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LA VIDA BREVE

De Falla

Personnages

Salud, une gitane, Mezzosoprano


La Abuela, Grand-mère de Salud, Mezzosoprano
Tio Sarvaor, l’oncle de Salud, Barítono
Paco, jeune seigneur, amante de Salud, Tenor
Carmela, la fiancée de Paco, Soprano
Manuel, Frère de Carmela, Bajo

L’action de déroule à grenade, au début du XX° siècle

ACTO I ACTE I

La scène représente la cour d'une maison de gitanes dans l'Albaicin, à Grenade. Large porte au fond avec la
perspective d'une petite rue, très gaie. A droite, la maison d'habitation, et à gauche, l'entrée d'une forge
illuminée parle rouge éclat du feu. C'est le jour, et un beau jour

- Escena Primera - Scène 1


La Grand-mère, qui est seule en scène, est en train de nourrir ses oiseaux.

OBREROS EN LA FRAGUA OUVRIERS DANS LA FORGE


¡Ande la tarea, Metons-nous à l’ouvrage
que hay que trabajar! Il faut travailler!

UNA VOZ EN LA FRAGUA UNE VOIX DANS LA FORGE


Mi querer es como el hierro, Mon amour, comme le fer,
se resiste con el frío Se durcit avec le froid,
y se ablanda con el fuego S'amollit avec le feu!

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE (avec une cage d'oiseaux qu'elle va suspen-


dre)
Esta pobre pajarilla Ce pauvre oiselet
Se va a morir. ¡Qué dolor! Va mourir. Quel malheur!
Debe estar la probecilla tout comme ma petite Salud:
iguá que mi Salucilla: pauvre petite chose
¡Con mal de amor Du mal d'amour!
¡Ay, amor! Ah, l'amour!

UNA VOZ EN LA FRAGUA UNE VOIX DANS LA FORGE


¡Malhaya el hombre, malhaya, Malheur aux hommes
que nace con negro sino! Qui naissent sous une mauvaise étoile!
¡Malhaya quien nace yunque, Malheur à qui naît enclume
en vez de nacer martillo! Au lieu d'être né marteau!

OBREROS LES OUVRIERSDANS LA FORGE


¡Malhaya quien nace yunque, Malheur à qui naît enclume
en vez de nacer martillo! Au lieu d'être né marteau!

(Des voix au loin de vendeurs, se font entendre)

VOCES LEJANAS VOIX AU LOIN


¡Ah! Ah!

UN VENDEDOR LA VOIX D'UN VENDEUR


¡Ramicos de claveles! Bouquet d’oeillets!

VENDEDORAS LES VOIX DES VENDEUSES


¡Brevicas de Graná! Des figues de Grana!
¡Cesticas de fresas! Barquettes de fraises!
¡Canastas! Des paniers

(Dans la rue passe un groupe de jeunes filles avec un joyeux tapage de frais, éclats de rire.)

LA ABUELA (triste) LA GRAND-MÈRE (avec tristesse)


Reíd. ¡Que algún día Riez jusqu'à l'heure
tendréis que llorar! Où vous pleurerez!

OBREROS OUVRIERS DANS LA FORGE


¡Ande la tarea, Mettons-nousà l‘ouvrage!
que hay que trabajar! Il faut travailler!
¡Y pa que disfruten otros, Aux uns toute la fortune,
nosotros siempre nosotros, Aux autres toute la peine;

1
- La vie brève -
lo tenemos que sudar! Notre sort est de forger!

- Escena 2 - Scène 2
SALUD SALUD (venant de la rue. Elle arrive désolée)
Abuela, ¡no viene! Grand'mère, rien encore!

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE
¡Que tonta! ¡Vendrá! Sottise! Il vient!
¡Cuidao que eres niña! Sois donc raisonnable!
¡Te apuras por na! Tu t'effraies pour rien!
(con convicción) (Avec conviction
Tienes un novio que es guapo y bueno, Ton fiancé est bon, jeune, riche,
rico y formal; Et tu sais bien
que se derrite por tus pedazos; Qu'il a juré de t'être fidèle,
que no se enciende Qu'il ne se brûle
mas que en el fuego de tus ojazos, qu'à la flamme de tes yeux,
aunque es un hombre mu prensipal Et que tu peux te fier à lui
Estás segura de que te quiere Sachant fort bien toutes ces choses,
y estás llorando siempre por él. Pourquoi pleurer sans cesse pour lui?

SALUD SALUD
Es que por eso... C’est précisément pour cela......

LA ABUELA LA GRANG-MÈRE
¡Mira, chavala, Ecoute mon enfant:
que es mu dañino tanto querer! C'est un danger d'aimer autant!

SALUD SALUD
Sólo tengo dos cariños: J'ai dans l'âme deux tendresses:
el de mi Paco y el tuyo. Celle de Paco, la tienne.
¡Ay, abuelita del alma, Ah! il ne faut pas grand'mère,
que no me falte ninguno! Que j'en perde une ... pas une!

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE
Pero ¡qué chavala! Quelle enfant tu fais!

SALUD SALUD (avec une profonde lassitude)


Sube a la azotea. Va sur la terrasse,
Mira por la plaza... Pour voir sur la place ...
Yo no tengo fuerzas. Moi, je n'ai plus de forces ...

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE
¡Tú que has sido siempre Toi qui fus toujours
la propia alegría! La joie en personne!

SALUD SALUD
¡Es que cuando tarda Dès qu'il tarde à paraître,
me quedo sin vía! Je me sens perdue!
Sube, abuela... Va, grand'mère!

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE
¡Qué dolor! Quel malheur!
¡Ríe, nena! Ris donc nena!

SALUD SALUD
Cuando él venga. Quand il viendra,
¡Mientras, no! Mais pas avant!

(La grand'mère sort en faisant un geste de pitié)

- Escena 3 - Scène 3
OBREROS OUVRIERS DANS LA FORGE
¡Ah!...¡Ah!...¡Ah!...¡Ah!... Ah!....Ah!....Ah!
¡Ande la tarea, Mettons-nous à l‘ouvrage!
que hay que trabajar! Il te faut travailler;
¡Y pa que disfruten otros, Aux uns toute la fortune
nosotros siempre nosotros, Aux autres toute la peine
lo tenemos que sudar! Notre sort est de forger

SALUD SALUD (qui s'est appuyée à la porte, se retourne)


¡Vivan los que ríen! Vivent ceux qui rient!
¡Mueran los que lloran!... Meurent ceux qui pleurent!
La vía del pobre, que vive sufriendo, La vie du pauvrequi vit en souffrant
debe ser mu corta. Doit très tôt s’arrêter

Hasta las canciones Ah, mes chansons mêmes


me salen hoy tristes. Aujourd'hui sont tristes!
Esta seguirilla, Cette seguidille
que era de mi mare, Que chantait ma mère
sabe lo que dice. savait ce qu’elle disait
Flor que nace con el alba La fleur qui naît avec l'aurore

2
- La vie brève -
se muere al morir el día. Se meurt quand se meurt le jour.
¡Qué felices son las flores, Que les fleurs sont heureuses!
que apenas pueden enterarse A peine si elles savent le malheur
de lo mala que es la vía! Qu'est la vie!

Un pájaro, solo y triste, Un pauvre oiseau seul et triste


vino a morir en mi huerto. S'en vint mourir à ma porte;
Cayó y se murió en seguía. Il vient, puis il tombe mort.
¡Pa vivir tan triste y solo, Ah! pour vivre seule et triste
mas le vale haberse muerto! Mieux vaut mourir!

El la abandonó por otra Il la quitta.pour une autre


¡Y ella de angustia murió! Et de douleur elle est morte!
Pa desengaños de amores Aux trahisons de l'amour
no hay nada como la muerte, Il n’y a rien d’autre que la mort
que es el consuelo mayor. Qui nous console de tout!

OBREROSU OUVRIERS DANS LA FORGE


¡Malhaya el hombre, malhaya, Malheur aux hommes
que nace con negro sino! Qui naissent sous une mauvaise étoile!
¡Malhaya quien nace yunque Malheur à qui naît enclume
en vez de nacer martillo! Au lieu d'être né marteau!

SALUD SALUD
¡Vivan los que ríen! Vivent ceux qui rient!
¡Mueran los que lloran! Meurent ceux qui pleurent!
La vía del pobre, que vive sufriendo La vie du pauvreQui vit en souffrant
debe ser mu corta. Doit très tôt s’arrêter

- Escena 4 - Scène 4
LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡Salud! Salud!

SALUD (agitada) SALUD (avec agitation)


¿Qué? ¿Qué pasa? Quoi? Que se passe-t-il?
¿Es que viene? Il arrive?

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡Sí! Oui!

SALUD SALUD
¡Ay, bendita seas! Ah! sois donc bénie!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡Ya le tienes ahí! Le voici! C'est lui! Ah!

(elle sort)

SALUD SALUD
¡Qué alegría, Quelle joie!
Virgen mía! Vierge sainte!
¡Si yo soy una chavala! Oui, j’étais une gamine
¡Ya creía Je croyais
que sin verlo me moría! déjà mourir à ne pas le voir
Y otra vez estoy mu mala... Et voicique le succombe
¡de alegría! à la joie!
¡Qué alegría! Quelle joie!

- Escena 5 - Scène 5
(Paco entre)

SALUD SALUD
¡Paco! ¡Paco! Paco! Paco!

PACO PACO
¡Mi Salud! Salud!

SALUD SALUD
¡Ay, mi Paco! Ah! mon Paco!

PACO PACO (lui prenat les mains)


¡Qué preciosa! Quel enchantement!

SALUD SALUD
¿Quién? ¿Quién? Qui? Qui?

PACO PACO
¡Qué hermosa! Quelle beauté!

SALUD SALUD
¡Dilo! De qui parles-tu!

3
- La vie brève -

PACO PACO
¡Tú! De toi!

SALUD SALUD
Tú no sabes qué susto me has dao si tu savais quelle peur tu m'as faite.
Yo creí que ya tú no venías. J'ai cru que tu ne reviendrais pas!

PACO PACO
Pero ¿es que he tardao? Suis-je donc si en retard?
son las seis como todos los días. Il n'est que six heures, comme tous les jours

SALUD SALUD
¡Ay, qué gusto de verte a mi lao! Quel bonheur de t'avoir près de moi!
Con tus manos guardando las mías. Tes deux mains retenant les miennes.
Con tus ojos hablándome así. Et tes yeux me parlant ainsi!
¡Quién pudiera tener muchas vías, Que ne puis-je avoir plusieurs vies
pa gastarlas mirándome en ti. pour les passer à me regarder en toi

PACO PACO
¡Mi Salud! O Salud!

SALUD SALUD
Tú no sabes Tu ne peux pas savoir
la alegría que tengo le bonheur que j'éprouve,
de mirarte a mi vera, De te voir à mes côtés
de escucharte la voz. De t'entendre parler.
¡Yo, por mí, bailaría! Il me prend des envies
¡Yo, por mi, cantaría! De danser et de rire!

PACO PACO
¡Mi Salud! ¡Alma mía! Ma Salud! Mon âme!

SALUD SALUD
¡Sigue, sigue, por Dios! Continue! Continue, au nom de Dieu!

PACO PACO
¡Nena! Ma chérie!

SALUD SALUD
¡Sigue! Continue!

PACO PACO
¡Gloria! Mon trésor!

SALUD SALUD
¡Sigue! Continue!
Dime, Paco: ¿no es verdad Dis-mai, Paco: c'est bien vrai
que tú nunca, nunca, ¡nunca! Que jamais, non, non, jamais
de Salud te olvidarás? tu n'oublieras a Salud?

PACO PACO
¿Yo? ¡Qué idea! Moi? Quelle idée!

SALUD SALUD
¡Tú! Oui! Toi!

PACO PACO
¡Jamás! Jamais!
Por ti yo desprecio Pour toi je dédaigne
las galas del mundo. Les plaisirs du monde,
¡Lo sabes, chiquilla! Tu le sais bien, mon amour
Te quiero a ti sola. Que tu es la seule que j’aime
La luz de mis sueños La lumière dans mes rêves
es luz de tus ojos. est celle de tes yeux
La miel que yo busco Le miel que je cherche
la guarda tu boca. Tu l'as sur les lèvres!

SALUD SALUD
Sin ti no respiro, Sans toi, je ne vis pas
que el aire me falta. je sens que l’air me manque
Contigo me encuentro A te sentir à mes côtés
mejor que en la gloria, c’est plus que de la joie
¡Pa ti son mis ojos,¡mi Paco!... Je n’ai d’yeux que pour toi, mon Paco!
y el alma, ¡que sube, en un beso, pour toi aussi mon âme, qui sort,
temblando, a mi boca! tremblante, de ma bouche dans un baiser
¡Paco!¡Paco! Paco! Paco!
¡Siempre, siempre juntos! Toujours! Toujours unis!

PACO PACO
¡Mi chavala! Ma chérie!
¡Siempre, siempre tuyo! Toujurs! Toujours avec toi!

4
- La vie brève -

- Escena 6 - Scène 6
(La grand-mère sort de la maison et s'arrête pour contempler les deux fiancés)

LA ABUELA LA GRAND-MERE
Da gloria de verlos... Les voir fait ma joie!

OBREROS OUVRIERS DANS LA FORGE


¡Ande la tarea, Mettons-nous à l’ouvrage
Que hay que trabajar! Il faut travailler
¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! Ah! Ah! Ah!

(Pendant qu'on chante dans la Forge, on voit venir de la rue l'Oncle Sarvaor, vieux gitan, farouche, les
sourcils froncés. Salud et Paco semblent loin de tout.)

LA ABUELA LA GRAND'MERE (qui a vu l'Oncle Sarvaor, le retient)


¿Adónde vas? Où vas-tu?

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¡A matarlo! Le tuer!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¿Luego es verdá? C’est donc vrai?

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¡Como que soy tu hermano! Comme je suis ton frère!
Er domingo se casa Car demain il épouse
con una de su clase y de su casta. Une fille de sa caste et de sa classe;
¡Una niña bastante guapa y, Une fille assez jolie,
además mu rica! et de plus fort riche!
¡Déjame que lo mate! Laisse que je le tue!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡No, por Dios! ¡No más penas! Non, par Dieu! Trop de peines
Hay bastantes Nous accablent.
Vente conmigo, y calma; Viens avec moi; et calme-toi;
¡que yo lo sepa to!... Et que je sache tout!
¡Pobre chavala! Pauvre petite!

(Ils entrent dans la Forge sans qu'on les remarque, en se tournant pour regarder Salud et Paco.)

UNA VOZ EN LA FRAGUA UNE VOIX DANS LA FORGE


¡Malhaya la jembra pobre Malheur à la femme pauvre
que nace con negro sino! Qui nait sous une mauvaise étoile!

PACO PACO
¡Ven mañana! Te aguardo. Viens demain... Je t‘attendrai.
¡No pienses en morir Et ne pense à mourir
más que en mis brazos. que dans mes bras!
Mi chavala! Ma petite!

SALUD, PACO SALUS, PACO


¡Siempre, siempre juntos! Toujours, toujours unis

(La nuit tombe peu à peu)

UNA VOZ EN LA FRAGUA UNE VOIX DANS LA FORGE


¡Ande la tarea, Mettons-nous à l’ouvrage,
Que hay que trabajar! Il faut travailler
¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! Ah! Ah! Ah!

UNA VOZ LEJANA UNE VOIX AU LOIN


¡Ande la tarea! Mettons-nous à l’ouvrage

I NT E R ME DI O I NT E R MÈ DE

ACTO II ACTE II

Premier tableau
Une petite rue à Grenade. Façade latérale de la maison de Carméla et de son frère Manuel. Larges fenêtres
ouvertes par lesquelles on aperçoit le patio et tout le brillant d'une fête très gaie, la fête qui célèbre les
fainçailles de Paco et de Carmela. On voit des guitaristes, des chanteurs et des danseuses.
- Escena 1 - Scène 1

5
- La vie brève -

(Dans la maison)

HUESPEDES LES INVITÉS


¡Loé! ¡Ya! Olé! Olé! Ya!

EL CANTAOR LE CHANTEUR
Yo canto por soleares Ay! le chante des soléares!(1)
a Carmeliya y a Paco Pour Carmela et Paco,
y al recuerdo de sus pares. En mémoire de leurs pères!

INVITADOS LES INVITÉS


¡Viva el nuevo marío! Vive le nouveau marié
¡Con su hermosa mujer! Et sa belle épousée!
¡Viva y viva Carmela! Olé! Olé! Vive Carmela!
¡Viva Paco también! Vive Paco aussi!
¡Olé y olé! Olé! Olé
¡y olé ya! Ay! Olé! Ya!
¡Arsa niñas, Debout les filles
y a bailar! et dansez!
¡Bueno Pepe! Bien Pepe
¡Canta, niño! Chante niño!
¡Sigue, Pepe! Continue Pepe!

EL CANTAOR LE CHANTEUR
¡Voy allá! Très bien, allez-y!
¡Vaya unos ojos serranos! Que tes yeux sont brillant, jeune fille!
¡Entórnalos un poquito Ferme-les un petit peu
pa que pueda yo mirarlos! pour que je puisse les regarder

INVITADOS LES INVITÉS


¡Olé y olé Olé! Olé!
y olé ya! Olé Ya!
¡Arsa niñas, Debout les filles
y a bailar! et dansez

Danz a Dans es

Juste avant que la première dans ne se termine, Salud court à une de fenêtres et regarde avec anxiété dans la maison

SALUD SALUD
¡Allí está riyendo, Il est là! riant!
junto a esa mujé! Avec cette femme!
¡Separao para siempre de mí! Séparé pour toujours de moi!
¡Ya es suya! ¡El es suyo! Elle est sienne! Il est sien!
¡Ay, Dios mío! ¡Ay, mi Virgen! Ah! mon Dieu! Sainte Vierge!
¡Yo me siento morir! Ah, je me sens mourir! ...
(Elle va de nouveau à la fenêtre, décidée à ap-peler, et puis elle se contient encore.)
¡Paco! ¡Paco! ¡No! ¡No! ¡No! Paco! Paco!Non! ... Non! ... Non! ...
¡Qué fatiga! Quelle peine!
¡Qué doló! Quelle douleur!
Unas veces se me para Mon coeur cesse de battre,
y otras veces se dispara puis bat plus vite qu’acant
como loco el corazón. comme un coeur malzde
¡Qué ingrato! ¡Qué ingrato! Quel ingrat! Quel ingrat!
¡Qué habré jecho yo Que lui ai-je fait?
pa que así me muera, Pour mourir ainsi,
pa que así me maten, Pour être tuée ainsi
sin causa nenguna, Sans la moindre cause,
sin ley ni razón? Sans loi ni raison? ...
Toos me lo ocultaban: Tous me le cachaient;
él porque es infame, Lui par infâmie;
¡por piedad los míos! Les autres par pitié
Piensan que me engañan, Ils croient qu'ils me trompent,
que ignoro mi suerte... Que j'ignore mon sort....
¡Dios mío! ¡Dios mío! Dieu juste! Dieu juste!
¡Me siento morir! Je me sens mourir!
¡Pa qué habré nacío! Pourquoi suis-je née
¿pa morirme así? Pour souffrir ainsi?
como el pajarillo solo... Comme l'oiselet solitaire ...
como la flor marchitá Comme la fleur fanée ...
cuando empezaba a vivir... Qui commençait à s'ouvrir! ...
¡Mejor! pa vivir sufriendo Non, Non! Pour vivre en souffrant
con este horrible penar, De cette horrible douleur
¡es mejor, mejor morir! Il vaut mieux, bien mieux mourir!

EL CANTAOR LE CHANTEUR
¡Ay qué mundo y ay qué cosas! Ah! quel monde et que de choses!
¡Y ay qué cara pone el novio Ah! quel visage a le fiancé

1
Chansons andalouses

6
- La vie brève -
mirando la de la novia! Quand il regarde la fiancée! ...

INVITADOS LES INVITÉS


¡Olé! Olé!

SALUD SALUD (avec un élan subit)


¡No! ¡Necesito verle! Non! II faut que je le vois!
¡Basta ya de traición! Ah! c'est assez trahir!
¡Que muera o que él me mate! Qu'il meure ou qu'il me tue!
¡Que muramos los dos! Ou mourons tous les deux!
¡Qué infamia! Quelle infâmie!

- Escena 3 - Scène 3
(La Grand'mère et l'Oncle Sarvaor surviennent. Salud les voit et tombe dans leurs bras)

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¿No te lo dije? Que te disais-je?
¿La ves? Tu vois?

LA ABUELA, SARVAOR LA GRAND'MÈRE, L'ONCLE SARVAOR (avec horreur)


¡Jesú! Jésus!

SALUD SALUD
¡Abuela! Grand'mère!

LA ABUELA LA GRAND-MÈRE (la serrant dans ses bras)


¡Salú! Salud!
¡Llora tú en mis brazos! Pleure dans mes bras!
¡Mi gloria! Ma fille!

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¡Lo ha sabío! Elle sait tout!
(à part)
¡Probe Salú! Pauvre Salud!
¡Probe chavalilla! Ma pauvre petite!
¡Malhaya su vía! Malheur sur sa race!
¡Malhaya su sangre! Malheur sur son âme!
¡Malhaya su suerte! Malheur sur son sort!
¡Malhaya su mare! Malheur sur sa mère!
¡Malhaya su vía! Malheur sur sa vie!
¡Malhaya su vía y su sangre! Malheur sur sa vie et sa race!
Su suerte... ¡Y su mare! Sur son sort.....sur sa mère!

SALUD SALUD
Ya ves que lo supe. Tu vois, je l'ai su.
¿Pa qué te callabas? Pourquoi ces mensonges?
¿Tú has visto el ingrato? Tu vois cet ingrat?
¡Dejarme sin una palabra! Sans un seul mot il me quitte,
¡Tirarme al arroyo! Me jette à la rue!
Pensó de seguro: Il pense sans doute:
"la dejo, y se muere: «Je la quitte; elle meurt;
y así yo me quedo Je n'ai plus de soucis;
sin penas y libre". et je suis enfin libre.»
¡Y acierta el ingrato! L'ingrat a raison!
¡Y acierta el infame! L’infâme a raison!
(changeant soudain de ton)
Sin él yo no vivo. Sans lui je ne peux vivre!
¡Me muero de pena! Je meurs de ma peine!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
Creyó por lo visto, Il croyait sans doute
que ná se sabría, qu’on en saurait rien
¡que al fin con el oro Et que pour finir, avec de l'or
se zurcen las honras! On rachète l'honneur!
Su suerte... ¡Y su mare! Malheur sur sa race......et sur sa mère

INVITADOS LES INVITÉS (dans la maison)


¡Olé! ¡Arsa niñas! Olé! Debout, niñas!
¡Canta Pepe! Chante Pepe!
¡Vamos niñas! Allons, niñas!
¡Olé! ¡Olé! ¡A bailar! Olé! Olé!Dansez donc!

(Bruits confus de rires, de chuchottements)

SALUD SALUD
¡Oye, qué alegres! Ecoute! ces rires!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡Nena, por Dios! Mon enfant, par Dieu!
EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR
¡Vamos adrento Entrons!

7
- La vie brève -

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE (épouvantée)


¡No, Sarvaor!¡Espera! Non; Sarvaor! Arrête!

(Salud croit la voix de Paco au milieu des bruits de la fête)

SALUD SALUD
¡Jesús! ¡Dios Santo! Jésus! Dieu juste!
¡Su voz! ¡Su voz! Sa voix! Sa voix!

LA ABUELA (a Salud) LA GRAND'MÈRE (à Salud)


¡Vente! Viens donc!

SALUD SALUD
¡Su voz maldita! Sa voix maudite!
¡Quiero que escuche Il faut qu'il entende
también la mía! Aussi la mienne!

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE
¡Chavala! Petite!

SALUD SALUD (avec douceur)


¡Calla!... Tais-toi!
(Elle chante auprès d'une fenêtre)
¡Malhaya la jembra pobre Malheur à la femmepauvre
que nace con negro sino! Qui nait sous une mauvaise étoile
(Les bruits de la fête décroissent dans la mai-son, comme si l'on prêtait l'oreille au chant de Salud.)
¡Malhaya quien nace yunque Malheur à qui naît enclume
en vez de nacer martillo! Au lieu d'être né marteau!
(A sa grand-mère, avec tendresse)
¡No llores, abuela! Tu pleures, grand'mère!

LA ABUELA (al Tío Sarvaor) LA GRAND'MÈRE (à l'Oncle Sarvaor)


Yo no voy... Je n'y vais pas!

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¡Yo, sí! Moi, si!

SALUD SALUD
¡Por toas las ventanas Il faudra qu'il m'entende
me tiene que oír! A toutes les fenêtres!
(entraînant à une autre fenêtre la grand'mère et l'Oncle Sarvaor)
¡No preguntes más por ella, Ne demande plus rien d'elle,
ni subas al Albaicín! Ne va plus à l'Albaicin!
¡Se murió, y hasta las piedras Elle est morte; les pierres mêmes
se tién que alzar contra ti! Se lèveront contre toi! ...

CARMELA CARMELA (effrayée)


¿Qué tienes, Paco? Qu'as-tu donc, Paco?
¡Te has puesto blanco! Que tu es pâle!

PACO PACO
No es ná. ¡No es ná.! Non, ce n’est rien, ce n’est rien!

MANUEL MANUEL
¡No es ná te ha dicho! Ce n’est rien, t’a-t-il dit!
(aux invités)
¿Queréis bailar? Voulez-vous danser?

SALUD SALUD (montrant une rue à droite)


¡Por ahí está la puerta! C'est par là que l'on entre!

EL TIO SARVAO L'ONCLE SARVAOR


¡Vamos! ¡Vamos adrentro! Allons-y! Allons-y ensemble!

(L'Oncle Sarvaor et Salud disparaissent rapidement à droite.)

LA ABUELA LA GRAND'MÈRE (avec égarement)


¡Por piedad! ¡No. Salud! Par pitié! Non! Salud!
¡Virgen de las Angustias! Vierge de la Souffrance!
¡Por Dios! ¡Sálvala tú! Dieu bon! Sauvez-la donc!

(Obscurité sur la scène. Changement de décor)

I nt er l udi o I nt er mède

Le patio de la maison de Carmela et de Manuel, où a lieu la fête. Des fleurs; illumination brillante. Au
milieu, une fontaine de marbre. Au fond, une grille praticable; portes à droite et à gauche.

Tableau très animé; les hommes et les femmes, types de gens du peuple aisés, forment des groupes pitto-
resques, vêtus avec recherche. Habits de couleurs voyan-tes, robes claires, châles de Manilla, fleurs à profusion.

8
- La vie brève -

- Escena 2 - Scène 2
Carmela, Manuel et Paco sont ensemble d'un côté; de l'autre, le Chanteur et quelques jeunes gens avec la
guitare. Des couples dansent, que chacun excite de la voix; et du geste. Paco feint la gaîté. Carmela l'observe.

PACO PACO
¡Carmela mía! O ma Carmela!

CARMELA CARMELA
¿Ya estás mejor? Tu te sens mieux?

MANUEL MANUEL
¡No hay más que verle! Mais oui, tu le vois bien.

PACO PACO
Fue que la bulla... C'est ... tout ce bruit ...

MANUEL MANUEL
Con tantas voces... Et tout ce monde.

PACO (para sí) PACO (à part)


¡Era su voz! C'était sa voix! ...

MANUEL MANUEL (avec une noble simplicité, sans se lever)


Feliz me siento Je me sens heureux
¿pa qué negarlo? pourquoi le nier?
ya que el casorio se celebró. maintenant que le mariage se célèbre.
Ustedes gozan Vous vous réjouissez
con tanto amor, de tant d’amour
y yo, el hermano, et moi, le frère
más bien el padre Ou mieux le père
de mi Carmela... de ma Carmela ...
(à Paco)
...también tu hermano Ton frère aussi
desde esta noche, depuis cette nuit,
gracias a Dios. Dieu soit remercié;
¡Estoy gozando Je me réjouis
de la alegría De votre joie
de ustedes dos! à tous les deux!

CARMELA CARMELA
Gracias, Manolo. Merci, Manolo.

MANUEL MANUEL (à Paco)


¿Gracias de ti? Un merci de toi?

PACO (para sí) PACO (à part)


¡Si hubiera sío más precavido! Que n'ai-je été plus avisé!
¡Yo no he debío dejarla así! Je n'aurais pas dû la quitter ainsi!
(remarquant un mouvement de monde auprès de la grille)
¿Qué pasa? Que se passe-t-il?

MANUEL MANUEL
¿Qué es eso? Qu’est-ce que c’est?

CARMELA CARMELA
No sé quién entró J'ignore qui est entré.

PACO (viendo a Salud y al tío Sarvaor avanzar entre los PACO (voyant l'Oncle Sarvaor et Salud s'avancer au
invitados) milieu des invités)
¡Ella aquí! Elle ici!

CARMELA CARMELA (à Paco)


¿Qué tienes? Qu’y a-t-il?

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR (tenant par la main Salud, tremblante


et transie de douleur)
¡A la paz de Dios! La paix de Dieu soit avec vous!

MANUEL MANUEL (à l'Oncle Sarvaor)


¡Qué gracia! Merci.
¿Qué buscan ustedes aquí? Que donc cherchez-vous dans ce lieu?
¿Me quieres decir...? Voulez-vous me dire? ...

INVITADOS LES INVITÉS


¡Mirad qué gitanos! Voyez le gitano!
¡Mirad qué chavala! Voyez la fille!

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


¿No hay baile? On danse?
¿No hay novios? C'est fête?
Nosotros bailamos... Eh bien, nous dansons ...

9
- La vie brève -
Nosotros cantamos... Et puis nous chantons ...

PACO (para sí) PACO (atterré il baisse les yeux. Carmela l'observe avec
anxiété)(à part)
¿Qué buscan aquí? Que veulent-ils bien?

MANUEL MANUEL
¿Tú bailas, abuelo, Tu danses, grand-père,
con esos andares? Avec ces jambes là?

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR


Yo bailo: Je danse;
Yo canto como un ruiseñor; je chante comme un rossignol;
la niña se canta mejor que un jilguero. La petite chante comme un vrai pinson.
¡Niña! Niña!

(Salud dégage sa main et s'éloigne de l'Oncle Sarvaor, avec résolution)

SALUD SALUD
¡No! Non!

TODOS CARMELA, MANUEL, LES INVITÉS


¿Qué dice? Que dit-elle?

PACO (para sí) PACO (à part)


¡Dios santo! Dieu juste!

SALUD SALUD (avec une douloureuse émotion)


¡Yo no vengo a cantar! Je ne viens pas chanter!
¡Yo no vengo a bailar! Je ne viens pas danser!
(montrant Paco)
Vengo a ver a ese hombre, Je viens pour voir cet homme,
pa pedirle, ¡por Dios! que me mate Et lui dire, pour Dieu, qu'il me tue,
¡que me acabe, por fin, de matar! Qu'il achève enfin de me tuer!

PACO (dejando escapar el nombre) PACO (laissant échapper le nom)


¡Salud! Salud!

MANUEL, CARMELA (sorprendidos) CARMELA ET MANUEL (surpris)


¡Paco! Paco!

EL TIO SARVAOR L'ONCLE SARVAOR (avec angoisse)


¡Salud! Salud!

SALUD SALUD
¡Me perdió! Il m'a perdue!
¡Me engañó! Il m'a trompée!
¡Me dejó! Il m'a quittée!
¡Debe haber entodavía en mi casa Dans ma chambre frémissent encore
algún eco que guarde sus dulces Les échos de sa voix
palabras de amor...! Murmurant ses paroles d’amour!

PACO PACO
¿Yo? Moi?

SALUD SALUD
¡Tú! ¡Tú! Toi! Toi!
¡Lo juro por la crú Je le jure par la croix
donde Jesú murió! Où le Seigneur est mort!

PACO PACO
¡Mientes! ¡Echadla! Tu mens! Qu'on la chasse!

EL TIO SARVAOR L’ONCLE SARVAOR


¡Paco! Paco!

MANUEL, CARMELA MANUEL, PAMELA


¡Paco! ¡Por Dios! Paco! Pour l’amour de Dieu

SALUD SALUD
¿A mí?... ¡Tú! C’est toi qui me dis çà? Toi?
¡Me ahogo!... ¡Me muero!... J'étouffe! ... Je meurs! ...
(elle va vers Paco, avec une immense tendresse)
¡Paco!... Paco!

(Salud chancelle et tombe raide morte.)

EL TIO SARVAOR L’ONCLE SARVAOR


¡Muerta! Elle est morte!

TODOS TOUS
¡Muerta! ¡Jesús! ¡Jesús! Morte! Jésus! Jésus!

10
- La vie brève -

LA ABUELA (apareciendo y gritando como loca) LA GRAND'MÈRE (venant de loin, s'approchant peu à peu et
paraissant à la grille, l'air d'une folle avec un cri
déchirant)

¡Salud! ¡Nena! ¡Mi gloria! Salud! Ma fille! Ma vie!


¡Alma mía! Mon âmes
(apercevant Salud)
¡Qué horror! Quelle horreur
(avec égarement, à Paco)
¡Ah, Infame! ¡Falso! ¡Judas! Ah! Infâme, Traître! Judas!

EL TIO SARVAOR L’ONCLE SARVAOR


¡Judas! Judas!

TELÓN RIDEAU

11

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