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Ali BOUAFIA

Département de Génie Civil


Faculté des sciences de l’ingénieur
Université Saâd Dahleb de Blida

INTRODUCTION A LA DYNAMIQUE
DES SOLS

TOME I : PRINCIPES DE BASE

OFFICE DES PUBLICATIONS UNIVERSITAIRES


1, Place centrale deBen-Aknoun (Alger)
I
Ouvrages du même auteur :

- Mécanique des sols appliquée-Problèmes résolus, éditions OPU,


ISBN 9961.0.0464.7, année 2000, 367 p.
- Introduction au calcul des fondations, éditions SAB Alger,
ISBN 9947.0.0090.0, année 2003, 144.
- Mécanique des sols - Principes de base et exercices résolus,
éditions EL-Maârifa Alger, ISBN 9961.48.114.3, année 2004,
257 p.
- Stabilité des soutènements et talus-Calcul pratique et exercices
résolus, éditions PRACTICOM Alger, année 2008, 121 p.
- Essais in-situ dans les projets de fondations, éditions OPU
ISBN 9961.0.0692.5, année 2004, 305 p.
- Calcul pratique des fondations et des soutènements, éditions
OPU, ISBN 9961.0.0849.9, année 2005, 246 p.

Photos de couverture:

Haut à gauche: Effondrement spectaculaire des bâtiments à Niigata (japon) lors


du séisme de 1964. Le sol est formé d’une couche sableuse saturée lâche. Le
séisme, d’une magnitude de 7.5 et d’une durée de 40 secondes, a causé une chute
considérable de la résistance de l’horizon sableux, ce qui s’est traduit par la
perte de la capacité portante du sol d’assise. Il s'agit en fait du phénomène de
liquéfaction sismique du sol.
Haut à droite: Signal accélérométrique d'une station sismométrique implantée à
Keddara (45 km à l'est d'Alger) durant le séisme de Zemmouri du 21 Mai 2003 à
19:44 (GMT+1). La magnitude Mw de ce séisme est de 6.8 et le mouvement
sismique fort s'est manifesté durant les 10 premières secondes.
Bas à gauche : Schéma de vibration au balancement d'une fondation
superficielle dans un massif semi-infini, et le modèle analogique équivalent
proposé par Wolf (1998), permettant une évaluation simplifiée de la fonction
impédance du système sol/fondation.
Bas à droite : Appareil de l'essai à la colonne résonante, sollicitant
l’échantillon en sa tête à la torsion et/ou à des sollicitations axiales. La mesure
de la fréquence de résonance et des amplitudes de vibration libres amorties
permettent de déterminer les caractéristiques dynamiques du matériau.
L’arrière plan de la couverture illustre une rupture superficielle manifestée en
surface du stade de Boudouaou El-Bahri lors du séisme de Zemmouri 2003.

II
SOMMAIRE DU TOME I

Préface du Professeur Alain Pecker VI

Avant-Propos VIII

Introduction générale 1

1. Eléments de mécanique des sols


1.1. Introduction 9
1.2. Caractéristiques physiques du sol 9
1.3. Calcul des contraintes dans le sol 10
1.4. Consolidation des sols fins 14
1.5. Résistance au cisaillement 16
1.6. Essais in-situ 19
1.7. Capacité portante des fondations 25
1.8. Tassement des fondations 30
1.9. Stabilité des murs rigides de soutènement 32
1.10. stabilité au glissement des terrains en pente 36

2. Eléments de sismologie appliquée


2.1. Introduction 43
2.2. Définitions de base 43
2.3. Distribution et mécanismes des séismes 46
2.4. Analyse du mouvement sismique 47
2.5. Aspects géotechniques d’un séisme 55
2.6. Sismicité en Algérie et réglementation parasismique 58

3. Eléments de mécanique des vibrations


3.1. Introduction 67
3.2. Formulation de l’équation du mouvement 67
3.3. Etude de la réponse d’un oscillateur simple 69
3.4. Etude de la réponse d’un système à plusieurs
degrés de libertés 80
3.5. Etude de la réponse d’un système à caractéristiques
continues 85

4. Propagation des ondes dans le sol


4.1. Introduction 89
4.2. Propagation des ondes à une dimension 90

III
4.3. Propagation des ondes à trois dimensions 110

5. Fluidisation sismique du sol


5.1. Introduction 169
5.2. Aperçu sur la méthode pseudo-statique 169
5.3. Phénomène de fluidisation sismique 191

6. Paramètres de comportement dynamique du sol


6.1. Introduction 201
6.2. Aperçu sur les lois de comportement statique 202
6.3. Lois de comportement dynamique du sol 215
6.4. Mesure des paramètres de comportement dynamique 244

7. Modélisation physique du comportement dynamique du sol


7.1. Introduction 263
7.2. Notion de similitude 264
7.3. Conditions de similitude 265
7.4. Modélisation en gravité naturelle 270
7.5. Modélisation en macrogravité 277
7.6. Essais sur modèles en table vibrante 286
7.7. Applications de la modélisation physique 291

Solutions des exercices


Chapitre 4 303
Chapitre 5 307
Chapitre 6 312

Liste des symboles 314

Liste des abbréviations 321

IV
SOMMAIRE DU TOME II

Préface du Professeur Alain Pecker

Avant-Propos

8. Analyse de la réponse sismique du sol

9. Analyse de la liquéfaction sismique

10. Comportement sismique des fondations

11. Vibration des fondations superficielles et profondes

12. Battage et vibrofonçage

13. Stabilité sismique des murs rigides de soutènement

14.Stabilité sismique des terrains en pente

15.Interaction sismique sol/structure

Méthodes numériques en dynamique des sols

Solutions des exercices

Liste des symboles

Liste des abbréviations

V
PREFACE DU PROFESSEUR ALAIN PECKER

Le génie parasismique en tant que discipline des sciences de l'ingénieur


est d'origine relativement récente. On a coutume de dater sa naissance des
années cinquante, décennie au cours de laquelle de vastes programmes de
recherches furent initiés tant aux Etats-Unis qu'au Japon. C'est également
à cette période que se tint le premier congrès mondial de génie
parasismique (1956) qui a marqué le début de collaborations fructueuses
entre chercheurs, ingénieurs et scientifiques de divers pays. La
Dynamique des Sols, qui est maintenant reconnue comme une discipline
à part entière, n'a connu son essor que dans la décennie suivante. Les
séismes de Valdez en Alaska et de Niigata au Japon en 1964 ont
clairement marqué l'initiation des études de liquéfaction et ont contribué à
notre compréhension de ces phénomènes complexes. Les années soixante
dix, sous l'impulsion de l'équipe du regretté Professeur H.B. Seed à
Berkeley, ont vu le développement exponentiel de cette discipline et ceux
qui, comme moi-même, ont eu la chance de vivre cette époque en ont
gardé un souvenir marquant. De nos jours, l'explosion des connaissances
est telle que l'universalité dont pouvait se prévaloir nos glorieux anciens
est difficile à réaliser: la Dynamique des Sols tient ses propres congrès,
l'Earthquake Geotechnical Engineering Conference qui en est à sa
quatrième édition, possède ses propres revues et les centres d'excellence
se sont multipliés dans le monde entier. Malheureusement la langue
anglaise fait régner son hégémonie qui n'est pas toujours justifiée tant la
qualité des travaux menées dans les autres nations, et en particulier dans
les pays francophones, est indéniable.
A ce titre l'ouvrage que nous propose Monsieur Ali Bouafia vient à
point nommé combler une lacune. Non seulement il s'adresse aux
francophones mais de plus il a le mérite de couvrir un champ très large
allant des concepts fondamentaux de modélisation du comportement des
sols jusqu'au dimensionnement des ouvrages. Ce livre constitue un
véritable condensé d'informations fondamentales habituellement
disséminées dans la littérature technique et difficilement accessibles sauf
au prix de recherches bibliographiques longues et fastidieuses. Il n'existe
aucun ouvrage équivalent, dans aucune langue, et on ne serait trop
recommander la lecture de l'avant propos qui éclaire parfaitement
l'objectif que s'est assigné l'auteur et qu'il a parfaitement atteint. Il ne
s'agit pas à proprement parler d'un état de l'art mais plutôt d'un état de la
pratique à usage des ingénieurs et étudiants. La structuration de l'ouvrage
VI
révèle la genèse de l'ouvrage qui s'inspire des cours dispensés à
l'Université Saâd Dahleb de Blida. Le lecteur y retrouvera une démarche
pédagogique dans laquelle aucun maillon essentiel n'est omis. Le lecteur
est constamment guidé depuis la description du phénomène physique et
de la problématique posée jusqu'à sa modélisation et sa solution.
Le tome I définit les principes de base nécessaires à la modélisation
d'un problème d'ingénierie parasismique mais son cadre dépasse
largement celui d'un pur ouvrage de dynamique des sols; le lecteur a
l'opportunité de se familiariser avec la sismologie appliquée, la
mécanique des sols et la mécanique des vibrations avant d'aborder le
comportement des sols proprement dit tant sous l'aspect modélisation
mathématique que sous l'aspect, beaucoup plus inhabituel dans ce type
d'ouvrage, de la modélisation physique. Les modèles mathématiques les
plus élaborés y sont présentés avec simplicité et le sens physique est
toujours privilégié par rapport aux développements mathématiques. Le
tome II nous permet de passer aux applications et d'aborder les problèmes
auquel tout ingénieur géotechnicien impliqué dans la conception
parasismique sera confronté dans sa vie professionnelle: liquéfaction,
stabilité des pentes, comportement des fondations et soutènements sont
traités de façon exhaustive. On retiendra que les développements
mathématiques un peu poussés sont renvoyés en annexes ce qui facilite
grandement la première lecture. Enfin, de nombreux exemples de mise en
ouvre réglementaire viennent par ailleurs familiariser le lecteur avec la
réglementation la plus récente (Eurocode 8).
En conclusion il ne fait aucun doute que l'ouvrage de Mr Bouafia
constituera une référence incontournable, non seulement pour les
ingénieurs géotechniciens confrontés à des problèmes de dynamique des
sols, mais également pour tout ingénieur impliqué dans la conception
d'ouvrages en zone sismique; ce dernier y trouvera les notions essentielles
lui permettant de posséder une vision plus large des problématiques
posées par la construction parasismique. Le côté pédagogique du livre en
fera également un outil indispensable pour tous les enseignants
francophones chargés de prodiguer ces notions nouvelles, et parfois
difficiles, aux étudiants et pour tous les étudiants désirant se spécialiser
dans ce domaine.

Alain PECKER
Professeur à l’ENPC, PDG de Géodynamique & Structures
VII
AVANT-PROPOS DU TOME I

La dynamique des sols est une discipline relativement récente qui se


propose d'étudier le comportement dynamique du matériau sol et des
structures en contact avec le sol, appelées ouvrages géotechniques, tels
que les murs de soutènement, les fondations et les tunnels.
Ce livre n'a pas l'ambition de présenter d'une manière exhaustive un
état de connaissances de la dynamique des sols, mais il se propose de
présenter une introduction à cette discipline importante, en focalisant sur
les principes physiques de comportement du sol ainsi que sur l'aspect
pratique de dimensionnement des ouvrages. Le recours à la littérature
mondiale traitant de ce thème a permis de mettre au point un document
assez riche en matière de dimensionnement des ouvrages.
Ce livre est adressé à tous les acteurs de la construction impliqués dans
l'analyse dynamique des ouvrages géotechniques. Bien qu'une attention
particulière ait été donnée au coté pratique intéressant l'ingénieur, des
analyses théoriques nécessaires à la compréhension et à l'interprétation
des phénomènes dynamiques dans le sol y ont été également incluses.
Fruit de plusieurs années d'enseignement de cette matière en
graduation et en post-graduation au département de génie civil,
Université de Blida, ce livre est aussi un outil pédagogique intéressant les
étudiants de plusieurs spécialités telles que le génie civil, les travaux
publics, le génie géotechnique, le génie sismique et l'hydraulique.
Le livre est composé de quinze chapitres répartis sur deux tomes. Le
premier tome présente les principes de base de la dynamique des sols et
le second les méthodes de calcul dynamique des ouvrages géotechniques.
Les sept chapitres formant le premier tome exposent d’une manière
didactique les fondements de cette discipline, ce qui requiert un certain
niveau de connaissances en mécanique des sols, en sismologie appliquée
et en mécanique des vibrations. Les trois premiers chapitres se proposent
alors de présenter des brefs rappels des connaissances requises de ces
disciplines, tout en renvoyant à des références plus détaillées. Un lecteur
ayant le bagage de connaissances nécessaires dans ces trois disciplines ira
directement au quatrième chapitre.
Le chapitre quatre traite des notions fondamentales de la propagation
des ondes dans le sol. Ce dernier est considéré soit en tant qu’un
continuum élastique auquel on lui applique la théorie de
l'élastodynamique, soit en tant qu’un milieu poreux auquel les équations
VIII
de la mécanique des milieux poreux permettent une interprétation plus
réaliste des phénomènes vibratoires dans le sol. Ces deux catégories
d'analyse y sont explicitement présentées, et on se concentre
particulièrement sur les équations fondamentales et l'interprétation
physique, les développements mathématiques étant renvoyés en annexes.
Le chapitre cinq traite de la réduction de la résistance du sol, suite à un
mouvement sismique fort, en décrivant le concept de fluidisation
inertielle du sol, applicable à tous les types de sols. Sous de fortes
accélérations sismiques, au sein d’un sol en état de fluidisation, la rupture
se manifeste sur des facettes horizontales, ce qui se traduit par une chute
considérable de capacité portante du sol. Le matériau sol, obéissant ainsi
à la loi des poussées d'Archimède, ne peut porter plus que son poids
propre. En outre, ce chapitre expose le principe de la méthode statique
équivalente, ou pseudo-statique, appliquée souvent dans l’analyse
sismique des ouvrages. Les applications de cette méthode, dans le cadre
du calcul dynamique des ouvrages géotechniques, feront justement l’objet
du deuxième tome de ce livre.
Contrairement à certains matériaux de génie civil, les propriétés
physiques et mécaniques du sol accusent une non homogénéité innée
ainsi qu’une variabilité dans de larges marges, ce qui rend nécessaire une
caractérisation expérimentale du matériau sol. Ainsi, le chapitre six se
propose de présenter les méthodes expérimentales modernes utilisées en
laboratoire et in-situ pour caractériser le comportement dynamique du sol
par des paramètres utilisés dans le dimensionnement des ouvrages.
Complément essentiel du chapitre précédent, le chapitre sept traite de
la modélisation physique du comportement dynamique du sol, par le biais
des essais sur modèles réduits centrifugés ainsi qu'en table vibrante. Les
essais sur modèles réduits en centrifugeuse conservent les contraintes et
les déformations dans le modèle et le prototype, ce qui permet d'étudier
dans des conditions expérimentales bien contrôlées le comportement
dynamique du sol. Les essais en table vibrante sont des fois menés pour
étudier le comportement sismique du sol ou du système sol/ouvrage, à
travers des maquettes soumises à des signaux sismiques contrôlés. Ce
chapitre a été rédigé en collaboration avec Mr. Yacine Benghalia,
Enseignant-Chercheur à l’Université Hassiba Ben Bouali de Chlef.
Chaque chapitre comporte des exercices dont les solutions ont été
regroupées en fin de chaque tome du livre. En outre, dans un souci de
concrétisation des idées, le livre est jalonné d'illustrations et de photos.
Les méthodes numériques appliquées en dynamique des sols ont connu
IX
ces dernières décennies un large développement, suite au besoin ressenti
par les géotechniciens d’explorer un domaine assez complexe qu’est le
calcul dynamique des ouvrages géotechniques.
Une annexe en fin du tome deux, intitulée Méthodes numériques en
dynamique des sols, regroupe une liste non exhaustive des certains
logiciels de calcul dynamique, disponibles au large public et dont aucune
restriction d’accès ou d’utilisation n’a été exprimée par leurs auteurs. Ces
logiciels ont ainsi été mis par l’auteur de ce livre à la disposition de tout
lecteur désirant acquérir une copie sur simple demande, à l’adresse ci-
après.
Ce livre a bénéficié de la lecture attentive d’un nombre de chercheurs
qui ont aimablement bien voulu effectuer une critique de certains
chapitres de ce livre, et ont transmis à l’auteur leurs remarques
pertinentes. Qu’ils en soient ici tous sincèrement remerciés.
Citons à ce titre :
Dr. Jacques Garnier, Directeur de recherche et Chef de division RMS2
au LCPC3 centre de Nantes,
Dr. Jean-Louis Chazelas, Chargé de mission à la division RMS2 au
LCPC3 centre de Nantes,
Dr. Hamid Afra, Directeur de recherche et Directeur du CNERIB4,
Dr. Nasser Louami, Directeur de recherche et Chef de département de
l’aléa sismique au CGS5,
Dr. Zitouni Zein-El-Abidine, Maître de conférences au département de
génie civil à l’université USTSD6 de Blida,
elle
M Chorfa Cherifa, Maître-assistante chargée du cours au département
de génie civil à l’université USTSD6 de Blida.
L’auteur tient à exprimer sa reconnaissance au Professeur Alain
Pecker1 pour la rédaction de la préface du livre, pour ses
encouragements, ainsi que pour sa contribution importante en rédigeant le
chapitre quinze, intitulé Interaction sismique sol/structure.

_______________________________________________________
1 : Ecole Nationale des Ponts & Chaussées (France)
2 : Reconnaissance et Mécanique des Sols
3 : Laboratoire Central des Ponts & Chaussées (France)
4 : Centre National d’Etudes et de Recherches Intégrées au Bâtiment (Alger)
5 : Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique (Alger)
6 : Université des Sciences et Technologie Saâd Dahleb (Blida, Algérie)

X
Plusieurs personnes et organismes ont généreusement contribué au
support documentaire de ce livre, et ont ainsi permis le libre accès à une
documentation assez riche en dynamique des sols. Qu’ils en soient ici
profondément remerciés.
Enfin, l’auteur estime qu’un tel livre contribue modestement à la
compréhension des bases du comportement dynamique du sol, et souhaite
qu’il fournisse quelques éléments de réponse aux questions couramment
posées sur certains phénomènes dynamiques dans le sol, ainsi que sur le
calcul dynamique des ouvrages géotechniques.

Alger, le 14 Septembre 2007

Ali BOUAFIA
Université de Blida\Département de Génie Civil
B.P : 270 R.P. Blida 09000 Blida, Algérie.
E-mail : soildyn07@yahoo.fr

XI
PARAMETRES DE
COMPORTEMENT
DYNAMIQUE DU SOL

6.1. INTRODUCTION

Sous un chargement statique, le chemin de réponse du matériau sol est


assez complexe, principalement à cause de la nature multiphasique du
matériau, de la non homogénéité de ses propriétés mécaniques, et de la
non linéarité innée de sa loi de comportement.
Pour des considérations pratiques, le calcul statique des ouvrages
géotechniques se base en général sur des approches simplifiant
énormément les différents aspects de comportement, en considérant des
configurations de sol homogène supposé se comporter en élasticité
linéaire ou en plasticité parfaite. Il est vrai que l’essor considérable
qu’ont connu les méthodes numériques en géotechnique, notamment la
méthode des éléments finis, a ouvert des perspectives prometteuses d’une
modélisation plus réaliste du comportement du sol. Cependant, certains
facteurs, entre autres la rhéologie mal connue des sols et la difficulté de
caractérisation du sol limitent l’intérêt d’une telle perspective d’étude de
ce matériau.
Le comportement dynamique est encore plus complexe à analyser,
puisqu’il mobilise des forces d’inertie et déclenche un phénomène
dissipatif ou d’amortissement de l’énergie. En outre, le comportement
dynamique du sol est caractérisé par sa variabilité dans le temps. Outre la
dégradation de la rigidité du sol en fonction du niveau de déformations,
conséquence de la non linéarité matérielle du comportement du sol, les
vibrations entretenues induisent un phénomène de fatigue conduisant à
une chute des propriétés mécaniques au cours des cycles.
Néanmoins, il est d’usage d’étudier la réponse du sol dans le domaine
des petites déformations, dans lequel le comportement est supposé
élastique linéaire et les propriétés mécaniques sont considérées
indépendantes du niveau de déformations et du nombre de cycles.
La modélisation du comportement du sol est une étape essentielle dans
201
l’étude de sa réponse dynamique. Tout modèle de comportement requiert
un certain nombre de paramètres mécaniques, déduits à partir des
résultats d’essais appropriés au laboratoire ou in-situ.
Ce chapitre est une introduction aux lois de comportement dynamique
du sol et les techniques expérimentales utilisées en pratique pour
l’obtention des paramètres du modèle de comportement.
On appelle loi de comportement toute équation liant les contraintes ij,
les déformations ij et leurs dérivées de divers ordres par rapport au
temps, éventuellement l’histoire de certaines variables physiques xk, et
enfin le temps t, sous la forme suivante [1]:

f(ij, ij, ij., ij., t, x1(t), ….,xk(t))=0 (6.1)

La rhéologie, science fondamentale étudiant les lois de comportement


des matériaux, fournit une variété de modèles tentant d’expliquer la
réponse du sol sous une sollicitation donnée, et dont la description
détaillée sort du cadre de ce chapitre. On se limite ci-après à exposer
sommairement certaines lois élémentaires de comportement statique.
On focalise par la suite sur le comportement dynamique en présentant
la loi élastodynamique linéaire ainsi que la loi viscoélastique linéaire
équivalente. En outre, on présente des exemples de lois non linéaires
obéissant aux règles de Masing, sous forme de fonctionnelles
mathématiques à définir à partir des essais dynamiques.
La deuxième partie traite des essais dynamiques au laboratoire et in-
situ, tout en se limitant au principe de l’essai, à la description sommaire
de l’appareillage et de l’interprétation de l’essai dans le cadre de la
détermination des paramètres dynamiques requis.

6.2. APERÇU SUR LES LOIS DE COMPORTEMENT STATIQUE


DU SOL

6.2.1. Modèle de comportement élastique

Le modèle d’élasticité ou loi de Hooke, déjà formulé et utilisé dans


l’étude de la propagation des ondes au chapitre 4, décrit un comportement
non dissipatif de l’énergie de déformation dans lequel le matériau ne
manifeste pas de déformations résiduelles lors du déchargement. La
réponse à une sollicitation unidimensionnelle peut être formulée comme
suit :
202
Q=Ku (6.2)

Les grandeurs généralisées Q, u et K représentent respectivement le


chargement, le déplacement et la rigidité. Cette relation peut être
schématisé par la réponse d’un ressort au tableau 6.1. Le modèle est dit
linéaire si la rigidité généralisée est indépendante du niveau des
déplacements, et non linéaire dans le cas contraire.
En cas de sollicitation tridimensionnelle, la loi est formulée en écriture
compacte par les équations 4.48 à 4.53, et en coordonnées cartésiennes
par les équations 5.18 à 5.22.
Ce modèle simplifie énormément plusieurs aspects de comportement
du sol et ses prévisions s’écartent des observations expérimentales in-situ
ou sur des échantillons de laboratoire.
Il est un fait établi de l’expérience des essais classiques en mécanique
des sols que le comportement du sol est dissipatif, tel que le chemin de
réponse en déchargement est différent de celui en chargement. Les
déformations résiduelles, présentant une partie inhérente de la réponse du
sol lors du déchargement, sont souvent attribuées à la porosité du milieu
ainsi qu’à la viscosité du matériau.
Les phénomènes de dilatance et de contractance de certains matériaux
du sol se manifestent par variation du volume sous des sollicitations
induisant des contraintes de cisaillement. Un tel aspect sera vu au
chapitre 9 du tome 2, lors de l’étude de la liquéfaction sismique.
Comme le montre l’équation (4.66), la contrainte moyenne m, dans le
cadre du modèle élastique linéaire, est proportionnelle à la déformation
volumique v:

 11   22   33 2
m   (   ) v (6.3)
3 3

Ainsi, une sollicitation de cisaillement pur, induisant par définition une


contrainte moyenne nulle, entraîne une déformation à volume constant,
ignorant ainsi le comportement dilatant/contractant de certains sols.
Ce modèle simplifie un aspect particulier du comportement du
matériau sol, à savoir qu’il dépend étroitement du chemin de sollicitation
suivi. D’ailleurs, l’une des difficultés de caractérisation du comportement
du sol à partir des essais conventionnels est que ces derniers imposent un
chemin de sollicitation particulier et les paramètres ainsi mesurés ne

203
peuvent caractériser le comportement général du sol, indépendamment du
chemin de la sollicitation.
En outre, la réponse du sol est non linéaire même à de faibles niveaux
de déformations, ce qui lui confère une rigidité variable en fonction de
ces déformations, et le modèle linéaire paraît ainsi inadapté pour décrire
un tel aspect.
Pour illustrer la non linéarité matérielle du sol à l’échelle du contact
intergranulaire, citons à ce titre la solution de contact de deux sphères
élastiques linéaires ayant un rayon R, un module d’Young E et un
coefficient de Poisson . Sous l’effet d’une charge verticale Q, comme le
schématise la figure 6.2, Hertz (1881) a montré que la zone de contact est
un cercle de rayon a tel que [3]:

3QR(1   2 )
a3 (6.4)
4E

Le rapprochement d des centres des deux sphères est tel que :

a 2 3Q(1  2 )
d  (6.5)
R 4 Ea

La déformation verticale est ainsi égale à :

d a2
  (6.6)
2R 2R 2

On peut définir une contrainte normale moyenne m agissant à la zone


de contact inter-granulaire, telle que :

Q 4E 2
m    (6.7)
a 2
3 (1   2 )

Ainsi, le comportement à l’interface des deux sphères, supposées


linéaires élastiques, est paradoxalement non linéaire. On montre aussi que
le module tangent Et diminue sensiblement avec les déformations
verticales comme suit :
204
 m 2 2E 1
Et   (6.8)
 3 (1  ) 
2

En cas d’un effort vertical donné Q combiné à une force horizontale T


croissante, et en supposant que le contact inter-granulaire est stable vis-à-
vis du glissement relatif, tant que le critère de cisaillement de Mohr-
Coulomb est vérifié :

T  Tu=Q.tgg (6.9)

Mindlin et Deresiewicz (1953) ont montré que le déplacement relatif H


est donné par [3] :

3(2   )Qtg g   
2/3

H  1  1  T   (6.10)
8Ga   Qtg g 
 
 

Cette équation décrit aussi une relation non linéaire, schématisée par la
courbe de chargement de la figure 6.2. Le déplacement correspondant à la
limite d’équilibre en zone de contact, se manifeste lorsque la force T
atteint la force limite Tu, et est égal d’après l’équation précédente, à :

3(2  )Qtg g
H  (6.11)
8Ga

Dans ces relations, g représente l’angle de frottement intergranulaire.


Il est remarquable d’après la figure 6.2, qu’en cas d’une force normale
seule, le comportement en zone de contact est élastique puisque les
déformation résiduelles sont nulles en cas de déchargement, alors que la
présence d’une force de cisaillement est accompagnée de déformations
irréversibles, donc d’une dissipation d’énergie.
Le cas d’une pression isotrope agissant sur un assemblage de sphères
identiques a été étudié par Biarez et Siryes (1989) qui ont aussi montré le
caractère non linéaire de la réponse de la zone de contact inter-granulaire
[5].
Il se dégage de ces exemples traitant du comportement du sol à l’éch-
elle du grain, le fait paradoxal qu’un milieu idéal formé d’empilement de
205
Figure 6.2. Schéma de contact de deux sphères élastiques linéaires [4]

sphères élastique linéaires manifeste un comportement non linéaire en


zone de contact inter-granulaire. Il apparaît ainsi un effet géométrique
dû au contact des sphères et leur confère un comportement non linéaire et
dissipatif.
On montre aussi des formulations du module de déformation tangent
en zone de contact inter-granulaire, que ce dernier dépend étroitement du
chemin de sollicitation suivi (compression simple, cisaillement direct,
chargement isotrope,…), et de la contrainte moyenne élevée à une
puissance n, variant entre 0.50 et 0.67. Il serait ainsi grossier de tenter de
caractériser un matériau sol par une valeur unique du module de
déformation. En toute rigueur, il faut plutôt définir un module de
206
déformation pour un chemin de sollicitation donnée, et en fonction des
contraintes appliquées. Or, l’expérience des essais courants de mécanique
des sols montre que pour des déformations en deçà de 10-5, le module de
déformation est pratiquement indépendant du niveau de déformations, ce
qui démontre l’existence d’un domaine de linéarité. La figure 6.3 illustre
à titre d’exemple les résultats d’un essai de compression triaxiale sur des
échantillons de Kaolinite normalement consolidée. Sous différentes
contraintes de confinement 3, le module de déformation sécant E est
pratiquement constant pour des déformations axiales 1 en deçà de 10-5.
On admet ainsi pour les besoins de la pratique que dans le domaine de
faibles déformations, la loi de comportement du sol peut être approxim-
ativement considérée linéaire. Ainsi, on retrouve de ces considérations
une justification au recours au modèle de comportement linéaire dans le
calcul en déformation des ouvrages géotechniques, ces derniers étant
supposés travailler sous de faibles sollicitations de service.

Figure 6.3. Variation du module de déformation cylindrique [5]

207
6.2.2. Modèle de comportement viscoélastique

Tel que représenté au tableau 6.1, ce modèle tient compte aussi bien de
l’élasticité que de la viscosité. Un matériau est viscoélastique si, soumis à
un chargement constant, ses déformations dépendent du temps et si, après
déchargement total, ses déformations s’annulent complètement [6].
La viscosité, schématisée au tableau 6.1 par un piston jouant le rôle
d’amortisseur, implique une dépendance entre les contraintes et les
vitesses de déformation et fait intervenir le facteur temps dans l’étude de
la réponse à une sollicitation [1], [7].
Comme il sera montré par la suite, ce modèle décrit d’une part le
caractère dissipatif par viscosité et d’autre part le comportement non
linéaire du matériau. On parle de viscosité linéaire si le coefficient Cp du
piston est indépendant de la vitesse de déformations, et non linéaire dans
le cas contraire.
Le modèle de Kelvin-Voigt, basé sur la combinaison en parallèle d’un
ressort et d’un piston, permet d’expliquer l’élasticité non linéaire et la
recouvrance totale des déformations [7]. Un matériau manifeste une
recouvrance si après déchargement total, les déformations continuent à
diminuer jusqu’à une certaine valeur.
L’équilibre des forces dans le modèle se traduit par l’équation
différentielle suivante :

du
Q  Ku  C p (6.12)
dt
La solution en déplacements est comme suit :

 K  1 t  K 
u (t )  u 0 exp  (t  t 0 )    exp  (t  t * ) Q(t * )dt * (6.13)
 C  C  C 
 p  p t0  p 

u0 étant le déplacement initial à l’instant t0.


En cas d’une charge statique Q, le déplacement devient, en notant par tr
le rapport Cp/K :
 t  Q  t 
u (t )  u 0 exp    1  exp    (6.14)
 
 tr  K  tr 

208
On remarque que pour un temps t négligeable devant tr, et en supposant
un déplacement initial nul, le déplacement est réduit au terme Qt/C. Ce
résultat se retrouve de l’équation (6.12) en imposant K=0.
En outre, pour un temps très grand devant tr, le déplacement est à Q/K,
c'est-à-dire à celui du ressort en absence du piston (Cp=0).
Ainsi, au début du chargement le comportement du modèle est plutôt
visqueux et pour un temps infini, il devient purement élastique linéaire
[8]. La grandeur tr est appelée temps de réponse du matériau.
Notons que ce modèle ne permet pas de décrire la relaxation, c'est-à-
dire la diminution progressive de la charge pour une déformation initiale
maintenue constante.
Identiquement au modèle élastique, le modèle viscoélastique obéit au
principe de superposition des effets, c'est-à-dire que l’effet d’une série de
sollicitations est égal à la somme des effets provoqués par chacune des
sollicitations prise isolément.
En outre, on montre qu’on peut passer des équations du modèle
viscoélastique, par le biais de la transformation de Laplace, à d’autres
plus simples et analogues en forme à celles du modèle élastique linéaire
[6].

___________________________________________________________
Application 6.1. Considérer le modèle viscoélastique linéaire de
Maxwell, formé de l’association en série d’un ressort et d’un piston, et
soumis à un chargement statique sous forme d’une force Q0 .
1) Retrouver la formulation de la loi de comportement de ce modèle, telle
que mentionnée au tableau 6.1,
2) Intégrer cette loi et en déduire le déplacement u(t) en considérant un
déplacement initial u0 nul,
3) Ce modèle décrit-il la relaxation ?pourquoi ?
4) Même question pour le phénomène de fluage, c'est-à-dire l’augmen-
tation des déformations sous une charge constante dans le temps,
5) La recouvrance peut-elle être prédite par ce modèle ? Pourquoi ?
___________________________________________________________

6.2.3. Modèle de comportement élastoplastique

Ce modèle décrit en fonction du niveau de contraintes appliquées, la


réponse élastique du matériau en phase des petites déformations, et
209
d’autre part la rupture ou équilibre limite, en phase des grandes
déformations. Le plus simple modèle élastoplastique est celui schématisé
au tableau 6.1 par l’association du ressort et du patin. Ce dernier,
caractérisant la rupture par glissement est défini par un seuil noté Ql au-
delà duquel l’équilibre n’est plus possible, et correspondant ainsi à la
charge limite ou capacité portante du matériau. Le modèle est dit parfait
si Ql est indépendant du niveau des déplacements et non parfait dans le
cas contraire. On parle de durcissement (ou écrouissage positif) si le seuil
Ql est croissant avec les déformations résiduelles, et d’adoucissement (ou
écrouissage négatif) s’il est décroissant [9].
Considérons l’assemblage en parallèle de deux modèles élasto-
plastiques parfaits, tels que schématisés à la figure 6.4. La courbe de
chargement correspondante a une allure trilinéaire caractérisée en phase
de petits déplacements par une raideur égale à la somme des raideurs, et
en grands déplacements par un seuil égal à la somme des seuils Ql1 et Ql2.
Le résultat peut facilement se généraliser en cas d’assemblage en
parallèles de n modèles élastoplastiques parfaits élémentaires. La courbe
de chargement comporte, comme le schématise la figure 6.5, (n+1)
portions linéaires, dont la première est caractérisée par une raideur égale
à Ki et le dernière est une droite horizontale caractérisant la rupture par
glissement. En cas d’une infinité de modèles assemblés en parallèle, on
aboutit à une courbe non linéaire dont l’allure est similaire à celle des
essais courants en mécanique des sols. Une des schématisations possibles
du comportement non linéaire d’un sol est la contribution d’une infinité
de modèle élastoplastiques parfaits élémentaires.

Figure 6.4. Loi de comportement de deux modèles en parallèle


210
Tableau 6.1.Récapitulation de quelques lois élémentaires de comportement
statique
Modèle Formulation Paramètres Schéma
requis

Elasticité Q=K.u K=f(E,)

Kelvin-Voigt :
du
Q  Ku  C p
dt
Viscoélasticité Maxwell : K, Cp
dQ du K
K  Q
dt dt C p

Q=Ku si Q <Ql
u= si Q=Ql
Elastoplasticité K, Ql

u=0 si Q< Ql
u=f(Q, Ql, K) si Q=Ql

u=0 si Q< Ql
u=f(Q,Ql, Cp) si Q=Ql

Viscoplasticité K, Ql, Cp

du si Q< Q
Q  Cp l
dt
u=f(Q,Ql,K) si Q=Ql

___________________________________________________________
Application 6.2. Un modèle viscoplastique linéaire formé de
l’association en parallèle d’un piston et d’un patin, comme le schématise
le tableau 6.1, est soumis à une force statique Q0 .
Retrouver la formulation de la loi de comportement de ce modèle, et
intégrer cette loi pour en déduire le déplacement u(t) en considérant un
déplacement initial u0 nul.
___________________________________________________________
211
Figure 6.5. Loi de comportement d’une infinité de modèles en parallèle

La combinaison des différents modèles élémentaires vus ci-dessus


aboutit à des modèles rhéologiques dont la formulation de la loi de
comportement est assez laborieuse, mais qui expliquent un bon nombre
d’aspects de comportement du matériau sol.
Parmi les modèles élastoplastiques courants, citons le modèle
hyperbolique proposé en premier par Kondner et Zelasko (1963), et
utilisé par la suite par Duncan et Chang (1970), et Hardin et Drnevich
(1972). La loi de comportement est écrite sous forme d’une fonction
hyperbole liant le déviateur de contraintes 1-3 et la déformation axiale
1, comme suit [11]:

1
1   3  (6.15)
a  b 1

ce qui est équivalent à la forme suivante :

1
 a  b 1 (6.16)
 1   3 
Tels que schématisés à la figure 6.6, a et b représentent respectivement
212
les inverses du module tangent initial Ei et du déviateur ultime (1-3)u :

1 1
a  (6.17)
Ei  ( 1   3 )
 1  0 1

1 1
b  (6.18)
 1   3 u lim( 1   3 )
 

Du fait que l’asymptote n’est jamais atteinte, le déviateur à la rupture


(1-3)f est inférieur au déviateur ultime (1-3)u correspondant d’ailleurs
à des déformations infinies, ce qui fait introduire un coefficient de
résistance Rf inférieur à l’unité, tel que :

(1-3)f = Rf.(1-3)u (6.19)

Selon Duncan et Chang (1970), Rf varie expérimentalement entre 0.75 à


1.00, et ne dépend pas de la contrainte de confinement 3 de l’essai
triaxial [12].
En outre, selon la 3e forme du critère de rupture de Mohr-Coulomb,
l’équation (1.11) montre que le déviateur de rupture s’écrit comme suit :

sin  cos 
( 1   3 ) f  2 3  2C (6.20)
1  sin  1  sin 

Figure 6.6. Interprétation d’une courbe hyperbolique


213
L’interprétation de l’essai de compression triaxiale permet de définir
tous les paramètres requis du modèle hyperbolique. En effet, la
détermination des paramètres de résistance au cisaillement C et  permet
de calculer le déviateur de rupture selon l’équation (6.20), et
l’interprétation de la courbe de chargement triaxiale selon les équations
(6.16) à (6.18) aboutit au module de déformation initiale Ei en fonction de
la contrainte de confinement, ainsi qu’au coefficient de résistance Rf. Il
est à noter que l’expérience des essais montre que Ei varie en puissance
de la contrainte de confinement, tel que :

n
 
Ei   ref  3  (6.21)
 
 ref 

ref est une contrainte de référence couramment prise égale à la pression


atmosphérique, soit de 100 kPa, et n est un exposant inférieur à l’unité.
L’équation précédente permet de définir les paramètres  et n en
traçant les valeurs expérimentales de Ei en fonction de 3 dans un repère
bi-logarithmique, n étant la pente de la droite dans ce repère et  se
déduisant de l’ordonnée à l’origine [12].
A titre d’exemple, la figure 6.7 illustre l’interprétation d’un essai de
compression triaxiale sur un échantillon d’argile brune très plastique de
Mouzaia, selon le modèle hyperbolique. Les paramètres a et b déterminés
par ajustement par moindre carrés, ont permis de déduire en fonction de
la contrainte de confinement, le module initial et le déviateur ultime.
Dans un repère bi-logarithmique, l’équation (6.21) se transforme en une
relation linéaire, ce qui a permis d’après cette figure de déduire les
paramètres n et , et de définir ainsi le module de déformation comme
fonction de la contrainte de confinement. En outre, le déviateur ultime a
été déduit de b. Enfin, le calcul du déviateur à la rupture par l’équation
(6.20), en fonction des caractéristiques mécaniques effectives, à savoir
C’=30 kPa et ’=27.5°, a permis de déduire la valeur de 0.91 pour le
coefficient de résistance Rf à partir de l’équation (6.19).
La loi hyperbolique est souvent utilisée dans la modélisation d’un
problème d’interaction sol/ouvrage par la méthode éléments finis, et bon
nombre de logiciels disposent de cette loi au sein de leur bibliothèque de
modèles de comportement.

214
0.012
Argile brune de Mouzaia
Prof. 7.5-8.0 m Classe At
0.010 Essai triaxial CU+u

C'=30 kPa '=27.5


1/(1-3)

0.008 b

0.006

0.004
=75 kPa
3=150 kPa
0.002
a 3=300 kPa

0.000
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5
1 %

Figure 6.7. Paramètres du modèle hyperbolique de l’argile de Mouzaia

Un autre exemple courant des lois non linéaires est celui de Romberg-
Osgood (1943) faisant intervenir 4 paramètres, et décrit sous la forme
généralisée suivante [13]:

K max u QR
Q R 1
 K max u   (6.22)
Q QrR 1
1
Qr

Kmax est la rigidité initiale du matériau, Qr est une charge de référence


égale à une fraction de la charge de rupture Qf. Les paramètres  et R
sont des constantes caractéristiques du matériau. On retrouve d’ailleurs la
loi élastique linéaire avec =0.
Le calage de l’expression précédente aux résultats expérimentaux d’un
essai de caractérisation, tel que l’essai triaxial permet de déterminer les 4
paramètres requis du modèle [14].

6.3. LOIS DE COMPORTEMENT DYNAMIQUE DU SOL

6.3.1. Modèle élastodynamique linéaire

Reprenons le problème de contact de deux sphères élastiques linéaires


soumises à une force normale Q et une force tangentielle T, tel que
schématisé à la figure 6.2. Selon Luong (1986), en considérant une force
215
T alternée entre +T* et –T*, telle que T* est inférieure à la valeur seuil du
glissement, soit Qtgg la surface de contact entre les deux grains est
plutôt un anneau. La courbe de chargement T=f() décrit une boucle
fermée dont l’aire est égale à l’énergie dissipée par déformation plastique
au niveau du contact intergranulaire. On parle ainsi d’un amortissement
d’origine plastique. La perte d’énergie W au cours d’un cycle est
donnée par [4]:
T *3
W  (2   ) (6.23)
36GaQtg g

Lorsque la force T* dépasse la valeur seuil du glissement, la


dissipation d’énergie provient essentiellement des glissements, du
réarrangement avec variation du nombre de contacts intergranulaires, et
éventuellement par écrasement des grains [4].
Il se dégage de ce problème que la réponse des grains sous sollicitation
cyclique de cisaillement est non linéaire et s’accompagne de
déformations irréversibles. Le modèle élastique linéaire paraît ainsi
inadapté à prendre en considération ces deux aspects caractéristiques de
réponse dynamique du sol. Néanmoins, les avantages pratiques du
modèle tels que la simplicité, le peu de paramètres mécaniques requis et
la possibilité de calcul manuel font qu’il est encore le modèle de base de
calcul dynamique des ouvrages géotechniques.
Rappelons que le comportement élastodynamique linéaire est décrit par
l’équation tensorielle suivante :

 ij  . v . ij  2G. ij (6.24)

 et G sont fonctions des caractéristiques élastiques E et , tels que :

E
 (6.25)
(1  2 )(1   )
E
G (6.26)
2(1   )

v est la déformation volumique, donnée par l’invariant du tenseur de


déformations :
216
v = 1 + 2 + 3 (6.27)

ij est la déformation au sens généralisé, dérivant des déplacements ui et


uj respectivement le long des axes xi et xj :

1 ui u j
 ij  (  ) (6.28)
2 x j xi

On retrouve la déformation linéaire ii le long de l’axe xi avec i = j :

u i
 ii  (6.29)
xi

La déformation angulaire ij de la facette appartenant au plan (i,j) est


obtenue en posant ij.
Le comportement élastodynamique est couramment caractérisé par le
module de cisaillement dynamique G qui intervient dans le calcul des
sollicitations de cisaillement et des déformations angulaires. Or, ce type
de sollicitation est prépondérant dans bon nombre de cas. Citons à titre
d’exemple la propagation des ondes de cisaillement sismiques induisant
des déformations de distorsion pouvant atteindre de grandes amplitudes,
ainsi que les vibrations transmises par un ouvrage en surface et qui se
traduisent par des ondes de surface induisant des déformations
volumiques et de distorsion.
La figure 6.8 illustre un schéma de réponse en déformations angulaires
d’un volume infinitésimal, en profondeur d’un massif sous sollicitation
sismique idéalisée par un chargement harmonique. L’état de contraintes
en fonction du temps peut être décrit par les équations (5.12) à (5.14)
vues du chapitre 5 :

 xz   h . .z (6.30)
 z  (1   v ). .z (6.31)
σx =KE.z= KE.(1+δv).γ.z (6.32)

217
Figure 6.8. Schéma de réponse en déformations angulaires sous une
sollicitation sismique

La distorsion d’une facette de l’élément est caractérisée par le terme s,


égal d’ailleurs au double de la déformation angulaire ij.
La loi de comportement dans ce type de sollicitation est décrite par la
courbe de chargement donnant la contrainte de cisaillement  en fonction
de la distorsion s.
Le module de cisaillement dynamique fait intervenir selon l’équation
(6.26), à la fois les deux caractéristiques élastiques du matériau, à savoir
le module d’élasticité et le coefficient de Poisson. Ce dernier n’est
218
généralement pas mesuré, mais couramment estimé à 0.33 pour un
comportement drainé ou à long terme, et à 0.50 pour un comportement
non drainé ou à court terme.
En toute rigueur, le module G n’est pas une grandeur mécanique
intrinsèque, du fait qu’il dépend d’un bon nombre de paramètres, ce qui
engendre une difficulté d’utilisation du modèle élastodynamique.
Dans les sables, le module G augmente avec la contrainte effective
moyenne ’m, et diminue avec l’indice des vides e. En outre, il est
influencé par l’étalement de la courbe granulométrique et la forme des
grains. A densité relative égale, plus le sable est anguleux plus le module
G est faible [15].
Comme il a été déjà mentionné lors de l’étude du modèle élastique
linéaire, du fait de la non linéarité matérielle prononcée du sol, le module
G diminue avec le niveau de déformations. Il est d’ailleurs courant de
définir un module des petites déformations qu’on note Gmax. La
diminution du module G avec les déformations est normalisée selon le
rapport G/Gmax, appelé aussi module de cisaillement normalisé. A titre
d’exemple, on montre à la figure 6.9 une courbe de chargement typique
lors d’une sollicitation cyclique alternée. On remarque bien que la courbe
décrivant le comportement élastique linéaire et celle du chargement
statique monotone se confondent dans le domaine des faibles distorsions.
L’écart entre les deux courbes augmente ainsi avec les déformations
angulaires.
Notons enfin que le module G dépend du chemin de sollicitation suivi
dans le sol, et que dans le sable sec il varie peu avec la fréquence dans
une marge assez large, de 200 à 2500 Hz [15].
En absence d’essais dynamiques au laboratoire ou in-situ pour la
détermination expérimentale du module initial Gmax, on utilise souvent la
formulation empirique de Seed et Idriss (1970), pour estimer G max (en
kPa) pour les sables et sols grenus en fonction de la racine carrée de la
contrainte moyenne effective (en kPa) [13], [16], [17], [18] :

Gmax  220K1 K 2max  m '


1/ 2
(6.33)

K1 est un coefficient dépendant de la grosseur des grains. Il prend les


valeurs 0.6, 1.0 et 2.0 respectivement pour les limons, sables moyens et
graviers [13].
K2max est une fonction de l’indice des vides, donné par le tableau 6.2 ainsi

219
que la figure 6.10 qui montre d’ailleurs qu’il diminue pratiquement
linéairement avec l’indice des vides selon la relation suivante :

K2max  96.1-71.4e (6.34)

Dobry et Vucetic (1987) ont montré à partir de l’étude expérimentale


d’un important nombre de sols que le module normalisé G/Gmax dépend
directement de l’indice de plasticité Ip, tous matériaux confondus. En
outre, il varie peu avec le rapport de surconsolidation OCR.

Figure 6.9. Schéma de courbe de chargement cyclique alterné [18]

Tableau 6.2. Valeurs de K2max en fonction de Id ou de e [16]


e K2 Id % K2
0.4 70 30 34
0.5 60 40 40
0.6 51 45 43
0.7 44 60 52
0.8 39 75 59
0.9 34 90 70

220
75

70 max
K2 =96.1-71.4e R=98.8%
65
max

60
Coefficient K2

Ajustement linéaire
55

50
Seed & Idriss (1970)
45

40

35

30
0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0

indice des vides


Figure 6.10. Variation du coefficient K2max dans les sables

Selon Ishibashi (1992), la contrainte de confinement manifeste son


influence sur le module normalisé beaucoup plus dans les sols
pulvérulents (Ip=0) que dans les sols fins plastiques.
Vucetic et Dobry (1991) ont cependant proposé des courbes normal-
isées en fonction de la déformation angulaire, valables aussi bien pour les
sols pulvérulents (non plastiques) que pour les sols fins, avec un
intervalle de 1 à 15 pour le rapport OCR. La figure 6.11, regroupant ces
courbes, illustre un fait remarquable : le seuil de comportement linéaire
en cisaillement augmente avec la plasticité du matériau. En outre, à une
déformation angulaire fixée, le module de cisaillement normalisé d’un sol
très plastique est plus grand que celui d’un sol peu plastique.
Le module de cisaillement dynamique des sols fins dépend aussi d’une
multitude de paramètres physiques. Outre les facteurs d’influence vus
dans le sable, on compte les effets de la surconsolidation, de la
cimentation, de la plasticité et de l’âge géologique, avec lesquels le
module G augmente.
Le module G d’une argile normalement consolidée ou faiblement
surconsolidée diminue avec l’indice des vides et augmente avec la
contrainte effective moyenne.
221
Figure 6.11. Variation du module normalisé avec la déformation par
distorsion, l’indice de plasticité Ip et OCR [18]

Un autre fait compliquant davantage la détermination du module G est


l’effet de la vitesse de chargement. Cette dernière fait augmenter le
module Gmax. Selon Anderson et Woods (1975), la différence constatée
couramment entre les valeurs de Gmax des sols fins, déterminées au
laboratoire et in-situ est probablement due à la différence de vitesses de
chargement dans ces essais dynamiques [16].
Stokoe et Anderson (1978) ont montré que le module de cisaillement
pour de faibles distorsions, en deçà de 10-5, est en toute rigueur variable
dans le temps. Les essais dynamiques sur différents types de sols ont
montré que la variation dans le temps est caractérisée par deux phases.
Comme l’illustre la figure 6.12, la première correspond à la phase de
consolidation primaire dans laquelle Gmax augmente au fur et à mesure de
la dissipation des surpressions interstitielles et la diminution des vides. La
deuxième correspond à un comportement à long terme caractérisé par une
variation linéaire du module avec le logarithme du temps, due selon les
auteurs, à un renforcement des liaisons physico-chimiques entre les
particules argileuses et à une augmentation du contact entre les grains en
cas d’un sol pulvérulent. Ces deux phases se manifestent dans les sols
fins saturés, alors que les sols pulvérulents sont siège seulement à la
dernière phase.
222
Figure 6.12. Variation du module Gmax dans le temps [19]

Les auteurs ont défini le coefficient IG d’augmentation de Gmax dans le


temps après consolidation primaire comme suit :

Gmax
IG  (6.35)
t 
Log  2 
 t1 

Ce coefficient est lié au coefficient normalisé d’augmentation de Gmax,


noté NG, tel que :

I G  N G Gmax
1000
(6.36)

Gmax1000 est le module de cisaillement mesuré après 1000 minutes sous


une pression constante de confinement, comptée à partir de la fin de
consolidation primaire [19].
Le coefficient NG augmente avec la plasticité des sols fins et diminue
223
avec OCR. Pour les argiles normalement consolidées, NG peut être estimé
à partir de l’indice de plasticité par la relation empirique :

N G  0.027 I p (6.37)

La combinaison des trois équations précédentes aboutit à une


formulation de l’augmentation du module de cisaillement dynamique, en
fonction du temps comme suit :

t 
Gmax  0.027 I p Gmax
1000
Log  2  (6.38)
 t1 

Cette expression montre que la comparaison des valeurs mesurées de


Gmax d’un sol donné doit se faire pour une même durée de chargement et
dans des conditions similaires de drainage. Enfin, il est nécessaire que le
temps de chargement lors d’un essai dynamique soit plus grand que la
durée t100% de consolidation primaire dans un sol fin saturé. En effet,
durant la consolidation primaire, la présence des surpressions
interstitielles fait que la mesure de Gmax se fait pour des contraintes
effectives inconnues [19].
En absence d’essais dynamiques pour évaluer le module initial Gmax,
celui-ci peut être estimé par la formule de Hardin (1978), valable pour les
sols cohérents [16], [17], [18]:
n
G max 1  
m m' 
 625 OCR (6.39)
 ref 0.3  0.7e 2  
 ref 

La contrainte de référence ref est souvent prise égale à la pression


atmosphérique, soit 100 kPa. OCR est le rapport de surconsolidation dans
les sols fins. L’exposant n est souvent pris égal à 0.5, et m a été relié par
Hardin et Drnevich (1972) à l’indice de plasticité des sols fins, tel que
récapitulé au tableau 6.3 [16], [17].
Seed et Idriss (1970) ont proposé de relier empiriquement Gmax à la
cohésion non drainée Cu tel que :

Gmax=KsCu (6.40)

224
Le facteur Ks varie entre 1500 à 3000 pour les argiles, et entre 150 à
160 pour les argiles organiques [17], [20].
En absence d’essais dynamiques appropriés, il est possible d’utiliser
les corrélations avec les essais in-situ courants pour estimer le module
Gmax. Les tableaux 6.4 et 6.5 présentent quelques unes de ces corrélations
dans les sols sableux et sols fins.
Le module de cisaillement normalisé G/Gmax augmente avec la
contrainte effective moyenne mais plus faiblement que dans les sables. Il
augmente également avec l’indice des vides, l’âge géologique, la
cimentation et l’indice de plasticité. Enfin, il diminue avec la
déformation angulaire, et varie peu avec OCR [16].
La figure 6.11 due à Dobry et Vucetic (1991) peut d’ailleurs être
utilisée pour étudier le module de cisaillement normalisé en fonction des
déformations angulaires.

Tableau 6.3. Valeurs de l’exposant m du rapport OCR


Ip% 0 20 40 60 80 100
m 0.00 0.18 0.30 0.41 0.48 0.50

Tableau 6.4. Résumé de quelques corrélations dans le sable [16], [18]


Essai Corrélation Référence Remarques
Equation (6.33) avec: Ohta & Goto (1986) Unités en kPa
SPT K2max= 20(Nspt1)601/3 Seed et al (1984)
Gmax=15560(Nspt1)600.68 Imai & Tonouchi Unités en kPa
(1982)
CPT Gmax=1634(qc)1/4(v’)0.375 Rix & Stokoe (1991) Unités en kPa
Gurc : Module de
c
PMT Gmax=(3.6-4.8)Gur Belloti et al(1986) cisaillt corrigé en
charge-décharge
du PMT

Tableau 6.5. Corrélation de Gmax avec qc dans les sols fins [16], [18]
Essai Corrélation Référence Remarques
CPT Gmax=406(qc)0.695 /e1.13 Mayne & Rix (1993) Unités en kPa

Le chargement cyclique se traduit souvent au niveau des courbes de


chargement par des boucles d’hystérésis, illustrées par la figure 6.13,
suite au caractère dissipatif de la réponse dynamique. On entend par
hystérésis le fait que les courbes de chargement et déchargement ne
coïncident pas, ce que le modèle élastodynamique est incapable d’en tenir
225
compte. Il sera vu ultérieurement, lors de la présentation des modèles de
comportement non linéaires, comment on prend en compte la réponse
cyclique lors de la définition des lois de comportement.
Les boucles hystérétiques dans une courbe de chargement cyclique
peuvent être caractérisées, selon la figure 6.14-a, par une stabilisation des
déformations résiduelles et une superposition des boucles au-delà d’un
certain nombre de cycles. On parle alors d’une accommodation cyclique
pour un niveau de contraintes donné, soit 1.
On peut par contre constater un cumul des déformations résiduelles et
une translation des boucles hystérétiques, comme le schématise la figure
6.14-b, ce qui fait converger le matériau vers les grandes déformations et
par conséquent la rupture [23]. Selon Cambefort (1976), il existe une
contrainte seuil L, appelée limite d’accommodation, en deçà de laquelle
la rupture ne se manifeste pas quel que soit le nombre de cycles [7].
Il arrive que la rupture puisse se manifester sous une contrainte
cyclique 1 inférieure à la contrainte assurant la stabilité du matériau sous
un chargement statique monotone, et ce après un certain nombre de
cycles de chargement alterné. On parle d’une rupture par fatigue et il faut
ainsi définir, analogiquement aux métaux, une courbe précisant la
contrainte limite de fatigue en fonction du nombre de cycles.
Notons que lors d’un chargement cyclique harmonique une génération
des pressions interstitielles et un changement de la structure du sol
peuvent engendrer une amplification de l’amplitude des déformations
avec le nombre de cycles, ce qui illustre la tendance d’un chargement
cyclique à la dégradation de la rigidité du sol. Selon Vucetic et Dobry
(1991), le module de cisaillement normalisé est peu affecté par le nombre
de cycles. La figure 6.15 illustre l’effet du nombre de cycles sur le
module de cisaillement normalisé des sols normalement consolidés [16].

6.3.2. Modèle viscoélastique linéaire

Le modèle de Kelvin-Voigt offre une possibilité intéressante de tenir


compte aussi bien de la non linéarité que du caractère dissipatif de la
réponse dynamique.
Reprenons le schéma de la figure 6.8 et appliquons les équations 6.12
et 6.13, en considérant que la sollicitation sismique se simplifie en un
chargement cyclique périodique de pulsation , et induit aux facettes
étudiées une contrainte de cisaillement harmonique telle que l’équilibre
des forces dans le modèle s’écrit :
226
Figure 6.13. Courbe schématique de chargement cyclique alterné

Figure 6.14. Evolution des boucles hystérétiques

227
Figure 6.15. Effet de la dégradation cyclique sur le module de cisaillement
normalisé [16]

it d s
   0e  Cp  G s (6.41)
dt
En considérant des conditions initiales nulles, les déformations par
distorsion sont données par :
0
 s (t )  e i (t  )   0s e i (t  ) (6.42)
G  (C p )
2 2

s0 et  sont respectivement l’amplitude des déformations et le


déphasage :
0
 0s  (6.43)
G  (C p ) 2
2

228
C p
  tg 1 (6.44)
G

On montre que la courbe normalisée (t)/0=f(s(t)/s0), telle que


schématisée à la figure 6.16, est une ellipse centrée à l’origine. Ainsi, la
courbe de chargement de ce modèle décrit une loi non linéaire sous forme
d’une boucle hystérétique, ce qui implique la présence des déformations
résiduelles lors du déchargement total. Ce modèle présente une
amélioration par rapport au modèle élastique linéaire, puisqu’il tient
compte de la non linéarité du comportement ainsi que de la possibilité de
manifester des déformations résiduelles.
En outre, cette boucle comparée à celle d’un sol réel schématisée à la
figure 6.13, ne comporte pas des angularités aux points de déchargement
C1, C2 et C3. Il sera vu plus loin certaines règles de construction des
courbes de loi non linéaires basées justement sur cette angularité
caractéristique des courbes de loi de comportement réelles du sol.

Figure 6.16. Courbe de chargement normalisée du modèle de Kelvin

Au cours des cycles, du fait que la contrainte de cisaillement et la


déformation par distorsion sont harmoniques avec un déphasage entre
elles, la boucle hystérétique est unique, donc ce modèle ignore
229
l’accumulation des déformations résiduelles, notées à la figure 6.13 par
1, 2 et 3, lors d’un chargement cyclique. Or, il a été déjà vu que la
rupture peut se manifester dans le sol par cumul des déformations
résiduelles, ce qui se traduit par décalages des boucles de chargement.
Il est intéressant de noter que le modèle élastique linéaire équivalent au
modèle de Kelvin-Voigt est caractérisé par un module G* tel que :

d s
  Cp  G s  G * s (6.45)
dt

En remplaçant  et  par leurs expressions aux équations (6.41) et


(6.42), on aboutit à :

C p
G*  G(1  i )  G(1  i ) (6.46)
G

Ainsi, les solutions de l’élastodynamique sont applicables au cas d’un


comportement viscoélastique linéaire du type Kelvin-Voigt, à condition
d’y introduire un module de cisaillement complexe. Le coefficient  est
appelé coefficient de perte.
L’aire de la boucle de ce modèle représente le travail fourni par la
force appliquée, et par conséquent la perte d’énergie au cours d’un cycle
de chargement harmonique.
L’énergie dissipée W par unité de volume lors d’un cycle de
chargement est égale au travail fourni par la force non conservative dans
le piston, soit :

2
d s d s d s  d s 
T T T
W   (G )d   (G
s
)( dt ) G    dt (6.47)
0
dt 0
dt dt 0
dt 

En introduisant une expression harmonique de la distorsion s, en


cosinus ou en sinus, on montre que :

W  C p  0s  2
(6.48)

Il est remarquable de cette expression que la perte d’énergie augmente


230
avec le carré de l’amplitude des déformations, et est proportionnelle à la
pulsation de chargement harmonique. Or, l’expérience des essais
dynamique a clairement montré que w est pratiquement indépendante de
la fréquence d’excitation. Une adaptation de ce modèle est alors
nécessaire afin de mieux décrire le comportement dynamique réel du sol.
Rappelons qu’un amortissement est dit visqueux si le coefficient Cp du
piston est indépendant de la pulsation d’excitation, ce qui implique
d’après l’équation 6.48 que la perte d’énergie au cours d’un cycle est
proportionnelle à la pulsation d’excitation.
L’amortissement dans le sol est plutôt du type hystérétique ou
plastique, caractérisé par une perte d’énergie au cours d’un cycle
indépendante de la pulsation d’excitation. Selon Verruijt (2005), ceci peut
être expliqué par le fait que les déformations irréversibles ou plastiques
ne dépendent pas de la fréquence de chargement. On attribue
l’amortissement hystérétique aux déformation irréversibles au niveau des
contacts intergranulaires [20]. Un amortissement est par définition
hystérétique s’il est caractérisé par [8] :

C p
 cons tan te  2 H (6.49)
G

Le terme ξH est appelé coefficient d’amortissement hystérétique. La


solution de l’équation 6.41 aboutit en cas d’amortissement hystérétique à:

0 1
 0s  (6.50)
G 1  4 2
H

  arctg (2 H ) (6.51)

Ce résultat s’obtient aussi des équations 3.33 et 3.34, traitant de la


réponse harmonique d’un oscillateur simple, en considérant le modèle de
Kelvin-Voigt comme étant un oscillateur simple sans masse.
La perte d’énergie par amortissement hystérétique lors d’un cycle de
chargement harmonique s’écrit alors :

2 H  02
W  C p  0s   2
 (6.52)
1  4 H2 G
231
On obtient ainsi une formulation indépendante de la fréquence
d’excitation. Comme le recommande Hardin (1965), l’équation 6.49 peut
être satisfaite en considérant dans le modèle de Kelvin-Voigt un piston à
coefficient Cp dépendant de la pulsation  [22].
L’énergie W de déformation élastique maximum est celle stockée dans
le ressort de ce modèle. Elle représente sur la figure 6.9 l’aire de la
surface hachurée, telle que :
W
1
2
 
G  0s
2
(6.53)

W C p  0

s


 2
2C p
 (6.54)
W 1
2
G 0s 2
 
G

Le coefficient de perte est ainsi donné par :

1 W C p
  (6.55)
2 W G

En dynamique des sols, l’amortissement est usuellement caractérisé par


un des coefficients ci-après :
 Coefficient de perte 
 Coefficient d’amortissement  (ou ) tel que =/2
 Décrément logarithmique s, égal au logarithme du rapport de deux
amplitudes successives dans des oscillations libres amorties (voir
équation 3.18)
 Déphasage  entre le chargement et déplacement généralisés
 Capacité d’amortissement spécifique =2.
En appliquant ces définitions au cas du modèle de Kelvin-Voigt sous
sollicitations harmoniques, on obtient :

 
  2   tg  s (6.56)
2 

Identiquement au module de cisaillement dynamique, le coefficient


d’amortissement  dépend étroitement d’une multitude de facteurs
physiques, ce qui fait qu’il est grossier de le considérer comme grandeur
intrinsèque de la réponse dynamique.
232
Le coefficient  diminue avec la contrainte moyenne effective, l’indice
des vides, l’âge géologique et la plasticité du matériau. Il augmente par
contre avec les déformations angulaires et la teneur en eau, et varie peu
avec le rapport de surconsolidation OCR et le nombre de cycles [16].
En absence d’essais dynamiques, une valeur courante de 5% est
souvent attribuée au coefficient , ce dernier étant supposé variant peu
dans le domaine des petites déformations [21]. Pour une prise en compte
de la variation de  avec le niveau de déformations, on peut utiliser les
courbes empiriques proposées par Vucetic et Dobry (1991) aussi bien
pour les sols non plastiques (Ip=0) que pour les sols fins plastiques. Ces
courbes, illustrées à la figure 6.17, montrent d’ailleurs que
l’augmentation avec les déformations est plus prononcée dans les sols
pulvérulents que dans les sols fins. A un niveau de déformation donnée,
le coefficient d’amortissement d’un sol très plastique est plus grand qu’un
sol peu plastique, toutes choses étant par ailleurs égales.
On peut aussi utiliser les formules empiriques telle que celle de
Ishibashi et Zhang(1993), valable aussi bien pour les sols non plastiques
que pour les sols plastiques [16] :

1 1  exp( 0.0145I p )  
1.3 2
 G  G
 0.586   1.547  1 (6.57)
3 2   Gmax  Gmax 

6.3.3. Modèle viscoélastique linéaire équivalent

Comme il sera vu ultérieurement, lors d’un essai dynamique au


laboratoire, la réponse dynamique d’un échantillon du sol est décrite par
une boucle hystérétique, schématisée par la figure 6.9, et traduisant
d’une part le comportement non linéaire et d’autre par le caractère
dissipatif inné du matériau.
Une telle boucle peut être caractérisée par un module de cisaillement
sécant G défini comme étant la pente de la droite BC joignant les deux
points anguleux de la boucle, ainsi qu’un coefficient d’amortissement
matériel , défini par l’équation suivante [24]:

1 W
 (6.58)
4 W
233
Figure 6.17. Variation du coefficient  avec les déformations de distorsion [18]

Du point de vue géométrique, W et W sont respectivement les aires


de la boucle et du triangle limité par la droite OC et la droite verticale
correspondant à la déformation sc. Les paramètres G et  ainsi définis
dépendent de l’amplitude c. En effet, les figures 6.11 et 6.15 montrent
respectivement que G diminue avec la déformation angulaire et 
augmente avec la déformation angulaire. A partir des définitions
géométriques précédentes de G et , on conçoit aisément à partir de la
figure 6.13, que lorsque l’amplitude sc augmente, la pente G de la droite
BC diminue suite à la dégradation de la rigidité, et l’aire de la boucle
augmente, ce qui implique une augmentation de coefficient .
Ainsi, l’interprétation de la boucle hystérétique expérimentale de cette
manière permet de tenir compte de la réponse non linéaire du matériau
ainsi que de son caractère dissipatif, en décrivant son comportement par
un modèle viscoélastique linéaire, régi par l’équation suivante :
234
2 ( cs )G( cs ) d s
  G( cs ) s  G( cs )1  2i  s (6.59)
 dt

On vient en fait de définir un modèle viscoélastique linéaire équivalent,


issu de l’équivalence des boucles hystérétiques réelle et celle du modèle
de Kelvin-Voigt, schématisées respectivement par les figures 6.9 et 6.16.
Cette linéarisation du comportement réel du sol a été proposée par
Schnabel, Lysmer et Seed (1972). Les résultats obtenus ci-dessus, limités
au cas d’une sollicitation unidimensionnelle, peuvent se généraliser au
cas d’une sollicitation tridimensionnelle [24].
Notons par contre que trois difficultés surgissent lors de l’utilisation de
ce processus d’équivalence. La première est que le coefficient d’amor-
tissement expérimental ainsi déterminé ne dépend pas, comme l’enseigne
l’expérience, de la pulsation de sollicitation, contrairement à celui du
modèle théorique de Kelvin-Voigt qui caractérise un amortissement
visqueux. On doit alors choisir les caractéristiques du modèle équivalent,
et particulièrement celle du piston, telle que l’énergie dissipée, selon
l’équation (6.48), ne dépend pas de , soit :

C p  2 ( cs )G( cs ) =constante (6.60)

La deuxième difficulté est que la boucle de ce modèle est unique et


ignore ainsi un éventuel cumul de déformations résiduelles lors d’un
chargement cyclique. Il va de soi qu’un tel modèle est inapproprié pour
l’étude des déformations cycliques. Il est d’ailleurs nécessaire d’utiliser
des modèles de comportement non linéaires pour ce type de problèmes
[24].
Enfin, la comparaison des boucles hystérétiques réelle et celle de
Kelvin-Voigt montre au niveau de cette dernière l’absence de points
anguleux B et C correspondant à l’amplitude c. Certaines règles de
construction des courbes de déchargement- rechargement à partir de la
courbe de chargement statique monotone, comme il sera vu ci-après ne
seront ainsi pas applicables.
L’avantage principal d’un tel modèle est sa simplicité d’utilisation et le
peu de paramètres requis. Il est couramment exploité dans des méthodes
numériques de calcul de la réponse sismique du sol, basées sur un
processus itératif déterminant les caractéristiques dynamiques G et  en
fonction de l’amplitude des déformations angulaires. Selon Pecker
235
(1985), un tel modèle comparé à d’autres plus sophistiqués, permet de
prévoir les accélérations et les contraintes avec une bonne précision [24].

6.3.4. Modèles de comportement non linéaire

On se limite ci-après à présenter quelques modèles de comportement


dynamique non linéaire en cas de sollicitations unidimensionnelles,
fréquemment rencontrées en pratique de dynamique des sols.
Un exemple simple du modèle cyclique non linéaire est celui issu de
l’association en parallèle de deux modèles élastoplastiques élémentaires.
Telle que schématisée à la figure 6.18, on montre que la courbe de
chargement cyclique alterné décrit une boucle hystérétique, caractérisée
par des points anguleux lors du changement du sens de chargement, signe
d’un amortissement d’origine plastique.
En cas de l’association d’une infinité de modèles, on retrouve une
allure assez similaire à celle de la figure 6.9.
On applique souvent, lors de la construction des courbes de
chargement cycliques des modèles non linéaires, les deux règles de
Masing (1926), basées sur l’hypothèse que l’amortissement est d’origine
hystérétique (ou plastique). Elles postulent que :
1) Au point d’inversion du sens de chargement, la pente de la courbe de
chargement, est égale à la pente initiale. Il a été déjà montré à travers
l’exemple de l’association de deux modèles élastoplastiques élémentaires
que la pente tangente de déchargement, selon la figure 6.18, est égale à la
pente initiale. Ce résultat est d’ailleurs facilement généralisable au cas
d’un nombre quelconque de modèles élastoplastiques assemblés en
parallèle ou en série [15], [23], [25]. En considérant la figure 6.19, cette
règle s’écrit :
  
 s   Gmax (6.61)
   C

2) La courbe de chargement à partir du point C de changement du sens de


chargement se déduit de celle du premier chargement par translation de
l’origine en ce point et amplification des échelles des deux axes par un
facteur d’homothétie égal à 2 [14], [23].
Si on considère le modèle élastoplastique de la figure 6.5, composé
d’une infinité de modèles élémentaires (n=), sa réponse sous une
sollicitation alternée est bien décrite par la boucle hystérétique de la
236
Figure 6.18. Boucle hystérétique en cas d’assemblage de deux modèles
élastoplastiques sous chargement alterné

Figure 6.19. Construction des courbes de déchargement-rechargement lors d’un


chargement cyclique

figure 6.19, dans laquelle on montre que la courbe de premier chargement


est décrite par l’équation suivante :

  g ( s )  Gmax  s  f ( s ) (6.62)
237
La fonction f(s) est une mesure de l’écart de la réponse du modèle par
rapport à celle du modèle élastique linéaire.
En cas de déchargement, on montre que la courbe cb est décrite par :

 cs   s
   c  Gmax ( s   cs )  2 f ( ) (6.63)
2

Autrement dit, la courbe de déchargement peut être construite à partir


du point (cs, c,) considéré comme le centre d’un nouveau repère de
contraintes et de déformations, la fonction f étant amplifiée par un facteur
de 2.
Selon Pyke (1979), les courbes de déchargement cb et de rechargement
bc ont la même allure que celle du premier chargement, soit oc, à
l’exception que les échelles de contraints et de déformations sont
multipliées par 2. Ainsi, les arcs cb et bc sont respectivement les doubles
de ob et oc [14]. En notant par g la loi de la courbe du premier
chargement, cette règle peut se formuler dans le cas général comme
suit [14], [16] :

  s   cs 
   c  2 g  
 (6.64)
 2 

Il est à noter que ces deux règles sont limitées à la description d’un
chargement cyclique régulier. Elles ont été d’ailleurs généralisées par
Pyke (1979) et Vucetic (1990) au cas du chargement cyclique
quelconque, en ajoutant deux autres règles complémentaires [14:
3) Si la courbe de déchargement ou de rechargement dépassent la
déformation maximum précédente, elle se confondra avec la courbe g()
du premier de chargement jusqu’au prochain changement du sens de
chargement.
4) Si la courbe de déchargement ou de rechargement coupe une courbe
de chargement ou de déchargement d’un cycle précédent, elle se
confondra avec celle du cycle précédent.
La figure 6.20 illustre un exemple d’application de ces règles pour la
construction de la courbe de chargement en cas d’un chargement
irrégulier. La courbe g de premier chargement est notée par DCABEF.

238
Figure 6.20. Exemple de courbe de chargement cyclique irrégulier [16]

___________________________________________________________
Application 6.3. Un modèle élastoplastique parfait formé de
l’association en série d’un patin et d’un ressort, comme le schématise le
tableau 6.1, est soumis à une force alternée entre Ql et - Ql schématisée
par la figure 6.21. On supposé que sous la force Ql ou-Ql, le déplacement
varie de Ql/K, appelé déplacement de référence.
En appliquant les règles de Masing, on demande de :
1) Construire la courbe de chargement au cours d’un cycle
2) Calculer la pente sécante de la boucle
3) Calculer le coefficient d’amortissement.
Quelles sont tes Conclusions ?

Figure 6.21. Chargement alterné sous forme de créneaux


___________________________________________________________

Les règles de Masing sont très utiles pour l’analyse du comportement


cyclique des sols en général, et en particulier l’analyse de la réponse
239
sismique du sol, qu’on verra au chapitre 8 du tome 2.
La définition de la courbe de chargement cyclique, à la base de ces
règles, nécessite la définition au préalable de la courbe g du premier
chargement. Les lois non linéaires les plus courantes sont la loi
hyperbolique et celle de Romberg-Osgood.
Il est courant que la courbe de chargement cyclique soit définie à la
base des résultats d’un essai dynamique, en termes de contraintes en
fonction des déformations ou vice versa, à partir des deux formulations
mathématiques suivantes [24] :

   s   cs 
 s
c 
   c     Gmax 1  J 
s



(6.65)
 n
  
    c      c 
 s   cs    1  H  
G  n  (6.66)
 max    

J et H sont des fonctionnelles à obtenir par calage avec les résultats


expérimentaux d’un essai dynamique. n est un coefficient qui vaut 1 pour
la courbe du premier chargement et 2 pour les courbes de déchargement
et rechargement successives. L’indice c est relatif au point de changement
du sens de chargement.
On retrouve les fonctionnelles J et H en reformulant les équations
précédentes en cas de la courbe du premier chargement (c=0, c=0 et
n=1) :

   s Gmax (1  J ( s )) (6.67)

soit :
G
J ( s )  1  (6.68)
Gmax

De même, on obtient H() comme suit :

Gmax
H ( )  1 (6.69)
G
240
Les fonctionnelles J et H dépendent directement du module de
cisaillement normalisé qui peut être déterminé expérimentalement à partir
des essais dynamiques, ou à défaut à partir des formules et courbes
empiriques vues précédemment, en fonction des paramètres
géotechniques du sol.
En considérant le modèle hyperbolique de Kondner-Zelasko, déjà vu
lors de l’étude du comportement statique, la courbe du premier
chargement s’écrit :

s  s Gmax
  (6.70)
1 s s
 1 s
Gmax  u r

Les paramètres u et Gmax représentent respectivement la résistance au


cisaillement et le module de cisaillement initial. Le terme rs est une
déformation de référence et le rapport s/rs représente le niveau de
déformation :

u
 rs  (6.71)
Gmax

Le module de cisaillement normalisé G/Gmax s’écrit alors :

G 1
 (6.72)
Gmax s
1 s
r
La combinaison des équations 6.68 et 6.72 permet de déduire la
fonctionnelle J pour le modèle hyperbolique comme suit :
s
 rs 
J ( s )   (6.73)
 s
u
1 s
r

La courbe du premier déchargement se déduit alors de l’équation


241
(6.65) sous la forme adimensionnelle :

  s   cs 
 
  c   r 
s

  (6.74)
u u  s   cs
1
2 rs

La courbe de rechargement à partir du point (-cs, -c) devient [25]:

  s   cs 
 
 c   r 
s

  (6.75)
u u  s   cs
1
2 rs

Les formules 6.74 et 6.75 permettent une définition complète de la


boucle de chargement cyclique, et par conséquent la détermination des
caractéristiques dynamiques, à savoir le module de cisaillement sécant G
et la coefficient d’amortissement , en vue de l’utilisation éventuelle du
modèle linéaire équivalent, d’une analyse de la réponse sismique d’un
site ou enfin d’un calcul à la vibration des fondations.
En utilisant le modèle de Romberg-Osgood pour l’étude des
déformations en fonction des contraintes, on montre à partir des équations
(6.22) et (6.66), qu’on peut définir la fonctionnelle H à partir de la courbe
du premier chargement (n=1) comme suit :

R 1
 
H ( )     (6.76)
 u 

La courbe du premier déchargement se déduit alors de l’équation


(6.65) comme suit :

   c R
   c  (  
s s
)Gmax   (6.77)
c
2 r R1
242
La courbe de rechargement à partir du point (-cs, -c) devient [25]:

   c R
   c  (   s s
)Gmax   (6.78)
c
2 r R1
La figure 6.22 illustre une boucle de chargement cyclique alterné d’un
échantillon caractérisé par Gmax=50 MPa et une contrainte de référence
r=50 kPa, décrit par le modèle de Romberg-Osgood avec =1.8 et R=3.
L’amplitude de déformation par distorsion cs est de  0.2%, à qui
correspond une contrainte de cisaillement c de 42.95 kPa. La construct-
ion des courbes de premier chargement, de déchargement et de
rechargement s’est basée respectivement sur les équations (6.22), (6.77)
et (6.78). Cette boucle hystérétique est caractérisée par un module sécant
G correspondant à la pente de la droite liant les deux extrémités de la
boucle, soit de 21.47 MPa. Le module de cisaillement normalisé G/Gmax
est ainsi égal à 0.43.

Modèle de Romberg-Osgood
50 =1.8 R=3 r=50 kPa Gmax=50 MPa
Contrainte de cisaillement  (kPa)

s
c=2.10
-3
c=42.95 kPa
c
40

30

20

10

0 o d
-10

-20

-30

-40
b
-50
-25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25
s -4)
Distorsion  (x10
Figure 6.22.Exemple de courbe cyclique décrite par le modèle de Romberg-
Osgood
243
A partir de l’aire de la boucle et du triangle ocd, le coefficient
d’amortissement , déterminé à partir de l’équation (6.58), est de 27.3%.
Ces deux caractéristiques correspondent à une amplitude de
déformations de 0.2%, c'est-à-dire au domaine de grandes déformations
caractérisé par une dégradation de la rigidité et une amplification de
l’amortissement hystérétique.
A titre de comparaison entre les deux modèles vus ci-dessus, il est à
noter que le modèle hyperbolique fait dégager la notion de résistance en
grandes déformations, à travers l’asymptote horizontale à la courbe du
premier chargement, alors que le modèle de Romberg-Osgood ne le fait
pas. En outre, ce dernier permet d’obtenir des valeurs raisonnables du
coefficient d’amortissement alors que le premier en donne des valeurs
largement surestimées [14].
Le modèles de comportement non linéaire vus dans ce paragraphe
correspondent à une sollicitation unidimensionnelle qu’on rencontre
couramment en pratique géotechnique. Cependant, une modélisation des
sollicitations tridimensionnelles complexes nécessite le recours à des
modèles de comportement élastoplastiques sophistiqués, permettant une
prise en compte entre autres du changement de la courbe du premier
chargement suite à l’écrouissage ou l’amollissement, de la génération de
le pression interstitielle et donc la modification des contraintes effectives
au cours des cycles, des conditions générales de contraintes initiales et de
drainage, ainsi que du chemin de sollicitation [26].
Il existe une diversité de ces modèles de comportement bien décrits
dans la littérature géotechnique, et leur exposé sort du cadre de ce livre.
On pourra revenir aux références [14], [16] et [20] pour une lecture plus
détaillée.
La complexité de modélisation par de telles lois de comportement
nécessite leur implémentation dans des codes de calcul numérique tels
que ceux basés sur la méthode des éléments finis.

6.4. MESURE DES PARAMETRES DE COMPORTEMENT


DYNAMIQUE

6.4.1. Essais de laboratoire

Les essais de laboratoire sont en général menés pour la mesure du


module de déformation (ou de cisaillement) et le coefficient
d’amortissement. Ils se subdivisent en trois grandes catégories.
244
La première est celle des essais de vibration libre dans lesquels
l’échantillon subit une très faible déformation imposée, de l’ordre de 10-6,
et laissé en régime de vibration libre amortie. A cette catégorie appartient
l’essai d’impulsion ultrasonique et l’essai aux éléments piézoélectriques
dit bender elements test. Ce dernier, comme l’illustre la figure 6.1, permet
une mesure assez précise du module de cisaillement dynamique Gmax
dans une cellule d’essai triaxial. Le système de mesure de célérités de
ondes P et S est constitué d'éléments piézorésistifs qui émettent et
reçoivent les vibrations produites par un générateur de signaux. Ces
derniers sont reçus, amplifiés, filtrés et visualisés sur l'écran d'un
oscilloscope ou d’un PC. L’interprétation des signaux permet de
déterminer les célérités des ondes et en déduire le module de cisaillement
dynamique.
La deuxième catégorie comporte les essais de résonance dans lesquels
l’échantillon subit des faibles déformations périodiques dont l’amplitude
est de l’ordre de 10-4, avec ajustement de la pulsation d’excitation jusqu’à
la résonance, ensuite suppression brusque de la sollicitation. Le module
de déformation est obtenu à partir des pulsations propres de l’échantillon
et le coefficient d’amortissement est déduit de l’étude du régime de
vibration libre amortie. L’essai à déformation horizontale imposée est en
général effectué sur table vibrante. Cette dernière sera d’ailleurs décrite
au chapitre suivant. L’essai à déformation verticale ou de torsion est
appliqué à l’aide d’appareil dit de colonne résonnante.
L’essai de torsion à la colonne résonnante a été mis au point par
Drnevich et Hardin (1978) [27]. Il permet de mener un essai de vibration
entretenue jusqu’à la résonance, suivi d’une vibration en régime libre
amorti. Comme le schématise la figure 6.23-b, un échantillon intact est
placé en cellule triaxiale, encastré à sa base et sollicité en sa tête par un
couple de torsion connu en mesurant le courant passant dans les bobines
d’induction agissant sur la tête (figure 6.23-c).
La première phase de l’essai consiste à augmenter la fréquence de
torsion jusqu’à atteindre une déformation maximale correspondant
précisément à la résonance, et visualisée à partir du signal accéléro-
métrique, comme le montre la figure 6.24 relative à un échantillon
d’argile molle.
En se basant sur la figure 6.25, le moment de torsion appliqué en tête
de la colonne induit des ondes de cisaillement du type SH se propageant
verticalement au sein de la colonne. En sa basant sur l’équation (4.63), la
propagation des ondes SH est décrite comme suit :
245
(a)

(b)

(c)
Figure 6.23. Schéma de l’appareil de torsion de la colonne résonante

Figure 6.24. Visualisation de la fréquence de résonance (f0=41 Hz)

246
Figure 6.25. Schéma de torsion cyclique de la colonne


 1  2 u
u  2 (6.79)
Vs t 2

Le déplacement u selon l’axe orthoradial est lié à l’angle  par la


relation suivante :

u(z,t)=R.(z,t) (6.80)

L’équation (6.79) devient :

 2 1  2
 (6.81)
z 2 Vs2 t 2

La résolution de cette équation se fait par séparation de variables, en


posant :

(z,t)=f(t)g(z) (6.82)

On aboutit alors à la solution générale :


247
z z
f (t )  A cos  B sin (6.83)
Vs Vs
g(z)=Ccos(t) +Dsin(t) (6.84)

En imposant l’état du repos comme condition initiale et le fait que la


colonne est encastrée à sa base (z=0), la solution devient :

z
 ( z, t )  B sin D sin(t )   0 ( z ) sin(t ) (6.85)
Vs

La tête de la colonne étant excitée par le moment ML de la bobine, ce


qui permet d’écrire :

  2
GI p zL  J 0 zL (6.86)
z t 2

Le moment d’inertie I0 est lié au moment cinétique J0 par la relation


suivante :
Jp
Ip  (6.87)
L

On aboutit enfin à l’équation des pulsations propres :

L L Jp
tg  (6.88)
Vs Vs J0

La première racine de cette équation permet de déterminer la célérité V s,


la pulsation  de résonance étant mesurée au cours de cette étape de
l’essai. Le module de cisaillement se déduit directement :

Gmax=Vs2 (6.89)

En deuxième phase d’essai, le régime de vibration libre amorti s’établit


une fois l’excitation à la torsion est supprimée (=0). L’évolution de
l’amortissement des déformations de distorsion permet d’obtenir une
248
courbe analogue à celle de la figure 3.6, de déterminer un décrément
logarithmique s selon l’équation (3.18) et en déduire le coefficient
d’amortissement :

s=2 (6.90)

La dernière catégorie regroupe les essais de vibration forcée dans


lesquels l’échantillon subit un chargement cyclique généralement alterné,
avec la possibilité de balayer un large intervalle de déformations et
atteindre éventuellement la rupture.
De tels essais peuvent subir à l’échantillon des cycles d’amplitude
croissante, ce qui permet d’obtenir des boucles fermées, comme celles
illustrées à la figure 6.13, et d’en déduire le module de déformation et le
coefficient d’amortissement en fonction des amplitudes, tels qu’illustrés à
la figure 6.26.
Ces essais sont menés sur des échantillons supposés intacts, afin que
leur comportement mécanique étudié au laboratoire soit représentatif du
sol naturel, à la profondeur étudiée. Or, il est quasi impossible d’en
extraire des échantillons rigoureusement intacts, et le remaniement dû à
l’opération du carottage et du transport des échantillons est pratiquement
inévitable. Pour les sols pulvérulents, la densité est le paramètre physique
le plus difficile à mesurer. Néanmoins, on peut constituer des échantillons
à différentes densités et réaliser l’essai, dans le but d’apprécier l’effet de
ce paramètre physique important sur le comportement cyclique du sol.
Les essais cycliques de laboratoire les plus courants sont l’essai à
l’appareil triaxial, l’essai de cisaillement rectiligne et l’essai sur cylindre
creux.
Comme le montre la figure 6.27, le dispositif d’essai triaxial cyclique
comporte typiquement une presse supportant la cellule, un système de
contrôle multiaxial permettant de contrôler le chargement axial, la
contrainte de confinement et la contre-pression utilisée en phase de
saturation et consolidation de l’échantillon. Ce système de contrôle
permet aussi une acquisition à temps réel des résultats via un micro-
ordinateur. Le chargement axial cyclique est appliqué par un vérin
pneumatique à double effet, en termes de force, de déformations ou de
déplacements verticaux imposés.
L’échantillon est préalablement consolidé dans la cellule sous une
pression isotrope c. Selon la figure 6.27, l’échantillon est soumis à un
chargement harmonique sous forme d’une contrainte verticale v(t) et une
249
Figure 6.26. Variation expérimentale de E et  en fonction de l’amplitude lors
d’un essai triaxial cyclique [4]

contrainte latérale h(t). Le déviateur cyclique des contraintes est donné


par :

q(t) = v(t) -h(t) (6.91)

et la pression effective moyenne est telle que :

 v ' (t )  2 h ' (t )
p ' (t )  (6.92)
3

En considérant une facette inclinée de  par rapport au plan horizontal,


la contrainte tangentielle due au chargement cyclique est donnée par :

q(t )
  sin 2 (6.93)
2

On peut considérer la contrainte tangentielle maximale, agissant


d’ailleurs sur la facette de cisaillement maximum ( = 45°). On peut ainsi
déterminer la courbe de chargement cyclique -s ou q-1 en fonction de
250
Figure 6.27. Schéma typique de l’appareil triaxial cyclique

de l’amplitude de déformation au cycle étudié.


L’essai de cisaillement cyclique à la boîte repose sur le même principe
que celui de l’essai statique monotone, et se propose de solliciter
l’échantillon en déformations planes et à volume constant. L’essai est
mené sur un échantillon de 70 mm de diamètre, couvert par une
membrane étanche et entouré le long da sa hauteur par une série
d’anneaux laminaires rigides lui imposant un diamètre fixe au cours du
cisaillement (voir figure 6.28).
Au préalable, l’échantillon est soumis à une consolidation anisotrope,
du type k0, sous une contrainte verticale v0.
Au cours de l’essai cyclique, l’effort vertical est appliqué par un
vérin, ce qui permet de fixer la hauteur de l’échantillon, et le volume est
ainsi constant à tout instant, ce qui confère à l’échantillon un
comportement non drainé. Le mouvement horizontal asservi du plateau à
la base de l’échantillon, impose un déplacement relatif de la base de
251
Figure 6.28. Schéma et appareil de l’essai de cisaillement cyclique à anneaux
laminaires

l’échantillon par rapport à sa tête. Au cours de la sollicitation cyclique


seule la longueur de la face latérale qui peut varier. Des capteurs de
pression interstitielle intégrés permettent de suivre la génération des
surpressions d’eau au cours des cycles.
L’essai sur cylindre creux a été proposé par Hardin et Drnevich (1972).
Il permet, comme le schématise la figure 6.29, de réaliser des essais
cycliques de torsion et/ou de chargement axial, en présence de contraintes
de confinement sur les faces interne et externe de l’échantillon. L’essai
est inadapté à l’étude des matériaux pulvérulents intacts. En outre, la
préparation des échantillons de sols cohérents, tel qu’illustrée à la figure
6.30, est assez laborieuse, ce qui limite les possibilités pratiques d’un tel
essai.

6.4.2. Essais in situ

Les essais in-situ ont l’avantage principal de dispenser de l’extraction


des échantillons représentatifs du sol. Ils sont en outre moins coûteux,
252
Figure 6.29. Schémas possibles de sollicitation du cylindre creux

Figure 6.30. Bâti de préparation d’un échantillon en cyclindre creux

253
généralement plus rapides et enfin plus simples à réaliser que ceux au
laboratoire. De tels considérations expliquent l’essor considérable que
connaissent actuellement les essais dynamiques in-situ. Le principe
consiste généralement à créer une perturbation en un point donné du sol,
ce qui génère des ondes volumiques se propageant depuis la source
jusqu’à un point donné auquel le temps d’arrivée de l’onde est mesuré. La
distance entre la source et le point de mesure ou géophone est connue, ce
qui permet de déterminer la célérité d’onde.
Il est important de noter que la quantité d’énergie mise en jeu dans de
tels essais est faible, ce qui fait subir au sol de très faibles déformations,
généralement en deçà de 10-6. Il est ainsi justifié de considérer un modèle
de comportement élastique linéaire et les caractéristiques dynamiques
peuvent ainsi se déterminer comme suit :

Gmax  Vs2 (6.94)


V p2  2Vs2
 (6.95)
2(V p2  Vs2 )
Les autres caractéristiques élastiques, telles que le module de
déformation E ou le module de déformation volumique Kv, se déduisent
aussi des célérités d’ondes :

V p2  2Vs2
E  2 Vs2 (1  ) (6.96)
2(V p2  Vs2 )
 4 
K v   V p2  Vs2  (6.97)
 3 

Les essais in-situ se subdivisent en général en deux grandes catégories.


La première est celle des essais en surface, dans lesquels la génération
des ondes se fait en surface et les géophones ou récepteurs d’ondes sont
placés en surface. Les plus courants de ces essais sont l’essai de sismique
réfraction, de sismique réflexion, et l’essai d’analyse spectrale des ondes
de surface, déjà présenté au chapitre 4.
Selon la figure 6.31, au cours de l’essai de sismique réfraction, les
géophones placées en surface du sol reçoivent le temps d’arrivée de
l’onde, ce qui permet de tracer les courbes dromochroniques de la figure
6.32, décrivant la variation du temps d’arrivée de l’onde en fonction de la
254
Figure 6.31. Schéma de principe de l’essai de sismique réfraction

Figure 6.32. Courbe dromochronique de l’essai de sismique réfraction


255
distance x entre le géophone et la source d’impact. Les courbes sont en
général multilinéaires, et on montre qu’à partir des points d’intersection
de ces droites qu’on peut déterminer les épaisseurs de couches traversées
par les ondes.
La deuxième catégorie regroupe les essais de forages dans lesquels la
génération des ondes se fait soit en surface ou en forage, et les géophones
sont placés soit en surface ou en forage. Ce type d’essais se base sur la
propagation des ondes volumiques P et S, alors que ceux en surface se
basent sur l’onde R de Rayleigh. Les essais de forage sont plus coûteux
que ceux en surface du fait qu’ils nécessitent la réalisation préalable des
forages.
Le forage, ayant couramment un diamètre de minimum de 100 mm,
contient un tube en PVC de diamètre de 80-90 mm et l’espace annulaire
entre la paroi du forage et le tube est rempli par un coulis afin d’assurer
un bon couplage sol/tube. Une sonde de 60 mm de diamètre contenant le
géophone et le système de blocage est descendue dans le forage à la
profondeur étudiée. La verticalité des forages est assurée par des mesures
inclinométriques à l’aide d’inclinomètres installés au sein du tube d’essai.
Cette catégorie d’essais comporte trois essais courants. Citons l’essai
de forages croisés ou cross-hole test qui, d’après la figure 6.33, se fait
avec génération des ondes dans un forage et réception des signaux dans
un ou plusieurs forages.
A la profondeur z, la distance horizontale x entre la source du choc et
le récepteur dans les deux forages étant connue, il suffit de mesurer le
temps t d’arrivée des ondes pour déterminer la célérité des ondes P et S,
et en déduire les caractéristiques élastiques du matériau à la profondeur
étudiée. L’essai permet ainsi d’obtenir un profil de Gmax et de  à partir
des équations (6.94) et (6.95).
Un deuxième type d’essais de forages, appelé down-hole test, consiste
à générer des ondes à partir d’un choc à la surface et mesurer leur arrivée
en profondeur. Comme le montre la figure 6.34, les célérités et donc les
caractéristiques élastiques sont obtenues en tant que valeurs moyennes
sur un intervalle de profondeur.
La figure 6.35 illustre un exemple d’essai down-hole mené sur un site
alluvionnaire dont la coupe géotechnique générale montre la formation
d’un horizon d’argile marron peu à très plastique, surmontant une couche
de sable grisâtre lâche saturé à partir d’une profondeur de 9 m, et suivi
par une couche de galets à partir d’une profondeur de 13 à 16 m. Le site
est situé dans une zone de forte sismicité, ce qui a nécessité outre
256
Figure 6.33. Schéma de principe de l’essai cross-hole

Figure 6.34. Schéma de principe de l’essai down-hole

257
l’analyse générale de la réponse sismique du site, une analyse du risque
de liquéfaction des couches de sable. Les paramètres dynamiques requis
dans de telles analyses ont été fournis par l’essai down-hole. Sur la figure
6.36, on remarque une chute du module de cisaillement à 320 MPa dans
la couche de sable lâche, de 9 à 12 m de profondeur. Le coefficient de
Poisson varie entre 0.25 et 0.30.
L’essai up-hole , comme le schématise la figure 6.37, consiste à créer
un impact en profondeur d’un forage et de mesurer les ondes reçus en
surface.

Essai d’impact en
surface

Acquisition des signaux


à temps réel

Figure 6.35. Essai down-hole au site du projet de la mosquée de Bououaou


(Boumerdès)
258
Figure 6.36. Profils des célérités d’ondes et des caractéristiques élastiques
(sondage carotté 3)

Figure 6.37. Schéma de l’essai up-hole


259
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261

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