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Alain PIQUE, né en 1939, a commencé à enseigner comme maître-

auxiliaire de sciences naturelles dans des collèges et lycées du Maroc.


Il a réalisé sa thèse de Doctorat d’Etat, à l’université Louis Pasteur de
Strasbourg, sur les massifs hercyniens de la Meseta marocaine nord-
occidentale. Par la suite, il a étendu son champ de recherches à d’autres
Ce livre est une approche synthétique de la géologie du Maroc, régions du Maroc, la marge atlantique, l’Atlas et l’Anti Atlas, étudiées
dans une approche structurale. Il a encadré une dizaine de thèses de
abordée à travers l’étude sédimentaire et structurale Doctorat sur le Maroc et il est l’auteur de nombreux articles scientifiques
des diverses régions du pays. et ouvrages de synthèse. Il a achevé sa carrière académique comme
Professeur émérite à l’université de Bretagne occidentale.

Une première partie examine, des régions sahariennes à celles de la Méditerranée, les Abderrahmane SOULAIMANI, né en 1964, est professeur de géologie
à la faculté des sciences de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Il a
domaines structuraux énumérés dans l’ordre de leur structuration majeure. On envisage
réalisé sa thèse de Doctorat de 3°cycle en 1992 puis celle d’Etat en 1998,
successivement le Sahara marocain et l’Anti Atlas, où dominent les roches précambrien- respectivement sur les déformations hercyniennes dans les Guemassa et
nes et les événements éburnéens et panafricains ; la Meseta, avec ses dépôts surtout dans l’Anti-Atlas occidental. Ses travaux de recherches actuels se sont
paléozoïques déformés par l’orogenèse hercynienne ; la marge atlantique, témoin de étendus à l’étude des orogènes protérozoïque et hercynien au Maroc. Il
s'est plus particulièrement attaché aux problématiques géologiques du
l’ouverture océanique ; l’Atlas, où les roches mésozoïques et cénozoïques témoignent sud marocain qu'il connaît bien, et qui ont fait l'objet de plusieurs de ses
des mouvements post-hercyniens; le Rif, enfin, où l’orogenèse alpine affecte profondé- publications scientifiques et d'encadrements de thèses.
ment des séries de provenances et d’âges très différents. Christian HOEPFFNER, né en 1948, a fait ses études supérieures à
l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Il est actuellement professeur au
Une seconde partie regroupe, dans une optique géodynamique, l’ensemble de ces domai- département de géologie à la faculté des sciences de Rabat. Il exerce son
activité de recherche en géologie structurale, et plus spécialement sur la
nes en examinant leur évolution commune au fil du temps selon une consolidation chaîne hercynienne de la Meseta marocaine qu’il a longuement parcourue
progressive du territoire du Maroc du sud vers le nord, par accrétion des divers segments depuis sa thèse de 3ème cycle sur le massif des Rehamna en 1974, son
orogéniques au craton ouest-africain. doctorat d’Etat sur les boutonnières paléozoïques de la Meseta orientale
de Taza à Oujda en 1987, et ensuite en participant à l’encadrement de
nombreuses thèses et à divers projets comme les actions intégrées et les
programmes de cartographie géologique.

SON PUBLIC SES AUTEURS Mohamed BOUABDELLI, né en 1952, a suivi ses études supérieures
à Rennes puis à Strasbourg. Il a été professeur à l’Université Cadi Ayyad
de Marrakech jusqu’en 2005. Sa thèse de Doctorat de 3°cycle,
Si brève et ramassée qu’elle soit, Un groupe de professeurs géologues, soutenue en 1981, a porté sur l’étude structurale des terrains paléozoï-
cette synthèse devrait être utile ayant exercé ou encore en fonction ques d’Azrou. Ses travaux se sont ensuite élargis à l’Est du Massif
central hercynien (bassin d’ Azrou-Khénifra), objet de son Doctorat
aux enseignants et aux étudiants dans les universités marocaines. Ils d’Etat, obtenu en 1989 à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. Il a
en géologie et, à ceux-ci, inspirer ont acquis une solide expérience de la ensuite assuré l’encadrement de nombreuses thèses dans les domaines
le désir de participer à leur tour à Géologie du Maroc, d’abord lors de la mésétien, atlasique et anti-atlasique. Il fut responsable de plusieurs
réalisation de leurs propres thèses, projets de coopération maroco-française, et a dirigé le laboratoire de
la grande aventure des déchif- géologie structurale, l’U.F.R. « Dynamique de la lithosphère : Structure et
freurs de la terre. Par ailleurs, les puis à t r a v e r s l e u r t r a v a i l Géoressources » et le département de géologie de la faculté des
amateurs et utilisateurs de la d’encadrement des doctorants. Sciences de Marrakech.
géologie y trouveront des répon- Outre les apports des auteurs dont Edgard LAVILLE, né en 1945, a été en poste pendant dix ans à
ses à leur curiosité ou à leurs chacun donne dans tel ou tel chapitre l’Université Mohammed V de Rabat. Au Maroc, ses recherches ont porté
d’abord sur la tectonique du Haut Atlas central qui a fait l’objet de sa
besoins professionnels. son expérience de terrain, mention est
thèse de Doctorat d’Etat, soutenue en 1985 à l' Université des Sciences
faite des travaux les plus significatifs et Techniques du Languedoc (Montpellier II). Par la suite, professeur à
réalisés depuis un siècle dans le pays. l’Université de Caen–Basse Normandie (UMR – CNRS 6143 « M2C»), il
a animé des programmes de coopération scientifique sur le domaine
atlasique, consacrés à l’évolution syn-rift et post-rift de l’Atlas et, depuis
quelques années, à la morphotectonique des piémonts atlasiques.
Mostafa AMRHAR, né en 1962, est professeur à l’Université Cadi
Ayyad de Marrakech. Ses travaux de recherches, consacrés à la chaîne
atlasique et à l’évolution structurale de la marge atlantique, ont fait
l’objet de sa thèse de Doctorat d’Etat. Il est l’auteur de plusieurs
publications scientifiques et responsable de projets de coopération
internationaux. Directeur du laboratoire de recherche «Géostructures,
géomatériaux et ressources hydriques», accrédité à la faculté des
sciences de Marrakech, il mène d’autres investigations, notamment
dans le domaine de l’apport thématique de la tectonique cassante à la
géologie du réservoir hydrique et à l’évaluation des risques naturels
dans les versants atlasiques.
Ahmed Chalouan, né en 1953, est professeur de géologie structurale
à la faculté des sciences de l’Université Mohammed V-Agdal de Rabat.
Il a obtenu son doctorat de 3°cycle en 1977 et le doctorat d’Etat en 1986
à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. Il a dirigé le laboratoire de
géologie structurale et le département de géologie de la faculté des
sciences de Rabat. Il a conduit, depuis une trentaine d’années, des
études et des programmes de recherche nationaux et internationaux sur
l’évolution tectonique de la chaîne du Rif. Il a encadré des dizaines de
thèses sur ce thème. Il est auteur de plus de 60 articles scientifiques
publiés dans des revues internationales. Il est co-éditeur du volume
spécial n° 262 de la Geological Society of London intitulé « Tectonics of
the Western Mediterranean and North Africa » paru en 2006.

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AVANT-PROPOS

Ce livre prolonge dans le temps celui qui avait été publié voici une dizaine
d’années sous le titre : Géologie du Maroc ; les domaines régionaux et leur évolution
structurale (éd. Pumag, 1994).
Depuis cette époque, la progression des recherches sur la géologie du Maroc a
amené un élargissement et un approfondissement considérable des connaissances dont la
simple réédition de l’ouvrage ne pouvait rendre compte. C’est pourquoi une réécriture
de l’ensemble sur la base du texte initial de Alain PIQUE a été envisagée, dans l’optique
cette fois d’une œuvre collective. Ainsi, chapitre par chapitre, les spécialistes des divers
domaines sont intervenus : Abderrahmane SOULAIMANI pour l’Anti Atlas, Mostafa
AMRHAR et Edgard LAVILLE pour l’Atlas, Mohamed BOUABDELLI et Christian
HOEPFFNER pour la Meseta, et Ahmed CHALOUAN pour le Rif.
Contrairement à la règle adoptée en 1994 qui cherchait à n’omettre aucune référence
significative, les co-auteurs se sont attachés pour alléger le texte à ne citer que les travaux
aisément consultables. Ceci élimine, et ce fut parfois un choix difficile à faire, les
communications aux congrès et les thèses restées inédites. Pour faciliter une prise de
contact rapide par les étudiants, chaque chapitre est suivi, en italiques, d’un court résumé
qui en reprend les données essentielles.
Toutes les figures ont été redessinées, souvent simplifiées et toujours modifiées
d’après celles des travaux dont tous sont cités dans le texte qui les accompagne.
Nous souhaitons que cet ouvrage puisse fournir aux étudiants du Maroc, pour
lesquels il a été écrit, une approche aisée et rapide de la géologie de leur pays.
1 1

1. INTRODUCTION : LE MAROC,
AFRIQUE SAHARIENNE, ATLANTIQUE
ET MEDITERRANEENNE

1.1. Les paysages 1.1.1. Le Maroc saharien et


présaharien
De la Méditerranée au Sahara et de
l’Atlantique aux Hauts plateaux algéro- L'extrême Sud saharien est établi sur
marocains, le Maroc offre une très des terrains cristallins précambriens.
grande diversité de paysages et de Quelques reliefs un peu plus accentués
climats (Fig. 1). Bien souvent, ces bordent le pays reguibate : au nord un
régions géographiques apparaissent, ensemble de cuestas E-W, constituées
aussi, comme des domaines par des couches sédimentaires
structuraux dont chacun présente une paléozoïques à très faible pendage au
histoire géologique particulière (Fig. 2). nord ; à l'ouest, des séries paléozoïques
plissées qui forment les reliefs
appalachiens du Zemmour au delà
desquels s'étend la plaine atlantique de
Tarfaya, Laayoun, Boujdour et Dakhla.

Fig. 1. Esquisse géographique du Maroc


2 2

Fig. 2. Carte géologique d’ensemble du Maroc


3 3

Les plateaux de la Hamada de 1.1.2.1. Le Haut Atlas


Tindouf (ou du Draa), constitués surtout
de calcaires, dominent les terrains C'est l'élément morphologique le plus
paléozoïques. Les rares oueds sont important du Maroc. Il sépare les
dirigés vers le centre de la cuvette de plateaux et les plaines atlantiques, au
Tindouf. nord et à l'ouest et le domaine saharien,
au sud et au sud-est. Une très forte
Au nord de l'oued Draa, l'Anti Atlas
différence dans les précipitations, bien
est un large bombement parallèle au
plus marquées sur le versant nord qu’au
Haut Atlas qui apparaît souvent en
sud se remarque dans la présence, au
arrière-plan. Sa partie occidentale et
nord, de forêts, anciennes et reboisées,
centrale s'élève à des altitudes
qui contrastent avec la sécheresse du
moyennes de 2000 m. Les terrains
versant sud de la chaîne, protégé des
précambriens affleurent au cœur de
vents d’origine atlantique.
"boutonnières" entourées par des séries
Le Haut Atlas occidental culmine au
sédimentaires paléozoïques qui s'allongent
jbel Toubkal à 4165 m. La partie la plus
en rides parallèles, orientées gros-
élevée du Haut Atlas occidental est
sièrement WSW-ENE. Les deux plus
constituée de terrains cristallins
importantes morphologiquement sont le
précambriens et paléozoïques. Sa cou-
jbel Bani et le jbel Ouarkziz. Des
verture mésozoïque plissée apparaît à
dépressions, les Feijas, sont occupées
l'ouest avec les couches tendres du
par des roches moins résistantes à
couloir d'Argana et les calcaires des
l'érosion. A l'est du coude du Draa, au-
Ida-ou-Tanane. On retrouve une
delà de Zagora, l'Anti Atlas oriental est
couverture plissée à la limite nord du
moins élevé ; il ne comporte plus que
Haut Atlas occidental, d'Imi n'Tanoute à
deux boutonnières de terrains anciens :
Amizmiz et au sud, entre le massif du
les jbel Saghro et Ougnate et, à l'est du
Tichka et la plaine du Souss.
Tafilalt, il s'ennoie sous la Hamada du
Le Haut Atlas central, du Tizi n'Tichka
Guir. Sur son flanc nord, l'Anti Atlas
à la vallée de l'oued Ziz, est occupé
central se raccorde morphologiquement
presque exclusivement par les séries
au Haut Atlas par l'avancée du jbel
mésozoïques plissées. Des massifs de
Siroua. En dehors du Siroua, Anti Atlas et
roches basiques affleurent dans la
Haut Atlas sont séparés par un ensemble
région d'Imilchil. La morphologie du Haut
de dépressions formant le Sillon sud-
Atlas central est dominée par des zones
atlasique, occupé par des calcaires et des
tabulaires, à 2000 m d'altitude, comme le
épandages détritiques subhorizontaux.
"Plateau des Lacs", séparées par des rides
où culminent le jbel Mgoun (4071 m) et le
1.1.2. Les Atlas jbel Azourki (3685 m).
Au-delà de la vallée de l'oued Ziz, le
C'est le pays de la montagne et de la Haut Atlas oriental élève ses plus hauts
haute montagne, relativement bien sommets à sa bordure nord, comme au
arrosé où naissent les grands oueds jbel Ayachi (3760 m) qui domine la
atlantiques dont l’Oum-er-Rbia, l'oued dépression de Midelt. La chaîne est
Moulouya qui se jette en Méditerranée traversée par la route de Fès à Rachidia
et ceux qui, comme le Ziz, se perdent qui emprunte le Tizi n'Talrhemt (2000 m)
dans les bassins endoréiques sahariens. puis la vallée du Ziz. Au-delà, les
terrains anciens réapparaissent dans les
boutonnières en cuvette comme celle
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du Tamlelt. L'aridité s'accroît vers l'est y sont suffisamment abondantes (500


et le paysage est, comme dans l'Atlas mm par an) pour qu’y subsistent des
algérien, la steppe à alfa. forêts, souvent dégradées, de chênes
verts. Ce massif est constitué de roches
1.1.2.2. Le Moyen Atlas sédimentaires plissées, plus ou moins
métamorphisées et de granitoïdes d’âge
Le chaînon moyen atlasique se paléozoïque. Plus au sud, les Rehamna
sépare du Haut Atlas dans la région de et les Jbilete sont d’autres massifs
Beni-Mellal et il s'étend en direction du paléozoïques, moins élevés (700 m
nord-est jusqu'à Taza. La bordure nord- pour les Rehamna, 1000 m pour les
occidentale est boisée avec des Jbilete), mais plus arides. Tous ces
chênes-verts et, au-dessus de 1600 m, terrains émergent de plaines, par
des cèdres, mais dans la bordure sud- exemple le Plateau des Phosphates
orientale, beaucoup plus aride, le dont le substratum mésozoïque et
chêne-vert cède la place à l'alfa. cénozoïque est resté tabulaire.
Le Moyen Atlas regroupe deux entités
structurales différentes : 1.1.3.2. La plaine côtière
- le "Moyen Atlas tabulaire", au nord-
ouest. C’est le Causse calcaire, des plateaux Elle s'étend entre l'Atlantique et
karstiques à 1800-2000 m d’altitude, l'ensemble des massifs et plaines du
parsemés de cônes volcaniques et de Maroc central. Le relief est plat, sauf à
coulées récentes ; l'extrême sud. Au nord, la Chaouia
- le "Moyen Atlas plissé", au sud-est. montre des dépôts principalement
Des cuvettes synclinales sont séparées récents avec des sols argileux sombres
par des lignes de crêtes où s'indi- ("tirs"). Les séries paléozoïques
vidualisent les plus hauts sommets : jbel n'affleurent que dans les vallées des
Tichoukt (2796 m), jbel Bou-Iblane oueds côtiers et dans celle de l'Oum-er-
(3190 m) et jbel Bou-Naceur (3340 m). Rbia, où elles servent d'ancrage à
plusieurs barrages hydroélectriques. Les
Doukkala prolongent au sud la Chaouia.
1.1.3. Le Maroc atlantique Le substratum ancien n'y affleure pas
sauf, très localement, à El Jadida. Des
Entre l'océan Atlantique, le Haut Atlas, le calcaires mésozoïques sont souvent
Moyen Atlas et le Rif, ce domaine recouverts par d'anciennes dunes
géographique forme un quadrilatère où on consolidées. Dans les Abda et, plus au
distingue des ensembles morphologiques et sud, les Chiadma, la plaine côtière se
géologiques. rétrécit et les collines des Haha sont, à
600-800 m d'altitude, le contrefort du
Haut Atlas.
1.1.3.1. Les massifs et les plaines
du Maroc central
1.1.3.3. Les dépressions périphériques
L’élément majeur est le Massif Central.
C’est un ensemble dissymétrique, dont Au nord, un ensemble déprimé
l’altitude moyenne s'élève vers le sud- sépare, sur une largeur de quelques
est, en direction du Moyen Atlas, le dizaines de kilomètres, de Rabat à
point culminant étant atteint au jbel Meknès, Fès et Taza, le Massif Central
Mtourzguène avec 1627 m. Les pluies et le Rif. Les dépôts, marneux et
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calcaires, marins et lacustres, portent Bokkoya. La ville de Tetouan occupe la


des sols rouges ("hamri") que le volume cluse de l'oued Martil qui coupe à angle droit
annuel des précipitations (500-600 mm) la ligne de crêtes. Au sud-est de la dorsale
rend fertiles sans irrigation. se trouve le jbel Tidirrhine (2452 m), le point
Les plaines du Haouz, entre Jbilete et culminant du Rif. Dans l'ensemble, la
Haut Atlas, et de Bahira-Tadla, entre Haute Chaîne est bien arrosée, avec des
Rehamna et Haut Atlas, sont comblées précipitations supé- rieures à 1000 mm
de dépôts alluviaux issus surtout de par an, ce qui permet l'installation de
l'Atlas et très arides, mais l’irrigation forêts de chênes et de cèdres. Vers l'est,
peut cependant y créer des périmètres cependant, l'altitude diminue et les
très fertiles. précipitations sont moins abondantes.
L'ensemble est drainé par l'oued Ouerrha
1.1.4. Le Maroc oriental et ses affluents.

Ce domaine est limité au nord et à 1.1.5.2. Le Moyen Rif


l'ouest par le Rif et le Moyen Atlas, au sud
par le Haut Atlas, et il s’ouvre à l'est sur C'est un domaine moins élevé, autour
l'Algérie. Les précipitations d'origine des villes de Ouezzane et de
atlantique sont bloquées sur les pentes Chefchaouène. Le substratum est formé
occidentales du Moyen Atlas; aussi, le surtout de schistes et de marnes.
Maroc oriental est une région aride, L'altitude moyenne est de 800 à 900 m,
avec une pluviosité annuelle inférieure à mais quelques massifs (jbel Sougna,
300 mm. Ce plateau d'un millier de Rhesana, Outka), constitués de terrains
mètres d'altitude prolonge les hauts- plus résistants, dépassent 1600 m
plateaux algériens. La couverture d'altitude. Comme la Haute chaîne,
tabulaire mésozoïque est accidentée par cette région est bien arrosée ; elle est
quelques bas massifs paléozoïques drainée par l'oued Loukkos.
(Debdou, Mekkam, Jerada, etc.) et par
un sillon récent où s’est logé la vallée
de l’oued Moulouya. 1.1.5.3. Le Prérif

1.1.5. Le Rif Les collines du Prérif, constituées


principalement de marnes et d'argiles
montrent des reliefs mous sauf au sud,
Cet arc montagneux, à convexité
dans les Rides prérifaines, où le jbel
orientée vers le centre du Maroc, borde
Zerhoun, avec ses 960 m, domine la
la Méditerranée. On y distingue plusieurs
plaine de Meknès.
sous-régions :

1.1.5.4. Le Gharb
1.1.5.1. La Haute Chaîne
C’est une plaine alluviale, comblée sur
Sur la côte méditerranéenne, un liseré une grande épaisseur par des limons
assez réduit en largeur est constitué de récents amenés du Moyen Atlas par
terrains cristallins anciens qui plongent l'oued Sebou et du Rif par l'oued
sous la mer au long d'une côte rocheuse. Ouerrha. Les sols, très riches, sont bien
Cette bande étroite est dominée par la exploités grâce à l'irrigation.
Dorsale calcaire, prolongée dans les
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1.2. Les étapes de l'exploration partir de 1904, sillonnera pratiquement


géologique du Maroc tout le Maroc, y compris les territoires non
soumis à l'administration centrale. Il résume
ses conceptions en 1920 dans une carte
1.2.1. Les anciennes exploitations géologique au 1/500.000.
minières
Comme ailleurs, la recherche des
substances minérales utiles a précédé les 1.2.3. Les grandes monographies
études purement géologiques. Au
A partir des travaux de leurs devanciers,
Moyen-âge, succédant sans doute à
mais avec des conditions de travail bien
des travaux plus anciens, des mines
moins périlleuses, une équipe de
étaient en exploitation ; au jbel Aouam,
géologues, rattachés pour la plupart au
dans le Massif central, on extrait du
jeune Service des Mines, s'attache
minerai de fer au cours de la première
ensuite à la cartographie des grandes
moitié du douzième siècle. Au début du
régions à une échelle plus précise,
seizième siècle, de l'argent provient du
souvent au 1/200.000: les Jbilete
massif ancien du Haut Atlas et du cuivre
(BARTHOUX, 1924), le pays Zaër
de l'Anti Atlas central. L'expansion
(LECOINTRE, 1926), le Maroc sud-
portugaise du seizième siècle coincide
occidental (ROCH, 1930), l'Atlas de
avec un essor important de la prospection
Marrakech (MORET, 1931), le Maroc
et de l'exploitation minière et, en 1579, le
oriental (RUSSO, 1926), le Prérif
sultan Moulay Ahmed négocie la vente de
(DAGUIN, 1927). A la même époque,
4000 quintaux de cuivre.
d’autres explorent le Sahara. Par la
1.2.2. Le début de l'exploration suite sont étudiés le Moyen Atlas et le
géologique Massif Central (TERMIER, 1936), le
Au dix-neuvième siècle, plusieurs Haut Atlas et l'Anti Atlas (NELTNER,
expéditions pénètrent au Maroc et, au 1938), le Rif (LACOSTE, 1934; FALLOT,
prix de grandes difficultés, parviennent à 1937), les Rehamna et le Maroc atlantique
y réaliser quelques observations, d’abord (GIGOUT, 1951). Parallèlement, l'œuvre
au nord du pays, de Tanger à Tetouan cartographique de CHOUBERT et de
(COQUAND, 1847), puis dans le Haut et son équipe s'exprime dès 1952 par la
l’Anti Atlas. En 1889, THOMSON très belle carte géologique du Maroc au
pénètre au cœur de l'Atlas ; il décrit le 1/500.000.
Massif ancien comme une île dans la
mer crétacée puis les grès rouges du 1.2.4. Les travaux modernes.
Nfis, déposés dans un lac de montagne, Alors que se poursuivent et s'affinent les
eux-mêmes plissés, individualisant ainsi, travaux des stratigraphes et paléontologues
dès cette époque, les mouvements du Ministère des Mines et d'autres services
hercyniens puis atlasiques. techniques, des équipes universitaires
Au début du vingtième siècle, le continuent l'inventaire. La progression
mouvement de recherche s'accélère. des travaux est accélérée par le Plan
Entre 1901 et 1907, BRIVES parcourt, national de Cartographie (PNCG) et
du Gharb à l'Atlas, à peu près tout le désormais le Maroc, pratiquement dans
Maroc occidental dont il donne une son ensemble est cartographié. On
description en 1909. LEMOINE traverse mesure ainsi le chemin parcouru en
les mêmes régions en 1904 et il complète quelques dizaines d'années.
les coupes de BRIVES. GENTIL, enfin, à
1 1

2. LE MAROC SAHARIEN
2.1 L'Afrique stable : le craton
Ouest-africain
Au Nord-Ouest de l’Afrique, le craton -fricaines, dont celle du sud du Maroc
Ouest-africain (Fig. 3 et DALLMEYER et dans l’Anti Atlas, et celle du Sahara
LECORCHE, 1991) est constitué de occidental, terminaison septentrionale des
terrains cristallins précambriens, les Mauritanides. Au Maroc, ces chaînes
boucliers de Léo et Reguibate, et de panafricaines sont reprises, de façon
leur plate-forme non déformée, à plus ou moins intense, à la fin du
remplissage essentiellement paléozoïque, Paléozoïque, dans le cadre de l’orogenèse
les bassins de Taoudenni et de Tindouf. hercynienne.
Autour du craton se moulent des
chaînes fini- précambriennes, dites pana-

Fig. 3. Le Maroc saharien


A. Carte du craton Ouest-africain, avec localisation de la figure B
B. Carte du Sahara occidental, avec localisation des coupes (1, 2) de la figure 5
2 2

211. La Dorsale reguibate


2.1.2. La plate-forme de Tindouf
La Dorsale reguibate affleure à
l’extrême sud du Maroc et elle s'étend 2.1.2.1. La série paléozoïque au
plus largement sur les territoires sud de Tindouf
mauritanien et algérien (Fig. 3 A,B). Le bassin de Tindouf se présente
Sous des dépôts récents : regs, dunes, sous une forme allongée WSW-ENE sur
sebkha ou hamada, cette région montre plus de 800 km de longueur. Ses séries
des terrains cristallins anciens, surtout paléozoïques, incomplètes à sa base,
des roches métamorphiques de haut reposent directement sur le socle
degré, gneiss, cipolins, amphibolites et cristallin reguibate et peuvent atteindre
migmatites, séparées par des granitoïdes. jusqu’à 10 km d’épaisseur. Elles
La partie occidentale du bouclier affleurent principalement le long des
reguibate est composée de terrains bordures du bassin et sont recouvertes
archéens : migmatites et quartzites dans toute la partie centrale par les
ferrugineux, alors que la partie centrale formations récentes du Crétacé de la
et orientale contient des roches moins Hamada.
métamorphiques et des granitoïdes C’est un bassin non déformé de forme
éburnéens (ROCCI et al., 1991). Le asymétrique. Au long de sa bordure
groupe lithostratigraphique le plus sud, les couches présentent un très
caractéristique du domaine occidental léger pendage (1 à 2°) vers le nord
est composé d'anciens niveaux tandis que, au nord, à la bordure
ferrugineux alternant avec des lits méridionale de l’Anti Atlas elles sont un
siliceux qui ont subi un métamorphisme peu plus basculées vers le sud, avec
souvent catazonal. Ce métamorphisme, des pendages moyens de 15° (Fig. 4).
daté à environ 3100 Ma, est contemporain Le contraste est grand avec les séries
du développement d'une foliation paléozoïques plus déformées de l'Anti
parallèle au litage sédimentaire. Les Atlas au nord de la plate-forme de
structures kilométriques sont des dômes Tindouf et celles du Zemmour plus à
qui résultent de phénomènes diapiriques. l'ouest, auxquelles la séquence de
Plus à l'est, on rencontre des séries Tindouf passe, en transition rapide, sur
volcano-sédimentaires (Birrimien I quelques dizaines de kilomètres.
d'Algérie et de Mauritanie) plissées et
métamorphisées avant le dépôt des a- Ordovicien (le Cambrien n'est
formations détritiques du Birrimien II. Le représenté que sur le flanc nord, dans
Birrimien II a subi un événement l’Anti Atlas) : grès et microconglomérats
tectono-métamorphique à environ 2040 du Groupe de Garat-el-Hamoueid, épais
Ma et les granites intrusifs dans la série ici de 0 à 60 m. Ils plongent très
se seraient mis en place entre 1970 et légèrement au nord et, d'après les
1755 Ma. C’est l’orogenèse éburnéenne. données géophysiques, leur profondeur
A l’issue de cet épisode orogénique, atteindrait 6 000 m sous le cœur du
le bouclier est définitivement stabilisé; il bassin de Tindouf. Ils réapparaissent au
n’est pas affecté par l’orogenèse nord, dans la couverture de l'Anti Atlas,
panafricaine que nous verrons plus bas où ils forment le Groupe du Second
développée dans ses zones périphériques, Bani, de l'Ordovicien supérieur ;
et les terrains de sa couverture
paléozoïque, parfois épais, sont
tabulaires et horizontaux.
3 3

Fig. 4. Coupe schématique dans le bassin de Tindouf


b- Silurien : Les faciès sont argileux d- Carbonifère
puis carbonatés, à nombreux graptolites. + Strunien : 100 m de matériel
Les roches sont parfois directement détritique fin, marin à Spirifer.
posées sur le socle ; + Tournaisien calcaréo-gréseux à
c- Dévonien Spirifer tornacensis et Syringothyris
+ Dévonien inférieur : 200 m d'épaisseur, cuspidata. Les épaisseurs s'accroissent
surtout gréseux dans la falaise de Dalaat- vers l'est et passent de 50 m au Maroc
ad-Dmyia. Des niveaux de fer à 100 m en Algérie ;
oolitique sont localement très abondants + Viséen inférieur et moyen calcaréo-
dans les couches transgressives, gréseux et argilo-marneux avec des
comme celles de l'Emsien terminal de niveaux de grès grossiers à laminations
Gara Djebilet en Algérie ; obliques. Dans les niveaux fins apparaissent
+ Dévonien moyen : 200 m environ, des goniatites (Munsteroceras cf.
schisto-gréseux puis marno-calcaire, subglobusum). L'épaisseur de l'ensemble
avec des bancs à polypiers ; passe de 90 m à l'ouest à 300 m à l'est ;
+ Dévonien supérieur : 200 à 300 m + Viséen supérieur marno-gréseux
d'épaisseur. Les faciès, argiles puis calcaire ; c'est le "Calcaire
violacées et gypse, révèlent une carbonifère", à Productus giganteus et
tendance régressive. La série s'achève polypiers, qui marque le maximum de la
par un conglomérat famennien. transgression. A présent, les zones
occidentales sont plus subsidentes que
4 4

les zones orientales, avec des épaisseurs à Dévonien) (SOUGY 1962, ARRIBAS,
respectives de 600 et 400 m ; 1968, SOUGY et BRONNER 1969). Des
+ Carbonifère moyen. La régression études préliminaires (LECORCHE et al.,
s'effectue au Namurien en direction de 1991) ont permis d'y distinguer plusieurs
l'est. Les niveaux continentaux sont unités, empilées d'ouest en est. La
rouges ou bariolés. Le Westphalien y a synthèse de VILLENEUVE (2005),
été daté, par Neuropteris, en sondage prenant en compte l’ensemble des
sous Tindouf. Mauritanides, y reconnaît, aussi, un
empilement d’unités allochtones,
énumérées d’est en ouest, du craton
2.1.2.2. Les dépôts récents vers la chaîne (Fig. 3B, 5, coupe 2) :
Ils seront étudiés plus loin, avec ceux - un avant-pays constitué du socle
de la bordure nord du bassin. Ouest-africain et de sa couverture
sédimentaire ;
- une unité parautochtone constituée de
2.2. Les marges du craton roches sédimentaires et volcaniques
surtout paléozoïques ;
2.2.1. Le Sahara occidental et le - une unité comprenant des roches
Zemmour ophiolitiques et métamorphiques pan-
africaines, et des ensembles sédi-
Cette vaste région, aux confins du mentaires et volcano-sédimentaires
Maroc et de la Mauritanie, comprend (Fig. paléozoïques ;
3 B) : - un ensemble de granites et de
- La chaîne cristalline des Ouled rhyolites calco-alcalins correspondant à
Dhlim, charriée sur le craton Ouest- une marge active panafricaine surmonté
africain par l'intermédiaire d'une mince par sa couverture paléozoïque
bande de terrains parautochtones. C'est le conservée dans des roches faiblement
chaînon le plus septentrional des métamorphiques ou sédimentaires ;
Mauritanides ; - une unité allochtone supracrustale
- Plus au nord, le Zemmour oriental avec des rhyolites, des tufs et des
subtabulaire et, à l'ouest, la chaîne roches métasédimentaires, toutes affectées
plissée du Dhlou. C'est l'avant-pays par un métamorphisme hercynien.
mauritanien, relié en continuité à l'Anti Si l’on considère l’ensemble des
Atlas occidental. datations radiométriques disponibles, il
semble que l’on doive distinguer une
2.2.1.1. Les Ouled Dhlim. phase orogénique « Panafricaine I », à
680-620 Ma, l’ouverture de fossés à la
La chaîne cristalline des Ouled Dhlim
(Adrar Soutouf) est la zone la plus marge occidentale du craton à 600-590
Ma, et enfin un événement hercynien à
septentrionale des Mauritanides (ALIA
330-270 Ma.
MEDINA, 1949). Isolé du reste de la
chaîne par la culmination de la Dorsale
reguibate, ce chaînon est assez mal
connu pour des raisons historiques. Il
est constitué de séries métamorphiques
qui ont été charriées vers l’est sur le
craton Ouest-africain par l'intermédiaire
d'une mince bande de terrains
parautochtones paléozoïques (Ordovicien
5 5

Fig. 5. Coupes dans le Sahara occidental (localisées sur la fig. 3)


1: Zemmour ; 2 : Ouled Dhlim
Sur le socle reguibate, la succession suggère l'existence de structures
paléozoïque autochtone à parautochtone probablement anciennes, semblables à
est la suivante: celles qui affectent les terrains anciens
- conglomérats et grès ravinants et autochtones, recoupées par les plans
tillites de l'Ashgill inférieur ; de cisaillement et les mylonites
- argiles sombres et calcaires à contemporains du charriage. Des structures
Scyphocrinus et orthocères du Silurien ; cassantes, enfin, sont attribuées au rifting
- shales et calcaires à crinoïdes, mésozoïque. On retrouverait la série
trilobites et ostracodes, siltites calcareuses autochtone au-delà de la klippe des
à Acrospirifer du Dévonien. Ouled Dhlim à l'ouest, en bordure du
Structuralement, du craton vers le bassin côtier de La'Youne.
front du charriage, c'est-à-dire d'est en
ouest, les séries paléozoïques montrent
des structures de plus en plus 2.2.1.2. Le Zemmour
pénétratives : des plis NNE-SSW à axe Les séries de couverture sont
horizontal et déversés à l'est dans les discordantes sur le socle précambrien ;
couches de l'Ordovicien supérieur et du au sud-ouest du Zemmour, les plus
Silurien, puis des plans de cisaillement anciennes reposent directement sur les
dans les grès dévoniens et, finalement, terrains cristallins.
des zones de mylonites au contact de la a- Carbonates à stromatolites du
série allochtone. A l'intérieur de celle-ci, groupe d'El Thlethyate, peut-être d'âge
Protérozoïque terminal ;
l'observation sur photographies aériennes
6 6

b- Groupe d'Oumat el Ham. n'augmente pas vers l'ouest ; par


Des grès ("Grès à scolites inférieurs"), contre, elle s'accroît très nettement vers
reposant directement sur le socle ont le nord, en direction de l'Anti Atlas.
fourni des fragments de Fallotaspis ( ?), e- Dévonien
et des calcaires à Archeocyathus ont La série, épaisse de plus d'un millier
été découverts, mais en position de mètres, est complète du Gédinnien
structurale incertaine. Au nord du au Frasnien et elle est aisément
Zemmour, une seconde formation corrélée avec celle de l'Anti Atlas
transgressive repose, elle aussi, occidental. Le Dévonien inférieur est
directement sur le socle. Elle est surtout schisto-gréseux, avec des
constituée de shales à graptolites du niveaux de calcaires lumachelliques à
Tremadoc (Adelograptus, Clonograptus), brachiopodes. Les grès de Tighirt,
de siltites à Dictyonema puis d'argiles eiféliens dans leur partie supérieure,
et de calcaires lenticulaires à trilobites contiennent des débris de plantes. Ils
de l'Arenig. La troisième formation, celle correspondent au quatrième Rich de
des "Grès à scolites supérieurs", est de l'Anti Atlas. Au Dévonien moyen, des
nouveau détritique. Le groupe est limité barres à polypiers apparaissent dans
à son sommet par une surface érosive. une série marno-calcaire, avec de
Les épaisseurs augmentent fortement, véritables biohermes. Le Dévonien
passant de 150 m en moyenne dans le supérieur est représenté par des siltites
Zemmour oriental à 700 m dans le plus ou moins argileuses attribuées au
Dhlou (Zemmour occidental plissé). Frasnien.
c- Groupe de Garat-el-Hamoueid La chaîne plissée des Mauritanides
Les terrains recouvrent une surface n'est pas connue à cette latitude, mais
érosive d'origine glaciaire où les stries le Zemmour présente les caractères
possèdent une orientation E-W. Les d'une ceinture externe (Fig. 5, coupe 1).
niveaux de base sont une tillite qui, vers Comme dans l'autochtone des Ouled
le sommet, passe à des grès à Dhlim, il existe un gradient de
façonnement aérien. L'épaisseur du déformation d'est en ouest : à l'est, les
groupe (0-200 m), est la plus grande à minces terrains de couverture qui
l'est où les terrains reposent reposent sur le socle reguibate ne sont
directement sur le socle. Contrairement pas déformés. Par contre, la
aux niveaux sous-jacents, l'épaisseur ne déformation se développe dans le
s'accroît pas dans le Dhlou où, par Zemmour central, sur une bande d'une
ailleurs, les caractéristiques glaciaires quinzaine de kilomètres de large; les
sont moins évidentes. Cette série plis, NNE-SSW, y sont à flanc E raide. A
azoïque est rattachée à l'Ashgill la frange occidentale du Zemmour, dans
supérieur par comparaison avec l'Anti la zone du Dhlou, elle aussi d'une
Atlas, où des niveaux semblables quinzaine de kilomètres de large, les plis
contiennent des faunes marines. sont plus serrés et des chevauchements
d- Silurien. vers l'est apparaissent, portant par
Il est représenté par des argiles et exemple les dolomies protérozoïques
shales à graptolites (Monograptus, sur les grès ordoviciens. Cette
Climacograptus, Diplograptus) puis par déformation n'est pas datée avec
des calcaires, parfois récifaux, à précision ; elle est postérieure aux derniers
Cardiola interrupta, Scyphocrinites terrains affectés, d'âge dévonien, mais sa
elegans et orthocères. L'épaisseur est limite supérieure n'est pas connue.
d'environ 90 m. Là encore, elle
7 7

222. L'Anti Atlas


La chaîne de l'Anti Atlas prolonge en Leur faible déformation, la grande
continuité celle du Zemmour vers le continuité des coupes et les parfaites
nord. De l'embouchure du Drâa jusqu'au conditions d'affleurement font de cette
Tafilalt, elle s'étend en direction ENE- région un secteur privilégié pour les
WSW sur plus de 700 km de long et études stratigraphiques et paléontologiques
environ 150 km de large (Fig. 3C, 6). du Paléozoïque inférieur et moyen.
Au point de vue structural, c'est un
vaste bombement anticlinal qui se 2.2.2.1. Les terrains précambriens
prolonge au-delà, avec une direction NW-
SE, dans la chaîne de l'Ougarta. Le long Les terrains protérozoïques de l’Anti
de son axe, cet anticlinal est érodé et les Atlas ont fait l’objet, dès le début du
ème
terrains anciens, précambriens, 20 siècle, de plusieurs études
affleurent dans des boutonnières qui géologiques basées sur des levés
jalonnent l'Anti Atlas d'ouest en est ; les cartographiques appuyés ensuite par
plus importantes, en superficie, sont des datations isotopiques. Jusqu’aux
celles du Bas Drâa, Ifni, Kerdous, Igherm, années 1980, ces travaux ont abouti à
Zenaga, Bou Azzer, Saghro et Ougnate. classer les terrains précambriens de l'Anti
D'ouest en est, le niveau d'érosion est Atlas en plusieurs unités
de moins en moins profond ce qui lithostratigraphiques successives :
traduit l'ennoyage progressif de la ride "systèmes, séries, complexes, etc.
anticlinale vers l'est. Les terrains (CHOUBERT, 1952, 1963). La subdivision
paléozoïques couvrent les flancs de l'Anti classiquement adoptée était la suivante :
Atlas. Ils sont peu développés sur la PI (Archéen et Paléoprotérozoïque), PII
bordure nord, le plus souvent faillée, qui (Néoprotérozoïque) et PIII (Néopro-
domine les sillons sud-atlasiques ; par térozoïque terminal) à quoi s’ajoutait
contre, ils s'étalent largement sur le l’Adoudounien ou Infracambrien.
flanc sud ; là, ils forment le Jbel Bani,
monoclinal ou plissé, et la bordure
septentrionale du bassin de Tindouf.

Fig. 6. Carte géologique schématique de l’Anti Atlas


8 8

Ces subdivisions souffraient de un substratum ancien d’âge paléo-


l’absence de datations précises, mais protérozoïque (∼2Ga), structuré lors de
aussi du lien imprécis et souvent erroné l’orogenèse éburnéenne et ii) des
établi entre le degré du métamorphisme terrains néoprotérozoïques associés au
des roches et leur âge, les séries les cycle panafricain (800 – 560 Ma).
plus métamorphiques n’étant pas Classiquement, les terrains précambriens
toujours les plus anciennes. Utilisant de l’Anti Atlas se répartissent en deux
cette nomenclature, plusieurs recons- domaines d’est en ouest: i) à l’ouest, un
titutions géodynamiques basées sur domaine cratonique caractérisé par
l’établissement des unités litho-structurales l’affleurement du substratum protérozoïque
et la nature et les relations mutuelles et appartenant au craton Ouest-africain
entre les roches intrusives et leur et ii) à l’est un domaine dit panafricain
encaissant ont été proposées mobile où seuls les terrains néo-
(CHOUBERT, 1963 ; LEBLANC, 1975 ; protérozoïques sont représentés à
LEBLANC et LANCELOT, 1980 ; BILAL l’affleurement (CHOUBERT, 1963). Ces
et DERRE, 1989 ; IKENNE et al., 1997 ; deux domaines sont séparés par
SAQAQUE et al., 1989a). l’Accident Majeur de l’Anti Atlas (AMAA)
A partir des années 1990, à la suite (CHOUBERT, 1947), grande suture
du lancement du Plan National de panafricaine de direction WNW-ESE qui
Cartographie Géologique (PNCG) par le jalonne l’Anti Atlas central, de la partie
Ministère de l’Energie et des Mines, de sud du massif du Sirwa (Siroua) jusqu’à
nouvelles études ont été entreprises, Zagora.
s’appuyant notamment sur de nouvelles
données géochronologiques, surtout les
+ Le Paléoprotérozoïque et l'orogenèse
datations par U-Pb sur zircon (BGS, éburnéenne
2001; THOMAS et al, 2002 ; WALSH et
Initialement connu sous le nom de la
al., 2002 ; GASQUET et al., 2004). Ces
« Série des Zenaga » et du « Kerdous »
travaux adoptent dans leurs classifications
(Précambrien I de CHOUBERT), le
la nomenclature en Supergroupes,
substratum ancien de l’Anti Atlas
Groupes et Formations recommandée
affleure exclusivement à l’ouest de
par la Commission internationale de
l’accident majeur de l’Anti Atlas
Stratigraphie. Pour l’instant, les études
(CHOUBERT, 1947 et Fig. 7). C’est un
restent souvent ponctuelles, à l’échelle
socle cristallophyllien (schistes, paragneiss,
de telle ou telle boutonnière, et peu de
migmatites, dolérites, etc.), recoupé par
modèles lithostratigraphiques synthé-
des plutons granitiques et granodioritiques et
tiques à l’échelle de l’Anti Atlas sont
affecté d’une foliation composite très
établis (THOMAS et al., 2004 ;
localement horizontale.
GASQUET et al. 2005). On utilisera ici
la nouvelle nomenclature tout en Dans l’Anti Atlas central, le
rappelant, chaque fois qu’il sera « complexe des Zenaga » (THOMAS et
nécessaire, les équivalents dans al., 2002) est constitué de schistes
l’ancienne classification, encore bien supracrustaux, de gneiss et de migmatites,
admise dans la littérature géologique de recoupés par des plutons de nature
l’Anti Atlas. calco-alcaline, tels la tonalite d’Asourg
Il ressort aussi bien des travaux (2032 ± 7 Ma), la granodiorite
anciens que récents que les terrains d’Azguemerzi (2032 ± 5 Ma), et le
précambriens de l’Anti Atlas sont formés granite de Tazenakht (2037 ± 9 Ma).
par deux grands ensembles distincts: i) Ces divers plutons recoupent une série
9 9

de schistes qui, peu métamorphiques LEBLANC, 1975). Dans le massif de


au nord de la boutonnière, évoluent au Bougmane, des leptynites, gneiss, et
sud-est vers des micaschistes à grenat amphibolites sont déformés et
et sillimanite renfermant des lentilles localement mylonitisés, probablement
d’amphibolites. L’âge de l’encaissant, lors de la phase d’écaillages qui affecte
établi à partir de celui de zircons cette zone de suture panafricaine
reliques dans les corps plutoniques (RAHIMI et al., 1999). Cependant, cette
(THOMAS et al., 2002), est estimé à 2 attribution basée uniquement par le
170 Ma. Cet encaissant métamorphique simple degré de métamorphisme élevé
est affecté par une foliation générale est remise en cause par des datations
d’âge éburnéen d’orientation E-W à NE-SW dans le massif de Tazegzoute (753 ± 1
(ENNIH et al., 2001 ; SAIDI et al., 2001). Ma pour les gneiss œillés et 752 ± 2.4
Le long de l’Accident Majeur de l’Anti Ma pour les métagabbros associés).
Atlas, les affleurements paléo- Ces âges néoprotérozoïques
protérozoïques sont rares. On les décrit correspondent à ceux de la
uniquement dans la boutonnière de Bou cristallisation du protolite magmatique.
Azzer-El Graara (CHOUBERT, 1963 ;

Fig. 7. Carte des affleurements éburnéens dans l’Anti Atlas avec les
datations radiométriques des granitoïdes éburnéens
10 10

Plus à l’ouest, dans le massif du plutonique de l’Anti Atlas (WALSH et al.,


Kerdous, le « complexe du Kerdous » 2002). L’encaissant des intrusions est
est un mélange de roches métamorphiques formé de séquences turbiditiques
et magmatiques similaires (BGS, métamorphisées dans le faciès schistes
2001a,b). Leur disposition est toutefois verts où s’intercalent des niveaux
ici de forme concentrique, tout comme volcaniques affectés par une foliation
la foliation qui les affecte, suggérant une ESE-WNW plan axial de plis isoclinaux
mise en place sous forme de dômes faiblement plongeant (WALSH et al.,
syn-métamorphiques (SOULAIMANI et 2002).
PIQUE, 2004). De la périphérie au Dans la boutonnière d’Ifni, le socle
centre de cette structure on passe de paléoprotérozoïque est représenté par
roches de faible degré de métamorphisme, le seul granite d’Alouzad (JEANNETTE
les schistes, phyllites et psammites et al., 1981), non encore daté par U-Pb,
d’origine turbiditique du Groupe de Had- et dont les roches encaissantes ne sont
n’Tahala (BGS, 2001a,b), aux gneiss et que ponctuellement représentées à
migmatites du Plateau de Tasserirt. l’affleurement.
Localement, des roches épiméta-
morphiques sont associées à des Dans la boutonnière du Bas Drâa, les
épisodes de métamorphisme rétrograde. granites d’Aouinat Aït Oussa et de Sidi
Comme à Tazenakht, plusieurs plutons Saïd qui recoupent un encaissant
calco-alcalins ont livré un âge schisteux et gneissique ont livré des
paléoprotérozoïque : le granite d’Amaghouz âges compris entre 1987 et 2020 Ma.
(2058 ± 1 Ma), le granite de Tahala Selon la même méthode U-Pb sur
zircons, des âges similaires sont attribués
(2060 ± 12 Ma) et celui d’Anammr (2058
au granite d’Aït Makhlouf à Igherm (2050
± 11 Ma) (BGS, 2001a). Une autre ± 6 Ma : AIT MALEK et al., 1998) et aux
datation (U-Pb) du granite de Tahala,
granites calco-alcalins peralumineux
fixée à 2043 ± 1.8 Ma (BARBEY et al.,
dans la Tagragra d’Akka (2047 Ma :
2004) écarte définitivement l’hypothèse
GASQUET et al. 2004).
émise antérieurement par les mêmes
auteurs (NACHIT et al. 1996) de Tous ces terrains anciens sont
l’absence de roches paléoprotérozoïques recoupés par un réseau complexe de
ici. dykes de méta-dolérites dont certains
Au SW du Kerdous, le massif de sont à associer au magmatisme
Tazerwalt (Tazeroualt) présente des paléoprotérozoïque comme l’atteste leur
formations précambriennes similaires. datation à 2040 ± 6 Ma dans la
Le granite de Tazerwalt y est daté à 1 Tagragra de Tata (WALSH et al., 2002).
973 Ma par la méthode Rb-Sr. De même, des pegmatites et granites
leucocrates à muscovite et tourmaline
On retrouve un substratum comparable
recoupent localement les granitoïdes
un peu partout dans les autres
anatectiques et livrent, sur des
boutonnières de l’Anti Atlas occidental.
muscovites, des âges Rb-Sr dispersés
Dans la Tagragra de Tata, les granites
entre 1860 et 1500 Ma (CHARLOT,
de Targant (2046 ± 7 Ma) et d’Oudad
1978 ; CAHEN et al. 1984 ;
(2041 ± 6 Ma) recoupent une séquence SOULAIMANI et PIQUE, 2004).
métavolcanique datée à 2072 ± 8 Ma.
Il faut en outre souligner que des
Notons que cette dernière datation est
microgranites porphyriques et des
le seul âge direct clairement établi pour
pegmatites associées à des filons
le substratum paléoprotérozoïque non
basiques sont datés dans la Tagragra
11 11

d’Akka à 1760 Ma par U-Pb sur zircons -a. Les dépôts de marge passive
(GASQUET et al., 2004). Ces auteurs (Groupe de Taghdoute)
associent ces roches du Paléo- Les roches de ce groupe forment les
protérozoïque terminal à des manifes- principaux reliefs résiduels qui
tations magmatiques cachées, peu caractérisent les boutonnières de l’Anti
représentées dans les autres boutonnières Atlas central et occidental. Il s’agit d’une
de l’Anti Atlas. pile calcaréo-quartzitique de plusieurs
On retiendra de ce survol que les milliers de mètres d’épaisseur connue
terrains cristallins les plus anciens de sous le nom du « Système des Calcaires et
l’Anti Atlas sont presque exclusivement des Quartzites » (NELTNER, 1938 ;
des granitoïdes pour lesquels les âges CHOUBERT, 1952), ou « Précambrien
2
radiométriques U-Pb indiquent une mise II » (CHOUBERT et FAURE-MURET,
en place légèrement antérieure à 2000 1970) ou encore « PII inférieur »
Ma. Localement, des études Rb-Sr (LEBLANC, 1975). Le contact de ces
livrent des valeurs plus jeunes, formations avec le socle éburnéen
suggérant ainsi une ou des reprises parfaitement pénéplané est dans la
thermiques postérieures. Il ne fait donc plupart des cas d’ordre tectonique,
pas de doute que la croûte considérée a souvent matérialisé par des plans de
subi une mobilisation qui correspond cisaillement sub-horizontaux ou verticaux,
par son âge à l’orogenèse éburnéenne. et rarement discordant comme c’est le
Cependant, beaucoup de travail reste cas au Tizi n’Taghatine. Les terrains,
encore à accomplir pour cerner les toujours plissés, sont souvent en
aspects structuraux de cette orogenèse affleurements chaotiques, surtout dans
et, a fortiori, en délimiter les caractéristiques l’Anti Atlas occidental, sans doute à la
géodynamiques. suite à d’effondrement ultérieurs. On les
retrouve aussi, le long de l’AMAA, en
+ Le Néoprotérozoïque et l'orogenèse écailles et lambeaux isolés au sein d’un
panafricaine (le Supergroupe de l’Anti système de chevauchements panafricains.
Atlas) Là où elles affleurent, ces séries sont
Dès le début du Néoprotérozoïque, intimement liées à des roches
une dislocation fragmente la bordure nord volcaniques basiques tholéitiques
du craton Ouest-africain. A ce stade de injectées sous forme de sills
rifting sont associées trois séquences concordants, de laves ou de réseaux
synchrones qui s’intègrent dans le cadre filoniens (CHOUBERT et FAURE-
de l’évolution du cycle panafricain et MURET, 1973 ; HAFID et al., 2001 ; EL
traduisent sa paléogéographie et son AOULI et al., 2001).
contexte géotectonique: i) les dépôts de
plateforme cratonique à l’ouest et au
centre ; ii) la croûte océanique
représentée dans les vestiges d’un
complexe ophiolitique qui jalonne
l’AMAA ; iii) les formations volcano-
sédimentaires de bassins océaniques
dans l’Anti Atlas central et oriental,
associées ou non à des roches d’arcs
témoins de subductions océaniques (Fig.
8).
12 12

Fig. 8. Les événements tectoniques au Précambrien dans l’Anti Atlas

Dans l’Anti Atlas occidental, au nord pélitiques, des conglomérats et surtout


du Kerdous, le Groupe des Calcaires et des puissants niveaux quartzitiques
des Quartzites, nommé ici Groupe du comme ceux du jbel Lkest. Ceux-ci sont
Jbel Lkest (BGS, 2001a,b), forme une d'anciennes arénites, très matures, dont
série, épaisse de 2000 à 3000 m au le matériel est probablement issu du
Jbel Lkest, qui montre des variations bouclier africain. Au sein de ces
latérales importantes. Son contact quartzites, des intrusions basiques de
cisaillant sur le socle éburnéen est sans dolérites et de gabbros se sont mises
doute une ancienne discordance réutilisée en place sous forme de sills et de
ultérieurement en zone de détachement laccolites plus ou moins concordants
décrochevauchante dextre (SOULAIMANI avec le litage sédimentaire (Suite de
et PIQUE, 2004). C’est un ensemble Toudma : BGS, 2001a,b). Leur affinité
détritique avec des siltites, des grès géochimique est tholéiitique. Dans le
13 13

reste de l’Anti Atlas occidental des ceux décrits plus à l’ouest, témoignent
quartzites épicontinentaux plus ou d’un stade juvénile de l’installation d’une
moins puissants, souvent plissés, se marge continentale en extension
présentent en affleurements disparates (BOUOUGRI et SAQUAQUE, 2004). Le
dans l’extrême sud-ouest de la long de l’AMAA, le Groupe des
boutonnière du Bas Drâa (CHOUBERT et Calcaires et des Quartzites affleure de
FAURE-MURET, 1969), dans les massifs façon discontinue, en lambeaux
d’Ida ou Zekri et d’Ida ou Zedoute dans la allochtones peu épais, depuis le massif
boutonnière d’Irherm (CHOUBERT et du Sirwa (Siroua) jusqu’à la boutonnière
FAURE-MURET, de Bou Azzer-El Graa (CHOUBERT,
1973), et dans les boutonnières d’Ifni 1963 ; LEBLANC, 1975 ; LEBLANC et
(JEANNETTE et al., 1981), d’Aït Abdellah MOUSSINE-POUCHKINE 1994 ;
et d’Alma. C’est dans ces régions qu’a BOUOUGRI et PORADA, 2002). Dans
été définie la série d’Ourty, association le chaînon de N’kob (massif du Siroua),
de vulcanites basiques, de calcaires et de ces dépôts enregistrent une plus grande
schistes séréciteux, recouvrant le instabilité tectono-sédimentaire et ils
système des quartzites (CHOUBERT témoignent d’un stade plus mature de
et FAURE-MURET, l’évolution d’une marge continentale (EL
1973). BOUKHARI et al., 1991 ; BOUOUGRI et
Dans l’Anti Atlas central, à l’ouest des SAQUAQUE, 2000). Là aussi, un
Zenaga, la coupe du Tizi n’Taghatine important réseau filonien doléritique à
(NELTNER, 1938) montre plusieurs composition de tholéites continentales
milliers de mètres de quartzites accompagne cette activité extensive
autochtones qui reposent directement (HAFID et al., 2001). Ces manifestations
sur le socle éburnéen. Des calcaires sont datées à 787±10 Ma (CAHEN et
souvent stromatolitiques s'y intercalent. al., 1984) et attribuées à la Suite
Ces faciès, aisément corrélables avec d’Ifzwane (THOMAS et al., 2002, 2004).
14 14

Fig. 9. Carte de la chaîne panafricaine du Siroua et de Bou Azzer


15 15

-b. Le Groupe de Bou Azzer et L’âge néoprotérozoïque des ophiolites


l’océanisation néoprotérozoïque de l’Anti Atlas central est fixé par la
Le long de l’AMAA, des lambeaux méthode Rb-Sr à 788 ± 10 Ma
ophiolitiques sont emballés au sein des (CLAUER, 1974), âge de l’effet thermique
séries volcano-sédimentaires et des induit dans les sédiments pélitiques de
plutons basiques à intermédiaires Tachdamt par des dykes basiques
(CHOUBERT, 1947 ; LEBLANC, 1973, probablement contemporains de
1975 ; SCHERMERHORN et al. 1986 ; l’océanisation. Dans le Siroua, une
BRABERS, 1988 ; SAQUAQUE et al., datation U-Pb sur zircons confirme cette
1989a,b ; ADMOU et JUTEAU, 2000; dernière datation en livrant un âge de
THOMAS et al., 2002). 762 ± 1 Ma pour le plagiogranite de
Le complexe ophiolitique de Bou Tasriwine associé à l’ophiolite (SAMSON
Azzer-El Graara affleure sur une et al. 2004).
longueur de 15 km et une largeur de 4 km
(LEBLANC, 1975, 1976). Il correspond -c. Les formations volcano-
aux vestiges d’une lithosphère sédimentaires du Groupe du Saghro
océanique disloquée au cours de (Cryogénien)
l’orogenèse panafricaine. De bas en Le long de l’Accident majeur de l’Anti
haut on rencontre successivement : des Atlas, du Siroua (Sirwa) vers Bou-Azzer,
péridotites mantéliques serpentinisées, des ensembles volcano-sédimentaires
sur une épaisseur de 2000 m ; des complexes sont associés aux écailles
cumulats ultrabasiques et basiques des calcaires et quartzites. Au sein de la
avec, à leur sommet, des microgabbros même série, l'importance des calcaires
et des diorites quartziques recoupés par et des quartzites diminue progressivement
des dykes basiques ; des diabases et au fur et à mesure que se développent
des laves spilitisées en coussins et une des shales noirs avec des niveaux de
série volcano-sédimentaire au sommet siltites et de jaspes et, surtout, des
de laquelle se trouvent des intercalations coulées volcaniques acides et basiques.
calcaires et quartzitiques de faciès A Bleïda, au sein de shales noirs épais
identiques à ceux de la plate-forme (Fig. 9). de 500 à 1 000 m, une minéralisation en
Au nord-ouest, dans le massif du sulfures de cuivre dont l’exploitation est
Siroua (Sirwa), on retrouve le prolongement actuellement abandonnée se développe.
du complexe ophiolitique de Bou Azzer- Ces ensembles volcano-détritiques sont
El Graara (SCHERMERHORN et al. interprétés comme des dépôts de marge
1986 ; THOMAS et al., 2002). Des unités continentale, équivalents latéraux de la
lithologiques complètes d’une séquence couverture de plate-forme cratonique
ophiolitique sont décrites dans la localité (LEBLANC, 1975 ; LEBLANC et BILLAUD,
de Khezama, ici aussi très tectonisées 1978).
et métamorphisées. Il s’agit de serpentines, Dans le Siroua (Sirwa), l’équivalent du
de harzburgites, méta-wehrlites et méta- Groupe du Saghro est une série dont
pyroxenites associées à des cumulats l’épaisseur est estimée à plus de 8 000
gabbroïques et à un complexe filonien, m, affectée par un réseau d’accidents
le tout surmonté d’une unité sommitale de chevauchants et découpée en six
basaltes en coussins. C’est dans ce formations (THOMAS et al., 2002). Les
complexe ophiolitique qu’est décrit l’un quatre formations de base indiquent une
des plus anciens systèmes hydrothermaux sédimentation flyschoïde associée à
océaniques fossiles connus à ce jour des formations volcaniques et volcano-
(ADMOU et JUTEAU, 2000). clastiques dérivées d’un arc volcanique
16 16

proche (Arc d’Iriri) ; les formations continentaux (LECOLLE et al., 1991 ;


sommitales sont plutôt de nature FEKKAK et al., 1999 ; FEKKAK et al.,
conglomératique et arkosique. Dans le 2002). Au sein des turbidites, des
Siroua, le Groupe du Saghro montre ainsi coulées basaltiques à composition de
l’évolution d’un bassin océanique tholéites de rifts continentaux s’intercalent
néoprotérozoïque depuis son extension (OUGUIR et al., 1994 ; MOKHTARI et
jusqu’au comblement qui culmine lors al., 1995 ; FEKKAK et al., 2001).
du paroxysme panafricain fixé à 660 Cependant, le contexte géotectonique
Ma. Son âge reste cependant peu de cette sédimentation reste encore
contraint. Il est plus ancien que 614 Ma, débattu. En effet, à Imiter, certaines
âge du granite d’Ida ou Illoum qui le caractéristiques sédimentologiques et
recoupe, voire plus ancien que 660 Ma, surtout l’abondance de fragments
âge du métamorphisme régional volcaniques attestent d’une sédimentation
associé au paroxysme panafricain ici, de marge continentale active dont les
d’autant plus que ses niveaux flyschoïdes sédiments proviendraient d’un arc
de base contiennent des horizons volcanique sur croûte continentale situé
diamectiques glaciaires, corrélés à la plus au nord (OUGUIR et al., 1994). En
glaciation généralisée connus ailleurs au revanche, l’influence de telles sources
Gondwana à environ magmatiques est exclue pour les autres
700 Ma (THOMAS et al., 2004). massifs où les dépôts sont à associer à
Dans le jbel Saghro, les terrains les un contexte de marge passive issue de
plus anciens correspondent à des séries l’extension d’un rift continental, loin de
sédimentaires et volcano-sédimentaires tout contexte d’arc (FEKKAK et al.,
qui affleurent dans les boutonnières de 2002). Dans ce contexte, les concen-
Sidi Flah-Bouskour, de Kelaat Mgouna, trations métalliques de la région d’Imiter
de Boumalne du Dades (FEKKAK et al., étaient interprétées comme le résultat
2002) et d’Imiter (MARINI et OUGUIR, d’un hydrothermalisme plus ou moins
1990 ; OUGUIR et al., 1996). Dans cette diffus et d’un volcanisme distensif
dernière, au sud de Tineghir, c’est une contemporains, où elles sont fixées par
série sédimentaire d’au moins 1200 m la matière organique abondante. On
d’épaisseur à dominante grésopélitique peut aussi y voir la manifestation d’un
qui se termine par des schistes noirs épisode extensif post-panafricain.
encaissant le gîte argento-mercurifère
d’Imiter (GUILLOU et al., 1988 ; -d. Les formations d’arc magmatique
CHEILLETZ et al., 2002 ; LEVRESSE et (Groupe d’Iriri)
al., 2004). Les faciès confinés de shales C’est un ensemble associé à
riches en matière organique sont liés à l’océanisation néoprotérozoïque, constitué
des effets locaux (morphologie du de roches d’arc magmatique formées
bassin) ou à des épisodes de sédi- dans un contexte de subduction océanique
mentation anoxique d'ampleur globale. au nord du craton Ouest-africain. Dans
Ces formations terrigènes, surtout le Siroua, les roches d’arc, souvent en
turbiditiques, correspondent à un contact tectonique avec les autres
environnement de bas de marge où formations, sont les schistes de Tachakoucht
l'alimentation venait du nord (MARINI et et des tonalites orthogneissifiées
OUGUIR, 1990; OUGUIR et al. 1994). (Migmatite d’Iriri : THOMAS et al.,
Dans l’ensemble du Saghro, l'extension 2002). Ces dernières, datées à 743 ± 14
crustale pré-panafricaine est peu Ma, se forment donc postérieurement à
importante et les bassins restent intra- l’océanisation dont l’âge de formation
17 17

est actuellement fixée à 762 ± 1 Ma matériel ophiolitique dans une matrice


(SAMSON et al. 2004). On associe métasédimentaire.
aussi à ces formations d’arc les gneiss de Une situation comparable est décrite
l’Ourika dans le Haut Atlas (THOMAS dans le jbel Siroua (Sirwa), où
et al., 2004) SCHERMERHORN et al. (1986)
A Bou Azzer-El Graara, des séries distinguent des ophiolites d'avant-arc
volcano-sédimentaires écaillées et (formation de Tourtit) et un arc insulaire
métamorphisées, associées aux (gneiss de Tachoukacht). Des roches
schistes bleus, amphibolites et roches volcaniques, actuellement méta-
basiques sont interprétés comme un morphiques et foliées, indiquent, par
assemblage d’avant-arc et un prisme leurs spectres géochimiques, un envi-
d’accrétion (SAQUAQUE et al. 1989a ; ronnement typiquement océanique de
NAIDOO et al., 1991), développés sur rides médio-océaniques et d'îles intra-
une zone de subduction plongeant vers le océaniques (ADMOU et JUTEAU, 2000,
nord. Des travaux antérieurs (BODINIER THOMAS et al. 2002) ; des dolérites et
et al., 1984) attribuent ces formations à des laves d'affinité boninitique sont
un bassin marginal ou arrière-arc lié à une attribuées à l'activité d'un arc insulaire
subduction à pendage sud. intra-océanique (CHABANE et al., 1991).
Ainsi, la répartition des terrains du
Protérozoïque supérieur montre, du
-e. L’orogenèse panafricaine
sud-ouest au nord-est, le passage d'une
• La disposition des terrains plate-forme cratonique où dominent les
A Bou Azzer-El Graara, (Fig. 9), calcaires et les quartzites à une marge
SAQUAQUE et al. (1989a) montrent passive avec sa série volcano-
que la disposition d'ensemble est sédimentaire, toutes deux caractérisées
complexe et ils distinguent trois zones : par un magmatisme basique tholéiitique
et, enfin, une croûte océanique représentée
- une unité nord-est, autochtone
par les ophiolites de Bou Azzer. Au-delà,
probable. Elle est constituée de
vers le nord-est, c'est l'arc volcanique et,
sédiments protérozoïques détritiques,
probablement, une croûte continentale
épais d'au moins 2000 m, et de coulées
cachée à l'affleurement. Ce dispositif
acides et basiques transformées en
résulte d'une distension crustale con-
spilites et en kératophyres. L'ensemble
temporaine de la mise en place des
est recoupé par des diorites
intrusions de gabbros et de diabases,
quartziques. Il s'agit ici de dépôts de talus
datée à 788 ± 8 Ma par géochimie Rb-
continental, à l'avant d'un arc volcanique
Sr sur des sédiments métamorphisés
;
dans l'auréole de contact de ces massifs
- une unité centrale, en contact avec les basiques.
terrains du nord-est par des
décrochements sénestres. C'est le
complexe ophiolitique disloqué, recoupé • La collision panafricaine majeure
par des plutons de diorites quartziques A Bou Azzer-El Graara, le rap-
et des filons ; prochement tectonique des différentes
- une unité sud-ouest, clairement unités s'est effectué lors de la collision
allochtone. C'est un mélange de oblique des terrains d'avant-arc avec
sédiments océaniques, de roches l'arc volcanique lui-même, situé au NE,
volcaniques basiques alcalines et de et le craton éburnéen au SW, suivie de
la migration du magmatisme d'arc à
18 18

travers les écailles. On empruntera à métamorphisme épizonal a été fixé,


SAQUAQUE et al. (1989b) les toujours par la méthode Rb-Sr, à 685 ±
conclusions suivantes, tirées d'une 15 Ma dans la boutonnière de Bou
étude des structures liées à la mise en Azzer (CLAUER, 1974). Il s'agit d'un
place de corps magmatiques, diorites événement thermique panafricain.
quartziques et granodiorite de Bleida, De même, l'arc insulaire intra-
intrusifs dans des métasédiments, des océanique du Siroua-Sirwa est charrié,
roches volcano-sédimentaires et des vers le sud, sur la marge cratonique
serpentinites de cette boutonnière de Bou (SCHERMERHORN et al., 1986). Les
Azzer. Un grand nombre de corps datations réalisées dans des gneiss
magmatiques sont en gros contemporains tonalitiques au sein des migmatites
de la phase majeure de la déformation d’Iriri indiquent aussi un âge plus récent
panafricaine. De récentes datations des (663 ± 13 Ma) attribué au métamorphisme
ces granitoides calco-alcalins donnent régional associé à la mise en place
des âges de cristallisation de 653 ± 1,6 migmatitique et donc à la déformation
Ma pour la diorite quartzique d’Aït panafricaine majeure dans ce secteur
Abdallah et la granodiorite de Bou (THOMAS et al., 2002).
Offroh, et 640 ± 8 Ma pour la diorite Dans la région d'Imiter, à la partie
orientale du Saghro, à une centaine de
quartzique d’Ousdrate (INGLIS et al.
kilomètres au nord-est de la suture de
2005). Les deux premiers plutons sont
Siroua-Bou Azzer, la déformation pan-
synchrones de la déformation panafricaine
africaine est étudiée dans des
majeure qui s’est opérée dans un climat
métamorphique de type Schistes verts, granitoïdes et leur encaissant (IGHID et
tandis que le massif d’Ousdrate montre al., 1989). La schistosité régionale,
d'orientation générale N 60 E, subit des
des caractères tardi-tectoniques. Sur le
virgations à proximité des corps intrusifs
plan géochimique, ces granitoïdes syn-
ainsi que le long de zones cisaillées de
à tardi-collisionnels présentent une
tendance moyennement potassique, ce largeur kilométrique, orientées E-W. La
qui les différencie des autres plutons disposition cartographique des trajectoires
post-tectoniques, telle la granodiorite de de la schistosité indique le jeu dextre de
ces zones de cisaillement. La forme des
Bleïda qui est fortement potassique
massifs plutoniques, la disposition des
(BERAAOUZ et al., 2004). Leur mise en
plans de fluidalité magmatique et la
place s'est effectuée dans un régime
associant un chevauchement généralisé contemporanéité des minéraux du
vers le SW à un décrochement ductile métamorphisme de contact et de la
sénestre ; les chevauchements vers le schistosité suggèrent une mise en place
syncinématique de ces corps mag-
nord reconnus à la partie septentrionale
matiques. Dans le détail, on montre que
de la boutonnière s'inscrivent dans ce
le plus ancien de ces massifs, la
schéma de transpression. Ainsi, la
phase majeure de la déformation granodiorite d'Igoudrane, a subi une
panafricaine se traduit ici par la collision déformation et une structuration interne
oblique à composante sénestre des semblable à celles de l'encaissant,
tandis que les autres massifs plus
zones évoquées plus haut et le
récents comme la diorite quartzique de
charriage vers le sud-ouest du prisme
Taouzzakht s'interprètent comme le
d'accrétion. L'ensemble de la Série des
Quartzites est métamorphisé dans le résultat du remplissage de mégafentes
faciès des Schistes verts. L'âge du de tension NW-SE branchées sur les
cisaillements dextres. L’âge de ces
19 19

événements tectoniques reste cependant les schistes et micaschistes du socle


peu contraint vu la différence importante éburnéen, la déformation panafricaine
entre les premières datations Rb-Sr des s'exprime par la superposition de plis à
masses plutoniques panafricaines, entre débit S2 pénétratif sur une foliation
755 et 720 Ma, et leurs nouvelles ancienne. Ces plis présentent une
datations par la méthode U-Pb sur direction axiale N I20 à N80 E. Le
zircons (575 à 555 Ma), (DE WALL et al. régime de la déformation est non
2001 ; CHEILLETZ et al., 2002). coaxial et la cinématique de cette zone
Plus à l’ouest, dans la région d’Irherm, est décrochevauchante dextre vers le
et plus précisément dans sa partie NE NW, (SOULAIMANI et PIQUE, 2004).
(massif d’Ida ou Zeddoute), la Durant la déformation panafricaine, le
déformation panafricaine est bien métamorphisme est épizonal.
enregistrée dans les termes supérieurs Les autres boutonnières de l’Anti Atlas
du systèmes des quartzites de la occidental (Tagragra de Tata, d’Akka,
« Série d’Ourty», formés de séries d’Ifni et du Bas Drâa) sont marquées par
volcaniques et schisteuses (CHOUBERT l’absence de dépôts du Néoprotérozoïque
et FAURE-MURET, 1973). Elle se inférieur à moyen. Leur socle méta-
manifeste notamment par une morphique éburnéen est directement
schistosité pénétrative de direction NE- recouvert de dépôts post-panafricains
SW associée à des cisaillement qui du Groupe de Ouarzazate et il est ainsi
attestent d’une vergence SE. difficile de distinguer les effets propres à
Dans la région du Kerdous (Fig. 10 A), la seule tectonique panafricaine.
la phase principale de l'orogenèse
panafricaine correspond à un charriage -f. Le Supergroupe de Ouarzazate
vers le nord par des failles ductiles qui (s.l.) : Ediacarien
séparent les quartzites de leur Dans tout l’Anti Atlas, d’épaisses
substratum éburnéen. La déformation séries détritiques, volcano-détritiques et
panafricaine est particulièrement intense volcaniques reposent en discordance
dans deux linéaments cisaillés orientés sur le socle éburnéen ou panafricain.
grossièrement E-W: la zone de Tighmi- Ces dépôts continentaux non
Tifermit (ZTT) et celle de la vallée des métamorphiques, peu ou pas déformés,
Ameln (ZVA). La première de ces zones sont classiquement subdivisés en deux
se caractérise par une foliation ensembles : la série d’Anezi/Tiddiline
3
pénétrative qui accompagne des plis (PII ) à la base, surmontée en discordance
dissymétriques à vergence nord; la par la série de Ouarzazate/Tanalt (PIII).
direction de transport, matérialisée par Globalement, à l’échelle de l’Anti Alas, il
une linéation de glissement, est N-S à est souvent difficile de placer la limite
NNE-SSW. Plus au nord, la vallée des entre ces deux séries car elles présentent
Ameln est jalonnée le long de son flanc de grandes similitudes sédimentologiques
nord par une large zone de cisaillement et magmatiques. Dans l’Anti Atlas
entre les schistes de Kerdous et les occidental par exemple, les deux séries
quartzites du jbel Lkest. Ce couloir à sont regroupées en une seule formation
déformation plus intense renferme de attribuée à la série de Ouarzazate
nombreuses lentilles quartzitiques de (SOULAIMANI et al., 2001 ; BGS,
taille parfois kilométrique, étirées et 2001b). Dans l’Anti Atlas central en
boudinées dans les plans de foliation revanche, la série de Tiddiline est
sub-équatoriale et à fort pendage sud, toujours bien distincte de celle de
ainsi que des gneiss cataclasés. Dans Ouarzazate sus-jacente, et elle est
20 20

même regroupée avec les séries panafricaines récentes datations de la granodiorite de


du Groupe de Saghro (THOMAS et al., Bleïda livrent des valeurs plus récentes,
2004 ; GASQUET et al. 2005). 574 ± 4 Ma (INGLIS et al., 2004) qui
amèneraient à considérer la série de
• La Série de Tiddiline/Anezi (Précambrien Tiddiline plutôt comme une unité basale
3
II ) de la série de Ouarzazate.
Dans la boutonnière de Bou Azzer- El Dans le Kerdous, la série comparable
Graara, la formation non métamorphique d’Anezi est probablement contemporaine
de Tiddiline (CHOUBERT, 1963 ; de celle de Tiddiline. Cette série post-
LEBLANC, 1975) est formée de dépôts tectonique débute par un épisode
silicoclastiques qui recouvrent en volcanique acide : rhyolites, rhyodacites,
discordance le socle panafricain. tufs et ignimbrites dont les produits
Cantonnée dans des bassins bordés nivèlent les paléoreliefs panafricains. La
par des décrochements, cette formation formation de base est elle-même
remanie les roches du complexe ravinée par les niveaux sédimentaires
ophiolitique néoprotérozoïque ainsi que sus-jacents. Ceux-ci montrent, sur une
les éléments de la granodiorite post- épaisseur d'environ 2000 m, des faciès
tectonique de Bleïda. Ces dépôts sont alluviaux continentaux résultant du
contemporains de massifs hypovolcaniques démantèlement d'une topographie
(microdiorite quartzique, spilites et montagneuse en conditions périglaciaires.
kératophyres). L’analyse détaillée de C'est l'épisode de la glaciation varangienne,
cette série (HEFFERAN et al., 1992) fini-précambrienne (DEYNOUX, 1978).
montre qu’elle est formée de trois Le bassin d'Anezi, dans la boutonnière du
séquences distinctes qui présentent un Kerdous, est limité par des
granoclassement croissant vers le haut. décrochements dextres E-W.
La séquence de base, formée d’argiles Ailleurs dans l'Anti Atlas, on retrouve
et de grès, est surmontée d’une des séries comparables ; dans la
séquence intermédiaire conglomératique, boutonnière d'Ifni, par exemple, la
le tout étant coiffé par des argiles et des formation détritique de base du "Groupe
arénites. L’épaisseur de la formation de du Sirwa (Siroua)", équivalent latéral de
Tiddiline est très variable et présente un la Série d'Anezi, est recoupée par les
maximum dans le bassin de Trifya au granites de Mesti, dont la mise en place
SW de la boutonnière. Ces terrains sont est échelonnée entre 681 et 688 Ma
affectés par un plissement modéré et (JEANNETTE et al., 1981). D'une
des chevauchements attribués à la manière générale, cette série est peu
phase panafricaine tardive (« Phase B2 : déformée, à peine basculée. Parfois,
LEBLANC, 1975). Certains considèrent cependant, comme c'est le cas dans la
que cette série résulte d’une sédimentation région d'Anezi, elle est flexurée et
syn-tectonique effectuée dans un bassin plissée le long de failles anciennes
de collision contrôlé par le même régime réactivées. Ces mouvements tardi-
transpressif que celui qui a régné lors de panafricains résultent ici d'une compression
la compression panafricaine (HEFFERAN sub-méridienne qui produit des coulissages
et al., 1992). Son âge reste problématique. sénestres NE-SW et un rejeu inverse de
Longtemps, elle était datée entre 615 la zone cisaillée de la vallée des Ameln.
Ma, âge (DUCROT et LANCELOT, 1979) Une rotation anti-horaire de la direction de
de la granodiorite de Bleïda qu’elle raccourcissement se produit ensuite ;
recouvre, et 580 Ma attribué à la base les dernières déformations sont cassantes.
de la série de Ouarzazate, mais les La série sus-jacente est nettement discordante.
21 21

0 5
t10 15 20 km

Adoudounien
c=J (Cambnen basal)

fvvvvl Roches magmatiques


et detritiques du PII I

Roches magmatiques
el delriliques du Pll-111

k.·<I Ouartz,tes du P II

Schistes du Kerdous
c=J et roches metamorphiques
de haul degre

~ . Granite de Tafraoute

ftttfl Granites ebumeens


ZTT: zone de Tighmi-Tiffermit
IBD Granite de Tarcouate
A
NE
ZVA: zone de la vallee des Ammeln
SW
N s
Ad ar~ r Adrar
estN N Ou

w jbel Kerkar E -
•000

c
Lk meksou

-
4,un
,,oo

"
migmatites

-
Granite de Schistes
b c:::J Tafraoute CJ du Kerdous
Gneiss et

~ Cambrien Ea Coufees ~ Conglomerats CClJ Granite de CJ Quartziles Paleoproterozoique


votcanlques ' de Tanalt Taryouate (PII)

::~
WNW ESE

Unite supe,leure
c:::J Conglom ra S
o~ :r:sel
Unite fnt6r1eore
~ Schlstes el
granrtes
/) Fa.le de detachemenl
prinopate
---, Frulo
22 22
~ Traiee1owe el
oendagede
la 52
B

Fig. 10. Carte et coupe de la boutonnières du Kerdous (A) et d’Aït Makhlouf


(partie occidentale de la boutonnière d’Irherm : B). Explications dans le texte
23 23

Dans le Jbel Saghro, et plus se sont déposés dans deux hemi-


précisément dans la boutonnière de Kelaat grabens parallèles à orientation E-W.
Mgouna, un ensemble conglomératique Une tectonique extensive active est
associé à des niveaux épiclastiques puis responsable de la différence de faciès
pyroclastiques repose en discordance sur de part et d’autre de la faille équatoriale
les séries panafricaines du Groupe de de N’Kob entre les dépôts septentrionaux,
Saghro. Cette série attribuée au PII surtout volcaniques et ceux de la partie
supérieur (CHOUBERT, 1963) est sud, plutôt conglomératiques. Au moins
verticalisée et affectée par une schistosité cinq centres volcaniques y ont été
de fracture N 80 E (LECOLLE et al., identifiés au sein desquels les laves
1991) attribuée à la phase panafricaine basales montrent une dominance andé-
tardive. sitique qui évolue vers des produits
volcanoclastiques acides vers le sommet
• Le Groupe de Ouarzazate (sens strict) en passant par des rhyo-dacites dans
A la base de la couverture les niveaux intermédiaires (BAJJA et al.,
paléozoïque de l’Anti Atlas, des séries 1998 ; THOMAS et al., 2002). C’est ici
volcaniques et volcanodétritiques que les premières datations U/Pb
puissantes attribuées au Précambrien (MIFDAL et PEUCAT, 1985) ont permis
terminal (CHOUBERT, 1952 ; BOYER de fixer les limites géochronologiques
et al., 1978) reposent en discordance de la formation de Ouarzazate entre
sur le socle précambrien encore instable. 580 ±12 Ma, âge des laves acides de
Connus sous le nom de « Formation de Jbel Bachkoune, et 563 ± 10 Ma, celui
Ouarzazate » ou « Précambrien III », des ignimbrites micacées de Tiouine. La
ces dépôts continentaux représentent base du Groupe de Ouarzazate est
plus de 50% des affleurements sans doute plus ancienne comme
précambriens dans l’Anti Atlas. Ils l’atteste l’âge livré par les deux niveaux
montrent d’importantes variations rhyolitiques de Tadmant (606 ± 6 Ma) et
d’épaisseur (0 à 2000 m) associées à de Tamriwine (605 ± 9 Ma) : THOMAS
de nombreuses discontinuités internes, et al. (2002). Cependant, les données
ce qui rend difficiles les corrélations de terrain attestent que cette base est
entre les différents affleurements. Le nettement postérieure à la mise en place
matériel volcanique y est à dominance des granodiorites post-tectoniques de
acide de nature calco-alcaline (rhyolites, Mzil et d’Askaoun, datés respectivement
rhyodacites et dacites), souvent à 614 ± 10 et 575 ± 7 Ma (THOMAS et al.,
ignimbritique avec quelques intercalations 2002). D’autres datations au sein de la
d’horizons basiques andésitiques. De formation confirment les âges établis
nombreux corps plutoniques, notamment antérieurement, notamment celui de la
des granites hypovolcaniques ainsi que rhyolite de Tifhfist (571 ± 8 Ma) et des
des intrusions acides, sont intimement plutons hypovolcaniques associés de
liés à la formation de Ouarzazate. Vers Tazoulte : 559 ± 6 Ma, Tilsakht : 577 ± 6
le haut, cette formation passe Ma et Imourkhssene : 562 ± 5 Ma. Ces
progressivement et en concordance ou divers plutons renferment en outre des
en légère discordance aux dépôts zircons à 2 Ga hérités du socle
carbonatés cambriens (Groupe de paléoprotérozoïque sous-jacent. Des
Taroudant). âges similaires ont été obtenus plus au
Dans le Siroua (Sirwa), environ 2000 sud dans la boutonnière des Zenaga pour
m de dépôts volcanosédimentaires, en la rhyolite de Tawzzart (577 ± 6
discordance sur le Groupe de Saghro,
24 24

Ma) et le granite hypovolcanique de dont le plus jeune a été mis en place à


Tilsakht (579 ± 7 Ma) par THOMAS et 560 ± 22 Ma.
al. (2002). Dans les autres boutonnières de l’Anti
Dans le Kerdous, sur environ 700-800 m, Atlas occidental, le Groupe de Ouarzazate
la série équivalente de Tanalt est présente les mêmes caractéristiques et les
constituée par une alternance de roches niveaux volcaniques livrent des âges
détritiques continentales : brèches et comparables : 565 ± 7 Ma pour une
conglomérats, grès et siltites, déposées ignimbrite néoprotérozoïque dans le
souvent sous une faible épaisseur Tagragra de Tata (WALSH et al., 2002),
d'eau, et de roches volcaniques rhyo- ou encore 600 ± 5 Ma pour un dyke
ignimbritiques, beaucoup plus importantes dacitique dans le Tagragra d’Akka
en volume que dans la série d'Anezi. (GASQUET et al., 2004).
Trois niveaux ignimbritiques ont été datés Plus à l’est, dans le massif du Saghro,
(BGS, 2001c,d : U/Pb sur zircon) : à Aït les successions volcano-détritiques post-
Mar (600 ± 50 Ma), Tifghilt (565 ± panafricaines formées de conglomérats
8 Ma) et Assirdar (555 ± 7 Ma) Le socle immatures associés à un volcanisme à
du Kerdous est aussi recoupé par dominance andésitique à la base et
plusieurs massifs plutoniques contem- ignimbritique vers le sommet, sont
porains de la formation de Ouarzazate. datées entre 570 ± 7 Ma et 548 ± 3 Ma
La granodiorite de Tarçwate (Tarçouate) (BGS, 2001e,f). Dans la région d’Imiter au
est datée entre 583 et 560 Ma et elle est nord de Saghro, les shales noirs déformés
donc probablement contemporaine de et métamorphisés au Panafricain sont
celle de Taourgha dans le Bas Drâa recouverts en discordance par la
datée à 575 ± 4 Ma (AÏT MALEK et al., formation de Ouarzazate. C’est au sein
1998). Elle est suivie de granites de de cette dernière formation que se met en
type Tafraoute, dont celui de Tazoult place, dans un contexte extensif, la
daté à 548 ± 11 Ma. La Série de Tanalt minéralisation épithermale Ag-Hg d’Imiter,
est coiffée par des roches basaltiques génétiquement associée à la mise en
qu’on retrouve un peu partout autour place de la protrusion rhyolitique calco-
des boutonnières de l’Anti Atlas. Ici, alcaline de Takhatart datée à 550 ± 3
elles affleurent à l’ouest au Jbel Kerkar Ma (CHEILLETZ et al., 2002 ; LEVRESSE
et à l’est dans la dépression d’Ida ou et al., 2004) et aux dykes associés
Gnidif. Dans les deux cas les basaltes ont comme celui de Tachkakacht (543 ± 9
la composition chimique de tholéites
Ma) (GASQUET et al., 2005). Là aussi,
intracontinentales et anorogéniques
des plutons granodioritiques se mettent
(SOULAIMANI et al. 2004).
en place, soit antérieurement comme la
A l'ouest, dans la boutonnière d'Ifni, granodiorite d’Igourdane, recouverte en
seules d’anciennes datations Rb/Sr sont discordance par le conglomérat de
disponibles (JEANNETTE et al., 1981 ; base, soit d’une manière synchrone
MIFDAL et PEUCAT, 1985). Les roches comme le massif de Taouzzakt daté à
sédimentaires et volcaniques reposent 572 ± 4 Ma (CHEILLETZ et al., 2002).
sur le granite d'Ifni, lui-même daté à De même, la rhyolite de Bou Madine
649 ± 22 Ma ; des trachytes y ont livré dans le massif de l’Ougnate à l’extrême
un âge de 618 ± 22 Ma. Elles est de l’Anti Atlas livre un âge de 552 ±
supportent des ignimbrites, elles-mêmes 5 Ma (GASQUET et al., 2005). Un
traversées par les granites hypo- ensemble de massifs de granites roses
volcaniques de Taoulecht et de Tiyourhza, alcalins (Isk n’Alla, Bou Gaffet et
25 25

Bouskour) occupent la zone axiale de dentale de la boutonnière d’Igherm


Jbel Saghro et correspondent à la fin de (Oudra et al., 2005 et Fig. 10 B). Les
l’activité magmatique du Groupe de terrains cristallins qui constituent ces
Ouarzazate. massifs sont des roches métasédimentaires
Enfin à Bou Azzer-El Graara, une pile foliées et des granites dont celui d’Aït
épaisse de plus de 1000 m de dépôts Makhlouf daté à 2050 ± 6 Ma. Un
volcanoclastiques (dacites, rhyolites, métamorphisme rétromorphique dans le
ignimbrites, conglomérats, grès, etc.) faciès des Schistes Verts affecte ces
repose en discordance majeure sur le roches. Le pourtour des massifs cristallins
socle panafricain ou en discordance est occupé par des séquences, surtout
angulaire sur la série de Tiddiline. Ces quartzitiques, du Néoprotérozoïque et,
dépôts sont contrôlés par une tectonique au-delà, par des affleurements
transtensive (AZIZI et al., 1991). La conglomératiques du Groupe de Ouar-
principale minéralisation cobaltifère de zazate. Ces séries se sont déposées
Bou Azzer est liée à ce stade fini- dans des bassins faillés et, dans le massif
Précambrien (MAACHA et al., 1998). d’Aït Makhlouf, elles sont surmontées de
Son âge est fixé à 550 Ma par datation klippes sédimentaires de quartzites
U/Pb d’une brannerite (EN-NACIRI et mises en place de façon gravitaire.
al., 1997). La partie supérieure de la L’analyse structurale montre le caractère
série est datée à 531 ± 5 Ma, âge de la extensif des dômes gneissiques (Fig. 10 A
trachyte d’Aghbar, datation conforme à pour le massif de Tasrirt). A Aït
celle de la syénite de Jbel Boho, Makhlouf, elle permet de distinguer : i)
recalculée à 529 ± 3 Ma (GASQUET et une unité inférieure, les roches
al., 2005). cristallines « internes », et ii) une unité
supérieure, constituée par les quartzites
qui recouvrent et enveloppent la
-g. Les déformations extensives fini- précédente. Le contact entre les deux
protérozoïques unités se fait par une zone mylonitique
Il ne faut pas quitter le chapitre du épaisse d’une dizaine de mètres, dans
Précambrien de l’Anti Atlas sans laquelle la foliation S1 est transposée
évoquer des structures extensives dans une schistosité mylonitique S2
marquées à la fois dans le socle raide sur les flancs du dôme et plate au
métamorphique et dans la couverture sommet. Les critères cinématiques
sédimentaire (où elles persisteront dans observés à l’intérieur de la zone de
l’extrême base du Cambrien). contact indiquent un détachement de
Le socle de plusieurs boutonnières l’unité supérieure par rapport à l’unité
présente une géométrie en dôme, où inférieure, avec un glissement vers
l’intensité du métamorphisme croît de l’ouest et le nord-ouest (Fig. 10 B).
l’extérieur vers l’intérieur ; au centre du Enfin, l’étude des conglomérats du
dôme, le stade de l’anatexie est parfois Groupe de Ouarzazate montre que leur
atteint, et des granites fini-protérozoïques dépôt a été contrôlé par des failles
se mettent en place. Un tel dispositif normales nées dans le même régime
caractérise, par exemple, le dôme de structural.
Tasserirt (ou Tasrirt) dans la boutonnière L’interprétation donnée à ce dispositif
du Kerdous (SOULAIMANI et PIQUE, est que la couverture sédimentaire s’est
2004 et Fig. 8A). On le retrouve ailleurs, détachée du socle cristallin, en même
dans le bas Drâa ou encore dans le temps que celui-ci se soulevait et subissait
massif d’Aït Makhlouf, à la partie occi-
26 26

une exhumation. Des études détaillées une alternance de dépôts marins et


sur le métamorphisme et l’évolution de continentaux (ALGOUTI et al., 2000).
ses conditions P-T devraient permettre Au nord de la boutonnière d'Irherm, les
de retracer les étapes de cette siltites sont minéralisées en cuivre à la
exhumation et de mieux cerner la suite du lessivage de formations plus
cinématique et la signification de ces anciennes par des solutions ascendantes
dômes métamorphiques. et du dépôt des corps minéralisés en
Le développement des bassins où se ensembles stratiformes dans des
déposent les conglomérats est liée à cet horizons réducteurs (POUIT, 1966).
épisode extensif et on observe ici les Au moment du dépôt des "Calcaires
témoins de l’extension déjà mise en inférieurs", dont l'épaisseur atteint 1000
évidence au pourtour des boutonnières m dans l'Anti Atlas occidental, la mer est
dans les terrains du Protérozoïque restreinte dans un « golfe adoudounien »
terminal et du Cambrien basal (PIQUE et limité au sud par le Drâa et l'Ougarta,
al., 1999 ; SOULAIMANI et al., 2003, etc.). certaines zones comme la partie orientale
La signification géodynamique de cette du Bloc ancien du Haut Atlas et le jbel
extension sera considérée plus loin. Saghro restant émergées. Dans l'Anti
Atlas central, le premier cycle sédimentaire
2.2.2.2. Les terrains paléozoïques lié à la transgression paléozoïque
(Fig. 11) débute par un conglomérat qui remanie
les éléments du Supergroupe de
a. Le Cambrien Ouarzazate surmontés par des calcaires
puis des grès de Tikirt (CHBANI et al.,
• Le Groupe de Taroudant et la 1999). La présence manifeste de roches
transgression cambrienne. volcaniques est bien visible autour du
Entre les formations volcano-clastiques volcan d'Alougoum (jbel Boho). Ce
du Supergroupe de Ouarzazate et les dernier correspond à des coulées
premiers dépôts paléontologiquement trachytiques et andésitiques alcalines,
datés du Cambrien, un ensemble interstratifiées dans les dolomies et les
silicoclastique et carbonaté constitue les "Calcaires inférieurs", et mise en place
premiers dépôts de la transgression dans un contexte de rift continental
paléozoïque dans l’Anti Atlas. Connus (ALVARO et al., 2006). Un culot
sous le nom d’Infracambrien ou encore syénitique du jbel Boho a fourni un âge U-
Adoudounien (CHOUBERT, 1952), ces Pb sur zircons de 534 ± 10 Ma (LEBLANC
dépôts marins sont liés à une et LANCELOT, 1980), recalculé à 529 ±
transgression venant du sud-est et ils 3 Ma (GASQUET et al., 2005)
révèlent une nette subsidence au NW La "Série lie-de-vin" sus-jacente, de
de l’Anti Atlas. On y range les trois 300 à 400 m d'épaisseur, est régressive,
ensembles non fossilifères (ou non constituée par des shales violacés à
encore datés), la Série de base, les cristaux de sel et de gypse et par des
Calcaires inférieurs et la Série lie-de-vin. roches détritiques à faciès continentaux
Les premiers dépôts de la « Série de (grès de Tikirt) à l'est. Les "Calcaires
base » ne dépassent pas 300 m supérieurs", dernier terme de l'Adou-
d’épaisseur et ils affleurent autour des dounien, contiennent des faunes
boutonnières de l’Anti Atlas occidental cambriennes et sont donc à ranger dans
jusqu’à Taliwine à l’est et Goulmime au cet étage.
sud (CHAZAN, 1954). Ces roches, aux
faciès gréseux et carbonatés caractérisent
27 27

mourtensis, Daguinaspis, etc.) et


archeocyathidés (Erismacoscinus,
Robustocyathus, etc.) qui ont été comparés
à ceux de Sibérie (DEBRENNE, 1990).
On y rencontre des biohermes à
archéocyathes. Des « birdseyes » et des
polygones de dessication indiquent de
brefs épisodes d’émersion. Là encore,
l'épaisseur de la formation et l'importance
des éléments détritiques diminuent
d'ouest en est. De 400 m dans l'Anti
Atlas occidental, l’épaisseur se réduit à
75 m à l'est, dans le jbel Saghro, où elle
repose directement sur les séries du
Précambrien III.
+ Formation d'Issafene : argilites
vertes et rouges et calcaires à Neltneria,
Boudonella, etc..
+ Formation régressive des "Grès
terminaux" (Formation d’Azrir) : tufs et
argilites. Dans l’Anti Atlas oriental, les
faciès sont peu épais et continentaux et
ils se distinguent difficilement des grès
sous-jacents.
Ici et là, on rencontre très souvent des
indices d’une tectonique sédimentaire
Fig. 11. Colonne lithostratigraphique des importante (HEINITZ et al., 1986 ;
terrains paléozoïques de l’Anti Atlas BENSAOU et HAMOUMI, 2001, 2003)
Rq. Les épaisseurs indiquées varient qui prolonge celle enregistrée auparavant
selon les localisations au Précambrien terminal. Comme elle,
• Le Cambrien inférieur daté elle accompagne le développement de
Les "Calcaires adoudouniens supérieurs" bassins sédimentaires de type hémigrabens
sont un ensemble transgressif de dolomies (AZIZI et al., 1990). L’extension cesse
et de calcaires dont l'épaisseur varie de parfois avant le dépôt de la série lie-de-
400 m environ dans l'Anti Atlas occidental vin (Fig. 12) et toujours avant la fin du
à 75 m ou même 0 m dans l'est du massif. Cambrien inférieur, l’épaisseur des
Les calcaires à stromatolites se « Grès terminaux » étant égale dans
retrouvent dans l'Ounein dans le Haut tout le domaine anti-atlasique.
Atlas. La série se distingue des niveaux
sous-jacents par l'absence d'éléments
détritiques. Le milieu de sédimentation
est calme, probablement marin peu
profond. Au-dessus, toujours dans le
Cambrien inférieur, on rencontre, de bas
en haut :
+ Formation d'Amouslek : shales et
calcaires à trilobites (Fallotaspis tazem-
28 28

de la série. Les faciès traduisent un milieu


marin peu profond et indiquent une
transgression dirigée vers le nord et le
nord-est. La faune, riche, indique le
Cambrien moyen, avec Acadoparadoxides
marocanus, Ellipsocephalus, Micmacca,
etc.. La formation de Goulimine est
représentée par une barre médiane de
quartzites à faciès côtiers. Au-dessus, la
formation des shales supérieures
amène des faciès semblables à ceux
des shales sous-jacentes aux grès de
Goulimine, à Paradoxides, Conocoryphe,
etc.., qui se chargent vers le sommet en
éléments gréseux. Les lignes isopaques
de cette formation sont orientées WSW-
ENE ; son épaisseur décroît d'est (325 m)
en ouest (200 m à Tarfaya).
Fig. 12. Les dépôts fini- A l'est d'Akka, les grès-quartzites de
protérozoïques et du Cambrien basal Goulimine disparaissent et le Groupe
A: hemi-graben contrôlant la des Feijas internes est représenté par
sédimentation des couches rouges un seul ensemble de shales dont
du Protérozoïque terminal l'épaisseur passe de 650 m à 850 m
B : hémi-graben conrôlant le dépôt d'ouest en est. Plus à l'est encore, dans
des Calcaires inférieurs, scellé par la région d'Agdz-Zagora, la partie
les shales de la série lie-de-vin. supérieure des shales devient gréseuse
Réinterprété d’après un schéma de et le couloir des Feijas internes se rétrécit.
Destombes et al. (1985) + Groupe du Tabanite
Cet ensemble, résistant à l'érosion,
• Le Cambrien moyen forme une ride qui sépare les Feijas
+ Groupe des Feijas internes internes des Feijas externes. Les roches
Les Feijas sont des zones déprimées sont surtout gréseuses. Leur épaisseur
où affleurent des roches peu résistantes; peut atteindre 350 m, mais elle est
elles sont bordées par des rides ordinairement réduite par l'érosion
subparallèles armées par des faciès subséquente anté-ordovicienne. Ces grès
plus résistants à l'érosion, les Grès sont souvent quartzitiques et azoïques, à
terminaux du Cambrien inférieur et les part quelques lingules. Des niveaux
grès du Tabanit (Cambrien moyen). argilo-arénacés s'y intercalent. On y a
Dans leur région-type (Anti Atlas découvert Bailiella et, plus haut dans la
occidental), les shales vertes des Feijas série, Saccogonum saccatum, tous
internes contiennent un horizon gréseux deux du Cambrien moyen.
de quelques dizaines de mètres
d'épaisseur, la barre de Goulimine. • Le Cambrien supérieur
A l'ouest d'Akka, la formation des Jusqu'à une époque récente, on
shales inférieures a une épaisseur considérait que le Cambrien supérieur
variant de 700 m à l'ouest à 250 m à l'est. n'était pas représenté dans l'Anti Atlas
Le niveau-repère de la "Brèche à ni dans le reste du Maroc, soit que les
Micmacca" est situé non loin de la base sédiments ne se soient pas déposés à
29 29

cette époque à cause d’un phénomène réduit jusqu'à 200 m et moins encore
de rifting développé au nord du pays, dans le Tafilalt. Ces grès représentent le
soit qu'ils aient été déblayés par l'érosion, Llandeilo et, peut-être, la base du Caradoc.
comme les formations supérieures du + Groupe de Ktaoua
Tabanite. Il a été mis en évidence par la Les faciès sont de nouveau argileux
découverte de faunes gondwaniennes, dans l'Anti Atlas. La faune caractérise le
avec Olentella africana et Selatella lagitena Caradoc et l’Ashgill, et elle présente des
(DESTOMBES et FEIST, 1987). traits communs avec celle de la
Bohème, témoins d’une même situation
b. L’Ordovicien nord-gondwanienne à cette époque.
Dans le Tafilalt, un biostrome de calcaires
Ce système est particulièrement bien à Bryozoaires (Trematopora, Arthropora,
représenté dans l'Anti Atlas où les séries etc..) se développe au Caradoc supérieur.
ont été divisées en quatre groupes. Par + Groupe du Second Bani
leur résistance différente à l'érosion, ils Les niveaux gréseux du Second Bani
déterminent la topographie appalachienne constituent la dernière barre résistante,
de la plus grande partie de l’Anti Atlas. en forme de cuesta, avant les basses
+ Groupe des Feijas externes plaines du Draa occupées par les
Ces roches constituent le substratum terrains siluro-dévoniens. A la base, une
de la dépression située entre les rides première formation est concordante sur
gréseuses du Tabanit (Cambrien moyen) les argilites de Ktaoua ; au-dessus d'un
et du Premier Bani (Ordovicien moyen). Il mince niveau de calcaires à bryozoaires,
s'agit surtout de shales et d'argilites grises elle est constituée par environ 160 m de
et jaunâtres avec une intercalation gréso- quartzites clairs ou sombres, à laminations
quartzitique : les grès du Zini, équivalents obliques, alternant avec des argilites et
des Grès armoricains de France des grès bioturbés. La faune est riche
(DESTOMBES et al., 1985). Tous ces en brachiopodes de l'Hirnantien (Ashgill
niveaux sont datés par des faunes supérieur). Une formation sus-jacente
abondantes à brachiopodes, trilobites, repose souvent en discordance de
échinodermes et, surtout, graptolites ravinement sur les séries antérieures,
(Anisograptus, Didymograptus, etc..). Les Ktaoua ou même Premier Bani. Les
dépôts montrent souvent des épisodes faciès développés : "argiles microconglo-
transgressifs, marqués par des niveaux mératiques" (grains quartzeux dispersés
ferrugineux et la profondeur du milieu dans une matrice argileuse), conglomérats
reste continuellement faible comme à galets exotiques, ainsi que les figures
l'indiquent les faciès de tempêtes sédimentaires suggèrent un environnement
rencontrés. glaciaire, corroboré par la présence de
+ Groupe du Premier Bani planchers striés. La puissance de cette
A leur sommet, les shales des Feijas formation varie de 10 à 130 m. Les
externes s'enrichissent progressivement stries des planchers glaciaires et les
en matériel détritique grossier et on paléovallées ont une orientation sub-
passe ainsi aux grès du Premier Bani. méridienne. Une faune réduite, surtout à
Ceux-ci constituent une puissante barre brachiopodes (par exemple Hirnantia
gréseuse qui, épaisse de plus de 400 m sagittifera) est, comme précédemment,
dans la région de Zagora, est un proche de celle de la Bohème. Elle
élément morphologique majeur de la caractérise l'Ashgill supérieur. Ainsi, les
couverture paléozoïque de l'Anti Atlas. dépôts glaciaires de l'Anti Atlas
Vers le nord-est, cette épaisseur se correspondent à ceux de l'Ordovicien
30 30

terminal du Sahara et, comme eux, ils d. Le Dévonien


témoignent de la glaciation fini-
ordovicienne. Contrairement aux époques antérieures,
les faciès se différencient à l'intérieur de
c. Le Silurien l'Anti Atlas, entre les zones occidentales:
les plaines du Draa, et les zones
En contrebas de ceux du Second orientales : Tafilalt et Maader
Bani, les terrains du Silurien et du • Dévonien inférieur
Dévonien basal affleurent dans une Dans l’Anti Atlas occidental, les argilites
dépression, entre ces crêtes ordoviciennes sableuses du Gédinnien-Siegénien, à
et les sommets, plus modestes, des brachiopodes, trilobites, conodontes et
"Rich" dévoniens. Dans l'Anti Atlas tentaculites avec des niveaux calcaires,
central, la coupe de l'Iriqui (DESTOMBES sont en concordance et en continuité
et al., 1985) montre une série transgressive avec les niveaux du Silurien supérieur.
qui débute au Llandovery par des grès en Dans l’Anti Atlas oriental, au Tafilalt, des
plaquettes, se compose ensuite surtout roches basaltiques sont épanchées à
de shales et d’argilites sombres à Hammar Laghdad. L’Emsien est représenté
Graptolites contenant parfois des par plusieurs séquences (les « Rich »)
nodules carbonatés, et s’achève avec de calcaires, d’argiles et de grès. Dans
une succession de séquences argilo- l'Anti Atlas oriental, les niveaux gréseux
calcaires datant du Ludlow, avec disparaissent et les barres calcaires de
Monoclimacis haupti et M. tomczycki deux richs successifs fusionnent constituant
puis des argiles alternant avec de petits les "Calcaires inférieurs du Tafilalt" et
lits de grès et de calcaires sableux à cette région se distingue ainsi nettement
Scyphocrinites d’âge Ludlow supérieur. des régions occidentales, par ses faciès
L’épaisseur est ici d’environ 1 100 m. pélagiques et l'absence quasi-totale
Plus à l'ouest, cependant, elle se réduit d'éléments détritiques grossiers corres-
par condensation des faciès argileux du pondant aux grès des richs.
Ludlow. A Aïn Deliouine, autre coupe • Dévonien moyen et Frasnien
classique de l'Anti Atlas, elle n'est plus Dans l’Anti Atlas occidental, la base

que de 600 m. Dans l'Anti Atlas oriental du Couvinien est représentée par les
(Tafilalt, Maïder-ou Maader), on grès du rich 4. Les calcaires noirs

retrouve les mêmes faciès de schistes pyriteux qui se déposent ensuite


noirs à graptolites et de calcaires à marquent le maximum de l'extension de
Cardiola et Orthocères avec, cependant, la mer vers le sud. Le milieu de dépôt
des épaisseurs plus faibles et une est très calme, peu aéré et sans apports
quantité encore plus réduite de grès. détritiques. Les goniatites, trilobites et
Dans son ensemble, la sédimentation tentaculites indiquent le Givétien. Les
silurienne s'est faite, après la transgression dépôts frasniens sont encore des
d'origine glacio-eustatique, de façon calcaires noirs, mais il s'y intercale des
continue dans un milieu de dépôt très minces lits de grès fins dont la source
calme et assez constant tout au long de est au nord. Ceci marque le début d'une
l'Anti Atlas. Le changement de climat, tendance positive de ce qui est aujourd'hui
manifeste au cours de cette époque, est l'axe de l'Anti Atlas et qui émergeait au
dû certainement à une remontée vers des Dévonien inférieur et moyen.
latitudes plus hautes et aussi, peut- être, A l’est, le Dévonien moyen est
à une variation globale. représenté par la base des « Calcaires
supérieurs du Tafilalt », à goniatites et
31 31

tentaculites. Après une émersion locale lumachelliques dont les brachiopodes


au Frasnien inférieur, la transgression appartiennent encore au Dévonien
du Frasnien supérieur dépose des terminal (zones V supérieure et VI). Le
calcaires à céphalopodes. Tazout 2 est attribué au "Strunien". Au-
• Famennien dessus, des schistes à Gattendorfia
C'est un ensemble épais (2000-2500 m) représentent le Tournaisien inférieur. Ils
et argileux à l’ouest. Au Famennien sont surmontés par le Tazout 3 gréseux
supérieur, des niveaux variés, gréseux du Tournaisien supérieur.
ou gréso-calcaires et des lumachelles à Dans l'Anti Atlas oriental, la
brachiopodes s'intercalent dans la série transgression amorcée au Famennien
argileuse. La pulsation transgressive de se poursuit. Il est probable qu'elle n'a
la fin du Famennien se marque par un pas submergé tous les reliefs existants
horizon calcaire sommital à Platyclymenia car on trouve çà et là, comme dans le
et Cyrtospirifer. nord-est du Maader, des faciès côtiers
Dans l’Anti Atlas oriental, des plates- de cet âge. Les grès du Maader, qui
formes se soulèvent au Famennien surmontent les argiles vertes à goniatites
inférieur dans le Maader occidental et le et clyménies famenniennes, et les grès
Tafilalt (WENDT, 1985). Le calcaire d'Aouafilal de la région de Taouz
condensé à céphalopodes (la "Pierre correspondent aux grès de Tazout 2.
d'Erfoud") est déposé sur des séries Au-dessus, le Tournaisien est représenté
précédemment émergées. C'est la par des argilites à Gattendorfia et des
partie supérieure des Calcaires du grès à brachiopodes semblables à ceux
Tafilalt. Ces dépôts sont associés à des de l'Anti Atlas occidental.
fonds durcis et de fréquentes discontinuités • La Betaïna
sédimentaires, expressions de fluctuations Cette série affleure dans une
du niveau des mers (WENDT et BELKA, dépression entre les cuestas du Tazout et
1991) ; le taux de sédimentation était de de l'Ouarkziz. En légère discordance de
l'ordre de 1 m/Ma (WENDT, 1988). ravinement sur le Tazout, elle marque
Entre ces plates-formes, des bassins : une reprise transgressive. Les faciès des
Maader central et Tafilalt occidental "Schistes à Goniatites" sont semblables à
accueillent, au contraire, une épaisse ceux des niveaux argileux du Tazout. Ils
(700 m ou davantage) série de marnes représentent, en gros, le Viséen inférieur.
et de turbidites dont le taux de L'épaisseur de la série est comprise entre
sédimentation est compris entre 20 et 700 et 1100 m. Dans le Tafilalt et le
100 m/Ma. Maader, aussi, le Viséen inférieur est
transgressif. Les dépôts sont
e. Le Carbonifère généralement des argilites grises à
goniatites. Localement, des constructions
Dans l'Anti Atlas occidental, le récifales apparaissent. On note des
Carbonifère est représenté dans une mouvements synsédimentaires et une
suite de cuestas qui dominent les sédimentation parfois contrôlée par la
plaines du Draa et constituent le flanc tectonique : le développement du récif
nord du bassin de Tindouf. du jbel Begaa, à l'est de Taouz, est
• le Tazout contemporain du jeu de failles normales;
Sur une épaisseur de 400 à 500 m, on au nord de Tineghir, les conglomérats
compte trois barres gréseuses, famenniens sont recouverts par une
séparées par des intervalles argileux. La série détritique, avec des grauwackes,
barre du Tazout 1 contient des lentilles des arénites, des blocs exotiques et des
32 32

passées d'olistostromes. Comme au bassin anti-atlasique se racccorde au


Famennien, la zone d'apport se situait sud-est à l’Ougarta, et au sud-ouest au
au sud, à l'emplacement de l'Anti Atlas Zemmour, en suivant en cela des
actuel. anciennes directions panafricaines.
• L’Ouarkziz La grande épaisseur des terrains
Cette ride domine l'ensemble des paléozoïques (jusqu’à 10000 m)
plaines du Draa, du Tazout et de la pourrait, à première vue, suggérer un
Betaïna. Elle est formée d'une série environnement de type marge passive.
puissante (650 m d'épaisseur) où Cette hypothèse est discutée par
alternent des calcaires marins à BURCKHARD et al. (2006), dans le cadre
crinoïdes, brachiopodes, polypiers, etc.. de riftings paléo-téthysiens. Les auteurs
et des grès tendres à faciès continental. concèdent cependant que l’absence de
La série correspond au Viséen sédiments d’eau profonde,
supérieur et au Namurien inférieur. Dans particulièrement de turbidites, même
l'Anti Atlas oriental, la transgression du dans les roches du Carbonifère inférieur
Viséen supérieur dépose des argiles et de l’Anti Atlas oriental (MICHARD et al.,
des sables, tandis que s'édifient quelques 1982) est difficilement compatible avec
récifs. Des calcaires marins du Namurien une marge passive, sauf à considérer
terminent la série au nord de Taouz. Plus que l’océan est très éloigné de l’Anti
à l'est, la zone de Ben Zireg est le siège Atlas, si éloigné, en fait, que le domaine
d'une sédimentation détritique importante anti-atlasique est, simplement, un
(PAREYN, 1961). Sur plus de 3000 m bassin intracontinental comme ceux du
d'épaisseur s'entassent des niveaux bouclier Ouest-africain.
chaotiques contenant des blocs glissés
de calcaires à crinoïdes et polypiers, de g. La déformation hercynienne
griottes du Famennien et de matériel plus
ancien. Au-dessus de ce wildflysch, des Au premier abord, la déformation
calcaires récifaux et des argiles vertes hercynienne est de faible ampleur dans
se déposent. l’Anti Atlas, surtout lorsqu’on la compare
• La Betana avec celle réalisée dans les domaines
Au sud de la barre de l'Ouarkziz, la septentrionaux du Maroc, où elle se
série de la Betana, épaisse d'environ traduit par des structures pénétratives, un
1500 m, représente une partie du métamorphisme général très répandu et
Namurien et le Westphalien, voire le des granites abondants. Cependant, un
Stéphanien inférieur. Ce sont des examen plus attentif conduit à la
dépôts continentaux : grès et argilites, reconnaître partout, et à distinguer entre
datés par des plantes. A l'est, le bassin une partie occidentale, d’une part, et
de Bechar restera immergé plus l’Anti Atlas central et oriental d’autre part.
longtemps, jusqu'au Westphalien moyen-
supérieur, avec des dépôts paraliques à • L’Anti Atlas occidental
charbon. La couverture paléozoïque la plus
déformée de l’Anti Atlas occidental est
f. Le type de sédimentation au située à l’ouest de la boutonnière du
Paléozoïque dans l’Anti Atlas Bas Drâa. Là, les roches cambriennes
sont affectées par des plis NNE-SSW à
Contigu au bassin de Tindouf dont il vergence affirmée vers l’est. Un très fort
représente la partie septentrionale, le gradient de déformation s’observe
33 33

d’ouest en est : au bord de la côte, les plis plissées, mais seulement basculées
sont serrés et leur plan axial est souligné (Fig. 13). Les roches précambriennes
par une schistosité cristal- lophyllienne et de la boutonnière du Bas Drâa sont
un léger métamorphisme (BONHOMME restées non affectées par la déformation
et HASSENFORDER, hercynienne, qui se concentre à
1985). A partir de là, l’intensité de la l’interface entre le socle et la couverture
déformation décroît rapidement vers lors de son poinçonnement vertical par le
l’est et, dans la plaine de Goulmine, une socle rigide (SOULAIMANI et al., 1997 ;
quinzaine de kilomètres à l’est, les POUIT, 1968).
couches cambriennes ne sont plus

Fig. 13. Coupe dans l’Anti Atlas occidental, à la latitude de Goulmine

Entre les boutonnières du Kerdous et suggérerait que ces diverses orientations


d’Ifni, le plateau des Lakhsas présente résultent de l’adaptation de la couverture
des plis subméridiens, parfois paléozoïque à un socle découpé par des
accompagnés d’une schistosité failles anciennes, réactivées au
pénétrative. Cette déformation est la Paléozoïque. La faille de Tata serait un
plus intense au centre de la zone, exemple de ces failles anciennes.
autour du jbel Inter, et elle diminue de Dans le Bani plissé, la tectonique est
part et d’autre, vers le Kerdous à l’est et contrôlée par l’existence de zones
Ifni à l’ouest, avec des pendages faibles ductiles dont la plus importante est celle
dirigés vers le centre du plateau formée par les shales « adoudouniennes »
(SOULAIMANI et BOUABDELLI, 2005). de la Série lie-de-vin. Au-dessus de ces
Au nord-est de la boutonnière du niveaux plastiques, les plis sont
Kerdous, la région d’Irherm et de Tata nettement marqués, avec une géométrie
se caractérise par des grands coffrée ; en-dessous, les couches
synclinaux ouverts, où affleurent les restent planaires (Fig. 14). Les plis de
couches du Cambrien moyen, séparés longueur d’onde kilométrique du Bani et
par des zones anticlinales étroites. Le ceux, déca- à hectométrique, des Rich,
schéma structural apparaît compliqué sont développés sur ce modèle. Il est
par la diversité des directions remarquable que ces derniers présentent
structurales, ce qui pourrait suggérer une géométrie cartographique en
des épisodes successifs de échelon, même si leurs axes sont
déformation. Cependant, comme on subhorizontaux.
n’observe pas de reprise de structures
antérieures par des plis ou des failles
plus tardives, une autre hypothèse
34 34

Fig. 14. Coupe dans le jbel Bani, montrant la disharmonie et le décollement au


niveau des argiles plastiques de la Série lie-de-vin.

Les niveaux dévoniens du sud de • Le style tectonique hercynien dans


l’oued Drâa sont les derniers à être l’Anti Atlas
affectés par une déformation Le style structural et morphologique
hercynienne indubitable. Plus au sud, appalachien de l’Anti Atlas est
les séries carbonifères, et spécialement caractéristique, avec ses crêtes
les barres viséennes du jbel Ouarkziz allongées, résistantes à l’érosion,
ne sont plus plissées, à peine affectées séparées par des zones
par un léger pendage vers le centre du topographiquement plus basses (les
bassin de Tindouf dont elles constituent Feijas). Par ailleurs, on note la présence
la bordure nord. dans la série paléozoïque de niveaux
Le socle cristallin de la boutonnière de plastiques susceptibles de constituer
Bou Azzer n’a pas été visiblement des zones de décollement. Enfin, le
affecté par la déformation hercynienne, domaine est situé entre les zones
mais sa couverture paléozoïque est orogéniques hercyniennes au nord et le
plissée, localement affectée par une craton au sud. Tous ces éléments
schistosité peu marquée et, comme à la suggèreraient, à première vue, que
périphérie d’autres boutonnières, l’Anti Atlas serait un avant-pays
décollée du socle de telle sorte que la orogénique comparable à celui, par
boutonnière, dans son ensemble, apparaît exemple, des cordillères nord-
comme un grand pli coffré NW-SE. américaines, avec un découplage de la
Plus à l’est, des structures plissées et couverture paléozoïque par rapport à
chevauchements vers le sud affectent la son socle panafricain. Autrement dit, la
couverture du Saghro et de l’Ougnat et tectonique hercynienne anti-atlasique
des chevauchements aveugles sont serait pelliculaire.
repérés dans le Tafilalt. Cependant, à la différence des
Rocheuses, le socle affleure ici, au sein
35 35

de boutonnières et on voit souvent que 1971) et la "norite" de Msissi, un gabbro


les plis de la couverture se moulent alcalin d'âge jurassique (140 Ma, K-Ar sur
autour des boutonnières, ce qui est biotites : SALMON et al., 1986-
difficile à envisager dans le cas d’une 1987), comparable à ceux des massifs du
déformation pelliculaire de la Haut Atlas central.
couverture. Par ailleurs, même si des En dehors des bassins côtiers, les
décollements locaux existent, le terrains sédimentaires post-
système de chevauchements, de plis de paléozoïques ne sont représentés que
rampes et de redoublements de dans les minces plaquages des
couches en duplex, si caractéristique de hamadas. La colonne stratigraphique
la tectonique pelliculaire, est absent synthétique des hamadas, résumée en
dans l’Anti Atlas. La construction de particulier des travaux de LAVOCAT
coupes équilibrées (HELG et al., 2004) (1954), est la suivante, au-dessus des
montre un raccourcissement minimum terrains modérément plissés du
de 17% pour les quartzites ordoviciens, Paléozoïque :
accommodé dans le socle le long de + couches rouges, continentales,
failles crustales à 18-25 km de gréso-silteuses, d'une trentaine de
profondeur. C’est dire que la tectonique mètres d'épaisseur, à poissons dipneustes,
hercynienne de l’Anti Atlas affecte aussi dinosauriens (Megalosaurus, Diplodocus)
le socle et que le domaine anti-atlasique et crocodiles. C'est le "Continental
n’est pas l’avant-pays orogénique intercalaire" des géologues sahariens
pelliculaire de la chaîne hercynienne qui représente, au moins en partie, le
déversé sur le craton. Il est vraisemblable Crétacé inférieur et parfois le
que cette tectonique résulte de l’inversion Cénomanien de base.
des structures extensives du Paléozoïque + dalle cénomano-turonienne;
basal, elles-mêmes contrôlées par la marnes, calcaires gréseux et surtout
réactivation d’anciennes failles pré- calcaires. C'est un dépôt marin, à
cambriennes. oursins et lamellibranches (FERRANDINI
et al., 1985). A la latitude d'Erfoud,
h. La couverture post-paléozoïque l'épaisseur de la dalle est d'une
quarantaine de mètres; elle s'accroît
De Boudenib à la région de Kem-Kem vers le nord où, sur 80 m, elle forme le
puis au Zemoul, les terrains anciens de substratum de la hamada d'Aoufous
l'Anti Atlas et du Tafilalt sont recouverts entaillée par l'oued Ziz. Vers le sud, par
en discordance par des couches méso- et contre, l'épaisseur se réduit et les faciès
cénozoïques généralement minces et deviennent plus côtiers : calcaires
subtabulaires. Celles-ci constituent de gréseux et marnes; il est parfois difficile
vastes entablements plats : les de les distinguer des faciès continentaux
Hamadas du Guir, de la Daoura, du sous-jacents. Cette dalle forme le
Draa et, plus à l'ouest, de Tindouf. Les plateau du Kem-Kem.
niveaux triasiques et jurassiques ne + Grès, marnes et gypse du Crétacé
sont représentés qu'aux marges de supérieur. Là encore, l'épaisseur
l'Anti Atlas ; au nord, à la limite avec le augmente depuis la région de Taouz
Haut Atlas, et à l’ouest, dans la plaine (50 m) vers le nord (400-500 m au pied
côtière. A part ces zones, les seules méridional du Haut Atlas).
roches de cet âge dans l'Anti Atlas sont + Complexe à Clavator, décrit comme
magmatiques : les dolérites triasico- des bancs de calcaires lacustres
liasiques (HAILWOOD et MITCHELL, intercalés de niveaux gréseux, du
36 36

Cénozoïque. Ces terrains, épais d'une A RETENIR


cinquantaine de mètres, forment la
hamada de Boudenib. Ils semblent Le Maroc saharien est constitué par la
absents à la latitude de Taouz. Plus au partie nord-occidentale du craton Ouest-
sud les couches, elles aussi lacustres, à africain, et des deux chaînes péri-
Limicolaria, un gastéropode pulmoné, cratoniques : les Mauritanides à l’ouest et
reposent au sud-est sur les calcaires du l’Anti Atlas au nord.
Kem-Kem.
+ Grès azoïques et calcaires : jusqu'à 1. Le craton Ouest-africain
80 m d'épaisseur dans la région de
a. La Dorsale reguibate
Boudenib. Ils sont rapportés au Mio-
Cette partie du craton est constituée
Pliocène.
de terrains cristallins où on reconnaît les
+ Dalle hamadienne supérieure :
ensemble calcaréo-gréseux d'une effets de deux orogenèses majeures :
trentaine de mètres d'épaisseur qui archéenne (env. 3000 Ma) et éburnéenne
constitue la hamada supérieure, du Guir (env. 2000 Ma) à l’issue desquelles le
au Draa. Elle est ordinairement craton est demeuré stable.
composée de deux barres de calcaire b.La plate-forme de Tindouf
blanc, souvent silicifié, séparées par des Le bouclier précambrien est recouvert
grès calcaires tendres. L'âge pliocène en discordance par une série paléozoïque
est indiqué par des gastéropodes d'eau où l’Ordovicien jusqu’au Carbonifère
douce : limnées (Limnea bouilleti), sont représentés. Ces séries marines de
planorbes (Planorbis thiollieri), physes, etc. faible profondeur sont restées sub-
Dans leur ensemble, ces séries de horizontales.
couverture sont tabulaires. Une structure
se dessine, cependant, centrée sur un 2. Sahara occidental et Zemmour :
axe subéquatorial passant par Taouz. la marge occidentale du craton
Au nord, les dalles calcaires du Crétacé a. Les Ouled Dhlim
moyen sont pentées vers le nord; une Comme dans les Mauritanides s. str.,
structure synclinale à très faible rayon ce sont des terrains cristallins paléozoïques,
de courbure s'étend, orientée E-W, mais aussi des roches cristallines et des
parallèlement au cours de l'oued Guir. ophiolites panafricaines, qui sont charriés
La zone de Taouz, ancien haut-fond en direction de l’est sur la couverture
crétacé, limite de deux bassins lacustres sédimentaire du bouclier Ouest-africain.
aquitaniens, est faiblement ployée en un b. Le Zemmour
très vaste bombement anticlinal sur Les terrains qui le constituent représentent
lequel les grès et les calcaires du Pliocène le Paléozoïque, de l’Ordovicien au
se déposent en légère discordance. Par la Dévonien. Ils sont charriés en direction
suite, un basculement fini- ou post- de l’est sur le craton. Un fort gradient de
Pliocène est responsable des pendages déformation est noté, décroissant
faibles vers le sud de la surface de la d’ouest en est. Il s’agit d’une ceinture
hamada supérieure. d’avant-pays mauritanien.

3. L’Anti Atlas : la marge nord du


craton
Les terrains précambriens affleurent
dans une série de « boutonnières »
disposées, du SSW au NNE, le long de
37 37

l’axe anticlinorial de l’Anti Atlas. De part mise en place de magmas alcalins et


et d’autre de cet axe on rencontre les tholéiitiques.
séries sédimentaires paléozoïques,
souvent peu déformées. b. Les terrains paléozoïques et
l’orogenèse hercynienne
a. Les terrains précambriens La colonne paléozoïque est exclu-
sivement sédimentaire. Après les
Les séries paléoprotérozoïques ont dépôts carbonatés et argileux du
subi l’orogenèse éburnéenne, documentée Cambrien, elle s’organise en un méga-
par les nombreux granites datés à cycle sédimentaire conduisant, schéma-
environ 2000 Ma. Il n’existe pas tiquement, des séries surtout gréseuses
actuellement d’affleurements amenant la de l’Ordovicien aux shales et argilites du
preuve de l’existence de cette orogenèse Silurien, puis aux calcaires du Dévonien
au NE de l’ « Accident majeur de l’Anti inférieur et moyen (à part l’Anti Atlas
Atlas ». occidental, où les Rich contiennent des
Les séries néoprotérozoïques témoignent éléments gréseux et argileux). Ceci
d’un rifting au cours duquel une marge traduit la progression de la transgression
passive s’est constituée, avec le dépôt marine sur le craton et l’éloignement
des calcaires et quartzites du PII. Au- des rivages et donc le tarissement
delà de cette marge, l’accrétion océanique progressif des apports détritiques, en
a engendré au moins localement une même temps que l’évolution vers des
croûte océanique que l’on retrouve dans conditions climatiques tropicales réalisées
les ophiolites de Bou Azzer et du Siroua au Dévonien. Après le Dévonien supérieur,
dont l’âge est fixé à 788-762 Ma. Enfin, les apports détritiques réapparaissent,
des formations volcano-sédimentaires venant cette fois du domaine anti-
correspondent à une situation d’arc atlasique lui-même en cours de
magmatique associé à une subduction. surrection et de diversification. Le retrait
L’orogenèse panafricaine résulte de la de la mer s’effectue vers l’est, au
subduction de la lithosphère océanique et Carbonifère moyen.
de la collision des terrains d’avant- arc, La déformation hercynienne est, dans
de l’arc magmatique et du craton lui- l’ensemble, peu intense et, en tout cas,
même, à environ 685 Ma. Les structures exempte de toute mise en place de
qui en résultent impliquent un charriage granites. Dans l’Anti Atlas occidental,
vers le sud-ouest et une composante des plis et des chevauchements à
transpressive sénestre. vergence est, comme dans le
Les séries détritiques et les volcanites Zemmour, accidentent la série du
rouges du Groupe de Ouarzazate dont Paléozoïque inférieur, mais, là encore
le groupe supérieur (« PIII ») s’est comme dans le Zemmour, le gradient
déposé après 600 Ma, en discordance tectonique est fortement et rapidement
sur les structures panafricaines. Il existe décroissant vers l’est. Dans l’Anti Atlas
des arguments pour lier le développement central et oriental, la couverture
des bassins faillés où certaines de ces paléozoïque n’est guère déformée
séries rouges se déposent à un épisode qu’aux abords des boutonnières
extensif qui se poursuit localement jusque précambriennes dont on montre qu’elles
dans l’extrême base du Paléozoïque. Au ont poinçonné les séries sus-jacentes.
cours de ce rifting, la remobilisation de Même si des dysharmonies de
la croûte profonde se traduit par la plissement sont visibles çà et là,
montée de dômes gneissiques et la causées par l’existence de niveaux
38 38

plastiques comme ceux du Silurien, il c. La couverture post-paléozoïque


est clair que le raccourcissement Cette couverture se caractérise par
hercynien, si modéré soit-il, affecte l’absence de dépôts sédimentaires
aussi le socle précambrien. Au sud de triasiques, les seules roches de cet âge
l’Anti Atlas, à la hauteur du jbel étant des dolérites liées au rifting
Ouarkziz, la déformation hercynienne atlantique.
est extrêmement peu marquée : nous Au-dessus des séries paléozoïques,
sommes ici à la limite sud de la chaîne. des hamadas tabulaires emboîtées
représentent le Crétacé marin et les
couches continentales, parfois lacustres,
du Cénozoïque.
1 1

3. LA MESETA
3.1. Les terrains du socle mésétien
(Fig. 15)
Adoudounien) est tentante, et elle est
généralement acceptée. Elle vient d’être
3.1.1. Les séries précambriennes confirmée par l’âge de 593+/-8 Ma
(U/Pb sur zircons) obtenu sur les méta-
Dans la Meseta, les séries précam- rhyolites ou métamicrogranites des
briennes affleurent bien moins largement Rehamna (BAUDIN et al., 2003).
que dans les zones méridionales du La présence de ces roches sous les
Maroc. On ne les rencontre que formations cambriennes datées montre
ponctuellement, au cœur de certains à l'évidence d'abord qu'il n'existait pas,
anticlinaux : à El Jadida (GIGOUT, à l'extrême base du Cambrien ou avant,
1951), dans les Rehamna (CORSINI et une barrière entre les domaines anti-
al., 1988a) et dans la partie orientale du atlasique et mésétien, ensuite que le
Massif central, dans les régions de Bou- socle de la Meseta est sialique et
Acila et Goaida (MORIN, 1960) et du probablement structuré par l'orogenèse
jbel Hadid (MORIN, 1962). Partout, sous panafricaine et enfin, puisque ces
des calcaires du Cambrien inférieur, ce niveaux sont au cœur des anticlinaux
sont des roches volcaniques acides ou cambro-ordoviciens, qu'il n'existe pas
andésitiques. La comparaison avec le de niveau de décollement entre le
Néprotérozoïque terminal de l'Anti Atlas Cambrien et ces roches volcaniques du
(série de Ouarzazate-Précambrien III ou Néoprotérozoïque terminal.
2 2

Fig. 15. Carte générale du domaine mésétien


3 3

3.1.2. Le Cambrien confère à ces couches de passage au


Cambrien moyen le faciès très carac-
3.1.21. Le Cambrien inférieur téristique des "schistes à trous". Celui-ci
se retrouve dans d'autres régions du
Maroc paléozoïque, en particulier dans
Le Cambrien inférieur est daté par des la formation de Bou-Gader des Jbilete.
archeocyathidés au jbel Irhoud, dans les On le connaît aussi en Montagne Noire,
Jbilete occidentales. Au-dessus de dans le Sud de la France.
quelques niveaux de grès et d'argilites, ce
massif montre un récif lenticulaire de 5 km 3.1.2.2. Le Cambrien moyen
de long sur 1 km de large, où les
archeocyathidés indiquent le Lénien.
Au-dessus des « schistes à trous »,
Ailleurs au Maroc, on connaît des une puissante série se développe,
niveaux carbonatés à la base du constituée de shales verdâtres et de
Cambrien. Dans les Rehamna, au cœur grauwackes, avec des lits tuffacés. Elle
des anticlinaux de Lalla Mouchaa, des se retrouve, avec des faciès très
dolomies affectées par des plis couchés uniformes, dans les Rehamna et les
à charnières aiguës sont attribuées au Jbilete occidentales, et dans la Meseta
Cambrien inférieur. Leur substratum côtière où elle a été datée du Cambrien
affleure à l'est : les "gneiss de Sidi moyen par LECOINTRE dès 1918.
Bahilil" (GIGOUT, 1951; CORSINI et al., Depuis, on y a découvert Paradoxides
1988, BAUDIN et al., 2003) sont rugosus, Solenopleura, Ellipsocephalus
d'anciennes roches volcaniques acides germani, etc.. Ce sont les shales ou
comparables à celles évoquées plus schistes à Paradoxides de la littérature
haut dans le Massif Central. On retrouve géologique marocaine. Au-dessus, les
les carbonates, toujours dans la même shales passent progressivement à un
position stratigraphique, au-dessus de niveau quartzeux : les Quartzites d'El
volcanites ou de métavolcanites acides, Hank, épais de 200 m à Casablanca. A
à El Jadida et à Goaïda dans le pays Dar-bou-Azza, non loin de Casablanca,
Zaïan, sous la forme d'un calcaire ces quartzites ont livré des brachiopodes
marmoréen associé à un conglomérat à articulés du genre Billingsia, d’âge
galets de rhyolites et de granites. Là où Cambrien supérieur probable (ANDRE
on peut la mesurer, l'épaisseur de ces et al., 1987). La récurrence argilo-
niveaux avoisine 200 m. Il y avait donc, silteuse qui apparaît au-dessus des
au Cambrien inférieur, une plate-forme quartzites et sous les niveaux transgressifs
carbonatée, à tendance récifale, développée de l'Ordovicien appartiendrait, dès lors,
en climat chaud sur l'ensemble de la au Cambrien supérieur. A Dar-bou-
Meseta, du Jbel Irhoud jusqu'à l'est du Azza, dans la série sus-jacente aux
Massif Central. quartzites d'El Hank, ANDRE et al.
Au-dessus de ces carbonates, dans (1987) décrivent des stratifications
les Rehamna, par exemple, un niveau entrecroisées bosselées, des lamines
d'une centaine de mètres d’épaisseur convolutées, des boules ovoïdes, etc..,
montre leur passage progressif aux qu'ils interprètent en termes de dépôts
séries détritiques du Cambrien moyen. de tempêtes, caractéristiques d'une
Des lits centimétriques, successivement profondeur faible de la mer, inférieure à
carbonatés et grauwackeux, alternent, 40 m.
affectés par les plissements hercyniens. En Meseta occidentale, les schistes à
La dissolution préférentielle des carbonates Paradoxides contiennent fréquemment
4 4

des niveaux pyroclastiques. Deux Cambrien moyen et supérieur n'est pas


centres émissifs ont été localisés, l'un daté directement. Dans l'anticlinal du
dans l'oued Rhebar, entre Rabat et pays zaïan, à l'est du Massif central, on
Casablanca (DESTOMBES et corrèle les 800 à 1000 m des schistes
JEANNETTE, 1966), avec des tufs et des d'Ouardane, et leurs intercalations vol-
brèches andésitiques, et l'autre à Sidi- caniques, avec les schistes à
Saïd-Maachou, dans la vallée de l'Oum- Paradoxides, alors que l'épaisse série
er-Rbia (GIGOUT, 1956), avec des des quartzites zaïans (3000 à 4000 m)
coulées basaltiques. Le caractère calco- est rapportée aux quartzites d'El Hank,
alcalin de ces roches (EL HADI et al., bien que l’Ordovicien puisse aussi y être
2006) s’explique par une conta- mination représenté (CAILLEUX, 1994). A Midelt,
ancienne, pré-cambrienne, du manteau. les schistes métamorphiques, avec leurs
importantes intercalations doléritiques et
gabbroïques pourraient, eux aussi,
appartenir au Cambrien moyen.

La zone des Sehoul est une bande


longue d'une quarantaine de kilomètres
entre Rabat et Tiflet. Les oueds Bou-
Regreg et Tiflet permettent l'affleurement
d'une série : les Schistes des Sehoul, sur
laquelle les marnes miocènes du Gharb
reposent en discordance. Cette série est
restée longtemps non datée et on l'a
rapportée successivement à l'Ordovicien
Fig. 16. Le graben cambrien de la (COGNEY, 1957), au Précambrien
Meseta occidentale et du Haut Atlas supérieur et, sur la base de
considérations de faciès, au Cambrien
L'épaisseur de la série des schistes à
(PIQUE, 1979), confirmée par la
Paradoxides est variable. BERNARDIN
présence de Oldhamia et
et al. (1988) montrent que la Meseta
Parasolenopleura sp. (EL HASSANI,
côtière, partie la plus occidentale de la
1994). Son épaisseur est au minimum
Meseta, était au Cambrien moyen plus
de 500 m. Elle se compose d'alternances
subsidente que le reste du Maroc : à
silto-grauwackeuses, au-dessus de
l'est d'une ligne NNE-SSW allant de
niveaux carbonatés identiques aux
Bouzniqa aux Jbilete occidentales, (et,
"Schistes à trous" du passage Cambrien
au-delà, dans le Bloc ancien du Haut
inférieur-moyen. Du bas vers le haut de
Atlas), l'épaisseur de la série ne
la séquence, l'étude sédimentologique
dépasse pas 1000 m. A l'ouest de cette
montre le passage de sédiments
ligne, les épaisseurs sont toujours plus
prodeltaïques à bancs réguliers, parfois
importantes.
granoclassés, à des couches de plaines
Il se dessine, de l'ouest de Casablanca deltaïques où les bancs sont lenticulaires
aux Jbilete, un graben où les dépôts du et chenalisés.
Cambrien moyen atteignent 6000 m
d'épaisseur (Fig. 16). 3.1.2.3. Le Cambrien supérieur
A l’est, dans la partie orientale du
Massif central et la Meseta orientale, le La présence de couches d'âge
Cambrien supérieur a été démontrée
5 5

par ANDRE et al. (1987) dans la région 3.1.3. L'Ordovicien


de Casablanca. On peut se poser la
question de la raison de l'absence très Sur la côte atlantique, entre Rabat et
fréquente de ces niveaux, en Meseta Casablanca, à Mansouriah, la série
comme dans le sud du Maroc : lacune par ordovicienne est la suivante, au-dessus
manque de dépôt marin, ou bien par des niveaux cambriens (DESTOMBES
érosion fini-cambrienne ou Ordovicien et JEANNETTE, 1966) :
inférieur ?
+ grès microconglomératiques violacés,
A l'échelle de la Meseta tout entière, le transgressifs, d'âge arénig (60 m) ;
Cambrien est occupé par un cycle + shales de la formation de la Chabet
sédimentaire complet, depuis la el Oukaref, à graptolites et trilobites de
transgression du Cambrien inférieur, qui l'Arenig ;
dépose les derniers niveaux carbonatés + shales, psammites et quartzites de
importants avant ceux du Dévonien, la formation de Sidi Khriali : Llandeilo
jusqu'à la régression incomplète de la (200 m) ;
fin du Cambrien moyen. Les faciès, on + grès et quartzites de la formation des
l'a vu, sont peu diversifiés; les schistes à Ouled-el-Bahloul : Llandeilo (160 m) ;
Paradoxides sont aisément identifiables + grès grossiers ferrugineux et
tout au long de la Meseta. Cependant, quartzites de la formation de Feddan-
une étude attentive montre des Taba : Caradoc (150 m);
différences : les épaisseurs sont très + grès, microconglomérats, quartzites
variables, même sur de faibles distances. et argiles micro-conglomératiques
Il serait intéressant de vérifier si la semblables à celles du sommet du
disposition subméridienne des horsts et Second Bani de l'Anti Atlas : Ashgill.
grabens démontrée en Meseta côtière
se retrouve plus à l'est, et de la confronter Des successions comparables, carac-
avec la disposition WSW- ENE des térisées par l'évolution vers des termes
lignes isopaques de l'Anti Atlas. de plus en plus gréseux et quartzitiques
Par ailleurs, l’étude pétrographique et au Caradoc, puis par la présence, au
géochimique du volcanisme cambrien toit de la série, des "argiles micro-
permet d’en éclaircir la signification conglomératiques", sont connues par-
géodynamique : les coulées et filons tout dans la Meseta occidentale :
basaltiques de la Meseta côtière Rehamna, Jbilete, anticlinal de Khouribga-
présentent des caractères de séries Oulmès. Dans cette dernière région,
alcalines intraplaques (OUALI et al., l'Ordovicien est représenté par la série
2000) de même que les métadolérites suivante, développée de la région
de Midelt. Quant aux basaltes et d'Oulmès à celle des Smaala (CAILLEUX,
dolérites de l’est du Maroc central, ils 1978; DESTOMBES et al., 1985 ;
présentent des caractères de tholéites RAZIN et al., 2001 et fig.17) :
intraplaques (OUALI et al., 2003). Le + Groupe des «schistes en dalles»
Cambrien apparaît ainsi très clairement regroupant les grès du Zguit, peut-être
comme une période de distension à la encore du Cambrien, équivalents des
marge du Gondwana. quartzites d’El Hank, les schistes du
Tergou où sont représentés l’Arénig et
le Llanvirn inférieur, la formation d’El
Harcha avec Colpocoryphe aragoi,
Ribeiroia apusoides, etc. du Llanvirn
6 6

supérieur-Llandeilo inférieur ; Des shales et des argiles micro-


+ Formation d’Ouljet Bou Khemis (O. B. conglomératiques, qui sont datés
K) : schistes gris-fer à exsudations paléontologiquement de l'Ashgill supé-
ferrugineuses, à Dalmanitina, Pseudo- rieur, s'accompagnent de conglomérats à
conularia maroccana, etc. du Llandeilo éléments exotiques probablement d'origine
supérieur ; glaciaire: granites, roches métamorphiques
+ Formation d’Aïn Malou: quartzites diverses. Cette succession est semblable
supra O.B.K ; à celle du jbel Aouam où la série de
+ Formation du Grou ou série «mille- l'Ordovicien supérieur est épaisse d'au
feuilles», alternances de pélites et de moins 1000 m (FRANCOIS et al., 1986) et,
grès-quartzites attribuées au Caradoc plus généralement, à celle de la région
inférieur à moyen ; zaïane, non loin de Khénifra. L'Ordovicien
+ Formation du Beddouz: quartzites supérieur (Caradoc et Ashgill) y est daté
massifs à Calymenella sp., Kloucekia par des trilobites. Il s'agit de schistes
sp., etc.. du Caradoc moyen ; psammitiques ou de shales gris finement
+ Formation de Sidi Saïd : pélites et micacés; on n'y rencontre pas les
barres de grès massives à Calymenella épaisses barres de quartzites carac-
sp., Dalmanella sp., etc… du Caradoc téristiques des séries occidentales. Des
supérieur ; niveaux gréseux réapparaissent cepen-
+ Formation d’Ouled Akra : série dant plus à l'est, dans la région du
monotone de schistes à Mucronaspis Tazekka où ils forment, par exemple,
termieri de l’ Ashgill supérieur ; les 350 m d'épaisseur de la coupe du
+ Formation d’Ezzhiliga : quartzites et jbel Tifarouine.
grès et schistes microconglomératiques Une autre région de la Meseta
attribués à l’Ashgill supérieur. possède des caractères distinctifs par
Au point de vue sédimentaire, ces rapport à la Meseta occidentale
séries présentent des faciès de plate- proprement dite; il s'agit de sa marge
forme silico-clastique peu profonde, septentrionale, de Rabat à Tiflet. Là, au
caractérisés par des remises en sud de la zone des Sehoul, l'anticlinal
mouvement des sédiments sous l'action de Rabat-Tiflet amène à l'affleurement, sur
de tempêtes. Ces faciès sont voisins de une épaisseur de 200 à 300 m, des
ceux de l'Anti Atlas et il faut donc siltites, des grès-quartzites et des
imaginer une immense étendue marine, niveaux d'oolites ferrugineuses. A Rabat,
très plate et très peu profonde, au nord les associations d'acritarches et de
du craton ouest-africain. chitinozoaires datent l'Arenig à la base
Plus à l'est, par exemple dans les et le Llanvirn au sommet de la série
Jbilete orientales, l'Ordovicien est (RAHMANI, 1978); les trilobites (Ampyx,
représenté par des psammites et des Placoparia) et les graptolites récoltés
shales à séquences turbiditiques. Là, la (Didymograptus) sont de l'Arenig moyen
coupe de Ras-el-Kebir comporte plusieurs (EL HASSANI et al., 1988). Les coupes
faciès: siltites en bancs d'épaisseur de Tiflet indiquent l'Arenig et le Llanvirn
constante, à base érosive, bancs supérieur; les niveaux plus récents de
granoclassés à rides de courant et l'Ordovicien ne sont pas représentés. Ces
bancs grossiers homogènes, qui sont faunes, et en particulier les graptolites,
interprétés comme des turbidites de sont très semblables à celles de la
moyenne densité déposées en milieu Bohême. Le milieu de dépôt, peu
profond. Le talus est retrouvé plus au profond, est une zone prodeltaïque dont la
nord, dans le Massif Central septentrional. profondeur diminue
7 7

vers le sommet de la séquence. Celle-ci place d'écailles et de nappes où les


se termine à Tiflet par des grès niveaux du Silurien jouent le rôle de
oolitiques ferrugineux. A l'intérieur de la semelle plastique, rendent difficile
série, des intercalations de roches l'établissement d'une colonne strati-
magmatiques basiques de 10 à 20 m graphique du Silurien à un endroit
d'épaisseur sont présentes. Ce sont déterminé (BENSAID, 1979). Cependant,
d'anciennes coulées basaltiques ou des tous les étages du Silurien sont
filons doléritiques, à présent spilitisés représentés dans la région et il est
(PIQUE, 1979, EL HASSANI 1994). Ces possible de donner une colonne
deux caractères : lacune des termes synthétique en combinant les observations
postérieurs au Llanvirn et activité réalisées à plusieurs endroits, des
magmatique à l'Arenig-Llanvirn distinguent niveaux de base vers le sommet de la
la coupe de Rabat-Tiflet de celles du série :
reste du Maroc. + Formation du Mokattam: shales très
A part donc cette région, l'ensemble siliceux, parfois de véritables phtanites
de la Meseta est, à l'Ordovicien inférieur (on y reconnaît des restes de radiolaires).
et moyen jusqu'au Caradoc une plate- Ils sont bleu-foncé ou noirs en cassures
forme peu profonde, reliée à l'Anti Atlas, et leur patine est gris- mauve. Leur
où se déposent des shales micacés épaisseur est d'une vingtaine de mètres
dont les éléments sont d'origine environ. La faune de graptolites
méridionale, et de nombreux niveaux (WILLEFERT, in DESTOMBES et al.,
ferrugineux souvent liés à des épisodes 1985) indique le Llandovery basal et
régressifs et transgressifs. A l'Ordovicien moyen.
supérieur (Caradoc et Ashgill), ces shales + Série de Touchchent (région de
s'enrichissent progressivement en Mrirt) : shales argileux noirs où le
matériel sableux et on passe aux barres Wenlock inférieur est représenté.
quartzitiques caractéristiques de la Ailleurs, toujours dans la région de
Meseta occidentale. Une sédimentation Mrirt, le Wenlock supérieur et le Ludlow
pélitique persiste cependant au cours du sont présents, avec un faciès de shales
Caradoc, des Jbilete orientales à la violacés contenant des niveaux de
région zaïane; cette zone NE-SW est un calcaires à Scyphocrinites.
sillon turbiditique à l'Ashgill. A la fin de Deux caractères importants de ces
l'Ordovicien, toutes les régions mésétiennes séries, par ailleurs semblables à celles,
montrent, comme celles de l'Anti Atlas, plus orientales encore, du Tazekka et
les mêmes faciès péri-glaciaires et sont de Jerada, sont la présence à leur base
caractérisées par un taux de sédi- du Llandovery le plus inférieur, et le
mentation exceptionnel sur la plate- caractère siliceux et phtanitique des
forme. Dans l'ensemble, c'est la zone la sédiments du Llandovery inférieur et
plus septentrionale, de Rabat à Tiflet, moyen.
qui se distingue le plus, avec ses
coulées basiques et la lacune de Dans l'anticlinorium de Khouribga-Oulmès,
l'Ordovicien moyen et supérieur. une colonne stratigraphique composite du
Silurien montre, de bas en haut :
3.1.4. Le Silurien + Quartzites (15 m d'épaisseur moyenne),
passant graduellement aux shales du
Dans la partie orientale du Massif Tarannon inférieur. Ces quartzites sont un
central, les déformations hercyniennes, niveau d'âge llandovery, transgressif sur
souvent accompagnées de la mise en les séries ordoviciennes ;
8 8

+ Shales argileux de moins de 100 m Dans la région de Rabat, enfin, la


d'épaisseur, où d'abondants graptolites coupe du bas oued Bou-Regreg montre,
indiquent un âge Llandovery supérieur- sur une soixantaine de mètres, des
Tarannon ; shales gris-noir à conodontes du
+ Shales et calcaires. Les shales ont Wenlock (BENFRIKA et RAJI, 2003) et,
des couleurs moins sombres que ceux au-dessus, des calcaires sombres,
qui sont sous-jacents. Ils contiennent fétides, alternant avec des shales. Dans
des nodules de calcaire ocre en patine, la partie supérieure de la coupe, tous
noir en cassure, à orthocères, Cardiola les niveaux du Ludlow sont datés par
et autres bivalves. Les shales livrent des des graptolites et des trilobites dont
graptolites du Wenlock supérieur et du l'affinité avec ceux du Budnanien de
Ludlow inférieur ; Bohême est remarquable. Dans l'anticlinal
+ Shales de Sidi-M'Bellej (région de Tiflet, les niveaux directement
d'Ezzhiliga), avec des calcaires gris à transgressifs sur le granite fini-
Scyphocrinites du Ludlow supérieur. ordovicien de Sidi-bou-Jemaa sont des
Plus à l'ouest, dans la coupe classique grès lie-de-vin, microconglomératiques;
de l'Aïn-Sidi-Larbi (région de Ben- c'est l'arène consolidée du granite. Au-
Slimane), la série silurienne repose dessus, une séquence d'une vingtaine
directement sur les niveaux de l'Ashgill. de mètres d'épaisseur est formée de
Son épaisseur est d'une centaine de couches silto-gréseuses et surtout
mètres. DESTOMBES et JEANNETTE calcaires. La partie supérieure a livré
(1966) y décrivent, de la base au Monograptus ultimus ou M. lochkoviensis
sommet : du Pridoli. Cette série est donc silurienne,
+ Shales sombres à Monograptus probablement Silurien supérieur comme
priodon, Cyrtograptus, etc.. (Wenlock); les autres niveaux siluriens de l'anticlinal
+ Calcaire ocre (Wenlock); de Rabat-Tiflet. Comme dans la coupe
+ Shales argileux avec quelques bancs
de l'oued Cheguiga, elle comporte des
siliceux fins au sommet, où
intercalations volcaniques basiques
Bohemograptus, Monograptus ultimus, etc.
d'épaisseur métrique. Ces roches
indiquent le Ludlow ;
volcaniques sont des spilites dont quelques
+ Shales à bancs quartzitiques
analyses suggèrent, comme celles
décimétriques; à la base, un niveau de
d’Ouled Abbou, l'affinité alcaline.
nodules calcaires à Scyphocrinites; au
sommet, des shales à Monograptus
L'histoire sédimentaire et les faciès
uniformis (Ludlow).
du Silurien sont très voisins d'une
région à l'autre de la Meseta. Le
En Meseta côtière, la coupe de l'oued
système débute par une transgression,
Cheguiga, dans le flanc ouest du
à l'issue de la fonte de l'inlandsis fini-
synclinal d'Ouled-Abbou (CORNEE et
ordovicien. Les sédiments qui se
al., 1985), est constituée de 90 m de
déposent sont des shales sombres,
calcaires, siltites et argilites d'âge
caractéristiques d'une mer probablement
Llandovery supérieur à Silurien supérieur.
peu profonde et, en tout cas, très peu
Comme celle, voisine, de l’oued Targa,
agitée. Plus tard, la proportion des
elle se caractérise par la présence de
carbonates augmente, suffisamment pour
coulées basaltiques d’affinité alcaline
que se forment des concrétions ovoïdes ou
intraplaque (EL KAMEL et al., 1998).
même des lits. Les faunes, particulièrement
Les dépôts y sont de faible profondeur
les graptolites, sont communes à
(ATTOU et HAMOUMI, 2004).
l'ensemble du domaine.
9 9
10 10

Fig. 17. Colonne lithostratigraphique du Paléozoïque dans la partie


centrale de la Meseta occidentale
11 11

A cette époque, la Meseta, ainsi d'ailleurs Ludlow on observe, en concordance, une


que l'Anti Atlas, appartenait à un même série dévonienne dont les faciès et les
ensemble peu profond, à sédiments faunes sont très proches de ceux de la
détritiques très fins. Il existe, cependant, Bohême, si bien que l'on adopte pour la
des différences significatives entre les décrire les subdivisions stratigraphiques
diverses parties de la Meseta, et du Dévonien de Bohême (HOLLARD,
particulièrement entre la Meseta orientale 1967; ALBERTI, 1969):
et la Meseta occidentale. Dans la + Lochkovien : calcaires noirs en
première, de Jerada à la région de plaquettes et pélites argileuses violacées
Mrirt, les premiers dépôts siluriens, au- (40 m) avec Monograptus microdon et M.
dessus des terrains de l'Ashgill, datent præhercynicus, devenant de plus en
du Llandovery très inférieur; la plus calcaires au sommet (45 m), où
régression fini-ordovicienne et la trans- l'on récolte Paranowakia cf. bohemica,
gression silurienne apparaissent ici si Cornuproetus lipidus, etc.. ;
proches dans le temps que l'on peut + Praguien : calcaires noduleux de
considérer que, à la différence des zones l'oued Akrech (50 m), gris à gris-bleu, à
plus occidentales, cette zone n'a pas nombreux tentaculites (par ex. Nowakia
émergé au cours de cet intervalle. De acuaria) et trilobites (Odontochile rugosum,
plus, les dépôts du Silurien inférieur, Cornuproetus vicinus, etc..) ;
souvent plus chargés en détritiques et + Zlichovien : partie supérieure des
même parfois quartzitiques en Meseta Calcaires de l'oued Akrech (100 m),
occidentale, sont en Meseta orientale activement exploités en carrières. Ce
des shales fins et phtanitiques. Il est sont des calcaires roses, massifs, parfois
donc probable que les régions occi- dolomitiques. Ils montrent quelques failles
dentales étaient, au Silurien, plus synsédimentaires E-W à regard sud;
proches de terres émergées, à l'ouest
+ A Hossein, la coupe s'arrête là; non
ou au sud-ouest, d'où provenaient les
loin, au cœur du synclinal de Rabat, on
éléments détritiques qui n'atteignaient
la continue par les schistes de Rahal :
pas les zones orientales.
50 m de pélites argileuses gris-verdâtre
3.1.5. Le Dévonien ravinant les calcaires de l'oued Akrech,
à Werneroceras vernarhenana, Phacops
Dans la Meseta, les couches dévoniennes sp., etc.. de l'Eifélien. Plus à l'est, dans
reposent en concordance sur les terrains la vallée de l'oued Bou-Regreg, en
siluriens. Souvent, la sédimentation direction de Tiflet, la coupe du Khaloua
continue sans lacune apparente celle du montre un calcaire clair et massif, à
Silurien. Elle durera jusqu'au Dévonien Favosites cervicornis et Cyathophyllum
supérieur, quand commencera un heterophyllum du Givétien. D'autres
nouveau cycle. éléments de calcaire récifal givétien
existent, à l'état de blocs et d'olistolites,
3.1.5.1. Le Dévonien inférieur et moyen dans les formations chaotiques et
conglomératiques du Dévonien supérieur-
Tournaisien qui bordent le bassin de Sidi-
La coupe de Hossein, non loin du
Bettache défini plus bas.
confluent des oueds Akrech et Bou-
Regreg, 6 km au sud-est de Rabat, est Plus à l'est, dans la boutonnière
une de celles où le passage continu du paléozoïque d'Imouzzer-du-Kandar, des
Silurien au Dévonien est exposé. Sur couches de conglomérats polygéniques
les pélites noires et les calcaires du remaniant notamment des roches
12 12

éruptives sont datées de l’Emsien lateseptatus de l'Eifélien inférieur et


supérieur par des faunes de brachiopodes calcaires noirs à nombreux conodontes
(CHARRIERE et REGNAULT, 1989). Ces (Polygnathus angusticostatus, P.
niveaux témoignent de la proximité angustipennatus, P. intermedius, etc..)
d’une terre émergée à la suite d’un de l'Eifélien supérieur ;
évènement tectonique « acadien». + Formation de la Sokhrat- ech-
Chleuh. C'est une puissante barre
A l'ouest de la Meseta occidentale, on calcaire de 300 m d'épaisseur, qui
peut prendre comme références les domine le cours de l'oued Cherrat. Elle
coupes de l'oued Cherrat, à une est formée de deux biohermes
quarantaine de kilomètres au SSW de successifs, à Stringocephalus burtini,
Rabat (LECOINTRE, 1926; CHALOUAN, Thamnopora, Hexagonaria, Favositidæ,
1981) et celles étudiées par ZAHRAOUI etc. du Givétien, séparés par des calcaires
(1994). Bien que la présence du gris, parfois dolomitisés, de type biostrome
Gédinnien n'ait pu être mise en évidence ou faciès d'arrière-récif.
paléonto-logiquement, rien n'indique une
lacune ou, a fortiori, une discordance
entre les couches dévoniennes et
siluriennes. A Aïn Dakhla, la succession,
tronquée par une faille à la base, est la
suivante (Fig. 18) :
+ Argilites d'Aïn Dakhla : pélites
silteuses grises à gris-verdâtre à fins lits
microgréseux. Les fossiles, trilobites et
brachiopodes, sont limonitisés. On
reconnait Brachyspirifer crassicostata,
Camarotœchiacf. daleidensis etc.. puis,
plus haut, Davoustia davousti, Atrypa
reticularis, Euryspirifer pellico, Nowakia
acuaria, etc.. C'est le Praguien-
Siegenien supérieur ;
+ Formation de Dhar-es-Smen : à la
base, un calcaire bleu-noir, bioclastique
et lité, avec des niveaux de cherts ; il
contient Atrypa reticularis, Bifida lepida,
Favosites. Au milieu se trouve une
intercalation argileuse avec Stropho-
Fig. 18. Colonne lithostratigraphique
chonetes sp., Eodevonaria sp., etc.. Au
du Dévonien inférieur et moyen à
sommet, une seconde barre de calcaire
l’ouest de la Meseta occidentale
subrécifal, gris-bleu, massif, à Phacops
(vallée de l’oued Cherrat)
(Phacops) sp. e gr. schlotheimi,
Tabulipora chouberti, etc.. Sur une
centaine de mètres d'épaisseur, cette Des calcaires givétiens récifaux sont
formation représente l'Emsien ; connus aussi dans les Rehamna du
+ Pélites et calcaires de la Sokhrat- Nord, autour de Mechra-ben-Abbou.
Mohammed-ben-Brahim (ou de Aïn- A l'ouest de cette localité, à Sekhira-
Seffah). Pélitees calcareuses sombres, es-Slimane, ainsi qu'au sud-ouest, dans
épaisses d'environ 100 m, avec Anarcestes les Rehamna centre-occidentaux, au
13 13

Kef-el-Mouneb, dans les Jbilete centrales : discussion : plate-forme carbonatée ou


série des Skhirate et, on le verra, dans zone émergée bordée de récifs dont la
le Bloc ancien du Haut Atlas : série de relation avec la série turbiditique de
Talmakent, le Dévonien inférieur Ksiksou n’est pas établie.
présente un faciès de grès continentaux
et de conglomérats, entrecoupés La Meseta occidentale a donc constitué
d'intercalations marines à Atrypa reticularis au Dévonien inférieur et moyen un
qui permettent leur datation. Les galets domaine de toute façon peu profond, à
de ces conglomérats, souvent volumineux, climat chaud, marqué par une
sont pour la plupart quartzitiques ; ils sédimentation parfois pélitique, mais le
résultent de la démolition, pratiquement plus souvent carbonatée. Sur cette
sur place, des barres quartzitiques plate-forme se sont édifiées des
ordoviciennes. Ainsi, à l’ouest des constructions récifales. Les travaux des
Jbilete, le Dévonien inférieur repose géologues pétroliers reconstituent l'évo-
directement sur le Caradoc (BEUN et lution de cette plate-forme récifale, avec
al., 1986). une ligne de récifs-barrières : l'axe
d'Imfout, d'orientation NNE-SSW qui se
Dans le domaine de Khouribga- déplaçait au cours du temps, séparant
Oulmès, depuis le sud d’Ezzhiliga des domaines où se déposaient des
jusqu’au nord d’Oulmès, la succession boues carbonatées et finement argi-
des faciès est peu différente de celle de leuses. Vers le sud et l’ouest, à partir
la Meseta plus occidentale. On y des Rehamna, cet axe haut était
distingue selon IZART et al. (2001) et émergé au Dévonien inférieur et au début
RAZIN et al. (2001) : du Dévonien moyen et caractérisé par
+ La formation d’Aïn Dram de 180 m une certaine instabilité. Vers le nord,
d’épaisseur, constituée de schistes et l'alignement des zones récifales, tel que
grauwackes du Lochkovien, de schistes l'on peut le suivre de Rabat à Tiflet, est
à nodules calcaro-grauwackeux du E-W. Il bordait une terre émergée, où le
Praguien, de schistes et calcaire d’âge granite de Tiflet était à l'affleurement, et
emsien inférieur et enfin de quartzites, d'où provenaient les éléments du
schistes et grauwackes calcareuses de conglomérat emsien d'Imouzzer et les
l’Emsien supérieur; plantes flottées de la région d'Oulmès.
+ La formation de Slimane de 90 m
d’épaisseur qui comprend des schistes A l'est de la Meseta occidentale, les
et calcaires griottes de l’Eifélien inférieur séries sont moins bien connues, parce
suivis de calcaires, dolomies et calcaires que souvent hachées par des failles ou
récifaux de l’Eifélien supérieur et du engagées dans des nappes. Elles
Givétien ; présentent des différences assez nettes
+ La formation du Ksiksou constituée avec celles de la Meseta occidentale
d’une alternance de schistes et de grès proprement dite. Pour la partie orientale
ou de calcaire gréseux présentant des du Massif Central, une colonne
caractères de turbidites. Cette épaisse synthétique est donnée par BENSAID
série turbiditique, généralement allochtone (1979). Dans cette région, d'Azrou à
est mal datée, son âge est considéré Khenifra, les données structurales
comme étant emsien à famennien. permettent de distinguer les séries
La situation au Dévonien inférieur à dévoniennes autochtones de celles
moyen de ce qui est actuellement le incluses dans les diverses unités
cœur de l'anticlinorium reste un sujet de allochtones (nappes d'Azrou et de Mrirt,
14 14

unités chevauchantes orientales : - 50 m de pélites silteuses à niveaux


BOUABDELLI et PIQUE, 1996). gréso-calcareux ;
- 10 m de calcaires sableux gris à
La série autochtone du jbel Bouchot
accidents siliceux de l'Emsien ;
(= Bouchchot) est épaisse d'environ 500 - 50 m d'alternances pélitiques et
m. En contact tectonique avec les calcareuses à goniatites (Anarcestes
niveaux sous-jacents, elle comprend, de lateseptatus) de l'Eifélien ;
la base au sommet : - 20 m de calcaires noduleux, parfois
- 20 m de pélites gréseuses ; bréchiques, à interlits marneux : Givétien ;
-25 à 30 m de calcaires noduleux et - 50 m de pélites et siltites verdâtres;
gréseux ; des niveaux calcaires, fins à la base, sont
- 150 m de pélites sombres, pyriteuses, de plus en plus épais vers le
à nodules carbonatés ; sommet : Givétien ;
- 50 m de calcaires à cherts et pélites - 10 m de calcaires gris, bioclastiques,
gréseuses ; à goniatites (Manticoceras) du Frasnien;
- 30 m de pélites verdâtres à lits gréso- - 25 m de calcaires griottes gris-clair
carbonatés pyriteux ; les niveaux précédents, contenant une lumachelle à Dzieduszyckia
à tentaculites, conodontes, crinoïdes et : Famennien ;
orthocères, représentent l'Emsien ; - 10 m de pélites et de grès : Famennien ;
- 50 m de calcaires noduleux gris clair - Quelques mètres de conglomérat
de l'Eifélien ; calcaire à éléments de grès, de
- 150 m de pélites silteuses rouge- calcaires gris et de phtanites. Ce niveau
violacé en plaquettes, à intercalations est attribué au Strunien.
de calcaires fins. Les conodontes Cette coupe est semblable à celle,
indiquent ici le Givétien. tout aussi classique, de Touchchent.
La coupe de Bou-Trou-Al-Aççama
Toutes deux sont situées dans l'unité
(Fig. 19) est plus complète. A la base,
allochtone de Mrirt.
des quartzites de 20 à 30 m d'épaisseur Dans la coupe d'Aït Mimoun-Bou-Agri
représentent le Silurien supérieur et le (région d'Azrou), on rencontre, de bas
Dévonien inférieur. Au sommet, des en haut (Fig. 19):
calcaires griottes et des calcaires gréseux - 400 m d'alternances de grès calcaires
ont livré des conodontes (Scaphignathus et de pélites calcaires et sableuses, avec
velifer) du Famennien supérieur. des passées conglomératiques. Les
Toutes les coupes du Dévonien figures sédimentaires évoquent celles
autochtone montrent des faciès de de séquences turbiditiques. Des nodules
faible profondeur qui correspondent, calcaires contiennent des trilobites
selon les endroits et les époques, à une
(Odontochile) du Praguien-Siegénien
plate-forme interne ou externe de haute
supérieur ;
énergie. Les indices d'une certaine - 60 m de calcaire gréseux et de
instabilité du fond sont de plus en plus niveaux calcaréo-pélitiques;
importants vers le haut de la série. - 150 m de grès, plus ou moins
grossiers vers le haut, et de pélites
Trois coupes, résumées ici, donnent gréseuses à nombreuses figures de
une image des séries allochtones. La glissements synsédimentaires ;
coupe de Bou-Ounabdou (= Bou - 3 à 5 m de conglomérats lités,
Nedebou : HOLLARD et MORIN, 1973) lenticulaires, à éléments de grès et de
est prise sur la Gara de Mrirt; elle montre, calcaires divers, identiques à ceux des
du bas vers le haut : niveaux sous-jacents ;
15 15

- 50 m de grésopélites ; Les séquences turbiditiques complètes


- 30 m de calcarénites gréseuses à et les masses glissées suggèrent une
conodontes (Polygnathus inversus, P. proximité de ces dépôts par rapport à leur
laticostatus, etc..) de l'Emsien supérieur. aire d'apport. Par ces caractères, les
La suite de la coupe, sur le jbel Ben- séries allochtones s'opposent à celles du
Aarab, non loin de là, montre sur domaine autochtone, déposées sur une
environ 400 m d'épaisseur des pélites plate-forme. Par contre, les faciès du
eiféliennes puis des calcaires à cherts Dévonien moyen et supérieur, lorsqu'ils
datés du Givétien par Polygnathus sont conservés, diffèrent peu, dans
variscus, et des grésopélites. l'ensemble, entre les séries autochtones
et allochtones de cette région. Les faciès
sédimentaires et les signes d'instabilité
du milieu de dépôt suggèrent, alors, qu'il
s'agit de dépôts de talus.

La série allochtone des Jbilete orientales


montre des faciès turbiditiques au
Dévonien inférieur, identiques à ceux de
la région d'Azrou-Khenifra. HUVELIN
(1977) décrit des "flyschs" du Dévonien
inférieur et peut-être moyen dans la
région de Bou-Marhara, au-dessus de
phtanites et de schistes à graptolites du
Lochkovien, de schistes verts, de
calcaires griottes et de calcaires gréseux
du Praguien.

Dans la Meseta orientale, les bou-


tonnières de Debdou et du Mekkam
Fig. 19. Colonnes du Dévonien dans comprennent des séries subcon-
la partie orientale de la Meseta temporaines de faciès voisin: les
occidentale (région d’Azrou) Schistes de Debdou-Mekkam. Longtemps
considérée comme carbonifère, cette
La coupe de Tourtit-Souq-el-Had, série a été datée du Dévonien moyen-
enfin, mérite mention pour ses faciès base du Dévonien supérieur par des
sédimentaires d'âge Dévonien inférieur : spores et des acritarches (MARHOUMI
séquences de Bouma complètes, brèches et al., 1983). La tectonique importante
à éléments calcaires décimétriques et et la monotonie des faciès y rendent
coulées de débris où des boues délicats l'établissement d'une colonne
pélitiques consolidées englobent des stratigraphique et l'estimation des
blocs calcaires de taille plurimétrique. épaisseurs. Le faciès le plus fréquemment
Les coupes du domaine allochtone rencontré est une alternance de schistes
présentent toutes la même organisation violacés ou vert-olive et de siltites
sédimentaire : le Dévonien basal est grises, ou de grauwackes verdâtres
absent, sans doute laminé lors de la mise souvent granoclassées. L'étude sédi-
en place des unités ; le Dévonien mentologique reste à faire, mais on peut
inférieur est représenté par des séries considérer qu'il s'agit ici, comme dans
épaisses, turbiditiques ("flysch calcaire").
16 16

les nappes d'Azrou-Khenifra et celles des etc..) du Famennien supérieur. A l'ouest,


Jbilete orientales, d'un ensemble en rive gauche de l'oued Cherrat, ces
turbiditique. Il y aurait donc eu, au niveaux reposent directement sur le
Dévonien inférieur et, peut-être, au calcaire emsien d'Aïn-el-Aliliga;
Dévonien moyen, un sillon turbiditique - alternances gréso-pélitiques (300 m) ;
dont la trace est parallèle à un axe - conglomérat à ciment calcaire et à
Marrakech-Oujda. éléments souvent de calcaire construit
dévonien ;
Vers l'est, on ne connaît plus de terrains - schistes vert-olive épais (500 m) à
dévoniens en place. Cependant, dans la lits de brèches microconglomératiques
boutonnière des Zekkara la présence dont les éléments sont surtout calcaires.
de calcaire récifal dévonien, en blocs Latéralement, ces schistes ont fourni
exotiques dans une série carbonifère et en Syringothyris cuspidata et Spirifer
klippes tectoniques sur l’Ordovicien tornacensis du Tournaisien (LECOINTRE,
suggère l'existence, à cette époque, au- 1926);
delà du "Sillon Marrakech-Oujda", d'une - calcaires sombres ;
plate-forme carbonatée récifale, semblable - schistes phylladiques à bancs
à celle de la Meseta occidentale. quartzitiques et calcaires (650 m) ;
- couches de la coupe d'Aïn Sferjla :
3.1.5.2. Le Dévonien supérieur- schistes et grès (500 m) avec une
Tournaisien coulée andésitique.

-a. La Meseta nord-occidentale + Le Khatouat et les Mdakra


Dans le Khatouat et les Mdakra, à
• Les principales coupes l'ouest du granite des Zaer, on
individualise cinq formations (PIQUE,
+ L'oued Cherrat 1979 ; FADLI, 1994) :
Dans la vallée de l'oued Cherrat, au- -La formation de Fouizir (Fig. 20) est
dessus des calcaires givétiens de la épaisse d'environ 800 m. Elle repose
Sokhrat-el Chleuh, on note la présence sur les calcaires du Dévonien moyen et
de quelques mètres d'un calcaire elle est datée du Dévonien supérieur
bioclastique, à Manticoceras, du Frasnien par des acritarches (Micrhystridium sp.,
inférieur. Ailleurs, la formation d'El Brijat Unellium pyriforme, etc..) et plus
repose directement sur les calcaires précisément du Famennien par
givétiens. Sur une épaisseur importante, Dzieduszyckia crassicostata. Elle se
estimée par CHALOUAN (1981) à 2000 compose de grès fins, puis d'un
m, elle se compose de : ensemble de brèches à éléments
- conglomérat à éléments mal triés et hétérométriques surtout calcaires,
anguleux, à matrice carbonatée, attribué connues sous le nom de Conglomérats
au Famennien inférieur ; de Biar Setla depuis TERMIER (1936),
- grésopélites, de plus en plus riches et enfin de grauwackes. Comme dans
en éléments détritiques vers le haut les autres régions du Maroc occidental
(150 m) ; où il est connu, le faciès bréchique de Biar
- conglomérat bréchique. Les Setla résulte d'éboulements de falaises
éléments sont des fragments anguleux de constituées par la série du Dévonien
calcaires dévoniens; la matrice contient des moyen, et de la répartition chaotique des
conodontes (Spathognathodus costatus, produits de ce démantèlement en
Icriodus cornutus, I. expansus, contrebas, dans des
17 17

coulées de débris passant latéralement à les calcaires viséens. Son âge est
des turbidites proximales. famennien supérieur, strunien et
probablement tournaisien, au moins p.p .
Sur une épaisseur d'environ 500 m,
c'est une alternance de pélites vert-olive
et de grès gris à lamines convolutées,
plus abondants au sommet de la
formation, parfois riches en débris
végétaux. L'ensemble de la formation
est interprété comme un dépôt de plate-
forme peu profonde mais subsidente
dont les apports proviennent de zones
émergées à l'est et au nord-ouest ;
-La formation de Souq-Jemaa est un
équivalent de celle de Bir-en-Nasr dont
elle se distingue par sa richesse relative
en grès gris à stratifications en mamelons
et en convolutes. C'est un dépôt de faible
profondeur, remanié par des tempêtes.
L'aire d'apport des éléments détritiques
est à rechercher dans la région actuelle
des Sokhrate, au SSW du granite des
Zaer qui constituait à l'époque une zone
émergée : la Ride des Zaer, où les
quartzites de l'Ordovicien étaient soumis
à l'érosion ;
- La formation de M'Garto est d'âge
Fig. 20. Colonne du Dévonien Famennien supérieur-Tournaisien et elle
supérieur dans la partie occidentale est donc l'équivalent latéral, vers l'ouest,
de la Meseta occidentale (Khatouat) de la formation de Bir-en-Nasr. Son
épaisseur est d'environ 600 m. Le faciès
- La formation de Chaabet-el-Baya le plus communément rencontré est une
(Fig. 21) est située dans le massif des alternance de pélites vert-olive et de
Mdakra, à l'ouest de celle de Fouizir. Sa grès, en bancs plus minces, bien classés,
base est inconnue et son épaisseur est en lamines horizontales souvent
d'environ 400 m. La plus grande partie est convolutées. Dans son ensemble, cette
un ensemble argileux contenant des formation est plus pélitique que celle de
bancs de conglomérats à éléments Bir-en-Nasr.
calcaires arrondis et jointifs. Au sommet
se trouvent des grès et des quartzites à La reconstitution des paléogéographies
litage oblique qui prolongent les barres successives du Khatouat et des Mdakra
quartzitiques struniennes de Ben au Famennien-Tournaisien découle de
Slimane. Cette formation est rapportée la comparaison de ces diverses
au Famennien et considérée comme un formations. Le caractère chaotique de la
passage latéral de celle de Fouizir. plus grande partie de la formation de
- La formation de Bir-en-Nasr repose, Fouizir résulte de la surrection de deux
dans le Khatouat, sur celle de Fouizir. rides bordées par des failles à l'ouest et
Elle est recouverte par les schistes et à l'est du Khatouat ; ce sont, respec-
18 18

tivement, la Ride du Cherrat, à matériel des aires de sédimentation marine du


surtout dévonien et celle des Zaer, qui Khatouat et des Mdakra.
sera érodée jusqu'aux quartzites La première, toujours subsidente, se
ordoviciens. A l'ouest de la Ride du comble par l'apport rapide de sédiments
Cherrat, les Mdakra sont le siège d'une détritiques issus de la partie méridionale
sédimentation calme de plate-forme de la Ride des Zaer; la seconde, peut-
argileuse (formation de Chabet-el- être plus profonde, n'est alimentée que
Baya). Par la suite, l'enfoncement de la par des débris fins, distaux par rapport à la
Ride du Cherrat permet la communication ride des Zaer, ou bien venant de l'ouest.

Fig. 21. Bloc-diagramme des formations du Dévonien supérieur dans la partie


occidentale de la Meseta occidentale (localisation : fig. 23)

+ La bordure sud de l'anticlinal de Dans la Chabet Guenfoudia, un petit


Rabat-Tiflet affluent de l'oued Grou, à une quinzaine
De Rabat à Tiflet, l'anticlinal à cœur de kilomètres au Sud-Est de Rabat, la
ordovico-silurien comprend, sur son succession suivante (PIQUE, 1979) est
flanc sud, une série du Dévonien relevée, au-dessus de calcaires et
inférieur et moyen, dont les derniers d'argilites du Dévonien inférieur (Fig. 22) :
niveaux sont érodés à Rabat, sur
laquelle repose une série du Dévonien
supérieur-Carbonifère inférieur.
19 19

- Argilites gréseuses et pélites rouge- Dans la Chabet Guenfoudia cette


brique avec bancs de microbrèches coupe, d'environ 500 m d'épaisseur, est
granoclassées à éléments de calcaire interrompue par une faille. Des coupes
gris clair dévonien. La taille de ces semblables sont suivies plus à l'est,
éléments est variable, du millimètre jusqu' jusqu'aux environs de Tiflet ; elles se
à plusieurs dizaines de mètres de long ; terminent par des arénites de faible
- Grès fins à grossiers, micacés, profondeur et des petites constructions
microconglomératiques, à plantes récifales d'âge tournaisien. L'ensemble
flottées. Une lumachelle calcaire de ces coupes permet de définir la
contient Schizophoria sp., Productinæ formation d'Aïn-el-Klab du Famennien
(? Marginatia sp.), Spirifer tornacensis. Il supérieur ?- Tournaisien.
s'agit du Tournaisien ;
- Grésopélites à bancs désor-ganisés + Aïn-Hallouf
(wildflysch) ; La coupe d'Aïn-Hallouf est située à
- Basalte spilitisé verdâtre ; une douzaine de kilomètres au sud de
- Grès verts et niveaux chaotiques, Rabat. Sa base est inconnue et elle se
avec des blocs gréseux et des compose, de bas en haut, de :
fragments de calcaire gris dispersés - Termes pyroclastiques : grès et tufs
sans ordre apparent dans une matrice acides ;
argileuse gris verdâtre de type pélites - Grauwackes et conglomérats; les
écailleuses et wildflysch ; grauwackes sont feldspathiques et
- Barre conglomératique à galets, lithiques, en bancs épais, parfois
parfois très gros, parfaitement arrondis. granoclassés; les bancs conglo-
mératiques sont lenticulaires. Dans les
niveaux pélitiques associés aux
conglomérats on trouve Phacops granu-
latus, Dictyodendron sp., Platyclymenia
protracta, etc. du Famennien supérieur.
Sous les conglomérats, les niveaux
grauwackeux sont affectés par d'intenses
déformations synsédimentaires : plis et
cisaillements, indiquant des remises en
mouvement fréquentes du sédiment non
encore consolidé ;
- Litharénites : grès à matrice peu
abondante, avec des microgalets de
quartzite et de phyllades, à laminations
obliques ;
- Quartzites du jbel Akala, en bancs
lenticulaires, qui sont d'anciennes
barres sableuses littorales.
L'ensemble de cette série, d'âge
Fig. 22. Colonne du Dévonien Dévonien supérieur, a une épaisseur
supérieur dans la partie d'environ 400 m. Au-dessus, les
septentrionale de la Meseta "Schistes à Goniatites" de l'oued Akrech
occidentale (Chabet Guenfoudia, représentent le Tournaisien ; ce sont
région de Rabat-Tiflet) des shales et des siltites rougeâtres,
dépourvues de niveaux détritiques
20 20

grossiers et de coulées volcaniques. nord, près de l'embouchure de l'oued


Les faciès de la coupe d'Aïn-Hallouf Cherrat. A l'ouest de la "Bande de Ben
sont interprétés par IZART (1990) Slimane" (PIQUE, 1979), ces quartzites
comme des coulées de débris (conglo- reposent sur une série dévonienne du
mérats épais à matrice abondante, sans Bloc côtier ou bien ils sont en contact
litage apparent), des turbidites tectonique avec les terrains cambriens
(conglomérats à galets imbriqués, grès de Bouzniqa ; à l'est, ils sont recouverts
et gréso-pélites), des chenaux de par les calcaires et les grésopélites du
bordure (quartzites) et, enfin, des faciès Viséen supérieur.
de bassin, gréso-argileux. Ces derniers
appartiennent déjà à la formation du • La Meseta nord-occidentale au
Korifla (ci-dessous). Dévonien supérieur-Tournaisien ; l'ou-
verture du Bassin de Sidi-Bettache (Fig.
23)

Les coupes de l'oued Cherrat, du


Khatouat et de l'anticlinal de Rabat-Tiflet
montrent, reposant sur les calcaires du
Dévonien inférieur ou moyen, une série
transgressive très différente, grossière,
détritique et souvent chaotique, avec
des coulées de débris et des turbidites
proximales. Ces dépôts, datés du
Famennien, passent au sommet à des
niveaux plus fins de fond de bassin, où
des bancs calcaires viennent s'intercaler.
Ceux-ci datent du Tournaisien.
La comparaison de ces coupes entre
elles, les directions de paléo-courants et
les passages latéraux de faciès
montrent que les dépôts détritiques
famenniens se sont effectués dans un
bassin : le Bassin de Sidi-Bettache
(PIQUE, 1979; 1984), limité par des
rides en surélévation relative d'où
provenaient d’importants apports détri-
tiques.
Ces zones d’apport étaient la ride des
Sehoul au nord, installée sur la zone
Fig. 23. Carte de la Meseta nord-
des Sehoul et le futur anticlinal de
occidentale
Rabat-Tiflet, la ride du Cherrat à l'ouest,
à l'emplacement du futur anticlinal du
+ La région de Ben Slimane Cherrat et, à l'est, la ride des Zaer, qui
A l'ouest de la zone de l'oued Cherrat, deviendra l'anticlinal de Khouribga-
les seuls terrains d'âge Dévonien Oulmès. Ces deux dernières rides se
supérieur-Tournaisien sont les quartzites rapprochent l'une de l'autre vers le sud, et
struniens qui forment les Sokhrate de la largeur du bassin, d'une cinquantaine de
Ben Slimane et que l'on retrouve, au kilomètres à Sidi-Bettache, n'est plus
21 21

que d'une dizaine de kilomètres (après Elle débute par un niveau de quelques
déformation) au sud du Khatouat. mètres d'épaisseur de conglomérat à
La formation du Bassin de Sidi- galets mal classés, parfois anguleux,
Bettache, lors de la "Révolution famen- dont les plus gros peuvent atteindre 1 m
nienne", marque un tournant important de diamètre; la plupart provient du
dans l'histoire de la Meseta : la calcaire récifal sous-jacent et il arrive
fragmentation de la plate-forme du que l'on puisse observer, fossilisé, le
Paléozoïque inférieur. Les produits de la début du démantèlement des bancs
démolition de cette plate-forme, en calcaires et leur remaniement sur place.
premier lieu les calcaires dévoniens, La formation de Tiliouine n’est pas
s'accumulent, au Famennien, au pied datée, elle est calée entre le Strunien et
des failles qui délimitent le bassin. Vers le Viséen moyen. Le bassin de Tiliouine,
l'intérieur du bassin, les débris étaient prolongement vers le nord-est du bassin
redistribués par des courants de de Sidi-Bettache, est probablement relié
turbidité et vannés par des courants au Carbonifère inférieur à la Paléo-
tractifs. Au point de vue régional, la Téthys.
forme losangique du bassin, la nature Vers le sud-ouest, la formation de Tsili
rectiligne de ses limites et leur présente les mêmes caractéristiques,
association avec des laves d'origine avec notamment des schistes à blocs
mantélique suggèrent qu'il s'agit d'un remaniant le Dévonien moyen
bassin de déchirure (pull-apart), né en (CHEVREMONT et al., 2001).
régime compressif par la remise en
mouvement de failles du socle. Divers + Les Rehamna du Nord et les Jbilete
modèles pour l'ouverture ont été Dans les Rehamna du Nord (HOLLARD
proposés; la plupart impliquent un et al., 1982), la formation famennienne à
mouvement cisaillant dextre sur des Buchiola et Cyrtospirifer verneuili de
accidents profonds orientés NNE-SSW. Foum-el-Mejez, épaisse de
300 m, est une série silto-gréseuse
-b. Autres régions de la Meseta occidentale entrecoupée de barres quartzitiques. Elle
est recouverte par des grès carbonatés
+ Zone de de Khouribga Oulmès d'âge Famennien supérieur-Tournaisien
Au nord d’Oulmès, IZART et al. (2001) qui, à l'ouest (formation de Nahilat), sont
distinguent : directement transgressifs sur des
- La formation de Moulay Hassane, de calcaires karstifiés du Dévonien moyen.
300 m d’épaisseur constituée de La disposition des formations dans la
calcaires et de schistes du Frasnien coupe de Foum-el-Mejez est interprétée
inférieur et du Famennien inférieur et de comme une discordance progressive
schistes et grès quartzitiques en bancs des grès struniens sur les grésopélites
métriques du Famennien supérieur. Au du Famennien supérieur, liée à des
sommet de la formation, des miospores basculements de blocs.
datent le Strunien ; Toujours dans les Rehamna du Nord,
- La formation de Tiliouine, composée mais au NW de ceux-ci, la formation du
de schistes à blocs et olistolites de Bled Mris d'âge Dévonien supérieur
calcaires du Givétien, de conglomérats probable, avec des chenaux conglo-
et d’alternance de schistes et grès mératiques et des blocs quartzitiques de
turbiditiques. On peut observer toutes tailles disséminés dans les
localement sa transgression sur les schistes gréseux, évoque les séquences
calcaires karstifiés du Dévonien moyen. de bordure du bassin de Sidi-Bettache. On
22 22

se trouve ici, vraisemblablement, dans le 3.1.5.3. Le magmatisme de la Meseta


prolongement méridional de ce bassin, occidentale au Dévonien supérieur-Dinantien
le long de sa marge occidentale, au
contact du Bloc côtier. La coupe de Les couches du Dévonien supérieur
Foum-el-Mejez pourrait, dès lors, et du Tournaisien situées en bordure du
correspondre à la bordure orientale de Bassin de Sidi-Bettache contiennent
la Ride du Cherrat. Dans les Rehamna des coulées volcaniques et des filons
centraux, la déformation et le méta- dont certains niveaux contemporains
morphisme rendent délicates de telles (par exemple les schistes à goniatites
corrélations. de la coupe d'Aïn Hallouf) sont dépourvus.
Dans les Jbilete, la formation de Ces coulées et ces filons sont peu
Skhirat, autrefois considérée comme puissants : une ou plusieurs dizaines de
une "mylonite de base de nappe", est mètres tout au plus. L'âge des coulées
en fait un olistostrome, à la marge est celui des couches qui les
occidentale d'un bassin (MAYOL et contiennent : Dévonien supérieur,
MULLER, 1985). Des niveaux Tournaisien et Viséen inférieur dans la
comparables, enfin, sont signalés au région de Rabat.
sud-ouest de Marrakech, dans les Les laves constituent un complexe
boutonnières paléozoïques du Haouz. Il bimodal à spilites-kératophyres; les roches
est logique d'admettre que ces régions filoniennes sont des dolérites-diabases.
subsidentes, limitées par des failles Les dolérites les moins transformées
actives au Dévonien supérieur, gardent intacts leurs plagioclases
constituaient le prolongement vers le andésine-labrador et leurs pyroxènes de
sud du Bassin de Sidi-Bettache, sans type augite. Souvent, cependant, la
que l'on sache s'il existait une continuité paragenèse initiale des laves a été
entre ces régions, ou bien si elles déstabilisée au cours de la spilitisation, avec
formaient une succession de bassins le développement d'une association de
interconnectés. basse température à albite-chlorite-
épidote-calcite. La caractérisation chimique
+ Le Bloc côtier de ces roches profondément trans-
Le cœur du synclinal d'Ouled Abbou formées n'a pu être réalisée par les
est occupé par des pélites et des siltites simples analyses chimiques des éléments
sombres, identiques aux niveaux d'Ech majeurs, dont beaucoup sont mobiles
Chiahna, à l'embouchure de l'oued Ikem au cours de la spilitisation ; elle a
et à la partie inférieure de la formation nécessité l'analyse de leurs spectres de
de Chaabet-el-Baya. terres rares. On a ainsi montré que ces
Dans la région de Safi, une série laves et filons dévono-dinantiens sont
famennienne d'argilites silteuses et de de nature alcaline comme l'indique,
grès (860 m) est surmontée par des entre autre, la valeur faible du rapport
quartzites et des argilites du Strunien Th/Ta et l'enrichissement en terres
(340 m). Il est donc certain que l'on se rares lourdes dans les termes les plus
trouve là dans un bassin peu profond évolués (KHARBOUCH et al., 1985).
mais subsident, contemporain de celui de Les laves du Viséen inférieur sont,
Sidi-Bettache : le sillon d'Ouled- Abbou, elles, plus transitionnelles. Ces résultats
séparé de celui de Sidi-Bettache par une indiquent que la Meseta occidentale
ride allongée en direction NE- SW à la était soumise, au Dévonien supérieur-
partie orientale de Bloc côtier. Dinantien, à une distension intraplaque et
ils confortent ainsi les indications
23 23

fournies par les données sédimen- sur les phyllades des Sehoul, en
tologiques relatives à l'ouverture et au constitue un équivalent latéral, littoral ou
fonctionnement du Bassin de Sidi- continental. Sur la bordure occidentale
Bettache. Plus au sud, dans les du bassin, des faciès argilo-gréseux
Rehamna et les Jbilete, un magmatisme comme ceux du jbel Akala et des
acide et basique, plus important en schistes à goniatites tournaisiens
volume mais chimiquement voisin, est indiquent un delta marin passant, avec
daté du Viséen supérieur, les roches des barres gréseuses, à une plate-
basiques présentant des caractères forme peu profonde (IZART, 1990). Le
chimiques de tholéites (ESSAIFI et al., faciès caractéristique des zones
2003 ; EL KAMEL, 2004). centrales de la formation apparaît dans la
vallée de l'oued Korifla, sur la route de
3.1.6. Le Carbonifère Rabat à Rommani. C'est une alternance
de rythmes grésopélitiques. Au nord, autour
3.1.6.1 Le remplissage du Bassin du confluent des oueds Grou et Korifla, les
de Sidi-Bettache lits gréseux disparaissent et le faciès est
presque exclusivement pélitique. Au sud,
vers Rommani, au contraire, les rythmes
-a. La Meseta nord-occidentale grésopélitiques sont plus accentués et ils
deviennent des séquences turbiditiques.
Les dépôts épais qui s'accumulent au L'âge de la formation est certainement
Carbonifère inférieur dans le Bassin de Viséen inférieur comme l'indiquent aussi
Sidi-Bettache (PIQUE, 1979; IZART, bien la flore d'El Magnounan à
1990) sont tous détritiques et marins; on Asterocalamites scrobiculatus que les
les regroupe en trois formations : nombreuses spores et acritarches
identifiées par MARHOUMI et al,.
+ Formation de l'oued Korifla (1983). L'identité de faciès avec les
Elle est définie dans la vallée de schistes à goniatites tournaisiens de la
l'oued Korifla, affluent de l'oued Bou- coupe d'Aïn Hallouf amène à considérer
Regreg. Elle repose, à l'ouest, sur les que le "faciès Korifla" : siltites à nodules
grauwackes et les schistes tournaisiens carbonatés et ferrugineux s'est déposé,
de l'oued Ikem, à la bordure occidentale au fond du bassin, dès le Tournaisien,
du bassin, et à l'est, elle est recouverte et qu'il s'est étendu, au Viséen inférieur,
par les grès de l'oued Mechraa. Son sur les marges du bassin. L'importance
épaisseur est très variable. Dans la de la microflore d'origine continentale
vallée du Korifla même, malgré les indique la proximité de terres émergées
multiples complications tectoniques qui tout autour de l'aire de répartition de la
l'affectent, on estime qu'elle est formation. La profondeur de dépôt
comprise entre 1 000 et 2 000 m. Vers les devait donc être faible. Pour IZART
limites du bassin, cette épaisseur se (1990), il s'agit en effet de dépôts d'assez
réduit et la formation se trouve en faible profondeur, provenant de courants
biseau entre les formations tournai- de turbidité nés dans des prodeltas.
siennes précédemment décrites et Rappelons, enfin, la présence de
celle, Viséen supérieur, de l'oued coulées volcaniques dans cette série.
Mechraa décrite plus loin. Elle n'est pas
représentée en dehors des limites du
bassin. Le conglomérat du jbel Bakach,
dans le bas oued Bou Regreg, discordant
24 24

+ Formation de l'oued Mechraa Dévonien terminal ; les niveaux du V3b


Au centre du bassin, dans la vallée de recouvrent, à l'est, les grauwackes et les
l'oued Mechraa, cette formation repose schistes famenniens; les calcaires
en apparente concordance angulaire dévoniens du centre de la zone du
sur celle de l'oued Korifla. A l'est, elle Cherrat, enfin, ne sont recouverts qu'à
passe à la formation des Bou-Rzim. la fin du Viséen supérieur (V3c). Ainsi,
Vers les marges du bassin, les niveaux la transgression du Viséen supérieur
de base de la formation de l'oued dépasse les limites qu'avait le bassin
Mechraa recouvrent des termes de plus auparavant et elle s'avance sur ses
en plus anciens de la formation de marges en submergeant les paléoreliefs
l'oued Korifla et, finalement, on les de la ride du Cherrat. Il est toutefois
trouve sur les séries dévoniennes. Cette douteux que cette transgression ait
discordance cartographique sous laquelle recouvert toute la Meseta nord-
se trouve le biseau de la formation de occidentale : on ne connaît pas de
l'oued Korifla est particulièrement nette, terrains Viséen supérieur à l'ouest, et
par exemple, dans la Chabet-el-Harcha, les faciès de faible profondeur signalés
un affluent de l'oued Grou, entre Rabat dans la région de Ben Slimane
et Tiflet. Là, le calcaire dévonien est en suggèrent la proximité de terres
position anticlinale, dans le prolongement émergées en Meseta côtière. Au-dessus
de l'anticlinal de Rabat. Sur le flanc sud de ces niveaux de base transgressifs, la
de cet anticlinal, une séquence formation est représentée sur une
Dévonien supérieur-Tournaisien identique épaisseur d'un millier de mètres par des
à celle de la Chabet Guenfoudia est rythmes grésopélitiques. Les grès,
recouverte par les grès de l'oued parfois granoclassés, microconglomé-
Mechraa (la formation de l'oued Korifla ratiques, sont en bancs d'épaisseur
est absente ici, à la marge nord du pluridécimétrique à métrique. Ce sont
bassin). Sur le flanc nord de l'anticlinal, des litharénites à ciment carbonaté.
la formation de l'oued Mechraa repose, L'âge de la série est Viséen supérieur
par contre, directement sur le calcaire (PIQUE, 1979).
du Dévonien inférieur. Elle se développe
plus au nord dans la vallée de l'oued + Formation des Bou-Rzim
Satour dans un repli synclinal au cœur de Elle occupe le centre du bassin et elle
l'anticlinorium de Tiflet. Sur la marge affleure dans la vallée de l'oued Grou,
ouest du Bassin de Sidi-Bettache, la au sud et au sud-ouest de Tiflet. Elle
disposition est semblable : dans la région recouvre la formation de l'oued
de l'oued Cherrat, la formation de l'oued Mechraa. Elle est formée de bancs de
Mechraa repose sur les séries grauwackes vertes, d'épaisseur métrique
tournaisiennes à l'est de la zone à la base de la série, devenant moins
anticlinale du Cherrat, sur les calcaires épais au sommet, et de niveaux argilo-
du Dévonien inférieur au centre de la silteux. Les faunes y sont rares. On y a
zone du Cherrat, et sur les niveaux du récolté Posidonia becheri et des
Dévonien terminal à l'ouest. Une étude goniatites (Goniatites subcircularis, G.
précise de l'âge des premiers niveaux spiralis, G. nodosus qui indiqueraient le
transgressifs de la formation de l'oued passage au Namurien (TERMIER, 1936).
Mechraa dans cette région a permis à
CHALOUAN (1981) de montrer que les Si l'on considère l'ensemble des
plus anciens (base du Viséen supérieur) formations carbonifères du bassin de
reposent à l'ouest sur les quartzites du Sidi-Bettache, on voit qu'elles traduisent
25 25

une grande subsidence et enregistrent de calcaires gréseux avec des


l'évolution de la maturité des sédiments. épaississements récifaux à Caninia,
A partir des grauwackes famenno- Caniniophyllum, etc. A son sommet, la
tournaisiennes, les roches gréseuses série, épaisse ici d'une centaine de
deviennent de plus en plus triées et leur mètres, s'achève par des pélites à
matrice argileuse disparaît. On aboutit Posidonia becheri et une microfaune du
au stade des quartzites très matures V3bγ. Dans la même région, le Viséen
dès le Famennien terminal à l'intérieur se continue dans une autre série : la
du bassin (coupe d'Aïn-Hallouf) et, plus formation d'Enta, grésopélitique cette
tardivement, à la fin du Tournaisien sur fois. Son épaisseur serait supérieure à
les marges du bassin (quartzites de Sidi 1 000 m. Son âge est compris entre le
Abd-el-Kader-Jilali; coupe d'Al Brijat). Viséen supérieur à la base, et un niveau
Les roches fines et bien triées de la élevé du Namurien, au sommet, daté
formation de l'oued Korifla marquent un par Gastrioceras sp. et Reticuloceras.
état d'équilibre où les sédiments, A l'est, la formation d'Enta passe à
apportés en quantités importantes, sont celle du Fourhal, au sommet de laquelle
triés et vannés sur le fond du bassin. le Westphalien inférieur est représenté
L'arrivée de sédiments immatures par des couches encore marines
correspond à la transgression du début (BENSAID et al., 1980). On est ici au
du Viséen supérieur. Elle est à mettre cœur du synclinorium du Fourhal. A la
en rapport avec des événements limite orientale de la formation du
tectoniques qui se déroulent, à cette Fourhal, au voisinage du village Had-
époque, en Meseta orientale. La des-Bouhsoussène, on retrouve la série
subsidence est très active au Famenno- de base du Viséen, discordante et
Tournaisien, puis elle décroît au Viséen transgressive, cette fois, sur les grès
inférieur pour reprendre au Viséen ordoviciens du pays zaïan. La série
supérieur. débute là par des niveaux conglo-
A l'est du Bassin de Sidi-Bettache mératiques puis elle se poursuit avec
proprement dit, il n'y a pas de dépôts des bancs de grès carbonatés, rappelant
dinantiens conservés dans l'anticlinal de ceux de la formation de l'oued Mechraa,
Khouribga-Oulmès. Cette structure s'est d'âge V2b-V3a. On passe ensuite à une
édifiée à l'emplacement d'une ride alternance de calcaires et de pélites du
paléogéographique : la ride Zaer. Au V3b-V3c et, enfin, au-dessus, à des
flanc sud-est de cette ride, dans la pélites à Posidonies, base de la
région des Smaala, CAILLEUX (1978) formation du Fourhal. Le bassin de
décrit une série viséenne en contact Fourhal est également caractérisé par
tectonique avec des séries plus la présence de roches magmatiques
anciennes, d'âge ordovicien à dévonien. basiques : des coulées de basaltes et
L'absence de terrains du Dévonien des sills de dolérites se mettent en
supérieur au Tournaisien et la présence place depuis le Viséen supérieur
dans la série viséenne de conglomérats jusqu‘au Namurien. Ces roches appar-
à éléments dévoniens suggèrent que tiennent à une série tholéitique. Une
cette série viséenne était transgressive, tendance calco-alcaline est mise en
vers l'ouest, sur la Ride Zaer. Les évidence dans le nord-est du bassin de
premiers niveaux viséens sont datés du Fourhal (RODDAZ et al., 2002).
Viséen moyen (V2) ; ce sont des Ainsi, les données connues actuel-
schistes noirs à nodules gréseux qui lement conduisent à envisager sur toute
passent à des alternances de pélites et la Meseta nord-occidentale et centrale
26 26

une vaste zone où la sédimentation, On a pensé retrouver l'équivalent de ces


transgressive à partir du Viséen moyen roches dans les amphibolites de Lalla Tittaf,
V2, déborde les limites du Bassin de Sidi- au sud-est des Rehamna mais des
Bettache et s'étend peu à peu sur des datations de gabbros amphibolitisés ont
rides jusqu'alors émergées: le Ride du livré un âge de 2136 +/-17 Ma (U/Pb sur
Cherrat, probablement complètement sub- zircons : BAUDIN et al., 2003) et il est
mergée, et d'autres zones hautes, possible qu’une partie au moins de
seulement en partie recouvertes: les cette série soit un témoin de la croûte
Sehoul au nord, la Meseta côtière à précambrienne.
l'ouest, la Ride Zaer et le pays zaïan à
l'est. Cette transgression était proba- + Plus que les Rehamna, c'est le
blement originaire de l'est ou du nord- massif des Jbilete (Fig. 24) qui permet
est, puisqu'elle est plus précoce à l'est d'étudier le mieux les dépôts viséens de
de la Ride des Zaer que dans le reste la Meseta méridionale. D'ouest en est, on
de la Meseta nord-occidentale. D'ailleurs, y distingue deux séries, initialement
c'est aussi à l'est, dans le sillon du définies par HUVELIN (1977) :
Fourhal, que la mer se maintiendra
jusqu'au Westphalien et c'est aussi là - La série du Sarhlef. Elle repose à
que, au début du Viséen moyen et l'ouest sur la série détritique disloquée
supérieur, se déposent des calcaires des Skhirat et du Rhira qui, au
récifaux alors que des sédiments Famennien-Tournaisien, constituait la
grossiers et détritiques sont connus à marge occidentale du bassin
cette époque à l'ouest, dans la formation (BORDONARO et al., 1979). C'est un
de l'oued Mechraa. ensemble assez monotone, formé
surtout de shales et de bancs silto-
-b. Rehamna et Jbilete gréseux. Il s'y intercale des niveaux
+ Dans les Rehamna du Nord, le détritiques à faciès de tempestites et, à
Viséen est représenté par des roches Kettara comme à Hajar dans le massif
sédimentaires et volcaniques. 10 km au de Guemassa (LEBLANC, 1993), des
sud de Mechra-ben-Abbou, la série des amas sulfurés d'importance économique.
Skikirat, de toute façon dilacérée Parfois, des niveaux sombres peuvent
tectoniquement, serait-elle un olisto- prendre le faciès de "black shales",
strome remaniant le calcaire récifal témoins d'un milieu anoxique, où les
dévonien et des niveaux subcon- métaux, et en particulier l'argent, liés au
temporains: calcaires à Zaphrentis sp., volcanisme contemporain, sont piégés.
Antiquatonia costata, etc.. ? De toute Non loin des Jbilete, le massif de
façon, on se trouve ici à la bordure Guemassa contient aussi un gisement
orientale du bassin prolongeant vers le polymétallique à pyrrhotite, sphalérite,
sud celui de Sidi-Bettache. 6 km au galène, chalcopyrite, etc., inclus dans
sud-est de Mechra-ben-Abbou, la Gada une série volcano-sédimentaire semblable
Jennabia montre une série d’âge à celle des Jbilete. La série du Sarhlef est
Viséen supérieur associant des roches datée du Viséen moyen-supérieur par
sédimentaires : quartzites, argilites, Posidonia becheri, mais il n'est pas
calcaires récifaux, jaspes, à des coulées impossible que des niveaux plus
volcaniques spilitiques, des sills doléritiques anciens soient présents à la base de la
et des tufs. Ces roches basiques série. Ces couches sont interprétées
appartiennent à une série tholéiitique comme des dépôts de plate-forme
intraplaque. marine distale. Elles sont l'encaissant
27 27

d'une série intrusive bimodale : du Kharrouba est datée, elle aussi, du


trondhjémites, gabbros et dolérites, Viséen supérieur à son sommet par
montrant divers termes de la Posidonia becheri et Goniatites crenistria.
différenciation d'un magma tholéiitique. Elle est constituée de roches de plate-
Une datation isotopique des termes forme : calcaires bioclastiques et grès,
acides donne 330.5 Ma (U/Pb sur et de turbidites alimentées par l'est. La
zircons, ESSAÏFI et al., 2003), confirmant disposition paléogéographique des
bien l’âge viséen supérieur de ces Jbilete au Viséen supérieur est
roches intrusives qui correspondent à expliquée ainsi par BEAUCHAMP et
celles des Rehamna et à celles du IZART (1987) : à l'est, une terre
bassin de Fourhal. Elles sont aussi du émergée fournit des éléments
même type, quoique plus récentes, que détritiques à un demi-graben dont l'axe
les quelques coulées intercalées, au est situé à l'emplacement de la
Viséen inférieur, dans la formation de formation du Kharrouba. Dans ce
l'oued Korifla. bassin se mettent en place des nappes
- La série du Kharrouba. A l'ouest de synsédimentaires, à matériel surtout
la série du Sarhlef, et séparée d'elle par ordovicien, de provenance orientale.
un contact tectonique cisaillant, la série

Fig. 24. Le massif des Jbilete


A : carte schématique
B : disposition des roches basiques dans les schistes carbonifères de Kettara
C : cisaillements dans les Jbilete centrales
28 28

3.1.6.2. Les bassins orientaux

-a. La zone d'Azrou-Khenifra


+ Les séries carbonifères des dispositions structurales diverses,
Les terrains carbonifères sont largement dans la région d'Azrou-Khenifra, à la partie
représentés, avec des faciès variés et orientale du Maroc central (Fig. 25).

Fig. 25. Carte de la partie orientale de la Meseta centrale (région d’Azrou-Khenifra)


29 29

- Tournaisien. Au jbel Bouchot, en où les foraminifères indiquent le V3bγ.


discordance angulaire sur les calcaires Dans la région de Khenifra, les
givétiens, une série détritique est constituée premiers niveaux viséens, trans-gressifs
de conglomérats à éléments arrondis de et discordants sur les terrains du
quartzites, de grès grauwackeux, siltites Paléozoïque inférieur, datent duV3bγ au
et grès calcareux à litage oblique et jbel Tabaïnout et du V3c au jbel Hadid.
figures de glissements synsédi- Des barres épaisses d'une centaine de
mentaires. Du NE vers le SW, la mètres parfois sont formées de calcaires
granulométrie et l'épaisseur de la série bioclastiques. Des épaississements
sont croissantes. Cette disposition résultent, au jbel Tabaïnout, de la
résulte du comblement d'un demi- graben précipitation de micrite sous l'action des
(BOUABDELLI et al., 1989). A une vagues. Des récifs de type biostrome
vingtaine de kilomètres au SW d'Azrou, sont signalés. Ici, l'épaisseur des seuls
une série comparable repose, au jbel terrains d'âge Viséen supérieur est de 2
Bou-Khadra, sur le Dévonien, ici aussi 500 m et leur caractère de plus en plus
autochtone, du Bou-Trou. La série a grossier témoigne de l'accroissement de
fourni des brachiopodes (Unispirifer l'activité tectonique.
ussiensis, Spirifer gr. konicki, Un autre type de série peut être pris
Marginatia, etc..) du Tournaisien comme exemple, avec la formation de
supérieur. Des failles synsédimentaires Mouchenkour-Aïn-Ichou qui affleure
attestent que la sédimentation tournai- dans le Nord de la région d'Azrou-
sienne était contrôlée par une activité Khenifra. Son épaisseur est importante,
tectonique distensive. Le caractère de 1500 à 2000 m. Ses termes
détritique du Tournaisien, à la base des successifs sont énumérés ici de bas en
dépôts du bassin, se retrouve à haut :
l’extrémité nord de cette zone dans la • Schistes ardoisiers noirs du
formation de Migoumess, longtemps Mouchenkour, avec des lits minces, parfois
considérée comme westphalienne lenticulaires, de grès fins (200 m) ;
(BOUABDELLI et DOUBINGER, 1990). • Grès et schistes. La fraction gréseuse
- Viséen autochtone. On décrira ici les est ici prépondérante. L'ensemble
deux séries les plus caractéristiques présente des caractères de turbidites
(BOUABDELLI et PIQUE, 1996). Le (500 m) ;
Viséen inférieur (?) et moyen est • Niveaux chaotiques d'Aghroud-
représenté dans la coupe de Goulib, à Ouymar : conglomérats, turbidites
environ 20 km au NW d'Azrou. Ce sont gréseuses, olistolites inclus dans des
des marnes, des pélites et des pélites écailleuses, etc. (80 m);
calcaires. Ceux-ci sont des roches de
• Fysch à blocs: les olistolites, dont les
haute énergie à oolites, crinoïdes et
plus gros atteignent 20 ou 30 m de
stratifications obliques. Des polypiers
diamètre, sont inclus dans des grésopélites
isolés y sont présents. Des niveaux
déformées plastiquement à leurs abords (300
semblables sont connus plus au sud, à
m);
Akechmir n'Bou Annou (au nord de Souk-
el-Had) par exemple, où ils sont • Grésopélites ("flysch" d'Aïn-Ichou)
discordants sur les quartzites du avec ou sans olistolites, déformées par
Dévonien basal. Le Viséen supérieur de nombreux plis synsédimentaires
est représenté par quelques centaines de dont l’amplitude est métrique (500 m).
mètres de pélites calcareuses, grès Il n'existe pas de datation directe de
calcareux et calcaires à Gigantoproductus cette série. Elle est certainement sub-
30 30

contemporaine à postérieure au Viséen couches tournaisiennes sont restreintes


supérieur (V3bγ) qui est l'âge des au nord de la zone d'Azrou-Khenifra, le
olistolites calcaires les plus récents. domaine sud étant émergé à cette
époque. Durant tout le Viséen, la
- Viséen allochtone. A l'intérieur des transgression progressera vers le sud et
unités allochtones, la série viséenne le sud-ouest et les premières couches
repose en continuité sur les niveaux transgressives, de plus en plus récentes
sous-jacents. Dans la nappe de vers le sud, reposeront sur un "socle"
Khenifra, son épaisseur visible est de plus en plus ancien : Dévonien
d'environ 350 m. Elle est constituée moyen au jbel Bouchot, ordovicien au
d'un ensemble pélitique à polypiers jbel Tabaïnout et cambro-ordovicien au
isolés où s'intercalent des calcaires de jbel Hadid. La partie méridionale du
faible profondeur. On a cru (ALLARY et bassin d'Azrou-Khenifra est un grand
al., 1976) que la série chaotique du bloc soulevé au sud de la faille
Viséen autochtone était liée d'Aguelmous; elle ne sera recouverte
génétiquement aux unités allochtones qu'à la fin du Viséen, lors de l'extension
dont elle aurait constitué le produit de maximum de la transgression.
démantèlement à leur front, déposé au BOUABDELLI et PIQUE (1996) incluent
moment de leur progression dans le ces basculements de blocs autour de
bassin de sédimentation. La présence directions WSW-ENE dans un modèle
de plusieurs séquences chaotiques à cinématique où le Bassin d'Azrou-
plusieurs niveaux sur une même verticale Khenifra est limité par deux grandes
montre plutôt qu'elles ne sont pas liées à failles transcurrentes dextres, la faille
un seul épisode de mise en place des des Smaala-Oulmès à l'ouest et celle
nappes, mais qu'elles enregistrent les de Tazekka-Bsabis-Bekrit à l'est. Au
saccades et les à-coups d'un milieu de Viséen supérieur, le bassin comprend
sédimentation de plus en plus instable au une plate-forme carbonatée, bien
cours du Viséen supérieur (MULLIN et conservée sur sa marge occidentale,
al., 1976). par exemple au Goulib, et un sillon
turbiditique dont les limites sont
+ Le développement du Bassin soulignées par des dépôts chaotiques.
d'Azrou-Khenifra. A la fin du Viséen supérieur, le
Comme en Meseta nord-occidentale, le soulèvement de la marge orientale du
début du Carbonifère et peut-être même bassin induit le décollement des séries
l'extrême fin du Dévonien sont marqués de la plate-forme orientale et leur mise en
par un changement de sédimentation. place en écailles et nappes gravitaires
Les premiers niveaux, transgressifs sur (Bou-Agri, Ziar, Khenifra, etc..) dans le
les dépôts de plate-forme du bassin. La moitié orientale du bassin
Paléozoïque inférieur et moyen, sont émerge alors et, au Namurien, la
conglomératiques et gréseux. Leur sédimentation argileuse se déplace vers
disposition cartographique montre qu'ils l'ouest au-dessus de l'ancienne plate-
sont contemporains d'une tectonique forme orientale. Cette migration des
distensive qui s'exprime par des faciès (et de la déformation : voir plus
basculements de blocs. Ainsi, les bas) évoque le développement d'un
couches tournaisiennes, par exemple, bassin d'avant-pays. A cette époque, la
sont en discordance angulaire et rotation de la direction de rac-
progressive sur les niveaux du courcissement régional, devenue NW-
Dévonien moyen. Notons que ces SE à la fin du Viséen, se traduit par le
31 31

blocage du jeu latéral dextre de la faille formation chaotique sont des grès
orientale du bassin et son activation en ordoviciens, des phtanites siluriennes,
faille inverse, au front des épais- des calcaires du Dévonien inférieur et
sissements tectoniques qui se moyen et des calcaires du Viséen
produisent dans le Maroc oriental. supérieur-Namurien ; on y observe
aussi des éléments remaniés de roches
-b. La Meseta orientale éruptives. Il est clair que le dépôt de
l'olistostrome est globalement con-
Il s'agit ici des séries carbonifères, temporain de l'activité volcanique et que
discordantes sur les dépôts du Paléo- les deux phénomènes sont liés (EL
zoïque inférieur et moyen, plissés et GHAZI et HUVELIN, 1981).
métamorphisés. On les observe dans Au-dessus de la série volcano-
les boutonnières des Zekkara, de sédimentaire et de l'olistostrome, la
Debdou, Mekkam, Jerada, etc. On les sédimentation est grésopélitique au
retrouvera dans la boutonnière Namurien puis détritique, avec des
atlasique du Tazekka. couches de charbon, dans le bassin de
Le conglomérat de base est surmonté Jerada au Westphalien inférieur. Après
par des marno-calcaires et des les couches transgressives du Viséen
calcaires roux ou bleus, souvent supérieur, l'évolution de ce bassin,
oolitiques, à polypiers et productidés du décrite par IZART (1990), s'effectue
Viséen supérieur. Au-dessus se trouve dans un grand épisode régressif qui,
un complexe volcano-sédimentaire de 1 dans le détail, comporte trois cycles :
500 m d'épaisseur. Les roches volcano- Namurien-Westphalien A, West-phalien
sédimentaires alternent parfois avec B et Westphalien C. Chacun d'eux est
des séries turbiditiques (BERKHLI et al., marqué par un épisode de subsidence,
1999). Ces roches volcano-sédimentaires l'installation de marécages, la transgression
sont des tufs, des brèches, des cinérites marine puis le remblaiement par des
andésitiques et dacitiques et des niveaux lagunaires et fluviatiles. Un
ignimbrites. La paragenèse magmatique épisode fluviatile important, entre le
comprend des plagioclases inter- Westphalien B et C, est représenté par
médiaires, feldspaths, quartz, pyroxène, le dépôt du Grand Poudingue. Dans le
hornblende, biotite et opaques. Elle est Westphalien C, ESSAMOUD et
parfois remplacée par une association COUREL (1998) montrent que le contrôle
secondaire, caractéristique du faciès de la transformation de la matière
des schistes verts. Les analyses organique et de sa préservation est
pétrographiques et géochimiques réalisé par les failles bordières du bassin,
(KHARBOUCH et al., 1985 ; combiné à des variations eustatiques de
KHARBOUCH, 1994) indiquent une la Paléo-Téthys vers laquelle se retirent
souche calco-alcaline parfois considérée les eaux après le Westphalien C.
comme l'expression d'une subduction
océanique (BOULIN et al., 1988 ; 3.1.6.3. Le Carbonifère terminal et
RODDAZ et al., 2002). Cette série le Permien
volcano-sédimentaire est associée à un
olistostrome (régions d'Oujda, des La série marine carbonifère s'interrompt
Zekkara et de Jorf Ouazzène) qui, selon à des niveaux variables, parfois dès le
les cas, lui est antérieur ou bien en début du Namurien, parfois seulement,
remanie les éléments. Les blocs comme à Jerada ou dans le Fourhal, au
sédimentaires emballés dans cette
32 32

Westphalien. Les séries continentales convient de distinguer, à l'intérieur de


qui suivent sont discordantes sur les ces séries rouges, les niveaux de base,
structures hercyniennes (EL WARTITI, d'âge permien, des couches supérieures
1994). Dans le bassin limnique de Sidi- qui représentent le Trias supérieur et le
Kassem (région d'Ezzheliga, Massif Lias basal. Ces dernières seront traitées
central), elles sont constituées de 1500 m plus loin.
de grès et de conglomérats rouge- A l'intérieur du domaine mésétien, le
violacé, de calcaires lacustres et de Permien est représenté dans plusieurs
veines de charbon inexploitable. Le régions, ou "bassins" : ceux de Tiddas,
Westphalien C y est représenté. Ces Boutarella, Bou-Achouch, Khénifra et
couches sont légèrement déformées. Elles Chougrane dans le Massif central, de
sont contemporaines des derniers dépôts Mechraa-ben-Abbou et des Rehamna
marins de Jerada. orientaux, de Ouled Maachou et des
Senhaja dans les Jbilete. D'autres sont
Au-dessus sont connues depuis connus dans le Massif Ancien du Haut
longtemps des couches rouges longtemps Atlas. On voit que la plupart de ces
rapportées, sans plus de précision, au bassins sont situés à la périphérie des
Stéphano-Autunien. On sait à présent massifs hercyniens. Il ne faut pas en
distinguer, sur des critères paléonto- déduire pour autant que les dépôts
logiques, les niveaux stéphaniens de permiens ne se sont effectués que dans
ceux du Permien. Dans les couches des zones déprimées en bordure des
détritiques des Senhaja (Jbilete massifs : d'une part, les voussures de ces
orientales) et du Haouz, le Stéphanien massifs et leur fragmentation sont
supérieur est représenté par deux souvent tardives par rapport au Permien
séries: à la base, des dépôts de grés et et même très récentes ; d'autre part,
de conglomérats caractérisant un système l'existence de petits affleurements, tel
de rivières en tresse proximale dont celui de Boutarella découvert par
l'écoulement est globalement vers le COGNEY dans le Massif Central
sud ; au-dessus, des grès et des siltites montrent que des sédiments permiens
clairs, déposés dans un régime toujours se sont déposés au cœur des montagnes
fluviatile et à écoulement vers le sud, hercyniennes.
mais à présent distal, sur un relief très Dans l'ensemble de ces bassins, les
aplani ; des calcrètes suggèrent un climat séries permiennes présentent de
en voie d'aridification. Quelques lits de grandes similitudes entre elles :
charbon sont rencontrés dans l'une et - Les dépôts permiens sont rouges,
l'autre de ces séries. continentaux et souvent détritiques. Les
séquences élé-mentaires sont du type:
Les autres séries continentales post- conglomérat-grès-argiles, avec un
orogéniques du domaine mésétien sont matériel détritique exclusivement issu
plus récentes et datent du Permien. Au des reliefs hercyniens proches. Des
Maroc, le Permien a longtemps été bordures vers le centre des bassins, on
regroupé avec le Trias, et le terme observe la répartition latérale suivante :
Permo-Trias évoquait les séries rouges des cônes alluviaux; des dépôts
généralement mal datées, surtout torrentiels ou fluviatiles; des plaines
continentales, intercalées entre les d'inondation, avec des dépôts palustres,
terrains paléozoïques plissés et les des calcaires lacustres et quelques
séries franchement marines du niveaux charbonneux. Les nombreuses
Mésozoïque. On sait aujourd'hui qu'il variations d'épaisseur et de faciès
33 33

observées, et la forme elle-même des Les roches effusives sont des rhyolites,
bassins montrent qu'ils sont limités par ignimbrites, dacites, andésites, avec
des failles. Tous ces caractères sont des cinérites et des tufs. Leur affinité
ceux des bassins intramontagnes est calco-alcaline, peut-être alcaline
limités par des failles. Les épaisseurs pour les plus récentes. Ce magmatisme
conservées sont variables, de quelques est typique des environnements tardi à
dizaines de mètres (Bou-Achouch, post-orogénique.
Boutarella) à plusieurs milliers de - On a signalé (MABKHOUT et al.,
mètres (3000 m à Mechraa-ben-Abbou : 1988; MRINI et al., 1992) des granites
FREYTET et al., 1999). Le climat était permiens, en particulier ceux d'Azegour
chaud, intertropical à saisons sèches et et des Rehamna occidentaux, sur la base
humides alternantes. de datations (Rb-Sr, roche totale) à 270
-Les données floristiques et Ma. Ils sont alcalins, ce qui les
faunistiques s'accordent pour fixer un distingue des roches volcaniques
âge Permien inférieur (Autunien, ou contemporaines du domaine mésétien.
encore Asselien et Sakmarien) à ces Il est nécessaire de s'interroger sur la
séries. Dans le bassin de Tiddas, par signification des âges tardifs de ces
exemple, les flores comprennent granites hercyniens, peut-être rajeunis
Walchia piniformis, W. imbricata, au Trias.
Ulmannia bronnii et Ernestiodendron
filiciforme. Ailleurs, on a récolté
Neuropteris, Odontopteris et
Glossopteris et des nodules carbonatés
cylindriques dus à des racines de
Cordaites (FREYTET et al. (1992).
Dans le bassin de Mechra-ben-Abbou,
des ostracodes (Darwinula aff. triangularis,
D. erunaca, Whipplella carbonaria)
indiqueraient le Permien inférieur. La
série permienne, avec des dépôts de
chenaux fluviatiles, des plaines
d’alluvions et des sédiments lacustres, est
ici composée de deux mégaséquences
positives (FREYTET et al., 1999).

La découverte dans le bassin de Bou


Achouch de mégasporophylles à
symétrie radiale de peltaspermes
(KERP et al., 2001) est intéressante à
deux titres, d’une part parce qu’elle date
le Carbonifère terminal-Permien inférieur,
mais aussi parce que cette flore
comprend des éléments d’affinités
gondwanienne, cathaysienne, angarienne
et américaine, montrant ainsi la réunion,
alors, de ces ensembles continentaux.
- Le volcanisme est globalement
subcontemporain de la sédi-mentation.
34 34

3.2. La déformation du socle


mésétien
En Meseta occidentale que nous Elles sont séparées les unes des
prenons d’abord en considération, la autres par des accidents cisaillants,
déformation des séries paléozoïques transcurrents ou chevauchants, à jeu
permet de délimiter diverses zones symmétamorphe. Elles seront décrites
structurales. Dans chacune de ces zones, en débutant par la partie nord-
les structures sont contemporaines et occidentale de la Meseta, au SE de
caractérisées par un régime et une Rabat (Fig. 26).
intensité semblables de la déformation.

Fig. 26. Zones structurales de la Meseta nord-occidentale


3.2.1. La zone des Sehoul

Elle forme la partie la plus Elle est constituée par la série


septentrionale de la Meseta. On la suit cambrienne des Sehoul. Au sud, elle
à l'affleurement, entre Rabat et Tiflet, est en contact tectonique avec
sur quelques kilomètres de large, dans l'anticlinal de Rabat-Tiflet ; au nord, elle
les vallées des oueds Bou-Regreg et est recouverte par les dépôts récents du
Tiflet (Fig. 27). Gharb. On ne connaît pas ses
prolongements à l'ouest, dans l'Atlantique,
35 35

ni à l'est vers Taza. Malgré son extension Ces plis sont accompagnés par une
réduite, cette zone est importante, car elle foliation S1. Dans les flancs des plis,
se distingue du reste de la Meseta par sa serrés et subisoclinaux, les deux
déformation pré-hercynienne structures planaires S1 et S0 tendent à
se paralléliser. L'intensité du métamor-
3.2.1.1. La déformation fondamentale phisme, déterminée par l'association
chlorite-mica blanc et par la cristallinité
Les grauwackes et les schistes des de l'illite, atteint le stade de l’épizone. La
Sehoul sont affectés par une déformation disposition d'ensemble des structures
pénétrative symmétamorphique. Les plis plissées est difficile à reconstituer à
sont en moyenne E-W, avec des plans cause de l'extension latérale réduite des
axiaux souvent peu pentés. La disposition affleurements mais on peut dessiner
et l'enchaînement des structures mineures une suite de synclinaux et d'anticlinaux
montrent que la vergence tectonique est affectés par des chevauchements tardi-
au sud. schisteux, tous à vergence sud (PIQUE,
1979; EL HASSANI, 1991).

Fig. 27. Partie nord de la Meseta occidentale


A : Carte schématique
36 36

B : Carte de la région du confluent Grou-Bou-Regreg


C : Coupe dans les schistes des Sehoul (région de Tiflet)
37 37

L'âge de cette déformation sym- S2, parallèle au plan axial de l'anticlinal


métamorphique est évidemment postérieur de Rabat-Tiflet. En même temps, le
au Cambrien moyen, âge stratigraphique granite de Rabat-Tiflet, déjà partiellement
reconnu dans la série des Sehoul et désolidarisé de son encaissant
antérieur au granite de Tiflet, un métamorphique et inséré tectoniquement
ensemble d'intrusions échelonnées de dans l’anticlinal de Rabat-Tiflet, est
Rabat à Tiflet, de faciès assez écaillé et haché par des plans de
variables, mais qui font toutes parties cisaillement à pendage nord.
d'un même corps magmatique. Or, ce
granite a été daté à 430 ± 3 Ma 3.2.2. Le Bloc côtier
(CHARLOT et al., 1973; Rb/Sr roche
totale et biotites extraites, recalculé), La Meseta côtière est appelée ici
correspondant à la fin de l'Ordovicien. Bloc, ou Môle, côtier (MICHARD, 1969;
Par ailleurs, le métamorphisme syn- PIQUE, 1989) pour souligner sa stabilité
schisteux des schistes des Sehoul est au cours de la déformation hercynienne.
daté de l’Ordovicien moyen (453 ± 8 Ma :
EL HASSANI et al., 1991 ; K-Ar sur
fractions micacées). Il existe donc bien
ici à l’Ordovicien la trace d’événements
métamorphiques suivis d’une mise en
place de granite.
La zone des Sehoul est la seule
région du Maroc, à l'exception de la
marge atlantique d'El Jadida, où une
déformation compressive de cet âge
soit signalée et datée. Cette déformation
et le magmatisme associé sont parfois
qualifiés de «calédoniens» car ils sont, en
gros, contemporains des évènements qui
caractérisent la chaîne calédonienne au
nord de l’Europe ainsi que la chaîne
taconique dans les Appalaches. Il faut
cependant rappeler que la zone des
Sehoul est sans continuité avec ces
régions et que le cadre géodynamique
de sa déformation demeure encore un
sujet de débat.

3.2.1.2. La reprise hercynienne


Dans la plus grande partie de la zone
des Sehoul, les structures d'âge
ordovicien n'ont pas été affectées par Fig. 28. Carte du Bloc côtier (Meseta
les déformations hercyniennes. Dans le nord-occidentale)
sud de la région, par contre, elles ont subi
une reprise au Paléozoïque supérieur. Cet ensemble comprend la partie la plus
Les plans de chevauchement sont occidentale du Maroc central, à l'ouest du
plissés et la schistosité S1 est crénulée méridien de Bouzniqa, les parties
par une seconde schistosité, occidentales des Rehamna et des
38 38

Jbilete et, bien entendu, le socle de Bouzniqa aux Jbilete occidentales; on


paléozoïque de la Chaouïa et des y reviendra plus loin. Sa limite occidentale
Doukkala (Fig. 15, 28). Sa limite orientale est cachée sous l'océan Atlantique ; on
est une zone faillée complexe, tentera de la définir.

Fig. 29. Déformation et métamorphisme dans la Meseta nord-occidentale


A : Carte
B : Schema structural
C : Zones métamorphiques
D : Types de la schistosité
39 39

Sur un substratum du Précambrien "schistosité de fracture" jusqu'à la


terminal et du Paléozoïque inférieur qui "schistosité de flux" (Fig. 29 D).: kaolinite,
apparaît à El Jadida, l'essentiel de la smectite, interstratifiés, qui sont
série paléozoïque est représenté par les instables dans les conditions de
niveaux cambriens et ordoviciens, ces température et de pression supérieures
derniers affleurant au cœur des synclinaux. à celles de la surface. Seules subsistent
Les structures régionales ont été l'illite et la chlorite qui constituent,
repérées par GIGOUT (1951 et Fig. 29 D). finalement, la paragenèse anchi- et
Leurs axes, NNE-SSW à NE-SW, sont épizonale bien développée à l'est. L'âge
subhorizontaux et leurs plans axiaux de la déformation est délicat à assurer
raides ; leur déversement, peu marqué, en l’absence d’arguments stratigraphiques
est vers l'ouest. Dans la partie déterminants. On sait que des niveaux
occidentale du Bloc côtier, par exemple d’âge Dévonien supérieur sont impliqués
sur la côte de Casablanca, aucune dans le synclinal d'Ouled Abbou. Il n'y a
structure métrique n'est visible à pas d'indication stratigraphique pour un
l'affleurement et les couches sont âge-limite supérieur, la première série
seulement faiblement basculées. A l'est, discordante étant celle des argilites du
au contraire, à proximité de la zone faillée Trias supérieur. Une étude isotopique
Bouzniqa-Jbilete occidentales, les K-Ar d'échantillons situés le long de la
pendages sont plus forts, les coupe de l'Oum-er-Rbia fournit des
plongements axiaux plus importants et résultats complexes. Les siltites
les plis métriques sont présents. cambriennes du bas oued Oum-er-Rbia
L'évolution métamorphique est nulle à ont subi une première évolution
l'ouest de la région, et épizonale à sa thermique, autour de 455 Ma, puis un
limite orientale (Fig. 29 C). Son intensité événement d'âge Carbonifère inférieur,
est appréciée par la composition de la responsable du métamorphisme épi- à
fraction fine inférieure à 2 µm, en mésozonal des micaschistes des
particulier par la cristallinité de l'illite et Rehamna, et enfin un réchauffement à
par la nature minéralogique et cristallo- environ 200 Ma, perceptible seulement
chimique des phyllosilicates. D'ouest en dans les fractions très fines de ces
est, schématiquement, on voit disparaître micaschistes. Des observations réalisées
les argiles. sur des documents issus de la
Ce gradient de déformation d'ouest en recherche pétrolière (ECHARFAOUI et
est se retrouve à l'échelle du microscope. al., 2002) suggèrent, pour leur part,
A l'ouest, le litage sédimentaire est la l’existence d’une phase de déformation
seule structure planaire visible dans la d’âge dévonien supérieur (Frasnien) qui
roche ; à l'est, à la limite orientale du Bloc se traduit, en subsurface, dans le socle
côtier, au contraire, c'est une schistosité des Doukkala, par des failles inverses et
subverticale S1 pénétrative qui constitue des écaillages à vergence ouest.
le débit majeur de la roche (Fig. 29 B).
Le passage entre ces deux stades de 3.2.3 Le domaine centre-occidental
déformation a été étudié (PIQUE, 1981;
PIQUE et WYBRECHT, 1987). Une 3.2.3.1. Le Maroc central occidental
coupe W-E montre la pénétrativité
croissante des types de la schistosité. Ces Entre la faille de Bouzniqa, limite
types correspondent à des stades ici orientale du Bloc côtier, et la faille
fossilisés de la schistogenèse, depuis la d'Oulmès-Smaala (Fig. 26), plusieurs
structures régionales, déjà mises en
40 40

évidence par TERMIER (1936), se Paléozoïque moyen et supérieur au niveau


succèdent : de ces couches plastiques.

-a. La zone synclinale de Ben Slimane -c. Le synclinorium de Rommani-Khatouat


Les terrains sont dinantiens et
Au nord, les séries qui le constituent probablement aussi namuriens. Un petit
sont les shales, grès et calcaires du bombement anticlinal amène les
Viséen supérieur. Elles s'appuient, à niveaux famenniens de l'oued Akrech à
l'ouest, sur les quartzites struniens de la surface. Les couches dinantiennes
Ben Slimane et, à l'est, sur diverses s'appuient sur les niveaux du Dévonien
couches du Paléozoïque inférieur et moyen et supérieur du flanc sud de
moyen de l'oued Cherrat. La déformation l'anticlinal de Rabat-Tiflet, du flanc est
est représentée par des plis à plans de l'anticlinal du Cherrat, et du flanc
axiaux diversement pentés, parfois nord de l'anticlinal de Khouribga-
couchés dans les Mdakra, dont la Oulmès. La direction des plis est ici
direction axiale est NNW-SSE à NW-SE extrêmement variable (Fig. 29 B). Dans
(Fig. 29 B). Leurs axes sont ordinairement la partie occidentale, le long de la vallée
peu plongeants. On reviendra plus loin de l'oued Ikem, ils sont NW-SE. A l'est,
sur la nature de cette bande de terrain. entre les vallées des oueds Grou et
Bou-Regreg, ils sont WSW-ENE (N70
-b. La zone anticlinale de l'oued Cherrat E) ; c'est le cas à Rommani. Dans le
Les pélites siluriennes et les calcaires centre du synclinorium, toutes les
du Dévonien qui affleurent au cœur de orientations sont représentées ; c'est le
cette structure sont recouverts en cas, par exemple, de la vallée de l'oued
transgression par les conglomérats Korifla, entre Aïn-el-Aouda et Rommani.
famenniens et la série du Viséen On retrouve des variations d'orientation
supérieur. C'est la ride dévono- des structures fondamentales dans le
dinantienne. Les couches sont déformées Khatouat, qui prolonge au sud-sud-
par des plis à plan axial subvertical, ouest le synclinorium de Rommani. Là,
souligné par une schistosité parfois les plis et la schistosité S1 associée
pénétrative. Le métamorphisme est passent en continuité des directions
anchi- à épizonal. A l'intérieur des plans NW-SE, comme dans la région de
axiaux, subméridiens, les axes présentent l'oued Ikem, à celles WSW-ENE de la
toutes les orientations et donc tous les région de Rommani. Ces variations ne
plongements. Le premier épisode de résultent pas d'une torsion des
déformation, paroxysmal, est suivi par structures antérieures, mais elles sont
l'individualisation de failles direc- originelles. Emboitées dans des arcs
tionnelles, subméridiennes, à jeu dont le rayon de courbure est de plus en
complexe, vertical et transcurrent. Toutes plus réduit vers le sud, elles traduisent
ces structures affectent l'ensemble de la l'adaptation du plissement fondamental,
colonne stratigraphique jusqu'au Viséen synschisteux, à des objets préexistants : les
inclus (CHALOUAN, 1981). L'extension rides du Cherrat, des Sehoul et des Zaër
relativement grande des faciès argileux (PIQUE et al., 1985).
siluriens et dévoniens au cœur de La répartition du métamorphisme
l'anticlinal et l'absence des séries synschisteux est remarquable. Sur les
ordoviciennes au centre de la structure bordures du synclinorium (oued Ikem,
posent la question, non résolue, d'un Rommani et, à un moindre degré,
possible décollement des séries du région sud de Rabat-Tiflet), l'évolution
41 41

métamorphique est nette, toujours -d. La zone anticlinoriale de Khouribga-


anchizonale, parfois épizonale. Une Oulmès
schistosité bien affirmée est la règle, Le cœur de cette structure est occupé
parfois affectée par un clivage de par des terrains surtout ordoviciens, le
crénulation secondaire. A partir de ces Siluro-Dévonien étant représenté sur
zones périphériques, l'intensité de la ses flancs ouest et nord et à sa
déformation et celle du métamorphisme terminaison périclinale au Nord-Est. Les
décroissent vers le centre de la grands plis cartographiques corres-
structure. Au centre du synclinorium, pondent à des anticlinaux où affleurent
l'évolution métamorphique est nulle; les les séries cambriennes et Ordovicien
couches sont dépourvues de tout inférieur, et des synclinaux, à cœur
clivage schisteux et, bien souvent, elles Ordovicien supérieur et Silurien. Comme
sont à peine basculées. A cet endroit, la celui du Cherrat, l'anticlinorium de
déformation est bien entendu postérieure Khouribga-Oulmès s'est établi à l'em-
au début du Namurien, dernier niveau placement d'une ancienne ride dévono-
paléo-zoïque daté ici. Par contre, sur dinantienne : la ride des Zaër. Ici aussi, la
les bordures, des datations isotopiques, déformation et le méta-morphisme sont
malheureusement trop ponctuelles encore plus importants qu'à l'intérieur du
(HUON et al., 1987), suggèrent que la synclinorium de Rommani-Khatouat.
déformation symmétamorphique pourrait
être ici précoce, proche de 320 Ma.

Fig. 30. Coupe de la partie nord de l’anticlinorium de Khouribga-Oulmès


Les plis synschisteux sont Le métamorphisme est anchi- à
généralement droits dans la partie SW épizonal. A Oulmès, il a été daté à 290
(Pays des Sokhrat), partout ailleurs ils Ma (HUON et al., 1987). Ce plissement
sont déversés vers le sud-est, syn-métamorphique, qui correspond à
notamment sur le flanc nord, entre le la phase majeure hercynienne, fini-
méridien de Rommani et l'oued Bou- carbonifère a été précédé par des
Regreg (Fig. 30). La direction déformations. On observe en effet :
d'ensemble des plis est NE-SW, mais - que les grès et conglomérats rouges
des virgations les tordent parfois en de Sidi Kassem, datés du Westphalien C,
direction E-W.
42 42

chevauchés par des terrains du Toutes ces structures compressives


Dévonien et engagés dans des plis sont antérieures à la phase de plis
déversés vers le sud-est sont discordants déversés vers le sud-est, mais leur âge
sur des plis synschisteux déversés vers exact est un sujet de débat. Il peut
le nord-ouest (HOEPFFNER et al., 2000 ; s’agir de déformations précoces pro-
RAZIN et al., 2001); parte antérieures au Viséen supérieur
- des écaillages et des répétitions qui seraient responsables de la
tectoniques de séries dans les grès surrection de la « ride des Zaers ». Il est
ordoviciens de la région d’Ezzhiliga, décrits aussi possible qu’elles soient plus
par CAILLEUX (1985) et CHEVREMONT tardives, si l’on admet que les plis
et al. (2001) ; couchés observés dans le Viséo-
- des structures clairement antérieures au Namurien du Fourhal sont contemporains
Viséen supérieur, décrites à la partie nord- des écaillages des terrains ordoviciens
est de l’anticlinorium (TAHIRI, 1994). (BAUDIN et al., 2001).

Fig. 31. Coupes équilibrés montrant les cisaillements plats des zones anticlinoriales
A : Khouribga-Oulmès
B : Azrou-Fourhal
Une tentative d’établissement de Finalement, la déformation symmé-
coupes équilibrées (Fig. 31 A) suggère tamorphique est suivie de la mise en
que l’ « anticlinorium » de Khouribga- place de massifs plutoniques acides
Oulmès pourrait être une unité tectonique (BAUDIN et al., 2001).
constituée de nombreuses écailles de La limite orientale de l'anticlinorium est la
matériel surtout ordovicien empilées à faille d'Oulmès qui passe à l'est du granite
la faveur des niveaux d’argiles siluriennes d'Oulmès et à Moulay-bou-Azza. Son jeu
plastiques au cours d’un épisode précoce synschisteux est sénestre.
de la déformation, ployées ensuite en
antiforme.
43 43

Cet accident a une expression actuelle : -f. Les plutons


un fort flux thermique caractérise cette La partie occidentale du Massif
région, avec la source chaude central est intrudée par plusieurs
d'Oulmès-Lalla-Haya, célèbre dans tout plutons granitiques : les massifs des Zaer
le Maroc. Au sud-ouest, la faille d’Oulmès et d'Oulmès, auxquels il faut ajouter
se prolonge par celle des Smaala. Celle- celui de Moulay-bou-Azza, à la limite
ci, de direction NE-SW, est un accident orientale de l'anticliorium de Khouribga-
rectiligne et subvertical, dont le jeu est Oulmès, et celui de l'Achmèche, au sud
attesté au Permien (CAILLEUX, 1978). de Khemisset; un granite est reconnu,
Une minéralisation en antimoine lui est par géophysique, sous Oued Zem.
associée. Le massif des Zaer (MAHMOOD,
1985; LAGARDE, 1989 ; HAIMEUR et
-e. La zone anticlinale de Rabat-Tiflet EL AMRANI EL HASSANI, 2005) est un
Au nord du synclinorium de Rommani, pluton composite formé d'un corps
et séparé de la zone des Sehoul par le granodioritique à biotite, recoupé par un
chevauchement méridional des Sehoul, monzogranite à deux micas. Le premier,
l'anticlinal de Rabat-Tiflet présente une daté à 303 ± 13 Ma est d'origine surtout
orientation globalement E-W, tout-à-fait mantellique, avec un rapport initial du
particulière dans la Meseta. A y strontium de 0,705; le second aurait
regarder de près, d'ailleurs, cette cristallisé à 279 ±11 Ma. C'est un
direction est WNW-ESE (N110 E) dans la granite crustal (r = 0,709). L'étude de la
région de Rabat et WSW-ENE (N70 disposition des foliations magnétiques et
E) à Tiflet. CAILLEUX et al. (1984) magmatiques montre que la partie
attribuent cette arcature à deux affleurante de la granodiorite constitue un
épisodes successifs de décrochement. niveau profond de l'édifice magmatique,
L'anticlinal, à cœur siluro-ordovicien et tandis que l'organisation en dôme du
à flancs dévoniens, est bien visible à monzogranite suggère un niveau
Rabat et à Tiflet ; entre ces deux superficiel, proche du toit du pluton
régions, il subit un ensellement dans la (BOUCHEZ et DIOT, 1990). La
vallée de l'oued Grou, où il arrive que le déformation de l'encaissant et son
calcaire dévonien ne soit pas à métamorphisme augmentent en
l'affleurement. A Rabat comme à Tiflet, direction de l'ellipse granitique. A sa
on distingue des axes anticlinaux à proximité immédiate, les cristaux
cœur ordovicien et silurien et des d'andalousite de l'auréole indiquent une
synclinaux comme celui du Satour, sur cristallisation non statique. La déformation
la bordure nord de l'anticlinal de Tiflet, interne, globalement plus importante
où affleure le Viséen. Les plis sont dans le monzogranite que dans la
ouverts, à plans axiaux raides. Une granodiorite, aboutit à l'ortho-
tendance au déversement vers le sud gneissification de la roche magmatique.
est visible. Dans la région de Rabat, ce On voit qu'il s'agit d'un massif
déversement est contemporain du syntectonique. La cinématique de sa
charriage de la zone des Sehoul sur les mise en place est expliquée par des
terrains siluro-dévoniens de l'anticlinal. cisaillements transcurrents N70E
L'évolution métamorphique des séries dextres ou N20E sénestres.
est généralement faible, diagénétique à Le massif d'Oulmès, cartographié par
épizonale. Au sud, l'anticlinal est limité TERMIER et al. (1950), ne contient pas
par un faisceau de failles WNW-ESE à de faciès granodioritiques, mais des
jeu latéral dextre.
44 44

granites hyperalumineux d'origine Tous ces plutons dont LAGARDE et


crustale et un abondant chevelu filonien al. (1990) font une revue se sont mis en
minéralisé en Sn et W. La déformation de place le long de failles crustales raides.
l'encaissant augmente en direction du Leur orientation, leur forme elliptique et la
massif, lui même mis en place en répartition des structures de la
conditions tectoniques (PIQUE, 1976; déformation ductile dans l'encaissant et
AIT OMAR, 1985) : les plis sont de plus à l'intérieur des batholites montrent leur
en plus serrés et leur plan axial se caractère syntectonique et leur association
couche progressivement pour se à une déformation régionale cisaillante.
paralléliser avec l'interface granite-
encaissant. Le métamor-phisme à -g. Le dispositif structural
andalousite est syncinématique. Il a été La région du Maroc nord-occidental

daté à 291 ± 7 Ma (HUON et al., 1987), présente un aspect structural très


correspondant à l'âge de la particulier : les anticlinaux de Rabat-

cristallisation du granite, autour de 298 Tiflet, du Cherrat et de Khouribga-


Ma (MRINI et al., 1992 ; BAUDIN et al., Oulmès dessinent les trois côtés d'un
2001). Des âges plus récents : 271 Ma, triangle dont le centre est occupé par le
260 Ma obtenus sur isochrones Rb/Sr synclinal de Rommani. Même si leur
et K/Ar sur muscovites indiqueraient déformation a commencé relativement
une ouverture totale des systèmes tôt, les structures anticlinales affectent
isotopiques, due à des circulations les terrains du Viséen supérieur et elles
hydrothermales tardives. Les structures sont globalement contemporaines les
internes du pluton, qu’elles aient été unes des autres. Il est donc exclu que
réalisées à l'état visqueux ou à l'état leurs orientations très diverses puissent
solide, confirment qu'il s'agit d'un corps résulter de torsions tardives dont on ne
syntectonique mis en place dans une voit d'ailleurs pas la trace à l'échelle de
zone de cisaillement crustal orientée l'affleurement. Il faut donc admettre que
NNE-SSW, à jeu sénestre (DIOT et al., les anticlinaux et les synclinaux sont
1987). La minéralisation en Sn-Be d'El apparus ici au Carbonifère, d'emblée
Karit a été étudiée par BLAMART et al. avec l'orientation relative qu'on leur
(1992). Avec des observations réalisées connaît aujourd'hui. C'est dire que leur
dans les métapélites à tourmaline orientation a été imposée par l'existence
associées, on reconstitue les divers de structures antérieures : les rides
stades de l'évolution métamorphique : paléogéographiques. En effet, les
- un métamorphisme prograde HT-BP anticlinaux énumérés plus haut sont
(P= 3 kb; T= 550°C) ; établis à l'emplacement des rides dévono-
- une augmentation de la température dinantiennes qui bordaient le Bassin de
à environ 600°C lors de la mise en Sidi-Bettache, et le synclinorium de
place du pluton ; Rommani-Khatouat est à l'em-placement
- une diminution de la température à du bassin lui-même. Lors de la
560°C au moment de la tourmalinisation ; compression, les anciennes failles
- la cristallisation des veines de bordières du bassin rejouent en zones
muscovite-cassitérite et béryl à 450°C, cisaillées chevauchantes et/ou trans-
à partir de fluides d'origine météorique.
currentes. Elles contrôlent la répartition
Les granites de Moulay-bou-Azza et
du métamorphisme et donc de la
de l'Achmèche sont intrusifs dans des
déformation pénétrative et, dans
schistes épimétamorphiques. A l'affleu-
l'anticlinorium de Khouribga-Oulmès,
rement, on ne voit que leur toit.
elles permettent la mise en place de
45 45

magmas granitiques ; les premières Outre les Rehamna occidentaux, qui


venues magmatiques seraient permises appartiennent au Bloc côtier, on
par l'ouverture transtensive de zones en reconnaît plusieurs structures d'échelle
distension locale à l'aplomb de ces régionale dans le massif (Fig. 32),
failles de socle, permettant ainsi la énumérées ici d'ouest en est :
montée de magmas où la composante - la faille de l'oued Tarfa, dans les
mantellique était importante, à l'origine des Rehamna du Nord. Elle joue en
granodiorites des Zaer par exemple. Les chevauchement vers l'ouest pendant la
derniers magmas leuco-granitiques sont, phase principale de déformation puis
quant à eux, issus probablement d'une elle affecte les conglomérats permiens
fusion crustale le long de ces failles. de Mechra-ben-Abbou.
Les structures tectoniques, fortement - le couloir des Rehamna centraux.
contrôlées par les structures antérieures Dans le nord du massif, une bande
du bassin, ne se sont pas développées centrale entre la faille de l'oued Tarfa et
perpendi-culairement à la direction de un faisceau NNE-SSW (failles de l'oued
raccourcissement régional et il n'est Kibane) est très disloquée par des
donc pas aisé de reconstituer cette accidents chevauchants (RAIS-AISSA
direction ni même, bien souvent, le jeu et al., 1983) et décrochants (MICHARD
des accidents crustaux. On sait que la et al., 1978), qui reprennent une
direction N10-20 E a joué en première phase de déformation
coulissement sénestre à la fin du marquée par des plis ouverts de
Carbonifère au moment de la mise en direction NE-SW à E-W. Avec ses
place du granite d'Oulmès. Par ailleurs, terrains dévoniens, cet axe anticlinal de
il y a des indices pour un jeu dextre des Mechra-ben-Abbou, actuellement disloqué,
accidents N70 E. Ces deux directions est considéré comme le prolongement
pourraient, sinon être conjuguées à méridional de l'anticlinal de l'oued
strictement parler, du moins jouer Cherrat. A l'est, les couches du Viséen
concurremment lors d'une compression supérieur de la Gada Jenabia seraient
NW-SE. l'équivalent des terrains du Khatouat,
extrémité sud du synclinal de Rommani.
3.2.3.2. Les Rehamna Plus à l'est encore, au-delà de la faille
de l'oued Kibane, les couches
-a. Organisation structurale ordoviciennes correspondraient à celles
Ce massif, isolé du Massif central par de l'anticlinorium de Khouribga-Oulmès.
le Plateau des Phosphates et de celui Au sud, cette bande des Rehamna
des Jbilete par le Plateau des Gantour centraux est constituée de terrains
(Fig. 13), est intéressant surtout par la métamorphiques, attribués au Cambro-
culmination du métamorphisme Ordovicien, avec quelques lambeaux de
syntectonique qui s'y développe. Dans conglomérats dévoniens : les conglomérats
le nord du massif, le métamorphisme de Sekhira-es-Slimane et du Kef-el-
est peu accentué et les terrains Mouneb. Les niveaux quartzitiques de
sédimentaires y sont aisément datés l'Ordovicien forment les Skhour,
par les fossiles. Il en est de même dans longues crêtes appalachiennes qui
les Rehamna occidentaux. Dans le dominent des creux morphologiques
centre et à l'est du massif, par contre, occupés par les schistes et micaschistes
l'évolution métamorphique est plus cambriens. Les structures sont parfois
importante et des massifs granitiques difficilement visibles tant la dilacération
s'y sont mis en place. tectonique et le boudinage des barres
46 46

quartzitiques sont intenses. Les Skhour de déformation dans le centre du massif


orientaux, à l'est du village de Skhour- (PIQUE et al., 1982) :
des-Rehamna, permettent cependant
de distinguer des plis kilométriques NE- - la première phase D1 développe des
SW déversés au nord-ouest (Fig. 32 B). plis P1 NNE-SSW (N30 E), déversés à
Au nord du batholite des Rehamna, la l'ouest, accompagnant un méta-
coupe de Lalla Mouchaa montre des morphisme épizonal. Les plis sont
anticlinaux à cœur de carbonates du concentriques-aplatis et leurs axes
Cambrien inférieur probable, déversés, présentent un faible plongement vers le
eux aussi, vers le nord-ouest. NNE.
- les Rehamna orientaux. Ils sont en - la seconde phase D2, qui prolonge
contact avec la bande des Rehamna la première et représente plutôt la suite
centraux par l'intermédiaire de la faille d'une déformation progressive, se
NNE-SSW des Ouled Zednes, produit durant la culmination du
chevauchante vers l'ouest. Cette zone, métamorphisme. Dans les Rehamna
avec ses calcaires probablement orientaux, la schistosité S1 est
dévoniens (calcaires des Ouled déformée et engagée dans des plis P2 de
Zednes) et ses barres quartzitiques plus en plus fermés vers le Sud, où ils
(Jorf Ahmar-jbel Akehal), correspondrait sont isoclinaux et intrafoliaires. Les
à l'accolement des deux anticlinaux de charnières sont isolées des flancs ;
Mechra-ben-Abbou et de l'oued Kibane, ceux-ci, boudinés, montrent un
c'est-à-dire des prolongements parallélisme entre S0-1 et S2.
méridionaux des anticlinaux du Cherrat Beaucoup de ces plis P2 ont des axes
et de Khouribga-Oulmès. En tout cas, courbes. La direction E-W de transport
les barres de quartzite des Ouled de la matière, portée par la foliation
Zednes sont bien le flanc ouest, très composite S0-1-2, elle-même pentée à
dilacéré, d'un anticlinal à cœur l'est, traduit un chevauchement ductile
cambrien : l'anticlinal de Jorf Ahmar- vers l'ouest. Les galets quartzitiques de
Koudiat-el-Adam, de direction NE-SW. Sidi-Abdallah, situés à la limite des
Vers l'est, l'orientation de cet anticlinal Rehamna centraux et orientaux,
s'infléchit et devient E-W puis NW-SE montrent un aplatissement très net dans
au jbel Kharrou. Là, il est déversé au cette foliation.
sud et son flanc sud, en position Dans les Rehamna centraux,
inverse, chevauche les micaschistes l'obliquité entre les structures P1 et P2
orientaux. Ceux-ci, d'âges sédimentaires est très faible et, au cours de cette
probables dévonien (série des Ouled seconde phase, la foliation S1 est
Hassine) et viséen (série de Lalla Tittaf) réutilisée plutôt que replissée. Les plis
sont en position synclinoriale. A sont NNE-SSW à NE-SW, déversés au
l'extrémité sud-orientale du massif, nord-ouest dans la partie septentrionale
enfin, une unité charriée contient des de la bande, couchés dans la partie
niveaux très dilacérés non méta- méridionale. La linéation d'étirement est
morphiques du Dévonien probable au ici parallèle aux axes des plis. Elle est
Viséen-Namurien. contemporaine d'un décrochement sym-
métamorphique dextre. L'étirement est rendu
-b. Les épisodes de la déformation particulièrement apparent par la défor-
mation des galets quartzitiques des
Au point de vue structural, on décrit conglomérats dévoniens (PIQUE, 1973).
classiquement quatre épisodes majeurs Dans le nord du domaine, les galets
47 47

sont étirés et cisaillés par une - la troisième phase D3, postérieure au


déformation cassante ; au sud, dans la métamorphisme à disthène et staurotide,
zone métamorphique, l'étirement est se traduit par une crénulation S3, liée
plastique et les galets sont très déformés, spatialement aux massifs granitiques et
étirés en forme de baguettes, à des décrochevauchements dextres
parallèlement à l'axe des plis. Le responsables des torsions cartographiques
métamorphisme atteint ici l'isograde du (arc du Jbel Kharrou).
disthène (HŒPFFNER et al., 1982).

Fig. 32. La déformation dans les Rehamna


A : Carte schématique, avec emplacement des coupes B et C
B : Les déformations synschisteuses dans les Skhour orientaux
C : Déformation extensive ductile
48 48

- la phase D4, enfin, est représentée On sait que, dans le Massif central, le
par le chevauchement postméta- synclinal de Rommani se rétrécit au
morphique du jbel Kharrou. sud-ouest, dans le Khatouat. Dans les
LAGARDE et MICHARD (1986) Rehamna du Nord, sa largeur, entre
expliquent l'enchaînement et les Mechra-ben-Abbou et la faille de l'oued
caractères différents de ces structures Kibane, n'est plus que de 3 km et on a
par une combinaison de mouvements vu qu'elle s'annule dans les Ouled
chevauchants et décrochants en Zednes. Peut-être le Bassin de Sidi-
conditions métamorphiques. Le chevau- Bettache était-il donc plus étroit vers le
chement domine dans les Rehamna sud, entre la Ride du Cherrat et celle
orientaux; vers les Rehamna occidentaux, des Zaer (Fig. 33).
en bordure du bloc côtier stable, le Cependant, il est certain que le
mouvement est transformé en rétrécissement des zones structurales au
décrochement. On ne connaît pas l'âge niveau des Rehamna est aussi d'origine
exact de ces déformations. Elles sont tectonique : la schistosité, qui résulte de
postérieures à certains niveaux du l'aplatissement des roches par
Viséen supérieur et antérieures au dissolution, est de plus en plus nette
Permien. vers le sud du massif, comme d'ailleurs
Des travaux plus récents (BAUDIN et l'aplatissement des plis, concentriques
al., 2003 ; RAZIN et al., 2003) montrent dans les Rehamna du Nord et
un épisode compressif D1, responsable concentriques-aplatis, voire similaires,
de l’empilement de nappes et de dans les Rehamna du Sud. Ce
l’enfouissement des séries qui rétrécissement est contrôlé par le
engendre le métamorphisme barrovien métamorphisme et il est clair que le
à staurotide-disthène, suivi d’un épisode centre du massif était soumis à un flux
d’extension D2 avec désépaississement thermique plus important que le nord.
crustal caractérisé par le La paragenèse métamorphique
métamorphisme rétrograde passant du développée dans les Rehamna
champ de stabilité du disthène à celui centraux est intéressante à considérer.
de l’andalousite. Pendant cet épisode Les études déjà anciennes
d’exhumation AGHZER et ARENAS (HŒPFFNER et al., 1982) mettaient
(1995) montrent que les contacts l'accent sur l'occurrence du disthène
tectoniques sont réactivés en déta- dans les conglomérats dévoniens du
chement pendant l’exhumation des Kef-el-Mouneb. On connaît les
séries métamorphiques (Fig. 32 C). Les conditions de pression nécessaires à
plis cartographiques NNE-SSW seraient l'apparition de ce minéral ; d’autre part,
plutôt l’expression d’un épisode tardif d’après AGHZER (1994, in BAUDIN et
D3. Enfin un épisode D4 correspond al., 2003) les conditions P/T du pic de
aux décrochements et chevauchements métamorphisme sont de 560 °C et 9kb
tardifs. dans les Rehamna centraux et 532°C et
7 kb dans les Rehamna orientaux et
-c. Comparaison avec le Massif central elles correspondent, en gros, à une
profondeur au moins égale à 20 km. Il est
Comparées à celles du Massif central, probable que les micas blancs, en
les zones structurales des Rehamna particulier, cristallisent dans de telles
occupent une largeur très réduite. Ce conditions de pression. Il est exclu que,
rétrécissement, d'environ 50 %, est à l'époque du métamorphisme, la
vraisem-blablement en partie originel. colonne sédimentaire autochtone qui
49 49

recouvrait les conglomérats du Kef-el-


Mouneb atteignît cette épaisseur, même Ce charriage pourrait correspondre,
en tenant compte d'un plissement serré. dans un niveau structural plus profond,
Il est nécessaire de faire appel à des au décollement suspecté plus au nord,
surpressions tectoniques, probablement dans la région de l'oued Cherrat et peut-
par un empilement symmétamorphique être aux écaillages précoces repérés dans
d'unités allochtones d'origine orientale. l’anticlinorium de Khouribga-Oulmès.

Fig. 33. Les zones stucturales de la Meseta nord-occidentale

3.2.3.3. Les Jbilete


Ce massif prolonge, au Sud, celui des -a. Les zones structurales
Rehamna. Son découpage par des - Jbilete occidentales. Comme les
failles E-W est atlasique. Il a été Rehamna occidentaux, elles font partie
cartographié et étudié par HUVELIN du Bloc côtier. C'est une zone anticlinoriale
(1977) et il a été ensuite l'objet de à terrains cambro-ordoviciens peu
nombreuses études de détail et métam-orphiques et peu déformés.
d'interprétations souvent divergentes.
50 50

- Jbilete centrales. A l'ouest, la zone l'intensité du méta-morphisme s'accroît


du Bou-Gader est constituée de terrains et la linéation d'étirement devient de
probablement cambriens. Les plis sont plus en plus marquée. Tous ces
subméridiens. Plus à l'est, la zone des caractères sont, comme dans les
Skhirat comprend des roches d'âge Rehamna, ceux de zones cisaillées
surtout ordovicien, mais aussi dévonien ductiles (ESSAIFI et al., 2001). Très
et viséen, souvent disloquées et souvent, on montre ici que ces zones
dispersées dans des niveaux tendres. cisaillées sont associées à des plutons
Ces blocs montrent des états très granitiques (granites orientaux des
variables de la déformation, des roches Ouled Ouaslam : LAGARDE, 1985;
non déformées voisinant avec d'autres, granite du Bramram : LE CORRE et
schistosées et métamorphiques. Plus à SAQUAQUE, 1987). Ce gradient
l'est encore, les zones d'Abda-Sarhlef et tectono-métamorphique centré sur les
de Sidi-bou-Othmane sont constituées massifs granitiques s'explique, comme
de schistes dinantiens. dans le cas du massif d'Oulmès, dans
- Jbilete orientales. A l'est du méridien le Massif central, par l'action du front
de Marrakech, cette zone appartient au thermique qui entoure le magma au
domaine centre-oriental avec des moment de sa mise en place et qui
bassins carbonifères caractérisés par la provoque l'amollissement thermique
mise en place de nappes de glissement des séries lors de la déformation
et une sédimentation chaotique. régionale. Ceci implique, en retour, que
ces granites sont syn-cinématiques. On
-b. Les déformations pénétratives le vérifie par les observations réalisées
Dans les Jbilete centrales, la première à l'intérieur des massifs eux-mêmes :
phase de déformation se manifeste par leur structure interne est marquée par
des plis subméridiens dont le plan axial des bandes de cisaillement ductiles,
est matérialisé par une schistosité S1. des enclaves déformées, etc.., qui
Celle-ci est souvent raide, sauf dans témoignent d'une mise en place
certaines zones, comme le Bou-Gader, contemporaine d'une compression
où les plis sont déversés à couchés (LAGARDE, 1989). Ces granites sont
vers l'ouest. La linéation d'étirement est datés du Viséen supérieur ce qui fournit
subméridienne et horizontale dans la une indication indirecte de l'âge de la
zone du Bou-Gader. Elle montre des déformation et du métamorphisme
orientations et des plongements divers régional. Notons que l'on retrouve les
dans la zone du Sarhlef, en rapport mêmes relations entre les massifs de
avec des zones cisaillées et des plutonites basiques et acides inclus
massifs granitiques. Des crénulations dans la série du Sarhlef et la
reprennent ces structures symméta- déformation synschisteuse. La mise en
morphiques (GAILLET et BORDONARO, place syntectonique de ceux-ci, datée à
1981). On remarque souvent un gradient 330,5 Ma (méthode U-Pb sur zircons :
de déformation et de métamorphisme ESSAIFI et al., 2003), résulte de
croissant vers les massifs granitiques : la l’extension induite par le coulissage le
schistosité devient de plus en plus long de la limite occidentale des bassins
pénétrative, une crénulation S2 carbonifères. Au cours du refroidissement
apparaît, d'abord oblique sur S1, puis magmatique, certaines intrusions acides
les plis P2 se ferment; leur plan axial du complexe bimodal évoluèrent en
est alors souligné par une foliation trondhjémites gneissiques et tonalites
composite S0-1-2. En même temps, (ESSAIFI et al., 2004 : Fig. 24).
51 51

-c. Relations entre les zones structurales Bloc côtier. Dans les Jbilete centrales, le
La nature des relations entre les raccourcissement symmétamorphique se
zones structurales des Jbilete a été traduit par des plis synschisteux
l'objet d'interprétations diverses, toutes accompagnés d'un métamorphisme
fondées sur des observations de terrain. épizonal. Des zones cisaillées conjuguées
Des indices très fréquents de N160 E sénestres et N70 E dextres,
cisaillements plats ou peu pentés liées à la mise en place des plutons
postérieurs à la schistosité ont pu faire granitiques syncinématiques résultent
croire à la présence d’une succession de la même compression régionale
d'unités, ou «nappes» correspondant WNW-ESE (LAGARDE, 1985).
chacune à l'une des zones énumérées On retrouve un style structural
plus haut, séparées par des contacts semblable dans la petite boutonnière de
plats post-métamorphiques, d'ampleur Guemassa, isolée dans le Haouz
indéterminée mais probablement (GAILLET, 1986).
importante (SOUGY, 1976). On peut
remarquer, au contraire, que les unités 3.2.3.4. Conclusion : La Meseta
sont parautochtones, que leur empilement, centre-occidentale et le Bloc Côtier
du Bou-Gader au Sarhlef, s'effectue
grosso-modo selon l'ordre strati- -a. La zone cisaillée de Meseta
graphique, et que l'on peut donc occidentale
reconstituer l'agencement du bassin
sédi-mentaire sur le modèle du bassin Que ce soit à la latitude du Massif
nord-mésétien. Par exemple, les niveaux central, des Rehamna, des Jbilete ou,
lenticulaires calcaires, quartzitiques ou on le verra plus loin, du Bloc ancien du
conglomératiques, de la zone des Haut Atlas, il existe une différence
Skhirat ne représentent pas une fondamentale entre un pays non ou peu
« mylonite de base de nappe » post- déformé, sauf à sa marge orientale: le
schisteuse (SOUGY, 1976), mais un Bloc côtier, d'une part, et les zones de
olistostrome dont la fragmentation et la Meseta centre-occidentale, d'autre part
mise en place à la marge occidentale : synclinal de Ben Slimane, anticlinal de
du bassin de sédimentation dévono- l'oued Cherrat et partie occidentale du
dinantien sont antérieures au plissement synclinal de Rommani dans le Massif
synschisteux (MAYOL et MULLER, central, et les Rehamna et les Jbilete
1985). centraux (Fig. 31). La zone de Meseta
Finalement, le modèle qui se dégage, centre-occidentale ainsi définie possédait
pour les Jbilete (BOULOTON et LE son originalité dès le stade de la
CORRE, 1985 ; LE CORRE et sédimentation. Elle l'a conservée au
BOULOTON, 1987; LAGARDE, 1989), est cours et à l'issue de la déformation
celui d'un bassin Dévonien supérieur- hercynienne.
dinantien dont la marge, à l'est de la zone Du Dévonien au Carbonifère inférieur,
des Skhirat, accueillait un olistostrome, des sédiments chaotiques se déposent
passant latéralement à la formation du dans cette zone limite, avec des
Sarhlef. A la fin du Viséen, les anciennes coulées volcaniques. Au nord, ils sont
failles normales de cette marge sont présents tout au long de la bordure
réactivées, surtout en décrochements, avec occidentale du synclinal de Rommani et
des déversements symmétamorphiques et dans l'anticlinal de l'oued Cherrat
des chevau- chements tardi- (formation d'Al Brijat). Dans les Rehamna
métamorphiques sur le et les Jbilete, ce sont les
52 52

séries du Bled Mris et de Skhirat-Rhira apparaît, à l'échelle hectométrique, à


respectivement. l'intérieur de la sous-zone de Ben
Les émissions volcaniques, alcalines Slimane, la séparant en "rubans" où les
à tholéiitiques, caractérisent cette zone plis, NW-SE, sont à axes subhorizontaux,
au Tournaisien et au Viséen (dolérites et en minces "lanières" où les axes sont
et coulées de la vallée de l'oued Ikem, dispersés dans les plans axiaux
coulées basiques de la Gada Jenabia subméridiens. Nulle part ici on ne voit
dans les Rehamna, sills basiques des d'indice d'une quelconque relation
Jbilete centrales). A l'ouest de cette zone, d'antériorité entre ces deux systèmes
le bloc côtier montrait une tendance de plis qui doivent donc, sinon être
positive qui a probablement amené son strictement contemporains, du moins
émersion dès le Carbonifère inférieur. A apparaître au cours du même épisode
l'est, c'est le Bassin de Sidi- Bettache, de déformation. On trouve des
probablement prolongé par les zones structures équivalentes à l'ouest et à
marines et subsidentes des Rehamna et l'est des deux sous-zones décrites plus
des Jbilete centraux. La bordure haut : la zone faillée de Bouzniqa
occidentale du bassin était limitée par montre la même dispersion des axes
des failles normales à regard est. On a dit que la zone de l'oued Cherrat. Comme
plus haut que cette limite occidentale du elle, c'est une "méga-lanière". De son
Bassin de Sidi-Bettache, et plus côté, la basse vallée de l'oued Ikem est,
particulièrement les failles qui la comme la sous-zone de Ben Slimane,
constituent, résulte de la réactivation, en un "méga-ruban". Un modèle simple
mouvement transcurrent dextre, rend compte de ces structures : les plis
d'anciennes fractures du socle. NW-SE sont en échelon, entre trois
Par la suite et, semble-t-il, presque en zones étroites (Bouzniqa, oued Cherrat
continuité, la marge ouest du bassin va et oued Korifla) qui étaient des
se déformer. On présente ici les structures décrochements dextres potentiels au
dans deux régions différentes, qui début de la déformation. Au cours de la
permettent d'examiner le fonctionnement déformation elle-même, le cisaillement
de cette zone dans deux niveaux s'est concentré progressivement dans
structuraux différents. les lanières qui s'individualisaient ; en
même temps, le mouvement de
+ Partie occidentale du Massif central décrochement réorientait les plis en
Entre la faille de Bouzniqa et la limite échelon dans les zones de failles, où ils
cartographique occidentale de la formation devenaient N-S. L'évolution se termine
de l'oued Korifla, sur environ 20 km, on avec le jeu cassant des failles N-S. Le
peut distinguer quatre sous-zones métamorphisme est nul dans le Bloc
structurales. La sous-zone de Ben- côtier et la partie centrale du synclinal
Slimane est déformée par des plis à de Rommani. A partir de ces régions, son
plan axial subvertical et à axes intensité s'accroît vers la zone
subhorizontaux NW-SE (N140 E). Dans considérée ici. Elle culmine de part et
la sous-zone de l'oued Cherrat, corres- d'autre de la faille de l'oued Cherrat et
pondant au cœur de l'anticlinal, le plan dans la basse vallée de l'oued Ikem.
axial des plis est subméridien et leurs
axes y sont très dispersés. Les uns sont + Rehamna centraux et Jbilete centrales
donc faiblement plongeants, mais Dans les Jbilete, la zone centrale se
d'autres sont à plongement très fort, distingue nettement, par son méta-
voire subvertical. Ce type de déformation morphisme épizonal, des deux autres
53 53

zones, occidentale et orientale, où ce contrôle, comme dans l'anticlinorium


l'évolution thermique est faible. Ceci est de Khouribga-Oulmès, par exemple,
encore plus net dans les Rehamna, où établi sur une ride paléogéographique
les paragenèses à disthène et effective dès le Dévonien supérieur et
staurotide des Rehamna centraux probablement émergée au Dinantien.
contrastent avec l'évolution seulement Une des conséquences du contrôle
diagénétique ou anchizonale des autres de la sédimentation et de la déformation
parties du massif. L'étude des grenats par les structures crustales anciennes est
hélicitiques et des structures de l'enracinement des zones cisaillées : la
cisaillement ductile S/C (LAGARDE et limite orientale du Bloc côtier, par
MICHARD, 1986 ; CORSINI et al., exemple, est liée, on l'a vu, à un
1988) montre le caractère non coaxial, en accident profond. Ceci exclut d'y voir
cisaillement dextre et chevau- chement une limite fondamentale entre un pays
vers le SW, de la déformation autochtone -le Bloc côtier, et un pays
symmétamorphique des Rehamna allochtone - la Meseta centrale, même si
centraux. L'intensité du cisaillement est des chevauchements locaux peuvent s'y
élevée. A partir des Rehamna centraux, produire. Ceci n'exclut nullement, par
l'intensité de la déformation et celle du contre, la possibilité de décollements à
métamorphisme décroissent rapidement des niveaux profonds, inaccessibles à
vers l'est et l'ouest. l'obser-vation géologique, que des profils
Les deux régions prises ici comme sismiques seuls pourraient révéler.
exemple appartiennent à une même La Meseta centre-occidentale apparaît
structure, d'importance régionale : la donc comme un domaine où la
Zone Cisaillée de Meseta Occidentale déformation est essentiellement hétéro-
(PIQUE et al., 1980). Cette zone traduit gène et, comme la sédimentation
vraisemblablement dans la couverture dévono-carbonifère, gouvernée par un
paléozoïque un important accident du découpage ancien du socle anté-
socle, réactivé au moins à partir du paléozoïque.
Dévonien. Il est probable que la zone
qui est actuellement le talus continental 3.2.4. Le domaine centre-oriental :
d'El Jadida, où existe un granite l’Est du Massif central et des Jbilete
cambrien déformé et métamorphisé à
plusieurs reprises au cours du Dans la partie orientale du Massif
Paléozoïque, se trouve sur le passage central, à l'est de la faille des Smaala-
d'un accident semblable, analogue à Oulmès, les travaux d'ALLARYet al.
celui des Sehoul qui limiterait des (1976), succédant aux reconnaissances
« terrains calédoniens ». plus anciennes, en particulier de
TERMIER (1936), avaient mis l'accent
-b. L'influence des structures anciennes sur l'âge précoce, anté-Viséen ou plus
précisément anté-Viséen supérieur, de
Le paragraphe précédent est, en soi, la déformation principale, sur son
une démonstration de l'importance du déroulement polyphasé et sur la présence
contrôle exercé, en Meseta occidentale, de plusieurs unités allochtones dans cette
par les structures anciennes, proba- région. BOUABDELLI (1994) et
blement précambriennes, sur la sédi- BOUABDELLI et PIQUE (1996) ont repris
mentation et la déformation des séries le problème. En ce qui concerne la
paléozoïques. Dans toutes les régions déformation, ils distinguent : 1) une
étudiées, on a rencontré des indices de phase anté-schisteuse, bien exprimée
54 54

en particulier dans le jbel Bouchot, vers le NW au cours desquels sont


marquée par des plis intracouches liés individualisées les unités allochtones
à une tectonique distensive anté- d'Azrou et de Khenifra. C'est à cet
tournaisienne; 2) une phase datée à épisode qu'il faudrait rapporter la
environ 330 Ma (HUON et al., 1987), schistosité et les plans de cisaillement
responsable de plis d'orientation N-S à subhorizontaux qui affectent les quartzites
N 40 E, déversés à couchés au NW, cambro-ordoviciens du pays zaïan ; 3)
bien visibles dans les unités allochtones une phase d'âge Carbonifère supérieur.
d'Azrou et de Khenifra (Fig. 34) qui Dans les zones orientales de la région,
accompagnent un métamorphisme elle replisse les structures antérieures.
épizonal. Le plissement s'achève par A l'ouest, dans les séries carbonifères, elle
des écaillages et des chevauchements est la seule déformation notable. Les plis
sont droits, d'axe N 40 E.

Fig. 34. Coupe schématique dans la Meseta orientale et la partie orientale de la


Meseta centrale

Ainsi, les nappes de cette région sont - la nappe de Mrirt. Sa mise en place
de plusieurs sortes : a été réalisée aussi par un mécanisme
- des glissements gravitaires, gravitaire, mais l'augmentation de la
synsédimentaires, mis en place dans le déformation plicative vers l'arrière de
bassin d'Azrou-Khénifra au cours de la l'unité suggère que son départ s'est
phase finale de son remplissage, à réalisé en régime compressif ; les
partir de domaines orientaux en nappes des Jbilete orientales pourraient
surrection. Du nord-est au sud-ouest, ce correspondre à l'un ou l'autre de ces
sont les nappes d'Aït Mimoun-Bou-Agri, deux premiers types;
du Jbel-bou-Khemis et de Ziar;
55 55

- les unités d'Azrou et de Khenifra. Ce distingué de la mise en place des


sont les plus orientales. Elles chevau- nappes de glissement synsédimentaires
chent vers l'ouest les terrains autochtones (absentes de leur schéma) ni de la
et les nappes gravitaires. Ce chevau- surrection de la zone de Khouribga-
chement est réalisé à l'issue de la Oulmès.
phase de déformation intraviséenne. Cet agencement des séries
L'intérêt de cette distinction est paléozoïques de la région d’Azrou-
d'intégrer l'ensemble de ces données Khenifra en structures de bassin
structurales avec la distribution des d’avant-pays se retrouverait au sud-est,
faciès sédimentaires dévono-carbonifères dans le bassin de Qasbat-Tadla. Par
dans un modèle d'évolution du Bassin l’étude des données de la recherche
d'Azrou-Khenifra, que l'on pourrait peut- pétrolière, ER RAOUI et al. (2000a)
être étendre à celui des Jbilete orientales : montrent l’intervention de plusieurs
après les phases d'ouverture et de époques anoxiques au Paléozoïque,
remplissage, réalisées en conditions dont la plus importante est, comme
transtensives, la transpression induit, à ailleurs, le Silurien. Ils modélisent la
partir du Viséen supérieur, le blocage génération, l’expulsion et le piégeage des
du mouvement transcurrent dextre des hydrocarbures dans des structures-
accidents bordiers et l'évolution de pièges potentielles (ER RAOUI et al.,
l'accident oriental (faille de Tazekka- 2000b).
Bsabis-Bekrit : HOEPFFNER, 1994) en
une zone de failles inverses. Les 3.2.5. Le domaine oriental : Midelt
secteurs orientaux se soulèvent, les et les boutonnières de la Meseta
nappes gravitaires se décollent de leur orientale
substratum et glissent à l'intérieur du
bassin, alors que la déformation pénétrative 3.2.5.1 Les événements précoces,
affecte les secteurs orientaux. Ceux-ci antéviséens et intraviséens
sont cisaillés et ils chevauchent les
domaines centraux du bassin. Tous ces A Midelt, des schistes et des roches
terrains, autochtones et unités magmatiques basiques, attribués au
allochtones diverses, seront enfin Cambrien, sont affectés par des plis
replissés, alors que la déformation couchés isoclinaux (HOEPFFNER,
gagnera le Fourhal, dernier sillon résiduel 1994). Les axes de ces plis présentent
du bassin d'Azrou-Khenifra. une orientation initiale subméridienne
BENABBOU et al. (2001) ont repris ce (N10 E –N 160 E), mais ils sont souvent
modèle de bassin d'avant-pays en dispersés dans les plans axiaux. La
précisant les relations entre tectonique déformation est plane, avec une
et sédimentation dans la partie NE du tendance à l'étirement. La direction de
bassin Azrou-Khénifra-Fourhal à partir transport, matérialisée par les linéations
de coupes équilibrées (Fig. 31 B). Ils minérales d'orientation constante dans
confirment que, du Viséen au West- tout le massif, est N 70 E. Le
phalien, la sédimentation et la migration déversement des structures, indiqué par
des dépocentres sont contrô-lées par des les plis d'entraînement, est à l'ouest.
systèmes de plis de propagation et de Ces structures fondamentales ont été
chevauchements vers le NW. On soumises à un second épisode de
remarquera que, dans leur modèle, le déformation, au cours duquel des plis
développement des écaillages sym- P2 sont apparus. Ces plis, parfois en
métamorphiques d’Azrou n’est pas fourreau, ne sont pas distribués
56 56

également partout dans les schistes, L'étude des structures internes (DIOT et
mais concentrés dans des lames, BOUCHEZ, 1989; EL MOURAOUAH et
épaisses de 0,5 à 1 m. Ces structures al., 1993) montre une disposition
secondaires peuvent être analysées en subhorizontale du massif granitique en
termes de plans C/S (cisaillement/ accord soit avec une disposition en sill
schistosité); elles traduisent, là encore, mis en place au cours d'une phase
un cisaillement ductile vers l'ouest. Ces d'amincissement, soit avec une
conclusions confirment le caractère disposition en pile engagée dans un
cisaillant décrit auparavant par VAUCHEZ cisaillement crustal ; cette dernière
(1977), mais elles l'interprètent comme hypothèse s'accorde avec les données
une déformation progressive à vergence structurales fournies par l'encaissant.
ouest, dans laquelle les directions axiales Dans les boutonnières de Debdou-
E-W, parfois rencontrées, sont dues à Mekkam, occupées par des roches
une rotation dans des plans de pélitiques et grauwackeuses du
cisaillement très voisins des plans de Dévonien, une déformation majeure
schistosité. anté-Viséen supérieur est connue
Le métamorphisme contemporain de depuis longtemps. Elle est elle-même
la déformation est à l’origine d’une polyphasée. Les plis fondamentaux P1
paragenèse à mica blanc + biotite + ont des axes orientés NW-SE (N130-
grenat. Il a été daté à 366 ± 7 Ma 170 E) ; leurs plans axiaux sont
(CLAUER et al., 1980), ce qui correspond subhorizontaux et le déversement des
à la fin du Dévonien (« Phase éo- structures se fait vers le sud-ouest. Le
varisque »). Le méta- morphisme régime de la déformation est
général, et la déformation qui l'aplatissement. Souvent, un épisode de
l'accompagne, sont suivis de la mise en cisaillement syn- à tardi-schisteux
place de granitoïdes échelonnée tout au amène, comme à Midelt, une rotation des
long du Carbonifère. Les premiers lames schisteuses les unes par rapport
magmas, mis en place entre 330 et 300 aux autres et crée ainsi une dispersion
Ma (OUKEMENI et al., 1995), sont des axes de plis à l'intérieur des plans
calco-alcalins. Dans la boutonnière axiaux. Un métamorphisme anchi- à
d'Aouli-Mibladen, ils donnent des épizonal accompagne cette déformation.
granodiorites dont le rapport isotopique Il a été daté, par K-Ar sur fractions fines,
87 Sr / 86 Sr, d'environ 0,705 (MRINI et à 372 ± 3 Ma dans la boutonnière de
al., 1992), indique une fraction Debdou et 368 ± 8 Ma dans celle de
importante -35 à 60 %- de matériel Mekkam (HUON et al.,
d'origine mantellique. Cette première 1988). Il s'agit du même épisode qu'à
série d'intrusions est suivie, à Bou-Mia Midelt. Une seconde phase de
et de nouveau à Aouli-Mibladen, par déformation, elle aussi anté-Viséen
une seconde série, datée à environ 290 supérieur et éo-varisque, est présente.
Ma. Là, des granites roses, leucocrates, Les plis P2, coaxiaux des P1, sont parfois
très différenciés, se mettent en place à plan axial redressé et, dans ce cas, leur
dans des niveaux superficiels. Leurs déversement est variable, au nord-est ou
rapports isotopiques 87 Sr / 86 Sr sont au sud-ouest.
élevés : 0,717-0,720. Ces granitoïdes Dans les boutonnières de Boudoufoud
développent dans l’encaissant un et des Beni-Snassen, la déformation
métamorphisme H.T.-B.P. dont les n'est pas datée. Elle présente les
conditions thermobarométriques ont été mêmes caractères qu'à Debdou et
déterminées par FILALI et al. (1999). Mekkam. Par contre, les boutonnières
57 57

les plus nord-orientales du Maroc tardives correspondent probablement à


(Koudiat Touila, Zekkara, Guenfouda et des épisodes tardifs de réchauffement.
Jorf Ouazzène) présentent un type de Tous ces granitoïdes appartiennent à
déformation particulier : la série une même famille calco-alcaline fortement
paléozoïque, de l'Ordovicien au Dévonien potassique à shoshonitique (EL HADI et
moyen, est désorganisée par des al., 2003).
cisaillements parallèles aux plans de
litage qui aboutissent à des écaillages 3.2.5.2. La déformation post-
banc-sur-banc et à des répétitions de westphalienne
niveaux. Ces cisaillements créent des
plis isoclinaux (subméridiens à la Dans les séries d'âge viséen à
Koudiat Touila) dans les bancs westphalien, déposées en discordance
incompétents et des brèches dans les sur les terrains antérieurs affectées par la
niveaux compétents. Ces mouvements, déformation fini-dévonienne, on
effectués en conditions superficielles reconnait les traces d'une déformation
comme l'indique l'absence de post-westphalienne (Fig. 35). C'est
schistosité et de toute évolution méta- toujours une déformation de faible
morphique, sont antérieurs à la phase intensité qui se marque par des plis
de déformation post-westphalienne d'amplitude kilométrique à plan axial
décrite plus loin et, au moins à Jorf raide, avec parfois une schistosité
Ouazzène, ils sont antérieurs à grossière. L'orientation des plis est N70
l'olistostrome viséen, celui-ci remaniant E. Ils sont le plus souvent déversés au
des blocs d'âge ordovicien déjà plissés. nord et associés à des chevauchements
Ces écaillages correspondent soit à des de même vergence. Le synclinal de
cisaillements analogues à ceux décrits Jerada, par exemple (OWODENKO,
plus haut, par exemple à Debdou, mais 1976), large d'une quinzaine de
réalisés dans un niveau plus superficiel, kilomètres, a un flanc nord penté de 20
soit à des glissements intraviséens du à 30° au sud, et un flanc sud à pendage
nord vers le sud, en direction du centre fort, 70 à 80° vers le nord. Son plan
du bassin. axial est souligné par une schistosité
Dans ces boutonnières orientales, peu évoluée, principalement présente à
comme à Midelt, plusieurs petits son flanc sud. L'évolution thermique est
massifs de granitoïdes sont connus, à restée faible. Dans les séries déjà
Boudoufoud, Alaouana (Debdou), structurées auparavant, cette phase
Soulouiana (Mekkam), Zekkara, et dans post-westphalienne développe des chevrons
des petits massifs situés à l'est de ou des "kink-bands", d'orientation
Taourirt: Tanncherfi, jbel Naghechoum, semblable au synclinal de Jerada,
Tarhilest. La plupart d'entre eux soulignés par une crénulation S3. Les
présentent une première venue calco- derniers granitoïdes se mettent en place
alcaline, généralement différenciée, après ces déformations, ils sont datés
avec des granodiorites à faible rapport entre 286 et 247 Ma (MRINI et al.,
initial 87 Sr / 86 Sr et une seconde venue, 1992), mais peut-être ces valeurs
probablement granodioritique de type tardives correspondent-elles, là aussi, à
monzonitique. Ils se mettent en place des épisodes tardifs de réchauffement.
dès le Viséen entre 340 et 320
Ma pour les plus anciens et 286 et 247
Ma pour les plus récents (MRINI et al.,
1992; AJJAJI et al., 1998). Ces valeurs
58 58

3.3. L’orogenèse hercynienne dans la


Meseta : aspects structuraux et synschisteux et la quantité de
géodynamiques déformation variant rapidement. Il en
résulte un compar-timentage structural
3.3.1. La zonation structurale
serré où les zones cisaillées, assez
hercynienne
étroites et allongées, affectées par une
schistosité très pénétrative et un
A l’intérieur du domaine nord, on a
métamorphisme en général épizonal,
souligné plus haut la différence entre
séparent et isolent des domaines moins
les secteurs orientaux (zones de Midelt,
raccourcis et peu ou non
axe du Tazekka-Azrou-Khenifra) et
métamorphiques. Dans la Meseta nord-
occidentaux (Meseta centrale et bloc
occidentale, ces zones cisaillées
côtier). Les premiers sont caractérisés
régionales sont établies à l’emplacement
par une déformation majeure généralisée
des rides syn-sédimentaires qui avaient
avec une schistosité plate ou faiblement
correspondu aux limites faillées du
pentée et un métamorphisme généralisé
Bassin de Sidi-Bettache. Au Carbonifère
de faible degré. Cette déformation est
inférieur-moyen, elles évoluent en
précoce, fini-dévonienne ou dinantienne.
anticlinaux (ou antiformes) par la reprise
Dans les seconds, au contraire, la
des failles inverses et chevauchantes.
déformation et le métamorphisme sont
Ainsi se développent les anticlinaux de
concentrés dans des zones cisaillées
Khouribga-Oulmès, Rabat-Tiflet, Cherrat,
plus ou moins allongées séparant des
qui entourent la zone synclinoriale de
aires bien moins affectées. La déformation
Rommani, peu déformée et non
est tardive, namuro-westphalienne et le
métamorphique, correspondant elle-même
raccourcissement globalement in-
au centre de l’ancien bassin.
homogène, l’intensité du métamorphisme

Fig. 35. Coupe schématique dans la Meseta orientale et le Haut Atlas oriental
3.3.2. Les épisodes de la
déformation au Paléozoïque Elles affectent des séries indubi-
tablement cambriennes, peut-être
3.3.2.1. La déformation au ordoviciennes p.p. et elles s’accompagnent
Paléozoïque inférieur d’une certaine évolution métamorphique
Les premières déformations paléo- et, surtout, de la mise en place de
zoïques qui surviennent dans le
magmas granitiques dont les apex seront
domaine de la Meseta sont localisées
recouverts en discordance par le
dans son angle nord-ouest (Sehoul et
Silurien marin. Ces déformations et des
marge atlantique voisine).
59 59

manifestations qui les accompagnent 3.3.2.2. La déformation hercynienne


constituent un épisode orogénique diachronique
énigmatique. On l’a parfois qualifié de
«calédonien», bien que la chaîne Le début du serrage hercynien
calédonienne d’Europe et son intervient au Dévonien supérieur et il
prolongement en Amérique du Nord s’exprime avec des modalités différentes
n’ait probablement pas de lien direct avec selon les zones : en Meseta orientale, la
lui ; aussi, pour l’instant, aussi bien la déformation est ductile, caractérisée par
signification que l’origine de ce segment des plis souvent couchés et un
orogénique nord-mésétien restent métamorphisme épizonal dont les
inconnues. cristallisations permettent de dater cet
événement tectono-métamorphique à
environ 360 Ma, c’est à dire au
Dévonien terminal (Fig. 33); c’est la
« Phase éo-varisque ».

Fig. 36. Les zones structurales de la Meseta


A : Schéma structural (A-F : coupe C)
B : Les zones structurales
C : Coupe d’ensemble
60 60

En Meseta occidentale, la déformation plus bas), de siltites rouges contenant


s’exprime par le jeu de grandes failles une intercalation doléritique ou basaltique.
NNE-SSW et E-W qui ouvrent des Leur cortège minéralogique est, comme
bassins sédimentaires comme celui de celui des bassins côtiers, essentiellement
Sidi-Bettache et c’est peut-être de cette détritique.
époque que datent les premiers Ni le Jurassique ni le Crétacé inférieur
écaillages responsables de l’enfouissement ne sont représentés par des couches
des séries le long de certaines zones marines, et tout ce domaine est resté
comme celle des Rehamna centraux. émergé à cette époque, entre l'océan
Atlantique naissant et le sillon atlasique.
Par la suite, la déformation hercynienne Ne sont connus que quelques dépôts
s’exprime, à travers ce qu’il serait rutilants, rattachés au "Continental
illusoire de considérer comme des intercalaire" des géologues sahariens,
«phases», par la progression du qui ont fait l'objet de quelques prospections
serrage qui affecte d’abord les bassins pour l'uranium.
dinantiens à environ 320 Ma, puis elle La grande transgression du Crétacé
englobe peu à peu l’ensemble du pays au moyen envahit presque complètement
Carbonifère moyen-supérieur pendant que ce domaine, à l'exception de quelques
débute l’exhumation des zones qui ont îles dans le Massif central, les Rehamna
été les plus précocement déformées et les Jbilete. La série marine crétacée
(BEAUCHAMP et al., 1991 ; HOEPFFNER est bien exposée sur les bordures du
et al., 2005 ; 2006). Dans les zones Plateau des Phosphates. Elle se
centrales de la Meseta le méta- compose, de la base au sommet, de :
morphisme, et le ramollissement qu’il
- marno-calcaires et gypse du
permet, se concentre sur des zones Cénomanien surmontés par la dalle
cisaillées d’amplitude régionale, comme turonienne de calcaires blancs (100 à
celle de la Meseta occidentale, et des
150 m) ;
granitoïdes témoignent de la mobilisation
- marnes et calcaires du Sénonien ;
de la croûte. Cette diachronie de la
deux séries marneuses sont séparées
déformation majeure évoque le schéma
par une barre de calcaire (50 à 100 m) ;
très habituel du déroulement de
- série phosphatée du Maestrichtien à
l’orogenèse, progressant depuis les
l'Eocène inférieur : 30 m à Khouribga,
zones internes vers les zones externes.
une centaine de mètres à El Borouj. On
distingue, à la base, la formation de
3.4. La couverture post-Paléozoïque Bout Mezoud, d'âge maestrichtien, non
phosphatée, et la formation sus-jacente
Le domaine mésétien stable s'étend à de Benguerir, d'âge maestrichtien à
l'est de la flexure mésétienne. Là, les paléogène, séparées par une dis-
faciès sont souvent moins franchement continuité régionale équivalant à une
marins et en tout cas les séries moins surface d'émersion, perforée et karstifiée.
subsidentes que celles que l'on rencontre La formation de Benguerir est
dans la marge et les bassins côtiers qui constituée de séquences élémentaires
lui sont liés. où on rencontre, de la base au sommet,
Les dépôts triasiques, ou plutôt les des phospharénites, des carbonates
séries triasico-liasiques des bassins de silicifiés, des argiles. Dans la série des
Rommani-Khemisset, des Rehamna Ouled-Abdoun, le Maestrichtien d'El
orientaux, etc. sont peu épais. Il s'agit, Borouj, épais de 45 m environ, est
comme dans les bassins côtiers (voir représenté par une unité inférieure
61 61

marno-phosphatée et une unité su- lesquels la localisation et la délimitation


périeure phosphatée et argileuse. Le des niveaux-réservoirs et la gestion de
Dano-Montien comporte une couche l'écoulement des nappes.
phosphatée épaisse de 7 m surmontée Entre la flexure mésétienne et la côte,
par des dolomies. Le Thanétien supérieur ce sont les bassins côtiers échelonnés
est surtout dolomitique. L'Yprésien depuis les Doukkala jusqu’à ceux de
comprend des dolomies, des phosphorites Layoun-Tarfaya. Les séries sont plus
et du silex. Dans le bassin des continuellement marines que dans le
phosphates, la série lutétienne ne domaine mésétien stable, en particulier
comprend plus de phosphates. C'est un au Jurassique-Crétacé inférieur (voir,
ensemble carbonaté et siliceux, par exemple, les séries jurassiques
surmonté par le calcaire silicifié connu marines du bassin d’Essaouira-Agadir :
sous le nom de "Dalle à Thersitées". PEYBERNES et al., 1987 ; PIQUE et
Dans l'ensemble, les faciès sédimentaires al., 1998).
de la série phosphatée évoluent dans le Des marnes sableuses miocènes à
temps depuis des calcaires vers des huîtres, pectens et poissons sont
dolomies, et d'associations argileuses connues dans la ville même de
détritiques à illite vers des associations Casablanca, par exemple dans le
chimiques, à smectite et attapulgite. La quartier du Maarif et à la sortie de la
matière organique est la plus abondante ville vers Ben-Slimane. A Rabat, les
dans la partie médiane de la colonne marnes bleues de l'estuaire du Bou-
maestrichtienne. Elle est d'ailleurs Regreg et celles des Sehoul sont du
souvent détruite par oxydation. Cette Miocène moyen (Helvétien : LECOINTRE,
destruction est caractéristique de milieux 1952), avec Chlamys multistriata, C.
oxiques à la différence, on le verra plus angelonii, C. opercularis, Flabellipecten
loin, des séries contemporaines de ugolonii, etc. Le Tortonien est connu
Timhadite. Pour leur part, MOUTAOUAKIL dans le plateau des Sehoul, avec
et GIRESSE (1993) donnent des Pecten revolutus, Ostrea sp., etc. Ce
descriptions des pétrofaciès des sont des marnes jaunâtres, parfois à
phosphates des Ouled Abdoun et galets et graviers, et des calcaires
insistent sur le rôle des stromatolites blanchâtres souvent gréseux. Ailleurs,
dans la fixation du phosphate, de Casablanca à la Chaouïa, on
préalablement à une concentration des retrouve des marnes et des calcaires
granules phosphatés. vaseux de cet âge.
Après l'Eocène, la mer se retire du Les niveaux du Pliocène, épais d'une
domaine mésétien, livré alors à des vingtaine de mètres en moyenne, sont
épisodes d'aplanissement successifs des grès et des calcaires marins à
dans les massifs en surélévation. nombreuses coquilles. Dans les Doukkala,
Les cailloutis du Plio-Quaternaire qui LECOINTRE (1952) y a trouvé Pecten
occupent l'ensemble du domaine, benedictus, Flabellipecten planomedius,
particulièrement dans les couloirs déprimés F. gentili, des huîtres, des gryphées,
: Haouz, Bahira, etc. entre les massifs, etc.. Pour GIGOUT (1951) le littoral de
constituent le réservoir potentiel le plus la mer pliocène était parallèle à la côte
important pour l'eau souterraine. La actuelle et l'oued Oum-er-Rbia existait
gestion des ressources aquifères des dès le Pliocène ancien. Une régression
grands bassins (ZOUHRI et al., 2001), quaternaire s'est accompagnée de la
capitale pour l'économie rurale, pose de surélévation des dépôts pliocènes et de
nombreux problèmes géologiques, parmi la surface d'aplanissement fini-Miocène
62 62

sur laquelle ils reposent, portés à ancien, avec des pics et des bifaces
plusieurs dizaines de mètres au-dessus taillés de la région de Casablanca
du niveau actuel de la mer. (RAYNAL et TEXIER, 1989), représente
Les corrélations entre les niveaux la base de l'Amirien, entre 1 Ma et
marins et continentaux sont délicates à 700.000 ans, montrant ainsi l'ancienneté
établir (TEXIER et al., 1985) pour le de l'occupation humaine de cette
Quaternaire, marqué par des variations région. Les restes de l'hominidé de l'Aïn
climatiques importantes (WEISROCK et Maarouf, près de El Hajeb (GERAADS
al ., 1985). Le Quaternaire continental et al., 1992), du Pléistocène moyen
marocain est caractérisé par une ancien, seraient des Homo erectus et
alternance de Pluviaux, marqués par Homo sapiens archaïques. A cette
des conditions biostasiques, une époque, l'homme coexistait ici avec des
sédimentation sur les versants et le vertébrés divers : chevaux, hippopotames,
remblaiement des lits des fleuves, et éléphants (Loxodonta atlantica, Elephas
d'Interpluviaux rhexistasiques qui sont iolensis), etc.
au contraire des périodes de creusement. Enfin, les datations au C14 effectuées sur
On assimile chaque période aride et les poteries et les armes néolithiques
rhexistasique du Maroc à un épisode (DAUGAS et al., 1989) témoignent de
glaciaire européen, les Pluviaux l'activité de la métallurgie du cuivre et
correspondant aux périodes interglaciaires. permettent des comparaisons avec les
On définit ainsi quatre "étages" régions ibériques pour la période de
continentaux dans le Pléistocène, du plus 5.000 à 2.000 ans av. J.C., marquée par
ancien au plus récent : une alternance de pulsations transgressives
et de régressions bien marquées sur le
• Moulouyen (Günz), contemporain du
littoral atlantique marocain.
Moghrébien et du Messaoudien inférieur ;
• Amirien (Mindel), contemporain du
Messaoudien supérieur et de l'Anfatien 3.5. La marge atlantique du Maroc
inférieur ; Il s’agit ici de la marge atlantique,
• Tensiftien (Riss), contemporain de immergée, du pays, au large des
l'Anfatien supérieur et de l'Ouljien domaines mésétien, atlasique et saharien,
inférieur ; étudiée de longue date (HINZ et al.,
• Soltanien (Würm), contemporain de 1982 : HEYMAN, 1989 ; LE ROY et al.,
l'Ouljien supérieur. 1997, 1998, etc.).
Au-dessus, le Rharbien correspond
au Mellahien, c'est-à-dire à l'Holocène. 3.5.1. Les terrains et les séquences
Des faunes terrestres comme, par sédimentaires
exemple, le rhinoceros Dicerorhinus 3.5.1.1. Le socle
hemitœchus de la région de Temara La succession stratigraphique des
(MICHEL, 1989), les vertébrés d'Aïn dépôts sédimentaires présents le long
Bahya près de Skhirat (MICHEL, de la pente et du glacis d'El Jadida est
1988a) ou ceux de la région de Safi relativement bien connue grâce aux
(MICHEL, 1988b) permettent parfois la données des forages océaniques 544,
datation des niveaux quaternaires 545, 546 et 547 du Leg 79 DSDP du
continentaux et autorisent la com- Glomar Challenger complétées par des
paraison avec les formes européennes. observations et prélèvements en
Par ailleurs, les industries lithiques submersible réalisés le long de
apportent aussi des éléments de l'escarpement d'El Jadida.
datation supplémentaires. L'Acheuléen
63 63

Fig. 37. La marge atlantique


A : Coupes dans les segments septentrionaux
B : Ajustement pré-rift des marges africaine et américaine de l’Atlantique central
C : La marge ouest-africaine
64 64

Le socle précambrien semble affleurer des marges conjuguées africaine et


à hauteur de l'escarpement d'El Jadida américaine permettent de dater le début
comme en témoigne un échantillon de de l’accrétion océanique à la fin du
granodiorite à orthopyroxènes de type Sinémurien, à environ 195 Ma (SAHABI
charnockite prélevé à -2600 m en et al., 2004 et Fig. 37 B,C).
submersible, le Paléozoïque étant
Ainsi, la marge atlantique marocaine
représenté par des échantillons d'ortho-
est découpée, au cours du rifting
gneiss granodioritique dragués et carottés
atlantique, en trois parties : 1) un
au niveau du glacis actuel à proximité du
domaine oriental, externe par rapport à
site 544 (KREUZER et al., 1984).
l’axe du rift, constituant les bassins à
3.5.1.2. Les dépôts triasico-liasiques terre. Les failles y sont généralement
Les premières formations sédimen- pentées à l’est ; 2) un domaine central,
taires montrées par les coupes sismiques souvent en position de horst ; 3) un
sont discordantes sur le socle domaine occidental où les failles sont
précambrien ou paléozoïque. L’unité de souvent à pendage ouest. Celles-ci
base, parfois non représentée, est formée seront réactivées au cours du
de grès, d’argilites et de conglomérats qui développement ultérieur de la marge et
représentent ici les ensembles datés à elles délimitent l’escarpement actuel de
terre du Carnien. L’unité supérieure la plate-forme.
(Norien-Hettangien ?) est constituée
d’argilites et de sel où s’intercale une 3.5.1.3. Méso- et Cénozoïque
passée de roches volcaniques. A l’échelle de l’ensemble de la marge,
Partout, l’épaisseur de la mégaséquence l’évolution des conditions de sédimentation
triasico-liasique s’accroît globalement au Méso- et au Cénozoïque est complexe
vers l’océan. Les bassins sont des et elle s’organise à la fois d’est en ouest
grabens (fig. 37 A). Les failles normales et d’un segment à l’autre. D’est en
synsédimentaires sont orientées NNE- ouest, on observe :
SSW et les blocs crustaux qu’elles - un épaississement global des séries ;
découpent sont basculés vers l’est ou - des variations de faciès (par exemple,
l’ouest selon le pendage de la faille qui au Jurassique supérieur le passage des
est activée. Les failles bordières des évaporites déposées sur la plate-forme
grabens sont des failles préexistantes, actuelle d’Essaouira à des turbidites sur
souvent d’anciens chevauchements le talus, ou bien le soulèvement au
hercyniens réactivés au Trias. Des Crétacé inférieur et la mise à l’affleurement
failles de transfert N 70°E à E-W de l’actuel escarpement d’El Jadida ;
découpent et isolent les divers - un changement entre l’exhaussement
segments de la marge. Il est clair que et l’érosion du bassin à terre de
cette tectonique extensive syn- Tarfaya, et le dépôt des séries
sédimentaire correspond au rifting progradantes dans la partie distale du
atlantique. La fin de la fracturation, c’est bassin au Paléogène.
à dire l’arrêt de l’extension crustale est D’un segment à l’autre, les variations
intervenue avant la discordance postrift, sont, aussi, notables. On citera :
localisée ici à la base des calcaires du - l’absence des carbonates jurassiques
Jurassique inférieur-moyen. Des arguments dans le bassin des Doukkala, alors qu’ils
fondés sur l’ajustement des anomalies sont répandus ailleurs ;
magnétiques et des bassins salifères - le dépôt des évaporites du Jurassique
supérieur dans les segments d’El Jadida
65 65

et d’Essaouira, contrastant avec les Dans la marge de Tarfaya, enfin, les


marnes contemporaines de Puerto failles normales affectant l'ensemble
Cansado dans le bassin de Tarfaya ; jurassique sont pour la plupart scellées
- l’érosion plus importante observée par la discordance au toit de la
dans le segment de Tarfaya ; séquence jurassique supérieur ou au
- la grande subsidence du bassin du sein même de la séquence. A l'est, il
Souss (LE ROY et al., 1998). s'agit des failles orientales à pendage
Dans la marge saharienne (RANKE et ouest des Zemmour, dont le jeu a été
al., 1982) s’effectuent des recherches compressif au Paléozoïque et extensif
d’hydrocarbures. au Trias supérieur. A l'ouest, il s'agit
des failles à l'origine des escarpements
raides de la bordure de la plate-forme
3.5.2. Les structures carbonatée jurassique. Les failles
affectant les séquences du Crétacé sont
Dans la marge d’El Jadida, un surtout concentrées en avant de
évènement tectonique se produit au l'escarpement jurassique. Ce sont des
Jurassique supérieur/Crétacé basal. failles listriques synsédimentaires
Les failles normales qui jouent alors (failles de croissance) peu profondes
sont raides et elles affectent souvent la affectant l'épaisse série sédimentaire
totalité de la séquence jurassique sous- clastique du Crétacé inférieur qui
jacente. Elles présentent des rejets très s’organisent en failles majeures
importants le long de l’escarpement et synthétiques à pendage ouest et en
elles disloquent et effondrent vers le failles secondaires antithétiques à
large la plate-forme carbonatée pendage est. Le niveau de décollement
jurassique. Par la suite, une fracturation pourrait correspondre à des niveaux
affecte la séquence crétacée mais non salifères triasiques profonds ayant
les niveaux cénozoïques. Enfin, un migré verticalement à la suite de la
épisode tardif, d'âge cénozoïque, est tectonique extensive fini-jurassique.
marqué par des failles normales Notons enfin que la déformation
listriques gravitaires en contrebas de cénozoïque atlasique s’exprime surtout
l’escarpement. dans le secteur nord du segment de
Dans la marge d’Essaouira, qui est le Tarfaya et en particulier le bassin du Sous.
segment atlasique de la marge A l’extrème nord de la marge
atlantique, la couverture est affectée par atlantique, des recherches en mer
des plis atlasiques d’ampleur assez montrent des nappes sous-marines
réduite dont l'orientation passe (BONNIN et al., 1975) dans un prisme
globalement d'une direction N 20-30 E d’accrétion lié à une subduction active,
au nord à une direction N 70 E vers le « rifaine » à pendage est (GUTSCHER
sud. Ce sont des plis de rampe, et al., 2002).
développés dans la couverture mésozoïque
décollée du socle (BOUATMANI et al.,
2003). La tectonique responsable de
l’acquisition de ces structures est d’âge
cénozoïque et due à l’orogenèse
atlasique (PIQUE et al., 1998). Elle est
aussi à l'origine d'une halocinèse illustrée
par des structures diapiriques à terre
(Jebel Hadid, jebel Tidsi) et en mer.
66 66

A RETENIR dans ces bassins, en particulier dans le


bassin du Sarhlef.
Les terrains du socle En Meseta orientale, les séries
carbonifères sont discordantes sur les
Au-dessus de roches volcaniques structures de la « Phase éo-varisque »
acides du Néoprotérozoïquen terminal (ci-dessous). Ce sont des séquences
qui affleurent ponctuellement, les couches volcano-sédimentaires et les analyses
paléozoïques s’organisent en plusieurs géochimiques indiquent l’affinité calco-
cycles sédimentaires : alcaline des laves incluses. A Jerada, la
- le Cambrien, avec les carbonates du série carbonifère s’achève par des
Cambrien inférieur, puis les shales niveaux de houille paraliques.
(« Schistes à Paradoxides »), les Le Carbonifère supérieur et le Permien
grauwackes et les quartzites du Cambrien sont représentés par des séries
moyen. Les épaisseurs de la série continentales rouges accompagnées
grauwackeuse suggèrent qu‘elle s’est d’effusions volcaniques.
déposée dans un graben NNE-SSW
subsident. Le Cambrien supérieur est La déformation du socle
très peu représenté.
- de l’Ordovicien au Dévonien moyen, La zone des Sehoul, au nord de la
un méga-cycle semblable à celui Meseta, est affectée par des plis et des
observé dans l‘Anti Atlas. Le milieu est chevauchements à vergence sud, d’âge
une plate-forme marine peu profonde et ordovicien. Au sud de la zone, ces
peu subsidente, parfois accidentée par structures « calédoniennes » sont reprises
des zones émergées orientées NNE- par la déformation hercynienne.
SSW. A la frange nord de la Meseta, la Dans la Meseta orientale, la déformation
zone des Sehoul est déformée et est datée à environ 360 Ma, c’est à dire
pénétrée par un granite à l’Ordovicien. à la fin du Dévonien. C’est la « Phase
A l’est, les séries dévoniennes éo-varisque », bien démontrée, par
allochtones (voir plus bas) contiennent exemple, à Midelt. Les plis sont serrés,
des faciès turbiditiques, ce qui les une schistosité généralisée s’accom-
distingue des calcaires récifaux de la pagne d’un métamorphisme épizonal,
Meseta occidentale, les chevauchements vers l’ouest sont
- à partir du Dévonien supérieur, la ductiles. Par la suite, la déformation
« révolution famennienne » change la progresse vers l’ouest, et les séries du
paléogéographie du domaine mésétien. bassin d’avant-pays d’Azrou-Khenifra
Des bassins faillés s’y individualisent, sont plissées au Carbonifère.
séparés par des zones en surrection En Meseta occidentale et centrale, la
relative. Dans les bassins une épaisse déformation est plus diversifiée. Elle se
série se dépose, jusqu’au Carbonifère déroule entre 330 et 300 Ma, du Viséen
moyen. Le plus oriental de ces bassins, au Westphalien. Dans les anciens
celui d’Azrou-Khenifra, fonctionne comme bassins dévono-carbonifères, elle est
un bassin d’avant-pays à l’avant des relativement faible et le métamorphisme
zones orientales en cours de déformation. y est pratiquement inexistant ou ne
Comme son prolongement dans les dépasse pas les conditions de l ‘épizone.
Jbilete orientales, il accueille des Dans les zones « anticlinoriales »
nappes gravitaires à matériel surtout (Khouribga-Oulmès, Rehamna centraux ;
ordovicien. Des roches magmatiques etc.), elle est plus importante, le
basiques se mettent en place au Viséen métamorphisme pouvant atteindre
67 67

localement la mésozone (Rehamna). Après la lacune du Jurassique et du


Des plans de cisaillements précoces, Crétacé inférieur, la transgression céno-
subhorizontaux, sont ensuite ployés par manienne envahit tout le domaine, à
des structures plus tardives, parfois l’exception d’îles comme les Rehamna.
extensives, accompagnées par une Les dépôts marins les plus importants
diminution des conditions de pression économiquement sont la série phosphatée
synmétamorphique. fini-crétacée, puis la mer se retire après
A noter, enfin, que ces évènements l’Eocène.
hercyniens sont accompagnés dans
l’ensemble de la Meseta par la mise en La marge atlantique
place de massifs de granites circonscrits.
Après un épisode de rifting triasico-
La couverture post-hercynienne liasique, l’accrétion océanique débute à
la fin du Sinémurien. Les dépôts post-
Après les séries détritiques et rift s’organisent en une suite de
volcaniques permiennes, mises en place séquences sédimentaires variables de
dans des bassins encore compressifs, les la plate-forme au talus et au glacis,
siltites rouges et les niveaux salifères du d’une part, et selon les divers segments
Trias supérieur et du Lias basal, ainsi que (mésétien, haut-atlasique, anti-atlasique)
les intercalations doléritiques qu’ils d’autre part.
contiennent se déposent dans des bassins
extensifs liés au rifting atlantique.
1 1

4 LES ATLAS

4.1. Présentation
Le Haut Atlas sépare le Maroc en sahariens. Sur 700 km de long à l'intérieur
deux : au nord, les plateaux et les bas des frontières marocaines, pour une
massifs du Maroc septentrional qui centaine de kilomètres de large, cette
constituent le domaine des Mesetas ; chaîne d'axe WSW-ENE est l'élément
au sud, l'Anti Atlas et les domaines majeur du relief du Maroc (Fig. 38).

Fig. 38. Cartes du domaine atlasique


2 2

Son altitude est globalement plus ennoient des massifs de terrains anciens,
élevée dans sa partie centrale et surtout paléozoïques. La superficie de
occidentale que dans les confins ces massifs anciens est très variable. Au
orientaux. Dans tout le Haut Atlas central, sud de Marrakech un ensemble de
les sommets de plus de 4000 m sont massifs paléozoïques (Fig. 36) ont été
nombreux, du jbel Toubkal, point fortement soulevés et constituent, autour
culminant du Maroc et de l'Afrique du du jbel Toubkal, le toit de la chaîne. A
Nord à 4167 m, à l'Ighil (=jbel) Mgoun, à l'est du Haut Atlas, le Tamlelt est, au
4071 m. C'est là que prennent contraire, une plaine au sein de la
naissance les grands oueds du versant couverture mésozoïque. D'autres
nord : les oueds n'Fis, Rdat, Tessaout massifs anciens jalonnent le Haut Atlas
et el Abiod (= assif Melloul), et ceux du et le Moyen Atlas. Pratiquement absents
versant sud : oueds Souss, Todgha, de l'axe du Haut et du Moyen Atlas, les
Dades, etc.. A l’ouest du Tizi n’Test, le dépôts cénozoïques et plus récents sont
relief s'abaisse rapidement vers l'océan largement représentés, par contre, dans
tandis qu’à l’est du Haut Atlas central il les sillons atlasiques marginaux.
s’abaisse progressivement vers l'est Les terrains paléozoïques des massifs
jusqu'au Tamlelt. En bordure du atlasiques montrent toujours les traces
domaine montagneux haut-atlasique des déformations hercyniennes.
courent des dépressions : le Haouz au L'orogenèse atlasique ne s’y marque
nord, la plaine du Souss et le sillon que par des déformations cassantes et
sud-atlasique, de Ouarzazate à des plis de grande rayon de courbure
Rachidia et au-delà, au sud. Les limites qui n'obscurcissent jamais les structures
entre la chaîne haut-atlasique et les antérieures à un point tel que l'on ne
domaines voisins, mésétien et anti- puisse plus les analyser; aussi peut-on
atlasique, sont le plus souvent abruptes parfaitement étudier la déformation
et on passe rapidement de ces hercynienne de ces massifs et la
dépressions marginales de l'Atlas à la comparer à celle de la Meseta.
Haute Chaîne par une étroite bande de
collines sous-atlasiques comme celle
d'Aït-Ourir, par exemple, au SE de 4.2 Le socle
Marrakech.

Branché sur le Haut Atlas entre Beni- 4.2.1. L'Atlas paléozoïque de


Mellal et Aghbala, le Moyen Atlas est Marrakech
une autre barrière montagneuse, NE-
SW celle-là, qui divise le Maroc 4.2.1.1. Généralités
septentrional en Meseta occidentale et On désigne sous ce nom un
Meseta orientale. Les altitudes sont ensemble de boutonnières qui s'étend
nettement moins élevées que dans le sur environ 250 km entre le couloir
Haut Atlas. La chaîne est bordée à sa d'Argana à l'est et l'ennoyage des
frange sud-orientale par une dépression boutonnières d'Aït Tamlil et de Skoura
dans laquelle s’écoule l'oued Moulouya. sous leur couverture mésozoïque à
Au point de vue géologique, le Haut l'est, et 60 km de large entre la plaine
Atlas et le Moyen Atlas se distinguent du Haouz au nord et les dépressions du
de la Meseta par la déformation de Souss et de Skoura au sud (Fig. 39).
leurs terrains mésozoïques. Ceux-ci, On peut le diviser en trois parties :
plissés dans le domaine atlasique,
3 3

- un domaine occidental : la série et les distinctions récentes). Dans les


paléozoïque, représentée surtout par Seksaoua et à Azgour, OUAZZANI et al.
les dépôts cambriens, est épaisse. La (1998) retrouvent, dans des andésites et
déformation hercynienne y est clairement des dacites, la trace d’un magmatisme
marquée et elle s’exprime par des plis d’arc volcanique du Protérozoïque
surtout NNE-SSW, un métamorphisme supérieur, en tout cas antérieur au
important et la mise en place de Cambrien.
granitoïdes comme celui du jbel Tichka ; Dans l’Ourika, des dykes basiques
- un domaine central : le Bloc de caractérisés par BARAKAT et al.,
l'Ouzellarh, constitué de roches méta- (2002) témoignent d’une distension
morphiques et de granitoïdes précambriens antérieure au dépôt de la série PIII. Celle-
recouverts par les volcanites du ci est représentée dans les deux
Précambrien terminal et une série épaulements, occidental et oriental, de
paléozoïque peu épaisse. L'ensemble a l'Ouzellarh, respectivement le massif du
été peu déformé par l'orogenèse Toubkal et celui de Tircht-Tidsi ; comme
hercynienne. La partie occidentale de la dans l'Anti Atlas, c'est une série surtout
boutonnière de Skoura et la partie volcanique, andésitique et dacitique,
méridionale de celle d'Aït Tamllil font dont les variations d'épaisseur s'expliquent
partie de ce domaine tabulaire ; par une tectonique de blocs contemporaine
- un domaine oriental : la majeure partie de leur mise en place. Le gisement
des boutonnières d'Aït Tamllil et de métallifère à argent et mercure de
Skoura, et le secteur du Tizi n'Tichka Zgounder dans le jbel Siroua (MARCOUX
(PROUST, 1973). Les terrains carbonifères et WADJINNY, 2005) accompagne une
sont très épais et déformés par des plis série volcano-sédimentaire. Comme le
hercyniens NW-SE et E-W. gisement argentifère proche d’Imiter, il
La Faille du Tizi n'Test est un élément est d’âge néo-protérozoïque. Les granites
important de cette région. Elle borde au roses de Tircht, Meltsen et Ourgouz et
sud le domaine occidental, en direction les ignimbrites contemporaines de
WSW-ENE et elle le sépare du sillon du l'Ouzellarh témoignent d'un magmatisme
Souss. Plus à l'est, son tracé est alcalin développé au Précambrien terminal
discuté, parce que sa définition concerne qui relaie, cette fois en régime extensif,
des époques différentes, tant il est vrai les roches magmatiques calco-alcalines
que son fonctionnement s'est étalé sur tardi-panafricaines de la base de la
une très longue période comprenant au série d'Ouarzazate (BAOUCH et al.,
moins le Paléozoïque et le Mésozoïque. 1990).

4.2.1.2. Les terrains -b. « Adoudounien » et Cambrien


inférieur
-a. Terrains précambriens Le domaine oriental, du massif de
Ils affleurent bien dans l'Ouzellarh. Le Tircht jusqu'à la boutonnière de Skoura,
corps principal de ce domaine est dépourvu de dépôts du Cambrien
constitué surtout de quartzites et de inférieur, était en position haute et
schistes faiblement métamorphiques, vraisemblablement émergé à cette
rapportés au Précambrien II, avec des époque. Les conglomérats de l'Ourika
noyaux gneissiques du Précambrien I et du Yagour représenteraient les
probable (voir dans le chapitre Anti produits de son démantèlement,
Atlas les correspondances entres les accumulés sur une plate-forme littorale
séquences classiques du Précambrien de haute énergie. La série de l'Ouneïn
4 4

(BOUDDA et CHOUBERT 1972; + conglomérats remaniant les niveaux


DESTOMBES et al., 1985) offre une sous-jacents, associés à un niveau de
coupe continue des premiers niveaux calcaires à archeocyathidés ; ce serait
paléozoïques avec, de bas en haut : l'équivalent, plus grossier, des Grès
+ séquence lie-de-vin avec, au Terminaux ;
sommet, des bigotinopsidés ; + grès, schistes et calcaires à
+ 800 m de calcaires et des schistes, Protolenus et Kingaspis, à la base d'une
correspondant aux "Calcaires puissante formation schisteuse du
supérieurs" de l'Anti Atlas ; Cambrien moyen.
+ série pyroclastique ;
+ niveaux à Archeocyathidés ;

Fig. 39. Le Bloc ancien du Haut Atlas


A : Situation générale : les massifs paléozoïques (Atlas de Marrakech)
B : Carte schématique (domaines occidental et central)
En revanche, le domaine occidental Il s’y s'individualise un sillon subméridien
est à cette époque une plate-forme limité latéralement par des failles
carbonatée, peu profonde mais subsidente, synsédimentaires NNE-SSW et, au sud,
avec des récifs d'archéocyathidés et des par la Faille du Tizi n'Test.
dépôts détritiques.
5 5

Les dépôts du Cambrien inférieur, Au-delà de la Faille de Skoura, dans


épais ici d'environ 5000 m, sont le domaine oriental, la série cambro-
accompagnés par des roches volcaniques ordovicienne est directement transgressive
basiques. A l'ouest de ce secteur, au- sur les quartzites précambriens. Elle
delà d'une zone de failles ou de flexures comprend environ 400 m d'argilites à
synsédimentaires, les faciès sont Paradoxides du Cambrien moyen,
exclusivement détritiques. Au SE de la dépourvues de niveaux volcaniques et
faille du Tizi n'Test, BADRA et al. 200 m d'argilites micacées et arénacées
(1992) montrent que la sédimentation dont le Caradoc, à lui seul, représente
épaisse du Cambrien inférieur, surtout la moitié de l'épaisseur.
carbonatée et volcano-sédimentaire, est
Comme durant le Cambrien inférieur,
contrôlée par le jeu de failles normales
le domaine occidental est peu profond
N 70 E. Le régime géotectonique est
celui d'une extension crustale, confirmée mais très subsident au Cambrien
par la nature tholéiitique du volcanisme moyen. L'épaisseur des grauwackes et
associé, accompagnée d’un hydro- des grésopélites est de 5000 m dans la
thermalisme responsable de la minéra- région des Aït-Mohand-ou-Moussa et
lisation en Cu et Zn. de 8000 à 9000 m dans celle de Tabgout,
toutes deux au nord-ouest du domaine
occidental. BERNARDIN et al. (1988)
considèrent qu'il s'agit ici du
-c. Du Cambrien moyen à l'Ordovicien
prolongement méridional du graben
Dans le domaine de l'Ouzellarh, la série ouest-mésétien défini en Meseta côtière.
est peu épaisse (400-500 m). Au- dessus Ici comme au nord, le graben est limité
de la Brèche à Micmacca qui, comme à sa partie orientale par des failles
dans l'Anti Atlas, marque le passage du NNE-SSW, correspondant à la future
Cambrien inférieur au Cambrien moyen, Zone Cisaillée de Meseta Occidentale.
reposent des schistes à Bailliela, Il se termine au sud le long de la Faille du
Conocoryphe et Paradoxides du Tizi n'Test dont le caractère précoce,
Cambrien moyen, des niveaux gréseux et synsédimentaire, est ainsi démontré. Le
bariolés, possibles équivalents de le fonctionnement de ce fossé cesse à la
formation d'El Hank-Tabanit, et une fin du Cambrien moyen, puisque des
série d'âge probable Arenig à Llandovery grès-quartzites du type d'El Hank-
inférieur, en discordance parfois Tabanit se déposent indifféremment à
angulaire sur les terrains sous- jacents.
l'intérieur et à l'extérieur de ses limites.
Les grès supérieurs, épais de 0 à 150 m,
Les grès à diplograptidés et monograptidés
sont l'équivalent des grès du Second
qui viennent ensuite représentent
Bani de l'Anti Atlas. La géométrie de leurs
bancs est généralement lenticulaire; l'Ordovicien ; leur épaisseur est
beaucoup de structures (glissements, relativement faible, de 600 à 800 m.
figures d'échappement d'eau, etc..) Quel que soit le taux de subsidence, les
indiquent des déformations d'un faciès sédimentaires indiquent toujours
sédiment non lithifié créées par le jeu de une profondeur faible à l'Ordovicien (par
failles actives durant la sédimentation. Des exemple CHACRONE et HAMOUMI,
"argiles microconglomératiques", enfin, 2004), avec des sédiments soumis à
semblables à celles de l'Ordovicien l'action des tempêtes, et des failles
terminal de l'Anti Atlas, en particulier, synsédimentaires responsables de
terminent la séquence. phénomènes de resédimentation gravi-
6 6

taire. La série ordovicienne se termine gastéropodes et tentaculites. Le reste


par 60 à 90 m de quartzites et de la série dévonienne comporte les
microconglomérats comparés à ceux du calcaires de la Tessaout puis une série
Second Bani. marneuse et silteuse épaisse (450 m),
où le Dévonien supérieur serait représenté.
-d. Le Siluro-Dévonien
-e. Le Carbonifère inférieur
Le Silurien est connu ponctuellement, Les dépôts du Dévonien supérieur et
déformé et laminé, dans plusieurs du Dinantien sont peu répandus dans le
coupes du domaine occidental : Talmakent, domaine occidental et l'enregistrement
Ida-ou-Zal, etc. La séquence synthétique sédimentaire des mouvements tectoniques
reconstituée à partir de ces affleurements hercyniens précoces manque géné-
réduits et dispersés est très mince : 10 ralement. Dans la partie occidentale de
à 25 m, mais elle est complète, constituée ce domaine, le jeu des failles normales
surtout d'ampélites noirâtres concordantes subméridiennes postérieures au Dévonien
sur les quartzites de l'Ordovicien et antérieures au serrage majeur
supérieur probable. Les carbonates y hercynien s’accompagne de la mise en
sont présents, surtout au Ludlow, en place de sills basiques, témoignant ainsi
bancs ou en nodules. Le Pridoli à d’une phase d'extension au Carbonifère
Scyphocrinites passe en continuité au inférieur. Dans la boutonnière de
Lochkovien. Dans le domaine oriental, Guemassa, au nord du domaine
JENNY et LE MARREC (1980) signalent occidental, le Carbonifère inférieur est
125 m de phtanites noir-bleuté et des représenté par des formations turbiditiques
shales noires avec des niveaux marno- et chaotiques accompagnées d'un
calcaires. magmatisme bimodal, déposées dans
Le début du Dévonien marque, dans un bassin relativement subsident limité
le domaine occidental, une très forte par des failles NNE-SSW.
reprise de la subsidence. En concordance A la bordure du domaine central,
sur les niveaux siluriens, la série BEAUCHAMP et PETIT (1981),
lochkovienne est épaisse (200 à 850 m). VACHARD et al. (1990), etc. décrivent,
Elle contient des argilites qui passent au dans l'Atlas de Marrakech, une série
sommet à des niveaux détritiques plus deltaïque puis turbiditique d'âge Viséen
grossiers. Des biseaux stratigraphiques et supérieur-Namurien inférieur, en
des olistolites témoignent du jeu de failles discordance cartographique sur des
synsédimentaires et d'une tectonique gréso-pélites du Cambro-Ordovicien.
de horsts et de grabens de direction Des structures sédimentaires y indiquent
subméridienne. Une émersion à la fin une tectonique distensive viséenne
du Lochkovien amène le dépôt de grès contrôlée par des failles NNE-SSW et
à plantes et de conglomérats tels ceux de WSW-ENE, avec une profondeur de
Talmakent. Cette importante instabilité et la dépôt importante.
subsidence qui l'accompagne cessent au La partie nord de la boutonnière d'Aït
Praguien et, jusqu'au Frasnien, les Tamlil est formée de terrains épais
dépôts dévoniens seront minces, argilo- d'environ 3000 m, attribués au
calcaires puis carbonatés. Carbonifère inférieur, où JENNY et LE
Le domaine oriental est à l'abri de la MARREC (1980) et JENNY et al. (1989)
tectonique distensive du Lochkovien, décrivent des turbidites distales et des
avec quelques dizaines de mètres de faciès chaotiques, wildflysch et
siltites et de marnes à trilobites, olistostromes. Ces derniers contiennent,
7 7

dispersés dans une matrice plus ou et aux portions de boutonnières


moins abondante, des blocs hecto-, paléozoïques adjacentes (partie occidentale
voire kilométriques de quartzites de la boutonnière de Skoura, partie
ordoviciens, phtanites siluriennes et méridionale de celle d'Aït Tamlil et
siltites dévoniennes. Leur âge est partie occidentale de celle d'Aït Akiym), la
Viséen terminal. Ces formations sont tectonique hercynienne est restée très
recouvertes par la Nappe d'Aït Tamlil, modérée et n'a développé aucune
un ensemble d'unités allochtones, d'âge structure pénétrative. Les couches ne
surtout ordovicien, mises en place sur le sont que basculées et affectées par des
flysch distal et les formations chaotiques failles post-viséennes, témoins d'une
par un glissement gravitaire vers le sud. compression E-W.
Ces ensembles contrastent fortement Dans la région d'Azgour-Erdouz, la
avec la sédimentation de plate-forme série paléozoïque est affectée par trois
que connaît à cette époque le sud du épisodes de déformation ductile dont le
domaine oriental (LAVILLE, 1980). troisième est contemporain de la mise
en place du granite d'Azegour. La
-f. Le Carbonifère supérieur et le Permien minéralisation économique en Zn-Pb de
A l'extrémité sud-ouest de l'Atlas cette région est liée à une phase
paléozoïque de Marrakech, le Stéphanien hydrothermale tardi-hercynienne ; elle a
est reconnu dans les Ida-ou-Zal et les Ida- été précédée par une préconcentration,
ou-Zekri, parties actuellement séparées également hydrothermale, réalisée au
d’un même bassin, le Bassin du Souss cours de l'extension du Cambrien
(FEYS et GREBER, 1963 ; SABER et inférieur (BADRA et al., 1991).
al., 2001). Dans les Ida-ou-Zal, les
conglomérats qui jalonnent les failles -b. Le domaine oriental
bordières passent latéralement vers le A la différence du domaine central, la
centre du bassin à des sédiments série paléozoïque est ici épaisse. Le
détritiques plus fins, continentaux ou Carbonifère inférieur chaotique et la
lacustres, entassés sur une épaisseur nappe d'Aït Tamlil sont affectés par une
de 1 800 m. On y rencontre une flore déformation ductile. Les plis majeurs,
euraméricaine (BROUTIN et al., 1989). souvent accompagnés d'une schistosité
Au sud d’Argana, des filons basiques de plan axial, ainsi que les failles
traversent le socle paléozoïque ainsi directionnelles sont E-W à WNW-ESE
que la base, mais non le sommet de la (JENNY et al., 1989).
série rouge sus-jacente (AÏT CHAYEB
et al., 1998). Leur nature alcaline à -c. Le domaine occidental
transitionnelle les distingue à la fois des Par sa complexité, il pose davantage
roches magmatiques calco-alcalines du de questions que les autres domaines.
Permien inférieur de la Meseta et des Sa déformation est polyphasée. Les plis
tholéiites du Trias supérieur, suggérant majeurs, NNE-SSW, à vergence ouest,
ainsi un âge permien inférieur pour leur sont symmétamorphiques. L'intensité de
mise en place. la déformation et celle du métamorphisme
synschisteux augmentent en direction
4.2.1.3. Les déformations hercyniennes des massifs granitiques. Vers la fin de cet
épisode principal, la déformation se
-a. Le domaine central concentre dans des zones cisaillées
Dans ce domaine, correspondant aux NNE-SSW ductiles à jeu latéral dextre
affleurements précambriens de l'Ouzellarh (EDDIF et al., 2000). C'est peut-être
8 8

dès cette époque que le pluton décrochante et chevauchante. Le


syncinématique du Tichka se met en problème est donc de reconstituer leur
place. Après une distension, peut-être disposition au Paléozoïque.
en régime transtensif, des unités La limite entre le domaine central, peu
allochtones (nappe des Aït Tounart) déformé, et le domaine oriental plissé
glissent sur une distance de 20 à 30 km est marquée par un ensemble de failles
en direction du sud-est. Autochtone et NW-SE comme la Faille de Skoura qui
allochtone sont ensuite soumis à une partage en deux domaines la boutonnière
compression WNW-ESE au cours de de Skoura, et de failles E-W comme
laquelle des plis P2 apparaissent et des celle qui sépare la boutonnière d'Aït
failles méridiennes sont réactivées en Tamlil en un domaine septentrional
chevauchements. Un serrage tardi- plissé et un domaine méridional stable.
hercynien est responsable du jeu dextre La limite sud du domaine occidental est
des failles WSW-ENE comme celle du la Faille du Tizi n'Test dont on connaît
Tizi-Maachou, qui affecte le granite du depuis MATTAUER et al.
Tichka. La dernière distension carbonifère, (1972) le jeu dextre. On a beaucoup
d'âge stéphanien, induit le développement discuté sur son prolongement oriental,
des bassins intramontanes (ERRAMI et en considérant qu'elle adopte une
al., 2002). direction WSW-ENE à travers le
Le massif du Tichka est un excellent domaine de l'Ouzellarh et que, plus à
exemple, étudié par GASQUET et al. l'est, elle borde au nord la boutonnière
(1992), d'une association plutonique d'Aït Tamlil (JENNY, 1983). Les
acide-basique à gabbros, diorites, grano- reconstitutions de OUANAIMI et PETIT
diorites, monzogranites et leucogranites dont (1992) suggèrent qu’elle se prolonge à
tous les termes, à l'exception des l'est par un ensemble de failles (failles
leucogranites les plus récents, sont de Kik, du n'Fis, etc..), orientées NNE-
contemporains. Des arguments surtout SSW, qui forment la limite entre le
géochimiques fondés sur l'analyse des domaine occidental et le domaine
éléments en traces et des analyses central. Leur composante latérale est
isotopiques (Rb/Sr et Sm/Nd) suggèrent dextre.
que le magma basique, fondamental, Finalement, l'histoire tant sédimentaire
serait issu de la fusion partielle du que structurale de l'Atlas paléozoïque
manteau supérieur, réalisée dans un de Marrakech montre que ces failles :
environnement intraplaque ; les diorites Faille du Tizi n'Test et ses prolongements
seraient le produit de la cristallisation orientaux et Faille de Skoura s. l. sont des
fractionnée de ce magma et de linéaments anciens, actifs dès le stade de
l'assimilation crustale ; les granitoïdes, la sédimentation paléozoïque. Leur jeu
enfin, résulteraient de l'anatexie d'un majeur est synschisteux comme le
matériel infracrustal de composition suggère l'intensification de la
basique à intermédiaire. déformation à leur approche et ils ont
rejoué à plusieurs reprises, à la fin du
-d. Les limites entre les domaines Paléozoïque et au cours des divers
Les limites observées actuellement épisodes atlasiques. Leur jeu post-
entre les zones plus ou moins déformées schisteux dextre pour la Faille du Tizi
au cours de l'orogenèse hercynienne ont n'Test et sénestre pour celle de Skoura
été affectées par des mouvements en font des zones de cisaillement
tardi-hercyniens puis réactivées par conjuguées.
l'ensemble de la tectonique atlasique,
9 9

-c. Ordovicien
4.2.2. Les boutonnières du Haut La série est grésopélitique. A la base,
Atlas oriental 800 m de shales ont livré Schizograptus
quebecensis et Holograptus deani de
4.2.2.1. Les séries sédimentaires l'Arenig inférieur. Plus haut, des grès et
La couverture du Haut Atlas oriental des quartzites d'épaisseur variable (90
laisse affleurer le socle précambrien à 750 m), au-dessus de niveaux de fer
supérieur et paléozoïque dans les oolitique, représentent probablement
boutonnières de Mougueur, Bou-Dahar l'Ordovicien supérieur, avec peut-être
et Tamlelt. Dans cette dernière, à la des ravinements internes du type de celui
suite des observations de du DRESNAY de la barre du Second Bani sur les
(in DESTOMBES et al., 1985), et niveaux sous-jacents. Dans la
HOUARI et HOEPFFNER (2000), en boutonnière du Bou-Dahar, la série
particulier, on peut construire la colonne ordovicienne est épaisse de 220 m ; le
suivante : Llandeilo y est caractérisé.

-a. Précambrien supérieur -d. Silurien


Le Précambrien supérieur est représenté Dans de nombreux affleurements du
par une importante (environ 1000 m) Tamlelt, le Silurien est caractérisé
série volcano-sédimentaire comportant paléontologiquement. Il est représenté
des coulées d’andésites, de dacites et par des shales et des phtanites datant
de rhyolites ; elle représente l’équivalent du Llandovery inférieur au Wenlock
du Néoprotérozoïque terminal de l’Anti comme l'indiquent les nombreuses
Atlas. espèces de Monograptus, Climaco-
graptus, Glyptograptus, etc.. et par des
-b. Cambrien calcaires à Cardiola interrupta du
En différents points de la boutonnière Wenlock-Ludlow.
de Tamlelt (Jbel Manhouhou, Jbel
Tioua) et dans ses prolongements aux 4.2.2.2. Les déformations hercyniennes
confins algéro-marocains (Jbel Tibalicine)
la série volcanique du Précambrien Dans le Mougueur et la bordure nord
terminal est surmontée par des niveaux de Tamlelt, les grès et schistes du
sédimentaires : conglomérats, grès, Cambrien moyen probable sont affectés
dolomies et calcaires à trilobites par des plis fondamentaux synschisteux
(Termierella longa, Kingaspis campbelli) d'axe NW-SE à NNW-SSE (N130-160
et des psammites et schistes à niveaux E) déversés au SW, subcontemporains
calcaires avec, encore, des trilobites de cisaillements dans les plans axiaux.
(Kingaspis armatus, Micmacca sp., etc). Ces structures, probablement éo-
Ces niveaux du Cambrien inférieur ont varisques, sont reprises par des plis NE-
une épaisseur de 500 à 1300 m. Ils sont SW à E-W.
surmontés par des grès-quartzites et Dans le centre et le sud de la
des schistes attribués au Cambrien boutonnière de Tamlelt, HOUARI et
moyen. Notons que la présence de HOEPFFNER (2000, 2003) décrivent
dépôts du Cambrien moyen, sûre dans une déformation d’âge carbonifère
la petite boutonnière de Taltfraout, sur combinant chevauchements et décro-
le versant sud du Haut Atlas au NW de chement, qui donne lieu à des plis ENE-
Goulmima, est supposée dans le Mougueur. WSW, synschisteux, déversés au SSE
associés à des failles transcurrentes
10 10

dextres orientées E-W. Cette déformation, -b. Silurien


qui n’implique ici que les terrains du De nombreux affleurements géné-
Paléozoïque inférieur, correspond pro- ralement peu étendus dans le Tazekka
bablement à celle enregistrée dans le occidental permettent de reconstituer
Carbonifère de Bechar (BALL et al., une colonne complète d’environ 115 m
1975) et de Tineghir (MICHARD et al., d’épaisseur, phtanitique et ampélitique.
1982 ; SOUALHINE et al., 2003). Ces
régions correspondent à la marge SE
de la chaîne hercynienne, caractérisée -c. Dévonien
notamment par l’absence de granitoïdes La formation de l’oued Bou-Ayach,
et par un raccourcissement relativement dans le Tazekka occidental, repose en
modéré n’impliquant pas l’ensemble de la continuité sur la série silurienne. Elle est
croûte. formée d'environ 150 m d'arénites
microbréchiques et de grauwackes
4.2.3. Les boutonnières du Moyen alternant avec des argilites. Elle est
Atlas riche en débris végétaux. Des chitino-
zoaires, des acritarches et des spores
Il s'agira ici surtout de la boutonnière du indiquent un âge Dévonien inférieur
Tazekka, à la bordure occidentale du élevé à Dévonien moyen (Eifélien). Le
Moyen Atlas central, prolongée par caractère nettement détritique et l'abondance
celles de Bsabis et d'El Menzel. D'autres des plantes flottées suggèrent que le
boutonnières voisines n'appartiennent milieu était, comme celui de la boutonnière
pas au domaine atlasique, telles celle mésétienne d'Imouzzer-du-Kandar, une
d'Imouzzer-du-Kandar dans la Meseta plate-forme proche de terres émergées.
occidentale ou celles, plus vastes, de
Debdou et de Mekkam, dans la Meseta -d. Carbonifère
orientale. Une série volcano-sédimentaire
(CHALOT-PRAT et CABANIS, 1989)
4.2.3.1. La série sédimentaire recouvre en discordance angulaire les
Schistes du Tazekka dans la partie
-a. Ordovicien orientale du massif. Elle comprend un
Ce sont les terrains les plus anciens ensemble basal, volcano-sédimentaire
reconnus dans la boutonnière du Tazekka, où s’intercalent des coulées d’andésites
dont ils représentent la majeure partie des et de basaltes andésitiques, et un
affleurements (HOEPFFNER, 1989). ensemble supérieur surtout pyroclastique,
Dans la partie occidentale du massif, avec des tufs acides, des rhyolites et
des grès, parfois quartzitiques et des des ignimbrites. Des niveaux sédi-
pélites forment une série dont l'épaisseur, mentaires détritiques ont permis de
compte tenu des redoublements tecto- dater du Viséen supérieur-terminal-
niques, peut atteindre 700 à 800 m. Namurien inférieur la base de la série
En revanche, les niveaux ordoviciens, (CHALOT-PRAT et ROY-DIAS, 1985) ;
ou cambro-ordoviciens, de la partie l’ensemble supérieur remanie des xénolites
orientale du massif (unité de Bab-el- de roches sédimentaires dont l’âge
Azhar et Schistes du Tazekka) sont une s’échelonnerait du Viséen supérieur au
série surtout pélitique d'où sont absentes Westphalien (voir la revue des datations
les formations gréseuses et quartzitiques par HUVELIN et MAMET, 1989).
occidentales. L’étude pétrographique et géochimique
des roches volcaniques indique la
11 11

coexistence de magmas basiques et L'architecture du massif résulte ainsi


acides (CHALOT-PRAT et CABANIS, de l'intervention de deux épisodes
1989) et leur appartenance à une lignée tectoniques ; au cours du premier, le
calco-alcaline de type orogénique raccourcissement est important et en
(KHARBOUCH, 1994 ; BENNOUNA et grande partie ductile dans la partie
al., 2004). Le Tazekka se rapproche en orientale occupée par les Schistes du
cela des boutonnières de la Meseta Tazekka, et cassant dans le domaine
orientale (Mekkam, Jerada). occidental où il est réalisé par les
écaillages. La fin du raccourcissement
4.2.3.2. La déformation hercynienne est marquée par le chevauchement du
domaine oriental sur le domaine
L'unité orientale des Schistes du occidental par l'intermédiaire de la zone
cisaillée de Bab-Azhar. Après une
Tazekka est affectée par un plissement
période d'érosion et de sédimentation
fondamental symmétamorphique dont
les structures sont replissées au cours durant laquelle se forme le complexe
d'une seconde phase de déformation. volcano-sédimentaire viséo-namurien et
Les plis P1 sont orientés en moyenne débute la mise en place de petits
NNE-SSW (N10-20 E) et leur déversement massifs de granite dans le socle ordovicien,
l'ensemble du domaine oriental : les
est à l'ouest. Le second épisode de
Schistes du Tazekka et leur couverture
déformation affecte non seulement les
Schistes du Tazekka et leur foliation, carbonifère, est affecté par un second
mais aussi la série volcano-sédimentaire épisode de déformation peu intense.
discordante. Les plis P2 sont N30 E en Les datations K-Ar sur fractions fines
moyenne, avec des plans axiaux (HUON et al., 1987) ont permis de dater
avec précision chacun de ces épisodes;
subverticaux soulignés par une schistosité
le premier, à 329 ± 7 Ma, correspond au
peu développée (HOEPFFNER, 1994).
Viséen supérieur ; le second, à 302 ± 2
L'unité médiane de Bab-Azhar montre Ma, est d'âge fini-carbonifère.
un gradient de déformation et de
métamorphisme décroissant d'est en
ouest. Elle est affectée, comme les 4.3. Les terrains de couverture
Schistes du Tazekka, par une schistosité
S1 souvent parallèle au litage, mais elle 4.3.1. La couverture dans l'Atlas
se caractérise surtout par l'importance central
des cisaillements tardi- à post-schisteux
au cours desquels les structures 4311. Les terrains mésozoïques
plicatives sont intensément dilacérées.
La vergence des plis et des cisaillements a. Le Trias
suggère que le contact entre la zone
orientale et celle de Bab-Azhar, toujours A la base de la couverture mésozoïque
anormal, est un chevauchement de la discordante sur les séries anciennes
première sur la seconde. des boutonnières, ou bien au cœur de
L'unité occidentale est constituée de beaucoup des structures anticlinales du
terrains ordoviciens à dévoniens non domaine atlasique et d’Argana jusqu’à
métamorphiques. Les plis hectométriques la région de Midelt-Imilchil (HEITZMANN,
sont déversés à l'ouest, mais le caractère 1987), une série rouge détritique et
le plus frappant de cette unité est son évaporitique, accompagnée de roches
découpage en écailles. volcaniques, est depuis longtemps
12 12

attribuée au Trias. Elle pose encore de recouvertes par les coulées basaltiques
nombreux problèmes tant aux points de au-dessus desquelles un niveau sédi-
vue de la stratigraphie et de la mentaire fossilifère date le Lias moyen.
sédimentologie que de la signification Il est par conséquent probable qu'une
géodynamique des roches magmatiques partie des siltites soit d'âge liasique.
associées et des faciès sédimentaires Dans le Haut Atlas occidental, le bassin
qui la constituent. d'Argana (TIXERONT, 1973; BROWN,
1980) contient une série épaisse dont
+ Stratigraphie les niveaux sont, de la base au sommet
:
Depuis COUSMINER et MANSPEIZER - formation d'Ikakern (Permien p.p. ?)
(1976), des déterminations paléonto- : jusqu'à 2 500 m de conglomérats
logiques ont permis de dater par des torrentiels et de grès
palynomorphes le Carnien vers le milieu - formation de Timesgadiouine : 2 000
de la série dans le Haut Atlas. L'âge m de grès alluviaux et d'argiles rouges
triasique supérieur est confirmé par les lacustres
datations isotopiques des coulées - formation de Bigoudine : 1 300 m de
intercalées dans la partie supérieure de sédiments deltaïques et d'argiles de
la séquence, qui livrent des âges playas, avec des lits de gypse.
d'environ 190 Ma (MANSPEIZER et al.,
1978; FIECHTNER et al., 1992), et des + Milieu de dépôt
affinités faunistiques sont établies avec
les domaines sud-américains (DUTUIT, On a longuement débattu du caractère,
1989). marin ou continental, de ces dépôts. La
Dans le Haut Atlas de Marrakech, présence fréquente de halite n'est pas,
entre Asni, l'Oukaïmeden et Imini, à elle seule, un argument définitif pour
BEAUCHAMP (1988) décrit la série une origine marine, car la précipitation
suivante, de bas en haut : des sels aurait pu tout aussi bien se
- conglomérats de base : quelques produire dans un milieu comparable aux
dizaines de mètres de roches grossières, sebkhas actuelles. Pour rendre compte
immatures, discordantes sur le socle de la présence, dans la série, de
hercynien et, localement, des couches niveaux incontestablement marins, mais
rouges du Permien probable ; de très faible profondeur, et de niveaux
- siltites inférieures ; le faciès certainement aériens, il faut imaginer
sédimentaire et les faunes récoltées une vaste plate-forme lagunaire, en
(par exemple Pholadomya sp.) indiquent contact avec des milieux marins francs
un milieu marin littoral; (Tethys, Atlantique naissant), et soumise
- Grès de l'Oukaïmeden : jusqu'à 600 m à des périodes d'assèchement. Dans la
de grès pourpres puis roses d'âge région d’Argana, une étude très détaillée
carnien (BIRON et COURTINAT, 1982). (HOFMANN et al., 2000) individualise des
Latéralement, dans le Haut Atlas séquences sédimentaires récurrentes dont
central, ces grès ont fourni, à leur base, chacune est constituée, de la base au
des bivalves marins ; le milieu de dépôt sommet, par des shales, des boues de
est marin très peu profond, puis playas et des grès éoliens et fluviatiles,
fluviatile; la cyclicité étant attribuée à des variations
- siltites supérieures : ce sont des climatiques elles mêmes dues aux cycles
roches roses très fines, avec quelques planétaires de Milankovitch. Dans
horizons de gypse et de sel. Elles sont l’ensemble, la tendance générale est un
13 13

assèchement progressif du climat Dans le Haut Atlas, les faciès


depuis des conditions semi-arides à jurassiques sont très diversifiés (SADKI,
précipitations saisonnières jusque des 1992) et leur répartition permet de
conditions arides. distinguer les zones bordières,
septentrionale et méridionale, et l'axe
+ Structures synsédimentaires du Haut Atlas (DUBAR, 1948; du
DRESNAY, in MICHARD, 1976, p. 170).
L'étude des failles synsédimentaires C'est le schéma qui va servir de guide
qui affectent cette région permet de ici (Fig. 40), avant d'être étendu au
distinguer deux événements successifs domaine moyen-atlasique et comparé
(MEDINA, 1991) : au Haut Atlas occidental.
- pendant et juste après le dépôt de la
formation d'Ikakern, des failles normales + La bordure septentrionale de l’axe
orientées NE-SW à E-W, et le haut-atlasique
développement de blocs basculés vers Une plate-forme carbonatée bordée
le NNW traduisent une extension par un talus se constitue au Lias dans la
régionale NNW-SSE; région de Midelt. Du Sinémurien au
- pendant le dépôt de la formation de Pliensbachien, cette plate-forme est
Bigoudine, des failles s'individualisent marquée par le dépôt de carbonates
avec une orientation NNE-SSW à ENE- intertidaux à supratidaux dans des
WSW. Elles sont responsables du lagons et des "tidal flats". Légèrement
basculement vers l'ouest de l'ensemble plus au sud, à proximité du Tizi
des couches triasiques d'Argana. n'Talrhemt, des calcaires à laminations
obliques se déposent alors que des
+ Les roches magmatiques associées biohermes se développent dans la
région du cirque de Jaffar.
Il s'agit, comme dans le domaine de la Ces divers faciès caractéristiques de
Meseta et celui de la marge atlantique, milieux peu profonds passent
de coulées basaltiques et d'intercalations latéralement vers le sud à des
doléritiques dont la description est alternances calcaréo-marneuses et des
donnée plus bas. turbidites, celles-ci de plus en plus
abondantes vers le haut de la
b. Jurassique inférieur et moyen séquence. Les figures sédimentaires
indiquent des glissements vers le SSW.
A la fin du dépôt de la série "triasique" Ces dépôts caractérisent un talus à
(qui comprend, on l'a vu, des niveaux regard sud (Fig. 41).
infraliasiques), une transgression d'origine A Mibladen les dolomies, karstifiées
orientale établit sur le domaine atlasique dans une zone de flexure orientée N70
des conditions marines franches, dans un E, sont le lieu de concentrations
bras de mer relié à la Tethys. Cette stratiformes de Pb et Ba (DAGALLIER
invasion marine, relativement rapide, est et MACAUDIERE, 1987). Au-dessus
due à la combinaison d'un soulèvement d'une zone condensée ou d'une surface
isostatique du niveau marin et de la d'émersion qui représente la base du
subsidence du domaine atlasique. Le Toarcien, un ensemble de calcaires
bras de mer se termine contre le Bloc biodétritiques et de marnes représente
ancien du Haut Atlas, alors en position le Lias supérieur et le début du Dogger.
haute, et il ne communique pas avec le
sillon atlantique.
14 14

Fig. 40. Le sillon atlasique au Lias

Fig. 41. La bordure nord du sillon haut-atlasique


15 15

Ici, à Mibladen, les turbidites et les barrière récifale puis un bassin turbiditique,
figures sédimentaires, semblables à selon un dispositif symétrique de celui
celles de l'ensemble sous-jacent, montrent observé au nord du Haut Atlas.
que les conditions paléogéographiques Généralement, la base des sédiments
sont restées les mêmes, avec un talus de la plate-forme est constituée de
séparant une plate-forme nord et un dolomies concordantes sur les shales
bassin sud. Cependant, le caractère rouges de l'Hettangien ou du Sinémurien
plus distal des turbidites suggère un inférieur. Au-dessus, des calcaires
retrait vers le nord de la plate-forme. Le (wackestones et packstones) sont inter-
long du talus, des blocs, de taille parfois stratifiés dans les dolomies. Le milieu
importante glissent dans le bassin. est intertidal à supratidal. La plate-forme
Entre les sillons moyen- et haut- externe est représentée par des calcaires
atlasiques, le "Paléoseuil de la Moulouya" bien stratifiés, subtidaux à intertidaux,
enregistre au Jurassique une histoire avec des structures en tipis (teepees).
sédimentaire complexe où interfèrent La marge de la plate-forme est soulignée
les influences eustatiques et le jeu de la par un alignement de récifs constitués
tectonique. de coraux et de bivalves lithiotidés dont
Dans la région d'Aghbala, la base de certains atteignent un mètre de long.
la série liasique est représentée par des L'examen des faciès et des structures
dolomies et des calcaires souvent sédimentaires révèle des épisodes
massifs puis, à partir du Toarcien, par d'oscillation du niveau de la mer dont il
des marnes et des argilites gréseuses n'est pas facile de déterminer l'origine,
avec des passées turbiditiques où les tectonique ou eustatique : un appro-
bancs gréseux contiennent des galets, fondissement de la tranche d'eau, au
des bois flottés et des extraclastes Sinémurien, est indiqué au Tizi n'Firest
d'origine extérieure au bassin. A Beni- par le dépôt de calcaires de bassin sur
Mellal, la coupe-type levée par les carbonates à tipis, et des émersions,
MONBARON (1981) montre, au-dessus au Domérien supérieur et au cours du
des couches liasiques, des marnes et Toarcien, sont indiquées à chaque fois
marno-calcaires de l'Aalénien puis des par la présence de carbonates intertidaux
calcaires à "bird-eyes", des marnes et et supratidaux sur des calcaires subtidaux.
une épaisse barre calcaire: le "Calcaire- Dans les vallées sud-atlasiques du
corniche" des auteurs, du Bajocien Todrha et du Dades, on montre que
inférieur et moyen. Au-dessus, le cette limite entre Pliensbachien et Toarcien
Bajocien supérieur et probablement le correspond à des changements fau-
Bathonien inférieur sont représentés par nistiques (par exemple l’apparition des
des marnes et des pélites versicolores. dactylioceratidés) et sédimentaires,
avec un événement tecono-eustatique
+ La bordure méridionale. conduisant à des discontinuités de
C'est ici du sud vers le nord que ravinement, des fracturations sédi-
s'organisent les faciès représentatifs, mentaires et des discordances (ETTAKI
respectivement, de la plate-forme, la et al., 2000).
marge, du talus et, enfin, du bassin. Entre
Boumalne du Dadès et Goulmima, les + L'axe du Haut Atlas
séquences sédimentaires montrent un Cette région montre des sédiments
enchaînement semblable. Au Lias carbonatés et marneux généralement
moyen, la plate-forme carbonatée méri- épais dont une coupe-type, représentative
dionale est bordée au nord par une de la région de Tounfite, est donnée par
16 16

BRECHBUHLER et al. (1988) puis par - calcaires et sédiments terrigènes


MEHDI et al. (2003) en plusieurs d'Anemzi (limite-Bajocien-Bathonien) :
formations successives : calcaires de faible profondeur puis
- dolomies et calcaires massifs d'Idikel sédiments versicolores, terrigènes, avec
(Sinémurien) : micrites supra- et subtidales des laminations obliques, des discordances
et calcaires oolitiques massifs ; du sud locales, etc. Ce sont les équivalents
vers le nord, l'épaisseur passe de 300 à probables, au moins en partie, de la
800 m; formation de Guettioua (v. infra). Dans
- calcaires lités de l'Aberdouz la région d'Imilchil-Tounfite, de nombreuses
(Sinémurien) : micrites noires. Les observations (par exemple LAVILLE et
ammonites et les foraminifères plancto- HARMAND, 1980; LAVILLE et al., 1991)
niques suggèrent un milieu marin ouvert décrivent des discordances progressives
hémipélagique. Leur épaisseur passe et des plis synsédimentaires divergents
de 200 m au sud à 500 m au nord; sur le flanc des intrusions magmatiques
jurassiques, suggérant ainsi une mise
- calcaires et marnes de l'Ouchbis en place de celles-ci contemporaine de la
(Sinémurien-base du Toarcien). La sédimentation. De même, on met en
proportion des marnes augmente vers évidence des déformations, au Lias
le haut de la formation. Des structures supérieur et au Dogger, engendrées par
(granoclassement, laminations) montrent une compression régionale (STUDER et
le caractère turbiditique de la sédi- du DRESNAY, 1980). Une ride centrale,
mentation. Les faciès distaux localisés au localisée quelques kilomètres au nord
sud des faciès proximaux indiquent des de Rich, où les dépôts sont plus minces
apports dirigés vers le sud, en (300 à 450 m) et les faciès (calcaires
provenance du paléo-seuil de la bioturbés et constructions algaires) de
Moulouya. L'âge des dépôts est précisé plus faible profondeur que dans les
par les ammonites. L'épaisseur est de autres parties du Haut Atlas central,
200 à 300 m; forme un bloc relativement surélevé,
- grès calcaires et marnes gréseuses isolé entre des sillons plus profonds et
de Tagoudite (Toarcien inférieur et plus subsidents situés respectivement
moyen) : marnes sableuses gris-vert et au nord et au sud.
calcaires sableux, marquant un accrois-
sement des apports détritiques par + Interprétation : le sillon haut-atlasique
rapport aux apports carbonatés. Au début du Jurassique, une mer
Epaisseur : 10 à 200 m; d'origine téthysienne envahit une zone
- marnes et marno-calcaires d'Agoudim déprimée, à l'emplacement du Haut
(Toarcien moyen-supérieur à Bajocien Atlas central, bordée par deux domaines
au moins inférieur). La série est de plus continentaux, la Meseta oranaise au nord
en plus calcaire vers le sommet, avec et le craton saharien au sud. Dans un
des bancs calcaires plus nombreux et premier temps, au Sinémurien et au
plus épais qui constituent le Calcaire- Pliensbachien, la subsidence est plus
corniche. Le milieu est hémipélagique, importante que la sédimentation et le
l'arrivée des courants de turbidité ayant bassin s'approfondit. Cette subsidence
cessé. Il semble que la profondeur de n'est pas uniforme, car le fond du
dépôt soit relativement grande pour les bassin est accidenté par une mosaïque
marnes ; elle diminue pour les calcaires de blocs relativement soulevés et abaissés
du sommet. L'épaisseur de la formation (SEUFERT, 1988). Schématiquement,
dépasse les 2000-2500 m; on distingue, du nord vers le sud :
17 17

- la Meseta oranaise (Hauts Plateaux) ; magmatiques ont été mises autrefois au


- la plate-forme septentrionale, frangée compte d'une "orogenèse névadienne",
par des alignements récifaux ; d'âge jurassico-éocrétacé (DUBAR,
- un sillon septentrional, avec des 1952; MICHARD, 1976, p. 187). En fait,
olistostromes, des blocs glissés et des on verra que le régime régional était
turbidites alimentées par le paléoseuil déjà compressif au Lias et il le restera
de la Moulouya ; durant le Bathonien et au-delà
- une ride centrale à constructions (LAVILLE et al., 1991). Il n'y a donc pas
algaires ; lieu d'individualiser ici une phase
- un sillon méridional à remplissage orogénique ponctuelle fini-jurassique.
turbiditique ; Par contre, il est clair qu'il y a eu
- la plate-forme méridionale et ses émersion de l'ensemble du Haut Atlas
calcaires de faible profondeur ; au Jurassique moyen, au cours de
- le craton saharien. laquelle les "Couches rouges" se sont
Au Toarcien, l'ensemble du sillon déposées. Dans les cuvettes synclinales,
haut-atlasique s'enfonce. Le faciès le elles reposent, sans discordance
plus répandu est alors des marnes angulaire, sur les calcaires aaléno-
sombres et le maximum de la profondeur bajociens (du DRESNAY, 1979) et elles
est atteint à l'Aalénien-Bajocien inférieur. sont localement surmontées par des
Par la suite, la subsidence devient couches de la fin du Crétacé inférieur
progressivement moins importante que (DUBAR, 1952). A l'intérieur de ces
la sédimentation ; le bassin se comble limites stratigraphiques, l'âge de ces
et il émerge au début du Bathonien. couches rouges est resté longtemps
Sur ces bases, on peut reconnaître imprécis et leur lithostratigraphie mal connue.
trois périodes dans cette évolution : un MONBARON (1981), JENNY et al. (1981),
premier stade au Lotharingien, où HADDOUMI et al., (1998), SOUHEL et
s'amorce la forme du sillon atlasique ; la CANEROT (1989), en particulier, apportent
constitution du sillon au passage les précisions suivantes :
Pliensbachien-Toarcien, avec ses bordures
et ses rides, remarqué également dans le + Lithostratigraphie : Sur une épaisseur
Moyen Atlas (FEDAN, 1985) ; après de 600 à 1000 m, les Couches rouges
l'épisode marneux du Toarcien inférieur, sont constituées par plusieurs ensembles
une instabilité tectonique du Lias (Fig. 42) ; à la base, la formation de
supérieur à la base du Dogger. Cette Tilougguit (SOUHEL et CANEROT,
histoire résulte de la combinaison, 1989), avec des dépôts fluviatiles et des
souvent délicate à analyser, de dunes littorales, représente le Bajocien
changements globaux, eustatiques, et de supérieur-Bathonien ; les Grès de
phénomènes proprement tectoniques liés Guettioua et les couches d'Iouaridène
à l'individualisation et à l'évolution sont datés du Jurassique moyen par des
propre du sillon atlasique (EL HARIRI et ossements de dinosaures (MONBARON
al., 1992). et TAQUET, 1982). Les Grès de
Guettioua, avec des couches lenticulaires
c. Jurassique supérieur et Crétacé de conglomérats, grès arkosiques et
inférieur microgrès, de couleur rouge-brique, et
des niveaux carbonatés jaunâtres où
L'émersion fini-bajocienne, les lacunes et des laves sont parfois intercalées
les discordances du Jurassique moyen, indiquent un milieu continental, avec des
ainsi que la mise en place des intrusions fentes de dessication et des empreintes
18 18

de gouttes de pluie. On reconstitue à La formation sus-jacente d'Aït Tafelt a


cette époque des blocs basculés vers livré, à sa base, des ammonites
l'ouest. Au-dessus, en concordance, la aptiennes. Le dépôt de ces deux
formation de Iouaridène se compose de dernières formations s'est effectué dans
pélites et de marnes rougeâtres à un golfe d'obédience atlantique, comme
empreintes de pas de dinosaures, avec l'indiquent l'absence de la formation du
un niveau conglomératique à écailles de jbel Sidal dans la partie orientale du
poissons Lepidotes, et d'argiles Haut Atlas central et la diminution
brunâtres à lits dolomitiques suggérant d'épaisseur de celle de Tafelt dans cette
des playas et des sebkha. Au-dessus, direction. La formation d'Ouaouizaght,
la formation du jbel Sidal est composée enfin, au sommet des Couches rouges,
de grès violacés, pélites brunes, est d'âge albo-cénomanien probable ;
conglomérats et lits charbonneux ; sa les faciès évoluent, vers le haut, d'un
partie supérieure est datée du Barrémien milieu continental à un environnement
par des ostracodes lacustres. marin évaporitique.

Fig. 42. Les couches rouges jurassico-crétacées du Haut Atlas central et les
niveaux marins sus-jacents
Dans le Haut Atlas oriental, la Classopollis, indiquent le Jurassique
formation basale des Couches rouges, moyen. Les dinosauriens sont connus
dite Formation d’Anoual (HADDOUMI et par leurs traces comme par leurs restes
al., 1998), est surmontée par des niveaux osseux. Certains, comme Cetiosaurus
marins du Bathonien inférieur et mogrebensis des Grès de Guettioua,
recouverte, vraisemblablement après permettent de rapporter au Bathonien la
une longue lacune, en discordance de base des Couches rouges.
ravinement par les autres formations de
Couches rouges, attribuées à + Géochronologie : des datations
l’Infracénomanien et au Cénomanien. initiales, reprises et améliorées par la
suite (WESTPHAL et al., 1979)
+ Paléontologie : les bois fossiles, suggèrent aussi un âge Jurassique
dont Protopodocarpoxylon teixeiræ, moyen pour la plupart des coulées
apportent peu de précisions strati- volcaniques contenues dans les
graphiques. Les pollens, dont le genre couches rouges.
19 19

+ Conditions de dépôt : les variations différence d'épaisseur avec les 1 000 m


de puissance et les discordances de terrains contemporains reconnus en
cartographiques à l'intérieur des Couches forage sous le Tadla;
rouges indiquent que leur dépôt s'est - calcaires et sables phosphatés
effectué sur un substratum affecté par régressifs du Maestrichtien.
des basculements. Ces discordances C'est donc un cycle sédimentaire
progressives attestent de la poursuite, complet qui se déroule dans le Haut
alors atténuée, des mouvements syn- Atlas au Crétacé supérieur, à l'issue
sédimentaires qui avaient affecté le duquel les couches marines vont se
domaine haut-atlasique au Lias. cantonner à la périphérie de la chaîne
Au sud du Haut Atlas central, dans la désormais en surrection.
région de Telouet-Ighrem, PASCAL et
al. (1989) décrivent à l'intérieur des 4.3.1.2. Cénozoïque et Quaternaire
couches rouges détritiques, fluviatiles et
palustres, des barres carbonatées a. Les bordures de l'Atlas
d'épaisseur plurimétrique, souvent
discordantes sur la stratification. Des Entre les affleurements jurassiques de
indices d'une carbonatation secondaire l'axe du Haut Atlas et le bassin néogène
suggèrent que la série détritique rouge d'Ouarzazate, la Zone marginale sud-
a subi ici une suite de séquences atlasique est constituée de terrains,
d'encroûtement diagénétiques, accom- allochtones et autochtones, d'âge
pagnées par la constitution de ces jurassique, crétacé et paléogène.
barres carbonatées, dans un climat L'unité allochtone est la nappe de
semi-aride marqué par une évaporation Toundoute (Fig. 43), mise en évidence
importante. et décrite par LAVILLE (1980) dont la
mise en place débute, vraisemblablement
d. Crétacé par glissement gravitaire, au Crétacé,
avant les serrages atlasiques. La
Dans l'axe du Haut Atlas, des dépôts colonne stratigraphique de cette région
marins du Crétacé sont conservés au est extraite des travaux de GAUTHIER
cœur de quelques structures synclinales. (1957), FRAISSINET et al. (1988),
Dans le synclinal d'Aghzif-Naour, par GÖRLER et al. (1988) et EL HARFI et
exemple, la série est la suivante : al. (2001). Au-dessus de niveaux rouges
- marnes beiges à Exogyra, gypse et continentaux attribués au Crétacé, elle
calcaire dolomitique : 60 m d'épaisseur. comprend :
C'est, à l'Albien, l'arrivée de la trans- - couches marines de l'Eocène:
gression d'origine atlantique ; les dépôts calcaires et marnes ;
sont concordants sur les Couches rouges; - formation de Hadida : argiles et siltites
- niveaux silteux et silto-gréseux, avec rouges à gypse, avec des grès fins,
marnes à gypse et lentilles conglo- probablement éoliens. Ces dépôts
mératiques, surmontés par les dolomies continentaux de type sebkha représentent
litées bitumineuses. Leur épaisseur est de la base du Cénozoïque (Eocène ou
60 m et leur âge est albo-cénomanien. Le Oligocène selon les auteurs). Les galets
maximum de la transgression est atteint ; sont originaires du domaine anti-atlasique.
- niveaux calcaréo-dolomitiques du L'épaisseur de la formation est de
Turonien ; 30 à 50 m de micrites à oolites ; quelques centaines de mètres;
- marnes et calcaires à miliolidés du
Sénonien : 7O m. Notons au passage la
20 20

Fig. 43. La bordure sud du sillon Haut Atlas


A : La zone sub-atlasique et le bassin de Ouarzazate
B : Etapes de la mise en place de la nappe de Toundoute. 1 : Crétacé moyen ;
2 : Crétacé supérieur ; 3 : Crétacé terminal ; 4 : Eocène moyen ; 5 : Eocène
supérieur ; 6 : Mio-Pliocène ; 7 : Actuel.
C : Colonne lithostratigraphique dans le bassin de Ouarzazate
21 21

- formation de Aït Kandoula : son sédimentaires transgressifs par une


membre inférieur, à base ravinante ou émersion, à la limite Crétacé-Paléogène.
même discordante sur les terrains sous- Les secondes sont entaillées par les
jacents, se distingue de la formation de oueds atlasiques dont le n'Fis, qui y
Hadida par l'origine atlasique de ses creusent des vallées où six niveaux de
galets, enregistrant en cela le début de terrasses quaternaires ont été dénombrés.
la surrection et donc du démantèlement La troisième terrasse est la plus
de la chaîne atlasique. Ce sont des développée, à 15-20 m au-dessus du lit ;
dépôts de cônes alluviaux proximaux elle domine des basses terrasses
dans lesquels de grandes dalles glissées holocènes. Les dépôts de cette troisième
de calcaires éocènes ou jurassiques terrasse, étudiés par DUTOUR et
sont incluses. Leur mise en place est à MISKOVSKY (1991), datent du Soltanien
relier à celle de la nappe de Toundoute. récent et traduisent, entre 35000 et
Ces dépôts représenteraient le Miocène 18000 ans, le développement de
inférieur (?)-moyen. Le membre conditions arides. L'étude des basses
supérieur de la formation repose, en terrasses montre qu'un épisode humide
néo-autochtone, sur la nappe de se développe à l'Holocène moyen (7200
Toundoute. C'est environ 800 m d'argilites, ± 130 ans B.P.; 7450 ± 350 ans B.P.),
marnes, calcaires bitumineux et gypse, avec des sédiments grossiers et mal
déposés dans une suite de lacs triés à grains de sable émoussés-
échelonnés au Sud de L'Atlas en luisants (MISKOVSKY, 1989) ; le retour à
surrection. De nombreux fossiles, des conditions arides, accompagné par
animaux et végétaux (GÖRLER et al., une action anthropique de plus en plus
1988) permettent de préciser l'âge importante, s'effectue ensuite à
Miocène moyen-Pliocène supérieur de l'Holocène supérieur.
ce membre. Le membre supérieur,
enfin, du Pliocène supérieur (?) au b. L'axe de l'Atlas
Pléistocène inférieur, est constitué de
dépôts conglomératiques chenalisés, Quelques faciès continentaux rapportés
organisés en une mégaséquence au Néogène sont connus dans le Haut
granocroissante. Les directions d'apport Atlas central, comme ceux du "Rocher-
vont du nord vers le sud et l'ensemble cathédrale" de Talawt n'Ibilane (DUBAR,
traduit le rajeunissement des reliefs 1952), discordants sur les terrains
atlasiques. Dans la partie occidentale jurassiques.
du bassin d'Ouarzazate, des galets
arrondis de 50 cm de diamètre d'origine 4.3.2. La couverture du Massif ancien
atlasique ont été transportés sur une
distance de 40 km par un système Les grès et les siltites du Trias supérieur
fluviatile en tresse. sont connus à la limite occidentale du
Bloc ancien, dans le couloir d'Argana ;
Au nord de l'Atlas, le piémont est on les retrouve aussi à l'est, dans la
constitué de séries marines du région d'Asni-Ouirgane et de Talat
Mésozoïque terminal et, surtout, de n'Yacoub. Ils sont absents dans la
formations détritiques continentales partie occidentale du Bloc ancien. Dans
rapportées au Mio-Pliocène. Les premières cette région, ce sont des marnes, des
affleurent de Chichaoua au jbel Sour. dolomies et des couches gypseuses du
D'âge Sénonien terminal-paléogène, Jurassique supérieur qui reposent
elles sont séparées en deux systèmes directement sur le socle paléozoïque.
22 22

Comme l'épaisseur de ces niveaux à conglomérats, grès et argiles. A cette


jurassiques est variable, de 580 m à époque, en effet, la mer se retire de
l'ouest à 76 m à l'est (FROITZHEIM et al., cette région comme dans le reste du
1988) et que, d'autre part, ils reposent en Haut Atlas avec une activité tectonique
discordance angulaire sur les niveaux extensive et la mise en place de sills
triasiques lorsque ceux-ci sont doléritiques (AMRHAR et al., 1997). A
représentés, il faut envisager une érosion la différence des autres zones haut-
postérieure au Trias et antérieure au atlasiques, cependant, la mer se réinstalle
Jurassique supérieur. ici dès le Jurassique supérieur, avec des
A la bordure nord du Bloc ancien, au- faciès de faible profondeur détaillés à
dessus des Couches rouges viennent l'occasion de l'étude du bassin
deux séries marines successives séparées d'Essaouira. Le Callovien est calcaire,
par un épisode continental. La série du l'Oxfordien et l'Argovien sont marno-
Crétacé supérieur débute avec des calcaires et marneux; le Rauracien et le
marnes et des dolomies au Cénomanien, Séquanien sont représentés à la base
puis une épaisse barre calcaréo- par des calcaires à polypiers plus ou
dolomitique au Turonien et s’achève au moins dolomitisés et au sommet par des
Sénonien par une série régressive calcaires et des marno-calcaires
carbonatée, pélitique et gréseuse qui se algaires; le Kimméridgien inférieur est
termine par des conglomérats et des rouge, avec des conglomérats, des grès
brèches remaniant, en conditions et des argiles avec des niveaux
continentales, les niveaux sous-jacents. d’anhydrite, et le Kimméridgien supérieur
La seconde série marine débute en et le Portlandien sont calcaires et
discordance, au Paléocène, avec le marneux avec des niveaux d'anhydrite
dépôt des Calcaires à Thersitées suivi (REY et TAJ-EDDINE, 1989a).
de celui des marnes phosphatées. Cet Après cette tendance régressive de la
ensemble est déformé au Lutétien fin du Jurassique, le Crétacé inférieur
moyen. est de nouveau franchement marin,
avec un Berriasien marno-calcaire et
4.3.3. Le Haut Atlas occidental gréseux et un Valanginien calcaréo-
marneux où interfèrent les effets des
La série mésozoïque, étudiée dans variations eustatiques du niveau des
son ensemble par DUFFAUD (1960), mers et les affaissements tectoniques
AMBROGGI (1963), ADAMS et al. de la marge (REY et TAJ-EDDINE
(1980), etc., se distingue de celle du Haut (1989b), et des mouvements et des
Atlas central par ses dépôts marins déformations synsédimentaires. L'Hau-
au Jurassique supérieur et au Crétacé, terivien est représenté par d'épaisses
en liaison avec ceux de la marge marnes à l'ouest et une série
atlantique qui se forme à cette époque. transgressive, avec des calcaires gréseux
Les conglomérats et siltites triasiques à l'est. A cette époque, une tectonique
présentent une épaisseur considéra- distensive est notée, avec des blocs
blement plus grande que dans les basculés vers l'ouest (TAJ-EDDINE et
autres parties du Haut Atlas. al., 1989) et le début de la montée de
Au Jurassique inférieur et moyen, le diapirs. La transgression se poursuit au
Haut Atlas occidental est un domaine Barrémien, surtout marneux. A l'Aptien,
épicontinental avec un Lias carbonaté, son avancée est maximum vers l'est, et
surtout dolomitique, et un Dogger rouge, les premiers signes d'une tendance
régressive apparaissent, qui deviendront
23 23

nets avec les calcaires de l'Aptien surmontés par les siltites et les
supérieur. Cette époque est marquée évaporites, accompagnées de roches
par une activité tectonique extensive. La magmatiques basiques. Les variations
transgression générale du Cénomanien d'épaisseur de la série supérieure
et du Turonien dépose des marnes et des suggèrent des basculements syn-
calcaires, avant les marnes du Sénonien sédimentaires de blocs, comme celui du
et les apports détritiques cénozoïques Bloc d'Agouraï-Boufekrane sur la paléo-
qui marquent la surrection de l'Atlas. Les faille d'Adarouch, orientée N 30 E ou
différences entre les séries du Crétacé celui déterminé par le jeu de la faille des
inférieur, à forte proportion d'illite, et Ait Oufellah, à la limite entre le bloc de
celles du Crétacé supérieur, à smectites la Haute Moulouya et le Moyen Atlas.
et argiles fibreuses, expriment la fin des Cette tectonique synsédimentaire se
apports détritiques et l'établissement traduit par le dépôt de la formation
d'un milieu confiné. volcano-sédimentaire de l'oued Kiss.
+ Les terrains sus-jacents sont surtout
4.3.4. Le Moyen Atlas carbonatés jusqu'au Lias moyen.
L'ensemble de la région possède à
Ce chaînon, orienté NE-SW, longe à présent des faciès marins francs, la
l'est le Massif Central et sépare la Meseta plupart dolomitiques (LAADILA et
occidentale de la Meseta orientale (Fig. DELFAUD, 1989), inscrits dans la
38). Jusqu'au Jurassique moyen, son nature des sédiments aussi bien que
évolution sédimentologique est dans les faunes (ELMI et al., 1989).
comparable -avec des différences Après les niveaux gris-noir, argilo-
intéressantes- à celle du Haut Atlas. Au marneux et carbonatés de la formation
Jurassique supérieur et au Crétacé de Harira, hettangienne et peut-être
inférieur, elle s'en distingue nettement. sinémurienne, la formation dolomitique
du Kandar, épaisse d'environ 200 m,
4.3.4.1. Du Trias au Jurassique moyen azoïque, représente probablement
jusqu'au Sinémurien supérieur. C'est un
a) Le Causse et la bordure du sillon milieu de sebkha, subtidal, où les
moyen-atlasique indices d'instabilité (plis synsédimentaires,
Le passage entre le Causse moyen- fentes ouvertes, discordances progres-
atlasique, ou "Moyen Atlas tabulaire" sives) sont fréquents. Ces mouvements
(en fait, l'extrêmité nord-orientale de la permettent de reconstituer des bascu-
Meseta occidentale, presque entièrement lements de plusieurs panneaux qui
recouverte par les dépôts mésozoïques amorcent la distinction entre une zone
à l'exception du Tazekka et de petites orientale, le futur Sillon moyen-
boutonnières comme celle d'Imouzzer- atlasique, avec des dolomies litées, et
du-Kandar) et le Moyen Atlas une zone occidentale, le futur Causse,
proprement dit, ou "Moyen Atlas plissé" avec des dolomies massives et bréchiques.
s’observe au SE de Fès. La couverture La formation de Maftah, sur le
mésozoïque y est la suivante : Causse, est un ensemble calcaire,
+ Les couches rouges triasiques d'une centaine de mètres d'épaisseur,
reposent sur les terrains paléozoïques reposant sur les dolomies du Kandar.
plissés. Les premiers niveaux, gréseux, De la base au sommet, on passe des
sont comparables aux grès haut- micrites subtidales du Carixien inférieur
atlasiques de l'Oukaïmeden. Ils sont à des calcaires lités à silex du Carixien
moyen, où la riche faune benthique
24 24

(brachiopodes) et pélagique (bélemnites Protogrammoceras, etc..) du Carixien


et ammonites dont Tropidoceras) indique supérieur-Domérien inférieur, déposés
un milieu marin ouvert représentant le dans des zones à comblement précoce
maximum de la transgression, puis à des ou, au contraire, marquées par une
calcaires organogènes et marneux à poursuite de l'ouverture du milieu.
céphalopodes (Lytoceras, Fuciniceras,

Fig. 44. La bordure occidentale du sillon moyen-atlasique


La formation de Tamakant correspond, observées ici sont directement contrôlés
dans le Sillon moyen-atlasique, à celle de par la tectonique. Certaines zones
Maftah. Elle enregistre le passage d'un montrent en effet une activité
milieu de plate-forme interne contemporaine de la sédimentation.
(Lotharingien-Carixien inférieur) à une C'est le cas, par exemple, de l'Accident
plate-forme externe (Carixien moyen- nord moyen-atlasique, qui représente à
supérieur) et, enfin, à un bassin cette époque la bordure occidentale du
(Domérien). Le passage d'un milieu à sillon subsident évoqué plus haut, ou
un autre est marqué par des bien de l'Accident du Tizi n'Tretten qui
discontinuités sédimentaires et des fragmente le Causse (Fig. 44).
concentrations de faunes pélagiques. Des basculements de blocs (EL
La transgression est certainement ARABI et al., 2001) qui progressent
d'origine eustatique, du moins en ce qui dans le temps vers le sud-ouest le long
concerne l'épisode de la fin du Lias de l'Accident Nord Moyen Atlasique
inférieur et du début du Lias moyen montrent que l'ouverture du sillon
mais à l'intérieur de cette tendance, les progresse dans cette direction, à partir
confinements locaux et les ouvertures des régions téthysiennes. Le passage du
25 25

Domérien au Toarcien se marque par la discordance sur tous les termes du


généralisation de la sédimentation Domérien au Bajocien basal, elles sont
argileuse et une crise biologique, en transgressives vers le sud au-delà de
particulier dans la répartition des Boulemane et, à l'ouest, sur le Causse
ostracodes, semblable à celle observée (Bloc du Guigou). Elles manifestent
en Europe. Cependant, le Toarcien est l'affaissement d'ensemble du Moyen
pauvre ici en matière organique et cette Atlas à cette époque;
région ne possède pas les caractères de - le Calcaire-corniche, du Bajocien
l'épisode anoxique reconnu en Europe. supérieur, qui montre le remplissage du
sillon marneux par des calcaires à faune
L'importance de l'Accident nord benthique (brachiopodes, bivalves, etc..).
moyen-atlasique se manifeste, encore, Il se développe une plate-forme épirécifale
durant le Lias supérieur, où il sépare à algues dasycladacées et polypiers;
deux zones à sédimentation contrastée. - un calcaire oolitique et bioclastique à
Au SE, sur environ 200 m se déposent stratifications obliques qui traduit
les Marnes de Taffert (= de Bechyine), l'augmentation de l'oxygénation et de
à Hildoceras bifrons et Hammatoceras l'hydrodynamisme ; la plate-forme
sp. du Toarcien moyen à terminal, puis devient littorale;
les rythmes calcaréo-marneux des - les couches d'El Mers, du Bathonien
Calcaires à Cancellophycus à ammonites au Callovien, qui débutent par un
pyriteuses de l'Aalénien. Au NW, la mer ensemble épais de calcaires à fentes de
toarcienne et aalénienne déborde sur le dessication, empreintes de dinosaures
Causse et elle y dépose des sédiments et os de vertébrés (de LAPPARENT,
différents de ceux du sillon, parmi 1955), et de marnes bariolées où la faune
lesquels des faciès à Ammonitico rosso marine devient rare. Le milieu, supratidal,
et des calcaires à filaments, indicateurs est laguno-lacustre. La
de conditions de plate-forme et de talus. même sédimentation se poursuit
C'est l'Accident nord moyen-atlasique ensuite, sauf au NE du synclinal de
qui réalise le passage, assez brusque, Skoura, où les sédiments deviennent
entre le sillon subsident et la plate- forme, localement subtidaux. La fin de cette
du moins au NW. Au sud et à l'ouest de sédimentation est marquée par des
Boulemane, cependant, les Marnes de marnes gypseuses et l'émersion totale
Taffert et les Calcaires à Cancellophycus de la région.
sont absents et remplacés par un fond A cette époque encore, on retrouve des
durci entre les calcaires du Lias moyen et indications du jeu synsédimentaire des
les marnes bajociennes de Boulemane. accidents transverses et longitudinaux. Les
Alors que la différenciation entre plate- premiers découpent le sillon en
forme et ride est sous la dépendance compartiments; par exemple, la faille N
d'accidents longitudinaux, cette émersion 120 E de Taferdoust sépare des blocs
au sud manifeste le jeu d'accidents SW et NE où les épaisseurs et les
transverses. faciès du Dogger sont différents. Les
+ Les séries du Jurassique moyen seconds montrent des soulèvements
sont classiques. De la base au sommet, différentiels ; la zone du jbel Tichoukt,
on connait (Fig. 45) : entre deux zones déprimées (les futurs
- les Marnes de Boulemane, représentant synclinaux de Skoura et d'El Mers), est
essentiellement le Bajocien moyen, une ride sédimentaire bordée par des
second épisode marneux après celui biseaux sédimentaires, les couches
du Toarcien. Reposant en s'amincissant en direction de la ride.
26 26

Cette zone ayant évolué en une structure - Toarcien marneux, puis calcaire
anticlinale, il y a ici, clairement, une oolitique, avec des faunes d'abord
préfiguration des structures tectoniques pélagiques puis néritiques;
visible dès le stade sédimentaire. - Aalénien et Bajocien inférieur :
calcaires à Cancellophycus. Ce sont
b) L'axe du Moyen Atlas des calcaires micritiques noirs alternant
avec des lits marneux. Leur dépôt est
Un résumé en est donné par du contemporain de l'activité de rides
DRESNAY (1988) et l'ensemble du synsédimentaires. Après l'épisode
dossier a été repris par FEDAN (1989). marneux du Toarcien, une plate-forme
Le Sinémurien est représenté par des carbonatée se reconstitue;
dolomies à cancellothyridés
(brachiopodes). Le Pliensbachien est
daté par des ammonites téthysiennes.
Le genre Amaltheus, présent dans le
Moyen Atlas, n'est pas représenté dans
le Haut Atlas ce qui suppose une
barrière, à l'époque, entre ces deux
bassins. Au Carixien, une plateforme
carbonatée occupe un golfe NE-SW,
fermé au sud par les couches rouges
d'Itzer et ouvert au nord. Ces
séquences de plates-formes diffèrent
des faciès tidaux du Causse et montrent
que le sillon moyen-atlasique est
ébauché dès le Lias inférieur-moyen
(FEDAN, 1989).
Au Domérien, la plate-forme
s'enfonce par le jeu d'une tectonique
distensive synsédimentaire : les
décrochements et failles normales, les
sédiments chaotiques, etc.., sont
scellés ensuite par les dépôts du
Toarcien. Les sédiments domériens,
riches en matière organique, sont des
roches-mères potentielles de pétrole,
qui aurait été généré vers le Jurassique Fig. 45. Colonne litho-stratigraphique
terminal-Crétacé basal, sous un du Moyen Atlas
enfouissement supérieur à 2 000 m.
Dans le massif des Beni-Snassene, - Bajocien moyen : Marnes de
OUAHHABI et al. (1992) retrouvent Boulemane, très épaisses (2.500 m)
cette tendance à l'approfondissement dans les dépocentres ; elles marquent
du bassin au Domérien. une remontée eustatique ;
Les dépôts qui s'effectuent ensuite, - Bajocien supérieur : le Calcaire
au Lias supérieur et au Dogger, corniche, bioclastique, à faune néritique
correspondent à ceux décrits plus haut et périrécifale, achève la séquence de
dans le Causse. Ils réalisent le comblement du bassin et il se termine
comblement du bassin : souvent par une surface ferrugineuse.
27 27

Les courbes de subsidence pour le couronnées par le calcaire à très haute


Jurassique inférieur et moyen montrent énergie de Kitane puis une série
des périodes de subsidence faible, au monotone, argilo-gréseuse. Dans les
Lias inférieur et du Toarcien au autres dépocentres (Skoura, Marmoucha,
Bajocien inférieur, séparées par des etc.), la série marine s'achève par des
périodes de subsidence élevée, marnes à gypse.
particulièrement au Bajocien moyen et Ces dépôts du Bathonien et du
supérieur, où la subsidence totale Callovien traduisent le comblement du
atteint 246 mm/1 000 ans dans le bassin moyen-atlasique, la sédimentation
Moyen Atlas plissé. devenant plus importante que la
Par la suite, au cours du Bathonien et subsidence.
du Callovien, les dépocentres sont
isolés les uns des autres avec des 4.3.4.2. Du Jurassique supérieur
successions sédimentaires différentes. au Crétacé inférieur : l'extrémité NE du
Dans celui d'El Mers, par exemple, le Moyen Atlas
Dogger est représenté par des
alternances marno-calcaires dans Au Jurassique moyen, comment se
lesquelles s'intercalent, au sommet, des terminait le sillon moyen-atlasique, à
niveaux gréseux (DU DRESNAY, 1963). chacune de ses extrémités ?
De la base au sommet, au-dessus du Vers le sud-ouest, les couches d'El
Calcaire corniche et des marnes et Ksiba sont des séquences de plate-
biohermes du Bajocien supérieur, on forme de type moyen-atlasique, et ce
distingue plusieurs séquences dont le n'est que dans la région de Beni-Mellal
caractère régressif s'affirme progres- qu'apparaissent les faciès à ammonites
sivement : du Sinémurien haut-atlasique.
- Marnes grises et calcaire d'Ich El Au nord-est, le problème est plus
Mers- jbel Bou Akrabene, à complexe car on se trouve là, dans le
lamellibranches lagunaires, ammonites, Masgout et les Beni-Snassen, entre les
rhynchonelles et échinodermes qui zones externes du Rif et les Hauts
marquent le passage au Bathonien; Plateaux de la Meseta oranaise. Au
- Marno-calcaires et calcaire Jurassique inférieur et moyen, la série
oolitique; du Moyen Atlas nord-oriental est en
- Couches d'El Mers. A la base, la gros comparable à celle du reste du
formation d'El Mers est constituée de Moyen Atlas, avec les mêmes faciès et
séquences élémentaires qui débutent une disposition paléogéographique
chacune par des calcaires ou des grès semblable. A partir du Jurassique
chenalisés et s'achèvent par des argiles supérieur, en revanche, la série
bariolées à niveaux ligniteux. La faune sédimentaire diffère grandement du
est encore marine avec, par exemple, reste du Moyen Atlas, parce qu'elle
Cadomites cf. bremeri, une ammonite reste marine. Après une émersion
du Bathonien moyen, dans la partie bathonienne, des sédiments marins se
médiane de la formation ; mais on déposent au Callovien dans le Masgout
connaît aussi de nombreuses traces et et à l'Oxfordien moyen dans les Beni-
restes de crocodiliens et de dinosaures. Snassene. Là, de l'Oxfordien à la fin du
On est ici dans des niveaux contemporains Jurassique, c’est une série épaisse de
des Couches rouges du Haut Atlas plus de 1 000 m. Cette région borde
CHARRIERE, 1992). Au-dessus, on alors au nord une zone émergée
trouve encore des argiles bariolées composée des Hauts Plateaux et des
28 28

boutonnières paléozoïques du Maroc On voit que les trois dernières


oriental ; au nord, elle passe elle-même formations caractérisent une plate-
au bassin rifain externe. La série du forme carbonatée horizontale déposée
Jurassique supérieur-Crétacé basal à la suite des grès des Beni-Ourimeuch.
comprend plusieurs formations : Cette plate-forme correspondait à un
- les grès des Beni-Ourimeuch à plateau carbonaté, avec de petites
éléments détritiques d'origine saharienne. constructions coralliaires. Elle était
Beni-Snassen et Masgout sont alors séparée du domaine externe, situé au
une plate-forme littorale et on distingue, nord-est, par un talus. La paléogéographie
du sud vers le nord : 1) un édifice esquissée dans les Beni-Snassen se
deltaïque complet, de la plaine prolonge dans le Masgout. Les dépôts
deltaïque inférieure et son système s'effectuent sous le contrôle de failles
fluviatile en tresse de la région de activées ou réactivées par des
Taourirt jusqu'au prodelta, au NW du directions d'extension voisines de N40
Terni ; 2) une plate-forme littorale, E et N130 E. Plus haut, les sédiments
détritique et carbonatée à petits du Crétacé inférieur du Gareb montrent
biohermes dans les parties distales, trois ensembles successifs : la
dans les Beni-Snassen ; 3) une plate- formation péri-récifale du jbel Naach et
forme externe et un bassin, avec des la formation biodétritique d'Afso, de 300
rythmes argilo-gréseux; à 400 m d'épaisseur, datant du
- les calcaires de Mechra-Klila à Berriasien et du Barrémien ; elles
foraminifères et algues du Kimméridgien représentent des dépôts deltaïques
supérieur. Le domaine émergé est au externes. Au-dessus, le puissant complexe
sud et au sud-est d'El Aïoun ; les "urgonien", barrémo-aptien, de 600 m
dépôts sont des micrites. Le dispositif d'épaisseur, montre deux méga-
régional prolonge celui qui régnait séquences régressives suivies de deux
pendant le dépôt de la formation sous- méga-séquences à tendance trans-
jacente, avec un domaine littoral et une gressive (CANEROT et al., 1981).
plate-forme interne au SSE, une bordure- Ainsi, l'histoire mésozoïque de ces
barrière à bancs sableux bioclastiques et confins nord-orientaux du Moyen Atlas
oolitiques, au flanc nord des Beni- comprend deux étapes :
Snassen, et une plate-forme externe et - jusqu'au Bathonien, une évolution
un bassin à dépôts argilo- vaseux, dans
moyen-atlasique, dont l'émersion au
les Gareb et les Kebdana; Bathonien moyen marque la fin;
- les marno-calcaires et calcaires
d'Ahmar-Lakhdar. Ils datent du - à partir du Callovien, une évolution
Portlandien inférieur. La plate-forme est liée au domaine rifo-tellien, marquée ici
plus profonde maintenant, sous la limite par l'individualisation et la subsidence
d'action des vagues, ce qui se traduit du sillon tlemcénien. Des accélérations
par une sédimentation plus boueuse; de la subsidence, au Callovo-Oxfordien
- les marno-calcaires de Bou- puis à la fin du Kimméridgien inférieur,
Rhennja. Ils représentent le Portlandien séparent des phases de comblement, par
supérieur et le Berriasien inférieur et exemple au Kimméridgien inférieur.
moyen. Plate-forme interne et bordure C'est, à l'extrémité NE de l'ancien sillon
sont à la limite de l'émersion, comme moyen-atlasique, une marge continentale
l'indiquent les tapis algaires intertidaux. qui se constitue.
La plate-forme externe est marquée par
des vases pélagiques à calpionelles.
29 29

4.3.4.3. Les dépôts crétacés et les influences marines deviendraient


cénozoïques plus importantes ensuite. Des conglo-
mérats inclus dans des marnes du
a. Les dépôts crétacés synclinal d'El Koubbat, à l'ouest de
Le contact des niveaux crétacés ou Timhadite, dans le Causse, seraient
cénozoïques sur ceux du Jurassique et l'équivalent du conglomérat de Sidi-
l'étude des discordances qui le Larbi. La présence de foraminifères
caractérisent (TERMIER, 1936 ; MARTIN, marins d'âge aptien (Cuneolina gr.
1981, etc.) permet de discuter la nature laurentii-camposauri, Debarina
des événements tectoniques réalisés hahounerensis et Choffatella decipiens
dans le Moyen comme le Haut Atlas à au sommet des conglomérats de Sidi-
cette époque : orogenèse "névadienne" Larbi dans la région de Boulmane
(MICHARD, 1976), ou bien déformation amène CHARRIERE et VILA (1991) à
plus ou moins continue (DUEE et al., envisager à cette époque l'extension vers
1977). le sud-ouest de la mer téthysienne-
Dans le Moyen Atlas, les dépôts du mésogéenne. Par ailleurs, l'étude des
Crétacé moyen-supérieur mettent fin à discordances qui affectent ces couches
la longue période qui, au Jurassique rouges conduit à la distinction entre une
supérieur et au Crétacé inférieur, a "tectonique médio-jurassique", contem-
marqué l'ensemble de la région à poraine du dépôt des premiers niveaux
l'exclusion, on vient de le voir, des rouges, et marquant la fermeture du
zones nord-orientales. FEDAN (1989) bassin atlasique, et une "tectonique
distingue les affleurements crétacés de la éocrétacée ou infracrétacée", contem-
bordure nord-occidentale du Moyen poraine de l'individualisation de bassins
Atlas, à l'ouest du méridien de réduits où se déposent les séquences
Boulemane, de ceux du Moyen Atlas supérieures des couches rouges.
central, à l'est de ce méridien. Au-dessus de cet Infracénomanien,
Dans la région de Boulemane, le on trouve :
conglomérat de l'oued Atchane doit être - Cénomano-Turonien : marnes à
divisé en une série inférieure continentale, gypse puis calcaires à rudistes, huîtres,
"wealdienne", et un membre supérieur, etc.;
le conglomérat de Sidi-Larbi, au moins en - Coniacien et Santonien : lacune au
partie marin. La série inférieure Coniancien puis marno-calcaires et
(ANDREU et al., 1988) est constituée calcaires massifs à foraminifères
de niveaux conglomératiques puis élagiques et radiolaires au Santonien.
gréseux, concordants sur le Dogger Dans le synclinal d'El Koubbat,
sous-jacent qu'ils ravinent, et d'un RAHHALI (1970) décrit des calcaires
niveau marneux et marno-calcaire à littoraux;
ostracodes (Cypridea cf. ventriosa et C. - Campanien: schistes bitumineux
boulmanensis) et charophytes (Flabellochara dans le dépocentre de Bekrit-Timahdit;
harrisi, Atopochara trivolvis et Globator - Maestrichtien : dépôts phosphatés
trochiliscoides) du Barrémien. Au- intercalés dans les niveaux bitumineux.
dessus, les conglomérats de Sidi-Larbi La colonne varie d'un dépocentre à
sont discordants sur les couches l'autre.
redressées du jbel Tichoukt et les Le centre du Moyen Atlas a été
niveaux "wealdiens" et ils remanient recouvert par la transgression qui y a
jusqu'aux niveaux liasiques. Le milieu déposé, en discordance sur les
de dépôt est fluviatile à la base, mais différents termes du Jurassique, une
30 30

série marno-calcaire parfois gypseuse, - une série continentale, avec les grès
souvent dolomitisée, indubitablement et les conglomérats du jbel Hayane,
marine, représentant le Crétacé supérieur. attribués à l'Oligocène, et des dépôts
Au sud-est du Moyen Atlas, en lacustres rapportés au Miocène.
bordure du plateau de la Haute Moulouya, Au total, toute cette succession du
des mouvements synsédimentaires dont Crétacé supérieur-Paléogène est
la composante verticale est parti- interprétée, dans le bassin de Tirhboula
culièrement enregistrée persistent et ceux, voisins, de Bekrit-Timahdite, Bou
durant le Crétacé supérieur. En dehors Anguer, Aïn Nokra et Oudiksou (HERBIG,
du Moyen Atlas, la zone de la Haute 1993 ; HERBIG et FECHNER,
Moulouya est une plate-forme stable où 1995), comme le résultat d'une évolution
la disposition et l'évolution des faciès complexe avec trois étapes : 1) la
sédimentaires reflètent fidèlement les transgression albo-cénomano-turonienne
changements eustatiques du niveau de qui installe une plate-forme carbonatée ;
la mer. Par contre, dans le Moyen Atlas 2) la dislocation de cette plate-forme au
proprement dit, la subsidence est Turonien supérieur-Sénonien inférieur,
contrôlée par le mouvement le long de avec le dépôt de sédiments lagunaires
failles NE-SW telles que l'Accident nord suivis par le développement des faciès
moyen-atlasique, la faille des Aït bitumineux ; 3) la reprise de la
Oufellah, etc. Les apports sédimen- transgression au Paléocène-Eocène
taires compensant la subsidence dans inférieur et moyen, avec la construction
les zones déprimées, la profondeur de d'une plate-forme carbonatée lutétienne,
dépôt reste modérée. suivie de sa dislocation contemporaine
d'une baisse eustatique et du retrait de
b. Les dépôts cénozoïques la mer.
Au-dessus des niveaux franchement Les terrains du Miocène supérieur
marins du Crétacé moyen-supérieur, la sont en discordance angulaire sur
série cénozoïque montre successivement : l'ensemble des niveaux sous-jacents et
- une série de mer encore ils fossilisent nombre de structures
transgressive et ouverte, qui comprend tectoniques, plis et zones faillées.
les grès et calcaires à gastéropodes L'essentiel du Moyen Atlas est émergé,
d'Aïn Lkhil (synclinal d'Oudiksou) du mais certaines zones sont sous la
Maestrichtien terminal (?)-Paléocène, dépendance d'un bras de mer
des marnes roses, et la barre calcaire prolongeant au sud le Sillon sud-rifain :
de Timhadite d'âge Eocène moyen à - Dans le bassin de Skoura, le
bivalves, crustacés, nautiles, etc.. Ces Néogène est représenté par une série
faciès sont connus depuis longtemps : épaisse de 200 à 250 m qui constitue
GENTIL signalait en 1916 le Calcaire de un cycle complet, depuis des faciès
Timhadite et TERMIER, en 1936, continentaux à la base (siltites, marnes
décrivait la discordance de Foum- bariolées lacustres, grès et poudingues)
Kheneg, dans le synclinal d'El Koubbat, puis laguno-lacustres (marnes gypseuses
où les équivalents des calcaires d'Aïn et grès), jusqu'à des faciès marins au
Lkhil sont discordants sur des niveaux sommet, avec biohermes à Crassostrea,
liasiques ; grès à foraminifères et oursins, gypses,
- une série régressive, avec les marnes jaunes à Globorotalia, calcaires
marnes à gypse post-Lutétien reposant récifaux (CHARRIERE et SAINT-MARTIN,
sur les Calcaires de Timhadite. 1989) et enfin marnes blanches à huîtres;
31 31

- La formation d'Aït Youb-Lebbouaddis par des structures faillées permanentes.


représente le Tortonien dans le Causse. HERBIG (1988), après d'autres, dont
Là aussi, les terrains enregistrent les DUEE et al. (1979) et MARTIN (1981),
étapes d'une transgression marine dont examine par exemple le jeu syn-
l'extension est maximum lors du dépôt sédimentaire, latéral sénestre et
des Marnes bleues de Fès à foraminifères inverse, de l' « Accident nord-moyen-
planctoniques du Tortonien supérieur- atlasique ». Ce mouvement est indiqué
Messinien; dans toute la colonne sédimentaire,
- Le bassin de Guercif se développe depuis le Crétacé jusqu'au Miocène et,
au Miocène supérieur et il se remplit de vraisemblablement, jusqu'à une époque
formations d’abord marines puis récente, par des discordances pro-
continentale (Tortonien-Messinien ; gressives, des niveaux congloméra-
- Dans le Sillon sud-rifain lui-même, tiques et des changements brutaux de
les couches du Messinien forment la faciès. Au flanc nord du synclinal de Bou-
couverture septentrionale du Causse Angueur, c'est-à-dire à proximité de cet
moyen-atlasique, alors émergé. Elles « Accident », on reconnaît les
comprennent à la base les calcaires de discordances suivantes : niveaux
Bhalil, littoraux et de haute énergie, éocènes sur les grès du Maestrichtien ;
parfois récifaux, puis les siltites ocres calcaires lacustres de l'Eocène
de Sefrou et enfin les Marnes de Fès. supérieur-Oligocène (?) sur la formation
Dans le bassin tertiaire de Missour, Eocène inférieur-moyen de Bekrit-
les dépôts détritiques contiennent des Timhadit ; à la base des conglomérats
niveaux lacustres où la stévensite est "oligocènes"; calcaires et marnes
exploitée sous le nom local de rhassoul. lacustres miocènes sur les conglomérats
A la suite des travaux de MARTIN "oligocènes" ; discordances intra-
(1968), on réserve dans le Moyen Atlas Miocène. Des niveaux conglomératiques
le nom de Poudingues de Skoura à sont connus dans la formation de
l'ensemble conglomératique discordant Bekrit-Timhadit et dans les calcaires
sur les terrains plissés du Miocène lacustres de l'Eocène supérieur-
supérieur et sur les structures d'âge Oligocène (?). Enfin, au Maestrichtien et
probable Pliocène inférieur. Par ailleurs, au Paléocène, le rôle de l'Accident nord
cette série est interstratifiée à la base moyen-atlasique est attesté par la
du calcaire lacustre du Saïs, lui-même différence de sédimentation entre les
Pliocène supérieur p.p. Par conséquent, synclinaux de Bekrit et Timhadit (bloc
leur âge est donc Pliocène moyen. Les nord-ouest), où 360 m de schistes
galets sont surtout des calcaires du bitumineux puis de détritiques et de
Dogger et le drainage s'effectue vers le gypse se déposent, et la bordure nord
nord. du synclinal de Bou-Angueur (bloc sud-
Il faut enfin mentionner, pour terminer, est en surrection) avec seulement 35 m
les coulées volcaniques du Moyen Atlas de sédiments de lagons et des sables
et du Causse. phosphatés.

On a rencontré à maintes reprises dans 4.3.5. Les roches magmatiques du


la colonne sédimentaire l'enregistrement domaine atlasique
de mouvements syn- sédimentaires.
Comme dans le Haut Atlas, on peut 4.3.5.1. Les dolérites triasico-liasiques
parler d'un véritable contrôle tectonique Comme le domaine mésétien, le
de la sédimentation domaine atlasique montre des
32 32

manifestations magmatiques dont les considérée plus loin. Dans les deux
produits, surtout doléritiques, s'intercalent massifs de Tassent et Tasraft les
au sommet de la série rouge triasico- gabbros, souvent troctolitiques, sont au
liasique. Leur âge est compris entre 180 cœur des massifs ; vers la périphérie,
et 200 Ma (HAILWOOD et MITCHELL, on rencontre des diorites et des
1971; WESTPHAL et al., 1979 ; monzodiorites puis des syénites ; des
FIECHTNER et al., 1992). La plupart de dykes doléritiques rayonnent dans
ces roches sont des dolérites à l'encaissant sédimentaire.
plagioclases An 50-70, augite et Ces roches, souvent présentées
pigeonite ; certaines contiennent de comme alcalines (RAHIMI et al., 1991),
l'olivine, toujours serpentinisée. On note ont des teneurs modérées en TiO2,
dans le domaine atlasique, à la différence K2O et P2O5 et des rapports La/Yb
de la Meseta, le fréquent développement toujours très inférieurs à 10. Le
de paragenèses secondaires de faible parallélisme des spectres de terres rares
température à chlorite, serpentine, des différents faciès pétrographiques
calcite, etc. Au point de vue étudiés, tant basiques qu'acides, est en
géochimique (BERTRAND et al., 1982; faveur de leur cogénétisme. Toutes ces
FIECHTNER et al., 1992), ces roches roches seraient issues de la cristallisation
sont des tholéiites semblables par bien fractionnée d'un magma mantellique au
des aspects aux basaltes des rides sein d'une chambre magmatique située à
médio-océaniques. Leur origine est 10-15 km de profondeur ; l'intervention
mantellique, la composante crustale d'une contamination crustale est
n'excédant pas 17 probable.
% du poids, selon FIECHTNER et al. L'analyse des fluidalités magmatiques
(1992). Toujours selon ces derniers des intrusions de Tasraft et Tassent
auteurs, leur âge isotopique 40 Ar/39 Ar montre une architecture en dôme aplati,
est compris entre 210,4 ± 2,1 Ma et suggérant une mise en place diapirique
196,3 ± 1,2 Ma. (RAHIMI et al., 1991). Le faible
développement de l'auréole de
4.3.5.2. Les massifs plutoniques métamorphisme de contact, souligné
jurassiques par tous les auteurs, implique que, au
On connaît depuis longtemps moins pour sa phase finale, la mise en
l'existence de nombreux petits massifs place des roches plutoniques au sein de
intrusifs dans le Haut Atlas central. On en la série liasique et bajocienne s'est
a découvert récemment des équivalents effectuée à des températures de l'ordre
réduits, plutoniques dans le Moyen de 300°C. Une forte activité
Atlas (LAVILLE et FEDAN, hydrothermale est notée (HARMAND et
1989) et volcaniques dans le Haut Atlas LAVILLE, 1983)
occidental (FERRANDINI et al., 1991).
Les massifs du Haut Atlas central ont une 4.3.5.3. Le magmatisme éocène
forme elliptique ou circulaire, avec des Plus tard, l'activité magmatique
dimensions toujours modestes, de l'ordre atlasique se restreint dans deux zones :
de 10 à 20 km de longueur pour une le massif de Tamazert, au versant nord
largeur de 2 à 5 km. Ils se situent au du Haut Atlas, non loin de Midelt, et le
cœur de dispositifs structuraux constitués massif de Taourirt, à l'extrémité nord-
par des couches sédimentaires orientale du Moyen Atlas. Le premier
redressées qui évoquent des anticlinaux, est constitué de pyroxénites micacées,
et dont la signification structurale sera syénites néphéliniques à orthose et
33 33

ægyrine, limburgites et carbonatites, 4.4. La tectonique atlasique


toutes d'affinité alcaline et caractérisées
par une forte contamination crustale. 4.4.1. Tectogenèse et orogenèse
L'âge de ces roches est éocène (42-44
Ma). Les roches du massif de Taourirt, Les altitudes élevées atteintes par le
mestigmérites ou aïounites (AGARD, Haut Atlas, en particulier dans sa partie
1950), sont des lamprophyres à centrale, et la vigueur des dénivelés
néphéline. Leur âge est aussi éocène entre la chaîne et ses bordures
(57 ± 3 Ma : CHARLOT et al., 1964). suggèrent que la surélévation du
domaine plissé (l'orogenèse, au sens
4.3.5.4. Le volcanisme récent littéral de création de relief) est
On ne quittera pas les roches relativement récente. L'activité sismique
magmatiques du domaine atlasique le long des bordures atlasiques
sans citer les épanchements récents de témoigne de l'activité orogénique
roches sous-saturées, alignés sur une encore actuelle de la chaîne, qui affecte
ligne SW-NE, du jbel Siroua au Moyen
non seulement toute la croûte mais
Atlas septentrional. Le volcanisme
aussi le manteau supérieur. Des
néogène des confins rifo-atlasiques est
arguments purement géologiques
abordé dans le chapitre consacré au Rif
confirment d'ailleurs l'âge récent de la
; on signalera ici seulement les roches
surrection de l'Atlas : les mers du Crétacé
volcaniques quaternaires (1,8-0,5 Ma)
supérieur ne reçoivent pas d'éléments
du Moyen Atlas. Presque une centaine
détritiques en provenance de l'Atlas
de cônes volcaniques, de morphologie
comme ce serait le cas si la chaîne était
encore très fraîche, sont alignés selon
émergée et soumise à l'érosion à cette
un axe subméridien. Leurs coulées
époque. Mieux, on connaît encore, à
s'étalent largement sur le Causse
certains endroits du Haut Atlas central
moyen-atlasique dont elles suivent les
comme, par exemple, à Tasraft, des
paléovallées, certaines recouvrant au
niveaux marins du Cénomano-Turonien
nord les terrains du Quaternaire ancien
déposés lors de la transgression de la fin
de la plaine du Sais. Les roches sont
du Crétacé inférieur et soulevés
des basaltes alcalins et des basanites.
ensuite. Il faut donc situer la surrection
L'étude de leurs enclaves ultrabasiques,
de l'Atlas entre cette époque et l'Actuel.
souvent déformées (HARMAND et
Or, dans le bassin d'Ouarzazate, c'est
MOUKADIRI, 1986), montre que la fusion
seulement au Miocène qu'apparaissent
partielle du manteau supérieur dont est
les premiers éléments détritiques
issu le magma alcalin s'est effectuée en
d'origine atlasique. C'est donc au
régime compressif, avec ouverture de
Cénozoïque, et probablement au
fractures lithosphériques (MOREL et
Néogène que s'effectue, pour l'essentiel,
CABANIS, 1993). On verra plus bas que
la surrection de l'Atlas.
ce magmatisme récent peut être lié à un
panache mantellique (ZEYEN et al.
Le raccourcissement (la tectogenèse,
(2005).
au sens de la création de structures
tectoniques) de l'Atlas est-il contemporain
de cette surrection cénozoïque ? Dans les
zones marginales de la chaîne, les plis
affectent l'ensemble des séries
mésozoïques, Crétacé inclus, ainsi que,
34 34

au moins, une partie du Cénozoïque. de faciès et des discordances


C'est le cas au nord de l'Atlas (PETIT et progressives. Les rides E-W sont des
al., 1985 ; AMRHAR, 2002) et au sud, anticlinaux étroits, généralement à cœur
dans le bassin d'Ouarzazate (LAVILLE, triasique. Ces structures sont souvent
1980; GÖRLER et al., 1988). faillées et le pendage de la faille, raide en
JACOBSHAGEN et al. (1988) profondeur, s'infléchit vers la surface,
considèrent que la déformation dans le permettant l'amorce du chevauchement
domaine central du Haut Atlas est d'âge d'un flanc de l'anticlinal sur l'autre, plus
récent, comme dans les zones raide, voire inverse. L'épaisseur de la
marginales. Cette opinion n'est pas série sédimentaire est la plus faible à
partagée par nombre d'auteurs dont l'aplomb des rides anticlinales et les
certains (SCHAER, 1987; LAVILLE et faciès y indiquent une plus faible
al., 1991, LAVILLE et PIQUE, 1991, profondeur. C'est là, par exemple, que
1992) insistent sur le fait que le sont localisés les récifs liasiques et que
raccourcissement est synsédimentaire, convergent les discordances
d'âge jurassique, dans l'axe du Haut progressives.
Atlas central. C'est pourquoi, comme
pour l'étude de la stratigraphie, on Les rides NE-SW et NW-SE sont
abordera séparément et successivement situées soit aux extrémités des rides
celle de la déformation dans les zones majeures E-W, soit entre deux de
centrales et marginales de la chaîne. celles-ci disposées en échelon. Les
rides NE-SW les plus intéressantes -
celles dont le cœur est occupé par des
4.4.2. L'axe du Haut Atlas central
intrusions magmatiques- sont situées
dans l'axe du Haut Atlas central. La ride
4.4.2.1. Les structures de Talmeste est un bon exemple du
caractère synsédimentaire de la mise
La carte géologique montre de vastes en place des intrusions : les couches
structures synclinales à fond plat (Fig. jurassiques sont de plus en plus
46 A, 47 A,B) où affleurent des couches redressées et minces en direction du
du Jurassique moyen et des structures cœur de la structure, ce qui montre bien
anticlinales étroites dont le cœur est que leur torsion a été réalisée
occupé soit par des terrains progressivement au cours de la montée
sédimentaires triasiques ou liasiques, de l'intrusion. La ride de Tassent, au
soit par des intrusions magmatiques. nord d'Imilchil, est longue de 30 km
Trois directions ressortent : E-W, NW- SE pour une largeur de 2 à 3 km. Elle est
et NE-SW, ces dernières étant souvent déversée vers le NNW ; son cœur est
occupées par des intrusions occupé, avec des discordances
magmatiques. progressives semblables à celles de
Talmeste, par des intrusions magmatiques,
Les structures synclinales ont une recouvertes en discordance et remaniées
forme en S, avec un axe cartographique par les Couches rouges.
orienté N 50-60 E (Fig. 48). L'épaisseur Une schistosité et un métamorphisme
des séries, maximum au centre de général affectent souvent les roches
chaque structure synclinale, se réduit dans les rides anticlinales de l'axe du
rapidement en direction des structures Haut Atlas central.
anticlinales adjacentes, en même temps
qu'apparaissent des variations latérales
35 35

Fig. 46. Coupes dans la chaîne atlasique


La schistosité est ici un clivage de immédiate des intrusions répond à un
dissolution, souvent signalé (SCHAER champ de contrainte local, lié à la mise
et PERSOZ, 1976; LAVILLE et al., en place des corps magmatiques,
1991, etc..). Presque partout, elle est probablement déjà largement indurés.
orientée N 70 à E-W, parallèle à l'axe des Le métamorphisme régional est, lui
rides anticlinales E-W. Elle est aussi, cantonné dans l'axe du Haut
particulièrement bien marquée à Atlas central. Il passe d'une simple
proximité et autour des intrusions évolution diagénétique à l'anchi- et
magmatiques. Là, comme autour de la l'épizone. Dans les synclinaux où la pile
ride d'Amagmag (LAVILLE et al., 1991), sédimentaire était la plus épaisse (4000
le clivage schisteux est très oblique à à 5000 m), un gradient géothermique
perpendiculaire à la bordure de normal a permis à l'évolution thermique
l'intrusion mais lorsque l'on s'éloigne de d'atteindre le seuil du métamorphisme
l'intrusion, la trajectoire de la schistosité épizonal (environ 300 °C). Dans les
s'infléchit peu à peu pour se paralléliser rides anticlinales, par contre, où
avec celle des structures régionales l'épaisseur des sédiments était plus
N70-90 (Fig. 46). La direction faible, c'est un gradient de 60 °/km au
particulière de la schistosité à proximité minimum qu'il faut envisager.
36 36

Fig. 47. Coupes illustrant le style tectonique dans le Haut Atlas (A,B) et le Moyen
Atlas (C)

A la conduction thermique s'ajoutait une synsédimentaire de la mise en place


convection réalisée par la circulation des intrusions au sein des rides
des fluides hydrothermaux dont on anticlinales NE-SW. Sur la base de ces
retrouve la trace dans les intrusions arguments, l'âge des intrusions serait
magmatiques. Les amphiboles décrites donc Jurassique inférieur et moyen. Ceci
à proximité des intrusions sont orientées ne s'oppose pas aux datations isotopiques
dans le champ local de la déformation, ce actuellement disponibles et est confirmé
qui confirme la contemporanéité des par la discordance, à Tassent ou
intrusions et de la schistosité. Tasraft par exemple, des Couches
rouges sur les roches plutoniques
4.4.2.2. L'âge des structures (LAVILLE et al., 1991).
Comme, par ailleurs, le développement
La disposition géométrique des couches de la schistosité est lié spatialement aux
sédimentaires autour des intrusions intrusions, il est clair que la mise en place
atteste, on l'a vu ci-dessus, du caractère
37 37

des corps magmatiques au sein des rides régionales N 70-90 E. Réciproquement,


NE-SW est contemporain, globalement, celles-ci sont donc datées, pour la
du serrage régional qui s'exprime par le majeure partie de leur développement,
développement de la schistosité et, du Jurassique inférieur et moyen.
surtout, par l'individualisation des structures

Fig. 48. Dépocentres et rides synsédimentaires dans le Haut Atlas central


Trois conclusions ressortent des là encore quel que soit le modèle
remarques précédentes : adopté, que les axes anticlinaux N 70-
- la déformation majeure, localement 90 E sont d'anciennes rides
synschisteuse, est d’âge mésozoïque et synsédimentaires marquées par la
plus précisément jurassique dans l’axe mobilité du fond marin au Jurassique, à
de l’Atlas, et donc bien antérieure à l'aplomb de fractures profondes dont il
celle des bordures de la chaîne ; convient de déterminer le jeu ;
- la contemporanéité de l'acquisition - tout modèle explicatif de l'évolution
des structures et de la sédimentation, structurale et magmatique du Haut Atlas
autrement dit le caractère synsédimentaire central devra intégrer ces faits,
du développement des rides anticlinales apparemment contradictoires : la mise
et des cuvettes synclinales implique un en place des intrusions magmatiques
contrôle structural de la sédimentation s'effectue dans des sites en ouverture,
et donc le jeu de fractures du socle, mais le régime régional est compressif.
réactivées au Jurassique. Il faut envisager,
38 38

4.4.3. Les bordures du Haut Atlas


central
4.4.3.1. Les structures
Sur le flanc nord du Haut Atlas central, néogène et quaternaire. Les structures
la terminaison septentrionale visible de cassantes combinent des composantes
la chaîne est marquée par quelques chevauchantes et décrochantes qui
chevauchements à vergence nord que témoignent d’un raccourcissement N
MOREL et al. (2000) analysent (Fig. 49). 150 E puis N-S. Les chevauchements à
Les déformations sont récentes, vergence nord impliquent ou non, selon
contemporaines de la sédimentation les auteurs, une partie de la croûte.

Fig. 49. Chevauchements récents sur la bordure nord du Haut Atlas

Dans la vallée du N'Fis, PETIT et al. responsables de la mise en horst du


(1985) étudient des structures cassantes Massif ancien. La faille d'Imi n'Tanoute
développées dans des conglomérats mio- présente un jeu sénestre et témoigne
pliocènes par le jeu des failles inverses d’une direction de raccourcissement
39 39

subméridienne, avec une rotation des séries mésozoïques épaisses doit


antihoraire de N 20-30 à la fin de continuer à être affirmée. On y
l'Eocène à N140-160 au Mio-Pliocène reviendra. A l'affleurement, cette zone
Sur le flanc sud, on décrit depuis de failles se manifeste par des
RUSSO et RUSSO (1934) un "Accident chevauchements, à vergence sud, du
sud-atlasique" à la limite entre le Haut Jurassique plissé sur les chaînons
Atlas et le domaine saharien. L'idée méridionaux crétacés ou cénozoïques,
d'une telle faille unique, présente sur comme dans la vallée de l'oued Dades
toute la bordure méridionale du Haut (GAUTHIER, 1957). A l'est, l'Atlas, très
Atlas central, a été depuis abandonnée, modérément raccourci, est au contact,
mais l'existence d'une limite structurale par une simple faille inverse raide, de son
importante au bord sud du Haut Atlas, avant-pays méridional tabulaire, la
guidant successivement la sédimentation hamada crétacée de Meski.
dans la fosse atlasique et la déformation

Fig. 50. Le bassin du Souss


A : Remplissage mésozoïque
B : Chevauchements atlasiques aveugles
C’est la progression des études de failles normales liées au rifting
sous-surface, liées à la prospection atlantique et l’individualisation de failles
pétrolière, qui ont apporté un éclairage compressives plates (surfaces de
nouveau, en tout cas plus complet, à ce décollement) dans les niveaux plastiques
que permet l’étude sur le terrain. Dans du Trias supérieur (Fig. 50). Faut-il élargir
le bassin du Souss, par exemple, les ce modèle à l’ensemble de la chaîne
profils sismiques étudiés par atlasique ? C’est ce qui sera discuté
MUSTAPHI et al. (1997) conduisent à plus bas.
l’idée que la tectonique atlasique se
réalise ici par une inversion d‘anciennes
40 40

A la longitude de Ouarzazate, la allochtone est la Nappe de Toundoute


disposition est complexe à l’affleurement : (LAVILLE et al., 1977). Elle s'est mise
à la fin d'une déformation impliquant en place, par glissement, dans le bassin
des niveaux mésozoïques, une lame de cénozoïque de Ouarzazate et elle a été
calcaires jurassiques, décollée de son recouverte par les niveaux néo-autochtones
socle au niveau des argilites triasiques, de la formation de Kandoula. L'ensemble
s'est déplacée vers le sud, lors du a ensuite été ployé en synforme, et de
soulèvement de la chaîne atlasique. Cet nouveau charrié vers le sud (Fig. 40).

Fig. 51. La bordure méridionale du Haut Atlas oriental


A : La coupe actuelle
B : le développement de la structure actuelle d’après l’équilibrage
des coupes
41 41

Plus à l’est encore, à la longitude de métamorphisé et granitisé au cours de


Goulmima, SAINT BEZAR et al. (1998) l'orogenèse hercynienne, a été fortement
montrent que la formation, vraisem- soulevé puisqu'il contient à présent les
blablement d’âge miocène, des plis points culminants de la chaîne
atlasiques déversés au sud est liée à atlasique. Il n'a pas subi de déformation
une faille plate aveugle responsable de atlasique souple : la surface de la
structures de plus en plus serrées vers pénéplaine post-hercynienne et sa mince
le nord, en direction de l’Atlas, et ils couverture restent horizontales. Par
donnent un scénario de la déformation, contre, lors des mouvements atlasiques,
basé à la fois sur une modélisation ce bloc compétent a été découpé par de
théorique et une analyse géométrique nombreuses failles subverticales pour
des plis rencontrés (Fig. 51). lesquelles on montre souvent qu'il s'agit
de failles hercyniennes réactivées au
4.4.3.2. L'âge de la déformation Méso- et au Cénozoïque. Ce sont ces
failles qui découpent le bloc ancien en
L'âge des structures est déduit, bien panneaux inégalement soulevés. C'est
entendu, de celui des terrains affectés. ainsi que la partie centrale du Bloc ancien
Une étude de détail montrerait, comme domine la plaine du Haouz, avec un rejet
dans la bordure nord du bassin de vertical cumulé de 4000 m. Ce dénivelé
Ouarzazate et la nappe de Toundoute, est moins important vers le sud, en
l'intervention de plusieurs événements particulier dans la région du Siroua. Plus
successifs qu'il faudrait interpréter qu'au sein même du bloc ancien, c'est
comme des saccades dans un donc sur ses bordures que se concentre
mouvement relativement continu : la la déformation atlasique.
surrection de l'axe de l'Atlas central et
son déversement divergent vers le nord Au nord, la Faille d'Imi n'Tanoute a
et le sud. Globalement, cependant, enregistré une compression N-S à N 30
l'âge des épisodes de déformation dans E d'âge Crétacé supérieur-Tertiaire
ces zones marginales atlasiques est représentée par : 1) des plis en échelon
cénozoïque et quaternaire et donc bien associés à un jeu sénestre de la faille,
plus récent que celui, jurassique, de et 2) un chevauchement plat vers le nord
l'axe de la chaîne. Pour rester dans les des marno-calcaires du Valanginien sur
termes de la remarque posée en les dolomies du Portlandien-Berrriasien.
introduction à la tectonique atlasique, Plus à l'est, dans la région d'Erdouz,
c'est au Cénozoïque seulement, et l' « Accident de Medinat » (MORET,
particulièrement au Néogène que se 1931), orienté grossièrement E-W,
réalise l'épisode "orogénique" de la amène les schistes cambro-ordoviciens
déformation atlasique, marqué par du Bloc ancien sur les calcaires
l'exhaussement (la surrection) de la cénomano-turoniens de la bordure
chaîne et la déformation de ses zones subatlasique. La déformation de cette
marginales. zone faillée est polyphasée et on y
distingue successivement (FROITZHEIM
4.4.4. Les autres zones atlasiques et al., 1988) : une ébauche de
plissement d'axe E-W au Crétacé
4.4.4.1. Le Bloc ancien du Haut Atlas supérieur ; l'érosion de cette structure
embryonnaire, et le dépôt des calcaires
Le socle, d'âge paléozoïque et à Thersitées et des marnes éocènes ; le
Protérozoïque supérieur, déformé, chevauchement de l'ensemble paléo-
42 42

zoïque et crétacé sur les terrains son soulèvement récent, la vigueur de


éocènes ployés en synclinal. ses reliefs et l'importance de l'érosion
Dans la région d'Aït-Ourir, qui s'ensuit.
FERRANDINI et LE MARREC (1982)
démontrent l'existence de décollements 4.4.4.2. Le Haut Atlas occidental
et de recouvrements anormaux. A
l'intérieur de cette même région, deux
événements compressifs affectent la A l'ouest du Bloc ancien, le Haut Atlas
couverture cénozoïque ; le premier, occidental prolonge les structures de la
post-Eocène et anté-Mio-Pliocène, est partie centrale de la chaîne : des plis
caractérisé par une compression N 20-30 anticlinaux étroits d'orientation moyenne
E ; au cours du second, d'âge mio- E-W, parfois coffrés, séparés par des
pliocène, la compression est N 130-160 E. synclinaux en cuvettes à cœur
Le problème de la bordure sud du Jurassique supérieur et crétacé. Les
Bloc ancien est celui de la Faille du Tizi structures plus ouvertes des Haha sont
n'Test. Individualisée dès le Paléozoïque les plis marginaux subatlasiques
et probablement même avant, cette septentrionaux ; une zone symétrique
faille est décrite par MATTAUER et al. existe entre l'Accident sud-atlasique et
(1972) comme un linéament majeur Agadir. Au nord des Haha, la zone
d'importance continentale. Son jeu est d'Essaouira prolonge le Haouz vers
polyphasé : après un mouvement dextre l'ouest.
à la fin du Paléozoïque, elle est Le Haut Atlas occidental est découpé
marquée par un coulissement sénestre en blocs, eux-mêmes contrôlés par
d'ampleur plurikilométrique au Méso- d'anciennes structures NNE-SSW à E-
zoïque (PROUST et al., 1977). Ce W. La structuration est guidée par deux
coulissement sénestre est attesté dès le familles de directions :
Carnien par l'existence de stries - les axes de plis majeurs sont E-W.
hydroplastiques subhorizontales qui Le raccourcissement est généralement
affectent un sédiment non encore faible ; il s'accroît à proximité des limites
complètement lithifié. Il se poursuit nord et sud de la région, ainsi que vers
ensuite, comme le montrent les stries le couloir d'Argana, c'est-à-dire là où la
horizontales imprimées dans les mêmes couverture mésozoïque est la moins
grès alors qu'ils étaient alors indurés épaisse. Inversement, il est le plus
(LAVILLE, 1992 ; LAVILLE et PETIT, faible dans l'Atlas le plus occidental, zone
1984). Ces mouvements sénestres ont particulièrement subsidente tout au long
cessé au Crétacé où les structures (plis, du Mésozoïque
stylolites, etc..) suggèrent une - les plis sont affectés de virgations le
déformation de type faille inverse. long de zones faillées N 20 E. Celles-ci,
Orientée N 70 E, la faille constitue à d'ouest en est : faille du Cap Rhir-
l'ouest la limite sud du Bloc ancien. Plus Amsittene-J. Hadid, faille d'Agadir et
à l'est, elle recoupe les terrains anciens faille probable d'Argana, réalisent un
en contournant par le nord le promontoire maillage tectonique de la région. Elles
de l'Ouzellarh. Vers l'ENE, JENNY jouent en effondrement au cours de
(1983) propose qu'elle se prolonge par l'ouverture de la marge atlantique; lors de
les décrochements de l'Atlas de la compression atlasique, elles
Demnate. développent une composante sénestre.
On ne quittera pas le centre du Haut Ces structures sont calquées sur la
Atlas sans insister sur l'importance de paléogéographie jurassico-crétacée.
43 43

Il faut aussi signaler que les études et al., 1991) des séries magmatiques au
de HAFID et al. (2000) et MEHDI et al. Jurassique et Crétacé ;
(2004) soulignent l’activité halocinétique
- l'âge post-crétacé du plissement.
du basin d’Essaouira.
Au total, trois différences apparaissent
là avec le Haut Atlas central, peut-être 4.4.4.3. Le Haut Atlas oriental
dues surtout à la plus grande épaisseur
de la couverture mésozoïque au-dessus De part et d'autre de la vallée de
du socle paléozoïque : l'oued Ziz et, plus à l'est, vers l'Atlas
- la présence d'une épaisse série saharien en Algérie, le dispositif
triasique dont les niveaux salifères structural reste semblable à celui de
permettent le développement de diapirs ; l'Atlas central, avec toutefois des
- l'absence ou la rareté (FERRANDINI altitudes plus faibles.

Fig. 52. Le synclinal d’Azag n’Oufouloussen (Haut Atlas oriental)


A : Carte. B : Schéma cinématique. C : Evolution des
44 44
paléocourants. D : Ouvertures successives des hémi-grabens.
45 45

Comme dans le Haut Atlas central, la 4.4.4.4. Le Moyen Atlas


sédimentation s’effectue dans un
régime de transtension sénestre dont le De direction d'ensemble NE-SW, le
dépocentre d’Azag N’Oufouloussen est chaînon moyen-atlasique se compose
un exemple (Fig. 52). L’ouverture de plusieurs rides anticlinales, NNE-
progressive de l’hemi-graben s’effectue SSW à NE-SW, séparées par des
par l’individualisation de failles parallèles cuvettes synclinales ; du NW au SE se
qui élargissent le dépocentre ; leur succèdent, à partir de la ride anticlinale
composante latérale est prouvée par constituée par l' « Accident nord moyen-
l’inflexion des directions d’apport. Ce atlasique », le synclinal du Zloul et de
régime qui marque le Jurassique et le Skoura, la ride du jbel Tichoukt, le
début du Crétacé s'amortit ensuite et synclinal d'El Mers, etc. (Fig. 35). Comme
l'on passe, à partir du Cénozoïque, à pour le Haut Atlas central, il faut
une compression subméridienne qui d'ailleurs prendre ici le terme d'anticlinal
amène la mise en horst de la chaîne par au sens large, ces structures étant
le jeu de failles raides inverses. souvent dépourvues de charnières et
constituées de deux monoclinaux accolés
le long d'une faille raide souvent inverse et
parfois chevauchante.

Fig. 53. Le jbel Tichoukt (Moyen Atlas) : colonne et coupes


46 46

On prendra comme exemple le jbel structures anticlinales du Moyen Atlas.


Tichoukt, analysé en particulier par Toutes conduisent à l'idée d'une
FEDAN (1989). Il s'agit de la seconde instabilité de la région au cours de la
ride anticlinale du Moyen Atlas, entre le sédimentation mésozoïque, relayée
synclinal de Skoura au NW et celui d'El ensuite par la compression cénozoïque.
Mers au SE (Fig. 53). A partir de ces constatations, on
La structure, orientée ENE-WSW, est interprète différemment l'enchaînement
un pli coffré à Boulemane qui, des déformations :
latéralement, devient déversé au NW - Pour les uns l'histoire moyen-
avec le flanc NW chevauchant le atlasique peut être découpée en deux
synclinal de Skoura, où la dalle liasique épisodes : 1) au Mésozoïque, une
est poussée sur les couches de tectonique synsédimentaire distensive,
Bathonien-Callovien (?) de Skoura par qui culmine lors de la Phase paroxysmale
l'intermédiaire des pélites triasiques. Ce médio-jurassique enregistrée par les
chevauchement est fossilisé par les discordances progressives des couches
Poudingues de Skoura du Pliocène rouges bathoniennes sur le Calcaire-
supérieur probable. Le pli est d'âge corniche le long des rides paléoanticlinales
Pliocène inférieur, mais le déversement et l'émersion généralisée du domaine.
d'ensemble de la structure a été Cette instabilité sédimentaire est
probablement acquis au cours de la attribuée à une réactivation de failles de
Phase anté-Miocène supérieur. Ces socle en horsts et grabens, les premiers
mouvements ont été suivis par un évoluant en rides paléo-anticlinales et
soulèvement post-Pliocène dont le rejet les seconds en cuvettes synclinales.
vertical est estimé à 400 m au SW L'intervention de phénomènes diapiriques
(MARTIN, 1981). Ils ont été précédés impliquant les niveaux triasiques est
par une longue instabilité dont la possible, d'ailleurs, aux charnières de
colonne sédimentaire porte les traces ces rides ; 2) au Crétacé et au
aux flancs NW et SE du Tichoukt : les Cénozoïque, une compression qui réactive
marnes toarciennes de Bechyine, le les structures médio-jurassiques et active
Calcaire-corniche, les calcaires du des accidents subméridiens. Elle se
Bathonien inférieur, etc.. du flanc SE du marque par l'accentuation des structures
synclinal de Skoura, par exemple, sont plissées ébauchées auparavant, par le jeu
biseautés en direction du Tichoukt ; à de décrochements et par des
proximité même de l'anticlinal, les écaillages. Dans cette compression, on
couches bathoniennes d'El Mers sont distingue plusieurs phases successives :
en discordance angulaire sur les anté- ou intra-barrémienne, Crétacé
niveaux sous-jacents. Il est clair donc, supérieur-Eocène, anté-Miocène supé-
et tous s'accordent à ce sujet, que la rieur, Pliocène inférieur.
structure anticlinale actuelle du jbel - Pour d’autres (LAVILLE et FEDAN,
Tichoukt a été précédée, dès le Lias et 1989 ; FEDAN et al., 1985), l'essentiel
en tout cas au Jurassique moyen, par de la structuration est réalisé dès le
l'émergence d'une ride synsédimentaire Mésozoïque, en régime compressif
en surrection relative par rapport aux régional, comme dans le Haut Atlas
futurs synclinaux d'El Mers et de central. Les rides anticlinales ENE-
Skoura. WSW comme celle du jbel Tichoukt
sont l'expression en surface de
Des observations semblables peuvent structures en fleur positive à l'aplomb
être réalisées à propos des autres de décrochements sénestres sur des
47 47

failles de socle, délimitant des zones Le contraste important entre le


losangiques en affaissement relatif, les domaine moyen-atlasique et celui de la
dépocentres, futures cuvettes synclinales Haute et Moyenne Moulouya est
à fond plat. A chaque extrémité du particulièrement visible au long de leur
décrochement, une zone en extension limite : l’ « Accident sud moyen-
locale est marquée par des failles atlasique » le long duquel y a une
normales synsédimentaires et, localement, inversion tectonique entre l'ancien sillon
par des intrusions magmatiques du type subsident atlasique, actuellement en
de celles du Haut Atlas et une zone en surrection, et l'ancien haut-fond de la
compression montre des plis syn- Moulouya qui s'affaisse et se fragmente
sédimentaires. en bassins néogènes et quaternaires.

Fig. 54. Représentation schématique de l’inversion tectonique le


long de l’ « Accident sud-moyen-atlasique »

Ceci est bien démontré par MOREL et 4.4.5. Les données géophysiques
al., 1993) et par les LAVILLE et al.
(2006, sous presse) à la limite entre le L'exploration géophysique de la croûte
Moyen Atlas et le bassin de Missour marocaine, commencée tardivement, en
(Fig. 54). A partir d’observations d’ordre est encore à ses débuts. Dans le domaine
micotectonique et morphologique, les atlasique, les résultats préliminaires de
auteurs montrent que l’inversion SCHWARZ et WIGGER (1988)
tectonique entre l’ancien bassin et la concernent une coupe, de Meknès à
zone des Hauts Plateaux s’est opérée Erfoud, à travers le Moyen Atlas, la Haute
le long d’une zone faillée complexe, Moulouya et le Haut Atlas. Les mesures
l’ « Accident sud moyen-atlasique » effectuées par WIGGER et al. (1992)
dont le jeu à la fois inverse et montrent que la croûte atlasique est
décrochant s’est opéré depuis le structurée par des zones alternativement
Pliocène, le sens des décrochements de grandes et de faibles vitesses
traduisant l’action d’un raccourcissement sismiques.
NW-SE.
48 48

Une zone à faible vitesse sismique, Les séismes naturels dans le domaine
légèrement pentée au nord, est atlasique sont pour la plupart superficiels.
particulièrement nette à 10 km de Cependant, on note des foyers à 180-
profondeur. Par ailleurs, l'existence 200 km de profondeur sous le Haut
d'une zone de faible conductivité Atlas central (HATZFELD et
électrique a été démontrée dans la FROGNEUX, 1981), alors que la tranche
croûte atlasique (SCHWARZ et al., de 30 à 100 km reste asismique, ce qui
1992) ; les modèles théoriques calculés suggère une anomalie régionale du
montrent qu'elle se trouve à une manteau supérieur. Les profils sismiques
profondeur de 10 à 20 km sous l'Atlas indiquent un léger épaississement de la
et qu'elle est légèrement pentée au croûte sous le Haut Atlas, qui n'est
nord. Sa forme est listrique et elle devient comparable en rien à une racine sous
de plus en plus superficielle vers le sud une chaîne de collision. Cet
du Haut Atlas. Il faut remarquer, avec approfondissement du Moho sous le
SCHWARZ et al. (1992), la corrélation Haut Atlas est dissymétrique, plus
entre ces anomalies, les niveaux à rapide sous la limite nord qu'à la limite
faibles vitesses sismiques et la zone à sud de la chaîne.
faible activité sismique.

Fig. 55. Epaisseur le la lithosphère sous l’Atlas


49 49

Récemment, l’étude a été élargie à 4.4.6. Les modèles tectoniques


l‘échelle de la lithosphère atlasique
(TEIXELL et al., 2005). On admet à Le Haut Atlas est une chaîne où le
présent que celle-ci subit un raccourcissement demeure modéré
amincissement notable, jusqu’à 80 km, (Fig. 46). Les interprétations anciennes
sous l’Atlas (Fig. 55). A cet amin- de la tectonique atlasique rappelées par
cissement correspondrait évidemment, MICHARD (1976, p. 201 et suiv.),
outre la surrection de la chaîne, la mise insistent sur le rôle déterminant des
en place des magmas alcalins céno- failles du socle et sur le découpage de
zoïques et quaternaires. la couverture par rapport à celui-ci,
dans une tectonique comparable à celle
du Jura.

Fig. 56. Modèles tectoniques de l’Atlas


A : Chaîne transpressive
B : Contrôle de la déformation par les structures transtensives sédimentaires
(dépocentres et rides en S)
C : Epaississement crustal et présence d’un détachement crustal sous
l’ensemble de l’Atlas
D : Présence sous l’Atlas d’un détachement compressif lié à la collision alpine
du Rif
50 50

Le moteur de la déformation atlasique d'une transtension sénestre puis


est à chercher dans le raccourcissement, affectés ensuite par un serrage en
par failles inverses et décrochements, régime transpressif. CHOROWICZ et al.
des terrains du socle paléozoïque. On (1982) insistent, à partir d'exemples pris
remarque que "la phase (s.l.) jurassico- dans diverses régions du Haut Atlas,
éocrétacée" a ébauché des plis, au sur le contrôle de la distension et de la
cœur desquels se sont injectés des compression par des failles rectilignes.
magmas basiques et alcalins ; ces plis Ces failles, souvent en baïonnettes,
auraient été resserrés au cours de délimitent des aires losangiques à fond
phases plus tardives (oligo-miocène, plat, qui deviendront des synclinaux.
mio-pliocène, etc..). Les orientations Les anticlinaux, localisés le long de ces
différentes, avec des "axes croisés", failles, ne présentent pas de charnières
sont interprétées comme le résultat de et sont le plus souvent dessinés par des
phases successives de plissement avec monoclinaux accolés. Ces anticlinaux
des compressions orientées NW-SE éjectifs ne sont donc pas des plis, au
pour la Phase post-Eocène et N-S sens strict du terme, puisqu'ils ne
après le Miocène. résultent pas d'une flexion. Les failles
La synthèse de MATTAUER et al. qui leur donnent naissance sont des
(1977), légèrement plus récente, failles du socle, servant de voie d'accès
explique la chaîne atlasique, depuis aux venues magmatiques jurassiques et
l'individualisation des bassins jusqu'à aux minéralisations en Pb-Zn.
leur déformation, par le jeu de grands FROITZHEIM et al. (1988) concilient
décrochements. Au Lias et au Dogger, le coulissement et le mouvement
la distension avec une contrainte inverse le long des failles de l'Atlas
régionale majeure verticale est créée occidental dans un modèle de
par le jeu sénestre de failles comme transpression. C'est ici le Haut Atlas
celle du Tizi n'Test et un « Accident sud dans son ensemble qui est interprété
moyen-atlasique ». Des bassins s'ouvrent comme une "structure en fleur" (Fig. 56 A).
simultanément : la fosse moyen-atlasique Un modèle général de l'évolution de la
et des bassins dont l'ensemble forme la chaîne a été élaboré par LAVILLE
fosse haut-atlasique. A la fin du (1988) pour le Haut Atlas, et étendu par
Jurassique-début du Crétacé, la la suite au Moyen Atlas (LAVILLE et
contrainte maximum s'inverse ; elle FEDAN, 1989; BREDE, 1992, etc..). A
devient horizontale et subméridienne et partir de l'orientation différente : E-W,
les séries mésozoïques sont déformées NW-SE et NE-SW, des structures
à l'intérieur des chaînes moyen- et haut- anticlinales de l'Atlas central, et de la
atlasiques. Un plissement généralisé, nature synsédimentaire de leur
post-crétacé, a lieu avec la même individualisation, LAVILLE bâtit un
contrainte subméridienne. Au cours du schéma cohérent et simple, rendant
Plio-Quaternaire, le Haut Atlas est compte de la sédimentation triasico-
fortement soulevé. jurassique, de la mise en place des
Sans nier le jeu transcurrent des failles, roches magmatiques et de la nature des
on peut insister au contraire sur leur déformations jurassiques et plus
composante normale, synsédimentaire, du tardives (Fig. 56 B). Ce schéma
Trias au Jurassique ; dans cette s'appuie sur différents modèles
optique, les rides anticlinales proviennent de analogiques et de nombreuses
horsts synsédimentaires, accentués par observations microtectoniques. Les
effet diapirique, développés au cours rides N 70-90 E sont interprétées
51 51

comme des structures en fleurs La remarque de TEIXELL et al. (2003)


positives attestant un jeu sénestre en selon laquelle le raccourcissement
même temps qu'un raccourcissement le tectonique du Haut Atlas, déduit de
long de cette direction. Les rides NW- coupes équilibrées, diminue d’est en
SE sont des zones en compression au ouest alors que, en revanche, la
bout des décrochements sénestres, où topographie s’élève, implique que le
s'amortit le déplacement latéral. Les raccourcissement crustal ne peut être la
rides NE-SW, enfin, sont des relais cause du soulèvement de la chaîne.
distensifs des décrochements E-W, où
sont montés des magmas alcalins. 4.4.7. Les modèles géodynamiques
L'ensemble de l'Atlas est donc
interprété ici comme un socle découpé L'évolution géodynamique du Maroc
par des fractures N 70-90 E qui sont au Mésozoïque est indissociable de
activées en décrochements sénestres celle de l'Atlantique central qui s'ouvre à
au Trias et au Jurassique. Deux cette époque, les premiers fonds
fractures voisines sont associées par océaniques de l'Atlantique datant de la
des relais droits et compressifs, ou fin du Sinémurien (SAHABI et al.,
gauches et distensifs. Les diverses 2004). A cette époque, l'Afrique se
rides anticlinales délimitent des sépare de l'Amérique du Nord et
dépocentres losangiques. Les modèles entame sa dérive vers l'Est séparée de
mathématiques construits sur cette l'Ibérie et de l'Europe par la faille
base sont cohérents avec les structures transformante de Terre-Neuve-Gibraltar.
observées sur le terrain à toute échelle. Par la suite, au début du Crétacé
En particulier, la rotation locale des supérieur, sa séparation de l'Amérique
contraintes à proximité des centres du Sud et sa rotation anti-horaire
distensifs et compressifs correspond entraînent son rapprochement, encore
aux observations réalisées dans les actuel, de l'Europe.
filons magmatiques et les trajectoires Les effets du rifting atlantique, connus
des plans de schistosité autour des dans la marge et les bas plateaux de la
intrusions. Ce schéma est valable du Meseta côtière, sont analysés ailleurs.
Toarcien au Bajocien. A partir du Généralement (voir, par exemple,
Bajocien, la rotation horaire de la BEAUCHAMP et al., 1999), l'Atlas est
direction de raccourcissement induit le considéré, dans son ensemble, comme
transfert du mouvement transcurrent un rift inversé par la suite (Fig. 57).
sénestre sur les accidents NE-SW et Cependant, la notion de « Rift
l'amorce du mouvement inverse sur les atlasique » est équivoque :
failles E-W. - ou bien il s’agit d’un rift vrai, orienté
Notons, en opposition avec ce ENE-WSW, limité par des failles à jeu
modèle, celui développé par MOREL et essentiellement normal, peut-être
al. (2000) qui explique la structuration branchées en profondeur sur des failles
(et la surrection) atlasique par les crustales plates (JACOBSHAGEN et
raccourcissements néogènes et al.,1988. WARME, 1988). Les failles N
quaternaires impliquant le socle (Fig. 56 120 E sont interprétées comme des
C), et celui de FRIZON de LAMOTTE et failles de transfert (BENAMMI et EL
al. (2000) qui relie la compression KOCHRI, 1998). Dans ce rift,
atlasique à celle de la chaîne alpine de l’extension dure jusqu’au Bathonien
Méditerranée occidentale, l’Atlas étant voire le Cénozoïque (BEAUCHAMP et
l’avant pays du Rif (Fig. 56 D). al., 1999 ; GOMEZ et al., 2000) ;
52 52

- ou bien le seul rifting « vrai » est couches triasico-liasiques de l’Atlas,


d’âge Trias supérieur-Lias basal, et il avorte dès le début du Lias. Il sera
est lié à l’ouverture de l’Atlantique qu’il repris, à la fin du Lias, dans le système
prépare. L’ouverture jurassique des transformant (et non plus synrift)
bassins atlasiques, s’effectue, en atlasique. L'amincissement de la croûte
revanche, sous le contrôle de failles atlasique au Trias supérieur explique
décrochantes sénestres N 70 E qui pourquoi l'ouverture des bassins
déterminent la géométrie des dépocentres losangiques atlasiques et, surtout, la
et des intrusions plutoniques jurassiques montée des magmas alcalins jurassiques,
(LAVILLE et al., 2004). se sont effectuées préférentiellement
Autrement dit, un premier épisode dans l'axe NE-SW Moyen Atlas-Haut
d’amincissement, décelable dans les Atlas central.

Fig. 57. Une modélisation de l’inversion tectonique du « rift atlasique »


53 53

La déformation est, elle aussi, l’objet A RETENIR


d’interprétations antagonistes, selon
que l’on considère qu’elle est de même Dans le Moyen Atlas comme dans le
âge dans l’ensemble de l’Atlas (axe et Haut Atlas, on reconnaît le socle
bordures) et qu’elle implique le socle hercynien et sa couverture méso- et
comme la couverture dans de grands cénozoïque mais, à la différence du
chevauchements crustaux (par ex. domaine mésétien, la couverture ici est
MOREL et al., 2000), ou bien, suivant épaisse et déformée.
LAVILLE et al., (2004) que l’on
distingue entre une déformation
1. Le socle
jurassique, localisée dans l’axe de l’Atlas,
et des plis et des failles développés plus Il affleure au sein de massifs dont le
tard, sur les bordures, en même temps plus important est l’Atlas paléozoïque,
que se produit la surrection de la chaîne. au sud de Marrakech. Aussi bien la
De toute façon, la question essentielle nature des terrains que les déformations
est celle de l’épaississement crustal, hercyniennes sont comparables à ce que
faible, et surtout l’amincissement du l’on voit plus au nord en Meseta, la
manteau supérieur sous l’Atlas, dont seule particularité du massif par rapport à
témoignent, entre autres, un flux la Meseta étant son soulèvement à une
thermique (RIMI, altitude importante par de grandes failles
1999) important et la mise en place de atlasiques.
magmas alcalins au Cénozoïque.
2. La couverture
Finalement, deux conceptions demeurent : Dans l’axe du Haut Atlas, la
I. la chaîne atlasique est le résultat couverture est représentée par des
d’une compression orogénique liée à la séries mésozoïques, d’abord des siltites
collision Afrique-Europe, soit directement, triasico-liasiques littorales, puis des
avec un épaississement crustal res- séquences franchement marines
ponsable de sa surrection (MOREL et déposées dans une série de dépocentres
al., 2000 ; FRIZON de LAMOTTE et al., dont l’ensemble constitue le sillon
2000 etc.), soit indirectement parce atlasique, bordé au nord et au sud par
qu’une délamination post-collisionnelle des flexures faillées. Le sillon se comble
est à l’origine de l’amincissement à la fin du Bajocien et des couches
lithosphérique et la surrection qu’il rouges continentales recouvrent les
provoque (RAMDANI (1998) ; carbonates liasiques déjà plissés et
2. la déformation atlasique est pénétrés par des roches magmatiques
précoce dans la partie axiale, où elle basiques. Toutes ces roches sont
s’effectue en régime transcurrent recouvertes par les séries marines du
(LAVILLE et al., 2004) ; la surrection de Crétacé supérieur, indice de l’altitude
la chaîne, plus tardive, résulte de basse de l’axe atlasique à cette époque.
montées mantelliques de type panache, Le Cénozoïque et le Quaternaire ne
indépendants de la situation de l’Atlas
sont pratiquement pas représentés sur
dans le contexte régional et dont
l’axe atlasique, mais ils sont restreints à
témoignerait, aussi, le magmatisme des
ses bordures. Au sud du Haut Atlas, la
Canaries et du Massif Central français répartition des séries détritiques au bord
(ZEYEN et al. 2005). nord du bassin de Ouarzazate
enregistre les étapes de la surrection de
la chaîne, à partir du Miocène, et la
54 54

mise en place de glissements gravitaires démontrée sur sa bordure est, le long


à vergence sud. de l’ »Accident sud moyen-atlasique ».
Le Haut Atlas occidental, avec une
épaisseur plus grande et un caractère 4. Les données géophysiques et
marin plus marqué des séries traduit sa les modèles tectoniques
proximité avec la marge atlantique en L’absence d’épaississement crustal
voie de constitution. important sous l’Atlas montre que le
Le Moyen Atlas présente, jusqu’au soulèvement ne résulte pas d’un
Jurassique moyen une évolution réajustement isostatique habituel dans
comparable à celle du Haut Atlas mais, les chaînes de collision. Par contre, il
à son extrémité nord-est, en direction
reste à envisager les conséquences de
du domaine rifain, le milieu reste marin
l’amincissement, jusqu’à 80 km, de la
au Jurassique supérieur-Crétacé inférieur.
lithosphère sous l’Atlas, qu’accompagne
la mise en place de magmas alcalins
3. La tectonique atlasique
cénozoïques et quaternaires dont, par
Il est fondamental de souligner le fait exemple, ceux du Siroua.
que la déformation des séries de la Les principaux modèles tectoniques
couverture ne s’effectue pas à la même concurrents sont fondés : i) ou bien sur
époque dans l’ensemble de l’Atlas : une structuration et une surrection
dans l’axe de la chaîne, et ceci est atlasique cénozoïque, contrôlées par un
particulièrement bien démontré dans le épaississement crustal en relation avec
Haut Atlas, le plissement, qui s’ac- l’orogenèse rifaine ; ii) ou bien sur une
compagne de la mise en place des structuration transpressive mésozoïque
magmas basiques dans des sites en suivie d’une surrection miocène, peut-
extension locale, est réalisé avant le être au droit d’un panache mantellique.
Bathonien. On montre que les anciens
dépocentres évoluent en synclinaux à
fond plat, tandis que les rides
sédimentaires qui les séparaient
deviennent des anticlinaux pincés.
L’ensemble est réalisé dans un régime
transpressif sénestre le long de failles N
70 E.
A l’issue de la déformation de l’axe
atlasique, il ne se produit pas de
surrection, puisque la chaîne est recouverte
par la transgression crétacée.
L’exhaussement débute au Miocène. Il
donne lieu au dépôt de matériels
détritiques sur les bordures nord et sud
de l’Atlas, qui sont ensuite recouverts
par des chevauchements divergents,
parfois visibles à l’affleurement, parfois
aveugles.
Le style du Moyen Atlas est comparable
avec, par exemple, l’inversion tectonique
1 1

5. LE RIF

5.1. Le découpage structural du Rif


5.1.1. Les zones structurales
etc..) de la chaîne alpine de Méditerranée
On distingue classiquement plusieurs occidentale. Du nord-est au sud-ouest, ou
zones structurales dans le Rif, dont du nord au sud, ce sont les Zones internes,
chacune trouve son équivalent dans la zone des Flyschs et les Zones externes
d'autres régions (Bétiques,Tell algérien, (Fig. 58,59).

Fig. 58. Carte schématique du Rif


2 2

Les Zones internes, qui trouvent leur Mésozoïque entre l'Afrique et l'Europe.
correspondant dans les Bétiques Là où elles sont le mieux développées,
internes (DURAND-DELGA, 1972) et elles se composent de plusieurs unités
les Kabylies, sont représentées au cristallines et sédimentaires. Les première
Maroc essentiellement dans deux régions, sont les Sebtides qui, affectées par un
toutes deux sur la côte méditerranéenne : important métamorphisme alpin, incluent
entre Sebta (Ceuta) et Jebha, et dans des péridotites mantelliques ; les
les Bokkoya. Par leur origine, ces zones secondes, Ghomarides et Chaîne calcaire,
sont liées à la plaque (ou au domaine) sont formées de terrains paléozoïques et
d'Alboran (CHALOUAN et MICHARD, de leur couverture mésozoïque, plus ou
2004 et travaux cités), individualisée au moins décollée.

Fig. 59. Coupe dans le Rif


Le Domaine des Flyschs jalonne l'arc Le Domaine externe correspond à
rifain à l'ouest et au sud des zones l'ancien sillon externe, établi sur la marge
internes. Les unités qui le constituent nord-africaine, comblé par d'épaisses
sont formées de séries sédimentaires séries méso- et cénozoïques. Les
détritiques déposées dans un bassin paysages, avec des collines basses à
profond, à la marge de la plaque substratum marneux, diffèrent
d'Alboran. Comme en Algérie, on profondément de ceux des autres zones
distingue des flyschs proximaux du Rif, armées par les calcaires et les
(maurétanien) et distaux (massylien), barres gréso-schisteuses. Parmi les
d'âge Crétacé inférieur, Oligocène et unités qui constituent ce domaine,
Miocène basal, et un flysch numidien en certaines sont enracinées et d'autres
position structurale haute, Aquitanien et sont des nappes gravitaires.
Burdigalien basal.
3 3

5.1.2. Les rapports structuraux Chaînes Bétiques d'Espagne. Ce sont


entre les zones rifaines des ensembles d'unités allochtones
alpines, empilées les unes sur les
Une part importante de la structuration autres. Du nord-est au sud-ouest, en
du Rif est récente, mio-pliocène. Elle se première approximation, on rencontre
caractérise par un style tectonique très successivement (Fig. 60) :
différent de celui des Atlas, avec une - les Sebtides : terrains cristallins en
vergence extrêmement affirmée vers le unités de moins en moins
sud et l'ouest-sud-ouest (fig. 59), et la métamorphiques de la base au sommet.
mise en place d'un édifice complexe Ce sont les orthogneiss du Monte
d'unités allochtones. Les Zones internes Hacho (Sebta) et les péridotites de
sont charriées, vers le sud-ouest et le Sebta et des Beni-Bousera ; les gneiss
sud, sur les nappes des Flyschs qui kinzigitiques ; les gneiss et micaschistes
reposent elles-mêmes sur les unités de Filali ; les schistes de Federico;
externes. La disposition réelle est, bien - les Ghomarides : séries surtout
entendu, plus complexe que cette paléozoïques, faiblement métamor-
distinction schématique, chaque domaine phiques, avec des restes d'une
étant lui-même divisé en plusieurs unités couverture réduite non métamorphique;
allochtones, plus ou moins indépendantes les - la Dorsale calcaire : ensemble de
unes des autres. On conçoit les difficultés terrains calcaires mésozoïques et
qu'ont pu représenter leur individualisation détritiques cénozoïques, probable
et la mise en évidence de leurs relations couverture diverticulée des Ghomarides.
mutuelles. Une autre sorte de difficultés
surgit, d'ailleurs, dans la recherche de 5.2.1. Les Sebtides
la patrie de ces nappes et de la
paléogéographie antérieure au serrage. Les unités Sebtides, distribuées autour
On trouvera dans la littérature les échos d’antiformes post-métamorphiques (Beni
des controverses qui ont alimenté, par Mezala et Beni Bousera) comportent,
exemple, la question de l'origine des de la base au sommet :
Flyschs dont un excellent résumé est
donné, à l'époque, par MICHARD (1976). 5.2.1.1. Les péridotites des Beni Bousera
Outre la tectonique tangentielle repré- Au cœur du massif, les lherzolites
sentée par la mise en place des rubanées prédominent (KORNPROBST,
diverses nappes rifaines, des accidents 1974). Là, elles sont faiblement serpen-
transcurrents à jeu sénestre comme tinisées, mais la serpentinisation est
ceux de Jebha et du Nekor ont participé totale, sur une épaisseur parfois pluri-
de façon importante à la structuration décamétrique, au toit. Des filons
de la chaîne. Leur localisation dans le leucocrates tardifs, résultat de l'anatexie
Rif oriental et central confère à ces des roches métamorphiques de l'encaissant,
parties de la chaîne des caractères recoupent les structures symmétamorphiques
différents de ceux du Rif occidental. (REUBER et al., 1982).

5.2. Le Rif interne 5.2.1.2. Les gneiss kinzigitiques


Ce sont des gneiss granulitiques à
De Sebta à Jebha, et de la Méditerranée grenats, felspath potassique, sillimanite
à Chefchaouen, le Rif interne est prismatique, parfois disthène, biotite,
constitué de plusieurs zones dont cordiérite et graphite, qui forment une
chacune trouve son équivalent dans les zone elliptique de 50 à 200 m d'épaisseur
4 4

autour des péridotites. Sur le terrain, les carbonatée métamorphique à galets de


kinzigites sont associées à des roches kinzigite, et enfin filons leucocrates tardifs
diverses : pyroxénites, marbre, brèche semblables à ceux qui recoupent les
péridotites.

Fig. 60. Carte et coupe dans le Rif interne


5 5

5.2.1.3. Les gneiss et micaschistes en montrant, avant cette évolution, une


de Filali phase d’accroissement de la pression,
Ce sont surtout des gneiss. A leur qui aurait pu s’effectuer de 44 à 27 Ma,
base, ils contiennent des niveaux de conduisant aux faciès de Schistes bleus
migmatites. Disséminés dans la série se et d’éclogites (BOUYBAOUENE et al.,
trouvent aussi des niveaux de leptynites 1995). Faut-il, pour autant, considérer
et des enclaves basiques (pyroxénites que ce métamorphisme HP-BT « ancien »
et amphibolites). A leur sommet, ils a affecté aussi le reste des Sebtides, où
passent progressivement aux micaschistes à il aurait été masqué ultérieurement par
grenat, disthène et sillimanite. Les l’épisode HT-BP à environ 27 Ma ?
Bétiques d’Espagne, strict équivalent de Quoi qu’il en soit, le métamorphisme
la chaîne rifaine, contiennent, dans leur majeur est contemporain de l’indivi-
partie orientale, des antiformes qui portent à dualisation d’une foliation accompagnée
l’affleurement, sous les Alpujarrides (= de linéations d’étirement NNE-SSW qui
Sebtides), les Unités Nevado-Filabrides, traduisent le chevauchement ductile
témoins d’une ancienne croûte vers le nord. Puis viennent des
océanique ou transitionnelle. épisodes de crénulation réalisés durant
l’exhumation du bâti, et enfin, une
5.2.1.4. Les unités de Federico structuration extensive qui s’effectue à
Elles se composent de roches argilitiques basse pression et à température
et de quartzites métamorphiques, d’âge décroissante.
permo-triasique, et de carbonates du
Trias moyen, eux aussi métamorphisés. 5.2.2. Les Ghomarides
5.2.1.5. Vue d'ensemble sur le Les Ghomarides correspondent aux
métamorphisme et la déformation des Malaguides des Cordillères bétiques et
unités Sebtides elles ont aussi leur équivalent dans le
Les structures et les paragenèses des socle kabyle. Elles sont composées de
Sebtides témoignent d’un métamorphisme trois nappes alpines : Aakaïli, Koudiat-
alpin polyphasé dont les épisodes Tiziane et Beni-Hozmar, empilées dans
successifs sont résumés par CHALOUAN cet ordre. La majeure partie de leur
et MICHARD (2004) d’après les matériel est constitué de roches
datations et les travaux disponibles. Le paléozoïques et, même si leur indivi-
chemin du métamorphisme qui a affecté dualisation est surtout alpine, leur
les unités crustales de Beni Bousera et déformation interne est surtout hercynienne
Filali montre une évolution rétrograde (CHALOUAN et MICHARD, 1990).
depuis des conditions sévères atteignant
1,5 à 1,8 Gpa et environ 800°C dans les 5.2.2.1. Le matériel (Fig. 61)
granulites d’Ichendirene jusqu’à 0,6 Ppa
et 400°C. Dans le détail, cette évolution a- Paléozoïque inférieur et moyen
correspond à une exhumation isotherme,
suivie d’une décroissance de la tem- La Nappe d'Aakaïli, épaisse de 800 à
pérature. Les datations isotopiques 900 m, est divisée en quatre ensembles
suggèrent un âge Miocène inférieur (22- lithologiques, de la base au sommet :
19 Ma) pour cette évolution. - une série terrigène de faible
L’unité la plus profonde des nappes profondeur, à sédiments fins, schisto-
permo-triasiques de Beni Mezala, dans la gréseux, et grossiers, conglomératiques.
région de Ceuta (Sebta), se distingue Des calcaires apparaissent au sommet.
6 6

Cet ensemble représente vraisem- lesquelles elles présentent cependant


blablement l'Ordovicien supérieur et la beaucoup d'analogies, est la présence,
base du Silurien; au Dévonien, de calcaires récifaux de
- des roches détritiques immatures : plate-forme, jamais rencontrés ailleurs
grauwackes et arénites, disposées en dans les Ghomarides.
séquences turbiditiques dans lesquelles
s'intercalent des sédiments hémipélagiques Les faciès sédimentaires et leur dis-
(lydiennes) et des calcaires pélagiques à position dans les unités allochtones
orthocères et crinoïdes; alpines permettent la reconstitution de
- un niveau de 20 m d'épaisseur, la paléogéographie au Paléozoïque
constitué par une "trilogie" : spilites en inférieur et moyen. Toutes ces unités
coussins-lydiennes-calcaires présentent un faciès semblable à
micritiques; l'Ordovicien supérieur (?) et au début du
- un flysch carbonaté épais (500-600 m) : Silurien, indiquant une mer épi-
les "calizas alabeadas". Les séquences continentale alimentée en détritiques
turbiditiques complètes, l'absence de depuis le sud. Les apports sont
conglomérats, etc. montrent qu'il s'agit généralement fins, mais des décharges
d'un ensemble turbiditique proximal à conglomératiques indiquent des
intermédiaire. Les paléocourants sont mouvements tectoniques dans les
orientés du sud vers le nord. L'âge de zones d'apport. Au Silurien moyen et
cette série n'est pas exactement supérieur, un bassin est créé à
délimité, mais on sait que le Famennien l'emplacement de la plate-forme et il
y est représenté. entame une évolution marquée par une
succession de phases de subsidence
La Nappe de Koudiat-Tiziane présente où se déposent des séries turbiditiques,
des faciès comparables à ceux de la et d'épisodes de comblement marqués
Nappe d'Aakaïli. Le quatrième ensemble par le dépôt de sédiments pélagiques.
y a une épaisseur d'au moins 600 m ;
c'est, ici aussi, une turbidite proximale à Au Dévonien, on distingue trois faciès
intermédiaire. Sa base est datée du caractéristiques de trois zones, du sud
Lochkovien par des graptolites. La vers le nord : 1) des dépôts intertidaux
rareté des niveaux carbonatés, récifaux et néritiques à Talembote et
remplacés par des lydiennes, suggère un dans les Bokkoya ; 2) des dépôts
milieu de dépôt au-dessous ou à la pélagiques de talus, à sédimentation
limite de compensation des carbonates. condensée dans la Nappe de Beni-
Hozmar ; 3) des dépôts de bassin
La Nappe de Beni-Hozmar est formée profond, plus proximaux dans l'unité de
de terrains contemporains de ceux des Koudiat-Tiziane que dans celle
deux unités précédentes. Les faciès d'Aakaïli. Ce bassin profond était établi
sont comparables, bien que plus riches sur une croûte vraisemblablement
en calcaires pélagiques à tentaculites. amincie. Son existence est attestée
localement jusqu'au Famennien. La
Aux trois nappes classiquement Phase fini-dévonienne (voir plus bas)
décrites dans les Ghomarides, on est la cause d'un arrêt de la
associe les deux klippes tectoniques de sédimentation, qui ne reprendra qu'au
Talembote et des Bokkoya posées sur Viséen supérieur.
la Dorsale calcaire. La différence
importante avec les autres unités, avec
7 7

Fig. 61. Colonnes lithostratigraphiques des unités Ghomarides


8 8

b- Carbonifère des terrains cristallins du Rif interne à


La série du Paléozoïque inférieur et l'Oligocène supérieur, après leur structuration
moyen est recouverte, en discordance majeure et l'empilement des nappes.
angulaire, par une série turbiditique Par la suite, les nappes internes et
épaisse de 700 à 800 m qui contient leur couverture oligo-miocène sont
des faunes du Viséen supérieur- recouvertes par des éléments allochtones
Namurien inférieur. Comme celle du comme le lambeau numidien du jbel
Dévonien, la paléogéographie au Car- Zem-Zem.
bonifère est organisée selon une
répartition méridienne des faciès. Le 5.2.2.2. La déformation hercynienne
milieu est très proximal au sud, dans
l'aire de dépôt des unités de Beni- -a. La déformation éo-varisque
Hozmar et de Talembote; vers le nord, Les plis fondamentaux P1 sont
c'est-à-dire dans la zone de dépôt de isoclinaux. Ils sont orientés N 30 E,
l'unité de Koudiat-Tiziane et, plus avec un déversement à l'WNW. La
encore, celle d'Aakaïli, les séquences schistosité de plan axial, subparallèle
sont plus distales. C'est donc du sud aux flancs, est ordinairement peu
vers le nord que le bassin s'approfondissait. pentée ; elle s’accompagne d’une
linéation d'étirement orientée N 10-20
c- Trias et niveaux sédimentaires plus E. Ces structures initiales sont reprises
récents par des plis P2, toujours déversés au
Une série triasique peu épaisse NW, accompagnés par une crénulation
repose en discordance sur les terrains S2 symmétamorphique et une seconde
paléozoïques plissés. Ce sont des linéation NE-SW. Des cisaillements se
séquences fluviatiles détritiques et développent, avec une vergence vers le
grossières et des dolomies qui, à leur NNE. La Nappe d'Aakaïli est une
sommet, représentent le Carnien. Elles tranche de terrains suffisamment
contiennent parfois des coulées épaisse pour que l'on puisse y
volcaniques, spilites et quartz-kératophyres reconnaitre un gradient de déformation
alcalins. Leur sédimentation accompagne et de métamorphisme croissant en
une tectonique distensive. Au sommet, profondeur, vers la base de la nappe :
elles passent à des dolomies du Trias dans cette direction, les plis P1 et
supérieur, à faciès austro-alpin, puis à surtout P2 sont de plus en plus fermés, la
des calcaires liasiques et localement à schistosité est de plus en plus
des calcaires à nummulites de l'Eocène. pénétrative, et les cisaillements plus
Une série transgressive "oligo- ductiles. A l'époque de cette déformation,
miocène", comparable à la "série oligo- la base de cette nappe est affectée par
miocène kabyle", scelle les contacts un décollement ductile. Il semble donc
entre les nappes ghomarides et que le découpage alpin qui a individualisé
remanie à la fois le matériel de ces l'unité d'Aakaïli n'a fait que réutiliser, en
nappes et des micaschistes semblables conditions moins métamorphiques, une
à ceux des Sebtides (FEINBERG et al., structure hercynienne.
1990b). La discordance de ces terrains L'âge de cette déformation sym-
détritiques, où l'Oligocène supérieur est métamorphique est compris entre le
représenté, sur ceux des nappes Famennien, dernier terrain affecté, et le
internes, où le métamorphisme est daté Viséen supérieur dont les terrains,
à environ 25 Ma, implique une discordants, ne sont pas affectés par ce
remontée et une érosion très rapides métamorphisme épizonal. La fourchette
9 9

peut d'ailleurs être resserrée par la datations isotopiques effectuées révèlent


comparaison avec la Kabylie et les que la base que la base de la nappe
Malaguides, où des terrains du Tournaisien ghomaride inférieure (nappe d’Aakaïli),
supérieur sont discordants. Aussi, l'âge en contact direct avec les Sebtides, a
de la déformation est fixé au Dévonien subi un métamorphisme ayant atteint le
terminal. C'est la "Phase éo-varisque", faciès schiste vert à –25 Ma, en même
ou hercynienne précoce. temps que se développait le méta-
morphisme des Sebtides (MICHARD et
-b. La déformation tardi-varisque al., 1983 ; CHALOUAN et al., 2001 ;
Elle est la seule à affecter les séries CHALOUAN et al., 2003). Les nappes
carbonifères. Par contre, elle se superpose ghomarides supérieures ont été très
aux plis P1 et P2 dans les terrains peu touchées par ce métamorphisme.
siluro-dévoniens. Les plis P3 qui se Les âges K/Ar obtenus sur ces nappes
développent alors, plus ou moins croissent en s’éloignant du contact
ouverts et isopaques, sont orientés NW- Ghomarides/Sebtides. Dans l’une des
SE (E-W dans les Bokkoya) avec un nappes ghomarides supérieures (nappe
déversement variable. Ils sont ac- de Beni Hozmar) un âge de 259 ± 5Ma
compagnés par une schistosité fruste et est obtenu. Ceci implique que les
un métamorphisme tout au plus nappes ghomarides sont mises en
anchizonal. Leur âge est antérieur au place sur les Sebtides pendant que ces
Trias. Bien que le Permien ne soit pas dernières étaient encore chaudes.
représenté ici, on considère que cette - une distension récente, liée à
déformation est anté-permienne, d'âge l'effondrement de la mer d'Alboran.
Carbonifère supérieur.
5.2.3. Vue d'ensemble sur les
5.2.2.3. Les événements alpins Sebtides et les Ghomarides
Les déformations alpines seront évoquées
plus loin. Signalons seulement ici qu'elles Dans les Sebtides et les Ghomarides,
comprennent des épisodes distensifs et les effets respectifs des orogenèses
compressifs parmi lesquels on peut hercynienne et alpine ont été distingués.
distinguer : Ici et là, on est capable d'assigner avec
- une distension triasique NNE-SSW à certitude telle ou telle structure à l'une
E-W, marquée par le jeu de failles ou à l'autre de ces orogenèses. Ceci est
synsédimentaires et le dépôt de brèches surtout vrai pour les Ghomarides, où
intraformationnelles; l'évolution métamorphique n'a jamais
- un stade globalement compressif, été suffisante pour empêcher les datations
mais comprenant quelques distensions paléontologiques ou les corrélations
localement exprimées, de l'Eo-Oligocène lithostratigraphiques, ni pour obscurcir les
avec la mise en place des nappes relations entre les divers ensembles.
alpines jusqu'aux plissements, charriages Pour les domaines plus métamorphiques
et décrochements miocènes. Le stade des Sebtides, la distinction entre les
de mise en place des nappes ghomarides mouvements hercyniens et alpins est
a consisté d’abord en leur empilement souvent délicate. Les points généralement
en 4 nappes puis à leur charriage sur admis sont les suivants :
les Sebtides. Ceci est attesté par le i. Il existe une déformation hercynienne
métamorphisme alpin enregistré surtout polyphasée dans toutes les nappes
à la base de ces nappes. Ainsi, des ghomarides (et dans certaines unités
10 10

sebtides supérieures : BOUYBAOUENE tectoniques contemporains du méta-


et al. 1998) ; morphisme des Sebtides sont alpins et ils
ii. Ces structures hercyniennes sont correspondent, à la fin de l'Oligocène,
reprises par des déformations et un à l'individualisation et la mise en place
métamorphisme alpin. Les déformations des nappes. Enfin, le stade distensif
alpines sont peu pénétratives dans les tardif serait à relier à la relaxation récente
Ghomarides et symmétamorphiques d'où est issue, en particulier, la mer
dans les unités Federico; d'Alboran.
iii. Dans les Sebtides internes, ou
inférieures : l'unité de Filali, les gneiss 5.2.4. La Chaîne calcaire
kinzigitiques et les péridotites de Beni-
Bousera, on met en évidence des Cet ensemble est situé, structuralement,
déformations superposées, et l'existence entre les unités métamorphiques du Rif
de structures hercyniennes reprises à interne et en particulier les Ghomarides,
l'Alpin est très probable. En fait, des et le domaine des Nappes des Flyschs.
datations radiométriques effectuées sur Il est lui-même débité en écailles à
les Sebtides inférieures et leur équivalent vergence externe au sud de Tetouan et
bétique, les Alpujarrides, ont fourni des à vergence interne au nord. On y
âges anciens, hercyniens. Ainsi, les distingue trois segments, séparés par
orthogneiss de Sebta et ceux de Torrox des accidents transverses, qui possèdent
dans les Alpujarrides livrent des âges de grandes similitudes tant au point de
voisins de 290 Ma, les derniers obtenus vue de leur colonne stratigraphique que
à partir d‘analyses U-Pb de zircons de leur style tectonique : la Dorsale, entre
isolés (microsonde ionique : ZECK et Tetouan et l'accident de Jebha ; le
WHITEHOUSE, 1999). Dans les kinzigites Haouz, entre Tetouan et le jbel Moussa,
de Beni Bousera, des datations par U- dans le Détroit de Gibraltar ; les Bokkoya,
Th-Pb de grains de monazite ont livré des à l'ouest d'Al Hoceima. Après les
âges de 294 ± 29 Ma (MONTEL et al., observations fondamentales de FALLOT
2000). Les âges isotopiques à 20- (1937), de nombreux travaux ont été
25 Ma fournis par ces roches méta- consacrés à cette zone ; les plus
morphiques suggéreraient, à ne considérer notables seront mentionnés plus bas.
qu'eux, une structuration alpine tardive.
On aboutit ainsi au schéma suivant : 5.2.4.1. La colonne sédimentaire
le socle du Rif interne est celui du Bloc
d’Alboran (lui-même prolongé dans les a. La Dorsale calcaire
Bétiques, Kabylies, Calabre, etc.. actuelles). Sur la base de différences entre les
Au Maroc, ce noyau hercynien se trouve faciès sédimentaires contemporains, on
à l’affleurement dans les Ghomarides distingue des unités internes, à séries
où il est encore reconnaissable malgré condensées, et des unités externes.
le découpage par des nappes alpines.
En revanche, en dehors des Ghomarides, + Dans la Dorsale interne, on prendra
dans les plus profondes des Sebtides, comme exemple l'Unité de Hafat
l’empreinte alpine est déterminante et Ferkenich, épaisse au maximum de
elle masque les événements plus quelques dizaines de mètres ; elle se
anciens ; le stade d'amincissement compose, selon EL KADIRI et al.
crustal au cours duquel les péridotites (1992), de :
sont dénudées est une ouverture - dolomies bréchiques du Trias
supérieur ;
téthysienne. Les épaississements
11 11

- calcaires massifs blancs du Lias -1 m de radiolarites à nodules calcaires.


inférieur (jusqu'au Sinémurien supérieur) Dans le jbel Lakrâa, ce niveau représente
karstifiés à leur sommet; le Dogger et le Malm jusqu'au Kimmeridgien
- calcaires ferrugineux de type Ammonitico supérieur-Tithonique inférieur;
rosso à nombreuses ammonites - olistostrome d'âge Crétacé inférieur,
(Protogrammoceras, Arieticeras, Lio- ravinant les radiolarites.
ceratoïdes, Hildoceras, Calliphylloceras,
etc.. représentant l'intervalle Domérien
inférieur-Toarcien. On note la lacune
presque générale du Carixien et du
Domérien supérieur, périodes d'émersion
et de karstification;
- calcaires massifs du Tithonique
inférieur, calcaires lités à calpionelles du
Tithonique supérieur et du Berriasien,
radiolarites et faciès ammonitico rosso du
Malm, en remplissage des poches des
paléokarsts creusé dans les séries
sous-jacentes;
- marnes rouges et vertes à
Globotruncana du Crétacé supérieur, en
discordance de ravinement sur les
termes inférieurs.

+ Dans la Dorsale externe (Hafat Nator,


jbel Lakrâa, etc..), la succession est la
suivante, de la base au sommet :
- 100 à 300 m de dolomies massives
à stromatolites passant vers le haut à des Fig. 62. Colonnes dans la Dorsale
alternances calcaréo-dolomitiques externe
à forte teneur argileuse, en même
temps que le milieu devient infratidal. + Au sud-est de la Dorsale calcaire
L'âge, déterminé par Chlamys proprement dite, DE WEVER et al. (1985)
(Praechlamys) transdanubialis et Rhaet- reprennent des travaux antérieurs dans la
avicula contorta, est carnien et rhétien ; région de Chrafate, située à proximité de
- 20 à 60 m de calcaires massifs de la Dorsale et chevauchée par elle (Fig.
l'Hettangien au Sinémurien p.p. ; 62). Cette "zone prédorsalienne"
- 10 à 20 m de calcaires noduleux ou (DIDON et al., 1973), en position
bréchiques à Arnioceras du Lotharingien structurale intermédiaire entre la Dorsale
- 20 à 60 m de calcaires à silex du calcaire et les nappes de flyschs, est
Pliensbachien, contenant des brèches caractérisée par des klippes
intraformationnelles grossières et des sédimentaires parfois de très grande
turbdites calcaires. Ils contiennent taille. La colonne stratigraphique
Arieticeras et de nombreux brachiopodes
prédorsalienne rappelle celle de la
(Rhynchonellina, Scalpellirhynchia, etc.) ;
Dorsale, mais le caractère le plus
- 5 à 30 m de marnes siliceuses, parfois frappant de cette série est la présence de
bitumineuses à Posidonia alpina du
blocs glissés et d'autres indices de
Toarcien moyen-supérieur ; resédimentation dans divers niveaux
12 12

stratigraphiques : Domérien, Dogger, - calcaires lités à silex, représentant le


Malm, Albien, Sénonien inférieur, Tertiaire Lias moyen, montrant des faciès de
(Oligocène-Burdigalien). La constance pente et de bas de pente. Ils passent à
de cette fragmentation sédimentaire est des faciès d'Ammonitico rosso (calcaires
mise au compte de la dislocation répétée, noduleux rouges) ;
depuis le Lias moyen, de la marge - marno-calcaires du Toarcien ;
méridionale de la Dorsale calcaire - une série condensée (60 à 80 m
externe, avec l'individualisation de blocs d'épaisseur) à Ammonitico rosso,
basculés et le jeu de failles normales calcaires à filaments et radiolarites,
listriques au pied desquelles s'accumulent représentant les étages du Jurassique
les blocs exotiques glissés, à chaque moyen au Crétacé inférieur ;
fois recouverts par les niveaux sédi- - après un Crétacé supérieur et un
mentaires pélagiques sus-jacents. Paléocène peu représentés, la série
On voit que les colonnes strati- transgressive de l'Eocène moyen à
graphiques des segments interne et l'Oligocène comporte des conglomérats,
externe de la Dorsale calcaire se distinguent des arénites et des marnes à blocs.
par des caractères importants:
Les unités orientales, internes,
- les épisodes d'émersion et de
montrent une succession peu différente,
karstification présents seulement dans
à ceci près que le Permien-Trias
la Dorsale interne;
inférieur (?) est représenté, avec des
- le développement des brèches et
faciès détritiques, et que les niveaux
des autres faciès particuliers : ammonitico
condensés apparaissent plus tard dans
rosso, radiolarites, etc.. , plus précoce
la série.
dans la Dorsale externe. On verra plus
bas les conséquences qu'en tirent les Dans toutes les unités du Haouz, de
auteurs. nombreux indices tels que paléofailles
normales, plis synsédimentaires de
b. Les coupes du Haouz, autrefois glissement, variations d'épaisseur,
décrites par RAOULT (1966), ont été discordances progressives, etc.. montrent
reprises par la suite par EL HATIMI et al. l'intervention d'une tectonique distensive
(1991) qui introduisent une simplification dès le Lias inférieur-moyen dans les
dans le tableau quelque peu compliqué zones externes, un peu plus tard dans les
fourni par les travaux antérieurs, en zones internes.
distinguant les unités occidentales et
orientales. Les premières sont d'origine c. Les Bokkoya
externe. Leur colonne est constituée, de Dans les Bokkoya (MEGARD, 1969),
la base au sommet, par : la colonne stratigraphique montre des
- dolomies à stromatolites, intertidales similitudes importantes avec celles de la
à supratidales, du Trias supérieur. Leur Dorsale calcaire, suffisantes pour que
épaisseur, considérable, est comprise l'on considère que ce segment
entre 900 et 1 500 m ; correspond au prolongement de la
- marno-calcaires du Carnien, à fentes Dorsale, actuellement disloqué. L'unité
de dessication ; structurale la plus basse est composée
- alternances calcaréo-dolomitiques de grès et de marnes, avec des lits
du Rhétien, à faciès de récifs et mais aussi des blocs calcaires dont les
d'arrière-récifs ; âges stratigraphiques correspondent à
- calcaires et dolomies massives de l'Eocène moyen-supérieur et à l'Oligocène
l'Hettangien ; supérieur, voire au Miocène. Au-dessus,
13 13

la nappe du J. Busicur est constituée de surrection successifs marqués


de: chacun par une karstification. A cette
- dolomies triasiques épaisses d'au époque, la partie externe est au
moins 300 m ; contraire un domaine effondré par des
- calcaires, dolomies et marnes du failles normales, où les séries sédi-
Rhétien à Avicula (50 m) ; mentaires s'organisent en fonction des
- calcaire à silex et calcaires à filaments blocs basculés. On se trouverait à la
du Lias inférieur (à Lituosepta sp.) au bordure occidentale du Bloc crustal (ou
Malm (?) : 300-400 m ; microplaque) d'Alboran, dont la Dorsale
- radiolarites, marnes et microbrèches externe représenterait la marge occi-
du Tithonique (50 m) ; dentale. Dans la Chaîne calcaire
- calcaires et microbrèches du Paléocène s'inscrivent donc les stades successifs de
à Microcodium et de l'Eocène inférieur à la constitution d'une marge passive, plus
nummulites, milioles, etc.. (50 m) ; ou moins directement liée à l'océan
- marnes et microbrèches de l'Eocène
liguro-piémontais et à la marge
moyen-supérieur.
transformante nord-africaine. On y
La nappe du jbel Amekran, struc-
turalement plus haute, se distingue par reviendra.
la présence de fonds durcis post-Lias
inférieur, l'absence de nombreux niveaux 5.2.4.2. La déformation
sédimentaires, incluant parfois tout le
Jurassique et le Crétacé, et des faciès -a. Les nappes de la Dorsale
transgressifs, parfois conglomératiques,
de l'Eocène inférieur et moyen. Depuis FALLOT (1937) et DURAND-
Plus récemment, MOUHSSINE et al. DELGA et al. (1962), en particulier, on
(1990) décrivent, au-dessus de calcaires à sait que la Dorsale calcaire est constituée
silex rapportés au Sinémurien, un d'un ensemble de nappes, coincées
ensemble détritique épais de plusieurs entre les Ghomarides au NE et l'Unité
centaines de mètres où, de la base au de Tanger et les nappes de flyschs au
sommet, des mégabrèches passent à SW. Le grand nombre d'unités
des mégaturbidites puis à des calciturbidites allochtones individualisées qui, à
et des pélagites. La séquence résulte première vue, décourage l'analyse, est
d'éboulements au pied de falaises probablement le reflet de la réelle
(mégabrèches), relayés par des complexité structurale de la région. En
mégacourants de turbidité ou des première approximation, on définit -
écoulements granulaires (mégaturbidites) surtout, on l'a vu, sur des critères
et, enfin, des courants de turbidité de stratigraphiques et sédimentaires- des
faible densité (calciturbidites). Elle est domaines internes et externes au sein
interprétée comme une séquence synrift, de la Dorsale. Les unités internes
déposée dans des hémigrabens occupent une position structurale élevée,
individualisés au cours du rifting liasique. au-dessus des unités externes.
d. La Chaîne calcaire au Mésozoïque
L'opposition entre les séries sédi- + Les unités externes
mentaires mésozoïques des domaines Elles sont très développées au sud et
interne et externe de la Chaîne calcaire à l'est de la Dorsale. De la position
s'explique par une position haute du structurale la plus basse à la plus haute,
domaine interne, soumis à des épisodes on individualise plusieurs nappes
(NOLD et al., 1981) :
14 14

- La nappe du J. Lakraa. Elle repose à Akroud, dont les séries sont renversées,
l'ouest sur les unités prédorsaliennes ; à repose sur les unités externes et
l'est, elle est recouverte par la nappe du intermédiaires.
J. Tazoute ; - nappe d'El Babat et écailles d'Ouslaf.
- La nappe du J. Tazoute. Elle forme La nappe d'El Babat est l'unité la plus
toute la partie orientale de la Dorsale haute structuralement dans le nord de la
calcaire ; Dorsale, où elle est superposée à la nappe
- La nappe du jbel Tissouka. Au nord de de Hafa Ferkennix. Les écailles d'Ouslaf
l'oued Laou, elle repose tectoniquement forment le substratum tectonique de la
sur la nappe du jbel Tazoute ; au sud de klippe ghomaride de Talembote.
l'oued, elle est en contact anormal avec
la nappe du jbel Lakraa ; -b. Les unités du Haouz
- Les écailles d'Abou Bnar. Elles Dans le Haouz, les structures observées
reposent sur la nappe du J. Tazoute ; aux contacts entre les diverses unités
- La nappe de la Hafa-en-Nator, tectoniques : disharmonies, rabotage,
l'écaille de Saaden et les écailles de etc. (ex. KORNPROBST, 1966) montrent
Dar-el-Ghazi. Ces unités de faible que leur emplacement s'est réalisé sous
extension latérale sont empilées les l'effet d'une compression d'origine
unes sur les autres au sud de la cluse orientale. Le contact des unités du Haouz
de Tetouan et charriées sur les nappes avec les unités de flyschs est bien
des Beni-Ider et l'Unité de Tanger. marqué dans la topographie à cause des
lithologies très différentes des deux
+ Les unités intermédiaires ensembles. C'est un contact raide,
On regroupe ici des unités formées de souvent à fort pendage ouest. A leur
terrains partiellement datés, dont la bordure orientale, les unités du Haouz
position structurale est inférieure à celle peuvent chevaucher vers l'est les
des unités internes, et qui reposent en terrains paléozoïques (RAOULT,
contact anormal soit sur les nappes des 1966), mais souvent la disposition est
flyschs soit sur les unités externes. inverse et, à l'instar de celle de la Dorsale
calcaire s.str., ce sont les
+ Les unités internes terrains paléozoïques qui reposent en
Elles forment l'axe de la Dorsale, qui contact tectonique sur les unités méso- et
domine à l'est la route de Tetouan à cénozoïques du Haouz. La disposition
Chefchaouene ("la disparition de la d'ensemble du Haouz est une sorte
Dorsale externe sur ce segment d'éventail, entre les terrains paléozoïques
s'explique par le fait qu'elle est débitée en et cristallins à l'est et les flyschs à
olistolites dans les unités prédorsaliennes" : l'ouest.
EL KADIRI, 1992, in litt.). EL HATIMI et al. (1991) montrent que,
- Nappe de Hafa Ferkennix, unité des au cours de l'inversion tectonique, lors du
Bni Ahmed et du J. Akroud. Entre Tetouan serrage régional, les anciennes failles
et l'oued Laou, la nappe de Hafa Ferkennix synsédimentaires rejouent en failles
repose en contact anormal sur les unités inverses, les grabens évoluant en
externes et intermédiaires. A l'est, elle est pincées synclinales.
recouverte tectoniquement par la nappe
d'El Babat et les unités ghomarides. Au -c. Les Bokkoya
sud de l'oued Laou, les unités des Bni Les nappes sont ici charriées vers le
Ahmed sont charriées sur les écailles sud. L'unité dorsalienne inférieure, la
externes d'Abou Bnar. L'unité du J. nappe du J. Busicur (MEGARD, 1969),
15 15

repose en contact plat sur les terrains éo- Après un épisode distensif où l'extension,
oligocènes qui en représenteraient la marquée par des failles normales, est
couverture décollée. Des plis E-W sont NW-SE, se produit le charriage des
contemporains de sa mise en place; ils unités de la Dorsale interne sur les
sont repris par des plis NNE-SSW. La unités externes, acompagné par des
nappe d'El Hoceima, avec ses terrains plis à vergence W ou NW. L'ensemble
paléozoïques et triasiques, repose sur de ces structures, plis et plans de
celle du J. Busicur. La nappe du J. chevauchement, est ensuite repris et
Amekran, enfin, considérée comme la redressé par un serrage général qui
couverture décollée de celle d'El imprime à la chaîne son orientation
Hoceima, s'est avancée plus largement actuelle. Une distension, correspondant
au sud, où elle repose à la fois sur celle à celle décrite plus haut dans les unités
du J. Busicur et sur les terrains éo- cristallines, manifeste l'effondrement du
oligocènes. plancher d'Alboran.
L’écaillage tectonique au sein de la
-d. Evolution structurale de la Dorsale chaîne calcaire et sa mise en place sur
les nappes de flyschs et les unités
Deux épisodes orogéniques réalisent intrarifaines se sont effectués plus tard
la structuration de la Dorsale calcaire ; que la structuration des nappes
l'un, à l'Eocène moyen-supérieur, se ghomarides et sebtides. Ces dernières,
traduit par quelques plis, des discordances on l’a vu plus haut, ont été structurées à
et le dépôt de conglomérats ; le second, l’Eocène-Oligocène, alors que la Dorsale
majeur, est d'âge miocène. Il est calcaire l’était après le Burdigalien
responsable de l'architecture de la chaîne. inférieur, fort probablement en même
temps que la structuration des nappes
- La déformation éocène et les des flyschs (voir plus loin). Ceci, parce
conglomérats éo-oligocènes. que les formations d’âge burdigalien
Si quelques structures, surtout inférieur sont impliquées dans les
cassantes, peuvent être notées, témoignant contacts de nappes.
d'un régime compressif à l'Eocène,
aucune structure majeure n'est mise en
évidence correspondant à cette période. 5.3. Le domaine des flyschs
Des reliefs sont cependant créés,
marqués par le dépôt de conglomérats 5.3.1. Le matériel
dont l'âge s'échelonne du Lutétien-
Priabonien à l'Oligocène et peut-être 5.3.1.1. Généralités
même le Miocène inférieur. Ce domaine est constitué de plusieurs
séries (Fig. 58, 63), engagées dans une
- Les déformations miocènes. tectonique de nappes, qui ont été
Les premières structures sont des plis comparées aux unités définies en
NE-SW à vergence SE. La dorsale Algérie. La Nappe du jbel Tisirene
externe est ensuite affectée par des plis (DURAND-DELGA et al., 1962) est
cylindriques, en moyenne NW-SE, des constituée de terrains d'âge Crétacé
chevauchements parfois accompagnés inférieur et assimilée à la Nappe
d'une schistosité pénétrative et par le maurétanienne (GELARD, 1969). La
renversement des séries le long de la Nappe des Beni-Ider, avec ses terrains
bordure occidentale de la Dorsale au Crétacé supérieur-Miocène basal, en
sud de l'oued Laou. serait un diverticule. La Nappe de
16 16

Melloussa-Chouamat, dont les deux 1972). De même, on rencontre au Maroc


unités ont été décrites par DURAND- l'équivalent de la Nappe numidienne.
DELGA (1965) et ANDRIEUX et Notons, enfin, que des équivalents des
MATTAUER (1962), est assimilée à la nappes des flyschs rifains se trouvent
Nappe massylienne d'Algérie (RAOULT, dans les Bétiques (DIDON et al., 1973).

Fig. 63. Colonnes schématiques des unités des flyschs


17 17

5.3.1.2. La Nappe « maurétanienne » de la Dorsale calcaire, des niveaux


du jbel Tisirene permo-triasiques et carbonifères et des
Elle est épaisse d'environ 800 m au jbel séries cristallines du socle rifain, de plus
Tisirene et elle se compose de trois en plus érodé dans le temps, ou d’une
ensembles, de la base au sommet : terre étrangère inconnue à l’affleurement
- un ensemble pélagique du Dogger- qui a existé auparavant puis a disparu
Malm, avec des micrites à filaments au pendant les raccourcissements du
Jurassique moyen, des filons de dolérites, Miocène supérieur.
des radiolarites et des calcaires marneux Le problème de la patrie de la nappe
rouges au Callovo-Oxfordien, et des des Beni-Ider ne peut être résolu
alternances de micrites, de marnes, de aisément car cette nappe est déracinée.
jaspes et de microbrèches au Kim- A l'intérieur de la nappe, les faciès du
méridgien-Tithonique. Cet ensemble est Crétacé supérieur-Eocène sont de plus
épais de quelques centaines de mètres; en plus grossiers vers les unités
- un "préflysch" carbonaté du Néocomien. internes et, dans la partie interne du
Les calcarénites sont des calciturbidites. flysch, apparaît un ensemble resédimenté,
Elles alternent avec des marnes et des peut-être situé au sommet de la
argiles; séquence. Les klippes sédimentaires de
- le flysch du jbel Tisirene, daté de la cet ensemble ont des affinités dor-
base du Valanginien au sommet de saliennes, maurétaniennes ou numi-
l'Albien moyen. Les grès, des calcarénites diennes.
de type subarkose, montrent des figures
de glissement synsédimentaire. L'ensemble 5.3.1.3. La Nappe « massylienne »
représente un dépôt relativement de Chouamat-Melloussa
proximal de cône moyen. Il s'y intercale De la base au sommet, la nappe de
des lits de microbrèches calcaires et de Chouamat se compose de bancs de
calcaires pélagiques à calpionelles; pélites, de grès turbiditiques, de
- les niveaux sus-jacents (des Beni- schistes bleutés et de calcaires. Ces
Ider) se composent de séries dont l'âge derniers ont livré des foraminifères de
s'étale du Crétacé supérieur à l'Albien moyen-supérieur. C'est un
l'Oligocène supérieur-Aquitanien : ensemble turbiditique plus distal que la
. calcarénites granoclassées et séquence de type Tisirene. A sa base, il
niveaux siliceux, avec des conglomérats, renferme des klippes. Dans le Rif
du Cénomanien au Lutétien ; central, EL KADIRI et al. (1989)
. pélites silteuses lie-de-vin et détaillent la colonne stratigraphique de
calcarénites du Lutétien supérieur- la série des klippes de Targuist et
Oligocène, passant à un préflysch discutent les conditions de son dépôt.
Oligocène supérieur ; Les quatre membres qui la composent
. flysch gréso-micacé et marneux à sont :
l'Oligocène supérieur-Aquitanien. - des calcaires argileux et noduleux
C'est un flysch immature, à grains de avec des indices de glissements syn-
quartz anguleux et nombreux autres sédimentaires (Lias inférieur à supérieur) ;
éléments détritiques (micas, felspaths, - des calcaires oolitiques à séquences
éléments lithiques divers, en particulier turbiditiques et brèches ; le Dogger y
des éléments de roches métamorphiques : est représenté ;
phyllades et micaschistes), d'âge - des brèches polygéniques et
essentiellement Oligocène supérieur. Le radiolarites litées de l'Oxfordien au
matériel provient des assises carbonatées Berriasien ;
18 18

- des coulées de débris et turbidites, a livré Coccolithus pelagicus, Cyclo-


dont l'âge est compris entre le cargolithus floridanus, Discoaster druggli,
Berriasien et le Valanginien. etc. de l'Aquitanien supérieur-Burdigalien.
Ces séquences, intercalées à l'état de A sa base, la série numidienne repose en
klippes sédimentaires ou tectoniques contact sans doute anormal sur une série
dans le flysch albo-cénomanien de maurétanienne distale, avec parfois des
Chouamat, sont interprétées comme le argiles grises et des calcarénites fines à
dépôt d'une pente continentale développée nummulites de l'Eocène inférieur, elle-
au nord d'une plate-forme carbonatée. même en contact probablement anormal
Le flysch de Melloussa est semblable avec les marno-calcaires et les phtanites
à celui de Chouamat, mais avec des massyliennes reposant sur le Crétacé
bancs de grès quartzitique plus minces. supérieur de Tanger.
Des niveaux schisteux et gréseux Entre Sebta (Ceuta) et M'diq, dans la
stratigraphiquement inférieurs au flysch zone interne du Rif, le jbel Zem-Zem
ont fourni des orbitolines et une montre des lambeaux numidiens et leur
ammonite proche des Parahoplitidæ substratum (Fig. 64). L'ensemble n'occupe
(DURAND-DELGA, 1965). Au-dessus, que quelques kilomètres carrés ; la coupe
des alternances calcaréo-marneuses et montre de bas en haut:
des microbrèches représentent le
Cénomanien-Sénonien. - niveaux divers (schistes, grès, calcaires)
appartenant aux unités paléozoïques
5.3.1.4. La Nappe numidienne ghomarides ;
C'est un flysch gréseux d'âge Oligocène- - marnes sableuses transgressives, à
Miocène inférieur. Il est constitué de silexites, grès calcareux et brèches à
gros bancs de grès et de fins lits argileux éléments carbonifères. Leur âge est
arrangés en rythmes turbiditiques et Oligocène supérieur-Burdigalien inférieur ;
flexoturbiditiques. Le grès est formé - complexe chaotique à matrice
presque exclusivement de quartz, souvent argileuse comprenant des éléments de
à gros grains bien arrondis, avec des nature diverse : micrites, calcarénites,
dragées de quarts filonien ; le ciment galets, issus des séries numidiennes,
est ferrugineux. C'est un sédiment très mérinides et maurétaniennes, ainsi que
mature. des zones internes ;
Dans le Rif occidental, il forme des - pélites ;
crêtes bien marquées, armées par de - grès numidiens, en gros blocs isolés
nombreux bancs de grès, qui tranchent les uns des autres, à la partie supérieure
sur les collines molles à substratum du complexe chaotique.
crétacé de l'unité de Tanger et de la L'existence de ce Numidien reposant
nappe de Melloussa. C'est le cas, sur les unités du Rif interne a été à
particulièrement, de la crête du jbel l'origine de nombreuses discussions,
Karaha qui s'étend sur quelques selon qu'il est considéré soit comme un
dizaines de kilomètres de long en lambeau de la nappe numidienne
direction NW-SE, et forme souvent la d'origine "ultra", à l'est du Rif interne,
ligne de partage des eaux entre abandonné sur les Ghomarides lors de
Atlantique et Méditerranée. Dans cette son cheminement vers les zones plus
zone, les grès numidiens passent, à externes, soit comme une masse
leur sommet, à la formation d'Arhbalou. glissée vers l'est à partir d'une origine
Cet ensemble clair et finement siliceux, occidentale (hypothèse "intra").
d'une cinquantaine de mètres d'épaisseur,
19 19

Fig. 64. Jbel Zem Zem

Des données tectoniques et Dans le Rif central et oriental, les


cinématiques rencontrées à la base de affleurements de grès numidiens sont
cette unité (miroirs de faille à faible bien plus rares et clairsemés. Le plus
pendage vers l’est, contact de base de important est la klippe plurikilométrique
l’ensemble du lambeau de jbel Zem du jbel Berkane, dont certains pensent
Zem incliné vers l’est, stries de friction qu'elle repose en contact anormal sur la
orientées est-ouest) indiquent un nappe d'Aknoul.
déplacement vers l’est et suggèrent une Les séries mérinides (DIDON et
mise en place gravitaire de l’intérieur vers HOYEZ, 1978) sont un flysch oligocène
l’extérieur de la chaîne le long d’une à faciès mixtes, gréso-micacés (type
faille extensive faiblement pentée vers Beni-Ider) et gréseux (type numidien).
l’est (CHALOUAN et al., 1995). Une coupe levée à l'WSW de Tetouan
20 20

(MAATE et DIDON, 1989), montre sur 5.3.1.5. Disposition relative


500 m une évolution verticale de la Entre Tanger et Ceuta (Sebta), la nappe
composition de la série ; schéma-tiquement, maurétanienne de Beni Ider recouvre vers
on passe vers le haut de séquences à l’ouest la nappe massylienne de
grains fins et à bancs minces à des bancs Melloussa (Fig. 65, A,B), elle-même en
épais et grains grossiers. Parallèlement, les contact tectonique avec l’unité de
grès immatures de la base deviennent Tanger (voir ci-dessous). Par endroits,
matures au sommet, les carbonates elle se trouve directement au contact de
disparaissent et le cortège argileux l’unité externe de Tanger. L’ensemble
évolue, avec la disparition de la chlorite est recouvert, en contact plat, par la
et l'arrivée de la kaolinite. Tout se passe nappe numidienne. La même disposition
comme si l'on assistait à l'Oligocène au est retrouvée à l’est, dans les Bokkoya
relais d'une source proche du bassin (fig. 65 C) où, du sud au nord, et des
(les zones internes du Rif ?) qui unités structurales les plus basses aux
envoyait dans le bassin des sédiments unités les plus élevées, on rencontre
immatures de type de ceux du flysch avec une vergence générale vers le sud : i)
des Beni-Ider, par une source éloignée. l’unité de Ketama-Tanger ; ii) la nappe
Dans cette dernière (le continent massylienne de Chouamat ; iii) la nappe
africain ?), l'altération continentale était maurétanienne du Tisirene ; iv) les
importante et le temps de transit était niveaux chaotiques de la "Semelle tertiaire
suffisamment long pour concentrer les des Bokkoya" ; v) les unités prédorsaliennes
grains de quartz aux dépens des éléments et dorsaliennes. On reviendra plus bas sur
détritiques moins résistants, aboutissant à la cinématique de leur mise en place.
des séquences de type numidien.
21 21
Fig. 65. Coupes dans le domaine des flyschs
22 22

5.3.1.6. L’origine des flyschs


Après des dépôts détritiques qui, au Ce sillon de flyschs serait très
Malm et au début du Crétacé, traduisent profond, à croûte océanique, au moins
l’enfoncement du milieu marin et la localement. En fait, des roches vertes
création d’un sillon profond, les flyschs d’âge jurassique moyen-supérieur,
du Tisirène et massylien se déposent affleurant dans les nappes de Tisirène,
de la fin du Néocomien jusqu’à la fin de Chouamat et prédorsalienne au sud et au
l’Albien moyen. Ce sont des séries du SW du massif de Bokkoya (ainsi qu’en
Crétacé inférieur. Les séries numidiennes Sicile) ont une composition chimique de
et de Beni Ider, d’âge oligo-miocène, basaltes océaniques, ayant appartenu à
prennent le relais dans le temps des une série ophiolitique classique de type E-
premiers flyschs. MORB (DURAND DELGA et al., 2000).
Leur origine, c’est à dire la localisation
du (ou des) sillon(s) des flyschs –en
Algérie comme au Maroc- a été au
centre de longs débats.

Fig. 66. Origine « infra » des flyschs

On a émis plusieurs hypothèses pour en particulier par DURAND DELGA


ce sillon : i) une position dite ultra (par (1963) puis par CHALOUAN et
rapport aux zones internes), selon MICHARD (2004), selon laquelle le
laquelle les flyschs se seraient déposés sillon des flyschs était la marge
au nord du socle kabyle qu’ils auraient continentale africaine, entre l’actuel Rif
« dépassé » au cours de leur charriage externe et la dorsale, que celle-ci fût
vers le sud. Cette opinion a été largement continue ou non (Fig. 66). Enfin, une
partagée au Maroc, un argument majeur origine mixte a aussi été proposée en
étant la présence du « lambeau du jbel Algérie, avec un sillon des flyschs
Zem Zem », élément de la nappe externes et un sillon interne, de part et
numidienne à semelle de flysch Beni d’autre des zones internes. On
Ider posée sur les nappes du socle remarquera avec BOUILLIN (1986) que
rifain ; ii) une position infra, privilégiée les flyschs maurétaniens et massyliens
23 23

se distinguent par leurs zones - Nappe de Tisirene, à structure


d’alimentation, à partir des zones interne chaotique (DURAND-DELGA,
internes pour les premiers et des zones 1965),
externes pour les seconds. Cependant, - Nappe numidienne et le
il faut se garder d’une conception Prédorsalien. Là encore, il s'agit de lames
simpliste de ces zones de sédimentation, de matériel compétent, redressées ou
et considérer d’une part qu’il n’est pas renversées, amenées en rabotage basal
certain que la dorsale calcaire ait été sur les unités structuralement inférieures.
continue sur toute la longueur de la Les unités des flyschs sont des lames
chaîne, et que, d’autre part, des peu épaisses, pelliculaires, amenées en
courants longitudinaux ont pu avoir leur « troncature basale » sur les séries plus
rôle dans la distribution des sédiments basses. Dans l'ensemble du Rif, des
issus du nord ou du sud du sillon. troncatures recoupent fréquemment des
plis à la base de ces unités allochtones.
Le dépôt du flysch numidien suit la
Elles ont été rapportés soit à un
mise en place du flysch massylien. Il
mécanisme de mise en place gravitaire
sera ensuite désolidarisé de son
lors d'une distension contemporaine de
substratum au Burdigalien, la fin de sa
leur mise en place, soit au contraire à des
mise en place datant du Tortonien.
cisaillements tectoniques. On montre
souvent, en Algérie, que les troncatures
5.3.2. La déformation basales sont les anciennes failles
listriques responsables de l’extension
Les unités des flyschs reposent sur initiale évoluées et, à ce titre, sont
les terrains du Crétacé supérieur de directement liées à l’individualisation et au
Tanger, eux-mêmes débarrassés de déplacement de l’unité chevauchante. Les
leur couverture cénozoïque, et elles « troncatures sommitales » de
sont recouvertes par le "Miocène post- l’autochtone, par contre, semblent bien
nappes". souvent préexister à la mise en place de
Dans le Rif occidental comme dans la nappe et n’être qu’une surface d’érosion
les Bokkoya, malgré les multiples sur laquelle s’avance l’allochtone.
variations locales, on retrouve
généralement l'édifice suivant, de bas
en haut (fig. 65 et CHALOUAN et al., 5.4. Le Rif externe
2006) :
- Unité de Tanger ou de Ketama (voir 5.4.1. Le dispositif structural (Fig.
ci-dessous); 58, 67)
- Unités de Melloussa où apparaissent
parfois en fenêtres les terrains autochtones Le dispositif structural d'ensemble de
relatifs. Au moins localement, les niveaux ce qui correspond aux unités telliennes
sédimentaires sont renversés; d’Algérie et de Tunisie est assez bien
connu. On empruntera dans une
- Nappe des Beni-Ider, qui peut reposer
première approche sa description aux
directement sur l'unité de Tanger. Sa
synthèses classiques de DURAND-
structure interne est faite de la
DELGA et al. (1962), SUTER (1980) et
juxtaposition de lames gréseuses de
WILDI (1983).
quelques centaines de mètres d'épaisseur.
Les directions moyennes des chevau-
chements et des axes de plis sont NW-
SE;
24 24

Fig. 67. Coupe dans le Rif externe


5.4.1.1. Unité intrarifaine de 5.4.1.2. Unités mésorifaines
Ketama-Tanger Définies par MARCAIS et SUTER (in
DURAND-DELGA et al., 1962), ces
L'Unité de Ketama (ANDRIEUX, séries jurassico-crétacées sont surmontées
1971) est constituée surtout de terrains par le Miocène discordant. Souvent en
mésozoïques, du Trias au Crétacé position structurale anticlinale, elles
moyen. Ces terrains sont en position correspondent à des fenêtres, en position
anticlinoriale, avec des structures d'autochtone relatif sous les nappes du
symmétamorphes d'âge miocène. Rif externe.
L'unité est charriée par la nappe de
Chouamat et elle chevauche elle- 5.4.1.3. Unités prérifaines et
même, vers le sud, les unités nappes rifaines
mésorifaines. Des plis et une schistosité -Les Unités prérifaines, ou Prérif, ont
peu pénétrative y sont présents. été définies, aussi, par MARCAIS et
L'Unité de Tanger (DIDON et al., SUTER (in DURAND-DELGA et al.,
1973), à matériel Crétacé supérieur et 1962). Elles comportent essentiellement
Tertiaire, est, comme celle de Ketama, des faciès marneux. Dans le Prérif
divisée en une unité interne (orientale) interne, des terrains jurassiques sont
et externe (occidentale), elle-même conservés mais le Prérif externe, par
bordée par les écailles de l'unité du contre, ne montre qu'un olistostrome
Loukkos. (complexe prérifain, ou nappe prérifaine)
réalisant le comblement, au Miocène
moyen et supérieur, de l'avant-fosse
25 25

rifaine. On discute de l'état du substratum est variable, plus importante à l'est où


de ces unités, écaillé vers le sud ou le une schistosité est observée.
sud-ouest, ou non déformé.
- Les Nappes rifaines sont des unités La question des relations mutuelles
complètement déracinées, reposant le entre ces zones est encore débattue.
plus souvent sur l'olistostrome prérifain, Pour les uns (ex. DURAND-DELGA et
mais aussi sur l’avant-pays ou sur les al., 1962; SUTER, 1980; LEBLANC,
unités intrarifaines. 1979; WILDI, 1983), les zones délimitées
Les nappes rifaines supérieures de dans le Rif externe sont des zones
Senhaja et d’Aknoul ont des affinités isopiques, dont chacune chevauche la
intrarifaines. Celle d'Aknoul, par exemple, zone voisine plus externe. Pour d'autres
serait la couverture décollée de l'unité (ex. MATTAUER, 1963; ANDRIEUX,
de Ketama (LEBLANC, 1979; FRIZON 1971; VIDAL, 1984, FAURE-MURET et
de LAMOTTE et LEIKINE, 1985). Dans le CHOUBERT, 1975; FRIZON de
Rif oriental, elles peuvent reposer jusque LAMOTTE, 1981), le Rif externe est
sur le Prérif interne. Là, elles se mettent composé d'un ensemble de nappes
en place postérieurement à la gravitaires, reposant sur des "massifs à
déformation décrite dans l'Unité de schistosité" moins déplacés. On reviendra
Ketama. ANDRIEUX (1971) démontre plus loin sur les conceptions
qu'il s'agit de nappes de glissement "transversalistes" (FRIZON de LAMOTTE,
d'origine "ultra-Ketama". 1987a) qui supposent, au moins
implicitement, que les unités rifaines se
Les nappes rifaines inférieures (Bou- situent actuellement sur la transversale
Haddoud et Taïneste) possèdent de sur laquelle elles se sont déposées et
grandes affinités mésorifaines et elles qui n'accordent qu'une importance
sont d'ailleurs parfois considérées limitée aux accidents décrochants.
comme partie intégrante des unités
enracinées. 5.4.2. Le matériel
La nappe rifaine d'Ouezzane, et
d'autres éléments allochtones (nappes 5.4.2.1. Les diverses unités
du Habt et de Tsoul), sont des nappes
de glissement mises en place jusque -a. Les unités intrarifaines
sur le Prérif externe. La colonne stratigraphique de l'Unité
La validité de la distinction structurale de Ketama, reconstituée par ANDRIEUX
classique entre les nappes du Habt, du (1971), est épaisse d'environ 3 000 m.
Loukkos, les unités de Tanger et de Elle se compose de :
Ketama est mise en doute par MORLEY - gypse et pélites du Trias;
(1988) qui remarque que ces - calcaires massifs liasiques, Ammonitico
distinctions portent plus sur des rosso aalénien, schistes et calcschistes
différences de faciès entre ces diverses du Dogger, gréso-pélites callovo-
unités que sur des contacts tectoniques oxfordiennes, détritiques ("ferrysch") et
clairement exprimés. marno-calcaires du Tithonique. A signaler
la présence, dans le petit massif de
5.4.1.4. Avant-pays plissé de la Beni Malek, à quelques kilomètres au
chaîne rifaine. NW de la faille du Nekor, de roches
Il affleure dans les Rides sud-rifaines ultrabasiques à la base de la série
et, à l'est, dans les Gareb et les Kebdana. Jurassique-Crétacé inférieur. Il s'agit de
L'intensité de la déformation y lherzolites serpentinisées, qui ne sont
26 26

pas, comme celles des Sebtides, des unités mésorifaines est le "Ferrysch"
associées à des roches cristallines très (WILDI, 1981). C’est une puissante
métamorphiques. Par ailleurs, l'absence formation turbiditique qui se dépose
ici de gabbros et de basaltes exclut qu'il sans doute aussi -mais elle n’afffleure
s'agisse d'une partie d'un complexe pas- dans les zones rifaines plus externes,
ophiolitique, aussi MICHARD et al. et sur l’avant-pays rifain (Masgout et
(1992) pensent que ce massif Beni-Snassen). Au nord d'Ouezzane,
représente une partie d'une ancienne ride dans la boutonnière d'Izzarene, au-
de serpentines de la marge africaine, dessus des carbonates du Jurassique
incorporée tectoniquement dans l'empi- inférieur et moyen et des faciès surtout
lement des unités allochtones ; détritiques et calciturbiditiques du Malm,
- calcaires plus ou moins schisteux, BEN YAICH et al. (1991) examinent en
grès et flysch schisto-quartzitique du détail le passage Jurassique-Crétacé.
Crétacé inférieur ; des ammonites Au-dessus des turbidites du Jurassique
datent le Berriasien, l'Aptien et l'Albien; supérieur repose une formation constituée
- calcschistes et calcaires du d’un membre inférieur, conglomératique
Cénomano-Turonien et calcschistes à et calciturbiditique à calpionelles repré-
Globotruncana du Sénonien; sentant la partie supérieure du Tithonique
- une série d'âge Oligocène supérieur et la base du Berriasien, et un membre
(LEIKINE et al., 1991) est discordante supérieur marno-calcaire à ammonites
sur les terrains Jurassique supérieur du pyriteuses (Ptychophylloceras semi-
flanc sud de l'anticlinal de Tifelouest- sulcatum) et calpionelles (Calpionella
Tafraout, à la limite méridionale de alpina, C. elliptica) du Berriasien-
l'unité. Valanginien supérieur. Au-dessus, l'Albo-
Au sein de l'Unité du Loukkos, une Aptien est représenté par des pélites
série magmatique et volcano-sédimentaire, avec des passées gréseuses, évoquant
autrefois attribuée au Trias supérieur, des dépôts de courants de turbidité très
est d'âge bathonien-callovien et de dilués. Les marno-calcaires du Céno-
tendance probablement alcaline (BEN manien indiquent un milieu confiné. Au-
YAICH et al., 1989a). Le Cénomanien dessus, des turbidites siliceuses fines
de l'unité du Loukkos est représenté par ("phtanites") contiennent des conglomérats
des marnes et des marno-calcaires. Au- inorganisés et immatures. La série est
dessus, en ravinement, viennent des datée du Turonien par Globotruncana
phtanites. Le Sénonien est marqué, imbricata, G. marginata, G. renzi. Le
dans l'unité de Tanger comme celle du Sénonien est représenté par des dépôts
Loukkos et le domaine mésorifain de pente et de bas de pente, avec de
voisin, par le "Complexe triasique", un nombreux plis synsédimentaires, des
conglomérat polygénique à matrice klippes sédimentaires d'échelle hecto-
gypseuse, emballant des éléments métrique et les coulées de débris du
d'ophites, de quartzites, d'argilites, etc... "Complexe triasique". L'arrivée en
L'ensemble est contenu dans des surface des roches triasiques est liée à
marno-calcaires verdâtres à slumps, un phénomène de diapirisme, résultant
datés par Globotruncana stuartiformis, de l'enfouissement important des séries
G. arca, etc.. triasiques et du régime encore distensif
de la croûte à cette époque. Le passage
-b. Les unités mésorifaines du Sénonien au Paléocène est progressif,
Au Bathonien supérieur et pendant la avec l'établissement d'une sédimentation
plus grande partie du Malm, le faciès pélagique ou hémipélagique de marnes
27 27

et de marno-calcaires à silex, accidentée Dans le Rif oriental, l'olistostrome du


par de nombreuses structures de Nekor (FRIZON de LAMOTTE, 1981)
glissements synsédimentaires et par contient de nombreux éléments d'origine
quelques lentilles conglomératiques à probablement triasique : pélites, gypse,
petits galets bien arrondis. Les termes ophites, mais aussi des fragments de
supérieurs, des calcaires à huîtres et à socle (leptynites, roches ultrabasiques),
nummulites, ne sont plus présents qu'à inclus dans une matrice souvent peu
l'état resédimenté dans les séries sus- abondante qui a fourni Orbulina sp. et
jacentes comme les Grès du Zoumi. Globigerinoides sacculifer du Miocène
Ceux-ci (LESPINASSE, 1977; BEN moyen ou plus récent.
YAICH et al., 1989b) sont une série L'unité chaotique des Kebdana (DE
turbiditique épaisse de 2 000 m environ, LUCA, 1984) est aussi un olistostrome
discordante sur les terrains du Crétacé d'âge tortonien, qui repose sur des
ou de l'Eocène inférieur mésorifain. terrains déformés du Miocène moyen
Leur âge est fixé, par des globigérines, ou du Jurassique. Elle se compose de
au Miocène inférieur-moyen, du Burdigalien blocs dispersés sans ordre apparent
supérieur à la base du Serravallien. dans une matrice marneuse plus ou
Quatre formations sont individualisées moins abondante. Le diamètre des
dans cette série, discordantes ou blocs varie du millimètre cube au
concordantes selon les endroits les unes kilomètre cube. On y reconnait des
sur les autres ; elles sont constituées éléments de roches magmatiques :
d'olistostromes, dont les blocs sont dolérites triasiques, mais aussi des
originaires de l'est, et de turbidites, granitoïdes, des roches métamorphiques
proximales au sud et distales au nord. et tout un cortège de roches sédimentaires
La baisse rapide du niveau marin qui très diverses : dolomies, gypse,
amène un déséquilibre des plates- calcaires, phtanites, grès, etc.. A l'aide
formes nourricières, leur érosion et le d'arguments cartographiques, DE LUCA
dépôt de la série turbiditique est (1984) montre que, même si les blocs
attribuée à une diminution eustatique du qu'elle contient ont une origine plus ou
niveau des mers et à la tectonique moins lointaine, il s'agit d'une formation
compressive qui se développe alors autochtone, discordante sur son
dans les zones internes du Rif. substratum. Vers le haut, elle passe aux
marnes du Tortonien supérieur du
bassin de Nador.
-c. Les unités prérifaines
Des séries peu différentes sont
C'est l'olistostrome prérifain princi- décrites ailleurs par LEBLANC (1979) et
palement, décrit sous des appellations VIDAL (1984). Tous ces terrains constituent
diverses tout au long du Rif externe. un complexe chaotique d'âge tortonien,
Dans le Prérif interne, les Sof sont répandu sur une large partie du Rif
des dépôts carbonatés de plate-forme externe. Cet Olistostrome prérifain
distale, témoins d'hémigrabens qui ont recouvre en discordance aussi bien les
été disloqués plus tard lors de la séries schistosées de Ketama et des
compression tertiaire ou bien des restes, Temsamane que les massifs d'avant-
encore plus distaux, représentant la pays de Gareb et des Kebdana. Par
partie chenalisante d'un ou de plusieurs rapport à la phase tangentielle
appareils turbiditiques dont les lobes synschisteuse de l'Intrarif et du Mésorif,
sont représentés dans les unités il constitue donc un néo-autochtone
mésorifaines. (FRIZON de LAMOTTE, 1981) déposé
28 28

après le raccourcissement majeur. Il est dans l'Unité de Ketama ou la demi-


ensuite recouvert partiellement par les fenêtre du Nekor.
nappes rifaines.
-e. L'avant-pays ; ex. les Rides sud-
-d. Les nappes rifaines rifaines
L'histoire sédimentaire (FAUGERES,
Comme leurs équivalents algériens,
1981), comprend plusieurs épisodes,
ce sont des nappes déracinées à mise en
marqués par des variations dans les
place gravitaire qui recouvrent le Rif
faciès et les épaisseurs des séries
externe et l'avant-pays rifain.
sédimentaires. Du Trias supérieur à la
La nappe rifaine supérieure d'Aknoul, base du Bajocien, des effondrements
comme celle des Senhaja, montre des réalisent la création et, à plusieurs
affinités intrarifaines. Elle repose en reprises, le morcèlement du bassin,
général sur l'olistostrome prérifain. Elle avec des séries voisines de celles du
inclut à sa base stratigraphique des domaine moyen-atlasique. Après une
pélites noires apto-albiennes (dans la période d'instabilité tectonique comprise
nappe des Senhaja, le flysch crétacé entre le Bajocien supérieur et le Miocène
débute à l'Hauterivien terminal) et des moyen, la transgression prérifaine
marno-calcaires cénomaniens. Le s'avance vers le sud et recouvre la région
Turonien peut-être, et en tout cas le des rides sud-rifaines, soumise à une
Sénonien sont représentés par des compression pratiquement continue du
marnes bleues à miches calcaires à Miocène supérieur au Quaternaire.
Globotruncana. Le sommet de la C'est une histoire comparable que l'on
colonne de l'Eocène est constitué de retrouve dans le massif du Terni, à
calcaires massifs et de marnes de l'avant-pays du Rif oriental. Cette
l'Eocène supérieur qui contiennent des région, émergée depuis le Jurassique,
horizons conglomératiques. est recouverte au Miocène supérieur.
Les unités rifaines inférieures à Au-dessus de la "molasse de base",
affinités mésorifaines comme la nappe constituée par des conglomérats et des
de Bou-Haddoud sont constituées de calcarénites, les sédiments qui se
bas en haut par : un flysch Jurassique déposent dans cette partie du Sillon
supérieur de type « Ferrysch » ; un sud-rifain sont marneux ; ils
calcaire tithonique ; des marno-calcaires représentent le Tortonien supérieur et le
néocomiens ; un flysch Crétacé inférieur Messinien. Ils sont surmontés par la
à ammonites ; des marnes et calcaires masse allochtone de la nappe prérifaine
à silex du Crétacé moyen ; des marno- dont la mise en place est contemporaine
calcaires, du Sénonien à la base de de la sédimentation au sommet de la
l'Eocène. série autochtone. Des traces d'une
Les nappes d'Ouezzane, du Habt et tectonique distensive synsédimentaire
des Tsoul contiennent des séries allant dans l'avant-pays suggèrent que des
du Crétacé supérieur au Miocène moyen. failles normales ont contrôlé la mise en
Comme celles d'Aknoul et du Habt, la place de la nappe prérifaine (LEBLANC,
nappe d'Ouezzane serait la couverture 1990).
décollée de l'unité de Ketama-Tanger. Après avoir constitué à l'Oligo-
Il faut noter la faible intensité des Miocène une zone d'apport pour les
déformations qui affectent ces nappes, séries détritiques du Rif externe
contrastant avec ce que l'on observe (MORLEY, 1992), le Gharb a connu,
comme le Saïs, une subsidence de plus
29 29

en plus importante au cours du mentation, rencontrée aussi dans le


Miocène. Les dépôts du Miocène Masgout et les Beni-Snassen, est
terminal et du Pliocène constituent une contemporaine de l'affaissement du
série régressive (CIRAC, 1978). fond marin sous l'effet conjugué de la
Dans la définition de l'avant-pays rifain, on subsidence thermique et de variations
n'oubliera pas la marge atlantique du Maroc, eustatiques : WILDI (1983) estime que
dont la plaine abyssale a reçu, à une la zone de dépôt de l'unité de Ketama est
époque récente, une part importante de passée, entre le Callovien inférieur et
l'olistostrome (BONNIN et al., 1975). l'Oxfordien, du plateau continental
externe (200-500 m de profondeur) à la
5.4.2.2. Evolution sédimentaire du zone abyssale (2000 m ?). Cet
Rif externe approfondissement aurait évolué, au
moins localement, jusqu’à la dénudation
-a. du Trias au Jurassique terminal de la marge africaine au droit de l’unité
de Ketama, où se trouvent les péridotites
- Le matériel triasique est représenté de Beni Malek (MICHARD et al. 1997).
parfois dans des coupes continues Pendant l'affaissement de la marge
comme dans l'Unité de Ketama et les africaine, le domaine méridional, dans
nappes voisines, mais le plus souvent il les rides sud-rifaines, émerge.
est emballé dans des séries plus
récentes. Les faciès rencontrés dans le -b. du Jurassique terminal à l'Eocène
Rif externe : argilites rouges, évaporites,
roches magmatiques basiques et - Au Jurassique terminal, des calcaires
carbonates, sont peu différents au total micritiques à calpionelles et Aptychus
de ceux des domaines mésétien et marquent l'établissement d'une plate-
atlasique mais ils contrastent, par forme dont la partie distale est connue
contre, avec ceux du Rif interne. dans le Prérif au Kimméridgien-Tithonique
- Le Lias inférieur et moyen épais et inférieur. Sa dislocation intervient
carbonaté, le Lias supérieur, avec des rapidement ensuite, induisant le dépôt des
marnes condensées à Ammonites, le turbidites carbonatées du Tithonique
Bajocien et Bathonien inférieur à Ammonitico moyen et supérieur. Dans la région des
rosso et argiles à posidonomyes "Sof", à la limite entre le bassin et la
montrent, eux aussi, des faciès plate-forme nourricière, située au sud,
comparables à ceux que l'on peut les mouvements tectoniques se traduisent
rencontrer dans l'Atlas. Comme là, ils par des failles normales synsédimentaires
traduisent l'installation d'une plate-forme et des réductions d'épaisseur du
carbonatée, puis son morcellement par Tithonique supérieur, interprétées comme
un système de horsts et de grabens le résultat de basculements de blocs
avec, localement, la mise en place de d'échelle kilométrique. Dans le Prérif,
magmas alcalins. on trouve à cette époque des calcaires
- Au Bathonien supérieur et pendant noduleux puis des marnes bleues. Le
la plus grande partie du Malm, le Crétacé et le début du Tertiaire verront
"Ferrysch" (WILDI, 1981) est une ensuite le comblement des fonds ainsi
puissante formation détritique terrigène créés.
qui résulte du dépôt de sédiments pélitiques - Le Crétacé inférieur est marqué par
et arénacés d'origine saharienne, amenés l'arrivée, dans le bassin profond, de marnes
jusque dans un delta du Rif externe par et de pélites qui, dans le domaine
une "Paléo-Moulouya". Cette sédi- mésorifain et surtout dans les unités
30 30

intrarifaines (Ketama), évoluent à l'Aptien -c. Oligocène et Miocène


et l'Albien inférieur vers le "flysch albo-
aptien" épais de 300 à 600 m. Les - L'Oligocène, l'Aquitanien et le
figures sédimentaires y indiquent une Burdigalien basal voient le bassin se
alimentation du sud et de l'est, en combler par des sédiments détritiques,
provenance de l'Ouarsenis (WILDI, connus sous le nom de Grès de Zoumi
1983). La question reste posée des dans le domaine mésorifain. C'est l'époque
rapports entre ces turbidites et les flyschs du dépôt de la série numidienne et, au
maghrébins. nord, du flysch gréso-micacé des Beni-
- Le Crétacé supérieur est peu Ider. A cette époque (Miocène inférieur), le
représenté dans l'unité de Ketama, les Prérif est émergé, au sud du sillon
terrains de cet âge formant les nappes détritique. La situation s'inverse ensuite
rifaines. Ce qui en reste présente des par l'évolution du domaine prérifain en
faciès profonds de micrites siliceuses, un bassin d'avant-pays.
radiolarites et argilites. Dans l'unité de - Le Miocène supérieur (Tortonien) est
Tanger, les phtanites turoniennes, l'époque du dépôt de l'olistostrome
déposées sous la limite de compensation prérifain et des marnes et argiles "post-
des carbonates, seraient un équivalent nappes" du Tortonien supérieur. On
distal des phtanites mésorifaines. Cette s'est interrogé sur l'origine du matériel
relation suggère une origine commune, déposé dans le sillon prérifain : origine
africaine, pour ces deux ensembles. proche, ou bien plus lointaine, au-delà
Plus au sud, dans les unités méso- et même de la zone intrarifaine. LEBLANC
prérifaines, on passe à des marnes et et SEPTFONTAINE (1983) étudient le
des marno-calcaires et, plus au sud matériel de niveaux conglomératiques
encore, le domaine sud-rifain est émergé d'âge Eocène supérieur à la base du
pour la plus grande part. Au Sénonien, Miocène moyen, contenus dans la série
des remaniements importants et des détritique de type flysch du Rif oriental.
glissements de pente sont notés, en Quel que soit l'âge sédimentaire des
particulier dans les zones internes de galets (calcaires néritiques du Malm,
l'unité de Tanger et dans les unités basanites tertiaires, etc..), leurs faciès
mésorifaines. sont ceux de l'avant-pays oriental
- Le Paléocène est surtout marneux, prérifain. Ceci est d'ailleurs corroboré
mais on y rencontre des calcaires à par un fait négatif : l'absence, dans le
nummulites dans l'unité du Loukkos, cortège détritique, de galets crétacés,
écailles très externes de l'unité de Tanger comme est dépourvue d'épaisses séries
et dans certaines unités prérifaines. crétacées cette région de l'avant-pays
L'Eocène est d'abord représenté par des rifain oriental, à la différence d'autres
marno-calcaires à silex, avec des faciès régions du Rif externe et du domaine
néritiques et des récifs dans le Prérif, et des flyschs. C'est donc ici, dans l'avant-
des calcaires détritiques dans la nappe pays rifain, et non dans des zones
d'Aknoul et dans la partie occidentale lointaines, qu'il faut chercher, pour ces
du domaine mésorifain. Au Lutétien et auteurs, l'origine du matériel détritique
au Priabonien apparaissent des bancs de déposé avant le Tortonien dans le
grès et des conglomérats dans le Prérif, bassin prérifain. L'olistostrome prérifain
la nappe d'Ouezzane et l'unité de trouve son équivalent oriental dans l'unité
Tanger, en prélude aux premiers chaotique des Kebdana (DE LUCA,
mouvements. 1984). Discordante sur les terrains du
Miocène moyen et même du
31 31

Jurassique, cette unité est d'âge - Cycle pliocène


Tortonien supérieur. Elle est déformée Le Pliocène inférieur à Globorotalia
antérieurement au Messinien. margaritæ est transgressif à la fois sur
les couches messiniennes sur les
-d. Néogène et Quaternaire post- coulées volcaniques. On ne connaît pas
nappes d'intercalations volcano-sédimentaires
pliocènes. Les terrains sont des marnes
Les terrains du Miocène post-nappes plus ou moins sableuses.
sont datés par WERNLI (1985) et - Quaternaire
analysés dans le Rif oriental, avec ceux Les dépôts continentaux se sont
du Quaternaire, par GUILLEMIN et effectués dans les terrasses alluviales,
HOUZAY (1982) dont on exposera ici sur les piedmonts, etc.. Des cycles
brièvement les conclusions. Les séries marins successifs, séparés par des
néogènes reposent en discordance épisodes continentaux, sont distingués :
angulaire majeure sur tous les terrains maarifien, anfatien, rabatien et ouljien,
sous-jacents. On y reconnaît plusieurs par référence aux dépôts atlantiques. Ils
cycles sédimentaires : jalonnent le mouvement régressif
- Cycle tortonien d'ensemble.
La transgression postérieure à la mise
en place des nappes s'effectue au -e. Le volcanisme miocène
Tortonien supérieur, daté par Globorotalia
acrostaensis. Les sédiments, grossiers Des centres émissifs parfois complexes
et conglomératiques à la base, deviennent sont situés dans les bassins sédimentaires
plus fins en haut de la série et ils passent, miocènes et pliocènes du Maroc
dans le bassin de Melilla, à des alternances oriental. Avec ceux de l'Oranais et des
marno-gréseuses surmontées par les cordillères bétiques, d'Almeria à Alicante, ils
rhyolites et les tufs acides du Cap de s'alignent selon un axe "trans-Alboran"
Trois Fourches. (HERNANDEZ et al., 1987). Au Maroc,
- Cycle messinien les données pétrologiques et chronologiques
Les terrains messiniens sont trans- (HERNANDEZ et BELLON, 1985) per-
gressifs et discordants sur ceux du mettent de caractériser et de dater les
Tortonien. Un conglomérat de base à épisodes magmatiques pour chacun de
éléments de socle marque le début du ces centres.
cycle. On passe ensuite à des dépôts fins Le volcan de Ras Tarf, lié au bassin
dont la disposition et les variations de Boudinar, est tortonien. Ses laves
latérales sont variables d'un bassin à sont des andésites, et des brèches
l'autre. A l'intérieur d'un même bassin, il pyroclastiques sont émises;
semble que l'on passe rapidement de Le complexe du Gourougou-Cap des
faciès littoraux (grès coquilliers) à des Trois Fourches, non loin de Melilla, est en
calcaires récifaux, tels ceux de Melilla, relation avec le bassin du Kert. Les
et à des faciès profonds (marnes). Le roches émises, surtout des latites, sont
cycle se termine avec une régression datées entre 9,6 et 4,7 Ma, avec des
indiquée par le dépôt de faciès fluvio- filons de basanitoïdes à 2,6 Ma;
deltaïques et laguno-lacustres. Notons, Le volcan de Guercif, situé dans le
enfin, l'activité volcanique constante au bassin du même nom, a émis les
cours de cette période. shoshonites du Guilliz, de 8,02 à 4,9
Ma, et des basaltes alcalins de 5,9 Ma au
Quaternaire.
32 32

La comparaison des données


pétrologiques et chronologiques montre
l'absence de zonation de ce volcanisme.
Des variations de l'indice de différenciation,
par exemple, parallèle entre les roches
du Gourougou et de Guercif, suggèrent
des épisodes volcaniques contrastés,
liés à un contrôle tectonique dont on
montre par ailleurs qu'il est responsable
de l'ouverture des bassins sédimentaires.
C'est dire que ce volcanisme, comme
d'ailleurs celui des Bétiques, n'est pas lié,
comme on l'a cru, à une subduction
miocène ou plus ancienne. Il faudrait
l'interpréter, plutôt, comme le résultat du
jeu de grands accidents décrochants à Fig. 68. Région du Nekor (Rif oriental)
l'échelle lithosphérique, affectant un
manteau anormal.

5.4.3. Evolution tectonique 5.4.3.2. Les unités mésorifaines


Comme dans l'unité de Ketama, une
5.4.3.1. L'Unité de Ketama première déformation synschisteuse est
Au point de vue structural, l'Unité de notée dans le massif des Temsamane
Ketama est affectée par deux épisodes (FRIZON de LAMOTTE, 1982). La
de déformations synschisteuses schistosité, plan axial de plis fermés
(ANDRIEUX, 1971). Le premier déve- d'axes WSW-ENE, est contemporaine
loppe des plis isoclinaux N 70 E déversés d'un métamorphisme épizonal dont
au SSE, contemporains du l'intensité croît en direction de la zone
développement d'une schistosité méta- du Nekor. Les premières structures sont
morphique. Le second, post-Miocène reprises par une seconde déformation,
moyen, replisse les structures antérieures. post-Miocène moyen, datée sur minéraux
Des plans de cisaillement subhorizontaux dans le massif des Temsamane nord à
transposant cette schistosité indiquent 8,2 ± 0,4 Ma (MONIE et al., 1984).
un transport vers le SSW (Fig. 68). Une
seconde schistosité, S2, est limitée à la Les directions axiales, N 50 à N 120
partie méridionale de l'unité. Le méta- E, passent progressivement de l'une à
morphisme anchi- à épizonal est l'autre. Cette disposition, avec la présence
synschisteux, immédiatement antérieur d'accidents décrochants sénestres N 70
aux cisaillements plats (FRIZON de E, s'interprète comme le résultat, au
LAMOTTE et LEIKINE, 1985). L'absence cours de l'épisode 2, de l'activation de
d'évolution métamorphique dans les failles de socle au droit de l'accident du
roches gréso-pélitiques de l'Oligocène Nekor (FRIZON de LAMOTTE, 1982).
supérieur serait due, pour LEIKINE et Les divers décrochements, synthétiques
al. (1991), à un simple contrôle et antithétiques, et les plis P2, indiquent
lithologique, et ne signifierait donc pas l'orientation de la contrainte majeure et
nécessairement un âge anté-Oligocène sa réorientation au voisinage des
pour la déformation symmétamorphique. décrochements actifs (fig. 66). Notons
que cette déformation symmétamorphique
33 33

est antérieure à la mise en place des Gharb, que par des éléments d'origine
nappes gravitaires externes. Ouezzane.
De l'unité intrarifaine du Loukkos au Dans la nappe d'Aknoul, FRIZON de
Prérif interne, en passant par les LAMOTTE et LEIKINE (1985) montrent
boutonnières mésorifaines, une succession que la partie inférieure de la nappe est
de plats et de rampes réalise l'empilement structurée par deux épisodes ; le premier,
d'unités chevauchantes séparées par D1, est antérieur au départ de l'unité. Il
des niveaux stratigraphiques de décol- se traduit par une schistosité
lement à la base des séries triasiques et subhorizontale liée à un métamorphisme
jurassiques. L'édifice de nappes s'est anchizonal. Elle est contemporaine
constitué au-dessus du socle anté- d'une forte pression fluide dont témoignent
mésozoïque ici non affecté, avec un de nombreux filonnets calcitiques. Le
taux de raccourcissement variable selon second épisode, D2, est marqué par le
les transects, 24 % dans le Rif occidental, développement de plis à vergence sud.
entre Chefchaouen et Ouezzane, et Il est donc tentant de considérer que
33% dans le Rif central, entre Taza et lors du premier épisode de déformation,
Ketama. les terrains constituant la nappe d'Aknoul,
Le bassin de dépôt des Grès de encore en position stratigraphique
Zoumi est décrit comme un bassin d'avant- normale au-dessus de ceux de l'unité
pays, au front des unités intrarifaines de Ketama, ont été déformés avec eux.
(BEN YAICH et al., 1989b), peut-être Le découplage des deux unités
transporté ("piggy back") sur les écailles résulterait de l'accumulation des fortes
mésorifaines (MORLEY, 1988) pressions fluides à leur interface. Le
départ de la nappe d'Aknoul et son
5.4.3.3. Les unités prérifaines et glissement gravitaire vers le sud
les nappes rifaines s'accompagnerait du développement
L'olistostrome prérifain est discordant des plis P2 à vergence sud.
sur les terrains antérieurs, affectés par Dans le Rif oriental, le petit massif du
deux schistosités. Il est lui-même dénué Khebaba (= Ouaourid), à matériel
de toute déformation pénétrative. paléozoïque et triasique, était considéré
Sur la transversale de Taza, la succession comme une klippe issue du Rif externe
des diverses nappes prérifaines au- et charriée sur la nappe d'Aknoul. Ses
dessus de l'olistostrome prérifain est la contacts avec les marnes crétacées de
suivante, de bas en haut : la nappe d'Aknoul plongent généralement
- nappes des Senhaja sous le matériel paléozoïque. Par
- nappe d'Ouezzane ailleurs, la comparaison avec des
- nappe d'Aknoul affleurements paléozoïques de la
Cet empilement traduit l’ordre d'arrivée Zaouiat Sidi Haj Ali proches d'une dizaine
des nappes d'abord dans un bassin du de kilomètres suggère que, comme
Nekor comblé par la nappe des Senhaja ceux-ci, il constitue une partie de la
puis dans un bassin prérifain plus nappe des Senhaja. Ainsi, ce massif,
méridional, rejoint par la nappe intégré dans la nappe des Senhaja, elle-
d'Ouezzane, la nappe d'Aknoul étant même recouverte par celle d'Aknoul,
finalement déposée directement sur aurait été ensuite mis en place au sein de
celle des Senhaja. Plus à l'ouest, les cette dernière unité par un mécanisme
nappes des Senhaja et d'Aknoul ne d'extrusion, peut-être à la suite du
sont pas représentées et le bassin n'est blocage local du déplacement tangentiel
comblé, au nord de celui, actuel, du de la nappe.
34 34

5.4.3.4. Avant-pays rifain de Kert, Guercif, etc.; le bassin de


La chaîne du Gareb représente le Boudinar s'ouvre sur le décrochement
substratum des nappes rifaines. On y dextre antithétique subméridien du Bas
distingue une tectonique coulissante Nekor. La direction régionale de
comparable à celle représentée dans le raccourcissement est alors N 40 E.
massif des Temsamane, mais ici non C'est cette même compression régionale,
métamorphique, suivie par des charriages et ce sont les mêmes zones de
de faible ampleur (ELADRAOUI et distension locale qui permettent et
LEBLANC, 1988). guident la mise en place des magmas
Les structures des rides sud-rifaines, calco-alcalins de Ras Tarf et du Cap
d'âge mio-pliocène (FAUGERES, 1981), des Trois Fourches.
sont des failles inverses NE-SW, - De la fin du Tortonien au Messinien,
chevauchantes sur le Gharb ; d'autres, E- les accidents E-W (Kebdana, Gareb)
W à N 110, isolent le domaine sud- rifain sont activés en failles inverses, les
de la plaine du Sais. Les composantes accidents N-S qui bordent le bassin de
latérales de ces failles, respectivement Boudinar le sont en failles normales, et
dextre et sénestre, suggèrent un jeu le jeu sénestre le long des accidents N
conjugué sous l'action d'une 50-70 E se poursuit. La direction de
compression régionale N 70 E. Un jeu compression est devenue sub-méridienne.
plus récent de ces failles, quaternaire, C'est l'époque du volcanisme shosho-
résulterait d'une compression nitique du Gourougou et du Guilliz dont
subméridienne. Des plis contemporains les produits se mettent en place dans des
sont liés aux structures cassantes et à mega-fentes de tension liées au jeu
une tectonique salifère démontrée par sénestre des accidents majeurs.
des sondages. - De la fin du Messinien au Quaternaire,
Dans le bassin du Saïs, AIT BRAHIM les accidents E-W et NW-SE ont un jeu
et CHOTIN (1984, 1989) mettent en dextre, et une composante sénestre
évidence, avec des arguments micro- apparaît le long des accidents N-S à N
tectoniques, une rotation anti-horaire 40-50 E. La direction régionale de
des directions de contrainte. La direction raccourcissement a encore tourné ; elle
régionale de raccourcissement évolue est à présent NNW-SSE comme l'indique,
d'une orientation N 150 E pour une phase par ailleurs, le plissement d'axe N 70-80
anté-Miocène à N 70-90 E au Tortonien, E observé dans les Kebdana et le
à N-S au Pliocène supérieur- Quaternaire Gareb. Les laves alcalines de Guercif et
ancien. du Gourougou sont mises en place
Dans l'avant-pays rifain oriental (fig. dans ce champ de contrainte.
66), les terrains post-nappes, sédi-
mentaires et volcaniques, des bassins
de Boudinar, Guercif, etc.., ont enregistré 5.5. L'orogenèse rifaine; aspects
des événements compressifs dont la structuraux
succession est énumérée par CHOTIN
et AIT BRAHIM (1988) et MOREL (1989). 5.5.1. Datation des événements
- Au Tortonien, les bassins s'ouvrent au orogéniques majeurs
droit des décrochements. Le fonc-
tionnement des décrochements sénestres Dans les Sebtides, un épisode
du Nekor et de ceux, probablement métamorphique à 20-25 Ma est certain,
synthétiques, de Temsamane et de mais il peut se superposer à des
Gareb nord ouvre les bassins de déchirure structures plus anciennes. Ailleurs dans
35 35

le Rif, les datations des épisodes de écailles et des nappes avec la remobilisation
déformation procèdent le plus souvent du socle et un métamorphisme
de l'observation des discordances suffisamment important pour effacer
angulaires recoupant des structures l'empreinte d'événements thermiques
compressives et c'est sur ces bases plus anciens. Ces structures sont, à leur
que l'on montre que la déformation tour, scellées par le "Miocène supérieur
miocène est majeure dans la chaîne. post-nappes", ensemble de terrains eux-
On distingue une phase au Miocène mêmes déposés en régime compressif.
inférieur et l'autre, paroxysmale, au Un épisode distensif tardif, bien visible
Miocène supérieur. dans le Rif interne, affecte ensuite les
diverses structures compressives et se
La Phase du Miocène inférieur est traduit, en Méditerranée, par l'effondrement
datée, dans les zones internes, par le de la mer d'Alboran.
métamorphisme à 20-25 Ma et, dans
les zones centrales et externes, par 5.5.2. Charriages et translations
différents contacts et observations :
- la formation du jbel Binet scelle, La disposition structurale du Rif,
dans le Rif oriental, le contact entre la dominée par la vergence très affirmée
nappe rifaine de Bou-Hadddoud et celle des zones internes vers les zones
d'Aknoul ; externes (à part quelques rétro-charriages
- la série des Beni Issef scelle, à de faible ampleur) ne suppose pas
l'ouest de Chefchaouen, le contact de nécessairement le cylindrisme de la
l'unité de Tanger sur celle du Loukkos ; chaîne. FRIZON de LAMOTTE (1987a)
- la schistosité symmétamorphique du insiste au contraire sur le rôle de
Rif oriental n'affecte que les terrains du translations longitudinales débutant à la
Miocène inférieur (SEPTFONTAINE, fin de l'Oligocène telles que celles
1984; WERNLI, 1985). HERNANDEZ et mises en évidence et décrites en détail
al. (1987) et CHOTIN et AIT BRAHIM dans le massif des Temsamane ; dans
(1988) insistent sur les phénomènes cette optique, les plans de cisaillement
magmatiques contemporains de cette subverticaux ne sont pas nécessairement
compression. des plans de charriage redressés
postérieurement, mais il peut s'agir -
La Phase majeure du Miocène supérieur comme dans le cas de l'accident du
se traduit par des structures diverses, Nekor- d'une structure fondamentale,
dans les zones internes comme dans née raide.
les zones externes : Actuellement, le Rif est découpé en
- le charriage des zones internes sur blocs crustaux séparés par des failles
la zone des flyschs et le domaine externe ; actives. L'analyse tectonique et l'étude
- des structures plicatives et des mécanismes au foyer des séismes
symmétamorphes dans le Rif central ; actuels et historiques montrent une
- la mise en place de la Nappe contrainte compressive N-S et une
prérifaine ; extension régionale E-W (AIT BRAHIM
- le jeu décrochant des accidents et al., 1990), résultant du blocage actuel
sénestres comme celui de Jebha et du de la convergence Afrique-Europe.
Nekor.

Dans leur ensemble, ces événements


miocènes amènent l'empilement des
36 36

5.5.3. Structure profonde Gibraltar-Açores qui se prolonge à


l'ouest au long de la bordure méridionale
Profond d’environ 30 km sous la du Banc de Terre-Neuve. A partir du
Meseta, le Moho remonte à 27 km sous Crétacé inférieur, la séparation devient
le Rif externe, puis redescend à 35 km effective entre l'Europe et l'Amérique du
sous les zones internes. La mer Nord et le mouvement de l'Ibérie
d’Alboran aurait une croûte continentale devient solidaire de celui de l'Afrique.
amincie à 15-20 km d’épaisseur. A En même temps, un changement dans
l’échelle de la lithosphère, l’imagerie la cinématique de l'Atlantique se marque
tomographique suggère que la lithosphère par l'ouverture de l'Atlantique sud et
des Bétiques plonge jusqu’à 350 km de induit la rotation anti-horaire de la
profondeur sous la mer d’Alboran, et plaque Afrique et son mouvement vers
qu’un fragment détaché apparaît encore le nord. Celui-ci va se traduire par la
à 600 km de profondeur, souligné par des convergence alpine Afrique-Europe,
séismes profonds (CALVERT et al., encore actuelle.
2000).
5.6.2. Le fonctionnement de la
marge transformante nord-africaine
5.6. L'orogenèse rifaine; aspects
géodynamiques Le modèle cinématique du fonc-
tionnement de la marge nord-africaine
5.6.1. Cinématique de la plaque ne peut être aisément déduit du Rif lui-
Afrique même, tellement la déformation céno-
zoïque oblitère les relations mutuelles
L'individualisation et l'évolution des initiales et l'orientation des divers
domaines rifains sont étroitement liées domaines de la chaîne. CATTANEO
à l'évolution géodynamique de cette (1991) et CATTANEO et GELARD (1989)
partie de la plaque nord-africaine au étudient l'avant-pays rifain oriental et
Méso- et au Cénozoïque. Le rifting et son prolongement en Algérie et ils voient
l'ouverture de l'Atlantique central, dont dans son évolution sédimentaire au
on a vu l'enregistrement dans les Jurassique supérieur l'enregistrement
dépôts de la marge et des plaines des contraintes et des déformations
côtières atlantiques, s'effectue au subies par la marge nord- africaine au
Mésozoïque et une croûte océanique cours de la dérive vers l'est de l'Afrique.
est connue au Callovien. L'ouverture Les quatre séries sédi- mentaires du
atlantique se réalise alors par une dérive de Malm sont déposées sur un
l'Afrique vers l'est (DERCOURT et al., soubassement dont la fragmentation et la
1985). Les données de la cinématique subsidence sont contrôlées par deux
océanique (OLIVET et al., 1984 ; familles de fractures, toutes deux
SAHABI et al., 2004) montrent qu'à héritées de la déformation hercynienne.
cette époque : Jurassique et Crétacé La première, orientée N 45-70 E,
inférieur, l'Atlantique nord n'est pas soulignée par des dépôts chaotiques,
ouvert et que l'Ibérie, en particulier, est responsable de l'affaissement
reste solidaire du Banc de Terre-Neuve. synsédimentaire du fond du bassin ; la
Le mouvement différentiel de l'Afrique, seconde, N110-130 E, a un jeu vertical
avec son promontoire apulien, par mais elle a aussi une composante
rapport à la plaque Europe-Ibérie se latérale qui découpe et décale les
résout le long de la Faille transformante bassins. Cette disposition, qui se suit
37 37

jusque dans l'Atlas saharien, est ajouter les unités péloritaines de Sicile
semblable à celle de l'ancienne marge et les nappes de Sila en Calabre. Ces
transformante figurée par DERCOURT régions ont en commun : une croûte
et al. (1985) : la direction N 45-70 E serait continentale (gneiss, kinzigites, etc..),
en ouverture, plus ou moins parallèle à où des péridotites indiquent des
l'axe de l'Océan atlantique et de l'Océan processus d'amincissement encore
liguro-piémontais, les accidents N 110- insuffisamment datés ; des unités
130 E étant des failles transformantes paléozoïques comprenant des flyschs ;
greffées sur la limite transformante des séries mésozoïques, du Jurassique
majeure. Au cours du Jurassique et du au Crétacé inférieur, à sédimentation
Crétacé inférieur, la Chaîne calcaire est pélagique et condensée.
un élément du promontoire apulien et il
faut distinguer, avec EL HATIMI et Au début du Mésozoïque et jusqu’au
al. (1991), la branche occidentale, le Crétacé inférieur, le domaine d'Alboran
Haouz, et la branche méridionale, est situé au nord de la plaque Afrique. Il
c'est-à-dire la partie méridionale de la est séparé de celle-ci par la zone
Dorsale s. str.. Le Haouz est la marge transformante sud-Alboran, prolongement
extensive orientale d'une zone oriental de la Faille transformante
prolongeant l'océan liguro- piémontais, Gibraltar-Açores (Fig. 69 : A1). Au
marquée par la dénudation du manteau début du Cénozoïque, il est écrasé par
et la remontée des péridotites des Beni- la convergence Afrique-Europe et
Bouchera. La marge méridionale est le disloqué ; une partie orientale, la
siège de mouvements coulissants Kabylie, est charriée sur la marge
sénestres (OLIVIER, 1990) liés au africaine et une partie occidentale, le Rif
fonctionnement de la faille transformante et les Bétiques internes, est transférée
Gibraltar- Açores. latéralement vers l'ouest par le jeu de
Les actuelles Externides rifaines failles sénestres (Accidents de Jebha et
montrent bien, à partir du Jurassique Nador), avant d'être elle-même charriée
supérieur, l’enfoncement rapide et sur les zones externes et les avant-pays
important de la marge africaine vers le rifains et bétiques (WILDI, 1983).
nord, enregistrée par la dénudation du
manteau de l’Intrarif oriental dont 5.6.4. La déformation alpine
témoignent les péridotites serpentinisées
de Beni Malek, le dépôt des sédiments Elle résulte de la convergence
profonds du « Ferrysch », du Flysch Afrique-Europe, engagée depuis le
albo-aptien, etc.. Crétacé supérieur (80 Ma). Ses effets
se font sentir dans le Rif plus tardivement
5.6.3. Le Bloc d'Alboran et la que dans les domaines algériens et ils
disposition antérieure au serrage ne sont stratigraphiquement enregistrés,
alpin au plus tôt, qu'à l'Eocène, sinon dans
les Sebtides (MICHARD et al., 2002),
Le Bloc d'Alboran (ANDRIEUX, 1971; du moins dans leurs équivalents bétiques
KORNPROBST, 1971) est la partie (CHALOUAN et MICHARD, 2004).
occidentale d’un ensemble à substratum
originellement continental, le bloc
d’Alkapeca, constitué du Rif, des Bétiques
internes et des Kabylies, auxquels il faut
38 38

Fig. 69. Cartes géodynamiques du domaine ouest-téthysien et coupe dans la


chaîne rifo-bétique
39 39

L’Eocène supérieur-Oligocène est, espagnols de Ronda) ne seraient pas des


comme en Kabylie, en grande partie diapirs asthénosphériques néogènes
une période d’émersion pour les responsables du métamorphisme des
Ghomarides, terre d’apport pour la Sebtides et des Alpujarrides. Au contraire,
Dorsale en position de marge et pour le ce seraient des roches issues du rifting
sillon des flyschs. Si, comme le propose téthysien (en témoignent des âges
un modèle alternatif de CHALOUAN et triasiques et jurassiques obtenus sur
MICHARD (2004), le métamorphisme celles des Alpujarrides), insérées tecto-
HP-BT des Sebtides (et des Alpujarrides) niquement dans des niveaux relativement
est d’âge oligocène, il faut dater de élevés de la croûte au cours de la
cette époque la subduction maghrébine subduction-collision ;
et les déformations qui l’accompagnent, - de part et d’autre du bloc continental
suivies, en conditions BP-HT par d’Alboran on décèle des traces d’une
l’exhumation des zones internes de la croûte amincie ou océanique, dans les
chaîne. Le bloc Alkapeca est alors fossés des flyschs rifains d’une part et
fragmenté (Fig. 69 : A4) et sa partie dans les Internides bétiques d’autre
occidentale, désormais individualisée part. Au Crétacé supérieur-Eocène, le
(bloc d’Alboran) entre en collision bloc d’Alkapeca prolonge le domaine
(oblique : voir les failles sénestres du alpin, et la subduction alpine de cet âge,
Nekor, de Jebha, etc.) avec l’Afrique. La à pendage au sud-est, se poursuivait au
fermeture des bassins des flyschs vers flanc nord-ouest de ce bloc jusque dans
19 Ma puis la mise en place vers l’ouest les Bétiques ;
et le sud des unités déracinées - le développement d’une « nouvelle
participent à la constitution d’un prisme subduction », au Miocène, dans le Rif
d’accrétion, dans un contexte de retrait cette fois, est expliqué par le blocage de
vers le sud-est et du plongement du celle qui s’était développée auparavant
plan de subduction (fig. 69 B). La de l’autre côté du bloc d’Alboran. C’est
délamination de la lithosphère entre Rif et cette subduction qui explique dans les
Bétiques ouvre, à l’Oligocène supérieur- zones rifaines externes la fermeture des
Miocène moyen, la mer d’Alboran, partie bassins des flyschs et le développement
occidentale de la Méditerranée. Cet d’un prisme orogénique déversé sur
épisode extensif est enregistré à la fois l’avant-pays, et au- delà des zones
par des glissements en direction de l’est rifaines internes, l’ouverture du bassin
et du nord-est (c’est à lui qu’il convient de méditerranéen, interprété comme un
relier la mise en place, en « rétro- bassin d’arrière-arc.
charriage », du lambeau numidien du jbel
Zem Zem sur les zones internes), la fin du
métamorphisme HT et l’arrivée de
magmas calco-alcalins (MAURY et al.,
2000).

Le scénario de CHALOUAN et
MICHARD (2004), brièvement résumé
ici, se distingue par plusieurs points de
de celui de MICHARD et al. (2002) et
de ceux d’autres travaux antérieurs:
- les péridotites infra-continentales de
Beni Bousera (et leurs équivalents
40 40

A RETENIR d’âge fini-dévonien (« Phase éo-


varisque ») et la reprise post-viséenne.
Des structures extensives cassantes
Le Rif est constitué par plusieurs zones sont liées à l’effondrement de la mer
structurales, empilées schématiquement d’Alboran.
du NE au SW.

I. Le Rif interne 3. La Chaîne calcaire


Il est considéré comme appartenant à Couverture mésozoïque plus ou
un ancien bloc continental (Bloc moins désolidarisée des autres unités
d’Alboran), lui même fragment d’une
du Rif interne. Au point de vue
ancienne microplaque continentale
sédimentaire, les unités « internes » se
individualisée au Mésozoïque entre
distinguent par la présence de séries
Afrique et Europe. Les unités qui le
condensées et de traces d’émersion,
composent sont, structuralement, de la
les unités « externes » étant, en
base au sommet :
revanche, caractérisées par des indices
de resédimentation et une tectonique
1. Les Sebtides
sédimentaire en blocs basculés.
Ensemble de roches cristallines où
l’empreinte d’un métamorphisme alpin La déformation alpine est d’âge miocène.
d’âge miocène est toujours importante, Elle s’exprime par l’individualisation de
masquant probablement les effets d’un plis et de chevauchements, en particulier
métamorphisme plus ancien (hercynien). celui des unités internes sur les unités
Les conditions du métamorphisme alpin externes, puis des serrages tardifs,
varient dans le temps, traduisant une avant un épisode extensif semblable à
remontée rapide du bâti orogénique celui qui affecte, en particulier, les
depuis une première phase, peut-être autres roches du Rif interne.
générale, de Très Haute Pression ayant
conduit au développement de faciès de II. Le domaine des flyschs
Schistes bleus et d’éclogites, jusqu’à
une phase à Haute température-Basse Les unités des flyschs, toutes
pression. allochtones, sont chevauchées par
Des plus basses structuralement aux celles du Rif interne et elles reposent
plus hautes, les unités sebtides sont les elles-mêmes, en contact tectonique, sur
péridotites, des gneiss, des micaschistes le Rif externe.
et des schistes qui, au sommet, sont On distingue: i) la nappe du jbel
d’âge triasique. Toutes sont affectées Tisirene, à terrains surtout du Crétacé
par une foliation synmétamorphique inférieur ; c’est un flysch proximal comme
puis par des structures extensives, la nappe maurétanienne d’Algérie ; ii) la
ductiles puis cassantes. nappe des Beni Ider, du Crétacé
supérieur au Miocène basal, diverticule
2. Les Ghomarides de celle du Tisirene ; iii) la nappe de
Ensemble de roches peu méta- Chouamat-Melloussa, un flysch distal
morphiques à matériel surtout paléo- d’âge crétacé-paléocène ; iv) la nappe
zoïque où la déformation alpine numidienne, un flysch gréseux mature
individualise plusieurs nappes. Cette oligo-miocène.
structuration alpine ne masque pas Les flyschs se sont déposés dans le
cependant les déformations hercyniennes domaine à croûte amincie ou océanique
41 41

qui a séparé au Mésozoïque l’Afrique et déterminent des décrochements, et par


le Bloc d’Alboran. l’existence de niveaux sédimentaires
La disposition générale des nappes plastiques dans lesquels s’effectuent les
de flyschs est la suivante, au-dessus décollements à l’origine de l’empilement
des unités externes du Rif (par ex. des unités chevauchantes. Les nappes
Unités de Ketama ou de Tanger) : i) prérifaines, dont certaines au moins
nappe de Melloussa ; ii) nappe des Beni sont la couverture décollée de l’Intra- et
Ider et du Tisirene ; iii) nappe du Mesorif, ont glissé dans le bassin
numidienne. Les nappes de flyschs sont d’avant-pays prérifain.
chevauchées par les unités dorsaliennes.
Toutes ces unités sont pelliculaires
(leur épaisseur est de quelques
centaines de mètres) et leurs contacts
avec l’autochtone relatif est le plus
souvent marqué par des troncatures.

III. Le Rif externe

1. Les unités
L‘unité intra-rifaine de Ketama-Tanger
est formée de terrains schisto-quartzitiques
et marneux du Mésozoïque. On y
signale la présence d’un petit massif de
lherzolites. Les séries sédimentaires
sont schistosées au Miocène. L’unité
est chevauchée par les nappes des
flyschs et elle repose en contact tectonique
sur les unités méso-rifaines.
Les unités mésorifaines montrent un
Jurassique supérieur épais, composé
de séries turbiditiques déposées à
grande profondeur, en contrebas de la
plate-forme septentionale de l’Afrique
d’où sont issus les éléments détritiques.
Les unités prérifaines sont des
olistostromes tortoniens, déposés en
« néo-autochtone » sur les unités
allochtones intra- et mésorifaines.
Les nappes prérifaines se sont mises
en place sous l’action de la gravité sur
le Prérif.

2. Evolution structurale
Dans l’Intra- et le Mesorif, la déformation
majeure est synschisteuse, antérieure à
la mise en place des nappes prérifaines.
La tectonique est contrôlée par des failles
de socle qui, dans le Rif oriental,
1 1

6. EVOLUTION
GEODYNAMIQUE DES
DOMAINES DU MAROC

6.1. Les orogenèses précambriennes


6.1.1. Le Paléoprotérozoïque et ceux qui affleurent dans d‘autres
l’orogenèse éburnéenne régions du monde. Ces cratons, ou
domaines stables, sont bordés et
Il est actuellement admis que les séparés par des ceintures orogéniques
formations les plus anciennes de l’Anti plus récentes et on tente d’en établir la
Atlas correspondent à des terrains d’âge répartition à l’échelle globale (Fig. 70).
paléoprotérozoïque que l’on compare à

Fig. 70. Assemblage des blocs cratoniques au Précambrien


2 2

Les roches les plus anciennes peut-être le long de l’Accident sud-


repérées dans le craton ouest-africain qui Atlasique (ENNIH et LIEGEOIS, 2001).
occupe les parties méridionales du Par ailleurs, la présence d'un socle
Maroc sont d’anciennes roches sédi- archéen à l’affleurement a autrefois été
mentaires, argiles et grès fins, avec des supposée (CHOUBERT, 1963). Il se
niveaux volcaniques. Des granitoïdes peut cependant qu’il constitue le
peralumineux appartenant à une suite substratum sous-jacent aux roches
calco-alcaline sont datés entre 2050 et paléoprotérozoïques, comme le suggèrent
2000 Ma. les rapports isotopiques initiaux 87 Sr/
86 Sr élevés des granitoïdes éburnéens
Une déformation éburnéenne/ birrimienne (CHARLOT, 1978), ou bien qu’il ait servi
généralisée affecte ces terrains anciens de source aux sédiments silicoclastiques
dans un climat métamorphique de de leur encaissant (MORTAJI et al.,
moyen degré, accompagné d’importantes 2000). Malgré ces considérations, il faut
manifestations magmatiques au Paléo- souligner néanmoins qu’aucune datation
protérozoïque moyen à terminal, avec U-Pb sur les zircons reliques dans les
toutefois de grandes périodes de diverses masses plutoniques paléo-
quiescence. L’évènement éburnéen protérozoïques datées ne met directement
reste peu calé dans le temps à cause en évidence la présence d’un socle
de l’absence d’études structurales archéen sous l’Anti Atlas.
systématiques des différents granitoïdes Les manifestations paléoprotérozoïques
et de leurs relations avec leurs semblent se poursuivre assez tardivement
encaissants. Dans la boutonnière de comme le démontrent, au premier
Tagragra de Tata, la durée totale du abord, les valeurs de 1760 Ma obtenues
raccourcissement éburnéen, entre le sur des microgranites porphyriques et
dépôt de l’encaissant méta-sédimentaire des pegmatites associés à des filons
et la mise en place de granites post- basiques dans le Tagragra d’Akka
tectoniques, n’excède pas 35 Ma, ce qui (magmatisme stathérien). Ces roches
suggère une assez courte durée du du Paléoprotérozoïque terminal sont
serrage éburnéen dans l’Anti Atlas. peut-être à rattacher à des mises en place
Les terrains éburnéens n’affleurent magmatiques cachées, peu représentées
pas à l’est de l’ « Accident majeur de dans les autres boutonnières de l’Anti
l’Anti Atlas » (AMAA), ce qui ne permet Atlas mais connues par ailleurs dans les
pas d’établir le cadre géodynamique autres boucliers précambriens. Enfin,
global de l’Anti Atlas au Paléo- plusieurs datations Rb-Sr de ce socle
protérozoïque. Cette absence éburnéen effectuées sur des muscovites
d’affleurements a longtemps permis de de pegmatites et de granites leucocrates
considérer l’AMAA comme la bordure à muscovite livrent des valeurs
nord du craton ouest-africain. dispersées entre 1860 Ma et 1500 Ma.
Cependant, la mise en évidence de Ces valeurs, initialement interprétées
zircons datés à plus de 2100 Ma dans comme l’indication de la persistance
la rhyolite du Néoprotérozoïque terminal d'un flux thermique élevé jusque vers
de Bou Madine dans le massif de 1500 Ma, seraient plutôt à associer aux
l’Ougnate (GASQUET et al., 2005), effets de réchauffements ultérieurs
suggèrent que le substratum de l’Anti (THOMAS et al., 2002), probablement
Atlas oriental est aussi de nature d’âge fini-précambrien (SOULAIMANI et
éburnéenne. La bordure cratonique PIQUE, 2004).
serait donc à chercher plus au nord,
3 3

Au nord de l’AMAA, dans le Saghro, les


6.1.2. Le Néoprotérozoïque et roches les plus anciennes sont des
l’orogenèse panafricaine formations turbiditiques et basaltiques
du Groupe du Saghro. Ces formations
Comme dans tout le craton Ouest- sont interprétées comme des dépôts
africain, ni les roches d’âge méso- distaux contemporains des séries de
protérozoïque ni les événements plateforme du Groupe de Taghdoute,
tectono-métamorphiques associés ne déposés entre le craton ouest-africain
sont décrits dans l’Anti Atlas et ce sont au sud et un arc volcanique au nord, ou
les terrains néo-protérozoïques qui bien comme des dépôts d’un rift établi
reposent directement, en discordance, au sein de la croûte éburnéenne au
sur le socle paléoprotérozoïque. Ces nord.
dépôts du Néoprotérozoïque inférieur à Probablement contemporaine des
moyen affleurent dans tout l’Anti Atlas. dépôts de marge passive, une accrétion
Ils permettent de retracer les trois océanique se produit au nord de la marge
stades de l’évolution du cycle orogénique cratonique. Ses témoins sont
panafricain : i) le rifting et la dislocation représentés par les séquences
de la bordure nord du craton ouest- ophiolitiques identifiées dans l’Anti Atlas
Africain ; ii) la collision panafricaine ; iii) central. Bien que souvent démembrés
l’extension tardi- ou post-panafricaine. et tectonisés, les complexes ophiolitiques
de Bou Azzer-El Graara et du Siroua
6.1.2.1. Le rifting pré-panafricain et contiennent toutes les roches des
l’ouverture océanique. planchers océaniques et ils sont donc
Plusieurs milliers de mètres de quartzites les reliques d’une lithosphère océanique
et calcaires à stromatolites (Groupe de néo-protérozoïque. L’âge fixé à 760 Ma
Taghdoute) reposent directement sur le d’un plagiogranite associé dans le Siroua
substratum éburnéen parfaitement permet de dater l’accrétion océanique.
pénéplané. Cette couverture sédimentaire Rappelons que la chaîne de Mauritanides
épicontinentale présente les caractères contient aussi des ophiolites certainement
d’une sédimentation de plate-forme panafricaines, mais leur imbrication avec
déposée sur la marge cratonique en des unités paléozoïques dans les
dislocation. De nombreuses intrusions charriages hercyniens empêche de définir
doléritiques et gabbroïques dont la mise ici les limites de la chaîne panafricaine.
en place est syn- à tardi-sédimentaire
recoupent le substratum éburnéen et sa
couverture calcaro-quartzitique où elles 6.1.2.2. La fermeture océanique et
développent un léger métamorphisme la collision panafricaine :
de contact. Les sills constitueront Dans le Sirwa-Siroua et à Bou Azzer-
ultérieurement des zones de décollement El Graara, des formations d’arc
lors des déformations ultérieures des associées à une subduction océanique
quartzites. Le long de la plateforme, le le long de la marge nord du craton Ouest-
contraste entre les dépôts de la plate- africain ont été mises en évidence. Les
forme cratonique au sud-ouest et ceux de roches d’arc sont datées dans le Sirwa à
la zone orogénique au nord montre partir de zircons magmatiques à 743 ±
l’activation synsédimentaire d’une fracture 13 Ma. C’est l’âge de la cristallisation
majeure à effondrement nord qui des migmatites d’Irhiri, postérieur à celui
longerait grosso modo l’AMAA. de l’océanisation
4 4

(760 Ma). Témoins aussi de cette nement attribué au PI. Les fortes
subduction, les roches formées à haute valeurs positives du rapport εNd de son
pression et faible température (schistes protolite écartent une origine cratonique
bleus), reconnues à Bou Azzer-El Graara. et même une proximité cratonique
(D’LEMOS et al., 2006). Les massifs
La subduction océanique néo- métamorphiques emballés dans la
protérozoïque à laquelle ces roches suture panafricaine de l’Anti Atlas
d’arc sont associées constitue l’un des central seraient allochtones. Quoi qu’il
sujets les plus débattus de la géologie en soit, dans l’état actuel de nos
de l’Anti Atlas. En effet, depuis la mise en connaissances, ce type de charriage
évidence du complexe ophiolitique, de sur des centaines de kilomètres ne
nombreuses interprétations du cadre trouve pas son explication dans le cadre
géodynamique panafricain ont été de la dynamique panafricaine. En tout
proposées. Certaines admettent une état de cause, toute la chaîne de l’Anti
subduction vers le sud, limitant ainsi la Atlas est édifiée sur un substratum paléo-
marge cratonique des bassins arrière- gondwanien, tout comme la Meseta
arc au nord (LEBLANC, 1975 ; marocaine plus au nord (DOSTAL et al.,
LEBLANC et LANCELOT, 1980 ; 2005). L’emplacement de la limite
SCHERMERHORN et al., 1986 ; septentrionale du craton Ouest africain
GASQUET et al., 2005). D'autres, au reste donc sujet à débats.
contraire, considèrent ces domaines
comme un mélange d'accrétion de Au cours de l’orogenèse panafricaine,
bassins avant-arc associés à une le bassin océanique néoprotérozoïque
subduction dirigée vers le nord est fermé et des arcs insulaires sont
(SAQUAQUE et al., 1989 ; NAIDOO et accrétés successivement contre la
al., 1991 ;HEFFERAN et al., 2000 ; bordure nord disloquée du craton
HEFFERAN et al., 2002 ; THOMAS et Ouest-africain. C’est dans la partie
al., 2002 ; SOULAIMANI et al., 2006). centrale de la chaîne, le long de
GASQUET et al. (2005) suggèrent la l’AMAA, que cet épisode est bien
possibilité de plusieurs plans de marqué. Il correspond à la mise en
subduction à sens de plongement place d’écailles tectoniques dans un
variables, ce qui expliquerait les contexte décrochevauchant sénestre à
divergences dans l’interprétation. Dans Bou Azzer-El Graara et chevauchant
tous les cas, ces modèles s’accordent vers le sud dans le Sirwa-Siroua. Une
sur l’importance de l’"AMAA" comme foliation généralisée, de même
emplacement de la paléo-suture orientation que l’AMAA, s’y développe
panafricaine. Cette interprétation n’est dans un climat métamorphisme de type
cependant pas partagée par ENNIH et « Schistes Verts ». La déformation
LIEGEOIS (2001) qui considèrent l’AMAA panafricaine majeure s’accompagne de
comme un aulacogène intracratonique, la mise en place de divers granitoïdes
les séries ophiolitiques de l’Anti Atlas calco-alcalins. Leurs datations ont
central étant transportées depuis la permis de préciser le paroxysme
"Faille sud atlasique" plus au nord, où ces panafricain aux alentours de 655 Ma et
auteurs situent la bordure septentrionale la fin de la collision vers 640 Ma.
du craton ouest-africain. Cette hypothèse Dans le reste de l’Anti Atlas et les
serait confortée par le caractère Mauritanides, l’évènement majeur
« exotique » du massif néoprotérozoïque panafricain est moins précisément situé
de Tazigzaoute à Bou Azzer, ancien- dans le temps et dans l’espace, en
5 5

raison de l’absence de manifestations de Bleïda dont les débris abondent


magmatiques typiquement collisionnelles. parmi les éléments conglomératiques.
Dans le Saghro, bien que les structures Elle est interprétée comme des molasses
panafricaines soient bien définies, leur syn-collisionnelles et/ou comme le
âge reste encore imprécis. Il en va de remplissage de rifts associés, et ses
même dans l’Anti Atlas occidental, où faciès sédimentaires suggèrent qu’elle
plusieurs structures tectoniques affectent était liée à une glaciation. 70 Ma séparent
les séries néo-protérozoïques (Groupe le contexte extensif qui la caractérise du
de Taghdoute). Dans plusieurs autres paroxysme panafricain, ses niveaux de
boutonnières à l’ouest (Tagragra de base étant postérieurs à
Tata, d’Akka du d’Ifni et Bas Drâa), le 575 Ma ; aussi, malgré les discordances
socle métamorphique éburnéen est qui l’en séparent parfois, cette série
directement recouvert par les dépôts pourrait représenter le terme de base
post-panafricains du Groupe de du Groupe de Ouarzazate.
Ouarzazate, ce qui rend difficile la mise Les formations du Groupe de
en évidence des seuls effets de la Ouarzazate sont déposées en milieu
tectonique panafricaine. sub-aérien, rarement lacustre. Les
dépôts sont contrôlés par une importante
Il est trop tôt encore pour tenter une activité tectonique extensive, ce qui
synthèse de l’orogenèse panafricaine explique leur grande et brutale variation
dans les diverses régions d’Afrique où d’épaisseur et de faciès et l’occurrence
on en connaît les effets. Il est certain que, de nombreuses discordances internes
tout autour du craton ouest- africain, (SOULAIMANI et al. 2003). Les galets,
des Mauritanides à l’Anti Atlas et, au- peu émoussés et très mal classés, sont
delà, dans le Hoggar, des déformations déposés sur des pentes aux pieds de
sont réalisées à la fin des temps reliefs vigoureux nouvellement créés
protérozoïques et qu’une chaîne se suite à l’activité de failles actives. Cette
développe, moulée sur le craton. On topographie peut persister lors de la
n’est cependant pas assuré que tous transgression cambrienne (SOULAIMANI,
ces événements orogéniques soient 1998 ; PIQUE et al., 1999).
strictement contemporains, ni qu’une De nombreuses manifestations mag-
réelle continuité existât à cette époque matiques accompagnent cet épisode
entre les éléments de la chaîne. Par extensif. Les termes volcaniques
ailleurs, il convient de rappeler que proviennent de plusieurs centres émissifs
d’autres chaînes, grossièrement con- et ils accompagnent des granites hypo-
temporaines, sont connues dans volcaniques. Deux cycles volcaniques
d’autres régions (Fig. 70) et qu’il est peuvent être distingués. Le premier, à
encore plus difficile, actuellement, de produits ignimbritiques dominants intercalés
reconstituer leur évolution géodynamique. dans des horizons andésitiques et
basiques, est à caractère calco-alcalin
6.1.2.3. L’extension tardi- ou post- immature (BOYER et al. 1978) ; il est lié à
panafricaine la subduction panafricaine (LEBLANC et
A la base de la couverture non LANCELOT, 1980). Le second cycle est
métamorphique de l’Anti Atlas la série constitué de coulées ignimbritiques et
de Tiddiline, déposée dans des bassins rhyolitiques caractéristiques de magmas
sur décrochements, est discordante sur alcalins intraplaques. Ces roches
les formations panafricaines plissées coiffent celles du Précambrien terminal
ainsi que sur les granites post-tectoniques et elles continuent à se mettre en place
6 6

au Cambrien basal, par exemple au jbel sédimentaires dans l’ensemble de l’Anti


Boho (DUCROT et LANCELOT, 1997 ; Atlas permet de distinguer deux branches
ALVARO et al., 2006). Le passage du rift, l’une extensive et orientée NNE-
entre ces deux cycles se fait par une SSW dans la partie occidentale du
transition discrète avec des basaltes domaine, l’autre, transtensive et orientée
tholéiitiques intracontinentaux qui se WNW-ESE dans l’Anti Atlas central où
mettent en place au sommet du Groupe c’est clairement la suture panafricaine de
de Ouarzazate. Ces laves décrites Bou Azzer qui est réactivée (Fig. 71 A).
autour du Kerdous (SOULAIMANI et al., En dehors du Maroc, un épisode extensif
2004) se retrouvent un peu partout dans est rencontré dans de nombreuses
l’Anti Atlas (BAJJA, 1986 ; LEBLANC, régions qui appartiennent à la marge
1986 ; BAJJA, 2001). Au vu des ouest et nord (en coordonnées
datations disponibles, l’âge du Groupe géographiques actuelles) du Paléo-
de Ouarzazate est compris entre 580 Gondwana dont on peut, quelles qu’en
Ma et 560 Ma, livré par les laves et soient les causes, parler de
cendres volcaniques sommitales. Les l’ « émiettement » (Fig. 71 B). C’est à
granites roses alcalins qui traversent le cette époque que certains, par exemple
Groupe de Ouarzazate montrent des BURKHARDT et al. (2006) croient pouvoir
âges plus tardifs. situer la séparation de l’Anti Atlas d’une
Si le contexte extensif qui contrôle les microplaque septentrionale comprenant la
dépôts du Groupe de Ouarzazate est future Meseta. On verra plus loin,
souvent admis (PIQUE et al., 1999), les pourtant, que le rift ouest-anti-atlasique
modalités de cette extension continentale se poursuit dans la Meseta et même
post-panafricaine sont encore peu qu’il a des équivalents bien plus au
élucidées. Le contrôle de la sédimentation nord, jusque dans le massif Armoricain
par les fractures profondes est souvent français (PIQUE et al., 1995).
évoqué pour le basculement de blocs
du socle sous-jacent. Mais vu l’importance 6.1.3. La transgression paléozoïque
de l’activité magmatique et thermique
qui affecte en même temps le socle Lors de la transgression adoudounienne,
précambrien au moment de la la mer a envahi d’abord un domaine nord-
sédimentation syn-rift, une remobilisation occidental réduit où elle a déposé la « Série
tectono-métamorphique et magmatique de base », pour déborder ensuite de plus
du substratum sous forme de dômes en plus vers le SE de l’Anti Atlas.
métamorphiques syn-extensionnels est Les premiers dépôts de la transgression
à envisager (SOULAIMANI et PIQUE, cambrienne enregistrent la même
2004 ; OUDRA et al., 2005). Ces dômes activité tectonique extensive que celle
métamorphiques qui permettent l’ex- qui avait contrôlé ceux du Groupe de
humation des séries cristallines anciennes, Ouarzazate, les dépôts du Cambrien
et l’ouverture concomitante des bassins basal ("Calcaires inférieurs" et "Série
sédimentaires sont-ils tardi-panafricains, Lie-de-vin") étant encore liés à l’activité
c’est à dire manifestant un désépais- de failles normales. Dans l'Anti Atlas
sissement de la croûte orogénique, ou occidental une forte subsidence est
bien post-panafricains, liés à un épisode active, responsable du dépôt de plus de
de rifting indépendant de cette orogenèse ? 4 000 m de roches marines du Cambrien
On peut noter, à cet égard, que la basal. Ceux-ci évoluent progressivement
disposition des épaisseurs du Cambrien vers des dépôts moins épais et
inférieur et des directions d’apports continentaux à l'est de l'Anti Atlas.
7 7

Fig. 70. L’extension fini-protérozoïque


A : Dans l’Anti Atlas
B : dans le nord du Gondwana
Le passage Précambrien-Cambrien Ensuite, les séries paléozoïques
(544 Ma) est situé dans les niveaux offrent peu de différences avec celles
inférieurs de l’Adoudounien. Ceci est de la Meseta, et le développement de
confirmé par les âges des cendres l’orogenèse hercynienne dans l’Anti
volcaniques de Taliwine, fixés à 521 ± 7 Atlas sera abordé avec celui des
Ma (MARGARITZ et al., 1991) et 522 ± domaines plus septentrionaux.
2 (LANDING et al. 1998).
8 8

6.2. Le Paléozoïque et le cycle était la règle. Des caractères communs


orogénique hercynien avec le Maghreb occidental sont connus,
aussi, dans d’autres régions d’Europe
6.2.1. La plate-forme du Paléozoïque occidentale, Massifs armoricain et central
inférieur et moyen français, Péninsule ibérique, Allemagne
du Sud, Sardaigne, etc.. Ils assurent de
6.2.1.1. Le Cambrien l’appartenance de ces régions au
La transgression cambrienne débute domaine nord-gondwanien.
à la limite entre le Protérozoïque
terminal et le Paléozoïque dans les 6.2.1.2. L’Ordovicien
zones les plus occidentales du Maroc La mer est installée, de nouveau, à
(Anti Atlas occidental, Jbel Irhoud à El l'Arenig, sur l'ensemble du Maroc.
Jadida) et elle va peu à peu progresser Durant toute la durée de l'Ordovicien,
vers l’est. c’est une mer épicontinentale très peu
Le graben qui s’ouvre et avorte au profonde et au total assez peu subsidente,
Cambrien inférieur en Meseta prolonge, où se déposent des sédiments
dans le temps et l’espace, le rift fini- détritiques issus du craton et des
protérozoïque des domaines anti- domaines situés à l'ouest du Maroc. Les
atlasiques. Dans la Meseta, ce régime faciès sédimentaires et les faunes
extensif est indiqué, aussi, par des benthiques qui les accompagnent sont
séries magmatiques : les laves de la semblables à ceux connus, en Europe,
Meseta occidentale et les actuelles dans la Zone centre-ibérique et le Massif
amphibolites de Midelt. Cette extension Armoricain central et, en Amérique, dans les
est probablement le reflet, au Maroc, de Appalaches orientales, la Péninsule
la désintégration de la marge d'Avalon de Terre-Neuve, par exemple.
septentrionale du Paléo-Gondwana. La Ces siltites, grès ferrugineux et
zone des Sehoul, au nord de la Meseta quartzites de l'Arenig présentent un
marocaine, est une autre zone cachet paléo-gondwanien tout à fait
subsidente ; la polarité sédimentaire remarquable. A cette époque, toutes
suggère là un accroissement de la ces régions faisaient partie d'une vaste
profondeur de dépôt vers le nord ou le plate-forme très peu profonde qui
nord-est actuel. La question demeure prolongeait la partie émergée du craton
posée, aussi, de l’âge des protolites des Ouest-africain dont la sédimentation
séries métamorphiques des noyaux enregistrait les pulsations épirogéniques.
cristallins du Rif et des Kabylies dont on Le Maroc mésétien et anti-atlasique est
sait, de toute façon, que leur emplacement alors solidaire du craton ouest-africain.
à l’époque était différent de l’actuel. Le Cependant, plusieurs zones de faiblesse
Cambrien y est peut-être représenté et peuvent y être reconnues dont la
il n’est pas exclu qu’une phase de première est intéressante, malgré sa
plissement s’y déroule à la fin du Cambrien. faible étendue visible ; c'est la Zone des
La diminution de la profondeur du Sehoul, à la bordure septentrionale de
milieu marin à la fin du Cambrien la Meseta. A l'Ordovicien moyen, les
moyen, marquée par le dépôt des séries cambriennes des Sehoul sont
formations arénacées du type El Hank- affectées par une déformation à vergence
Tabanit, est presque générale au sud, peut-être contemporaines de la
Maroc. Cette émersion a causé une mylonitisation d'un granite cambrien
forte érosion car, le continent n'étant pas dans la marge atlantique au large d'El
colonisé par la végétation, la rhexistasie y Jadida. Par ailleurs, des considérations
9 9

sédimentologiques suggèrent le En comparaison, le domaine mésétien,


développement à l'Ordovicien terminal avec des épaisseurs réduites, paraît
de zones plus profondes à sédimentation beaucoup plus stable à cette époque.
turbiditique dans la Meseta orientale, Les quelques niveaux volcaniques
séparées du reste de la plate-forme par signalés dans le Silurien, à Tiflet (où les
un talus. A la fin de l'Ordovicien, le niveaux siluriens sont discordants sur
Maroc, comme les zones européennes les structures des Sehoul et le granite
d'origine paléo-gondwanienne (Massif de Rabat-Tiflet) ou dans la Meseta
Armoricain central, Thuringe), est côtière, seraient l'indice d’une extension
marqué par le dépôt de sédiments crustale, ici très atténuée. Ce n’est
caractéristiques d'un environnement évidemment pas le cas dans les noyaux
péri-glaciaire. L'ensemble de ces paléozoïques du Rif interne. Là, le
régions, c'est-à-dire la plate-forme nord- Silurien supérieur, avec ses faciès
gondwanienne soumise à une distension détritiques parfois grossiers, ses
de plus en plus marquée, étaient alors coulées volcaniques et ses faciès
situées dans les hautes latitudes profonds et pélagiques, suggère un
australes et elles recevaient les sédiments environnement de marge passive. Au
transportés par les icebergs issus de Silurien et plus tard il existe des
l'inlandsis. indications, pour BURKHARD et al.
(2006), que l’Anti Atlas aurait
6.2.1.3. Le Silurien « représenté la marge passive de
Après une lacune généralement l’océan Paléo-Tethys », bien que ces
brève, surtout dans la Meseta orientale, auteurs admettent que pratiquement
la transgression silurienne qui accompagne aucune roche sédimentaire distale n’est
la fonte de l'inlandsis saharien affecte conservée dans le domaine anti-
l'ensemble du Maroc. Dans l'ensemble, atlasique. On retrouve, à propos de
les faciès sont assez uniformes. Ce cette séparation océanique entre
sont des grès puis, très vite, des shales Meseta et Anti Atlas, une ancienne
bleu-sombres riches en Graptolites idée, émise par FEINBERG et al. (1990a)
indiquant une mer peu profonde et, en sur la base d’études paléomagnétiques
tout cas, peu oxygénée. On n’oubliera erronées. On peut rappeler, à cet égard,
pas, d’ailleurs, que ces formations sont que la grande similitude des faciès
les roches-mères les plus importantes sédimentaires, des faunes benthiques et
du pétrole saharien. Ces roches, peu des données paléoclimatiques entre Anti
résistantes à l'érosion, affleurent souvent Atlas et Meseta empêche de considérer
mal et elles déterminent des creux que ces domaines aient pu être séparés
topographiques, dans l’Anti Atlas entre par un océan à cette époque.
les grès ordoviciens et les Rich
dévoniens et, plus tard, au cours de 6.2.1.4. Le Dévonien inférieur et moyen
l’orogenèse hercynienne, elles seront Les séries du Dévonien inférieur
des niveaux de décollement en Meseta prolongent partout celles de la période
orientale. Vers le haut de la séquence, silurienne sans hiatus majeur et les
les shales s'enrichissent progressivement premiers niveaux dévoniens sont
en carbonates sous forme de nodules toujours concordants sur les séries
ou de bancs continus. pélitiques et calcaires du Silurien
Les zones subsidentes, où les épaisseurs supérieur. Le Paléo-Gondwana est
sont les plus grandes, sont l’Anti Atlas, en remonté vers le nord et la situation
particulier dans sa partie centrale.
10 10

latitudinale relativement basse permet dévoniennes de la région de Rabat-Tiflet


désormais des installations récifales, reprennent les directions des Sehoul, E-W
encore restreintes au Dévonien inférieur, à WNW-ESE. Ces exemples montrent
mais qui vont se généraliser au que, dès le début du Dévonien, la plate-
Dévonien moyen. A cette époque, la forme marocaine est soumise à des
plus grande partie du Maroc est une tensions qui se traduisent par des
plate-forme carbonatée où on reconstitue surélévations et des flexures, sans toutefois
une paléogéographie récifale avec qu'apparaissent des déformations de
biohermes, lagons, etc. Loin au sud, grande ampleur.
cette plate-forme passait au continent - dans le Maroc oriental, la plate-
saharien qui, totalement aplani, ne lui forme est interrompue par un ensemble
fournissait plus de détritiques. Au nord, de bassins. L'importance des serrages
la plate-forme était encore connectée à et des charriages ultérieurs rend
certaines zones européennes comme la délicate leur reconstitution, mais on
Bohème, ainsi que le suggère la constate que, des Jbilete orientales à la
similitude des faunes benthiques. De bordure orientale du Maroc Central puis
semblables similitudes faunistiques aux boutonnières de Debdou, Mekkam,
indiquent la poursuite des connexions etc., le Dévonien inférieur est représenté
avec le sud de la Nouvellle-Ecosse par des faciès pélagiques et turbiditiques.
(zone de Meguma) à cette époque. A Il y a, le long de cet "Axe Marrakech-
l'intérieur de cette plate-forme, cependant, Oujda", peut-être préparé dès l'Ordovicien
des variations de faciès sont intéressantes terminal, un ensemble de bassins qui
à souligner (Fig. 72) : séparent la plate-forme occidentale de
- les faciès sont généralement plus celle, moins bien connue, de la Meseta
détritiques et plus épais à l'ouest qu'à orientale. Il est probable qu'ils se
l'est du Maroc. C'est évident dans l'Anti continuaient, par l'intermédiaire de
Atlas, où les épaisses séries surtout l'Oranais, jusque dans le Rif interne, les
gréso-pélitiques des Rich contrastent Kabylies, etc.. à leur emplacement
avec les calcaires peu épais du Tafilalt. paléozoïque. Tout au long de cet axe,
Ceci résulte du soulèvement et du en effet, les flyschs dévoniens sont
démantèlement de zones orogéniques caractéristiques. Dans les Ghomarides,
(Appalaches ?) à l'ouest du Maroc. on montre qu'ils se déposent au nord de
- à l'intérieur de la Meseta et des calcaires de plate-forme, à la marge
blocs paléozoïques de l'Atlas, des septentrionale du Paléo-Gondwana.
domaines en surrection relative Dans l'hypothèse, vraisemblable, où les
s'individualisent par le jeu de nombreuses Sebtides connaissent une histoire
failles synsédimentaires. Ces mouvements hercynienne actuellement masquée par
sont contrôlés par d'anciennes directions les événements alpins, une partie au
structurales : les failles NNE-SSW, par moins de l'amincissement crustal qui y
exemple, qui délimitent une ride est manifeste pourrait correspondre à
conglomératique émergée, des Rehamna cet épisode distensif.
au Bloc ancien du Haut Atlas, sont
parallèles aux limites de l'ancien graben
cambrien de la Meseta occidentale. Il y
a là une inversion tectonique, la Meseta
côtière, subsidente au Cambrien, jouant
au contraire à présent en surrection. De
même, les failles synsédimentaires
11 11

Fig. 72. Cartes paléogéographiques du Maroc


N.B. Les faciès sont représentés à leur emplacement actuel
12 12

6.2.2. La dislocation de la plate- déformations plicatives hercyniennes.


forme au Dévonien supérieur

Succédant à la sédimentation encore


6.2.3. Le développement de
pélagique du Frasnien, un changement
l’orogenèse hercynienne, du Dévonien
fondamental intervient au Famennien.
supérieur à la fin du Carbonifère
Jusqu’alors, les apports sédimentaires,
devenus extrêmement fins depuis la fin
de l’Ordovicien, provenaient de zones 6.2.3.1. Les événements éo-varisques
lointaines, méridionales ou occidentales, Dans la Meseta marocaine orientale,
extérieures aux domaines anti-atlasiques l’Algérie nord-occidentale et les noyaux
et mésétiens. Au contraire, à partir du rifo-kabyles, la déformation fini-dévonienne
Famennien, ils sont originaires de zones est majeure. L'ancien axe des flyschs
proches en surélévation relative, souvent de Marrakech-Oujda et son prolongement
émergées, et ils s’accumulent dans des oriental est affecté par une déformation
bassins qui préfigurent et préparent les datée à environ 360 Ma, à la limite
futures zones orogéniques hercyniennes. Dévonien-Carbonifère (Fig. 73). Dans la
Dans l’Anti Atlas central, l’intercalation zone de Midelt, les plis majeurs sont
de minces lits de grès fins dans les serrés, le plus souvent isoclinaux ; ils
calcaires frasniens est le premier indice sont orientés N-S à NNW-SSE avec une
d’une diversification du bassin car la vergence à l'ouest et ils s'accompagnent
provenance septentrionale de ces d'un métamorphisme généralisé, en
apports détritiques montre le soulèvement moyenne épizonal. Des déformations
des zones centrales de l’Anti Atlas. peut-être contemporaines sont connues
Cette diversification se poursuit et dans les boutonnières du Haut Atlas,
s’accélère au Famennien, amenant la Mougueur et Tamlelt, avec des
désintégration de la plate-forme carbonatée directions axiales respectivement NW-
dans le Tafilalt, découpée par des SE et E-W. Un axe déformé se constituait
flexures subméridiennes en bassins où donc au Dévonien terminal, de Midelt
s’accumulent des turbidites et en zones jusqu'à la partie septentrionale du
surélevées caractérisées par une Tamlelt, délimitant avec l'axe Midelt-
sédimentation calcaire condensée. Oujda un domaine affecté par cette
La dislocation de la plate-forme du phase fini-dévonienne. Sa limite avec le
Paléozoïque inférieur est plus vigoureuse domaine anti-atlasique (la Zone paléo-
en Meseta où les bassins de Sidi- zoïque transformante de l’Atlas) joue en
Bettache et d'Azrou-Khenifra s’indi- zone transcurrente.
vidualisent, bordés par des failles à Dans l'ensemble de ce domaine
composante transcurrente qui servent oriental à structuration fini-dévonienne,
de voies d'accès à des magmas d'origine la direction régionale de raccourcissement
mantellique et qui sont d'anciennes est orientée ENE-WSW (N 70 E); bien
failles crustales réactivées. Ainsi, par entendu, elle est déviée aux limites du
exemple, la faille bordière occidentale domaine. Dans les noyaux paléozoïques
du Bassin de Sidi Bettache correspond du Rif et des Kabylies, la tectonique
à l'ancienne faille limite du graben cambrien alpine qui les isole du reste de la chaîne
de la Meseta marocaine occidentale. hercynienne empêche d’y reconstituer
En Meseta orientale et son prolongement la direction des structures hercyniennes,
dans les zones internes rifo-kabyles, le mais elle ne masque pas pour autant les
Dévonien supérieur marque le début des structures symmétamorphiques.
13 13

Il est possible, voire probable, que les d’avant-pays, au front des zones plus
cisaillements horizontaux repérés ou orientales. A l’est, elle intervient à
suspectés le long de certaines zones environ 330 Ma et elle développe des plis
allongées de la Meseta comme le futur d’axe NNE-SSW, à vergence nette à
axe de Khouribga-Oulmès et son l’ouest-nord-ouest. Ces plis affectent le
prolongement dans les Rehamna, ou matériel des écailles
bien certains chevauchements aveugles symmétamorphiques orientales déjà
sous la Meseta occidentale, puissent empilées d’Azrou à Khenifra. A cette
être datés de cet âge. époque, le dépocentre s’est déplacé
vers l’ouest et les zones occidentales
6.2.3.2. Le Carbonifère et le du bassin accueillent des séries
déroulement polyphasé de l’orogenèse sédimentaires namuriennes. La
- Dans le Maroc septentrional, le déformation, progressant vers l’ouest,
Carbonifère inférieur et moyen voit le affectera ces séries au Carbonifère
remplissage des bassins créés au supérieur, en même temps que les
Dévonien supérieur puis la déformation nappes et les écailles de la zone
des séries sédimentaires, le déve- orientale seront replissées.
loppement du métamorphisme associé Pendant ce temps, les bassins
et la mise en place des premiers occidentaux, le bassin de Sidi-Bettache
granitoïdes. On y assiste au déroulement et ses équivalents méridionaux, se
de l’orogenèse hercynienne à laquelle remplissent. La déformation serait plus
succèdent des événements structuraux précoce dans les zones anticlinoriales
liés au désépaississement tardi- qui le délimitent, et elle n’atteindrait le
tectonique, bien mis en évidence dans bassin lui-même qu’après le Namurien.
les Rehamna. Dans les domaines On admet que les zones anticlinales et
orientaux qui avaient été déformés au les synclinaux sont apparus d'emblée
Dévonien terminal, des puissantes avec l'orientation relative qu'on leur
séries sédimentaires et volcano- connaît aujourd'hui, leur orientation
sédimentaires se déposent en discordance ayant été imposée par l'existence de
sur les structures éo-varisques. structures antérieures : les rides
Localement, la série discordante débute paléogéographiques. En effet, les zones
au Viséen supérieur par des conglomérats anticlinales, ou antiformales énumérés
et un banc calcaire. Partout, elle comprend plus haut sont établies à l'emplacement
un complexe volcano-sédimentaire avec des rides dévono-dinantiennes, peut-
tufs, brèches pyroclastiques et laves être compressives, qui bordaient le
andésitiques et dacitiques. Vers le haut, Bassin de Sidi-Bettache, et le synclinorium
à Jerada, cet ensemble passe à des de Rommani-Khatouat est à
couches sédimentaires, argilites et grès l'emplacement du bassin lui-même.
marins du Namurien et du Westphalien, Lors de la compression, les anciennes
puis des couches de charbon paralique limites du bassin sont activées en zones
du Westphalien B et C. cisaillées chevauchantes et/ou trans-
Dans le bassin d’Azrou-Kenifra, currentes.
individualisé au Famenno ?-Tournaisien
dans un régime transtensif entre deux
failles bordières à composante dextre,
la déformation s’effectue à des époques
et selon des modalités différentes selon
les zones, à la façon d’un bassin
14 14

Fig. 73. La chaîne hercynienne au Maroc


- Dans les domaines les plus Cette zone à remplissage dinantien se
septentrionaux, c’est à dire les zones trouvait vraisemblablement à l’époque
paléozoïques du Rif et des Kabylies, le dans le prolongement de la zone des
Carbonifère inférieur est représenté. nappes d'Azrou-Knenifra. L’extension
Les turbidites et les quelques coulées enregistrée par l’individualisation des
volcaniques qui les accompagnent se bassins des flyschs orientaux n’a pas
disposent dans un bassin d’avant-pays abouti à la séparation crustale de part et
d’âge Viséen supérieur-namurien que la d’autre de l’axe Marrakech-Oujda. La
dislocation alpine interdit de reconstituer, déformation s’est cependant concentrée
mais dont les observations sédi- sur cette zone de faiblesse avec des
mentologiques (passage des turbidites empilements d’écailles à vergence ouest
proximales aux turbidites distales, et un certain épaississement crustal,
mesures de paléocourants, etc..) montrent responsable du développement du bassin
la polarité actuelle du sud au nord. d’avant-pays d’Azrou-Khenifra.
15 15

- Dans l’Anti Atlas, malgré la grande Au total, la déformation, dans l’Anti


épaisseur des sédiments -10 000 m de Atlas central et oriental, est très
roches sédimentaires de faible hétérogène. On note l’importance des
profondeur accumulées en 200 Ma- rien niveaux de décollement, mais aucun
n’indique un environnement de type rift, système de duplex comme ceux qui
mais plutôt un bassin intracontinental caractérisent habituellement les avant-
(BURKHARD et al., 2006). La pays orogéniques n’y est reconnu.
déformation hercynienne diffère de celle Aussi, l’Anti Atlas, notent BURKHARD
de la Meseta par son caractère cassant et al., (2005), n’est pas une chaîne de
(sauf à l’extrémité ouest de l ‘Anti Atlas tectonique pelliculaire car la plupart des
occidental) et par l’absence de tout failles superficielles s’enracinent ici
granite. Elle la rappelle cependant par dans la croûte profonde (Fig. 74). La
certains côtés, comme l’importance du déformation s’atténue vers le sud ; elle
contrôle structural exercé par est extrêmement faible dans le jbel
d’anciennes failles de socle (les plis Ouarkziz et nulle dans le bassin de
hercyniens se moulent autour des Tindouf.
boutonnières de socle de même qu’en
Meseta ils sont guidés par les
anciennes zones faillées dévoniennes).

Fig. 74. Tectonique de socle dans la chaîne hercynienne de l’Anti Atlas


16 16

Ce qui précède, et sur quoi Une autre subduction, à l’est du Maroc


l’ensemble des auteurs s’accordent, est cette fois, a été autrefois imaginée par
susceptible de donner lieu à des KHARBOUCH et al. (1985) puis par
interprétations géodynamiques diver- BOULLIN et al. (1988) à partir
gentes. Pour certains (par ex. RODDAZ d’arguments tirés de la caractérisation
et al., 2002), les bassins mésétiens, géochimique des roches magmatiques
interprétés comme des bassins d’avant- carbonifères mésétiennes et notamment
pays, et leur magmatisme associé décrit le caractère calco-alcalin des roches
comme calco-alcalin résultent d’une volcaniques viséennes de l’Oriental et
subduction continentale réalisée à plus du Tazekka, comme la marque de la
de 500 km d’une suture océanique, le subduction d’une lithosphère océanique
magmatisme étant dû soit une sous la Meseta, le bassin de Sidi-
déshydratation de la plaque océanique Bettache apparaissant comme un
à pendage faible, soit à une bassin d’arrière-arc (Fig. 75 A).
délamination lithosphérique sous les L’hypothèse de RODDAZ et al. (2002
bassins mésétiens. Pour d’autres, eux et références incluses), reprenant le
aussi à la recherche d’une suture, celle- modèle de subduction à l’est du Maroc,
ci serait à trouver entre la Meseta et s’appuie sur l’idée, déjà émise
l’Anti Atlas (BURKHARD et al., 2006). auparavant par BOUABDELLI et PIQUE
On reviendra plus loin sur ces (1996) que les bassins mésétiens, en
hypothèses, en examinant leurs particulier celui d’Azrou-Kenifra, sont
répercussions sur les assemblages des bassins d’avant-pays au front d’un
continentaux paléozoïques qu’elles prisme orogénique, et sur des
supposent, mais on peut, d’ores et déjà arguments tirés de la caractérisation
en discuter brièvement les implications géochimique des roches magmatiques
géologiques. carbonifères qui seraient de nature calco-
Il semble difficile de postuler avec alcaline dans l'ensemble de la Meseta.
BURKHARD et al., (2006) l’existence au Le magmatisme indique donc
Dévonien d’un océan, la Paléo-Téthys, nécessairement pour ces auteurs ici un
entre l’Anti Atlas et la Meseta, tant sont contexte de subduction active et il leur
grandes les similitudes de faciès suggère des comparaisons avec les
sédimentaires, faunistiques, paléo- Andes (Fig. 75 B). RODDAZ et al.
climatiques, etc. entre ces deux (2002) conviennent cependant que leur
domaines et, plus, tant est grande hypothèse n’est corroborée par aucune
l’incertitude (figurée jusque dans la donnée de terrain, ni directe: des
figure 6 de ces auteurs) sur le sens de ophiolites obductées, ni indirectes: un
la vergence de la «subduction paléo- métamorphisme HP exhumé.
téthysienne». Aussi, en l’absence
d’arguments plus définitifs qu‘une
hypothèse d’école, il est raisonnable de
conserver la conception, exprimée
autrefois par PIQUE et MICHARD
(1989) et réaffirmée par HOEPFFNER
et al. (2005, 2006) d’une zone cisaillante
majeure, la Zone paléozoïque transformante
sud-atlasique, au sud de la chaîne
hercynienne.
17 17

Fig. 75. Modèles géodynamiques de l’orogenèse hercynienne au Maroc


A : Subduction à pendage ouest, le bassin de Sidi-Bettache est en position de
bassin d’arrière –arc
B : subduction à pendage ouest, cisaillements crustaux
C : « subduction intracontinentale »
Au contraire des hypothèses pré- les extensions au cours du Paléozoïque,
cédentes, la chaîne hercynienne du y a été raccourcie au cours des
Maroc est considérée par HOEPFFNER collisions qui, toutes (appalachiennes et
et al. (2005, 2006), à la suite de PIQUE et hercyniennes), se sont effectuées en
et MICHARD (1989) et LAGARDE dehors du Maroc. Dans cette optique, le
(1989) comme une chaîne intra- Maroc, resté en dehors des zones de
continentale (Fig. 75 C et 76). La croûte collisions, appartient aux zones externes
continentale, modérément amincie par de la chaîne hercynienne.
18 18

Fig. 76. Bloc-diagramme de la chaîne hercynienne de Midelt à l’océan


6.2.4. La chaîne hercynienne du
Maroc dans le cadre des orogenèses
paléozoïques
Par certains aspects, les zones
Depuis longtemps, on sait que la orientales marocaines et leur prolongement
chaîne hercynienne de l’Europe dans son dans le Rif interne (qui se continuait
ensemble résulte d’une collision entre vraisemblablement dans les Maures et,
l’Afrique paléo-gondwanienne et un au-delà, dans les massifs cristallins
continent nord-européen. externes des Alpes (PIQUE et al., 1993
Les relations des Hercynides du Maroc et Fig. 77 B) correspondent à des zones
avec la chaîne européenne ont été relativement « internes» des Hercynides
abordées depuis longtemps déjà. On a marocaines, mais il faut se garder
vu plus haut que les similitudes de d’assimiler ces zones « éovarisques »
faciès et d’évolution structurale entre de de Midelt, par exemple, aux véritables
nombreux blocs européens (Meseta Internides d’Europe, marquées par la
ibérique centrale, Montagne Noire, présence de complexes ophiolitiques,
Massif armoricain central et septentrional, certes démembrés et charriés, mais
zones d’Allemagne du sud, etc..) et le néanmoins reconnaissables, et de roches
Maroc paléozoïque s’expliquent par leur métamorphiques de haut degré où des
même origine paléo-gondwanienne, les paragenèses HP sont encore
événements alpins et l’ouverture de la présentes. Ainsi, par ses caractères
Méditerranée ayant brouillé la continuité structuraux (âges, style, intensité des
initiale de ces blocs avec l’Afrique du déformations), la chaîne hercynienne du
nord hercynienne (Fig. 77). Maghreb se raccorde sans conteste aux
zones externes de la chaîne européenne.
19 19

Fig. 77. La chaîne hercynienne du Maroc dans le cadre des chaînes péri-
atlantiques (A) et européennes (B)
Vers le sud, par le Zemmour, l’Anti craton ouest-africain, dont ne l’a séparé
Atlas se relie aux Mauritanides dont ce que le linéament sud-atlasique (ZTPA :
chaînon représente l’avant-pays. A Zone transformante paléozoïque de
l’ouest, au-delà de l’Atlantique actuel, l’Atlas), de certaines parties de l’Europe
de la Nouvelle-Ecosse à la Nouvelle- occidentale (nord-Armorique, Montagne
Angleterre, la chaîne hercynienne du noire française, etc.), mais aussi de
Maroc est au contact des zones domaines appalachiens (zones d’Avalon,
orientales des Appalaches (Fig. 77 A). de Meguma), avec lesquelles les
Les similitudes dans l’évolution similitudes sédimentaires, faunistiques,
géologique des zones appalachiennes etc.. sont évidentes au moins jusqu’au
d’Avalon et de Meguma avec celle du Paléozoïque moyen (PIQUE et SKEHAN,
Maroc ont été soulignées de longue 1992). Nous sommes ici dans une zone
date et on les a expliquées par leur globalement externe de la chaîne
origine paléo-gondwanienne puis par hercynienne européenne. Les zones les
leur rapprochement lors de la fermeture plus orientales, celles de l’axe Marrakech-
de l’océan Théique (PIQUE et Oujda prolongé dans le Rif et les Kabylies
SKEHAN, 1992). internes, se raccorderaient, peut-être, au
Un schéma possible de l’évolution segment « interne » sud de la chaîne
géodynamique du Maroc au Paléozoïque, européenne.
défendu par HOEPFFNER et al. (2006) est
que le Maroc a été constamment solidaire du
20 20

6.3. L’ouverture de l’Atlantique


central au Mésozoïque
6.3.1. Trias supérieur-Lias basal : le
rifting intracontinental

Après l’épisode hercynien et la longue


le cadre de celui de l’Atlantique
période permienne (PIQUE, 2002), la
central.Ces transgressions traduisent le
reconquête marine se fera à la fin du Trias
début de l’individualisation de la plaque
à partir de deux régions ; les influences
Afrique par rapport à celle de l’Eurasie
marines s’étendront à l’ensemble du
d’une part et de l’Amérique du Nord
domaine nord-maghrébin à partir de
d’autre part dont les données sur les
l’est, dans le cadre du rifting néo-
domaines océaniques nous montrent la
téthysien et venant du sud-ouest, dans
cinématique (Fig. 78).

Fig. 78. Dérive de l’Afrique et ouverture de l’Atlantique


6.3.1.1. Le rifting atlasique
L'étude des séries sédimentaires et moyen. La sédimentation syntectonique
triasico-liasiques de l’Atlas marocain et le flux thermique associé daté à environ
fournit des indications sur les conditions 200 Ma (BENCHEKROUN et al., 1988 ;
de leur dépôt et leurs relations HUON et al., 1993) s’accompagnent de
géométriques avec les failles alors la mise en place de magmas tholéitiques.
actives. Au Carnien, la sédimentation Tous ces marqueurs structuraux, sédi-
est concentrée dans un sillon NE-SW, mentaires, thermiques et magmatiques
centré sur le Moyen Atlas et le Haut Atlas caractérisent le sillon atlasique actif au
central sub-parallèle à celui dans lequel Carnien avec, à la base, une séquence
se dépose, à l'ouest, la série triasique synrift (les séries détritiques du Trias
atlantique (Fig. 79 A,B). Ce sillon est supérieur et du Lias basal dont le dépôt
faillé, mais l'activité des failles bordières est syntectonique), et au sommet une
s'estompe progressivement au Rhétien séquence postrift discordante (les
et elle a cessé avant le dépôt des carbonates liasiques) déposée durant la
carbonates marins du Lias inférieur phase de subsidence thermique.
21 21

Ainsi, au Trias supérieur et au Lias Norien-Rhétien, de magmas basaltiques


basal, le rift atlasique est en connexion tholéitiques. La fracturation, jusqu’ici
au nord-est avec la Téthys d'où viendra limitée à une zone centrale du rift
la transgression marine ; au SW, au naissant, se développe alors plus
niveau de l'Atlas de Marrakech, il est largement, tout en affectant des zones
probablement séparé de l’Atlantique. plus occidentales. A cette époque,
L’absence de dépôts sédimentaires cependant, elle reste encore confinée
synrift au sud du Haut Atlas actuel dans les zones méridionales de la
suggère la présence, ici, d’une faille de marge et ce n’est qu'à l’Hettangien que la
transfert. C’est la Faille N 70 E du Tizi fracturation atteint la zone d’El Jadida
n’Test, ancien linéament de nouveau ainsi que l’ensemble des zones
actif à cette époque, qui joue ce rôle en occidentales de la marge. Ensuite, la fin
limitant au sud les bassins faillés dans un de l’extension continentale se marque
régime à forte composante dans les segments d’Essaouira et de
transcurrente sénestre. La direction Tarfaya par la transgression liasique qui
NW-SE de l’extension horizontale dépose des sédiments carbonatés en
régionale est déduite de celle des dykes discordance postrift sur les séries sous-
triasico-liasiques NE-SW de l’Anti Atlas jacentes fracturées.
et de l’Algérie méridionale. Cette L’orientation des structures majeures
direction est compatible avec celle de est la même que celle des bassins
l’ouverture des bassins triasico- atlasiques contemporains et la direction
liasiques et avec le jeu contemporain de l’extension horizontale régionale est
sénestre de la faille du Tizi n’Test. la même que celle définie à terre.
De direction NE-SW, le rift atlasique est Enfin, on signalera brièvement ici la
sub-parallèle au rift atlantique mais à la comparaison que l’on peut effectuer
différence de celui-ci qui réussit, c'est entre la marge ouest-africaine et la
à dire qui évolue vers l'océanisation, le marge conjuguée nord-américaine et,
rift atlasique avorte ; l'extension crustale plus précisément, entre les bassins
y cesse au début du Lias en même temps triasico-liasiques du Maroc et ceux
que s'achève l'activité magmatique et d’Amérique du Nord (HUTCHINSON et
métamorphique et que ses failles KLITGORD, 1988). Les similitudes,
bordières sont scellées par les mais aussi les différences significatives
carbonates liasiques qui se déposent en entre ces deux marges homologues
discordance postrift sur le domaine conduisent à un modèle d’ouverture de
atlasique et débordent sur celui de la l’océan Atlantique central par le jeu
Meseta (Fig. 79 B). d’une faille de détachement
lithosphérique pentée à l’est (PIQUE et
6.3.1.2. Le rifting atlantique LAVILLE, 1996), schématisé par la Fig.
Au Carnien, des failles hercyniennes 80. Dans ce modèle, les anciennes
NNE-SSW à NE-SW sont réactivées en structures paléozoïques, avec leur
failles normales et les blocs basculés vergence à l’ouest, sont réactivées en
qu’elles délimitent sont séparés par des extension, et les sutures majeures se
failles de transfert N 70 E (LAVILLE et branchent, en profondeur, sur une
PIQUE, 1991 et Fig. 79 A). Une grande faille de détachement qui réalise
sédimentation détritique s’effectue dans l’ouverture des deux rifts parallèles,
les hémigrabens ainsi constitués. Le atlantique et atlasique.
second épisode est en gros
contemporain de la mise en place, au
22 22

Fig. 79. Le rifting atlasique et atlantique


23 23

Fig. 80. Ouverture de l’Atlantique


6.3.1.3. L’évolution de la marge par la rupture continentale entre
atlantique l’Afrique et l’Amérique du Nord. A la
Aussi bien sur la marge américaine suite de la rupture continentale et du
que marocaine, l’épisode de fracturation début de l’accrétion de la croûte
synrift s’est achevé au Lias inférieur. océanique, les séries postrift décrites
C’est à cette époque que sont activées plus haut se déposent sur les divers
des failles sénestres N 70 E dans la segments de la marge sous le contrôle
marge atlantique d’Essaouira et dans le d’un ensemble de facteurs où
domaine atlasique tout entier. Ce interviennent la subsidence thermique
mouvement à forte composante de la marge, les variations eustatiques et,
transcurrente enregistre le début de la perceptibles dès le Crétacé, les
translation de l’Afrique vers l’est permis mouvements orogéniques atlasiques.
24 24

6.3.2. Jurassique : plates-formes et autorisant à chercher dans ces séries


sillons l’équivalent septentrional de celles de
l’Atlas une fois déplié l’édifice de
Après le Lias, la dérive de l’Afrique vers nappes. Par contre, la comparaison
l’est par rapport à l’Europe qui reste n’est pas directe avec la couverture des
encore solidaire de l’Amérique du Nord zones rifaines internes et les liaisons
(Fig. 78) entraîne l’ouverture de entre les séries atlasiques et celles-ci
l’Atlantique central entre Amérique et doivent tenir compte du sillon aminci
Afrique, de l’océan liguro-piémontais et téthysien qui les a ensuite séparées. On
des domaines maghrébins océanisés montre qu’au Lias inférieur et moyen,
entre Afrique et Europe. La marge les calcaires de la Dorsale rifo-tellienne
africaine est passive au nord-ouest, se sont déposés sur la plate-forme
dans le Maroc occidental, et transformante méridionale (en coordonnées actuelles)
dans les domaines marocains septen- du bloc d’Alboran. Un début de
trionaux. différenciation se lit dès cette époque
entre les faciès de la plateforme interne
6.3.2.1. Lias inférieur et moyen nord-dorsalienne, moins épais et
Dans les zones cratoniques et relativement peu profonds, et les faciès
subcratoniques, les dépôts liasiques sud, plus profonds, du type de plateforme
marins sont généralement absents. La externe.
transgression s’effectue vers l’ouest et
le sud-ouest, à partir des zones 6.3.2.2. Du Lias supérieur à la fin
orientales qui étaient déjà marines au du Jurassique
Trias et elle s’avance parfois directement
sur le socle ancien. - a. La Meseta
Dans la marge atlantique, les carbonates Au Jurassique moyen et au début du
liasiques de la plate-forme carbonatée Jurassique supérieur, une bonne part
postrift scellent les failles normales du du Sahara est immergée. A la fin du
Trias et du Lias basal. La Meseta Jurassique supérieur et jusqu’à la fin du
occidentale est émergée et la Meseta Crétacé inférieur l’ensemble de la
orientale est recouverte de sebkha. région est exondé et les séries rouges
Dans le domaine atlasique, au début du tropicales du « Continental intercalaire »
Lias, la sédimentation est franchement à Vertébrés aériens se déposent sur ce
marine, avec des sédiments très territoire.
généralement carbonatés. Les aires On retrouve les mêmes conditions
continentales proches de la plate-forme dans la partie occidentale de la Meseta
sont suffisamment aplanies pour qu’aucun marocaine, émergée depuis le Lias. La
débris terrigène n’atteigne le bassin de transition entre ces zones mésétiennes
sédimentation. Au fil du temps, une émergées et les domaines marins sont
différenciation se produit à l’intérieur du connues : au Jurassique supérieur, on
bassin. passe vers l’ouest à des sédiments
Au nord du domaine atlasique, les confinés de type anhydrite dans les
séries sédimentaires surtout carbonatées Doukkala, à des carbonates de plate-
des domaines rifains externes se sont forme sous le plateau d’El Jadida et,
déposées sur la marge septentrionale enfin, à des faciès plus distaux sous
africaine. Leur déplacement ultérieur, l’actuel talus continental. Au Jurassique
sous la forme de nappes et d’écailles, supérieur et au Crétacé inférieur la
s’est effectué en gros vers le sud, profondeur de dépôt reste faible. En
25 25

direction de l’est, les faciès du Causse supérieur puis cette région émerge. Le
moyen-atlasique marocain au Lias passage au sillon atlasique est réalisé
supérieur sont marins, d’assez faible par des zones de failles synsédimentaires
profondeur et peu épais ; la sédimentation extensives comme celle de l’"Accident nord
reste marine ici jusqu’au Jurassique moyen-atlasique".

Fig. 81. Le Maroc au début du Mésozoïque en position de marge d’arrachement


(atlantique) et transformante (néo-téthysienne)
- b. Le domaine atlasique
+ Le développement du Sillon et celle des corps plutoniques
atlasique : un "rift atlasique" jurassique? jurassiques mis en place dans l’Atlas
Dans l’Atlas marocain, le golfe central marocain suggèrent que les
atlasique du Lias inférieur et moyen bassins se sont développés dans un
devient un sillon faillé qui sépare le régime tectonique marqué par une forte
Sahara, au sud, du domaine rifo-tellien, composante transcurrente senestre le
au nord. A l’intérieur du sillon, les long des failles N 45-70 E.
anciennes flexures évoluent en failles Si chacun s'accorde sur la disposition
qui permettent au Lias supérieur la géométrique des rides et des
dislocation de l’ancienne plate-forme dépocentres dans les fossés haut- et
carbonatée. La géométrie rhombique moyen-atlasiques, les avis divergent, on
des bassins élémentaires et des rides l’a vu (voir les références citées plus
qui les séparent, la disposition des haut), sur leur signification dynamique :
structures plicatives synsédimentaires
26 26

-- le sillon atlasique peut être décrit en i) extension crustale dans deux rifts
termes de rift E-W, développé du Trias au parallèles, atlantique et atlasique au
Jurassique (et peut-être même jusqu’au Trias supérieur ;
Crétacé) résultant d'une extension pure, ii) fin de l'extension crustale dans le
en réponse à une extension orientée N-S domaine atlasique marocain au Lias
; basal par concentration de l'extension
-- le sillon haut- et moyen-atlasique dans le rift atlantique ;
correspond, après un épisode de iii) début de la fragmentation de la plate-
subsidence thermique au Lias, à la forme. Cette dislocation correspond
fragmentation de la plate-forme précisément au début de l'accrétion
carbonatée en un ensemble de bassins océanique, et donc de la dérive de
losangiques séparés par des rides l'Afrique vers l'est. A partir de cette
sédimentaires. Dans cette optique, le époque, au sud de la ligne Terre Neuve-
bassin complexe atlasique correspond Gibraltar-nord Maghreb, le domaine
davantage à un ensemble de sillons atlasique est une zone cisaillée
transtensifs qu'à un rift proprement dit transtensive sénestre, où des bassins
et il est différent du vrai rift, triasico- découpent, surtout du Moyen Atlas au
liasique celui-ci, dont le sépare tout Haut Atlas central, une croûte qui avait
l'épisode de sédimentation postrift du été préalablement amincie au Carnien
Lias inférieur et moyen. par le rifting atlasique. C’est tout le
Cette seconde hypothèse implique domaine atlasique qui, sur une largeur
trois étapes successives pour le sillon d’environ 400 km, constitue alors la
atlasique : i) l’individualisation du rift marge transformante nord-africaine.
atlasique vrai, avec extension vraie NW- Remarquons, enfin, que le large
SE au Trias supérieur et au Lias basal développement des constructions
puis, au Norien et au Lias basal, la récifales dans le domaine atlasique (DU
cessation progressive de son activité DRESNAY, 1976) témoigne d’un climat
désormais transférée dans le rift chaud ; la remontée du Maroc vers le
atlantique ; ii) la sédimentation postrift, au nord se poursuit.
Lias inférieur et moyen, sur une plate- + La déformation dans l’axe de l’Atlas
forme carbonatée plus ou moins Progressivement, au début du
uniforme, où les futures zones Jurassique supérieur, les rides évoluent
atlasiques sont en conditions de en anticlinaux pincés et les dépocentres
subsidence thermique ; iii) la dislocation en synclinaux à fond plat, tandis qu’une
de la plate-forme au Lias supérieur, et régression amène, sauf aux deux
l’individualisation des fossés atlasiques extrémités NE et SW de l’Atlas
dont chacun est constitué de sous- marocain, à proximité des marges
bassins limités par des failles à forte téthysienne et atlantique, le développement
composante sénestre E-W à N 70 E. La des faciès détritiques et continentaux à
mise en place de la plupart des plutons dinosaures. Ces couches rouges dans
jurassiques s’effectue dans l'ancien axe lesquelles le Jurassique supérieur est
NE-SW, du Moyen Atlas au Haut Atlas représenté sont discordantes sur les
central, là où la croûte avait été amincie structures anticlinales. Cette disposition
par le rifting triasique. suggère que le régime, transtensif au
Ces trois étapes correspondent aux Jurassique inférieur et moyen, est devenu
trois temps bien connus par ailleurs transpressif au Jurassique supérieur.
dans l’évolution de l’Atlantique central et Le fait suivant, parfois insuffisamment
de la plaque Afrique : pris en compte, est que la déformation
27 27

de la partie centrale de l’Atlas au Maroc, dans un milieu marin profond soumis à


qui s’accompagne localement du une extension crustale importante où
développement d’une schistosité, est des sédiments pélagiques se déposent.
d’âge jurassique. Elle n’est pas suivie, A cette époque, le sillon des flyschs
au Mésozoïque, d’une surrection, sépare deux marges : la marge nord,
puisque ces zones déformées de l’Atlas actuellement préservée dans la Dorsale
central sont recouvertes par la rifo-kabyle et la marge sud, africaine, à
transgression crétacée. La distinction présent enfouie sous les recouvrements
opérée jadis entre Orogenèse jurassique anormaux de la chaîne.
et Tectogenèse récente de l’axe
atlasique (LAVILLE et PIQUE, 1992) est + Dorsale
ainsi confirmée. Du nord-est au sud-ouest au Maroc, les
séries de la Dorsale traduisent des
- c. Le domaine rifain milieux de plus en plus profonds et on y
+ Zones externes reconnaît la marge méridionale du bloc
Au Jurassique et au Crétacé inférieur, crustal (microplaque) constitué par les
les régions méridionales parautochtones unités cristallines du Rif. Une analyse
sont, comme celles de l’Atlas, un milieu fine des séries liasiques montre la
marin de faible profondeur. Par la suite, progression de l’affaissement de cette
des conglomérats puis des grès y marge dont, par l’étude des accidents
indiquent une certaine instabilité du cassants synsédimentaires, on reconstitue
fond marin, démontrée par le dépôt du les diverses étapes de la constitution (EL
"Ferrysch". Cette épaisse formation HATIMI et DUEE, 1989).
détritique dont les éléments sont Au dessus, les séries du Jurassique
d’origine saharienne se dépose sur un moyen et supérieur et celles du Crétacé
fond marin en affaissement rapide. Une inférieur sont des dépôts postrift avec,
extension crustale contemporaine est là encore, une distinction entre les
indiquée, outre la forte subsidence du séries internes relativement minces,
fond marin, par la mise en place au sein condensées, lacuneuses, déposées sur
de l’unité du Loukkos d’une série un talus et les séries externes
magmatique et volcano-sédimentaire détritiques et bréchiques typiques d’un
alcaline d'âge bathonien-callovien et par bassin profond. Le passage vers les
celle des lherzolites serpentinisées du milieux méridionaux, le bassin des
petit massif de Beni Malek, à quelques flyschs, se trouve dans la "zone pré-
kilomètres au NW de la faille du Nekor, dorsalienne", avec ses olistolites mis en
qui correspondent à la montée d’une place dans des sédiments pélagiques
ride ultrabasique au sein même de la de bas de pente.
marge africaine. L'absence de dépôts contemporains
préservés sur les terrains cristallins
+ Zone des flyschs internes ne nous permet pas de
Dans le jbel Tisirène au Maroc, les reconstituer la paléogéographie de ces
roches sédimentaires, calcaires fins et régions.
radiolarites, suggèrent un milieu marin
profond, un bassin « affamé » au nord + Autres zones internes
du domaine rifain. D’une façon L’importance du métamorphisme alpin
générale, les roches sédimentaires qui dans les Sebtides interdit d’y reconstituer
constituent la base jurassique de la la colonne sédimentaire initiale, peut-
série des flyschs se sont déposées être constituée d’un socle hercynien.
28 28

Quoi qu’il en soit, pour CHALOUAN et Le mouvement d’ensemble le plus


MICHARD (2004) c’est dès cette important après l’ouverture de ces
époque que la dénudation du manteau bassins et fossés est le basculement du
sous-continental met à jour les Maghreb vers le nord, en direction de la
péridotites des Beni Bousera et leur Tethys. Ce mouvement se manifeste à
équivalents bétiques de Ronda dans le la fin du Jurassique moyen par l’émersion
« rift » transtensif néo-téthysien. des zones méridionales du Sahara et par
l’érosion consécutive d’immenses
- d. L'Afrique du Nord-Ouest au territoires du socle africain. Les éléments
Jurassique : bilan détritiques extraits de ces zones
émergées sont transférés vers le nord
Le domaine saharien, totalement par de puissants réseaux fluviatiles.
aplani au Jurassique inférieur et moyen, Certains sont piégés dans les fossés de
est parcouru par des pulsations l’Atlas ; d’autres, mêlés à ceux
positives et des reculs de la mer en originaires des domaines alors émergés
réponse à des élévations du niveau de de la Meseta et de l’Atlas central
l’océan mondial. marocain, arrivent dans le bassin rifain
A l'ouest, la constitution de la marge externe où ils forment le Ferrysch.
passive de l'Atlantique central s'effectue, D’autres enfin alimenteront plus tard le
et de l'événement majeur que représente sillon des flyschs.
l'ouverture de l'Atlantique central et la Notons que l’absence de ces
dérive de l'Afrique vers l'est découlent équivalents en Tunisie indique que la
les réorganisations observées dans limite nord-africaine est à chercher au
l'ensemble du Maghreb. nord de l’actuelle Tunisie.
Au nord, la plate-forme carbonatée du
Lias inférieur et moyen est fragmentée au 6.4. La convergence Afrique-
moment même où s’enclenche, dans Europe
l’Atlantique central, l’accrétion océanique.
L’individualisation des bassins rifains et 6.4.1. Paléogéographie du domaine
atlasiques traduit la réactivation des maghrébin au début du Crétacé
fractures crustales dans un nouveau
champ régional de contraintes où une Comme au Jurassique supérieur, les
composante transcurrente sénestre se zones sahariennes sont émergées et
combine à une composante normale le elles fournissent les domaines septen-
long de failles N 70-90 E dans le trionaux en éléments détritiques qui
Maghreb occidental. Au Jurassique traversent le sillon atlasique. Dans l’axe
moyen-supérieur, la limite nord de de l’Atlas marocain, les structures
l’Afrique se situe au niveau de la future majeures sont d’ores et déjà acquises
zone des flyschs. Au-delà de cette et les massifs plutoniques sont en
limite, on rencontre les zones internes place. Au nord du domaine atlasique,
rifaines qui, avec les noyaux cristallins les sillons des flyschs se creusent. Ils
bétiques, kabyles, etc. et leur commenceront à se remplir au Barrémien-
couverture dorsalienne, font partie du Albien.
Bloc Alcapeka. Les fossés et bassins Au début du Sénonien, à environ 85
creusés au cours de cette transtension Ma, l’Afrique opère une rotation anti-
vont durer pendant tout le Mésozoïque, horaire qui accentue une évolution déjà
y compris dans l’axe de l’Atlas marocain perceptible depuis le début du Crétacé
où la déformation est jurassique. et elle se rapproche du continent
29 29

européen (Fig. 78). C’est cette grande partie du domaine maghrébin


convergence qui va désormais induire par une mer chaude et peu profonde qui
l’évolution des domaines marocains et, laissera des carbonates de plate-forme
plus généralement, maghrébins. En cénomano-turoniens surmontés par les
même temps, l’Atlantique Sud et l’océan séries régressives du Crétacé terminal
Indien sont en cours d’ouverture et la et du Paléocène. Le second événement
forte activité des dorsales océaniques est indiqué par le début de la surrection
est à l’origine d’une transgression des futures zones orogéniques : les
eustatique d'importance mondiale. La zones internes rifaines et l’Atlas occidental
mer, rejetée sur les continents, qui entament leur soulèvement.
s’avance largement sur l’Afrique. Cette
incursion marine n’est cependant pas 6.4.3. Du Crétacé supérieur au
généralisée dans le domaine maghrébin Néogène : subduction et collision
où des zones émergées subsistent, par continentale dans les zones rifaines
exemple dans les Rehamna au Maroc. internes et déformations atlasiques
Là où il s’établit, le régime marin
persiste jusqu’au début du Cénozoïque. L’essentiel de la déformation rifaine,
le creusement et la déformation des
6.4.2. Sédimentation dans les sillons péri-atlasiques, et l’exhaussement
domaines stables du Crétacé à de l’Atlas en général, sont contemporains.
l’Eocène C’est de cette époque que datent la
disparition des espaces océaniques
Dans la Meseta comme, plus loin, téthysiens qui, depuis le Mésozoïque,
dans le Sahara, les dépôts sédimentaires séparaient l’Afrique du Nord de l’Europe
du Crétacé supérieur- Eocène forment et des blocs continentaux reliés à
un cycle complet qui débute avec les l’Europe, regroupés sous le nom
calcaires dont le caractère marin, d’Alkapeca, et l’ouverture de la Méditerranée
souvent perceptible dès l’Apto-Albien, occidentale, contemporaine de celle des
s’affirme au Cénomano-Turonien puis rifts d’Europe occidentale.
disparaît avec les faciès régressifs du
Crétacé terminal, du Paléocène et de 6.4.3.1. Grands traits de la
l’Eocène, époque à laquelle la Meseta paléogéographie du domaine rifain au
émerge. Les séries turoniennes Sénonien
marquent le maximum d’avancée de la Dans le domaine rifain, le bassin
transgression. Au nord de ce domaine externe passe vers le sud à la plate-
stable, la répartition des faciès et des forme néritique de l’avant-pays par des
épaisseurs des séries sédimentaires faciès de plateau externe (lumachelles),
montre un passage vers des conditions de talus et de bas de pente (les marnes
plus franchement marines et des zones à boules calcaires, rencontrées du
plus subsidentes. Maroc à la Tunisie ou le "complexe
Deux événements interfèrent au Crétacé triasique" intra- et mésorifain). Au nord,
supérieur et au début du Cénozoïque : il se relie probablement au bassin des
d’abord, l’élévation eustatique du niveau flyschs. Celui-ci, individualisé entre le
des mers et ensuite le début de la sillon externe et le domaine interne,
contraction orogénique rifo-tellienne. Du accueille des sédiments relativement
premier événement témoignent la proximaux (série du Beni Ider), peut-
transgression d’origine téthysienne et être alimentés depuis les zones
atlantique et l’envahissement de la plus externes comme le flysch maurétanien
30 30

d’Algérie, et d’autres plus distaux, la série réalisées impliquent que les roches
de Chouamat, probablement issue des cristallines des Sebtides ont été portées
zones internes comme ses équivalents à des grandes profondeurs, correspondant
massyliens d’Algérie. Dans la Dorsale, le à la base de la croûte et plus
caractère détritique grossier et les profondément encore. La question non
ravinements observés, particulièrement encore partout résolue est celle de la
dans les parties internes dans les séries datation de ce métamorphisme. Bien
du Crétacé supérieur, du Paléocène et sûr, on sait le distinguer de celui, plus
de l’Eocène jusqu’au Lutétien, traduisent ancien, lié aux épisodes hercyniens,
une sédimentation syntectonique. comme de celui, plus récent,
contemporain d’un flux thermique élevé
6.4.3.2. Subduction et collision rifaines attribué à un stade tardi-orogénique de
Actuellement, on s’accorde pour désépaississement crustal. Comme il
interpréter l’orogenèse rifaine en termes est, par ailleurs, antérieur aux déformations
de tectonique de collision et pour alpines s.str., il est fréquemment attribué à
trouver les traces de cette collision, en un épaississement "éo-alpin" à l’Eocène
particulier, dans les zones internes de la (voir les âges à 44-27 Ma dans les Beni
chaîne où, par ailleurs, la géochimie Mezala).
isotopique permet d’en proposer une Quoi qu’il en soit, les Sebtides,
datation. On admet que la marge considérées comme le socle des zones
africaine était séparée de celle du bloc internes, subissent une élévation de
d’Alkapeca à partir du Jurassique par pression due à un processus de
un sillon néo-téthysien à croûte subduction qui, selon CHALOUAN et
continentale très amincie ou océanique MICHARD (2004), s’enclenche au sud
qui deviendra le sillon des flyschs du bloc d’Alkapeka à l’Eocène inférieur-
maurétanien et massylien. La dynamique moyen (50-40 Ma) et se développe
de la plaque Afrique par rapport à la jusqu’à l’Oligocène (30-25 Ma). Les
plaque Europe impose que ce sillon ne Ghomarides émergent à l’Oligocène et
soit pas un rift, en ouverture pure, mais alimentent en éléments détritiques la
un fossé transtensif dans lequel est Dorsale et le sillon des flychs. Des
présente une forte composante latérale écaillages débutent à la suite de
sénestre. Est-ce que la séparation a été l’inversion compressive des anciennes
totale à ce niveau entre la plaque failles extensives et les unités internes
Afrique et une plaque d’Alboran, une sont portées au-dessus des flyschs. Le
lithosphère océanique néo-téthysienne sous-charriage des zones externes
se constituant ici entre Afrique et sous les zones internes qui débute ne
Europe ? Le métamorphisme "éo-alpin" va pas cesser, accompagnant la
de type HP mis en évidence dans les progression vers le sud des domaines
noyaux cristallins de certaines parties tectonisés. Dans la Dorsale, les grès et
du Rif et aussi des Bétiques, des conglomérats oligocènes sont discordants
Kabylies, etc. est-il lié à une position sur des niveaux déjà écaillés. La partie
des futures Sebtides au nord (MICHARD inférieure du matériel numidien se
et al., 2002) ou au sud (CHALOUAN et dépose alors à partir d’une origine
MICHARD, 2004) du bloc d’Alkapeca ? méridionale, dans le sillon des flyschs
De toute façon, les conditions physiques déjà bien contracté.
nécessaires au développement des A l’Oligocène terminal et l’Aquitanien
paragenèses de très haute pression inférieur, le métamorphisme HT qui
affecte les Sebtides, y masquant peut-
31 31

être un épisode HP antérieur généralisé, place du lambeau du jbel Zem Zem


marque le début de l’exhumation des unités comme, en Kabylie, de l’olistostrome
métamorphiques. A cette époque, les kabyle et des flyschs suprakabyles.
nappes de flyschs sont désolidarisées de Au Tortonien, l’olistostrome prérifain
leur substratum mais des sédiments se et les autres unités chaotiques se
déposent encore dans le bassin des déposent dans le sillon prérifain, creusé
flyschs. La mer envahit les zones comme bassin d’avant-pays orogénique,
internes où elle dépose des sédiments puis atteint et dépassé par les nappes
détritiques et continentaux, équivalents rifaines, nappes de glissement diverticulées
marocains de l’Oligo-Miocène kabyle. et mises en place dans le sillon.
Au Néogène et au Quaternaire, enfin,
Dans les domaines externes, des une extension post-tectonique est à
dépôts détritiques s’accumulent. Au l’origine du développement des bassins
Burdigalien inférieur et au Miocène moyen, intramontanes de Boudinar, Melilla, etc.
le bloc d’Alkapeca est désormais Le milieu y est marin et la sédimentation
fragmenté. Sa partie occidentale, le bloc contrôlée par des failles dont le jeu
d’Alboran, achève alors sa translation dépend de leur orientation. L’activité
vers l’ouest permise par les grandes magmatique se traduit par la mise en
failles sénestres rifaines (MICHARD, place de magmas alcalins.
2006). La compression, transpressive à
l'Eocène, est à présent subméridienne 6.4.3.3. La déformation et le
et donc frontale. La subduction et les soulèvement de l’Atlas
sous-charriages du Rif externe sous les Au Crétacé, la transgression s’effectue
unités internes se poursuivent. Dans un plus ou moins précocement ; c’est dès
mouvement de bascule les domaines l’Aptien qu'elle parvient dans le Moyen
externes se sont soulevés, le matériel Atlas marocain. Les eaux téthysiennes
numidien, en déséquilibre gravitaire, se s’avancent vers le sud, débordant
met en place par glissement épiglyptique largement le domaine atlasique. La mer
et les domaines internes s’effondrent reste peu profonde, le maximum de la
sous les eaux de la Méditerranée. transgression étant réalisé, comme en
Après la mise en place de la nappe Meseta, au début du Turonien avec le
numidienne, les domaines externes sont développement d’une plate-forme
soumis à des cycles alternativement marine ouverte. La mer se retire au début
transgressifs et régressifs. Dans le Rif du Cénozoïque. Dans l’axe de l’Atlas, on
interne comme en Kabylies, c'est à l’a dit, ces dépôts transgressifs sont
cette époque que les terrains discordants sur les séries plissées et sur
métamorphiques et les péridotites du les massifs plutoniques jurassiques. C’est
manteau infra-crustal des Beni-Bouchera la preuve, d’une part, que la déformation
sont exhumés et affectés par un majeure est ici anté-crétacée et, d’autre
important métamorphisme HT. Le part, qu’elle n’a pas été suivie d’un
magmatisme et le désépaississement exhaussement post-orogénique. Par
sont contemporains et probablement conséquent, le raccourcissement de
liés à l'ouverture de la mer d’Alboran. l’Atlas central ne s’est pas accompagné
De la pile d’unités des flyschs, d’ores et d’un épaississement crustal et d’un
déjà constituée, se détachent des lames réajustement isostatique. Au début du
qui glissent vers le nord sur le fond Sénonien, la plate-forme calcaire
marin et sont à l’origine de la mise en turonienne est fragmentée, préparant
32 32

les bassins à faciès confinés bitumineux marginaux s’accompagne de chevau-


du Crétacé terminal, et les bordures du chements divergents par rapport à son
Haut Atlas enregistrent les premiers axe. Sur son flanc sud, les données de
effets de l’exhaussement de la chaîne la subsurface montrent l’allochtonie du
avec le décollement de la couverture front sud-atlasique et quelques chevau-
liasique haut-atlasique et son déplacement chements quelquefois interprétés comme
en unités allochtones. l’émergence de grands cisaillements
A l’Eocène, un milieu marin confiné crustaux enracinés très au nord, parfois
persiste dans les "synclinaux péri- aussi loin que le Rif. Ces cisaillements
phériques" qui bordent au NW le Haut mio-pliocènes se traduisent par des plis
et le Moyen Atlas où il se traduit par le de rampes sur les bordures de l’Atlas et
dépôt de marnes réductrices et par l’accentuation du déversement des
bitumineuses, contemporaines des plis atlasiques ou même leur troncature
niveaux phosphatés plus oxygénés qui par des chevauchements récents.
caractérisent les milieux de mer ouverte
de la Meseta occidentale. A la bordure 6.4.4. Les chaînes tertiaires
nord de l’actuel bassin de Ouarzazate, d’Afrique du Nord
l’Eocène est encore représenté par des
calcaires et des marnes marines mais 6.4.4.1. Evolution géodynamique
cette zone émerge rapidement, en -a. Ouvertures transtensives
réponse au soulèvement du Haut Atlas L’effondrement de la marge sud-
qui s’ébauche alors que se met en européenne et la constitution des
place la nappe de Toundoute. Ailleurs, marges conjuguées entre Afrique et
et en particulier sur l’axe de la chaîne, Amérique d’une part et l’ouverture des
la mer crétacée se retire. bassins atlasiques d’autre part
A l’Oligocène et au Néogène la s’effectuent en même temps, au Lias
déformation cénozoïque n’est enregistrée inférieur dans la Dorsale externe, au
que dans les zones marginales, de part Lias supérieur dans la Dorsale interne
et d’autre de l’axe déjà structuré du et l’Atlas. Ces événements réorganisent
domaine atlasique, où elle se marque la plateforme carbonatée liasique. Ils
par des discordances synsédimentaires traduisent l'activation de la marge
dans des formations continentales transformante (transtensive) nord-
attribuées à l’Eocène. C’est surtout au africaine en réponse au développement
début du Miocène que l’apparition, puis de la marge passive (ou d'arrachement)
le développement progressif des faciès ouest-africaine née au moment de
détritiques dans des zones subsidentes l'ouverture de l'Atlantique Central.
qui deviennent les sillons bordiers Bien qu’il existe des preuves du
atlasiques (ex. le bassin de Ouarzazate caractère transformant du mouvement
au sud du Haut Atlas) indiquent la du bloc Alkapeca par rapport à l’Afrique,
surrection de la chaîne. les études régionales insistent plutôt sur
Le serrage tardif est mio-pliocène ; il la composante en ouverture pure, plus
n’est daté avec précision que là où, visible (ex. la marge rifo-kabyle sud-
comme dans le Moyen Atlas, il affecte européenne). La composante normale
des séries marines. Dans l’axe de la est bien exprimée, en particulier, dans
chaîne occidentale, il se traduit par une l’ouverture des bassins affamés établis
accentuation de quelques structures dès le Jurassique supérieur au nord de
jurassiques alors que sur les bordures la marge nord-africaine dont le substrat
de la chaîne, le plissement des bassins est une croûte sinon océanique, du
33 33

moins très amincie. L’affaissement de individualisée à la fin du Paléozoïque,


ces sillons appelle les débris clastiques étendue du Maroc oriental aux Kabylies
d’origine méridionale qui formeront le internes, à l'axe corso-sarde et,
Ferrysch marocain, les Grès des Ksour finalement, aux massifs cristallins
en Algérie et, plus tard, les flyschs externes des Alpes. Au Mésozoïque, le
crétacés. Les compressions rifo- découplage de l'Afrique par rapport à
telliennes survenues ensuite ne laissent l'Europe s'effectue le long de cette
plus distinguer la forme initiale des ancienne zone de suture. Le fait le plus
bassins de la marge nord-africaine. Plus remarquable de ce dispositif est son
au sud, cependant, les bassins tracé, qui ménage un promontoire
contemporains de l’Atlas n’ont pas été "italien" au nord de l'Afrique, auquel
suffisamment écrasés pour qu’on ne appartient aussi probablement la
puisse reconnaître leur disposition Tunisie, et qui met en quelque sorte
primitive ; or, leur géométrie losangique cette région en retrait par rapport à la
suggère l’intervention d’une composante marge transformante nord-africaine, à
transcurrente sénestre qui n’est pas l'exception de ses zones les plus
décelable dans les séries des bassins septentrionales.
rifains, actuellement déracinées. Il est
donc possible que le découpage en -b. Transpression éocène
amygdales des unités rifaines internes A l’issue du long épisode transtensif,
soit le résultat de la segmentation de la l’inflexion vers le nord de la trajectoire
paléomarge nord-africaine par des de l’Afrique induit, à partir du Crétacé
accidents transformants. Quoi qu'il en supérieur, la convergence avec
soit, la combinaison des deux l’Europe, d’abord oblique puis frontale.
composantes transcurrente et verticale Les premiers effets se font sentir à
implique des ouvertures transtensives l’Eocène supérieur dans les zones
sénestres qui, à leur tour, expriment dans bordières de l’Atlas et dans le Rif où
la partie nord de la plaque Afrique sa débutent les premiers écaillages alpins.
dérive vers l’est par rapport à Sa signification géodynamique n'est pas
l’Europe et l’élargissement du domaine la même selon les auteurs et on peut la
néo-téthysien qui les sépare. En présenter en faisant référence, dans un
d’autres termes, du Lias supérieur au premier temps, au système kabylo-
Crétacé supérieur (Sénonien), le tellien d’Algérie. Pour FRIZON de
domaine rifain (futures zones des LAMOTTE et al., (2000), cette phase
flyschs et zones externes) et le domaine éocène est due à la collision entre la
atlasique constituent la marge Kabylie, fragment du bloc crustal
transformante nord de l’Afrique. intermédiaire entre Europe et Afrique
A noter que les sillons qui s'ouvrent (Alkapeca), avec la marge baléare
au Mésozoïque dans cette partie (européenne), l'ensemble étant ensuite
septentrionale du Gondwana sont transporté vers la marge africaine avec
parallèles à des zones de fragilité de laquelle sa collision, au Langhien,
l'écorce, sutures ou décrochements engendre l’orogenèse rifo-tellienne. Une
majeurs, héritées des temps hercyniens. autre manière de voir, illustrée dans le
C'est le cas, bien sûr, de l'Atlantique Tell algérien par BOUILLIN (1979),
central, ouvert sur la suture théique. envisage au contraire, que la collision
C'est aussi le cas de la marge du socle kabyle avec la marge africaine
transformante nord-africaine qui s'est est bien plus précoce, puisqu’elle
établie sur une zone complexe, déjà s’effectue à l’Eocène supérieur.
34 34

Fig. 82. Deux modèles orogéniques (a et b) pour les chaînes rifaine et


atlasique
35 35

Bien sûr, ces interrogations trouvent est désormais frontale. Le style de la


leur prolongement au Maroc, et elles sont chaîne rifaine (sauf dans le Rif oriental,
illustrées par les deux évolutions dominé par des accidents transcurrents)
représentées concurremment sur la et de l’Atlas témoigne de cette
figure 82. Les cartons « a », inspirés de compression subméridienne. Dans
FRIZON de LAMOTTE et al., (2000), l’Atlas, on a vu plus haut que plusieurs
situent, on l’a dit, à une date récente la auteurs attribuent la compression
fermeture de la Téthys maghrébine et la atlasique miocène, supposée majeure,
collision alpine et, au-delà du seul à la collision rifaine, l’épaississement
domaine rifain, ils y voient la cause de crustal de l’Atlas étant attribué à de
la déformation et de la surrection grands charriages crustaux vers le sud
atlasique. Au contraire, les cartons « b » (Fig. 56 C) et la chaîne atlasique elle-
représentent une orogenèse atlasique même étant considérée comme l’avant-
non liée de façon directe à la collision pays rifain, décollé en profondeur (Fig.
alpine, la déformation majeure, celle de 56 D). Il est vrai que les bordures de
l’axe de l’Atlas, étant d’âge jurassique. l’Atlas sont déformées depuis le
En ce qui concerne spécifiquement le Miocène sous l’effet d’une compression
Rif, on a vu plus haut que les opinions subméridienne, contemporaine de la
varient, parfois chez les mêmes surrection de la chaîne ou, plus
auteurs, entre les deux conceptions exactement, de sa partie occidentale.
suivantes :i) la phase éocène, celle au Pourtant, plus qu’à une cause
cours de laquelle se produit le tectonique due au serrage alpin, des
métamorphisme HP des Sebtides, est considérations portant sur le fort
attribuée à la collision du bloc Alkapeka amincissement lithosphérique sous
avec l’Ibérie, c’est à dire l’Europe l’Atlas suggèrent, au contraire, que
(MICHARD et al., 2002); ii) elle résulte, l’élévation topographique constatée,
au contraire, de la subduction, au sud encore en cours, est due à la position
du bloc d’Alkapeka, entre celui-ci et d’un panache mantellique dont les
l’Afrique (CHALOUAN et MICHARD, volcans des îles Canaries, par exemple,
2004 et Fig. 69 B). seraient la traduction à la surface (Fig.
Cette phase éocène ne semble pas 55 et 82).
s’être prolongée en Tunisie. Son
absence pourrait s’expliquer par le fait -d. Le champ de contraintes récent et
qu’à cette époque, avant la rotation de actuel et l’extension "méditerranéenne"
l’axe corso-sarde, cette partie de la ٛL’étude de la sismicité et les
plaque Afrique n’est pas au contact observations microtectoniques réalisées,
direct, sur cette longitude, avec la surtout à partir du domaine rifain, sur
plaque continentale européenne. les terrains néogènes et quaternaires
mettent en évidence l’orientation
-c. Compression miocène globalement subméridienne de la
De l’Eocène au Miocène supérieur, le compression maximale régionale depuis
raccourcissement des zones rifaines est le Miocène (AIT BRAHIM et CHOTIN,
réalisé par l’empilement des unités 1984). Le raccourcissement est
internes sur les flyschs puis par accommodé par la réactivation des failles
l’implication des unités externes. A NE-SW en décrochements sénestres et
partir du Miocène, la direction de celle des failles E-W en failles inverses,
compression régionale horizontale est les structures cassantes N-S, dont
devenue subméridienne et la collision certaines sont néoformées,
36 36

jouant pour leur part en fentes de tension. 6.4.4.2. Styles tectoniques


Ce champ de contraintes est attribué au En surface, les différences de style
blocage de la collision Afrique-Europe. tectonique entre la chaîne rifaine d’une
La mise en place, au début du part et l’Atlas d’autre part sont évidentes:
Cénozoïque, des unités rifaines sur la a. la première est formée par des
marge africaine a été suivie dans les unités, souvent minces décollées de
zones internes de la chaîne par un leur substrat et dont, dans les zones
épisode extensif important au cours externes, une part importante de la
duquel les zones internes métamorphiques mise en place est gravitaire. Au contraire,
ont été exhumées à l'Oligocène puis, à la seconde ne montre que des
partir du Burdigalien, recouvertes par recouvrements anormaux de faible
des dépôts divers. Le dépôt de ces ampleur, sauf sur ses bordures. De
"séries post-nappes" est contemporain même, les plis synschisteux rifains, à
de la formation de la mer d’Alboran dont plan axial plat ou faiblement penté,
l'origine est probablement à chercher diffèrent de ceux, à plan axial raide, du
dans un détachement de l'ancienne domaine atlasique ;
plaque subduite téthysienne. Cette b. La chaîne rifaine porte la marque,
extension s'accompagne du soulèvement dans ses zones internes, d’un
des zones internes orogéniques, de métamorphisme de type HP totalement
l'exhumation des roches de fort degré absent dans l’Atlas. Par ailleurs, les
de métamorphisme par le jeu de failles granitoïdes et les roches éruptives
de détachement, de la mise en place de miocènes calco-alcalines témoignent
roches magmatiques souvent volcaniques d’une mobilisation de la croûte rifaine et
et, corrélativement, de la progression du manteau sous-crustal. On n’en
centrifuge des unités externes sur leur trouve pas d’équivalent dans l’Atlas.
avant-pays.

Fig. 83. De l’Atlas à la mer d’Alboran, coupe à l’échelle crustale


37 37

Ces différences (Fig. 83) opposent A RETENIR


une chaîne de collision, la chaîne rifaine
et une chaîne intracontinentale, l’Atlas. Le territoire occupé par le Maroc a
Elles ne doivent pas masquer, connu une instabilité notable depuis les
cependant, le parallélisme fondamental temps les plus anciens. Cette instabilité
de leur évolution orogénique, s’est manifestée aux périodes archéenne
puisqu’elles témoignent des mêmes et protérozoïque comme le montrent les
épisodes : ouverture transtensive au séries précambriennes du Maroc,
début du Mésozoïque, transpression déformées au cours de plusieurs épisodes
éocène puis compression pure au orogéniques et stabilisées successivement
Néogène. Ces similitudes trouvent leur dans le craton ouest-africain puis dans
origine dans une même localisation des ses ceintures périphériques, Mauritanides
deux domaines orogéniques à la (au sens large) et Anti Atlas.
bordure nord de la plaque Afrique. Au Par la suite, le Paléozoïque apparaît
début du Mésozoïque, cette limite nord comme une période de sédimentation
est ٛ transformante et le domaine surtout marine, au large du craton peu à
mobile comprend sur une largeur de peu recouvert par la transgression.
plus de 400 km les sillons rifo-telliens et L’orogenèse hercynienne, certainement
atlasiques. A partir du Cénozoïque, la liée aux événements contemporains
compression devient frontale ; les d’Europe et d’Amérique du nord, affecte
raccourcissements liés à la collision à des degrés divers l’ensemble du
Europe-Afrique affectent au début les domaine situé au nord du Maroc
zones internes rifo-telliennes et le saharien; relativement faible dans l’Anti
domaine atlasique algérien puis ils se Atlas, elle est majeure dans le domaine
généralisent au Néogène à l’ensemble mésétien, les zones rifaines internes et
des domaines rifo-telliens et atlasiques, le futur domaine atlasique, où le
le Haut Atlas occidental subissant une raccourcissement est souvent important.
surrection peut-être sous l’effet d’un Le Mésozoïque voit l’ouverture de l’océan
panache mantellique. Atlantique et la dérive concomitante de
l’Afrique vers l’est, puis son infléchissement
vers le nord (en coordonnées actuelles).
La dérive de l’Afrique se traduit par
l’ouverture des sillons atlasiques, à
croûte continentale et celle du sillon
maghrébin ou rifain, où s’opère
vraisemblablement une ouverture océanique
« néo-téthysienne ». L’infléchissement
de la dérive de l’Afrique vers l’Europe,
qui résulte de l’ouverture de l’Atlantique
central, est la cause du raccourcissement
atlasique et de la fermeture des bassins
rifains, elle-même suivie de l’empilement
des unités allochtones déversées sur l’avant-
pays orogénique. Récemment intervient
l’exhaussement de l’Atlas central et, au
nord, l’affaissement des zones les plus
internes de la chaîne bético-rifaine et la
création de la Méditerranée.
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