EN COUVERTURE

ENQUÊTE, REPORTAGE, DÉCRYPTAGE, ENTRET

DIRECT

LA FALTA
EN COUVERTURE

HOSTILITÉ. L’anti-marocanisme primaire, les

POLITIQUE

médias espagnols en ont fait une ligne éditoriale

invariable, en dépit de la réalité et de l’obligation
d’objectivité.
ECONOMIE

par abdellatif mansour

L
TRANSPORT

es récents événements de lienne lors de ses bombardements répétés

Laâyoune viennent de révéler,
s’il en était besoin, la nature pro-
fonde et récurrente des relations
entre le Maroc et l’Espagne. Un
HIGH TECH
et meurtriers de Ghaza. La supercherie a L’avis de
été découverte par le journal électronique Saëb
espagnol “Andalus-Press”. La respon- Erekat,
sable du service photo d’EFE, Rosario Le chef des

révélateur au goût amer. Un peu plus que Pons, a reconnu que l’agence ne disposait négociateurs
d’habitude. Le “Lundi noir” qu’a connu la d’aucun photographe à Laâyoune. Elle palestiniens
capitale du Sahara marocain a fait l’objet s’est contentée de télécharger à partir «J’ai vu les
d’une couverture médiatique à la fois de sites et de blogs de ce qu’elle a appelé photos d’EFE,
elles pro-
FINANCE

inique et unique en son genre. L’agence des “militants sahraouis”, en clair, le

espagnole EFE a procédé à un montage Polisario. viennent bel
photo montrant deux enfants en bas âge, et bien de
blessés et pleurant d’effroi et de douleur. Énorme bavure la bande de
SOCIÉTÉ

Le commentaire d’accompagnement
attribue cette scène aux incidents de
Laâyoune dont les deux enfants auraient
été victimes.
LA VIE
La connivence est établie. “La bavure” est Ghaza et non
énorme. Mais EFE s’est gardée de présen- de Laâyoune…
ter des excuses, comme le veut l’usage Il n’ya pas lieu
professionnel. Une formalité dont se sont de faire une

Des journaux espagnols et pas des moin- acquittés les journaux repreneurs. Ce qui comparaison
dres, El Pais, El Mundo et ABC, entre ne les dédouane pas pour autant. L’anti- entre les Khalid Naciri, ministre
événements de la Communication,
autres, ont vite fait de répercuter “l’objet marocanisme primaire, ils en ont fait une
PORTFOLIO

montrant la photo des

du scandale”, avec leur propre littérature ligne éditoriale invariable, en dépit de la survenus à enfants de Ghaza que
fustigeante et stigmatisante. Ils tenaient réalité et de l’obligation d’objectivité. Pour Laâyoune et l’agence EFE a donnée
là, croyaient-ils, une occasion à ne pas ne s’en tenir qu’à cette dernière actualité, les crimes de comme des blessés
guerre commis à Laâyoune.
rater, à tout prix, pour taper encore et les mêmes publications n’ont pas hésité
par Tel-Aviv
CULTURE

toujours sur ce Maroc haï. Ils l’ont fait à parler de «centaines de cadavres de
d’autant plus volontiers que leur source victimes civiles qui jonchent les rues de contre
était leur propre agence d’information, Laâyoune». le peuple
EFE. Il s’est très vite avéré que ce montage Un déni caractérisé de la vérité des faits, palestinien.»
ART DE VIVRE

était un faux; encore plus, le commentaire
qui va avec.
La photo est celle d’enfants palestiniens
touchés par les obus de l’armée israé-
que leurs correspondants ont tout loisir
de rechercher et de vérifier. Ce qu’ils ne
font pas, délibérément. Le collaborateur-
résident d’ABC au Maroc a été ■■■
CREDIT PHOTO: MAP

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 «Nous sommes très préoccupés parce que nous croyons que les faits
qui se sont produits sont très graves mais, face à la confusion et à
l’incertitude sur le nombre de victimes et de blessés, nous attendons
un rapport définitif pour faire un bilan» la ministre espagnole des af-
faires étrangères, Trinidad Jimenez.

ETIEN, SUR LE NET…

ESPAGNOLE

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 EN COUVERTURE
■■■ tellement loin dans cette attitude,
contraire aux règles les plus élémentaires
de la profession, qu’il s’est vu retirer son
accréditation par le ministère de la Com-
DIRECT
munication.
Comme pour ne pas être en reste par
rapport à cette conspiration médiatique,
EN COUVERTURE
la télévision espagnole, aussi, y a apporté
sa contribution.
La chaîne Antena 3 a diffusé l’image de
quatre personnes de la même famille
assassinés par l’un des leurs, en faisant
croire qu’il s’agit de “victimes de la répres-
POLITIQUE
sion marocaine à Laâyoune”. En fait, ce
drame familial s’est déroulé au quartier
Sidi Moumen, à Casablanca, le 29 janvier
2010, et a été relaté par le quotidien
marocain Al Ahdat Al Maghribia, avec la
ECONOMIE
même photo à l’appui. Internet, presse,
télévision, la boucle est bouclée. Sans
vouloir, forcément, crier au complot, la
partialité et l’acharnement des médias
TRANSPORT
La vérité vraie, c’est que l’Espagne a
HIGH TECH
toujours rechigné à se rendre à l’évidence
en reconnaissant la marocanité du Sahara.
FINANCE
ibériques sont patents. Toutes ces dérives
à peine croyables, en tout cas honteuses
pour un pays qui se dit démocratique,
SOCIÉTÉ
sentent trop la coordination et l’orches-
tration pour relever d’une coïncidence
improbable. Il n’y a donc pas à se leurrer
à ce sujet.
LA VIE
Déni de vérité
Chaque fois qu’il est question du Sahara
PORTFOLIO
marocain, l’Espagne se braque; comme
si l’ancienne puissance occupante regret-
tait d’avoir quitté sa chère colonie. Il en
va de même dans le Nord du Maroc, où
l’Espagne continue de s’incruster dans
CULTURE
les enclaves de Sebta et Mélilia. Les Maro-
cains de ces deux villes sont considérés
comme des immigrants et subissent
ART DE VIVRE
toutes sortes de discrimination et d’humi-
liation dans leur propre pays.
Faisant écho aux médias de son pays, la
ministre espagnole des Affaires étrangè-
res, Trinidad Jimenez, s’est délibérément
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rangée aux côtés du Polisario et ses com-
mandos de tueurs. Elle s’est crue autori-
sée d’exiger du gouvernement marocain
«des éclaircissements urgents sur l’atta-
que de Laâyoune». Dans la foulée, elle
a sommé les pouvoirs publics marocains
de «permettre l’accès des journalistes
espagnols au Sahara occidental».
Fausse crédibilité
En réalité, la cheftaine de la diploma-
tie espagnole, fraîchement nommée,
entend donner une fausse crédibilité à
ses positions et ses déclarations, tout en
continuant à s’abreuver aux sources de
désinformation du Polisario. La vérité
vraie, c’est que l’Espagne, toutes tendan-
ces confondues et au-delà du distinguo
gauche socialiste-droite conservatrice,
a toujours rechigné à se rendre à l’évi-
dence en reconnaissant la marocanité
du Sahara. Elle préfère louvoyer, tergiver-
ser, atermoyer à l’infini. C’est de bonne
guerre, dirait-on. C’est aussi ce que la
presse marocaine appelle, à juste titre, le
“double jeu” de l’Espagne. Sans remonter
au déluge et à la disparition du général
Franco, M. Zapatero est intarissable sur
l’importance des investissements espa-
gnols au Maroc, sur la vitalité de ce flux
économique, sur le caractère humaine-
ment stratégique de ce type de relations
bilatérales; bref, un modèle du genre.
Il y a du vrai dans ce satisfecit à sens
unique, appuyé par une bonne dose de
professions de foi. On signerait des deux
mains si l’Espagne consentait à faire un
travail de mémoire, franc et courageux,
sur son passé colonial. En l’occurrence
à l’égard du Maroc. Un effort d’équité
pour de meilleurs rapports avec son voisin
immédiat, de ce côté-ci de la Méditer-
ranée. Ce qui, malheureusement, n’a
pas été fait jusqu’ici. Plus ça tarde, plus
ça urge. ■
Laâyoune après les
Les criminel
Par Loubna Bernichi
L
aâyoune n’a pas cessé de faire
parler d’elle. Après les émeu-
tes qui ont suivi l’évacuation
du camp Gdeim Izik, le 8
novembre 2010, la ville enterre ses
morts et panse ses blessures. Et pour
cause. Elle a connu les événements
les plus sanglants de cette dernière
décennie: Douze morts et soixante-
dix blessés. Et, ce n’est pas fini.
Laâyoune se retrouve au cœur d’une
guerre médiatique. Elle essuie, cha-
que jour, une attaque extérieure et
essaie tant bien que mal de se dé-
fendre.
Le calme qu’elle semble avoir re-
trouvé est précaire. Dans ses rues, la
peur règne. Les forces armées, dé-
ployées en nombre, renforcent ce
sentiment. Les carcasses des voitures
calcinées rappellent la violence des
manifestations. Les détruits de ver-
res éparpillés autour de nombreux
bâtiments publics et privés témoi-
gnent de l’importance de dégâts. Les
habitants de Laâyoune craignent les
règlements de comptes et les dénon-
ciations calomnieuses. Les responsa-
bles sécuritaires, eux, se veulent plus
rassurants. La situation est maîtrisée.
Et la justice suit sont cours.
Quatre-vingt seize personnes, accu-
sées d’implication dans les événe-
ments de Laâyoune, ont été déférées,
le 13 novembre 2010, devant le juge
d’instruction qui, après les avoir en-
tendues, les a placées en détention
dans la prison de Laâyoune. Le tiers
des personnes impliquées dans ces
actes criminels sont des repris de
justice connues par les services de
police.
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les événements du 8 novembre
els sont passés par là...
La barbarie
de la bande Les tristes événements de Laâyoune
pro-Polisario ont été pour beaucoup l’occasion de
a fait plusieurs
victimes. La
mener une campagne d’hostilité contre
presse espagnole le Maroc. Certains médias espagnols,
n’en parle en particulier, ont préféré faire dans la
même pas.
désinformation en publiant de fausses
informations ou des images sans rapport
avec les événements pour parler de la
«répression marocaine armée» dans les
régions du Sud. Une manipulation mé-
diatique que le Maroc ne pouvait laisser
passer sous silence.
Vandalisme et désinformation
Dans ce cadre, les parlementaires et les
élus de la région du Sahara ont adressé
des lettres au président de la République
française, au président du gouverne-
ment espagnol, au Secrétaire général
de l’ONU et au président du Parlement
européen pour les mettre au fait des
péripéties concernant les actes de van-
dalisme à Laâyoune et de leur présenter
les données objectives en rapport avec
le campement de Gdeim Izik.
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CREDIT PHOTO: DR
L’Union internationale pour le soutien au
projet d’autonomie au Sahara a condam-
né, de son côté, l’exploitation flagrante
et ignoble par des étrangers de ces évé-
nements et dont les auteurs profitent
du climat d’ouverture démocratique au
Maroc pour semer la zizanie et véhiculer
des mensonges pour induire en erreur
l’opinion publique internationale.
Boucliers humains
Pour répondre à ces accusations de ma-
nipulation médiatique, nombreux sont
qui ont sorti l’argument de l’embargo
sur Laâyoune. Pourtant, des journalis-
tes étrangers et nationaux connus par
leur neutralité et leur crédibilité ont été
autorisés à couvrir les événements de
Laâyoune.
Ainsi, le Monde, quotidien français, rap-
porte dans sa livraison du 13 novembre
2010 qu’aucune trace de douille de balles
n’a été retrouvé dans le camp Gdeim
Izik, selon des déclarations du chef de
la Minurso, Hany Abdel-Aziz. Alors que
N° 908 - Du 19 au 25 novembre 2010 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
La falta espagnole
plusieurs sources proche du Front
Polisario affirmaient que les forces
de sécurité avaient tiré à balles réelles.
Les agents de la Minurso (mission
régionale de l’ONU déployée depuis
1991 pour surveiller le cessez-le-feu)
sont les témoins privilégiés des évé-
nements. Leur rapport est très atten-
du. Les débats du conseil de Sécurité
de l‘ONU qui devaient se tenir le 16
novembre 2010 sur les événements
tragiques de Laâyoune en tiendrait
compte.
Le journal français parle aussi de la
radicalisation des moyens utilisés par
les pro-Polisario. Il fait état d’un nom-
bre étonnant de bouteilles de butane
constaté dans les restes du camp, des
bombonnes qui auraient servi aux
incendiaires, comme le confirment
les autorités locales.
Le Figaro, un autre quotidien français,
évoque dans un article la prise de
contrôle de bandes de trafiquants du
camp de Gdeim Izik et de sa transfor-
mation en noyau dur du Polisario.
Pour la bataille des chiffres, contrai-
rement au Polisario, qui annonce des
«dizaines» de morts, plus de «4.500
blessés» et de «2.000 détentions», le
Maroc a été on ne peut plus clair. La
liste des noms des morts a été publiée
et les blessés sont répertoriés dans le
registre d’admission de l’hôpital de
Laâyoune tandis que le nombre des
arrestations a été communiqué.
Mohammed Khabbachi, gouverneur
chargé de la communication au mi-
nistère de l’Intérieur, justifie, pour
sa part, l’absence de morts dans les
rangs des civils par la consigne que
les forces de l’ordre avaient de ne
pas faire usage de leurs armes à feu
car il y avait beaucoup de femmes et
d’enfants utilisés comme boucliers
humains.■
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