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COURS DE GEOLOGIE

STRUCTURALE

A. S. TRAORE
Janvier 2024
PLAN DU COURS

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Chapitre I – GENERALITES
INTRODUCTION GENERALE

CHAPITRE I : Structure de la partie externe du globe terrestre :


l'asthenosphère et la lithosphère
I- Critère de coupure
II- Océans et continents
III- Les plaques lithosphériques

CHAPITRE II : Les grandes figures aux limites des plaques


I- Les marges passives
II- Le bassin océanique
III- Les marges actives (marges de type pacifique)
IV- La faille transformante
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CHAPITRE III : les chaines de montagne associees aux
marges actives
I- Les chaînes de subduction (convergence océan-continent)
II- Les chaînes d'obduction (convergence océan-océan)
III- Les chaînes de collision (convergence continent-continent)
IV- Les collages

Chapitre IV : Les structures intraplaques


I- Les structures intraplaques océanique
II- Les structures continentales de distension
III- Les chaînes intracontinentales
IV- Les grandes structures associées aux chaînes
intracontinentales : Chevauchements et nappes de charriage

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CHAPITRE V : Déformations globales et actuelles et
leurs implications sismologiques

CHAPITRE VI : la tectonique archéenne et


paléoprotérozoïque
I) L’archéen
II) La transition Archéen Protérozoïque
III) Le Paléoprotérozoïque

CHAPITRE VII : genèse de la croûte continentale


granitique
I) Le modèle diapirique
II) Ascension le long de fractures
III) Les structures internes des plutons

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUE

1) Allègre C.,1983. L'écume de la Terre. Fayard, 366 pages


2) Allègre C., Les fureurs de la Terre. Edition odile Jacob, 1987.
3) Caron, J.M. et al., 1989. La planète Terre. Edition Ophrys, 271 p.
4) Chernicoff, S. et Ramesh V. Geology. Worth publishers, 1995, 593 p.
5) Choukroune, P. Déformations et déplacements dans la croûte
terrestre. Edition Masson, 1995, 226 pages.
6) Debelmas J. et Mascle G., 1994. Les grandes structures
géologiques. Edition Masson, 299 pages.
7) Foucault, A. et Raoult, J.F., 1988. Dictionnaire de géologie. 3ème
Edition Masson, 1992, 352 pages.
6
8) Kornprobst, J., 1994. Les roches métamorphiques et leur
signification géodynamique. Edition Masson, 224 Pages. Edition
Masson.
9) Lliboutry, 1982. Tectonophysique et géodynamique.
10) Mehier Bruno, Magmatisme et tectonique des plaques. Edition
Ellipses, 252 pages
11) Merle Olivier, Nappe et chevauchement, Edition Masson.
12) Nicolas, A., 1990. Les montagnes sous la mer, Edition BRGM.
13) Thompson, G.R. et Turk, J., 1997. Modern physical geology.
Saunders Col. Publishing, 520 pages.
14) Wilson M., 1989. Igneous petrogenesis. A global tectonic
approach. Chapman et Hall, 466 pages.
15) Westphal M., 2002. La tectonique des plaques. Edition CPI. 7
Présentation du cours

Le cours de tectonique globale adressé aux étudiants de la


licence (semestre 4) en géologie appliquée et mines est prévu
pour se dérouler en 24 heures. Il aborde la tectonique
Archéenne et la tectonique moderne des plaques et met en
évidence les styles tectoniques qui ont marqué deux périodes
différentes de l'histoire de la Terre.
Cet enseignement est directement en lien avec le cours de
géologie structural. Il permet de passer en revue les grands
phénomènes géodynamiques et de comprendre la dynamique
terrestre passée et actuel.
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
●Tectonique vient du grec « tektonikos », qui est relatif à
la charpente, donc à l’architecture : C’est l’ensemble des
déformations ayant affecté des terrains géologiques
postérieurement à leur formation (cassures, plis, schistosité,
etc.). On en exclut les déformations mineures des sédiments qui
se font pendant leur dépôt (déformations synsédimentaires).
La tectonique peut être envisagée à différentes échelles :
centimétrique (microtectonique), régionale (géologie
structurale), mondiale (tectonique globale), La tectonophysique
est la branche qui utilise plus spécialement des méthodes
physiques. 9
Chez les francophones, le terme géologie structurale est
souvent employé comme synonyme de tectonique alors que
pour les anglo-saxons, géologie structurale (Structural geology)
est l’équivalent de l’étude de la géométrie des structures et le
terme tectonique (tectonic) est l’étude des structures en relation
avec les mouvements et forces qui les ont créés c'est-à-dire en
relation avec la cinématique et la dynamique

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● La structure du globe terrestre

Une coupe du Globe terrestre montre qu’il est constitué de


l’intérieur vers l’extérieur :

- Le noyau
Le noyau occupe environ 20% du volume total de la Terre. Il se
subdivise en un noyau central ou graine (solide) composé de fer
à 80 % et de Ni à 20 % et un noyau périphérique ou noyau
externe (liquide) composé de 86% de fer, 12% de soufre et 2%
de Ni. Entre ces deux compartiments du noyau, on retrouve la
discontinuité de Lehman (environ 5100 km).
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Coupe géologique du globe terrestre

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- Le manteau
Le manteau se subdivise en trois compartiments qui sont :
 Le manteau inférieur ou mésosphère (solide),
 L’asthénosphère (pâteux)
 Et le toit du manteau ou manteau lithosphérique (rigide).
Ces trois compartiments aux propriétés mécaniques
contrastées ont cependant les mêmes compositions où
prédominent les éléments chimiques comme le Mg, le Fe, le Si
et l’oxygène. Le manteau est séparé du noyau par la
discontinuité de Gutenberg (2900 km).

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- La croûte ou écorce terrestre
La croûte terrestre a une épaisseur variable (10 à 60 km). Dans
sa composition prédominent les éléments chimiques tels que le
Si, Al, Fe, oxygène, …
La croûte est séparée du manteau par la discontinuité de
Mohorovicic ou Moho.

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● La lithosphère et les plaques lithosphériques
Dans la dynamique des enveloppes de la Terre on est parfois
amené à regrouper le toit du manteau ou manteau lithosphérique et
la croûte Terrestre qui ont des caractéristiques mécaniques voisines
pour constituer un ensemble qu’on appelle la lithosphère rigide par
opposition à l’asthénosphère pâteux sous-jacente.
La lithosphère n’est pas continue mais elle est découpée en un
certain nombre de provinces géographiques indépendantes que l’on
appelle les plaques lithosphériques. Une plaque lithosphérique est
séparée de sa voisine par une limite qui peut être une limite de
convergence (zone de subduction), une limite de divergence (ride
médio-océanique) ou une limite de coulissage (faille transformante).
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L’asthénosphère par son comportement plastique, un peu
pâteux est le siège des courants de convections à l’origine du
mouvement des plaques lithosphériques.

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Les principales plaques lithosphériques

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Principale Plaque
Ces sept plaques forment le majeure partie des continents et de
l'océan Pacifique :
• plaque africaine
• plaque antarctique
• plaque australienne (parfois intitulée indo-
australienne ou australo-indienne)
• plaque eurasienne
• plaque nord-américaine
• plaque pacifique
• plaque sud-américaine
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Plaques secondaires

• plaque arabique
• plaque caraïbe
• plaque de Cocos
• plaque Juan de Fuca
• plaque de Nazca
• plaque philippine
• plaque Scotia
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CHAPITRE I : STRUCTURE DE LA PARTIE EXTERNE DU
GLOBE TERRESTRE : L'ASTHENOSPHÈRE ET LA
LITHOSPHÈRE

I- critère de coupure
Deux critères sont employés pour différencier les parties externes
du globe terrestre :
1) Critère mécanique
Ce critère est basé sur la rigidité et la viscosité qui permettent de
distinguer la lithosphère rigide de l'Asthénosphère visqueuse. La
lithosphère est séparée de l'Asthénosphère à environ 100 km de
profondeur par une discontinuité sismique qu'on appelle la L.V.Z
(Low Velocity Zone). La lithosphère peut se déplacer sur
l'Asthénosphère qui se comporte comme un fluide visqueux. 20
2) Critère compositionnel
C'est un critère basé sur la nature des roches constitutives. On
distingue ainsi : (i) la croûte qui constitue la partie superficielle
du globe. Elle est constituée par la croûte continentale qui a une
composition chimique de granite et par la croûte océanique qui
a une composition chimique de gabbro, (ii) le Manteau qui
forme les parties profondes du globe ; les roches qui constituent
le manteau sont des péridotites. Croûte et manteau sont
séparés par la discontinuité de Mohorovicic (Moho) qui est une
discontinuité sismique dont la profondeur moyenne est
d'environ 30 km.
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II- Océans et continents
Deux zones sont à considérer séparément car leurs caractères
géologiques superficiels et leurs structures profondes sont
différentes ; ce sont les océans et les continents.
1) Les continents
La lithosphère continentale est épaisse de 125 km environ. Elle
comprend la croûte continentale de 25 à 70 km d'épaisseur dont la
composition moyenne est celle des granites (densité 2,7 à 2,9) qui
surmonte une partie du manteau (toit du manteau ou manteau
lithosphérique) dont l'épaisseur moyenne est de 100 km. La
lithosphère continentale surmonte l'Asthénosphère dont l'épaisseur
est de 475 km environ et qui appartient au manteau. Le manteau a
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une épaisseur totale de 2850 km.
2) Les océans
La lithosphère océanique a une épaisseur de 70 km environ. Elle
comprend une croûte de 7 km d'épaisseur en moyenne et est
constituées de basaltes et de gabbros plus ou moins cumulés
(densité de 3,8 à 5,5) surmontant le manteau lithosphérique dont
l'épaisseur est de 60 à 65 km. La lithosphère océanique
surmonte une asthénosphère de 630 km d'épaisseur. Le
manteau sous océanique a une épaisseur totale de 2875 km.
Remarque : Le Moho qui marque la base de la croûte et le
sommet du manteau se trouve donc à l'intérieur de la lithosphère
et des plaques lithosphériques.
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III- Les plaques lithosphériques
La lithosphère qu'elle soit océanique ou continentale ne
forme pas une couche continue du globe terrestre. Elle est
fragmentée en plaques plus ou moins vastes qui peuvent se
déplacer les unes par rapport aux autres. Lors de leur
déplacements, les plaques se comportent comme des corps
rigides et seules les frontières de plaques enregistrent des
déformations

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1) Nature des plaques
Trois grands types de plaques peuvent être distinguées d'après
leurs structures et leurs compositions :
- Les plaques océaniques dont la partie supérieure est
constituée de croûte océanique
- Les plaques continentales dont la partie supérieure est
constituée de croûte continentale
- Les plaques mixtes en partie continentales et en partie
océanique

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2) Mouvements des plaques
Aux frontières des plaques, les mouvements observés
(directement mesurés ou interprétés à partir de la géologie)
indique trois types de déplacements : la convergence, la
divergence et le décrochement. Les vitesses mesurées sont de
l'ordre de 20 cm à 1 cm par an.

26
Déplacement des axes des dorsales océaniques et l’accrétion
correspondante (direction et vitesse en cm/an)

27
Déplacement des axes des dorsales océaniques et l’accrétion
correspondante (direction et vitesse en cm/an)

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Les principaux types de mouvements aux limites des plaques
lithosphériques

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Faille Normale: elle est caractéristique des
limites de divergence
Faille inverse : elle est caractéristique des limites
de convergence
Faille décrochante: elle est caractéristique des
limites de coulissage
Les plaques convergentes : Les limites de plaques s'affrontent créant ainsi un
problème d'espace qui se résout soit par la subduction, soit par la collision ou soit
l’obduction. (*) La subduction est le passage d'une des plaques sous l'autre. La
plaque qui s'enfonce est le plus souvent de type océanique car celle-ci est
généralement plus dense. La plaque en subduction s'enfonce dans le manteau
suivant un angle variable. Le plan de subduction est le lieu de séismes profonds
qui se disposent dans un plan appelé le plan de Benioff-Wadati. (*) L'obduction est
le passage anormale d'une plaque océanique sur une plaque continentale ;
l'obduction s'observe dans des zones assez limitées sur le globe terrestre. (*) la
collision a lieu lorsque les plaques qui s'affrontent ont une densité voisine. Elle
donne lieu à un raccourcissement régional produisant des déformations souples
ou des ruptures fragiles suivant les niveaux structuraux : c'est l'orogenèse. La
zone de contact entre deux plaques en collision s'appelle la suture (exemple la
suture entre l'Inde et le bloc eurasiatique est une cicatrice proche de laquelle
coule le fleuve Yalong Tsangpo). La convergence des plaques de manière
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générale entraîne l'épaississement crustal
Les plaques divergentes : Il s'agit d'un mouvement
d'éloignement de deux limites de plaques. Le mouvement peut
être perpendiculaire ou oblique par rapport aux limites. Un "vide"
est ainsi crée entre les plaques. Ce vide appelé Ride dans les
océans ou Rift sur les continents, est immédiatement comblé
par une arrivée de produits magmatiques (venant de
l'Asthénosphère) formants des intrusions ou faisant éruption
dans la zone de séparation. Cet apport de matière aussi bien
superficiellement qu'en profondeur contribue à former une
nouvelle lithosphère océanique : c'est le phénomène d'accrétion.
La divergence des plaques entraîne l'amincissement crustal.
34
Les plaques coulissantes : Le décrochement d'une limite de
plaque par rapport à sa voisine s'effectue avec frottement le long
d'une faille verticale ou presque qui est le lieu d'important
séismes. Ce sont les faille transformantes qui affectent la
lithosphère tout entière à l'opposée des failles transcurrentes qui
sont d'échelle régionale également mais qui n'affectent que la
seule épaisseur de la croûte.

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Les principaux mouvements des
plaques lithosphériques

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L'évolution des mouvements des plaques par rapport au référentiel
terrestre demande un repère fixe sur le globe et nécessite
l'enregistrement de sa trajectoire sur les plaques en mouvements. la
découverte des "points chauds" ancrés profondément dans le manteau
fournit ce repère fixe. Il s'agit d'anomalies thermiques du manteau qui
ont pour effet une activité magmatique accrue à leur aplomb; le
mouvement de la plaque au-dessus du point chaud se marque par un
alignement d'îles volcaniques au cœur d'une plaque océanique stable
dont les âges évoluent de façon continue d'une extrémité à l'autre, la
direction du mouvement est celle de l'alignement des volcans ; le sens
est celui des âges absolus croissants. Connaissant les âges absolus
des différentes îles et la distance qui les séparent, on peut retrouver la
vitesse absolue de déplacement de la plaque océanique.
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Evolution des points chauds du pacifique entre le crétacé et l'époque
actuelle. On notera le changement de direction à l'Eocène

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CHAPITRE II : LES GRANDES FIGURES AUX LIMITES DES
PLAQUES

La transition entre le continent et l'océan se fait soit par le biais


d'une marge passive (marge de type Atlantique) ou d'une
marge active (marge de type pacifique).

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I- Les marges passives
Une marge passive (marge de type Atlantique) comprend de
l'intérieur vers l'extérieur (c'est à dire en s'éloignant du rivage) :
- Un plateau continental (0 à 200 m) avec une pente très faible (~
0,1°), une largeur de 5 à 1500 km et une épaisseur crustale de 30 à
35 km.
- La pente continentale ou talus continental (200 à 4000 m) avec
une pente importante (1 à 5°). Elle est étroite (10 à 100 km) et
entaillée de canyons sous marins. C'est le lieu de l'amincissement
crustal (< 30 km) et la véritable zone de transition entre la croute
continentale et la croute océanique.
- Le glacis continental (2500 à 5000 m) est le lieu d'accumulation de
40
sédiments au pied de la pente.
Une marge passive est caractérisée par de la subsidence
thermique (enfoncement lié au refroidissement de la croûte
océanique) et des failles normales qui ont fonctionné pendant la
phase de rifting et qui se sont arrêtées dès que l'océanisation a
commencée. 41
II- Le bassin océanique
II.1- La plaine abyssale
A la suite du glacis continental (limite de la marge
passive), nous avons la plaine abyssale (profondeur de 2500 à
5000 m) caractérisé par une croute océanique légèrement
recouvert de sédiments.

42
43
II.2- Les dorsales médio-océaniques
Il s'agit d'une structure présente dans tous les océans du
globe. Elle est caractéristique de limites de plaques divergentes.
Topographiquement, il s'agit d'une "chaîne de montagne" qui
parcoure le fond des océans de toute la planète. Sa largeur
pouvant varier de 1000 à 2000 km pour des hauteurs de 2500 à
4000 mètres (par rapport au fonds océaniques). L'axe de ce relief
est marqué par un fossé d'effondrement qui est le rift, profond de
1000 mètres et large de 10 à 50 km. Le rift est bordé de failles de
distension sismiquement actives jalonnées d'épanchements
volcaniques.
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Dorsales et rifts sont décalés en de nombreux tronçons par des
fractures transversales (faille transformantes) qui sont
également le siège de séismes.
Dans certaines régions les dorsales émergent et forment alors
des îles volcaniques constituées principalement de basaltes
tholéiitiques (Jan Mayen, Island, Açores, Ascension).

45
46
III- Les marges actives (marges de type pacifique)
Les marges actives sont situées à la verticale d'une zone de
subduction et montrent de ce fait une activité sismique et
volcanique chronique. L'activité magmatique est exprimée par
l'existence d'un arc volcanique (ou arc magmatique).
Les marges actives sont soumises à d'incessantes actions
tectoniques car elles constituent des limites de plaques. Certaines
travaillent donc au rapprochement avec la plaque voisine (régime
compressif dominant), d'autres à l'écartement c'est à dire à un
régime distensif dominant pouvant aboutir à l'émiettement de la
marge qui passe alors à un arc insulaire séparé du continent par un
bassin arrière arc, voire une mer marginale, à croûte océanique.
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Il y a donc deux types de marges actives : celle bordant
effectivement un continent d'une part et les arcs insulaires à
substrat de croûte continentale d'autre part.
Dans tous les cas, ce qui est caractéristique d'une marge active
c'est la présence d'une fosse sous marine ("trench") et d'un arc
volcanique. Ces deux éléments sont séparés par un prisme
d'accrétion. En arrière de l'arc volcanique, les structures
observables dépendent du régime distensif ou compressif
auquel est soumise la marge en question.

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Les différentes partie de la marge active

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Marge active droite et marge passive à gauche

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Les principaux éléments d’une zone de subduction
Arc volcanique
Bassin avant-arc

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Coupe théorique d’une marge active en régime de distension
(marge de type est-asiatique). Coupe inspirée de l’arc
indonésien.

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Coupe théorique d’une marge active en régime de compression
(marge de type ouest-américain). Coupes inspirées des Andes du
Sud Pérou-Chili-Bolivie (B) et du Pérou central-Bolivie (C).

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a) La fosse de subduction
Elle offre les plus grandes profondeur connues Exemple : la
fosse des Mariannes qui est une fosse de subduction a une
profondeur d'environ 11020 m. La fosse de subduction est
étroite et allongée. Sa pente externe (côté océan) est douce (2
à 5°). Le fond de la fosse est constitué de croûte océanique ±
revêtue de sédiments. Il est plat, le plus souvent vide mais
parfois rempli de turbidites d'épaisseur variable. Pour ce qui
concerne la pente interne (côté continent) deux cas de figures
se présentent :

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La fosse de subduction

56
La fosse de subduction

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- La pente est la bordure du substrat de l'arc volcanique, c'est à dire
de la croûte continentale avec ses structures anciennes.
L'existence de faille en distension y est générale : ce sont les
marges actives dites extensives. Les sédiments apportés à la fosse
sont totalement engloutis avec la lithosphère océanique plongeante.
- La pente montre un empilement complexe de lames faites de
sédiments abyssaux d'origine océanique. Dans ce cas les
matériaux apportés par la lithosphère océanique plongeante ne
s'enfoncent pas en totalité dans la zone de subduction et sont
empilés en lames successives sous les apports plus anciens. Ce
cas est caractéristique des marges dites compressives et l'édifices
ainsi formé est un prisme d'accrétion tectonique.
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Le prisme d'accrétion (arc sédimentaire) quand il existe se
développe entre la fosse et l'arc volcanique. Les structures
caractéristique du prisme sont des plis et des écailles
chevauchantes à vergence océanique. Au point de vue
sédimentologique, ces prismes se caractérisent par la présence
de "mélanges" dus à l'action conjuguée d'une bréchification
tectonique et d'une désorganisation des sédiments par
glissement sous marin.
Au point de vue morphologique, le prisme d'accrétion peut
apparaître soit comme un simple ressaut au flancs de l'arc
volcanique soit comme une ride sous-marine franche, parfois
émergée : on parle alors d'arc sédimentaire. 59
b) L'arc volcanique
L'arc volcanique est parfois aussi appelé arc magmatique car il
existe en profondeur des plutons surtout granodioritique. On les
voit affleurer dans les arcs anciens plissées soulevés et érodés.
Les arcs volcaniques peuvent se présenter de trois façon :
- Les arcs situés sur une marge continentale proprement dite qui
s'installent sur la bordure émergée d'un continent (Andes).
- Les arcs insulaires à substrat continental, séparés du continent
voisin par une mer marginale (Japon, Nouvelle Zélande).

60
- Les arcs intermédiaires entre les deux types précédents,
c'est à dire ceux des péninsules continentales actives
émergées (Kamtchatka, Aléoutiennes orientales et Alaska-
Ouest) ou ceux d'une véritable bordure continentale mais
immergée (Indonésie).
Ces trois types ont en commun un substrat de roches
continentales parfois aminci, ce qui les différencie des arcs
volcaniques intra-océanique, pourtant liés à une subduction
mais où aucune marge continentale n'intervient.

61
62
Les arcs de marges actives sont relativement étroits (largeur
inférieure à 50 km pour la plupart d'entre eux). Le volcanisme y
apparaît à une distance d'au-moins 100 km de la fosse. Pour que
ce volcanisme se déclenche, il faut que la lithosphère plongeante
atteigne une certaine profondeur (100 à 150 km) pour un pendage
de 45°, la longueur subductée doit être de 140 km.
Le volcanisme y est particulièrement violent, dangereux car
souvent explosif. Il est caractérisé par l’émission de laves,
basaltiques et andésitiques.
Les arcs magmatiques associés ont une longueur cumulée de
30000 km environ dont 25 000 pour la ceinture de feu du
Pacifique.
63
Le magma des zones de subduction se forme en profondeur par
fusion partielle des péridotites du manteau de la plaque
chevauchante, en présence d’eau. L’eau provient de la
transformation des matériaux de la plaque plongeante, soumis,
lors de la subduction, à des conditions de température et de
pression différentes de celles dans lesquelles ils se sont formés.
Les roches de la lithosphère océanique plongeante se
transforment en roches métamorphiques qui contiennent des
minéraux caractéristiques des zones de subduction, stables dans
des conditions de haute pression et basse température. Ces
transformations minéralogiques s’accompagnent d’une
déshydratation.
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Le magma formé dans le manteau, moins dense que
l’encaissant monte et peut se différencier formant des roches
de compositions chimiques différentes.

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c) Les produits magmatiques
Les laves des arcs sont en général saturées ou sursaturées
en silice et varient depuis les basaltes jusqu'aux rhyolites en
passant par les intermédiaires andésites et dacites. Suivant la
proportion de SiO2 et de K2O, on distingue quatre séries
magmatiques :
- La série tholéiitique à « quartz », que l’on rencontre dans les arcs
jeunes et dans les bassins arrière-arcs. Elle forme les « tholéiite
d’arc »
- La série calco-alcaline que l’on rencontre un peu partout, en
particulier dans la « ceinture de feu du pacifique ». Elle sert à former
les andésites dominant, les basaltes calco-alcalins et les dacites.
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- La série alcaline plus interne, qui caractérise les arcs plus
anciens et les cordillères des marges actives.
- La série shoshonitique, plus interne encore et plus importante
dans les cordillères de type andin.
- Les séries d'arc de manière générale sont riches en calcium
et alumine et pauvres en Ti.

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IV- La faille transformante
On désigne par faille décrochante, toute faille dont le
mouvement est essentiellement horizontal (strike-slip fault en
anglais). La faille coulissante par contre a une définition
beaucoup plus restrictive. Elle désigne les failles décrochantes
qui n'affectent pas les limites de plaques (son équivalent anglais
est transcurrent fault). La différence entre la faille transformante
et la faille transcurrente réside au fait que la faille transformante
affecte la lithosphère toute entière alors que la faille
transcurrente ne se limite qu'à la croute.

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Les dorsales ne sont pas continues mais hachées de failles
transversales qui provoquent une série de décalages plus ou
moins importants de leurs tracés. La faille transformante est une
image de la fissure à partir de laquelle s'est ouvert l'océan
correspondant. Ce qui différencie les transformantes des
décrochements classiques c'est que le décalage entre les deux
segments de dorsale ne varie pas. Le seul mouvement qu'on y
observe est celui de l'accrétion océanique, c'est à dire le
mouvement de tapis roulant des planchers océaniques
juxtaposés. C'est seulement dans le segments séparant les deux
tronçons de la dorsale que les déplacements se font en sens
contraire et qu'on observe donc des foyers sismiques. 70
Au-delà, les déplacements se font dans le même sens si bien
que l'activité sismique redevient faible ou nulle. Une faille
transformante au sens strict est celle qui transforme un
processus d'accrétion en un processus de subduction. Mais
dans un sens beaucoup plus large on distingue trois types
d'accidents à travers ce terme :
- Les failles de rift à rift qui décalent simplement le rift de la
dorsale
- Les failles de rifts à fosse de subduction qui sont les vraies
transformantes
- Les failles de fosse à fosse, très rares, elles ont une
morphologie assez complexe, jalonnée de bassin et de rides.71
Entre A et B se trouve la portion sismiquement active d'une faille
transformante au delà, l'activité est faible ou nulle

72
CHAPITRE III : LES CHAINES DE MONTAGNE ASSOCIEES
AUX MARGES ACTIVES

I- Les chaînes de subduction (convergence océan-continent)


Dans le cas de la subduction, deux cas de figures peuvent se
présenter :
- Des subductions à forte pente (pendage ≥ 30°), donnant à la
surface de la plaque chevauchante des structures de distension
et du magmatisme.
- Des subductions à faible pente (1 à 10°) avec à la surface de la
plaque supérieure, des structures de compression et pas de
magmatisme.
73
Les chaînes de subduction sont des chaînes qui apparaissent à
la verticale d'une zone de subduction lorsqu'il y règne un régime
compressif. Ces chaînes n'apparaissent que dans le cas où la
plaque lithosphérique en subduction s'enfonce suivant un angle
très faible. Le pendage de la zone de subduction est sous la
dépendance de plusieurs facteurs :
- Le facteur principal est la convergence ± rapide des plaques
en présence. Ce facteur dépend de la tectonique globale.
- La plus ou moins grande vitesse d'enfoncement de la plaque
océanique plongeante. Cette vitesse dépend de l'épaisseur de
la plaque plongeante et de son ancienneté. Les lithosphères
anciennes sont plus épaisses, plus froides et plus denses. 74
A l'échelle du globe, les chaînes de subduction ne se rencontre que dans
quelques parties des Andes (Pérou et Bolivie) et dans l'ensemble Java-
Sumatra.
Les structures de déformation rencontrées sont principalement liées à la
compression (chevauchement, faisceau de plis, écailles, ...)
Il n'existe pas de métamorphisme et la schistosité n'est que faiblement
développée, ce qui montre que les déformations ne s'opère qu'à très
faible profondeur.
Dans les parties de la cordillière des Andes où la plaque NAZCA s'enfonce
sous l'Amérique du sud suivant un angle fort (30° environ), un arc
volcanique s'observe. Il est situé à environ 250 km de la fosse de
subduction. C'est là aussi où on observe un magmatisme adakitique
présentant beaucoup de similitudes avec celui des TTG Archéens.
75
Répartition des séismes et variations du pendage du plan de subduction
péruvien (d’après Mégard et Philip, 1976)
A. Pérou nord : plan faiblement incliné, régime superficiel compressif, absence
de volcanisme.
B. Pérou sud : plan plus fortement incliné, régime superficiel distensif,
volcanisme

76
Compression dominante dans la lithosphère chevauchante

77
Régime de compression (ou marge de type ouest-américain). La
coupe est inspirée des Andes Péruviennes. On y retrouve les
restes déformés d’un stade de distension antérieur, notamment
sous la forme des anciens plutons, étirés et recoupés par ceux de
la nouvelle génération.

78
Distension dominante dans la lithosphère chevauchante

79
Régime de distension (marge de type est-asiatique). La coupe est
inspirée de L’arc Indonésien

80
81
II- Les chaînes d'obduction (convergence océan-océan)
L'obduction se défini dans le cas où une lithosphère océanique
chevauche une bordure continentale. Deux théories tentent
d'expliquer cette superposition qui est à priori anormale.
* La première est celle de Coleman. Elle explique l'obduction par
le fait d'une compression brutale qui rend alors secondaire la
différence de densité entre les plaques qui s'affrontent. Du fait de
cette compression le bord du bloque le plus dense parvient à
passer au-dessus du bloc le moins dense. A la fin de l'épisode
de compression, un plan de subduction classique apparaît entre
la lithosphère océanique et la lithosphère continentale et isole
ainsi le bloc obducté. 82
* La deuxième théorie qu'on doit à Davies et Smith (1971) suite à
leurs travaux sur la Nouvelle Guinée et Dewey et Bird (1971) suite
à leurs travaux sur Terre Neuve est celle de la "subduction
bloquée". Selon cette théorie, l'obduction n'est qu'un phénomène
annexe de la subduction. Ainsi dans le cas d'une subduction
intraocéanique à proximité d'un continent, la lithosphère océanique
située du côté du continent (lithosphère plongeante) fini par être
entièrement consommée ou presque laissant passer ainsi la
lithosphère océanique chevauchante sur le continent voisin. Étant
donné que le bloque continental est léger, un équilibre va vite
s'établir et un nouveau plan de subduction apparaître. Ce nouveau
plan isole ainsi la lame obducté qui se fossilise.
83
La chaîne d'obduction la plus célèbre est celle d'Oman dans la
péninsule arabique. Elle culmine à plus de 3000 mètres pour
une importance cartographique de 500 X 100 km. Elle est faite
d'une nappe ophiolitique qui repose sur la plateforme arabe.
L’épaisseur de la nappe est de l’ordre de 15 km dont 8 km de
péridotites qui représentent le toit du manteau comme le montre
leur structure interne.
D'autres chaînes d'obduction sont observées dans le pacifique
sud-ouest (Nouvelle Guinée, Nouvelle Calédonie)

84
Schémas interprétatifs de l’obduction :
A- Selon Coleman
B- Théorie de la subduction bloquée

85
Le mécanisme d’obduction d’après A. Nicolas

86
III- Les chaînes de collision (convergence continent-
continent)
Ce sont des chaînes qui résultent de la collision entre une
marge continentale et :
- Soit une croûte océanique ou un arc insulaire dont le résultat
est une chaîne liminaire,
- Soit une autre marge continentale dont le résultat est une
chaîne de collision au sens strict ou chaîne "géosynclinale" ou
"biliminaire".

87
1) Chaînes liminaires
Les exemples les plus connus sont ceux de la cordillière des
Andes de l'Equateur et de la Colombie ou un arc magmatique
constitué de roches volcaniques principalement mais aussi de
plutons de granodiorite culmine à des hauteurs pouvant
atteindre 6275 mètres. Cet arc a un substrat continental qui a
subi une phase de compression à la fin du mésozoïque (phase
Laramienne) donnant à la chaîne sa structure actuelle. A l'est
de cette chaîne, on retrouve des chaînes de type
intracontinentale dont le matériel semble correspondre au
plissement d'un bassin arrière arc.
88
La compression Laramienne aurait aussi entrainé la collision à
l'Eocène d'un arc intraocéanique (arc de Macuchi) et le
domaine situé entre cet arc et la marge sud-américaine,
domaine où on observe actuellement les lames ophiolitiques
qui marquent la zone de suture.
D'autres cas de chaînes liminaires sont :
- L'île de Taïwan qui résulte de la collision actuellement en
cours de l'arc des Philippines avec la marge chinoise.
- Les chaînes pacifiques de l'Ouest Américain : Les montagnes
rocheuses au sens large, les chaînes côtières et l'axe Sierra
Nevada-Klamath Mountains.
89
2) Les chaînes biliminaires
Elles résultent de la collision de deux marges continentales jadis
séparées par un espace de croûte océanique. La genèse de ces
chaînes impliquant la fermeture d'un domaine océanique, leur
évolution comprend deux stades. Le premier stade étant la
disparition du domaine océanique et le second la collision
proprement dite.
a) La disparition du domaine océanique
Elle s'effectue par la subduction de la plaque océanique. Ce
stade de subduction laisse des traces qui sont : les phénomènes
volcaniques et métamorphiques habituels sur les marges actives,
les écailles et nappes ophiolitiques. 90
b) La collision des marges
Quand les deux marges arrivent en contact, deux cas sont
possibles :
- Le processus de rapprochement est bloqué et le transfert se
fait à une autre limite de plaque. Dans ces conditions on a des
paquets d'écailles ophiolitiques coincés entre des bordures
continentales peu déformées : c'est le cas en Iran Central.

91
- Le processus de rapprochement ne peut pas se débloquer ailleurs.
Dans ces conditions, la pression se maintient dans la zone de contact
et les deux marges se raccourcissent en se clivant en lames granito-
gneissiques. Ces lames s'empilent les unes sur les autres en donnant
naissance à une "racine crustale" qui peut atteindre 50 à 70 km de
profondeur. Ces racines relativement légères déclenchent en général le
soulèvement isostatique de la chaîne. Les chaînes de collision
intercontinentales ont souvent une forme arquée. Cette forme arquée
peut s'expliquer de deux façon :
- Compression d'un domaine paléogéographique courbe,
- Moulage d'une ou de deux bordures hautes de continents s'avançant
l'une vers l'autre. La chaînes peut même mouler la bordure d'une
plaque entière. C'est le cas par exemple de l'Himalaya. 92
Les chaînes de collision intercontinentales les plus connus au
monde sont :
- L'himalaya, issue de la collision entre l'Inde et le bloc
Eurasiatique,
- La chaîne Hercynienne (ou Varisque) d'europe qui résultent de
collisions complexes entre deux grandes masses continentales :
au Nord, le continent Nord-Atlantique et au Sud le Gondwana.
- Les Alpes qui résultent de la collision entre la plaque
Eurasiatique et la plaque Afrique. Le cycle alpin a commencé au
trias.
- La chaîne du Caucase entre la mer noire et la mer Caspienne
résulte de la collision entre le bloc arabe au sud et le bloc
93
Eurasiatique au Nord.
Les relations entre l’Inde
et l’Asie depuis 100
millions d’années en
passant par l’obduction
et la collision. Noter la
Disparition de l’Inde dans
30 millions d’années

94
95
Tectonique de l’Asie au nord de l’Himalaya (selon l’interprétation de P.
Tapponnier et al., 1975, 1986
A. Effets de la collision himalayenne sur l’Asie sud-orientale (flèches
blanches : mouvements des blocs continentaux, flèches noires : extension
résultant des coulissements, grisé : zones en distension, noir : zones
océaniques).
Ces effets ont variés dans le temps :
1- De l’oligocène au Miocène moyen (- 35 à – 15 Ma) et sous l’effet du
poinçonnement indien, l’Indochine a chassé latéralement (flèche 1) et
coulissé de près de 600 km par rapport à la chine à une vitesse de 3 à 5
cm/an, en même temps que s’ouvraient la mer de Chine méridionale (CM)
et, plus au Sud, le bassin des Andamans (A)
2- Après le Miocène moyen, les observations de terra jointes aux images
par satellite montrent que l’expulsion du Tibet vers l’E ou le SE dure
toujours et à un rythme de 2 à 3 cm/an. La Chine coulisse par rapport à la
Mongolie le long de la faille de l’Altyn Tagh (AT) (flèche 2), en ouvrant les
fossés du Shan Si et du Baïkal, d’une part, par rapport à l’Indochine le long
de la faille de la Rivière Rouge (RR), mais en sens inverse de la phase I, en
ouvrant les fossés du Yunnan.

96
Les grandes failles de coulissage d’Asie, conséquences du
poinçonnement de l’Inde

97
98
Interprétation de la structure profonde de l’Himalaya

99
IV- Les collages
Il s'agit de blocs de terrains accolés les uns aux autres sans
pour autant qu'il y ait un lien historique (en terme de nature et
d'âge) entre eux. Ces terrains désigné sous le nom de "suspect
terranes" ou "blocs exotiques" ont été définis pour la première
fois en Alaska. L'explication serait que ces blocs juxtaposés à
la côte Nord-Américaine le long de failles décrochantes aient
été transporté jusque là par le mouvement d'une lithosphère
océanique actuellement engloutie. Les exemples les plus
connus sont ceux des blocs de Wrangellia et de Yakutat tous
en Alaska.
100
CHAPITRE IV : LES STRUCTURES INTRAPLAQUES
I- Les structures intraplaques océanique
On distingue deux principaux types de reliefs :
- Les reliefs volcaniques
- Les reliefs non volcaniques
1) Les reliefs volcaniques
* Les volcans isolés
Certains reliefs sont isolés, sous marins pour la plupart, mais émergent en
certains endroits du globe. Certains sont nés sur une dorsale et ont ensuite
été repoussés vers les continents voisins par le jeu de l'expansion
océanique. D'autres au contraire, n'ont rien à voir avec une dorsale et
jalonnent des fractures banales de la lithosphère océanique.
Dans le premier cas les produits magmatiques sont tholéiitiques et dans le
101
deuxième cas alcalins.
* Les volcans océaniques alignés : Ils se distinguent des dorsales
par leur inactivité sismique, la présence d'une croûte océanique
sous-jacente, d'épaisseur normale et le fait que seule une extrémité
de l'alignement montre des volcans actifs. Leur origine est expliquée
par la théorie des "points chauds" ("hot spots" en anglais"). Ils
traduisent l'existence de points chauds dans l'Asthénosphère ou
plus profonds encore qui déclenchent à leur verticale, la montée
d'une colonne de produits fondus (panaches mantelliques ou plumes
mantellique) qui s'élèvent vers la surface à travers la lithosphère
comme un panache de fumée. Les alignements de volcans
traduisent donc le déplacement de la lithosphère par rapport au
point chaud et en donnent même le sens.
102
Dans certains cas, on pense que le volcanisme des points
chauds se mêle à celui des dorsales entrainant ainsi une
production beaucoup plus accrue de magma. Ce serait le cas
des dorsales émergées (Açores, Island, ...). Dans ces
conditions on y trouve une association de produits tholéiitique et
de produits calco-alcalins.

103
2) Les reliefs non volcaniques
Il s'agit de structures de déformation intraplaques (identifiées
dans le nord de l'Océan Indien) qui se traduisent par des
ondulations d'axes E-W espacées de 100 à 300 km et dont
l'amplitude verticale est de 1 à 3 km. Ces structures de la
lithosphère océanique accidentent le fond de la plaine abyssale.
Grâce à la sismique réflexion, on met en évidence une
déformation progressive de sédiments et leurs piégeage dans les
creux séparant les antiformes. Ces aussi le cas de
chevauchements actifs.
Ces structures sont en relation avec le mouvement Himalayen
actuellement en cours (cycle alpin tardif).
104
II- Les structures continentales de distension

1) Les bassins sédimentaires


Les grands bassins sédimentaires résultent le plus souvent d'un
affaissement superficiel de la croûte continentale : c'est le phénomène
de subsidence. la subsidence étant un phénomène d'enfoncement du
fond des bassins sédimentaires dû au poids des sédiments. Cet
enfoncement alterne avec des périodes de remplissage ou
d'accumulation de sédiments. Un calcul à partir des densités des
milieux en présence montre qu'un dépôt de 1000 m de sédiments peut
engendrer un affaissement de 400 à 600 m.
La subsidence peut également être définie comme un enfoncement
progressif de la croûte océanique par refroidissement (subsidence
thermique). 105
La subsidence a des causes multiples dont les principales sont :
- Les surcharges dues à un empilement de sédiments, à
l'accumulation de produits volcaniques, à l'accumulation de la
glace, à l'empilement d'une nappe de charriage, ...
- Le refroidissement de la lithosphère dont la densité augmente
alors : C'est la subsidence thermique.
- L'amincissement crustal qui entraîne la remontée de
l'asthénosphère plus dense avec pour conséquence un
affaissement dû à l'isostasie.
- La subsidence par flexion dû à un phénomène tectonique de
compression ou de distension.
106
Les bassins sédimentaires sont de trois types :
(i) Les bassins dûs à un phénomène d'effondrement ou bassins
d'étirement (étirement par rifting, pull apart et bassin d'arrière
arc) et les bassins sédimentaires liés aux marges passives.
(ii) les bassins dûs à la subsidence thermique ou
refroidissement de la lithosphère qui sont tout autant
continentaux qu'océaniques.
(iii) Les bassins dûs à flexion de la lithosphère (bassins liés à
des zones de subduction et bassin d'avant pays des chaînes de
montagne).

107
Les bassins sédimentaires sont le plus souvent une
combinaison ou une succession de facteurs multiples donc du
point de vu descriptif, on va distinguer :
- Les bassins d'effondrement (affaissement rapide et cassant),
- Les bassins au sens strict (affaissement lent et progressif)
- Les bassins mixtes (subsidence régulière et continue)
- Les bassins liés aux chaînes de montagnes ou bassins
molassiques.

108
2) Les fissures crustales
Ce sont des fissures avec un écartement important de la croûte
continentale qui va faire place à une croûte océanique. Comme
exemple, on peut citer :
- L'ensemble mer rouge-Afars-golfe d'Aden qui forme une fissure en
forme de L majuscule,
- Le golfe de Californie,
- Le golfe de Gênes,
- Le golfe de Gascogne.
En juxtaposant tous les types de structures distensives cassantes, on
obtient un schéma évolutif qui se présente comme suit :
- Stade rift,
- Stade fissure crustale,
109
III- Les chaînes intracontinentales
Les chaînes intracontinentales se forment à l'intérieur
d'une lithosphère continentale soumise à une compression. Le
rôle de la compression est d'entraîner un bombement ou un
écaillage de la lithosphère. Cela n'est en général possible que
le long d'une zone de discontinuités préexistantes (faisceau de
failles, zones transformantes, fossé d'effondrement, ...). La
surface de la croûte continentale dessine une voûte affectée de
faille inverses à double vergence qui soulève sa couverture. Les
exemples mondiaux sont : le Haut Atlas et l'Anti-Atlas Marocain,
les montagnes rocheuses du Wyoming et du Colorado, le Liban
et l'Anti-Liban, les monts de Palmyre et les Pyrénées. 110
Les chaînes intracontinentales peuvent également être en relation avec
des chaînes de marges actives apparaissant ainsi comme la
propagation du mouvement compressif à l'intérieur du continent. Ce
mouvement compressif va entraîner un clivage intracrustal. Le clivage
se greffe à des failles inverses ± concaves qui jouent le rôle de rampe et
donnent en surface les chevauchements observés. Les principales
structures observées dans ces environnements sont des plis à grands
rayons de courbures, des failles chevauchantes et des décrochements.
Les exemples sont les chaînes catalanes et ibériques (Espagne) dont la
formation est en relation avec celle des Pyrénées, le Jura dont la
formation s'inscrit dans une histoire Alpine et les montagnes rocheuses
du Canada en relation avec la formation des cordillières pacifiques Nord-
Américaines. 111
IV- Les grandes structures associées aux chaînes
intracontinentales : Chevauchements et nappes de charriage
1) Définition et Terminologie des chevauchements de
couverture

Un chevauchement est une faille inverse dont le plan est proche


de l’horizontal. La différence entre le chevauchement et la nappe de
charriage réside au fait que cette dernière implique des mouvements de
matière sur de grandes distances pouvant atteindre la centaine de
kilomètres voire plus.
Chevauchement et nappe de charriage mettent en contact de façon
anormale des formations anciennes et des formations récentes. C’est
ainsi qu’on retrouve des formations anciennes qui reposent (terrains
112
Les terrains charriés sont appelés terrains allochtones. Ils sont limités
par le front et leur racine. Les lambeaux de poussée sont des
lambeaux de terrains autochtones entraînés en avant d’une nappe de
charriage.
Les témoins de l’extension d’une nappe de charriage après
l’érosion sont les klippes qui sont situés en avant du front de nappe et
les fenêtres entre la racine et le front.
Faille inverse : Le pendage d'une faille inverse est souvent
caractéristique de la géométrie en rampe et palier. Pentée à 60° en
surface où elle émerge (rampe émergente), elle s'enracine souvent
horizontalement en profondeur dans un niveau incompétent (palier)
(voir figures ci-dessous). La propagation de la rampe vers la surface
provoque parfois un pli où s'amortit le déplacement sur la rampe. 113
Enracinement d'une faille chevauchante dans un niveau de
décollement : exemple du chevauchement de Ruby Inn en Utah
(USA) (d'après Lundin, 1989, modifié)

114
Les structures associées à la formation des failles inverses
dans les ceintures de chevauchements

115
Dans ce cas de pli par propagation de faille, la rampe n'émerge
pas à la surface mais vient mourir le long du plan axial du
synclinal associé à l'anticlinal qui accommode le déplacement
(voir figure précédente). Dans le cas contraire où la rampe est
connectée soit à la surface soit au palier supérieur, le passage
de la rampe à la surface horizontale provoque un pli dans la
partie chevauchante. En dehors de toute considération
mécanique, ce pli de rampe est nécessaire pour des raisons
purement cinématiques. C'est donc un pli passif qui se forme
même en l'absence de contraste mécanique entre les
différentes couches impliquées (voir figure précédente).
116
Il est fréquent qu'un chevauchement à pendage opposé se
greffe sur une rampe. Cette disposition géométrique de failles
antithétiques et synthétiques est connue en mécanique sous le
nom de failles conjuguées. C'est pourquoi l'habitude est prise
de désigner cette faille antithétique sous le nom de conjuguée,
l'usage étant d'utiliser le masculin : un [chevauchement
conjugué (en anglais : backthrust). Ce conjugué peut
éventuellement recouper (ou être recoupé) par une autre faille
chevauchante synthétique située immédiatement en arrière et
former ainsi une zone triangulaire.

117
Structures imbriquée : Ce terme désigne une succession de
failles chevauchantes régulièrement espacées et de pendage
identique. Dans les chevauchement de couverture, chaque faille
inverse s'horizontalise en profondeur et se branche sur un
chevauchement commun à toute la structure imbriquée : le
chevauchement basal (en anglais : sole thrust ou floor thrust) (figure
ci-dessous). Certaines failles inverses n'émergent pas à la surface et
sont appelées chevauchement aveugle (en anglais : blind thrust)
(figure précédente).
Ceci est surtout fréquent au front des ceintures de chevauchements
et rappelle que l'extension d'un chevauchement n'est pas infinie : son
périmètre s'appelle la limite d'extension (en anglais : tip line).
118
L'ordre d'empilement des chevauchements correspond à une
séquence normale (Ang : in sequence ou piggyback) lorsque
chaque nouveau chevauchement se crée en arrière du
précédent, la séquence est dite inverse (en anglais : out of
sequence) (figure ci-dessous).
Les chevauchements à séquence normale sont les plus
fréquents dans la nature, probablement parce que l'énergie
nécessaire à ce type de propagation est moindre que dans le
cas des séquences inverses.

119
Structure imbriquée et ordre d'apparition des chevauchements
soit par une séquence normale (propagation en avant : flèche A
et numéros de l'ordre d'apparition des chevauchements) soit
par une séquence inverse (propagation vers l'arrière : flèche B
et numéros d'apparition des chevauchements)

120
Duplex : Lorsqu'une structure imbriquée est limitée à son sommet par
un chevauchement sommital (en anglais : roof thrust) analogue au
chevauchement basal, cette structure imbriquée prend le nom de
duplex. (figure ci-dessous).
De telles structures peuvent se rencontrer à toutes les échelles, de
kilométrique à centimétrique. Entre les deux chevauchements basal
et sommital, les failles ont une forme sigmoïdale et se parallélisent au
toit et au mur du duplex. Le plus petit élément du duplex, contenu
entre deux de ces failles sigmoïdales, s'appelle un horse (en anglais :
Horse) (figure ci-dessous). A l'intérieur d'un horse, la stratification est
globalement parallèle aux deux failles sigmoïdales et épouse ainsi la
forme en S ou en Z caractéristique du horse (figure ci-dessous).
121
Au mur et au toit du duplex, la stratification peut être
relativement tranquille et un même niveau stratigraphique
horizontal peut lui seul constituer le toit (ou le mur) du duplex.
Dans la plupart des cas, le pendage des horses est conforme
au sens de déversement général du duplex c'est à dire au
sens global de déplacement. Un duplex à pendage conforme
(en anglais : hinterland dipping duplex) est le plus souvent
attribué à une séquence de type normale. A l'opposé, une
séquence inverse peut provoquer un pendage des horses non-
conforme au sens de déversement général du duplex.

122
Dans le cas de duplex à pendage non-conforme (en anglais :
foreland dipping duplex), la stratification n'est pas toujours
parallèle aux failles sigmoïdales délimitant les horses et peut
même se trouver renversée en position inverse (figure ci-
dessous).
La poursuite du raccourcissement peut provoquer la destruction
du duplex par le chevauchement des horses les uns sur les
autres. Ces chevauchements se bloquent rapidement et
l'ensemble de la structure se plisse en formant un antiforme de
nappes (en anglais : antiformal stack) figure ci-dessous.

123
124
Les éléments constitutifs d'un duplex (d'après Boyer et
Elliott, 1982, modifié). En haut : duplex à pendage conforme.
Au milieu : duplex à pendage non-conforme. En bas :
antiforme de nappe lié au replissement d'un duplex.

Digitation : chevauchement mineur au sein d'une unité


allochtone.

125
Diverticulation : Il s'agit de superpositions anormales où on
observe sur une verticale, un empilement des formations de la
même série sédimentaire dans un sens inverse de l'ordre
stratigraphique normal. Cette superposition résulterait d'un
glissement en série des différentes formations de la pile
sédimentaire.
Les unités supérieures se détacheraient les premières, en
commençant par la plus élevée, glisseraient en avant jusqu'au
moment où, s'étant immobilisées, elles sont rattrapées par les
formations inférieures, décollées plus tardivement, qui terminent
leur course en les chevauchant, la formation la plus basse se
retrouvant ainsi au sommet de l'édifice charrié tandis que la
126
formation la plus élevée est reléguée à sa base.
Ecaille : Terme de contenu imprécis qui désigne généralement
une portion de terrain de dimension réduite, et en forme de lame,
qui se retrouve en position allochtone au sein d'ensembles plus
importants. S'utilise le plus souvent pour désigner un élément de
socle ou de matériel sédimentaire compétent isolé dans des
unités chevauchantes de plus grandes dimensions.

Encapuchonnement : Ce terme désigne une disposition


géométrique particulière où le front d'une nappe est totalement
enveloppé et recouvert par l'autochtone ou la nappe sous-
jacente. Cette disposition est acquise à la suite d'un plissement
de l'unité sous-jacente, qui se déverse sur le front de l'unité. 127
Epiglyptique : Lorsque le déplacement s'effectue à l'air libre sur
une surface d'érosion, le charriage est dit épiglyptique.
Fenêtre : Zone circonscrite, dégagée par l'érosion, où affleurent, au
cœur d'une nappe, les terrains autochtones ou une nappe
inférieure.
Flèche de recouvrement : Correspond à la longueur maximale,
parallèle au déplacement, le long de laquelle la nappe ou le
chevauchement a recouvert l'autochtone.
Klippe : Terrain allochtone, isolé et souvent de dimension réduite,
correspondant à l'unique relique d'une nappe disparue par l'érosion.
Une klippe repose par un contact anormal proche de l'horizontal sur
un ensemble autochtone ou une autre nappe encore préservée de
128
l'érosion.
Lambeau de poussée : Portion de terrain arraché à l'autochtone (ou
allochtone sous-jacent) et entraînée sous la nappe lors de son
passage sur une surface d'érosion. On suppose que ces lambeaux
représentent d'anciens reliefs qui entravaient le déplacement de
l'unité allochtone.
Olistostrome : Formation terminale d'un bassin sédimentaire où se
trouvent, de manière chaotique, des blocs de toutes dimensions
appartenant à une nappe (ou plusieurs nappes) qui repose sur cette
formation. Chaque bloc exotique est appelé un olistolite. Il est admis
que ces blocs se sont détachés du front de la nappe engagé dans le
bassin et ont glissé en avant pour sédimenter dans la formation en
cours de dépôt avant que le passage de la nappe ne close
129
définitivement la sédimentation du bassin.
Parautochtone : Se dit d'un terrain situé sous un ensemble de
nappes et dont on soupçonne, malgré sa continuité
stratigraphique et lithologique avec le véritable soubassement
autochtone, qu'il a été lui aussi légèrement déplacé au moment
de la mise en place des nappes.

Rabotage basal : Terme ambigu qui désigne le cas où le contact


anormal à la base de l'allochtone semble couper les structures
développées dans la nappe elle-même. Certains auteurs ont
proposé que les structures formées dans la nappe puissent être
"rabotées" le long de la surface de charriage au cours du
déplacement. On dit aussi troncature basale. 130
Rétrocharriage-Rétrochevauchement : Désigne des
déplacements, généralement tardifs dans l'histoire de la chaîne,
dont la vergence est dans le sens opposé au déplacement
général de l'ensemble des unités allochtones. Dans une chaîne
de montagnes, ce sont donc des déplacements vers les zones
internes et non vers les zones externes comme c'est le plus
souvent le cas.

Substitution de couverture : Se dit lorsqu'une couverture


charriée vient reposer sur un socle dénudé comme si elle en était
la couverture autochtone.
131
Tête plongeante : Charnière anticlinale du front d'un pli-nappe
couché au delà de l'horizontal et qui apparaît ainsi comme un
synforme déversé dans le sens opposé au charriage.

132
2) Modalité de déplacement
a) Problématique
A partir de la modélisation, on montre que le détachement d’une
importante masse rocheuse de son substrat puis son
déplacement sur de grandes distances nécessite un certain
nombre de conditions :
- L’angle minimal pour que le détachement se produise est de
l’ordre de 30°
- L’épaisseur de la masse rocheuse (nappe) déplacé est
proportionnelle à sa longueur. Au-delà de certaines dimensions,
la masse rocheuse est déformée par des plis et des failles
inverses. 133
- Dans les conditions naturelles, le décollement d’une nappe se
fait au niveau d’une couche très ductile (gypse, schiste lustrés,
…). Cette ductilité est aidée par la pression des fluides
(notamment aqueux) contenu dans les pores des roches qui
diminuent la résistance au glissement. Une pression de fluide
anormalement élevée peut être à l’origine du détachement par
fracturation hydraulique.

134
135
b) Les mécanismes
On distingue globalement quatre mécanismes qui sont fonction
des conditions de glissement et la gravité :
- Le glissement rigide par gravité sur une pente suffisante
après le détachement de son substrat par fracturation
hydraulique. Dans ces conditions il n’existe pas de déformation
interne dans le bloc (translation rigide).
- Le glissement ductile continu qui est favorisé par la présence
d’une couche basale très ductile. Dans ces conditions la
déformation procède par un cisaillement simple hétérogène de
plus en plus intense à la base de la nappe le long de laquelle
se dessinent des plans de schistosité concaves vers l’arrière.
136
- L’étalement gravitaire est dû à un fluage de la nappe qui
s’ércoule et s’étale sous son propre poids. Dans ces conditions,
la déformation affecte plus intensément la partie supérieure de la
nappe qui dessine des plans de schistosité concaves vers
l’avant.
- La compression arrière par contrainte tectonique dont la
conséquence est un aplatissement de la totalité de la nappe
perpendiculairement à la contrainte alors que sa base subie un
cisaillement simple hétérogène.

137
Les mécanismes de déplacement des nappes d'après Olivier Merle

138
CHAPITRE V : DÉFORMATIONS GLOBALES ET ACTUELLES
ET LEURS IMPLICATIONS SISMOLOGIQUES

Introduction
La sismogenèse est l’étude des déformations actuelles (mesure des
contraintes in-situ et détermination des régimes de contraintes). Elle
se fixe pour objectifs de déterminer l’état des contraintes actuels en un
point donné du globe terrestre, de faire une relation entre les
déformations et les contraintes actuelles. L’aspect le plus perceptible
actuellement est le mouvement des plaques lithosphériques, la vitesse
de déplacement de ces plaques et le mouvement qu’il peut engendrer.
Les méthodes utilisées sont essentiellement celles de la géophysique
(sismologie, géodésie et paléomagnétisme) parmi lesquelles, la
sismologie semble la plus précise. 139
Un des aspects les plus importants visé par la sismologie dans
le but d'expliquer la néotectonique est la détermination des
mécanismes au foyer des séismes
Un séisme détermine toujours à la surface du sol une zone
mobile de forme circulaire dans laquelle on peut apercevoir des
déplacements de matières en relation avec l’arrivée des ondes P
(primaires). Cette zone est subdivisée en quatre quadrants
symétriques deux à deux par rapport à l’épicentre. Deux des
quadrants sont en compression car ils correspondent aux
quadrants dans lesquels l’onde P fuit le foyer alors que dans le
cas contraire, les quadrants sont dits en dilatation.
140
Tout autour de la zone circulaire mobile, la matière est supposée
être fixe. De ce fait, les quadrants en compression sont
comprimés contre la zone fixe soulevant ainsi le sol dans ces
parties. Au contraire dans les quadrants en dilatation, la matière
s’écarte de la zone fixe avec pour conséquence un affaissement
du sol.

141
142
Dans le cas du décrochement, ce sont les sismographes
orientés dans la direction du mouvement qui pourront rendre
compte des différents mouvements. Ainsi si le sismographe est
vertical et orienté dans la direction du mouvement, il rendra
compte des déplacements verticaux du sol. S’il est horizontal et
orienté dans la direction du mouvement, il rendra compte des
mouvements des compartiments horizontalement donc en
relation avec les quatre points cardinaux.

143
En trois dimensions, tous les mouvements se repartissent dans
une sphère appelée la sphère focale également
compartimentée en quatre quadrants. A l’aplomb des quadrants
en compression, le mouvement du sol sera en compression
alors qu’à l’aplomb des quadrants en dilatation, le mouvement
du sol sera également en dilatation.

144
145
Une projection de la sphère focale sur le plan horizontal peut être
représenté par un cercle avec en noir, les secteurs en
compression et en blancs, les secteurs en distension.
La répartition des secteurs en compression et en extension
dépend du type de faille. Pour un décrochement, on a quatre
quadrants symétriques deux à deux et limités par deux lignes
perpendiculaires dont une seule correspond au plan de faille et
l'autre au plan secondaire. Le plan de faille se repère par les
observations de surface ou en se référant aux répliques et leurs
mécanismes au foyer.

146
Pour une faille normale sans composante en décrochement, la
représentation est un cercle dont les limites parallèles à la faille
sont noires et la partie médiane est blanche.
Dans le cas de la faille inverse sans composante en
décrochement, la représentation est un cercle dont les limites
parallèles à la faille sont blanches, la partie médiane est noire.

147
NB : Il existe des cas intermédiaires.
148
Vous pouvez visiter la page web http://www.world-stress-map.org sur
laquelle il est présenté un état des contraintes mondiales actuelles. 149
CHAPITRE VI : LA TECTONIQUE ARCHÉENNE ET
PALEOPROTÉROZOÏQUE
I) L’archéen
Deux grandes théories s’affrontent sur l’interprétation des
processus géodynamiques qui ont prévalu à l’archéen :
- La première suggère une prédominance des forces de surface avec
la préexistence de microcontinents rigides dans les premiers stades
de l’accrétion. Les marges de ces microcontinents s’affrontent de
façon analogue aux marges actuelles.
- La deuxième propose une prédominance des forces de volume
(gravité) qui agissent à l’intérieur des protocontinents provoquant ainsi
des déplacements verticaux. Ces déplacements viendraient alors de
l’instabilité due à la fusion de la croûte et aux différences de densité
150
entre les matériaux.
Ce qui fait l’unanimité ce sont les caractères généraux de ces
orogènes anciens :
- Il n’existe pas un métamorphisme de haute pression et basse
température à l’archéen.
- Le gradient géothermique est plus fort à l’archéen qu’à l’actuel.
- Le volume de matériaux magmatiques des terrains archéens
est exceptionnellement important (ce fut la période de
formation de la majeure partie de la croûte continentale ~ 75
%).
- Les croutes continentales qui dérivent des croutes océaniques
vont rapidement évoluer en boucliers.
151
- Aucune vraie croûte océanique ni suture orogénique n’ont été
identifiées.
- On observe une dualité lithologique particulière à l’archéen. La croûte
archéenne est en effet partout constituée d’un substratum TTG et d'une
couverture volcano-sédimentaire (roches vertes ou greenstones).
Les terrains Archéens de manière générale sont constitués de 3
grands ensembles : 1) un socle granito gneissique ; 2) des ceintures
de roches vertes ; 3) des granites tardifs
Le socle granito-gneissique est de loin le plus répandu avec environ 80
% des formations Archéennes. Il est constitué d’anciens granitoïdes
métamorphisés et déformés, se présentant actuellement sous forme de
gneiss gris. Ces roches sont aussi connues sons le nom de TTG
(Tonalite, Trondhjémite et Granodiorite).
152
Photo de gneiss gris (TTG) de Gurur, en Inde. Ils ont un âge de 3,3
Ga. De couleur grise, ils sont finement rubanés et recoupés par de
petits filons de granite (blancs). D’après Martin (com. Personnelle)

153
Le magma qui en cristallisant a donné les TTG résulte de la fusion à haute
pression d’une roche de composition basaltique. En effet, lorsque la
pression augmente, un basalte va se transformer en amphibolite (roche
à amphibole ± grenat ± feldspath plagioclase) puis en éclogite (roche à
pyroxène + grenat), ce sont ces basaltes métamorphisés qui vont
fondre (Martin and Moyen, 2002). Deux hyothèse ont été émises pour
justifier l’environnement géodynamique dans lequel une telle fusion a pu
avoir lieu :
- Basaltes de la croûte océanique entraînés dans une subduction.
- Basaltes sous plaqués dans un environnement de panache
mantellique.
Les arguments dérivés de l’étude des phénomènes géodynamiques
actuelles semblent militer en faveur de la première hypothèse : les TTG
154
sont issues de la fusion de la croûte océanique subductée.
Aujourd’hui aussi la croûte continentale juvénile est
engendrée dans les zones de
subduction, mais sa composition, au lieu d’être TTG est
typiquement granitique. Ses caractéristiques géochimiques
montent qu’elle provient de la fusion du coin du manteau alors
que les TTG Archéens proviennent directement de la fusion des
basaltes de la croûte océanique. Cela s’explique par le fait que
le gradient géothermique est exceptionnellement plus élevé à
l’Archéen qu’à l’actuel.

155
156
Les ceintures de roches vertes (5 à 10% ) du volume des
terrains archéens sont d’anciennes roches volcaniques et
sédimentaires mises en place sur le socle granito gneissique.
Elles forment le plus souvent des structures synformes
allongées (> 100 km de long pour ~20 km de large) d’où leur
nom de ceinture. Typiquement ces ceintures possèdent une
polarité compositionnelle : la série débute par des laves
ultrabasiques (komatiites) auxquelles succèdent des laves
basiques intercalées avec des sédiments qui deviennent
prépondérants dans la partie supérieure de la série.

157
Beaucoup d’arguments semblent montrer qu’une tectonique
semblable à celle actuelle encore tectonique moderne des
plaques (tectonique horizontale avec ses mouvements de
plaques lithosphériques et ses nappes de charriage) a bien pu
exister déjà à 4 Ga.
Toutefois, les terrains archéens possèdent une particularité
supplémentaire, en effet, aux grandes structures horizontales
se superposent des déformations verticales en dômes et
bassins. Cette tectonique verticale dont le moteur est la gravité
est connue sous le nom de sagduction (Gorman et al., 1978) .

158
Lorsque des laves ultrabasiques telles que les komatiites (densité = 3,3)
se mettent en place sur de la croûte continentale de type TTG
(densité 2,7), elles créent un fort gradient inverse de densité . Le
retour vers une situation d’équilibre se fera par enfoncement des
komatiites dans le socle TTG .Une fois initié, le phénomène
évolue en créant de véritables diapirs inverses, dus non
seulement à la descente des roches les plus denses mais aussi
à la remontée concomitante des roches de faible densité.
La descente des roches de forte densité crée une dépression où
peuvent se déposer des sédiments.
La tectonique horizontale opérait comme de nos jours, c’est à dire plutôt
aux limites de plaques alors que la sagduction se développait
préférentiellement au cœur des plaques continentales. 159
Diagramme illustrant trois étapes du développement de la sagduction. 1) la mise en
place dans une ceinture de roches vertes, de komatiites de densité élevée (d=3,3) sur
les TTG du socle granito gneissique de faible densité (d=2,7) induit un fort gradient
inverse de densité ; 2) Il en résulte un mouvement descendant des komatiites (flèche
grise) induisant un mouvement relatif ascendant des TTG (flèches noires) ; 3) le
mouvement s’accentue créant une dépression au centre de la ceinture de roches
vertes où vont se déposer les sédiments. D’après Martin (com. Personnelle)

160
Vue satellite du craton archéen de Pilbara (Australie) montrant les structures
résultant de la sagduction : les ceintures de roches vertes (en vert et gis
sombres) sont localisées entre des dômes des TTG (blanc jaunâtre). La largeur
de la photo est d’environ 300 km. D’après Martin (com. Personnelle)

161
La sagduction ne peut fonctionner que lorsqu’un fort gradient inverse
de densité est réalisé ; par exemple, les basaltes ont une densité trop
faible (2,9 ou 3) pour pouvoir initier une sagduction. Comme les komatiites
sont restreintes à l’Archéen, la sagduction est donc elle aussi spécifique de
l’évolution crustale primitive.
Au regard du flux de chaleur qui prévalait à l’Archéen, il est difficile
d’envisager que les modalité de détail de la tectonique des plaques de cette
période soit la même que celle de nos jours. La chaleur produite par la
Terre à l’Archéen était si énorme que la conduction ne pouvait pas elle
toute seule permettre de l’évacuer, il a fallu l’existence déjà en cette période
d’une activité de convection assurée par des rides médio-océaniques.
Hargraves (1986) a montré que la quantité de chaleur évacuée est une
fonction de la racine cubique de la longueur de la ride.

162
La Terre ayant conservé un volume constant, une plus grande
longueur de rides implique que les plaques délimitées par ces
rides étaient plus petites que de nos jours et qu’elles se
déplaçaient plus rapidement.

163
Schéma comparant la taille des plaques actuelles (à gauche) à celle
supposée des plaques archéennes (à droite). A l'Archéen, la plus grande
production de chaleur interne était évacuée par une longueur de ride plus
importante, résultant en une mosaïque de plaques beaucoup plus petites et
plus rapides que celles de la Terre actuelle.

164
II) La transition Archéen Protérozoïque
Aux alentours de 2,5 Ga, le passage de l’Archéen au
Protérozoïque a été une période de changement majeur pour
notre planète, par exemple certaines roches, très
abondantes à l’Archéen sont devenues rares ou ont
disparu après 2,5 Ga ; il s’agit des komatiites, des
formations ferrifères rubanées (BIF) et des TTG. De même
d’autres roches sont très abondantes après 2,5 Ga alors
qu’elles étaient rares ou inexistantes à l’Archéen, il s’agit
des andésites, des roches magmatique peralcalines et des
éclogites. Ces changements lithologiques reflètent des
modifications plus profondes des mécanismes pétrogénétiques.
165
166
Les komatiites ont une température de mise en place
comprise entre 1 600°C à 1 650 °C. Après 2,5 Ga seuls sont
produits des basaltes qui ne se mettent en place à des
températures de 1 250 à 1350°C. La présence des komatiites
démontre que la température du manteau supérieur était
nettement plus importante pendant la première moitié de
l’histoire de la planète. La Terre s’étant refroidie, elle est
devenue incapable d’atteindre des températures élevées,
nécessaires à la genèse des komatiites; d’où leur disparition
après 2,5 Ga.

167
Les TTG omniprésentes à l’Archéen proviennent de la fusion de basaltes
subductés, après 2,5 Ga, la planète est devenue trop froide, de telle
sorte qu’au lieu de fondre, la croûte océanique subductée se déshydrate
donnant alors naissance à des andésites (magmatisme calco-alcalin) et
non plus à des TTG. Il faut aussi noter qu’entre 2,75 et 2,5 Ga a eu lieu
un épisode de croissance crustale majeur qui a affecté toute la
planète et qui a vu l’extraction d’énormes volumes de croûte
continentale (super - continent) à partir du manteau.
Cet épisode a été suivi d’une longue période de repos entre 2,5 et 2,3
Ga, pendant laquelle quasiment aucune croûte continentale juvénile
ne s’est formée. Les komatiites ayant disparu à partir de 2,5 Ga, la
tectonique verticale (sagduction) qu’elles engendraient a elle aussi
disparu.
168
Enfin, compte tenu du refroidissement de la planète, la taille des
plaques lithosphériques a augmenté depuis l’Archéen. Il est à
noter que tous ces changements résultent d’un seul et
unique phénomène, le refroidissement progressif de la
planète.

169
III) Le Paléoprotérozoïque

Les terrains Paléoprotérozoïques sont organisés en ceintures


parfois très rapprochées et quelques fois parallèles. Ces ceintures
sont séparées par des masses importantes de granitoïdes. Le
métamorphisme qui affecte ces terrains varie de façon très rapide et
semble en général peu intense hors de la proximité immédiate des
plutons de granitoïdes. La déformation est hautement variable d’un
endroit à l’autre.
La mise en place des massifs granitiques aurait donc un rôle
déterminant sur la majorité des roches vertes qu'elle a contribuée à
structurer en "ceintures". Les socles Paléoprotérozoïques (exemple :
Birimien de l’Afrique de l’Ouest) ont eu une évolution semblable à
ceux de l’archéen. 170
La grande différence étant qu’au Paléoprotérozoïque les
ceintures de roches vertes (métasédiments et métavolcanites) se
mettent en place les premières et sont succédés par les TTG qui
induisent des transformation locales de haut degré (faciès des
amphibolites).
Le Paléoprotérozoïque est une coupure de l'échelle des temps
en géologie dont le style tectonique reste aujourd'hui un sujet à
débat.

171
Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, deux courants de
pensée s’opposent :
Feybesse et Milési, 1994 ; Feybesse et al., 2006 pense avoir
vu les marques d’une tectonique moderne des plaques dans la
zone de transition entre l’Archéen et le Paléoprotérozoïque de
la dorsale de Man/Léo.
Cette observation a été aussi faites par Ganne et al., 2011 qui
montrent sur la base d’arguments métamorphiques qu’il
subsiste dans les terrains du Paléoprotérozoïque du Burkina
Faso, du Niger occidental et du Sénégal des réliques d’une
tectonique moderne des plaques au Paléoprotérozoïque.
172
D’autres auteurs ( Vidal et Alric, 1994, Pons et al., 1995, Caby
et al., 2000, …) par contre réfusent l’idée d’une tectonique
moderne des plaques à l’Archéen. Pour ces auteurs, c’est la
tectonique verticale qui a prévalu dans les stades précoces de
l’accrétion à l’Eburnéen. Elle a été ensuite suivie par la
tectonique transcurrente.

173
CHAPITRE VII : GENÈSE DE LA CROÛTE CONTINENTALE
GRANITIQUE
Les granitoïdes sont les principaux constituants de la croute continentale
de tous les temps de l'histoire de la Terre (Archéen à l'actuel). Les
magmas qui sont à l'origine de la formation des granitoïdes sont le plus
souvent issus de la fusion partielle d'une lithosphère.
Les structures des plutons granitiques (linéation et foliation) sont
l'expression des gradients de déplacement à l'intérieur d'un pluton.
L'examen des microstructures au microscope permet de reconstituer le
contexte rhéologique de la mise en place d'un pluton.
Les caractéristiques structurales et microstructurales des plutons
granitiques permettent de reconstituer le champ de déformation régional
qui prévaut au moment de la mise en place du magma dans son site
final. 174
L'ascension des magmas granitiques peut se faire soit par le
diapirisme soit par ascension le long de fracture.
Dans les niveaux crustaux les plus profonds, l’encaissant des
parties fondues possède une faible résistance mécanique et le
déplacement résultant du déséquilibre gravitaire entre les deux
milieux, peut se traiter avec le modèle du diapirisme.
Un corps diapirique est un corps qui « perce à travers ». Il
faudrait logiquement considérer que tout corps intrusif est
diapirique. Ici le terme diapir est réservé pour les structures nées
par une instabilité de type Raleigh-Taylor.

175
Dans la croute supérieure fragile, la montée des magmas se fait par
injection forcée le long de conduits (fractures) verticaux compte tenu
de la faible déformabilité de leur encaissant qui est résistant. Dans
d’autre cas, cela peut aussi se faire par la subsidence en chaudron au
toit d'une chambre magmatique (filons annulaires).
Les deux cas (ascension par diapirisme et ascension le long de
fractures) sont assez facile à distinguer sur le terrain : pour que le
diapirisme soit possible, les viscosités relatives doivent être
suffisamment proches c’est-à-dire que l’encaissant du corps
plutonique ou migmatitique est lui aussi voisin de la fusion partielle.
Cela signifie que le contraste de température est insuffisant pour que
se développe un métamorphisme de contact à la périphérie du corps
diapirique. 176
En d’autres termes, l’équilibre des conditions de température est
une condition nécessaire (mais non suffisante) à l’application du
modèle. Dans le cas de la mise en place intrusive non diapirique,
le contraste de température est élevé et il y a réchauffement de
l’encaissant à la périphérie de l’intrusion, développement d’un
métamorphisme de contact et corollairement, refroidissement des
bordures de l’intrusion à partir de laquelle des cortèges filoniens
pourront prendre naissance et provoquer le phénomène de «
magmatic stopping ».

177
Dans le premier cas, le champ de déformation dans le corps
diapirique et dans l’encaissant va dépendre du stade d’évolution
de l’instabilité gravitaire (initiation, propagation ou blocage).
Dans le deuxième cas, la déformation interne est généralement
plus facile à interpréter : elle résulte de la seule mise en place
du corps intrusif dans son encaissant et donc de l’augmentation
progressive de son volume dans son site (on parle d’expansion
du corps intrusif ou de son étalement lorsque l’on raisonne dans
le plan horizontal).

178
Les deux cas de mise en place de matériel plutonique

179
Dans la partie inférieure ductile de la croûte le modèle diapirique
peut être envisagé; dans le cas des corps granitiques épizonaux,
cette mise en place s’opère par injection forcée dans la croûte
supérieure fragile et c’est le modèle de l’intrusion non diapirique
qui doit être retenu (Brun et al., in Chroukroune, 1995).

180
I) Le modèle diapirique
La dynamique des fluides à gradient de densité inverse a été
étudiée depuis longtemps sous ses aspects théoriques et
expérimentaux. Les instabilités de Rayleigh-Taylor sont régies
par les paramètres suivants :

181
Système instable à une seule interface entre source et surcharge
: le développement de l'instabilité entraine des mouvements
convectifs (d'après Brun, thèse, Rennes, 1981)

182
- h1 et h2 sont les épaisseurs respectives de la surcharge et de
la source ;
- ρ1 et ρ2, (avec ρ1 > ρ2) en sont les densités (en partie
fonction du taux de fusion partielle) ;
- µ1 et µ2, les viscosités (très dépendantes du taux de fusion
partielle). Ces paramètres vont jouer sur les vitesses
d’amplification et la rapidité d’acquisition du degré de maturité du
corps diapirique, mais aussi sur leur forme, sur leur propagation
et donc leur périodicité.

183
Le diapir naît du fait de l'existence d'une instabilité gravitaire
(instabilité de Raleigh-Taylor). L'évolution d'une telle instabilité
peut être décomposé en trois stades : naissance, amplification
et amortissement.
- La naissance correspond à une déformation de l'interface
entre la source et la surcharge qui prend une forme en cloche.
- L'amplification se traduit par un resserrement de la cloche à la
base. Elle prend alors une allure de montgolfière.
- L'amortissement intervient quand le sommet touche la bordure
supérieure du système. Le diapir qui ne peut plus monter s'étale
alors latéralement. Cet étalement correspond à une expansion
dans le plan horizontal. 184
185
Représentation schématique d’un diapir

186
Résultats d’expériences relatives
aux intrusions magmatiques.
Les variations de la charge au-dessus
de la zone d’injection du matériel
analogique (silicone à faible viscosité)
induisent des variations dans les
formes des corps intrusifs et donc
dans les conditions de l’expansion :
les formes laccolitiques sont favorisées
par des charges importantes
(d’après une expérience faite
à Rennes par Roman Berdiel,
in choukroune, 1995)
187
II) Ascension le long de fractures
Le diapirisme et l'ascension du magma le long des fractures ne
sont pas deux mécanismes strictement séparés. Des diapirs à la
base peuvent achever leurs ascensions finales à travers les
fractures.

188
III) Les structures internes des plutons
Les linéations sont l'extension finie du magma alors que les foliations
sont l'expression de l'aplatissement. La linéation est une structure
linéaire alors que la foliation est une structure planaire.
1) Les structures concentriques
Ce sont les structures dites mal réglées. On les observe dans le cas
des diapirs et des plutons mis en place dans un contexte
anorogénique. Mais la différence entre le corps diapirique et le corps
plutonique anorogénique c'est que la mise en place du premier va
induire une forte déformation de son encaissant et cet encaissant est
également fortement métamorphisé par contact. Il existe un gradient
de déformation de la périphérie vers le cœur du pluton.

189
Dans le cas du diapir, lorsque la mise en place interfère avec la
tectonique régionale, on peut observer des points triples de
schistosité aux interfaces du pluton.
Les pointes triples de schistosité permettent de reconstituer
l'orientation des contraintes au moment de la mise en place.

190
Exemple : de pluton mis en place par le diapirisme au Sénégal
oriental (Pons et al., 1992).

191
2) Les structures des plutons mis en place le long de
discontinuités
En fonction de la géométrie de la discontinuité
préexistante et des mouvements qui ont lieu le long de cette
discontinuité des formes variables et des structures internes
variables.
Dans tous les cas la structure interne du pluton va permettre
d'apprécier la nature de la déformation qui a lieu le long de cette
discontinuité.

192
Exemple : Les foliations et les linéations auront une disposition
sigmoïdale d'échelle régionale dans le cas où la déformation
procède par cisaillement dans les limites du système, la foliation
et la linéation seront bien réglées parallèlement aux limites d'un
pull appart avec un gradient de déformation de la périphérie
vers l'intérieur du pull appart.

193
194
195

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