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Publication de la Faculté des Université Cadi Ayyad

Lettres et des Sciences Faculté des Lettres et des


Humaines Série : Colloques et Sciences Humaines
séminaires Laboratoire de Marrakech
Géomorphologie et Environnement

Paysages géographiques
N° 2

Les littoraux marocains :


Changement climatique et stratégies
de gestion

Coordination :

Mansoum Mohamed Benali Abderrahim

Octobre 2016
Titre du livre :
Les littoraux marocains :
Changement climatique et stratégies de gestion

Paysages Géographiques
N°2

Auteur :
Laboratoire de Géomorphologie et Environnement

Edition : Octobre 2016

Dépôt légal : 2016MO3879

ISBN : 978-9981-04-077-9

Impression
Paysages Géographiques

Revue publiée par le


Laboratoire de Géomorphologie et Environnement
De la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Marrakech

Comité de Lecture :

Benali Abderrahim
Mansoum Mohamed
SebtiMohamed
MouafakFatiha
GalladMohamed
AziouiSaid

Laboratoire de Géomorphologie et Environnement


Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Marrakech
Quartier Amerchich B.P40040

Les recherches publiées dans la revue reflètent les opinions de leurs


auteurs.
Sommaire

Présentation …………………………….……………..………….…………. 7

Gestion en concertation de l’espace littoral marocain, les


contraintes et les perspectives
11
Abdellah Laouina………………………………………….……………....………..
La gestion de l’érosion côtière au Maroc
Mohamed Mansoum……………………………………………………..…… 31
La GIZC: Une approche proactive et adaptative pour faire
face aux risques littoraux liés au changement climatique
63
Maria Snoussi e & Latifa Flayou………………………………….……
L’adaptation du littoral marocain : une approche juridique
Samira Idllalène…………………………………………………………..…………… 85
Variabilité du niveau d’eau en mer Méditerranée
marocaine sur la période 1944-2010
99
Karim Hilmi…………….…….………………………………..…………………
Impacts de l’urbanisation sur le littoral de Safi
Abderrahim Benali, Imad Iddine Magueri & Samir
111
Salki……………………………………………….……………………………………

Conséquences d’une gestion non rationnelle du littoral :


Cas du littoral de Saïdia (Maroc oriental)
Mohamed Benata, Abdelkader Sbai & Khadija Benrbia… 125

Enjeux environnementaux de l’urbanisation sur le littoral


de Mohammedia : quels impacts des changements climatiques
sur les zones urbaines et les sites industriels à haut risque
Taieb Boumeaza & Jamila Saidi……………………………….……… 145

5
Impacts de l’élévation du niveau de la mer sur la Lagune
de Nador (Maroc nord-est)
Hicham Lasgaa & Abdelkader Sbai………..………………………… 163

Le littoral de Cap de l’Eau entre fragilité du milieu


physique et impact des pressions anthropiques (Maroc
nord-est)
Abdelouahid Saidi, Abdelkader Sbai, Omar mouadili &
Mimoun El mahdaoui……………………………………....………….…… 177

Le littoral des Doukkala, les impacts anthropiques sur un


écosystème amplement vulnérable
Rouiha. A, Maghrani. L, Mazzine. H, Lakrade. A &
Adouk .N……………………………….……………………………………….…… 193

L’évolution de l’upwelling côtier maroco-mauritanien


dans le contexte des changements climatiques contemporains
Laïla Amraoui…………………………………………………….………….…… 207

Le rôle de l’aquaculture dans la gestion intégrée des


zones côtières
Mohamed El Hourmi…………………………………………………...…… 233

6
La gestion de l’érosion côtière au Maroc

1
Mohamed Mansoum

Résumé
Au Maroc, le processus de littoralisation et le changement climatique ont
transformé l’érosion côtière en un problème d’intensité croissante, son ampleur
actuelle est loin d’être naturelle. Sur plusieurs sites, l’érosion côtière s’accentue sous
l’effet des activités humaines diverses. Les systèmes littoraux sont fortement
perturbés d’une part par les ouvrages portuaires et d’autre part par le déficit en
sédiments induit par les barrages et les extractions des sables sur le littoral. Le
développement du tourisme balnéaire et l’urbanisation linéaire provoquent un
durcissement du trait de côte qui se traduisent par une disparition progressive des
plages, des dunes bordières et des zones humides. La disparition de ces zones
tampons entre la mer et l’arrière-pays se généralise sur l’ensemble du littoral
marocain entraînant une réduction de son caractère dynamique et affaiblie sa
résilience face au changement climatique.
L’analyse de la politique marocaine actuelle en matière de lutte contre
l’érosion côtière montre qu’elle manque de rationalité, de durabilité et d’intégration.
Elle est caractérisée par deux stratégies : une stratégie défensive basée sur les
ouvrages lourds dans les zones « utiles » et une stratégie du repli dans les zones
« moins utiles ». La mise au point d’une stratégie nationale de lutte contre l’érosion
côtière constitue un défi majeur auquel devra faire face le développement durable
des littoraux marocains

I-Erosion côtière : problématique et définition

L’érosion côtière devient un phénomène complexe qui doit être


considéré dans son aspect systémique, puisqu’il existe plusieurs
facteurs qui l’intensifient. Elle doit être traitée de façon intégrée dans
le cadre des études d’impact du changement climatique, dans le cadre
de sa relation avec le tourisme balnéaire, ses interactions directes avec
les ouvrages portuaires mais aussi dans le cadre des études d’impacts
des carrières de sables et la gestion des bassins-versants et la
construction des barrages. L’érosion côtière résulte d’une combinaison
de facteurs, à la fois d’origine naturelle et humaine, opérant à
1
Université Cadi Ayyad, FLSH, Marrakech
m.mansoum@uca.ac.ma&mansoum66@hotmail.com

31
plusieurs échelles. Cette étude vise une mise au point synthétique apte
à être exploitée dans une étude de gestion intégrée du littoral
marocain. Nous ne pourrons pas prétendre couvrir toutes les études
faites sur l’érosion côtière au Maroc, mais il s’agit plutôt d’une lecture
critique d’une partie de la littérature existante ce qui permettra de
reformuler des hypothèses nouvelles et de déterminer les limites de
certaines méthodes en usage actuellement. Cette problématique de
l’érosion côtière au Maroc s’articule autour de plusieurs questions :
Quelle est l’ampleur de l’érosion côtière au Maroc ? Quelles
sont les zones les plus touchées ? Comment l’Etat gère-t-il le
problème de l’érosion côtière ? Quelles sont les techniques de défense
les plus utilisées ? Quelle est le coût financier lié à la défense du trait
de côte ? Quelle est la responsabilité environnementale des différents
acteurs intervenant sur le littoral ? Comment renforcer la résilience
des côtes marocaines face à l’érosion côtière et aux impacts du
changement climatique ?
L’érosion côtière est un processus progressif de dégradation et
de transformation du relief côtier qui résulte de la conjonction de
facteurs naturels et anthropiques. Elle englobe à la fois l’ablation des
roches par effet d’abrasion et de corrosion sur les côtes rocheuses
(falaises et estrans rocheux) mais aussi le déplacement des sédiments
meubles par les divers agents de transport sur les côtes sableuses et
enfin les dépôts de ces sédiments dans les zones en accrétion.
L’érosion côtière se traduit souvent par un recul de trait de côte et
donc un déplacement vers l’intérieur des terres de la limite entre le
domaine marin et le domaine continental.
L’étude de l’érosion côtière et ses conséquences intéressent
plusieurs spécialistes surtout les géographes, les géologues, les
océanographes, les hydrologues, les ingénieurs hydrauliciens…, mais
une analyse rétrospective montre que ce sont les géomorphologues qui
ont forgé une réflexion approfondie sur le phénomène.
Le rapport Eurosion1 dans la page 10 définit l’érosion côtière
comme « l’emprise de la mer sur la terre et doit s’observer sur des

1
Eurosion, 2004: Living with coastal erosion in Europe. Sediment and space for
sustainability. Results from the Eurosion Study. 40 p.http://www.eurosion.org/.

32
périodes suffisamment longues pour éliminer les effets du climat, des
tempêtes et des régimes locaux de transport sédimentaire ». Cette
définition communément admise et largement répandue, est
incomplète car elle ne prend en compte qu’une seule forme d’érosion
côtière. L’érosion côtière ne peut être réduite àune mobilité du trait de
côte. En effet, on peut distinguer au moins trois types d’érosion
côtière : une érosion latérale souvent synonyme de recul de trait de
côte et une érosion verticale liée à un abaissement du profil
topographique et enfin une érosion sous la forme d’un changement
dans la morphologie et la sédimentologie de la côte, souvent une
disparation d’une plage et l’apparition d’un relief à dénudation.
Les plages peuvent se reconstituer naturellement après une
phase d’érosion, elles ne seront pas obligatoirement condamnées à
disparaître, elles sont dotées de nombreux mécanismes de rétroaction
qui peuvent leur permettre de récupérer leurs équilibres même après
les plus fortes tempêtes. La boucle de rétroaction morphodynamique
est un exemple concret qui illustre parfaitement la forte dépendance
entre le transport sédimentaire sur le littoral et la modification de la
morphologie de la côte et des agents de forçages (houles, vents,
courants…) dans le système littoral. L’érosion des bermes du haut de
plage et des dunes permet la construction de la barre sur l’avant-côte
ce qui contribue par conséquent à la modification de la morphologie et
la bathymétrie de l’avant-côte et oblige ainsi les vagues à se déferler
loin de la plage et donc modifier les conditions hydrodynamiques sur
la plage. Par contre, l’érosion de l’avant-côte permet aux vagues de
conserver une plus grande force et d'atteindre, le haut des plages les
dunes et le pied des falaises.
Les processus dynamiques responsables de l’érosion côtière
varient en fonction des différents types de côtes. Il s’agit le plus
souvent d’une érosion réversible liée seulement à un déséquilibre
sédimentaire des côtes sableuses qui se traduit par une érosion latérale
et verticale. Dans certains cas, surtout à cause des activités humaines,
le phénomène de l’érosion prend de l’ampleur et devient irréversible
et on assiste alors à un passage dramatique du sableux au rocheux
avec déclenchement d’autres formes d’érosion comme la corrosion et
l’abrasion des estrans rocheux et la formation de côte à falaise.
L’érosion côtière peut causer la disparition des plages, des dunes
bordières, le recul des falaises et la perte de terrains à valeur

33
économique et écologique. La rupture de certains cordons littoraux
lors de fortes tempêtes entraînant la submersion des terrains situés en
retrait et la salinisation des nappes phréatiques côtière, la destruction
des infrastructures, des habitations, des ouvrages de protection et les
monuments historiques.
Ainsi, une bonne compréhension du système littoral, de sa
nature dynamique et le fonctionnement de ces cellules sédimentaires
constitue un élément essentiel de la gestion de l’érosion côtière.
II-Erosion côtière au Maroc : données, informations et diagnostic

Les études géomorphologiques sur le littoral marocain ont été


pour longtemps simplement descriptives, plusieurs études ont été
faites dans le cadre d’une géomorphologie fondamentale, classique se
souciant peu de l’impact des activités humaines sur l’érosion des
côtes1. Une géomorphologie qui a essayé de cerner les contours des
différents niveaux marins du quaternaire et les vestiges des falaises
mortes, des plages anciennes et les différentes générations de dunes
grésifiées. Mais dès le début des années 1990 on va assister à la
naissance d’une nouvelle géomorphologie appliquée basée sur l’étude
de la dynamique actuelle et la quantification des processus littoraux.
Plusieurs auteurs vont utiliser des indices et des paramètres pour saisir
cette dynamique actuelle du littoral et caractériser la granulométrie
des sables, la topographie des plages et la cinématique du trait de côte.
En effet, l’étude de l’érosion côtière au Maroc a beaucoup
progressé, des études de cas sous formes de thèses, d’articles et de
rapports sont disponibles actuellement. Elles concernent surtout les
côtes sableuses, par contre, les côtes rocheuses surtout les estrans
rocheux et les côtes à falaises demeurent toujours dans l’ombre.
Pourtant, les premières thèses en géomorphologie littorale au Maroc
ont penché leurs études sur l’érosion des côtes rocheuses surtout la
corrosion des roches carbonatées avec une première génération de
géomorphologues littoralistes marocains dirigé par André Guilcher à
Brest depuis le milieu des années quatre-vingt2.
1
Voir par exemple : Guilcher. A & Joly. F, 1954 : Recherches sur la morphologie de la côte
atlantique du Maroc. Trav. Inst. Chérifien, Tanger, 140 p.
2
El Akhdar. M, 1986, Problèmes de corrosion littorale de roches carbonatées en trois sites de
la côte atlantique marocaine. Thèse de 3ème cycle, Brest, 152p.
Moufak. F, 1986, Attaque littorale par corrosion de calcaires pléistocènes au SW de Rabat

34
Les côtes rocheuses sont par nature des zones d’érosion. Les
côtes à plate-forme étagée sur le littoral marocain connaissent une
dynamique particulière caractérisée par l’étagement des formes
d’érosion (lapiés, mares, vasques…) en fonction de l’intensité de la
corrosion littorale. Le recul de la falaise externe provoque le recul de
la falaise interne et l’étage médiolittoral avance sur l’étage
supralittoral et celui-ci sur la zone continentale.
Sur les côtes à falaises, l’érosion est un processus continu et
irréversible même sans élévation du niveau de la mer, sans
interventions anthropiques ou sans changements au niveau de l’apport
sédimentaire fluvial. Sur le littoral marocain, il y a des falaises qui
reculent plus vite que d’autres notamment entre Jorf Lasfar et
Oualidia, la falaise urbanisée de Safi, les falaises gréseuses de Sidi
Moussa - Bouknadel et les falaises du massif des Bokoya à l'Ouest
d'Al Hoceima.
Vers le début des années quatre-vingt-dix, une deuxième
génération de chercheurs ont soutenu des thèses portant sur des côtes
sableuses1 avec une nette tendance vers la géomorphologie appliquée.

(Maroc). Thèse de 3ème cycle, Brest, 154p.


Rouiha A., 1986, Formes et processus de corrosion littorale de calcaires crétacés au sud
d’El Jadida (Maroc). Thèse de 3ème cycle, Brest, 161p.
1
Voir par exemple les thèses suivantes : Hemmoud A., 1987 : Morpho-sédimentologie du
littoral du Haut-Atlas septentrional (Maroc atlantique). Thèse de 3ème cycle, Brest, 327p.
Boughaba. A, 1992 : Les littoraux meubles septentrionaux de la péninsule de Tanger
(Maroc). Géomorphologie et effet de l'intervention anthropique sur leur environnement.
Thèse de Doctorat, Nantes, 388p.
Mansoum. M, 1994 : La baie d'Agadir : impacts des aménagements sur l'évolution
géomorphologique du littoral. Thèse de Doctorat, Brest, 349p.
El Moutchou B., 1995. Dynamique côtière actuelle et évolution morphosédimentaire de la
frange littorale méditerranéenne entre M’diq et Oued Laou (Région de Tétouan, Maroc
Nord occidental), Thèse de 3ème cycle, Université Med V, Faculté des Sc. Rabat, 131p.
Malek. F., 1995 : Evolution morpho-sédimentaire de la frange littorale Méditerranéenne au
Nord de Tétouan entre M’diq et Fnidek (Maroc Nordoccidental) : Interférence des causes
naturelles et anthropiques impacts des aménagements portuaires. Doctorat de 3ème cycle,
Rabat. 103p.
Fethallah. A, 1996 : Impact des aménagements sur l'évolution dynamique des plages de la
Wilaya de Rabat-Salé. Thèse de Doctorat, Brest.
Ghazi. A, 1996 : La morphologie littorale du Grand-Casablanca (Maroc). Thèse de
Doctorat, Brest.
Madouni. A, 1997 : Géomorphologie et aménagement du littoral de Kenitra : de part et
d'autre de l'estuaire du Sebou (Maroc). Thèse de Doctorat, Brest
Boualanouar. Z, 1999 : L’arc sableux d'El Jadida-Azemmour : étude morphosédimentaire et
approche dynamique pour une gestion environnementale. Thèse de Doctorat, Brest.

35
En plus de ces thèses, il existe plusieurs rapports d’études des
laboratoires publics et privés (LCHF, SOGREAH, LPEE…)
concernant les zones les plus touchées par l’érosion côtière surtout aux
abords des installations portuaires. La Direction des Ports et du
Domaine Public Maritime (DPDPM) dispose d’une base de donnée
importante concernant la topographie et la bathymétrie du littoral
marocain. Depuis une dizaine d’années, cette institution a mis en place
un Système d’Information Géographique (SIG) pour la gestion du
domaine public maritime, avec la mise en place d’une application
appelée STAR GIS par STAR APIC. Elle a aussi mis en place un
système de contrôle par la technique des photos aériennes contre tout
empiètement ou exploitation illégale du domaine public surtout le
suivi des zones de pillage de sable sur les côtes les plus convoitées.
Malheureusement, les chercheurs universitaires n’ont pas la possibilité
d’accès à cette base de données.
Ces thèses et ces rapports offrent plusieurs exemples des côtes
en érosion et de trait de côte en recul. La disparition des plages sur le
littoral marocain semble être un phénomène alarmant et 2/3 des plages
du royaume sont en érosion1. Une étude du Ministère de l’Équipement
entre1993 et 1994 a montré que sur les 47 plages recensées sur la côte
méditerranéenne, 7 avaient déjà disparu et 16 étaient dans un état de
dégradation très avancé2.
L’examen de ces études de cas (Thèses, articles et rapports)
permet d’établir une typologie des plages érodées au Maroc. Ainsi, on
peut distinguer trois catégories :

Zourarah B. 2002 : Les processus côtiers actuels et leur impact sur l’environnement littoral
des Doukkala, approches hydrodynamique, morphologique et géochimique. Thèse de
Doctorat, El Jadida, 228 p.
Boumeaza, T., 2002. Le cours inférieur de la Moulouya : morphologie quaternaire,
dynamique fluviale et morphologie côtière du littoral entre Kebdana et Saïdia (Maroc
oriental, Maroc). Thèse de doctorat, Liège, Fac. Sc., 340p.
1
Laouina, A. 2010 : Littoral marocain et changement climatique. Programme d’études
«Changement climatique : impacts sur le Maroc et options d’adaptation globales» Rapport
de IRES, 176p.
2
Ministère de l’Aménagement du Territoire, 2010 : «Le territoire marocain : État des lieux ».
Rabat, 128 p.
LPEE. 1997 : Estimation de l’état morphologique des plages. Rapport de la Direction des
études Techniques, Ministères des travaux publics, 450p.
Mhammdi N., 2005 : Etat des connaissances sur la zone côtière marocaine. Rapport inde.
Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et del’Environnement, Rabat, 137p.

36
1) Les plages qui ont changé de plan avec un basculement de
trait de côte, en effet, on peut distinguer aisément une première zone
où le trait de côte recul et une deuxième où la côte avance pour
s’adapter aux changements dans la résultante des houles après la
réalisation de travaux portuaires. C’est le cas par exemple de la baie
de Tanger, d’Agadir et de la plage de Mohammedia (Fig.n°1 & n°2).
2) Les plages qui ont changé de profil avec recul généralisé de
trait de côte, parallèle à lui-même, un abaissement de la pente topo-
bathymétrique suite aux dragages des sables sur l’avant-côte, des
extractions sur la côte et des aménagements sur le littoral et les
bassins-versants : C’est le cas par exemple de certaines plages comme
Mehdia, Larache, Tétouan, Saïdia, Al Hoceima. (Fig.n°3 & n°4).
3) Il y a les plages qui ont complètement disparu suite aux
constructions des ports. Elles sont remplacées par des terres pleines
comme c’est le cas des plages de Sidi Boulaknadel à Agadir, de Sidi
Boudhab à Safi, de Sidi Belyout à Casablanca… Mais, il y a aussi des
plages qui ont disparu pour laisser la place à des côtes à dénudation et
même des côtes à falaises comme la plage nord d’Essaouira (Fig.n°5&
n°6), la plage Est de Mohammedia et de nombreuses petites plages sur
la côte entre Casablanca et Rabat.
On constate, Malheureusement une extension des côtes
rocheuses aux dépends des côtes sableuses. De petites plages de poche
ou des plages accrochées aux deux extrémités ou adossées à des
falaises se transforment partiellement ou complètement en côtes
rocheuses. Plusieurs plages se caractérisent par un stock sableux très
limité et représentent des sites très fragiles. Des plages isolées qui
constituent la cible des pilleurs de sables et représentent des côtes
rocheuses potentielles. Les extractions illicites des sables des dunes
bordières et des plages constituent plus de 50% des besoins en sables.
En 2011 sur les 21.4 millions m3 de sables consommés il y a 14.92
millions m3 (soit 70% environ) des sables qui proviennent des dunes
et des plages dont 55.07 % sont des extractions illégales1. Sur la
méditerranée, les plages les plus atteintes sont la baie de Tanger, la
plage de Saidia, d’Al Hoceima, Fnideq et la côte entre Tétouan et

1
Hassine. N : 2015, La contribution du sable de dragage à la satisfaction des besoins du pays
en sable de construction, situation et perspectives. 6 ème Colloque international du dragage
du 22 au 23 avril 2015 à Casablanca. www.ceda-africa.ma

37
Sebta. Sur l’atlantique les zones les plus touchées par l’érosion sont la
baie d’Agadir, la plage d’Essaouira, El-Jadida, Casablanca, les plages
Est de Mohammedia (Monika), Sidi Abderrahim à Larache.
Les plages sont de plus en plus rares sur le littoral marocain. Les
chiffres officiels du (DPDPM) sont éloquents dans ce sens : Sur un
linéaire côtier marocain de 3411 kms, 2% seulement ont constitué de
plages soit 86,33 kms et seulement 28% sont des zones
d’embouchures (957,32 kms) donc au total il y a 30% des côtes
sableuses et le reste (70%) sont des côtes rocheuses dont 2130,80 kms
de côte à falaise (63%).
Dans un rapport de la Banque Mondiale 1 sur l’impact du
changement climatique sur le littoral de Casablanca et Rabat les
auteurs affirment qu’en dépit de nombreux projets de protection du
littoral, l’élévation du niveau marin va réactiver ou amplifier le
processus d’érosion côtière, et donc le recul du trait de côte. Les
plages sableuses encore à l’état naturel risqueraient de reculer en
moyenne de 10 à 15 m d’ici 2030. Dans la région de Casablanca, les
linéaires de côte exposés à un fort risque d’érosion ou de submersion
resteront sensiblement identiques par rapport à la situation actuelle,
soit environ 40 km de côte.
Au Maroc, malgré les nombreuses études de cas sur l’érosion
côtière notre connaissance du sujet demeure lacunaire. En plus, les
rapports de synthèses permettant de mieux exploiter ces données et
informations ne sont pas diffusées et assez médiatisés. Dans ces
études de cas il y a peu de données pertinentes sur la dynamique de
l’avant-côte et le plateau continental pourtant nécessaires à la
compréhension des systèmes littoraux. Il n’y a pas d’études sur
l’érosion des côtes sahariennes du sud du Maroc, à l’exception de
quelques rapports sur les abords des ports et sur la plage de Foum El
Oued à Laayoune.

1
Egis BCEOM International / IAU-IDF / BRGM, 2011 : Adaptation au changement
climatique et aux désastres naturels des villes côtières d’Afrique du Nord. Phase 1 :
Évaluation des risques en situation actuelle et à l’horizon 2030 pour la ville de Casablanca
et la vallée du Bouregreg. Rapport commun. 31 janvier 2011. 221p. Phase 2 : Plan
d’adaptation et de résilience du Grand Casablanca. 25 mai 2011. 215p. Rapports de la
Banque Mondiale, Référence, GED 80823T.

38
Le tableau ci-dessous montre quelques exemples de recul du
trait de côte à partir d’études faites dans le cadre de thèses ou articles.
Cependant, la plupart de ces études de cas sur l’érosion côtière au
Maroc ont utilisés des méthodes et des techniques basées sur
l’évolution diachronique du trait de côte à partir des photographies
aériennes verticales souvent sans rectifications et corrections
géométriques en utilisant des logiciels spécialisés pour obtenir des
orthophotoplans et diminuer la marge d’erreur. En plus, le trait de côte
lui-même pose un problème de définition (limite de la végétation
dunaire, limite de plein mer, limite entre sable humide et sec, limite du
DPM, limite de zéro hydro ou topographique…). Chaque chercheur
choisit le trait de côte qui lui semble le plus approprié 1. C’est pour
cette raison qu’on doit manier ces chiffres avec beaucoup de
prudence.
On peut affirmer que les valeurs de l’érosion côtière au Maroc
varient généralement entre 1 et 3 m/an. Ces valeurs sont très proches
de celles enregistrées dans les pays voisins du Maghreb et en Europe.
Le tableau ci-dessous montre aussi que les embouchures des oueds,
qui devraient, normalement constituer des zones d’accumulation et où
le trait de côte devrait avancer représentent des zones d’érosion forte
surtout pour l’embouchure de la Moulouya et le Souss (plus de 5
m/an). L’embouchure d’Oum Erabia et du Tensift montrent un recul
moyen du trait de côte qui varient entre 1 et 5 m/an (Fig.n°7& n°8).
L’embouchure du Loukous est relativement stable. Les barrages sur
les oueds et les extractions des sables sur la côte et sur les deltas ont
modifié la dynamique sédimentaire de ces embouchures. Depuis
plusieurs années elles ne se sont plus des zones d’accrétion et de
progradation mais des zones d’érosion et de dégradation.

1
Il n’y a pas une définition unique du trait de côte, car celui-ci représente une limite
multidimensionnelle et mobile dans les trois dimensions spatiales avec des évolutions
temporelles de fréquences diverses : journalière, saisonnière, annuelle. Le SHOM (Service
hydrographique et océanographique de la Marine en France), par exemple, définit le trait
de côte comme étant la ligne d’intersection de la surface topographique avec le niveau des
plus hautes mers astronomiques.

39
Fig.n°1 : érosion et changement du plan de la
plage de Tanger (Sedrati& Anthony, 2007). Fig.n°2 : érosion et changement du plan
de la plage de Mohammedia (Idrissi. M
& al, 2004)

Fig.n°3 : érosion et recul du trait de


côteparallèle à lui-même entre Fnideq et
M’diq (Gomez. E & al, 2006)

Fig.n°4 : érosion et recul du trait de côte


généralisé àoued Laou (EL Moutchou. B
& al, 2011)

40
Fig.n°5 : Recul du trait de côte et
disparition de la plage Nord d’Essaouira
(Mansoum. M, 1999).
Fig.n°6 : Carte ancienne montrant la
plage nord d’Essaouira au 19ème siècle
disparu actuellement (Mansoum. M,
2013).

Fig.n°7 : Recul de trait de côte à Fig.n°8 : Recul de trait de côte à


l’embouchure de la Moulouya (Salmon. M l’embouchure d’Oum Erabia (Chaibi.
& al). M & Sedrati. M, 2009).

41
Tableau n°1 : Quelques études de cas concernant le recul de trait de côte

Sites Vitesse de Périodes Références


recul du
trait de côte
2 à 3 m/an 1958-1996 Snoussi. M, &Long. B, 2002.
4 m/an 1972-1981
Baie de Tanger 1.5 m/an 1981-1997 El Abdellaoui. J et André Ozer. A, 2007.
1.7 à 2.7 m/an 1997-2006
Sedrati. M & Anthony. E. 2007.
2 à 3 m/an 1958-1996

El Moutchou. B, El Fadel. L, El Hajjaji.


2,98 m/an 1937 -1994 Kh, 2011.
Plage de Tétouan
2 m/an 1937-94 Emma Bello Gomez & autres, 2006.
Niazi. S, 2007.
1 à 1.8 m/an 1958-2003
0,2 à 1,6 m/an 1958-2006
Plage de Saidia Mouzouri. M & Irzi. Z, 2011.
9-10 m/an 1985-2006
& 2.9 m/an 1988-95
Embouchure de 1.8 m/an 1995-2004 Bouabdallah. M. & Larue J.P. 2009.
la Moulouya
11.9 m/an 1958-88
8 m/ an 1970-2009 Salmon M., Sbaï A., Boumeaza T.
Benata M. &Ozer A. 2010.
22 m/an 1980-1988
Plage Larache
(Ras Rmel) 0.05 m/an 1958-2010 Dahmani. M, 2014.

Plage Est de 0,6 à 1,5 m/an 1969-1997 Idrissi. M, Hourimeche. A,Vincent Rey,
Mohammedia Chagdali. M, 2004.
Plage d’Eljadida
& 1.28 m/an 1949-1984 Chaibi. M &Sedrati. M, 2009.
Embouchure 0.8 m/an 1984- 1996
d’Oum Erabia
Plage de Souiria
Qdima & 0.5 m/an 1954-1995 Minoubi. A & autres, 2012.
Embouchure de
Tensift
Littoral nord 3 m/an 1895-1997
d’Essaouira Mansoum. M, 2000.
1 à 1.5 m/an 1779-1997
&
Plage
d’Essaouira
Plage Sud 5 m à 10m /an 1970-1989 Mansoum. M, 1994.
d’Agadir

42
La majorité de ces études de cas se limite à des levés
topographiques, or pour bien évaluer le transit littoral il est nécessaire
de procéder à un levé topo-bathymétrique, avec un maillage de 20 m,
sur au moins 4 km de large, jusqu’à 15 ou 20 m en dessous du zéro et
à un levé topographique de la plage avec des profils transversaux
séparés de 50 m au plus. Cette technique permet de déterminer le bilan
des transports sédimentaires dans diverses directions, par modélisation
numérique et formules empiriques. Il faut aussi déterminer le bilan du
transit éolien qui représente une part importante du transport des
sédiments.
Nous avons constaté également que plusieurs études de cas
concernant l’évolution du trait de côte ont présenté une réflexion peu
argumentée sur les causes de cette évolution car, par manque de
données, elles n’ont pas établis les liens qui pourraient se tisser entre
la mobilité du trait de côte et les changements dans les agents de
forçages, dans la fréquence des tempêtes et surcotes, ou les
changements dans les débits solides des oueds à cause des barrages 1 et
la sécheresse. Souvent, là où les côtes sableuses reculent plus
rapidement, la cause est à chercher dans les travaux d’ingénierie mal
conçu ou dans une utilisation non rationnelle du littoral ou de son
bassin versant adjacent plus que dans l’élévation planétaire du niveau
marin et le changement climatique.
Au Maroc, à notre connaissance, il n’existe pas de cartographie
à l’échelle nationale permettant d’identifier, sur la base d’une
méthodologie commune, les secteurs combinant une érosion forte et
une densité des implantations des activités et des biens.
L’établissement d’une cartographie des aléas liés à l’érosion est un
moyen d’évaluation fondamental. Elle est néanmoins, indispensable
afin de concevoir une stratégie de la lutte antiérosive. Il n’y a pas
d’indicateurs nationaux homogènes permettant de suivre l’évolution
du trait de côte sur le long terme. De tels indicateurs permettraient
d’une part d’identifier les territoires ou l’érosion est forte et d’autre
part de hiérarchiser les interventions en matière de travaux de défense
des côtes. Il faut donc définir un indicateur homogène national pour
quantifier l’érosion côtière, reposant sur la vitesse moyenne de

1
Selon les chiffres officiels au Maroc, l’envasement des retenues de barrages est de
75 Mm³/an.

43
l’érosion et les éléments de topographie et de bathymétrie connus et
permettant de distinguer les zones d’érosion forte, moyenne et faible.
L’organisation d’un réseau national d’observatoires du trait de
côte est une démarche nécessaire pour identifier les territoires à risque
d’érosion. L’observation du trait de côte et le suivi de son évolution
supposent une mise en réseau de l’ensemble des acteurs surtout ceux
qui produisent, commandent et utilisent les données afin que soient
mises en cohérence les modalités de création de ces données, leur
fréquence et leur interopérabilité. En matière du diagnostic de
l’érosion côtière au Maroc les besoins sont importants incluant :
-L’impact quantifié de différentes activités humaines (Barrages,
ports, urbanisation, extraction des sables…) sur le système
sédimentaire littoral, qui permettrait d’optimiser le choix des sites
propices aux investissements côtiers et d’établir plus facilement les
responsabilités environnementales.
-La délimitation des zones à risque lié à l’érosion côtière, à plus
ou moins long terme, qui permettrait, d’une part d’orienter les
investissements futurs vers les zones moins exposées et d’autre part
d’identifier les zones prioritaires à protéger.
-Une estimation à long terme des coûts engendrés et des
bénéfices offerts par les mesures de protection contre l’érosion côtière,
de façon à identifier les scénarios et les mesures de défense les plus
performantes et les plus réalistes d’un point de vue économique.
Le déficit en matière de données et informations côtières
explique les décisions souvent inadaptées du gestionnaire mais aussi
l’absence de visibilité concernant les actions de défense et de
protection des côtes et les résultats obtenus.
III- La gestion de l’érosion côtière au Maroc
Au Maroc, la gestion de l’érosion côtière est une affaire d’Etat,
selon l’article 28 de la loi n°81-12 relative au littoral1. Elle relève des
compétences du Ministère d’Equipement et du Transport et la

1
«Les plages, les falaises et les cordons dunaires susceptibles d'être affectés par l'érosion sont
inventoriés par l'Administration en vue de leur protection ou leur réhabilitation. Les
mesures de protection et de réhabilitation sont fixées par voie réglementaire. » Article 28-de
la loi littoral n° 81-12.

44
Logistique surtout la Direction des Ports et du Domaine Public
Maritime (DPDPM) car toutes les zones côtières concernées par
l’érosion font partie du Domaine Public Maritime1. La mission du
(DPDPM) qui consiste à protéger les plages, les dunes, les falaises et
organiser la lutte contre le recul du trait de côte est fixée par un
décret2. Au Maroc, il y a plusieurs acteurs qui sont impliqués dans la
gestion de l’espace littoral surtout les ministères de l’Equipement, de
la Pêche, du Tourisme, de l’Aménagement du Territoire, de
l’Environnement, le Haut-Commissariat des Eaux et Forêts et les
communes…, mais la gestion de l’érosion côtière, en particulier, reste
une spécialité du (DPDPM).
La politique de l’Etat en matière de gestion de l’érosion côtière a
toujours été caractérisée par la présence d’un seul acteur principal
dominant représenté par la (DPDPM) et une approche basée sur la
domanialité publique. La protection des côtes a été souvent synonyme
de la consolidation du trait de côte avec une dominance des techniques
de défense lourdes au détriment des techniques souples.
Ce modèle de gestion et de gouvernance des côtes est dépassé, il
faut en revanche, opter pour une gestion intégrée et un développement
durable des littoraux marocains. Aujourd’hui, il y a un fossé qui
sépare la recherche scientifique en matière de la dynamique des côtes
et la politique de l’Etat en matière de l’aménagement et la protection
du littoral. Depuis le début des années 1990, les universitaires
littoralistes marocains ont essayé de contribuer à l’aménagement et la
protection du littoral à travers les connaissances acquises et les
différentes recherches menées sur le littoral3. Ils ont essayé d’associé

1
Le domaine public maritime tel qu’il est défini par le Dahir du 1 juillet 1914 sur le domaine
public comprend le rivage de la mer jusqu’à la limite des plus hautes marées, aussi qu’une
zone de 6 mètres mesurées à partir de cette limite.
2
Une des principales missions de la Direction des Ports et du Domaine Public Maritime selon
le décret n° 2-06-472 du 04 Août 2008 (2 chaabane 1429), est de délimiter le domaine
public maritime, le préserver et le valoriser. Le programme actuelle de (DPDPM)
comprend : 1) la lutte contre l’érosion des plages à travers des travaux de consolidation du
trait de côte .2) La protection des sables de plages et dunes et de la mer, 3) La délimitation
du DPM, 4) la surveillance de la qualité des eaux de baignade et l’élaboration des plan
d’utilisation et de gestion des plages.
3 Voir par exemples les actes de plusieurs colloques des géomorphologues marocains :
-Berriane M & Laouina. A, 1993 : Actes du symposium international sur « Aménagement du
littoral et évolution des côtes, L’environnement des côtes marocaines en péril ». Publication
du Comité National de Géographie du Maroc, 119p.

45
dans leurs recherches le savoir théorique des processus naturels et une
expérience pratique dans l’optique d’une gestion intégrée,
participative et pluridisciplinaire. Mais malheureusement, ils ne sont
pas impliqués dans la gestion de ces littoraux. La (DPDPM) reste le
seul acteur sur la scène de la gestion de l’érosion côtière.
3-1-La dominance de l’approche technique de l’ingénieur
Face aux problèmes de l’érosion côtière, la (DPDPM) a donc
toujours eu recours à des ingénieurs appartenant à des bureaux
d’études marocains et étrangers. Leurs approches sont foncièrement
différente de celle des universitaires littoralistes géologues ou
géographes. Elle s’agit d’une approche modélisatrice, instrumentale et
quantitative. C’est une approche qui a des avantages certes mais aussi
des inconvénients. Elle est basée surtout sur la quantification de
l’érosion par plusieurs techniques, utilisant des formules et les
modèles de plus en plus numériques que physiques.
A partir de plusieurs études de cas et de rapports de laboratoires,
comme celles réalisées dans le cadre des études des ports, on peut
affirmer qu’il existe un divorce entre les résultats obtenus à partir des
modèles réduits réalisés dans des conditions réductrices et arbitraires
et les effets réels sur la nature. Plusieurs ports marocains ont connu
des problèmes d’ensablement ou d’érosion sur les côtes avoisinantes
liées à une méconnaissance des processus littoraux. Les exemples les
plus pédagogiques concernent les ports de Saidia, Skhirat, Larache,
Kenitra, Tarfaya, Boujdour, Laayoune et Dakhla. Les effets pervers et
les erreurs dans les aménagements et la protection des littoraux
marocains sont souvent signalés par les universitaires et même
commentés dans la presse nationale1. Les mécanismes naturels
échappent souvent par leur complexité à la mesure. On ne peut pas
transposer purement et simplement, et encore moins projeter dans le
temps, les enseignements tirés d’un modèle réduit, même s’ils
permettent de mieux comprendre l’action des processus littoraux pour

-Sbai. A, 2008 : Actes du colloque international « Des littoraux et des Hommes : questions
d’aménagement et de protection » à la FLSH d’Oujda entre 21- 23 novembre 2006, 347p.
-Organisation de la 13ème journée des géomorphologues marocains à Safi entre 18-20 Mai
2006 sur le thème « Espaces littoraux : dynamique et gestion »
1
Voir « Les Echos quotidien » du jeudi 25 Mars 2010 un article sous le titre « Les sept péchés
capitaux » qui décortiquent les ratés de la politique portuaires du Maroc avec des ports
menacés d’ensablement et d’autres déjà fermé à la navigation.

46
prédire ce que sera à plus ou moins long terme le comportement du
littoral.
Cette approche de l’ingénieur est caractérisée par sa petite
échelle de gestion, elle focalise l’analyse et les interventions sur la
seule partie de la plage touchée par l’érosion. Les mesures de défense
contre l’érosion côtière sont souvent une action locale qui ne prend
pas en considération le système littoral en entier. Elle ne prend pas en
compte, avec un égal intérêt, tous les éléments du système. En
agissant localement sur les zones touchées, sans considérer le système
littoral en entier, on risque d’aggraver et d’empirer la situation. On
peut distinguer deux approches dans la gestion de l’érosion côtière :
- Une gestion en force des ingénieurs qui consiste souvent à agir
contre la mer, agir contre la nature et non pas en collaboration avec la
nature.
- Une gestion en douceur des géographes qui consiste souvent à
utiliser les mécanismes naturels pour que la mer fasse elle-même la
transformation souhaitée et rétablissent l’équilibre du système littoral.
La construction d’épis et de brise-lames a eu pour conséquence
un déplacement de l'érosion vers les secteurs avoisinants et demande
davantage de protection pour les biens en danger. C’est la leçon qu’on
peut tirer de la réalisation des ouvrages de défense du trait de côte
réalisées sur les plages d’Agadir ou de Tanger et recommandée par
les ingénieurs du LCHF et LPEE par exemple1.
Cette approche de l’ingénieur à longtemps négligé la notion de
la cellule sédimentaire côtière 2. Vu sous l’angle de la cellule
sédimentaire côtière et dans le cadre du système littoral un déficit
sédimentaire limite la capacité du littoral afin de s'adapter à des
circonstances changeantes. En outre, les ouvrages d’ingénierie,

1
LCHF, 1972 : La baie de Tanger : Rapport de l’étude théorique sur document.
LCHF, 1972 : Abords du port et baie d’Agadir : étude en nature. Rapport général. 51p.
LCHF, 1972 : Abords du port et baie d’Agadir : étude sédimentologique. 37p.
Nabil. T, 1991 : Etude sur modèle réduit de la protection de la plage Sud d’Agadir. DESS de
génie géologique. Centre Scientifique d’Orsay et LPEE. 51p.
2
La cellule sédimentaire côtière peut être définie comme une portion de trait de côte et de
zones côtières associées à l’intérieur de laquelle le mouvement des sédiments est en grande
partie confiné. Dans la pratique, cela signifie que les mesures prises dans une cellule
sédimentaire spécifique pourront avoir un impact sur d'autres secteurs de la même cellule
sédimentaire, mais qu’elles n’affecteront pas les cellules adjacentes.

47
comme les digues portuaires ou les brise-lames et les épis, peuvent
bloquer une partie du transport sédimentaire naturel. Une certaine
quantité de sédiment est alors emprisonnée par ces ouvrages et elle
n'est plus librement disponible dans la cellule. La construction du port
de Saïdia en 2004 par exemple a été faite en contradiction le sens de la
dérive littorale ce qui a causé un ensablement rapide du port et donc a
obligé le maitre d’ouvrage à changer la passe d’entrée du port.
Au Maroc, on constate que l’approche technique de l’ingénieur
a toujours était l’approche la plus dominante. Ce dernier est considéré
comme l’accoucheur de la meilleure solution possible, celle qui
découle tout naturellement du réel, de la nature quantifiée et de ses
modèles réduits. Les autres approches environnementales, naturalistes
et pluridisciplinaires largement en vigueur actuellement en Occident
sont quasiment absentes dans la gestion des côtes marocaines.
L’érosion des plages oblige souvent les ingénieurs à faire un
choix difficile entre la consolidation du trait de côte et la réhabilitation
de la plage. La politique actuelle du gestionnaire du littoral marocain
opte souvent pour la fixation du trait de côte au lieu de se concentrer
sur d’autres solutions en matière de la protection de la plage. La
protection des plages peut se faire sans durcissement ou consolidation
du trait de côte par des murs, des enrochements, des gabions
armés…Il y a des techniques douces comme le rechargement artificiel,
le drainage des plages, la création de récifs artificiels, le reprofilage
des plages et la régénération des dunes…soit ils sont mal connues par
le gestionnaire du littoral ou, peut être suscitent le scepticisme des
ingénieurs quant à leur efficacité.
Depuis une vingtaine d’année dans plusieurs pays d’Europe,
l’alimentation artificielle systématique des plages est appliquée avec
succès. Aujourd’hui, l’alimentation en sable constitue le noyau de la
politique néerlandaise en matière de gestion du trait de côte.
Si le Maroc veut réellement réussir le développement durable de
ces côtes, il faut rompre avec cette approche technique de l’ingénieur
et s’engager dans une approche pluridisciplinaire qui aura pour
objectif la gestion intégrée des zones côtières. Il est nécessaire de
revoir tout le modèle d’administration et de gestion du littoral et
modifier en profondeur le système de gouvernance des côtes. La
gestion de l’érosion côtière ne doit pas être l’affaire d’un seul acteur.

48
La gestion intégrée des zones côtières nécessite, par définition, en plus
de l’intégration intersectorielle, une intégration entre praticiens-
scientifiques (Chercheurs/politiques), mais aussi une intégration
disciplinaire, une pluridisciplinarité qui prend en compte les
recherches de plusieurs scientifiques littoralistes.
3-2- La stratégie marocaine en matière de lutte contre
l’érosion côtière
Les pratiques actuelles en matière de gestion de l’érosion côtière
au Maroc sont caractérisées par deux stratégies :
Une stratégie défensive sur les zones « utiles » avec des actions
contre l’érosion et des ouvrages lourds de défense du trait de côte,
surtout si les enjeux sont importants, par exemple, le cas de stations
touristiques et balnéaires ou infrastructures.
Une stratégie du repli sur les zones « peu utiles », c’est-à-dire ne
rien faire contre l’érosion et résoudre seulement ces effets et ses
conséquences, surtout si les enjeux sont de moins importance comme
les quartiers populaires, les quartiers industriels, les zones
naturelles…)
3-2-1 La stratégie défensive : des actions contre l’érosion
côtière
Au Maroc, on est toujours surpris par l’érosion côtière, des
enjeux importants, comme la Mosquée Hassan II ou des stations
balnéaires comme celle d’Agadir ou de Tanger ou des infrastructures
importantes se trouvent en situation d’urgence ce qui pousse les
autorités à vouloir freiner rapidement le processus d’érosion par des
techniques de protection lourdes. Ces interventions pour des situations
d’urgences laissent peu de place à la recherche de solutions adaptés au
système littoral et dans le cadre de la cellule sédimentaire.
Des ouvrages durs de protection ont été mis en place pour
arrêter l'érosion localement et protéger les biens en danger. Bien que
performants sur le court terme, leur efficacité s’est révélée la plupart
du temps insuffisante à plus long terme. L'entretien des ouvrages s’est
avéré coûteux. Certains d’entre eux n’ont pas pu résister à l’attaque de
la mer et se sont effondrés. Ce qui conduit à des reconstructions

49
coûteuses ou l’édification de nouveaux ouvrages comme dans le cas
de la plage sud d’Agadir 1.
Sur plage nord d’Agadir, l’érosion s’est manifestée très tôt dans
les années soixante et pour protéger les hôtels de la station touristique
naissante on a construit un brise-lames en 1968 devant le Club
méditerranée. Dans la plage sud d’Agadir l’érosion s’est manifestée
depuis les années quatre-vingt. Plusieurs ouvrages de protection ont
été construits sur cette zone (des brise-lames, des épis, des
enrochements et des murs en béton armé). Il y a au début des
enrochements devant quelques hôtels et les gabions armés et des murs
en béton armé depuis 1989 pour protéger le Palais Royal. Une
deuxième série d’ouvrages de défense constituée de deux brise-lames
et un môle rocheux artificiel dans les années quatre-vingt-dix2
(Fig.n°9). Un plan d’action pour la protection de la plage sud d’Agadir
a été conjointement élaboré par les ministères du Tourisme et
l’Equipement prévoit un rechargement artificiel de la plage par du
sable et la mise en place de six brise-lames avec la collaboration
financière des hôteliers avait été suggérée, mais rien n’a été fait
jusqu’à présent3.
La construction de la corniche ou l’aménagement du front de
mer est un projet à la fois d’aménagement et de protection, construit
en 1990 sur la haute plage, il a pour objectif de protéger la zone
hôtelière construite sur la dune bordière contre l’érosion côtière 4. En
2010 les travaux de réaménagement et d’extension de ce front de mer
ont donné à la station balnéaire d’Agadir une corniche, « deuxième
1
Mansoum. M, 1993 : La baie d'Agadir : Dynamique côtière et protection du littoral. Actes du
symposium international sur « Aménagement du littoral et évolution des côtes,
L’environnement des côtes marocaines en péril ». Publication du Comité National de
Géographie du Maroc, pp 65-72.
2
Cette érosion de la plage sud a eu des conséquences sur le projet Palm Bay de la SONABA.
Par exemple il a entrainé la modification du plan de masse prévu par les aménageurs en
raison de l’érosion d’une partie des terrains commercialisables et l‘avancée de la mer sur
les terres, une perte estimée à 3 ha de terrain (voir Profil environnemental d’Agadir : 2004.
Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement, 109 p.)
3
Il faut compter près de 20 millions de DH pour l’implantation d’un seul brise-lames. Le coût
du mètre linéaire est en fait estimé à plus de 100.000 DH.
4
Cette aménagement-protection a provoqué un durcissement irréversible du haut de la plage
où on a construit une dalle en béton de 10 à 30 mètres de large et d’1,3 kilomètre de long et
qui se termine par un mur d’environ un mètre de haut, souvent vertical, mais légèrement
oblique aux embouchures des oueds Tildi et Tanout Toumi. Il a coûté 56 millions de
dirhams.

50
génération », qui servira de zone de récréation et de protection contre
l’érosion1. Sur la plage d’Agadir, après durcissement du trait de côte,
l’érosion côtière est de plus en plus verticale que latérale.
Dans la baie de Tanger, la plage sableuse a subi de nombreuses
modifications morphologiques liées à l’aménagement du port depuis
1905. Mais c’est surtout après les extensions successives du port et les
aménagements touristiques entre (1965-1973) que les phénomènes
d’érosion ont été aggravé sur la plage Est ce qui a nécessité des
ouvrages de protection lourde surtout deux épis et un brise-lame et des
enrochements. Ces ouvrages de protection ont eu peu de succès et des
répercussions négatives sur l’attractivité touristique de la station
(Fig.n°10).
Actuellement, les plages et sites prioritaires en matière de
protection et de lutte antiérosive sont les plages Est de Tanger, le
littoral entre Tétouan et Sebta (route nationale n°13), plage Isly à Al
Hoceima, plage de Fnideq, la plage sud d’Agadir et la plage de Sidi
Abderrahim à Larache.
Le problème d’érosion côtière le plus célèbre et le plus couteux
sur le littoral marocain est celui de la mosquée Hassan II. Une
Mosquée construite sur 9 ha dont 6 ha gagné sur la mer, alors que
dans cette même période tous les pays développés sont déjà dotés
d’une loi du littoral qui favorise l’aménagement en profondeur. La
construction de cette grande mosquée « flottante sur l’eau de
l’atlantique » peut être considérée comme un défi géomorphologique
majeur au moment où tout le monde parle de changement climatique
et de remontée du niveau de la mer.
La mosquée a été inaugurée le 30 Août 1993, ces problèmes
d’érosion ont été signalés depuis 2001 avant même la fin de sa
garantie décennale (1993-2003). L’érosion est liée à des phénomènes
de surcotes mais aussi à la corrosion des aciers d'armature des bétons

1
Une corniche qui a constitué un grand projet structurant de la ville qui a coûté plus de 240
millions de Dirhams. Mais cette corniche va prolonger la dalle de front de mer jusqu’à 5
kms de long et une largeur de plusieurs dizaines de mètres de plus que l’ancienne la dalle
gagné sur le haut de la plage. Cette corniche se termine vers la mer par un mur d’environ
1.5 m en forme concave pour renvoyer les vagues et éviter les effets des turbulences et la
réflexion des vagues sur les parois du mur.

51
sous l’effet conjugué des vagues et l’impact de la pénétration de la
houle sous l’édifice et son amortissement mais aussi sous l’effet de la
salinité de l’eau de mer. Déjà en pleine construction, la mosquée
Hassan II avait connu une surcote avec des vagues 8m de haut qui ont
nécessité sa surélévation à 9,50m par rapport au niveau de la mer ce
qui est toujours insuffisant vu la position de la mosquée en avant de la
côte et la hauteur des vagues lors des surcotes de 1996 et 2008 lorsque
les vagues avaient atteint respectivement 12 et 15,85 mètres de
hauteurs. Dans la nuit du 6 au 7 Janvier 2014, les vagues ont
enregistré des hauteurs de plus de 13 m dans cette région.
Pour protéger la mosquée de l’érosion côtière et sauver cette
édifice on a été obligé de poldériser plusieurs hectare gagner sur la
mer et se barricader derrière une digue imposante (Fig.n°11 et n°12).
Les travaux de protection de la mosquée réalisée entre 2005-2010 en
quatre phases successives1 . La mise en œuvre d’une digue étanche
entourant la mosquée pour la réalisation à « sec » des travaux (5m
sous les niveaux des plus hautes eaux) ; le confinement en béton d’une
partie des vides sous la salle des prières ; la démolition des ouvrages
(dalles et piliers) ceinturant l’édifice (côté mer) et leur reconstruction
à l’identique en béton à haute résistance à la pénétration des chlorures
armé en acier inoxydables et béton haute performance.
La prise en charge de ces travaux de protection a fait l’objet de
litiges entre le maître d’ouvrage, le constructeur et l’assureur. La
responsabilité de l’entreprise Bouygues ou de la « nature » sera
déterminée par le tribunal de commerce de Casablanca qui a
commandé plusieurs des expertises depuis 2002.
Il serait toutefois trop simple de poser comme principe que toute
technique lourde est nocive et que toute technique douce est efficace,
de bons résultats ont été obtenus en combinant différents types de
défense du littoral en tirant profit de leurs avantages et en atténuant
leurs inconvénients respectifs.

1
Les travaux de protection ont nécessité plus de 400 personnes sur le chantier, plus de 200 000 m3 de matériaux
de digue (enrochements et tout-venant), 2800 tétrapodes de 6,3 m3, plus de 100 000 m3 de bétons de
confinement (béton de masse non armé) et plus de 10 000 m3 de Béton Hautes Performances et 1300 tonnes
d’aciers inox et des coûts de travaux de plusieurs milliards de Dirhams

52
Fig.n°10 : Ouvrages de protection dans
Fig. n°9 : Protection du Palais Royal au la plage Est de Tanger (Brise-lames, épi
Sud d’Agadir et enrochement)

Fig. n° 12 : Protection de la Mosquée


Fig. n° 11 : Protection de la Mosquée
Hassan II (digues).
Hassan II (tétrapodes).

53
2-2 La stratégie de repli : des actions pour gérer les effets de
l’érosion côtière
Sur le littoral marocain il existe une autre stratégie pour faire
face à l’érosion côtière, elle consiste en l’abandon des zones à risque
et le relogement des populations menacés par la mer dans l’arrière-
pays. Les autorités considèrent que le coût de la protection par les
techniques lourdes pourrait largement excéder à la valeur des biens à
protéger. Plusieurs exemples sur le littoral marocain témoignent de
cette stratégie du repli dans la mesure où l’Etat a préféré ne rien faire
contre le processus d’érosion côtière et se contenter de gérer les
conséquences économiques et sociales de cette érosion.
L’exemple de la falaise Amouni au sud de Safi est le plus
démonstratif1. Cette falaise est constituée de calcaires gréseux jaunes
et marnes couvertes d’un grès dunaire lié par un ciment calcaire avec
des passages peu cimentés. Sa hauteur varie entre 12 et 25m. Elle est
souvent concernée par des problèmes d’effondrement et de formation
de grottes et soumise aux effets de l’attaque de l’érosion mécanique
des vagues et de l’érosion chimique par l’eau de la mer surtout la
partie qui s’étend du château de mer en direction du Sud sur environ 7
Kms. Sur cette falaise sont construits, le château de mer de la ville de
Safi, la voie ferrée reliant le complexe Chimique au port, le pipe-line
qui transporte l’ammoniac du port jusqu’au complexe chimique et les
quartiers Amouni (198 constructions, 823 logements), Trab Sini (326
constructions, 790 logements), Rue de Rbat (417 constructions, 995
logements).Au total 10710 habitants soit 2200 ménages.
L’érosion côtière a été accentuée après l’extension de la jetée
principale du port et le développement des activités industrielles et
urbaines au sud de Safi depuis les années soixante. Il existe deux
solutions techniques possibles pour gérer l’érosion côtière de cette
falaise :
La première consiste à tuer la falaise ou freiner son recul par une
stabilisation lourde sous forme de brise-lames au large ou
enrochements au pied de la falaise pour protéger et indurer sa base en

1
Mansoum. M, 2016 : La gestion intégrée du littoral de Safi : La falaise d’Amouni et la plage
de Suiria Qdima. Actes de la 19ème Rencontre des géomorphologues marocains « Les
plaines marocaines entre l’héritage naturel et la réhabilitation de l’espace » du 13 au 15
novembre 2013 à El-Jadida, Tome I, imp. Mai 2016. Pp : 223-248

54
remplaçant les matériaux fragiles et moins résistants par des matériaux
plus solides, ce qui rend l’évolution si lente et le recul négligeable.
Cette solution coûtera entre 130 et 330 millions de dirhams selon
plusieurs bureaux d’études1.
Une deuxième solution consiste à ne rien faire pour stopper le
recul de la falaise, et laisser la falaise évoluer et résoudre les
conséquences de son recul, ses dégâts. C’est ce que les pouvoirs
publics ont finalement choisi de faire car elle ne va pratiquement rien
coûter surtout si on fait payer les ménages sinistrés pour les reloger
ailleurs. Le coût des opérations de relogement après chaque
catastrophe d’effondrement comme celles de 1965, 1978, 1985 par
exemple et les opérations d’évacuation des logements menaçant ruine
depuis 1965 s’élève à 100 millions de dirhams selon les autorités2.
Cette deuxième solution à un deuxième avantage, en plus du
coût moins élevé, elle permettra aux aménageurs de disposer d’une
superficie de 2,8 ha entièrement rasée. Cette zone littoral stratégique
servira au prolongement de la corniche de la ville vers le sud et peut

1
LPEE, 1996 : Stabilité de la falaise bordant les infrastructures et les installations portuaires
actuelles et futures du port de Safi. Rapport, Ministère des travaux publics, 18 p.
PLEE, 1988 : Dragage au pied de la falaise. Rapport, Ministère des travaux publics,
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l’Habitat ; 1998 : Rapport sur quartier de la falaise Trab-sini. Avril 1998. 10p.
Ministère de l’Equipement et du Transport, Direction des Affaires Techniques, 2004 : Etude
du confortement de la falaise de Jorf Amouni de Safi. Rapport de mission, Safi, 51 p.
2
Les principales opérations de relogements et d’évacuations des maisons menaçant ruine sur
cette falaise sont :
- En 1965 relogement de 121 familles au quartier Lalla Asmae
- En 1978 relogement de 218 familles.
- En 1985 relogement de 150 familles au quartier Kaouki
- En 1996 le quartier TRAB SINI menacé d'effondrement et déclaré comme étant zone
sinistrée.
- En 1999, Al Omrane a lancé un programme visant le relogement des familles ayant les
habitations érigées sur cette partie de la falaise longeant le quartier Trab Sini, Amouni.
-En 2006, une première tranche de 400 logements sociaux au quartier Kaouki, réalisée
moyennant un investissement de 36 millions dirhams dont 12 millions dirhams sur le budget
général de l'État. (Lots vendu à 250 DH le mètre carré).
- En 2009, une deuxième tranche de 430 logements. La réalisation de cette deuxième
tranche du projet «Amouni» nécessitera un investissement de 51,70 millions dirhams dont
une partie (22,5 millions dirhams) sera entièrement supportée par le budget général de
l'État.

55
faire l’objet d’un projet touristique avec valorisation de la façade
maritime mais seulement après stabilisation de la falaise.
C’est la même stratégie du repli appliquée face à l’érosion du
littoral d’Essaouira 1. L’érosion côtière touche toute la ligne ouest des
remparts et le quartier Jrayfat. Les murailles des remparts sont percées
par la houle en plusieurs endroits. Le quartier Mellah est
particulièrement concerné. Ce dernier ayant déjà subi des
écroulements souvent mortels en 1977-1985-1986-1991 et 1996. Les
autorités publiques ont évacué la population. Des opérations de
relogement réalisées par l’ERAC (Skala I-II et III soit 1048
logements) ont permis de reloger une partie de la population. Plusieurs
ingénieurs ont proposés une stabilisation par des techniques de
défense lourde comme la construction d’une armature à la base des
murailles (enrochement) ou la construction de brise-lames éloignées
du mur, incorporant peut être les quatre îlots qui marquent la limite du
grand large mais le problème du coût très élevé pousse les autorités à
privilégier la stratégie de ne rien faire contre l’érosion côtière pour le
moment.
Entre la ville de Casablanca et Mohammedia, les plages
s’érodent mais des riverains, les plus fortunés protègent leurs
habitations et leurs biens comme ils peuvent, souvent par des
enrochements ou des murs comme c’est le cas sur le littoral de Zenata
où les propriétaires des cabanons installés sur la dune bordière et sur
le domaine public maritime ont construit un mur de plusieurs
centaines de mètres et d’un coût de 10.3 millions de dirhams.
Conclusion
La mobilité naturelle du trait de côte est une expression du
dynamisme des milieux littoraux et représente une nécessité au bon
fonctionnement des systèmes côtiers. Cette mobilité est dépendante du
budget sédimentaire du littoral mais elle constitue aussi pour les

1
Mansoum. M, 1999, Évolution du Littoral Nord d’Essaouira depuis le XVIIIème siècle.Revue de la
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l’histoire de l’homme et l’espace à Tensift. Pp : 95-107

56
installations implantées trop près de la côte un risque d’érosion et de
submersion. Sous l’effet de la littoralisation et du changement
climatique cette mobilité du trait de côte est exacerbée et pose de
sérieux problèmes de protection du littoral.
Au Maroc, la protection des installations et infrastructures à
toujours conduit au durcissement du trait de côte, au bétonnage de
littoral et donc réduit la résilience côtière face au changement
climatique. La tendance actuelle du barricadage artificiel du littoral
marocain à travers les murs, les enrochements, les épis et les brises
lames est en rupture totale avec le renforcement de la résilience
côtière. C’est le renforcement de cette résilience qui permettra à la
côte de répondre aux changements induits par la montée du niveau de
la mer, aux événements météo-océaniques extrêmes (surcotes,
tempêtes) et aux impacts humains occasionnels, tout en conservant les
fonctions du système côtier à long terme. Elle est la base d’une
stratégie de gestion durable du littoral.
On sait maintenant que la résilience côtière dépend de deux
facteurs clés : les sédiments (Dormant et mouvant disponible pour la
côte) et l’espace disponible pour les processus côtiers. La résilience
des littoraux marocains diminue à cause : des déficits sédimentaires
(barrages, extractions des sables) et des limites imposées à l’espace
nécessaire pour faire face au retrait naturel des dunes, des falaises et
des systèmes sédimentaires, à la redistribution des sédiments par suite
de ce retrait (bétonisation). Les plages et les dunes peuvent
naturellement reculer et rouler sur elles-mêmes et donc migrer vers
l’intérieur des terres tant que des constructions et l’urbanisation
linéaire ne s’opposent à une telle dynamique. Ces aspects doivent être
identifiés comme les conditions primordiales d’un aménagement
durable du littoral en général et d’une gestion intégrée du trait de côte
en particulier. Le renforcement de la résilience des côtes marocaines
nécessite une politique littorale basée sur :
- Une gestion intégrée des littoraux et des bassins versants
surtout une gestion intégrée des débits solides et liquides des oueds.
- Une gestion durable du stock sableux stratégique disponible
sur la côte et l’avant-côte et le protéger de la surexploitation et les
extractions illicites surtout avec une consommation de sable de
construction qui monte en flèche au Maroc (avec 21.4 millions m3 en

57
2011 à 27 millions m3 en 2015 et sera de 32.1 millions m3 en 2020)
avec plus de 50% de sable qui provient des plages et dunes et l’avant
côte.
-La mise en œuvre de la loi n°81/12 relative à la protection du
littoral au Maroc surtout les décrets d’applications, le Plan National du
Littoral (PNL), les Plans Régionaux du Littoral (PRL) et la stratégie
de gestion intégrée du littoral marocain et surtout respecter la zone
d’inconstructibilité de 100 m.

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