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Cours des Risques Naturels 2015-2016

INTRODUCTION : DONNEES GENERALES

I.1. Définition de Concepts

1. Risques naturels

Il y a risque naturel lorsqu’un enjeu, c.à.d. une personne (ou des intérêts humains) est
menacé, même potentiellement. Les risques naturels sont liés à des phénomènes perçus
comme non maîtrisables par l’homme parce que ne résultant pas explicitement de son
activité.

Ils sont principalement liés entre autres aux :

- phénomènes géologiques (séismes, volcans, mouvements de terrains) ;


- phénomènes hydrologiques occasionnant notamment les inondations ;
- phénomènes météorologiques (précipitations, vents, cyclones, foudre, températures
extrêmes).

Il est donc évident que ce cours traitera beaucoup plus des risques naturels liés aux
phénomènes géologiques, c.à.d. aux séismes, au volcanisme et aux mouvements des
terrains.

Précisons que parmi ces phénomènes, le séisme apparait comme un phénomène des plus
dangereux parce qu’à la différence d’une éruption volcanique ou d’un cyclone, un séisme
frappe en quelques secondes, ne donnant donc aucune chance de fuir. On ne peut donc
éviter ces phénomènes, le principal objectif c’est de prévoir l’endroit où ils sont susceptibles
de se produire !

2. Catastrophe Naturelle

Il y a catastrophe naturelle lorsque un événement agressif lié à un phénomène naturel


extrême se traduit par :

- d’importantes pertes humaines, matérielles ou environnentales ;


- une rupture grave du fonctionnement de la communauté touchée ;
- l’incapacité des structures sociales et administratives locales à faire face aux actions
nécessaires de secours et de rétablissement.

Les risques naturels (sismiques, volcaniques, etc.) font partie des catastrophes naturelles qui
mettent en action des énergies énormes et qui sont donc caractérisées par une ampleur et

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une complexité des phénomènes devant lesquels l’homme a toujours nourri des sentiments
souvent contradictoires, allant de la peur à la colère et même à l’adoration. La catastrophe
naturelle n’est donc pas un phénomène naturel physique, mais plutôt un phénomène social.

I.2. Objectifs et prérequis du Cours

L’objectif principal de ce cours est de fournir à l’étudiant en Géologie :

- une vue d’ensemble des phénomènes géologiques susceptibles de constituer une


menace à la vie humaine et à ses intérêts ;
- des éléments relatifs à l’origine de ces phénomènes et aux mécanismes de leur
expression et de leur enregistrement ;
- des méthodes d’évaluation de la probabilité d’occurrence de ces phénomènes et de
leur surveillance en vue de leur prévision et prévention pour la réduction de risques y
afférents et la protection de la population.

Ce cours exige donc comme prérequis des notions de géologie générale, géophysique
générale, volcanologie, de géomorphologie, de géologie des terrains superficiels et de
mécanique des sols et roches.

I.3. Plan du cours

Le cours comprend, outre l’introduction, trois parties plus ou moins autonomes l’une des
autres, à savoir :

Chapitre 1 : Risques liés au tremblement de terre

Chapitre 2 : Risques volcaniques

Chapitre 3 : Risques liés aux mouvements de terrains et inondations

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CHAPITRE I : RISQUES LIES AU TREMBLEMENT DE TERRE

I.1. Définition et catégories de tremblement de terre

On appelle séisme (ou tremblement de terre), un ébranlement brutal du sol provoqué, en


profondeur, par un mouvement brusque de deux compartiments. Il en résulte une libération
instantanée d’énergie élastique lentement accumulée.

La plupart des tremblements de terre sont localisés sur des failles. Plus rares sont les
séismes dus à l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). C’est le
long des failles provoquées par le mouvement relatif de deux compartiments qu’une partie
de l’énergie libérée prend la forme d’ondes sismiques causant ainsi le tremblement du sol.
Ce phénomène survient lorsque les contraintes accumulées dans une zone de la croûte
terrestre dépassent la résistance des roches, il engendre alors des secousses plus ou moins
violentes et destructrices à la surface du sol.

Il se produit de très nombreux séismes tous les jours, mais la plupart ne sont pas ressentis
par les humains. Environ cent mille séismes sont enregistrés par an sur la planète. Les plus
puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices.

La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie.

Les trois catégories de tremblement de terre

Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir trois
origines :

 Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande
partie des séismes tectoniques se produisent aux limites des plaques où il existe un
glissement entre deux milieux rocheux. Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs
failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes), et l'énergie
s'accumule par la déformation élastique des roches. Cette énergie et le glissement
sont brusquement relâchés lors des séismes.
- Dans les zones de subduction, les séismes représentent la moitié des
séismes destructeurs de la Terre; ils dissipent 75 % de l'énergie sismique de
la planète. C'est le seul endroit où on trouve des séismes profonds (de 300 à
645 kilomètres).

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- Au niveau des dorsales médio-océaniques, les séismes ont des foyers


superficiels (0 à 10 kilomètres), et correspondent à 5 % de l'énergie sismique
totale.
- De même, au niveau des grandes failles de décrochement, ont lieu des
séismes ayant des foyers de profondeur intermédiaire (de 0 à 20 kilomètres
en moyenne) qui correspondent à 15 % de l'énergie.

Le relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule


secousse, et il peut se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une
configuration stable. Ainsi, on constate des répliques suite à la secousse principale
d'un séisme, d'amplitude décroissante, et sur une durée allant de quelques minutes à
plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois plus dévastatrices que la
secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui n'avaient
été qu'endommagés alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire
une réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa
magnitude. Par exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3
plusieurs mois plus tard même si cet enchainement reste extrêmement rare.

 Les séismes d'origine volcanique résultent de l'accumulation de magma dans la


chambre magmatique d'un volcan. Les sismographes enregistrent alors une
multitude de microséismes (trémor) dus à des ruptures dans les roches comprimées
ou au dégazage du magma. La remontée progressive des hypocentres (liée à la
remontée du magma) est un indice prouvant que le volcan est en phase de réveil et
qu'une éruption est imminente.
 Les séismes d'origine artificielle (ou « séismes induits ») sont dus à certaines
activités humaines : barrages, pompages profonds, extraction minière, explosions
souterraines ou essais nucléaires peuvent entraîner des séismes de faible à
moyenne magnitude.

Comme phénomènes collatéraux, on doit noter que les tremblements de terre engendrent
parfois :

- des tsunamis (raz des marées) dont la puissance destructrice menace une part
croissante de l'humanité installée en bordure de mer.
- Ils peuvent aussi menacer les installations pétrolières et gazières offshore et
disperser les décharges sous-marines contenant des déchets toxiques, déchets
nucléaires et munitions immergées. On cherche à les prévoir, pour s'en protéger, à

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l'aide d'un réseau mondial d'alerte, qui se met en place notamment en Indonésie et
Asie du Sud- Est.
- Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et
riche en eau perd sa cohésion sous l'effet d'une secousse et peut conduire au
glissement de terrain.

Séismes naturels et artificiels

Mécanismes au foyer Séismes naturels Séismes artificiels


Jeu d’une faille Séismes tectoniques (de - mise en eau d’un
loin les plus courants) : barrage ;
rupture des roches - exploitation des gaz,
etc.

Explosion Séismes volcaniques : Tirs d’exploration sismique, tirs des


fracturation des roches due mines et carrières, essais nucléaires
à l’intrusion de magma, souterrains.
dégazage, oscillation propre
du réservoir.
Implosions Séismes d’effondrement : Effondrement d’anciennes mines
effondrement des cavités
dans le gypse ou le calcaire,
effondrement lié à un grand
glissement de terrain.

I.2. PARAMETRES D’EVALUATION DES SEISMES

1. Fréquence d’un séisme

Les ondes sismiques enregistrées à la surface de la terre correspondent à 3 catégories de


fréquences :

- F˃ 1 Hz : vibrations industrielles, explosions proches ;


- 0,01 ≤ F ≤ 1 Hz : explosions lointaines, séismes proches, agitations naturelles ;
- F< 1 Hz : ondes superficielles indirectes, vibrations propres à la terre, marées
terrestres.

La fréquence peut donc renseigner sur la nature de l’origine du séisme.

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2. Intensité d’un séisme et échelle des dégâts

L’intensité d’un séisme est une mesure des dommages causés par ce séisme. C’est ainsi
que la sévérité de la vibration sismique se mesure, en un lieu, par l’ampleur de ses effets sur
l’homme et les objets ainsi que le dommage aux bâtiments.

L’intensité est maximale à l’épicentre, elle décroit avec la distance. Des amplifications
peuvent apparaitre localement dues au type de terrain (terrains sédimentaires récents par
ex.), à la topographie, à la fracturation des roches, etc., ce sont les effets de site.

Il existe plusieurs échelles d’intensité pour décrire les effets produits par les séismes. Il
s’agit des effets observés et ressentis par l’homme et qui sont rapportés à une quantité
dénommée « intensité macrosismique » et notée en nombres romains, allant de I à XII
pour les échelles les plus connues (Mercalli, MSK ou EMS). Parmi les différentes échelles,
on peut citer :

 l'échelle Rossi-Forel (aussi notée RF),


 l'échelle Medvedev-Sponheuer-Karnik (aussi notée MSK),
 l'échelle de Mercalli (notée MM dans sa version modifiée),
 l'échelle de Shindo de l'agence météorologique japonaise,
 l'échelle macrosismique européenne (aussi notée EMS98).

L'intensité dépend du lieu d'observation des effets. Elle décroît généralement lorsqu'on
s'éloigne de l'épicentre en raison de l'atténuation introduite par le milieu géologique traversé
par les ondes sismiques, mais d'éventuels effets de site (écho, amplification locale par
exemple) peuvent perturber cette loi moyenne de décroissance.

Voici à titre d’exemple l’échelle de Mercalli :

 1e degré : seulement enregistré par les instruments sensibles ;


 2e degré : très faible. Peu d’observateurs, au repos, le remarquent ;
 3e degré : faible. Ressenti par un petit nombre d’habitant.
 4e degré médiocre : ressenti en général à l’intérieur des maisons, et par un petit
nombre de personnes en plein air. Légères oscillation d’objets ;
 5e degré assez fort : Il est parfaitement ressenti en plein air. Les objets suspendus
entrent en oscillation
 6e degré fort : Provoque la panique. Objets et meubles lourds sont déplacés. Chute
de quelques cheminées en mauvais état ;
 7e degré très fort : De sérieux dégâts peuvent se produire ; les eaux sont troubles,…

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 8e degré : ruineux. Des objets sont transportés à une distance importante ou sont
renversés, les statuts sont renversées ; écroulements partiels de cheminées
d’usines ;
 9e degré : désastreux : des maisons peuvent s’écrouler. Destruction partielle ou
totale d’édifices bien construits.
 10e degré : très désastreux. Des dignes écroulent, les tuyaux d’alimentation d’eau
ou de gaz sont coupés ; les rails de chemin de fer sont tordus…
 11e degré : catastrophiques. Même les ponts les plus solides sont détruits de
grands éboulements se produisent.
 12e degré : catastrophique. Rien ne subsiste des œuvres humaines. Ce degré n’a
pas encore été observé.

3. Magnitude d'un séisme.

La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion
introduite en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter. La magnitude se calcule à
partir des différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme :

- la distance à l'épicentre,
- la profondeur de l'hypocentre,
- la fréquence du signal,
- le type de sismographe utilisé,
- etc.

La magnitude mesure donc l’énergie libérée lors d’un tremblement de terre ; elle n'est pas
une échelle mais une « fonction logarithmique » continue. Elle est définie par la relation :
M = log (A/T) + F(Δ) où

- M = magnitude ;
- Ặ = l’amplitude maximale enregistrée sur un sismographe relative à l’onde S; si
x=amplitude du sismographe (X100, X1000,…), la magnitude réelle A=Ặ/x en µm ;
- T = la période de l’onde sismique ;
- F(Δ) = facteur d’amortissement des ondes sismiques, il est fonction de l’éloignement
du séisme et est propre à chaque type d’appareil dans une station d’enregistrement.

Exemple : un sismographe d’un observatoire conduit à une valeur de 6,8 à F(Δ), constante
d’amortissement pour un séisme localisé à 10000 km. L’amplification de l’enregistreur est X
5000, l’amplitude maximale de l’onde reçue est de 5 cm, la période T est de 1 s. Quelle est
la magnitude du séisme observé ?

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Solution :

A = 5cm/5000 = 50000 µm /5000 = 10 µm

M = log (10/1)+6,8 = 1+6,8 = 7,8

On utilise généralement la magnitude de Richter pour classer les séismes.

Alors que l’intensité varie avec la distance à la source, la magnitude reflète l’énergie libérée
indépendamment de la profondeur, de la distance et de dégâts subis. La formule de Richter
implique qu’un séisme de magnitude 7 est dix fois plus intense qu’un séisme de magnitude
6, cent fois plus qu’un séisme de magnitude 5, etc. et cela du fait de sa forme logarithmique.

Les dommages commencent à l’épicentre pour M L = 4,5 ; le niveau ML = 7,5 marque la limite
inférieure de grands tremblements de terre.

4. Les relations entre magnitude et intensité.

 Les relations entre magnitude et intensité sont complexes ; en fait il n’existe pas de
véritable relation entre magnitude et intensité d’un séisme. C’est ainsi que deux
séismes de même magnitude peuvent donner en surface des intensités différentes ;
et inversement, deux séismes de même intensité en un lieu peuvent avoir des
magnitudes différentes.
 A l’inverse de la magnitude qui se calcule, l’intensité d’un séisme ne peut donner lieu
qu’à une simple estimation.
 La magnitude est une valeur associée uniquement au séisme alors que l’intensité est
associée au lieu d’observation.

5. Les relations entre magnitude et énergie.

a. M = log E/EO avec a = 1,5 ; EO = 2,5. 1011 erg ; M = magnitude

Log E = 11,4 + 1,5 M (en erg) ou encore log E = 4,8 + 1,5M (en joules)

6. Catégories des séismes en fonction de l’énergie

Type Magnitude Effets macroscopiques Fréquence


Microséisme M<2 Microséisme, non ressenti 8000/jr
Très mineur 2-2,9 Microséisme, non ressenti 1000/jr
Mineur 3-3,9 Séismes souvent ressenti, mais causant rarement de 49000/jr
dommages

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Léger 4-4,9 Secousses notables d’objets à l’intérieur des maisons, 6200/jr


bruits d’entrechoquement ; dommages peu communs
Modéré 5-5,9 Peut causer des dommages majeurs à des édifices 800/an
mal conçus dans des zones risquantes, cause des
légers dommages aux édifices bien construits.
Fort 6-6,9 Peut être destructeur dans des zones allant jusqu’à 120/an
180km à la ronde si elles sont peuplées.
Majeur 7-7,9 Peut provoquer des dommages sévères dans des 18/an
zones plus vastes.
Important 8-8,9 Peut provoquer des dommages sérieux dans des 1/an
zones à des centaines de km à la ronde.
Exceptionnel ≥ 9 Dévaste des zones de plusieurs milliers de km à la 1 tous les
ronde. 20 ans

7. Exemples de quelques principaux séismes enregistrés

Localisation Date Magnitude Perte en vies humaines


Agadir (Maroc) 29/02/1960 M=5,9 12.000
Chimbote (Pérou) 31/05/1970 M=7,8 66.000
Michoacan (Mexique) 19/09/1985 M=8,1 20.000
Kobe (Japon) 17/01/1995 M=7,3 7432
Aigion (Grèce) 15/06/1995 M=6,2 29
lle
Papouasie (N Calédon.) 18/07/1998 M=7,2 Plus de 3000
Kocaeli (Turquie) 17/08/1999 M=7,4 17.118
Kabalo (RD Congo) 11/11/2002 M=6,7 8
Bukavu (RD Congo) 03/02/2008 M=6,1 ; prof.loc.=33km 7
Bukavu (+forte réplique) 14/02/2008 M=5,4 ; prof.loc.=10km -

I.3. ENREGISTREMENT ET CARACTERISTIQUES DES ONDES SISMIQUES

1. Définition des ondes sismiques

Les ondes sismiques sont des ondes élastiques car elles peuvent traverser un milieu sans
le modifier durablement. L’impulsion du départ va pousser des particules élémentaires qui
vont pousser d’autres particules et reprendre leur place. Ces nouvelles particules vont
pousser les particules suivantes et reprendre leur place, etc.

Les vibrations enregistrées ainsi par un séisme se propagent dans toutes les directions.

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2. Les différents types d’ondes sismiques

Au moment du relâchement brutal des contraintes de la croûte terrestre (séisme), deux


grandes catégories d'ondes peuvent être générées. Il s'agit des :

 ondes de volume qui se propagent à l'intérieur de la Terre et


 ondes de surface qui se propagent le long des interfaces.

Dans les ondes de volume, on distingue :

 les ondes P ou ondes de compression. Le déplacement du sol se fait par dilatation et


compression successives, parallèlement à la direction de propagation de l'onde. Les
ondes P sont les plus rapides (6 km/s près de la surface). Ce sont les ondes
enregistrées en premier sur un sismogramme.
 les ondes S ou ondes de cisaillement. Les vibrations s'effectuent
perpendiculairement au sens de propagation de l'onde, comme sur une corde de
guitare. Plus lentes que les ondes P, elles apparaissent en second sur les
sismogrammes.

Les ondes de surface (ondes de Rayleigh, ondes de Love) ou ondes L: elles résultent de
l'interaction des ondes de volume. Elles sont guidées par la surface de la Terre, se
propagent moins vite que les ondes de volume, mais ont généralement une plus forte
amplitude.

Généralement ce sont les ondes de surface qui produisent les effets destructeurs des
séismes.

3. Dispositif d’enregistrement d’un séisme

Le sismographe ou sismomètre (en station) est le détecteur des mouvements du sol, il


comporte un capteur mécanique, un traducteur, un amplificateur et un enregistreur.

Le point d'origine d'un séisme est appelé hypocentre ou foyer. Il peut se trouver entre la
surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur (limite du manteau supérieur) pour
les événements les plus profonds. L'épicentre du séisme est le point de la surface de la
Terre qui se trouve à la verticale de l'hypocentre.

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On distingue un sismographe vertical et un sismographe horizontal ; le diagramme


d’enregistrement s’appelle sismogramme. Le sismographe qui distant de l’épicentre
enregistre les ondes P, S et les ondes de surface.

I.4. ALEA, VULNERABILITE ET RISQUE SISMIQUE

1. Définitions

L’aléa sismique est la potentialité d’une région de subir une secousse sismique de
caractéristiques données. Cela suppose une bonne connaissance des périodicités, des
localisations, des profondeurs des hypocentres et de l’énergie (magnitude) développée lors
des secousses antérieures.

La vulnérabilité à cet aléa dépend du nombre de personnes exposées (densité de la


population) et de l’environnement (c.à.d. les caractéristiques régionales : mer, montagne,
mode de construction, qualité des matériaux). Bref on fait appel ici au coût des dégâts. Par
exemple :

- dans un désert, le risque sismique est quasi nul même si l’aléa est fort ;
- au contraire, une région d’urbanisme précaire et à très forte concentration humaine
peut présenter un risque élevé même si l’aléa est modéré.

Le risque sismique : Pour un séisme prévisible donné, le risque sismique dépend


directement des caractéristiques géologiques ou géothermiques du site sur lequel les
implantations humaines sont établies : c’est-à-dire de l’effet de site. Cela signifie qu’une
secousse sismique de moyenne magnitude peut provoquer des dégâts considérables en
certains sites, si le sous-sol est capable d’amplifier les vibrations ou s’il conduit à une
liquéfaction des sédiments.

En termes mathématiques, on définit le risque sismique par la relation : R=A.D, où :

- R=risque sismique ;
- A= probabilité d’occurrence d’un événement d’intensité donnée dans une période de
temps et un espace déterminés ;
- D= dommages correspondant à l’intensité de l’événement retenu, c’est la somme
n

∑ (Vi . vi ) où Vi = vulnérabilité de l’élément i (compté de 0 à 1), v i = valeur de


i

l’élément ;

Le terme d’ordre humain est lié aux conditions d’occurrence et à la mesure de dommages ;

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Les facteurs décisifs sont :

- le sens général du rapport au risque ;


- l’évaluation locale des dommages et des solutions de prévention ;
- le niveau de maturité collective : plus on prend conscience qu’on vit dans une région
à hauts risques, plus la collectivité luttera pour réduire le risque.

Finalement, on peut définir un risque (sismique) comme étant la conséquence d’un


événement d’une ampleur ayant une probabilité de se produire (c.à.d. un aléa). Il peut être
d’origine naturelle ou humaine ; ses conséquences peuvent :

- mettre en péril un grand nombre de personnes,


- occasionner des dégâts importants
- et dépasser les capacités de réaction des instances directement concernées :

Le risque correspond dans ce cas à une catastrophe naturelle.

Le passage de l’aléa au risque suppose la prise en compte de la vulnérabilité des enjeux


soumis à cet aléa. Le risque sismique est donc la combinaison entre l’aléa sismique en un
point donné et la vulnérabilité des enjeux qui s’y trouvent exposés (des personnes, des
bâtiments, des infrastructures).

L’importance des dommages subis dépend ainsi très fortement de la vulnérabilité des enjeux
à cet aléa. Par exemple en 2003, le séisme de Bam (en Iran) de M = 6,6 a fait 30.000 tués
alors qu’en 1995 le séisme de Kobe, pourtant plus puissant (M=6,9) n’a fait que plus ou
moins 6.300 tués. La magnitude de ces deux séismes étant similaires, c’est surtout la
différence de vulnérabilité entre les constructions de ces deux villes densément peuplées qui
permet d’expliquer l’écart au niveau des victimes.

S’il est impossible d’agir pour limiter l’ampleur ou l’occurrence des séismes, il est par contre
possible d’augmenter la résistance des enjeux exposés.

2. Evaluation de l’aléa (ou potentialité) sismique

Il n’y a pas de protection efficace sans connaissance du danger ; si on ne peut pas agir sur
l’aléa, il faut tout mettre en œuvre pour améliorer sa connaissance. Les opérations ci-après
sont envisagées :

 développer une base des données sur les événements sismiques, y compris ceux qui
sont susceptibles de constituer une menace face à des enjeux humains,
économiques et environnementaux ;

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 procéder à l’installation d’un réseau de mesure et de surveillance sismiques pour


pouvoir enregistrer tous les séismes même minimes qui se produiraient dans la zone
et estimer :
- la magnitude maximale possible,
- la récurrence des séismes en un lieu ainsi que leur périodicité.
 cartographier les récentes déformations de la surface (néotectonique), notamment
les failles actives, évaluer les aléas et les paramètres du mouvement de terrain en
prenant en compte les spécificités géologiques, géotechniques et topographiques
locales (effets de site) ;
 évaluer la vulnérabilité aux séismes pour le suivi et l’auscultation des instabilités,
notamment le risque sismique sur le bâti existant et en particulier sur toute
construction nouvelle qui doit pouvoir supporter l’intensité nominale sans subir des
dommages importants (normes parasismiques à définir) ;
 diffuser largement les consignes essentielles de sécurité à suivre en cas de séisme
et préparer des unités de secours relevant de la sécurité civile (commandement
unique, organisé et structuré) et donc du ministère de l’intérieur.

L’aléa sismique ne pouvant donc être contrôlé, il y a lieu de réduire le risque par :

- l’identification des éléments les plus vulnérables  exposés;


- l’appropriation active du risque non seulement par les décideurs, mais aussi par la
population ;
- le développement d’actions préventives et de surveillance.

I.5. PREVISIONS ET PREVENTIONS DES SEISMES

1. Prévisions des séismes

On peut distinguer trois types de prévisions : La prévision à long terme (sur plusieurs
années), à moyen terme (sur plusieurs mois), et à court terme (sur quelques jours).

1) Les prévisions à long terme reposent sur une analyse statistique des failles
répertoriées. Elles permettent de définir des normes pour la construction de
bâtiments. De manière générale, plus il y a du temps entre deux séismes, plus le
deuxième est proche et sera plus puissant. Certaines failles telles celle de San
Andreas en Californie ont fait l'objet d'études statistiques importantes ayant permis de
prédire le séisme de Santa Cruz en 1989. Des séismes importants sont ainsi
attendus en Californie ou au Japon (Tokaï, magnitude 8.3).

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2) Les prévisions à moyen terme sont plus intéressantes pour la population. Les
recherches sont en cours pour valider certains outils, comme la reconnaissance de
formes (dilatance).
3) Les prévisions à court terme se basent sur des observations très précises des
terrains à risque.

Les moyens de détection peuvent avoir un coût important et des résultats non garantis, du
fait de la grande hétérogénéité des signes précurseurs d'un séisme, voire leur absence dans
des séismes pourtant de grande ampleur tels que TangShan ou Michoacan, qui avaient été
prévus à moyen terme mais non à court terme. De plus les gouvernements ont besoin
d'informations certifiées pour évacuer une population des sites suspectés.

En Grèce, les auteurs Varotos, Alexopoulos et Nomicos, ont mis en place une méthode
dite VAN basée sur la mesure des impulsions électriques qui se propagent dans le sol et qui
permet la prévision des séismes. Cette méthode stipule que « chaque séisme de magnitude
inférieure à 3,5 serait précédé d’un signal électrosismique, et tout signal électrosismique
serait suivi par un tremblement de terre dont magnitude et épicentre peuvent être prévus
avec précision ».

La fiabilité de cette méthode qui fonctionne par des enregistrements de variations des
courants électrotelluriques est en train d’être étudiée. C’est une méthode qui, bien que
fortement controversée dans le milieu scientifique, semble avoir détecté 5 séismes majeurs
avec plusieurs jours d'avance.

Les États-Unis utilisent des outils de grande sensibilité autour des points statistiquement
sensibles (tels que Parkfield en Californie) : vibrateurs sismiques utilisés en exploration
pétrolière, extensomètres à fil d'invar, géodimètres à laser, réseau de nivellement de haute
précision, magnétomètres, analyse des puits.

Le Japon étudie les mouvements de l'écorce terrestre par GPS et par interférométrie (VLBI),
méthodes dites de géodésie spatiale.

En Afrique du Sud, les enregistrements se font dans les couloirs des mines d'or, à 2 km de
profondeur.

En Chine on se base sur des études pluridisciplinaires, telles que la géologie, la prospection
géophysique ou l'expérimentation en laboratoire.

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La prévision à court terme : elle repose sur la connaissance de l’aléa sismique. Pour cela,
il faut réaliser l’inventaire historique des séismes avec leur localisation et leur intensité. Des
indices prémonitoires de séismes pouvant être enregistrés par les réseaux d’observation
sont :

 Une diminution de la résistivité des roches ;


 Une variation de champ magnétique local ;
 Une augmentation de la circulation des eaux souterraines ;
 Une augmentation corrélative de la radioactivité due au radon que ces eaux
transportent ;
 Une variation du niveau d’eau de puits et du débit de sources ;
 Une activité microsismique un peu plus marquée que les petites vibrations
habituelles (bruit de fond) ;
 De légères déformations de la surface du sol (mouvements verticaux et obliques)
détectées par des inclinomètres ;
 l’inquiétude des animaux peu de temps avant la secousse, par exemple les
serpents quittent leur terrier, les animaux attachés tentent de s’échapper.

2. Prévention contre les séismes et Conduite à tenir en cas de tremblement de terre

 Eviter de construire sur une zone faillée ;


 En région sismique, éviter de construire sur des terrains en pente ou des terrains
meubles (alluvions en particulier) ;
 Caractériser l’effet de site local en établissant une cartographie des zones
susceptibles d’amplifier les vibrations ;
 Ne pas construire sur les zones les plus vulnérables telles que les remblais mal
tassées ou sur les sédiments meubles ;
 Empêcher l’énergie de s’accumuler dans les zones sismiques soit en déclenchant
des séismes artificiels de faible amplitude, soit en « lubrifiant » les zones
susceptibles de mouvements ; par exemple, la mise en eau des retenues des
barrages déclenche des séismes par surcharge de la lithosphère ; et réactivation
des failles par injections d’eau dans les fissures.
 Education de la population et respect des normes de construction.

Aux premières secousses, ne chercher ni à entrer ni à sortir des immeubles. Se tenir à l'écart
des vitres et des fils électriques. En voiture, s'arrêter mais ne pas sortir. Après le

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tremblement, vérifier l'eau, le gaz et l'électricité. Réserver le téléphone aux urgences et


écouter les consignes radio.

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En conclusion :

Les scientifiques évaluent et expliquent les différents phénomènes qui surviennent lors de
séismes ; les architectes et les ingénieurs se forment pour en tenir compte dans leurs projets
en zones sismiques.

Toutefois dans l’état actuel des choses, il est question de prévoir et non de prédire ! Prévoir
en s’appuyant sur les connaissances scientifiques est possible aujourd’hui ; ça ne l’était pas
il y a cinquante ans ; en effet, on peut aujourd’hui :

1. connaître « à l’avance » la localisation possible des séismes, leur violence et la


fréquence approximative des phénomènes.
2. connaître « à l’avance » le comportement du site d’implantation du bâtiment sous
l’effet des secousses avec une marge d’incertitude qui décroît rapidement avec
l’avancée des connaissances.
3. connaître « à l’avance » quel type de construction éviter sur ce site. Les secousses
d’un même séisme peuvent être très différentes d’un site à l’autre : plus ou moins
fortes, plus ou moins longues, mais aussi avoir des caractéristiques très variables. La
construction doit être appropriée aux types de secousses possibles sur son site
d’implantation.
4. Etablir des règles de construction et des plans d’urbanisme efficaces à partir de ces
connaissances.

I.6. CONSEQUENCES DES SEISMES

1. Préjudices humains et psychologiques

Les séismes sont des phénomènes naturels pouvant être très destructeurs. Les victimes
humaines sont :

- directes, et sont pour la plupart concernées par l’effondrement des bâtiments, les
mouvements de terrain associés ou par les tsunamis dans le cas des séismes sous-
marins.
- Mais les grands séismes destructeurs occasionnent également un grand nombre des
victimes indirectes du fait des ruptures de canalisations de gaz et de violents
incendies qui s’ensuivent (cas de San Francisco, Tokyo, etc.).

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Les populations sans abri doivent parfois être déplacées vers des zones moins affectées, ce
qui augmente encore le préjudice psychologique des victimes.

2. Préjudices matériels

Les dommages matériels dépendent de l’amplitude, de la durée du mouvement de sol et du


mode de construction. Il peut s’agir de la détérioration des structures (fissurations) ou de leur
destruction (écroulement des bâtiments). Outre les habitations, les séismes ont un impact
très fort sur l’économie :

- destruction des infrastructures (ponts, routes, voies ferrées, etc.),


- détérioration de l’outil de production (usines par exemple),
- rupture des conduites d’eau, de gaz et d’électricité pouvant provoquer incendies,
explosions ou électrocutions.

3. Effets sur l’environnement

Les grands séismes peuvent occasionner des désordres dans l’environnement. Pour les
séismes les plus forts, le jeu des failles :

- peut faire apparaitre des dénivellations ou des décrochements de plusieurs mètres,


avec parfois changement total du paysage (vallées barrées par de glissements de
terrain et transformées en lacs, rivières déviées, etc.) ;
- des sources peuvent tarir, de nouvelles sources peuvent apparaitre…

Le dégât causé par le séisme est fonction :

- des caractéristiques des maisons construites. C’est ainsi qu’on doit adapter les
constructions aux magnitudes prévisibles.
- la qualité et la nature des bâtiments ;
- la qualité et la nature des roches sur lesquelles on a construit interviennent
également dans les dégâts causés par les séismes (effet de site).

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CHAPITRE II : RISQUES VOLCANIQUES

I. INTRODUCTION

Les risques volcaniques sont très meurtriers et très coûteux au plan matériel. Les exemples
récents l’illustrent :
- Coulées de lahars (Colombie en 1985) : 25000 morts ;
- Tsunami (océan Indien en décembre 2004) : plus de 300.000 morts ;
- Séisme (Chine en mai et juin 2008) : 400.000 morts et des dizaines de milliards de
dollars de dégât matériel

Le nombre de victimes des catastrophes naturelles augmente chaque année de 6%  alors
que l’accroissement annuel de la population n’est que de 2%. Ce constat a donc poussé les
Nations Unies à concentrer la décennie 1990-2000 aux catastrophes naturelles.

Plusieurs programmes ont été ainsi menés dans le but de :

- approfondir les connaissances sur les catastrophes naturelles, notamment les


causes, le protocole de déroulement, etc.
- informer les populations concernées et les entraîner sur le comportement à adopter
lors d’une situation de crise ;
- développer les méthodes de surveillance, de prévision et de protection des
populations.

Les risques volcaniques se classent en 3e position après les cyclones et les séismes en
fonction de leurs effets meurtriers.

La Terre possède plus de 10.000 volcans sur les continents et davantage encore sous les
océans. Plus de 1.500 d’entre eux ont été actifs au cours des 10.000 dernières années.

Depuis l’année 1700, on comptabilise au total 265.000 victimes des phénomènes


volcaniques. Aujourd'hui, 500 millions de personnes sont concernées par les risques
volcaniques.

L’UNESCO a recensé à travers le monde, une centaine de volcans considérés comme très
dangereux et donc particulièrement surveillés. Ces volcans sont situés pour la plupart dans
la ceinture de feu Circum-Pacifique correspondant aux zones de subduction (Marges
Continentales Actives, IA=arcs insulaires). Un de ces volcans, Nyiragongo se situe à l’Est de
notre pays.

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L’exploitation des statistiques établies depuis 4 siècles montre que:

a) il se passe en moyenne 2 éruptions cataclysmales par siècle ; par exemple :

19è siècle 20è siècle


1815 : Tambora (Indonésie) : 92.000 morts 1902 : Montagne Pelée : 30.000 morts
1883 : Krakatoa (Indonésie) : 36.000 morts 1985 : Nevado Del Ruiz : 25.000 morts

b) Au total, 27 éruptions volcaniques majeures ont été répertoriées faisant chacune en


moyenne 10.000 morts;
c) Plusieurs centaines d’éruptions volcaniques mineures entraînant la mort de quelques
dizaines à quelques centaines de personnes.

Ce nombre important de victimes a donc tout naturellement conduit au développement des


aspects de la volcanologie qui s’occupent de l’évaluation et de la prévision des risques
volcaniques.

La volcanologie : l’étude de l’ensemble de phénomènes physiques et chimiques qui


accompagnent l’arrivée du magma à la surface de la Terre. Ces phénomènes peuvent être :

Physiques :

- Energie calorifique (T°) : 1300-900°C ;


- Energie cinétique (P) : vitesse quelques km -600km/h.

Chimiques : la composition chimique des produits volcaniques (laves, projections, gaz).

Les éruptions volcaniques peuvent se réaliser en milieux aériens (atmosphère, nappe


aquifère, lac) ou en milieux sous-marins qui ne sont pratiquement pas concernés par le
problème de risques volcaniques.

2.2. EVALUATION DES RISQUES VOLCANIQUES

1. Introduction

International Association of volcanology and chemistry of the Earth’s interior (IAVCEI) a


identifié 7 risques volcaniques majeurs dont :

4 risques primaires liés aux : 3 risques secondaires : 2 risques collatéraux :


- Coulées basaltiques - Lahars (coulées - Inondation (barrage de
boueuses) cours d’eau)
- Pyroclastites - Glissements de terrain - Maladies (rupture des
(retombées) (mouvement de terrain) chaînes naturelles)

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- Ecoulements - Tsunami (raz de marée)


pyroclastiques (nuées
ardentes, déferlantes)
- Gaz (émanation
toxiques)

2. LES RISQUES PRIMAIRES

Risques liés aux coulées de lave

Il s’agit principalement de coulées des laves basiques (basaltiques, basanitiques,


néphélinitiques, leucititiques) très fluides à cause de leur pauvreté relative en SiO 2 et leur
température élevée, et qui s’épanchent sous l’effet de la pesanteur sur les flancs du volcan
et dans les zones dépressionnaires environnantes.

Leur vitesse, largement fonction de l’importance de la pente, est en moyenne de quelques


km/h ; mais elle peut atteindre dans des cas particuliers plusieurs dizaines de km/h
notamment sur des pentes abruptes où elles peuvent former des véritables cascades.

Les coulées de laves ne constituent pas vraiment un danger pour la population qui a
généralement le temps de s’enfouir. Par contre, les coulées détruisent pratiquement tout sur
leur passage (maisons, infrastructures, cultures, etc.).

Par exemple, l’éruption du Nyiragongo (en janvier 2002) qui a détruit une bonne partie de la
ville de Goma n’a fait qu’une dizaine de victimes parmi lesquelles on a dénombré des
vieillards, des malades et des enfants.

Les risques volcaniques liés aux retombées


La superficie des zones recouvertes par les retombées dépend principalement du volume
des produits émis, de leur fragmentation (granulométrie) et de leur dispersion. Ces
paramètres peuvent être déduits de l’allure des courbes isopaques car le scenario des
éruptions antérieures peut aider à anticiper les effets d’une éruption future.
- Les bombes volcaniques sont extrêmement dangereuses aux abords du volcan. Bien
souvent le taux de recouvrement des impacts des bombes est de 50% à 3 km du
cratère.
- Les coulées de lapillis atteignent généralement des épaisseurs de plusieurs mètres,
recouvrant des villes entières.

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- Les cendres fines sont particulièrement dangereuses car inhalées, elles peuvent
conduire à l’obstruction des voies respiratoires des êtres vivants.
On estime à 100g/m3 d’air la concentration de cendres nécessaire pour tuer un adulte
par suffocation.
Enfin, lorsqu’elles recouvrent des pâturages, les cendres vitreuses et souvent
pointues sont un danger pour les animaux herbivores qui se blessent au niveau des
voies digestives et s’empoisonnent.

Risques liés aux écoulements pyroclastiques

Les écoulements pyroclastiques constituent un risque majeur principalement lié aux nuées
ardentes, aux déferlantes et aux ignimbrites. Ces écoulements étant des émissions dirigées,
la zone exposée l’est généralement dans une direction. Aussi, l’énergie se trouve-t-elle
concentrée dans un angle relativement étroit, ce qui augmente leur pouvoir destructeur.

D’une façon générale, la morphologie de l’édifice volcanique conditionne la trajectoire des


nuées qui peuvent remonter à contre sens selon leur ligne d’énergie. Dans ce cas, la
prévision est capitale car aucune fuite n’est possible.

Les hommes meurent de causes multiples :


- ondes de choc,
- heurts de bombes et des objets en mouvement,
- effets thermiques,
- asphyxie.

Risques liés aux gaz

Parmi les gaz émis par les volcans se trouvent des gaz toxiques dont la dangerosité tient du
fait que bien souvent ils sont invisibles et inodores.

- SO2 : émis en abondance se combine à H2O atmosphérique pour former H2SO4


hautement nocif (phénomène des pluies acides).
- F est en soi très polluant et peut contaminer les eaux de surfaces et provoquer
l’empoisonnement par fluorose (ex : dents rougeâtres des riverains du lac Kivu
résultent de la transformation en fluoroapatite de l’apatite qui rentre dans la
constitution de celles-ci).

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- CO2 : invisible et incolore, plus lourd que l’air ambiant s’écoule en nappes sournoises
dans les vallées environnantes tuant les populations quasi-instantanément par
asphyxie.

Des mélanges de l’ordre de 10 à 20% de CO 2 dans l’air sont martels. C’est le cas du lac
Nyos au Cameroun en 1986. Il s’agit d’un lac de forme elliptique de 1800m selon le grand
axe et profonde de 28m. Son déversoir occupe le cratère d’un volcan inactif depuis
longtemps. L’émission d’une nappe de CO2 a tué instantanément tous les vivants de
nombreux villages situés en aval des vallées drainant ce lac : 1.746 hommes, 3.000 têtes de
bétail, oiseaux, insectes, etc.

L’Est de notre pays, et particulièrement le pourtour du lac Kivu, est très explosé à ce risque
volcanique car des exhalations de CO2 s’échappent régulièrement des lacs d’eau douce. En
règle générale, le gaz est dissous dans l’eau. Mais une perturbation causée par exemple par
un séisme peut bouleverser la stratification des eaux, la nucléation et la libération du CO2.

3. LES RISQUES SECONDAIRES

Les lahars

Etant des coulées boueuses, les lahars résultent de la conjugaison de quelques facteurs tels
que :

 Présence des matériaux volcaniques instables (pyroclastites) ;


 Apport des eaux d’origine variée (aquifère, pluviale)

Le pouvoir destructeur des lahars dépend de :

- Fluidité de la masse en mouvement ;


- Profil de la pente ;
- Volume du matériel déterminant la hauteur du front.

La dernière grande catastrophe de ce type s’est produite sur le volcan Nevado Del Ruiz
(Colombie) le13 novembre 1985 et a fait 25.000 morts. Le lahar a couvert environ 80 km
sur les flancs du volcan avec une vitesse moyenne de 10m/s, il a donc parcouru en deux
heures 72 km depuis le point de départ. Le débit moyen varie entre 25.000 à 30.000 m 3/s
avec un pic de 48.000m3/s près de la source.

L’épaisseur de la masse en mouvement était de 40m de haut à la source et de 2 à 5 m à


Armero, causant ainsi la destruction de toute cette ville.

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Le glissement de terrain
Il s’agit de mouvements de masses plus ou moins importants de terrain consécutifs à une
éruption volcanique. D’une façon générale, les volcans sont dissymétriques et présentent
une instabilité sectorielle.

Les différentes fractures et les niveaux hydrothermalisés constituent autant des niveaux de
glissement privilégiés ; le tout étant favorisé par une activité sismique quasi-permanente. En
milieu équatorial et intertropical, les matériels volcaniques s’altèrent très rapidement et sont
sujet à des glissements. Les cartes des risques doivent donc tenir compte de :
- Pente ;
- Dénivelé ;
- Discontinuités ;
- Orientation des niveaux ;
- Lithologie ;
- Végétation et réseau hydrographique

Ces glissements de terrain peuvent dans certains cas combler des vallées et créer des lacs
artificiels par retenue et engendrer de nouvelles instabilités.

Les tsunamis (raz des marées)

Il s’agit d’avancées importantes de masses d’eau sur la terre ferme. Ces avancées de
masses d’eau sont donc explosives et se déclenchent non loin des côtes. Ce sont donc de
grandes vagues d’eau liées à :

 Des glissements de terrains sous-marins,


 Des séismes,
 Des éruptions volcaniques sous-marines;
 Des débâcles glaciaires ;
 Des impacts des météorites.
On peut ajouter à ces causes classiques :

- les grandes pressions des gaz


- et la géométrie des côtes (en falaise : les masses d’eau sont bloquées) et du fond
marin qui amplifient le phénomène (en pente forte : augmentation de l’amplitude des
vagues).

Le tout engendre des vagues de grande ampleur qui déferlent sur les rivages environnants
avec un pouvoir destructeur énorme. L’amplitude des vagues augmente au fur et à mesure
que la profondeur de l’océan diminue càd vers les côtes.

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Un tsunami est donc caractérisé par :

- une énergie E,
- une longueur d’onde λ,
- et sa période T ;

Il s’agit donc d’une onde d’eau peu profonde (« shallow water wave ») puisque la profondeur
de l’océan h < λ/2, et sa vitesse est approximativement donnée par la relation : V=√ ( g . h)
où g = l’accélération de la pesanteur et h la profondeur de l’océan. Il faut noter que pour un
tsunami d’origine tectonique, la vitesse est de 870 km/h pour une profondeur de 6 km.

Sur le plan global, ce phénomène est plus fréquent dans les plaques océaniques du
Pacifique et de l’océan Indien à cause notamment de la présence de nombreux volcans
sous-marins. Par exemple en 1883, l’éruption du Krakatoa en Indonésie a provoqué un
tsunami déferlant sur l’île de Java, distante de 40km, causant la mort de 36. 417 personnes.
Les vagues issues de ce tsunami avaient parcouru 17. 000km à travers le Pacifique jusqu’au
Golf de Gascogne en Europe.

Comme exemples de tsunami d’origine sismique, on peut citer :

- le tsunami du 24 décembre 2004 qui est à mettre en rapport avec une importante
accumulation, pendant des siècles, des stress (contraintes) dans la zone de
subduction de la plaque occidentale Indienne sous la mini-plaque de Burma. La
relaxation de ce stress (contrainte) s’est traduite par un séisme sous-marin de très
grande magnitude (9,3) qui s’est maintenu pendant 2 heures et a induit le tsunami qui
s’est répandu en quelques heures sur tout ce pourtour de l’océan Indien ; ses effets
se sont ressentis jusque sur la côte orientale de l’Afrique (Somalie).
- En mars 2011 au Japon, la subduction de la plaque du Pacifique sous la plaque
Eurasiatique a provoqué un séisme qui a causé un tsunami de M=9,3 (Fukushima).

4. RISQUES COLLATERAUX

Ils sont généralement différés dans le temps par rapport au phénomène volcanique ; il s’agit
de :

Les inondations

Les coulées de laves et les glissements de terrain peuvent, par accumulation de matériaux,
ériger des barrages dans des vallées et créer ainsi des lacs artificiels très instables. La

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rupture brusque de ces barrages va lâcher instantanément des millions de m3 d’eau qui vont
inonder toute la région située en aval.

La rupture des chaînes naturelles (maladies)

L’émission des pyroclastites et des gaz peut conduire à l’anéantissement d’un élément de la
chaine alimentaire naturelle, créant des perturbations avec des conséquences néfastes. Par
exemple en Amérique Centrale, une éruption volcanique a décimé tous les oiseaux dans la
région affectée. Les moustiques, sans prédateur naturel, ont proliféré rapidement provoquant
l’épidémie de paludisme qui a décimé la population.

II.3. METHODES DE SURVEILLANCE ET DE PREVISION DES RISQUES VOLCANIQUES

1. INTRODUCTION
Les risques volcaniques comptent parmi les plus violents et les plus spectaculaires
manifestations de la nature. L’importance de l’énergie mise en jeu (calorifique, mécanique) a
toujours laissé l’homme impuissant. D’où l’adage bien connu « le volcan doit agir et
personne ne peut s’y opposer ».

Néanmoins, les récents développements de la volcanologie ont permis de mettre au point un


certain nombre de méthodes d’approche directe et indirecte devant permettre de surveiller
les volcans, de prévoir les risques volcaniques et partant de minimiser les effets négatifs du
volcanisme. Il est vrai que des efforts énormes sont encore à faire dans ce domaine.

D’une façon générale, les méthodes de surveillance des volcans sont basées sur l’étude des
phénomènes qui accompagnent la montée des magmas. En effet, l’ascension des magmas
se fait en force et les pressions importantes développées entraînent des :
- Fissurations, donc des séismes ;
- Déformations de l’édifice, donc des variations géométriques ;
- Injection des matériaux étrangers, donc des modifications des champs magnétique
et gravimétrique local ;
- Les gaz s’échappant du magma à une certaine profondeur lorsque Pgaz>Plithospherique,
arrivent en surface les premiers.

L’appréhension de ces différents paramètres pendant les périodes de repos d’un volcan
permet d’interpréter l’apparition des signaux en termes de prévision lorsque survient une
crise.

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Vu les quantités d’énergie mises en jeu (calorifique ou mécanique), il est difficile d’arrêter un
volcan. D’où les stations de surveillance. Pour les volcans les plus dangereux, il faut
disposer d’un observatoire permanent où un personnel qualifié se relaie 24 heures sur 24.

On dispose aussi des stations de surveillance automatique, disposées sur l’édifice


volcanique et reliées à l’observatoire central par radio haute fréquence. En cas d’alerte par
les appareils automatiques, les volcanologues se rendent immédiatement sur place pour
faire le point et prendre les décisions qui s’imposent.

Différents types d’appareils spécifiques permettent une surveillance rigoureuse du volcan.


Des sismographes détectent de petites secousses souvent entre 24 et 48 heures avant
l’éruption, parfois quelques jours ou même quelques dizaines de minutes seulement.

2. METHODES DE SURVEILLANCE SISMIQUE

Méthodes séismologiques

Dans la plupart des cas, les volcans sont alimentés par une chambre magmatique sub-
crustale. Les instabilités survenant au sein de cette chambre (alimentation, vidage) vont
faire varier les contraintes dans l’édifice et engendrer des secousses sismiques. Ainsi, la
quasi-totalité des éruptions volcaniques sont précédées et accompagnées des séismes.

L’implantation d’un réseau de séismographes autour du volcan et dans la plaine de lave


environnante va permettre de détecter toute activité sismique survenant sous le volcan et de
suivre les variations dans le temps de cette activité.

Les séismographes sont assortis d’une alimentation électrique autonome (batterie, panneaux
solaires, éoliennes) et sont munis d’un émetteur radio qui transmet en permanence les
mesures effectuées à l’observatoire situé généralement loin de la zone volcanique. Ces
stations très sensibles permettent de détecter des séismes de très faible magnitude ne
pouvant pas être ressentis par l’homme.

Le dépouillement des enregistrements permet entre autre de localiser les épicentres et de


suivre l’évolution des foyers sismiques successifs. Si un séisme ou une succession des
séismes plus intenses que la normale sont enregistrés, l’alerte est déclenchée.

En cas de recrudescence (augmentation) du nombre de séismes et de leur amplitude, on


peut déduire qu’une crise volcanique est possible. On resserre par conséquent les mailles
des séismographes pour accroitre la surveillance sur tous les réseaux.

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Méthodes topographiques

Pour se frayer un passage, ouvrir les fissures, casser le bouchon de lave solidifiée des
éruptions précédentes qui obstruent la cheminée et le cratère, le magma doit être soumis à
des fortes pressions. Ces processus déforment l’édifice, le gonflent, le fissurent et en
modifient la géométrie avant et pendant l’éruption.

La surveillance des déformations conduit donc à l’étude des variations de la pression à


l’intérieur de la chambre magmatique, elle utilise les techniques topographiques classiques
telles que le nivellement ou tiltimétrie.

Dans ce même ordre d’idées, on réalise la surveillance du jeu des failles notamment leur
ouverture intervenant suite à une remontée de magma. Cette surveillance fait appel à des
méthodes de métrologie dérivée de celles utilisées pour la surveillance de grands ouvrages
d’art (barrages, tunnels, etc.)

Magnétométrie différentielle

Les édifices volcaniques sont situés le plus souvent dans des régions à structures
géologiques complexes comportant des failles, des nappes aquifères, des zones altérées,
des types lithologiques variés, etc. Ces structures modifient notablement les variations
temporelles du champ magnétique local.

La répartition spatiale de ces variations et leurs amplitudes peut être hétérogène. Il faut donc
reconnaître la signature magnétique d’un complexe volcanique en absence d’activité (temps
de repos). Le suivi de l’évolution spatio-temporelle de valeur des composantes de champs
magnétique, notamment en période de crise, va donner des renseignements sur la remontée
du magma.

Géochimie des fluides

Les gaz

Le magma est par définition un bain silicaté contenant des gaz dissous et des minéraux de
cristallisation précoce. Dans la chambre magmatique ces différents constituants sont en
équilibre thermodynamique à haute température et moyenne pression. La remontée de
magma et l’ouverture des fissures entraînent la dépression de la partie supérieure de la
chambre.

Cette chute de pression va entraîner le dégazage du magma avec la formation des


microbulles par nucléation. La vitesse de croissance de ces bulles est fonction du taux de
dépressurisation, de la vitesse de remontée, de la viscosité de magma et de la vitesse de

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diffusion des constituants en l’intérieur de magma. Les bulles peuvent atteindre des tailles de
l’ordre du mètre, ce qui entraîne la fragmentation du magma.

Les solubilités de différents gaz volcaniques n’étant pas les mêmes, la dépressurisation
provoque donc un dégazage différentiel et partant, une variation de leur composition
chimique lors de diverses phases éruptives. Le captage et l’analyse de la composition
chimique des fumerolles donnent des renseignements précieux sur l’évolution du
phénomène éruptif.

Les eaux

Les édifices volcaniques correspondent à des reliefs qui arrêtent une partie des nuages
donnant naissance à des précipitations abondantes particulièrement dans nos régions
équatoriales et tropicales. Les eaux météoriques s’infiltrent facilement pour alimenter les
aquifères qui jouent alors le rôle d’intégrateur dans le processus de transferts d’éléments
chimiques résultant de l’activité volcanique.

L’hydrogéochimie s’appuie sur ce phénomène pour la surveillance volcanique. En effet, la


proximité d’une chambre magmatique crée une anomalie thermique qui, outre l’apport des
calories, induit une mobilisation des composés chimiques en contact avec les eaux
d’infiltration.

L’ascension du magma s’accompagne donc de l’émission d’un ensemble des produits


volatils (CO2, SO2, H2S, HCl, halogénures alcalins, etc.) qui vont migrer le long des failles.
Ces éléments vont traverser la nappe aquifère et passent en partie en solution. Les
modifications de la température et de la composition chimique des sources qui drainent cette
nappe constituent donc un indicateur dont l’étude permet de suivre la dynamique du niveau
de la chambre magmatique.

La surveillance hydrogéochimique repose donc sur les mesures des paramètres physiques
(température, conductivité électrique) ainsi que l’analyse chimique d’un échantillonnage
régulier des eaux.

Approche géologique

Les recherches géologiques effectuées dans le cadre d’un observatoire volcanologique


visent à connaître l’évolution de l’histoire détaillée récente du volcan sous surveillance. Le
passé d’un volcan actif détermine dans une certaine mesure son futur et permet de
modéliser les scenarios possibles.

Les méthodes utilisées comportent principalement :

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 Les levés de terrain : détermination de la répartition spatiale des produits


volcaniques émis par chaque éruption et pour chaque séquence éruptive grâce à
l’établissement des coupes géologiques ;
 Echantillonnage systématique représentatif de différentes éruptions ;
 Etude pétrographique et minéralogique détaillée (microscope, microsonde,
microscope électronique) ;
 Etude géochimique (éléments majeurs et en traces, isotopiques) ;
 Datations radiométrique notamment par 14C sur bois fossiles.

Les différents résultants contribuent également à l’établissement de cartes géologiques


détaillées des volcans avec des indications sur leur évolution magmatique et éruptive.

L’appréhension des risques volcaniques associés à un volcan donné passe d’abord par la
connaissance du comportement antérieur du volcan. Ceci consiste à étudier le record des
éruptions historiques ainsi que la composition et la structure du cône volcanique.

Dans la plupart des cas, le changement dans la dynamique éruptive est fonction de
l’évolution de la composition du magma dans la chambre. En effet, la différentiation
s’accompagne d’une augmentation de la viscosité et de la pression des gaz, ce qui donne
lieu à des éruptions caractérisées par des courtes coulées de lave, à la formation des dômes
avec un caractère explosif très poussé.

Il a été remarqué au niveau de certains volcans que lorsque leur période de repos est brève,
il s’en suit une éruption peu explosive accompagnée de laves fluides, tandis que lorsque la
période de repos est relativement longue, il en résulte une éruption très explosive produisant
un volume très important des projections (éruptions pliniennes).

Surveillance des volcans par satellites

Depuis quelques années, l’utilisation des satellites géostationnaires dans la surveillance des
volcans a donné des résultats positifs à divers égards. Les renseignements sont obtenus de
manière ponctuelle et permanente sur plusieurs paramètres, grâce aux images satellitaires,
notamment :

- La géométrie des édifices volcaniques (phénomène de gonflement) ;


- La répartition spatiale des produits volcaniques (cartographie fine) ;
- La localisation des zones d’activité fumerolienne ;
- La montée d’un panache éruptif (indispensable au positionnement et à la surveillance
des volcans sous-marins) ;
- La croissance des dômes ;

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- L’activité dans le lac de lave ;


- La teneur en SiO2, CO2, CO, etc. dans l’atmosphère.

Les images multispectrales, et notamment celles recueillies en IR, témoignent des variations
thermiques de certaines zones de l’édifice volcanique ou de l’émission des panaches de gaz.

En conclusion : la problématique de prévision et de prévention des risques volcaniques peut


se résumer en 4 points :

 Localisation : Il s’agit ici d’identifier les volcans particulièrement dangereux à


l’échelle mondiale et locale. Ces volcans peuvent être actifs ou éteints sans en
négliger. La liste n’est pas limitative et est toujours à compléter. Exemple,  dans la
liste de 80 volcans dangereux dressés par l’UNESCO vers le milieu des années 80
ne figurait pas le Nevado Del Ruiz qui, une année après, faisait 25.000 morts.
 Observations : L’appréhension et le suivi des paramètres physico-chimiques en
période de repos est indispensable car cela aide au repérage des signaux d’activité
du système volcanique : chambre magmatique, cheminée, évents, cratère.
 Compréhension : Des simulations au laboratoire ont permis de faire une avancée
significative dans la compréhension des mécanismes qui contrôlent les éruptions
volcaniques majeures. De nombreuses zones d’ombre subsistent encore notamment
sur la mise en place des ignimbrites par manque d’éléments suffisants pour la
confection des modèles.
 Prédiction : Des efforts sont actuellement déployés dans le domaine de la prédiction
à court terme des éruptions volcaniques. Malgré la décrétassion par l’ONU de la
décennie des catastrophes naturelles, il apparaît encore que seulement 50% des
volcans récents sont correctement étudiés à l’heure actuelle. Et il est fort probable
que la prochaine éruption cataclysmale pourra survenir à l’endroit où on l’attend le
moins.

« Monitoring » des volcans par satellites

La NASA développe depuis plusieurs années un programme de monitoring des volcans du


monde par satellites géostationnaires celui-ci permet de détecter quasi-instantanément les
signes d’amorce d’une éruption volcanique dans les domaines continentaux et océaniques à
la surface de la Terre.

En plus des images satellitaires on a également développé des « sensors » qui donnent des
signaux sous-forme de couleur aux satellites ; ces sensors sont capables de détecter des
anomalies thermiques, l’émission de S02 ainsi que des déformations topographiques
minimes de la surface de la Terre.

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L’image satellite du Nyiragongo et du Nyamulagira, les deux stratovolcans actifs de l’Est du


pays prise le 31 janvier 2007, montre :

1. Sur le plan morphologique que le Nyiragongo est caractérisé par des pentes
abruptes, tandis que les flancs du Nyamulagira sont moins raides ;
2. La coulée de lave du Nyiragongo qui a détruit une grande partie de la ville de Goma ;
3. Le Nyamulagira a eu une éruption adventive dans son flanc Sud qui s’est arrêtée aux
abords de SAKE ;
4. Cette image relève 2 signes indicatifs d’une activité présente du Nyiragongo :
- Le point mauve-clair au sommet correspond à l’endroit où le sensor a
détecté une anomalie thermique ;
- Le halo bleu à l’ouest est une émission forte des cendres et de gaz ;
- Les taches blanchâtres sont des nuages de basse altitude.

Méthodes mécaniques de prévision des risques volcaniques

Elles ne s’appliquent que dans le cas des risques associés aux coulées de laves et
consistent principalement en l’érection des installations susceptibles de détourner la
trajectoire des coulées des zones sensibles (agglomérations, cultures, ouvrages d’art
stratégiques, etc.) en utilisant :

- Des tunnels creusés à la pelle mécaniques pour canaliser les laves lors de leur
écoulement;
- Des barrages dressés par bulldozers ou des blocs de béton largués par
hélicoptère pour constituer un mur empêchant la lave de couler;
- Des bombardements au canon de front de coulées pour en dévier la trajectoire ;
- Des projections par canadair d’énormes quantités d’eau sur les fronts de coulées
pour les refroidir et ainsi ralentir leur avancée.

Il convient toutefois de noter qu’en gros, les résultats de ces méthodes ne sont pas tellement
efficaces.

II.4. Evaluation de risques volcaniques et protection civile

Les différents risques volcaniques exposés doivent être évaluées par le volcanologue. Du
point de vue quantitatif, le risque peut s’évaluer par le produit : valeur x vulnérabilité :

- Valeur : nombre des vies humaines, des biens mobiliers et immobiliers, des
infrastructures en place, capacité de production envisagée.
- Vulnérabilité : possibilité d’endommager partiellement ou totalement une région par
rapport à ce qui s’y trouve (dévalorisation : % valeur susceptible d’être perdue).

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Dans tous les cas, la notion de risque intervient à plusieurs niveaux :

- Au moment de l’éruption volcanique et directement à cause d’elle ;


- Lors des phénomènes secondaires (lahars, tsunamis) ;
- Lors des causes indirectes (rupture des barrages, incendies, famine, modification des
équilibres écologiques).

L’éruption volcanique se manifeste généralement de façon apocalyptique et a donc, comme


effet, de créer un mouvement des paniques chez les êtres vivants.

Il convient donc d’encadrer et d’éduquer les populations en leur expliquant clairement d’une
part ce qu’un volcan ainsi que les différents dangers qu’il présente et d’autre part, ce qu’il
faut faire et ce qu’il ne faut pas faire en cas d’éruption.

Cette action de sensibilisation se fait généralement sous forme des plaquettes (dessins)
détaillant les consignes à tenir. Elle se fait également par radio (c.à.d. faire des émissions
de sensibilisation) et comporte principalement les opérations suivantes :

- Garder la tête froide, c.à.d. ne pas s’agiter ;


- Rassembler quelques vivres (conserves) plus l’eau potable ;
- Ne pas s’enfuir aveuglement ;
- Ne pas aller chercher les enfants à l’école, on s’en occupera.

Tout ceci nécessite une bonne coordination entre les scientifiques (volcanologues) et les
responsables politiques. Des plans d’alerte, de secours et d’évacuation sont établis par les
autorités civiles, prenant en compte les différents scenarios éruptifs susceptibles de se
produire. 

Exemple : au Japon, la ville de KAGOSHIMA au pied du volcan SOKURAJIMA a été sinistré


par l’éruption de ce volcan le 12 janvier 1914 et depuis lors, chaque année à la même date,
des exercices des protections et d’évacuations de toute la population de 500.000 habitants
par tous les moyens sont mimés grandeur nature.

Des antennes médicalisées (équipes de médecins) spécialisées sont mobilisées également


pour intervenir sur les lieux de l’éruption pour porter secours aux blessés.

Les traumatismes dus aux éruptions volcaniques sont spécifiques, il s’agit de :

- Brûlures à divers degrés de la peau et des muqueuses ;


- Œdèmes des yeux et des poumons ;
- Obstruction des voies respiratoires et digestives (par les cendres) ;

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- Infections des blessures ;


- Intoxications diverses par des gaz ;
- Epidémies dues à la pollution des eaux par les gaz, les éléments chimiques, les
projections, etc.

Des progrès significatifs ont été réalisés depuis une vingtaine d’années dans les domaines
de surveillance, de la prévision et de la prévention des éruptions volcaniques. Dans les
régions volcaniques, on doit faire chaque fois l’exercice de formation et de sensibilisation de
la population locale pour le comportement à adopter face à une éruption volcanique. C’est
ainsi que les volcanologues ont contribué à sauver des dizaines de milliers de vies
humaines.

II.5. VOLCANISME ET ENVIRONNEMENT

Lors d’une éruption volcanique, des quantités énormes de matériaux (projections fines ou


aérosols, gaz) sont projetés dans l’atmosphère. Celles-ci peuvent atteindre nous l’avons vu,
des hauteurs importantes telles que la limite stratosphère-troposphère (jusqu’à 50 km). Les
particules très fines qui atteignent cette altitude peuvent être entraînées par des courants de
haute altitude telle que les jet-streams sur des milliers de km.

Des aérosols constitués par une suspension des particules microscopiques vont se former
par réaction photochimique entre les gaz sulfureux et les vapeurs stratosphériques créant
une sorte de voile qui réfléchit d’une part les rayons solaires ; mais d’autre part, les rayons
IR émis par la basse atmosphère créent des perturbations climatiques.

A l’échelle mondiale, tous les éléments en suspension dans la haute atmosphère peuvent
influencer le climat. C’est ainsi qu’au 20è siècle, 2 éruptions ont influencé le climat mondial
de façon notable : il s’agit de :

- Katmai : 1912 ;
- Pinatubo : 1991

Notons enfin que le volcan joue un rôle sur le trou d’O 3 et particulièrement à l’aggravation du
phénomène « effet de serre » dont l’importance n’est pas encore quantifiée.

Il apparait en outre de plus en plus évident, que les éruptions volcaniques ont pu être ou
seront à l’origine des situations cataclysmales pouvant aller jusqu’à l’extinction de certaines
espèces animales. C’est ainsi qu’a été émise l’hypothèse de l’extinction des dynausaures,
des sauropodes, des carnisaures, etc. en Inde, suite à l’éruption des trappes tholéiitiques du
Deccan autour de 66 Ma et qui a conduit à la mise place d’énormes volumes de lave en un

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laps de temps très court. En effet, on a retrouvé de nombreux restes de ces organismes
dans certains niveaux volcaniques.

II.6. VOLCANOLOGIE ET AVIATION CIVILE

Durant les 30 dernières années, plus de 90 avions long courrier ont été pris dans des
nuages des cendres volcaniques et ont été fortement endommagés.

Le monitoring des volcans mondiaux par satellites a permis depuis peu d’obtenir
pratiquement en temps réel des informations précises sur le déclanchement des éruptions et
de les transmettre aux tours de contrôle des aéroports importants à travers le monde.

Une coordination entre stations volcanologiques et les centres d’aiguillage du ciel se


développe de plus en plus, évitant ainsi des catastrophes aériennes.

Les pilotes de ligne sont informés sur les phénomènes volcaniques et sur des mesures à
prendre en cas d’implication dans ce phénomène. Les indicateurs d’une telle situation sont :

- forte odeur de soufre ;


- brouillard ;
- changement du régime des moteurs ;
- pressurisation ;
- vitesse du vent ;
- électricité.

Aux mois d’avril et de mai 2010, l’éruption du volcan islandais, qui a émis beaucoup de
cendres (les courants de cendres s’appellent « jet streams »), a perturbé les vols sur toute
l’étendue de l’Europe occidentale et d’Amérique, causant des pertes de l’ordre de plusieurs
milliards de dollars US.

II.7. LES ASPECTS POSSITIFS DES VOLCANS 

Les volcans, par les risques qu’ils représentent, apparaissent incontestablement nuisibles
pour les sociétés humaines. Mais paradoxalement, ils s’avèrent aussi bien utiles :

- Il est actuellement établi, qu’au début de l’existence de la Terre (4.5 Ga) l’activité
volcanique, par dégazage, a contribué à la formation de l’atmosphère et, par
condensation, à celle des océans, ce qui a permis ensuite l’apparition de la vie.
- Les volcans construisent des territoires nouveaux (îles volcaniques : Antilles,
Réunion, Tahiti, Islande, Kerguelen, etc.).
- Les régions volcaniques comptent parmi les plus peuplées au monde et ce depuis les
temps immémoriaux (exemple : en D.R.Congo : on a 100 à 150 hab. /km2 à l’est

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contre moins de 10hab/km2 au Katanga. On a même découvert que les premières


ancêtres de l’homme sont issues des régions volcaniques du Nord de la Tanzanie.

Cette répartition de la population est due principalement à la fertilité des sols de ces
régions mais aussi, dans une moindre mesure, à des effets de l’altitude qui réduit
drastiquement le développement des parasites qui causent des maladies
endémiques (moustiques, mouches tsé-tsé etc.) ; ceci est dû au fait que la plupart
des produits volcaniques (laves et projections) contiennent en teneur appréciable des
éléments chimiques fertilisants tels : P, K, mais aussi de nombreux oligo-éléments
nécessaires à la poussée des plantes.

Ainsi, les sols volcaniques qui résultent de l’altération de ces roches sont
généralement très fertiles. A titre d’exemple, les sols volcaniques très fertiles de l’est
de la RDC permettent 3 récoltes de maïs, haricots, pommes de terre par an, contre
une seule au Katanga par exemple.

Cette propriété naturelle a permis le développement récent d’une nouvelle discipline


en géologie dénommée « Agrogéologie ». Elle a comme objet, la caractérisation
minéralogique et géochimique des différentes roches magmatiques (plutoniques et
volcaniques) en vue de leur utilisation juste après broyage comme fertilisants naturels
par épandage dans les champs. Ceci réduit sensiblement leur coût et les rend
accessibles aux populations peu nanties.

- Les volcans servent, depuis toujours, à l’habitation des habitants préhistoriques sous


des coulées. Ils ont laissé également de nombreuses roches utiles à l’industrie de
construction : production des moellons, graviers divers calibrés, lauzes (tuiles de
phonolite), etc.
- Les volcans anciens ont laissé d’importants gisements métallogéniques (or, cuivre au
Chili). Le soufre qui est exploité au Kawahidjen en Indonésie (6 tonnes de soufre
exploités chaque jour par des hommes, les « forçats » du soufre) est renouvelé par
les fumerolles.
- Le volcan est aussi source de santé (thermalisme). De nombreuses stations
thermales existent à l’est de notre pays et peuvent traiter différents maux : les
troubles digestifs, les allergies respiratoires et cutanées, les rhumatismes, les
maladies rénales, etc.).
- Sur le plan touristique, on doit noter que de nombreux volcans sont protégés dans
des parcs naturels où vivent des nombreuses espèces animales et végétales, parfois

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endémiques : En R.D. Congo, le parc des Virunga est un sanctuaire d’une


biodiversité unique au monde ; à Yellowstone dans le Wyoming aux Etats Unis se
côtoient geysers et sources thermales ; les Galápagos constituent un habitat unique
d’espèces endémiques : tortues, iguanes, oiseaux ; en Tanzanie, le Ngoro-Ngoro,
gigantesque cratère, abrite éléphants, zèbres, lions, etc.

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CHAPITRE III : RISQUES LIES AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN ET INONDATIONS

II. 1. MOUVEMENTS DE TERRAINS

Les mouvements de terrains peuvent être naturels ou provoqués par les activités humaines.
Ils se traduisent par des affaissements ou des mouvements des versants.

1. AFFAISSEMENTS

Ce sont des mouvements verticaux se produisant de haut en bas. C’est notamment le


tassement qui peut être nuisible s’il est différentiel. Il peut s’agir aussi des éboulements et
écoulements lorsque le terrain contient des vides à son sein.

Les vides créés dans le sol ou le sous-sol ont pour causes :

1. La dissolution : ce phénomène affecte surtout les roches carbonatées ;


2. La suffosion : c’est l’érosion souterraine enlevant petit en petit les grains, ce qui
laisse de vides pouvant s’agrandir au fur et à mesure de processus ;
3. L’intervention humaine : les activités humaines peuvent aussi être à l’origine des
affaissements en rabattant considérablement une nappe phréatique ou en créant des
vides souterrains comme le cas lors de l’exploitation minière.

2. MOUVEMENT DES VERSANTS

Il s’agit de toute modification lente ou brutale de la surface terrestre, quelle que soit son
échelle, due à la pesanteur. Ces mouvements sont obliques et se traduisent par des chutes
des blocs, des coulées, des avalanches et des glissements de terrain.

Coulées boueuses

Ces mouvements concernent les terrains pentés, ils concernent surtout les argiles imbibées
de beaucoup d’eau dépassant la limite de liquidité. Suite à la pesanteur, les mouvements se
créent comme un torrent dévastant tout ce qui se trouve sur son chemin.

Fluage

C’est une déformation continue due à une surcharge. Comme ces déformations se font à
volume constant, des bombements se forment dans les versants qui finissent par perdre une
partie des matériaux ; ce bombement s’appelle « ventre ».

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Glissements de terrains

Le glissement plan se fait suivant une surface plane qui est souvent une surface
prédéterminée correspondant à une discontinuité de type faille ou diaclase remplie ou non et
imbibée d’eau. C’est aussi une surface qui se forme quasi-instantanément au moment où le
mouvement est amorcé.

Il ne peut y avoir glissement que si la composante tangentielle du poids du massif remporte


sur la composante normale du même poids.

Le glissement circulaire est une rotation d’un massif autour d’un centre suivant une surface
plus ou moins circulaire. Pour qu’il y ait glissement, il faut que le moment- moteur remporte
sur le moment résistant. Le glissement de terrain peut se produire d’une manière lente ou
rapide ; il affecte une partie de terrain bien déterminé et peut envahir une plus grande
surface ou emporter ou engloutir tout un village, un quartier ou une ville.

Chute

La chute peut concerner les blocs ou les débris sous forme d’avalanche

3. REMEDES

Les remèdes sont des solutions que l’on peut apporter pour éviter la catastrophe. Il peut
s’agir de l’avertissement de la population pour qu’elle quitte le lieu dangereux, ou l’arrêt de
mouvement lui-même.

 Tassement différentiels :

- pour éviter le tassement différentiel, il faut consolider le terrain en recourant au pré-


tassement. Connaissant le degré de consolidation U, le facteur temps correspondant
Tv et le coefficient de consolidation Cv.

- on peut calculer le temps nécessaire pour obtenir un % du tassement escompté. On


peut aussi limiter le tassement différentielle par compartimentage du terrain à l’aide
des parois moulées ou en élargissant la semelle du côté faible.

 Ecoulement et éboulement

- pour éviter ces phénomènes, il faut faire des travaux de reconnaissance servant à
localiser les cavités par la prospection géophysique. Une fois les cavités localisées,

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on peut éviter de construire au-dessus d’elles ou plutôt de les remplir par les
matériaux tout en arrêtant la dissolution par l’injection des produits appropriés.

 Coulées boueuses

- la prévision de coulées boueuses commence par la prise des mesures de la


teneur en eau d’une manière régulière surtout après chaque pluie. Cette mesure de
la teneur en eau permet d’évaluer l’indice de consistance pour qu’on ne puisse pas
tomber dans le cas de sol mou ou pâteux.
IC=WL-W/IP
- Pour éviter, ce phénomène on peut procéder par injection des liants pour durcir le
sol ou alors on déplace la population vers un autre lieu.

 Fluage
- pour l’éviter, un mur de soutènement est placé à la paroi ;

 Chute

- il faut faire le curage des blocs ou des débris sur la surface supérieure du talus ;
- dans le cas de mines souterraines, on procède par boulonnage des blocs ou par la
mise en place d’un soutènement métallique ou en bois.

 Glissement

- Dans le cas des massifs rocheux, on place des tirants verticaux devant traverser la
surface supposée être des glissements ;
- Dans le cas des massifs de sol, on procède en injection de liant qui le durcit. Ce qui
entraine l’augmentation de la cohésion et par conséquent l’augmentation de la force
restante ou de moment résistant. Cette méthode peut aussi s’appliquer aux massifs
rocheux ;
- On peut également recourir à la construction d’un mur de soutènement.

III.2. LES INONDATIONS

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L’inondation est la submersion temporelle du terrain, normalement hors d’eau, provoquée


par l’apport exceptionnel plus au moins rapide de l’eau. En d’autres termes, c’est un
envahissement par l’eau d’une surface bien déterminée.

Les inondations se produisent presque partout sur la surface de la planète. Elles provoquent
beaucoup de dégâts qui sont des dégâts matériels, humains, dégradations du paysage et de
l’environnement.

1. CAUSES DES INONDATIONS

Les inondations sont dues principalement aux précipitations, à la montée des eaux
souterraines et à la crue d’un cours d’eau.

Eaux de pluie

Les eaux de pluie provoquent les inondations suite au fait :

1. De ruissellement localisé lors des épisodes orageux ;


2. De stagnation en plaine suite aux pluies étalées et durables ;
3. Des débordements de cours d’eaux en période de crue ;
4. De la remontée de la nappe phréatique.

Neige et grêle

La neige ou la grêle provoque l’inondation sous l’influence de changement de la


température. Le dégèle entraine une augmentation du volume d’eau dans les sols et les
rivières produisant ainsi une inondation.

Crue d’un cours d’eau

Un cours d’eau présente trois éléments morphologiques.

1. Un lit mineur généralement occupé par l’eau d’une manière permanente ;


2. Un lit majeur saisonnièrement inondé à peu près toutes les années ;
3. Un lit apparent : c’est la surface comprise entre les berges d’un chenal. Il
comprend le chenal actif et les barres sédimentaires éventuelles.

Un cours d’eau se compose en amont, d’un bassin de réception qui collecte les eaux, d’un
chenal d’écoulement qui continu à collecter les eaux de surface ou qui draine les eaux de
surface et en aval, d’un cône de déjection.

En période de crue, le chenal d’écoulement ne suffit plus pour exécuter le brusque afflux des
eaux provenant du bassin et inonde les rives.

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Remontée des eaux souterraines

Une partie des eaux de pluie s’infiltre dans le sol et alimente les aquifères. Ceci a comme
conséquence l’augmentation de niveau piézométrique. La nappe peut finir par affleurer à la
surface et la déborder produisant ainsi une inondation.

2. FACTEURS DES INONDATIONS

Les facteurs aggravant les inondations sont :

1. L’intensité et la durée de précipitation ainsi que la répartition de celle-ci dans le


bassin versant ;
2. L’importance de la surface et de la pente du bassin versant qui peuvent accélérer ou
ralentir les écoulements ;
3. Le manque de couvertures végétales et de capacité d’absorption de sol, accélérant le
ruissellement et l’érosion ;
4. L’imperméabilisation de surface en milieu urbain surchargeant le système
d’évacuation suite au fait que l’eau ne s’infiltre plus ;
5. Des forts coefficients de marée qui peuvent s’opposer à l’écoulement des cours d’eau
près de la mer ;
6. Une urbanisation en zones inondables ;
7. L’action de l’homme (déboisement et feu de brousse qui peuvent les zones plus
propices au ruissellement).

Grace à l’analyse de crue historique, on procède à la classification des crues en fonction de


leurs fréquences. On peut avoir ainsi les crues milléniales, centennales, décennales.

3. LUTTE CONTRE LES INONDATIONS

Les mesures suivantes sont nécessaires pour lutter contre les inondations, il s’agi de :

1. Reboisement : certaines plantes pompent l’eau de la nappe ;


2. Endiguements : c’est la construction des digues et barrages pour élever les
bords d’un cours d’eau ;
3. Rectification des cours d’eau par coupure des méandres ;
4. Création des canaux d’inondation ;
5. Création d’une retenue régulatrice (réservoirs ou bassins de décantations) ;

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6. La construction des ouvrages d’encensement capable de drainer les eaux de


ruissellement en milieu urbain.

La prévention de cette catastrophe ou la limitation de ses effets entrainent des mesures


suivantes :

1. Eviter de laisser le sol nu et d’imperméabiliser le sol sur une grande partie enfin de
ralentir le ruissellement ;
2. Interdire de construire dans les zones en risques ;
3. Informer préventivement la population.

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