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GENESE ET EVOLUTION DES

MAGMAS
INTRODUCTION
Les éruptions volcaniques mettent en jeu les magmas.

Ces magmas proviennent de l’intérieur du globe terrestre.

Quelle est l’origine de ces magmas?

Où et comment se forment-ils?

Quels sont les contextes favorables pour leur genèse?

Est-ce qu’il ya d’autres devenirs pour ces magmas autre que


l’éruption volcanique?

Comment évolue le magma qui reste qui ne parvient pas à la


surface?
I- GENESE DES MAGMAS
I-1- STRUCTURE INTERNE DU GLOBE

TERRESTRE
CE QU’IL FAUT RETENIR : APPORTS DE LA
SISMOLOGIE
Terre : milieu élastique
Tremblement de Terre Rayonne de l’Energie Elastique sous
forme d’Ondes
- de volume P et S
- de surface (Ondes de Rayleigh et ondes de Love)
Les vitesses de chaque type d’ondes sont différentes.
La vitesse est proportionnelle à la densité
Les ondes S ne sont pas transmises par les fluides
CE QU’IL FAUT RETENIR : APPORTS DE LA
SISMOLOGIE (suite)

Les ondes sont soumises a des processus de Réfraction et de


Réflexion au passage de milieux de densité différentes : elles
permettent donc de caractériser des limites, des frontières entre
deux milieux de densité différente (augmentation de la vitesse).

Les ondes sismiques et les discontinuités internes du globe terrestre

Connaissance de la structure interne


Vitesses des ondes sismiques.
LA PARTIE SUPERFICIELLE
CRUSTALE
PROFIL DE VITESSE DANS LA PARTIE TRES
SUPERIEURE DE LA TERRE
On définit ainsi le moho
 MOHO : LIMITE INFERIEURE DE LA CROUTE
 CROUTE CONTINENTALE : 30 à 70 km d’épaisseur
 CROUTE OCEANIQUE : 8 km d’épaisseur

Croûte
continentale
limite inférieure
de la croûte continentale

Manteau
Coupe schématique de la croûte continentale

Plutons et batholites
Roches métamorphiques
granitiques
Roches magmatiques acides Intrusions basiques

Roches Ultra-métamorphiques Roches sédimentaires

1 1 Croûte Continentale
superficielle
2 2 Croûte Continentale
supérieure

3 3 Croûte Continentale
inférieure

MOHO
Manteau Lithosphérique

Epaisseur 30 à 70 km
Coupe schématique de la croûte océanique

1 Sédiments: boues argileuses, siliceuses,


radiolarites, quelques calcaires

Pillow-lavas (laves en coussins) :


coulées sous-marines, basaltes
2
Complexe filonien: alimentation
des coulées, dolérites

3 Gabbros massifs homogènes

Gabbros lités et rubanés


MOHO
Manteau lithosphérique: péridotites
Epaisseur 8 à 10 km
Composition chimique

Croûte Océanique Croûte Continentale

Les 5 oxydes dominants: Les 5 oxydes dominants:

SiO2: 41,7% SiO2: 61,9%


Al2O3: 14,2% Al2O3 15,6%
MgO: 12,7% CaO: 5,7%
FeO: 11,0% FeO: 3,9%
CaO: 9,9% K2O: 2,9%
Lithosphère et
Asthénosphère

Lithosphère

Asthénosphère

LVZ

0 700 km
100 km

400 km
Manteau terrestre:
Péridotite: SiO2: 45.2%
MgO: 37.5%
FeO: 8%
-8 km Al2O3: 3%
-40-70 km CaO: 3%
MOHO
Lithosphére (Pyroxène-Olivine)
-100-150 km
12OO°C
Densité 3.3 à 3.4
Température: > 1000°C
Asthénosphère Même composition chimique
Vers 400 Km (P150 Kb, T° = 1400°C)

-700 km

Mésosphère
Manteau inférieur Densité 4.4 à 5.5
Pression 240 à 1360 kbar
Température 1600°C à 670 Km
GUTENBERG = COUCHE D’’
-2900 km

Noyau externe
Le Noyau:
Moho: 0 - 70 km
Noyau externe:
Etat «liquide»
Densité entre 10 et 11.8
Gutenberg (CoucheD’’): Pression entre 1350 et 3200 kbar
-2900 km T° = 3800 K (Gutenberg)
Lehman: -5100 km Composition chimique: 86% Fe, 12% S,
2% Ni.
NOYAU
INTERNE
Noyau interne:
NOYAU
EXTERNE Etat solide
Densité entre 12.3 et 13.3
MANTEAU
Pression entre 3200 et 4000 kbar
Inférieur
T° = 5000 K (Fusion du Fer)
Composition chimique: 80% Fe, 20% Ni,
O et C en faible quantité,
MANTEAU quelques éléments légers à l’état de traces.
SUPERIEUR
RECAPITULATIO
N
I-2- Production des magmas basaltiques
Fig. 2- Stabilité des péridotites à
plagioclases (P. PL), à pyroxènes
(P. PX) et à grenats (P. GRT) en
fonction de la pression et de la
température.

Le solidus sépare l’état


entièrement solide de l’état
solide partiellement fondu.
Le géotherme moyen
(augmentation de la
température de la Terre en
fonction de la profondeur)
(en pointillé) ne recoupe
jamais le
solidus, interdisant toute fusion. La présence de 0,1% d’eau modifie totalement
la forme du solidus de la péridotite (courbe épaisse) rendant la fusion partielle
possible entre 100 et 150 km environ de profondeur, au niveau de la zone à
moindre vitesse (d’après Green et Ringwood, 1967).
Conditions de fusion partielle du
manteau: Fig. 3- Conditions de la fusion
partielle du manteau.
En conditions normales, le
solidus (sec) ne coupe pas le
géotherme: il n’ya pas fusion.
La fusion partielle peut par
contre se produire lorsque:
(1) La T° est anormalement
élevée (ex. point chaud);
(2) La présence d’eau abaisse le
solidus vers des T° plus basses
(ex. subduction);
(3) Décompression adiabatique
par remontée de matériel
profond (ex. dorsale).
a) Dépression au niveau de la zone de
divergence des plaques

(3) Décompression adiabatique


par remontée de matériel
profond (ex. dorsale).

Fig. 4a- Modèle de fonctionnement d’une chambre magmatique sous


une dorsale rapide
Fig. 4b- Le volcanisme
associé à l’ouverture
océanique: l’exemple de
l’Afar (MOHO=
discontinuité de
Mohorovicic; L.V.Z. =
Low Velocity Zone = zone
à moindre vitesse).

a- Le stade anté-ouverture.
b- Remontée de l’asthénosphère, bombement et amincissement de la croûte. Volcanisme
fissural à l’origine des basaltes des plateaux (basalte alcalin éthiopien; 65 millions d’années).
c- Bombement continu associé à un effondrement: le stade « rift » observé actuellement dans
l’Est-africain.
d- Rupture et séparation de la croûte continentale.
b- Addition de l’eau au niveau des
zones de subduction

(2) La présence d’eau abaisse le


solidus vers des T° plus basses (ex.
subduction)

Fig. 5a- Trois types de marge active et volcanisme


associé:
a- Type cordillère (T= tholéiite, A= andésite, S=
shoshonite).
b- Type arc insulaire.
c- Type Japon, intermédiaire.
Fig. 5b- Genèse du
magma orogénique.

La fusion du manteau
résulte de l’addition
du l’eau provenant du
métamorphisme de la
croûte océanique
subductée
c- Augmentation anormale de la
température

(1) La T° est anormalement élevée


(ex. point chaud)
Sous l’effet d’une activité radioactive
intense locale
L’alignement général Hawaii-empereur, à l’échelle de
l’océan Pacifique
Le déplacement de la plaque pacifique d’abord vers le
NNW, puis vers le WNW est jalonné par des volcans
signalant le passage de cette plaque au-dessus d’un
point chaud.
Chauffage du manteau associé au volcanisme intraplaque

Fig. 6c- Interprétation des mouvements relatifs, par déplacement


d’une plaque lithosphérique au dessus de points chauds quasi fixe
dans les profondeurs du manteau.
I-3- Fusion partielle de la
croûte continentale:
production des magmas
granitiques
I-3- Production des magmas granitiques
Circonstances de l’anatexie crustale et le trajet P-T-
t correspondant

Au niveau de la croûte continentale, quatre contextes permettent


la fusion et la formation des magmas granitiques.
a- Chevauchement crustal
(suivi par un décapage par
érosion)
b- Dôme thermique
c- Apport magmatique
d’origine mantellique
d- Déshydratation par
métamorphisme sous un
chevauchement crustal et
hydratation de l’unité
chevauchante
II- TRANSFERT DES MAGMAS
Intrusion et éruption transfert des magmas

Il est possible grâce à la différence de densité entre le magma et son encaissant

Il dépend des caractères intrinsèques du magma qui déterminent son


comportement rhéologique

Ce dernier est lié au changement des propriétés physiques des magmas au


cours de leur évolution, à savoir:

* Viscosité

* Cohésion interne
Comportement rhéologique des magmas: La viscosité

Fig. 9- Les facteurs


influençant sur la viscosité
des magmas:
changement de la viscosité
en fonction de la T° et de la
teneur en eau, des roches de
composition granitique et
d’un basalte d’après Carron,
1969)
Comportement rhéologique des magmas: La cohésion interne

On parle d’une cohésion interne lorsque:

* La charge des particules solides est d’environ


30% du volume du magma

* Distribution hétérogène de la taille des particules

Son taux dépend de la fraction cristallisée (Φ)selon la


relation:
σ0 = k.Φ3 avec k = 3.1014 dynes/cm2

σ0 augmente avec la cristallisation.

Elle limite progressivement le phénomène de la


sédimentation des cristaux et des enclaves dans les
magmas
III- STOCKAGE

ET

DIFFERENCIATION DES MAGMAS


Stockage des magmas
Dans ce cas, les roches magmatiques se mettent en place en profondeur au sein des

roches encaissantes, et n’apparaissent en surface que par le jeu de l’érosion et de la

tectonique.
Différenciation des magmas:

Dans son réservoir le magma peut avoir plusieurs destinés:

* Passer directement à la surface de la terre

* Rester emmagasiner dans son réservoir, soit:

- sans éruption, aboutissant à des masses


intrusives

- avec des éruptions périodiques, donnant des


séries magmatiques

Résidant en profondeur, le magma va subir un ensemble de


phénomènes aboutissant à sa différenciation.
Différenciation magmatique = production à partir d’un
même magma primaire de liquides magmatiques
successifs différents les uns des autres.

La variation régulière de la teneur en éléments chimiques


majeurs des roches d’une série magmatique prouve la
différenciation magmatique.
Ex. de composition chimique des roches magmatiques

Table 8-3. Chemical analyses of some


representative igneous rocks
Peridotite Basalt Andesite Rhyolite Phonolite
SiO2 42.26 49.20 57.94 72.82 56.19
TiO2 0.63 1.84 0.87 0.28 0.62
Al2O3 4.23 15.74 17.02 13.27 19.04
Fe2O3 3.61 3.79 3.27 1.48 2.79
FeO 6.58 7.13 4.04 1.11 2.03
MnO 0.41 0.20 0.14 0.06 0.17
MgO 31.24 6.73 3.33 0.39 1.07
CaO 5.05 9.47 6.79 1.14 2.72
Na2O 0.49 2.91 3.48 3.55 7.79
K2O 0.34 1.10 1.62 4.30 5.24
H2O+ 3.91 0.95 0.83 1.10 1.57

Total 98.75 99.06 99.3 99.50 99.23


Diagramme de variation des roches volcaniques de la Cascade
Range: l’alignement des points (chaque point représente la
composition d’une roche) montre l’existence d’une variation
continue depuis les basaltes jusqu’aux rhyolites.
Diagramme de variation de
la teneur des éléments
chimiques des roches de la
série de Skaergard (à
gabbros, diorites et diorites
quartziques).
Principaux phénomènes de la différenciation
magmatiques:

- Cristallisation magmatique

- Différenciation magmatique (au s.s.t)

- Mélange des magmas

- Contamination des magmas

Notons que ces mécanismes peuvent intervenir simultanément dans la


différenciation
1- Cristallisation magmatique

a- Notion de cristallisation fractionnée

Magma = bain où baignent les différents éléments chimiques

Le refroidissement lent des magmas abouti à sa solidification à


travers le regroupement des éléments chimiques et la formation
des phases solides dites cristaux (c’est la cristallisation)

Les minéraux n'apparaissent pas tous en même temps et leur


cristallisation s'échelonne de 1 200 à 600°.

Cette apparition successive de minéraux s’appelle la


cristallisation fractionnée.

A chaque étape de la cristallisation, les minéraux qui apparaissent


vont appauvrir les liquides résiduels successifs en éléments qui
les constituent, et vice versa.
Un premier ordre de cristallisation déduit de l’application des
règles de ROSENBUSCH en relation avec l’ancienneté relative des
minéraux dans une roche magmatique.
b- Notion de suites réactionnelles

Au fur et à mesure du refroidissement du magma, à côté de la


cristallisation des silicates, ces derniers vont se trouver instables
dans le liquide résiduel plus riche en silice.

Les constituants de ces premiers minéraux vont entrer en


réaction avec les éléments chimiques du liquide pour la
structuration de nouveaux minéraux stables sous les nouvelles
conditions.

Ainsi, le magma montrera une succession d’équilibres avec


passage , selon des réactions faisant intervenir la silice (en plus
d’autres éléments) d’un minéral instable à certaines conditions à
un autre qui est stable.

Selon le mode de ces réactions, on met en évidence 2 lignées de


cristallisation :
Selon le mode de ces réactions, on met en évidence
2 lignées de cristallisation :

Les suites réactionnelles dans le cas des magmas


hypersiliceux (d’après N. BOWEN)
Suite réactionnelle discontinue des ferro-
magnésiens:
Avec destruction des minéraux instables, les éléments qui
les constituent entreront dans la formation de nouveaux minéraux
stables.

Les suites réactionnelles dans le cas des magmas hyper


siliceux (d’après N. BOWEN)
Suite réactionnelle continue des plagioclases:
Sans de destruction des minéraux instables, qui équilibrent
leur composition avec le liquide par échange d’éléments chimiques
(substitution d’ions Ca++ et Na+) et seront englobés par des
enveloppes de plagioclase de plus en plus acides (c-à-d sodique).

Les suites réactionnelles dans le cas des magmas


hypersiliceux (d’après N. BOWEN)
2- Mécanismes de différenciation des magmas
Par séparation des cristaux dans le liquide: régie par
* la gravité (décantation des cristaux denses et flottation
des cristaux légers.
• filtration sous pression (effet de filtre-presse): chassement
de la phase liquide vers le toit du réservoir ou son injection
dans l’encaissant, suite au tassement des cristaux et la
réduction de l’espace inter-granulaire.

Par entrainement gazeux: sachant les gaz ont la capacité de


dissoudre et d’entrainer vers le toit du réservoir certains éléments
chimiques (Si, Na, K, Li, Cs…)
Par diffusion: concerne la répartition des éléments chimiques
entre la base et le toit du réservoir magmatique selon leur densité:
les éléments moins denses (K=3.97, Na=5.83) ont tendance à se
concentrer dans les niveaux supérieurs, alors que les éléments
denses (Mg= 12.23, Fe=23.31) le font vers la base.
3- Mélange des magmas
C’est lorsque dans un réservoir magmatique deux
ou plusieurs magmas entrent en contact soit:

* par réalimentation suite à l’arrivée d’un


nouveau magma

* après stratification magmatique

Interprétation volcanologique de l’éruption de


1979 de la Soufrière de Saint-Vincent. Dans la
chambre supérieure, un liquide magmatique, acide
se différencie en faible quantité à partir d’un
liquide basique et s’en sépare par densité. Une
réalimentation par un magma issu de la chambre
inférieure provoque un brassage de l’ensemble. Ce
mélange de magma induit de brusques variations
des conditions thermodynamiques à l’origine d’une
phase éruptive violement explosive (Bardintzeff,
1986).
Le mélange est significatif et apparent dans le cas de deux
magmas très différents chimiquement:
un magma acide (d=2.5, T°=900°C, visqueux, riche en
fluides…) et un magma basique (d=2.8, T°=1100°C, moins
visqueux, pauvre en fluide…)

Les arguments en faveur de ce mécanisme:

* fréquence des laves hétérogènes et leur position dans


l’histoire d’un volcan (sans passage continu entre elles)

* certaines données minéralogiques: incompatibilités des


minéraux ou des paragenèses minérales

* données géochimiques (rapports isotopiques


intermédiaires)
4- Contamination des magmas

Cas où le magma digère des roches des épontes de son


encaissant (on parle d’enclaves).

Après fusion, les constituants de ces roches vont être incorporés


au magma.

Si le magma montre une modification de sa composition


chimique, on dit qu’il est contaminé.
MERCI POUR VOTRE

ATTENTION

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