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[01/04/15]
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1. INT-JOUR – MONASTÈRE.
Une main qui trace lentement, à la plume, de fnes lignes rouges sur une feuille de
parchemin vierge.
En haut à gauche, il y a aussi une case dans laquelle est écrite un grand C.
On entend une voix qui murmure un texte en latin.
On voit aussi une image, une enluminure qui montre les ailes multicolores d'un ange.
TITRE :
Galerie dans le cloître d'un monastère médiéval. Au fond : une porte, fermée.
La lumière traverse les arcades.
On entend off les murmures d'une conversation.
La cloche sonne.
La porte s'ouvre, un moine en sort, puis un autre, Frère Antoine. Ils se rapprochent…
Les deux moines rejoignent un petit groupe de moines en conversation. Frère Antoine se
tient un peu à l'écart.
MOINE 1
… Il a dit qu'il revenait de Mayence.
MOINE 2
Un colporteur. On l'a trouvé sur la route devant le monastère.
MOINE 1
Il a dit qu'il a vu quelque chose là-bas. Une machine. Une
machine qui fait des livres… Il y a quelqu'un qui la montre. Il a dit
que c'était un prodige.
MOINE 2
Une vanité, plutôt.
[Il montre discrètement une lettre d'imprimerie en métal. La lettre passe de mains en mains.]
MOINE 2
Il a dit que bientôt, la Bible serait dans toutes les mains !
Et puis, ils vont faire aussi des exemplaires des poètes anciens !
La cloche sonne.
Les moines s'éloignent.
MOINE 3
Tu crois qu'il y a la mer, à Mayence ?
MOINES 1
Je ne sais pas, pourquoi ?
MOINE 3 hésite
J’ai – j'aimerais bien voir la mer.
MOINE 2
La mer ? Pour quoi faire ?
MOINE 3
C’est beau la mer, il paraît.
MOINE 1
C’est le mot qui est beau. « Mare ». « Thalassa ». « Bhâr » !
Bref silence.
MOINE 2
La mer divise les hommes.
MOINE 3
Moins que les mots.
MOINE 2
J’ai mal au dos.
Le Père Abée passe et s'arrête. Antoine cache la lettre qu'il a encore dans la main.
PÈRE ABÉE
Mon fls ? Vous semblez ailleurs…
ANTOINE
Mon père, je…
PÈRE ABÉE
Quoi ?
ANTOINE
Où est-ce Mayence, mon père ?
PÈRE ABÉE
Au Nord. Loin.
ANTOINE
Cette machine, mon père.
PÈRE ABÉE
Et alors ? Des livres de papier… Nous gravons avec nos mains et
avec nos âmes.
ANTOINE
Il faudrait peut-être savoir ce que c'est.
ANTOINE
A vrai dire, mon père, mes parents m'ont légué au monastère…
PÈRE ABÉE
Oui, je me souviens. Quand on t'a amené, tu as a tant pleuré qu'il
a fallu t'enfermer dans les caves. Et puis tu es devenu très docile,
très appliqué.
ANTOINE
J'ai commencé une nouvelle copie du Cantique des Cantiques.
Mais je vais bientôt manquer d'encre.
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PÈRE ABÉE
Tu iras en chercher à la ville.
Père Abée s'éloigne. Antoine reste les yeux perdus dans le jardin.
A la porte du monastère, les moines sont réunis autour d'Antoine, qui met une besace en
bandoulière. Ils lui serrent la main l'un après l'autre.
Antoine s'éloigne. Les moines le regardent s'éloigner et rentrent dans le monastère.
Le Père Abée reste un peu.
CARTON
Un carton apparaît :
Viens ma belle, viens, lève-toi, mon amie, ma belle
Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher
Qui te caches dans les parois escarpées
Fais-moi voir ta fgure, fais-moi entendre ta voix.
De loin, on voit Antoine avancer sur le bord d'un chemin qui longe un champ. Il y a un
homme assis contre un arbre. Antoine s'arrête.
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MESSAGER (off)
Où vas-tu, mon frère ?
ANTOINE (off)
C'est bien la route d'Anger ?
MESSAGER (off)
Ah non. Ici, c'est la route de Nantes. La route d'Anger est derrière
la colline, là-bas.
LE MESSAGER
Tu me fais bonne impression. Je cours toujours, de pays en pays, je
rencontre beaucoup de gens et c'est rare que je rencontre
quelqu'un qui me fait bonne impression. Je suis messager. Je porte
des messages, des lettres, des courriers. Pour les commerçants, les
princes, les dames et leurs amours. Les affaires, tu vois… Je porte
les messages de l'un à l'autre. Je suis allé jusqu'à Tolède et à
Venise. Et à Saint-Nazaire ! De Saint-Nazaire à Bailleul, de Bailleul
à Anger puis à Montpellier. Montpellier ! J'aime Montpellier ! Et de
Montpellier à Bruges. L'espace qui sépare deux amants reste
toujours le même…. Regarde, ma chemise : elle est impeccable.
C'est important pour moi d'avoir du linge propre. La propreté, c'est
important dans mon métier. Il faut se présenter aux gens de façon
correcte. Sinon ils se méfent. Tu frappes à la porte, tu te fais
annoncer. On te demande des gages. Tu remets le courrier. On te
demande parfois des nouvelles de l'expéditeur, si tu l'as vu, s'il est
en bonne santé… Les gens ne se voient pas, alors ils parlent à
travers moi ! L'étendue, l'espace, tu vois, c'est mon domaine.
J'aime faire ça. Parce que moi, je n'ai rien de spécial à dire : alors
je porte les messages des autres… Toujours être entre autres, jamais
avec les autres… C'est ma vie. Mais la vie des messagers
n'intéresse personne. Parfois, ça m'inquiète : si les gens n'avaient
plus rien à se dire, moi je n'aurais plus rien à faire…
On les voit assis, de plus loin, le champ derrière eux. Le vent souffe.
ANTOINE
Ils se sont rejoins au Ciel, tu ne crois pas ?
MESSAGER
Et alors ? Qu'est-ce que j'en fais, moi, de cette lettre ?
ANTOINE
Tu as toujours fait ça, messager ?
MESSAGER.
Non, avant j'étais crieur. A Dijon. Crieur public ! J'annonçais les
sentences de justice (il fait un bruit de trompette). Oyé, oyé… Je
criai qu'untel ou untel était condamné à être pendu ou à être
fagellé aux carrefours de la ville ! C'était bien, les gens faisaient
cercle autour de moi sur la place, et on m'écoutait… J'annonçais
aussi la guerre, et la paix… (temps) Mais toi, mon frère, tu vas où ?
ANTOINE
Je vais à Mayence.
MESSAGER.
A Mayence ? (temps) Tu pourrais la prendre avec toi, la lettre du
Seigneur de Guiraudie ?
ANTOINE
Qu'est-ce que j'en ferai ?
MESSAGER
Je ne sais pas, toi tu pourrais l'enterrer, et bâtir une abbaye autour !
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Antoine est assis au bord d'un cours d'eau dans un paysage de marais.
Libellules.
Il agite ses pieds dans l'eau puis se masse le pied.
Des poissons flent dans l'eau.
La nuit, le vent. Antoine traverse un champ, il semble perdu. Au loin, l'ombre d'une église.
Un cri strident d'oiseau au dessus de lui, il lève la tête :
Les étoiles brillent dans le ciel, plein cadre.
L'une d'entre elles clignote.
9. EXT/NUIT – SOUS-BOIS.
LE MAURE
Tu as appris l'arabe dans les textes, ça s'entend mon frère !
9B. CARTON.
Un carton apparaît [traduction de l'échange précédent].
LE MAURE
Toi en tout cas, tu n'es pas perdu… Tu sais où tu vas.
LE MAURE
Mon cheval, mes prières, c'est tout ce qu'il me reste. Ca fait des
siècles que je suis là, enfermé au Royaume de France. J'ai perdu
mon armée, mes soldats, mon peuple. Un jour, au cours d'une
bataille, j'ai disparu dans la brume… Je n'étais pas fait pour la
conquête, non. J'ai étudié les nombres, tu sais. Je connais les astres.
J'ai lu Aristote. (il gratte les cordes) Et puis mes armées ont été
chassées – devant celles de ton Roi… Chassées du pays. Mais moi
je suis resté (il montre le cheval) avec lui. (temps) Je suis peut-être
maudit, va savoir. On me ferme la porte, on me chasse. Tu ne peux
pas imaginer la grossièreté des gens…
FRÈRE ANTOINE
Tu leur fais peur, c'est tout.
LE MAURE
C'est moi qui aie peur ! Tu es la première personne à qui je peux
en parler. Pas de ciel, pas d'enfer. Mais tu as vu, je continue à
prier.
Bruits dans les feuillages. Hurlements de loups ou brame d'un cerf, plus loin.
Ils se retournent. Le Maure fait signe de se taire.
Le silence revient. Le Maure fredonne un air en arabe.
FRÈRE ANTOINE
Qu'est-ce qu'elle raconte ta chanson ?
LE MAURE
C'est une chanson triste. Elle parle de Dieu, et de l'amour.
Il se remet à écrire.
LE MAURE
Tu écris avec la main gauche ?
FRÈRE ANTOINE
Quand j'étais petit, on m'a forcé à écrire avec la droite. J'essaye
voir avec la gauche.
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LE MAURE
Mais de toute façon, tu écris de gauche à droite… (il fait le geste).
FRÈRE ANTOINE
Et toi, de droite à gauche. (fait le même geste, inversé en miroir).
LE MAURE
Tu veux que je t'apprenne un jeu ?
Le Maure a sorti d'un sac un échiquier, et des pièces d'échecs, qu'il a placé entre eux. Il est
allongé et montre les pièces au moine.
LE MAURE
Le cavalier : il fait deux cases en avant, une sur le côté. La reine,
elle peut se déplacer dans tous les sens jusqu'où elle veut. La règle
a changé, autrefois elle ne pouvait faire que deux cases.
ANTOINE
C'est le démon qui a inventé ce jeu.
LE MAURE
Ton fou, place-le là. Autrefois, le fou c'était un éléphant : le jeu a
été inventé en Asie.
ANTOINE
Et c'est fni quand ?
LE MAURE
Quand ton roi est pris au piège. (il déplace les pions pour lui
montrer).
LE MAURE
Tu es toutes les pièces du jeu, mon frère ! Allez, essaye.
ANTOINE
Alors, je commence ?
MAURE (OFF)
La première fois que je suis passé par ici, il n'y avait pas un arbre.
C'était vide, une lande. Tout s'efface. Je suis condamné à voir les
choses changer, mon frère, mais moi je ne change pas…
Mon père racontait une histoire. Je ne suis pas en paix depuis que
je la connais. Il l'avait entendue au cours d'un voyage, chez les
Dinka, un petit peuple du Sud - du Sud de chez nous. Les Dinka
racontent qu'au commencement, Dieu avait crée des êtres grands
et majestueux. D'abord des hommes, puis des femmes, les plus
belles au monde. Alors Dieu leur ft un cadeau : une vache. Mais il
dit à l'homme : « Maintenant que tu es là sur la plus sacrée et la
plus fertile des terres, tu dois choisir entre cette vache, qui est mon
cadeau, et… le Quoi. »
ANTOINE
Le Quoi ? C'est quoi le Quoi ?
MAURE
C'est là la question. Le premier homme a demandé lui aussi :
qu'est-ce que c'est, le Quoi ? Je ne peux pas te le dire, répond
Dieu, mais tu dois choisir entre le bétail et le Quoi. Alors ils ont
regardé la vache. Ils savaient que les bêtes leur donneraient du lait
et de la viande, et la prospérité. C'était stupide de l'échanger contre
une énigme. Et l'homme choisit le bétail…
ANTOINE
Mais tu ne me dis pas ce que c'était, le Quoi.
MAURE le regarde
Les Dinka disent seulement que le Quoi, il le jeta dans le monde.
Dieu lui-même n'a pas dit ce que c'était.
Les murailles d'une ville ou d'un château se refètent dans l'eau d'un étang.
Antoine entra à Mayence un soir d'hiver. Les rues étaient presque désertes.
Il demanda son chemin et se dirigea vers l'atelier de l'imprimeur.
Il regarda par la fenêtre : il n'y avait personne à l'intérieur.
La porte était ouverte. Il entra et il vit la machine.
On aurait dit une bête tapis dans l'ombre. Il s'approcha.
Il voulu comprendre comment ça marchait.
Il observa les feuilles de papier, il pris dans ses mains les lettres en métal rangées dans
des casiers, il vit les encriers.
Il trempa son doigt et il goûta l'encre.
C'était au fond le même goût.
Il sortit de l'atelier et prit le chemin du retour.
Craquements de branches.
Un chien apparaît au loin, qui le regarde. C'est un beau chien de chasse, type Braque, blanc.
Le chien s'approche et se couche près de lui en l'observant.
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ANTOINE
Qu’est-ce que tu veux ?
ANTOINE
Depuis quand les chiens de chasse ne veulent plus chasser ?
CHIEN
Toi aussi, tu crois que nous faisons ça parce que c'est notre
nature ? Avant j'étais un loup. J'ai de mes ancêtres la bravoure et la
ferté. Maintenant je suis un chien, et tu me parles.
Le chien se redresse.
ANTOINE
Dis toujours.
CHIEN
Est-ce que je peux t'accompagner ? Je suis un chien de race, tu sais.
De très grand prix. Tu pourras compter sur moi. Je ne veux plus
aboyer avec les autres.
ANTOINE ironise
Comment je pourrais avoir confance si tu as déjà trahi les tiens ?
CHIEN
Tu pourras compter sur moi. A toi je serai fdèle. Je pourrai
t'attraper des lièvres si tu me le demandes. Je t'apporterai un peu
de ma chaleur. J'aboierai pour faire peur à tes ennemis. Tu n'auras
pas à me nourrir, je m'arrangerai bien… Tu pourras jouer avec moi.
Je marcherai à tes côtés. Et quand tu voudras prier je te laisserai
tranquille. Tu n'auras qu'à siffer pour me faire venir. Je serai ton
secret. Je suis un chien, mais mon cœur est pur, tu sais. Tu pourras
aussi me donner un nom.
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ANTOINE
Tu n'as pas de nom ?
ANTOINE
Mais quel intérêt tu as à me suivre ?
CHIEN
J'ai la nostalgie d'obéir. Si je n'ai personne à qui obéir, je suis
inquiet.
Antoine, précédé du chien, passe le long d'un cours d'eau (id. 7).
Murmure des feuillages.
Il regarde dans l'eau : il n'y a pas de poissons.
Chemins et paysages déserts. Le soleil se lève. Brume. La lumière se répand sur les champs.
Une plage déserte près d'un bois, vue de loin, on voit Antoine qui s'approche de la mer.
Suivi du chien.
JEUNE FILLE
Qu'est-ce que vous faites dans l'eau mon frère ?
Il se retourne. Une jeune flle est là sur la plage. Elle le regarde. Le chien joue près d'elle.
ANTOINE
Retourne-toi !
JEUNE FILLE
C'est pas tous les jours qu'on voit un moine dans la mer !
Le soleil a décliné.
La flle est assise et caresse le chien.
Un peu plus loin Antoine est debout, il a remis sa bure. Il se réchauffe.
JEUNE FILLE
Qu'est-ce qu'on fait dans un monastère, mon frère ?
ANTOINE
On prie.
JEUNE FILLE
C'est tout ?
ANTOINE
On prie pour le salut des autres. C'est pas rien. On prie pour le
salut de ton âme…
JEUNE FILLE
Je ne se sais pas si j'ai une âme…
Le chien aboie.
ANTOINE
Tout le monde en a une.
JEUNE FILLE
Et vous faites quoi d'autre ?
ANTOINE
On copie les Écritures, l'histoire des Saints, d'autres beaux textes
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encore…
JEUNE FILLE
Pour quoi faire ?
ANTOINE
Pour s'en souvenir ! J'ai des frères qui écrivent aussi les histoires
remarquables qui arrivent de nos jours. Pour ceux qui viendront
après nous. Après toi et moi. Mais moi je me contente de copier.
JEUNE FILLE
Et vous faites quoi d'autre encore ?
ANTOINE
On discute. On s'occupe du verger. L'année dernière on a
détourné le cours de la rivière pour alimenter le monastère. On se
regarde vieillir.
JEUNE FILLE
Vous n'êtes pas si vieux. Vous êtes content de votre vie là-bas ?
ANTOINE
Je vis selon la Règle… Mais j'aime le cloître, j'aime marcher dans
le cloître. (temps, il marche un peu) C'est curieux, on pense pas les
mêmes choses quand on marche et quand on est assis… (il les
regarde elle et le chien) Toi, au moins, tu ne veux pas changer de
vie.
JEUNE FILLE
Qu'est-ce que vous voulez dire ?
ANTOINE
Rien.
JEUNE FILLE
Et là, vous avez beaucoup marché ?
ANTOINE
Oui.
JEUNE FILLE
Pourquoi ?
ANTOINE
Je voulais voir quelque chose.
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JEUNE FILLE
Et ?
Antoine ne répond pas. Il lance un bout de bois très loin, le chien détale.
JEUNE FILLE
Qu'est-ce que ça vous a fait de voir cette chose ?
ANTOINE
Rien. Parfois j'en rêve, c'est tout.
JEUNE FILLE
Je ne comprends pas !
Il sort se sa besace un petit sac qu'il ouvre. Dedans, il y a des lettres d'imprimerie en métal. Il
lui montre. Elle en prend une.
JEUNE FILLE
Qu'est-ce que c'est ?
ANTOINE
Des lettres. A, B, C, D…
JEUNE FILLE
Avec ça vous pouvez écrire mon nom ?
ANTOINE
Dis-moi ton nom.
Elle regarde autour d'elle comme si elle voulait s'assurer qu'on ne les écoute pas, elle lui dit
à l'oreille.
Antoine trie les lettres.
ANTOINE
Je ne sais pas si j'ai les bonnes…
Il prend une première lettre, et la presse dans le sable. Un S apparaît. Puis S-A-R-A…
ANTOINE
D'habitude j'écris sur des peaux de moutons.
Elle se lève.
JEUNE FILLE
Ah ! C'est ça mon nom !
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On les voit tous les trois sur la plage, Antoine, la flle, le chien. Ca fait presque une famille.
ANTOINE
Tiens.
JEUNE FILLE
Et vous, comment vous appelez-vous ?
ANTOINE
Moi ? Le nom qu'on m'a donné, c'est… Antoine.
JEUNE FILLE
Alors au revoir, frère Antoine !
JEUNE FILLE
Je ne dirai à personne que je vous ai vu !
19. CARTONS.
[alterné avec:]
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Galerie du cloître. Les moines sont rassemblés autour de l'un d'entre eux qui lit une lettre.
Visages des différents moines qui écoutent.
MOINE
Mes frères. Que l'un d'entre vous termine le Cantique des Cantiques que j'ai
commencé. Jacques, Paul, Benoît, ou même Bernard. Mon père, soyez indulgent. Mes
frères, n'en prenez pas ombrage. Vous garantissez la continuation de l'Église par votre
travail. Votre renommée se tiendra plus élevée que les gens de ce monde peuvent
comprendre. Vous êtes au dessus du monde. Soyez sans crainte. Pendant que sèchent
les pages, retournez à vos propres trésors, méditez au cloître. Peut-être penserez-vous à
moi parfois…
CARTON.
CARTON.
On l'attendit encore.
CARTON.
Puis on l'oublia.