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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

A. LES RISQUES GEOLOGIQUES


Le risque géologique se défini par la probabilité qu'un phénomène géologique dangereux survienne (l'aléa) et par les
conséquences humaines et matérielles qu'il peut causer ; destructions de bâtiments, morts ou blessés (les enjeux).

Le passage de l’aléa au risque suppose la prise en compte des enjeux soumis à l’aléa.
• L’aléa est la manifestation d’un phénomène naturel d’occurrence et d’intensité donnée.
• L’enjeu est l’ensemble des personnes et des biens susceptibles d’être affectés par un phénomène naturel. Ils peuvent
se hiérarchiser en fonction de leur importance avant, pendant et après une crise. On peut ainsi distinguer les bâtiments
pouvant accueillir du public (écoles, salles de spectacle, etc.), ceux dont le rôle fonctionnel est primordial (hôpitaux,
casernes de pompiers, centres de production d’énergie, etc.), et identifier les réseaux nécessaires aux secours ou à la
gestion de crise.
• La vulnérabilité représente la résistance ou l’endommagement d’un type d’enjeu (population, bâtiments, etc.) par
rapport à la manifestation d’un phénomène naturel d’une intensité donnée.
• Le risque est donc le croisement entre l’aléa, l’enjeu et sa vulnérabilité. Un aléa dans une zone désertique tout
comme un aléa dans une zone habitée mais à vulnérabilité nulle conduisent à un risque nul.
Par exemple, en 2003, le séisme de Bam (Iran) de magnitude 6,6 a causé la mort de plus de 30 000 personnes alors que
le séisme de Kobe de 1995, pourtant plus puissant (magnitude 6,9), a fait 6 300 victimes environ : la magnitude des
deux séismes étant similaire, c’est surtout la différence de vulnérabilité entre les constructions des deux villes
densément peuplées qui permet d’expliquer l’écart au niveau des victimes.

I. LE PHÉNOMÈNE SISMIQUE
1. Introduction
Le séisme est le risque naturel le plus meurtrier et le plus dévastateur. De 1994 à 2006, les séismes ont fait près
de 500 000 victimes dans le monde.
Si le mécanisme du séisme est aujourd’hui mieux connu, tant du point de vue de son origine que de sa
propagation, il reste encore un phénomène imprévisible. Faute de prévisibilité, c’est donc par une approche
statistique et probabiliste que le problème est appréhendé. Plus encore que pour les autres catastrophes
naturelles, la connaissance des phénomènes passés est la clé de l’avenir. Les populations ne sont toutefois pas
égales devant le danger. À magnitude équivalente, un séisme sera moins destructeur dans un pays préparé et
qui aura intégré dans ses pratiques la construction parasismique (États-Unis et Japon)
2. La tectonique des plaques
La tectonique des plaques, dont le principe est connu depuis la
seconde moitié du XXème siècle, est à l’origine des chaînes de
montagnes et de phénomènes tels que les séismes et le
volcanisme. Lalithosphère (croûte et manteau supérieur) est
morcelée en plusieurs fragments, appelés plaques, qui constituent
la surface terrestre. En raison des mouvements de convection au
sein du manteau, ces plaques sont mobiles les unes par rapport aux
autres, avec des vitesses de quelques centimètres par an. Les
mouvements des plaques peuvent être divergents (extension),
convergents (compression) ou en coulissage (cisaillement).

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La plupart des séismes ont lieu


dans les zones de contact entre
plaques.

3. Les séismes
Les efforts tectoniques peuvent occasionner des déplacements au niveau d’une faille (foyer). Cette libération
brutale d’énergie occasionne une vibration du sol : le séisme. À la surface du sol, le point situé à la verticale du
foyer est appelé épicentre. Le foyer peut être situé à faible profondeur (quelques kilomètres), on parle alors de
séisme superficiel, ou à grande profondeur (plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres), on parle alors de
séisme profond. Le séisme est d’autant plus violent en surface que la quantité d’énergie emmagasinée au
niveau de la faille avant le séisme est importante et que la faille est proche de la surface. L’énergie dégagée lors
d’un séisme peut atteindre, voire dépasser pour les événements cataclysmaux, une puissance dix millions de
fois plus importante que la bombe lâchée sur Hiroshima en 1945. Les séismes peuvent être ressentis, voire
même être destructeurs, à plusieurs centaines de kilomètres de l’épicentre (Mexico, 1985).

Le
mécanisme
au foyer :
L’histoire
tectonique
d’une région
et les
contraintes
présentes
dans la roche conditionnent le type de déplacement au niveau des failles. Ainsi dans les zones de compression,
le déplacement s’effectue sur des failles inverses, et dans les zones d’extension, sur des failles normales. Ces
deux types de failles induisent des déplacements verticaux, appelés rejets. Des déplacements horizontaux,

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appelés décrochements, sont également possibles dans le cas des failles de coulissage ou des failles
transformantes.

Les différentes ondes sismiques : Lors du déplacement de la roche le long


d’une faille, l’énergie libérée va se propager dans toutes les directions autour
du foyer, sous forme d’une vibration complexe composée de différents trains
d’ondes. L’arrivée de ces trains d’onde est décalée dans le temps en raison de
vitesses de propagation différentes dans la roche. Pour un observateur éloigné
de l’épicentre, le séisme est perçu comme une vibration dans toutes les
dimensions, provenant de l’épicentre et déphasée dans le temps.

4. Les différents types de séismes -L’activité sismique est principalement liée


à la tectonique des plaques-
4.1.Les séismes inter-plaques

Dans la majorité des cas, les séismes se déclenchent à la limite des plaques.
C’est en effet au niveau de ces contacts que les contraintes occasionnées par
la dérive des continents sont les plus fortes. Dans le monde, les zones les plus
actives sont situées en Asie (Japon, Chine, Indonésie, Himalaya), au Proche-
Orient (Turquie, Afghanistan), en Afrique du Nord (Algérie, Maroc) et en Amérique (Chili, Mexique, États-Unis).
-Séismes et volcanisme sont souvent associés sur ces limites de plaques-
4.2. Les séismes intra-plaque

Même à l’intérieur des plaques tectoniques, des failles peuvent jouer et occasionner des séismes. Généralement
moins violents que les précédents, ils correspondent à des réajustements des pressions dans la croûte terrestre.
Ce sont plus particulièrement ces séismes que l’on observe dans le moyen atlas.

4.3. Les séismes liés à l’activité volcanique

Les éruptions volcaniques, autre phénomène associé à la tectonique des plaques, occasionnent une multitude
de séismes et de microséismes. Ces derniers permettent de prédire l’imminence d’une éruption. Dans le cas
d’une activité explosive, la magnitude du séisme peut être significative.

4.4. Les séismes liés à l’activité humaine

Certaines activités humaines peuvent occasionner des séismes, généralement modérés. Il s’agit notamment de
la mise en eau des barrages ou de l’exploitation des gisements souterrains (gaz, minerais, etc.).

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5. L’aléa sismique

L’aléa est une estimation de la probabilité qu’un événement naturel survienne dans une région donnée et dans
un intervalle de temps donné. L’aléa sismique est donc la probabilité, pour un site, d’être exposé à une secousse
tellurique de caractéristiques données au cours d’une période de temps donnée. L’évaluation de l’aléa sismique
intègre la magnitude, l’intensité et la période de retour des séismes.

5.1. La quantification des séismes

La magnitude de Richter : La magnitude d’un séisme (notée M) est un chiffre sans dimension, représentant
l’énergie libérée lors de la rupture. La magnitude est unique pour un séisme et indépendante du lieu
d’observation. Estimée par exploitation des sismogrammes, la magnitude est théoriquement illimitée. Dans la
pratique, aucune magnitude mesurée n’a dépassé 9,5 (au Chili, le 22 mai 1960). Augmenter la magnitude d’un
degré revient à multiplier l’énergie libérée par trente. Ainsi, un séisme de magnitude 6 équivaut à la libération
de l’énergie de trente séismes de magnitude 5.

L’intensité macrosismique : L’intensité macrosismique EMS 98 est estimée par observation des désordres sur
les bâtiments et les infrastructures, ainsi que par la perception du séisme par la population. Elle comporte douze
niveaux (de I à XII). Pour un même séisme, l’intensité macrosismique varie dans l’espace en fonction de la
distance à l’épicentre et des phénomènes annexes, tels que l’amortissement ou l’amplification des ondes
sismiques (effets de site). La zone d’intensité maximale est appelée épicentre macrosismique et peut être
différente de l’épicentre réel.

Relation entre intensité et magnitude : Il n’y a pas de relation directe entre l’intensité et la magnitude. Les deux
grandeurs sont difficilement comparables. Un séisme de forte magnitude avec un foyer profond et dans une
région peu peuplée sera peu destructeur et donc sera qualifié de faible intensité. Au contraire, un séisme
superficiel, même de magnitude moindre pourra être très destructeur et donc caractérisé par une grande
intensité.
Les degrés d’intensité de l’échelle macrosismique européenne (EMS)
I • Secousse imperceptible
II • Secousse à peine perceptible
III • Secousse faible : La secousse est ressentie à l’intérieur des habitations par quelques personnes.
IV • Secousse largement observée : La secousse est ressentie à l’intérieur des habitations par de nombreuses personnes. Personne n’est
effrayé.
V • Réveil des dormeurs : Réveil de la plupart des dormeurs. Balancement important des objets suspendus.
VI • Frayeur : De nombreuses personnes effrayées se précipitent dehors. De nombreuses constructions classiques subissent des dégâts
mineurs, quelques-unes subissent des dégâts modérés.
VII • Dommages aux constructions : La plupart des personnes se précipitent dehors. Les dommages aux bâtiments sont nombreux, à des
degrés divers.
VIII • Destruction de bâtiments : Forte panique. Les dommages aux bâtiments sont généralisés, allant parfois jusqu’à la destruction
totale.
IX • Dommages généralisés aux constructions : Panique générale. Nombreuses destructions de bâtiments.
X • Destructions générales des bâtiments : Même les bâtiments bien construits commencent à subir d’importants dommages.
XI • Catastrophe : Dommages sévères même aux bâtiments bien construits, aux ponts, barrages et voies de chemin de fer. Les grandes
routes deviennent inutilisables.
XII • Changement de paysage : Pratiquement toutes les structures sont gravement endommagées ou détruites.
5.2. L’enregistrement des séismes

Le séisme se manifeste à la surface du sol par une série de


vibrations. Elles peuvent être enregistrées au moyen d’un appareil
appelé sismomètre. Celui-ci restitue une «image» du séisme en

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termes d’amplitude de la vibration : le sismogramme.Pour un même séisme, les différents sismogrammes


obtenus, au niveau de toutes les stations sismologiques, permettent de localiser l’épicentre du séisme, par
lecture des temps d’arrivée des ondes.
Localisation de l’épicentre en fonction du temps d’arrivée des ondes sismiques

5.3. L’effet de site

Zonage sismique au Maroc (RPS 2000)

Pour un séisme de magnitude donnée, le mouvement du sol est généralement maximal à l’aplomb de la faille et
décroît avec la distance. Cependant, le mouvement du sol peut varier localement en fonction de la topographie
ou de la nature du sous-sol. Ainsi, les
reliefs et les alluvions accumulées
sur de grandes épaisseurs (plaines
alluviales) enregistrent
généralement des désordres
supérieurs par effet d’amplification.
On parle respectivement d’effets de
site topographique est d’effets de
site lithologique.

5.4. Les phénomènes induits

Les mouvements de terrain : Les


séismes peuvent provoquer des glissements de terrain et des chutes de blocs par modification des conditions de
l’équilibre géotechnique. Ainsi un versant stable en situation statique peut se trouver en déséquilibre sous
sollicitation dynamique (séisme).

La liquéfaction des sols : Dans certaines conditions de sollicitations dynamiques, certains sols, notamment des
sables fins gorgés d’eau peuvent perdre toute portance (principe des sables mouvants). Les bâtiments fondés
sur ces sols peuvent alors subir des tassements importants et des basculements.

Les avalanches : Un séisme peut être le déclencheur d’avalanches. La cohésion du manteau neigeux ou des
couches de neige entre elles peut être rompue par la vibration occasionnée.

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Les tsunamis : Les séismes, s’ils se produisent


dans la mer ou à proximité de la côte, peuvent
être à l’origine de raz-de-marée ou tsunamis. La
plus importante caractéristique d’un tsunami est
sa capacité à se propager à travers un océan
entier. Des côtes situées à des milliers de
kilomètres de l’épicentre peuvent être frappées,
et de manière dévastatrice. Le tsunami meurtrier
déclenché le 26 décembre 2004 par un puissant
séisme (magnitude 9.1) au large des côtes de
Sumatra a rappelé combien ce phénomène
pouvait être destructeur (plus de 250 000
victimes, effets ressentis dans l’ensemble de
l’Océan Indien). Plus récemment, en juillet 2006,
un séisme de magnitude 7.7 au large de
l’Indonésie a provoqué un tsunami qui a coûté la
vie à plusieurs centaines de personnes.

II. LE PHÉNOMÈNE VOLCANIQUE


1. Introduction

Depuis des millénaires, les volcans ont fasciné l’homme par leur puissance et les manifestations de leur activité,
notamment en raison des images spectaculaires et paysages hors du commun qu’ils offrent. Un volcan est une
émission en surface de produits (gazeux, liquides et solides) d’origine magmatique profonde.

On recense actuellement environ 1 500 volcans actifs. Ils sont situés pour la plupart en limite des plaques
lithosphériques. Leur nombre particulièrement important autour de l’océan Pacifique a justifié l’expression «
ceinture de feu du Pacifique ». Il se produit en moyenne une soixantaine d’éruptions volcaniques terrestres par
an, auxquelles s’ajoutent les très nombreuses éruptions sous-marines. On estime en effet que les volcans sous-
marins représentent plus de 80 % des édifices volcaniques.

2. Les produits d’une éruption

Lorsqu’un magma arrive à proximité de la surface terrestre, il dégaze et se transforme alors en plusieurs
produits :

• les gaz : au cours d’une éruption, un milliard de tonnes de gaz peut être relâché dans l’atmosphère. Leurs
compositions varient selon le magma originel, mais aussi selon son degré d’évolution. Les trois principaux gaz
émis par les édifices volcaniques sont, par ordre d’importance, la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone
(CO2) et l’anhydride sulfureux (SO2). En quantité bien moindre, mais avec des conséquences loin d’être
négligeables, on retrouve également le monoxyde de carbone (CO), l’acide chlorhydrique (HCl), l’hydrogène
(H2), l’hydrogène sulfuré (H2S) et le soufre (S2) ;

• les liquides : le magma une fois dégazé, peut être émis sous forme de lave et s’épandre en coulées • les
solides : au sein de cette fraction solide, appelée tephra (cendres en grec), on distingue trois familles en
fonction de la taille de l’élément : les bombes (plus de 64 mm), les lapillis (de 2 à 64 mm) et les cendres (moins
de 2 mm). Ils sont projetés dans l’atmosphère.

On caractérise souvent un volcan par son activité : on parle de volcan actif ou de volcan éteint. La distinction
entre ces deux termes n’est pas évidente : un volcan actif peut être en activité ou en sommeil ; une période de
sommeil prolongée peut laisser à penser que le volcan est éteint, alors qu’une nouvelle éruption est possible à

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tout moment. -On considère qu’un volcan est éteint si le temps écoulé depuis sa dernière éruption est largement supérieur
à la moyenne des périodes de sommeil passées-

3. La localisation du volcanisme

L’activité volcanique étant liée à la tectonique des plaques, il est normal que, dans la majorité des cas, les
volcans soient situés en limite de plaques.
3.1. Le volcanisme des dorsales océaniques

C’est le plus important système volcanique de la Terre, puisqu’il a produit la totalité des fonds océaniques, soit
près de 70% de la surface terrestre.
Lorsqu’une remontée de magma a lieu sous un continent, la croûte continentale s’amincit au niveau d’un rift,
puis se rompt, permettant l’arrivée en surface de ce magma. Ce phénomène se met évidemment en place sur
une très longue durée (quelques millions d’années). Si le phénomène se prolonge suffisamment, on passe à une
phase océanique : la mer envahit le rift, appelé alors dorsale océanique. Les roches formées à partir de ce
magma, au niveau des grandes failles qui caractérisent un rift, constituent la croûte océanique.
Les dorsales marquent la limite entre deux plaques divergentes. La croûte océanique s’éloigne de part et d’autre
de l’axe de la dorsale par le jeu de la tectonique des plaques. Ce type de volcanisme ne concerne pas le
territoire français. L’Islande est un exemple d’une dorsale océanique dont le volcanisme émerge, ce qui permet
une observation directe du phénomène.

3.2. Le volcanisme des zones de subduction

La taille de la Terre étant constante, la croûte créée au niveau des dorsales océaniques doit nécessairement
disparaître ailleurs. Cela se passe au niveau des convergences de plaques (océaniques ou continentales). Le long
de la ligne de convergence, la plaque la plus dense plonge sous l’autre (subduction). La subduction
s’accompagne généralement d’une fusion partielle de la croûte plongeante ou du manteau alentour, ce qui peut
donner lieu à un volcanisme en arrière de la zone de subduction. En Amérique, la cordillère des Andes s’est
formée par ce mécanisme.
Lorsque ce sont deux plaques océaniques qui convergent, un arc insulaire volcanique se forme.
En cas de convergence d’une plaque océanique et d’une plaque continentale, la première plonge sous la
seconde. Il n’y a aucun exemple sur le territoire français de ce type de volcanisme.
3.3. Le volcanisme intra-plaque

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Les différents types de volcanisme décrits se trouvent à la frontière de deux plaques ou dans une région où une
plaque se sépare en deux. Il existe cependant un autre type de volcanisme appelé volcanisme de point chaud. Il
se caractérise par une remontée beaucoup plus profonde de magma. Ces zones de remontées sont fixes par
rapport aux plaques lithosphériques en mouvement. Un alignement de volcans se forme alors au fur et à
mesure de ce déplacement relatif de la plaque par rapport à la source de magma. Cette succession de volcans
(le plus ancien étant le plus éloigné du point chaud) permet de déterminer la vitesse et la direction de
déplacement de la plaque.

On différencie :

• le volcanisme des dorsales océaniques, caractérisé par une remontée de magma au niveau d’un rift [1], qui peut être
envahi par les eaux et devenir une dorsale océanique [2], et d’où partent des plaques divergentes ;
• le volcanisme des zones de subduction, caractérisé par la convergence de plaques, la plus dense plongeant sous la plus
légère [3]. Lorsqu’il s’agit de deux plaques océaniques, un arc insulaire volcanique se forme [4] ;
• le volcanisme intra-plaque, caractérisé par une montée de magma, formant des points chauds fixes [5].

4. L’aléa volcanique

4.1. Les différents types d’éruption


On distingue deux grands types d’éruption magmatique en fonction de la
composition chimique du magma et de sa teneur en gaz dissous : les
éruptions effusives et les éruptions explosives. Une éruption volcanique peut
donc prendre plusieurs aspects. Certains de ces aspects sont communs aux
deux types d’éruption, d’autres sont spécifiques de l’une ou de l’autre.
Lorsque le magma est peu visqueux et relativement pauvre en gaz dissous, les éruptions sont
effusives, caractérisées par des coulées de lave. Si le magma est visqueux, la lave ne peut
s’écouler et forme alors un dôme au sommet du volcan.
Quand le magma est riche en gaz dissous, les éruptions sont explosives. Elles libèrent des
roches déjà solidifiées bien qu’encore très chaudes (plus de 800 °C), les tephras.

4.2. Les manifestations du volcanisme


L’émanation de gaz :elle se produit au cours des deux types d’éruption et
peut également se produire, de manière plus ou moins continue, entre les
phases éruptives. Les gaz sont émis au niveau del’ouverture du volcan et
sous forme de fumerolles sur ses flancs.
Tous les gaz sont toxiques sauf le plus important en volume, la vapeur d’eau. Leur toxicité les rend
particulièrement dangereux pour les hommes et les animaux présents sur les flancs du volcan.
Les coulées de lave :dont la température moyenne est de 1000°C, sont caractéristiques des éruptions effusives.
Elles s’écoulent à des vitesses relativement faibles (quelques centaines de mètres par heure). Cette vitesse
diminue au fur et à mesure que la lave s’éloigne du lieu d’émission et que sa température baisse.Les coulées

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sont ainsi peu meurtrières, puisque les populations ont le temps de fuir les zones menacées. Elles sont par
contre très difficiles à arrêter ou même à dévier. Elles peuvent donc causer d’importants dégâts matériels.
Les retombées de tephra :Lors d’éruptions explosives, les tephras sont projetés dans l’atmosphère. Les bombes
retombent à proximité du volcan, tandis que les cendres peuvent s’élever jusqu’à 30 km d’altitude dans la
stratosphère, et ainsi être dispersées très loin du point d’émission.
Aux abords du volcan, les couches de cendres déposées peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. La
surcharge causée par ces retombées peut causer l’effondrement des bâtiments. De plus, les cendres les plus
fines peuvent être inhalées et obstruer les voies respiratoires des hommes et des animaux.
Les nuées ardentes :Une nuée ardente est une émission brutale et
dirigée d’un mélange constitué de gaz brûlants et de tephra. La nuée,
dont la température atteint 500°C, dévale les flancs du volcan à des
vitesses de 200 à 500 km/h. Comme une avalanche de neige poudreuse,
une nuée ardente peut se propager à contre-pente.
Les éruptions phréatomagmatiques :Au cours de sa remontée vers la
surface, le magma peut entrer en contact avec une nappe souterraine
ou une eau superficielle (lac, cours d’eau, ...). La vaporisation brutale de
cette eau produit de fortes explosions, qui peuvent provoquer l’éjection
de matériaux de toute taille. On parle alors d’éruption
phréatomagmatique quand le magma sort en même temps que l’eau, et
d’éruption phréatique lorsque ces explosions sont isolées ou suivies
d’éruptions magmatiques. Ce type de phénomène est particulièrement
destructeur et dangereux.
4.3.Les manifestations annexes du volcanisme
o Les coulées de boue
Les coulées de boue (lahars) résultent du
mélange de deux composants, les
cendres et l’eau. Lorsqu’une grande
quantité de cendres déposée sur les flancs du volcan est transformée en boue
par un fort apport d’eau (précipitations, rupture d’un lac de cratère ou fonte de
neige), la boue dévale alors les pentes sous forme de coulées capables de tout
détruire dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour du volcan. Un lahar
progresse à une vitesse de plusieurs dizaines de kilomètres par heure, et ne
laisse, en général, pas le temps aux populations menacées d’évacuer les lieux à
temps. Ils ont donc un caractère particulièrement dangereux.
Ces départs de lahars peuvent se produire plusieurs années après l’éruption qui a

engendré le dépôt de cendres.

o Les glissements de terrain

Une éruption volcanique est toujours accompagnée d’une forte


activité sismique qui traduit les déformations subies par le volcan.
Ces séismes ne sont, en général, pas dangereux, puisque d’une
intensité faible. Ils peuvent cependant provoquer des glissements

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de terrain qui, eux, peuvent avoir de graves conséquences. Le gonflement d’une partie de l’édifice peut aussi
être à l’origine de grandes avalanches de débris et d’éboulements.
Ces glissements de terrain et avalanches peuvent avoir des effets directs plus dévastateurs que l’éruption elle-
même. De plus, lorsqu’ils concernent un très gros volume de matériaux et qu’ils ont lieu près de la côte ou sous
la mer, ils peuvent engendrer des raz-de-marée.
o Les tsunamis
Les séismes, les éruptions volcaniques sous-marines ou les glissements de terrain s’ils se produisent dans la mer
ou à proximité de la côte, peuvent être à l’origine de raz-de-marée, ou tsunami. Une explosion violente peut
également engendrer un tsunami.
La caractéristique la plus importante d’un tsunami est sa propagation possible à travers un océan entier. Des
côtes situées à des milliers de kilomètres du volcan en éruption peuvent être frappées, et de manière très
meurtrière et dévastatrice, par un tsunami.
o Les remontées de gaz à la surface d’un lac
Il peut arriver que le gaz carbonique émis par le volcanisme soit stocké au fond des lacs de cratères. Ces eaux
profondes peuvent remonter à la surface et dégager brutalement une grande quantité de gaz. L’arrivée massive
de gaz peut alors entraîner l’asphyxie des hommes et des animaux.

III. LE PHÉNOMÈNE MOUVEMENTS DE TERRAIN


1. Introduction
Les mouvements de terrain sont des phénomènes naturels d’originestrès diverses, résultant de la déformation,
de la rupture et dudéplacement du sol. Ils provoquent mondialement la mort de 800 à
1 000 personnes par an, mais ce chiffre ne prend pas en compte les glissements dus aux séismes. Lesrisques liés
aux mines n’entrent pas dans cette catégorie.
Les mouvements de terrain constituent généralement des phénomènesponctuels, de faible ampleur et d’effets
limités. Mais parleur diversité et leur fréquence, ils sont néanmoins responsables dedommages et de préjudices
importants et coûteux.
De nombreux paramètres, naturels ou anthropiques, conditionnentl’apparition et le développement des
mouvements de terrain (géologie,hydrogéologie, urbanisation, etc.).Les mouvements de terrain engendrent des
risques pour les personnes,mais également pour les biens et l’économie. Il est possibled’agir sur ces risques de
deux manières, en intervenant sur l’aléaou sur les enjeux. Les mesures de protection mises en place visentà
réduire au maximum l’aléa dans les zones menacées. La préventionpermet de réduire la vulnérabilité au sein de
ces secteurs, parl’information des populations, l’adoption de mesures d’urbanismeou de mesures constructives,
l’étude et la surveillance de mouvementsactifs.

Qu’est-ce qu’un mouvement de terrain ?


Un mouvement de terrain est un déplacement, plus ou moins brutal, du sol ou du sous-sol sous l’effet
d’influences naturelles (agent d’érosion, pesanteur, séisme, etc.) ou anthropiques (exploitation de
matériaux, déboisement, terrassement, etc.). Ce phénomène comprend diverses manifestations, lentes ou
rapides, en fonction des mécanismes initiateurs, des matériaux considérés et de leur structure.
Les mouvements lents entraînent une déformation progressive des terrains, pas toujours perceptible par
l’homme. Ils regroupent les affaissements, les tassements, les glissements, la solifluxion, le fluage, le retrait-
gonflement et le fauchage.
Les2.mouvements
Les affaissements
rapidesetseles effondrements
propagent de manière brutale et soudaine.Ils regroupent les effondrements, les
chutes de pierres et de blocs, les éboulements et les coulées boueuses.
Les mouvements de terrain, qu’ils soient lents ou rapides, peuvent entraîner un remodelage des paysages.
Celui-ci peut se traduire par la destruction de zones boisées, la déstabilisation de versants ou la
réorganisation de cours d’eau. 10
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Ces phénomènes sont liés à la présence de cavités souterraines d’origine naturelle (phénomène de dissolution)
ou anthropique (exploitation souterraine).
Les affaissements sont des dépressions topographiques en forme de cuvette dues au fléchissement lent et
progressif des terrains de couverture.
Les effondrements résultent de la rupture des appuis ou du toit d’une cavité souterraine, rupture qui se
propage jusqu’en surface de manière plus ou moins brutale, et qui détermine l’ouverture d’une excavation
grossièrement cylindrique. Les dimensions de cette excavation dépendent des conditions géologiques, de la
taille et de la profondeur de la cavité ainsi que du mode de rupture.
Ce phénomène peut être ponctuel ou généralisé et dans ce cas concerner des superficies de plusieurs hectares.
S’il est ponctuel, il se traduit par la création de fontis plus ou moins importants, dont le diamètre est
généralement inférieur à cinquante mètres.

2.1. Les paramètres naturels influençant l’aléa


La géologie : les matériaux ont une influence déterminante sur le déclenchement et l’évolution de ces
phénomènes. Ils doivent être favorables à la création et au développement de cavités. La nature des terrains
surmontant les cavités conditionne également le développement en surface du mouvement.
L’hydrogéologie : la création de cavités naturelles dans le sous-sol est liée aux circulations souterraines d’eau
qui entraînent des phénomènes d’érosion et d’altération dans les formations traversées.
Dans les matériaux solubles tels le calcaire – formation de réseaux karstiques – ou le gypse, les écoulements
souterrains d’eau dissolvent et entraînent les matériaux, formant ainsi ces
cavités.
2.2. Les paramètres anthropiques influençant l’aléa
Les cavités souterraines : l’exploitation de matériaux du sous-sol dans des
marnières, des carrières ou des mines, puis l’abandon de ces structures peuvent
entraîner des affaissements ou des effondrements.
2.3. Le risque
Les affaissements sont des mouvements lents et progressifs. S’ils ne présentent
en général pas de risque pour les personnes, ils peuvent avoir des conséquences
sur les ouvrages en surface, allant de la simple fissuration jusqu’à la ruine
complète.
Les effondrements ont un caractère soudain, augmentant ainsi la vulnérabilité
des personnes. Les ouvrages sont également vulnérables et détruits
entièrement dans la majeure partie des cas.

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En plus des risques sur les vies humaines et les infrastructures, ces mouvements ont des conséquences
économiques. Leur survenue entraîne des coûts dus aux réparations, ainsi qu’éventuellement à l’arrêt des
activités du secteur concerné. La mise en place de mesures de protection entraîne également des dépenses qui
sont en général supportées par l’État. Si aucune protection ne s’avère efficace, le coût de l’expropriation et du
relogement des populations menacées est à prendre en compte.
2.4. Les techniques de protection
Deux méthodes de protection peuvent être envisagées. La protection active consiste à éviter le déclenchement
du mouvement. La protection passive s’attache à en contrôler les conséquences.
La protection active consiste à soutenir et à consolider les cavités.Pour cela, il est possible de réduire la portée
des vides en aménageant des appuis supplémentaires, par la réalisation de piliers en maçonnerie, dans les
cavités accessibles, ou l’injection de coulis (mélange de béton et d’adjuvants) formant des plots. Si le vide
considéré est proche de la surface, il est impératif de contrôler les infiltrations d’eau qui vont accentuer le
phénomène.
La protection passive vise à renforcer les structures des constructions menacées pour qu’elles ne subissent pas
les conséquences des affaissements. La réalisation de fondations profondes, traversant la cavité, peut être un
autre moyen de se protéger. Enfin, les réseaux enterrés doivent être conçus dans des matériaux résistants aux
déformations.
Exemple de mesures de protection contre les effondrements
Lorsqu’une cavité souterraine est repérée sous un bâtiment existant ou projeté, on peut soit remplir la cavité, si
elle est petite, soit implanter des fondations profondes si elle est trop grande.
3. Les éboulements et les chutes de pierres et de blocs
L’évolution naturelle des falaises et des versants rocheux engendre des chutes de pierres et de blocs ou des
éboulements en masse.Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant, tandis que dans le cas des
éboulements en masse, les matériaux « s’écroulent » à grande vitesse sur une très grande distance. La forte
interaction entre les éléments rend la prévision de leurs trajectoires et rebonds complexe, et donc leur
modélisation difficile.

3.1. Les paramètres naturels influençant l’aléa

12
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La géologie : le pendage des couches géologiques, leur état de fracturation, d’altération, leur perméabilité sont
autant de paramètres conditionnant l’occurrence et l’intensité des chutes de blocs et des éboulements.
L’hydrogéologie : les circulations et la rétention d’eau au sein des formations entraînent des phénomènes
d’érosion et d’altération, ainsi qu’une augmentation des pressions interstitielles. L’alternance du gel et du dégel
de l’eau présente dans les terrains participe également à cette altération.
Les séismes font vibrer les éléments du sol, modifient les conditions de pesanteur et donc l’équilibre des masses
en place. Ils peuvent être à l’origine de chutes de blocs ou d’éboulements.
3.2. Les paramètres anthropiques influençant l’aléa
La modification de l’hydrologie : le développement des activités humaines (habitations, parkings, voiries, etc.)
entraîne une imperméabilisation du sol. Ceci peut conduire à une concentration des écoulements d’eau dans
des zones sensibles. Les rejets d’eau, le rabattement des nappes par pompage, ainsi que les canalisations
souterraines cassées sont également des facteurs aggravants. Les conséquences sont ici semblables à celles
résultant des circulations naturelles, mais sur des sites qui n’étaient, à l’origine, pas concernés par ces
phénomènes.
L’influence des travaux : les opérations de tracé des routes en montagne peuvent entraîner un raidissement de
la pente conduisant à l’apparition de chutes de pierre. Dans le cas d’utilisation d’explosifs pour les travaux, les
vibrations occasionnées peuvent déstabiliser des ensembles de blocs.
3.3. Le risque
Ce phénomène possède un caractère soudain, d’où un risque conséquent pour les personnes. Ces mouvements
de terrain ont des conséquences sur les infrastructures (bâtiments, voies de communication, etc.), allant de la
dégradation partielle à la ruine totale. Ces dommages entraînent un coût direct causé par les réparations ou
l’entretien des bâtiments, mais également un coût, difficilement chiffrable, lié à la perturbation des activités du
secteur touché.
La mise en place de mesures de protection contre les éboulements entraîne des dépenses qui sont en général
supportées par l’État. À titre d’exemple, la DPE d’El hoceima consacre chaque année environ plus de 2 millions
de dh au programme de protection des routes départementales contre le risque de chutes de blocs et de
glissements.
Les chutes de blocs et les éboulements peuvent entraîner un remodelage des paysages. Par exemple,
l’obstruction d’une vallée par les matériaux déplacés peut engendrer la création d’une retenue d’eau. Lorsque
les enjeux sont des sources potentielles de pollution (usine chimique, station d’épuration, etc.) un risque
particulier de contamination du milieu naturel ou d’accident technologique est à prendre en compte.
3.4. Les techniques de protection
La protection active vise à empêcher les blocs et écailles de se
détacher. Pour les amarrer, des câbles ou des nappes de filets
métalliques peuvent être utilisés. Le clouage des parois permet
de limiter le départ d’éléments rocheux, par des ancrages
reprenant une partie des efforts de cisaillement et de traction,
ou des tirants qui introduisent un effort de compression sur le
massif rocheux. Le confortement des parois par massif bétonné
ou par béton projeté s’oppose également au décrochement de
blocs.

13
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La protection passive consiste essentiellement à interposer un « écran »


entre le massif rocheux et les enjeux. Il peut s’agir d’un merlon ou d’une
digue pare-blocs, d’une levée de terre avec un parement amont proche de
la verticale, conçu pour reprendre l’énergie des blocs. Quand il est
impossible de construire un tel ouvrage de protection, on a recours à
l’utilisation de filets pare-blocs qui, associés à des systèmes de fixation à
ressort et de boucles de freinage, arrêtent les blocs et dissipent leur
énergie.

Pour les habitations, des dispositions constructives peuvent être prises,


telles que le renforcement de la façade exposée ou du toit, mais il reste préférable d’éviter toute construction
dans les zones exposées.
Des méthodes de protection à court terme existent, telle que la purge des parois. Réalisée manuellement ou par
minage, elle nécessite une maîtrise poussée des opérations pour éviter de déstabiliser davantage les blocs de la
paroi traitée.

4. Les glissements de terrain


Il s’agit du déplacement lent d’une masse de terrain cohérente le long
d’une surface de rupture. Cette surface a une profondeur qui varie de
l’ordre du mètre à quelques dizaines voire quelques centaines de mètres
dans des cas exceptionnels. Les volumes de terrain mis en jeu sont alors
considérables. Les vitesses d’avancement du terrain peuvent varier
jusqu’à atteindre quelques décimètres par an.
Lorsqu’il y a rupture, ces vitesses peuvent atteindre quelques mètres par
jour durant la période la plus active.

Le terme de glissement de terrain, englobe également trois autres phénomènes.


Les coulées boueusescorrespondent à la mise en mouvement de matériaux à l’état visqueux. Elles peuvent
résulter de l’évolution de glissements sous l’action de l’eau.
Le fluageest un mouvement lent et irrégulier sur des pentes faibles. Il affecte essentiellement les argiles et
entraîne des tassements locaux.
La solifluxionest un phénomène d’écoulement des sols en surface sur des pentes très faibles. Il est dû à
l’alternance gel/dégel, au passage d’animaux, à l’action des racines.

4.1. Les paramètres naturels influençant l’aléa

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La géologie : les caractéristiques mécaniques d’un matériau, sa perméabilité, son état d’altération sont autant
de paramètres conditionnant la pente limite d’équilibre et l’occurrence du mouvement.
La géomorphologie : l’importance de la pente de terrain va permettre le développement de certains types de
glissement. Une pente faible sera suffisante pour le déclenchement de phénomènes de solifluxion ou de fluage.
La couverture végétale joue également un rôle dans la stabilité, la propagation et le déclenchement des
glissements de terrain. Ce rôle peut être bénéfique ou néfaste selon le cas. Ainsi, les racines des végétaux
renforcent la cohésion des sols, mais en cas de vent, l’effet de levier peut déraciner les arbres, ouvrant ainsi des
brèches dans le sol et favorisant les infiltrations d’eau.
L’hydrogéologie : outre les phénomènes d’infiltration, les circulations d’eau en surface contribuent aux
instabilités des masses de sol, par un phénomène d’entraînement des matériaux.
Les séismes : là encore, c’est la mise en vibration des éléments du sol et la modification des conditions de
pesanteur qui peuvent être à l’origine de la déstabilisation des masses en place.
4.2. Les paramètres anthropiques influençant l’aléa
La modification de l’hydrologie : de la même manière que pour les phénomènes d’éboulements, la modification
de l’hydrologie par une activité humaine peut créer des zones à risques nouvelles.
La modification du relief : lors des chantiers de construction, les opérations de terrassement peuvent entraîner
la suppression d’une butée de pied stabilisatrice d’une masse de terrain, ou bien augmenter la pente d’un
versant composé de matériaux pas assez cohérents pour cette nouvelle topographie. Le remblaiement engendre
une surcharge pouvant déclencher ou aggraver un glissement.De même il entraîne un tassement du sol et ainsi
une diminution de la perméabilité, amplifiant l’instabilité.
4.3. Le risque
Les mouvements lents et progressifs ne présentent en général pas de risque pour les vies humaines, sauf parfois
lors de la phase de rupture des glissements, même si le mouvement n’est alors plus considéré comme lent.
Le cas des mouvements de grande ampleur est particulier. Le nombre de victimes peut être très important, du
fait des quantités de matériaux mises en jeu et de l’étendue du site concerné. Ces mouvements, plus rares, ont
des conséquences difficilement prévisibles.Les populations sont plus vulnérables aux glissements de terrain
soudains, comme les coulées boueuses, mais les victimes restent rares.
Les glissements de terrain, qu’ils soient lents ou rapides, ont des conséquences sur les infrastructures
(bâtiments, voies de communication, etc.) pouvant aller de la fissuration à la ruine totale, ou entraîner des
pollutions induites. Même les mouvements lents et superficiels (fluage et solifluxion) peuvent dégrader des
canalisations et autres réseaux enterrés.
Ces dommages entraînent un coût direct dû aux réparations ou à l’entretien des ouvrages, généralement
supporté par les collectivités locales et l’État, mais également un coût, difficilement chiffrable, lié à la
perturbation des activités du secteur touché. Si aucune protection ne s’avère efficace, le coût de l’expropriation
des populations menacées est à prendre en compte.
4.4. Les techniques de protection
Dans le cas des glissements de terrain, les techniques actives sont privilégiées aux méthodes passives. En effet,
une fois qu’un glissement de terrain mettant en jeu de grandes quantités de matériaux est amorcé, il est difficile
d’en maîtriser les conséquences.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La réalisation d’un système de drainage (tranchée drainante, éperon drainant, masque drainant ou drains
ponctuels subhorizontaux) est une technique couramment utilisée pour limiter les infiltrations d’eau. Les murs
de soutènement en pied de glissement limitent également leur développement.
Dans le cas des coulées boueuses, la végétalisation des versants permet de réduire la quantité de matériaux
mobilisables, et donc l’intensité du phénomène. L’utilisation de végétaux dans le cas des autres types de
glissements est à préconiser avec prudence, ceux-ci pouvant également avoir un rôle néfaste.

5. Les avancées dunaires


C’est la progression d’un front de dunes vers l’intérieur des terres sous l’effet du vent.
5.1. Les paramètres naturels influençant l’aléa
La géologie : ce phénomène met en jeu des matériaux sableux. Son intensité dépendra de la quantité des stocks
et de leur mobilité.
La végétation : les plantes à rhizome développé, par exemple les oyats, auront un rôle stabilisateur des dunes et
limiteront ainsi l’importance de l’avancée.
La météorologie : les conditions de vent jouent un rôle déterminant dans l’importance du phénomène.

5.2. Les paramètres anthropiques influençant l’aléa


La sur-fréquentation des côtes entraîne la destruction de la végétation stabilisatrice et le remodelage des
dunes. Le vent a alors une action accrue et la mise en mouvement des sables est d’autant plus conséquente.
5.3. Le risque
Les risques concernent essentiellement les constructions ou les équipements, menacés d’être ensevelis.
Néanmoins, des « avalanches dunaires » peuvent également survenir et mettre en péril des vies humaines.
5.4. Les techniques de protection

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Elles consistent tout d’abord à réduire les effets du vent et à limiter le transport des matériaux, par l’utilisation
de brise-vent (barrières en branchages, en bois ou en plastique). Ensuite, on cherche à stabiliser les dunes grâce
à l’implantation de végétaux adaptés. Enfin, la gestion des accès aux dunes (escaliers, parkings, chemins en
caillebotis) permet de limiter la destruction des végétaux déjà présents.

6. Les retraits-gonflements
Il se manifeste dans les sols argileux et est lié aux variations en eau du terrain. Lors des périodes de sécheresse,
le manque d’eau entraîne un tassement irrégulier du sol en surface : on parle de retrait. À l’inverse, un nouvel
apport d’eau dans ces terrains produit un phénomène de gonflement. Des tassements peuvent également être
observés dans d’autres types de sols (tourbe, vase, lœss, sables liquéfiables, ...) lors des variations de leur
teneur en eau.
6.1. Les paramètres naturels influençant l’aléa
La géologie : les retraits-gonflements se développent dans les argiles, de manière plus ou moins conséquente
suivant le type d’argile. On retrouve particulièrement ce phénomène dans les smectites et les interstratifiés.

L’hydrogéologie et la météorologie : les variations de teneur en eau des terrains sont un paramètre essentiel
conditionnant l’intensité de ce phénomène. La fluctuation des nappes souterraines due aux précipitations
constitue un facteur aggravant.
La végétation : la présence d’arbres ou d’arbustes augmente l’intensité du phénomène, par l’action de pompage
par ces végétaux de l’eau contenue dans le sous-sol.
6.2. Les paramètres anthropiques influençant l’aléa

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La modification de l’hydrologie : les variations de la teneur en eau dans les sols, suite à une activité humaine,
peuvent accentuer l’intensité du phénomène de retrait-gonflement.
6.3. Le risque
La lenteur et la faible amplitude du phénomène de retrait-gonflement le rendent sans danger pour l’Homme.
Néanmoins, l’apparition de tassements différentiels peut avoir des conséquences importantes sur les bâtiments
à fondations superficielles. Entre 1989 et 1992, des conditions climatiques particulières entraînèrent des
phénomènes de retrait sur l’ensemble du territoire métropolitain causant deux milliards d’euros de dommages.
6.4. Les techniques de protection
Il existe tout d’abord des mesures constructives (fondations profondes, rigidification de la structure par
chaînage) qui limitent les dommages sur les bâtiments. La maîtrise des rejets d’eau dans le sol (eaux pluviales et
eaux usées) réduit également les variations et les concentrations d’eau et donc l’intensité du phénomène. Le
contrôle de la végétation arborescente permet lui aussi de diminuer les risques.
Le simple respect des règles de l’art en construction suffi t la plupart du temps à éviter les dommages.
Des mesures simples, telles que l’étanchéification des pourtours des maisons ou la destruction d’arbres trop
proches des habitations en zone sensible, peuvent être mises en œuvre.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

B. LES PHENOMENES KARSTIQUES

1. Définition

Le karst est l’ensemble de formes superficielles et souterraines résultant de la dissolution de roches carbonatées
ou salins par l’eau.

L’origine du mot karst est allemande et provient de la dénomination géographique d’une région s’étendant de
Trieste en Italie jusqu’à l’Est de la Slovénie. On désigne sous le nom de « phénomènes karstiques » les formes du
relief, les caractères morphologiques et les processus hydrographiques particuliers aux terrains calcaires ou
salins sur toute la surface de la Terre. En effet, le paysage karstique résulte des écoulements souterrains
particuliers qui se mettent en place progressivement dans les roches carbonatées et salines et constitue
également un aquifère puisque l’eau souterraine est totalement impliquée dans sa formation et dans son
fonctionnement.

2. L’origine des problèmes


2.1. Solubilité et fissuration

Les phénomènes karstiques sont caractéristiques des roches solubles. Il s’agit le plus souvent de calcaires, de
dolomies et de craies. Dans ces roches, même en circulant lentement, les eaux rendues acides par le dioxyde de
carbone peuvent attaquer la roche en la dissolvant. Le développement de cavités souterraines est fortement
favorisé par la fissuration et la stratification de la formation géologique : dans les fissures, l’eau peut se
concentrer, alors que sa dispersion dans les pores d’une roche non fissurée ralentit l’évolution. En général, les
discontinuités, diaclases, joints de stratification et failles, sont susceptibles de favoriser la circulation de l’eau et
donc la karstification.

Les calcaires sont des carbonates de calcium (CO3Ca) propices à la dissolution par l’eau lorsqu’elle est chargée
d’acide carbonique (H2CO3) -(CO2 + H2OH2CO3) acide carbonique-CO3H2 + CaCO3(CO3H)2Ca(bicarbonate de
Calcium). L’eau de pluie n’est pas acide, l’acidité de l’eau est un caractère acquis d’abord en traversant
l’atmosphère ensuite et surtout en percolant à travers le sol (issu de l’activité bactériologique sur la matière
organique présente dans les sols.

2.2. La dynamique des processus

La dissolution progresse très lentement, l’érosion par les eaux courantes souterraines est aussi, en général, un
processus lent, qui ne progresse qu’à une échelle de temps géologique. Par contre, une fois des vides constitués,
les effondrements peuvent se produire de façon imprévue et instantanée. Une importante source de dommages
consiste dans les changements rapides liés, par exemple, à l’obstruction d’une perte par des sédiments ou plus
souvent par des branchages, feuillages et autres débris végétaux obstruant un passage : on a dans ce cas la
source d’une inondation en amont. Au contraire, l’évacuation soudaine, lors d’une crue, d’un remplissage
(sable, limon ou autre) d’une cavité comblée peut favoriser l’affaissement de son toit. Les eaux superficielles
peuvent entailler la couverture meuble et exhumer des roches fissurées par où l’eau peut s’infiltrer, d’où la
naissance soudaine d’une perte. D’autres fois, ce sont les activités humaines qui débouchent l’orifice d’un
ancien chantoir comblé et disparu. On croit voir là l’œuvre soudaine des processus karstiques alors que l’homme
n’a fait que rouvrir un conduit abandonné. Ce sont là des processus beaucoup plus rapides que les précédents,
et parfois la source de catastrophes.

3. Morphologie des karsts

Une grande diversité morphologique et hydrographique est constatée dans les différentes régions karstiques
(Fig. 1). La composition chimique de la roche et le climat, sa couverture sédimentaire, la tectonique de la

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

région, la présence et l’épaisseur de couches imperméables intercalées, sont des facteurs qui peuvent
contrôler l’évolution de la karstification et provoquer des différences morphologiques considérables entre les
régions karstiques.

On peut tout d’abord distinguer les formes karstiques de surface (exokarst) des formes souterraines (endokarst).
Les dolines sont, avec les lapiaz, les premières expressions du karst en surface, même si on peut parfois
retrouver ces morphologies plus en profondeur, notamment sous un terrain de couverture (Fig. 1). Les poljés,
gouffres, avens et ouvalas sont également des formes superficielles remarquables par leurs dimensions car si les
poljés et les ouvalas peuvent s’étaler sur de larges surfaces, les gouffres et les avens peuvent parfois atteindre
des profondeurs de plusieurs centaines de mètres comme dans le système de Mammoth Cave aux Etats-Unis.
En profondeur justement, on peut trouver des cavités de plus ou moins grande dimension, ainsi que des réseaux
de conduits se développant parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres linéaires et plusieurs centaines de
mètres verticalement.

Au Maroc, les formations calcaires affleurent sur près


de 100 000 km² et renferment un grand nombre
de grottes, gouffres et réseaux souterrains. La cavité la plus
connue est Friouato au sud de Taza, mais la plus longue est
Win Timdouine au Nord-Est d’Agadir sous le plateau de
Tasroukht. (photo. Gouffre de Friouato)

L’eau de pluie infiltrée se charge en gaz carbonique d’origine pédologique lors de son passage à travers le sol et,
sous l’effet d’un gradient hydraulique, circule dans les fractures de la roche. La karstification autour de ces
fractures accroit les vides et le transport des particules solubles et insolubles provoque la création de vides plus
importants. Des conduits organisés en réseau se forment et drainent les eaux depuis la surface jusqu’à une
source généralement unique tandis que des zones de stockage connectées au réseau de conduits prennent
place dans la zone saturée. Le résultat final se traduit par une hétérogénéité considérable du milieu avec une
organisation des vides déterminée par les écoulements souterrains.

4. Hydrodynamique du karst

L’aquifère karstique est divisé en trois zones principales : l’épikarst, la zone d’infiltration (zone non saturée) et
la zone noyée (zone saturée).

Dans la zone noyée (Fig. 1), les conduits assurent le rôle transmissif de l’aquifère, tandis que le coté captif est
plutôt localisé dans les cavités moins connectées aux drains et aussi dans les fractures et la porosité inter-
granulaire de la matrice rocheuse.

La zone d’alimentation est la partie la plus proche de la surface. Cette partie est caractérisée par un fort degré
de fracturation et d’altération. Les eaux d’infiltration peuvent être momentanément retenues en formant un
petit réservoir temporaire perché : l’épikarst. Cette zone saturée temporaire et discontinue, constitue l’aquifère
épikarstique, elle assure l’interface entre le karst sous-jacent et les phénomènes externes et une alimentation
permanente via l’infiltration lente vers la zone noyée. Les eaux y sont soumises à l’évapotranspiration. L’épikarst
est donc la frange plus altérée du massif carbonaté où la porosité et la perméabilité sont plus fortes et plus
homogènes. Ce sous-système a une fonction régulatrice car il stocke l’eau et distribue la recharge à la zone
d’infiltration de manière rapide ou lente.

Il faut noter également que même si la majorité de la porosité de l’épikarst est souvent représentée par des
fractures, on peut aussi y trouver des conduits ainsi qu’une porosité matricielle (plus forte pour les dolomies).

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Figure. 1 : Coupe synthétique d’un aquifère karstique.


Les dolines sont, avec les lapiaz, sont les premières expressions du karst en surface.

Zone épikarstique : En surface et à proximité immédiate, les eaux qui traversent l’atmosphère et le sol se sont
enrichies en gaz carbonique. Elles sont donc très agressives et leur capacité de dissolution sera importante à la
surface des roches.

Si l’érosion superficielle fait disparaître le sol, et sous l’action


combinée de la dissolution et de l’érosion, la roche nue
apparaîtra striée d’entailles plus ou moins larges séparées par
des arêtes souvent acérées. Ce type de morphologie
caractéristique des roches de surface des karsts est appelé
Lapiaz.

A plus grande échelle, la dissolution des roches de


surface et l’entraînement des produits dissous dans les
fractures et les vides sous-jacents provoquent la
formation de dépressions circulaires « les dolines ».

Zone d’infiltration :Directement sous la partie superficielle, l’eau s’enfonce en profitant soit de conduits
résultants d’une dissolution particulièrement active, soit en empruntant des fissures préexistantes que la
corrosion va élargir. Deux modes de
circulation caractérisent cette zone :

- Une infiltration rapide par des


conduits larges où l’eau circule
librement ;

21
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

- Une infiltration lente à travers une réseau de fines fissures.

Zone de drainage : Plus bas, le double effet de la corrosion qui élargit les fissures et de la circulation qui en
assure le déblaiement, favorise les communications entre les vides. Les écoulements initialement à composante
verticale, utilisent des cheminements plus horizontaux créant localement des rivières souterraines.

Zone noyée : Autour des zones de drainage vont subsister des vides remplis d’eau qui ne s’écoule que très
lentement, en raison de l’étroitesse des conduits qui les relient aux drains principaux. Dans ces cavités
partiellement ou totalement noyées, la dissolution pourra continuer son lent travail de corrosion et former de
vastes réservoirs.

5. Karstification et type d’altérations

Le système karstique provient d’une structuration spatiale et temporelle d’un ensemble de vides creusés au
détriment de discontinuités dans une masse rocheuse grâce à une dissipation d’énergie.

- La dissipation d’énergie résulte de la transformation de trois types d’énergies (chimique, potentielle et


mécanique) : l’énergie chimique est la dissolution des roches carbonatées et donc la mise en solution d’ions
(Ca²+, HCO³- par exemple) et la production de particules solides (argiles, sables...). L’eau acquiert un potentiel
chimique plus important si elle est chargée en CO2. L’énergie potentielle permet l’évacuation des particules
solides et en solution et donc dépend de la différence d’altitude entre l’entrée et la sortie et aussi de la quantité
d’eau reliant ces deux points. Et enfin, l’énergie mécanique, créant et ré ouvrant la fracturation ou provoquant
la surrection du massif, ce qui augmente l’énergie potentielle.

- Les discontinuités du massif rocheux permettent une circulation des eaux souterraines par certaines familles
de fractures, dépendant de la perméabilité de celles-ci et donc des directions de contraintes tectoniques et du
gradient hydraulique.

- La structuration temporelle et spatiale qui aboutit à la formation du système karstique résulte de la dissipation
des énergies mises en œuvre dans un système ouvert. Le système de drainage tend à s'organiser de mieux en
mieux au fil du temps.

Comme le montre la Figure 2, les deux tiers de la dissolution sont concentrés à la surface du massif et le quasi
tiers restant est localisé dans le massif. En
effet, seul 0.05% de la dissolution sert à
élargir le conduit en zone dénoyée dans le cas
du karst des MendipHills. La majorité de la
dissolution est attribuée à la zone
d’infiltration. C’est donc à partir de la surface
que va se développer la majorité de
l’altération, là où les eaux se seront chargées
en CO2 créant ainsi de remarquables
morphologies karstiques de subsurface.

Figure.2 : Localisation de la dissolution dans un réseau karstique (ex. karst des MendipHills)

L’altération chimique joue un grand rôle dans la karstification car elle est à la base de l’exportation de matière
hors du système. Cependant, les observations spéléologiques et en surface ont permis de dégager trois modes
d’actions :

22
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La corrosion : C’est le mode d’action le plus couramment invoqué pour expliquer la création des vides en
surface comme en profondeur. L’action chimique de l’eau sur la roche provoque le départ de matière et donc la
formation de vides.

La cryptoaltération : elle se développe au contact des calcaires et d’une couverture suffisamment perméable et
non karstifiable. L’eau se charge en CO2 dans les sols et la couverture, et dissout le calcaire à l’interface. Ce
processus ne génère pas de vides car la couverture
s’enfonce dans les zones où la matière a été dissoute. On
peut ainsi trouver des cryptolapiaz et des cryptodolines
(Fig. 3).

Figure.3 : Coupe d’un cryptokarst. Le toit du calcaire est


découpé en lapiaz à gauche et cryptodoline à droite sous la
couverture perméable sableuse

La fantômisation : C’est l’altération isovolumique d’une


masse rocheuse, tout au moins dans sa première phase. Le terme de ce processus vient de ce que le massif
fantômisé apparaît de loin intact ; la stratification, les accidents lithologiques sont toujours visibles mais la roche
est devenue non cohérente, très poreuse, par disparition d’éléments solubles et conservation in situ des
éléments moins solubles. Les vides souterrains résultants sont des pores et non des conduits. La fantômisation
se déroule à partir de la surface per descensum, se traduisant par la formation de couloirs parallèles (Fig. 4) qui
se réunissent pour dessiner de vastes volumes en forme d’entonnoirs ou d’hémisphères géants : les couloirs ont
des largeurs de l’ordre de quelques mètres et des longueurs décamétriques, les grands fantômes ont des
diamètres d’ordre hectométrique et des profondeurs allant jusqu’à plus de 100 m sous la surface du sol. Plus
bas, ces structures se prolongent sous la forme de pseudo-endokarsts qui affectent la forme de galeries
colmatées. La grande différence avec une galerie colmatée est qu’ici, le colmatage est en fait le résidu in situ de
l’altération. Jamais cette structure n’a été vide de matière. Ces pseudo-endokarsts dessinent des formes
géométriques complexes qui se calquent sur la fracturation. Dans une phase évolutive ultérieure, le résidu
d’altération se tasse sur lui-même et un vide apparaît au toit de la pseudo-galerie (Fig. 5).

23
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Figure.4 : Un couloir dans le calcaire. Le couloir se termine vers le bas en biseau et marque ainsi la limite de
l’altération. La paroi altérée à l’intérieur est noire.

Figure.5 : Pseudo-endokarst. La forme fantôme est totalement circonscrite latéralement par la roche intacte. Le
tassement de l’altérite résiduelle a dégagé une cavité au sommet (Gr).

Ces vides et ces zones altérées sont des zones mécaniquement instables et sont des points d’infiltration
potentielle. Ces zones font du karst un objet vulnérable face aux risques d’effondrement et de pollution de la
ressource souterraine. La géophysique peut aider à localiser ces zones.

6. La notion de contrainte karstique

Pour bien aménager, il ne suffit pas de favoriser tel ou tel usage du sol. Il est aussi important de tenir compte
des contraintes naturelles qui peuvent favoriser ou défavoriser tel type d’urbanisation à certains endroits. Il faut
tenir compte aussi des interactions entre l’homme et le karst. La « nature » peut imposer de déplacer, dans un
but sécuritaire, l’implantation d’une construction ou infrastructure. Dans tous les cas, il faut interdire de
construire sur une doline.

Il peut également arriver qu’une construction ou une affectation du sol soit susceptible d’être dangereuse, non
pour l’homme, mais pour son milieu : une décharge en terrain karstique fissuré peut polluer les eaux, une
construction faisant obstacle à l’écoulement d’un ruisseau peut provoquer une inondation en amont de la zone
concernée, etc. L’établissement d’un projet d’aménagement suppose donc que l’on tienne compte des
influences possibles des phénomènes karstiques sur les travaux des hommes, mais aussi des effets possibles des
entreprises humaines sur le milieu.

Une fois une construction ou un aménagement réalisés, il arrive souvent qu’on éprouve le besoin d’ajouter, en
fonction du développement de l’entreprise ou du site, un muret, un puits ou une voirie avec un revêtement. Ces
actes et travaux peuvent avoir des effets néfastes (le plus souvent sur l’écoulement des eaux) qui ne sont pas la
conséquence du projet initial, et qui sont dangereux pour le milieu ou l’établissement lui-même. L’impact
desdits travaux complémentaires doit aussi faire l’objet d’une attention particulière.

7. Les karsts au Maroc :

Au Maroc, les régionsles plus karstifiées sont :


- Régions de grés dunaire : OUJDA – IFRANE-RABAT-TEMARA-ELJADIDA-CASABLANCA et SAFI.
- Régions de Calcaire : Oujda, Tetouan, meseta, Taza, moyen atlas
- Régions des sels : TAZA-SOUK LARBAA et MOHAMMEDIA
- Régions des gypses : ESSAOUIRA-YOUSSOUFIA et KHENIFRA.

En général, les régions les plus karstiques se trouvent dans le Moyen Atlas qui est caractérisé par des
affleurements de roches carbonatées (calcaires et dolomies) du lias et par la présence plus ou moins abondante
des gypses et de sel dans les argilites du Trias.

24
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Si les gypses ne sont rencontrés qu’au Sud de la dépression de Bsabis et auprès d’IFRANE – ZAOUIA, les sels
quant à eux existent un peu partout dans la région, comme en témoignent les différentes sources D’OUM R’BIA
où de nombreuses Dayas sont alimentées par des nappes phréatiques saturées en sel.

La présence d’inter-lits de marnes et d’argiles brunes beiges ou rouges dans les calcaires du Moyen Atlas a
conduit surtout à un développement de karsts superficiels plutôt qu’à des réseaux souterrains.

8. Méthodes de prospection :

Comme il a été développé plus haut, la présence de karsts peut donner lieu à des affaissements et à des
effondrements de surface non forcément liés à l’application de surcharges sur le sol.Les effondrements
intéressent surtout les zones rocheuses et présentent des dangers permanents par leur soudaineté et brutalité.
Quant aux affaissements, ils intéressent les sols meubles (couverture importante) et sont des mouvements
relativement plus lents.

La présence de ces deux


phénomènes aux droits des
fondations des ouvrages peut
mettre en péril leur stabilité.
Leur découverte tardive conduit
généralement à des
modifications importantes des
projets en cours d’exécution
(augmentant considérablement
le coût et délai de livraison) et à
des solutions onéreuses de
protections.

Malheureusement, certains
décideurs, voire Maître
d’Ouvrages continue de négliger
ces problèmes, surtout dans des
régions reconnues karstiques
telles que Rabat et Témara. Il
est indispensable de donner une
importance particulière à ce phénomène lors des études géologiques et hydrologiques des projets.

Généralement les karsts sont mis en évidence par de simples signes de surfaces : affaissements, dolines, lapiaz.
Toutefois leur localisation exacte (profondeur – importance …) reste parmi les grands problèmes qui se posent
au géotechnicien, parce que réfractaires à toutes les méthodes d’investigation.

Ci-dessous sont présentées sommairement les méthodes les plus connues pour la mise en évidence des karsts.
(Pour le détail de chaque méthode, il y aura lieu de consulter les ouvrages spécialisés.)

Gravimétrie : la méthode se base sur la


détermination de la gravité (g) qui est
fonction de la densité (poids spécifique) du
sol. Tout déficit de la masse dans le sol
(existence de cavité ou décompression du
sol, ou éventuellement remplissage par

25
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

matériau moins dense), se traduit par une chute de la gravité.

La précision de la méthode nécessite un levé topographique précis. Cette méthode reste très chère du fait du
nombre important de mesures qu’elle nécessite pour pouvoir établir des lignes d’isogravité.Par ailleurs,
l’exploitation de la méthode suppose que la hauteur de couverture reste inférieure à 1.5 fois la hauteur de la
cavité. Mais cette règle n’est pas toujours fixe et peut varier selon la déconsolidation de la couverture et son
hétérogénéité.Toutefois, cette méthode présente un avantage certain par rapport aux autres méthodes
géophysiques, surtout en site urbain à cause des vibrations et des courants parasites qui existent dans le sol.

Sismique : La méthode se base sur la propagation des ondes dans le sol. L’existence de cavité dans le sol ou des
fissures et des diaclases se traduit par un retard d’arrivée des ondes de compression. Cette méthode peut être
utilisée soit en surface, soit dans des forages préalablement exécutés.

Electrique (ou électromagnétique) : La méthode se base sur la détermination de la résistivité du sol, en


envoyant dans le sol un courant électrique (continu ou alternatif) et en mesurant la différence de potentiel
entre deux points quelconques.Cette méthode a été largement développée et donné lieu à de nouvelles
méthodes telles que magnétotellurique artificielle, magnétique et électromagnétique.

Sondages carottés : Ils sont d’un coût élevé et ont un caractère ponctuel. De ce fait, on limite leur utilisation
pour le contrôle et comme complément d’information (nature de terrain et nature de remplissage). De toute
façon, quel que soit la méthode de prospection utilisée ont fini par exécuter des sondages carottés pour
confirmation, mais en nombre limité.

Sondages destructifs : Les méthodes sismique et gravimétrique, sont généralement utilisées pour détecter
l’existence ou non de cavités dans un site donné. Mais si le site est reconnu karstique, leur intérêt diminue, sauf
évidemment dans les cas des ouvrages linéaires (conduites, voie d’autoroute – canal – rails …), où on les utilise
pour détecter des vides à très faibles profondeurs, avec une maille lâche. On préfère dans certains cas se
contenter d’un passage d’un rouleau lourd pour provoquer des éventuels affaissements dus à l’existence de
cavités à faible profondeur.

Par contre, pour les ouvrages lourds, on effectue aux droits des fondations, des sondages destructifs avec
enregistrement continu de paramètres ; on mesure :La vitesse d’avancement, La pression sur l’outil, La pression
du fluide et Le couple moteur.

Ces paramètres permettent de positionner les anomalies et de déterminer la nature du remplissage, par simple
examen des débris du forage qui sortent en surface. Notons que dans certains cas, on peut établir des lois de
corrélation entre les vitesses d’avancement et les caractéristiques du sol.

Les forages exécutés peuvent par ailleurs être utilisés pour des essais in-situ tels que les essais
pressiométriques, les essais d’eau et enfin les essais géophysiques, exécutés entre le sondage et la surface du
sol ou entre deux sondages. En fin les sondages destructifs peuvent être utilisés en dernier lieu pour l’injection
du sol, choisie généralement comme solution de confortement. De toute manière, pour les ouvrages
importants, barrage, ouvrage d’art, usines … les sondages destructifs avec enregistrement des paramètres
présentent des avantages incontestables par rapport aux autres méthodes. Ceci n’empêche pas l’utilisation en
parallèle l’une des méthodes de prospection précédemment décrites.

Les méthodes de sondages destructifs sont très répandues au Maroc et ont donné entière satisfaction, en
particulier pour les ouvrages importants tels que : Complexe sportif de Rabat, Cimenterie de Rabat, Pont ONCF à
JorfLasfar, Nouvelle Cimenterie LAFARGE à TETOUAN, Cimenterie de Tanger, Complexe STEP-AFOURER

Le maillage, la disposition et la profondeur des sondages sont fonction du type et de la nature de l’ouvrage.

26
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Exemple de l’apport de la géophysique :

Les mesures de la méthode électrique montrent, outre l’absence d’argiles,le caractère très résistant des
dolomies et de son principal produit d’altération : le sable. Onpeut également observer le comportement
hétérogène des 20 premiers mètres à la fois enélectrique et en sismique. On peut voir dans la partie nord une
anomalie de faible vitesseentourée entre les abscisses 65 et 130 m qui correspond assez bien à l’anomalie
conductriceentourée aussi dans le même secteur. Seule la forme est un peu différente : en banane
pourl’électrique et une forme horizontale qui semble se propager en profondeur pour la sismique.Le caractère
résistant modéré à faible vitesse correspond plutôt aux sables tandis qu’un milieurapide et très résistant serait
plutôt le comportement de la dolomie. Il faut noter aussi que cesanomalies débutent ou finissent à proximité de
l’aven, indice d’une karstification active dansle secteur.

9. Mesures confortatives :

Les solutions de traitement sont nombreuses et


dépendent des conditions du site. Toutefois les
solutions couramment utilisées sont :

- Fondations avec conditions de fontis


- Approfondissement de fondation
- Curage et remplissage des vides par du gros
béton
- Injection.
9.1. Fondation avec condition de fontis

Le principe de cette solution est d’apporter des fondations pouvant résister à d’éventuels affaissements du sol
ou à l’apparition de fontis. Le système consiste en un renforcement des longrines et/ou en un élargissement des
semelles de fondations.Mais cela nécessite une connaissance précise de la localisation des zones instables ou
potentielles. De ce fait, l’évolution du karst doit aussi être prévue avec une grande probabilité pour pouvoir
dimensionner les fondations.

Cette solution reste ainsi limitée aux cas des karsts superficiels, cas de marmites dans la région de Rabat, et aux
cas des ouvrages souples et légers (canal,
bâtiment léger…).

Elle a été adoptée pour quelques fondations


des logements de l’O.N.E.P à Rabat où des
marmites de profondeur 27m et de
diamètre 3m ont été rencontrées. Il faut
noter que le principe de cette solution est
utilisé dans d’autres cas tels que les
fondations sur sol gonflant ou sur remblai
récent de faible épaisseur, pour lesquelles
les planchers bas et les longrines sont
uniquement supportés par les semelles qui
sont fondés sur une assise stable.

Dans des cas très particuliers tel que les


terrains de sports, chemins à piétons et
espaces verts, la solution consiste à mettre
sous le TV un treillis galvanisé, à mailles

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

lâches aux endroits où la possibilité d’apparition de fontis et probable. Le but de cette protection est surtout
d’empêcher les gens de tomber dans d’éventuels fontis.

9.2. Approfondissement des fondations

Le principe de la solution est simple, et consiste à descendre les fondations au-delà des zones karstiques. C’est
la solution la plus sûre et la première qui vient à l’esprit généralement. Elle n’est pas toujours économique, et
elle présente quelques inconvénients:

Elle nécessite en premier lieu l’existence d’une zone stable à profondeur raisonnable, ce qui n’est pas toujours le
cas. A titre d’exemple, pour les fondations du pont sur Oued Yquem (Rabat), des vides ont été rencontrés
jusqu’à des profondeurs de 27m par rapport au terrain naturel. Cette solution peut présenter des difficultés
d’exécution, en particulier : la dureté du rocher (marbre pour Oued Yquem), et le sur-volume en bétonnage.
L’inconvénient principal réside cependant dans les efforts parasites qui s’exercent sur les pieux ou barrettes aux
endroits des vides (efforts de poussées dus aux remplissages ou aux écoulements d’eau) d’une part, et aux
efforts dus aux excentrements des descentes de charges d’autre part.

Dans la région de Rabat, on a utilisé souvent une solution alternative qui consiste à adopter des fondations sur
pieux (profondeur de 5 à 8m) aux endroits des marmites. Cette solution se trouve dans la majorité des cas
économiques si les semelles intéressées sont peu nombreuses. Dans le cas contraire, il serait de loin plus
économique de prévoir un ou plusieurs niveaux de sous-sols, selon l’épaisseur de la couverture.

9.3. Curage et remplissage par du gros béton

C’est une solution très limitée qui suppose que les karsts soient superficiels et que les vides admettent defaibles
dimensions. Dans de tels cas, on cure les marmites sur une profondeur de 1.5 fois leur diamètre minimum et on
les remplit avec un béton de module de déformation voisin du rocher en place.

9.4. Injection

C’est la solution la plus utilisée, surtout pour les grands ouvrages (barrages et ouvrages d’arts). Elle a un double
rôle :

- D’une part, le remplissage des cavités et la consolidation éventuelle des argiles qui peuvent y exister,

- D’autre part, la réduction de la perméabilité du sol qui se traduit par une décroissance des vitesses de
circulation et d’infiltration des eaux et donc par une diminution de la vitesse de dissolution.

C’est la solution la plus économique pour le confortement de fondations existantes. Celle-ci a été adoptée pour
les bâtiments de COSUMAR à Casablanca pour lesquels le grès dunaire de fondation, qui se trouvait immergé
dans une nappe de jus sucré, a vu sa cohésion s’annuler par dissolution du ciment calcaire.Bien que le schiste se
trouve à très faible profondeur 3.50 à 4.00m, la solution injection l’a remporté sur les deux autres solutions de
micro-pieux et de reprise en sous-œuvre, qui auraient certainement nécessité un arrêt de l’usine pendant
plusieurs mois et des travaux encombrants et délicats.

Le risque que présente cette solution en site urbain est de créer un barrage qui dévie les eaux (quand elles
existent) et accélère le phénomène de dissolution ailleurs.

L’efficacité de la solution reste surtout fonction du programme adopté d’injection (maillage – coulis et
profondeur), qui a son tour dépend du type d’ouvrage et des surcharges transmises au sol. Plus celles-ci sont
importantes plus les pressions d’injection et les profondeurs (au-dessous du niveau de fondation) sont élevées :
à titre d’exemple, pour le complexe sportif de Rabat, les injections ont intéressé environ 15m au-dessous du
niveau de fondation à cause de la surface importante chargée. Pour le même taux de travail, mais pour des

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

semelles isolées, les injections se sont limitées à 5m environ au-dessous du niveau de fondation pour d’autres
ouvrages.

Quant aux coulis d’injection, ils doivent être adaptés au terrain de fondation, par exemple, pour le pont sur
l’Oued Yquem, on a adopté les deux coulis suivants :

Coulis 1 :400 kg de ciment, 50 kg de bentonite 1 m³ de coulis, 650 L d’eau,

Coulis 2 :400 kg de ciment, 50 kg de bentonite 1 m³ de coulis, 60 kg de silicate, 810 L d’eau

On commence par injecter au départ le coulis jusqu’à 7 m³ par forage au maximum, puis on passe au coulis n°2.
Si l’absorption est importante dépassant 20m³, on arrête l’injection pour la reprendre le lendemain avec le
coulis n°2 (la pression d’injection était de 5 bars).

Lorsque les zones à injecter admettent des surfaces importantes, on commence par créer d’abord un barrage
aux alentours pour éviter des départs lointains du coulis. Ce barrage peut être exécuté soit avec des forages de
gros diamètres remplis de béton faiblement dosés, soit avec plusieurs forages très proches injectés sous
gravitation et avec un coulis à prise rapide.

Par ailleurs en site urbain, il faut apporter une attention particulière aux volumes injectés et aux pressions
d’injection. Ceux-ci doivent rester faibles pour éviter d’une part des résurgences de coulis et d’autre par des
dégâts importants chez les mitoyens, cas réellement rencontré pour un bâtiment à Casablanca où des
soulèvements de semelles ont été constatés.

Sauf exception, il est toujours conseillé d’exécuter les injections avant les fondations afin d’éviter des pertes
importantes en béton lors du coulage des semelles ou des pieux.

Après injection du sol, on procède à l’exécution de sondages destructifs ou carottés de contrôle. Pour pouvoir
réduire leur nombre, il est conseillé de réserver l’exécution de quelques forages d’injection, bien choisis, après
réalisation de celle-ci aux droits des autres forages.

Tous les paramètres enregistrés lors des travaux d’injection sont utiles pour l’interprétation : volume injecté par
forage, résurgence…

10. Etudes de cas : Autoroute Sidi smail - Safi

Le tracé se situe sur le Sahel (à morphologie tabulaire) en bordure du bassin des Doukkala. Les terrains en
affleurement sont des terrains plio-quaternaire (grès carbonatés, sables et conglomérats), tandis que les
formations secondaires et tertiaires sous-jacents comportent des argiles, des calcaires gypseux, des grès rouges
et des marnes.

Abstraction faite à la circulation horizontale des eaux souterraines, Géologiquement les tronçons du tracé à grès
calcaires perméable favorisent l’infiltration des eaux météoriques en profondeur d’une manière verticale, eu
égard aux tronçons à prédominance marno-argileuse à vocation imperméables, ce qui incrimine les premiers
(tronçons à dépôts de grès calcaires) et les classes à risque de développement devant les tronçons à matériau
semi ou imperméable.

Le linéaire des déblais terrassés et les remblais mis en place par compactage vibrant ainsi que la circulation des
engins lourds (bulldozer à ripper, pelles, compacteurs vibrants) dans l’emprise du projet sont des moyens de
reconnaissances indirectes qui dévoilent les désordres ponctuels.

29
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Figure.7 : Carte géologique et log stratigraphique


synthétique du bassin Sahel-Doukkala

Les principaux désordres naturels (relatifs aux phénomènes karstiques) observés le long du tracé se présentent
comme suit :

Cavité située en proximité d’une semelle et peut se prolonger sous cette


dernière.

Nature des terrains : Grès calcaire à couverture en terre végétale

Lapiazs avec un remplissage en terre végétale.

Nature des terrains : Grès calcaire à couverture mince en terre végétale

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Cavité à ouverture circulaire et semi-sphérique en profondeur avec


matériau d’éboulement et végétation dense empêchant la distinction du
reliquat des blocs au fond.

Nature des terrains : Grès calcaire à couverture en terre végétale

Effondrement provoqué par la circulation des engins.

Nature des terrains : Tufs sous


croûte calcaire

Les désordres observés sont ponctuels mais ils constituent des risques potentiels d’effondrement qui peuvent
causer des dégâts à l’assise de l’autoroute ou à ses ouvrages.

En partie, la géologie de sub-surface qui correspond à des matériaux en grès tendre ou tuf sous l’encroutement
en dalle protectrice a permis aux riverains d’exploiter le souterrain par aménagement des réservoirs d’eau
(Matfias) ou abris pour les céréales (Matmoras), ce qui correspond aux nombres importants des cavités
anthropiques rencontrées.

31
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Les investigations (directes et indirectes) doivent permettre de bien découvrir, situer et délimiter le désordre
dans l’espace. Les méthodes indirectes reposent sur la géophysique et les méthodes directes consistent à
vérifier et confirmerles résultats de la géophysique par carottages ou forages destructifs.

La région du Sahel Comprend des agglomérations et un réseau routier bien développé, qui ne souffrent pas de
désordres d’effondrements liés à la sub-surface malgré leur fondation en roches carbonatées impactées
localement par le développement des vides souterraines.

C. MATERIAUX GEOLOGIQUES

1. Les Principaux Etats desMatériaux Géologiques


Les ingénieurs travaillent avec de grands volumes de sol et de roche qui contiennent des quantités variables de
liquide dans leurs pores et fractures. Il est utile de distinguer la matière à partir de laquelle ces volumes se sont
formés. Les sédiments sont faits à partir de particules, grandes et petites, et les roches sont faites à partir de la
roche (qui est un assemblage minéral)!
1.1. Les Sédiments
Les sédiments grossiers sont ceux produits par les mouvements de terrain et les glaciations qui peuvent
transporter des fragments de roche si gros qu’un examen de près peut ne pas reconnaître qu'ils ont été
déplacés. Généralement, les fragments de roche trouvés au pied des falaises peuvent pesés plusieurs tonnes,
ces très grands fragments peuvent encore s’éroderet se transformer en rocher et gravier pendant le transport
fluvial. Ces fragments sont toujoursreconnaissables mais, comme ils se désintègrent encore plus, les grains
produits de l’érosion ont tendance à être monominéral. Le type de minéraux dépendra de la roche et du degré
d'abrasion subis pendant le transport. Ainsi le minéral le plus commun dans le sable est le quartz, mais dans les
zones calcaires des grains peuvent être principalement calcaire. S'il y a des sources locales de minéraux moins
résistants à l'érosion, tels que le mica, ceux-ci peuvent être trouvés mélangés avec des minéraux plus résistants
transportés à partir de sources lointaines. La répartition des tailles de grains dans les sédiments peut varier.
Tous les sédiments décrits jusqu'à présent sont granulaires et les grains ne sont pas cohésifs. La granulométrie la
plus fine des sédiments, est celle des argiles, qui sont formées de particules inférieures à 0,002 mm de diamètre
et souvent beaucoup plus petites liées entre eux par des forces électro-chimiques, cette liaison confère une
cohésion au matériau.Les minéraux argileux résultent principalement de l'altération d’autres minéraux de
roches existantes.
Les dépôts organiques peuvent aussi être mélangés intimement avec des argiles pour former des argiles
organiques qui ont une influence significative sur le comportement de ces matériaux.
1.2. La Roche Intacte
La roche intacte est généralement définie comme un morceau de roche de la taille d'un échantillon d'essai de
laboratoire (généralement un cylindre de base ne dépassant pas environ 100 mm de long et 50 mm de
diamètre) sans fissures ou fractures évidentes. La plupart des roches sont formées de grains minéraux ou
d'autres fragments de roche, liées entre elles d'une manière quelconque. La quantité d'espace poral, la taille des
pores et la nature et la quantité du ciment à un effet majeur sur les propriétés mécaniques de la roche intacte.
En terme général, plus la porosité est importante, plus faible est la roche, et bien sûr, plus la cimentation est
faible et moins abondante, plus la roche est faible.

32
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Aucune roche ne peut être plus dure que les minéraux qui la compose, et la nature des minéraux formant la
roche a une influence dominante sur le comportement de cette dernière. Ainsi les roches formées à partir de
minéraux solubles tels que la calcite ou le gypse, posent des problèmes de solubilité future.
1.3. Les Fluides
Les principaux fluides qui présentent de l’intérêt en géologie de l'ingénieur sont l'eau et le pétrole. Il est
presque impossible de trop insister sur l'importance de l'eau pour déterminer le comportement des matériaux
géologiques. L'eau est presque incompressible et lorsqu'elleest présente dans les espaces interstitiels d'un
matériau, même en petites quantités, elle va modifier le comportement de ce matériau sous contrainte. Le
comportement des argiles, en particulier, est très dépendant de la teneur en eau. L'eau est rarement pure et
contient des minéraux dissous, tels que les sulfates, qui peuvent réagir avec des matériaux d'ingénierie. Salinité
et l'acidité limite son utilisation dans des procédés tels que la fabrication du béton. Le gel, l'eau se dilate et le
soulèvement du sol et coincement de glace sont des mécanismes importants provoquant une perturbation du
sol et de l'instabilité de la pente.
2. Classification desMatériaux Géologiques
2.1. Classification Suivant l’Origine
Compte tenu de leur état granulaire ou compact,on distingue :
- Lessols naturels sont les matériaux constitutifs des terrains naturels;
- Par contre les sols artificiels sont constitués des résidus industriels ou de débris provenant de la démolition
de routes, d’ouvrages d’art et de bâtiments.

2.2. Classification suivant la structure :


 Sol Meuble
Les sols meubles comprennent notamment le gravier, le sable, le limon, l’argile, la vase, la tourbe,...Ces sols
meubles sont classés en fonction de leur granularité et de leur indice de plasticité (Ip).La granularité se base sur
l'importance relative des 7 fractions suivantes :

Fraction I : d ≤ 0,002 mm
Fraction II : 0,002 mm < d ≤ 0,063 mm
Fraction II a : 0,002 mm < d ≤ 0,020 mm
Fraction III : 0,063 mm < d ≤ 0,200 mm
Fraction IV : 0,200 mm < d ≤ 2,0 mm
Fraction V : 2,0 mm < d ≤ 20 mm
Fraction VI : 20 mm < d

Les sols meubles sont classés de la


façon suivante :

(d étant le diamètre équivalent pour les


fractions I, II et IIa ou l'ouverture des

33
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

mailles de tamis pour les fractions III, IV, V et VI)


L'identification et la description du matériau constituent la base sa classification. Les caractéristiques ou
propriétés du matériau sont identifiées ou mesurées puis décrites en utilisant une terminologies
conventionnelle.Les caractéristiques peuvent être la couleur, la minéralogie, la structure, la texture, l’altération,
…; et les propriétés peuvent être la résistance, la déformabilité, la perméabilité, ...La classification utilisant ces
caractéristiques et propriétés attribue un nom au matériau.
Le nom d’un sol est fonction de la taille de ses grains. Plusieurs classifications granulométriques existent,
chacune présentant des variations mineures reflétant des problèmes dans le pays de leur origine, et la
terminologie n'est pas uniforme partout dans le monde. Une description complète peut inclure des propriétés
physiques telles que la densité relative (pour les sables) ou la résistance (pour les argiles) et une description de
la structure géologique.
Généralement les sols sont un mélange de deux ou plusieurs granulométries pour donner des descriptions telles
que sable silteux, argile sableuse ou grave sableux silteux. Les normalisations existantes fournissent des
indications détaillées quant au pourcentage de grains relatif requis pour donner une remarque qualifiée
(comme «légèrement sablonneux», «sableux» ou «très sableux»).

 Sol Rocheux
Le sol rocheux est un sol qui, après désagrégation préalable, compte plus de 20 % d'éléments rocheux
homogènes supérieurs à 20 cm. Par élément rocheux, il y a lieu d'entendre toute pierre dont la dureté d'une
face fracturée est supérieure à celle de l'ongle dans l'échelle de Mohs.
La limite inférieure de la vitesse sismique du sol rocheux (hors nappe aquifère) est fixée conventionnellement à
800 m/s.
 Sol Compact
Le sol compact est un sol qui compte plus de 40 % d'éléments rocheux homogènes supérieurs à 50 cm après
désagrégation préalable à l'aide de moyens tels que le marteau piqueur, l'explosif ou tout autre moyen.
La limite inférieure de la vitesse sismique du sol compact (hors nappe aquifère) est fixée conventionnellement à
1700 m/s.
2.3. Réactivité environnementale
Les roches et les sols existent dans leur environnement, qui peut être défini en termes de contraintes, de
température, d'humidité, ... Lorsque les matériaux géologiques sont exposés, leur environnement change et ces
matériaux peuvent eux-mêmes changer en réponse. Le changement de contrainte peut induire une
décompression et une fissuration, aussi les minéraux formant le matériau peuvent également changer.
Certaines roches, comme les schistes et les mudstones, peuvent rapidement s’altérer à l'exposition et peuvent
revenir à leurs états d'origine.

3. Matériaux géologiques utilisés dans la construction


3.1. Pierre de Construction

La pierre a été utilisée comme matériau de construction depuis des milliers d'années.

Les avantages de son utilisation sont : sa disponibilité locale, elle nécessite peu d'énergie pour l'extraction et le
traitement puisqu’elle peut être utilisée plus ou moins tel qu'on la trouve à l'exception de quelques
modifications nécessaires avant qu'elle ne soit utilisée à des fins de construction. Généralement, les facteurs qui
déterminent si une roche sera utilisée comme pierre de construction sont:

- Le volume de matériau qui peut être extrait;

34
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

- La facilité avec laquelle elle peut être extraite;


- Le coût du transport;
- L’aspect et les propriétés physiques de la roche.

La facilité avec laquelle une roche peut être extraite dépend dans une large mesure des structures géologiques,
notamment la géométrie des joints et des plans de stratification. Idéalement, la roche devrait être massive, et
exempt de joints ou autres discontinuités qui contrôlent la taille des blocs.

Dans les constructions en pierre, une apparence uniforme est généralement souhaitable. L'apparence d'une
pierre dépend en grande partie de sa couleur, qui est déterminée par sa composition minérale. La texture
affecte également l'apparence d'une pierre, tout comme la manière dont elle résiste. D'une manière générale,
les roches de couleur claire sont utilisées comme pierre de construction.

Pour les besoins de construction habituels, une résistance à la compression de 35 MPa est satisfaisante, et la
force de la plupart des roches utilisées pour la construction en pierre est bien au-delà de ce chiffre.

La durabilité d'une pierre est une mesure de sa capacité à résister aux intempéries et ainsi de conserver son
origine taille, la forme, la force et l'apparence sur une longue période de temps. Il est l'un des facteurs les plus
importants qui détermine si oui ou non un rocher sera travaillé pour la pierre de construction (Sims, 1991). Le
montant de l'altération subie par un rocher dans les expositions ou les carrières terrain donne une certaine
indication de ses qualités de résistance. Cependant, il n'y a aucune garantie que la durée de vie est la même
dans toute la masse de roche et, si elle change, il est beaucoup plus difficile à détecter, par exemple, qu'un
changement de couleur.

3.2. Pierre de Toiture

Les roches utilisées à des fins de couverture doivent posséder un degré suffisant de fissilité pour leur permettre
de se diviser en tranches minces, en plus d'être durable et imperméable. Par conséquent, l'ardoise est l'un des
meilleurs matériaux de toiture disponibles et est largement utilisé. Aujourd'hui, les tuiles sont de plus en plus
utilisées pour les toitures, ceux-ci étant moins cher que la pierre, qui doit être extraite et coupé à la taille.

Pour éviter le gaspillage lors de l’utilisation des explosifs dans les carrières d'ardoise. Ils sont parfois extraites à
l'aide d'une scie à fil, est scié en blocs, puis en dalles d'environ 75 mm d'épaisseur. Ces dalles sont divisées en
tuiles d'ardoise à la main.

3.3. Enrochement

Le terme enrochement fait référence aux gros blocs de roches utilisés pour protéger les structures de génie civil.
Ces blocs peuvent avoir une même taille ou, plus fréquemment, avoir des tailles différentes (rip-rap).

Ils sont généralement utilisés pour protéger la face amont des barrages contre l'action des vagues, ou dans le
reprofilage des oueds pour la protection et la stabilisation des berges (poids moyen inférieur à 1 tonne), ainsi
que dans la prévention contre l'affouillement autour des piles de pont. Dans l’ingénierie côtière, ils sont utilisés
pour la construction de brise-lames en enrochement (poids moyen compris entre 1 et 10 tonnes), ou servent de
soutènement couvrant les digues. Comme le milieu marin est l'un des plus agressifs où on peut construire, les
enrochements doivent assurer une certaine stabilité contre l'action des vagues, en ayant une taille et une
densité définis, la forme est également un facteur important car cela affecte la façon dont les blocs se
verrouillent ensemble. En effet, les enrochements doivent être capables de résister aux changements rapides et
sévères de la pression hydraulique, aux effets de mouillage et de séchage, aux changements thermiques, aux
impacts des vagues, du sable et de gravier, à l'abrasion, ainsi qu’aux solutions salines.

Par conséquent, la taille, le classement, la forme, la densité, l'absorption d'eau, la résistance à l'abrasion, la
résistance aux chocs, la force et la durabilité de la roche utilisée pour enrochements, devraient être pris en

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

considération lors de la phase de conception d'un projet particulier. Par conséquent, la sélection d'une source
appropriée de la roche pour enrochements exige une inspection et une évaluation de la carrière ou des carrières
concernées, ainsi qu'une évaluation de la qualité de la pierre intacte.

3.4. Granulats (Agrégat & sable) :

Petit morceau de roches destiné à réaliser des ouvrages de travaux publics, de génie civil et de bâtiment, d'une
taille comprise entre 0 et 125 mm, le granulat est, après l'eau, le produit naturel le plus consommé. Au Maroc,
leur consommation est inférieur 4 Kg par jour et par habitant (béton courant, étude réalisée en 2002)
Les granulats sont des éléments provenant de la fragmentation de roches naturelles. Ils peuvent résulter d’un
mélange de granulats fins (sable) et de granulats gros de nature minéralogique différente. Chacune de ces deux
parties est de nature minéralogique unique.
On appelle granulats, les matériaux granulaires inertes retenus sur le tamis de 2 mm.
Les pierres naturelles sont produites par :
- La désagrégation naturelle de roches: les graviers ;
- La fragmentation de roches par l’homme : les pierres concassées.
Les pierres artificielles, sont produites par la désagrégation de roches artificielles, résidus industriels ou
matériaux de construction.
Les pierres à mettre en œuvre dans un même ouvrage ou dans une même partie d’ouvrage doivent être d’une
même entité géologique (formation ou horizon stratigraphique) pour assurer une bonne homogénéité des
caractères et présenter une teinte uniforme ; dans la mesure du possible, elles proviennent toutes d’un même
gisement (c’est-à-dire d’une même carrière).
On appelle sables, les matériaux granulaires inertes <2mm qui résultent soit :
- De la désagrégation naturelle de roches : ce sont les sables ronds ;
- Du concassage de roches ou de gravier: ce sont les sables de concassage ;
- Du mélange de sables ronds et de concassage: ce sont les sables mixtes.
Généralement, le sable est utilisé dans le béton afin de réduire l'espace vide créé par l'agrégat grossier. Et les
sables avec des particules arrondies produisent un béton plus pratique que celui composé avec de particules de
formes irrégulières. Les sables utilisés dans le bâtiment sont généralement siliceux et doivent être exempt
d'impuretés que possible. Idéalement, ils devraient contenir moins de 3%, en poids, de limon ou d'argile ; car on
aura besoin d'une forte teneur en eau pour produire un mélange de béton réalisable, et une forte teneur en eau
conduit au retrait et à la fissuration du béton lors du séchage (les particules de sable couvertes d'argile, forment
une liaison médiocre avec le ciment et produit un béton moins résistant).
Des sables riches en quartz sont utilisés pour la fabrication de briques de silice utilisées à des fins réfractaires.
Les sables pour verre doivent avoir une teneur en silice de plus de 95%.
Les sables artificiels sont des sables provenant du recyclage de résidus industriels ou des matériaux de
construction.
Les propriétés influençant le comportement mécanique du béton sont :
La forme des agrégats :les fragments angulaires produisent un mélange difficile à travailler et à mettre en place
comparés aux fragments arrondis qui sont plus faciles à travailler, néanmoins, le béton produit par les fragments
angulaires est plus dense. D’autres part, les roches Fissiles (roches clivés, schisteux, foliées ou stratifiées) ont
tendance à moins broyer à taille fine, donnant lieu à des particules de forme plane ; Ces fragments tabulaires
non seulement rendent le béton plus difficile à travailler en adoptant une direction préférentielle horizontale,
mais ils réduisent également sa résistance à la compression.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Les propriétés des agrégats : elles sont liées à la composition et la texture minéralogique de la roche mère. La
plupart des roches ignées et de métamorphisme de contacts répondent aux conditions exigées pour avoir de
bonnes graves. Par contre, les roches de métamorphique régionale sont soit clivée ou schisteux et ne
conviennent donc pas pour des graves (forme tabulaire), ces graves ne réalisent pas un bon verrouillage et, par
conséquent, nuisent au développement de mélanges denses.

La surface externe des agrégats détermine en grande partie la résistance de la liaison entre le ciment et celles-
ci. Une surface rugueuse crée une bonne liaison, alors qu'une surface lisse ne le fait pas.

L’altération & impuretés : La façon dont la modification de la structure se développe peut influencer la
durabilité des graves. L'altération peut réduire les forces de liaison entre les grains dans une mesure telle qu'ils
sont facilement arrachés de la pierre.

Les éboulis (matériaux qui s’accumulent le long des pentes de montagnes à la suite de l'action du gel-dégel et de
l’érosion) couvrent des talus souvent composés d'un seul type de roche, avec des débris angulaires à large
gamme de distribution. Ces dépôts d'éboulis peuvent être suffisamment grands nécessitant seulement le
concassage et le criblage et sont donc généralement plus économique que la roche mère.

3.5. Les argiles

Dans la littérature spécialisée le terme argile est assez imprécis, puisqu’il désigne selon les spécialités, un
ensemble d’espèces minérales, une famille de roches, une catégorie de sols ou encore une classe
granulométrique. La définition que nous allons retenir, est celle du géotechnicien ou mécanicien des sols qui
définissent le sol argileux comme étant un matériau meuble et/ou déformable dont une proportion importante
des éléments a une taille inférieure à 2μm, et contient plus de 50% de minéraux argileux. Cette appellation
regroupe entre autre une grande variété de matériaux, dont le point commun est de posséder des minéraux
argileux de nature bien précise et dont l’interaction avec l’eau confère à ces matériaux un comportement
hydrique et mécanique bien spécifique.
Dans la nature, les argiles sont très abondantes et couvrent environ 42 % du volume de l’écorce terrestre. Leur
origine principale est liée respectivement à l’altération, l’érosion, le transport et la sédimentation des
formations géologiques et pédologiques exposées à la surface terrestre. Le terme altération regroupe tous les
processus superficiels résultant de l’interaction entre les roches, l’air, l’eau et les organismes, le degré de cette
altération va dépendre de la combinaison de plusieurs facteurs qui vont déterminer la nature des minéraux
formés. Ces facteurs sont : - Le climat qui contrôle le degré d’hydrolyse ; - Le relief qui détermine le degré de
drainage ou de confinement ; - La nature de la roche mère qui conditionne la séquence des minéraux formés. Au
Maroc, contrairement aux pays tempérés ou tropicaux où leur formation est influencée par le climat et la
végétation, au Maroc, c’est aux roches mères et au relief qu’on attribue la formation de ces sols. Et dans les
régions à climat semi-aride comme c’est le cas du Maroc, ces sols se trouvent de façon alternée dans un état
saturé ou dans un état non saturé prolongé à sec sous l’effet des sollicitations hydriques et de l’intensité du
séchage et de l’humidification. Au Maroc il existe de nombreux dépôts de sols expansifs, et en fonction du micro
climat local ces sols expansifs ont des propriétés et des épaisseurs de couches différentes. Souvent, on trouve
ses types de sols sous forme de dépôts superficiels sur toute la côte atlantique, dans les régions agricoles du
Gharb et du Doukkala, ainsi que dans des régions semi-désertiques comme Ouarzazate et le pied du Haut-Atlas.
Ils sont habituellement désignés par les localités où on les rencontre, par exemple : l’argile de Sidi-Kacem,
l’argile de Berrechid, l’argile d’Ouarzazate, l’argile de Safi, etc…
Les sols argileux sont largement reconnus pour leur sensibilité à l’eau. Qu’ils se présentent sous forme de sols
naturels ou de matériaux compactés leur comportement est toujours le même et se manifeste par des
variations volumiques (gonflement/retrait) en relation avec les variations de la teneur en eau du milieu, qui à
leur tour sont généralement liés aux phénomènes naturels de sécheresse et d’humidification.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Sur site, la plupart des désordres provoqués par les mouvements de retrait/gonflement des sols d’assises
affectent essentiellement les structures légères construites sur des sols argileux actifs, et les mouvements
différentiels qui s’établissent entre différents points de la structure provoquent assez souvent fissuration et
destructuration de la structure la rendant assez souvent inexploitable.
Principaux types de minéraux argileux :
Les sols argileux sont un mélange complexe de différents minéraux, et leur comportement dépend du
pourcentage des minéraux argileux et de leur nature. Les argiles que l’on trouve le plus souvent sur le terrain
sont : la kaolinite, l’illite, la smectite de type montmorillonite et les interstratifiés. Parmi toutes les familles
d’argiles existantes, celle des argiles gonflantes présente un grand intérêt en raison notamment de son
utilisation en géotechnique.
Famille de la kaolinite : La kaolinite fait partie de la famille T-O ou 1:1, et est constituée d'une succession de
couches alternées de silice (tétraèdre) et d’alumine (octaèdre). Les feuillets s'empilent en étant liés les uns aux
autres par des liaisons d’hydrogènes et des forces de Van Der Waals qui confèrent à l’ensemble une structure
stable qui s’oppose à la pénétration de l’eau dans l’espace interfoliaire. Les particules qui résultent de cet
empilement sont des plaquettes rigides de forme hexagonale, dont l’extension latérale est de quelques
centaines de nm et de quelques dizaines de nm d’épaisseur. Les feuillets sont empilés de manière ordonnée et
sont en contact les uns avec autres, ce qui fait que la seule surface accessible à l’eau reste la surface externe de
la particule. Ainsi, ces argiles sont peu sensibles au changement de teneur en eau.

Famille des smectites : Elles appartiennent à la famille T-O-T ou 2:1, le feuillet élémentaire est composé d'une
couche d'alumine comprise entre deux couches de silice. Il peut y avoir des substitutions isomorphiques dans la
couche tétraédrique (Si4+ par Al3+) et/ou dans la couche octaédrique (Al3+ par Mg2+, Mg2+ par Li+), qui
conduisent à un déficit de charge de l’ordre de 0,7 charge par maille qui est comblé dans l'espace interfoliaire
par des cations compensateurs hydratables tel que Na+, Ca2+, etc.… Ces cations sont reliés aux feuillets par des
liaisons de faible énergie de type Van Der Waals. Elles permettent aux molécules d’eau, attirées par les cations
compensateurs dont l’énergie d’hydratation est importante, de se fixer dans l’espace interfoliaire. L’épaisseur
du feuillet varie entre 12 et 15Å selon la nature et l’hydratation du cation interfoliaire.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Les feuillets de smectites ont une extension latérale extrêmement grande (1μm) par rapport à leur épaisseur et
sont flexibles, même si cette flexibilité diminue lorsqu'ils sont accolés à des cations interfoliaires hydratés. La
famille des smectites dont la montmorillonite est la plus fréquente constitue la catégorie des argiles gonflantes.
Famille de l’illite : Ce sont des minéraux dont la structure est proche de celle des smectites mais qui présentent
un déficit de charge dû aux substitutions plus élevées, et les cations interfoliaires sont tous des K+. La forte
liaison entre les feuillets est permise par la présence des cations K+ qui ont la particularité de posséder
exactement la dimension des cavités de surface du feuillet où ils sont piégés, et confèrent un potentiel de
gonflement moindre que celui des smectites. Cette liaison des feuillets, par le potassium anhydre, est si forte
que les molécules d’eau ne parviennent pas à s’engager entre les feuillets. Ceci rend les cations K+ non
hydratables et non échangeables. Les feuillets de l’illite s’empilent donc solidement les uns aux autres pour
former des particules en forme de plaquette, qui ne sont pas expansibles dans l’eau.
Les interstratifiés : Ils résultent de l'empilement de feuillets ou de paquets appartenant à des familles
différentes. Vu le nombre d'espèces de minéraux argileux et des modes d'interstratification, on notera que le
nombre possible d’interstratifiés qui peuvent exister est extrêmement grand.

D. EXPLOITATION DES MATERIAUX GEOLOGIQUES


Les matériaux rocheux sont exploités pour :

- Recherche minières ;
- Recherche pétrolière ;
- Besoins en granulats ;
- Autres (besoins pharmaceutique ou esthétique).

L’extraction du matériau rocheux se fait au niveau des carrières de roches. Ces carrières peuvent être à ciel
ouvert comme peuvent être des fouilles souterraines (galeries), ce deuxième cas dont l’exploitation est
généralement onéreuse est consacré à la recherche minière.

Les carrières de roches connues sous le nom de carrières BTP sont des exploitations à ciel ouvert. Ces carrières
peuvent être exploitées pour la production de granulat, de briques, ou de marbres.

1. CONDITIONS GISEMENTS:

Un gisement doit répondre aux caractéristiques suivantes :

- Bonne situation : accès facile et proximité des centres de consommation qui peuvent être des
agglomérations, ou un projet de génie civil (barrage, route, chemin de fer, etc.…).
- Paramètres qualitatifs acceptables : Il s’agit de moyens de prospection qui permettent de déterminer le
volume potentiel rocheux exploitable. Ces moyens peuvent être des sondages carottés, des moyens
géophysiques ou de simples puits de reconnaissance. Le calcul du potentiel rocheux peut se faire par de
simples calculs classiques (méthodes de tranches), ou encore par des logiciels plus performants
(recherches minières).
- Paramètres quantitatifs acceptables : Les spécifications sont nombreuses en fonction des produits
finaux (matériau pour remblai, granulat, ballast, brique).
-
- Exploitation facile ;
- Impact sur l’environnement maîtrisable.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

2. Critères des principaux matériaux exploités en carrières :


2.1. Sables et agrégats pour béton ou pour chaussée :
- Caractéristiques géométriques : classe granulaire, granularité, forme, teneur en élément coquiller,
teneur en fines, qualité des fines.
- Caractéristiques physiques : résistance à la fragmentation (LA), résistance à l’usure (MDE), résistance à
l’abrasion (pour les couches de forme), masse volumique, durabilité (résistance au gel, retrait au
séchage).
- Caractéristiques chimiques : teneur en chlorures, teneur en sulfates, teneur en soufre.
2.2. Ballast pour voie ferrée :

Conditions exigées : une bonne résistance à l’usure et à l’abrasivité, une densité importante, une faible teneur
en sulfates et chlorures. Ces conditions sont généralement regroupées au niveau des basaltes récents et des
quartzites.

2.3. Argile pour les briqueteries :

Conditions exigées : une plasticité important, une faible quantité de matière organique (perte au feu)

2.4. Roches pour marbrerie et pierres de construction :

Conditions exigées : une bonne résistance à la compression, une surface polie livrant une bonne teinte.

3. EXPLOITATION ET PRODUCTION:

Selon la qualité de la roche exploitable et la topographie du gisement divers modes d’exploitations sont à
distinguer.

 Les granulats sont élaborés par le producteur à partir de gisements de roches massives d'origines
géologiques diverses (calcaire, quartzite, grès...) ou de gisements de roches meubles (alluvions,
colluvions...).
 Dans un premier cas, l'élaboration des granulats nécessite l'emploi maîtrisé d'explosifs pour détacher la
roche de son massif et la fragmenter au maximum. Une succession d'opérations automatisées de
concassage, criblage et lavage permet d'obtenir une gamme de granulats de différents calibres
(granulométries) répondant aux diverses utilisations, jusqu'au plus petit "grain de sable".
 L'élaboration des granulats de roches meubles - familièrement appelés granulats roulés - ne nécessite
pas l'emploi d'explosifs et très peu ou parfois pas de concassage. Par contre, leur lavage pour les
débarrasser de la gangue argileuse qui les enrobe est une opération essentielle pour améliorer la qualité
du granulat (sables du littoral ou de l’oued).
 Des granulats sont également élaborés à partir de gisements "dragués" au moyen de navires sabliers ou
encore par recyclage des bétons de démolition.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

4. EXTRACTION DE LA ROCHE MASSIVE :

Se fait à l’aide de tir à l’explosif pour le cas des roches massives, ou à l’aide de pelle ou chargeur dans les lits de
l’oued. L’utilisation du tir à l’explosif est précédée d’une étude spécialisée qui prend en évidence :
- La nature de la roche à exploiter
- Le volume rocheux à extraire
- La granulométrie souhaitée
- La proximité d’infrastructure ou d’habitat.
- La présence de nappe d’eau.

Les explosifs sont très utilisés dans les industries extractives. Au cours de ces dernières décennies, l'application
pratique des connaissances théoriques de la détonique a amélioré la sécurité globale des tirs. Parallèlement, la
formation des boutefeux est de plus en plus complète, diminuant ainsi les risques d'accident par erreur
humaine.

Les explosifs, peuvent se présenter sous plusieurs formes : cartouches, vrac (en granulés ou pâteux). En ce qui
concerne la poudre noire, seule la présentation comprimée est autorisée (l'usage de la poudre noire en grains,
même sous forme de cartouches étant interdite) les explosifs jugés douteux ou dont la date de péremption est
dépassée seront remis au fournisseur, soit détruits selon un mode opératoire sûr à définir.

Des précautions spécifiques sont à prendre pour le transport en fonction du type d'explosif.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Opération de foration.

Les trous seront forés selon un plan de tir pré-établi. Des précautions seront prises pour que lors de la foration,
un trou n'en rencontre pas un autre. Il existe actuellement des matériels qui permettent de connaître la
géométrie exacte des trous de mine. Cette connaissance permet d'optimiser chacune des charges d'explosifs.

De gauche à droite : préparation de la cartouche amorce, descente de la cartouche amorce,


chargement du trou par de l'explosif en vrac.

Le chargement du trou ne peut commencer que si toutes les opérations aboutissant au tir peuvent se succéder
sans interruption dans la journée. Les trous doivent être bourrés. La longueur du bourrage est choisie pour
éviter des projections anormales. La longueur de bourrage généralement admise est égale à la moitié de
l'épaisseur de la tranche à abattre. Pour la poudre noire, le bourrage doit avoir une longueur minimale de 20
cm.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Tir dans une carrière

Exemple de tir à l’explosif:Auto-routeFnidek-Tetouan :

Implantation des tirs:Le plan de tir est réalisé sur un nombre de 98 points sous forme de 14 rangées de
7 points distants les uns des autres d’environ 4m, couvrant une superficie de 56m de longueur sur 28m
de largeur équivoque à 1568m². La figure montre le schéma du plan de tir.

Réalisation des forages :Les forages destinés à réceptionner la charge d’explosif sont identiques et
présentent les caractéristiques suivantes :
- Un diamètre de 76mm ;
- Une profondeur de 6m susceptible de provoquer un dégagement après explosion de presque 7m, ce
qui donnerait un volume d’explosion théorique de (28*25*7)= 10976 m3 ;
- Une inclinaison d’environ 5°.
On note que tous les forages sont creusés dans des micashistes, et que sur la partie Nord du site d’explosion, on
a rencontré une poche d’eau liée probablement à une circulation d’eau le long d’une zone de faille.

Schémas d’implantation des plans de tirs

La charge de pied a été faite à l’aide de deux Kilogrammes de Sigmagel (référence 5/60x1000).

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La charge de colonne est assurée par 15 Kg d’Ammonix.


La quantité d’explosif mise en œuvre est de 1470Kg d’ammonix/196Kg sigmagel.
L’amorçage des explosifs dans les trous est assuré par détonateurs électriques Micro-retard en fond de trou.
5. PHASAGE DE L’EXPLOITATION :
Le phasage de l’exploitation est régi par plusieurs facteurs :
- Assurer une exploitation facile et donc moins coûteuse,
- Assurer une stabilité des parois rocheuses afin d’éviter tout accident sur le chantier.
5.1. Cas de roches massives :
Plusieurs modes d’exploitations :
Exploitation par Gradins Etagés : il s’agit du modèle le plus fréquent car permet d’atteindre des
profondeurs importantes d’exploitation, et facilite l’accès et la circulation des engins.

D : largeur des gradins dimensionnée de telle manière


à assurer le passage des engins (camions, pelles,
chargeuses, foreuses)

H : hauteur des bermes dimensionnée pour assurer


une stabilité générale du talus, cette hauteur peut être
calculée en fonction de la résistance à la compression
ou de la cohésion de la formation exploitée

α: pente des gradins est généralement de 7° vers


l’amont et permet d’assurer un drainage des eaux
pluviales vers le bas

θ: pente des talus, sa valeur varie en fonction de la


nature lithologique de la formation exploitée afin d’assurer une stabilité générale du front de taille.

β: pendage des couches exploitées, doit être pris en considération pour orienter l’exploitation afin
d’éviter tout risque de glissement général du talus, le sens de l’exploitation doit être généralement
orienté vers celui du pendage des couches.

Exploitation en Fosse : est limité au niveau des


carrières à volume du potentiel rocheux faible.

Exploitation Mixte : rare et est consacrés aux


exploitations de terrains hétérogène.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

5.2. Extraction de la roche meuble :

Les alluvions de l’oued se situent généralement directement à la surface ou sont enfuies sous le sol au
niveau de la zone de plaine alluviale. Pour les extraire, il faut tout d’abord décaper le sol en surface et
le stocker puis dans un second temps, une excavatrice va progressivement récupérer la roche grâce à
son bras muni de godets L’excavatrice se déplace progressivement et tourne autour du site
d’extraction en l’élargissant à chaque passage.

Le phasage de l’exploitation doit respecter un plan bien déterminé tout en respectant les paramètres
suivants :

1-profondeur totale de l’exploitation qui est fonction de la largeur de l’oued, la taille des galets et la
profondeur de la nappe alluviale. De manière générale cette profondeur ne doit en aucun cas dépasser
la profondeur H d’affouillement donnée par la formule suivante :

La hauteur d’affouillement généralisée est estimée par la formule de l’EDF. Mais il faut tenir compte des niveaux
PHE (des plus hautes eaux) et qui se rapproche du niveau du lit pour les oueds de grande largeur.

H + He = 0,730*(Q/L)2/3 *(D50)-1/6

Avec: H : hauteur d’affouillement ;

Q : Débit pris comme débit de la crue centennale ;

D50 : Diamètre moyen du lit constituant le lit d’oued ;

2-Distance à respecter par rapport aux berges afin


d’assurer une stabilité continue et éviter tout
risque d’inondation.

5.3. Transformation :
5.3.1. Concassage :

Les différentes étapes de concassage consistent en la réduction de la taille du granulat par des opérations
successives pendant lesquelles la roche subit des chocs et un broyage au niveau de concasseurs.

On distingue divers types de concasseurs dont chacun est destiné à un type de matériau ou à une granulométrie
donnée

Concasseur à mâchoire : Munis d’une mâchoire mobile et une autre fixe, permet de combiner un mouvement
selon deux axes (choc + cisaillement). L’ouverture des mâchoires est adaptable à la granulométrie des blocs
issus du tir à l’explosif.

Broyeur à cône : L’écrasement du matériau se fait à l’aide d’une cône mobile. Adapté pour une granulométrie
moyenne ou faible. Ce type de concasseur se situe assez souvent dans la phase secondaire de la production.

5.3.2. Criblage :

A l’aide de tamis superposés de dimension d’ouvertures variables, il permet la séparation de produit concassé
en différentes classes granulaires. Les mailles peuvent être en acier, ou en plastique, la forme peut être carré ou

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

circulaire. De même la forme des mailles des cribles peut être adaptée en fonction des besoins d’un marché
(forme spéciale du granulat).
La roche broyée est secouée sur une série de tamis (ou cribles) dont les mailles sont de plus en plus petites. Le
mélange de graviers est secoué et les éléments assez petits pour passer par les trous tombent à l’étage
inférieur. Chaque couche de la colonne de tamisage retient donc des éléments d’une taille bien déterminée.
Pendant ce tri, des jets d’eau arrosent continuellement la roche pour chasser l’argile dont la présence est
indésirable En effet, la présence d'argile fragiliserale béton fabriqué avec des granulats mal lavés.

Les éléments les plus fins de la roche se retrouvent tout en bas de la colonne de tri et tombent dans un appareil
qui va les séparer en fonction de leur taille de façon très précise.

L’eau qui a servi au lavage de la roche est très boueuse à sa sortie de l’usine. Elle est acheminée vers des bassins
de décantation où elle va reposer pour que la boue (particules d'argile) tombe au fond. L’eau propre est
pompée et retourne dans l’usine. L’eau est donc recyclée.

Les éléments triés et lavés vont enfin être acheminés par tapis roulant sur la zone de stockage, qui comprend
d’immenses tas de granulats de différentes classes dont la taille des grains est homogène C'est à partir de ces
tas que l'on va remplir les camions des clients.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

E. LA GEOLOGIE DES BARRAGES


1. Les conditions pour construire un barrage :
Les techniques de construction d’un barrage nécessitent une étude approfondie de la topographie, de la
géologie et de l’hydrologie.
Ces trois facteurs permettent de comprendre les phénomènes hydrauliques et ainsi d’adopter le corps et le type
de construction au lieu choisi.
Il faut :
- De bonnes conditions topographiques : l’idéal, ce sont les gorges d’un cours d’eau, ou un resserrement en
général. Si l’on veut stocker un maximum d’eau, il faut aussi calculer le volume de cuvette en amont du
barrage. Une vallée large et plate, c’est parfait.
- De bonnes conditions géologiques : les roches sur lesquelles s’appuie le barrage doivent être stables et
étanches, à la fois pour des raisons d’efficacité et de sécurité.
- De bonnes conditions hydrologiques : les précipitations sur le bassin versant qui alimente la cuvette du
barrage doivent être suffisantes pour la remplir et compenser les pertes d’évaporation du lac de retenue.
Il faut aussi bien sûr convaincre les éventuels habitants de la cuvette qui va être submergée, de déménager et
les indemniser.
D’autre part, l’aspect du cours d’eau est tout aussi important. Le profil longitudinal d’un cours d’eau présente,
selon les cas, une pente plus ou moins accentuée et une allure régulière ou non.
Les cours d’eau les plus inclinés, sont caractérisés par des courants importants et sont donc plus adaptés aux
retenues énergétiques (production d’électricité).
Les vallées à faible pente favorisent au contraire les accumulations volumineuses souhaitables pour les
aménagements alimentaires ou régulateurs.
Dans l’étude de la section transversale, il convient de considérer le rapport l/h (largeur barrée à la crête sur la
hauteur du barrage) pour rechercher le profil le plus favorable, c'est-à-dire celui qui permet d’obtenir une
capacité de retenue égale pour le moindre volume de construction.
Classification de WALTERS, 1962
Valeur du rapport l/h désignation
<3 gorge
3<l/h<6 Vallée étroite
>6 Vallée large

Ainsi les gorges qui succèdent des vallées constituent les situations idéales pour un projet de barrage, encore
faut-il que les conditions géologiques et géotechniques approuvent le choix du site.

Type de vallée Type de barrage


gorge Barrage en voûtes épaisses ou minces
Vallées étroites Barrage poids (gravity dam),
Barrage poids
Barrage à contrefort (buttress dam)
Vallée large
Barrage à voûtes multiples
Barrage en terre
Les risques pris en compte lors de la conception d’un barrage :
- Etude de la résistance aux crues :Tous les barrages sont aujourd’hui équipés d’évacuateurs de crues

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

- Etude de la résistance :Il faut tenir compte de la stabilité des sols entourant la cuvette de retenue. Des
analyses rigoureuses sont effectuées sur les fondations naturelles qui doivent être étanches et avoir la
résistance nécessaire pour supporter le poids du barrage et de l’eau.

2. Les Conditions de Stabilité d’un Barrage :


Comme tout autre ouvrage, la stabilité d’un barrage est liée aux réactions de ses fondations. Toutefois, le
problème en ce qui concerne les barrages est plus délicat à traiter pour les raisons suivantes :
o Les efforts exercés ne sont pas verticaux;
o Efforts variables avec les étapes du cycle de remplissage de la retenue ;
o La poussée horizontale des eaux peut transformer un déplacement admissible de l’ouvrage, dû à une
défaillance locale du terrain, en rupture totale.
L’examen de la cause des ruptures constitue donc une première méthode pour aborder cette grave question.
Les Causes de la rupture :D’après LOUGEON, 1933, on dénombre quatre causes de destruction propre aux
barrages :
1- Une adhérence insuffisante au rocher ;
2- Le glissement des roches d’appui sur elles-mêmes ; (1 et 2 sont liés aux contraintes imposées par
l’ouvrage)
3- Des infiltrations au niveau des fondations ; (3 se traduit par l’apparition d’une pression de soulèvement
ou par la formation de renards, intervient des actions parasites dont l’existence de la retenue est la
première cause)
4- Insuffisance des ouvrages d’évacuation relatifs à des crues exceptionnelles.(4 est lié à une déficience
technique de l’ouvrage, mais les données hydrauliques n’étant pas toujours connues ou précises, on
peut lier cet effet aux imprévues comme le séisme par ex).
Ainsi, le mouvement initial précédant une rupture se fait soit :
o En translation vers l’aval,
o Un soulèvement ;
o Par combinaison des deux déplacements.
3. Nature des Géo-études :
Géologie régionale : elle permet une approche plus ou moins aisée de la région considérée, il nécessaire de
compiler de grandes quantités de données et c’est ce travail, qu’au préalable, le géologue est obligé de mener
pour n’en retirer que l’essentiel, ou pour mettre en évidence les lacunes, et donc les points à compléter.
Géologie de l’aménagement : c’est la géologie à l’échelle de l’ouvrage étudié.
Travaux de reconnaissance : ils découlent des observations faites lors des études de géologie générale. C’est la
phase d’examen et de vérification des hypothèses de terrain.
Exécution du projet : une fois l’ouvrage en cours de réalisation, le géologue interviendra sur des points précis
pour répondre aux problèmes apparus pendant les travaux.
4. Phases d’études géologiques :
4.1. La Géologie Préliminaire :
Inventaire des sites : le géologue peut intervenir soit immédiatement sur des sites préalablement identifiés par
le client, soit ultérieurement sur des sites dont on lui a confié la recherche. L’inventaire de la région considérée
se fera à partir des documents cartographiques existants (1/50000) et d’imageries satellitaires.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Les zones favorables représentent des terrains qui sont de par leur nature imperméables à l’échelle de la
retenue, à savoir : argiles, marnes, marno-calcaires, schistes, pélites, gneiss, granite…à condition d’être en
présence de roche s saines et non altérées.
Les zones défavorables représentent des terrains perméables non étanches naturellement : calcaire karstique,
grès mal consolidés, roches volcaniques, terrains gypseux ou salifères, terrains broyés…
L’examen des cartes géologiques détaillées permet à moindre coût d’orienter l’inventaire de s’affranchir des
zones défavorables.
A partir des données topographiques l’IC pourra estimer grossièrement un volume d’eau stockée et un volume
de digue pour chaque site. Le quotient Vs/Vd lui permettra alors de faire un classement très sommaire des
différents sites répertoriés.
Diagnostic géologique :Cette phase comprend une étude de terrain aboutissant à des conclusions plus ou moins
complètes sur la valeur du site et sur la poursuite de l’étude.
a. Lithologie et structure : formations géologiques au droit du site et de sa retenue (nature, fracturation,
altération, épaisseurs des formations)
b. Stabilités des appuis (site) et des versants (retenue) : les indices d’instabilités naturelles (glissement,
écroulements) seront répertoriés pour l’aide au choix de site.
c. Etanchéité : la digue doit être suffisamment enfouille dans le substratum pour éviter toutes infiltrations
sous la digue.
d. Les matériaux : ils sont classés en deux groupes (1) enrochements et agrégats, (2) sols fins.
Une description sommaire en sera établie et l’on précisera les zones les plus favorables pour les
prospecter.
e. Programme de travaux de reconnaissance : le plus souvent on procède par tranchées, puits manuel,
sondages avec essais d’eau, profils géophysiques et prospections systématiques des matériaux
disponibles.
f. Coupes géologiques : les informations recueillies sur le terrain pourront être synthétisées sur des
coupes géologiques schématiques.

L’étude de terrain est une prestation de courte durée. On peut avoir deux cas de figures :
- L’étude de surface est possible et permet d’obtenir des informations pour porter un jugement ;
Cette étude comprendra :
 L’examen des conditions géologiques du site et de la retenue
 L’examen des disponibilités en matériaux
 Une conclusion sur la valeur du site

- Les conditions d’affleurement sont très mauvaises, et des travaux de reconnaissances sont d’emblée
nécessaires pour donner un avis.

Technique d’analyse géologique du terrain : Il faut procéder en 3 phases bien distinctes.


 La 1ère phase consiste à déterminer les éléments du paysage (analyse du verrou rocheux).Il faut donc
VOIR des formes et des couleurs. Voir n’est pas regarder, chaque détail compte.
 La 2ème phase consiste à interpréter et à donner du sens à ce que l’on a vu. C’est donc une ANALYSE où
l’on associe ce qu’on voit à ses connaissances.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Les lignes sont des failles. Les failles se recoupent et découpent le massif en blocs indépendants. La roche
massive est massive donc cassante : il est possible que ces failles soient profondes.
 La 3ème phase consiste à faire la SYNTHÈSE.
Cette phase est la plus complexe car elle nécessite la conjonction et l’intégration de toutes les connaissances
ayant trait à la construction du barrage : géologie et technique.
Il s’agit de déterminer, par exemple, quelles peuvent être les conséquences de la présence des failles profondes
si l’on décided’implanter un barrage.
4.2. La Géologie d’Avant-Projet :
Les études d’avant-projet se divisent en deux stades distincts :
- l’avant-projet sommaire, où l’accent est particulièrement placé sur la faisabilité.
- L’avant-projet détaillé, dans lequel les points de détail sont analysés avec le maximum de rigueur et de
moyens.

a. APS : à ce stade de l’étude, les différentes interventions comprendront (1) la topographie, (2) des études
géologiques de terrain et (3) des travaux de reconnaissance.

1. Topographie : un levé topographique détaillé du site (1/500) et de la retenue (1/1000 à 1/5000). Elle
permettra d’estimer de façon précise le volume de la digue et du stockage.
2. Etudes géologiques de terrain : elles seront l’occasion d’un contrôle approfondi du diagnostic ou de l’étude
préliminaire.
3. Travaux de reconnaissance : Après expropriations, on procède le plus souvent par :
- Tranchées qui peuvent être réalisées jusqu’à 5m de profondeur et permettre une observation in-situ et
des prises d’échantillons ;
- Prospection géophysique qui permet de définir le contact terrains de couverture-substratum,
l’importance de la tranche décomprimée, la position de la nappe et le repérage des zones faillées ou
broyées ;Ces mesures géophysiques doivent être calées sur les sondages pour être plus précises et
permettre de développer un modèle 3D du terrain.
- Forages ou sondages : ces méthodes restent onéreuses mais apportent de précieuses informations sur
la lithologie, la fracturation et la perméabilité. L’implantation des sondages doit être opérée en tenant
compte des résultats de l’étude géologique de surface et éventuellement de la géophysique. Leur
nombre est généralement de 3 pour les petits barrages et 5 pour les grands, et leur longueur ne dépasse
pas la hauteur du futur ouvrage en absence de problèmes particuliers.

L’APS doit impérativement conclure sur la faisabilité technico-économique du projet et sur le type d’ouvrage le
mieux adapté au site.

b. APD : cette étude fait suite à l’APS. Pour les petits barrages, les interventions géologiques ont en
principe été terminées à l’APS. Pour les grands barrages, il reste de régler quelques points sur lesquels
subsistent un certain nombre d’incertitudes. En prenant en considération les ouvrages annexes.
Il est rare d’effectuer des reconnaissances d’APD dans la retenue car, en principe, les problèmes posés par la
retenue sont déjà réglés. Les quelques interventions complémentaires peuvent concerner l’estimation plus
précise de masses instables localisées, ou confirmer par mesures directes l’éloignement suffisant d’un niveau
perméable.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

C’est à ce moment de l’étude que l’on demande au géologue de regarder de nouveaux tracés routiers pour
rétablir les voies de communication qui seront noyées par le futur plan d’eau.
En ce qui concerne les matériaux de construction, il faut affiner l’évaluation des volumes disponibles ainsi que la
qualité des matériaux. Cette fois encore des sondages ou puits sont obligatoires.
L’APD a pour but de mieux estimer le coût de l’aménagement et d’obtenir le plus grand nombre d’informations
afin de constituer un dossier définitif très complet et de préparer un solide dossier de consultation des
entreprises.
Pour ce qui est de l’étanchéité des appuis, une étude géologique basée sur les données de surface accouplées à
des investigations profondes généralement réalisées par des sondages. Cette étude permet de localiser les
zones à risque d’infiltration (accidents ou autres) et s’il y a acheminement entre des eaux entre l’amont et l’aval.
Cette étude permet en même temps d’évaluer les débits des pertes possibles et établir un programme de
traitement efficace et pas coûteux.
La perméabilité de fracture doit être étudiée selon une optique, qui permet de contrôler quelques aspects tels
que : le nombre, l’ouverture, le remplissage, l’évolution en profondeur. L’apport des essais géotechniques est,
dans ce cas d’une importance primordiale :
o l’observation des carottes peut nous indiquer les zones d’altération et de fissuration ;
o au cours de la foration les pertes d’eau dans le forage indiquent des zones de forte perméabilité ;
o enfin parce que l’exécution des essais Lugeon réalisant une percolation forcée comparable à celle qui serait
entraînée par la mise en eau dans la retenue.

Une zone critique qui a une position toute particulière est le contact entre le barrage et le rocher de fondation.
Le traitement de cette zone doit être total et se fait par :
o par des injections qui les solidarisent ;
o la réalisation d’une para-fouille (une sorte de barrage inversé) à la base et qui fait corps avec l’ouvrage lui-
même ;
o réalisation d’un voile sur le rocher avec renforcement de la zone de contact avec l’ouvrage.

4.3. Etude Géologique d’Exécution :


a. Levés géologiques des fouilles (1/100 à 1/500): ils intéressent principalement le décapage général et la
zone d’ancrage de la digue, les galeries, les fouilles des ouvrages annexes. Ils permettent de mettre en
évidence des anomalies ponctuelles.
b. Suivi de réalisation des organes d’étanchéité
c. Définition du réseau de drains et de piézomètres
5. Exemple de Rupture d’un barrage (de Malpasset)
Pour satisfaire les besoins en eau, un barrage est construit. Ce barrage doit réguler le débit d’un torrent
quasiment asséché l’été, mais provoquant régulièrement des inondations lors des fortes pluies d’automne et de
fin d’hiver,et emmagasiner 50 millions de mètres cubes d’eau pour l’agriculture et les usages domestiques.
Le barrage de Malpasset est un barrage-voûte en béton d’une largeur à la base de 6,90 m pour 60 m de hauteur,
son arc se déployait en crête sur près de 225m. L’épaisseur de la voûte au sommet de l’édifice ne dépassait pas
1,50m.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

L’origine, les causes de la rupture :


On désigne sous le nom de « sous-pressions » des
pressions sous les fondations des barrages qui sont le
résultat de circulations d’eau dans les roches de la zone
d'ancrage des ouvrages. Ce phénomène est
potentiellement dangereux car il a pour
conséquence une poussée vers le haut appliquée au
barrage et qui vient réduire l’effet stabilisant du
poids.
Sur le site de Malpasset, la présence s’une faille (F)
en aval s’oppose à la circulation des eaux
d’infiltration. Celles-ci s’accumulent sous les
fondations du barrage.
En outre, la perméabilité des roches diminue avec
l’augmentation de la pression P exercée par le
remplissage du barrage.La combinaison de ces
éléments génère une pression résultante (R) qui conduit à désolidariser l’arche en béton et son ancrage de leur
assise.L'eau retenue en amont s'engouffre alors dans les fractures et emporte la structure.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Des causes additionnelles sont également à mentionner :


- Le cours du Reyran n’a pas été détourné lors des travaux, celui-ci étant sans eau durant la plus grande
partie de l'année. Ces opérations sont généralement réalisées en creusant un tunnel provisoire pour faire
écouler l'eau par une voie latérale. Un tel tunnel, s’il avait été creusé dans la bonne rive, aurait recoupé
l'une des grandes failles qui joua un rôle déterminant dans la rupture, ainsi que l'ont montré les travaux
exécutés au cours de l'enquête. Le régime particulier du torrent a ainsi éliminé le « signal d'alarme » que
des observations dans un tel tunnel n’auraient pas manqué de révéler.
- Le régime particulièrement sec du torrent retarda également considérablement le remplissage du barrage.
Les essais normalement pratiqués sur ce type d’ouvrages lors de leur première mise en eau (remplissages
partiels à des niveaux croissants suivis de vidanges et accompagnés de mesures systématiques de
déformations) n’ont ainsi pas été réalisés. L’unique mesure faite au cours de l'été précédent a mis en
évidence un déplacement significatif de 15 mm, sans que cette valeur n'ait entraîné d'action particulière.
- Ce barrage, destiné uniquement à l’irrigation, n’était pas soumis aux mêmes contrôles réglementaires que
les ouvrages hydroélectriques (passage en commission spécialisée notamment) ; il n’a ainsi probablement
pas été suivi de suffisamment près, peut-être aussi en raison de la grande renommée du constructeur.

Synthèse géologique :
On observe une grande diversité de roches dans la zone du barrage: la zone n’est pas homogène.Il y a des
roches extrêmement compacts et d’autres sans aucunerésistance. Il y a également des roches très désagrégées
(dièdre failles).
Les roches de l’appui RG sont en mauvais état, ce qui a été vu au déroctage mais qui n’a donné lieuà aucun
traitement particulier.
L’ensemble du massif est faillé.Les failles de surfaces non pas été vu et donc pas analysées.Un examen rapide de
la zone montre pourtant des grandes failles tranversantes qui auraient dû alerter le géologue. Cela a conduit à
positionner le barrage sur un dièdre complètement fracturé sans aucun traitement derenforcement.
L’ensemble des failles du terrain ont eu pour effet le découpage de l’appui en blocs indépendantsincapables de
résister à des efforts en extension.
Les failles ont permis l’établissement de sous pressions qui on désolidarisé le bloc qui a été expulsé provoquant
le ruine de l’ouvrage.
Le suivi géologique n’a pas « tiré la sonnette d’alarme » pendant les travaux.
L’étude géologique apparaît ainsi très insuffisante.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Techniquement, le principe même du barrage voûte n’est pas en cause, l’accident résultant de la connaissance
insuffisante des problèmes posés par « l'équilibre des sols » au niveau de ses fondations.
La faiblesse de l’étude géologique est la cause technique de la ruine de l’ouvrage par déstabilisation de l’appui
RG.
La décision de l‘ Ingénieur Général de l’Agriculture de ne pas faire de reconnaissance ni d’injections apparaît
comme lacause décisionnelle de la rupture indépendamment de tous les dysfonctionnements du système.
Dysfonctionnement comme celui d’accepter de laisser remplir à l’aveugle un barrage voûte mince de haute
technicitéLa gestion de l’ensemble de ces problèmes par l’Administration relève de l’incompétence.

F. LA GEOLOGIE DES TRACES LINEAIRES


1. Introduction

Le choix d’un tracé routier s’effectue en fonction de nombreux critère : politique d’aménagement, économie,
technique environnement, … Dans cet ensemble, les données géologiques et géotechniques sont nécessaires car
elles seules permettent de garantir la faisabilité de l’ouvrage et d’en estimer le coût. Ces deux paramètres
conditionnent le choix final.

Les tracés a priori possibles sont souvent très nombreux et concernent ainsi une surface de terrain très vaste
pour être bien étudiée dans leur ensemble dans des conditions de coûts et de délais raisonnable. Pour trancher,
le géologue-géotechnicien utiliser les méthodes les plus rapides et économiques sur de grandes surfaces au
début (à un moment où de nombreuses variantes restent en occurrence) réservant les méthodes les plus
lourdes à des zones plus limitées, lorsque le tracé est pratiquement fixé.
Le tracé linéaire est une ligne que l’on doit choisir sur la surface topographique. Il ne peut être question
d’envisager sa détermination en partant d’une extrémité construisant ainsi un tracé à l’avancement, car la
reconnaissance ne se réduit pas à une succession d’études particulières. En effet, compte tenu des impératifs
géométriques et de contraintes diverses, un choix effectué en un point donné peut avoir des conséquences
largement en amont et en aval. Le choix d’un tracé optimal ne peut se faire que par une considération globale
de toute la longueur du tracé.
En se basant sur cette logique de progressivité et de globalité, on distingue trois phases de reconnaissances :
- La phase 0 est l’étude de faisabilité du projet : elle est réalisée sur l’échelle 1/25000 sur la base des
documents topographiques existants ;
- La phase 1 est l’étude d’avant-projet : elle doit fixer les grandes lignes du projet (tracé, matériaux,…) ;
- La phase 2 est l’étude du projet.
Le contenu de la reconnaissance générale doit être tel que les choix effectués à une phase donnée, ne puissent
être remis en cause ultérieurement, en raison des difficultés géologiques ; en conséquence lors de la phase n les
études particulières sont au niveau n sur la majeure partie du tracé, saut en certains points du tracé où l’on peut
être amené soit à ne pas dépasser le stade n-1soit au contraire à mener une étude particulière à un stade n+1ou
plus lorsque le problème soulevé (tunnel, versant instable, zone compressible, zones d’emprunts,…) risque de
remettre en question une partie du tracé tel qu’il est envisagé à la phase n.
2. But de la reconnaissance

La reconnaissance géotechnique d’un tracé a pour but de :

- Fournir au projeteur les éléments nécessaires à la prise en compte correcte de l’aspect géologique,
compte tenu des autres contraintes, pour définir le meilleur tracé. Pour cela, elle doit débuter dès le
stade le plus préliminaire ;
- Rechercher une solution aux problèmes géotechniques qui subsistent sur le tracé retenu ;

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

- Déterminer la nature et l’état des sols pour prévoir leur condition d’utilisation et permettre
l’établissement du mouvement des terres ;
- Conseiller le maître d’œuvre pour la rédaction des marchés et en particulier des clauses particulières ;
- Donner à l’entrepreneur les éléments nécessaires pour le choix des méthodes et l’estimation des coûts ;
- Faciliter la réalisation des travaux et leur contrôle.

Un bon projet n’est pas la somme d’un bon tracé géométrique et d’une bonne reconnaissance. Il résulte de la
prise en compte dans le tracé des contraintes géologiques et géotechniques. Le géologue-géotechnicien doit
être constamment associé au travail du projeteur.

3. Les Problèmes

Les reconnaissances géologique et géotechnique traitent des terrassements, de la stabilité des ouvrages, des
tunnels, des emprunts et de l’impact sur l’environnement.

3.1. Les Terrassements :

Ils représentent généralement 25% du coût de l’ouvrage. Ils comprennent l’extraction des matériaux et leur
réutilisation.

Extraction des matériaux : le coût du m³ extrait peut varier en fonction de la difficulté d’extraction, qui
nécessite suivant les cas, l’emploi (1) d’engins à lame (décapeuse, bouteur) pour les terrains meubles ; (2) de
défonceuses pour les terrains rocheux non compacts ; (3) d’explosifs pour des terrains rocheux compacts.
La possibilité d’utiliser tel ou tel moyen dépend de la nature du matériau, de sa résistance mécanique, de la
densité et de l’orientation des discontinuités. La reconnaissance doit permettre de prévoir le mode de
terrassement des différents terrains et les volumes correspondant.

Réutilisation des matériaux : le mouvement des terres ne doit pas se limiter à l’aspect quantitatif : volume des
déblais = volume des remblais ; il doit tenir compte des différents remplois possibles pour les matériaux : corps
de remblai, matériaux drainants, remblai adjacent à une culée d’ouvrage d’art, couche de forme éventuellement
traitée, matériaux de chaussées. Pour cela il est nécessaire de connaître la nature et l’état des sols en place,
ainsi que l’état des conditions météorologiques probables au moment de l’exécution du chantier car elles
conditionnent l’évolution de l’état des sols.

3.2. La Stabilité des Ouvrages :

Les pentes naturelles instables ou à la limite de l’équilibre :Dans ces zones on s’efforce de suivre au plus près le
profil du terrain en limitant l’importance des travaux de terrassement (tant en déblai qu’en remblai). Elles
doivent être stabilisées avant le début des travaux pour éviter d’amorcer un glissement, dont il est difficile
ensuite de maîtriser l’extension et la progression. Les instabilités des pentes sont généralement imputables à la
circulation des eaux souterraines, l’étude hydrogéologique est particulièrement importante.

Les talus en déblai : le talus peut être sujet à des désorganisations de surface (érosion des sols meubles par les
eaux de ruissellement, chute de pierres issues d’une paroi rocheuse) ; l’importance de ces dégradations est
fonction de la nature lithologique des terrains et des discontinuités qui les traversent, de la pression d’eau
interstitielle, de la méthode d’extraction adoptée, du climat et de la végétation. L’étude géotechnique doit
permettre de concevoir un talus de stabilité durable en jouant sur la forme du profil (pente et risbermes), sur les
techniques de réalisation et sur les éventuelles techniques de confortement (drainages, filets de protection…)

Les remblais de grande hauteur : ce sont de véritables ouvrages d’art et il faut prendre en considération un
certain nombre de précautions quant à leur composition. Dans la mesure du possible, on évitera l’utilisation de
matériaux évolutifs, comme la craie et certaines marnes… On doit étudier la stabilité des talus de remblai et les

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

tassements de sol sous le remblai. Ces tassements ont pour résultat de diminuer la perméabilité des sols sous le
remblai, constituant ainsi un véritable barrage à l’écoulement des eaux souterraines ; la remontée de la nappe
peut avoir un double effet : la stabilité à terme de l’ouvrage ou inondée la zone amont. Pour éviter cet effet
d’eau, il est préférable d’étudier les dispositifs de drainage pour assurer l’écoulement des eaux dans le sens
transversal.

Les zones de sols compressibles : La reconnaissance doit tout d’abord permettre de choisir entre la solution
remblai et la solution ouvrage d’art. Pour un remblai, on étudie :

- Les conditions de stabilité pendant la construction en relation avec le programme des travaux ;
- L’amplitude et la durée des tassements, notamment des tassements à long terme ;
- Les méthodes de construction : traitement et amélioration des sols, substitution.

Les fondations d’ouvrages : La reconnaissance doit conduire à fixer le mode de fondation des ouvrages, à
dimensionner la fondation et à arrêter les dispositions constructives correspondantes. Ce problème est
relativement ponctuel et nécessite des informations sur les propriétés mécaniques des sols et des roches.

Risques d’effondrement des cavités souterraines : Certaines formations recèlent des cavités :
- Soit naturelles résultant de la dissolution par des circulations d’eau dans des formations solubles, elles
peuvent être actives ou fossiles ;
- Soit artificielles, en relation avec des exploitations souterraines de matériaux de construction ou de
minerais. Bien souvent on ne connait pas l’emplacement de ces exploitations artisanales et anciennes.
L’étude géologique doit détecter la présence de cavités, évaluer le risque d’effondrement de leur toit sous la
plateforme ou sous les fondations des ouvrages d’art, et s’il y a lieu de préconiser un type de confrontation
(remblaiement ou injection). On peut rattacher à ce problème celui des dolines, poches de dissolution remplies
d’argiles que l’on rencontre sur de nombreux plateaux calcaires.

3.3. Les tunnels :

Ce sont des ouvrages très particuliers, longs à réaliser. Leur coût très variable suivant les conditions géologiques,
fait qu’ils conditionnent généralement tout le tracé. Ils posent entre autres les problèmes suivants :
- La détermination du tracé en plan et du profil en long, en fonction des formations traversées et des
accidents géologiques (failles, zones broyées...) susceptibles d’être rencontrées ;
- Le choix de la forme de la section transversale et du revêtement ;
- Le choix des méthodes d’exécution.

3.4. Les emprunts :

La reconnaissance du tracé proprement dit doit être accompagnée d’une recherche des sources de matériaux :
- Soit pour les terrassements (emprunts pour remblai et couche de forme) ;
- Soit pour les assises de chaussées. Dans ce cas il faut tout d’abord envisager les possibilités de carrières
existantes.
Ces informations recueillies doivent porter sur la localisation de gisements, en vue de réduire les coûts de
transport, sur leur puissance, sur leur configuration, la qualité des matériaux et les conditions d’extraction et les
usages auxquels ils pourront répondre, tout en prenant en compte l’aspect environnemental de l’exploitation.

3.5. Impact sur l’environnement :

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

La loi prévoit la réalisation d’études d’impact pour les nouvelles infrastructures. Parmi les nombreux impacts, le
géologue doit étudier les conséquences de la réalisation du projet sur le milieu géologique. On site par
exemple :

- La stérilisation, du fait de l’emprise de l’ouvrage : eau souterraine, minerais, matériaux (en particulier
graves alluvionnaires) ;
- La modification de l’état mécanique des terrains : mise en mouvement de zone en limite de stabilité par
creusement d’un déblai et remontée régressive du glissement ; conséquences des ébranlements dus aux
tirs à l’explosifs… ;
- Des modifications d’ordre hydrogéologiques : perturbations dans les circulations de l’eau (abaissement
des nappes au voisinage des déblais, capture d’une circulation karstique lors du creusement d’un
tunnel,…) pollution des nappes par les eaux de ruissellement ;
- Des modifications d’ordre hydrologiques : perturbation du régime des eaux de surface par les rejets des
eaux de ruissellement ;
- Des modifications des propriétés pédologiques : aptitude des surfaces fraîchement décapées ou
remblayées à la végétalisation, diminution de la valeur d’un sol par changement des conditions
hydriques.

4. Articulation de l’étude générale du tracé :

En se basant sur cette logique de progressivité et de globalité, on distingue trois phases de reconnaissances :
- La phase 0 est l’étude de faisabilité du projet : elle est réalisée sur l’échelle 1/25000 sur la base des
documents topographiques existants ;
- La phase 1 est l’étude d’avant-projet : elle doit fixer les grandes lignes du projet (tracé, matériaux,…) ;
- La phase 2 est l’étude du projet.
Il est possible de distinguer trois niveaux respectifs à chaque problème particulier soulevé :
- Le niveau 0 est une estimation de la difficulté ;
- Le niveau I est un prédimensionnement ;
- Le niveau II est l’étude détaillée.
4.1. Le Phase 0 :

Les données de départ sont très sommaires, liaison de deux villes desservant certaines zones. Pour le géologue
qui doit travailler en concertation avec le projeteur et parcourir le terrain avec lui, l’étude consistera d’abord à :
- Identifier les zones particulièrement défavorables (zones inondables, zones compressibles, tunnels,
versants instables, …) ;
- Définir avec le projeteur un certain nombre de variantes possibles en évitant les zones défavorables ;
ces variantes sont dessinées sur une carte au 1/25000 sous forme de fuseau de passage ;
- Après une étude comparative, choisir le fuseau préférable, sur les plans technique, économique et
environnemental, et proposé un tracé dans ce fuseau.
Le fuseau possède une largeur moyenne de 1 à 2 km saut en quelques endroits où les impératifs géologies et
topographiques ne laisse qu’une largeur moindre disponible. La reconnaissance doit permettre d’affirmer qu’il
est possible de faire passer dans de bonnes conditions un tracé à l’intérieur de ce fuseau. Sur la base de carte
géologique au 1/25000, le géologue doit identifier les limites des différentes formations géologiques à l’intérieur
du fuseau, afin d’adapter le tracé tout en estimant les caractéristiques géotechniques, le mode d’extraction, la
réutilisation des matériaux, les pentes de talus, les possibilités d’emprunts,…

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Ces renseignements semi-quantitatifs extrapolés sur le tracé permettent une estimation sommaire de l’ouvrage.
A ce stade de l’étude, on utilise uniquement la documentation, la géologie de terrain, l’imagerie satellitaire. La
qualité de cette étude dépend de la disponibilité des données existantes.
4.2. Le Phase 1 :

Le point de départ de cette phase est le fuseau défini dans la phase précédente, d’une largeur limité et avec un
tracé inscrit dans ce fuseau, reporté du 1/25000 au 1/5000 avec quelques variantes locales.
L’étude débute par une cartographie géologique au 1/5000 sur une bande centrée sur le tracé provisoire sur
une largeur de 500m environ englobant toute les variantes locales, et se termine par le choix d’une variante
dans chaque cas et par l’étude à la précision 1/5000 du tracé obtenu en plan et en profil en long. A ce stade le
tracé en plan est à peu près définitif alors que le profil en long peu encore varier.
Les études spécifiques sont poussées jusqu’au niveau I dans le cas général, stade intermédiaire de précision
pour un tracé non figé d’extension possible. Cependant, pour certains points il est possible de pousser les
études au niveau II.
A ce stade du d’étude il faut porter une attention particulière aux :
- Terrassements : il faut identifier les différentes familles de sols intéressés par le projet, connaître leur
mode de terrassement et leur condition de réutilisation ;
- Localisation des zones d’emprunts : matériaux de remblais et corps de chaussées.
Concernant les éventuels essais à réaliser, on site :
- Essai géophysique : 2km/tracé
- Sondages à la tarière 4/km
- Sondages carottés 10m/km
- Quelques essais mécaniques (pénétromètres, scissomètres.. )
- Essais d’identifications de toutes les familles de sols.
4.3. Le Phase 2 :

L’objectif de cette phase est à la fois :

- D’optimiser le choix du tracé en plan et surtout du profil en long en fonction des conditions géologiques,
et d’aboutir à un tracé au 1/1000 ;
- D’effectuer l’étude de réalisation des différentes parties de l’ouvrage, à ce stade c’est la somme des
études particulières de chaque remblai, déblai,…

Toutes les études spécifiques sont menées au niveau II, et tous les moyens d’investigations sont mis en œuvre

58
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

G. METALLOGENIE & GEOLOGIE MINIERE


I. Notions Générales de Métallogénie
Au cours de la genèse des formations géologiques, la dispersion minéralogique s’est faite de façon inégale. Ainsi
donc, certains endroits de l’écorce terrestre renferment une concentration anormale de certains éléments
chimiques par rapport à la norme. Cette concentration anormale d’éléments chimiques constitue les ressources
minérales qui représentent un domaine économique important. En effet, elles composent les matières
premières des industries métallurgiques et chimiques. Ces ressources minérales sont donc l’objet des études
métallogéniques ou gîtologiques en vue de les décrire et les interpréter afin de les rentabiliser (les rendre utiles
à l’homme).
Des méthodes géochimiques, géophysiques et géologiques sont envisagées pour rechercher et découvrir ces
matières minérales ou gisements enfouis dans l’écorce terrestre.

La métallogénie
La métallogénie est à la fois une science fondamentale et une science appliquée. C’est la science des gisements
métallifères basés sur l’analyse des paragenèses minérales, sur leur succession et leurs évolutions chronologiques, en
liaison avec l’histoire géologique des secteurs où sont situés ces gisements. Il s’agit de la distribution spatiale et
temporelle des gîtes minéraux. Il s’y ajoute pour le praticien, l’estimation de leurs intérêts économiques.
Elle vise à décrire et à comprendre les gîtes métallifères et à fournir à l’explorateur minier des guides de prospection.

La gîtologie
C’est l’étude des gîtes donc des gisements. C’est l’étude descriptive et l’interprétation des concentrations naturelles des
métaux ou d’autres substances non métallifères. Elle prend en compte, la genèse et la typologie, des gisements. Il s’agit
en réalités de l’étude des éléments chimiques dans leur groupement minéraux et particulièrement leur concentration
anormale dans l’écorce terrestre.

Le gîte
Un gîte est une concentration anormale non exploitable (anomalie) d’un élément chimique donné dans une formation
rocheuse. La gîtologie est la science de l’étude des anomalies des éléments chimiques par rapport à l’écorce terrestre.

Le gisement
Un gisement est une concentration minérale anormale en éléments métalliques dans l’écorce terrestre, et qui est
exploitable économiquement. La notion de gisement repose sur une base économique, elle-même dépend de la nature
du minerai, de sa teneur et tonnage, de sa localisation géographique, des coûts métallurgiques (le coût et le mode de
traitement etc.) et à la structure du marché tel que l’existence d’une concurrence plus ou moins vive.
D’un point de vue géologique un gisement constitue un volume de roche. Sa position, sa forme, son contenu minéral et
chimique et chimique sont en relation avec les traits géologiques locaux et régionaux des terrains qui l’entourent. La
genèse du gisement doit être interprétée à la lumière de l’histoire géologique du district qui le contient, c’est ç dire les
faits relatifs à la sédimentation, au métamorphisme, à la granitisation, au volcanisme et à la tectonique.
Un gisement syngénétique prend naissance en même temps que la roche encaissante et dans des conditions analogues,
exemple gisement de Mn de Imini (Anti-Atlas).
Un gisement épigénétique prend naissance après le dépôt de la roche encaissante et dans des conditions différentes,
exemple les filons de quartz à galène dans les Jbilete.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Le facteur de concentration

Ce facteur correspond au taux d’enrichissement en un élément chimique, c’est à dire au rapport entre sa teneur
moyenne d’exploitation et son abondance dans la croûte (clarcke).

Le clarcke

C’est la teneur moyenne d’un élément dans l’écorce terrestre. Il n’est pas le même pour tous les métaux. Généralement,
un métal n'est exploitable que si sa teneur dans la roche est plus forte que sa teneur moyenne dans l'écorce terrestre
(ou clarke). Seul le magnésium(et le sodium) est tiré de l'eau de mer à une teneur inférieure à son clarke.

Teneur moyenne dans la croûte continentale Teneur minimale Taille des gisements géants
Elément Clarke d’exploitation (MT)
Fe 7.4% 60%
Ti 0.54 35%
Ni 0.011% 3% > 5.8
Pb 16 ppm 10% > 1.6
Sn 2,5 ppm 1% > 0.25
Au 0.3 ppm 10 g/t (10 ppm) > 0.00034
Concentrations métalliques et facteurs de concentrations

Paragenèse minérale

C’est une association de minéraux génétiquement liés, c’est à dire qui se forment au cours d’un processus limité dans le
temps et dans l’espace, caractérisant une composition chimique, une pression et une température.Exemple :
Paragenèse de haute température : pyrite (FeS2) + pyrrhotite (FeS)
Paragenèse de basse température : hématite (Fe2O3) – goethite (FeO(OH))
Association minérale

C’est un assemblage de minéraux dont la formation peut être due à des événements divers et génétiquement
différents.Exemple : Evénement 1 : pyrite et pyrrhotite, ensuite Evénement 2 : hématite et goethite

Une province métallifère

C’est une vaste zone (au-delà de 100 km), à concentration élevée en gîtes métallifères, elle peut prendre la forme d’une
ceinture. Une province métallifère est constituée par plusieurs gisements ;

II. La Concentration Minérale


1. La Formation d'un gîte minéral

L'existence d'un gîte minéral est subordonnée aux quatre facteurs suivants :
1 -Une source du minéral, quelle que soit son origine.
2 - Un transport du minéral, d'origine magmatique, fumerolle, ou en secondaire par reprise d'un gîte pré-
existant, par transport mécanique (par les ruisseaux, les rivières...) en solution par les eaux sous forme
combinée ou libre.
3- Un magasin où les conditions physico-chimiques favorables à la concentration sont réunies.
4- Un piège c'est-à-dire un blocage interdisant à la solution minéralisatrice de quitter le magasin (c'est le
bouchon).
Les relations « pièges/magasins » sont appelées Métallotectes.
En fait : une solution minéralisatrice, qu'elle vienne du fond de la croûte ou qu’elle se dépose dans des
sédiments n’est pas du tout solide, mais plutôt à assimiler à un fluide -comme de l’encre-(ou un gaz) circulant

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

dans une roche ayant la consistance d'une pâte dentifrice, et qui se bloquera à la sortie d’un tube où il y aura
concentration.

2. Les processus de concentration qui interviennent dans la formation des gisements


métalliques

Le concept géologique des concentrations minérales est complexe, celles-ci sont d’origine interne en général,
mais l’évolution géologique fait qu’elles subissent les mêmes cycles que les roches. Trois types de gisements
peuvent être distingués par :
(1) Des processus exogènes c’est à dire des gisements déposés à la surface de la lithosphère ;
(2) Des processus endogène déposé au sein de la lithosphère ;
(3) Des processus supergènes déposés dans la zone d’altération météorique.
Tout s’inscrit dans ce que nous appelons traditionnellement « les cycles », qui se répètent depuis le
précambrien.Sur ce cycle se greffent souvent mais de façon non obligatoire et à des stades variés : volcanisme,
métamorphisme, formation de granite et parfois mises en place de roches grenues basiques et ultrabasiques.
Les concentrations métallifères prennent place à des moments divers du cycle et leur étude peut donc s’inscrire
dans le cadre de la géodynamique externe et interne.
Sans tenir compte de la source du métal, il apparaît que la sédimentation, le plutonisme et le volcanisme sont
générateurs de corps minéralisés tandis que l'altération météorique et l'érosion, le métamorphisme,
la tectonique, les circulations d'eau ne font que concentrer et déplacer des minéralisations préalablement
existantes, disséminées ou non, et dont l'origine première est due à l'un des phénomènes précédemment
énumérés.

2.1. Processus Exogènes (sédimentation)


 Sédimentation détritique

L’altération chimique et la désagrégation mécanique des roches permettent la libération des minéraux
résistants et denses (magnétite, ilménite, zircon, rutile, cassitérite, or, platine …). Ces minéraux s’accumulent
tout d’abord sur les versants des reliefs sous forme éluvions, puis ils sont entraînés par les eaux de ruissellement
et ils se concentrent dans les alluvions des cours d’eau ainsi que sur certaines plages en bordure de la mer.
Les minerais sédimentaires sont en général dépourvus de gangue individualisée. Ils sont disséminés dans la
roche sédimentaire, ou bien ils se localisent en lits, en nodules dans cette roche. Ces minéralisations se
déposent sur le plateau continental de leur époque, non loin des anciens rivages.
(Eluvions : Produit non évacué de la décomposition sur place des roches)

 Sédimentation chimique

L’altération libère des éléments chimiques. Les plus solubles migrent en solution et sont entraînés vers les
bassins de sédimentation (lacs, lagunes côtières, mers, océans). Ils précipitent et se concentrent dans ces
bassins, en raison des changements physico-chimiques du milieu pH, Eh….

2.2. Les processus Endogènes


 Les gisements liés au plutonisme

La cristallisation fractionnée des magmas basiques et ultrabasiques surtout et rarement des magmas acides,
entraîne une ségrégation des minéraux réfractaires qui cristallisent pendant les stades magmatiques précoces

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

(chromite dans les magmas basiques et cassitérite dans les magmas acides) et contribuent à la formation de
gîtes de disséminations ou de ségrégation.
Lors des stades tardifs de la cristallisation fractionnée, certains éléments s’enrichissent dans les liquides silicatés
résiduels différenciés et cristallisant sous forme de lentilles ou d’amas dans les roches magmatiques.

 Les gisements liés à l’hydrothermalisme

a) Ils peuvent être liés ou non à des phénomènes magmatiques. Les fluides hydrothermaux issus de la fin de
cristallisation des magmas granitiques sont souvent riches en certains éléments (Be, Li, F, Sn …). Ceux-ci se
déposent aux toits des coupoles granitiques ou dans les fractures des granites ou des roches encaissantes.
Les fluides hydrothermaux ne sont pas toujours en liaison avec les magmas. Il peut s’agir des eaux météoriques
qui s’infiltrent dans la croûte terrestre, se réchauffent en profondeur et lessivent des éléments chimiques variés
disponibles dans les formations géologiques. Ces fluides réchauffés, remontent ensuite vers la surface suite à la
diminution de leur densité. Les changements de la pression et la température vers la surface vont faciliter la
précipitation des éléments métalliques dans les fractures sous forme de sulfures, de sulfosels, d’oxydes,
d’éléments natifs …

b) Ils peuvent être liés à un volcanisme à l’axe des dorsales océaniques (zones de rifts). Les eaux océaniques
s’infiltrent dans la croûte océanique, se réchauffent en profondeur au contact des laves chaudes. Les eaux
réchauffées lessivent des éléments chimiques variés (Pb, Z, Cu, Fe, Au, Ag, …) dispersés dans la croûte. Ces
fluides minéralisés chauds (fluides hydrothermaux), remontent ensuite vers la surface et déposent les éléments
métalliques sous formes d'amas sulfurés.

 Les gisements liés au métamorphisme de contact (pyrométasomatiques)


Ces gisements naissent des échanges chimiques entre fluides silicatés minéralisés provenant des magmas
granitiques et l’encaissant ; lorsque ce dernier est carbonaté nous obtenons les skarns ou tactites et lorsqu’il est
granitique nous obtenons les greisens.

2.3. Les processus Supergènes (altération)


 L’altération des roches banales
Le comportement des cations au cours de l’altération supergène, dépend de leur potentiel ionique. Certains
cations sont solubles voire très solubles et migrent facilement et sont entraînés par les eaux continentales à pH
généralement acide. Ces cations sont K+, Na+, Ca++, Mg++, Fe++, Zn++, Cu++. D’autres sont en revanche peu
solubles et s’accumulent sur le continent : Al3+, Fe3+, Ni3+, Ti4+. C’est de cette manière que se forme sur le
contient des terrasses ou cuirasses riches en éléments, appelées latérites qui selon les cas sont alumineuses ou
ferrifères ou nickélifères.Les éléments très solubles sont entraînés vers les bassins de sédimentation où ils
pourront éventuellement précipiter.

 Altération de minerais préexistant


Lorsque des minéraux sulfurés arrivent à l’affleurement par le jeu de l’érosion, ils s’altèrent par oxydation. Leur
altération conduit à la formation en surface de « chapeau d’oxydation » ou « gossan » renfermant des oxydes,
des sulfates, des carbonates, et des métaux natifs. Si les sulfures de Fe (pyrite, pyrrhotite …) dominent dans la
paragenèse sulfurée primaire, les oxydes et les hydroxydes de Fe seront abondants et le chapeau d’oxydation
sera appelé chapeau de Fe.

Exemples de réactions mises en jeu dans la zone d’oxydation :

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2 FeS2 + 7 O2 + 2 H2O 2 FeSO4 + 2 H2SO4


Pyrite Sulfate ferreux

12 FeSO4 + 3 O2 + 6 H2O 4 Fe2(SO4)3 + 4 Fe(OH)3


Sulfate ferrique Hydroxyde ferrique

Par déshydratation partielle, l’hydroxyde ferrique se transforme en goethite Fe(OH) ; la déshydratation


complète conduit à l’hématite (Fe2O3).

Sous la zone d’oxydation existe la zone de cémentation ou « d’enrichissement », qui correspond au minerai
primaire enrichi. L’infiltration de ces eaux météoriques acides jusqu’au niveau de la nappe phréatique est
accompagnée du lessivage des métaux à partir de la zone superficielle. Ces eaux sont à l’origine de l’apport
supplémentaire des métaux dans la zone de cémentation. Cet enrichissement concerne généralement le cuivre.

Exemple de réactions chimiques mises en jeu dans la zone de cémentation :

5 FeS2 + 14 CuSO4 + 12 H2O 7 Cu2S + 5 FeSO4 + 12 H2SO4


Pyrite Chalcocite

CuFeS2 + CuSO4 2 CuS + FeSO4


Chalcopyrite Covellite

3. Où peut-on trouver les gisements métalliques ?

L’importance des matières premières minérales n’est plus à démontrer. La mise en évidence de nouveaux
gisements métalliques est ainsi devenue primordiale et a motivé la mise en œuvre de techniques sophistiquées
comme la géochimie, la géophysique et la télédétection comme méthodes de prospection. Cependant un stade
de recherche s’impose, c’est celui du géologue de terrain (ayant une bonne connaissance de la géologie globale
et régionale) et dont dépend en grande partie le succès des recherches.

Si l’on considère le cadre de la tectonique des plaques, on peut constater que les gisements métalliques existent
dans des sites géotectoniques variés : dorsales océaniques, marge actives et arcs insulaires, marges passives,
zones de collisions continentales. Ainsi les gisements formés au niveau des dorsales océaniques sont différents
de ceux qui prennent naissance dans les marges passives.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Le Maroc, situé à l’extrémité nord-occidentale de l’Afrique, montre


une géomorphologie très contrastée. Ceci revient à une nette
variabilité dans la forme et la grandeur des reliefs, due L
indubitablement à l’enchaînement au cours des temps géologiques es
des différentes phases orogéniques. Le déroulement de ces pr
phénomènes géologiques couplé avec des conditions climatiques
ov
variables d’une région à l’autre, procréent des domaines
in
géographiques différents et bien distincts (Figure 1-1). Ainsi, du sud
au nord, s’individualisent le domaine anti-atlasique et son ce
prolongement saharien vers le sud, le domaine atlasique et mesetien s
et le domaine rifain. Ces trois domaines sont séparés, d’une part, par
l’accident sud-atlasique entre les domaines méridional et central et
d’autre part, par le front des nappes de charriage tertiaires entre les
deux domaines central et septentrional. Le domaine anti-atlasique et
saharien a été surtout façonné par des orogenèses précambriennes
et, d’une manière subordonnée, par des orogenèses paléozoïques
(calédonienne et hercynienne); par contre les domaines rifain,
atlasique et mesetien ont été surtout affectés par les orogenèses
hercynienne et alpine.

Localisation des mines


marocaines les plus
importantes

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

4. Classification des gisements métallifères

Le but d’une classification et non seulement de regrouper les gisements mais aussi de faciliter leur recherche.
Suivant le critère utilisé, on pourra obtenir des classifications descriptives, pratiques en exploration ou des
classifications interprétatives à caractère génétique. On a pu ainsi utiliser la substance, la nature de l’encaissant,
la morphologie, la température de formation, le contexte géodynamique, les processus génétiques, les relations
avec des processus géologiques ou les types des fluides.

Classification des gisements en fonction du contexte géodynamique

Classification des gisements en fonction des processus minéralisateurs

III. Stratégie et techniques de l'exploration minière


Chaque projet d'exploration minière inclut plusieurs étapes telles que la planification, la compilation des
données, les travaux de reconnaissance, l'évaluation des potentialités des cibles et leur confirmation par des
travaux de terrain. Tout projet d'exploration est tributaire de l’enveloppe budgétaire allouée, du type de
substance recherchée, de la géographie et la géologie du secteur étudié, et les lois du pays relatives à
l’exploration minière et à l'environnement.
A chaque étape, la décision doit être prise pour la poursuite ou non des travaux de recherche. Si aucune cible
prometteuse n'est détectée, le programme devrait être abandonné.

1. Procédure de l'exploration minière


1.1. Planification

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Le type de minerais ou de substance métallique est déterminé au cours de cette phase. Le choix des minerais à
rechercher est fixé selon les perspectives à long terme de la demande, de l'approvisionnement et des cours,
ainsi que des caractéristiques géologiques du secteur étudié. Le montant total du budget, le planning du projet,
et la stratégie de l'exploration sont également déterminés. Le Personnel nécessaire à la planification inclut des
analystes économiques, des spécialistes en marché et des géologues. Un programme d'exploration
systématique et bien planifié faisant appel à une petite équipe de géologues expérimentés serait la clef du
succès.

1.2. Compilation de données


Tous les programmes d'exploration commencent par un examen soigneux des informations disponibles. Des
rapports sur les gisements connus et les indices minéraux, les cartes géologiques et géophysiques, les images
satellitaires et les photographies aériennes sont rassemblés pendant cette étape. Ces données seront
interprétées par des géologues d'exploration, en particulier à l’aide du progrès récent de la télédétection
permettant d’établir des cartes de répartition des différents types d’altération hydrothermale, de distribution
des oxydes et de la teneur en silice dans la roche affleurante. Ces cartes sont tout à fait utiles pour les travaux
de l’exploration minière. En se basant sur la géologie du secteur étudié et des gisements et indices qui s’y
trouvent, il est utile d’élaborer des modèles génétiques des gisements recherchés afin d’établir le programme
détaillé de la phase suivante. Le type d’altération hydrothermale, la répartition des sulfures et les données
géochimiques et géophysiques sont employés pour la recherche détaillée des cibles.

1.3. Phase de reconnaissance


Les travaux de reconnaissance sont conduits après la phase de compilation et d'interprétation des données. Les
anomalies de la géophysique aéroportée sont vérifiées par l'étude au sol. Les prélèvements géochimiques,
stream-sédiment, sol et roche sont combinés avec les levés géologiques.Les levés géologiques sont basés sur
l’examen des roches affleurantes, avec l’aide des photographies aériennes et des images satellitaires
disponibles. Le but des levés géologiques est d’avoir des données de base pour délimiter les secteurs de
minéralisation.
Quand les prélèvements sont accomplis, et toutes les analyses chimiques ont été effectuées, des cartes sont
dressées pour montrer la répartition des anomalies géochimiques. Le géologue d'exploration doit examiner les
cartes géochimiques et décider lesquels des secteurs anomaux sont favorables pour l’existence d’une éventuelle
minéralisation. Une anomalie géochimique même de forte intensité pourrait être non significative et pourrait
avoir diverses origines à savoir les risques de contamination par des anciennes exploitations, le fond
géochimique anormalement élevé de la roche, les erreurs d’échantillonnage et d’analyse.
La géochimie, ou n'importe quelle approche indirecte, doit être explicable en termes de géologie. Des valeurs
géochimiques anomaliques seront passées en revue à la lumière de la topographie locale et de la connaissance
géologique régionale pour définir les secteurs de plus grand intérêt dans lesquels les travaux détaillés doivent
être concentrés.

1.4. Evaluation de la cible


Les travaux antérieurs peuvent nous orienter vers plusieurs secteurs susceptibles de contenir la minéralisation.
Ces cibles seront définies avec précision en procédant par des levés géologiques et par des travaux de
prospection géophysique et géochimique. Si les cibles ont été antérieurement bien définies avant cette phase,
des travaux de forage peuvent être aussitôt entamés pour confirmer l’existence du gisement.

66
Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Au cours de cette étape, les levés géologiques sont très détaillés. La nature des minéralisations, les phénomènes
d’altération, les caractéristiques lithologiques et les traits structuraux seront tous reportés sur la carte. Des
échantillons de roche sont collectés pour l'analyse chimique. Les cartes géologiques dressées engloberont les
données disponibles et constitueront une base de travail pour l’exécution des étapes suivantes du programme
comprenant la réalisation de tranchées, le creusement de puits de reconnaissance et l'emplacement des sites de
forage.
Pour définir la cible plus précisément, un travail systématique d’échantillonnage de roches et de sol pour
l’analyse chimique peut être entrepris. La plupart des métaux communs peuvent donner des types d’anomalie
dans le sol résiduel reconnaissable. Dans les terrains à recouvrement plus ou moins important, le prélèvement
d’échantillons significatifs se fait au niveau de tranchées et/ou de puits. La maille d’échantillonnage, la
profondeur et la densité points de prélèvement doivent être déterminés selon les conditions locales du secteur,
et selon le temps et le budget consacrés à la réalisation du programme. Les données géochimiques seront
interprétées minutieusement afin de définir des secteurs qui feront l’objet d’un échantillonnage détaillé, de
prospection géophysique et des travaux de sondage.

1.5. Travaux d’évaluation de l’objectif


Les travaux de sondage constituent l’outil principal pour l’évaluation de l'objectif. Si un forage traverse une
partie de la minéralisation, d'autres forages pourraient être envisagés afin de délimiter la totalité du gisement.
Les échantillons issus des forages font l’objet d’analyses chimiques pour déterminer les teneurs en éléments
métalliques.
Aussi, des examens minéralogiques sont effectués sur les échantillons pour identifier les différentes espèces
minérales et caractériser le type d’altération hydrothermale. Enfin, des modèles génétiques du gisement sont
proposés pour interpréter les résultats de tous ces travaux.

2. Les techniques de l’exploration

Les techniques de l’exploration minière englobent plusieurs approches et méthodes dans les domaines
géologique, géophysique et géochimique. Plusieurs techniques sont employées pour détecter d’éventuelles
anomalies qui pourraient être due à l'existence d’un gisement, bien qu'il ne soit pas nécessaire de mettre en
œuvre toutes les techniques au cours de l’exécution d’un programme d'exploration. Les techniques utilisées
dans un programme d'exploration dépendent du type de gisement recherché, de domaine d'exploration, de la
situation géographique (qualité des affleurements, végétation, ...) et du budget accordé. Ainsi, il est important
de décider quelles techniques seront appliquées dans le programme d'exploration au cours de la phase de
planification, puis synthétiser et interpréter les résultats pendant les phases de reconnaissance, de l'évaluation
et de test de l’objectif. (Chaque technique d'exploration est expliquée dans les rapports du BRPM: Exploration
Technology and Interpreting Methods Part III and IV).
Les modèles génétiques des minéralisations déduits de la géologie et de quelques techniques expérimentales
(analyse des isotopes stables, étude des inclusions fluides, analyse à la microsonde, datation
radiochronologique, ...) permettent de préciser la stratégie d'exploration et aide à interpréter les résultats.
L’étude des phénomènes tectoniques et des structures régionales est également fondamentale pour définir les
objectifs de recherche.

2.1. La géologie
La cartographie géologique est un outil indispensable pour les travaux de l'exploration minière et elle est
exécutée au cours de toutes les phases d'exploration, mentionnées auparavant. L’aboutissement des levés

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

cartographiques est la réalisation des cartes géologiques indiquant la lithologie des affleurements et les
structures avec l’emplacement des minéralisations et des indices dans la région étudiée. Les cartes géologiques
à petite échelle, couvrant généralement de grande surface et généralement éditées par le Service Géologique
Nationale du pays ou organismes équivalents, servent pour la planification. Les cartes à moyenne et grande
échelle sont réalisées au cours des travaux de l'exploration, pendant les phases de reconnaissance et
d'évaluation de l’objectif. Les images satellitaires et les photographies aériennes sont souvent utilisées pour
repérer les différentes structures géologiques.
Les cartes montrant les types d’altération hydrothermale sont également très importantes pour détecter
l’existence des minéralisations, parce que l’altération hydrothermale s’étend largement tout en circonscrivant
les corps minéralisés. Ces levés cartographiques sont entrepris durant les stades de reconnaissance et
d'évaluation de l’objectif. Les cartes d’altération sont généralement élaborées par des géologues-cartographes,
soutenus par des analyses aux rayons X (XRD) des échantillons au laboratoire. Récemment, l’utilisation de
spectromètre infrarouge portable permet d’effectuer rapidement une carte d’altération sur le terrain, bien qu'il
soit nécessaire parfois de vérifier les données au laboratoire par analyse XRD. Des images spectrales acquises
par satellite sont également utilisées pour détecter les zones d’altération hydrothermale. L'identification du
type d’altération hydrothermale est également importante pendant la phase de faisabilité pour localiser
l'emplacement des corps minéralisés.

2.2. Techniques géophysiques et exemples


Les techniques géophysiques généralement appliquées dans le domaine de l'exploration minière au Maroc sont
la gravimétrie, la magnétométrie, la résistivité et la polarisation induite (IP). L’anomalie géophysique est le
résultat de la différence dans les propriétés mesurées du gisement métallifère, ou dans son enveloppe
d’altération et de la roche encaissante stérile. Ainsi, la localisation d'un gisement métallifère par des méthodes
géophysiques dépend du choix des techniques géophysiques les plus adéquates.
Des méthodes géophysiques sont employées pour l'exploration des gisements de type amas
sulfurésvolcanogéniques (VMS) dans le district de Jebilet-Guemassa au Maroc. Dans ce district, en raison d'une
couverture sédimentaire épaisse, les prospections géologiques et géochimiques seules sont insuffisantes pour
obtenir des indications décisives de la présence des minéralisations. Aussi, l’application de la magnétométrie en
prospection est efficace parce que la pyrrhotite monoclinique, issue d’une transformation tardive sous l’effet de
métamorphisme est dominante dans les gisements de type amas sulfurés de ce district.
L'anomalie de Hajar a été observée pour la première fois dans la région en 1968 par une étude géophysique
aéroportée en utilisant la méthode « électromagnétique IMPUT » et la magnétométrie. Cette anomalie a été
interprétée comme due à la présence d’un corps minéralisé massif, parce que (1) il n’y a pas de roches
gabbroïques qui affleurent dans le secteur, (2) la couverture alluviale de Pliocène-Quaternaire, d’environ 100 m
d'épaisseur, pourrait expliquer la faible expression d'un éventuel conducteur « bedrock EM », et (3) la présence
de sables à chlorite avec dissémination de la pyrrhotite près de l'anomalie. Ainsi, l'étude géophysique détaillée
au sol, conduite au niveau de l'anomalie aéromagnétique de Hajar, a permis la découverte du gisement.

2.3. Techniques géochimiques


Parmi les techniques géochimiques, le streamsediment couplé à la prospection alluvionnaire, la géochimie de
sol et la géochimie de roche sont fréquemment utilisés au Maroc.
Le stream sediment est la méthode la plus utilisée, parce que le type de matériau étudié représente souvent
une grande superficie d’alimentation. La plupart des minéraux métalliques primaires résistants sont
relativement lourds et tendent à s’accumuler dans la fraction minérale lourde du dépôt. Un concentré résultant

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du panage des alluvions peut donc fournir rapidement un échantillon représentatif des différents affleurements
de la région étudiée.
La géochimie de roche, si elle est possible à réaliser, est particulièrement utile au cours des stades d'évaluation
et d'essai de l’objectif. La géochimie de roche et/ou de sol permettent de définir les sites favorables pour
l’implantation des sondages. Aussi, des échantillons de roche sont habituellement collectés au cours de la
réalisation des tranchées.
L'étude isotopique de soufre ne permet pas, à elle seule, de comprendre directement les phénomènes de
l'exploration minière. Par contre, si des études géologiques, minéralogiques et géochimiques du gisement sont
entreprises parallèlement à l'examen isotopique de soufre, elles peuvent déterminer l'origine du soufre, les

processus de précipitation des substances minérales et les températures de l'équilibre isotopique entre le
soufre et les sulfures.
L’environnement de mise en place des minéralisations déduit par l’étude des inclusions fluides intéressait au
début des travaux purement académiques ; cette approche devient il y a quelques décennies un outil important
dans le domaine de l’exploration minière. En essayant de comprendre la nature des fluides minéralisateurs à
travers l'étude des inclusions actuelles associées aux minéralisations, sans oublier que ces fluides peuvent
changer rigoureusement avant le piégeage, en raison du déroulement de plusieurs processus dans le gisement.
Par conséquent, l'environnement spécifique de l'origine des inclusions est important à connaître.

H. GEOLOGIE DU PETROLE
I. Définition
Le pétrole est un combustible fossile dont la formation date d’environ 20 à 350 millions d’années. Il provient de
la décomposition d’organismes marins (principalement de plancton) accumulés dans des bassins sédimentaires,
au fond des océans, des lacs et des deltas.La transformation de la matière organique en pétrole s’échelonne sur
des dizaines de millions d’années, en passant par une substance intermédiaire appelée kérogène. Le pétrole
produit peut ensuite se trouver piégé dans des formations géologiques particulières (roche-
réservoir) constituant les gisements pétrolifères exploités de nos jours.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Près de 30 000 gisements sont identifiés comme rentables à l'heure actuelle. La plupart des gisements les plus
importants sont situés au Moyen-Orient qui dispose de 47,9% des réserves prouvées de pétrole à fin 2013.
Les conditions géologiques et économiques indispensables au départ sont : une ou des roches mères ayant
généré des hydrocarbures, une ou des roches réservoirs ayant pu les drainer, un ou des pièges les ayant
retenus. Des quantités retenues suffisantes pour rendre ces accumulations économiques en volume et en
production journalière pour amortir les investissements et les coûts de production.
II. De la matière organique au pétrole
1. L’accumulation de matière organique dans les sédiments
La matière organique est issue d’êtres vivants (plancton, végétaux, animaux, ...). Composée pour l'essentiel
de carbone, d’hydrogène, d’azote et d’oxygène, elle forme la biomasse. Cette biomasse est généralement
détruite par des bactéries mais une faible partie (moins de 1 %) se dépose au fond de milieux aquatiques.Dans
cet environnement pauvre en oxygène, la matière organique est en partie préservée, elle se mélange ensuite à
des matières minérales (particules d’argiles ou sables fins), créant ainsi des boues de sédimentation. Celles-ci
s’accumulent par couches successives sur des dizaines voire des centaines de mètres.

Enfouissement et formation de roches sédimentaires : cas du charbon

2. La formation du kérogène
Au début de la sédimentation jusqu’à une profondeur d’environ 1000 mètres sous le plancher océanique, la
matière organique contenue dans les boues de sédimentation subit une transformation sous l’action de
bactéries anaérobies (vivant en milieu privé d’oxygène). Elles en extraient l’oxygène et l’azote, aboutissant à la
formation de kérogène. Il s’agit d’un composé solide disséminé sous la forme de filets au sein des sédiments,
contenant surtout du carbone et de l’hydrogène.
3. La maturation du kérogène en pétrole
Par leurs propres masses et à la suite de leur couverture par de nouveaux dépôts, les couches sédimentaires
s’enfoncent naturellement dans la croûte terrestre. Au cours de ce phénomène et au-delà de 1000 mètres de

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

profondeur sous le plancher océanique, les résidus minéraux des boues de sédimentation se solidifient en une
roche relativement imperméable. Appelée«roche-mère», cette formation piège le kérogène.
La roche-mère subit également un enfouissement. Le kérogène est donc soumis à des pressions et des
températures géothermiques de plus en plus élevées, augmentant d’environ 3°C tous les 100 mètres. À une
température supérieure à 60°C, ce qui correspond à un enfouissement d'environ 1500 à 2000 mètres, le
kérogène subit un craquage thermique, appelé « pyrolyse ». Cette transformation chimique élimine l’azote et
l’oxygène résiduels pour laisser de l’eau, du CO2 et des hydrocarbures, molécules exclusivement composées de
carbone et d’hydrogène. Le mélange d’hydrocarbures liquides est appelé pétrole brut.
Des hydrocarbures sous forme gazeuse (méthane) sont également générés lors de la transformation du
kérogène. La proportion de gaz au sein de la roche-mère s’avère d’autant plus élevée que la durée et la
température de transformation du kérogène sont importantes :
 Entre 60° et 120°C (entre 2000 à 3000 mètres de profondeur), le kérogène produit principalement du
pétrole et une faible quantité de gaz ;
 À partir de 120°C (soit 3000 mètres), la production de pétrole à partir du kérogène devient insignifiante.
Les hydrocarbures liquides présents dans la roche-mère sont à leur tour transformés en molécules de
gaz sous l’effet de la température et de la pression ;
 Au-delà de 150°C (soit un enfouissement supérieur à 4000 mètres), il ne se forme plus que du gaz.

Types d'hydrocarbures générés à partir du kérogène en fonction de la profondeur d’enfouissement


Le cas des schistes bitumineux
Lorsque la roche-mère n’est pas suffisamment enfouie, le kérogène qu’elle contient ne subit pas de pyrolyse.
Appelé schiste bitumineux, il s’agit d’un combustible fossile arrêté au stade d’avant-pétrole dans le processus de
maturation du kérogène.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Par un procédé industriel, les schistes bitumineux peuvent être transformés en pétrole en subissant une
pyrolyse (à 500° C pour accélérer la maturation du kérogène).

III. Formation des gisements de pétrole


Le pétrole est une matière première facilement exploitable lorsqu’il se concentre dans un réservoir par des
phénomènes de migration.

 Migration primaire
Le pétrole brut est initialement contenu dans la roche-mère, compacte et imperméable. Par un mécanisme
encore mal élucidé (certainement lié à une augmentation de pression dans la roche-mère au cours de son
enfouissement) l’eau, le pétrole et le gaz issus du kérogène peuvent être expulsés de leur formation d’origine,
migrant alors éventuellement vers une future roche-réservoir.
 Migration secondaire
De faible densité, le pétrole expulsé (mélangé à de l’eau et du gaz dissous) a tendance à remonter jusqu’à la
surface de la Terre. Il s’échappe très lentement à travers les couches sédimentaires perméables qui jouxtent la
roche-mère :

 En général, la migration secondaire du pétrole n’est pas arrêtée par un obstacle. Le pétrole finit par
atteindre les premiers mètres du sol, où il est dégradé en bitumes sous l'action de bactéries. Les
combustibles fossiles produits sont alors des pétroles dits « lourds » ou « extra-lourds » et des sables
bitumineux. Ils peuvent être utilisés comme des indices de surface pour détecter un bassin sédimentaire
susceptible de contenir du pétrole, lors de prospections réalisées par l’industrie pétrolière ;
 Parfois, la migration du pétrole brut vers la surface est empêchée par une formation géologique
imperméable, comme une couche de sel par exemple, appelée « roche-couverture » (également qualifiée
de « roche imperméable »). Une accumulation de pétrole associé à de l’eau et du gaz se forme dans la
couche perméable sous-jacente créant ainsi une roche-réservoir en dessous de la roche-couverture. Dans ce
réservoir poreux, le gaz s’accumule au-dessus du pétrole brut, lequel se retrouve au-dessus de l’eau en
raison des densités respectives de ces produits (le gaz naturel est plus léger que le pétrole, lui-même plus
léger que l’eau).

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Migrations primaire et secondaire du pétrole conduisant à la formation d’un gisement

Seule une partie du pétrole brut est concentrée dans les roches réservoirs. En effet, 10 à 40% des hydrocarbures
restent piégés dans la roche-mère, de manière disséminée. Le pétrole de roche-mère est alors plus connu sous
le nom d’« huile de schiste » ou de « pétrole de schiste ». Moins facile à extraire que le pétrole sous forme de
gisements, il requiert des techniques d’exploitation particulières comme la fracturation hydraulique.

IV. Les différents « pièges à pétrole »


L’ensemble roche-réservoir/roche-couverture forme une structure dite piège à pétrole. Plusieurs types de
pièges sont décrits, principalement en fonction de la déformation des roches au cours de phénomènes
géologiques.
1. Pièges structuraux
 Le plus courant est le piège anticlinal, structure où les roches ont été plissées en forme de voûte par les
mouvements terrestres. Pour le géologue, la présence d’un anticlinal est un indice en faveur de la présence
de gisements. En effet, environ 80% des gisements de pétrole sont de ce type.

 Lors de la création d’une faille, un bloc terrestre peut également glisser vers le haut ou vers le bas au niveau
de la cassure. Une couche imperméable peut alors venir obstruer une couche perméable et arrêter le
pétrole dans sa migration.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

2. Pièges stratigraphiques
 Les dômes de sel (appelés diapirs) sont des masses de sel formées en profondeur qui remontent sous l’effet
de la température et de la pression. En s’élevant, elles traversent des couches perméables et subdivisent les
réserves de pétrole. En surplombant les roches réservoirs, les dômes de sel imperméables constituent des
roches-couvertures.

Les mouvements terrestres sont susceptibles de modifier les gisements formés. Le pétrole peut être enfoui plus
profondément : il subit alors à nouveau un craquage thermique et donne alors un gisement de gaz naturel. Les
gisements de pétrole peuvent également fuir. Dans cette situation, le pétrole migre vers la surface ou vers un
autre piège.

V. Classification du pétrole
Tout processus de formation est unique : un gisement de pétrole contient un mélange d’hydrocarbures qui le
caractérise selon l’histoire géologique de la zone où il s’est développé.
La provenance géographique est donc un des critères de classification du pétrole. Toutefois, pour établir des
comparaisons entre différents sites, d’autres critères existent. Les plus importants sont les mesures de la
viscosité et de la teneur en soufre du pétrole brut.
 Selon la viscosité, quatre types de gisements sont définis (léger, moyen, lourd ou extra-lourd et bitume).
Plus le pétrole brut est visqueux, plus il est lourd :
 Les gisements de pétrole léger : l’aspect du pétrole brut se rapproche de celui dugazole. Les gisements
sahariens présentent cette caractéristique ;
 Les gisements de pétrole moyen : la viscosité du pétrole brut est intermédiaire entre le pétrole léger et le
pétrole lourd. Il s’agit par exemple des gisements du Moyen-Orient ;
 Les gisements de pétrole lourd ou extra-lourd : le pétrole brut ne coule pratiquement pas à température
ambiante. Les gisements d’Amérique du sud en sont un exemple ;
 Les gisements de bitume : le pétrole brut est très visqueux voire solide à température ambiante. Les
principales réserves de ce type se trouvent au Canada.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Cette propriété est importante pour déterminer la rentabilité de l’exploitation. En effet, un pétrole peu
visqueux ou léger est plus facile à extraire et à traiter qu’un pétrole lourd.

 La teneur en soufre distingue le pétrole brut soit en doux (faible teneur en soufre) soit en sulfuré dans le cas
contraire. Des gisements de pétrole doux sont notamment trouvés en Afrique, ceux de pétrole sulfuré en
Amérique du Nord.
Cette mesure est utilisée pour la phase de raffinage du pétrole, une faible teneur en soufre la favorisant.
VI. Les étapes de la prospection pétrolière
L'exploration pétrolière commence par l'identification d'indices permettant de supposer où se trouve le pétrole
et en quelle quantité. Géologue et géophysicien collaborent à cette enquête minutieuse à fort enjeu
économique qui commence à la surface de la terre pour descendre vers le sous-sol.
1. La géologie pétrolière ou l'observation de la surface :
C'est la première étape, qui permet de repérer les zones sédimentaires méritant d'être étudiées (plissements,
failles…). Les géologues utilisent des photographies aériennes et des images satellites puis vont sur le terrain
examiner les affleurements. Ces derniers peuvent en effet renseigner sur la structure en profondeur. Ensuite
l'analyse en laboratoire d'échantillons de roche prélevés permet de déterminer l'âge et la nature des sédiments
afin de cerner les zones les plus prometteuses. Cette étape représente 5 % du budget consacré à la prospection.
2. La géophysique ou l'étude des profondeurs :
Son objectif : donner le maximum d'informations pour que les forages soient entrepris ensuite avec le maximum
de chance de succès. Il s'agit essentiellement d'accumuler des données sismiques riches en informations, grâce
à une sorte d'"échographie" du sous-sol ou "sismique réflexion". Ces données sont obtenues à l'aide de vibreurs
pneumatiques (ou autres) qui génèrent de mini-ébranlements du sous-sol. Les signaux recueillis en surface sont
traités par de puissants logiciels de calcul qui reconstituent l'image du sous-sol. Les pièges possibles mis en
évidence sont classés selon leur probabilité d'existence et leur volume prévisionnel. Cette étape représente 15
% du budget consacré à la prospection.
3. Vérification des hypothèses :
C'est l'étape du forage d'exploration qui seule permet de certifier la présence de pétrole. On perce la roche à
l'aide d'un trépan. À terre, l'ensemble du matériel est manipulé à partir d'un mât de forage. Le coût du forage
d'exploration est de 500 000 euros à terre. Cette étape qui dure de 2 à 6 mois est la plus lourde dans le budget
d'exploration : 60 % en moyenne.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

I. LA GEOLOGIE ENVIRONNEMENTALE
L'IMPACT DES CARRIERES SUR L'ENVIRONNEMENT

I. TERMES DE REFERENCE DE L'ETUDE D'IMPACT SUR L'ENVIRONNEMENT DE L'EXPLOITATION DES


CARRIERES
Les matériaux de carrière sont indispensables au développement de notre économie, cependant leur mise en
valeur ne saurait être faite sans tenir compte des exigences liées à la protection de l'environnement.

L'étude d'impact est instaurée pour substituer une stratégie préventive à une stratégie curative, dans la mesure
où :

 Elle oblige l'exploitant à prendre en compte les contraintes de l'environnement au moment de la


conception de son projet ;

 Elle donne au public une information sur le contenu du projet et en particulier sur les
réductions des nuisances que s'engage à prendre le demandeur;

 Elle constitue pour l'Administration un élément essentiel de décision.

Le contenu de l'étude d'impact doit refléter l'incidence prévisible de la carrière sur l'environnement et doit
comprendre les éléments suivants :

1. La description de l'état initial du site.

2. Le projet.

3. L'analyse des effets du projet sur l'environnement.

4. Les justifications du choix du projet.

5. Les mesures de protection de l'environnement.

6. La remise en état des lieux.


L'élaboration de l'étude d'impact doit être menée conjointement avec l'étude du projet. En effet, c'est par une
confrontation permanente à chaque phase d’avancement, d'une part de la réflexion technique et d'autre part
de la prise en compte de l'environnement que se réalise l'étude d’impact.

Cette étude doit nécessairement prendre en considération les préoccupations et les recommandations du
public, des autorités locales et de l'Administration.

Elle apportera ainsi une contribution efficace à la recherche d'une indispensable conciliation entre les nécessités
de notre approvisionnement en matériaux et les légitimes préoccupations d'environnement.

L'étude d'impact sur l'environnement d'une exploitation de carrière est un document exigé en vue de
l'obtention de l'autorisation administrative, elle permet d'apprécier, d'évaluer et de mesurer les effets directs et
indirects, à court, moyen et long termes de l'exploitation sur l'environnement.

Le contenu de l'étude d'impact doit refléter l'incidence prévisible de la carrière sur l'environnement.

L'élaboration de l'étude doit être conforme au modèle prédéfini afin de permettre aux responsables de
l'Administration de juger et d'évaluer l'impact réel de la carrière sur l'environnement.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

Législation relative à la réglementation de l’exploitation des carrières :


Le Dahir du 05 Mai 1914 dont les lacunes ont été rattrapées par la circulaire du 08 Juin 1994.
Dahir n° 1-02-130 du 13 juin 2002 portant promulgation de la loi n° 08-01 relative à l’exploitation des carrières.
Cette loi s’applique à tout gîte naturel de substances minérales qui ne sont pas classées dans la catégorie des
mines par le règlement minier en vigueur.
Législation relative aux études d’impact sur l’environnement :
La circulaire conjointe n° 87 du 8 juin 1994.
La loi n° 12-03, parue sur le bulletin officiel du 19/06/2003.
Cette loi définit ces études comme études préalables permettant d’évaluer les effets directs ou indirects pouvant
atteindre l’environnement, à cours, à moyen, et à long terme suite à la réalisation de projets économiques et de
développement, et à la mise en place des infrastructures de base, et de déterminer les mesures pour supprimer,
atténuer ou compenser les impacts négatifs et d’améliorer les effets positifs du projet sur l’environnement.
II. ANALYSE DES EFFETS DU PROJET SUR L'ENVIRONNEMENT:
L’analyse des conséquences prévisibles directes et indirectes de la carrière sur l'environnement ; inventaire des
effets sur l'environnement générés par l'industrie extractive.

1 - Impact sur les eaux: - la modification de l'écoulement hydrique:


* la déviation des cours d'eau;
* l'augmentation de la charge solide;
- la modification de la piézométrie de la nappe;
- la modification de la productivité des captages;
- la modification de la qualité des eaux.
2 - L'impact sur les sols:
- l'érosion en amont et en aval de la carrière.
3 - L'impact sur les cultures et les forêts:
- l'évaluation des surfaces agricoles décapées et forestières déboisées;
- la vulnérabilité et la sensibilité des cultures et des forêts aux émanations de poussières.
4 - L'impact sur le milieu naturel:
- la destruction de la flore sur le site;
- le déplacement de la faune;
- la modification de la diversité de la faune et/ou de la flore en périphérie;
- le bouleversement de la structure du sol.
5 - L'impact sur le paysage:
- la forme de l'excavation;
- le défrichement;
- la position de l'installation de traitement;
- les positions et dimensions des stocks de matériaux extraits et de découverte;
- l'aspect des fronts de taille;
- les contrastes de forme et de couleur;
- le déboisement.
Ces effets pourront être analysés à partir d'illustrations:
- axes de vision ( photographies );
- bloc diagramme;
- analyse paysagère.
6 - L'impact par les bruits:
6.1 - L'origine des effets:Apprécier les niveaux sonores émanant des sources suivantes:
- la foration des trous de mine;
- le tir de mine;

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

- le pétardage;
- le brise-bloc;
- le transport interne;
- l'installation de traitement;
- le transport des produits finis.
6.2 - Les conséquences: - la gêne du voisinage et la détérioration de la qualité de la vie des habitants.
7 - Impact par les vibrations:
7.1 - L'origine des effets:- les tirs de mine.
7.2 - Les conséquences: - risque de dégâts aux constructions voisines;
- gêne aux voisinages;
- modification de la structure géologique profonde(disparition de sources).
8 - L'impact par les poussières:
8.1 - L'origine: - l'abattage;
- l'installation de traitement;
- le transport;
- les stocks (action du vent).

8.2 - Les conséquences: - action sur la santé publique;


- détérioration de la qualité de la vie;
- augmentation de la teneur en fine des eaux de ruissellement.
9 - La sécurité:
Evaluer les dangers que peut présenter l'exploitation de la carrière pour le personnel et les tiers ; et en
particulier les dangers dus:- à l'évolution et au maniement du matériel utilisé;
- à la circulation des camions de transport;
- à l'emploi d'explosifs;
- aux projections d'éclats de roches;
- aux vibrations;
- aux difficultés d'accès à la carrière.
10 - L'impact sur l'activité socio-économique:Evaluer l'impact de la carrière sur les activités socio-économiques.
 L’Impact des Carrières sur le Système Hydrogéologique:
Les effets de l'ouverture de carrières dans la plaine alluviale sont: risque de destruction du réservoir, du
régulateur hydraulique et du filtre que constituent les alluvions et pollution directe par déversements
accidentels. La gravité de l'impact est fonction de la taille de la carrière.
Quant au comblement des carrières, c’est un moyen de restauration du site, mais il ne remplace pas le filtre et
le régulateur hydraulique originels car il n'a pas la texture et la perméabilité de la couche sablo-graveleuse
alluviale. Il est hétérogène, fait de dépôts variés dont la perméabilité est généralement ou beaucoup plus forte
ou beaucoup plus faible que dans le milieu initial : terres argilo-sableuses ou caillouteuses, déchets inertes
d'usines (chutes de parpaing aggloméré par exemple), pierraille, éléments de charpentes... Le risque est de deux
ordres: modifications des écoulements souterrains (perméabilité faible, moindre filtration, effet de barrage
éventuel et risques de pollution du milieu (dépôts toxiques...)
Les déchets ménagers et industriels, polluants, ne sont plus admis en carrières en application de la
règlementation. Mais nombre de décharges anciennes exercent encore leur influence sur la nappe. De plus, du
fait de leur étendue, il est difficile de surveiller ce qui est jeté au fond de ces anciennes gravières.
 Sur les Milieux Naturels :

♦ Destruction directe partielle ou totale des milieux sensibles : destruction des milieux écologiques
intéressants, morcellement de prairies, de bois ou d'anciens chenaux.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

♦ Conséquences indirectes:
- Modification des contraintes hydriques; l'abaissement des niveaux d'eau conduit à des modifications
de l'équilibre hydrique des sols environnants et donc des conditions de végétation. Il y a dérive floristique
et banalisation des milieux. L'impact est plus important en cas de rabattement de nappe qui peut aboutir
à l'assèchement de zones humides voisines.
- Isolement de milieux naturels ; Dans le cas de milieux très riches conservés au milieu de zones banales
et dégradées, la gestion en devient artificielle et rarement pérenne.
Cas particulier des carrières en milieux rocheux
L'impact majeur concerne le paysage qui peut être défini par son intérêt et son caractère. La sensibilité du
paysage à partir de ces deux critères prend en compte les notions de fréquentation et de visibilité. Ce sont les
carrières visibles (à flanc de versant) en bordures des axes routiers qui sont les plus marquantes. Une étude est
à réaliser en fonction de la sensibilité des paysages où interviennent intérêt et caractère. Plus ces deux critères
sont remarquables, plus l'aménagement (carrière) sera difficile voire impossible à intégrer et donc à exclure du
secteur le plus sensible.
III. ORIENTATIONS VISANT A REDUIRE L'IMPACT DES CARRIERES SUR L'ENVIRONNEMENT :
 Mesures relatives aux SIBE (quel que soit le gisement)

L'exploitation de nouvelles carrières n'est pas tolérée dans les SIBE (site d’intérêt biologique et
environnemental). Des extensions de carrières existantes pourront être autorisées sous réserve d'étude
approfondie : recensement exhaustif de la faune et de la flore ne mettant en évidence aucune espèce protégée.
 Mesures relatives aux gisements alluvionnaires

■ Ne peuvent être autorisées que des exploitations répondant à des besoins locaux : la destination des
matériaux, déclarée dans la demande d'autorisation, devra être située à 50 Km maximum du centre de
production.
■ Ne peuvent être autorisées que des demandes compatibles avec les Schémas de gestion des carrières établis
par l’autorité.
Par ailleurs, les demandes concernant les carrières nouvelles devront respecter des règles spécifiques relatives,
d'une part à l'implantation vis à vis des voies principales et des zones habitées, et d'autre part à la protection des
monuments classés, des captages et des cours d'eau.

Ces règles sont récapitulées dans un "cahier de prescription", situé en annexe.

IV. REMISE EN ETAT DES LIEUX :


La loi 12/03 réglementant l'exploitation des carrières stipule clairement que l'exploitant est tenu, suite à la
cessation de l'activité pour quelque cause que ce soit de réparer tout dommage causé à l'environnement et à la
sécurité publique et de procéder à la remise en état des lieux, conformément à la législation en vigueur et aux
obligations particulières prévues par le cahier des charges.
L'exploitant n'occupe le site d'une carrière que temporairement, il ne peut donc déterminer seul l'objectif
d'aménagement de celle-ci .Ainsi , la remise en état des lieux d'une carrière et son aménagement seront donc le
fait d'un commun accord entre l'exploitant , le propriétaire du terrain et le futur utilisateur.
C'est donc avant l'exploitation que le schéma d'aménagement d'une carrière devra être défini.

Les principales possibilités d'aménagement des carrières après exploitation sont les suivantes :

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

1°/ remise en état agricole;


2°/ remise en état à des fins de reboisement;
3°/ remise en état écologique;
4°/ remise en état en espace de détente et de loisirs;
5°/ remise en état en décharge contrôlée.
Schéma Départemental des carrières (Roches massives)
******

CAHIER DE PRESCRIPTIONS POUR LES CARRIERES NOUVELLES


******

Le schéma des carrières relatif aux roches massives se compose de deux pièces principales en ce qui
concerne les contraintes s'opposant aux exploitations de granulats :

- Une carte de contraintes environnementales, liées à l'économie agricole.


- Le présent cahier de prescriptions complétant cette carte en exposant certaines limites à l'ouverture
de carrières en fonction de contraintes particulières non cartographiées du fait de la ponctualité de
leur impact.

Entrent dans cette catégorie :


- La vue depuis les principaux axes routiers du département.
- Les nuisances sur les villages et douars : cadre de vie, bruit, poussière ...
- La protection du patrimoine (monuments classés).
- La protection des captageset des cours d'eau.
REGLES régissant l'implantation des carrières en rapport avec la vue depuis les principaux axes routiers.

A partir des voies, l'usager ne devra pas voir de carrières. Cela signifie qu'aucune exploitation à flanc ne
sera autorisée aux abords (environ 3 km) des routes.

Les carrières proches de ces routes devront donc être exploitées en "dent creuse" ou en sommet de
coteaux. Par ailleurs, la conduite des exploitations devra veiller à ce qu'aucun stock, bâtiment,
matériel ... ne soit visible depuis les routes. Le merlon de protection pourra toutefois être retiré en fin
d'exploitation, dans le cadre de la remise en état.

REGLES
RELATIVES
aux
nuisances

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

envers les villages et douars (groupements de maison significatifs, soit au moins une dizaine d'habitations). Les
nuisances en cause sont :
- L’impact visuel des carrières,
- Le bruit,
- Les poussières.
Afin de les limiter, il est retenu les règles suivantes selon la distance séparant la dernière maison du bourg ou du
hameau de l'exploitation :

- Distance inférieure à 250 m : pas de nouvelles carrières autorisées, renouvellements à examiner au cas par
cas.

- Distance comprise entre 250 et 500 m : exploitations à la pelle mécanique et en dent creuse autorisées,
extractions avec tir de mines interdites,

- Distance comprise entre 500 m et 1 km : exploitations interdites à flanc de coteau mais autorisées en dent
creuse,

- Distance supérieure à 1 km : pas de prescriptions mais on privilégiera les carrières en sommet de coteau,
cachées par des.

Règles relatives à la protection du patrimoine


Les sites d’intérêts font l'objet d'une identification sur la carte des contraintes.Pour leur préservation et de leurs
abords la règle d'une interdiction de carrières dans un rayon de 500 m est adoptée.

Règles relatives à la protection des captages


Les exploitations sont interdites dans les périmètres de protection rapprochés des captages, ainsi que dans les
périmètres satellites.
Dans les périmètres de protection éloignés, une exploitation peut être autorisée, sous réserve que :

- Une étude d'impact approfondie, basée sur l'étude hydrogéologique qui a conduit à la définition du
périmètre, démontre clairement que l'exploitation ne présente pas de risque pour le captage.
- Les mesures de protection suivantes, contre les risques de pollution, soient complètement prévues :
. Récupération des eaux de ruissellement
. Création d'une zone étanche pour l'entretien des engins difficilement transportables, les autres véhicules
devant être entretenus en atelier.
Protection des cours d'eau

- Récupération et traitement obligatoires des eaux de ruissellement de l'exploitation avant rejet dans un cours
d'eau.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

L'IMPACT DES BARRAGES SUR L'ENVIRONNEMENT

Le terme barrage est souvent utilisé exclusivement pour les ouvrages qui barrent plus que le lit mineur du cours
d’eau. Dès qu’ils se sont sédentarisés, les hommes ont commencé à aménager les rivières pour adapter leur
environnement à leurs besoins : conserver l’eau, permettre l’irrigation, se protéger contre les crues, faciliter la
navigation, produire de l’énergie, évacuer leur déchets, etc. Il semble ainsi que les plus anciens barrages aient
été construits au Moyen Orient il y a probablement plus de 6 000 ans. Beaucoup plus tard, Les grandes crues de
la fin du XIXème siècle, associées à la découverte de l’électricité vont justifier la construction de barrages de plus
en plus hauts et capables de stocker des volumes d’eau de plus en plus importants.

De point de vueécologique on répartit les barrages en 4 catégories :


 Barrière totale : La barrière est infranchissable pour les espèces-cibles et constitue un obstacle total à
leur migration vers l’amont. Il est toutefois possible que dans des conditions exceptionnelles le
caractère infranchissable de l’obstacle soit momentanément levé pour une fraction de la population.

 Barrière partielle à impact majeur : La barrière représente un obstacle majeur à la migration vers
l’amont des espèces-cibles car elle est infranchissable une grande partie du temps et/ou pour une
grande partie de la population (plus des 2/3). Le franchissement de l’obstacle n’est possible qu’une
partie limitée de la période de migration et pour une fraction limitée de la population du groupe
considéré et peut provoquer des retards de migration préjudiciables au bon déroulement de la
reproduction.

 Barrière partielle à impact significatif : La barrière représente un obstacle significatif à la migration vers
l’amont des espèces-cibles. Si elle est franchissable une grande partie du temps et cela pour la majeure
partie de la population, elle est néanmoins susceptible de provoquer des retards de migrations non
négligeables, voir être infranchissable une partie de la période de migration pour une fraction de la
population du groupe considéré (moins de 1/3).

 Barrière franchissable à impact limité : La barrière ne représente pas un obstacle significatif à la


migration vers l’amont des espèces-cibles car la plus grande partie de la population est capable de la
franchir. Cela ne signifie pas que la barrière ne pose aucun retard de migration ou qu’absolument tous
les poissons la franchissent.

L’ensemble de ces ouvrages constituent des obstacles à l’écoulement dans la mesure où ils perturbent le libre
écoulement des eaux, mais également le transport des sédiments ou la circulation des espèces aquatiques.Les
principales perturbations sont les suivantes :

 Modifications du régime de la rivière.Une retenue modifie évidemment la fréquence, la durée et


l’importance des crues ou des périodes d’étiage à l’aval.Les barrages importants, du fait du fonctionnement des
installations de production hydroélectrique, ont également un effet sur l’évolution du débit à l’échelle
journalière comme l’illustre la figure suivante qui montre l’évolution du débit du Rhône à Vouvry avant et après
la construction du barrage. Ces modifications impactent les espèces présentes à l’aval du barrage, et en
particulier celles qui vivent sur la berge dans la zone de
marnage à la limite du niveau moyen des eaux.

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Géologie de l’ingénieur EHTP – Bensallam– 2016

 Modification des processus d’érosion à l’amont et à l’aval. La retenue créé un point dur et diminue les
processus d’érosion latérale à l’amont avec pour conséquence une plus grande stabilité des milieux naturels. Le
contrôle des crues modifie également les processus d’érosion à l’aval de la retenue.
 Modification des processus de transport solide. Le piégeage des sédiments grossiers (galets, graviers et
sables) dans la retenue réduit la recharge alluviale à l’aval ce qui a pour conséquence une érosion du lit mineur
de la rivière. Ce phénomène entraîne par ailleurs un comblement de la retenue.
 Piégeage des sédiments fins dans la retenue. L’accumulation des sédiments fins dans la retenue se
traduit généralement par un changement radical des espèces occupant le milieu. Dans le cas des barrages
importants, pour éviter le comblement de la retenue et la diminution associée de la réserve d’eau, il est
nécessaire d’effectuer régulièrement des chasses (purges) en ouvrant les vannes de fond du barrage pour
évacuer les sédiments. On envoie alors vers l’aval des flux très importants de particules fines, souvent polluées,
qui peuvent avoir des effets très négatifs sur la rivière et ses usages.
 Modification des conditions écologiques à l’amont de la retenue. Dans la retenue, la profondeur de l’eau
augmente et la vitesse diminue, les habitats se transforment. Ceci a pour conséquence le remplacement des
espèces naturelles par des espèces préférant les courants lents et les fortes profondeurs.
 Modification des conditions écologiques à l’aval de la retenue. Dans la retenue, l’eau se réchauffe,
parfois de plusieurs degrés, ce qui entraîne une diminution de sa concentration en oxygène. La capacité
d’autoépuration du cours d’eau change. Les polluants présents dans les sédiments se relarguent par bouffées.
En conséquence, la qualité de l’eau à l’aval se dégrade et les risques d’eutrophisation augmentent. Ces
transformations affectent fortement l’ensemble des espèces présentes dans la rivière et en particulier les
peuplements piscicoles à l’aval de la retenue.
 Obstacle au déplacement des migrateurs.Un barrage constitue un obstacle à la circulation des espèces
piscicoles, à la fois à la montaison (de l’aval vers l’amont) et à la dévalaison (de l’amont vers l’aval). Certains
barrages sont même totalement infranchissables. Les barrages constituent des obstacles à la fois pour les
grands migrateurs (saumons, aloses, anguilles, etc.) mais également pour les espèces plus locales dont l’habitat
se trouve fragmenté. Ceci est vrai pour les poissons, mais également pour toutes les autres espèces aquatiques
(mollusques, invertébrés, etc.).

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