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FEUILLE 2 : ESPACES VECTORIELS

1. Dans l’espace F(R,R) de toutes les fonctions définies sur R à valeurs réelles, muni des
lois usuelles, étudier si les ensembles suivants sont des sous-espaces vectoriels :

F0 = {f | f (0) = 0} , F0,1 = {f | f (0) = 0 et f (1) = 0 }

F1 = {f | f (0) = 1} , C1 = {f continue croissante}

S = {f deux fois dérivable | f 00 + f = 0} , S 0 = {f dérivable | f 0 + f 2 = 0}

B = {f bornée} , Bn = {f | ∀ x , |f (x)| ≤ n}

R1
 
I= f continue | f (t) dt = 0 , Kn = {f continue | ∀ x, |x| ≥ n =⇒ f (x) = 0}
0
   
E` = f continue | lim f (x) = ` , E∞ = f continue | lim f (x) = +∞
x7→±∞ x7→±∞

En inventer d’autres.

2. On considère l’espace vectoriel F(N,R) des suites de nombres réels.

(a) Montrer que l’ensemble des suites qui convergent vers zéro est un sous-espace vectoriel.
(b) Montrer que l’ensemble des suites bornées est un sous-espace vectoriel.
(c) L’ensemble des suites convergentes est-il un sous-espace vectoriel?
(d) Trouver d’autres exemples de sous-espaces.

3. Etant données a et b réels fixés, on considère les ensembles suivants :

A = {(un )n≥0 | ∀ n ∈ N , un+1 = aun } B = {(un )n≥0 | ∀ n ∈ N , un+2 = aun+1 + bun }

C = {(un )n≥0 | ∀ n ∈ N , un+1 = nun } D = {(un )n≥0 | ∀ n ∈ N , un+1 = (an + b)un }


 
n an + b
E= (un )n≥0 | ∀ n ∈ N , un+2 = un+1 + un
n+1 n+2
(a) Montrer que ce sont des sous-espaces vectoriels de l’espace des suites.
(b) Montrer qu’ils sont de dimension finie et donner la dimension de chacun d’eux.

4. On considère l’ensemble AI des fonctions définies sur R affines par intervalles. Ce sont
des fonctions f continues dont le graphe est constitué d’un nombre fini de segments de droite,
(courbe polygonale). Une telle fonction est donc dérivable sauf aux points d’un ensemble fini
Af = {a1 , . . . ,an } (où la courbe possède un “angle”).

1
(a) Montrer que l’ensemble des fonctions affines par intervalle est un sous-espace vectoriel de
F(R,R). (Vérifier en particulier que Af +g ⊂ Af ∪ Ag ).

(b) Si A est un ensemble fini, soit AI A l’ensemble des fonctions affines par intervalle telles que
Af ⊂ A. Montrer que AI A est un sous-espace vectoriel de AI.

(c) Soit e0 , e1 et, si a est un réel, fa les fonctions définies par e1 (x) = x , e0 (x) = 1 et
a (x) = |x − a| .
Montrer que ce sont des éléments de AI.

(d) Déterminer AI ∅ . Quelle est sa dimension?

(e) Si A = {a1 , . . . ,an }, montrer que tout élément f de AI A s’écrit de manière unique sous la
forme
X n
f = λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak où λ0 , . . . ,λn+1 sont des nombres réels .
k=1

(Pour montrer l’existence on pourra procéder par récurrence en ajoutant à f une fonction ea
qui supprime un “angle” de la courbe.
Pour montrer que le système est libre on pourra calculer les dérivées, à gauche et à droite d’un
n
P
point a de A, d’une combinaison linéaire λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak = 0).
k=1

En déduire que AI A est un espace vectoriel de dimension finie dont on donnera une base et la
dimension.

(f) L’espace AI est-il de dimension finie?

(g) Trouver la décomposition, comme combinaison


des fonctions e0 , e1 , et fa (a ∈ R),
linéaire
des fonctions x 7→ sup(1,x) et x 7→ |x − α| − |x − β| (α et β réels distincts fixés).

5. Vérifier que les systèmes de vecteurs suivants sont des bases de R2 et trouver les
matrices de passage d’une de ces bases à une autre.
           
1 1 2 1 1 2
B1 = , , B2 = , , B3 = , .
1 0 1 −2 −1 −1

6. a) Vérifier que les systèmes de vecteurs suivants sont des bases de R3 et trouver les
matrices de passage d’une de ces bases à l’autre.
           
1 1 1 1 1 1
B1 = 1 , 0 , 1 , B2 = 0 , 1 , 1 .
0 1 1 0 0 1
 
1
b) Soit X = −3. Ecrire ses coordonnées dans B1 et dans B2 .
2
c) Soit X un vecteur de R3 dont les coordonnées dans B1 sont (1,2, − 3). Quelles sont ses coor-
données dans B2 ? Dans la base canonique ?

2
7. (a) Dans R[X] on donne les polynômes

P1 (X) = X(X − 1)(X − 2) , P2 (X) = X(X − 2)(X − 3) ,

P3 (X) = X(X − 1)(X − 3) , P4 (X) = (X − 1)(X − 2)(X − 3) .


Forment-ils un système libre?

(b) Même question avec les polynômes

Q1 (X) = (X − 1)3 , Q2 (X) = (X − 1)2 (X − 2) , Q3 (X) = (X − 1)(X − 2)2 , Q4 (X) = (X − 2)3 .

8. (a) Dans F(R,R) on donne les fonctions fi définies par

f1 (x) = 1 , f2 (x) = sin x , f3 (x) = cos x , f4 (x) = sin 2x , f5 (x) = cos 2x .

Forment-elles un système libre ? Que peut-on dire de l’ensemble A des fonctions f de la forme
5
P
f= λi fi où λ1 , . . . ,λ5 sont réels ?
i=1

(b) Soit g : x −→ 1 + sin x + sin 2x. Le système formé de g et de ses 4 premières dérivées est-il
une base de A?

(c) Même question avec h : x −→ cos x + cos 2x.

3
Corrigé
1. Il s’agit de tester si les sous-ensembles de F(R,R) proposés contiennent la fonction nulle, et
sont stables par addition et multiplication par un scalaire.

F0 La fonction 0 appartient à F0 . Si f et g sont dans F0 et λ dans R, alors

(f + g)(0) = f (0) + g(0) = 0 et (λf )(0) = λf (0) = 0 ,

donc f + g et λf sont dans F0 qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

F1 La fonction 0 n’appartient pas à F1 qui n’est donc pas un sous-espace vectoriel de


F(R,R).

S La fonction 0 appartient à F0 . Si f et g sont dans S et λ dans R, alors f et g sont deux


fois dérivables, donc f + g et λf également, et

(f + g)00 + (f + g) = f 00 + g 00 + f + g = (f 00 + f ) + (g 00 + g) = 0 ,

ainsi que
(λf )00 + (λf ) = λf 00 + λf = λ(f 00 + f ) = 0 .
Donc f + g et λf sont dans S qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

B La fonction 0 est bornée. Si f et g sont bornées, il existe des nombres K1 et K2 tels que,
quel que soit x réel,
|f (x)| ≤ K1 et |g(x)| ≤ K2 ,
donc
|(f + g)(x)| = |f (x) + g(x)| ≤ |f (x)| + |g(x)| ≤ K1 + K2 ,
et
|(λf )(x)| = |λf (x)| = |λ| |f (x)| ≤ |λ|K1 .
Les fonctions f + g et λf sont bornées, donc S est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

I La fonction 0 est continue et son intégrale sur [ 0, 1 ] est nulle. Elle appartient donc à I.
Si f et g sont dans I et λ dans R, alors f et g sont continues, donc f + g et λf également, et
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
(f + g)(t) dt = (f (t) + g(t)) dt = f (t) dt + g(t) dt = 0 ,
0 0 0 0

ainsi que Z 1 Z 1 Z 1
(λf )(t) dt = λf (t) dt = λ dt = 0 .
0 0 0
Donc f + g et λf sont dans I qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

E` Si ` 6= 0, la fonction 0 n’appartient pas à E` qui n’est donc pas un sous-espace vectoriel


de F(R,R).

Si ` = 0, la fonction 0 est dans E` . Si f et g sont dans E0 et λ dans R, alors

lim (f + g)(x) = lim (f (x) + g(x)) = lim f (x) + lim g(x) = 0 ,


x→±∞ x→±∞ x→±∞ x→±∞

5
et
lim (λf )(x) = lim (λf (x)) = λ lim f (x) = 0 ,
x→±∞ x→±∞ x→±∞

donc f + g et λf sont dans E0 qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

F0,1 La fonction 0 appartient à F0,1 . Si f et g sont dans F0,1 et λ dans R, alors

(f + g)(0) = f (0) + g(0) = 0 et (λf )(0) = λf (0) = 0 ,

ainsi que
(f + g)(1) = f (1) + g(1) = 0 et (λf )(1) = λf (1) = 0 ,
donc f + g et λf sont dans F0,1 qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

C1 Si l’on prend la fonction f : x → x qui est continue et croissante et λ = −1, la fonction


λf n’est plus croissante. Donc C1 n’est pas un sous-espace vectoriel de F(R,R).

S0 On pourrait penser que ce n’est pas un sous-espace vectoriel, car, si f est une fonction
non nulle de S 0 , la fonction −f n’est pas dans S 0 . Mais en fait on montre ci-dessous, que la seule
fonction de S 0 est la fonction nulle et donc que S 0 est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

Soit f dans S 0 . Posons N = {x ∈ R | f (x) = 0}. On a f 0 = −f 2 ≤ 0, donc f est décroissante.


Alors l’ensemble N est un intervalle fermé ou est vide.

Si N 6= R, c’est-à-dire si f n’est pas la fonction nulle, le complémentaire de N est un intervalle


ouvert, ou la réunion de deux intervalles ouverts.
Si I est un intervalle ouvert inclus dans le complémentaire de N , on a, pour tout t de I,

f 0 (t)
− =1,
f (t)2

donc, si α appartient à I,
x
f 0 (t) x
Z Z
− dt = dt ,
α f (t)2 α
ce qui donne
1 1
− =x−α .
f (x) f (α)
En posant λ = α + 1/f (α), on a
1
f (x) = .
x−λ
En particulier, λ n’appartient pas à I puisque la fonction f n’est pas définie en λ. Donc I n’est
pas R tout entier, et N n’est pas vide.

Supposons par exemple que N = [ a, b ] , et prenons I = ] b, +∞ [ . La fonction f est continue en


b et f (b) = 0. Sur ] b, +∞ [ , on a alors
1
f (x) = .
x−λ
Mais alors
1
lim f (x) = 6= 0 ,
x→b b−λ

6
ce qui donne une contradiction puisque f est continue et nulle en b.

Le même raisonnement par l’absurde peut être fait si N = [ a, +∞ [ ou N = ] −∞, b ] .

Il en résulte que N = R, et donc que f est la fonction nulle.

Bn Si n = 0, alors B0 ne contient que la fonction 0, et c’est donc un sous-espace vectoriel


de F(R,R).

Si n 6= 0, et si l’on prend la fonction constante f : x → n, et λ = 2, alors λf n’est pas dans Bn


qui n’est donc pas sous-espace vectoriel de F(R,R).

Kn La fonction 0 appartient à Kn . Si f et g sont dans Kn et λ dans R, alors, pour tout x


tel que |x| ≥ n, on a

(f + g)(x) = f (x) + g(x) = 0 et (λf )(x) = λf (x) = 0 ,

donc f + g et λf sont dans Kn qui est bien un sous-espace vectoriel de F(R,R).

E∞ La fonction 0 n’est pas dans E∞ qui n’est donc pas un sous-espace vectoriel de F(R,R).

2. Il s’agit de tester si les sous-ensembles de F(N,R) proposés contiennent la suite nulle, et


sont stables par addition et multiplication par un scalaire.

(a) La suite 0 appartient à F0 . Si u et v convergent vers 0 et si λ appartient à R, alors

lim(u + v) = lim u + lim v = 0 et lim(λu) = λ lim u = 0 ,

donc u + v et λu ont pour limite 0, et le sous-ensemble des suites qui convergent vers 0 est bien
un sous-espace vectoriel de F(R,R).

(b) La suite 0 est bornée. Si u et v sont bornées, il existe des nombres K1 et K2 tels que, quel
que soit n entier naturel,
|un | ≤ K1 et |vn | ≤ K2 ,
donc
|(u + v)n | = |un + vn | ≤ |un | + |vn | ≤ K1 + K2 ,
et
|(λu)n | = |λun | = |λ| |un | ≤ |λ|K1 .
Les suites u + v et λu sont bornées. L’ensemble des suites bornées est bien un sous-espace vec-
toriel de F(N,R).

(c) On sait que la somme de deux suites convergentes est convergente, et que si u est conver-
gente et λ réel la suite λu est aussi convergente. Donc l’ensemble des suites convergentes est un
sous-espace vectoriel de F(N,R).

7
3. A, C, D Les ensembles A, C, D, sont du même type : une suite (an )n≥0 étant donnée, on
considère l’ensemble
U = {(un )n≥0 | ∀n ∈ N , un+1 = an un } .
La suite nulle appartient à U. Si u et v appartiennent à U et si λ appartient à R, alors, pour
tout entier n ≥ 0,

un+1 + vn+1 = an (un + vn ) et λun+1 = an (λun ) ,

donc u + v et λu appartiennent à U qui est bien un sous-espace vectoriel de F(N,R).

Si u appartient à U, on a alors, pour tout entier n ≥ 1,

un = (an−1 an−2 · · · a0 )u0 .

Si l’on définit une suite α en posant



an−1 an−2 · · · a0 si n ≥ 1
αn = ,
1 si n = 0

on a alors u = u0 α.

La suite α appartient à U, et tout élément de U est un multiple de α. Il en résulte que U est un


sous-espace vectoriel de dimension 1 de F(N,R), dont une base est α. On peut préciser la base
dans les trois exemples suivants :

A αn = an

C α0 = 1 et si n ≥ 1, on a αn = 0

D α0 = 1 et si n ≥ 1, on a αn = (an + b)(a(n − 1) + b) · · · (a + b)a

B, E Les ensembles B et E sont du même type : deux suites (an )n≥0 et (bn )n≥0 étant données,
on considère l’ensemble

V = {(un )n≥0 | ∀n ∈ N , un+2 = an un+1 + bn un } .

La suite nulle appartient à V. Si u et v appartiennent à V et si λ appartient à R, alors, pour


tout entier n ≥ 0,

un+2 + vn+2 = an (un+1 + vn+1 ) + bn (un + vn ) et λun+1 = an (λun+1 ) + bn (λun ) ,

donc u + v et λu appartiennent à V qui est bien un sous-espace vectoriel de F(N,R).

Posons    
an bn un+1
An = et Un = .
1 0 un
Alors, si u appartient à V, on a, si n ≥ 0,
      
un+2 an un+1 + bn un an bn un+1
Un+1 = = = = AUn ,
un+1 un+1 1 0 un

donc
Un = An−1 · · · An U0 .

8
Et inversement si la suite (Un )n≥0 vérifie la relation ci-dessus, la suite u appartient à V.
En notant   
αn βn An−1 · · · A0 si n ≥ 1
Bn = = ,
γn δn I si n = 0
on a donc   
αn βn u1
Un = Bn U0 = ,
γn δn u0
et, si n ≥ 0, on en déduit que
un = γn u1 + δn u0 .
On a donc trouvé deux suites γ et δ telles que u = u1 γ + u0 δ. Les suites γ et δ forment un
système générateur de V.
 
1
Les suites γ et δ sont dans V. La première provient de la donnée U0 = , et la seconde de la
0
 
0
donnée U0 = .
1
   
1 0 a0 b0
Remarquons que B0 = I = et B1 = A0 = on en déduit donc
0 1 1 0

γ0 = 0 , γ1 = 1 , δ0 = 1 , δ1 = 0.

Alors, si l’on a pour tout n la relation

λγn + µδn = 0 ,

on en déduit µ = 0, en prenant n = 0, et λ = 0 en prenant n = 1. Il en résulte que les suites γ


et δ forment un système libre de V. Elles forment donc une base et V est de dimension 2.

4. (a) La fonction nulle appartient à AI et AO = ∅.


Soit f et g dans AI, elles sont continues sur R donc f + g aussi. Notons A = Af ∪ Ag . Si cet
ensemble est vide, f et g sont affines sur R donc f + g aussi, et f + g est dans AI. Si A n’est
pas vide, c’est un ensemble fini {α1 , . . . ,αp }, et f et g sont affines sur les intervalles ] −∞, α1 ] ,
[ αp , +∞ [ , et, pour tout i compris entre 1 et p − 1, sur [ αi , αi+1 ] . Il en est de même de leur
somme. Donc f + g est dans AI et de plus Af +g ⊂ Af ∪ Ag .

Si λ est un réel non nul, et si f est dans AI, la fonction λf est continue sur R. Par ailleurs λf
est affine sur les mêmes intervalles que f et donc λf appartient à AI et Aλf = Af .

Il en résulte que AI est un sous-espace vectoriel de F(R,R).

(b) D’après ce qui précède, la fonction nulle appartient à AI A car AO = ∅ ⊂ A.

Si f et g sont dans AI A , on a les inclusions

Af +g ⊂ Af ∪ Ag ⊂ A ∪ A = A ,

donc f + g est dans AI A

Si λ est un réel non nul, et si f est dans AI A , alors Aλf = Af ⊂ A.

9
Il en résulte que AI A est un sous-espace vectoriel de AI.

(c) Les fonctions e0 et e1 sont continues et affines sur R donc appartiennent à AI et les en-
sembles Ae0 et Ae1 sont vides.

La fonction fa , est continue sur R, et affine sur ] −∞, a ] sur lequel f (x) = a−x, et sur [ a, +∞ [
sur lequel f (x) = x − a, elle appartient aussi à AI, et Afa = {a}.

(d) Les fonctions de AI ∅ sont les fonctions affines sur R, ce sont donc les fonctions polynômes
de degré au plus 1, qui forment un sous-espace de dimension 2 ayant pour base (e0 ,e1 ).

(e) Montrons par récurrence la propriété Pn suivante :

pour tout sous-ensemble de R à n éléments A = {a1 , . . . ,an } (avec a1 < a2 < · · · < an ), toute
fonction f de AI A peut s’écrire sous la forme
n
X
f = λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak où λ0 , . . . ,λn+1 sont des nombres réels .
k=1

La propriété est vraie si n = 0 d’après (d). Supposons la propriété vraie à l’ordre n, et montrons
qu’elle est vraie à l’ordre n + 1. Soit un ensemble à n + 1 éléments A = {a1 , . . . ,an ,an+1 }, avec
a1 < · · · < an < an+1 , et f dans AI A . On a donc en particulier

α(x − an+1 ) + f (an+1 ) si x ∈ [ an , an+1 ]
f (x) = .
β(x − an+1 ) + f (an+1 ) si x ∈ [ an+1 , +∞ [

Cherchons une valeur λ pour que f + λfan+1 soit dérivable en an+1 (ce qui supprime l’angle en
an+1 ). On a donc

(α − λ)(x − an+1 ) + f (an+1 ) si x ∈ [ an , an+1 ]
f (x) + λfan+1 (x) = ,
(β + λ)(x − an+1 ) + f (an+1 ) si x ∈ [ an+1 , +∞ [
et il suffit de choisit λ tel que α − λ = β + λ, soit λ = 12 (α − β). Alors, la fonction g définie par

1
g = f + (α − β)fan+1 ,
2
est telle que Ag ⊂ A0 = {a1 , . . . ,an }. On peut donc appliquer l’hypothèse de récurrence à A0 et
à g. La fonction g se décompose sous la forme
n
X
g(x) = λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak .
k=1

Alors
n
X 1
f (x) = λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak − (α − β)fan+1 ,
2
k=1

ce qui donne une décomposition de f .

La propriété est vraie au rang n + 1, et donc pour tout entier n.

Pour démontrer l’unicité, il suffit de démontrer que le système (e0 ,e1 ,fa1 , . . . fan ) est libre. C’est
vrai si n = 0. On suppose dans ce qui suit que n ≥ 1. Posons

10
n
X
ϕ = λ0 e0 + λ1 e1 + λk+1 fak .
k=1

Si la fonction ϕ est la fonction nulle, et si 1 ≤ k ≤ n, regardons la fonction à gauche et à droite


de ak :

Si x < ak on a
k
X n
X
ϕ(x) = λ0 + λ1 x + λi+1 (ai − x) + λi+1 (x − ai ) = 0 ,
i=1 i=k+1

et donc, en dérivant, on obtient la dérivée à gauche en ak :


k
X n
X
ϕ0g (ak ) = λ1 − λi+1 + λi+1 = 0 .
i=1 i=k+1

Si x > ak on a
k−1
X n
X
ϕ(x) = λ0 + λ1 x + λi+1 (ai − x) + λi+1 (x − ai ) = 0 ,
i=1 i=k

et donc, en dérivant, on obtient la dérivée à droite en ak :


k−1
X n
X
ϕ0d (ak ) = λ1 − λi+1 + λi+1 = 0 .
i=1 i=k

On obtient alors

ϕ0d (ak ) − ϕ0g (ak ) = 2λk+1 = 0 .


Donc si 1 ≤ k ≤ n, on a λk+1 = 0. Alors

0 = λ0 e0 + λ1 e1 ,

et comme (e0 ,e1 ) est un système libre, on a également λ0 = λ1 = 0. Il en résulte que (e0 ,e1 ,fa1 , . . . fan )
est un système libre.

Alors ce système est une base de AI A , qui est donc un espace vectoriel de dimension n + 2.

(f) L’espace AI ne peut pas être de dimension finie. En effet s’il existait un système générateur
(f1 , . . . ,fk ) toute combinaison linéaire f serait telle que Af ⊂ Af1 ∪ · · · ∪ Afk , et serait dérivable
sauf éventuellement aux points de A = Af1 ∪ · · · ∪ Afk . Donc, si a n’est pas dans A la fonction
fa n’appartient pas à l’espace engendré par (f1 , . . . ,fk ). On a donc une contradiction.

(g) Posons 
1 si x ≤ 1
f (x) = .
x si x ≥ 1
Cette fonction se décompose sous la forme

(a − c)x + (b + c) si ≤ 1
f (x) = ax + b + c|x − 1| = .
(a + c)x + (b − c) si ≥ 1

11
On a donc, en identifiant, 

a−c=0
b+c=1

,

a +c=1
b−c=0

d’où a = c = b = 1/2, et
1
f = (e0 + e1 + f1 ) .
2
Prenons maintenant
g(x) = |x − α| − |x − β| ,
en supposant β > α par exemple. C’est un élément de AI. Alors sa valeur absolue l’est aussi. En
effet si l’on trace le graphe de g, celui de h est obtenu en gardant la partie de la courbe située au
dessus de l’axe Ox, et en prenant le symétrique par rapport à Ox de la partie de la courbe située
sous l’axe Ox. La nouvelle courbe peut posséder des angles lorsque g s’annule. Donc, comme g
s’annule pour γ = (α + β)/2, on va pouvoir écrire

α + β
|g(x)| = ax + b + c|x − α| + d|x − β| + e x − .
2

En remarquant que
|g(α + β − x)| = |g(x)| ,
on a donc
α + β
|g(x)| = a(α + β − x) + b + c|x − β| + d|x − α| + e x − ,
2
et par unicité on en tire a = 0 et c = d. Donc

α + β
|g(x)| = b + c|x − α| + c|x − β| + e x − .
2
 
On remarque aussi que g α+β
2 = 0, donc en remplaçant dans la formule précédente

0 = b + c(β − α) .

Comme |g(α)| = β − α, on trouve

β−α
β − α = b + c(β − α) + e .
2
On en déduit donc que e = 2 et que b = c(α − β).

Enfin, lorsque x ≥ β, on a |g(x)| = β − α. Mais


 
α+β
|g(x)| = −c(β − α) + c(x − α) + c(x − β) + 2 x − ,
2

et le coefficient de x dans cette expression doit être nul, donc 2c+e = 0, d’où c = −1 et b = β −α.
Finalement
α + β
|g(x)| = β − α − |x − α| − |x − β| + 2 x −
.
2

12
5. Dans cet exercice on vérifie que le rang de la matrice est 2 par la méthode du pivot. On
a besoin ensuite de calculer son inverse. Les deux opérations seront faites en même temps en
faisant un pivot sur le tableau formé de la matrice des vecteurs donnés et de la matrice I.

Base B1


1 1 1 0 0 1 1 −1
=⇒
1 0 0 1 1 0 0 1
On a bien trouvé deux pivots, ce qui signifie que B1 est une base de R2 .

Pour trouver A−1


1 , il reste à permuter les deux lignes pour transformer la matrice de gauche en
la matrice I. Celle de droite sera alors A−1
1 .

0 1 1 −1 1 0 0 1
=⇒
1 0 0 1 0 1 1 −1
 
0 1
D’où A−1
1 = .
1 −1
Base B2


2 1 1 0 0 5 1 −2 0 5 1 −2
=⇒ 0 1 =⇒ 1

1 −2 0 1
1 −2 0 2/5 1/5

On a bien trouvé deux pivots, ce qui signifie que B2 est une base de R2 .

Pour trouver A−1


2 , il reste à permuter les deux lignes et à diviser chacune par son pivot pour
transformer la matrice de gauche en la matrice I. Celle de droite sera alors A−1
2 .

0 5 1 −2 1 0 2/5 1/5
=⇒
1 0 2/5 1/5 0 1 1/5 −2/5
 
2/5 1/5
D’où A−1
2 = .
1/5 −2/5
Remarque : si l’on calcule A22 on obtient 5I et l’on pouvait en déduire que A−1
2 = A2 /5.

Base B3


1 2 1 0 1 2 1 0 1 0 −1 −2
=⇒ =⇒
−1 −1 0 1 0 1 1 1 0 1 1 1
On a bien trouvé deux pivots, ce qui signifie que B2 est une base de R2 .

Comme la matrice
 de gauche
 est la matrice I, celle de droite sera alors A−1
3 .
−1 −2
D’où A−1
3 = .
1 1

13
On obtient alors facilement les matrices de changement de passage :

 
1 −2
de B1 à B2 A−1
1 A2 =
1 3 
−1 −1
de B1 à B3 A−1
1 A3 =
2 3 
1/5 3/5
de B2 à B3 A−1
2 A3 =
3/5 4/5 
3/5 2/5
de B2 à B1 A−1
2 A1 =
−1/5 1/5

−3 −1
de B3 à B1 A−1
3 A1 =
2 1
−4 3
de B3 à B2 A−1
3 A2 =
3 −1

6. Dans cet exercice on vérifie que le rang de la matrice est 3 par la méthode du pivot. On
a besoin ensuite de calculer son inverse. Les deux opérations seront faites en même temps en
faisant un pivot sur le tableau formé de la matrice des vecteurs donnés et de la matrice I.

a) Base B1


1 1 1 1 0 0 1 1
1 0
1 0
1 0 1 0 1 0 =⇒ 0 −1 1
−1 0 0 =⇒

0 1 1 0 0 1 0 0 0
1 1 1

1 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 −1
0 −1 0 −1 1 0 =⇒ 0 −1 0 −1 1 0
0 0 1 −1 1 1 0 0 1 −1 1 1
On a bien trouvé trois pivots, ce qui signifie que B1 est une base de R3 .

Pour trouver A−1


1 , il reste à changer le signe de la deuxième ligne pour transformer la matrice
de gauche en la matrice I. Celle de droite sera alors A−11 .
 
1 0 −1
D’où A−1
1 =
 1 −1 0 .
−1 1 1
Base B2


1 1 1 1 0 0 1 0 0 1 −1 0 1 0 0 1 −1 0

0 1 1 0 1 0 =⇒ 0 1 1 0 1 0 =⇒ 0 1 0 0 1 −1

0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1

La matrice I apparaı̂t à gauche, donc la matrice de droite est A−1


2 .
 
1 −1 0
−1
D’où A2 = 0 1
 −1.
0 0 1

14
La matrice de passage de B1 à B2 est alors
 
1 1 0
A−1
1 A2 =
 1 0 0 ,
−1 0 1
et la matrice de passage de B2 à B1 est alors
 
0 1 0
A−1
2 A1 =
1 −1 0 .
0 1 1

b) La matrice des coordonnées d’un vecteur X dans Bi est donnée par Xi = A−1
i X. Donc,
 
−1
dans B1 on a X1 = A−1 1 X =  4 ;
−2
 
4
dans B2 on a X2 = A−1 2 X =  −5  .
2
 
1
0
c) Si X1 =  2  est la matrice des coordonnées de X dans la base B1 , la matrice des coor-
−3
données dans la base canonique est donnée par
 
0
X20 = A1 X10 = −2 ;
−1

la matrice X20 des coordonnées de X dans la base B2 est donnée par


   
0 2
00 −1 0 −1 0 −1 
X 2 = A2 A1 X 1 = A2 X 2 = A2 −2 = −1 .
 
−1 −1

7. (a) Posons
P (X) = λ1 P1 (X) + λ2 P2 (X) + λ3 P3 (X) + λ4 P4 (X) ,
On a alors
P (0) = −6λ4 , P (1) = 2λ2 , P (2) = −2λ3 , P (3) = 6λ1 .
Alors si P est le polynôme nul, on a en particulier P (0) = P (1) = P (2) = P (3) = 0, d’où l’on
déduit λ1 = λ2 = λ3 = λ4 = 0. Donc le système (P1 ,P2 ,P3 ,P4 ) est un système libre de R[X].

(b) Posons
Q(X) = λ1 Q1 (X) + λ2 Q2 (X) + λ3 Q3 (X) + λ4 Q4 (X) ,
On a alors
Q(1) = −λ4 , Q(2) = λ1 .
Alors si Q est le polynôme nul, on a en particulier Q(1) = Q(2) = 0, d’où l’on déduit λ1 = λ4 = 0.
Il reste alors
λ2 Q2 (X) + λ3 Q3 (X) = 0 .
On peut diviser par (X − 1)(X − 2) et l’on obtient

R(X) = λ2 (X − 1) + λ3 (X − 2) = 0 .

15
Mais alors R(1) = −λ3 = 0 et R(2) = λ2 = 0. Finalement λ1 = λ2 = λ3 = λ4 = 0. Donc le
système (Q1 ,Q2 ,Q3 ,Q4 ) est un système libre de R[X].

8. (a) Posons

f (x) = λ1 f1 (x) + λ2 f2 (x) + λ3 f3 (x) + λ4 f4 (x) + λ5 f5 (x) .

On suppose que f est la fonction nulle. On a en particulier

f (0) = λ1 + λ3 + λ5 = 0
f (π) = λ1 − λ3 + λ5 = 0
f (π/2) = λ1 + λ2 − λ5 = 0
f (−π/2) = λ1 − λ2 − λ5 = 0

En soustrayant la deuxième ligne de la première et la quatrième de la troisième, on en déduit


λ2 = λ3 = 0.

En reportant dans la première ligne et dans la troisième, on trouve alors

λ1 + λ5 = 0 et λ1 − λ5 = 0 .

On en déduit λ1 = λ5 = 0. Il reste alors

f (x) = λ4 f4 (x) = 0 ,

et donc λ4 = 0.

L’ensemble A est le sous-espace vectoriel de F(R,R) engendré par les fonctions f1 ,f2 ,f3 ,f4 ,f5 .
Il est donc de dimension 5.

(b) On a
g = f1 + f2 + f4 ,
donc en dérivant

g 0 = f3 + 2f5 , g 00 = −f2 − 4f4 , g (3) = −f3 − 8f5 , g (4) = f2 + 16f4 .

Le système (g,g 0 ,g 00 ,g (3) ,g (4) ) a donc pour matrice dans la base (f1 ,f2 ,f3 ,f4 ,f5 ) :
 
1 0 0 0 0
1 0 −1 0 1
 
M = 0 1 0 −1 0  .

1 0 −4 0 16
0 2 0 −8 0

En effectuant un pivot sur cette matrice

     
1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0

 1 0 −1 0 1
0
 0 −1 0 1
0 0
 −1 0 1 

 0 1 0 −1 0  =⇒ 0
 1 0 −1 0 
 =⇒ 0 1
 0 −1 0  =⇒
 1 0 −4 0 16  0 0 −4 0 16  0 0 −4 0 16
0 2 0 −8 0 0 2 0 −8 0 0 0 0 −6 0

16
   
1 0 0 0 0 1 0 0 0 0
0
 0 −1 0 1 
0
 0 −1 0 0 

0
 1 0 −1 0  =⇒ 0
 1 0 0 0  .

0 0 0 0 12  0 0 0 0 12 
0 0 0 −6 0 0 0 0 −6 0
On a donc 5 pivots, et le système (g,g 0 ,g 00 ,g (3) ,g (4) ) est libre. C’est donc aussi une base de A.

(c) On a
h = f3 + f5 ,
donc en dérivant

h0 = −f2 − 2f4 , h00 = −f3 − 4f5 , h(3) = f2 + 8f4 , h(4) = f3 + 16f5 .

La matrice du système (h,h0 ,h00 ,h(3) ,h(4) ) a donc une première ligne formée de zéros. Le rang
sera au plus 4, et le système (h,h0 ,h00 ,h(3) ,h(4) ) n’est pas une base de A.

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