Vous êtes sur la page 1sur 40

Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

STABILITE DES OUVRAGES


ET DES BATIMENTS

Chapitre III. Stabilité vis-à-vis des actions sismiques :


Conception et calcul parasismiques des ouvrages

Partie A : Les séismes

Partie B : Conception parasismique

Partie C : Actions sismiques

Partie D. Calcul parasismique selon l’Euro Code 8

1
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Partie A : Les séismes


1.1 Introduction :
Cette première partie a pour objet de présenter le phénomène sismique dans son ensemble. Il s’agit
de comprendre le déroulement ainsi que les effets que peuvent engendrer un séisme sur la stabilité des
ouvrages
1.2 Phénomène physique
Les plaques continentales et océaniques qui constituent la croûte terrestre se déplacent à la surface de
la planète sous l’effet des courants thermiques qui animent le magma visqueux situé en profondeur. Ce
phénomène est étudié sous le nom de Tectonique des plaques.
Les déplacements relatifs de ces plaques génèrent localement des contraintes croissantes à l’intérieur
des roches qui les constituent (traction, compression, cisaillement…)
Au-delà du niveau de contrainte admissible, il y a rupture brutale du sous-sol rocheux: séisme. Ces
ruptures se produisent essentiellement dans les zones situées à proximité des limites entre les plaques, là
où les tensions sont les plus élevées dans les roches. (Figure 1.1)

Figure 1.1. Principales plaques tectonique mondiales [1]


1.3 Les différents mécanismes des failles actives :
Les différents mécanismes du jeu des failles correspondent aux différents types de contraintes
possibles (Figure 1.2) :
 Traction (déplacements divergents)
 Compression (déplacements convergents)
 Cisaillement (déplacements parallèle, de vitesses différentes ou de directions opposées).

Figure 1.2. Les différents mécanismes des failles actives


La roche résiste moins bien en traction qu’en cisaillement et qu’en compression. Ainsi une même
roche rompra pour un niveau de contrainte plus ou moins élevé selon le mécanisme. Ceci conditionnera
donc un cycle plus ou moins rapide (voir § 1.4) et des magnitudes plus ou moins fortes (voir § 1.6.1).
1.4 Notion de cycle de faille active :
Une faille qui génère régulièrement des séismes adopte un comportement cyclique. Pendant la
période inter-sismique (c'est-à dire entre deux séismes), elle se charge en contraintes tandis que pendant
la période co-sismique (c'est-à dire pendant le séisme), elle libère brutalement ces contraintes
accumulées au cours du temps.

2
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Ce cycle de chargement/déchargement s’appelle le cycle sismique. (Figure 1.3)

a) Figure 1.3. Représentation schématique du cycle sismique [2]


Le cycle sismique est propre pour chaque faille. Il dépend de son mécanisme, de la vitesse de
progression des contraintes, de la nature des roches et de sa géométrie.
1.5 Paramètres de la source sismique :
La rupture brutale de la roche sur le plan de faille libère de l’énergie, sous forme de chaleur et
d’émission d’ondes sismiques : les secousses (voir § 1.7).
Plus la surface de la rupture et le déplacement sont importants, plus la quantité d’énergie libérée l’est,
plus les secousses sont violentes. La Magnitude représente la quantité d’énergie libérée par le séisme
(voir § 1.6.1).
On nomme foyer ou hypocentre, le lieu du plan de faille où commence la rupture, alors que
l'épicentre désigne le point de la surface terrestre à la verticale du foyer,
On désigne la distance focale, c’est la distance au foyer du séisme, alors que la distance épicentrale,
c’est la distance à l’épicentre du séisme. (Figure 1.4)

b) Figure 1.4. Caractéristiques d’un séisme [3]


1.6 Mesure de l’ampleur d’un séisme :
1.6.1 La Magnitude :
La Magnitude, définie par Richter en 1935, reflète la quantité d’énergie rayonnée par la source sous
forme d’ondes élastiques, elle fait référence à la puissance du tremblement de terre et permet de classer
les séismes indépendamment de la profondeur du séisme, de la distance au foyer et des dégâts subis
(Tableau 1.1).
c) Tableau 1.1- Effet de tremblement de terre selon la magnitude sur l’échelle de Richter [4]

Magnitude sur l’échelle


Effets du tremblement de terre
de Richter

Moins de 3,5 Le séisme est non ressenti, mais enregistré par les sismographes.

3
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
De 3,5 à 5,4 Il est souvent ressenti, mais sans dommage.

Légers dommages aux bâtiments bien construits, mais peut causer


De 5,4 à 6
des dommages majeurs à d’autres bâtisses.

De 6,1 à 6,9 Peut être destructeur dans une zone de 100 km à la ronde.

Tremblement de terre majeur. Il peut causer de sérieux dommages


De 7 à 7,9
sur une large surface.

C’est un très grand séisme pouvant causer de très grands


Au-dessus de 8
dommages dans des zones de plusieurs centaines de kilomètres.
La magnitude est mesuré par le logarithmique de l’amplitude maximale des ondes, mesurée en
microns, à partir d’un sismomètre placé à une distance d’environ 100 km par rapport à l’épicentre (1.1).
A
M  log  F    (1.1)
T
Avec :
 A : amplitude en microns
 T : période en secondes
 F(Δ) : amortissement du signal sismique en fonction de la distance Δ et de la profondeur
A partir d’une étude statistique, on a pu établir une corrélation entre l’énergie E (exprimée en ergs)
libérée par un séisme et la magnitude M, qui se traduit par la relation empirique simplifiée (1.2)
log E  11, 4  1,5M (1.2)
Il est à remarquer dans cette relation qu’un séisme de magnitude 8,5 est 100 millions de fois plus fort
qu’un séisme de magnitude 3 (Figure 1.5).

d) Figure 1.5. Relation entre l’énergie et la magnitude à l’échelle Richter [3]


La magnitude mesure donc l’énergie totale libéreé et ne doit évidemment pas être confondue avec
l’intensité qui évalue les effets destructeurs en un lieu particulier.

4
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
1.6.2 Intensité :
L’intensité mesure l’importance d’un séisme en un lieu donné d’après les manifestations ressentis par
les populations et les dégâts qu’il a provoqués.
Pour un séisme donné, l’intensité dépend de la distance à l’épicentre, elle décroît généralement quand
cette distance augmente, mais les anomalies locales peuvent apparaître, dues à des conditions
géologiques particulières.
Différentes échelles d’intensité ont été définies qui classent les effets sismiques suivant leur
importance croissante, à l’aide de description conventionnelle:
a) L’échelle macrosismique internationale d’intensité, et l’échelle Mercalli :
Elles décrivent les effets observés des tremblements de terre sur l’environnement, les constructions et
les sens de d’homme (Tableau 1.2)
e) Tableau 1.2 – Effets observés du séisme en fonction son intensité [4]
Degré I Secousse imperceptible à l'homme
Degré II – III Secousses ressenti par un faible nombre de personnes
Degré IV – V Secousse ressenti par de nombreuses personnes
Degré VI Séisme ressenti par la plus part des personnes
Degré VII Dommages légers aux constructions

Degré VIII - IX Dommages importants aux constructions, apparitions de fissures dans le sol

Degré X Destruction générale des bâtiments


Degré XI - XII Catastrophes
b) L’échelle macrosismique M.S.K :
Plus précise que les précédentes, prend en compte pour l’évaluation des dégâts, le type de
construction et le pourcentage des bâtiments affectés
1.7 Ondes sismique :
Les ondes sismiques sont libérées par la rupture sur la faille, ils se propagent dans toutes les
directions. Plusieurs types d’ondes aux effets différents sur les sols et les structures sont générés par le
séisme. La connaissance des caractéristiques des différents types d’ondes et de leurs conditions de
propagation permettent de comprendre leur action sur une structure en fonction du site géologique où se
situe la construction et de sa distance au foyer.
On distingue deux types d’ondes sismiques :
- Ondes de volume
- Ondes de surface
1.7.1 Les ondes de volume :
Elles se propagent dans la masse terrestre depuis la source. Lorsqu’elles arrivent à la surface elles
provoquent les déformations des constructions sous l’effet des forces d’inertie (forces qui s’appliquent à
une masse qui subit une accélération).
a) Les ondes P (Primaires) qui progressent en animant les particules des sols traversés en
compression/dilatation comme les mouvements des spires d’un ressort. Elles secouent les bâtiments de
haut en bas (Figure 1.6.a).
b) Les ondes S (Secondaires) qui progressent en cisaillant le sol perpendiculairement à leur sens
de cheminement. Elles secouent les bâtiments horizontalement dans tous les sens (Figure 1.6.b)

5
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

f) Figure 1.6. Mouvement des ondes P et des ondes S [3]


1.7.2 Les ondes de surface :
Elles sont générées par l’arrivée des ondes de volume à la surface du globe. Elles concernent les
couches superficielles des sols. Les ondes de surface (de Love et de Rayleigh) ont un contenu
fréquentiel qui concerne certaines structures, mais leur influence sur les constructions courantes est
négligeable.
a) Les ondes L (de Love) : ondes de cisaillement qui oscillent dans un plan horizontal, et qui
impriment au sol un mouvement de vibration latéral (Figure 1.7.a).
b) Les ondes R (de Rayleigh) : c’est vague qui affecte le sol lors des grands tremblements de terre,
et les particules du sol se déplacent selon une ellipse (Figure 1.7.b).

g) Figure 1.7. Mouvement des ondes L et des ondes R [3]


1.8 Propagation des ondes sismiques :
Les ondes sismiques peuvent se trouver emprisonnées dans une couche supérieure de sol meuble par
réflexion entre cette couche et le sous-sol rocheux et entre cette couche et la surface. Ce phénomène va
amplifier les secousses et en prolonger la durée (Figure 1.8)
Les études géotechniques qui permettent de définir le profil des sols et détecter ce type de problèmes
font partie des investigations nécessaires pour une bonne politique de réduction du risque sismique.

6
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Elles permettent de détecter et qualifier ces comportements particuliers des sites définis sous la
terminologie d’effets de site, par la connaissance des caractéristiques physiques des sols et de leur
géométrie.

h) Figure 1.8. Propagation des ondes sismiques aux strates de sol [5].
1.9 Enregistrement de séisme :
Il existe 3 types de capteurs: sismomètres (Déplacements), vélocimètres (Vitesses), accéléromètres
(Accélérations).

i) Figure 1.9. Sismomètre horizontal et verticale [6]


Un sismomètre mesure les déplacements locaux dans une direction donnée. Il est composé de
pendules pesants déplaçant un noyau de fer doux aimanté dans une bobine. Un galvanomètre mesurait la
tension induite et donc le mouvement du noyau.
On utilise plus communément les accélérogrammes, enregistrements à partir desquels on peut retrouver
la vitesse et le déplacement par calcul intégral.
On mesure les accélérations du sol dans les trois directions en fonction du temps. Les accélérations, en
réponse au séisme, de la structure conditionnent les forces d’inertie qui vont s’appliquer à la structure et
auxquelles elle devra résister (Forces d’inertie = Masse de la structure x Accélération).
On présente ci-après, un exemple d’accélérogrammes enregistré du séisme de NORTHRIDGE
(Californie – USA) 17 JAN 17 1994)

7
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

j) Figure 1.10. Exemple d’accélérogrammes en termes d’accélération, vitesse et déplacement [6]


1.10 Effets engendrés par le séisme :
Les effets du séisme peuvent être plus ou moins destructeurs d’un lieu à l’autre, pour une même
construction, parfois à quelques mètres près, un séisme génère :
 Des effets directs : actions du sol sur les ouvrages, de type oscillatoire ou rejet de la faille en surface.
 Des effets de site : modification sensible du signal par un site, pouvant amplifier les accélérations du
sol pour certaines fréquences.
 Des effets induits : grands mouvements de sol ou d’eau pouvant agir sur les ouvrages
1.10.1 Effets directs du séisme :
a) Le jeu d’une faille en surface :
Le jeu d’une faille en surface est un déplacement visible du sol, de part et d’autre de la faille, en
hauteur et/ou en longueur. Les constructions qui seraient implantées sur une faille jouant en surface
verraient leurs fondations cisaillées par ce déplacement pouvant atteindre plusieurs mètres dans
certaines régions du monde (Figure 1.11)
Le jeu de la faille peut être apparent en surface si:
– La Magnitude du séisme > 5.5
– Son foyer a une profondeur < 5km

8
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

k) Figure 1.11. Décrochement vertical et horizontal (Séisme de Landers, USA 1992) [7]
1.10.2 Effets de site : amplification locale du signal sismique :
Chaque site, même à équidistance du foyer sismique, a une réponse qui lui est propre aux différents
séismes et il modifie les ondes qui parviennent au rocher sous-jacent.
Les études permettant de qualifier les effets de site possibles avant l’arrivée d’un séisme majeur
passent par la définition de leurs caractéristiques géométriques, géo-mécaniques et géodynamiques.
Exemple de : Sol alluvionnaire de forte épaisseur amplifiant l’action sismique
La réflexion des ondes sismiques prisonnières à l’intérieur d’une couche de sol meuble entre la
surface et le substratum rocheux a pour conséquence d’amplifier les oscillations de période longue.
Ainsi, les constructions de période propre plutôt élevée sur les sols meubles peuvent subir une action
sismique beaucoup plus importante que sur le sol rocheux: éventuelle mise en résonance (Figure 1.12)

Figure 1.12. Coup de fouet sur les étages supérieurs par mise en résonance du bâtiment et du sol (Séisme
Mexico 1985) [7]
1.10.3 Effets induits par les secousses sismiques sur les sites :
Glissements de terrains, chutes de pierres (purge) :
Il convient d’éviter absolument l’implantation sur les sols potentiellement instables en raison de la
trop grande présomption de sinistre en cas de séisme car il n’existe pas de solution constructive pour se
protéger d’un glissement de terrain important.
Liquéfaction des terrains granulaires saturés d’eau :
En cas de présence de couches de sable ou limon non cohérents à grains de faibles dimensions, la
présence d’eau à saturation est un facteur de déclenchement du phénomène de liquéfaction en cas de
secousse sismique.

9
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

1.13 Glissement de terrain entraîne la perte totale d’un bâtiment (Séisme de Kobé, 1995) - 1.14. Enfoncement
d’un bâtiment dans le sol sous l’effet d’un tassement localisé dû au phénomène de liquéfaction (Séisme de
Niigata, Japon 1964) [7]
Tsunamis :
Le tsunami engendre un phénomène particulièrement destructeur consécutif à un mouvement du fond
sous-marin généré par un séisme, une éruption volcanique ou un glissement de terrain. Il est en quelque
sorte sournoise parce qu'il peut survenir plusieurs heures après l'événement. Ce schéma illustre la nature
d'un tsunami engendré par un soulèvement du fond marin causé par un séisme.

l) Figure 1.15. Effet de tsunami engendré par un soulèvement du fond marin [3]
(A) Un séisme déclenché dans la croûte océanique engendre un mouvement oscillatoire de l'eau. Ces
vagues sont à peine perceptibles en eau profonde, mais s'enflent en eau peu profonde pour atteindre des
amplitudes allant jusqu'à 30 m. Ainsi, un raz de marée initié par un séisme qui se sera produit à 1000 km
des côtes viendra frapper ces côtes 2 heures plus tard.
(B) A l'approche du raz de marée, il se produit d'abord un retrait de la Mer (ce qui est de nature à attirer
les curieux).
(C) Vient ensuite la première vague.
(D) Celle-ci peut être suivie d'un second retrait, puis d'une autre vague

10
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
1.11 Activités sismique en Tunisie
Il n’existe aucune région au monde susceptible d’être indéfiniment à l’abri d’une secousse sismique.
Bien entendu, il existe des régions plus exposées que d’autres, mais ceci ne doit nullement évacuer
l’intérêt que les pouvoirs publics doivent accorder à cette question.
Le Tunisie fait partie de l’ensemble Afrique du nord qui est traversé par de nombreuses failles qui
sont relativement actives sur le plan sismiques. Les failles tectoniques les plus proches sont situées à
une profondeur très importante alors que la ligne sismique qui traverse le Nord de l’Afrique passe au-
delà du territoire national puisqu’elle s’allonge du Nord de l’Algérie en passant par la limite maritime de
Tabarka pour aller jusqu’au Sud-est de l’Europe en traversant la Sicile (Figure 1.16)

m) Figure 1.16. Emplacement de Tunisie par rapport aux plaques [7]


Le séisme le plus violent qui a frappé la Tunisie reste celui du 11 décembre 1970 et qui était de
magnitude 4,5 degrés sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre se situait dans la région de Tunis. Ce
séisme a causé l’effondrement des immeubles.
Nos sismologues assurent que la Tunisie reste toujours à l’abri des grandes catastrophes sismiques
appellent toutefois à mettre en place un plan d’action d’urgence dans quelques villes considérées
sismiques en Tunisie. Parmi ces régions, on distingue le gouvernorat de « Monastir ».

11
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Partie B : Conception parasismique

2.1 Introduction
De nombreuses constructions qui résistent aux charges habituelles (séisme, vent, neige,…)
s’effondrent quand elles sont secouées alors que d’autres résistent. La résistance aux séismes ne dépend
donc pas que du dimensionnement mais elle est fortement conditionnée par la conception de l’ouvrage
et son implantation sur le site de construction.

Un bâtiment parasismique optimal possède les caractéristiques suivantes :

 Implantation tenant compte des effets de site.


 Conception architecturale parasismique favorable à la résistance aux séismes.
 Mise en œuvre soignée et Exécution dans les règles de l’art.
 Matériaux de qualité.
2.2 Implantation des ouvrages
L’implantation d’un ouvrage nécessite de prendre en compte la sismicité de la région mais surtout de procéder
à une étude de sol sérieuse permettant de dresser avec une bonne précision la coupe géologique et les
caractéristiques des différentes couches. La qualité du sol joue un rôle important et c’est pourquoi, entre autres, le
roche dur en place est à choisir plutôt qu’un remblai artificiel ou un terrain meuble, trop souvent gorgé d’eau, et
dès lors susceptible de se liquéfier sous l’effet des vibrations, et de devenir en quelques instants incapables de
soutenir un bâti quelconque (Figure 2.1). La solution pour ce problème, les bâtiments doit construire sur pieux ou
puits.

Par ailleurs, il faut garder présent à l’esprit le risque des effets induits dus aux tremblements de terre :
glissements de terrain (a), éboulements rocheux (b), liquéfaction de terrain (c), qui peuvent mettre gravement en
péril plusieurs bâtiments. (Figure 2.2)

Il faut éviter les constructions d’ouvrages dans le voisinage de failles reconnues actives (Exemple de Kobé
contruite très près d’un réseau de failles) (Figure 2.3)

Figure 2.1. Amplification des mouvements sismiques dans des sols mous de forte épaisseur [8]

12
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Figure 2.2. Le risque des effets induits dus aux tremblements de terre

Figure 2.3.Effet de faille active (Port de Kobe – séisme du 17 janvier 1995)


La construction parasismique dépend donc beaucoup de la nature du sol, et les solutions techniques qui seront
proposées pour un bâtiment ne seront pas toujours transposables à d’autres bâtiments (des études sont
nécessaires).

2.3 Conception architecturale


2.3.1 Rez-de-chaussée flexibles
Nombreux effondrements de bâtiments lors des tremblements de terre sont à mettre sur le compte d’éléments
de stabilisation présents dans les étages supérieurs, mais absents au rez-de-chaussée où seules des colonnes
relativement minces subsistent.

Cela entraîne un rez-de-chaussée flexible horizontalement et conduit au dangereux mécanisme de colonnes


(Figure 2.4).

Figure 2.4. Effet de rez-de-chaussée flexible (séisme de San Fernando-CALIFORNIE 1979) [7]

La solution visant à éviter l’effet de niveau souple est assurer un contreventement en façade ou à l’intérieur du
bâtiment (Figure 2.5).

13
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Figure 2.5. Solution pour éviter l’effet de rez-de-chaussée flexible [7]


a) Contreventement en façade b) Contreventement à l’intérieur du bâtiment
2.3.2 Etages supérieurs flexibles
Un étage peut également être plus flexible que les autres s'il est équipé de contreventements moins résistants
ou que ces dispositifs font totalement défaut. Il arrive aussi que la résistance ultime dans le plan horizontal soit
fortement réduite à partir d’une certaine hauteur dans toute la partie supérieure du bâtiment (Figure 2.6).

Figure 2.6. Effet de séisme sur les étages supérieurs flexibles (Séisme Izmit-Turquie 1999) [9]

La solution visant pour éviter ce problème est identique au problème précédent, Il faut ajouter des éléments de
contreventement en façades ou à l’intérieur dans les étages flexibles.

2.3.3 Parois en maçonnerie dans les bâtiments en BA par des joints:


Il peut souvent être utile de séparer les cloisons intermédiaire, particulièrement les parois en maçonnerie
relativement rigides dans leur plan et fragiles de la structure porteuse par des joints pour leur éviter d’être
endommagées par de petits tremblements de terre.

Les joints doivent être remplis par un matériau très souple, par exemple avec du caoutchouc, le liège, les
mousses dures, etc. L’épaisseur nécessaire du joint dépend de la rigidité de la structure porteuse et de la
sensibilité à la déformation des cloisons intermédiaires ainsi que du niveau de sécurité choisi (Figure 2.7).

14
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Figure 2.7. Séparation des parois en maçonnerie par des joints [9]

2.3.4 Bâtiments en maçonnerie non armé


Les bâtiments en maçonnerie sont relativement rigides. Ils ont souvent une fréquence propre élevée et par
conséquent ils subissent de grandes forces sismiques. Par ailleurs les parois en maçonnerie non armées sont
fragiles et elles ont une dissipation d’énergie relativement faible.

Comme on ne peut, en général, pas atteindre une sécurité sismique suffisante pour les bâtiments en
maçonnerie purs même pour des tremblements de terre modérés, on doit stabiliser les bâtiments en maçonnerie
non armée avec des refends en béton armé (Figure 2.8).

Figure 2.8. Stabilisation des bâtiments en maçonnerie avec des refends en béton armé [9]
2.3.5 Le choix du contreventement
Le contreventement des constructions est assuré généralement par un ou plusieurs des dispositifs suivants:

- Portiques constitues de poteaux et de poutres (a)


- Palées de contreventement (ensemble poteaux-poutre associe à une croix) (b)
- Voile rigides simples ou composés: une cage d’escalier ou d’ascenseur (c)

Figure 2.9. Type de contreventement


15
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Les décalages de contreventement perturbent la transmission des efforts, réduisent la capacité portante et
diminuent la ductilité (aptitude à se déformer plastiquement) des contreventements. Ils sont en outre responsables
d’importantes sollicitations et déformations affectant d’autres éléments porteurs. Les décalages augmentent la
vulnérabilité de l'ouvrage et réduisent notablement sa tenue au séisme dans la plupart des cas. C’est pourquoi il
faut absolument éviter de décaler les contreventements.

Bonne localisation dans le plan :


Les panneaux de contreventement vertical doivent âtre en nombre suffisant et disposés pour résister
aux efforts de flexion et de torsion (couple). Ils doivent être disposés de façon à assurer la même rigidité
dans les deux directions :
 Mais non concourantes pour éviter les torsions d’axe vertical
 De préférence périphériques (long bras de levier depuis le centre de rigidité), et symétriques
(CR=CG) (Figure 2.10)
 Sur les angles si l’ensemble des façades ne peut participer au contreventement.
 Suffisamment larges pour offrir la résistance à la flexion et au cisaillement.

Figure 2.10. Répartition incorrecte des éléments de contreventement [8]

Bonne localisation en élévation :

 La disposition des panneaux de contreventement doit conférer à chaque niveau une rigidité
comparable (translation et torsion) : homogénéité en nombre, en nature et en localisation.
Eventuellement une rigidité croissante vers le bas (sans variation d’étage à étage supérieur à 20%).
 L’idéal est de superposer les panneaux de contreventement pour constituer des consoles verticales
suffisamment larges, et les disposer dans les angles des bâtiments.
 Il est impératif que tous les niveaux soient contreventés (pas de niveaux flexibles)
2.3.6 Joints entre deux bâtiments
Le joint parasismique a pour but d’éviter tout entrechoquement entre les corps de bâtiment qu’il sépare. De
fait, en zone sismique, tout joint de dilatation doit être remplacé par un joint parasismique en raison de non
entrechoquement.

Il est souvent nécessaire de prévoir des joints très larges pour que des bâtiments contigus puissent osciller
librement, sans s'entrechoquer

16
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Figure 2.11. Défaut de joint parasismique (Séisme de San Fernando, Californie 1971) [7]

2.3.7 Poteaux courts


Dans une structure en portiques, certains poteaux sont plus courts (comme ceux du vide sanitaire) ou si leur
capacité de déformation est limitée par la présence de paliers d’escalier intermédiaires, de mezzanines, de rampes
ou d’autres éléments, ils sont beaucoup plus rigides que les autres poteaux. Ils sont donc nettement plus sollicités
et peuvent être détruits par cisaillement. (Figure 2.12)

Pour éviter l'effet de poteau court tout en conservant des poteaux courts ou bridés, on peut opter pour un
système contreventé, par exemple en plaçant des voiles en béton armé en façade ou à l'intérieur du bâtiment ou,
dans le cas des allèges, en utilisant des éléments industrialisés légers, possédant une faible rigidité (Figure 2.13)

Figure 2.12. Effet de poteau court (Séisme d’El Asnam, Algérie 1980) [8]

Figure 2.13. Solution supprimant l'effet de poteau court [8]

2.3.8 Porte-à-faux
Les éléments en porte-à-faux (dalles, poutres ou niveaux entiers) subissent sous l’action des composantes
verticales des déformations différentes. Les concentrations de contraintes qui en résultent au droit de la façade
sont en général acceptables lorsque la portée des porte-à-faux est faible et leur masse peu importante. En
revanche, les porte-à-faux dépassant 2 m sont relativement vulnérables aux séismes et leur rupture lors
d’événements majeurs n’est pas rare.

17
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

2.3.9 Risque de résonance du bâtiment avec le sol :


Lorsque le bâtiment a une fréquence propre de vibration voisine de la fréquence d’excitation communiquée
par le sol, il y a risque de résonance du bâtiment avec le sol.

Figure 2.14. Effet topographique et résonance bâtiment – sol à MEXICO [7]

Pour éviter la résonance, la période propre du bâtiment doit être très différente de la période propre
du sol (la période d'oscillation augmente avec la masse et diminue avec la rigidité). En simplifiant, on
peut donc dire que sur sols mous, on devrait opter pour des constructions rigides (bâtiments bas,
structures contreventées par des murs ou par triangulation…) et sur sols fermes ou rocheux pour des
ouvrages plus flexibles (bâtiments hauts, structures en portiques sans murs de remplissage...).
Tableau 2.1 – Prévention de résonance bâtiment-sol [7]
Pour réduire la période propre T Pour augmenter la période propre T :

Modifier la forme du bâtiment Modifier la forme du bâtiment


Réduire sa hauteur
Augmenter sa hauteur
Réduire son élancement géométrique
Augmenter son élancement géométrique
Évaser sa base
Augmenter la rigidité de la structure Réduire sa rigidité
Contreventer par voiles Contreventer par portiques
Augmenter le nombre de voiles Augmenter les portées (ossatures en
Contreventement en périphérie portiques)
Réduire la masse Utiliser des dispositifs mécaniques
Structure légère Isolation parasismique
Éléments non structuraux légers Masse passive
Abaisser les masses Contrôle actif
2.3.10 Critères de régularité en plan selon l’EC8
La structure d’un bâtiment classé comme régulier en plan doit être :

 Symétrique par rapport à deux directions orthogonales en ce qui concerne la raideur latérale et la
distribution de la masse.
 Les retraits par rapport à ce contour (angles rentrants ou retraits en rive) ne peuvent pas affecter la
raideur en plan et doivent être tels que la surface comprise entre le contour du plancher et le contour
polygonal convexe enveloppant le plancher ne dépasse pas 6 % de la surface du plancher.

18
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
L
 L’élancement de la section en plan du bâtiment   max  4 (Lmax et Lmin sont respectivement
Lmin
la plus grande et la plus petite dimension en plan du bâtiment).
 Pour chaque direction de calcul x ou y, l’excentricité structurale doit vérifier les relations
suivantes :
e0 x  0,30 rx e0 y  0,30 ry
(2.1)
rx  0,3 Lx ry  0,3 Ly

Avec : e0x et e0 y La distance entre le centre de gravité et le centre de torsion sur la direction x et sur la direction
y.

rx / y 
 raideurs de torsion
 raideurs de translation dans la direction considérée
Lx et Ly La longueur totale du bâtiment dans la direction x et y.

Dans le cas où le contreventement est assuré par des voiles i d’inerties Ii , et lorsque la déformabilité d’effort

tranchant est négligeable, rx2   ix i ; ry2   ix i


I x 2  I iy yi 2 I x 2  I iy yi 2
 Iix  Iiy
2.3.11 Critères de régularité en élévation selon l’EC8
Dans un bâtiment régulier en élévation les éléments de contreventement, comme les noyaux centraux, les murs
ou les portiques, doivent être continus depuis les fondations jusqu’au sommet du bâtiment.

La raideur latérale et la masse de chaque niveau doivent demeurer constantes ou sont réduites
progressivement, sans changement brutal, entre la base et le sommet du bâtiment considéré.

Ki
0, 67   1,50
K i 1
mi
0, 75   1,15 (2.2)
mi 1
mi
0,80   1, 20
m

Avec m: masse moyenne par niveau

mi et Ki : la masse et la raideur du niveau i

Lorsqu’il existe des retraits à différents niveaux, il est conseillé de respecter les dispositions suivantes :

 Dans le cas de retraits successifs maintenant une symétrie axiale, le retrait total d’un étage dans
chaque direction n’est pas supérieur à 20 % de la longueur totale de l’étage précédent dans cette
direction. (Figure 2.15 a).
 Dans le cas d’un seul niveau de retrait situé dans les 15 % inférieurs de la hauteur totale de la
structure principale, le retrait total inférieur à 50 % de la dimension en plan du niveau inférieur (Figure
2.15 c).

19
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
 Dans le cas de bâtiments à retraits d’étage non symétriques, la somme des retraits de chaque
étage inférieur à 30 % de la dimension en plan à la base et chaque retrait n’excède pas 10 % de la
dimension en plan de l’étage immédiatement inférieur (Figure 2.15 d).

Figure 2.15. Critère de régularité en élévation [10]

2.4 Mise en œuvre soignée


Une mise en œuvre de qualité de la part de l'entrepreneur est absolument indispensable. Une construction
réalisée avec des matériaux de faible qualité ou par des assemblages d'éléments précaires, risque de s'effondrer
suite à des secousses de faible intensité. Une application stricte des règles générales de la construction lors de la
conception du projet, ainsi qu'une bonne exécution des travaux, permettent aux bâtiments de résister de façon
satisfaisante aux séismes de faible intensité.

2.4.1 Une bonne cohésion béton armatures


Lors d’un séisme violent, l’adhérence béton-armatures, même bien réalisée, va sans doute commencer à se
dégrader à certains endroits, mais ça doit pouvoir se faire progressivement à chaque secousse (Figure 2.16)

Figure 2.16. Dégradation complète de bétons de mauvaise qualité (Séisme de Bhuj, 2001) [11]
Les solutions :

 Assurer une bonne qualité des matériaux :

20
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
On respecte les normes, les quantités, les prescriptions. Le béton ne doit pas être trop peu résistant (plus que
22 MPa) ni trop résistant si on ne veut pas devoir justifier d’armatures particulières (moins de 45 MPa).

 Pour une bonne adhérence béton – armatures en prévision d’un séisme violent :
 Le béton doit être visqueux au moment de sa mise en œuvre, et non liquide… et encore moins «
rallongé » d’eau.
 Vibrer impérativement le béton pour qu’il se mette en place correctement.
 Respecter les règles d’enrobage du BAEL!
 N’utiliser que des barres à haute adhérence. Pas de barres lisses.
 Les armatures doivent être noyées parfaitement dans le béton qui ne doit pas être affaibli par des
manques.
2.4.2 Résistance des armatures longitudinales des poteaux et des poutres:
La résistance mécanique des armatures longitudinales doit être effective des fondations jusqu’à la toiture.
Elles doivent constituer un réseau continu (attention aux conditions de continuité mécanique par recouvrement
suffisant entre toutes les barres). Elles doivent en outre pouvoir se déformer avec le poteau ou la poutre sans que
la perte d’adhérence béton-aciers soit trop rapide.

Figure 2.17. Conception d’armatures longitudinales d’ossatures en zone sismique [11]


Les problèmes :

 Pas de continuité des barres longitudinales des poteaux entre les étages (recouvrement non assuré)
 Diamètres trop importants pour se déformer avec le poteau sans « arracher le béton »
 Nombre insuffisant pour une répartition correcte des efforts.
 Pas de frettage : En outre, elles ne sont pas contenues par le frettage qui devrait se trouver à
l’extérieur des barres.
Les solutions :

 La continuité des armatures longitudinales peut être assurée par recouvrement ou tout autre procédé
dont il est établi qu’il n’entraîne pas la fragilisation de l’armature.
 L’emploi de coudes et crochets dans les pièces comprimées ou les parties comprimées des pièces
fléchies est interdit.
 Toutefois, en cas de nécessité (liaison avec une semelle de fondation, voisinage d’une surface libre,
etc.) les ancrages d’extrémité peuvent être assurés au moyen de coudes à 90°.
 Toutes les longueurs de recouvrement ou d’ancrage sont à majorer de 30% pour la part située hors
zones critiques et de 50% pour la part située dans la zone critique Chaque fois que c’est possible, on
évite de recouvrir en zone critique)

21
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
 Dans les zones de recouvrement, les armatures transversales doivent respecter la règle des coutures
résultant de la transmission des efforts entre les barres longitudinales.
2.5 Qualité des matériaux
Il n’existe pas, a priori, un matériau plus « parasismique » qu‘un autre. Toutefois, il est très important de
trouver un compromis afin d’obtenir la combinaison idéale entre :

 Une bonne résistance mécanique, tel que l’acier, les alliages d’aluminium et, dans une moindre
mesure, le béton armé précontraint
 Une ductilité élevée, tel que l’acier et les alliages d’aluminium et, dans une moindre mesure, le béton
armé correctement ferraillé
 Un rapport résistance/masse élevé, tel que le bois, l’acier et l’alliage d’aluminium

22
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Partie C : Actions sismiques


3.1 Introduction
L’effort sismique engendré sur une structure est lié à la transmission des ondes sismiques du sol vers
la structure. Ces ondes, ou accélérations, agissent sur les masses qui sont accélérées horizontalement et
verticalement engendrant ainsi des efforts internes auxquels la structure doit pouvoir résister.
Lorsque le comportement de la structure peut être considéré comme linéairement, les méthodes
classiques de la dynamique des structures permettent de calculer ces actions à partir d’un spectre de
pseudo-accélération ou par intégration directe dans le temps.
3.2 Réponse élastique d’un oscillateur simple
On considère un oscillateur simple soumis à un mouvement u g (t ) de son support : c’est en
particulière ce qui se passe en cas de séisme où l’accélération du sol  g (t )  u g (t )
L’oscillateur subit un mouvement global par rapport à sa position de repos tel que u t (t )  u (t )  u g (t )
où u (t ) représente le supplément de déplacement structural.

Figure 3.1. Un oscillateur simple soumis à une excitation sismique


3.2.1 Equation de mouvement
Des efforts s’opposent au mouvement de la masse, ils sont :
 La force d’inertie Fi dépendant de la masse « m » : Fi  m.u  t 
 La force Fc dissipatrice sous forme de chaleur due à l’amortissement « c » : Fc   c.u  t 
 La force de rappel Fk du ressort de raideur « k », qui permet à la structure de revenir à sa position
d’origine après l’arrêt des sollicitations externes : Fk  t    k .u  t 

Figure 3.2. Représentation schématique de l’équilibre des forces


23
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
L’équation du mouvement d’un bâtiment soumis à une excitation sismique est :
mu t (t )  cu (t )  ku (t )  0 (3.1)
t
Avec : u (t ) le déplacement total, u (t ) le déplacement relatif, u g (t ) le déplacement du sol. Alors
u t (t )  u (t )  u g (t ) par conséquence u t (t )  u (t )  ug (t )
L’équation (3.1) peut s’écrire comme suit :
u (t )  2   u (t )   2 u (t )  u g (t ) (3.2)
c k
Avec :   et  2 
2 m m
La solution de cette équation est donnée par l’intégrale du Duhamel :
t
.sin D  t     .d
1
u (t )  e  t  A sin Dt  B cos Dt  
   t  

D u e
0
g
(3.3)

Pour un même séisme, la réponse de divers oscillateur de même facteur d’amortissement mais ayant
des pulsations propres (des périodes propres) différente, on trouve les courbes de déplacement en
fonction de temps (Figure 3.3)

Figure 3.3. Déplacement de séisme [6]


Les amplitudes maximales Ui max dépendent de la pulsation propre  i (de ki et mi)
3.3 Résolution de l’équation du mouvement à l’aide d’un spectre de réponse
3.3.1 Les spectres de réponse de structure
a) Spectre de réponse en déplacement :
On reporte ensuite l’amplitude maximale Umax obtenue pour chaque oscillateur en fonction de sa
pulsation propre ou, plus usuellement, en fonction de sa période propre T : La courbe obtenue s’appelle
« spectre en déplacement »

Figure 3.4. Spectre en déplacement [6]

24
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
b) Spectre de réponse en pseudo-accélération :
En pratique, les spectres de réponses sont tracés en pseudo-accélération  D   .U plutôt qu’en
2 max

déplacement. Les courbes étant paramétrées par le facteur d’amortissement  .

Figure 3.5. Famille de spectre d’accélération pour un seul séisme [6]


On prend l’enveloppe des différents spectres après une étape de normalisation qui efface la disparité
liée à l’amplitude des différents séismes.

Figure 3.6. Famille de spectre enveloppe d’accélération d’un site pour différents séismes [6]
c) Spectre de réponse élastique normalisé :
Ils sont établis à partir d’un ensemble d’accélérogrammes enregistrés sur des sites de nature
géologique comparable. Ils ne tiennent pas compte des effets de site.
Ces spectres sont lissés par analyse statistique pour supprimer les écarts spécifiques (au delà de
l’écart type) et normalisés pour des intensités sismiques données.
On présente à la figure 3.7 le spectre de réponse élastique Se (T ) de l’EC 8, où on distingue des
périodes de coin TB, TC, TD. Ce spectre est fonction du sol par le paramètre S

Figure 3.7. Spectre de réponse élastique en accélération Se (T ) d’après l’EC 8 [10]


3.3.2 Cas de l’oscillateur simple à une seule masse concentrée :
Pour déterminer l’action sismique et les sollicitations produites par les séismes pour un oscillateur
simple à une seule masse concentrée, on doit poursuivre les étapes suivantes :

25
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
1. Analyse de structure et modèle de l’oscillation simple équivalent, et détermination des
caractéristique m et k.
k
2. Détermination de la pulsation propre   [rd/s]
m
2
3. Détermination de la période propre T [s]

4. Report de la période propre sur le spectre enveloppe et déduction de la pseudo-
accélération  D tenant compte de l’amortissement 
5. Calcul de la force statique équivalente de calcul : FD  m . D
6. Calcul des sollicitations maximales produites par le séisme.
F F
7. Calcul du déplacement maximal Z max  D  D2
k 
3.3.3 Cas de l’oscillateur simple à plusieurs masses concentrées :
Pour déterminer l’action sismique et les sollicitations produites par les séismes pour un oscillateur
simple à plusieurs masses concentrées, on doit poursuivre les étapes suivantes :
1. Analyse de structure et modèle d’oscillateur simple équivalent par concentration des
masses.
2. Détermination des caractéristiques mi et ki, choix de la fonction d’interpolation φ.
3. Détermination de la pulsation propre ω [rd/s] par le quotient de RAYLEIGH :
 k    
2
i 1
 2
 i i

 m . i i

Lorsqu’on prend une fonction d’interpolation φ linéaire, on trouve le quotient de RAYLEIGH


 k v  v 
2
i 1
 2
 i i

 m .v i i

2
4. Détermination de la période propre T  [s]

5. Report de la période propre sur le spectre enveloppe et déduction de la pseudo-
accélération  D tenant compte de l’amortissement 

6. Calcul de l’effort tranchant Fb à la base de structure : Fb  MM . D  .  mi .  D


MasseModale Massetotale

Avec la masse modale est une fraction  (souvent supérieur à 85%) de la masse totale
7. Calcul de l’effort sismique horizontal à chaque niveau :
Fi  mi .  D  mi .i . vi
mi . vi
Fb   Fi   i2 .  mi . vi  Fi  Fb .
 mi . vi
Avec

8. Déterminer les sollicitations et effectuer les combinaisons selon EC0 et EC1 et


vérifications réglementaires et les EC2 à EC6 selon matériaux et les compléments EC8.
 Fi
9. Calcul des déplacements des planchers : U i  D2 
 i m . i2

26
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
3.4 Réponse sismique de l’oscillateur multiple :
3.4.1 Equation de mouvement :
L’équation d’équilibre dynamique s’écrit sous la forme matricielle :
 M .U   C .U    K .U   P  t  (3.4)
Avec P  t   u g . M  .   et    est un vecteur composé de 0 et de 1. Les 0 correspondant aux lignes
où le déplacement uk (t ) n’est pas une translation parallèle à la base.

Figure 3.8. Excitation sismique par déplacement d’appui [4]


Les matrices  M  , C   K  ont pour dimensions n  n et les vecteurs U  , U  , U  , P  t  pour
dimensions n, où n le nombre de degrés de liberté du système.
L’équation de mouvement (3.4) s’écrit sous la forme matricielle :
 m1 0 . . 0   u1    c1  c2  c2 0 0 0   u1 
     
 0 m2 . . .   u2   c2  c2  c3  ci 0 0   u2 
 . . mi . .   ui    0 ci  ci  ci 1  0 0   ui  
     
 . . . . .  .   0 0 0 . .  . 
 0 mn   un   cn   un 
 . . . 0 0 0 .
  k1  k2  k2 0 0 0   u1   p1 (t ) 
    
 k2  k 2  k3   ki 0 0   u2   p2 (t ) 
 0  ki  ki  ki 1  0 0   ui    pi (t ) 
    
 0 0 0 . .  .   . 

 0 0 0 . kn   un   pn (t ) 
3.4.2 Résolution de l’équation de mouvement
a) Analyse modale
L’analyse modale a pour but de recherche les modes propres de vibrations de la structure et leurs
périodes. Ceux-ci sont indépendants du séisme.
Calcul des pulsations propres
Pour déterminer la fréquence angulaire, il faut résoudre l’équation suivante :
 K   n 2  M   0 (3.5)

Avec  n est la pulsation de chaque mode, et mesure en radian par seconde.


Cette condition consiste en une équation polynômiale de degré N en i . Du fait que les matrices [M]
2

et [K] soient définies, symétriques et positives, les N solutions i sont toutes réelles et positives.
2

27
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Détermination des modes propres
Les pulsations propres  i ayant été déterminées à l’étape précédente, on peut établir les modes
propres associés. Le mode propre i  associé à  i satisfait l’équation suivante :
 K     M  .   0
i
2
i
(3.6)
Le déterminant de ce système d’équations linéaires, dont les inconnues sont les composantes du
mode propre i  , est nul, Or les composantes sont définies à une constante multiplicative près (On peut
choisir i1   1 par exemple).
Propriété d’orthogonalité des modes propres
Les modes propres sont orthogonaux deux à deux par rapport à la matrice de masse et par rapport à la
matrice de rigidité.
i   M  j    I  pour i  j
T

(3.7)
i   K  j      pour i  j
T

Où  I  : matrice identité et    : matrice spectrale qui est diagonale contenant les i2 
Normalisation des modes propres
On peut normaliser les modes propres en choisissant les amplitudes telles que les modes soient
orthonormés par rapport à la matrice de masse.
On définit la matrice modale    comme étant une matrice carré ayant les vecteurs (modes) propres
normalisés i  comme colonnes.
La propreté d’orthogonalité peut être réécrite comme suit :
    M      I  pour i  j
T

(3.8)
    K        pour i  j
T

b) Analyse spectrale :
L’analyse spectrale va estimer la réponse de la structure pour chacun de ses modes. Il faudra ensuite
déterminer la participation des différents modes aux déformations de la structure, c’est-à-dire les modes
conditionnant la déformation effective (la masse modale des règles de calcul), afin d’évaluer les forces
d’inertie qui peuvent leur être associées pour le dimensionnement de la structure.
La résolution de l’équation de mouvement se base sur le principe de superposition des différents
modes, la décomposition modale de déplacement généralisé est :
N
u (t )   yi (t ).  (3.9)
i 1

Cette décomposition modale de déplacement généralisé conduit à un système d’équations


découplées :
P
y j (t )  2   y j (t )   2 y j (t )  (3.10)
Mn
Avec : M n    . M  .  masse généralisée associé avec le mode n.
T

P   g .  . M .   Force généralisée


T

Réponse maximale en déplacement :


La réponse temporelle de la coordonnée normale N° j découle de l’équation de Duhamel

28
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
  . M  .   t
T

.sin Dj  t     .d


1    t  
y (t )   2     g .e j j
(3.11)
Dj   . M  .  0
T

La valeur maximale du mode y max


j est seule dimensionnant. Pour son estimation, on s’appuie sur la
notion de spectre de réponse en déplacement S D (t ) comme cela à été vu pour les oscillations simples

Figure 3.9. Spectre de réponse élastique en déplacement [10]


Les déplacements maximaux dans le mode j sont donnés alors par le vecteur :
u max
j  a j .  j  . S D (T j ,  j ) (3.12)

  . M .  
T

Avec : a j  Facteur de participation


  . M . 
T

Réponse maximale en effort de mode j :


 Fjmax    K . u max
j
  a j . K .  j  . S D (T j ,  j )

Or  K  .  j    j . M  .  j 
2

Donc  Fj   a j . j . M  .  j  . S D (T j ,  j )
max 2

En introduisant la pseudo-accélération  D   2 .U max  S T j ,  j    j 2 . S D T j ,  j 

La force statique équivalente du séisme vient donc :  Fj   a j . M  .  j  . S (T j ,  j )


max

Figure 3.10. Force statique équivalente au séisme [6]


3.5 Conclusion
Ce chapitre a permis de déterminer la réponse maximale de la structure pour chacun de ses modes
propres, la technique des modes normaux dite «méthode modale » est la plus utilisée en régime linéaire.
Ceci est la méthode de l’analyse modale - spectrale qui permet de calculer les actions sismiques.
Le calcul des actions sismiques peut être mené par deux approches distinctes : une approche dite
dynamique (analyse modale – spectrale) et une approche dite statique équivalente (Méthode de l’EC8)

29
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Partie D : Calcul parasismique selon l’Euro Code 8

4.1 Introduction
Afin de procéder au calcul des actions sismiques engendrées par le séisme, l’EC 8 (ENV 1998-1-
2:1994) permet le choix entre deux méthodes d’analyse linéaire. La méthode d’analyse modale est
possible dans tous les cas, mais la méthode simplifiée (analyse modale par force latérale) est utilisable
que si la structure est régulière en élévation.
4.2 La méthode d’analyse par force latérale:
4.2.1 Principe :
L’analyse statique équivalente a comme principe de base de substituer aux efforts dynamiques
développés dans une structure par le mouvement sismique du sol, des sollicitations statiques calculées à
partir d’un système de forces, dans la direction du séisme, et dont les effets sont censés équivaloir à
ceux de l’action sismique.
La force statique résultante équivalente agit à la base du bâtiment et elle est supposée répartie sur sa
hauteur depuis sa base où elle est nulle jusqu’au sommet.
4.2.2 Condition d’application :
Ce type d'analyse peut être appliqué aux bâtiments qui peuvent être analysés à l’aide de deux
modèles plans, et dont la réponse n'est pas affectée de manière significative par les contributions des
modes supérieurs de vibration.
L’analyse statique équivalente adoptée par l’EC 8 est requise dans les conditions suivantes:
a) Le bâtiment doit être régulier conformément aux critères de régularité en plan (§2.3.10) et en
élévation (§2.3.11).
b) Les périodes fondamentales de vibration « T1 » du bâtiment dans les deux directions principales
inférieures aux valeurs suivantes (4.1) :
4T
T1   C [§3.3.2 /EC8] (4.1)
2.0 s
Où TC est donné dans le tableau 4.5.
4.2.3 Effort tranchant sismique à la base de la structure :
La force sismique latérale équivalente d’une construction représentant la réponse élastique à la base
de la structure Fb doit être calculée à l’aide de la formule suivante (4.2) :
Fb  Sd T1  m. [§3.3.2.2/EC8] (4.2)

Avec :
 Sd(T1) : ordonnée du spectre de réponse en accélération de calcul pour la période T 1.
 T1 : période fondamentale (1ér mode) de vibration du bâtiment pour le mouvement de translation
dans la direction considérée.
 m : poids total du bâtiment au-dessus des fondations, calculé en § 4.2.6
 λ : coefficient de correction qui traduit le fait que la masse modale effective du premier mode est
inférieure à la masse totale m du bâtiment
  0,85 Si T1  2TC et si le bâtiment a plus de 2 étages

  1 Sinon

30
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
4.2.4 Spectre de calcul horizontal de réponse en accélération Sd(T):
Le spectre règlementaire permet de déterminer l’accélération que subit la masse sismique de la structure
en fonction de la période de la structure.

Figure 4.1. Spectre de calcul de pour l’analyse élastique/ [Figure 4.1 /EC8]
Le spectre de calcul pour l'analyse élastique « Sd(T) » pour la période propre de la structure « T » est
défini par les expressions suivantes (Tableau 4.1).
Tableau 4.1- Expression de spectre de calcul / [§4.2.4 /EC8]
Limite sur T Spectre de calcul

 2 T  2,5 2  
0  T  TB Sd (T )  ag . S .   .  
 3 TB  q 3  

TB  T  TC 2,5
Sd (T )  ag . S .
q
2,5  TC 
TC  T  TD Sd (T )  ag . S . .  
q T 
2,5  TC .TD 
TD  T Sd (T )  ag . S . .  2 
q  T 
a) Accélération de calcul
L’accélération de calcul « ag » s’exprime par la relation (4.3) :
ag   I  aGR [§4.1/EC8] (4.3)
Avec :  I : Coefficient d’importance du bâtiment défini par le tableau 4.2.
Tableau 4.2- Catégories des bâtiments / [Tableau 3.3 / EC8]

Catégories Description Symbole γ1

Bâtiments d'importance mineure pour la sécurité


I BIM 0,8
des personnes, par exemple, bâtiments agricoles, etc.

Bâtiments courants: bâtiments d'habitation


individuelle ou collective, bureaux, bâtiment
II BC 1
(commerces, industries…) limites à 300 personnes, de
hauteur inférieure à 28m, parking…

31
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Bâtiments dont la résistance aux séismes est a GR


importante compte tenu des conséquences d’un :
III effondrement, Par exemple : Etablissements scolaires, BSI 1,2 Accél
bâtiments H>28m, bâtiments + 300 personnes, salles ératio
de réunion, institutions culturelles, industries… n
maxi
male
Bâtiments primordiaux pour la sécurité civile, la de
défense nationale, le maintien de l'ordre public, référe
IV bâtiments de communication, de contrôle aérien, BP 1,4 nce.
hôpitaux, bâtiments de production ou de stockage Cette
d'eau potable, de distribution publique de l'énergie… accél
ératio
n est donnée par la carte de zonage règlementaire donnant pour chacun des cantons les accélérations à
prendre en compte. (Tableau 4.3)
Tableau 4.3 – accélération de référence a GR [§ 3.7 / EC8]

Zone aGR (m/s²)


0 Sismicité négligeable < 0,4
Ia Sismicité très faible < 0,7
Ib Sismicité faible < 1,1
II Sismicité moyenne < 1,6
III Sismicité fort <3

b) Sols et sites.
Type de séisme : Séisme proche, séisme lointain :
Dans l'Euro code 8, cette possibilité est considérée et des formes de spectres de types l et 2 sont
définies.
Le type 1 correspond à des séismes lointains de magnitude suffisante  MS  5,5  pour engendrer au
site de construction des accélérations significatives dont la contribution est prépondérante dans le risque
sismique.
Le type 2 est à considérer si des tremblements de terre de magnitude  MS  5,5  constituent le
facteur prépondérant de risque.
Classe de sol :
Le classement du site peut être réalisé en référence à la vitesse des ondes de cisaillement Vs,30 dans
les 30 m de sol supérieurs, si cette information est disponible. Dans le cas contraire on s’appuie sur le
nombre de coups par essai de pénétration normalisé NSPT ou la résistance au cisaillement du sol non
drainé Cu.
Pour les sols stratifiés la vitesse moyenne des ondes de cisaillement se calcule par l’expression :
30
vs ,30 
hi [12] (4.4)

i 1
N
vi
32
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Tableau 4.4– Classes de sol / [§3.2 / EC8]
Paramètres
Classe de sol Description du profil stratigraphique NSPT
Vs,30 (m/s) Cu (kPa)
(coups/30cm)

Rocher ou autre formation géologique de ce


A type comportant une couche superficielle d'au > 800 - -
plus 5m de matériau moins résistant.

Dépôts raides de sable, de gravier ou


d'argile sur consolidée, d'au moins plusieurs
B dizaines de mètres d'épaisseur, caractérisés par 360 - 800 > 50 > 250
une augmentation progressive des propriétés
mécaniques avec la profondeur.

Dépôts profonds de sable de densité


C moyenne, de gravier ou d'argile moyennement 180 - 360 15 - 50 70 – 250
raide.

Dépôts de sol sans cohésion de densité


faible à moyenne (avec ou sans couches
D <180 <15 <70
cohérentes molles) ou comprenant une
majorité de sols cohérents mous à fermes.

Profil de sol comprenant une couche


superficielle d’alluvions avec des valeurs de
E Vs de classe C ou D et une épaisseur comprise
entre 5 m environ et 20 m, reposant sur un
matériau plus raide avec Vs > 800 m/s

Dépôts composés, ou contenant, une couche


d’au moins 10 m d’épaisseur d’argiles
S1 <100 10 - 20
molles/vases avec un indice de plasticité élevé
(PI > 40) et une teneur en eau importante.

Dépôts de sols liquéfiables d’argiles sensibles


ou tout autre profil de sol non compris dans les
S2
classes A à E ou S1.

Le tableau 4.5 définit les valeurs de S associées à ces types de sols et sites. On voit que l'influence
sur le mouvement en base de la structure est significative, puisque S est compris entre 1 (sur le rocher)
et 1,8 (sol très meuble).
Tableau 4.5 – Paramètres tenant compte des conditions de Sol et Site / [§4.2.4 / EC8]

Séisme de Type 1  MS  5,5  Séisme de Type 2  MS  5,5 


33
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Sols et
S TB(s) TC(s) TD(s) S TB(s) TC(s) TD(s)
Site
A 1,00 0,15 0,40 2,00 1,00 0,03 0,20 2,50
B 1,20 0,15 0,50 2,00 1,35 0,05 0,25 2,50
C 1,15 0,20 0,60 2,00 1,50 0,06 0,40 2,00
D 1,35 0,20 0,80 2,00 1,60 0,10 0,60 1,50
E 1,4 0,15 0,50 2,00 1,80 0,08 0,45 1,25

c) Coefficient de comportement :
Ce coefficient, diviseur des efforts, est une approximation du rapport entre les forces sismiques que
la structure subirait si sa réponse était complètement élastique avec un amortissement visqueux de 5% et
les forces sismiques qui peuvent être utilisées lors de la conception et du dimensionnement, avec un
modèle linéaire conventionnel, en continuant d’assurer une réponse satisfaisante de la structure.
Les valeurs du coefficient de comportement q, incluant également l’influence d’amortissements
visqueux différents de 5%, sont indiquées pour divers matériaux et systèmes structuraux, selon divers
niveaux de ductilité, dans l’EC8.
Les bâtiments en béton doivent être classés dans un des types suivants, selon leur comportement
sous l’effet des actions sismiques horizontales (Tableau 4.6)

Tableau 4.6 - Type de structure en béton armé / [§2.1.2/ EC8]

Type de système
Symbole Comportement du système
de structure

Système de structure dans lequel la résistance aux charges verticales


ainsi qu’aux charges latérales est assurée par des ossatures
Système à portique SP tridimensionnelles, et dont l’effort tranchant résistant à la base du
bâtiment dépasse 65 % de l’effort tranchant résistant total du système
structural. Une rigidité à la torsion satisfaisante doit être assurée

Système à
Système à contreventement mixte dans lequel l’effort tranchant
contreventement mixte,
SCO résistant du système d’ossature, à la base du bâtiment, est supérieur à
équivalent à une
50 % de l’effort tranchant résistant de l’ensemble de la structure
ossature

Système à Système à contreventement mixte dans lequel l’effort tranchant


contreventement mixte, SCM résistant des murs, à la base du bâtiment, est supérieur à 50 % de la
équivalent à des murs résistance sismique totale de la structure.

Système de structure dans lequel les charges verticales et les


charges latérales sont reprises principalement par des murs structuraux
Système de murs SM verticaux, et dont l’effort tranchant résistant à la base du bâtiment
dépasse 65 % de l’effort tranchant résistant du système structural dans
son ensemble. Une rigidité à la torsion minimale doit être assurée.

34
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Système à contreventement mixte ou système de murs ayant une


faible rigidité à la torsion, par exemple une structure composée
Système à noyau SN
d’ossatures flexibles combinées avec des murs concentrés en plan à
proximité du centre du bâtiment.

Système dans lequel 50 %, ou plus, de sa masse est située dans le


Système en pendule tiers supérieur de la hauteur de la structure, ou dans lequel l’essentiel
SPI
inversé de la dissipation de l’énergie a lieu à la base d’un élément isolé du
bâtiment.

Le coefficient de comportement doit être calculé pour chaque direction de calcul par :
q  q0 k D k R kW k  1,5 [§2.3.2 / EC8] (4.5)
Les valeurs de base q0 pour les types de structures sont données dans le Tableau 4.7:

Tableau 4.7 – Valeur de coefficient q0 / [§2.3.2 / EC8]

Type de structure q0
SP 5
système à SCO 5
contreventement mixte SCM 4,5
SM 4
SN 3,5
SPI 2

Le facteur k D dépendant de la classe de ductilité, On distingue pour les structures en béton


trois classes de ductilité, à savoir : DCL (ductilité limitée), DCM (ductilité moyenne) et DCH (haute
ductilité)

Tableau 4.8 – Type de ductilité et valeur kD / [§2.3.2 / EC8]


Ductilité Définition Symbole kD

La classe de ductilité «L» correspond aux


structures conçues et dimensionnées conformément aux
ductilité limitée DCL 0,5
règles de l’EC2, complétées par des règles qui
permettent d’augmenter la ductilité disponible.

35
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

La classe de ductilité «M» correspond à des


structures pour lesquelles la conception, le
dimensionnement et les dispositions de détail
ductilité moyenne DCM 0,75
permettent à la structure d’entrer effectivement dans le
domaine inélastique sous des actions alternées, sans
subir de rupture fragile.

La classe de ductilité «H» correspond à des


structures pour lesquelles la conception, le
dimensionnement et les dispositions de détail sont en
haute ductilité DCH 1
mesure d’assurer, en réponse à l’excitation sismique, le
développement de mécanismes stables choisis, associés
à une importante dissipation d’énergie hystérétique.

Le facteur k R , dépendant de la régularité en élévation doit prendre l’une des valeurs


suivantes (Tableau 4.9)
Tableau 4.9– Valeur kR / [§2.3.2 / EC8]
Type de structure kR
Structure régulière 1
Structure irrégulière 0,8
Le coefficient kw reflétant le mode de rupture prédominant des systèmes à murs doit prendre une
des valeurs suivantes (Tableau 4.10)
Tableau 4.10– Valeur kw / [§2.3.2/ EC8]
Système de structure kw
SCO 1
1
SM, SCM, SN
2,5  0,5.a0
Avec a 0 rapport de forme prédominant sur l’ensemble des murs de la structure prédominant
  H wi 
a0  
  l  Hwi : hauteur du mur i. l wi : longueur de la section du mur i.
 wi 

Le coefficient k reflétant la densité de cloisonnement et autres éléments secondaires participant


à la dissipation d’énergie (Tableau 4.11)
Tableau 4.11 – Valeur k / [§2.3.2 / EC8]

Type de bâtiment k

Les bâtiments courants comportant une


densité normale de cloisons 1

36
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
Les bâtiments faiblement cloisonnés (halles
industrielles, halle de gare, planchers
0,9
paysagers,etc…)
4.2.5 Estimation de la période fondamentale T1 :
Au départ d’un projet, un problème se pose: l'action sismique Sd(T1), dont découle l’effort tranchant
sismique à la base Fb, et les sollicitations de la structure dépendent de la période T 1, qui est inconnue car
elle est fonction des raideurs des éléments structurels non encore dimensionnés.
On doit estimer la période fondamentale T1 soit :

 Par des formules empiriques :


On donne au Tableau 4.12 ci-dessous des formules empiriques de la période de divers solides.
Tableau 4.12 – Evaluation de T1 [ANNEXE C/ EC8]
Période T1 Origine des relations

Relation empirique de l'euro code 8


T1  C t .H 3/4 0, 085 pour des portiques en acier 
H: hauteur du bâtiment en m 0, 075 pour des portiques en béton 
 
depuis les fondations ou le Ct   et ossature acier à triangulation excentrée 
 
soubassement rigide 0, 050 autres structures 

Relation empirique de l'euro code 8


Structures à murs de contreventement en béton
   lwi   
2

Ct  0, 075 avec Ac    Ai .  0, 2     
T1  C t .H 3/4 Ac    H   
H: hauteur du bâtiment en m Ac est l'aire effective totale des sections des murs de
depuis les fondations ou le contreventement en m2.
soubassement rigide Ai est l'aire effective de la section transversale du mur de
contreventement i en m2.
lw est la longueur du mur de contreventement i au dans la
direction parallèle aux forces appliquées, en m.

Relation empirique de l'euro code 8


d: déplacement élastique horizontal du sommet du
T1  2 d
bâtiment en m dû aux charges gravitaires appliquées
horizontalement

 Par la méthode de Rayleigh :


La méthode de Rayleigh vise à déterminer la première période propre de vibration d’une structure.
Pour cela on ramène le cas complexe d’un système à masse et rigidité réparties ou/et concentrées à celui
d’un oscillateur simple pour lequel on détermine des caractéristiques généralisées de masse, raideur et
d’amortissement.

37
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3
On considère un cadre à N étages dont on supposera les traverses infiniment rigides de masse m i. On
note ki la rigidité équivalente aux colonnes de l’étage numéro i.
La forme du mode de vibration est représentée par la fonction   x  , L’amplitude est caractérisée par
le déplacement du plancher haut du dernier niveau Z (t )  Z 0 .sin t 

Le potentiel élastique est donné par : Ve   1 2.k . v  v 


2
i i i 1

1 2
Le potentiel élastique maximal est : Vemax  Z 0  ki . i  i 1 
2

2
L’énergie cinétique est donné par : K   1 2m .v i i
2

1
L’énergie cinétique maximale est : K max  2 Z20  mi .i2
2
 k    
2

. On notera que la fonction   x  peut être prise


i 1
V , on obtient :  
max max 2 i i
Comme K
 m . i i

 x
comme simple fonction linéaire de x,   x   Z    conduisant à une bonne approximation de  , la
H
2
période propre vaut : T1 

4.2.6 Détermination du poids de bâtiment « m »:
Le poids total du bâtiment est égal à la masse vibrante de la structure calculé multipliée par la surface
de bâtiment « S », conformément à la formule (4.6):
m   mG  Ei mQ  / [§4.12/ EC8] (4.6)
 mG : masse due aux charges permanentes et éventuellement aux surcharges fixes de la construction,
exprimé en kN/m2
 mQ : masse due aux charges d’exploitation, exprimé en kN/m 2
 ψEi : coefficients de combinaisons pour le calcul de l’effet des actions sismiques, calculé par la
relation (4.7)
 Ei    2i / [§4.12 / EC8] (4.7)
Où les valeurs de ψ2i et φ sont données dans les tableaux suivants (4.13) et (4.14)
Tableau 4.13 - valeurs de ψ2i [§3.6 / EC8]
Action ψ2i
Charges d'exploitation des bâtiments
Catégorie A: Habitations, résidentiels 0,3
Catégorie B: Bureaux 0,3
Catégorie C: Lieux de réunion 0,6
Catégorie D: Commerces 0,6
Catégorie E: Stockage 0,8
Charges dues à la neige sur les bâtiments 0,2
Tableau 4.14 - valeurs de φ pour le calcul de ψEi [§3.6 / EC8]

38
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Types de l'action variable Occupation des étages φ

étages à occupations dernier étage 1,0


Catégories A-C
indépendantes autres étages 0,5
dernier étage 1,0
étages à occupations
Catégories A-C étages à occupations corrélées 0,8
corrélées
autres étages 0,5
Catégories D-E 1,0

4.2.7 Effort tranchant sismique au niveau i :


Pour définir la distribution sur la hauteur du bâtiment des forces horizontales équivalentes à l’action
sismique, il faut calculer la déformée du mode fondamental dans chaque direction d’analyse horizontale
du bâtiment. Ce calcul peut être fait de deux manières :
A l’aide de méthodes de dynamique des structures, mais alors on perd la simplicité,
(principal avantage de la méthode). (Figure 4.2.a)
Les effets de l’action sismique sont déterminés en appliquant des forces horizontales Fi à tous les
étages (4.8)

si  mi
Fi  Fb .
 s j  mj
[3.4 / EC8] (4.8)

 Fi est la force horizontale agissant au niveau i


 Fb est l’effort tranchant à la base obtenu par la relation (4.2)
 si, sj sont les déplacements des masses mi, mj dans le mode fondamental
De manière approchée, lorsque le mode fondamental est déterminé de manière approximative
en supposant que les déplacements horizontaux croissent linéairement le long de la hauteur (Figure
4.2.b), les forces horizontales Fi sont données par la relation :

zi  mi
Fi  Fb .
 z j  mi
[3.5 / EC8] (4.9)

 Zi : hauteur à partir de la base de la construction.

39
Formation d’ingénieurs en génie civil Stabilité des ouvrages Chapitre 3

Figure 4.2. Distribution verticale des forces horizontales

Afin de tenir compte des incertitudes concernant la variation spatiale du mouvement sismique, l’EC 8
préconise de considérer des effets de torsion additionnels.
Cela consiste à considérer une excentricité additionnelle notée e ai :
eai   0, 05 Li [§3.1 / EC8] (4.10)
Li est la dimension du plancher perpendiculaire à la direction de l’action sismique. En effet, le centre
de gravité au niveau de chaque plancher est déplacé dans chaque direction par rapport à sa position
nominale.
De cette excentricité additionnelle, il en découle des efforts de torsion additionnelle notée M ai au
niveau de chaque plancher
M ai  eai . Fi [§3.3.3.3 / EC8] (4.11)
4.3 Les composantes de l’effort sismique dû à l’action sismique :
Quel que soit la méthode d’analyse linéaire élastique (simplifiée ou l’analyse modale), il est déduit les
actions sismiques au niveau de chaque étage et dans chaque direction principale du repère orthogonale
associé au système.
En considérant que les actions sismiques de chaque direction agissant simultanément, l’EC 8 établit
la procédure suivante pour la détermination des composantes de l’effort sismique à chaque étage :
 Détermination des réponses effectives maximales dans chaque direction (suivant x, y, z) par la
combinaison modale.
 L’EC 8 propose les combinaisons suivantes afin de déterminer ces valeurs simultanées probables :
EEdx  0,30 EEdy  0,30 EEdz
0,30 EEdx  EEdy  0,30 EEdz [§3.3.5.1/ EC8] (4.12)
0,30 EEdx  0,30 EEdy  EEdz
EEdx , EEdy , EEdz : Les effets de l'action sismique des composantes x, y et z.

40

Vous aimerez peut-être aussi