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Chapitre 6.

Eléments de la tectonique
Introduction
L’histoire d’une roche commence, pour une roche magmatique, par son refroidissement ou, pour une roche
sédimentaire, par son dépôt et la diagenèse qui va suivre. Mais du fait de la mobilité des plaques
lithosphériques, de nombreuses roches vont subir par la suite des transformations minéralogique (pour
donner des roches métamorphiques) et structurale à l’origine de la déformation : c’est l’objet de ce chapitre
qui constitue un domaine de la géologie appelé tectonique.

La tectonique est la partie de la géologie qui étudie la nature et les causes des déformations des ensembles
rocheux, plus spécifiquement dans ce cas-ci, les déformations, à grande échelle, de la lithosphère terrestre.
Une plaque est un volume rigide, peu épais par rapport à sa surface. La tectonique des plaques est une
théorie scientifique planétaire unificatrice qui propose que les déformations de la lithosphère sont reliées aux
forces internes de la terre et que ces déformations se traduisent par le découpage de la lithosphère en un
certain nombre de plaques rigides (16, d’après le modèle actuel DeMets, 1990 et
1994, appelé modèles NUVEL-1 et NUVEL-1A, figure 2) qui bougent les unes par rapport aux autres en
glissant sur l'asthénosphère.

La force interne ou énergie interne qui a pour source la désintégration des éléments radioactifs se déplace
par convection ou par conduction. La conduction est le processus par lequel la chaleur peut se
déplacer dans les roches solides (ou tout corps solide) sans déformer le solide. On appelle
convection, le processus par lequel les matières chaudes et moins denses montent vers l'extérieur et
sont remplacées par les matières froides qui s'écoulent latéralement ou vers l'intérieur. Cette action
crée des courants de convection, moteur de la tectonique des plaques. En plus de la tectonique des
plaques, l’énergie interne est à l’origine des volcans et des séismes.

Approximativement 60% de la chaleur du soleil qui atteint la planète Terre est absorbée par le sol,
la mer ou l'atmosphère. Les 40% qui restent sont renvoyés dans l'espace par réflexion. L’énergie
externe ou énergie du soleil est à l’origine, des vents, des vagues, des pluies, …, qui causent la
modification du paysage par érosion/altération.

Figure 1 : illustration des frontières des plaques

Ces mouvements définissent trois types de frontières entre les plaques: (i) les frontières divergentes, là où
les plaques s'éloignent les unes des autres et où il y a production de nouvelle croûte océanique (entre les
plaques A et B, et D et E; (ii) les frontières convergentes, là où les plaques entrent en collision (entre les
plaques B et C, et D et C; (iii) les frontières transformantes, lorsque les plaques glissent latéralement les
unes contre les autres le long de failles; ce type de limites permet d'accommoder des différences de vitesses

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dans le déplacement de plaques les unes par rapport aux autres (entre A et E, et entre B et D, ou même des
inversions du sens du déplacement, comme ici entre les plaques B et E.

I. Présentation des plaques tectoniques

I.1 Structure des plaques

Suivant la nature de la croûte qui participe à la lithosphère, on distingue des plaques purement océaniques
(Pacifique, Nazca, Cocos, Philippines), des plaques mixtes avec passage latéral de la croûte océanique à la
croûte continentale (Afrique, Eurasie, Amérique du Sud, Amérique du Nord, Antarctique), plus rarement des
plaques continentales (plaques anatolienne et iranienne définies dans certains modèles).
La limite inférieure des plaques est matérialisée sismologiquement par le sommet de la LVZ d’épaisseur
variable (épaississement fréquent dans les chaînes de montagnes notamment les plus anciennes et
amincissement caractéristique dans les secteurs de rifting). Limites horizontales sont matérialisées par des
secteurs (frontières) en bandes étroites qui aux zones les plus déformées, le long desquelles les activités
sismiques et volcaniques se distribuent très majoritairement. Au plan rhéologique, les plaques sont
considérées comme rigides (par rapport à l’asthénosphère, stables (non déformables)
I.2 Mouvement des plaques
À l’échelle locale ou régionale (sur des distances maximales de l’ordre du millier de kilomètres), les
mouvements des plaques peuvent être décrits comme des translations planes à la surface de l’asthénosphère.
À plus grande échelle cependant, il devient impératif de prendre en compte la forme sphérique de la Terre à
la surface de laquelle toute droite devient un arc de cercle, et tout mouvement « horizontal » devient une
rotation. En définitive, chaque plaque est donc animée d’un mouvement de rotation autour d’un axe
eulérien passant par le centre de la Terre et perçant sa surface en deux points diamétralement opposés ; l’un
d’entre eux choisi arbitrairement est appelé pôle de rotation.

Figure 2 : Découpage de la lithosphère en 16 plaques suivant le modèle NUVEL-1. Les vitesses des plaques ont été
figurées par des flèches doubles pour les mouvements de divergence, par des flèches simples épaisses pour les
mouvements de convergence (figurées sur l’unité chevauchante), par des demi-flèches pour les mouvements de
coulissement. Le nom des plaques principales est indiqué en majuscules, celui des plaques plus petites en minuscules.

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Les traits en pointillés indiquent les frontières entre des plaques souvent réunies en une seule dans certains modèles
simplifiés

II. Frontières des plaques

Les différents types de frontières de plaques sont résumés dans le tableau 1

Tableau 1 : Différents types de contextes géodynamiques en fonction du mouvement relatif des plaques et de
leur nature.

II.1 Frontières divergentes

II.1.1 Rifting continental.

Les rifts sont des dépressions


topographiques allongées, limitées par des
failles normales (régime tectonique extensif),
et par des reliefs modérés (dénivelés
inférieurs ou égaux à 1 000 mètres le plus
souvent).
Les principaux exemples actuels pouvant
illustrer de telles structures sont : le rift Est-
Africain, le rift Ouest-Européen (courant
depuis, le fossé du lac Baïkal (entre Mongolie
et Sibérie), ou encore celui du Rio Grande
(entre les États-Unis et le Mexique).
Le rifting continental se forme suivant deux
mécanismes qui se distinguent par les étapes
de formation  (figure 3).
Les rifts peuvent ensuite évoluer de plusieurs
façons :
• certains passent graduellement à un
processus d’océanisation par maintien de la
divergence ;
• d’autres voient leur évolution contrariée par
l’arrêt de la divergence Figure 3 : Deux mécanismes d’initiation du rifting. (a) rifting
actif et (b) rifting passif

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II.1.2 Accrétion océanique
Au niveau de la dorsale médio-océanique, il existe une divergence bien illustrée par le paléomagnétisme et le
point chaud. C’est à ce niveau qu’il y a formation (accrétion de la nouvelle croute océanique). En fonction de
la vitesse de distension ou taux d’expansion totale, on distingue trois grands types de dorsales (tableau 2) :

Tableau 2 : Différents types de dorsales

En général, la dorsale rapide est dit de type pacifique alors que la dorsale lente est du type atlantique.
Ces deux dorsales sont chacune divisées longitudinalement en segments:
• tout d’abord, au premier degré, en larges segments délimités par des failles transformantes.
• un second niveau de segmentation s’ajoute au précédent et découpe les portions de dorsale comprises entre
deux transformantes en une suite de segments d’accrétion.
La dorsale Pacifique (rapide) constitue une zone de vastes reliefs, à pente faible, qui dominent les plaines
abyssales. La région axiale montre une forme en dôme de 5 à 15 km de large qui peut être entaillée d’un
fossé peu marqué (50 à 250 m de profondeur pour 1 à 2 km de largeur). L’activité tectonique s’observe
surtout sur quelques kilomètres de part et d’autre de cette zone volcaniquement active, le long de grabens
latéraux.
La dorsale Atlantique ou lente a un profil transversal plus rugueux avec une large vallée axiale encore
appelée rift médian, et présentant de chaque côté de nombreux gradins de 1 à 2 km de hauteur ; son
extension latérale est moindre (de l’ordre de 1 000 km contre 2 000 km pour une dorsale rapide)

II.2 Coulissage horizontal

II.2 .1 Coulissage océanique et zones transformantes océaniques (figure 4)


Les failles transformantes océaniques apparaissent comme de grandes discontinuités qui
segmentent les dorsales. Elles se composent à chaque fois d’un secteur actif central bordé de deux
secteurs latéraux inactifs car asismiques. L’activité sismique se manifeste uniquement dans
l’intervalle séparant les deux axes de dorsale et les mécanismes au foyer des séismes indiquent
presque toujours des déplacements en coulissement pur.
L’importance des failles transformantes océaniques:
- Les failles transformantes océaniques matérialisent bien souvent l’aspect discontinu de la déchirure
continentale qui a donné naissance à l’Océan ;
- Les failles transformantes océaniques sont des acteurs majeurs de la cinématique sphérique des
plaques (les différents segments rigides d’accrétion qui se succèdent longitudinalement ne sont pas
animés des mêmes vitesses linéaires d’expansion)
- Les failles transformantes apparaissent comme des zones d’accommodation cinématique.
Les failles transformantes océaniques sont des objets dont les traces permettent d’identifier les pôles
de rotation des deux plaques qu’elles contribuent à séparer.
II.2 .2 Coulissage continental et « failles transformantes »
Certains sites continentaux de coulissage correspondent à des failles transformantes ; tel est le cas
de la faille de San Andreas, qui traverse la Californie et relie deux portions de dorsales
consécutives, l’une au Nord entre les plaques Juan de Fuca et Pacifique, l’autre plus au Sud entre la
même plaque Pacifique et la plaque Cocos.

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Le secteur de la faille du Levant séparant les plaques Arabie et Afrique entre la mer Rouge et le
bloc continental Nord-Anatolien constitue un autre exemple représentatif de ce type de frontière de
plaques.

Figure 4 Schéma d’organisation d’une faille transformante océanique.

II.3 frontières Convergentes


La convergence se manifeste par la subduction, l’obduction la et collision.
II.3.1Subduction
II.3.1.1 Subduction océanique
La convergence de deux plaques océaniques, ou d’une plaque océanique et d’une plaque continentale, est le
plus souvent caractérisée par l’enfouissement de l’une des deux plaques, celle de nature océanique, au sein
du manteau.. Ce processus géodynamique est appelé subduction ; il s’accompagne souvent de la formation
de reliefs positifs et négatifs importants ainsi que d’activités sismique et magmatique.
À côté du schéma de subduction liminaire (en bordure d’un continent comme dans le cas andin), il existe
également des subductions en bordure d’arcs insulaires :
• des subductions sous des arcs insulaires à substratums continentaux (les Philippines sous l’Eurasie dans le
secteur de l’arc philippin, le Pacifique sous le Japon) ;
• des subductions sous des arcs insulaires installés sur des lithosphères océaniques chevauchantes (le
Pacifique sous les Philippines dans le secteur des fosses des Mariannes et des Bonins, l’Atlantique sous les
Caraïbes dans le secteur des Petites Antilles).

Au total, 80 % des cas de subduction sont des subductions de lithosphères océaniques sous des lithosphères
continentales, tandis que les 20 % restants correspondent à la convergence de deux plaques océaniques.

Concernant l’activité tectonique de la plaque chevauchante, deux situations peuvent être distinguées pour
simplifier :
• Quand le pendage du panneau subduit est supérieur à 50˚ au-delà de 150 km de profondeur, un régime
tectonique extensif affecte généralement le front de la plaque chevauchante ; ceci se matérialise par :
– de nombreuses failles normales actives ;
– des glissements de terrains en contrebas vers le bassin d’avant-arc ou plus encore en direction de la fosse ;
dans ce dernier cas, ces afflux de matériaux s’accumulent sur la plaque plongeante avant d’être avalés par la
subduction le long d’un « chenal de subduction ». On parle pour l’ensemble de ces processus d’ érosion
tectonique de la « marge ».
• Quand le pendage du panneau subduit est inférieur à 50˚ et surtout lorsqu’il est inférieur à 30˚, un
régime tectonique compressif affecte la bordure de l’unité lithosphérique chevauchante. Ceci peut se
matérialiser, outre la présence de failles inverses et de plis affectant les roches sédimentaires du front de
plaque chevauchante, par la mise en place d’un prisme d’accrétion. Il s’agit d’un corps sédimentaire portant
sur son dos le bassin d’avant-arc, nourri à sa base par le sous-charriage de masses sédimentaires déposées sur

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le plancher océanique et décollées de leur substratum du fait du fort couplage mécanique engendré entre les
deux intervenants lithosphériques dans ce type de subduction.
En fonction de la nature structures des plaques, il existe plusieurs types de subduction (figure 5) :

Figure 5 : les différents types de subduction

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II.3.1.2 Obduction
L’obduction procède d’une convergence lithosphérique au cours de laquelle une portion de lithosphère
océanique est amenée à passer au-dessus d’une marge continentale et à s’y échouer (figure 6).
Ces portions de lithosphère océanique ainsi conduites à recouvrir un substratum continental sont appelées
ophiolites (du grec ophis = serpent et lithos = pierre). Les régions du monde susceptibles d’illustrer une telle
structure lithosphérique sont rares car, la plupart du temps, l’obduction semble être une simple étape dans un
processus de convergence continentale qui en bouleverse ensuite la signature propre en l’intégrant de
manière
disloquée dans les édifices de collision continentale. L’ophiolite omanaise est l’une des plus belles et la plus
illustrées de ce type de convergence. En Nouvelle-Calédonie, des ophiolites affleurent également sur de
larges surfaces mais sont largement altérées. Elles constituent des gites d’altération riches en nickel et en
chrome.

Figure 6 : Obduction d’une lithosphère océanique sur une marge continentale : coupe représentant les relations entre
les unités lithosphériques sur la marge arabique.

II.3.1.3 La collision : formation des chaînes de montagne plissées


Lorsque les deux plaques entrent en collision, le mécanisme se coïnce: le moteur du déplacement (la
convection dans le manteau supérieur et la gravité) n'est pas assez fort pour enfoncer une des deux plaques
dans l'asthénosphère à cause de la trop faible densité de la lithosphère continentale par rapport à celle de
l'asthénosphère. Tout le matériel sédimentaire est comprimé et se soulève pour former une chaîne de
montagnes où les roches sont plissées et faillées. Des lambeaux de la croûte océanique peuvent même être
coïncés dans des failles. C'est la soudure entre deux plaques continentales pour n'en former qu'une seule
(figure 7).
Toutes les grandes chaînes de montagnes plissées ont été formées par ce mécanisme. Un bon exemple récent
de cette situation, c'est la soudure de l'Inde au continent asiatique, il y a à peine quelques millions d'années,
avec la formation de l'Himalaya.

Figure 7 : Chaînes de montagnes suite à la collision entre deux plaques

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III Les éléments structuraux (faille et plis)
III.1 Les failles, des déformations discontinues

Éléments pour l’analyse d’une faille


Les affleurements présentent fréquemment des fracturations. Les failles sont des déformations
discontinues avec déplacement relatif des deux compartiments le long d’un plan de faille qualifié
également de miroir de faille (s’il n’y a pas de déplacement relatif, on parle de diaclase). La
description d’une faille se fait en mesurant l’azimut (angle, noté β, de sa direction avec le nord), le
pendage du miroir de faille (angle, noté α, du plan de faille avec l’horizontale) et son rejet qui
mesure le mouvement relatif.
Celui-ci est décomposable en trois composantes :
• le rejet vertical ;
• le rejet horizontal latéral qui mesure le déplacement parallèle aux bords de la faille;
• le rejet horizontal transversal qui mesure l’écartement ou le rapprochement des compartiments dû
au glissement sur le plan de faille.

Figure 8 Éléments de description d’une faille. - Rejets : OA : rejet horizontal longitudinal (RHL) ;
CO’ : rejet horizontal transversal (RHT) ; OC : rejet vertical (RV) ; OB : rejet pente (RP)

Types de failles et sens du mouvement


Si le rejet vertical est prédominant, on a des failles : soit verticales, soit normales si la faille résulte
d’un mouvement d’étirement, soit inverses si la faille résulte d’un mouvement de raccourcissement.
Si le rejet horizontal est prédominant, la faille est qualifiée de décrochante. Celle-ci est dextre si un
observateur placé sur l’un des compartiments voit l’autre se déplacer sur sa droite et sénestre si
l’autre compartiment se déplace sur sa gauche. Pour déterminer le sens du mouvement, on utilise
des marqueurs du mouvement appelés tectoglyphes et souvent présents sur le miroir de faille.
D’abord des stries sillonnent souvent cette surface : elles indiquent la direction du mouvement.

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Mais une faille a pu jouer plusieurs fois et dans des contextes différents, on peut donc observer
parfois deux directions (voire plus) indiquées par les stries. La cristallisation de minéraux fibreux à
l’abri de petites cassures indique par leur sens de croissance, le sens du déplacement des
compartiments. Les pics stylolithiques sont perpendiculaires au mouvement et indiquent la
compression alors que les fentes de tension, aussi perpendiculaires au mouvement, indiquent
l’extension.

Figure 9. Schémas des différents tectoglyphes observables sur un bloc déformé (L. Labrousse).

Types de failles :
En fonction des valeurs des rejets et des valeurs des pendages, plusieurs types de failles existent :
Quand RHL = OA = 0 :
s’il y a distension => faille normale
s’il y a compression => faille inverse
Quand la plan d’une faille inverse devient subhorizontal => chevauchement

Quand RHL = OA = 0 et le pendage vertical => faille verticale


Quand RHL = OA n’est pas nul et RV = 0 => décrochement

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Faille conjuguée est un groupement d’au moins 2 failles àsens de pendage opposés. On distingue :
le Graben (=failles normales conjuguées) et le Horst (=failles inverses conjuguées)

Grabben Horst

Décrochement conjugué
Figure 10 : Types de faille

Les failles dans leur contexte géologique régional

Dans un contexte d’extension, on observe des failles normales au niveau des rifts, que ce soit au
niveau de la dorsale océanique ou dans l’Est de l’Afrique depuis Djibouti jusqu’à la région des
grands lacs. La zone centrale, effondrée, forme un graben et les reliefs périphériques des horsts.

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Lorsqu’elles sont d’ampleur crustale, ces failles normales s’amortissent dans la croûte inférieure
ductile : c’est ce que l’on appelle des failles listriques. Les marges passives continentales
présentent de telles failles séparant des blocs basculés.
Dans un contexte de décrochement, on peut citer les failles transformantes de la dorsale
océanique. Elles ne sont sismiques que dans la portion comprise entre les deux lèvres de la dorsale.
En milieu continental, on trouve des exemples avec le sillon sudarmoricain, la faille de San Andreas
(le long de laquelle se trouve San Francisco et
Los Angeles) et la faille du Levant qui part du golfe d’Akaba et remonte au nord jusqu’à la faille
anatolienne. Le long de la faille du Levant, la mer Morte et le lac de Tibériade sont des bassins en «
pull-apart ».
Dans un contexte de compression, les failles sont inverses comme dans le Jura par exemple. Dans
les Alpes, l’ampleur du raccourcissement est telle que les failles inverses initiales donnent des
chevauchements voire des charriages. Il faut noter qu’au cours de son histoire, une zone faillée a
pu avoir un jeu normal dans un premier temps puis le contexte ayant changé, rejouer en failles
inverses : on parle d’inversion tectonique.
Au niveau du plancher océanique, les zones de subduction, selon l’angle de plongement de la
plaque subduite, peuvent présenter des failles inverses si cet angle est faible mais aussi des failles
normales si l’angle est élevé. On voit ainsi qu’une convergence (cas d’une zone de subduction) ne
s’accompagne pas obligatoirement d’une compression.

Figure 11 Mécanisme de formation d’un bassin en « pull-apart ».

II.2 Les plis à grande échelle, des déformations continues


Les plis sont des déformations continues mais souvent associées, par une observation plus précise, à
des déformations discontinues (pli faillé).
Éléments pour l’analyse d’un pli
Les plis sont formés d’une succession de courbures convexes vers le haut, appelées antiformes, et
convexes vers le bas, appelées synformes. Lorsque la position stratigraphique est normale (les
strates les plus récentes au-dessus des autres), on les qualifie respectivement d’anticlinaux et de
synclinaux. On définit l’Axe d’un pli comme le lieu de courbure maximum de la surface déformée
et la charnière comme le point de courbure maximum sur une section orthogonale au pli.
Il ne faut pas confondre axe du pli et lignes de crête ou de creux car ces derniers représentent les
lieux topographiques les plus hauts ou les plus bas, ce qui ne se confond pas forcément avec l’axe.
Les axes des strates empilées définissent la surface axiale qui souvent peut être assimilée à un plan,
le plan axial . Pour orienter le pli, on utilise l’azimut du plan axial, le pendage est mesuré sur les
strates qui affleurent : il varie souvent d’un point à un autre et il est reporté sur les cartes
géologiques

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Figure 12. Eléments de description d’un pli

Diversité et mode de formation


En fonction du déversement du plan axial ou du pendage
Pli droit : lorsque PA vertical et les pendages des flans symétriques
Pli déjecté : PA est incliné et flanc à pendage inégale et à sens opposé.
Pli déversé : PA incliné et flanc à pendage de même sens
Pli isoclinal : 2 flancs parallèles avec même sens et valeur du pendage
Pli couché

Figure 13. Nomenclature des plis en fonction du pendage des flancs


Pour un pli isopaque (qui a même épaisseur), après déformation, la face convexe, l’extrados, est
plus longue que la face concave, l’intrados. Soit la déformation se concentre au niveau de la
charnière (plis à déformation de charnière) et on peut observer des fentes de tension au niveau de
l’extrados et des joints stylolithiques au niveau de l’intrados (figure 10.8b ). Soit ce sont les flancs
qui accommodent la déformation (plis à déformation de flancs, figure 10.8a).

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En fonction du mécanisme du plissement :
Pli semblable : sinuosités de tous les lits sont superposables
Pli parallèle ou isopaque : chaque couche offre une épaisseur constante

Association plis et failles


Comme on l’a vu, la charnière d’un pli peut être affectée de petites failles mais de manière plus
générale l’association des deux types de déformations n’est pas rare dans les régions déformées. Par
exemple, de nombreux plis cassent au niveau du flanc inverse : on les qualifie de plis-failles.
Quand les décrochements fonctionnent en transpression (deux lèvres de la faille sont en
compression), des plis peuvent se former comme dans la région des Transverse Ranges le long de la
faille de San Andreas.
De nombreux plis dans le Jura sont interprétés comme une succession de « plats rampes». Il s’agit
de petits chevauchements.

Figure 14 Mécanisme de formation des plis faillés

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