (JO du 17 juillet 1993)
Article 1er
Sont visées par le présent arrêté :
Les installations énumérées à la nomenclature des installations classées pour la protection de
l'environnement sous la mention " servitudes d'utilité publique ", à l'exception des installations dont l'étude
des dangers montre qu'elles ne présentent pas, en cas de séisme, des dangers d'incendie, d'explosion ou
d'émanation de produits nocifs susceptibles de porter atteinte aux intérêts visés à l'article 1er de la loi du 19
juillet 1976 susvisée en aggravant notablement les conséquences premières du séisme ;
Les installations classées non visées ci-dessus pour lesquelles le préfet, après avis du conseil départemental
d'hygiène, constate qu'elles présentent en cas de séisme des dangers d'incendie, d'explosion ou d'émanation
de produits nocifs susceptibles de porter atteinte aux intérêts visés à l'article 1er de la loi du 19 juillet 1976
susvisée en aggravant notablement les conséquences premières du séisme. Dans ce cas, les mesures
prévues au présent arrêté sont prescrites par un arrêté préfectoral pris dans les formes prévues à l'article 17
ou 18 du décret du 21 septembre 1977 susvisé.
Article 2
L'exploitant d'une installation visée à l'article 1er évalue le ou les " séismes maximaux
historiquement vraisemblables " (S.M.H.V.) à partir des données historiques et géologiques.
Le S.M.H.V. est défini de manière déterministe, en supposant que des séismes analogues aux séismes
historiquement connus sont susceptibles de se produire dans l'avenir avec une position d'épicentre qui
soit la plus pénalisante quant à ses effets en terme d'intensité sur le site, sous réserve que cette position
reste compatible avec les données géologiques et sismiques.
Article 3
Pour chaque séisme maximum historiquement vraisemblable ainsi déterminé, est défini le " séisme majoré
de sécurité " (S.M.S.) déduit du S.M.H.V. sur le site par la relation suivante (exprimée en unité d'intensité
M.S.K.) : intensité S.M.S. = intensité S.M.H.V. + 1, sous réserve que cette majoration reste compatible
avec les données géologiques et sismiques.
Article 4
Pour les installations situées dans les zones de sismicité 0 et I a, telles que définies par l'article 4 du
décret n° 91-461 du 14 mai 1991 susvisé et son annexe, l'exploitant peut substituer aux dispositions prévues
aux articles 2 et 3 ci-dessus la définition a priori d'un séisme majoré de sécurité. Ce dernier est alors
caractérisé par le spectre de réponse, en accélération horizontale, obtenu en multipliant les ordonnées du
spectre de référence, défini par l'annexe au présent arrêté, par une accélération de calage au moins égale à
1,5 m/s2 pour la zone de sismicité 0 et a 2,0 m/s2 pour la zone de sismicité I a.
Lorsque le préfet dispose de résultats d'études locales mettant en évidence des différences notables entre
les séismes majorés obtenus par les méthodes définies à l'alinéa précèdent et aux articles 2 et 3, il peut
imposer à l'exploitant d'avoir recours aux dispositions des articles 2 et 3, sans possibilité d'y déroger dans les
conditions définies à l'alinéa précèdent.
Article 5
L'exploitant établit, en tenant compte de l'étude de danger, la liste des éléments qui sont importants pour
la sûreté aussi bien pour prévenir les causes d'un accident que pour en limiter les conséquences.
Cette liste doit comprendre les équipements principaux ou accessoires ainsi que les éléments de supportage
et les structures dont la défaillance, éventuellement combinée, entraînerait un danger défini à l'article 1er,
de même que les éléments qui sont appelés à intervenir pour pallier les effets dangereux de la défaillance
d'un autre matériel.
Article 6
Les éléments importants pour la sûreté définis à l'article 5 doivent continuer à assurer leur
fonction de sûreté pour chacun des séismes majorés de sécurité définis à l'article 3 ou, lorsqu'il
en est fait usage, à l'article 4. L'exploitant établit les justifications nécessaires en étudiant la réponse de ces
équipements à des actions sismiques au moins égales à celles correspondant au spectre de réponse défini à
l'article 3 ou, lorsqu'il en est fait usage, à l'article 4. Pour celles-ci l'exploitant pourra prendre en compte la
possibilité d'incursion dans le domaine plastique soit par la prise en compte de coefficients de
comportement, soit par l'utilisation de critères traduisant le comportement élastoplastique. Ces coefficients
et critères doivent être compatibles avec la fonction de sûreté de l'équipement considéré.
Article 7
Les évaluations, inventaire, justification et définition prévus respectivement aux articles 2, 3, 5 et 6 seront
transmis a l'inspection des installations classées.
Article 8
Les dispositions du présent arrêté sont applicables à toute installation dont le dépôt de la demande
d'autorisation d'exploiter au titre de la législation des installations classées pour la protection de
l'environnement intervient plus d'un an après la date de publication du présent arrêté ; elles pourront être
rendues applicables en tout ou partie aux installations existantes dans les conditions prévues à l'article 18 du
décret n° 77-1133 du 21 septembre 1977.
Ces dispositions ne font pas obstacle aux mesures qui peuvent être prescrites compte tenu des particularités
des sites concernés, dans le cadre des arrêtés réglementant leur fonctionnement.
Article 9
Le directeur de la prévention des pollutions et des risques et les préfets de département sont chargés,
chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la
République française.
L'arrêté définit dans un premier temps une méthode d'évaluation de l'aléa sismique à prendre en compte
(article 2 à 4). Il demande ensuite l'élaboration d'une liste des installations ou équipements devant faire
l'objet de mesures de protection (article 5) puis les objectifs en matière de sécurité que les dispositions de
protection doivent permettre de satisfaire (article 6).
Article 1er
La détermination du champ d'application de l'arrêté ne nécessite pas une connaissance particulière sur la
sismicité de la zone géographique concernée. La capacité d'une installation à créer, en cas de séisme,
des accidents aggravant notablement les conséquences premières du séisme pourra s'évaluer
au vu des scénarios d'accidents développés dans l'étude des dangers de l'installation. On pourra
en particulier examiner les conséquences de scénarios de fuites importantes sur des réservoirs de produits
inflammables, explosifs ou toxiques; scénarios probables en cas de séisme.
Article 2
En l'état actuel des connaissances des processus géologiques engendrant une rupture brutale des roches,
notamment dans les zones à sismicité modérée (cas de l'essentiel du territoire national), la prédiction précise
dans l'espace et dans le temps de l'occurrence d'un séisme et a fortiori de son "agressivité" est impossible.
Aussi la prévention sismique se fonde sur le postulat selon lequel un séisme passé peut se reproduire dans le
futur sur le même accident géologiquement actif [accident sismogène (*)] et cela avec une "puissance"
comparable.
C'est ce que traduit la notion de SMHV introduite dans l'article 2. Elle provient de la pratique adoptée pour
les installations nucléaires de base (règle fondamentale de sûreté n° 1.2.c). Il convient de remarquer que
pour un site donné, il peut y avoir plusieurs SMHV à considérer; par exemple : un séisme de magnitude (*)
relativement faible mais situé près du site, et un séisme plus fort mais plus lointain, les deux produisant la
même intensité (*) sur le site.
Concrètement, la détermination du ou des SMHV s'appuie sur un ensemble de données
sismologiques et géologiques à rechercher dans des documents et banques de données
spécialisés et servant de base à une analyse sismotectonique (voir annexe). Cette recherche
documentaire doit être complétée par un recueil complémentaire d'information et par un travail
d'interprétation.
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 110
L'analyse de ces données doit permettre d'identifier :
- les domaines sismotectoniques (*) pertinents, c'est-à-dire les régions dont les caractéristiques tectoniques
(type et niveau des déformations, champs de contraintes) sont suffisamment homogènes pour qu'on puisse
envisager l'occurrence d'un séisme analogue à un séisme historiquement connu, en n'importe quel point du
domaine;
- les accidents (ou structures) sismogènes pertinents, c'est-à-dire les failles ou systèmes de failles, dont les
mouvements peuvent avoir été ou être à l'origine de séismes;
- pour ces 2 types "d'unités sismotectoniques", les séismes historiques les plus importants dans la région du
site, caractérisés de manière aussi précise que possible, compte tenu des données disponibles en termes de
distribution des intensités, de localisation de l'épicentre et de profondeur de foyer et, le cas échéant, de
données instrumentales.
A partir de ces éléments, la détermination du ou des SMHV découle de l'application des règles
déterministes suivantes :
a) Les séismes historiques du domaine sismotectonique auquel appartient le site, à l'exception de
ceux pour lesquels l'appartenance à un accident sismogène précis peut être justifiée, sont considérés
comme pouvant se produire au droit du site.
b) Ceux des séismes appartenant à un domaine sismotectonique voisin et non liés à un accident
sismogène (*) précis, sont considérés comme pouvant se produire au point de ce domaine le plus
proche du site.
c) Les séismes appartenant à un accident sismogène précis sont considérés comme pouvant se produire au
point de l'accident le plus proche du site.
L'aléa sismique ainsi paramétré permettant d'estimer les effets les plus importants sur le site est constitué
par le ou les séismes maximaux historiquement vraisemblables.
Article 3
La règle de majoration de un degré d'intensité, qui fait passer du SMHV au SMS vise à s'assurer,
avec un bon niveau de confiance, que l'installation ne subira pas, au cours de son existence, des actions plus
agressives que celles pour lesquelles elle aura été dimensionnée.
Cette règle de majoration est celle utilisée par la sûreté nucléaire, dans le contexte sismotectonique
de la France métropolitaine, caractérisé par :
- un niveau faible ou moyen de sismicité;
- une connaissance généralement bonne de la sismicité historique (sur une période d'au moins 500 ans);
- une connaissance incomplète des structures sismogènes actives dans une zone intraplaque
Cette règle de majoration peut s'avérer inapplicable, car aboutissant à des incohérences de
nature sismologique et/ou géotechnique dans un certain nombre de cas pour lesquels il peut
être admis, sous réserve de justifications, d'y déroger ou d'en modifier les modalités d'application ; ces cas
sont les suivants :
a) SMHV correspondant à un séisme interplaque (*) de grande magnitude (*). (cas de la zone de
subduction proche des Antilles françaises). La majoration de un degré d'intensité peut alors conduire à
envisager une dimension irréaliste pour la source sismique (magnitude); il convient alors de tenir
compte des dimensions maximales plausibles pour la source, pour fixer la magnitude à
considérer.
b) SMHV correspondant à un séisme intraplaque de magnitude voisine du maximum admis pour la
région considérée et dont le foyer est à grande distance du site; comme en a) ci-dessus, la majoration de
un degré d'intensité sur le site peut correspondre à une majoration irréaliste des effets du séisme dans la
zone épicentrale; la majoration pour passer du SMHV au SMS doit alors être prise en intensité épicentrale et
écrêtée à la valeur maximale la plus plausible compte tenu de l'extension de l'accident sismogène
correspondant; l'intensité sur le site découle alors de l'utilisation d'une loi d'atténuation
appropriée.
c) SMHV correspondant à un séisme de faible magnitude dont le foyer est proche du site et qui est
associé à un accident sismogène localisé et de faible extension ; la majoration de un degré d'intensité peut
alors correspondre (par exemple si l'on passe d'une intensité SMHV VIII à une intensité SMS IX) à une
extension de la zone source incompatible avec les dimensions estimées pour l'accident sismogène; dans un
tel cas, il convient, soit de procéder à des études spéciales, soit, à défaut, d'utiliser les règles
forfaitaires de détermination des mouvements décrites à l'article 2.4 de la règle fondamentale
de sûreté I.2.c.
d) Sites dont la nature des terrains et/ou la topographie sont telles qu'elles peuvent avoir une très
forte influence sur les mouvements sismiques en surface ; la majoration en termes d'intensité sur le site n'a
Article 4
Il convient de remarquer que la plus grande partie du territoire métropolitain est située en zone de sismicité
0 (qui ne signifie pas que le risque sismique est nul) ou Ia.
Article 5
Sur la base de l'étude de danger d'une installation concernée, l'exploitant détermine les ensembles, sous-
ensembles ou éléments dont la défaillance serait de nature à aggraver notablement les conséquences
premières du séisme définies par l'article 1, et donc de nature à créer un suraccident.
Cela concerne donc les événements susceptibles d'avoir des effets importants hors site, c'est-à-dire
essentiellement :
- les émissions aériennes importantes de produits toxiques;
- les BLEVE;
- les déflagrations de nuages de gaz inflammables;
- les pollutions très graves de ressources en eau potable.
Dès lors qu'un suraccident a été identifié, l'exploitant étudie les causes susceptibles d'y conduire, en tenant
compte en outre des défaillances spécifiques de celles induites par les séismes (chute éventuelle de
structures ou d'autres équipements, mouvements de terrains...).
A partir de chaque cause, on étudiera les scénarios qui en découlent pour vérifier si les conséquences sont
celles redoutées. Si tel est le cas, l'étude définira les remèdes possibles pour supprimer chaque cause ou en
réduire les effets.
Cette étude aboutira à la liste des éléments et aux exigences de comportement associées telles que
précisées pour l'application de l'article 6.
Article 6
Il s'agit de définir les vérifications à effectuer sur les éléments définis à l'article 5 pour assurer leur tenue au
séisme.
A l'issue de l'étude mentionnée à l'article 5, les éléments sont classés selon l'une des exigences de
comportement suivantes :
- stabilité, imposée aux éléments pour lesquels il suffit de prévenir le risque d'effondrement, ou de chute de
certaines parties pour éviter d'endommager des équipements ou structures adjacentes;
- intégrité, imposée aux éléments qui doivent maintenir certaines fonctions passives (par exemple
l'étanchéité d'une paroi);
- capacité fonctionnelle pour les éléments mécaniques statiques traversés par un fluide et pour lesquels une
limitation de déformation doit être assurée afin de garantir qu'il n'y a pas, par exemple, de réduction de
débit ou, plus généralement, de gêne à l'accomplissement de la fonction de sécurité;
Article 8
En ce qui concerne les installations existantes, compte tenu du nombre limité d'experts
compétents dans ce domaine, de la nécessité d'affiner les méthodologies, vous vous attacherez
prioritairement aux installations visées à la nomenclature des installations classées sous la
mention : "Servitudes d'utilité publique" en ne retenant pour les premières années que celles
pour lesquelles le facteur aggravant en cas de séisme est très important.
Vous voudrez bien me faire connaître les références de l'installation (ou des installations) que vous
envisagez de retenir et les échéances correspondantes afin d'apprécier au niveau national l'adéquation de
l'ensemble du programme avec la capacité d'expertise existante.
Pour ces installations existantes, les mesures prises pour atteindre le ou les objectifs décrits à l'article 6 ne
peuvent pas entraîner de modifications importantes touchant le gros oeuvre de l'installation et elles doivent
être techniquement et économiquement réalisables (article 37, alinéa 3, et 17, alinéa 2 du décret du 21
septembre 1977)
Je vous saurais gré de bien vouloir me faire part des difficultés qui pourraient apparaître dans l'application
du présent arrêté.
(*) Voir glossaire.
Glossaire
1° Banque de données SIRENE gérée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour son
propre compte ainsi que pour l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et Electricité de France
(EDF).
Cette banque rassemble les informations macrosismiques brutes concernant les séismes survenus pendant la
période historique sur le territoire métropolitain ou à proximité. Une demande de consultation doit être
présentée à l'un des trois organismes propriétaires. Il est néanmoins conseillé de demander au moins une
mise en forme pratique des données. Cette mise en forme ne constitue pas une exploitation des données et
ne suffit pas à la détermination du SMHV (nécessité d'une analyse sismotectonique).
2° Banque de données des mouvements forts (sismothèque) constituée par l'IPSN. L'utilisation de cette
banque nécessitant un minimum de connaissances en sismologie, son interrogation directe est déconseillée.
L'Institut peut fournir les données spectrales et les accélérogrammes appropriés correspondant aux SMS du
site concerné.
Les prestations minimales de ces organismes correspondent à quelques jours d'ingénieur et sont
actuellement facturées sur la base d'un forfait ou des tarifs en vigueur.
7
Conférence annuelle des Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, Lyon, novembre 1998
Introduction à la sismologie appliquée à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 Page 115
6. Actions sismiques d'ensemble
modélisation du mouvement sismique et nature des actions à considérer
modélisation des structures
prise en compte des comportements non linéaires
combinaison des effets des composantes du mouvement sismique
notations
méthodes de calcul
7. Actions locales
éléments passibles d'un calcul forfaitaire
structures secondaires et sous-systèmes
8. Règles de vérification
combinaisons d’actions
sécurité vis-à-vis des états limites ultimes
sécurité vis-à-vis des déformations
9. Fondations
liquéfaction des sols
stabilité des pentes
dispositions techniques concernant les ouvrages de fondation
calcul des fondations profondes
vérification de la force portante
fondations sur sols substitués compactés
prise en compte de l'interaction sol-structure
10. Parois d'infrastructure et ouvrages de soutènement
règles générales
méthode de calcul simplifiée
vérifications de stabilité
vérifications de résistance
murs de soutènement isolés
11. Béton armé et béton précontraint
généralités
spécifications concernant les matériaux
dispositions constructives des éléments principaux des ossatures
dispositions propres aux murs et voiles de contreventement
dispositions propres aux dalles et diaphragmes
dispositions propres aux éléments précontraints
coefficient de comportement
vérification de sécurité des éléments principaux
dispositions propres aux éléments secondaires
12. Structures en maçonnerie
généralités
éléments structuraux
éléments non structuraux
éléments divers
13. Construction métallique
symboles utilisés
principes généraux
types de structures métalliques
coefficient de comportement des structures dissipatives
exigences relatives à la classe des sections
assemblages situés au voisinage des zones dissipatives
vérification des barres dans les zones dissipatives
14. Constructions en bois
principes généraux
assemblages
règles particulières des structures en bois
coefficients de comportement
vérifications
15. Façades légères
N° Partie Titre
Partie 1-1 Règles générales : actions sismiques et exigences générales pour la
conception
Partie 1-2 Règles générales : règles générales pour les bâtiments
Partie 1-3 Règles générales : règles spécifiques pour divers éléments et matériaux
Partie 1-4 Règles générales : renforcement et réparation des constructions
Partie 2 Ponts
Partie 3 Tours, mâts et cheminées
Partie 3 Silos, réservoirs et pipelines
Partie 5 Fondations, ouvrages de soutènement et aspects géotechniques