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Département de Génie Civil Ecole

Année universitaire : 2022/2023 Nationale


Polytechnique
Enseignante : N. MIHOUBI BAOUCHE

Constructions parasismiques

Ecole Nationale Polytechnique, 10 Avenue Hassen Badi BP 182 El-Harrach


Alger (Algérie)
Tél : (213) 23 82 85 35 - Mail : enp@g.enp.edu.dz
Chapitre I : Présentation du phénoméne sismique

« La période de retour des séismes dans une région est en général si longue que les considérations
économiques sont plus puissantes que les amères leçons ; c'est ainsi que se renouvellent les catastrophes ».
Muto

N. MIHOUBI BAOUCHE Chapitre I : Présentation du phénomène sismique


TABLE DES MATIERES

1.1. INTRODUCTION
1.2. QU’EST-CE QU’UN SÉISME ?
1.2.1. Définition
1.2.2. Tectonique des plaques
1.2.3. Aléa sismique dans le Monde
1.2.4. Sismicité en Algérie
1.2.5. Évolution des règles parasismiques algériennes
1.2.6. Nouveaux concepts introduits dans les normes parasismiques actuelles
1.2.7. Ondes sismiques et enregistrement
1.2.7.1. Ondes de volume
1.2.7.2. Ondes de surface
1.2.7.3. Vitesse des ondes sismiques
1.2.7.4. Enregistrement des secousses sismiques
1.2.8. Caractérisation des séismes
1.3. COMMENT MESURE-T-ON LA TAILLE D'UN SEISME ?
1.3.1. Magnitude
1.3.2. Intensité
1.3.3. Accélération maximale ag
1.3.4. Déplacement maximal dg du sol
1.3.5. Durée d'un séisme
1.3.6. Accélérogramme
1.3.7. Spectres de réponse
1.3.7.1. Comment construire un spectre de réponse ?
1.3.7.2. Peut-on connaitre avec certitude l'accélérogramme d'un prochain séisme ?
1.3.7.3. Spectre de calcul Sd (T) horizontal de réponse en accélération du RPA99/2003
1.4. COMMENT SE MANISFESTE-T-IL ?
1.4.1. Effets directs
1.4.2. Effets induits
1.4.2.1. Tassement
1.4.2.2. Liquéfaction
1.4.2.3. Tsunami
1.5. QUELLES SONT LES MESURES PRISES EN ALGERIE ?
1.5.1. Peut-on prévoir un séisme ?
1.5.2. Surveillance sismique
1.6. METHODOLOGIE D’UN DIMENSIONNEMENT AUX SEISMES
1.6.1. Modélisation de la structure
1.6.1.1. Modélisation par éléments finis
1.6.1.2. Modélisation de type brochette
1.6.2. Vérification des section

N. MIHOUBI BAOUCHE Chapitre I : Présentation du phénomène sismique


CHAPITRE I : PRESENTATION DU PHENOMENE SISMIQUE

1.1. INTRODUCTION

La sismologie est une science relativement jeune, mais le premier détecteur sismique a été inventé
par un savant chinois en l’an 132 de notre ère. Le premier instrument d’enregistrement des ondes
sismiques a été fabriqué par Filippo Cecchi en Italie en 1875, mais c’est en 1889 à Potsdam, qu’un
séisme survenu au Japon a été enregistré pour la première fois. Et, parallèlement la connaissance
sur le noyau terrestre s’est considérablement développée.

La théorie de la tectonique des plaques qui explique en partie les causes des tremblements de terre
a été émise en 1910 par Wegener mais n’a pu être confirmée que dans la moitié du XXe siècle.

La sismologie est à la base de la connaissance de la structure profonde de la Terre. L’observation


sismique est la méthode principale de prospection du sous-sol en profondeur. Etant donné que les
plus profonds forages ne dépassent pas 12 km en Bavière allemande, cela ne représente donc que
0,18 % du rayon terrestre. L’importance de la sismologie ne se limite pas à l'étude des profondeurs
terrestres, elle permet également de mieux cerner les phénomènes qui sont à l’origine des
catastrophes.

1.2. QU'EST-CE-QU'UN SEISME ?

1.2.1. Définition

Un séisme est le résultat d'une rupture des roches en profondeur le long d'une faille généralement
préexistante. Cette fracture s'accompagne d'une libération soudaine d'une grande quantité
d'énergie potentielle accumulée lentement dans les roches. Suite à la propagation des ondes
élastiques due à cette libération d’énergie, ce mouvement se traduit en surface par un
déplacement du sol plus ou moins fort selon l’intensité sismique pouvant aller jusqu’à la rupture
des roches superficielles et à l’apparition des failles.

Il se produit actuellement, en moyenne 300 000 tremblements de terre par an mais seulement 1 à
2000 sont perçu par l’homme, et sur ceux-ci, seuls 200 sont assez fort pour produire des dégâts et
20 environ peuvent être considères comme des séismes majeurs, autrement dit dévastateurs.
À partir du foyer, point où débute la fracturation, rayonnent différents types d'ondes sismiques
qui se traduisent par surface par des vibrations du sol. Les dégâts sur les bâtiments dépendent de
l'amplitude, de la durée, de la fréquence des vibrations, des caractéristiques du terrain ainsi que
de sa distance au foyer.

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1.2.2. Tectonique des plaques

La Terre est vivante. À l’échelle géologique, les continents s’assemblent et se disloquent, les mers
apparaissent et disparaissent. La croûte terrestre est constituée de plusieurs grandes plaques qui
évoluent les unes par rapport aux autres : certaines s’écartent, d’autres convergent, mais il y a aussi
celles qui coulissent. Environ 90 % des séismes sont localisés au voisinage des limites de ces plaques
(Fig. 1.1).

Figure 1.1: Plaques tectoniques

Les mouvements des plaques lithosphériques résultent du fait que ces dernières flottent sur les
zones de faibles vitesses où le royaume du magma interne est animé par des mouvements
rhizosphériques générés par des réactions thermonucléaires sous l’effet de très hautes
températures (>1800°c) et de très fortes phases de pressions (>12 kbars = 1200 MPa). Ce sont ces
mouvements qui provoquent selon le sens, les déplacements convergents ou divergents à des
vitesses très variables.

En profondeur, les plaques se déplacent régulièrement de quelques millimètres à quelques


centimètres par an. Dans la partie supérieure de la croute terrestre, ce mouvement n’est pas
continu. Les failles peuvent rester bloquer durant de longues périodes tandis que le mouvement
régulier des plaques se poursuit. La région de la faille bloquée se déforme alors progressivement
(déformation élastique lente) en accumulant de l’énergie, jusqu’à céder brutalement : c’est la
rupture sismique, les contraintes tectoniques se relâchent. La faille se bloque à nouveau et le cycle
sismique recommence.

1.2.3. Aléa sismique dans le Monde

La Figure 1.2 représente la carte de l'aléa sismique dans le monde.

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Figure 1.2: Carte de l'aléa sismique dans le Monde

Les épicentres des séismes violents se trouvent en grande partie dans les zones de séparation des
plaques (séismes inter plaques dits tectoniques), ce qui confirme bien la théorie de la tectonique
des plaques. Cependant, un grand nombre de séismes se produit en dehors de ces limites (séismes
intra plaques). Certains d’entre eux sont dus à la répercussion des tensions entre les plaques jusqu’à
l’intérieur des continents (ils causent des déformations intracontinentales et peuvent être violents
comme c’est le cas en Chine centrale et orientale). D’autres sont des séismes d’effondrement
(écroulement des cavités) et des séismes volcaniques (déplacement du magma).

On distingue trois ceintures différentes caractérisées par la densité géographique des séismes
observés, qui sont :
1. Ceinture du Pacifique, appelée également ceinture du feu à cause de nombreux volcans qui
s’y trouvent. Elle libère à elle seule 80 % de l’énergie sismique libérée chaque année
(Amérique du Sud, côte californienne, Alaska, Japon, Formose, Philippines, Nouvelle
Zélande).

2. Ceinture transasiatique : elle libère 15 % de l’énergie sismique annuelle. Elle est raccordée
à la ceinture du pacifique en Indonésie, elle se prolonge jusqu’à la Méditerranée.

3. Dorsales océaniques : elles libèrent environ la totalité des 5 % d’énergie restante.

Il faut noter que l’homme peut aussi déclencher des séismes artificiels de grande ampleur au niveau
régional par :
- Les explosions nucléaires ou classiques.
- Le changement des conditions hydrauliques des sites.
- Les effondrements de terre suite aux activités humaines.
- Etc.

Néanmoins, leurs conséquences même dramatiques ne peuvent être comparées à celles des
séismes naturels.

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1.2.4. Sismicité en Algérie

La Figure 1.3 représente la carte de zonage sismique de l'Algérie (AFPS) élaborée après le séisme
de 2003 qui a secoué les wilayas d'Alger et de Boumerdes.

Figure 1.3: Carte de zonage sismique d'Algérie

Les limites naturelles de l’Algérie sont la Mer Méditerranée au Nord (1200 km de côtes), le Maroc à
l’Ouest, la Tunisie et la Libye à l’Est, la Mauritanie et le Sahara Occidental au Sud-Ouest et finalement
le Mali et le Niger au Sud. Par sa superficie (2 381 741 km²), l’Algérie est après le Soudan, le deuxième
plus grand pays d’Afrique et du monde arabe.

Le pays comprend quatre grands domaines du Nord au Sud :


- L’Atlas Tellien, constitué de reliefs escarpés et de plaines littorales dont les plus riches
d’Algérie sont la Mitidja au centre, le Chélif à l’Ouest et le Seybouse à l’Est.

- Les Hauts Plateaux.

- L’Atlas saharien forme une longue suite de reliefs orientés NE-SO s’étendant du Maroc à la
Tunisie.

- Le Sahara qui est un désert formé de grandes étendues de dunes, de plaines caillouteuse et
parsemé d’oasis.

L’Algérie est divisée en deux unités tectoniques majeures séparées par la faille sud-atlasique : le
Nord du pays porte l’empreinte de la tectonique alpine tandis que le Sud formé par la plate-forme
saharienne est relativement stable et la tectonique y est moins prononcée.

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Du point de vue géodynamique, l’Algérie est située sur une limite majeure entre deux plaques
tectoniques : la plaque Eurasienne et la plaque Africaine. Le séisme du 21 mai 2003 est lié à un
contexte tectonique compressif créé par la remontée nord-ouest de la plaque Africaine contre la
plaque Eurasienne. D’après le modèle global, la vitesse de raccourcissement entre les deux plaques
est estimée entre 5 et 6 mm/an dans la région d’Alger. L’affrontement entre les deux plaques a
donné naissance notamment à la chaîne de l'Atlas Tellien. Ce massif forme une zone complexe
constituée de nappes mises en place au Miocène inférieur.

La tectonique est celle de la collision Afrique-Europe et l’Algérie du Nord a été victime de nombreux
séismes qui sont majoritairement des séismes en faille inverse en accord avec le mouvement
général de compression à la frontière des plaques tectoniques Eurasie et Afrique. Les cartes
sismotectoniques disponibles pour l’Algérie du Nord font état de deux types de failles : d’une part,
des failles décrochantes dont la faille de Thénia, et d’autre part des failles en compression avec des
prolongements marins probables. Ainsi, les failles bordant la Mitidja et le Sahel se poursuivent en
mer au large de la côte entre Boumerdes et Dellys.

Le séisme dévastateur (7,1 sur l’échelle de Richter) qui a secoué la région d’El Asnam (anciennement
Orléans ville et désormais appelée Chlef) en date du 10 octobre 1980 a fait plus de 5000 morts. La
même ville a été sévèrement frappée par un séisme de magnitude 6,4 qui a fait environ 1000 morts.

D'autre part, la région Ouest d’Alger jusqu’à Cherchell a connu de nombreux séismes destructeurs
par le passé notamment ceux de 1365, 1716, 1722. Aux alentours immédiats, on peut citer les
séismes de Cherchell (1735 et 1847), Hadjout (1756), Koléa (1802) et Mitidja (1867). À 80 km au
Sud-Est d’Alger, le séisme de 1910, a atteint une magnitude de 6,4 sur l’échelle ouverte de Richeter.

Plus récemment, plusieurs séismes de magnitude comprise entre 5 et 6 se sont produits à l’Ouest
d’Alger dans les régions de Cherchell, Tipaza et Médéa respectivement en 1988, 1989 (70 morts et
150 000 sans-abris), 1990 et 1996. Tous ces séismes ont été largement ressentis à Alger.

À l'Est d'Alger, les cartes de sismicité historique et instrumentale montrent une zone de faible à
moyenne sismicité s'étendant au-delà de Tizi Ouzou, à toute la Kabylie.

La Figure 1.4 représente la carte sismotectonique du Nord d'Algérie (AFPS).

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Figure 1.4: Carte sismotectonique du Nord de l'Algérie

1.2.5. Évolution des règles parasismiques algériennes

Les premières règles de conception et de calcul parasismiques sont apparues en Algérie après le
séisme d’Orléans Ville en 1954 : ce sont les AS 55 (Sismicité en Algérie 1955). Il s’agissait d’assurer
la résistance des ouvrages vis-à-vis des charges sismiques prises égales à un certain pourcentage du
poids propre. Ce pourcentage était estimé à environ 20 %.

L’accumulation progressive d’enregistrements a permis de remettre en cause les niveaux


d’accélération horizontale du sol. On s‘est rendu compte que lors des séismes dévastateurs, ces
accélérations pouvaient atteindre 0,5g, voire plus. À partir de ce constat, les dissipations d’énergie
intervenant dans les structures permettent d’expliquer la résistance de certains ouvrages à de tels
niveaux d’accélération. De là est née la réglementation dite de deuxième génération comme les PS
69 (Règles Parasismiques Françaises).

Pour le dimensionnement des ouvrages en Algérie, on utilisait jusqu’à 1978, le règlement français
(PS 69). L’Algérie dans son ensemble était assimilée à la région II du territoire français.

Au fil du temps, le retour d’expériences a permis de recueillir un bon nombre d’informations qu’il
convenait d’intégrer dans les règles de conception et calcul parasismiques. Aussi, après le séisme
qui a secoué la région d’El-Asnam (ex-Orléans Ville, Chlef d’aujourd’hui) en 1980, il est apparu que
le règlement français PS 69 n’était pas suffisant pour l’Algérie.

La nécessité d’un règlement parasismique algérien tenant compte des caractéristiques géologiques
et géographiques réelles de chaque région devient impérative. C’est ainsi que le CTC (Organisme de
Contrôle Technique de la Construction) en collaboration avec les experts de l’Université de Stanford
(USA) publia en 1979, une ébauche de ce qui allait devenir en 1981, les règles parasismiques
algériennes RPA 81.

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Pour arriver à la dernière version du règlement parasismique RPA99 version 2003, de nombreuses
modifications ont été faites par le CGS (Centre de recherche appliquée en Génie Parasismique),
surtout après les séismes destructeurs du 10 octobre 1980 à El-Asnam et celui du 21 mai 2003, à
Boumerdes, qui remettaient en cause un grand nombre de prescriptions.

1.2.6. Nouveaux concepts introduits dans les normes parasismiques actuelles

Le comportement réel d’une structure soumise à une agression sismique est fortement non linéaire
et donc très complexe. Durant le séisme, la structure est en général sollicitée au-delà du domaine
élastique de manière dynamique ou cyclique. Même en faisant abstraction de l’incertitude
importante entachant la sollicitation elle-même, le comportement sismique structural réel est
soumis à une telle variabilité que les méthodes de dimensionnement traditionnelles doivent être
appliquées qu’avec prudence. En particulier, des précautions sont nécessaires pour pouvoir
bénéficier pleinement de l’effet favorable de la plastification de la structure.
À cet effet, une méthode de dimensionnement moderne a été développée. Il s’agit de la méthode
de dimensionnement en capacité. Effet, au lieu de se focaliser sur les sollicitations dont la
détermination reste très incertaine, le dimensionnement en capacité se base sur la capacité de la
structure à supporter favorablement les sollicitations d'origine sismique par la dissipation sous
forme de déformations plastiques. Et, ce qui fait la force de ce dimensionnement, c'est que son
principe de base est simple : le concepteur impose à la structure comment elle doit se comporter,
autrement dit, là où elle doit se plastifier et là où elle doit rester dans le domaine élastique-linéaire.
En d'autres termes, le concepteur choisit les endroits où les déformations plastiques doivent se
concentrer (rotules plastiques) en cas de séisme.

Par conséquent, si le concept de dimensionnement en capacité est correctement appliqué, alors


quel que soit le niveau de séisme envisagé, les efforts dans les différentes sections de l'ouvrage
n'excéderont pas une certaine valeur qui dépend uniquement des caractéristiques intrinsèques de
la structure (palier plastique des rotules).

Ce principe est particulièrement intéressant en conception parasismique compte tenu des


incertitudes liées à la nature des sollicitations. Il permet par ailleurs de maitriser l'endommagement,
tant du point de sa localisation (zones de rotules plastiques choisies par le concepteur) que de son
mécanisme (mécanisme de flexion privilégié).

1.2.7. Ondes sismiques et enregistrement

Une onde (unda mot latin signifiant eau constante ou flot) est un phénomène résultant de la
propagation dans un milieu d’une succession de perturbations de courte durée transmises avec
transfert d’énergie mais sans transfert de matière.

Les propriétés élastiques des roches et des sols permettent à l’énergie libérée au foyer du séisme
de se propager dans toutes les directions sous forme d’ondes.

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Les ondes sismiques appartiennent à deux grandes familles, à savoir :
- Les ondes de volume.
- Les ondes de surface.

1.2.7.1. Ondes de volume


On distingue deux types d'ondes de volume : les ondes longitudinales et les ondes transversales.
1. Les ondes longitudinales appelées aussi ondes primaires ou ondes P car elles sont les plus
rapides et les premières à arriver à la surface. Ce sont des ondes de compression et de
dilatation dans le sens de la propagation. Elles se propagent dans tous les milieux avec une
vitesse moyenne est de 7 à 8 km/s.

2. Les ondes transversales appelées aussi ondes secondaires ou ondes s car elles atteignent la
surface de la Terre en deuxième position. Ce sont des ondes de cisaillement
perpendiculaires à la direction de propagation, et qui ne se propagent que dans les milieux
solides.

1.2.7.2. Ondes de surface


Elles sont générées par les ondes de volume en surface. En effet, à la surface terrestre à la limite
entre le milieu solide (ou liquide) et le milieu gazeux, les conditions physiques et géométriques font
que les ondes P et S induisent des ondes de longues périodes et de grandes amplitudes. Leur
importance diminue avec la profondeur du foyer. On distingue les ondes de Rayleigh (R) qui font
décrire aux particules du sol des mouvements elliptiques dans le sens rétrograde et les ondes de
Love (L) particulières aux milieux stratifiés et anisotropes. Ces dernières ne traversent que les
milieux solides. Elles provoquent des cisaillements du sol dans les plans parallèles à la surface en
ébranlant des constructions horizontales.

La Figure 1.5 représente schématiquement le sens de la propagation de ces différentes ondes.

a) Ondes de volume b) Ondes de surface

Figure 1.5: Ondes sismiques

1.2.7.3. Vitesse des ondes sismiques


Dans un milieu solide, les vitesses théoriques des ondes sont évaluées à partir des relations
suivantes :

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1. Vitesse des ondes P
k+4/3n
VP = √ (1.1)
ρ

Où,
k : module d’incompressibilité
n : module de rigidité
ρ : masse volumique

2. Vitesse des ondes S


n
VS = √ρ (1.2)

3. Vitesse des ondes de Rayleigh


n
VR = 0,92 VS = 0,92 √ρ (1.3)

4. Rapport entre les vitesses P et S


VP
= √3 (1.4)
VS

1.2.7.4. Enregistrement des secousses sismiques


Les secousses sont mesurées au moyen de sismographes depuis 1930. Dans les stations
d’enregistrement, on rencontre deux types de sismographes :
- Des sismographes (les appareils les plus classiques) construits sur le principe des pendules
pour enregistrer les vibrations du sol (Fig. 1.6).

- Des sismographes (les plus récents) qui mesurent les déformations du sol et les enregistrent
sur papier photographique ou sur bande magnétique. Ces derniers permettent de rejouer
l’enregistrement avec éventuellement le filtrage ou amplification.

Masse
Masse

Mouvement du cadre

Mouvement du cadre
a) Sismographe vertical b) Sismographe horizontal
Figure 1.6: Sismographe classique

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Les enregistrements des secousses en fonction du temps sont appelés les sismogrammes (Fig. 1.7).
Ils caractérisent les mouvements sismiques du sol sur un site donné (après corrections pour éliminer
l’influence des oscillations propres du sismographe). Ils sont généralement représentés sous forme
d’accélérations en fonction du temps. Dans ce cas, les appareils sont appelés accéléromètres et leurs
enregistrements accélérogramme. Toutefois, les caractéristiques peuvent être les vitesses ou les
déplacements en fonction du temps.

Par ailleurs, il faut souligner le fait que sur un autre site situé à égale distance de l’épicentre,
l’enregistrement d’un même séisme sera différent étant donné que l’amplitude et la fréquence de
ces ondes sont inégalement modifiées en fonction des caractéristiques physiques, mécaniques et
géométriques des milieux traversés entre le foyer et les stations d’enregistrement.

La Figure 1.7 représente le schéma d’un sismogramme.


Amplitude

Bruit de fond Ondes de volume Ondes de surface Bruit de fond

Ondes P Ondes S

Temps en seconde

Début du séisme Fin du séisme

Figure 1.7: Représentation schématique d'un sismogramme

Les sismogrammes fournissent également la durée des séismes qui ne dépasse pas, en général, 60
sec bien que des séismes de quelques minutes ont déjà été enregistrés dans le passé.

Les sismogrammes permettent également de localiser les épicentres des séismes en exploitant la
différence de temps d’arrivée à au moins trois stations suffisamment éloignées de l’épicentre afin
que les ondes P aient le temps de se séparer des ondes S. Cette localisation est très facile pour les
séismes superficiels (90 % des cas) car la distance épicentrale est à peu près égale à la distance
focale. Pour les séismes profonds, il y a lieu de calculer d’abord la profondeur du foyer avant de
localiser l’épicentre.

En pratique, pour connaître complètement le mouvement du sol à un endroit donné, on dispose au


moins de trois sismographes, c'est-à-dire un dans chaque direction de l’espace (2 horizontaux + 1
vertical) :
- Un sismographe horizontal orienté Nord-Sud.

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- Un sismographe horizontal orienté Est-Ouest.
- Un sismographe vertical.

Les accélérations sismiques sont généralement données en fonction de l’accélération de la


pesanteur g.

Les êtres humains sont capables de percevoir les accélérations de 0,05 g et commencent à perdre
l’équilibre à 0,1g, accélération à partir de laquelle les constructions de conception irrationnelle
peuvent subir des dommages.

1.2.8. Caractérisation des séismes

Les paramètres les plus importants pour caractériser un séisme sont :


- La faille
C’est la rupture de la roche en profondeur pouvant se propager jusqu'à la surface du sol.

- Le foyer (hypocentre)
Il correspond au point de départ du séisme, c'est-à-dire la région de la faille d'où partent les ondes
sismiques. Il peut se trouver à plusieurs kilomètres sous la surface (jusqu’à près de 700 km) et à
plusieurs centaines de kilomètres de la zone donnée. Les séismes superficiels se produisent
généralement dans les quinze premiers kilomètres de la croûte terrestre.

- L’épicentre
C’est le point de la surface du sol le plus proche du foyer. Il est défini par ses coordonnées latitude
et longitude.

- La magnitude ou echelle de Richter


La magnitude est un paramètre lié à la quantité d'énergie libérée par un séisme.

- L’intensité
L'intensité est définie par l'importance des effets provoqués par un séisme en un point donné sur
les hommes et sur les constructions. En général, elle diminue quand on s'éloigne de l'épicentre (Fig
1.8).

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Figure 1.8: Distinction entre la magnitude et l'intensité

Un séisme principal est souvent suivi d'un cortège de séismes de moindre magnitude et plus diffus
(pouvant néanmoins être destructeurs) à proximité ou au foyer même de ce séisme qu'on appelle
répliques. Ces répliques diminuent généralement en fréquence et en magnitude avec le temps.
Certaines peuvent se produire jusqu'à près d'un an après un très fort séisme.

Parfois, quelques semaines à quelques secondes avant un séisme dévastateur, des séismes de
moindre magnitude peuvent se produire à proximité du foyer. Ils sont appelés séismes
précurseurs.

Il se produit actuellement en moyenne 300 000 tremblements de terre par an, mais seulement 1 à
2000 sont perçus par l’homme, et sur ceux-ci 200 sont assez forts pour produire des dégâts et 20
environ peuvent être considérés comme des séismes majeurs, autrement dit dévastateurs.

Les séismes majeurs ne semblent pas plus nombreux qu’au début de l’époque historique : les
chroniques chinoises, vieilles de 2500 ans nous renseignent là-dessus.

Il faut noter que les chinois disposaient déjà de sismographes sommaires dès le deuxième siècle
de notre ère.

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La présence de dégâts caractérise évidemment la force de destruction d’un séisme, mais il faut se
rendre compte que cette indication est très partielle selon que le séisme se produise dans une
région à faible densité humaine ou au contraire dans une zone désertique.

Les traces que laissera un séisme destructeur seront très variables, en particulier dans la mémoire
de l’homme (Photos 1.1 et 1.2). De plus, dans une zone habitée les dégâts sont variables selon les
modes de construction, selon l’importance des effets secondaires (incendies, par exemple) et
même, en ce qui concerne les pertes humaines, suivant qu’il s’agisse du jour ou de nuit.

Il n’en reste pas moins que les traces visuelles laissées par un séisme constituent une source
importante de connaissances. De nombreuses méthodes d’évaluation ont été proposées. Celles-ci
ont donné naissance à différentes échelles d’intensités se traduisant par des descriptions de plus
en plus détaillées.

Photo 1.1: Séisme de Boumerdes, le 21mai 2003

Photo 1.2: Séisme de Boumerdes, le 21mai 2003

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1.3. COMMENT MESURE-T-ON LA TAILLE D'UN SEISME ?

La force d'un séisme peut être caractérisée par les grandeurs suivantes :

1.3.1. Magnitude

La magnitude M (échelle de Richter) mesure l'énergie libérée au foyer par le mécanisme sismique
initial : il n’y a donc qu’une valeur par séisme (Tab.1.1). Cette échelle qui comprend 9 degrés est
basée sur le logarithme décimal de l’amplitude maximale mesurée en micron d’un sismographe
standard de période courte (0,8 seconde) à 100 km de l’épicentre. Comme telle, cette grandeur
n'est pas utilisable par l'ingénieur qui s'intéresse à un mouvement en surface dans une zone
géographique donnée.

1.3.2. Intensité

Il existe plusieurs dizaines d’échelles d’intensité établies selon les besoins spécifiques des pays en
zones sismiques. La première fut établie par Farel-Rossi avec 10 degrés, améliorée à 12 degrés par
Concaris en 1902, corrigée et modifiée par Mercalli en 1956. Elle fut précisée par M.S.K en 1964,
ensuite corrigée, modifiée et adaptée une nouvelle fois en 1998 par EMS (European Microseismic
Scale) et appliquée à partir de Janvier 2000. La plus utilisée actuellement est celle de Medvedev,
Sponheuer et Karnik (Tab. 1.1).

Tableau 1.1: Mesure de la taille d'un séisme

L'énergie libérée par le séisme, c'est Les effets des séismes sur le milieu environnant, en
la magnitude : elle mesure l'énergie surface, c'est l’intensité : elle est définie par l'importance
dégagée au point de rupture de des effets provoqués par un séisme en un point donné
l'écorce terrestre. sur les hommes et sur les constructions. En général, elle
diminue quand on s'éloigne de l'épicentre.

ECHELLE DE MAGNITUDE ECHELLE D'INTENSITE


La plus utilisée : échelle de Richter La plus utilisée : échelle MSK (Medvedev, Sponheuver et
(1935) Karnik)
Nombre de I Secousse non perceptible
séismes par
Magnitude Energie an dans le II Secousse à peine perceptible
libérée monde III Secousse faible ressentie de façon partielle
1 IV Secousse largement ressentie
2 E/900 V Réveil des dormeurs
3 E/30 V Frayeur
4 E 5000 VII Dommages aux constructions
5 E x 30 1500 VIII Destruction des bâtiments
6 E x 900 125 IX Dommages généralisés aux constructions
7 18 X Destruction générale des bâtiments
8 XI Catastrophe
9 XII Changement de paysage

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1.3.3. Accélération maximale ag

L'accélération maximale ag du sol ou accélération de pointe PGA (Peak Ground Acceleration) est
un paramètre important pour évaluer les effets du séisme en un endroit donné. Elle varie de 0 à
0,6g. À titre d'exemple, 0,4g à 0,6g en zone fortement sismique comme le Japon, la Turquie ou
l’Algérie ; 0 à 0,1g en zone faiblement sismique comme la France.

L'amplitude de l'accélération maximale du sol permet de se faire une idée sur la résultante de la
force F appliquée à une construction de masse m : F = mag si la construction est indéformable et
suit le mouvement du sol (en général F > mag).

Les cartes de zonage sont élaborées à partir de l'accélération maximale ag.

1.3.4. Déplacement maximal dg du sol

Ce paramètre permet d'évaluer les effets d'un séisme à un endroit précis en donnant un ordre de
grandeur du déplacement relatif du centre de gravité de la structure par rapport à sa base. Il est
de quelques centimètres en zone de faibles sismicités, et peut atteindre un mètre en zone
fortement sismique.

1.3.5. Durée d'un séisme

La durée d'un séisme constitue un paramètre significatif dans le processus de fissuration et de


dégradation des éléments d'une construction. Cette durée est étroitement liée à la magnitude du
séisme. Elle est de l'ordre de 60 secondes en zone fortement sismique, de quelques secondes en
zone de faible sismicité.

1.3.6. Accélérogramme

La caractéristique la plus représentative d'un séisme est principalement constituée


d'accélérogrammes enregistrés dans la zone géographique considérée. Ils contiennent à la fois, les
accélérations, la durée et le contenu fréquentiel. La Figure 1.9 représente des accélérogrammes
typiques de sites plus ou moins près de l'épicentre. Ces accélérogrammes constituent une donnée
d'action directement utilisable par la dynamique des structures.

Remarque
La première donnée qui permet de caractériser le mouvement d’un point du sol pendant une
secousse sismique est fournie par les accélérogrammes (enregistrement).

Les trois données les plus importantes d’un accélérogramme sont :


- L’amplitude définissant la valeur du pic d’accélération.

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- La fréquence moyenne déterminée en comptant le nombre de fois que l’accélérogramme
coupe l’axe des abscisses par unité de temps.

- La durée, c’est-à-dire, le temps qui s’écoule entre le premier et le dernier pic au-dessus
d’un certain niveau où l’amplitude des accélérations est sensiblement plus élevée.

Ondes Ondes Ondes de


primaires secondaires surface

1. Près de l'épicentre
Temps

Ondes Ondes de
secondaires surface
Accélération

2. Loin de l'épicentre
Temps

Ondes de
surface

3. Très loin de l'épicentre


Temps

Figure 1.9: Accélérogrammes typiques

1.3.7. Spectres de réponse

Les spectres de réponse, courbes permettant d'évaluer la réponse d'une construction à un séisme
passé ou futur, constituent la caractérisation des séismes la plus couramment utilisée par les
ingénieurs de construction. Ces courbes, sous-produits des accélérogrammes, permettent un
calcul simple des efforts internes dans une structure soumise aux séismes. On distingue trois types
de spectre :

- Spectre de calcul
Il représente l’enveloppe de l’ensemble des spectres correspondant à plusieurs accélérogrammes
enregistrés dans des sites comparables du point de vue la nature du sol.

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- Spectre normalisé
Etant donné que les accélérogrammes découlent de séismes d’importances différentes, les
spectres qui en résultent ne sont pas directement comparables, il faut donc au départ appliquer à
chacun d’entre eux une affinité pour qu’ils aient même valeur d’intensité spectrale. Ce sont les
spectres normalisés.

- Spectre réglementaire ou spectre des codes parasismiques


Les règlements parasismiques imposent des spectres déduits des spectres de calcul et modifiés
pour tenir compte forfaitairement de l’intervention des modes supérieurs ou du comportement
non linéaire des structures.

1.3.7.1. Comment construire un spectre de réponse ?


Pour construire un spectre de réponse, il suffit d’analyser la réponse dynamique d’un ensemble de
structures. Si les déformations des structures sont élastiques, le spectre est dit élastique. Il permet,
dans le cadre d’un avant-projet (stade de conception), de connaitre directement l’effet maximum
du séisme sur une structure.

Pour concevoir un tel spectre, on considère la structure la plus simple qui peut s’apparenter à un
bâtiment : c’est une console verticale, de raideur k, supportant une masse concentrée m à un
mh3
niveau h au-dessus du sol. Ce système a une seule période de vibration naturelle T0 (T0 = 2π√ 3EI ).

Un séisme impose au point A' de l'encastrement un déplacement dg(t). Les déplacements dg(t)
sont considérés dans un repère absolu (Fig. 1.10).

Figure 1.10: Console soumise à un déplacement dg(t)

Pour connaitre l'effet du séisme sur la console, on utilise les déplacements u(t) par rapport à A'
afin de calculer les différentes grandeurs liées à la déformation de la console. Soit :
- La raideur de la console k est :
k = 3EI/H3 (1.6)

- La période fondamentale de la console T0 vaut :

T0 = 2π/ω (1.7)

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Où,
k 3EI
ω = pulsation du mouvement (rd/sec) = √m = √mH3

k 3EI
ω = √m = √mH3 (1.8)

Si u(t) est le déplacement de la masse m par rapport à sa position d'équilibre, donc u'(t) et u''(t)
sont respectivement sa vitesse et son accélération.

Durant le mouvement, m est soumise à :


- F1(t) = -k u(t) → Force de rappel de la console

- F2(t) = -c u'(t) → Résistance de l'amortisseur

L'équation fondamentale de la dynamique s’écrit :


F1 + F2 = m d"(t) → m d''(t) + c u'(t) + k u(t) = 0

Sachant que :
- d(t) = u(t) + dg(t)
- d''(t) = u''(t) + dg''(t)

Il vient :
m u''(t) + c u'(t) + k u(t) = - m d''g(t) (1.9)

On peut donc, à chaque instant t, connaitre la valeur du déplacement relatif u(t) de la masse par
rapport à l'encastrement A'.

Il est possible de déterminer la force F(t) qui provoque un déplacement u(t) égal à celui engendré
par dg(t). En choisissant la valeur maximale F max de F(t) et en utilisant l’équation fondamentale :
Fmax = masse x accélération (deuxième loi de Newton), on crée une pseudo-accélération β(T0) ou
accélération spectrale :
β(T0)= Fmax/m (1.10)

En faisant varier les paramètres caractérisant la console de référence (m1, m2, ..., k1, k2, …, donc T1,
T2, ...), on peut définir un ensemble de paires de valeurs [Ti, β(Ti)].

L'ensemble de ces points [Ti, β(Ti)] constitue ce qu'on appelle le spectre de réponse élastique en
accélération (ou plus précisément en pseudo-accélération) correspondant à un accélérogramme de
la zone étudiée, et qui est traduit par la Figure 1.11.

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β (Ti)

β(T0)

Fmax = m β(T0)
ag

0 T0 Ti (s)
Figure 1.11: Construction d’un spectre de réponse élastique en accélération

Connaissant cette courbe ou spectre, tout concepteur de projet peut directement évaluer la
déformée maximale et les sollicitations dans une console de masse m et de raideur k, comme ce
qui suit :
mh3
1. Calculer T0 : T0 = 2π√ 3EI

2. Lire la pseudo-accélération β (T0) sur le spectre.

3. Calculer la force maximale Fmax = m β (T0) équivalente au séisme (accélérogramme) et


en déduire les sollicitations et les déformations.

Remarque
Dans la démonstration précédente, l’amplitude du déplacement u(t) de la masse par rapport à la
base A’ est influencée par l’amortissement du système : si l’amortissement est nul, u peut devenir
infini.

L’amortissement attribué à un matériau travaillant dans le domaine élastique est faible, de l’ordre
de 1% de l’amortissement dit critique, c’est-à-dire un amortissement tel que, si la console
précédente est écartée de u de sa position d’équilibre, elle y revient sans osciller.

Dans les ossatures, il existe plusieurs sources d’amortissement : frottements entre structures
principales et secondaires, frottements dans les assemblages, etc. Dans le cadre d’un projet
parasismique, les différentes évaluations de ces effets ont conduit à attribuer à l’amortissement
structurel des ossatures, une valeur standard égale à 5% de l’amortissement critique.

1.3.7.2. Peut-on connaitre pour un site donné avec certitude l'accélérogramme d'un
prochain séisme ?
Le spectre de réponse construit précédemment correspond à un accélérogramme donné, donc ne
peut à lui seul représenter la sismicité du site. Le spectre de réponse retenu par les codes
parasismiques correspond au tracé moyen de plusieurs spectres de réponse associés à différents

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accélérogrammes. Ces spectres sont définis à partir d'un traitement statique des spectres
d'enregistrement réels et possèdent tous des formes identiques (Fig. 1.12).

Accélération (m/s2)
ξ=5%
B C

A
D E

0 TB TC TD Période T(s)

Figure 1.12: Spectre de réponse du règlement parasismique algérien (RPA 99)

La lecture de ce spectre fait apparaitre les indications suivantes :


- Pour de faibles périodes, l'accélération croit linéairement jusqu'à une valeur
d'amplification maximale atteinte pour une période TB. Pour une structure très raide,
autrement dit T ≈ 0, la pseudo-accélération est égale à l'accélération du sol, c'est évident
car une structure infiniment raide suit les mouvements du sol.

- L'accélération est constante et maximale pour les périodes comprises entre TB et TC (ordre
de grandeur 0,25 s et 0,8 s). Quand T est comprise entre TB et TC, la réponse dynamique des
structures modérément flexibles entraine une amplification des accélérations par rapport à
l'accélération du sol. La pseudo-accélération est 2,5 fois plus grande que l'accélération du
sol, ceci favorise un aspect résonance dans la réponse de la structure.

- Entre les périodes TC et TD, la vitesse relative est constante, ce qui signifie que
l'accélération décroit de 1/T.

- Au-delà de TD, le déplacement relatif est constant, ce qui signifie que l'accélération décroit
de 1/T2.

- À période nulle, l'accélération est égale à l'accélération du support de l'oscillateur.

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- À période infinie, le déplacement relatif tend vers le déplacement maximal du support
(console). Ce résultat s'explique facilement : un oscillateur de période infinie correspond à
un système avec une raideur nulle. Tout se passe comme si la masse n'était plus connectée
au support; par la suite lors de l'excitation, elle reste immobile. Son mouvement relatif par
rapport au support est égal donc au mouvement du support.

À partir de ce constat, on en conclut que les effets d'un séisme sur une structure dépendent de sa
rigidité : une structure plus rigidité (période propre très faible) subit des forces plus élevées
qu'une structure flexible. Néanmoins, cette grande flexibilité est synonyme d'un effet P-∆
important.

1.3.7.3. Spectre de calcul Sd (T) horizontal de réponse en accélération du RPA99/2003


Le spectre de calcul Sd (T) est la représentation de l’action sismique la plus souvent utilisée dans
l’analyse des ossatures de bâtiments. Il est basé sur le spectre élastique Se(T) auquel est insérée
l’influence de certains aspects de la réponse des structures, comme par exemple, la capacité de
dissipation d’énergie dans les déformations plastiques (coefficient de comportement R).

Le spectre de calcul Sa (T) en accélération (horizontale) du RPA 99/2003 est représenté par les
facteurs suivants :

T Q
1,25 A [1 + T (2,5η - 1)] → 0 ≤ T ≤ T1
1 R
Q
2,5 η (1,25 A) → T1 ≤ T ≤ T2
R
Sa(T)/g
Q T2
2,5 η (1,25 A) ( ) ( )2/3 → T2 ≤ T ≤ 3,0 s
R T
Q T2 3
2,5 η (1,25 A) ( ) ( )2/3 ( )5/3 → T > 3,0 s
R T T

Où,
Sa(T)/g : spectre de réponse de calcul du RPA99/2003

A : coefficient d’accélération de zone

η : coefficient de correction de l‘amortissement


η = √7/(2 + ξ) ≥ 0,7
= 1 pour un amortissement visqueux ξ = 5 % (valeur de référence)

T : période de vibration d’un système linéaire à un seul degré de liberté

R : coefficient de comportement de la structure

Q : facteur de qualité

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T1 : limite inférieure des périodes correspondant au palier d’accélération spectrale constante

T2 : limite supérieure des périodes correspondant au palier d’accélération constante

1.4. COMMENT SE MANISFESTE-T-IL ?

Les effets d'un séisme sont de deux sortes :


- Les effets directs.
- Les effets indirects.

1.4.1. Effets directs

C'est l'ensemble des déformations résultant du passage des ondes sismiques. Deux situations
peuvent se présenter :
- Si le sol est rocheux, homogène, ces effets ne dépendent que de l'énergie du séisme et de
la distance épicentrale: on parle d'effet au rocher horizontal.

- Si le sol meuble, les secousses sismiques peuvent être amplifiées , le facteur d’amplification
peut 10. Cette particularité explique le fait qu’il puisse y avoir des dégâts plus importants
loin d’un épicentre qu’à sa proximité. Ce fut le cas à Mexico City en 1985 et à San Francisco
en 1989.

Des modifications significatives du signal vibratoire (amplitude, fréquence) peuvent également


avoir lieu. Elles sont engendrées par :
- Des déformations du sol au voisinage des failles, si celles-ci amplifient les vibrations. De
telles failles sont appelées failles actives.

- De la topographie et de la géologie du terrain : on parle alors d'effet de site.

1.4.1.1. Failles actives


Une faille est dite active lorsqu'elle a été récemment le siège d'un séisme (pour un géologue, il y a
moins de quelques milliers d’années) ou est susceptible de l'être dans un futur proche (même laps
de temps). Les ouvrages fondés sur ces failles ou à leur voisinage subiraient alors de graves
désordres.

1.4.1.2. Effets de site


On distingue deux grands ensembles d'effet de site :
- Les effets de site topographiques (sommets des buttes, falaises, rebord des plateaux...),

- Les effets de site liés à la structure et à la nature du sous-sol.

Les caractéristiques mécaniques de certaines couches géologiques peuvent modifier de façon


significative le signal sismique pour certaines fréquences.

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1.4.2. Effets induits

Les mouvements de terrain provoqués par le passage d'un séisme, comme les glissements (Photos
1.3 et 1.4), l'éboulement, la dislocation, le tassement, l'effondrement, la liquéfaction (Photos 1.5 et
1.6), sont appelés effets induits (Fig. 1.13). À cela, il convient d'y ajouter le tsunami, phénomène
qui se produit lorsque la rupture de la roche a lieu au fond de la mer.

Bâtiments parasismiques

300 habitations ensevelies


eeneensevelies
Photo 1.3: Séisme de Kobé, Japon 1995 Photo 1.4 : Séisme du Salvador, 2001

Photo 1.5: Enfoncement dû à la liquéfaction Photo 1.6: Basculement suite à la liquéfaction

Eboulement rocheux Décrochement de bancs rocheux Jeu de faille Glissement de terrain Liquéfaction

Figure 1.13: Effets induits

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1.4.2.1. Tassement
Des sables secs soumis à des vibrations peuvent subir des tassements importants que l’on peut
estimer en mesurant les vides du sable. Ils peuvent atteindre des dizaines de centimètres.
Différentiels ou non, ils peuvent rendre une construction inutilisable.

1.4.2.2. Liquéfaction
La liquéfaction est un phénomène qui ne se produit que sous sollicitations sismiques et concerne
certaines formations géologiques comme les sables, les limons ou sables vaseux, parfois des vases
saturées et peu compactées. Ceci peut rendre instable les constructions reposant sur ce type de
sol (Photos 1.7 et 1.8).

Photo 1.7 Photos 1.8

Les Photos 1.7 et 1.8 représentent la liquéfaction du sol aux abords d’Oued Isser (Boumerdes,
Algérie 2003).

Pour expliquer ce phénomène il faut partir de la résistance d'un sol au cisaillement. Celle-ci est
donnée par la relation :
τR = (σ - μ) tgɸ (1.11)

Où,
ɸ : angle de frottement interne

(σ - μ) : pression effective

μ : pression interstitielle de l'eau contenue dans le sol

σ : pression déjaugée

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Comme la mise en mouvement du sol entraine une montée de la pression interstitielle μ, il y a
donc une diminution de la résistance τR du sol jusqu'à annulation, c’est-à-dire :
τR = (σ - μ) tgɸ = 0

Un matériau sans résistance au cisaillement se comporte comme un liquide, d'où le terme


liquéfaction du sol.

Les facteurs favorables à l'apparition du phénomène de liquéfaction sont :


- Une énergie de vibration importante (fort séisme) nécessaire pour élever significativement
la pression interstitielle μ.

- Un sable fin à moyen, de densité plus élevée, à grains arrondis (faible cohésion) et saturé
d'eau.

1.4.2.3. Tsunami
Lorsque le mouvement relatif des bords de la faille est de type coulissage vertical et qu'il a lieu au
fond de la mer, il entraine soit une aspiration d'eau (si le fond descend d'un côté de la faille, l'autre
côté restant fixe), soit à une poussée appliquée à l'eau (si le fond monte d'un côté de la faille,
l'autre côté restant fixe). Ce phénomène provoque une formation d'onde à la surface de l'eau
(vague). Cette vague se propage depuis la zone épicentrale sur des centaines de kilomètres. Pour
des séismes majeurs, cette vague peut atteindre une hauteur de 10 mètres. Le tsunami est l'effet
du déferlement de cette vague sur la côte entrainant avec elle destruction de constructions, de
bateaux, etc.

1.5. QUELLES SONT LES MESURES PRISES EN ALGERIE ?

1.5.1. Peut-on prévoir un séisme ?

La prévision des séismes est encore très hasardeuse même si beaucoup de pays dispose d’un
réseau d’observation et d’un service sismologique bien doté, mais on s’attend à de grands progrès
dans les années à venir.

Actuellement, l'homme est capable, dans une certaine mesure, d'identifier les principales zones
où peuvent survenir des séismes. Par contre, la prédiction ou la prévision d'un séisme à court
terme n'est pas opérationnelle sur le plan scientifique. En effet, il s'agit d'évaluer trois éléments :
- La localisation : où exactement va se déclencher un séisme ?

- La magnitude : quelle importance ?

- La date d’apparition : quand se produira-t-il ?

La méthode la plus prometteuse pour la prévision des séismes est basée sur l’étude des lacunes.

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En effet, on a remarqué que dans une région active, les séismes violents se produisent de façon
périodique, ou du moins à des intervalles de temps du même ordre de grandeur. D’autre part, si
dans une zone donnée, on relève une période relativement longue est vide de séismes moyens, on
peut en déduire qu’il se produira un séisme important dans un délai maximum probable en
soulignant, néanmoins, qu’une migration des épicentres n’est pas exclue.

La prédiction temporelle des séismes est basée sur l’utilisation combinée des méthodes suivantes :
- Exploitation des archives pour évaluer le rythme des périodes calmes et des périodes
actives.

- Séismes précurseurs : un fort séisme est souvent précédé d’une recrudescence de l’activité
sismique.

- Mesures géodésiques : déformations du sol à l’échelle régionale ou locale (soulèvement en


général).

- Mesure des contraintes du sol.

- Mesures magnétiques.

- Mesures de résistivité (affaissement).

- Émanations gazeuses (radon dans les régions granitiques) libérées par la formation de
microfissures dans le sol.

- Comportement animal.

Toutes ces méthodes cherchent à contrôler l’évolution de certains paramètres physiques


descriptifs de l’état du sol. L’idée étant que l’accumulation de contraintes ou de déformations
dans l’écorce terrestre qui va conduire au mécanisme sismique, doit être décelable en profondeur
ou même éventuellement en surface.

1.5.2. Surveillance sismique

Certes, on ne sait pas prédire un séisme, mais on sait surveiller pour mieux connaitre. L'activité
sismique en Algérie est sous haute surveillance. Le réseau national de surveillance sismique
enregistre en continu (24h/24) et localise pratiquement en temps réel les séismes algériens.

L'organisme chargé de la surveillance, le CRAAG (Centre de Recherche en Astrophysique,


Astronomie et Géophysique), a comme mission :
- La surveillance sismique grâce aux réseaux national et international de surveillance.

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- Le développement de la recherche dans les domaines de la géophysique et de
l'astrophysique.

- La diffusion des connaissances.

Après le séisme de 2003 qui a ébranlé la Wilaya d'Alger et ses environs, le CRAAG s'est doté de
quelques 60 nouvelles stations sismologiques venant s'ajouter aux stations déjà existantes
(environ une centaine) réparties sur tout le territoire national. Ce sont des stations numériques
faisant appel aux récentes technologies, basées sur des connexions par satellites, permettent ainsi
d'obtenir des images en temps réel sur les dégâts possibles et les zones touchées.

Remarque
L’annexe A1 regroupe les principales consignes concernant le comportement face à un séisme.

1.6. METHODOLOGIE D’UN DIMENSIONNEMENT AUX SEISMES

L’analyse sismique d’une construction comporte les étapes suivantes :


- Définition du séisme à considérer dans le projet.

- Modélisation de la structure.

- Évaluation de la résultante sismique à la base, répartition de cet effort suivant la hauteur,


et distribution aux différents plans de stabilisation (contreventement).

- Détermination des efforts, et vérification des sections.

1.6.1. Modélisation de la structure

Modéliser une structure, c’est établir un modèle de calcul à partir de la structure. Ce modèle
permet de déterminer les modes propres de vibration et les efforts engendrés par l’action
sismique. Deux types de modèles sont envisageables :
- Modélisation par éléments finis.

- Modélisation par masses concentrées et raideurs équivalentes, c’est-à-dire, modélisation


de type brochette.

1.6.1.1. Modélisation par éléments finis


La modélisation par éléments finis repose sur une discrétisation d’un modèle continu en plusieurs
éléments de taille réduite. Chaque élément possède des nœuds qui possèdent à leur tour un ou
plusieurs degrés de liberté. Cela permet de traiter de façon numérique des problèmes à géométrie
complexe.

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Pour réaliser une étude dynamique, il est nécessaire de comprendre que les forces mises en jeu
sont de nature inertielle. Elles interviennent uniquement sur les masses présentes dans le modèle.
C’est pourquoi les éléments finis (ils admettent une discrétisation de la masse en chacun des
nœuds qui composent le modèle) est une solution qui permet (si le maillage est correct) le
traitement de modèles complexes avec une relative bonne précision.

1.6.1.2. Modélisation de type brochette


Cette modélisation, par masses concentrées et raideurs équivalentes (Fig.1.14), correspond à une
simplification de la structure en la remplaçant par une console verticale encastrée à sa base et
placée au centre de masse de l’ouvrage.

Ces masses comportent : la masse de la structure, la masse des charges permanentes et une
fraction des charges d’exploitation et des équipements.

mn

V
Figure 1.14: Modélisation type brochette

Le principe consiste à représenter la structure complexe d’un bâtiment par un ensemble de


poutres liées entre elles et qui reproduisent la déformabilité de celui-ci. Les différents nœuds
correspondent aux principaux planchers du bâtiment. Cette représentation est très pratique et
relativement exacte à condition que le calage de la brochette soit effectué d’une manière
rigoureuse.

À ce modèle, on peut appliquer l’une des deux méthodes :


- Une analyse dynamique.
- Une analyse statique équivalente.

Pour les bâtiments réguliers au sens du règlement parasismique algérien RPA99/2003, on peut
effectuer le calcul de la réponse de la structure en utilisant une méthode simplifiée. Cette
méthode repose sur une estimation de la déformée du mode propre fondamental d’un modèle
brochette. De cette façon, on peut alors, connaissant la masse de chacun des planchers, convertir
les forces d’inertie dues au séisme en une superposition d’efforts statiques appliqués aux
planchers de la structure.

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Pour les bâtiments réguliers, la répartition des efforts aux différents plans de contreventement
peut se faire par la méthode du centre de torsion. Quant aux bâtiments irréguliers, le règlement
impose une analyse modale spectrale.

1.6.2. Vérification des sections

Les calculs de vérification des éléments de la structure sont présentés aux chapitres III, IV et V. En
général, pour une structure en zone sismique, les vérifications portent principalement sur
l’ensemble des éléments dits principaux, autrement dit, les éléments qui interviennent dans la
résistance de la structure au séisme.

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