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Université Abdelmalek Essaâdi Année universitaire 2019/2020

Faculté des Sciences


Département de Géologie
Tétouan

Master (MS-GEO/S1)
Excursion du 28 décembre 2019

Dynamique des bassins sédimentaires et Géoressources (MM4)


Région de Tirinesse (Oued Laou)
(Prs. Rachid HLILA & Ali MAATE)

1) OBJECTIFS DE L’EXCUSRSION :

Illustration du cours de Dynamique des Bassins sédimentaires et Géoressources.

Voir un exemple de bassin sédimentaire de type intra-montagneux.

Examen des séries stratigraphiques du Pliocène remplissant ce bassin au sein du domaine


interne et reconnaissance sur le terrain des différents membres formant la série.

Description des aspects sédimentaires de certains de ces membres.

Repérer sur le terrain et examiner les structures tectoniques en relation avec la genèse du
bassin.

Observation d’une surface d’abrasion marine.

2) INTRODUCTION

Ce bassin est situé dans la zone interne rifaine à une distance environ de 15km de la côte
méditerranéenne, au SE de Oued Laou, mais pas dans sa vallée principale (Fig.1). Les failles limitant
le bassin affecte le soubassement qui est constitué par trois ensembles tectoniques empilés comme
suit : a) les Unités Sebtides occupant la position tectonique la plus basse et sont affectées par une
tectonique polyphasée et du métamorphisme, b) les Unités Ghomarides, non affectées ou faiblement
affectées par le métamorphisme alpin, elles occupent dans ce secteur la position la plus élevée par
rapport aux Sebtides et la Dorsale calcaire, elles sont principalement constitué par les grès et argiles
paléozoïques, c) La Dorsale calcaire se compose (principalement) des successions massives
carbonatées Triasico-liasiques ayant formé une bande carbonatée continue tout près des Ghomarides.

Pendant le Miocène supérieur, cette région a été affectée par une compression NNE-SSW,
alors que l’extension occupait une position perpendiculaire. À partir du pliocène, la compression a
progressivement tourné, dans le N du Maroc, jusqu'au NNW-SSE (Aït Brahim, 1991).

Le bassin de Tirinesse est un graben rectangulaire dirigé NE-SW (Fallot, 1937 ; Wildi et
Wernli, 1977) de 4km de long et ≈1km de large. Ses bords SE et NW correspondent à des failles
normales (Saji y Chalouan, 1995).

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Fig. 1 : Carte géologique de la région d’Oued Laou avec situation du bassin de Tirinesse et des coupes
transversales de la figure 4.

3) LE REMPLISSAGE SEDIMENTAIRE DU BASSIN DE TIRINESSE

Trois membres forment la succession sédimentaire remplissant le bassin de Tirinesse (Fig.2):


1) le membre basal (≈30m d'épaisseur) correspond à des dépôts fluviatiles reposant en discordance sur
des roches paléozoïques des Ghomarides. Il est constitué par les conglomérats d'Ibouharane
(Kornprobst et Wildi, 1970), des conglomérats polygéniques à éléments provenant de la dorsale
calcaire et des séries paléozoïques ghomarides ramenés par un paléo-courant venant de l'ouest, 2) le
membre moyen, avec une épaisseur minimum de 200m, il occupe la plupart du bassin. Il est
principalement constitué par les marnes jaunes et grises d’âge probable Zancléen inférieur, 3) un
membre supérieur (≈30m d'épaisseur) affleurant dans le SE du bassin et est constitué par un dépôt
chaotique à l'origine. Il s’agit d’un conglomérat mal stratifié dont les éléments sont issus
principalement de la Dorsale (conglomérats de Tamrabete). Ce membre repose partiellement au-dessus
des paléo-escarpements du bassin et surpasse la hauteur d'une plateforme d'abrasion façonnée dans la
Dorsale. Bien qu'il n'y ait pas de données directes pour déduire l'âge de cette plateforme d’abrasion,
nous pensons qu’il correspond probablement toujours au Zancléen bas.

Le remplissage du basin de Tirinesse semble se produire dans une vallée inondée


communiquant avec une mer ouverte au NE. La série montre un passage des environnements alluviaux
et d’estuaire (membre basal) à ceux marins (membres intermédiaire et supérieur).

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Fig. 2 : Colonne lithostratigraphique synthétique de la série pliocène du bassin de Tirinesse.

4) STRUCTURE DU BASSIN DE TIRINESSE

Les deux limites du bassin de Tirinesse correspondent à deux failles normales, celles de
Tamrabete et d’Ibouharane (Fig. 1 et 3). La faille de Tamrabete forme la limite SE du bassin. Sa limite
orientale un peu haute topographiquement est composée de dolomites triasiques de la Dorsale calcaire
externe (nappe de Tazoute). Dans l'escarpement de la faille, approximativement à une altitude de
580m, est édifiée une plateforme marine d'abrasion. Au moins 200m de sédiments du Zancléen sont
préservés dans le bloc supérieur. Selon ces données, le rejet de la faille de Tamrabete est au minimum
de l'ordre de 500m, et peut aller même jusqu'à 1000m. Considérons uniquement un jeu de 500m, celui-
ci est très fort pour une faille de seulement 4km de long (chose observable directement dans le bassin).

La faille d'Ibouharane forme la limite NW du bassin, elle forme la conjuguée de la faille de


Tamrabete. Son bloc inférieur est également constitué par les carbonates triasiques de la Dorsale
calcaires. Le jeu de la faille selon la coupe de la transversale A (Fig. 4) est clairement inférieur.

La limite NE du bassin montre un contraste topographique clair entre les marnes pliocènes et
le soubassement Ghomaride. Le contact peut correspondre à une faille normale qui pourrait
accommoder une partie de l'affaissement engendré par les deux failles de Tamrabete et d’Ibouharane.
Dans la bordure SW du bassin, le caractère transgressif des sédiments pliocènes ne permet pas de
vérifier l’existence d’une importante faille même si Saji et Chalouan (1995) indiquent des failles
normales dirigées WNW-ESE au niveau de cette limite SW du bassin.

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Les failles principales dont la faille de Tamrabete montrent des stries et des cannelures à pitch
sub-vertical, avec une légère composante senestre (pitch de 75-80º au SW). Localement des sédiments
du Zancléen sont clairement entraînés par le mouvement des failles (Faille d’Ibouharane).

Fig. 3 : Carte géologique de détail dans le bassin de Tirinesse avec localisation de la coupe A-A’

Fig. 4 : Coupes géologiques transversales dans le bassin de Tirinesse

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Au milieu du bassin, les sédiments pliocènes sont affectés par de nombreux joints verticaux de
direction N30E, plus ou moins parallèle aux deux failles principales. Dans la partie centrale du bassin,
ces sédiments plongent de 20-30° vers le SE en direction de la faille de Tamrabete, un dispositif
interprété comme étant dû à l'affaissement de la faille de Tamrabete.

5) DISCUSSION

La genèse du bassin de Tirinesse ne peut pas être expliquée sans considérer le contexte géologique
régional. En fait, un bassin tellement petit, limité par deux failles de 4km seulement de long avec un
remplissage de plusieurs centaines de mètres et un jeu de l'une des failles d’au moins 500m, ne peut se
former indépendamment des autres grands dispositifs géologiques. En fait, il est nécessaire de
considérer que les failles citées font partie d'un système de failles d'importance régionale.

La carte de Talembote montre seulement des failles discontinues, affaissant la bordure SE où les
Ghomarides s’affaissent clairement en comparaison par rapport à leur position dans la bordure NW
(coupe B-B’, Fig.3). Cet affaissement continue même de façon réduite dans la faille d’Ibouharane.
Ceci indique l’existence d’une discontinuité régionale affaissant la partie SE (ou soulevant celle du
NW) affectant transversalement les zones internes rifaines. Près de la côte, l’affaissement de la
bordure SE est partiellement compensé par la faille de Tamrabete qui se prolonge vers le NE qui a un
déplacement conjugué.

Tous ces mouvements des deux failles, qui sont plus longues que par rapport à ce qu’elles furent
considérées, contribuent à la formation d’un petit bassin fortement subsident et limité. Dans ce
contexte, le bassin de Tirinesse a été formé entre deux failles plus ou moins parallèles mais
antithétiques avec une plus longue extension par rapport à ce qu’elles furent considérées.

Le mouvement de ces deux failles opposées rappelle celui d’une paire de ciseaux. Ceci signifie que
le mouvement des failles où s’insèrent celles d’Ibouharane et de Tamrabete a été comme suit : alors
que le prolongement vers le SW de la faille d’Ibouharane a produit l’effondrement de sa bordure sud
dans les zones internes, celle de Tamrabete effondre la bordure NE là où est située la vallée de Oued
Laou. Elles bougent de manière opposée et la fosse correspondant au bassin de Tirinesse se produit
exactement dans la zone axiale de ce système en ciseaux.

Ces mouvements probablement ont du commencer à la fin du Miocène mais ils continuent durant le
Zancléen (Aït Brahim, 1991). Concernant le contexte géodynamique existant dans la zone d’étude, cet
auteur indique qu’à partir de la fin du Miocène, la compression régionale avait une direction NE-SW
avec une tension perpendiculaire. Cette direction de la compression coïncide avec celle des principales
failles du bassin de Tirinesse et la tension a facilité leurs mouvements. Durant le Pliocène suivant ce
même auteur la compression tourne graduellement à NNW-SSE.

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