5 être créatif?

Comment
Très largement inspiré de:
Pascal Perrat, Libérer son écri-
ture et enrichir son style, CFPJ
édition, Paris, 2000

16
L’angoisse de la feuille blanche, la panne, le manque d’idées ou d’originalité sont autant de freins à l’écriture.
Le premier symptôme se manifeste souvent dans la bouche du rédacteur par la phrase : «Je ne sais pas écrire».
Heureusement, il existe des remèdes simples et faciles à administrer. L’imagination et la créativité sont des
ressources inépuisables que nous possédons tous, voici quelques pistes pour les mobiliser sur commande.

Un état d’esprit : cinq conseils

pour libérer son écriture
Pas besoin d’être un champion de la grammaire, un
as de la syntaxe ou une star en conjugaison pour faire
preuve d’originalité. Voici quelques conseils de base
qui mettent le rédacteur dans de bonnes conditions
pour écrire :
• Voyager sans plan : laisser libre cours à son écriture
c’est lui laisser la possibilité de servir de guide et de
choisir l’ordre dans lequel arrive les idées. Au début,
ce sera sans doute un peu flou, l’écriture passera
d’une idée à l’autre, d’une image vers une autre. Ce
n’est que progressivement que des chemins vont
apparaître.

• Oser tout écrire : ne jamais se censurer, si une idée
est écartée car trop absurde ou délirante, c’est sûre-
ment une bonne idée. Peut-être faut-il lui laisser sa
chance quitte à revenir sur une autre si elle ne tient
pas toutes ses promesses.
• Transgresser les règles : au cours du travail d’écri-
ture, ne pas se préoccuper de l’orthographe, de la
syntaxe ou de la grammaire. Une écriture libre n’est
pas parfaite et demande d’être corrigée par la suite.
En remettant ces contraintes à plus tard, les inter-
dits sont transgressés et l’écriture n’en devient que
plus originale.
• S’autoriser à ne pas terminer : en se forçant à
terminer, la créativité s’étouffe en tout ou en par-
tie. L’imagination est toujours plus libre si elle sait
qu’elle ne peut produire qu’un mot, qu’une phrase
ou un texte entier. Et puis, laisser mûrir permet par-
fois de relancer la créativité.
• Avec un crayon ou avec un clavier : l’essentiel est
que les idées puissent se coucher au rythme où
elles arrivent. A chacun de voir ce qui lui convient le
mieux. Le crayon a tout de même un côté pratique
pour noter rapidement des idées. L’ordinateur quant
à lui est un outil performant pour les organiser.

Comment être créatif? 17

Un point de départ :
sortir des sentiers battus
Plus facile à dire qu’à faire ? Voici des pistes pour ex-
plorer les chemins de traverses rédactionnels.
Le renversement à 180o
Cette technique s’apparente à l’arroseur arrosé. Au
lieu de se placer dans la peau de l’observateur, on va
se mettre dans celle du sujet observé. En renversant le
point de vue, de nouvelles perspectives s’ouvrent au
rédacteur. En poussant ce petit jeu pour des sujets im-
probables, on obtient des résultats surprenants.
Un exemple à méditer :
Sur un site de fouilles, des paléontologues mettent à
jour des squelettes de baleines préhistoriques. Pour-
quoi ne pas imaginer se mettre dans la peau de la
baleine, enfouie à cet endroit depuis des milliers d’an-
nées, entendant les coups de pelle, les cris et les voix
des chercheurs…
18 Comment être créatif?
"L’étrangement"»
Ce terme désigne une façon de voir les choses, de rela-
ter les événements comme si nous venions d’un autre
monde. Le principe est d’oublier tout système de ré-
férence classique. Dès lors le moindre petit élément
prend un nouveau sens et ouvre des portes inédites.
Beaucoup de romanciers utilisent ce principe comme
ressort à leurs histoires.
Des exemples à méditer :
• Que dirait un extraterrestre en arrivant dans une for-
mation J&S ?
• En l’an 5000, des hommes retrouvent les restes des
constructions d’un camp scout, guide ou patro que
vont-ils en déduire de notre mode de vie ?
• …
Des possibilités infinies :
la forme de l’article
On peut écrire plusieurs types d’article, dont quelques-uns sont
décrits dans la fiche 3. Mais les possibilités au niveau de leur
forme sont infinies.
Voici quelques idées de formes originales à décliner selon ton
bon plaisir :
L’analogie
Le principe de l’analogie est d’établir des liens entre deux choses
qui a priori n’en n’ont aucun. Cette technique permet notamment
de mettre en lumière certains éléments auxquels on n’aurait pas
forcément pensé et produit plein d’idées originales. C’est aussi
un excellent moyen d’aborder une notion abstraite. Attention
toutefois à la surchauffe ! Trop d’analogies tue l’analogie : l’utili-
sation excessive de ce procédé peut provoquer la confusion.
Exercices :
Quels sont les liens entre…
…une formation et ton dessert favori ?
…le CA de ton OJ et un zoo ?
…la vie de groupe et une valise ?
Comparons :
La dynamique de groupe c’est comme…
La patrouille c’est comme…
Exemple : une veillée est tel un feu de bois dans la cheminée en
hiver : au début, on attise le feu, on le fait prendre, en remuant
les braises, en jetant un peu d’huile. Tout cela crépite… Puis vient
le moment où le feu se consume petit à
petit, jusqu’à ne laisser que des braises
rougeoyantes, encore pleines du souve-
nir des grandes flammes…
La fiction
La fiction permet de prendre une certaine distance par rapport à
son sujet, voire même de prendre les choses avec plus de légè-
reté. Elle permet aussi de voir un sujet habituel d’un autre œil.
Cet exercice demande également une certaine concentration
puisqu’il faut veiller à suivre une trame narrative, à boucler l’his-
toire sans que le lecteur ne se perde…
Avec le modèle des fables et ses moralités, vous pouvez par
exemple dénoncer des attitudes que vous ne souhaitez pas en-
courager.
Exemple : le conte
Il était une fois un petit local qui ne demandait qu’à être occupé.
(…) Après moultes péripéties, une troupe d’enfants vinrent avec
leurs animateurs et décidèrent de l’adopter. Ils le décorèrent, le
chauffèrent, et l’occupèrent pour de longues journées de rires et
d’amusement…
Comment être créatif? 19