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Une première partie examine, des régions sahariennes à celles de la Méditerranée, les Abderrahmane SOULAIMANI, né en 1964, est professeur de géologie
à la faculté des sciences de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Il a
domaines structuraux énumérés dans l’ordre de leur structuration majeure. On envisage
réalisé sa thèse de Doctorat de 3°cycle en 1992 puis celle d’Etat en 1998,
successivement le Sahara marocain et l’Anti Atlas, où dominent les roches précambrien- respectivement sur les déformations hercyniennes dans les Guemassa et
nes et les événements éburnéens et panafricains ; la Meseta, avec ses dépôts surtout dans l’Anti-Atlas occidental. Ses travaux de recherches actuels se sont
paléozoïques déformés par l’orogenèse hercynienne ; la marge atlantique, témoin de étendus à l’étude des orogènes protérozoïque et hercynien au Maroc. Il
s'est plus particulièrement attaché aux problématiques géologiques du
l’ouverture océanique ; l’Atlas, où les roches mésozoïques et cénozoïques témoignent sud marocain qu'il connaît bien, et qui ont fait l'objet de plusieurs de ses
des mouvements post-hercyniens; le Rif, enfin, où l’orogenèse alpine affecte profondé- publications scientifiques et d'encadrements de thèses.
ment des séries de provenances et d’âges très différents. Christian HOEPFFNER, né en 1948, a fait ses études supérieures à
l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Il est actuellement professeur au
Une seconde partie regroupe, dans une optique géodynamique, l’ensemble de ces domai- département de géologie à la faculté des sciences de Rabat. Il exerce son
activité de recherche en géologie structurale, et plus spécialement sur la
nes en examinant leur évolution commune au fil du temps selon une consolidation chaîne hercynienne de la Meseta marocaine qu’il a longuement parcourue
progressive du territoire du Maroc du sud vers le nord, par accrétion des divers segments depuis sa thèse de 3ème cycle sur le massif des Rehamna en 1974, son
orogéniques au craton ouest-africain. doctorat d’Etat sur les boutonnières paléozoïques de la Meseta orientale
de Taza à Oujda en 1987, et ensuite en participant à l’encadrement de
nombreuses thèses et à divers projets comme les actions intégrées et les
programmes de cartographie géologique.
SON PUBLIC SES AUTEURS Mohamed BOUABDELLI, né en 1952, a suivi ses études supérieures
à Rennes puis à Strasbourg. Il a été professeur à l’Université Cadi Ayyad
de Marrakech jusqu’en 2005. Sa thèse de Doctorat de 3°cycle,
Si brève et ramassée qu’elle soit, Un groupe de professeurs géologues, soutenue en 1981, a porté sur l’étude structurale des terrains paléozoï-
cette synthèse devrait être utile ayant exercé ou encore en fonction ques d’Azrou. Ses travaux se sont ensuite élargis à l’Est du Massif
central hercynien (bassin d’ Azrou-Khénifra), objet de son Doctorat
aux enseignants et aux étudiants dans les universités marocaines. Ils d’Etat, obtenu en 1989 à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. Il a
en géologie et, à ceux-ci, inspirer ont acquis une solide expérience de la ensuite assuré l’encadrement de nombreuses thèses dans les domaines
le désir de participer à leur tour à Géologie du Maroc, d’abord lors de la mésétien, atlasique et anti-atlasique. Il fut responsable de plusieurs
réalisation de leurs propres thèses, projets de coopération maroco-française, et a dirigé le laboratoire de
la grande aventure des déchif- géologie structurale, l’U.F.R. « Dynamique de la lithosphère : Structure et
freurs de la terre. Par ailleurs, les puis à t r a v e r s l e u r t r a v a i l Géoressources » et le département de géologie de la faculté des
amateurs et utilisateurs de la d’encadrement des doctorants. Sciences de Marrakech.
géologie y trouveront des répon- Outre les apports des auteurs dont Edgard LAVILLE, né en 1945, a été en poste pendant dix ans à
ses à leur curiosité ou à leurs chacun donne dans tel ou tel chapitre l’Université Mohammed V de Rabat. Au Maroc, ses recherches ont porté
d’abord sur la tectonique du Haut Atlas central qui a fait l’objet de sa
besoins professionnels. son expérience de terrain, mention est
thèse de Doctorat d’Etat, soutenue en 1985 à l' Université des Sciences
faite des travaux les plus significatifs et Techniques du Languedoc (Montpellier II). Par la suite, professeur à
réalisés depuis un siècle dans le pays. l’Université de Caen–Basse Normandie (UMR – CNRS 6143 « M2C»), il
a animé des programmes de coopération scientifique sur le domaine
atlasique, consacrés à l’évolution syn-rift et post-rift de l’Atlas et, depuis
quelques années, à la morphotectonique des piémonts atlasiques.
Mostafa AMRHAR, né en 1962, est professeur à l’Université Cadi
Ayyad de Marrakech. Ses travaux de recherches, consacrés à la chaîne
atlasique et à l’évolution structurale de la marge atlantique, ont fait
l’objet de sa thèse de Doctorat d’Etat. Il est l’auteur de plusieurs
publications scientifiques et responsable de projets de coopération
internationaux. Directeur du laboratoire de recherche «Géostructures,
géomatériaux et ressources hydriques», accrédité à la faculté des
sciences de Marrakech, il mène d’autres investigations, notamment
dans le domaine de l’apport thématique de la tectonique cassante à la
géologie du réservoir hydrique et à l’évaluation des risques naturels
dans les versants atlasiques.
Ahmed Chalouan, né en 1953, est professeur de géologie structurale
à la faculté des sciences de l’Université Mohammed V-Agdal de Rabat.
Il a obtenu son doctorat de 3°cycle en 1977 et le doctorat d’Etat en 1986
à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. Il a dirigé le laboratoire de
géologie structurale et le département de géologie de la faculté des
sciences de Rabat. Il a conduit, depuis une trentaine d’années, des
études et des programmes de recherche nationaux et internationaux sur
l’évolution tectonique de la chaîne du Rif. Il a encadré des dizaines de
thèses sur ce thème. Il est auteur de plus de 60 articles scientifiques
publiés dans des revues internationales. Il est co-éditeur du volume
spécial n° 262 de la Geological Society of London intitulé « Tectonics of
the Western Mediterranean and North Africa » paru en 2006.
Ce livre prolonge dans le temps celui qui avait été publié voici une dizaine
d’années sous le titre : Géologie du Maroc ; les domaines régionaux et leur évolution
structurale (éd. Pumag, 1994).
Depuis cette époque, la progression des recherches sur la géologie du Maroc a
amené un élargissement et un approfondissement considérable des connaissances dont la
simple réédition de l’ouvrage ne pouvait rendre compte. C’est pourquoi une réécriture
de l’ensemble sur la base du texte initial de Alain PIQUE a été envisagée, dans l’optique
cette fois d’une œuvre collective. Ainsi, chapitre par chapitre, les spécialistes des divers
domaines sont intervenus : Abderrahmane SOULAIMANI pour l’Anti Atlas, Mostafa
AMRHAR et Edgard LAVILLE pour l’Atlas, Mohamed BOUABDELLI et Christian
HOEPFFNER pour la Meseta, et Ahmed CHALOUAN pour le Rif.
Contrairement à la règle adoptée en 1994 qui cherchait à n’omettre aucune référence
significative, les co-auteurs se sont attachés pour alléger le texte à ne citer que les travaux
aisément consultables. Ceci élimine, et ce fut parfois un choix difficile à faire, les
communications aux congrès et les thèses restées inédites. Pour faciliter une prise de
contact rapide par les étudiants, chaque chapitre est suivi, en italiques, d’un court résumé
qui en reprend les données essentielles.
Toutes les figures ont été redessinées, souvent simplifiées et toujours modifiées
d’après celles des travaux dont tous sont cités dans le texte qui les accompagne.
Nous souhaitons que cet ouvrage puisse fournir aux étudiants du Maroc, pour
lesquels il a été écrit, une approche aisée et rapide de la géologie de leur pays.
1 1
1. INTRODUCTION : LE MAROC,
AFRIQUE SAHARIENNE, ATLANTIQUE
ET MEDITERRANEENNE
1.1.5.4. Le Gharb
1.1.5.1. La Haute Chaîne
C’est une plaine alluviale, comblée sur
Sur la côte méditerranéenne, un liseré une grande épaisseur par des limons
assez réduit en largeur est constitué de récents amenés du Moyen Atlas par
terrains cristallins anciens qui plongent l'oued Sebou et du Rif par l'oued
sous la mer au long d'une côte rocheuse. Ouerrha. Les sols, très riches, sont bien
Cette bande étroite est dominée par la exploités grâce à l'irrigation.
Dorsale calcaire, prolongée dans les
6 6
2. LE MAROC SAHARIEN
2.1 L'Afrique stable : le craton
Ouest-africain
Au Nord-Ouest de l’Afrique, le craton -fricaines, dont celle du sud du Maroc
Ouest-africain (Fig. 3 et DALLMEYER et dans l’Anti Atlas, et celle du Sahara
LECORCHE, 1991) est constitué de occidental, terminaison septentrionale des
terrains cristallins précambriens, les Mauritanides. Au Maroc, ces chaînes
boucliers de Léo et Reguibate, et de panafricaines sont reprises, de façon
leur plate-forme non déformée, à plus ou moins intense, à la fin du
remplissage essentiellement paléozoïque, Paléozoïque, dans le cadre de l’orogenèse
les bassins de Taoudenni et de Tindouf. hercynienne.
Autour du craton se moulent des
chaînes fini- précambriennes, dites pana-
les zones orientales, avec des épaisseurs à Dévonien) (SOUGY 1962, ARRIBAS,
respectives de 600 et 400 m ; 1968, SOUGY et BRONNER 1969). Des
+ Carbonifère moyen. La régression études préliminaires (LECORCHE et al.,
s'effectue au Namurien en direction de 1991) ont permis d'y distinguer plusieurs
l'est. Les niveaux continentaux sont unités, empilées d'ouest en est. La
rouges ou bariolés. Le Westphalien y a synthèse de VILLENEUVE (2005),
été daté, par Neuropteris, en sondage prenant en compte l’ensemble des
sous Tindouf. Mauritanides, y reconnaît, aussi, un
empilement d’unités allochtones,
énumérées d’est en ouest, du craton
2.1.2.2. Les dépôts récents vers la chaîne (Fig. 3B, 5, coupe 2) :
Ils seront étudiés plus loin, avec ceux - un avant-pays constitué du socle
de la bordure nord du bassin. Ouest-africain et de sa couverture
sédimentaire ;
- une unité parautochtone constituée de
2.2. Les marges du craton roches sédimentaires et volcaniques
surtout paléozoïques ;
2.2.1. Le Sahara occidental et le - une unité comprenant des roches
Zemmour ophiolitiques et métamorphiques pan-
africaines, et des ensembles sédi-
Cette vaste région, aux confins du mentaires et volcano-sédimentaires
Maroc et de la Mauritanie, comprend (Fig. paléozoïques ;
3 B) : - un ensemble de granites et de
- La chaîne cristalline des Ouled rhyolites calco-alcalins correspondant à
Dhlim, charriée sur le craton Ouest- une marge active panafricaine surmonté
africain par l'intermédiaire d'une mince par sa couverture paléozoïque
bande de terrains parautochtones. C'est le conservée dans des roches faiblement
chaînon le plus septentrional des métamorphiques ou sédimentaires ;
Mauritanides ; - une unité allochtone supracrustale
- Plus au nord, le Zemmour oriental avec des rhyolites, des tufs et des
subtabulaire et, à l'ouest, la chaîne roches métasédimentaires, toutes affectées
plissée du Dhlou. C'est l'avant-pays par un métamorphisme hercynien.
mauritanien, relié en continuité à l'Anti Si l’on considère l’ensemble des
Atlas occidental. datations radiométriques disponibles, il
semble que l’on doive distinguer une
2.2.1.1. Les Ouled Dhlim. phase orogénique « Panafricaine I », à
680-620 Ma, l’ouverture de fossés à la
La chaîne cristalline des Ouled Dhlim
(Adrar Soutouf) est la zone la plus marge occidentale du craton à 600-590
Ma, et enfin un événement hercynien à
septentrionale des Mauritanides (ALIA
330-270 Ma.
MEDINA, 1949). Isolé du reste de la
chaîne par la culmination de la Dorsale
reguibate, ce chaînon est assez mal
connu pour des raisons historiques. Il
est constitué de séries métamorphiques
qui ont été charriées vers l’est sur le
craton Ouest-africain par l'intermédiaire
d'une mince bande de terrains
parautochtones paléozoïques (Ordovicien
5 5
Fig. 7. Carte des affleurements éburnéens dans l’Anti Atlas avec les
datations radiométriques des granitoïdes éburnéens
10 10
d’Akka à 1760 Ma par U-Pb sur zircons -a. Les dépôts de marge passive
(GASQUET et al., 2004). Ces auteurs (Groupe de Taghdoute)
associent ces roches du Paléo- Les roches de ce groupe forment les
protérozoïque terminal à des manifes- principaux reliefs résiduels qui
tations magmatiques cachées, peu caractérisent les boutonnières de l’Anti
représentées dans les autres boutonnières Atlas central et occidental. Il s’agit d’une
de l’Anti Atlas. pile calcaréo-quartzitique de plusieurs
On retiendra de ce survol que les milliers de mètres d’épaisseur connue
terrains cristallins les plus anciens de sous le nom du « Système des Calcaires et
l’Anti Atlas sont presque exclusivement des Quartzites » (NELTNER, 1938 ;
des granitoïdes pour lesquels les âges CHOUBERT, 1952), ou « Précambrien
2
radiométriques U-Pb indiquent une mise II » (CHOUBERT et FAURE-MURET,
en place légèrement antérieure à 2000 1970) ou encore « PII inférieur »
Ma. Localement, des études Rb-Sr (LEBLANC, 1975). Le contact de ces
livrent des valeurs plus jeunes, formations avec le socle éburnéen
suggérant ainsi une ou des reprises parfaitement pénéplané est dans la
thermiques postérieures. Il ne fait donc plupart des cas d’ordre tectonique,
pas de doute que la croûte considérée a souvent matérialisé par des plans de
subi une mobilisation qui correspond cisaillement sub-horizontaux ou verticaux,
par son âge à l’orogenèse éburnéenne. et rarement discordant comme c’est le
Cependant, beaucoup de travail reste cas au Tizi n’Taghatine. Les terrains,
encore à accomplir pour cerner les toujours plissés, sont souvent en
aspects structuraux de cette orogenèse affleurements chaotiques, surtout dans
et, a fortiori, en délimiter les caractéristiques l’Anti Atlas occidental, sans doute à la
géodynamiques. suite à d’effondrement ultérieurs. On les
retrouve aussi, le long de l’AMAA, en
+ Le Néoprotérozoïque et l'orogenèse écailles et lambeaux isolés au sein d’un
panafricaine (le Supergroupe de l’Anti système de chevauchements panafricains.
Atlas) Là où elles affleurent, ces séries sont
Dès le début du Néoprotérozoïque, intimement liées à des roches
une dislocation fragmente la bordure nord volcaniques basiques tholéitiques
du craton Ouest-africain. A ce stade de injectées sous forme de sills
rifting sont associées trois séquences concordants, de laves ou de réseaux
synchrones qui s’intègrent dans le cadre filoniens (CHOUBERT et FAURE-
de l’évolution du cycle panafricain et MURET, 1973 ; HAFID et al., 2001 ; EL
traduisent sa paléogéographie et son AOULI et al., 2001).
contexte géotectonique: i) les dépôts de
plateforme cratonique à l’ouest et au
centre ; ii) la croûte océanique
représentée dans les vestiges d’un
complexe ophiolitique qui jalonne
l’AMAA ; iii) les formations volcano-
sédimentaires de bassins océaniques
dans l’Anti Atlas central et oriental,
associées ou non à des roches d’arcs
témoins de subductions océaniques (Fig.
8).
12 12
reste de l’Anti Atlas occidental des ceux décrits plus à l’ouest, témoignent
quartzites épicontinentaux plus ou d’un stade juvénile de l’installation d’une
moins puissants, souvent plissés, se marge continentale en extension
présentent en affleurements disparates (BOUOUGRI et SAQUAQUE, 2004). Le
dans l’extrême sud-ouest de la long de l’AMAA, le Groupe des
boutonnière du Bas Drâa (CHOUBERT et Calcaires et des Quartzites affleure de
FAURE-MURET, 1969), dans les massifs façon discontinue, en lambeaux
d’Ida ou Zekri et d’Ida ou Zedoute dans la allochtones peu épais, depuis le massif
boutonnière d’Irherm (CHOUBERT et du Sirwa (Siroua) jusqu’à la boutonnière
FAURE-MURET, de Bou Azzer-El Graa (CHOUBERT,
1973), et dans les boutonnières d’Ifni 1963 ; LEBLANC, 1975 ; LEBLANC et
(JEANNETTE et al., 1981), d’Aït Abdellah MOUSSINE-POUCHKINE 1994 ;
et d’Alma. C’est dans ces régions qu’a BOUOUGRI et PORADA, 2002). Dans
été définie la série d’Ourty, association le chaînon de N’kob (massif du Siroua),
de vulcanites basiques, de calcaires et de ces dépôts enregistrent une plus grande
schistes séréciteux, recouvrant le instabilité tectono-sédimentaire et ils
système des quartzites (CHOUBERT témoignent d’un stade plus mature de
et FAURE-MURET, l’évolution d’une marge continentale (EL
1973). BOUKHARI et al., 1991 ; BOUOUGRI et
Dans l’Anti Atlas central, à l’ouest des SAQUAQUE, 2000). Là aussi, un
Zenaga, la coupe du Tizi n’Taghatine important réseau filonien doléritique à
(NELTNER, 1938) montre plusieurs composition de tholéites continentales
milliers de mètres de quartzites accompagne cette activité extensive
autochtones qui reposent directement (HAFID et al., 2001). Ces manifestations
sur le socle éburnéen. Des calcaires sont datées à 787±10 Ma (CAHEN et
souvent stromatolitiques s'y intercalent. al., 1984) et attribuées à la Suite
Ces faciès, aisément corrélables avec d’Ifzwane (THOMAS et al., 2002, 2004).
14 14
0 5
t10 15 20 km
Adoudounien
c=J (Cambnen basal)
Roches magmatiques
el delriliques du Pll-111
k.·<I Ouartz,tes du P II
Schistes du Kerdous
c=J et roches metamorphiques
de haul degre
~ . Granite de Tafraoute
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22 22
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oendagede
la 52
B
cette époque à cause d’un phénomène réduit jusqu'à 200 m et moins encore
de rifting développé au nord du pays, dans le Tafilalt. Ces grès représentent le
soit qu'ils aient été déblayés par l'érosion, Llandeilo et, peut-être, la base du Caradoc.
comme les formations supérieures du + Groupe de Ktaoua
Tabanite. Il a été mis en évidence par la Les faciès sont de nouveau argileux
découverte de faunes gondwaniennes, dans l'Anti Atlas. La faune caractérise le
avec Olentella africana et Selatella lagitena Caradoc et l’Ashgill, et elle présente des
(DESTOMBES et FEIST, 1987). traits communs avec celle de la
Bohème, témoins d’une même situation
b. L’Ordovicien nord-gondwanienne à cette époque.
Dans le Tafilalt, un biostrome de calcaires
Ce système est particulièrement bien à Bryozoaires (Trematopora, Arthropora,
représenté dans l'Anti Atlas où les séries etc..) se développe au Caradoc supérieur.
ont été divisées en quatre groupes. Par + Groupe du Second Bani
leur résistance différente à l'érosion, ils Les niveaux gréseux du Second Bani
déterminent la topographie appalachienne constituent la dernière barre résistante,
de la plus grande partie de l’Anti Atlas. en forme de cuesta, avant les basses
+ Groupe des Feijas externes plaines du Draa occupées par les
Ces roches constituent le substratum terrains siluro-dévoniens. A la base, une
de la dépression située entre les rides première formation est concordante sur
gréseuses du Tabanit (Cambrien moyen) les argilites de Ktaoua ; au-dessus d'un
et du Premier Bani (Ordovicien moyen). Il mince niveau de calcaires à bryozoaires,
s'agit surtout de shales et d'argilites grises elle est constituée par environ 160 m de
et jaunâtres avec une intercalation gréso- quartzites clairs ou sombres, à laminations
quartzitique : les grès du Zini, équivalents obliques, alternant avec des argilites et
des Grès armoricains de France des grès bioturbés. La faune est riche
(DESTOMBES et al., 1985). Tous ces en brachiopodes de l'Hirnantien (Ashgill
niveaux sont datés par des faunes supérieur). Une formation sus-jacente
abondantes à brachiopodes, trilobites, repose souvent en discordance de
échinodermes et, surtout, graptolites ravinement sur les séries antérieures,
(Anisograptus, Didymograptus, etc..). Les Ktaoua ou même Premier Bani. Les
dépôts montrent souvent des épisodes faciès développés : "argiles microconglo-
transgressifs, marqués par des niveaux mératiques" (grains quartzeux dispersés
ferrugineux et la profondeur du milieu dans une matrice argileuse), conglomérats
reste continuellement faible comme à galets exotiques, ainsi que les figures
l'indiquent les faciès de tempêtes sédimentaires suggèrent un environnement
rencontrés. glaciaire, corroboré par la présence de
+ Groupe du Premier Bani planchers striés. La puissance de cette
A leur sommet, les shales des Feijas formation varie de 10 à 130 m. Les
externes s'enrichissent progressivement stries des planchers glaciaires et les
en matériel détritique grossier et on paléovallées ont une orientation sub-
passe ainsi aux grès du Premier Bani. méridienne. Une faune réduite, surtout à
Ceux-ci constituent une puissante barre brachiopodes (par exemple Hirnantia
gréseuse qui, épaisse de plus de 400 m sagittifera) est, comme précédemment,
dans la région de Zagora, est un proche de celle de la Bohème. Elle
élément morphologique majeur de la caractérise l'Ashgill supérieur. Ainsi, les
couverture paléozoïque de l'Anti Atlas. dépôts glaciaires de l'Anti Atlas
Vers le nord-est, cette épaisseur se correspondent à ceux de l'Ordovicien
30 30
que de 600 m. Dans l'Anti Atlas oriental du Couvinien est représentée par les
(Tafilalt, Maïder-ou Maader), on grès du rich 4. Les calcaires noirs
d’ouest en est : au bord de la côte, les plis plissées, mais seulement basculées
sont serrés et leur plan axial est souligné (Fig. 13). Les roches précambriennes
par une schistosité cristal- lophyllienne et de la boutonnière du Bas Drâa sont
un léger métamorphisme (BONHOMME restées non affectées par la déformation
et HASSENFORDER, hercynienne, qui se concentre à
1985). A partir de là, l’intensité de la l’interface entre le socle et la couverture
déformation décroît rapidement vers lors de son poinçonnement vertical par le
l’est et, dans la plaine de Goulmine, une socle rigide (SOULAIMANI et al., 1997 ;
quinzaine de kilomètres à l’est, les POUIT, 1968).
couches cambriennes ne sont plus
3. LA MESETA
3.1. Les terrains du socle mésétien
(Fig. 15)
Adoudounien) est tentante, et elle est
généralement acceptée. Elle vient d’être
3.1.1. Les séries précambriennes confirmée par l’âge de 593+/-8 Ma
(U/Pb sur zircons) obtenu sur les méta-
Dans la Meseta, les séries précam- rhyolites ou métamicrogranites des
briennes affleurent bien moins largement Rehamna (BAUDIN et al., 2003).
que dans les zones méridionales du La présence de ces roches sous les
Maroc. On ne les rencontre que formations cambriennes datées montre
ponctuellement, au cœur de certains à l'évidence d'abord qu'il n'existait pas,
anticlinaux : à El Jadida (GIGOUT, à l'extrême base du Cambrien ou avant,
1951), dans les Rehamna (CORSINI et une barrière entre les domaines anti-
al., 1988a) et dans la partie orientale du atlasique et mésétien, ensuite que le
Massif central, dans les régions de Bou- socle de la Meseta est sialique et
Acila et Goaida (MORIN, 1960) et du probablement structuré par l'orogenèse
jbel Hadid (MORIN, 1962). Partout, sous panafricaine et enfin, puisque ces
des calcaires du Cambrien inférieur, ce niveaux sont au cœur des anticlinaux
sont des roches volcaniques acides ou cambro-ordoviciens, qu'il n'existe pas
andésitiques. La comparaison avec le de niveau de décollement entre le
Néprotérozoïque terminal de l'Anti Atlas Cambrien et ces roches volcaniques du
(série de Ouarzazate-Précambrien III ou Néoprotérozoïque terminal.
2 2
coulées de débris passant latéralement à les calcaires viséens. Son âge est
des turbidites proximales. famennien supérieur, strunien et
probablement tournaisien, au moins p.p .
Sur une épaisseur d'environ 500 m,
c'est une alternance de pélites vert-olive
et de grès gris à lamines convolutées,
plus abondants au sommet de la
formation, parfois riches en débris
végétaux. L'ensemble de la formation
est interprété comme un dépôt de plate-
forme peu profonde mais subsidente
dont les apports proviennent de zones
émergées à l'est et au nord-ouest ;
-La formation de Souq-Jemaa est un
équivalent de celle de Bir-en-Nasr dont
elle se distingue par sa richesse relative
en grès gris à stratifications en mamelons
et en convolutes. C'est un dépôt de faible
profondeur, remanié par des tempêtes.
L'aire d'apport des éléments détritiques
est à rechercher dans la région actuelle
des Sokhrate, au SSW du granite des
Zaer qui constituait à l'époque une zone
émergée : la Ride des Zaer, où les
quartzites de l'Ordovicien étaient soumis
à l'érosion ;
- La formation de M'Garto est d'âge
Fig. 20. Colonne du Dévonien Famennien supérieur-Tournaisien et elle
supérieur dans la partie occidentale est donc l'équivalent latéral, vers l'ouest,
de la Meseta occidentale (Khatouat) de la formation de Bir-en-Nasr. Son
épaisseur est d'environ 600 m. Le faciès
- La formation de Chaabet-el-Baya le plus communément rencontré est une
(Fig. 21) est située dans le massif des alternance de pélites vert-olive et de
Mdakra, à l'ouest de celle de Fouizir. Sa grès, en bancs plus minces, bien classés,
base est inconnue et son épaisseur est en lamines horizontales souvent
d'environ 400 m. La plus grande partie est convolutées. Dans son ensemble, cette
un ensemble argileux contenant des formation est plus pélitique que celle de
bancs de conglomérats à éléments Bir-en-Nasr.
calcaires arrondis et jointifs. Au sommet
se trouvent des grès et des quartzites à La reconstitution des paléogéographies
litage oblique qui prolongent les barres successives du Khatouat et des Mdakra
quartzitiques struniennes de Ben au Famennien-Tournaisien découle de
Slimane. Cette formation est rapportée la comparaison de ces diverses
au Famennien et considérée comme un formations. Le caractère chaotique de la
passage latéral de celle de Fouizir. plus grande partie de la formation de
- La formation de Bir-en-Nasr repose, Fouizir résulte de la surrection de deux
dans le Khatouat, sur celle de Fouizir. rides bordées par des failles à l'ouest et
Elle est recouverte par les schistes et à l'est du Khatouat ; ce sont, respec-
18 18
que d'une dizaine de kilomètres (après Elle débute par un niveau de quelques
déformation) au sud du Khatouat. mètres d'épaisseur de conglomérat à
La formation du Bassin de Sidi- galets mal classés, parfois anguleux,
Bettache, lors de la "Révolution famen- dont les plus gros peuvent atteindre 1 m
nienne", marque un tournant important de diamètre; la plupart provient du
dans l'histoire de la Meseta : la calcaire récifal sous-jacent et il arrive
fragmentation de la plate-forme du que l'on puisse observer, fossilisé, le
Paléozoïque inférieur. Les produits de la début du démantèlement des bancs
démolition de cette plate-forme, en calcaires et leur remaniement sur place.
premier lieu les calcaires dévoniens, La formation de Tiliouine n’est pas
s'accumulent, au Famennien, au pied datée, elle est calée entre le Strunien et
des failles qui délimitent le bassin. Vers le Viséen moyen. Le bassin de Tiliouine,
l'intérieur du bassin, les débris étaient prolongement vers le nord-est du bassin
redistribués par des courants de de Sidi-Bettache, est probablement relié
turbidité et vannés par des courants au Carbonifère inférieur à la Paléo-
tractifs. Au point de vue régional, la Téthys.
forme losangique du bassin, la nature Vers le sud-ouest, la formation de Tsili
rectiligne de ses limites et leur présente les mêmes caractéristiques,
association avec des laves d'origine avec notamment des schistes à blocs
mantélique suggèrent qu'il s'agit d'un remaniant le Dévonien moyen
bassin de déchirure (pull-apart), né en (CHEVREMONT et al., 2001).
régime compressif par la remise en
mouvement de failles du socle. Divers + Les Rehamna du Nord et les Jbilete
modèles pour l'ouverture ont été Dans les Rehamna du Nord (HOLLARD
proposés; la plupart impliquent un et al., 1982), la formation famennienne à
mouvement cisaillant dextre sur des Buchiola et Cyrtospirifer verneuili de
accidents profonds orientés NNE-SSW. Foum-el-Mejez, épaisse de
300 m, est une série silto-gréseuse
-b. Autres régions de la Meseta occidentale entrecoupée de barres quartzitiques. Elle
est recouverte par des grès carbonatés
+ Zone de de Khouribga Oulmès d'âge Famennien supérieur-Tournaisien
Au nord d’Oulmès, IZART et al. (2001) qui, à l'ouest (formation de Nahilat), sont
distinguent : directement transgressifs sur des
- La formation de Moulay Hassane, de calcaires karstifiés du Dévonien moyen.
300 m d’épaisseur constituée de La disposition des formations dans la
calcaires et de schistes du Frasnien coupe de Foum-el-Mejez est interprétée
inférieur et du Famennien inférieur et de comme une discordance progressive
schistes et grès quartzitiques en bancs des grès struniens sur les grésopélites
métriques du Famennien supérieur. Au du Famennien supérieur, liée à des
sommet de la formation, des miospores basculements de blocs.
datent le Strunien ; Toujours dans les Rehamna du Nord,
- La formation de Tiliouine, composée mais au NW de ceux-ci, la formation du
de schistes à blocs et olistolites de Bled Mris d'âge Dévonien supérieur
calcaires du Givétien, de conglomérats probable, avec des chenaux conglo-
et d’alternance de schistes et grès mératiques et des blocs quartzitiques de
turbiditiques. On peut observer toutes tailles disséminés dans les
localement sa transgression sur les schistes gréseux, évoque les séquences
calcaires karstifiés du Dévonien moyen. de bordure du bassin de Sidi-Bettache. On
22 22
fournies par les données sédimen- sur les phyllades des Sehoul, en
tologiques relatives à l'ouverture et au constitue un équivalent latéral, littoral ou
fonctionnement du Bassin de Sidi- continental. Sur la bordure occidentale
Bettache. Plus au sud, dans les du bassin, des faciès argilo-gréseux
Rehamna et les Jbilete, un magmatisme comme ceux du jbel Akala et des
acide et basique, plus important en schistes à goniatites tournaisiens
volume mais chimiquement voisin, est indiquent un delta marin passant, avec
daté du Viséen supérieur, les roches des barres gréseuses, à une plate-
basiques présentant des caractères forme peu profonde (IZART, 1990). Le
chimiques de tholéites (ESSAIFI et al., faciès caractéristique des zones
2003 ; EL KAMEL, 2004). centrales de la formation apparaît dans la
vallée de l'oued Korifla, sur la route de
3.1.6. Le Carbonifère Rabat à Rommani. C'est une alternance
de rythmes grésopélitiques. Au nord, autour
3.1.6.1 Le remplissage du Bassin du confluent des oueds Grou et Korifla, les
de Sidi-Bettache lits gréseux disparaissent et le faciès est
presque exclusivement pélitique. Au sud,
vers Rommani, au contraire, les rythmes
-a. La Meseta nord-occidentale grésopélitiques sont plus accentués et ils
deviennent des séquences turbiditiques.
Les dépôts épais qui s'accumulent au L'âge de la formation est certainement
Carbonifère inférieur dans le Bassin de Viséen inférieur comme l'indiquent aussi
Sidi-Bettache (PIQUE, 1979; IZART, bien la flore d'El Magnounan à
1990) sont tous détritiques et marins; on Asterocalamites scrobiculatus que les
les regroupe en trois formations : nombreuses spores et acritarches
identifiées par MARHOUMI et al,.
+ Formation de l'oued Korifla (1983). L'identité de faciès avec les
Elle est définie dans la vallée de schistes à goniatites tournaisiens de la
l'oued Korifla, affluent de l'oued Bou- coupe d'Aïn Hallouf amène à considérer
Regreg. Elle repose, à l'ouest, sur les que le "faciès Korifla" : siltites à nodules
grauwackes et les schistes tournaisiens carbonatés et ferrugineux s'est déposé,
de l'oued Ikem, à la bordure occidentale au fond du bassin, dès le Tournaisien,
du bassin, et à l'est, elle est recouverte et qu'il s'est étendu, au Viséen inférieur,
par les grès de l'oued Mechraa. Son sur les marges du bassin. L'importance
épaisseur est très variable. Dans la de la microflore d'origine continentale
vallée du Korifla même, malgré les indique la proximité de terres émergées
multiples complications tectoniques qui tout autour de l'aire de répartition de la
l'affectent, on estime qu'elle est formation. La profondeur de dépôt
comprise entre 1 000 et 2 000 m. Vers les devait donc être faible. Pour IZART
limites du bassin, cette épaisseur se (1990), il s'agit en effet de dépôts d'assez
réduit et la formation se trouve en faible profondeur, provenant de courants
biseau entre les formations tournai- de turbidité nés dans des prodeltas.
siennes précédemment décrites et Rappelons, enfin, la présence de
celle, Viséen supérieur, de l'oued coulées volcaniques dans cette série.
Mechraa décrite plus loin. Elle n'est pas
représentée en dehors des limites du
bassin. Le conglomérat du jbel Bakach,
dans le bas oued Bou Regreg, discordant
24 24
blocage du jeu latéral dextre de la faille formation chaotique sont des grès
orientale du bassin et son activation en ordoviciens, des phtanites siluriennes,
faille inverse, au front des épais- des calcaires du Dévonien inférieur et
sissements tectoniques qui se moyen et des calcaires du Viséen
produisent dans le Maroc oriental. supérieur-Namurien ; on y observe
aussi des éléments remaniés de roches
-b. La Meseta orientale éruptives. Il est clair que le dépôt de
l'olistostrome est globalement con-
Il s'agit ici des séries carbonifères, temporain de l'activité volcanique et que
discordantes sur les dépôts du Paléo- les deux phénomènes sont liés (EL
zoïque inférieur et moyen, plissés et GHAZI et HUVELIN, 1981).
métamorphisés. On les observe dans Au-dessus de la série volcano-
les boutonnières des Zekkara, de sédimentaire et de l'olistostrome, la
Debdou, Mekkam, Jerada, etc. On les sédimentation est grésopélitique au
retrouvera dans la boutonnière Namurien puis détritique, avec des
atlasique du Tazekka. couches de charbon, dans le bassin de
Le conglomérat de base est surmonté Jerada au Westphalien inférieur. Après
par des marno-calcaires et des les couches transgressives du Viséen
calcaires roux ou bleus, souvent supérieur, l'évolution de ce bassin,
oolitiques, à polypiers et productidés du décrite par IZART (1990), s'effectue
Viséen supérieur. Au-dessus se trouve dans un grand épisode régressif qui,
un complexe volcano-sédimentaire de 1 dans le détail, comporte trois cycles :
500 m d'épaisseur. Les roches volcano- Namurien-Westphalien A, West-phalien
sédimentaires alternent parfois avec B et Westphalien C. Chacun d'eux est
des séries turbiditiques (BERKHLI et al., marqué par un épisode de subsidence,
1999). Ces roches volcano-sédimentaires l'installation de marécages, la transgression
sont des tufs, des brèches, des cinérites marine puis le remblaiement par des
andésitiques et dacitiques et des niveaux lagunaires et fluviatiles. Un
ignimbrites. La paragenèse magmatique épisode fluviatile important, entre le
comprend des plagioclases inter- Westphalien B et C, est représenté par
médiaires, feldspaths, quartz, pyroxène, le dépôt du Grand Poudingue. Dans le
hornblende, biotite et opaques. Elle est Westphalien C, ESSAMOUD et
parfois remplacée par une association COUREL (1998) montrent que le contrôle
secondaire, caractéristique du faciès de la transformation de la matière
des schistes verts. Les analyses organique et de sa préservation est
pétrographiques et géochimiques réalisé par les failles bordières du bassin,
(KHARBOUCH et al., 1985 ; combiné à des variations eustatiques de
KHARBOUCH, 1994) indiquent une la Paléo-Téthys vers laquelle se retirent
souche calco-alcaline parfois considérée les eaux après le Westphalien C.
comme l'expression d'une subduction
océanique (BOULIN et al., 1988 ; 3.1.6.3. Le Carbonifère terminal et
RODDAZ et al., 2002). Cette série le Permien
volcano-sédimentaire est associée à un
olistostrome (régions d'Oujda, des La série marine carbonifère s'interrompt
Zekkara et de Jorf Ouazzène) qui, selon à des niveaux variables, parfois dès le
les cas, lui est antérieur ou bien en début du Namurien, parfois seulement,
remanie les éléments. Les blocs comme à Jerada ou dans le Fourhal, au
sédimentaires emballés dans cette
32 32
observées, et la forme elle-même des Les roches effusives sont des rhyolites,
bassins montrent qu'ils sont limités par ignimbrites, dacites, andésites, avec
des failles. Tous ces caractères sont des cinérites et des tufs. Leur affinité
ceux des bassins intramontagnes est calco-alcaline, peut-être alcaline
limités par des failles. Les épaisseurs pour les plus récentes. Ce magmatisme
conservées sont variables, de quelques est typique des environnements tardi à
dizaines de mètres (Bou-Achouch, post-orogénique.
Boutarella) à plusieurs milliers de - On a signalé (MABKHOUT et al.,
mètres (3000 m à Mechraa-ben-Abbou : 1988; MRINI et al., 1992) des granites
FREYTET et al., 1999). Le climat était permiens, en particulier ceux d'Azegour
chaud, intertropical à saisons sèches et et des Rehamna occidentaux, sur la base
humides alternantes. de datations (Rb-Sr, roche totale) à 270
-Les données floristiques et Ma. Ils sont alcalins, ce qui les
faunistiques s'accordent pour fixer un distingue des roches volcaniques
âge Permien inférieur (Autunien, ou contemporaines du domaine mésétien.
encore Asselien et Sakmarien) à ces Il est nécessaire de s'interroger sur la
séries. Dans le bassin de Tiddas, par signification des âges tardifs de ces
exemple, les flores comprennent granites hercyniens, peut-être rajeunis
Walchia piniformis, W. imbricata, au Trias.
Ulmannia bronnii et Ernestiodendron
filiciforme. Ailleurs, on a récolté
Neuropteris, Odontopteris et
Glossopteris et des nodules carbonatés
cylindriques dus à des racines de
Cordaites (FREYTET et al. (1992).
Dans le bassin de Mechra-ben-Abbou,
des ostracodes (Darwinula aff. triangularis,
D. erunaca, Whipplella carbonaria)
indiqueraient le Permien inférieur. La
série permienne, avec des dépôts de
chenaux fluviatiles, des plaines
d’alluvions et des sédiments lacustres, est
ici composée de deux mégaséquences
positives (FREYTET et al., 1999).
ni à l'est vers Taza. Malgré son extension Ces plis sont accompagnés par une
réduite, cette zone est importante, car elle foliation S1. Dans les flancs des plis,
se distingue du reste de la Meseta par sa serrés et subisoclinaux, les deux
déformation pré-hercynienne structures planaires S1 et S0 tendent à
se paralléliser. L'intensité du métamor-
3.2.1.1. La déformation fondamentale phisme, déterminée par l'association
chlorite-mica blanc et par la cristallinité
Les grauwackes et les schistes des de l'illite, atteint le stade de l’épizone. La
Sehoul sont affectés par une déformation disposition d'ensemble des structures
pénétrative symmétamorphique. Les plis plissées est difficile à reconstituer à
sont en moyenne E-W, avec des plans cause de l'extension latérale réduite des
axiaux souvent peu pentés. La disposition affleurements mais on peut dessiner
et l'enchaînement des structures mineures une suite de synclinaux et d'anticlinaux
montrent que la vergence tectonique est affectés par des chevauchements tardi-
au sud. schisteux, tous à vergence sud (PIQUE,
1979; EL HASSANI, 1991).
Fig. 31. Coupes équilibrés montrant les cisaillements plats des zones anticlinoriales
A : Khouribga-Oulmès
B : Azrou-Fourhal
Une tentative d’établissement de Finalement, la déformation symmé-
coupes équilibrées (Fig. 31 A) suggère tamorphique est suivie de la mise en
que l’ « anticlinorium » de Khouribga- place de massifs plutoniques acides
Oulmès pourrait être une unité tectonique (BAUDIN et al., 2001).
constituée de nombreuses écailles de La limite orientale de l'anticlinorium est la
matériel surtout ordovicien empilées à faille d'Oulmès qui passe à l'est du granite
la faveur des niveaux d’argiles siluriennes d'Oulmès et à Moulay-bou-Azza. Son jeu
plastiques au cours d’un épisode précoce synschisteux est sénestre.
de la déformation, ployées ensuite en
antiforme.
43 43
- la phase D4, enfin, est représentée On sait que, dans le Massif central, le
par le chevauchement postméta- synclinal de Rommani se rétrécit au
morphique du jbel Kharrou. sud-ouest, dans le Khatouat. Dans les
LAGARDE et MICHARD (1986) Rehamna du Nord, sa largeur, entre
expliquent l'enchaînement et les Mechra-ben-Abbou et la faille de l'oued
caractères différents de ces structures Kibane, n'est plus que de 3 km et on a
par une combinaison de mouvements vu qu'elle s'annule dans les Ouled
chevauchants et décrochants en Zednes. Peut-être le Bassin de Sidi-
conditions métamorphiques. Le chevau- Bettache était-il donc plus étroit vers le
chement domine dans les Rehamna sud, entre la Ride du Cherrat et celle
orientaux; vers les Rehamna occidentaux, des Zaer (Fig. 33).
en bordure du bloc côtier stable, le Cependant, il est certain que le
mouvement est transformé en rétrécissement des zones structurales au
décrochement. On ne connaît pas l'âge niveau des Rehamna est aussi d'origine
exact de ces déformations. Elles sont tectonique : la schistosité, qui résulte de
postérieures à certains niveaux du l'aplatissement des roches par
Viséen supérieur et antérieures au dissolution, est de plus en plus nette
Permien. vers le sud du massif, comme d'ailleurs
Des travaux plus récents (BAUDIN et l'aplatissement des plis, concentriques
al., 2003 ; RAZIN et al., 2003) montrent dans les Rehamna du Nord et
un épisode compressif D1, responsable concentriques-aplatis, voire similaires,
de l’empilement de nappes et de dans les Rehamna du Sud. Ce
l’enfouissement des séries qui rétrécissement est contrôlé par le
engendre le métamorphisme barrovien métamorphisme et il est clair que le
à staurotide-disthène, suivi d’un épisode centre du massif était soumis à un flux
d’extension D2 avec désépaississement thermique plus important que le nord.
crustal caractérisé par le La paragenèse métamorphique
métamorphisme rétrograde passant du développée dans les Rehamna
champ de stabilité du disthène à celui centraux est intéressante à considérer.
de l’andalousite. Pendant cet épisode Les études déjà anciennes
d’exhumation AGHZER et ARENAS (HŒPFFNER et al., 1982) mettaient
(1995) montrent que les contacts l'accent sur l'occurrence du disthène
tectoniques sont réactivés en déta- dans les conglomérats dévoniens du
chement pendant l’exhumation des Kef-el-Mouneb. On connaît les
séries métamorphiques (Fig. 32 C). Les conditions de pression nécessaires à
plis cartographiques NNE-SSW seraient l'apparition de ce minéral ; d’autre part,
plutôt l’expression d’un épisode tardif d’après AGHZER (1994, in BAUDIN et
D3. Enfin un épisode D4 correspond al., 2003) les conditions P/T du pic de
aux décrochements et chevauchements métamorphisme sont de 560 °C et 9kb
tardifs. dans les Rehamna centraux et 532°C et
7 kb dans les Rehamna orientaux et
-c. Comparaison avec le Massif central elles correspondent, en gros, à une
profondeur au moins égale à 20 km. Il est
Comparées à celles du Massif central, probable que les micas blancs, en
les zones structurales des Rehamna particulier, cristallisent dans de telles
occupent une largeur très réduite. Ce conditions de pression. Il est exclu que,
rétrécissement, d'environ 50 %, est à l'époque du métamorphisme, la
vraisem-blablement en partie originel. colonne sédimentaire autochtone qui
49 49
-c. Relations entre les zones structurales Bloc côtier. Dans les Jbilete centrales, le
La nature des relations entre les raccourcissement symmétamorphique se
zones structurales des Jbilete a été traduit par des plis synschisteux
l'objet d'interprétations diverses, toutes accompagnés d'un métamorphisme
fondées sur des observations de terrain. épizonal. Des zones cisaillées conjuguées
Des indices très fréquents de N160 E sénestres et N70 E dextres,
cisaillements plats ou peu pentés liées à la mise en place des plutons
postérieurs à la schistosité ont pu faire granitiques syncinématiques résultent
croire à la présence d’une succession de la même compression régionale
d'unités, ou «nappes» correspondant WNW-ESE (LAGARDE, 1985).
chacune à l'une des zones énumérées On retrouve un style structural
plus haut, séparées par des contacts semblable dans la petite boutonnière de
plats post-métamorphiques, d'ampleur Guemassa, isolée dans le Haouz
indéterminée mais probablement (GAILLET, 1986).
importante (SOUGY, 1976). On peut
remarquer, au contraire, que les unités 3.2.3.4. Conclusion : La Meseta
sont parautochtones, que leur empilement, centre-occidentale et le Bloc Côtier
du Bou-Gader au Sarhlef, s'effectue
grosso-modo selon l'ordre strati- -a. La zone cisaillée de Meseta
graphique, et que l'on peut donc occidentale
reconstituer l'agencement du bassin
sédi-mentaire sur le modèle du bassin Que ce soit à la latitude du Massif
nord-mésétien. Par exemple, les niveaux central, des Rehamna, des Jbilete ou,
lenticulaires calcaires, quartzitiques ou on le verra plus loin, du Bloc ancien du
conglomératiques, de la zone des Haut Atlas, il existe une différence
Skhirat ne représentent pas une fondamentale entre un pays non ou peu
« mylonite de base de nappe » post- déformé, sauf à sa marge orientale: le
schisteuse (SOUGY, 1976), mais un Bloc côtier, d'une part, et les zones de
olistostrome dont la fragmentation et la Meseta centre-occidentale, d'autre part
mise en place à la marge occidentale : synclinal de Ben Slimane, anticlinal de
du bassin de sédimentation dévono- l'oued Cherrat et partie occidentale du
dinantien sont antérieures au plissement synclinal de Rommani dans le Massif
synschisteux (MAYOL et MULLER, central, et les Rehamna et les Jbilete
1985). centraux (Fig. 31). La zone de Meseta
Finalement, le modèle qui se dégage, centre-occidentale ainsi définie possédait
pour les Jbilete (BOULOTON et LE son originalité dès le stade de la
CORRE, 1985 ; LE CORRE et sédimentation. Elle l'a conservée au
BOULOTON, 1987; LAGARDE, 1989), est cours et à l'issue de la déformation
celui d'un bassin Dévonien supérieur- hercynienne.
dinantien dont la marge, à l'est de la zone Du Dévonien au Carbonifère inférieur,
des Skhirat, accueillait un olistostrome, des sédiments chaotiques se déposent
passant latéralement à la formation du dans cette zone limite, avec des
Sarhlef. A la fin du Viséen, les anciennes coulées volcaniques. Au nord, ils sont
failles normales de cette marge sont présents tout au long de la bordure
réactivées, surtout en décrochements, avec occidentale du synclinal de Rommani et
des déversements symmétamorphiques et dans l'anticlinal de l'oued Cherrat
des chevau- chements tardi- (formation d'Al Brijat). Dans les Rehamna
métamorphiques sur le et les Jbilete, ce sont les
52 52
Ainsi, les nappes de cette région sont - la nappe de Mrirt. Sa mise en place
de plusieurs sortes : a été réalisée aussi par un mécanisme
- des glissements gravitaires, gravitaire, mais l'augmentation de la
synsédimentaires, mis en place dans le déformation plicative vers l'arrière de
bassin d'Azrou-Khénifra au cours de la l'unité suggère que son départ s'est
phase finale de son remplissage, à réalisé en régime compressif ; les
partir de domaines orientaux en nappes des Jbilete orientales pourraient
surrection. Du nord-est au sud-ouest, ce correspondre à l'un ou l'autre de ces
sont les nappes d'Aït Mimoun-Bou-Agri, deux premiers types;
du Jbel-bou-Khemis et de Ziar;
55 55
également partout dans les schistes, L'étude des structures internes (DIOT et
mais concentrés dans des lames, BOUCHEZ, 1989; EL MOURAOUAH et
épaisses de 0,5 à 1 m. Ces structures al., 1993) montre une disposition
secondaires peuvent être analysées en subhorizontale du massif granitique en
termes de plans C/S (cisaillement/ accord soit avec une disposition en sill
schistosité); elles traduisent, là encore, mis en place au cours d'une phase
un cisaillement ductile vers l'ouest. Ces d'amincissement, soit avec une
conclusions confirment le caractère disposition en pile engagée dans un
cisaillant décrit auparavant par VAUCHEZ cisaillement crustal ; cette dernière
(1977), mais elles l'interprètent comme hypothèse s'accorde avec les données
une déformation progressive à vergence structurales fournies par l'encaissant.
ouest, dans laquelle les directions axiales Dans les boutonnières de Debdou-
E-W, parfois rencontrées, sont dues à Mekkam, occupées par des roches
une rotation dans des plans de pélitiques et grauwackeuses du
cisaillement très voisins des plans de Dévonien, une déformation majeure
schistosité. anté-Viséen supérieur est connue
Le métamorphisme contemporain de depuis longtemps. Elle est elle-même
la déformation est à l’origine d’une polyphasée. Les plis fondamentaux P1
paragenèse à mica blanc + biotite + ont des axes orientés NW-SE (N130-
grenat. Il a été daté à 366 ± 7 Ma 170 E) ; leurs plans axiaux sont
(CLAUER et al., 1980), ce qui correspond subhorizontaux et le déversement des
à la fin du Dévonien (« Phase éo- structures se fait vers le sud-ouest. Le
varisque »). Le méta- morphisme régime de la déformation est
général, et la déformation qui l'aplatissement. Souvent, un épisode de
l'accompagne, sont suivis de la mise en cisaillement syn- à tardi-schisteux
place de granitoïdes échelonnée tout au amène, comme à Midelt, une rotation des
long du Carbonifère. Les premiers lames schisteuses les unes par rapport
magmas, mis en place entre 330 et 300 aux autres et crée ainsi une dispersion
Ma (OUKEMENI et al., 1995), sont des axes de plis à l'intérieur des plans
calco-alcalins. Dans la boutonnière axiaux. Un métamorphisme anchi- à
d'Aouli-Mibladen, ils donnent des épizonal accompagne cette déformation.
granodiorites dont le rapport isotopique Il a été daté, par K-Ar sur fractions fines,
87 Sr / 86 Sr, d'environ 0,705 (MRINI et à 372 ± 3 Ma dans la boutonnière de
al., 1992), indique une fraction Debdou et 368 ± 8 Ma dans celle de
importante -35 à 60 %- de matériel Mekkam (HUON et al.,
d'origine mantellique. Cette première 1988). Il s'agit du même épisode qu'à
série d'intrusions est suivie, à Bou-Mia Midelt. Une seconde phase de
et de nouveau à Aouli-Mibladen, par déformation, elle aussi anté-Viséen
une seconde série, datée à environ 290 supérieur et éo-varisque, est présente.
Ma. Là, des granites roses, leucocrates, Les plis P2, coaxiaux des P1, sont parfois
très différenciés, se mettent en place à plan axial redressé et, dans ce cas, leur
dans des niveaux superficiels. Leurs déversement est variable, au nord-est ou
rapports isotopiques 87 Sr / 86 Sr sont au sud-ouest.
élevés : 0,717-0,720. Ces granitoïdes Dans les boutonnières de Boudoufoud
développent dans l’encaissant un et des Beni-Snassen, la déformation
métamorphisme H.T.-B.P. dont les n'est pas datée. Elle présente les
conditions thermobarométriques ont été mêmes caractères qu'à Debdou et
déterminées par FILALI et al. (1999). Mekkam. Par contre, les boutonnières
57 57
Fig. 35. Coupe schématique dans la Meseta orientale et le Haut Atlas oriental
3.3.2. Les épisodes de la
déformation au Paléozoïque Elles affectent des séries indubi-
tablement cambriennes, peut-être
3.3.2.1. La déformation au ordoviciennes p.p. et elles s’accompagnent
Paléozoïque inférieur d’une certaine évolution métamorphique
Les premières déformations paléo- et, surtout, de la mise en place de
zoïques qui surviennent dans le
magmas granitiques dont les apex seront
domaine de la Meseta sont localisées
recouverts en discordance par le
dans son angle nord-ouest (Sehoul et
Silurien marin. Ces déformations et des
marge atlantique voisine).
59 59
sur laquelle ils reposent, portés à ancien, avec des pics et des bifaces
plusieurs dizaines de mètres au-dessus taillés de la région de Casablanca
du niveau actuel de la mer. (RAYNAL et TEXIER, 1989), représente
Les corrélations entre les niveaux la base de l'Amirien, entre 1 Ma et
marins et continentaux sont délicates à 700.000 ans, montrant ainsi l'ancienneté
établir (TEXIER et al., 1985) pour le de l'occupation humaine de cette
Quaternaire, marqué par des variations région. Les restes de l'hominidé de l'Aïn
climatiques importantes (WEISROCK et Maarouf, près de El Hajeb (GERAADS
al ., 1985). Le Quaternaire continental et al., 1992), du Pléistocène moyen
marocain est caractérisé par une ancien, seraient des Homo erectus et
alternance de Pluviaux, marqués par Homo sapiens archaïques. A cette
des conditions biostasiques, une époque, l'homme coexistait ici avec des
sédimentation sur les versants et le vertébrés divers : chevaux, hippopotames,
remblaiement des lits des fleuves, et éléphants (Loxodonta atlantica, Elephas
d'Interpluviaux rhexistasiques qui sont iolensis), etc.
au contraire des périodes de creusement. Enfin, les datations au C14 effectuées sur
On assimile chaque période aride et les poteries et les armes néolithiques
rhexistasique du Maroc à un épisode (DAUGAS et al., 1989) témoignent de
glaciaire européen, les Pluviaux l'activité de la métallurgie du cuivre et
correspondant aux périodes interglaciaires. permettent des comparaisons avec les
On définit ainsi quatre "étages" régions ibériques pour la période de
continentaux dans le Pléistocène, du plus 5.000 à 2.000 ans av. J.C., marquée par
ancien au plus récent : une alternance de pulsations transgressives
et de régressions bien marquées sur le
• Moulouyen (Günz), contemporain du
littoral atlantique marocain.
Moghrébien et du Messaoudien inférieur ;
• Amirien (Mindel), contemporain du
Messaoudien supérieur et de l'Anfatien 3.5. La marge atlantique du Maroc
inférieur ; Il s’agit ici de la marge atlantique,
• Tensiftien (Riss), contemporain de immergée, du pays, au large des
l'Anfatien supérieur et de l'Ouljien domaines mésétien, atlasique et saharien,
inférieur ; étudiée de longue date (HINZ et al.,
• Soltanien (Würm), contemporain de 1982 : HEYMAN, 1989 ; LE ROY et al.,
l'Ouljien supérieur. 1997, 1998, etc.).
Au-dessus, le Rharbien correspond
au Mellahien, c'est-à-dire à l'Holocène. 3.5.1. Les terrains et les séquences
Des faunes terrestres comme, par sédimentaires
exemple, le rhinoceros Dicerorhinus 3.5.1.1. Le socle
hemitœchus de la région de Temara La succession stratigraphique des
(MICHEL, 1989), les vertébrés d'Aïn dépôts sédimentaires présents le long
Bahya près de Skhirat (MICHEL, de la pente et du glacis d'El Jadida est
1988a) ou ceux de la région de Safi relativement bien connue grâce aux
(MICHEL, 1988b) permettent parfois la données des forages océaniques 544,
datation des niveaux quaternaires 545, 546 et 547 du Leg 79 DSDP du
continentaux et autorisent la com- Glomar Challenger complétées par des
paraison avec les formes européennes. observations et prélèvements en
Par ailleurs, les industries lithiques submersible réalisés le long de
apportent aussi des éléments de l'escarpement d'El Jadida.
datation supplémentaires. L'Acheuléen
63 63
4 LES ATLAS
4.1. Présentation
Le Haut Atlas sépare le Maroc en sahariens. Sur 700 km de long à l'intérieur
deux : au nord, les plateaux et les bas des frontières marocaines, pour une
massifs du Maroc septentrional qui centaine de kilomètres de large, cette
constituent le domaine des Mesetas ; chaîne d'axe WSW-ENE est l'élément
au sud, l'Anti Atlas et les domaines majeur du relief du Maroc (Fig. 38).
Son altitude est globalement plus ennoient des massifs de terrains anciens,
élevée dans sa partie centrale et surtout paléozoïques. La superficie de
occidentale que dans les confins ces massifs anciens est très variable. Au
orientaux. Dans tout le Haut Atlas central, sud de Marrakech un ensemble de
les sommets de plus de 4000 m sont massifs paléozoïques (Fig. 36) ont été
nombreux, du jbel Toubkal, point fortement soulevés et constituent, autour
culminant du Maroc et de l'Afrique du du jbel Toubkal, le toit de la chaîne. A
Nord à 4167 m, à l'Ighil (=jbel) Mgoun, à l'est du Haut Atlas, le Tamlelt est, au
4071 m. C'est là que prennent contraire, une plaine au sein de la
naissance les grands oueds du versant couverture mésozoïque. D'autres
nord : les oueds n'Fis, Rdat, Tessaout massifs anciens jalonnent le Haut Atlas
et el Abiod (= assif Melloul), et ceux du et le Moyen Atlas. Pratiquement absents
versant sud : oueds Souss, Todgha, de l'axe du Haut et du Moyen Atlas, les
Dades, etc.. A l’ouest du Tizi n’Test, le dépôts cénozoïques et plus récents sont
relief s'abaisse rapidement vers l'océan largement représentés, par contre, dans
tandis qu’à l’est du Haut Atlas central il les sillons atlasiques marginaux.
s’abaisse progressivement vers l'est Les terrains paléozoïques des massifs
jusqu'au Tamlelt. En bordure du atlasiques montrent toujours les traces
domaine montagneux haut-atlasique des déformations hercyniennes.
courent des dépressions : le Haouz au L'orogenèse atlasique ne s’y marque
nord, la plaine du Souss et le sillon que par des déformations cassantes et
sud-atlasique, de Ouarzazate à des plis de grande rayon de courbure
Rachidia et au-delà, au sud. Les limites qui n'obscurcissent jamais les structures
entre la chaîne haut-atlasique et les antérieures à un point tel que l'on ne
domaines voisins, mésétien et anti- puisse plus les analyser; aussi peut-on
atlasique, sont le plus souvent abruptes parfaitement étudier la déformation
et on passe rapidement de ces hercynienne de ces massifs et la
dépressions marginales de l'Atlas à la comparer à celle de la Meseta.
Haute Chaîne par une étroite bande de
collines sous-atlasiques comme celle
d'Aït-Ourir, par exemple, au SE de 4.2 Le socle
Marrakech.
-c. Ordovicien
4.2.2. Les boutonnières du Haut La série est grésopélitique. A la base,
Atlas oriental 800 m de shales ont livré Schizograptus
quebecensis et Holograptus deani de
4.2.2.1. Les séries sédimentaires l'Arenig inférieur. Plus haut, des grès et
La couverture du Haut Atlas oriental des quartzites d'épaisseur variable (90
laisse affleurer le socle précambrien à 750 m), au-dessus de niveaux de fer
supérieur et paléozoïque dans les oolitique, représentent probablement
boutonnières de Mougueur, Bou-Dahar l'Ordovicien supérieur, avec peut-être
et Tamlelt. Dans cette dernière, à la des ravinements internes du type de celui
suite des observations de du DRESNAY de la barre du Second Bani sur les
(in DESTOMBES et al., 1985), et niveaux sous-jacents. Dans la
HOUARI et HOEPFFNER (2000), en boutonnière du Bou-Dahar, la série
particulier, on peut construire la colonne ordovicienne est épaisse de 220 m ; le
suivante : Llandeilo y est caractérisé.
attribuée au Trias. Elle pose encore de recouvertes par les coulées basaltiques
nombreux problèmes tant aux points de au-dessus desquelles un niveau sédi-
vue de la stratigraphie et de la mentaire fossilifère date le Lias moyen.
sédimentologie que de la signification Il est par conséquent probable qu'une
géodynamique des roches magmatiques partie des siltites soit d'âge liasique.
associées et des faciès sédimentaires Dans le Haut Atlas occidental, le bassin
qui la constituent. d'Argana (TIXERONT, 1973; BROWN,
1980) contient une série épaisse dont
+ Stratigraphie les niveaux sont, de la base au sommet
:
Depuis COUSMINER et MANSPEIZER - formation d'Ikakern (Permien p.p. ?)
(1976), des déterminations paléonto- : jusqu'à 2 500 m de conglomérats
logiques ont permis de dater par des torrentiels et de grès
palynomorphes le Carnien vers le milieu - formation de Timesgadiouine : 2 000
de la série dans le Haut Atlas. L'âge m de grès alluviaux et d'argiles rouges
triasique supérieur est confirmé par les lacustres
datations isotopiques des coulées - formation de Bigoudine : 1 300 m de
intercalées dans la partie supérieure de sédiments deltaïques et d'argiles de
la séquence, qui livrent des âges playas, avec des lits de gypse.
d'environ 190 Ma (MANSPEIZER et al.,
1978; FIECHTNER et al., 1992), et des + Milieu de dépôt
affinités faunistiques sont établies avec
les domaines sud-américains (DUTUIT, On a longuement débattu du caractère,
1989). marin ou continental, de ces dépôts. La
Dans le Haut Atlas de Marrakech, présence fréquente de halite n'est pas,
entre Asni, l'Oukaïmeden et Imini, à elle seule, un argument définitif pour
BEAUCHAMP (1988) décrit la série une origine marine, car la précipitation
suivante, de bas en haut : des sels aurait pu tout aussi bien se
- conglomérats de base : quelques produire dans un milieu comparable aux
dizaines de mètres de roches grossières, sebkhas actuelles. Pour rendre compte
immatures, discordantes sur le socle de la présence, dans la série, de
hercynien et, localement, des couches niveaux incontestablement marins, mais
rouges du Permien probable ; de très faible profondeur, et de niveaux
- siltites inférieures ; le faciès certainement aériens, il faut imaginer
sédimentaire et les faunes récoltées une vaste plate-forme lagunaire, en
(par exemple Pholadomya sp.) indiquent contact avec des milieux marins francs
un milieu marin littoral; (Tethys, Atlantique naissant), et soumise
- Grès de l'Oukaïmeden : jusqu'à 600 m à des périodes d'assèchement. Dans la
de grès pourpres puis roses d'âge région d’Argana, une étude très détaillée
carnien (BIRON et COURTINAT, 1982). (HOFMANN et al., 2000) individualise des
Latéralement, dans le Haut Atlas séquences sédimentaires récurrentes dont
central, ces grès ont fourni, à leur base, chacune est constituée, de la base au
des bivalves marins ; le milieu de dépôt sommet, par des shales, des boues de
est marin très peu profond, puis playas et des grès éoliens et fluviatiles,
fluviatile; la cyclicité étant attribuée à des variations
- siltites supérieures : ce sont des climatiques elles mêmes dues aux cycles
roches roses très fines, avec quelques planétaires de Milankovitch. Dans
horizons de gypse et de sel. Elles sont l’ensemble, la tendance générale est un
13 13
Ici, à Mibladen, les turbidites et les barrière récifale puis un bassin turbiditique,
figures sédimentaires, semblables à selon un dispositif symétrique de celui
celles de l'ensemble sous-jacent, montrent observé au nord du Haut Atlas.
que les conditions paléogéographiques Généralement, la base des sédiments
sont restées les mêmes, avec un talus de la plate-forme est constituée de
séparant une plate-forme nord et un dolomies concordantes sur les shales
bassin sud. Cependant, le caractère rouges de l'Hettangien ou du Sinémurien
plus distal des turbidites suggère un inférieur. Au-dessus, des calcaires
retrait vers le nord de la plate-forme. Le (wackestones et packstones) sont inter-
long du talus, des blocs, de taille parfois stratifiés dans les dolomies. Le milieu
importante glissent dans le bassin. est intertidal à supratidal. La plate-forme
Entre les sillons moyen- et haut- externe est représentée par des calcaires
atlasiques, le "Paléoseuil de la Moulouya" bien stratifiés, subtidaux à intertidaux,
enregistre au Jurassique une histoire avec des structures en tipis (teepees).
sédimentaire complexe où interfèrent La marge de la plate-forme est soulignée
les influences eustatiques et le jeu de la par un alignement de récifs constitués
tectonique. de coraux et de bivalves lithiotidés dont
Dans la région d'Aghbala, la base de certains atteignent un mètre de long.
la série liasique est représentée par des L'examen des faciès et des structures
dolomies et des calcaires souvent sédimentaires révèle des épisodes
massifs puis, à partir du Toarcien, par d'oscillation du niveau de la mer dont il
des marnes et des argilites gréseuses n'est pas facile de déterminer l'origine,
avec des passées turbiditiques où les tectonique ou eustatique : un appro-
bancs gréseux contiennent des galets, fondissement de la tranche d'eau, au
des bois flottés et des extraclastes Sinémurien, est indiqué au Tizi n'Firest
d'origine extérieure au bassin. A Beni- par le dépôt de calcaires de bassin sur
Mellal, la coupe-type levée par les carbonates à tipis, et des émersions,
MONBARON (1981) montre, au-dessus au Domérien supérieur et au cours du
des couches liasiques, des marnes et Toarcien, sont indiquées à chaque fois
marno-calcaires de l'Aalénien puis des par la présence de carbonates intertidaux
calcaires à "bird-eyes", des marnes et et supratidaux sur des calcaires subtidaux.
une épaisse barre calcaire: le "Calcaire- Dans les vallées sud-atlasiques du
corniche" des auteurs, du Bajocien Todrha et du Dades, on montre que
inférieur et moyen. Au-dessus, le cette limite entre Pliensbachien et Toarcien
Bajocien supérieur et probablement le correspond à des changements fau-
Bathonien inférieur sont représentés par nistiques (par exemple l’apparition des
des marnes et des pélites versicolores. dactylioceratidés) et sédimentaires,
avec un événement tecono-eustatique
+ La bordure méridionale. conduisant à des discontinuités de
C'est ici du sud vers le nord que ravinement, des fracturations sédi-
s'organisent les faciès représentatifs, mentaires et des discordances (ETTAKI
respectivement, de la plate-forme, la et al., 2000).
marge, du talus et, enfin, du bassin. Entre
Boumalne du Dadès et Goulmima, les + L'axe du Haut Atlas
séquences sédimentaires montrent un Cette région montre des sédiments
enchaînement semblable. Au Lias carbonatés et marneux généralement
moyen, la plate-forme carbonatée méri- épais dont une coupe-type, représentative
dionale est bordée au nord par une de la région de Tounfite, est donnée par
16 16
Fig. 42. Les couches rouges jurassico-crétacées du Haut Atlas central et les
niveaux marins sus-jacents
Dans le Haut Atlas oriental, la Classopollis, indiquent le Jurassique
formation basale des Couches rouges, moyen. Les dinosauriens sont connus
dite Formation d’Anoual (HADDOUMI et par leurs traces comme par leurs restes
al., 1998), est surmontée par des niveaux osseux. Certains, comme Cetiosaurus
marins du Bathonien inférieur et mogrebensis des Grès de Guettioua,
recouverte, vraisemblablement après permettent de rapporter au Bathonien la
une longue lacune, en discordance de base des Couches rouges.
ravinement par les autres formations de
Couches rouges, attribuées à + Géochronologie : des datations
l’Infracénomanien et au Cénomanien. initiales, reprises et améliorées par la
suite (WESTPHAL et al., 1979)
+ Paléontologie : les bois fossiles, suggèrent aussi un âge Jurassique
dont Protopodocarpoxylon teixeiræ, moyen pour la plupart des coulées
apportent peu de précisions strati- volcaniques contenues dans les
graphiques. Les pollens, dont le genre couches rouges.
19 19
nets avec les calcaires de l'Aptien surmontés par les siltites et les
supérieur. Cette époque est marquée évaporites, accompagnées de roches
par une activité tectonique extensive. La magmatiques basiques. Les variations
transgression générale du Cénomanien d'épaisseur de la série supérieure
et du Turonien dépose des marnes et des suggèrent des basculements syn-
calcaires, avant les marnes du Sénonien sédimentaires de blocs, comme celui du
et les apports détritiques cénozoïques Bloc d'Agouraï-Boufekrane sur la paléo-
qui marquent la surrection de l'Atlas. Les faille d'Adarouch, orientée N 30 E ou
différences entre les séries du Crétacé celui déterminé par le jeu de la faille des
inférieur, à forte proportion d'illite, et Ait Oufellah, à la limite entre le bloc de
celles du Crétacé supérieur, à smectites la Haute Moulouya et le Moyen Atlas.
et argiles fibreuses, expriment la fin des Cette tectonique synsédimentaire se
apports détritiques et l'établissement traduit par le dépôt de la formation
d'un milieu confiné. volcano-sédimentaire de l'oued Kiss.
+ Les terrains sus-jacents sont surtout
4.3.4. Le Moyen Atlas carbonatés jusqu'au Lias moyen.
L'ensemble de la région possède à
Ce chaînon, orienté NE-SW, longe à présent des faciès marins francs, la
l'est le Massif Central et sépare la Meseta plupart dolomitiques (LAADILA et
occidentale de la Meseta orientale (Fig. DELFAUD, 1989), inscrits dans la
38). Jusqu'au Jurassique moyen, son nature des sédiments aussi bien que
évolution sédimentologique est dans les faunes (ELMI et al., 1989).
comparable -avec des différences Après les niveaux gris-noir, argilo-
intéressantes- à celle du Haut Atlas. Au marneux et carbonatés de la formation
Jurassique supérieur et au Crétacé de Harira, hettangienne et peut-être
inférieur, elle s'en distingue nettement. sinémurienne, la formation dolomitique
du Kandar, épaisse d'environ 200 m,
4.3.4.1. Du Trias au Jurassique moyen azoïque, représente probablement
jusqu'au Sinémurien supérieur. C'est un
a) Le Causse et la bordure du sillon milieu de sebkha, subtidal, où les
moyen-atlasique indices d'instabilité (plis synsédimentaires,
Le passage entre le Causse moyen- fentes ouvertes, discordances progres-
atlasique, ou "Moyen Atlas tabulaire" sives) sont fréquents. Ces mouvements
(en fait, l'extrêmité nord-orientale de la permettent de reconstituer des bascu-
Meseta occidentale, presque entièrement lements de plusieurs panneaux qui
recouverte par les dépôts mésozoïques amorcent la distinction entre une zone
à l'exception du Tazekka et de petites orientale, le futur Sillon moyen-
boutonnières comme celle d'Imouzzer- atlasique, avec des dolomies litées, et
du-Kandar) et le Moyen Atlas une zone occidentale, le futur Causse,
proprement dit, ou "Moyen Atlas plissé" avec des dolomies massives et bréchiques.
s’observe au SE de Fès. La couverture La formation de Maftah, sur le
mésozoïque y est la suivante : Causse, est un ensemble calcaire,
+ Les couches rouges triasiques d'une centaine de mètres d'épaisseur,
reposent sur les terrains paléozoïques reposant sur les dolomies du Kandar.
plissés. Les premiers niveaux, gréseux, De la base au sommet, on passe des
sont comparables aux grès haut- micrites subtidales du Carixien inférieur
atlasiques de l'Oukaïmeden. Ils sont à des calcaires lités à silex du Carixien
moyen, où la riche faune benthique
24 24
Cette zone ayant évolué en une structure - Toarcien marneux, puis calcaire
anticlinale, il y a ici, clairement, une oolitique, avec des faunes d'abord
préfiguration des structures tectoniques pélagiques puis néritiques;
visible dès le stade sédimentaire. - Aalénien et Bajocien inférieur :
calcaires à Cancellophycus. Ce sont
b) L'axe du Moyen Atlas des calcaires micritiques noirs alternant
avec des lits marneux. Leur dépôt est
Un résumé en est donné par du contemporain de l'activité de rides
DRESNAY (1988) et l'ensemble du synsédimentaires. Après l'épisode
dossier a été repris par FEDAN (1989). marneux du Toarcien, une plate-forme
Le Sinémurien est représenté par des carbonatée se reconstitue;
dolomies à cancellothyridés
(brachiopodes). Le Pliensbachien est
daté par des ammonites téthysiennes.
Le genre Amaltheus, présent dans le
Moyen Atlas, n'est pas représenté dans
le Haut Atlas ce qui suppose une
barrière, à l'époque, entre ces deux
bassins. Au Carixien, une plateforme
carbonatée occupe un golfe NE-SW,
fermé au sud par les couches rouges
d'Itzer et ouvert au nord. Ces
séquences de plates-formes diffèrent
des faciès tidaux du Causse et montrent
que le sillon moyen-atlasique est
ébauché dès le Lias inférieur-moyen
(FEDAN, 1989).
Au Domérien, la plate-forme
s'enfonce par le jeu d'une tectonique
distensive synsédimentaire : les
décrochements et failles normales, les
sédiments chaotiques, etc.., sont
scellés ensuite par les dépôts du
Toarcien. Les sédiments domériens,
riches en matière organique, sont des
roches-mères potentielles de pétrole,
qui aurait été généré vers le Jurassique Fig. 45. Colonne litho-stratigraphique
terminal-Crétacé basal, sous un du Moyen Atlas
enfouissement supérieur à 2 000 m.
Dans le massif des Beni-Snassene, - Bajocien moyen : Marnes de
OUAHHABI et al. (1992) retrouvent Boulemane, très épaisses (2.500 m)
cette tendance à l'approfondissement dans les dépocentres ; elles marquent
du bassin au Domérien. une remontée eustatique ;
Les dépôts qui s'effectuent ensuite, - Bajocien supérieur : le Calcaire
au Lias supérieur et au Dogger, corniche, bioclastique, à faune néritique
correspondent à ceux décrits plus haut et périrécifale, achève la séquence de
dans le Causse. Ils réalisent le comblement du bassin et il se termine
comblement du bassin : souvent par une surface ferrugineuse.
27 27
série marno-calcaire parfois gypseuse, - une série continentale, avec les grès
souvent dolomitisée, indubitablement et les conglomérats du jbel Hayane,
marine, représentant le Crétacé supérieur. attribués à l'Oligocène, et des dépôts
Au sud-est du Moyen Atlas, en lacustres rapportés au Miocène.
bordure du plateau de la Haute Moulouya, Au total, toute cette succession du
des mouvements synsédimentaires dont Crétacé supérieur-Paléogène est
la composante verticale est parti- interprétée, dans le bassin de Tirhboula
culièrement enregistrée persistent et ceux, voisins, de Bekrit-Timahdite, Bou
durant le Crétacé supérieur. En dehors Anguer, Aïn Nokra et Oudiksou (HERBIG,
du Moyen Atlas, la zone de la Haute 1993 ; HERBIG et FECHNER,
Moulouya est une plate-forme stable où 1995), comme le résultat d'une évolution
la disposition et l'évolution des faciès complexe avec trois étapes : 1) la
sédimentaires reflètent fidèlement les transgression albo-cénomano-turonienne
changements eustatiques du niveau de qui installe une plate-forme carbonatée ;
la mer. Par contre, dans le Moyen Atlas 2) la dislocation de cette plate-forme au
proprement dit, la subsidence est Turonien supérieur-Sénonien inférieur,
contrôlée par le mouvement le long de avec le dépôt de sédiments lagunaires
failles NE-SW telles que l'Accident nord suivis par le développement des faciès
moyen-atlasique, la faille des Aït bitumineux ; 3) la reprise de la
Oufellah, etc. Les apports sédimen- transgression au Paléocène-Eocène
taires compensant la subsidence dans inférieur et moyen, avec la construction
les zones déprimées, la profondeur de d'une plate-forme carbonatée lutétienne,
dépôt reste modérée. suivie de sa dislocation contemporaine
d'une baisse eustatique et du retrait de
b. Les dépôts cénozoïques la mer.
Au-dessus des niveaux franchement Les terrains du Miocène supérieur
marins du Crétacé moyen-supérieur, la sont en discordance angulaire sur
série cénozoïque montre successivement : l'ensemble des niveaux sous-jacents et
- une série de mer encore ils fossilisent nombre de structures
transgressive et ouverte, qui comprend tectoniques, plis et zones faillées.
les grès et calcaires à gastéropodes L'essentiel du Moyen Atlas est émergé,
d'Aïn Lkhil (synclinal d'Oudiksou) du mais certaines zones sont sous la
Maestrichtien terminal (?)-Paléocène, dépendance d'un bras de mer
des marnes roses, et la barre calcaire prolongeant au sud le Sillon sud-rifain :
de Timhadite d'âge Eocène moyen à - Dans le bassin de Skoura, le
bivalves, crustacés, nautiles, etc.. Ces Néogène est représenté par une série
faciès sont connus depuis longtemps : épaisse de 200 à 250 m qui constitue
GENTIL signalait en 1916 le Calcaire de un cycle complet, depuis des faciès
Timhadite et TERMIER, en 1936, continentaux à la base (siltites, marnes
décrivait la discordance de Foum- bariolées lacustres, grès et poudingues)
Kheneg, dans le synclinal d'El Koubbat, puis laguno-lacustres (marnes gypseuses
où les équivalents des calcaires d'Aïn et grès), jusqu'à des faciès marins au
Lkhil sont discordants sur des niveaux sommet, avec biohermes à Crassostrea,
liasiques ; grès à foraminifères et oursins, gypses,
- une série régressive, avec les marnes jaunes à Globorotalia, calcaires
marnes à gypse post-Lutétien reposant récifaux (CHARRIERE et SAINT-MARTIN,
sur les Calcaires de Timhadite. 1989) et enfin marnes blanches à huîtres;
31 31
manifestations magmatiques dont les considérée plus loin. Dans les deux
produits, surtout doléritiques, s'intercalent massifs de Tassent et Tasraft les
au sommet de la série rouge triasico- gabbros, souvent troctolitiques, sont au
liasique. Leur âge est compris entre 180 cœur des massifs ; vers la périphérie,
et 200 Ma (HAILWOOD et MITCHELL, on rencontre des diorites et des
1971; WESTPHAL et al., 1979 ; monzodiorites puis des syénites ; des
FIECHTNER et al., 1992). La plupart de dykes doléritiques rayonnent dans
ces roches sont des dolérites à l'encaissant sédimentaire.
plagioclases An 50-70, augite et Ces roches, souvent présentées
pigeonite ; certaines contiennent de comme alcalines (RAHIMI et al., 1991),
l'olivine, toujours serpentinisée. On note ont des teneurs modérées en TiO2,
dans le domaine atlasique, à la différence K2O et P2O5 et des rapports La/Yb
de la Meseta, le fréquent développement toujours très inférieurs à 10. Le
de paragenèses secondaires de faible parallélisme des spectres de terres rares
température à chlorite, serpentine, des différents faciès pétrographiques
calcite, etc. Au point de vue étudiés, tant basiques qu'acides, est en
géochimique (BERTRAND et al., 1982; faveur de leur cogénétisme. Toutes ces
FIECHTNER et al., 1992), ces roches roches seraient issues de la cristallisation
sont des tholéiites semblables par bien fractionnée d'un magma mantellique au
des aspects aux basaltes des rides sein d'une chambre magmatique située à
médio-océaniques. Leur origine est 10-15 km de profondeur ; l'intervention
mantellique, la composante crustale d'une contamination crustale est
n'excédant pas 17 probable.
% du poids, selon FIECHTNER et al. L'analyse des fluidalités magmatiques
(1992). Toujours selon ces derniers des intrusions de Tasraft et Tassent
auteurs, leur âge isotopique 40 Ar/39 Ar montre une architecture en dôme aplati,
est compris entre 210,4 ± 2,1 Ma et suggérant une mise en place diapirique
196,3 ± 1,2 Ma. (RAHIMI et al., 1991). Le faible
développement de l'auréole de
4.3.5.2. Les massifs plutoniques métamorphisme de contact, souligné
jurassiques par tous les auteurs, implique que, au
On connaît depuis longtemps moins pour sa phase finale, la mise en
l'existence de nombreux petits massifs place des roches plutoniques au sein de
intrusifs dans le Haut Atlas central. On en la série liasique et bajocienne s'est
a découvert récemment des équivalents effectuée à des températures de l'ordre
réduits, plutoniques dans le Moyen de 300°C. Une forte activité
Atlas (LAVILLE et FEDAN, hydrothermale est notée (HARMAND et
1989) et volcaniques dans le Haut Atlas LAVILLE, 1983)
occidental (FERRANDINI et al., 1991).
Les massifs du Haut Atlas central ont une 4.3.5.3. Le magmatisme éocène
forme elliptique ou circulaire, avec des Plus tard, l'activité magmatique
dimensions toujours modestes, de l'ordre atlasique se restreint dans deux zones :
de 10 à 20 km de longueur pour une le massif de Tamazert, au versant nord
largeur de 2 à 5 km. Ils se situent au du Haut Atlas, non loin de Midelt, et le
cœur de dispositifs structuraux constitués massif de Taourirt, à l'extrémité nord-
par des couches sédimentaires orientale du Moyen Atlas. Le premier
redressées qui évoquent des anticlinaux, est constitué de pyroxénites micacées,
et dont la signification structurale sera syénites néphéliniques à orthose et
33 33
Fig. 47. Coupes illustrant le style tectonique dans le Haut Atlas (A,B) et le Moyen
Atlas (C)
Il faut aussi signaler que les études et al., 1991) des séries magmatiques au
de HAFID et al. (2000) et MEHDI et al. Jurassique et Crétacé ;
(2004) soulignent l’activité halocinétique
- l'âge post-crétacé du plissement.
du basin d’Essaouira.
Au total, trois différences apparaissent
là avec le Haut Atlas central, peut-être 4.4.4.3. Le Haut Atlas oriental
dues surtout à la plus grande épaisseur
de la couverture mésozoïque au-dessus De part et d'autre de la vallée de
du socle paléozoïque : l'oued Ziz et, plus à l'est, vers l'Atlas
- la présence d'une épaisse série saharien en Algérie, le dispositif
triasique dont les niveaux salifères structural reste semblable à celui de
permettent le développement de diapirs ; l'Atlas central, avec toutefois des
- l'absence ou la rareté (FERRANDINI altitudes plus faibles.
Ceci est bien démontré par MOREL et 4.4.5. Les données géophysiques
al., 1993) et par les LAVILLE et al.
(2006, sous presse) à la limite entre le L'exploration géophysique de la croûte
Moyen Atlas et le bassin de Missour marocaine, commencée tardivement, en
(Fig. 54). A partir d’observations d’ordre est encore à ses débuts. Dans le domaine
micotectonique et morphologique, les atlasique, les résultats préliminaires de
auteurs montrent que l’inversion SCHWARZ et WIGGER (1988)
tectonique entre l’ancien bassin et la concernent une coupe, de Meknès à
zone des Hauts Plateaux s’est opérée Erfoud, à travers le Moyen Atlas, la Haute
le long d’une zone faillée complexe, Moulouya et le Haut Atlas. Les mesures
l’ « Accident sud moyen-atlasique » effectuées par WIGGER et al. (1992)
dont le jeu à la fois inverse et montrent que la croûte atlasique est
décrochant s’est opéré depuis le structurée par des zones alternativement
Pliocène, le sens des décrochements de grandes et de faibles vitesses
traduisant l’action d’un raccourcissement sismiques.
NW-SE.
48 48
Une zone à faible vitesse sismique, Les séismes naturels dans le domaine
légèrement pentée au nord, est atlasique sont pour la plupart superficiels.
particulièrement nette à 10 km de Cependant, on note des foyers à 180-
profondeur. Par ailleurs, l'existence 200 km de profondeur sous le Haut
d'une zone de faible conductivité Atlas central (HATZFELD et
électrique a été démontrée dans la FROGNEUX, 1981), alors que la tranche
croûte atlasique (SCHWARZ et al., de 30 à 100 km reste asismique, ce qui
1992) ; les modèles théoriques calculés suggère une anomalie régionale du
montrent qu'elle se trouve à une manteau supérieur. Les profils sismiques
profondeur de 10 à 20 km sous l'Atlas indiquent un léger épaississement de la
et qu'elle est légèrement pentée au croûte sous le Haut Atlas, qui n'est
nord. Sa forme est listrique et elle devient comparable en rien à une racine sous
de plus en plus superficielle vers le sud une chaîne de collision. Cet
du Haut Atlas. Il faut remarquer, avec approfondissement du Moho sous le
SCHWARZ et al. (1992), la corrélation Haut Atlas est dissymétrique, plus
entre ces anomalies, les niveaux à rapide sous la limite nord qu'à la limite
faibles vitesses sismiques et la zone à sud de la chaîne.
faible activité sismique.
5. LE RIF
Les Zones internes, qui trouvent leur Mésozoïque entre l'Afrique et l'Europe.
correspondant dans les Bétiques Là où elles sont le mieux développées,
internes (DURAND-DELGA, 1972) et elles se composent de plusieurs unités
les Kabylies, sont représentées au cristallines et sédimentaires. Les première
Maroc essentiellement dans deux régions, sont les Sebtides qui, affectées par un
toutes deux sur la côte méditerranéenne : important métamorphisme alpin, incluent
entre Sebta (Ceuta) et Jebha, et dans des péridotites mantelliques ; les
les Bokkoya. Par leur origine, ces zones secondes, Ghomarides et Chaîne calcaire,
sont liées à la plaque (ou au domaine) sont formées de terrains paléozoïques et
d'Alboran (CHALOUAN et MICHARD, de leur couverture mésozoïque, plus ou
2004 et travaux cités), individualisée au moins décollée.
- La nappe du J. Lakraa. Elle repose à Akroud, dont les séries sont renversées,
l'ouest sur les unités prédorsaliennes ; à repose sur les unités externes et
l'est, elle est recouverte par la nappe du intermédiaires.
J. Tazoute ; - nappe d'El Babat et écailles d'Ouslaf.
- La nappe du J. Tazoute. Elle forme La nappe d'El Babat est l'unité la plus
toute la partie orientale de la Dorsale haute structuralement dans le nord de la
calcaire ; Dorsale, où elle est superposée à la nappe
- La nappe du jbel Tissouka. Au nord de de Hafa Ferkennix. Les écailles d'Ouslaf
l'oued Laou, elle repose tectoniquement forment le substratum tectonique de la
sur la nappe du jbel Tazoute ; au sud de klippe ghomaride de Talembote.
l'oued, elle est en contact anormal avec
la nappe du jbel Lakraa ; -b. Les unités du Haouz
- Les écailles d'Abou Bnar. Elles Dans le Haouz, les structures observées
reposent sur la nappe du J. Tazoute ; aux contacts entre les diverses unités
- La nappe de la Hafa-en-Nator, tectoniques : disharmonies, rabotage,
l'écaille de Saaden et les écailles de etc. (ex. KORNPROBST, 1966) montrent
Dar-el-Ghazi. Ces unités de faible que leur emplacement s'est réalisé sous
extension latérale sont empilées les l'effet d'une compression d'origine
unes sur les autres au sud de la cluse orientale. Le contact des unités du Haouz
de Tetouan et charriées sur les nappes avec les unités de flyschs est bien
des Beni-Ider et l'Unité de Tanger. marqué dans la topographie à cause des
lithologies très différentes des deux
+ Les unités intermédiaires ensembles. C'est un contact raide,
On regroupe ici des unités formées de souvent à fort pendage ouest. A leur
terrains partiellement datés, dont la bordure orientale, les unités du Haouz
position structurale est inférieure à celle peuvent chevaucher vers l'est les
des unités internes, et qui reposent en terrains paléozoïques (RAOULT,
contact anormal soit sur les nappes des 1966), mais souvent la disposition est
flyschs soit sur les unités externes. inverse et, à l'instar de celle de la Dorsale
calcaire s.str., ce sont les
+ Les unités internes terrains paléozoïques qui reposent en
Elles forment l'axe de la Dorsale, qui contact tectonique sur les unités méso- et
domine à l'est la route de Tetouan à cénozoïques du Haouz. La disposition
Chefchaouene ("la disparition de la d'ensemble du Haouz est une sorte
Dorsale externe sur ce segment d'éventail, entre les terrains paléozoïques
s'explique par le fait qu'elle est débitée en et cristallins à l'est et les flyschs à
olistolites dans les unités prédorsaliennes" : l'ouest.
EL KADIRI, 1992, in litt.). EL HATIMI et al. (1991) montrent que,
- Nappe de Hafa Ferkennix, unité des au cours de l'inversion tectonique, lors du
Bni Ahmed et du J. Akroud. Entre Tetouan serrage régional, les anciennes failles
et l'oued Laou, la nappe de Hafa Ferkennix synsédimentaires rejouent en failles
repose en contact anormal sur les unités inverses, les grabens évoluant en
externes et intermédiaires. A l'est, elle est pincées synclinales.
recouverte tectoniquement par la nappe
d'El Babat et les unités ghomarides. Au -c. Les Bokkoya
sud de l'oued Laou, les unités des Bni Les nappes sont ici charriées vers le
Ahmed sont charriées sur les écailles sud. L'unité dorsalienne inférieure, la
externes d'Abou Bnar. L'unité du J. nappe du J. Busicur (MEGARD, 1969),
15 15
repose en contact plat sur les terrains éo- Après un épisode distensif où l'extension,
oligocènes qui en représenteraient la marquée par des failles normales, est
couverture décollée. Des plis E-W sont NW-SE, se produit le charriage des
contemporains de sa mise en place; ils unités de la Dorsale interne sur les
sont repris par des plis NNE-SSW. La unités externes, acompagné par des
nappe d'El Hoceima, avec ses terrains plis à vergence W ou NW. L'ensemble
paléozoïques et triasiques, repose sur de ces structures, plis et plans de
celle du J. Busicur. La nappe du J. chevauchement, est ensuite repris et
Amekran, enfin, considérée comme la redressé par un serrage général qui
couverture décollée de celle d'El imprime à la chaîne son orientation
Hoceima, s'est avancée plus largement actuelle. Une distension, correspondant
au sud, où elle repose à la fois sur celle à celle décrite plus haut dans les unités
du J. Busicur et sur les terrains éo- cristallines, manifeste l'effondrement du
oligocènes. plancher d'Alboran.
L’écaillage tectonique au sein de la
-d. Evolution structurale de la Dorsale chaîne calcaire et sa mise en place sur
les nappes de flyschs et les unités
Deux épisodes orogéniques réalisent intrarifaines se sont effectués plus tard
la structuration de la Dorsale calcaire ; que la structuration des nappes
l'un, à l'Eocène moyen-supérieur, se ghomarides et sebtides. Ces dernières,
traduit par quelques plis, des discordances on l’a vu plus haut, ont été structurées à
et le dépôt de conglomérats ; le second, l’Eocène-Oligocène, alors que la Dorsale
majeur, est d'âge miocène. Il est calcaire l’était après le Burdigalien
responsable de l'architecture de la chaîne. inférieur, fort probablement en même
temps que la structuration des nappes
- La déformation éocène et les des flyschs (voir plus loin). Ceci, parce
conglomérats éo-oligocènes. que les formations d’âge burdigalien
Si quelques structures, surtout inférieur sont impliquées dans les
cassantes, peuvent être notées, témoignant contacts de nappes.
d'un régime compressif à l'Eocène,
aucune structure majeure n'est mise en
évidence correspondant à cette période. 5.3. Le domaine des flyschs
Des reliefs sont cependant créés,
marqués par le dépôt de conglomérats 5.3.1. Le matériel
dont l'âge s'échelonne du Lutétien-
Priabonien à l'Oligocène et peut-être 5.3.1.1. Généralités
même le Miocène inférieur. Ce domaine est constitué de plusieurs
séries (Fig. 58, 63), engagées dans une
- Les déformations miocènes. tectonique de nappes, qui ont été
Les premières structures sont des plis comparées aux unités définies en
NE-SW à vergence SE. La dorsale Algérie. La Nappe du jbel Tisirene
externe est ensuite affectée par des plis (DURAND-DELGA et al., 1962) est
cylindriques, en moyenne NW-SE, des constituée de terrains d'âge Crétacé
chevauchements parfois accompagnés inférieur et assimilée à la Nappe
d'une schistosité pénétrative et par le maurétanienne (GELARD, 1969). La
renversement des séries le long de la Nappe des Beni-Ider, avec ses terrains
bordure occidentale de la Dorsale au Crétacé supérieur-Miocène basal, en
sud de l'oued Laou. serait un diverticule. La Nappe de
16 16
pas, comme celles des Sebtides, des unités mésorifaines est le "Ferrysch"
associées à des roches cristallines très (WILDI, 1981). C’est une puissante
métamorphiques. Par ailleurs, l'absence formation turbiditique qui se dépose
ici de gabbros et de basaltes exclut qu'il sans doute aussi -mais elle n’afffleure
s'agisse d'une partie d'un complexe pas- dans les zones rifaines plus externes,
ophiolitique, aussi MICHARD et al. et sur l’avant-pays rifain (Masgout et
(1992) pensent que ce massif Beni-Snassen). Au nord d'Ouezzane,
représente une partie d'une ancienne ride dans la boutonnière d'Izzarene, au-
de serpentines de la marge africaine, dessus des carbonates du Jurassique
incorporée tectoniquement dans l'empi- inférieur et moyen et des faciès surtout
lement des unités allochtones ; détritiques et calciturbiditiques du Malm,
- calcaires plus ou moins schisteux, BEN YAICH et al. (1991) examinent en
grès et flysch schisto-quartzitique du détail le passage Jurassique-Crétacé.
Crétacé inférieur ; des ammonites Au-dessus des turbidites du Jurassique
datent le Berriasien, l'Aptien et l'Albien; supérieur repose une formation constituée
- calcschistes et calcaires du d’un membre inférieur, conglomératique
Cénomano-Turonien et calcschistes à et calciturbiditique à calpionelles repré-
Globotruncana du Sénonien; sentant la partie supérieure du Tithonique
- une série d'âge Oligocène supérieur et la base du Berriasien, et un membre
(LEIKINE et al., 1991) est discordante supérieur marno-calcaire à ammonites
sur les terrains Jurassique supérieur du pyriteuses (Ptychophylloceras semi-
flanc sud de l'anticlinal de Tifelouest- sulcatum) et calpionelles (Calpionella
Tafraout, à la limite méridionale de alpina, C. elliptica) du Berriasien-
l'unité. Valanginien supérieur. Au-dessus, l'Albo-
Au sein de l'Unité du Loukkos, une Aptien est représenté par des pélites
série magmatique et volcano-sédimentaire, avec des passées gréseuses, évoquant
autrefois attribuée au Trias supérieur, des dépôts de courants de turbidité très
est d'âge bathonien-callovien et de dilués. Les marno-calcaires du Céno-
tendance probablement alcaline (BEN manien indiquent un milieu confiné. Au-
YAICH et al., 1989a). Le Cénomanien dessus, des turbidites siliceuses fines
de l'unité du Loukkos est représenté par ("phtanites") contiennent des conglomérats
des marnes et des marno-calcaires. Au- inorganisés et immatures. La série est
dessus, en ravinement, viennent des datée du Turonien par Globotruncana
phtanites. Le Sénonien est marqué, imbricata, G. marginata, G. renzi. Le
dans l'unité de Tanger comme celle du Sénonien est représenté par des dépôts
Loukkos et le domaine mésorifain de pente et de bas de pente, avec de
voisin, par le "Complexe triasique", un nombreux plis synsédimentaires, des
conglomérat polygénique à matrice klippes sédimentaires d'échelle hecto-
gypseuse, emballant des éléments métrique et les coulées de débris du
d'ophites, de quartzites, d'argilites, etc... "Complexe triasique". L'arrivée en
L'ensemble est contenu dans des surface des roches triasiques est liée à
marno-calcaires verdâtres à slumps, un phénomène de diapirisme, résultant
datés par Globotruncana stuartiformis, de l'enfouissement important des séries
G. arca, etc.. triasiques et du régime encore distensif
de la croûte à cette époque. Le passage
-b. Les unités mésorifaines du Sénonien au Paléocène est progressif,
Au Bathonien supérieur et pendant la avec l'établissement d'une sédimentation
plus grande partie du Malm, le faciès pélagique ou hémipélagique de marnes
27 27
est antérieure à la mise en place des Gharb, que par des éléments d'origine
nappes gravitaires externes. Ouezzane.
De l'unité intrarifaine du Loukkos au Dans la nappe d'Aknoul, FRIZON de
Prérif interne, en passant par les LAMOTTE et LEIKINE (1985) montrent
boutonnières mésorifaines, une succession que la partie inférieure de la nappe est
de plats et de rampes réalise l'empilement structurée par deux épisodes ; le premier,
d'unités chevauchantes séparées par D1, est antérieur au départ de l'unité. Il
des niveaux stratigraphiques de décol- se traduit par une schistosité
lement à la base des séries triasiques et subhorizontale liée à un métamorphisme
jurassiques. L'édifice de nappes s'est anchizonal. Elle est contemporaine
constitué au-dessus du socle anté- d'une forte pression fluide dont témoignent
mésozoïque ici non affecté, avec un de nombreux filonnets calcitiques. Le
taux de raccourcissement variable selon second épisode, D2, est marqué par le
les transects, 24 % dans le Rif occidental, développement de plis à vergence sud.
entre Chefchaouen et Ouezzane, et Il est donc tentant de considérer que
33% dans le Rif central, entre Taza et lors du premier épisode de déformation,
Ketama. les terrains constituant la nappe d'Aknoul,
Le bassin de dépôt des Grès de encore en position stratigraphique
Zoumi est décrit comme un bassin d'avant- normale au-dessus de ceux de l'unité
pays, au front des unités intrarifaines de Ketama, ont été déformés avec eux.
(BEN YAICH et al., 1989b), peut-être Le découplage des deux unités
transporté ("piggy back") sur les écailles résulterait de l'accumulation des fortes
mésorifaines (MORLEY, 1988) pressions fluides à leur interface. Le
départ de la nappe d'Aknoul et son
5.4.3.3. Les unités prérifaines et glissement gravitaire vers le sud
les nappes rifaines s'accompagnerait du développement
L'olistostrome prérifain est discordant des plis P2 à vergence sud.
sur les terrains antérieurs, affectés par Dans le Rif oriental, le petit massif du
deux schistosités. Il est lui-même dénué Khebaba (= Ouaourid), à matériel
de toute déformation pénétrative. paléozoïque et triasique, était considéré
Sur la transversale de Taza, la succession comme une klippe issue du Rif externe
des diverses nappes prérifaines au- et charriée sur la nappe d'Aknoul. Ses
dessus de l'olistostrome prérifain est la contacts avec les marnes crétacées de
suivante, de bas en haut : la nappe d'Aknoul plongent généralement
- nappes des Senhaja sous le matériel paléozoïque. Par
- nappe d'Ouezzane ailleurs, la comparaison avec des
- nappe d'Aknoul affleurements paléozoïques de la
Cet empilement traduit l’ordre d'arrivée Zaouiat Sidi Haj Ali proches d'une dizaine
des nappes d'abord dans un bassin du de kilomètres suggère que, comme
Nekor comblé par la nappe des Senhaja ceux-ci, il constitue une partie de la
puis dans un bassin prérifain plus nappe des Senhaja. Ainsi, ce massif,
méridional, rejoint par la nappe intégré dans la nappe des Senhaja, elle-
d'Ouezzane, la nappe d'Aknoul étant même recouverte par celle d'Aknoul,
finalement déposée directement sur aurait été ensuite mis en place au sein de
celle des Senhaja. Plus à l'ouest, les cette dernière unité par un mécanisme
nappes des Senhaja et d'Aknoul ne d'extrusion, peut-être à la suite du
sont pas représentées et le bassin n'est blocage local du déplacement tangentiel
comblé, au nord de celui, actuel, du de la nappe.
34 34
le Rif, les datations des épisodes de écailles et des nappes avec la remobilisation
déformation procèdent le plus souvent du socle et un métamorphisme
de l'observation des discordances suffisamment important pour effacer
angulaires recoupant des structures l'empreinte d'événements thermiques
compressives et c'est sur ces bases plus anciens. Ces structures sont, à leur
que l'on montre que la déformation tour, scellées par le "Miocène supérieur
miocène est majeure dans la chaîne. post-nappes", ensemble de terrains eux-
On distingue une phase au Miocène mêmes déposés en régime compressif.
inférieur et l'autre, paroxysmale, au Un épisode distensif tardif, bien visible
Miocène supérieur. dans le Rif interne, affecte ensuite les
diverses structures compressives et se
La Phase du Miocène inférieur est traduit, en Méditerranée, par l'effondrement
datée, dans les zones internes, par le de la mer d'Alboran.
métamorphisme à 20-25 Ma et, dans
les zones centrales et externes, par 5.5.2. Charriages et translations
différents contacts et observations :
- la formation du jbel Binet scelle, La disposition structurale du Rif,
dans le Rif oriental, le contact entre la dominée par la vergence très affirmée
nappe rifaine de Bou-Hadddoud et celle des zones internes vers les zones
d'Aknoul ; externes (à part quelques rétro-charriages
- la série des Beni Issef scelle, à de faible ampleur) ne suppose pas
l'ouest de Chefchaouen, le contact de nécessairement le cylindrisme de la
l'unité de Tanger sur celle du Loukkos ; chaîne. FRIZON de LAMOTTE (1987a)
- la schistosité symmétamorphique du insiste au contraire sur le rôle de
Rif oriental n'affecte que les terrains du translations longitudinales débutant à la
Miocène inférieur (SEPTFONTAINE, fin de l'Oligocène telles que celles
1984; WERNLI, 1985). HERNANDEZ et mises en évidence et décrites en détail
al. (1987) et CHOTIN et AIT BRAHIM dans le massif des Temsamane ; dans
(1988) insistent sur les phénomènes cette optique, les plans de cisaillement
magmatiques contemporains de cette subverticaux ne sont pas nécessairement
compression. des plans de charriage redressés
postérieurement, mais il peut s'agir -
La Phase majeure du Miocène supérieur comme dans le cas de l'accident du
se traduit par des structures diverses, Nekor- d'une structure fondamentale,
dans les zones internes comme dans née raide.
les zones externes : Actuellement, le Rif est découpé en
- le charriage des zones internes sur blocs crustaux séparés par des failles
la zone des flyschs et le domaine externe ; actives. L'analyse tectonique et l'étude
- des structures plicatives et des mécanismes au foyer des séismes
symmétamorphes dans le Rif central ; actuels et historiques montrent une
- la mise en place de la Nappe contrainte compressive N-S et une
prérifaine ; extension régionale E-W (AIT BRAHIM
- le jeu décrochant des accidents et al., 1990), résultant du blocage actuel
sénestres comme celui de Jebha et du de la convergence Afrique-Europe.
Nekor.
jusque dans l'Atlas saharien, est ajouter les unités péloritaines de Sicile
semblable à celle de l'ancienne marge et les nappes de Sila en Calabre. Ces
transformante figurée par DERCOURT régions ont en commun : une croûte
et al. (1985) : la direction N 45-70 E serait continentale (gneiss, kinzigites, etc..),
en ouverture, plus ou moins parallèle à où des péridotites indiquent des
l'axe de l'Océan atlantique et de l'Océan processus d'amincissement encore
liguro-piémontais, les accidents N 110- insuffisamment datés ; des unités
130 E étant des failles transformantes paléozoïques comprenant des flyschs ;
greffées sur la limite transformante des séries mésozoïques, du Jurassique
majeure. Au cours du Jurassique et du au Crétacé inférieur, à sédimentation
Crétacé inférieur, la Chaîne calcaire est pélagique et condensée.
un élément du promontoire apulien et il
faut distinguer, avec EL HATIMI et Au début du Mésozoïque et jusqu’au
al. (1991), la branche occidentale, le Crétacé inférieur, le domaine d'Alboran
Haouz, et la branche méridionale, est situé au nord de la plaque Afrique. Il
c'est-à-dire la partie méridionale de la est séparé de celle-ci par la zone
Dorsale s. str.. Le Haouz est la marge transformante sud-Alboran, prolongement
extensive orientale d'une zone oriental de la Faille transformante
prolongeant l'océan liguro- piémontais, Gibraltar-Açores (Fig. 69 : A1). Au
marquée par la dénudation du manteau début du Cénozoïque, il est écrasé par
et la remontée des péridotites des Beni- la convergence Afrique-Europe et
Bouchera. La marge méridionale est le disloqué ; une partie orientale, la
siège de mouvements coulissants Kabylie, est charriée sur la marge
sénestres (OLIVIER, 1990) liés au africaine et une partie occidentale, le Rif
fonctionnement de la faille transformante et les Bétiques internes, est transférée
Gibraltar- Açores. latéralement vers l'ouest par le jeu de
Les actuelles Externides rifaines failles sénestres (Accidents de Jebha et
montrent bien, à partir du Jurassique Nador), avant d'être elle-même charriée
supérieur, l’enfoncement rapide et sur les zones externes et les avant-pays
important de la marge africaine vers le rifains et bétiques (WILDI, 1983).
nord, enregistrée par la dénudation du
manteau de l’Intrarif oriental dont 5.6.4. La déformation alpine
témoignent les péridotites serpentinisées
de Beni Malek, le dépôt des sédiments Elle résulte de la convergence
profonds du « Ferrysch », du Flysch Afrique-Europe, engagée depuis le
albo-aptien, etc.. Crétacé supérieur (80 Ma). Ses effets
se font sentir dans le Rif plus tardivement
5.6.3. Le Bloc d'Alboran et la que dans les domaines algériens et ils
disposition antérieure au serrage ne sont stratigraphiquement enregistrés,
alpin au plus tôt, qu'à l'Eocène, sinon dans
les Sebtides (MICHARD et al., 2002),
Le Bloc d'Alboran (ANDRIEUX, 1971; du moins dans leurs équivalents bétiques
KORNPROBST, 1971) est la partie (CHALOUAN et MICHARD, 2004).
occidentale d’un ensemble à substratum
originellement continental, le bloc
d’Alkapeca, constitué du Rif, des Bétiques
internes et des Kabylies, auxquels il faut
38 38
Le scénario de CHALOUAN et
MICHARD (2004), brièvement résumé
ici, se distingue par plusieurs points de
de celui de MICHARD et al. (2002) et
de ceux d’autres travaux antérieurs:
- les péridotites infra-continentales de
Beni Bousera (et leurs équivalents
40 40
1. Les unités
L‘unité intra-rifaine de Ketama-Tanger
est formée de terrains schisto-quartzitiques
et marneux du Mésozoïque. On y
signale la présence d’un petit massif de
lherzolites. Les séries sédimentaires
sont schistosées au Miocène. L’unité
est chevauchée par les nappes des
flyschs et elle repose en contact tectonique
sur les unités méso-rifaines.
Les unités mésorifaines montrent un
Jurassique supérieur épais, composé
de séries turbiditiques déposées à
grande profondeur, en contrebas de la
plate-forme septentionale de l’Afrique
d’où sont issus les éléments détritiques.
Les unités prérifaines sont des
olistostromes tortoniens, déposés en
« néo-autochtone » sur les unités
allochtones intra- et mésorifaines.
Les nappes prérifaines se sont mises
en place sous l’action de la gravité sur
le Prérif.
2. Evolution structurale
Dans l’Intra- et le Mesorif, la déformation
majeure est synschisteuse, antérieure à
la mise en place des nappes prérifaines.
La tectonique est contrôlée par des failles
de socle qui, dans le Rif oriental,
1 1
6. EVOLUTION
GEODYNAMIQUE DES
DOMAINES DU MAROC
(760 Ma). Témoins aussi de cette nement attribué au PI. Les fortes
subduction, les roches formées à haute valeurs positives du rapport εNd de son
pression et faible température (schistes protolite écartent une origine cratonique
bleus), reconnues à Bou Azzer-El Graara. et même une proximité cratonique
(D’LEMOS et al., 2006). Les massifs
La subduction océanique néo- métamorphiques emballés dans la
protérozoïque à laquelle ces roches suture panafricaine de l’Anti Atlas
d’arc sont associées constitue l’un des central seraient allochtones. Quoi qu’il
sujets les plus débattus de la géologie en soit, dans l’état actuel de nos
de l’Anti Atlas. En effet, depuis la mise en connaissances, ce type de charriage
évidence du complexe ophiolitique, de sur des centaines de kilomètres ne
nombreuses interprétations du cadre trouve pas son explication dans le cadre
géodynamique panafricain ont été de la dynamique panafricaine. En tout
proposées. Certaines admettent une état de cause, toute la chaîne de l’Anti
subduction vers le sud, limitant ainsi la Atlas est édifiée sur un substratum paléo-
marge cratonique des bassins arrière- gondwanien, tout comme la Meseta
arc au nord (LEBLANC, 1975 ; marocaine plus au nord (DOSTAL et al.,
LEBLANC et LANCELOT, 1980 ; 2005). L’emplacement de la limite
SCHERMERHORN et al., 1986 ; septentrionale du craton Ouest africain
GASQUET et al., 2005). D'autres, au reste donc sujet à débats.
contraire, considèrent ces domaines
comme un mélange d'accrétion de Au cours de l’orogenèse panafricaine,
bassins avant-arc associés à une le bassin océanique néoprotérozoïque
subduction dirigée vers le nord est fermé et des arcs insulaires sont
(SAQUAQUE et al., 1989 ; NAIDOO et accrétés successivement contre la
al., 1991 ;HEFFERAN et al., 2000 ; bordure nord disloquée du craton
HEFFERAN et al., 2002 ; THOMAS et Ouest-africain. C’est dans la partie
al., 2002 ; SOULAIMANI et al., 2006). centrale de la chaîne, le long de
GASQUET et al. (2005) suggèrent la l’AMAA, que cet épisode est bien
possibilité de plusieurs plans de marqué. Il correspond à la mise en
subduction à sens de plongement place d’écailles tectoniques dans un
variables, ce qui expliquerait les contexte décrochevauchant sénestre à
divergences dans l’interprétation. Dans Bou Azzer-El Graara et chevauchant
tous les cas, ces modèles s’accordent vers le sud dans le Sirwa-Siroua. Une
sur l’importance de l’"AMAA" comme foliation généralisée, de même
emplacement de la paléo-suture orientation que l’AMAA, s’y développe
panafricaine. Cette interprétation n’est dans un climat métamorphisme de type
cependant pas partagée par ENNIH et « Schistes Verts ». La déformation
LIEGEOIS (2001) qui considèrent l’AMAA panafricaine majeure s’accompagne de
comme un aulacogène intracratonique, la mise en place de divers granitoïdes
les séries ophiolitiques de l’Anti Atlas calco-alcalins. Leurs datations ont
central étant transportées depuis la permis de préciser le paroxysme
"Faille sud atlasique" plus au nord, où ces panafricain aux alentours de 655 Ma et
auteurs situent la bordure septentrionale la fin de la collision vers 640 Ma.
du craton ouest-africain. Cette hypothèse Dans le reste de l’Anti Atlas et les
serait confortée par le caractère Mauritanides, l’évènement majeur
« exotique » du massif néoprotérozoïque panafricain est moins précisément situé
de Tazigzaoute à Bou Azzer, ancien- dans le temps et dans l’espace, en
5 5
Il est possible, voire probable, que les d’avant-pays, au front des zones plus
cisaillements horizontaux repérés ou orientales. A l’est, elle intervient à
suspectés le long de certaines zones environ 330 Ma et elle développe des plis
allongées de la Meseta comme le futur d’axe NNE-SSW, à vergence nette à
axe de Khouribga-Oulmès et son l’ouest-nord-ouest. Ces plis affectent le
prolongement dans les Rehamna, ou matériel des écailles
bien certains chevauchements aveugles symmétamorphiques orientales déjà
sous la Meseta occidentale, puissent empilées d’Azrou à Khenifra. A cette
être datés de cet âge. époque, le dépocentre s’est déplacé
vers l’ouest et les zones occidentales
6.2.3.2. Le Carbonifère et le du bassin accueillent des séries
déroulement polyphasé de l’orogenèse sédimentaires namuriennes. La
- Dans le Maroc septentrional, le déformation, progressant vers l’ouest,
Carbonifère inférieur et moyen voit le affectera ces séries au Carbonifère
remplissage des bassins créés au supérieur, en même temps que les
Dévonien supérieur puis la déformation nappes et les écailles de la zone
des séries sédimentaires, le déve- orientale seront replissées.
loppement du métamorphisme associé Pendant ce temps, les bassins
et la mise en place des premiers occidentaux, le bassin de Sidi-Bettache
granitoïdes. On y assiste au déroulement et ses équivalents méridionaux, se
de l’orogenèse hercynienne à laquelle remplissent. La déformation serait plus
succèdent des événements structuraux précoce dans les zones anticlinoriales
liés au désépaississement tardi- qui le délimitent, et elle n’atteindrait le
tectonique, bien mis en évidence dans bassin lui-même qu’après le Namurien.
les Rehamna. Dans les domaines On admet que les zones anticlinales et
orientaux qui avaient été déformés au les synclinaux sont apparus d'emblée
Dévonien terminal, des puissantes avec l'orientation relative qu'on leur
séries sédimentaires et volcano- connaît aujourd'hui, leur orientation
sédimentaires se déposent en discordance ayant été imposée par l'existence de
sur les structures éo-varisques. structures antérieures : les rides
Localement, la série discordante débute paléogéographiques. En effet, les zones
au Viséen supérieur par des conglomérats anticlinales, ou antiformales énumérés
et un banc calcaire. Partout, elle comprend plus haut sont établies à l'emplacement
un complexe volcano-sédimentaire avec des rides dévono-dinantiennes, peut-
tufs, brèches pyroclastiques et laves être compressives, qui bordaient le
andésitiques et dacitiques. Vers le haut, Bassin de Sidi-Bettache, et le synclinorium
à Jerada, cet ensemble passe à des de Rommani-Khatouat est à
couches sédimentaires, argilites et grès l'emplacement du bassin lui-même.
marins du Namurien et du Westphalien, Lors de la compression, les anciennes
puis des couches de charbon paralique limites du bassin sont activées en zones
du Westphalien B et C. cisaillées chevauchantes et/ou trans-
Dans le bassin d’Azrou-Kenifra, currentes.
individualisé au Famenno ?-Tournaisien
dans un régime transtensif entre deux
failles bordières à composante dextre,
la déformation s’effectue à des époques
et selon des modalités différentes selon
les zones, à la façon d’un bassin
14 14
Fig. 77. La chaîne hercynienne du Maroc dans le cadre des chaînes péri-
atlantiques (A) et européennes (B)
Vers le sud, par le Zemmour, l’Anti craton ouest-africain, dont ne l’a séparé
Atlas se relie aux Mauritanides dont ce que le linéament sud-atlasique (ZTPA :
chaînon représente l’avant-pays. A Zone transformante paléozoïque de
l’ouest, au-delà de l’Atlantique actuel, l’Atlas), de certaines parties de l’Europe
de la Nouvelle-Ecosse à la Nouvelle- occidentale (nord-Armorique, Montagne
Angleterre, la chaîne hercynienne du noire française, etc.), mais aussi de
Maroc est au contact des zones domaines appalachiens (zones d’Avalon,
orientales des Appalaches (Fig. 77 A). de Meguma), avec lesquelles les
Les similitudes dans l’évolution similitudes sédimentaires, faunistiques,
géologique des zones appalachiennes etc.. sont évidentes au moins jusqu’au
d’Avalon et de Meguma avec celle du Paléozoïque moyen (PIQUE et SKEHAN,
Maroc ont été soulignées de longue 1992). Nous sommes ici dans une zone
date et on les a expliquées par leur globalement externe de la chaîne
origine paléo-gondwanienne puis par hercynienne européenne. Les zones les
leur rapprochement lors de la fermeture plus orientales, celles de l’axe Marrakech-
de l’océan Théique (PIQUE et Oujda prolongé dans le Rif et les Kabylies
SKEHAN, 1992). internes, se raccorderaient, peut-être, au
Un schéma possible de l’évolution segment « interne » sud de la chaîne
géodynamique du Maroc au Paléozoïque, européenne.
défendu par HOEPFFNER et al. (2006) est
que le Maroc a été constamment solidaire du
20 20
direction de l’est, les faciès du Causse supérieur puis cette région émerge. Le
moyen-atlasique marocain au Lias passage au sillon atlasique est réalisé
supérieur sont marins, d’assez faible par des zones de failles synsédimentaires
profondeur et peu épais ; la sédimentation extensives comme celle de l’"Accident nord
reste marine ici jusqu’au Jurassique moyen-atlasique".
-- le sillon atlasique peut être décrit en i) extension crustale dans deux rifts
termes de rift E-W, développé du Trias au parallèles, atlantique et atlasique au
Jurassique (et peut-être même jusqu’au Trias supérieur ;
Crétacé) résultant d'une extension pure, ii) fin de l'extension crustale dans le
en réponse à une extension orientée N-S domaine atlasique marocain au Lias
; basal par concentration de l'extension
-- le sillon haut- et moyen-atlasique dans le rift atlantique ;
correspond, après un épisode de iii) début de la fragmentation de la plate-
subsidence thermique au Lias, à la forme. Cette dislocation correspond
fragmentation de la plate-forme précisément au début de l'accrétion
carbonatée en un ensemble de bassins océanique, et donc de la dérive de
losangiques séparés par des rides l'Afrique vers l'est. A partir de cette
sédimentaires. Dans cette optique, le époque, au sud de la ligne Terre Neuve-
bassin complexe atlasique correspond Gibraltar-nord Maghreb, le domaine
davantage à un ensemble de sillons atlasique est une zone cisaillée
transtensifs qu'à un rift proprement dit transtensive sénestre, où des bassins
et il est différent du vrai rift, triasico- découpent, surtout du Moyen Atlas au
liasique celui-ci, dont le sépare tout Haut Atlas central, une croûte qui avait
l'épisode de sédimentation postrift du été préalablement amincie au Carnien
Lias inférieur et moyen. par le rifting atlasique. C’est tout le
Cette seconde hypothèse implique domaine atlasique qui, sur une largeur
trois étapes successives pour le sillon d’environ 400 km, constitue alors la
atlasique : i) l’individualisation du rift marge transformante nord-africaine.
atlasique vrai, avec extension vraie NW- Remarquons, enfin, que le large
SE au Trias supérieur et au Lias basal développement des constructions
puis, au Norien et au Lias basal, la récifales dans le domaine atlasique (DU
cessation progressive de son activité DRESNAY, 1976) témoigne d’un climat
désormais transférée dans le rift chaud ; la remontée du Maroc vers le
atlantique ; ii) la sédimentation postrift, au nord se poursuit.
Lias inférieur et moyen, sur une plate- + La déformation dans l’axe de l’Atlas
forme carbonatée plus ou moins Progressivement, au début du
uniforme, où les futures zones Jurassique supérieur, les rides évoluent
atlasiques sont en conditions de en anticlinaux pincés et les dépocentres
subsidence thermique ; iii) la dislocation en synclinaux à fond plat, tandis qu’une
de la plate-forme au Lias supérieur, et régression amène, sauf aux deux
l’individualisation des fossés atlasiques extrémités NE et SW de l’Atlas
dont chacun est constitué de sous- marocain, à proximité des marges
bassins limités par des failles à forte téthysienne et atlantique, le développement
composante sénestre E-W à N 70 E. La des faciès détritiques et continentaux à
mise en place de la plupart des plutons dinosaures. Ces couches rouges dans
jurassiques s’effectue dans l'ancien axe lesquelles le Jurassique supérieur est
NE-SW, du Moyen Atlas au Haut Atlas représenté sont discordantes sur les
central, là où la croûte avait été amincie structures anticlinales. Cette disposition
par le rifting triasique. suggère que le régime, transtensif au
Ces trois étapes correspondent aux Jurassique inférieur et moyen, est devenu
trois temps bien connus par ailleurs transpressif au Jurassique supérieur.
dans l’évolution de l’Atlantique central et Le fait suivant, parfois insuffisamment
de la plaque Afrique : pris en compte, est que la déformation
27 27
d’Algérie, et d’autres plus distaux, la série réalisées impliquent que les roches
de Chouamat, probablement issue des cristallines des Sebtides ont été portées
zones internes comme ses équivalents à des grandes profondeurs, correspondant
massyliens d’Algérie. Dans la Dorsale, le à la base de la croûte et plus
caractère détritique grossier et les profondément encore. La question non
ravinements observés, particulièrement encore partout résolue est celle de la
dans les parties internes dans les séries datation de ce métamorphisme. Bien
du Crétacé supérieur, du Paléocène et sûr, on sait le distinguer de celui, plus
de l’Eocène jusqu’au Lutétien, traduisent ancien, lié aux épisodes hercyniens,
une sédimentation syntectonique. comme de celui, plus récent,
contemporain d’un flux thermique élevé
6.4.3.2. Subduction et collision rifaines attribué à un stade tardi-orogénique de
Actuellement, on s’accorde pour désépaississement crustal. Comme il
interpréter l’orogenèse rifaine en termes est, par ailleurs, antérieur aux déformations
de tectonique de collision et pour alpines s.str., il est fréquemment attribué à
trouver les traces de cette collision, en un épaississement "éo-alpin" à l’Eocène
particulier, dans les zones internes de la (voir les âges à 44-27 Ma dans les Beni
chaîne où, par ailleurs, la géochimie Mezala).
isotopique permet d’en proposer une Quoi qu’il en soit, les Sebtides,
datation. On admet que la marge considérées comme le socle des zones
africaine était séparée de celle du bloc internes, subissent une élévation de
d’Alkapeca à partir du Jurassique par pression due à un processus de
un sillon néo-téthysien à croûte subduction qui, selon CHALOUAN et
continentale très amincie ou océanique MICHARD (2004), s’enclenche au sud
qui deviendra le sillon des flyschs du bloc d’Alkapeka à l’Eocène inférieur-
maurétanien et massylien. La dynamique moyen (50-40 Ma) et se développe
de la plaque Afrique par rapport à la jusqu’à l’Oligocène (30-25 Ma). Les
plaque Europe impose que ce sillon ne Ghomarides émergent à l’Oligocène et
soit pas un rift, en ouverture pure, mais alimentent en éléments détritiques la
un fossé transtensif dans lequel est Dorsale et le sillon des flychs. Des
présente une forte composante latérale écaillages débutent à la suite de
sénestre. Est-ce que la séparation a été l’inversion compressive des anciennes
totale à ce niveau entre la plaque failles extensives et les unités internes
Afrique et une plaque d’Alboran, une sont portées au-dessus des flyschs. Le
lithosphère océanique néo-téthysienne sous-charriage des zones externes
se constituant ici entre Afrique et sous les zones internes qui débute ne
Europe ? Le métamorphisme "éo-alpin" va pas cesser, accompagnant la
de type HP mis en évidence dans les progression vers le sud des domaines
noyaux cristallins de certaines parties tectonisés. Dans la Dorsale, les grès et
du Rif et aussi des Bétiques, des conglomérats oligocènes sont discordants
Kabylies, etc. est-il lié à une position sur des niveaux déjà écaillés. La partie
des futures Sebtides au nord (MICHARD inférieure du matériel numidien se
et al., 2002) ou au sud (CHALOUAN et dépose alors à partir d’une origine
MICHARD, 2004) du bloc d’Alkapeca ? méridionale, dans le sillon des flyschs
De toute façon, les conditions physiques déjà bien contracté.
nécessaires au développement des A l’Oligocène terminal et l’Aquitanien
paragenèses de très haute pression inférieur, le métamorphisme HT qui
affecte les Sebtides, y masquant peut-
31 31
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