Vous êtes sur la page 1sur 7

La secte des nombres

images.math.cnrs.fr/La-secte-des-nombres.html

Cet article a été écrit en partenariat avec L’Institut Henri Poincaré

THÉORÈME DE PYTHAGORE
Dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme
des carrés des deux autres côtés.

De belles démonstrations
Les démonstrations classiques du théorème de Pythagore n’ont pas seulement un
intérêt mathématique. Elles retiennent aussi l’attention pour l’ingéniosité et l’élé- gance
des solutions proposées.

Le théorème de Pythagore dans le Chou Pei Suan Ching


Ce document chinois, qui pourrait se traduire de manière approximative comme Le
Classique du gnomon et des Voies célestes circulaires, offre une belle démonstration qui fait
seulement appel à des translations de pièces.

1/7
EUCLIDE, PYTHAGORE ET LES ÉLÉMENTS DE GÉOMÉTRIE

Euclide vivait à Alexandrie vers les années 300 av. J.-c. il fut l’auteur d’une œuvre
fondamentale pour le développement des mathématiques et de la science : les Éléments de
géométrie (stoicheia). Il y présente avec une grande rigueur toute la connaissance
géométrique de son époque, déduisant de manière logique toutes les propriétés principales
(théorèmes) à partir de définitions, postulats et axiomes. L’œuvre d’Euclide ne réalise pas
seulement une synthèse brillante, elle organise également cette pensée géométrique par un
important travail de structuration. C’est pour cette raison qu’elle reste aujourd’hui, malgré
les siècles qui nous séparent d’elle, la référence fondamentale pour l’apprentissage de la
géométrie. La bible exceptée, les Éléments de géométrie est l’œuvre qui a été le plus
souvent traduite et diffusée, que ce soit sous forme de copies manuscrites ou, plus tard, de
versions imprimées.

Page des éléments de géométrie issue du


Manuscrit dit d’Orville, écrit en grec à
Constantinople au IXe siècle.

Cette œuvre est composée de plusieurs livres. Les


quatre premiers concernent la géométrie plane, qui
inclut la congruence de triangles, l’égalité d’aires
et, bien entendu, le théorème de pythagore (livre I,
proposition 47). elle présente aussi la proportion
d’or, le cercle, les polygones réguliers et certaines
quadratures. Ainsi, le théorème pythagoricien
apparaît dans un contexte géométrique d’aires des
figures. Pythagore est également présent dans le
livre VI en relation avec les proportions mais aussi
dans le livre X où il est question des racines
carrées.

Le théorème de Pythagore vu par Euclide


Pour le théorème de Pythagore, Euclide propose l’approximation graphique suivante.
Euclide transforme chaque carré à partir d’un côté en un parallélogramme d’aire égale
(leur base et leur hauteur étant égales). Il replace ensuite ces parallélogrammes dans le
carré selon l’hypoténuse. Cette démonstration géniale montre la partie oc- cupée par
chacun des carrés à partir des côtés de l’angle droit.

2/7
Le théorème de Pythagore dans une mosaïque arabe
Cette magnifique démonstration basée sur des mosaïques est attribuée à al-Naiziri
d’Arabie (900 ap. J.-C.). La mosaïque du fond est formée par les carrés des côtés de
l’angle droit, et celle qui lui est superposée, par ceux de l’hypoténuse. Les deux re-
couvrent la même surface.Il s’agit d’une forme de démonstration tout à fait originale.

Le théorème de Pythagore vu par Henry Perigal


Parmi d’autres joyaux figure la démonstration que proposa en 1873 le mathématicien
passionné que fut Henry Perigal. Le tour de force consiste à proposer le casse-tête
suivant : diviser un grand carré en quatre morceaux.

3/7
LA DÉMONSTRATION D’UN PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS

En 1876, avant de devenir le vingtième président des États-Unis, James Abram Garfield
(1831- 1881) trouva et publia une démonstration originale du théorème de Pythagore, dont
il parla avec plusieurs collègues membres du Congrès. Selon toute attente, durant sa
présidence, il ne réalisa aucune autre découverte mathématique. Il suffit de calculer l’aire
d’un quadrilatère de deux manières distinctes :

Aire du trapèze = Aire du triangle 1+ Aire du


triangle 2 + Aire du triangle 3

\[ \frac{1}{2} (a+b)(a+b)= \frac{1}


{2}ab+\frac{1}{2}ab+\frac{1}{2}cc,
\frac{1}{2}(a^2 +2ab+b^2)=\frac{1}{2}
(ab+ab+c^2) \]
d’où \[a^2 +b^2 +2ab=2ab+c^2,\text{c’est-à-
dire}\; a^2 +b^2 =c^2.\]

Le théorème de Pythagore démontré par Léonard de Vinci


L’éclectique Léonard deVinci (1452-1519) apporta une brillante preuve du théorème. Il
dessina le triangle et les trois côtés selon les trois carrés, il ajouta la pièce $ECF$ en haut
et plaça de manière stratégique une autre reproduction $A’C’B’$ du triangle en bas. En
traçant $DD’$ et $CC’$, qui sont en réalité perpendiculaires, on observe que $DD’$ divise
l’hexagone supérieur $ABDEFD’A$ symétriquement ; les deux autres parties peuvent
faire une rotation et se placer de façon à cacher l’hexagone $ACBA’C’B’A$. Ensuite, la
somme des deux carrés à partir des côtés de l’angle droit doit être égale au carré placé le
long de l’hypoténuse.

4/7
Autres démonstrations et casse-tête
On peut obtenir, de manière très simple et très élégante, des démonstrations directes
du théorème de Pythagore. Il faut tout simplement diviser les deux carrés à partir des
côtés de l’angle droit du triangle rectangle en pièces et essayer de former à partir de ces
pièces un carré le long de l’hypoténuse, un peu à la façon d’un casse-tête.

Le mathématicien chinois Liu Hui, qui vivait au iiie siècle, durant le règne de Wei, publia
en l’an 263 un livre important sur l’histoire des mathématiques, dans lequel il présenta
plusieurs solutions aux problèmes de l’époque. Il traite du Jiuzhang Suanshu ou Les Neuf
Chapitres de l’art mathématique.Y apparaît, notamment, une approximation du nombre Pi
(3,141014) et l’auteur suggère 3,14 comme la meilleure représentation de la constante.Y
figure également une démonstration du théorème de Pythagore sous la forme d’un
casse-tête.

​UNE DISTRACTION AVEC LES CASSE-TÊTE PYTHAGORICIENS

Les casse-tête démontrent que le théorème peut devenir un jeu. Il s’agit de coller une
photographie carrée de la taille du carré à partir de l’hypoténuse. On place la
photographie sur le carré de l’hypoténuse, puis on la découpe suivant le tracé de la figure
géométrique et on déplace les morceaux obtenus vers les carrés des côtés. On demande
ensuite à quelqu’un de recomposer la photographie. En terminant le puzzle, cette
personne n’aura pas seulement découvert le contenu de la photographie, mais elle aura
aussi réalisé la démonstration du théorème le plus célèbre de l’histoire.

​Dans ce curieux puzzle, les carrés des côtés de l’angle droit se divisent de la manière
suivante : le plus petit en deux moitiés ; le plus grand en cinq pièces qui sont obtenues à
partir du triangle rectangle initial déplacé vers les deux sommets opposés du plus grand

5/7
carré, exactement comme l’indique la figure qui suit. Au moyen de ces sept pièces, il est
possible de recomposer le carré de l’hypoténuse avec une répartition pour le moins
particulière.

​Johannes Eduard Böttcher (1847-1919) fut


un physicien allemand. Il fut recteur du
Realgymnasium de Leipzig, mais une grande
partie de son travail d’investigation
concernait les mathématiques pures. En
1886, il publia un modeste article dans la
Revue pour l’enseignement des mathématiques
et les sciences naturelles titré de manière très
simple : « Modèle simple pour la
démonstration du théorème de Pythagore ».
Dans cet article, il proposa le casse-tête
suivant :

​Ce puzzle consiste à diviser chacun des


carrés des côtés en quatre triangles égaux
deux à deux et avec eux d’obtenir ainsi le
carré de l’hypoténuse avec une curieuse symétrie
centrale, exactement comme le montre
l’illustration.

Cette mathématique récréative se retrouve chez


le Britannique Henry Ernest Dudeney (1857-
1930). Très inventif, Dudeney, qui contre toute
attente manquait de formation mathématique et
était tout à fait autodidacte, inventa et publia une
grande quantité de casse-tête et autres jeux
d’ingéniosité dans les quotidiens de l’époque. Ces
jeux donnèrent lieu par la suite à la publication
de volumes entiers –- une véritable bible pour les
passionnés de défis mathématiques. Pythagore
était présent dans nombre d’entre eux.

Le casse-tête suivant, composé de cinq pièces, permet de fabriquer le carré de


l’hypoténuse avec le petit carré et la décomposition de l’autre en quatre petits mor-
ceaux, autour du carré.

6/7
Elisha Scott Loomis (1852-1940), professeur
d’origine américaine, dont la vo- cation était de
vulgariser la science et la philosophie, n’est sans
doute pas l’auteur le plus commenté dans les
cercles mathématiques. Il n’y a aucune équation
ni aucun théorème qui porte son nom et ses
nombreuses publications ont été oubliées, à
une exception près : La Proposition
pythagoricienne, de 1927, qui regroupe et
classifie 371 démonstrations du théorème de
Pythagore.

En traçant la parallèle à l’hypoténuse depuis le


sommet d’un angle droit, on di- vise le petit
carré en deux morceaux. Ensuite, à l’aide d’une droite perpendiculaire à la première, on
divise le carré de l’autre côté en trois. Si on recompose les cinq morceaux ainsi obtenus,
on obtient le carré de l’hypoténuse.

​Comme on peut le voir, nombreuses et variées


sont les démonstrations du théorème de
Pythagore. Celui qui le désire peut se poser
comme défi personnel de trouver des nouvelles
démonstrations.

[...]

7/7

Vous aimerez peut-être aussi