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l'hebdomadaire du NPA ~ www.NPA2009.

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CAHIER N°9 - Supplément à L’Anticapitaliste n°212 - 2 euros

RETRAITES
ARGUMENTS
POUR LA
BILISATION
MO CONTRE LA RÉFORME
HOLLANDE-AYRAULT
SOMMAIRE

3 INTRODUCTION
6 DE LA CONQUÊTE AUX CONTRE-RÉFORMES
17 DES ARGUMENTS TOUJOURS FALLACIEUX !
22 LA LUTTE POUR LA DÉFENSE DES RETRAITES :
UN CHOIX POUR L’ENSEMBLE DE LA SOCIÉTÉ
24 LES REVENDICATIONS
28 COMMENT GAGNER CETTE FOIS :
DES LEÇONS DE 2010 AUX TERGIVERSATIONS DE 2013
34 ANNEXES
38 GLOSSAIRE

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554755
Introduction

L
e gouvernement Hollan- • Quant au financement sup-
de/Ayrault vient de faire plémentaire nécessaire, il sera
connaître son projet de payé uniquement par les sala-
contre-réforme des retraites riés, le gouvernement s’étant
2013. Sans surprise, il s’inscrit engagé à compenser intégrale-
dans la droite ligne des réformes ment la hausse des cotisations
Balladur (93) Fillon (2003) employeurs.


Sarkozy (2010). N’y aurait-il donc aucune dif-
Non seulement la « gauche » au
pouvoir ne revient pas sur les
férence entre
une réforme de
mot
textes contre lesquels elle ma- droite « façon à mot les
nifestait en 2010, mais elle les
aggrave :
Sarkozy »
une réforme de
et
arguments
• L’allongement de la durée de gauche « façon de Fillon et
cotisation pour une retraite Hollande » ? Les
de Sarkozy


complète sera poursuivi en buts poursuivis
2020 pour atteindre 43 ans en sont assuré- en 2010
2034. En d’autres termes, pour ment les même,
les retraités de demain, l’espoir mais la manière d’y parvenir
de pensions permettant de vivre diffère.
s’éloigne encore. En 2010 Sarkozy avait choisi le
• Les retraités actuels sont eux passage en force, le PS lui a une
aussi pénalisés. autre « méthode » ; le « dialogue 3
Introduction
social », une mise en scène ha- unes des propositions du rap-
bile visant à « faire passer la port Moreau, et prend soin de les
pilule ». échelonner dans le temps, pour
Acte 1 : le gouvernement com- créer l’illusion d’une réforme
mande un rapport, le « rapport presque indolore.
Moreau », en vue de lui faire des L’effet attendu est double : 
« propositions ». Ce rapport dresse • démobiliser les salariés en
le catalogue complet de tous les créant le sentiment « qu’on ne
reculs sociaux possibles : nouvel s’en sort pas si mal », la réforme
allongement de la durée de coti- n’est  finalement  pas  le  cata-
sation pour tous, changement du clysme annoncé. S’il faudra bien
mode de calcul des pensions pour payer un peu, cela mérite-t-il de
les fonctionnaires, accroissement faire grève et de manifester…
de la CSG pour les retraités, etc. sans certitude de succès ?
Les salariés voient se dresser • donner des arguments pour
devant eux une catastrophe so- les directions syndicales abon-
ciale. Quant aux directions des nées aux signatures (CFDT, CGC,
organisations syndicales, elles etc.),  elles  peuvent  se  glorifier 
ne peuvent que juger inaccep- d’avoir « bien négocié », d’avoir
tables bon nombre des proposi- « fait reculer le gouvernement »
tions de ce rapport. et d’avoir obtenu des « contre-
Acte 2 : S’ouvre alors pendant parties » sur la pénibilité ou
l’été le « dialogue social ». pour les femmes, premières vic-
Les syndicats sont « écou- times de cette nouvelle réforme.
tés »…  le  gouvernement  cher- La direction de la CFDT et ses
chant surtout à connaître les alliés peuvent dès lors devenir
compromis que les directions les meilleurs VRP d’une réforme
syndicales, ou certaines d’entre « juste » et « équilibrée ».
elles, sont prêtes à accepter et Le Medef joue lui aussi sa par-
les miettes qu’il faudra concéder tition, en déclarant que cette
pour obtenir leur signature. réforme  est  insuffisante,  tout 
Acte 3 : La réforme « issue de ce en ayant du mal à cacher sa
dialogue social » est alors rendue satisfaction.
publique par le gouvernement. Acte 4 : le gouvernement cherche
4 Celui-ci ne retient que quelques- alors à prendre de vitesse toute
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
mobilisation en faisant adopter gouvernement veulent, à travers
le plus vite possible son projet cette nouvelle attaque contre
de loi au Parlement. nos retraites, continuer à nous
Le  scénario  est  bien  ficelé,  imposer l’austérité. Nous devons
mais son succès n’est pas écrit leur montrer notre détermina-
d’avance : tion à s’y opposer.
La journée d’action du 10 sep- Encore  une  fois  il  faut  l’affirmer 
tembre, contrairement à ce qui haut et fort : les retraites c’est
s’est dit, n’a pas été un « échec », avant tout une question de ré-
elle a au contraire montré la pos- partition des richesses et du tra-
sibilité de construire une mobi- vail. Les moyens existent pour
lisation de masse pour imposer les financer et garantir le droit à 
le retrait du projet du gouver- la retraite à 60 ans maximum, à
nement, qui n’est pas plus négo- 55 ans pour les salariéEs ayant
ciable et amendable que ceux de subi des travaux pénibles, avec
la droite. 75 % du salaire brut, calculé sur
Face à cette nouvelle attaque les six meilleurs mois de salaire,
majeure, c’est donc la mobili- avec 37,5 annuités de cotisation.
sation qui est encore à l’ordre Pour  cela,  il  suffit  d’augmenter 
du jour, car chacun comprend les salaires, réduire le temps de
bien que ce gouvernement ne travail pour permettre à tous et
cédera que si un rapport de toutes de travailler, augmenter
forces déterminant l’y contraint. les cotisations patronales, arrê-
L’amertume de l’échec de 2010 ter les exonérations et les ca-
pèse toujours sur les militantEs deaux fiscaux… c’est donc bel et 
et sur les salariéEs. Il faut cette bien un choix de société.
fois se donner les moyens de ga- C’est à toutes celles et ceux qui
gner. Pour le NPA, l’urgence est ont la volonté de ne pas laisser
à la riposte unitaire. La gauche faire et de mener ce combat que
sociale et politique doit s’unir cette brochure s’adresse, pour
et ne rien lâcher pour défendre donner les arguments, tracer les
les retraites sans attendre. Il perspectives pour gagner, cette
faut construire une mobilisa- fois. Un combat dont l’issue pè-
tion d’ampleur pour faire céder sera dans l’ensemble de la vie
ce gouvernement. Patronat et sociale et politique. 5
Introduction
De la conquête
aux contre-réformes

P
endant longtemps, les mum de mesures vis-à-vis d’une
vieux sans ressources et masse d’indigents perçus comme
sans famille ne survi- une menace par la bourgeoisie.
vaient que par la charité, à l’ini- Avec l’essor industriel et le
tiative d’organismes religieux développement du capita-
et des corporations pour leurs lisme  et  afin  de  conjurer  les 
membres ou dans des hospices. révoltes ouvrières, l’État met en
La bienfaisance perdurera de la place des services d’assistance
Révolution française jusqu’au afin  de  contrôler  « les  classes 
XIXe siècle. Dans les sociétés dangereuses ».
préindustrielles, seuls les sala- Les premiers systèmes de re-
riés des professions jugées traite sont instaurés pour des
utiles à la société percevaient catégories professionnelles par-
des pensions, l’État ayant besoin ticulièrement stratégiques : ma-
de soldats et de fonctionnaires. rins, militaires, fonctionnaires
Au XIXe siècle, face à l’extrême civils, cheminots… Ils laissent de
misère de la classe ouvrière nou- côté la masse des salariés, parti-
vellement exilée dans les villes, culièrement les plus mal rému-
les pouvoirs publics seront nérés, dont la vieillesse est sy-
6 contraints de prendre un mini- nonyme de misère. Une grande
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
pauvreté touche cette frange de La création de la Sécu
la population, tout spécialement Le régime de retraite mis en
les personnes âgées. Le mouve- place en 1945 dans le cadre de
ment ouvrier s’organise et, sous la Sécurité sociale s’appuie sur le
sa pression, les pouvoirs publics programme du Conseil national
sont amenés à mettre en place de  la  Résistance  qui fixe l’objec-
des solutions collectives. tif de garantir la sécurité aux tra-
En 1910, la loi sur « retraites vailleurs et à leur famille face à
ouvrières et paysannes » est tous les aléas de la vie. Le besoin
combattue par la droite et par la de main-d’œuvre, pour « recons-
CGT qui dénonce le système par truire le pays »… et restaurer les
capitalisation et une retraite pour profits,  et  la  pression  ouvrière 
les morts, la retraite étant fixée à  (la CGT est forte de 5 millions de
65 ans alors que l’espérance de syndiqués) explique ce compro-
vie était à peine supérieure à mis historique.
50 ans ! Ce système par capita- Le système par répartition cou-
lisation, théoriquement obliga- vrira progressivement l’en-
toire pour les personnes gagnant semble de la population. Financé
moins de 3 000 francs, concer- collectivement par les cotisations
nera 3 millions de personnes sociales proportionnelles au sa-
sur 8 millions de salariés (et laire, versées par les employeurs,
40 millions d’habitants) et il y sera il a permis d’assurer progressive-
mis fin en raison de l’absence de  ment à tous une rémunération
cotisants du fait de la guerre de de plus en plus proche du salaire
1914-1918 et de l’inflation. d’activité (75 à 80 %) dans les an-
Entre 1928 et 1930, des lois nées 90, sans faire appel à aucun
institueront les « Assurances circuit financier.
sociales » pour les salariés de L’État crée, en 1956, le Fonds
l’industrie et du commerce dont national de solidarité et instaure
les revenus ne dépassent pas un le minimum vieillesse qui ga-
seuil (le plafond), un système rantit à toute personne de plus
par capitalisation qui ne survivra de 65 ans, quels que soient ses
pas à la crise économique et sera revenus, une retraite minimum
remplacé par un système par ré- versée au titre de la solidarité et
partition en 1941 ! financée par l’impôt.  7
De la conquête aux contre-réformes
Des mesures positives sont financé  par  les  cotisations  so-
prises pour les femmes avec la ciales que les contre-réformes
validation  des  années  justifiées  libérales remettent en cause, de-
pour l’éducation des enfants. puis les années 80. Ce « salaire
Les  années  de  chômage  seront  socialisé » est devenu une part
aussi validées. importante de la masse salariale,
En parallèle, la création de caisses puisqu’il en représente plus de
complémentaires (Agirc, Arrco, 40 %.  Pour  restaurer  les  profits, 
Ircantec) permet aux assurés le patronat et les gouverne-


ments veulent réduire « le coût
ouvrir du travail » et plus particulière-

de nouveaux ment la partie socialisée.


En 2010, 633,1 milliards d’eu-
espaces aux ros (1/3 du PIB) dont 64 % sont

assurances et aux des cotisations sociales seront


versés par les entreprises pour
banques l’ensemble de la protection
sociale  (Sécurité  sociale  +  Pôle 
d’améliorer les retraites modestes emploi + complémentaires re-
attribuées par les régimes de base. traites et complémentaires san-
Les retraites, calculées sur la base té d’entreprise).
d’un salaire de référence limité à Pour la seule Sécu, les dépenses
un montant maximum (plafond s’élèvent à 427,5 milliards d’eu-
de la Sécurité sociale équivalent ros (1/5 du PIB) pour les trois
à environ une fois et demie le sa- branches maladie, retraites, allo-
laire moyen), ne représentent que cations familiales) dont 255 mil-
28 % du salaire moyen, en 1950. liards de cotisations sociales.
En 1982, sous la présidence de Quand Gattaz, nouveau pré-
François Mitterrand, une ordon- sident  du  Medef,  affirme  que 
nance accorde la retraite à partir la baisse des cotisations est un
de 60 ans. objectif décisif de son mandat,
il ne se trompe pas de cible :
Les contre-réformes baisser la part de la richesse qui
C’est le droit à un salaire conti- revient à ceux qui la produisent,
8 nué après la vie professionnelle, pour augmenter celle du travail
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
gratuit que s’approprient les mouvement de grèves et de ma-
patrons sous forme de plus-va- nifestations depuis 1968.
lue, tel est bien l’enjeu de classe En 2003, Fillon aligne la durée
poursuivi par le capital et ses de cotisation des fonctionnaires
représentants. sur le privé et développe la pos-
Leur second objectif est d’ou- sibilité de cotiser à des plans
vrir de nouveaux espaces aux d’épargne.
assurances et aux banques : En 2008, la durée de cotisation
plus les dépenses socialisées est majorée d’un trimestre par
diminueront, plus le recours an pour atteindre 41 annuités
à l’épargne se développera. au 1er janvier 2012. L’alignement
« Complémentaires santé » et par le bas des différents régimes 
fonds de pension prospèrent sur de retraite est accentué avec la
le déclin de la Sécu. réforme de plusieurs régimes
Tel est le projet, poursuivi avec spéciaux.
constance par les gouverne- En 2010, Sarkozy décide du recul
ments de droite comme de progressif de l’âge de départ
gauche. à la retraite de 60 à 62 ans (en
Reprenant les préconisations de novembre 2011, l’échéance est
1991 du Livre blanc de Michel ramenée à 2017) et repousse de
Rocard, la réforme Balladur ré- 65  à 67 ans l’âge auquel un sala-
vise la durée de cotisation pour rié peut bénéficier d’une retraite 
bénéficier  de  la  retraite  à  taux  à taux plein sans avoir le nombre
plein (50 % du salaire plafonné) nécessaire d’annuités de cotisa-
qui passe de 37,5 à 40 ans, le tion. Il décide aussi que, d’ici à
calcul du montant se fait sur les 2020, le taux de cotisation des
25 meilleures années au lieu de fonctionnaires sera aligné sur
10, la revalorisation des retraites celui du privé.
dépend de l’indice des prix à la
consommation au lieu de l’in- Leur bilan : 
dexation sur les salaires. Selon une étude de la Caisse
En 1995, Juppé veut porter la nationale de l’assurance vieil-
durée de cotisation à 40 ans lesse des travailleurs salariés
pour le secteur public, mais il (CNAVTS) publiée en 2008, pour
doit reculer face au plus grand six retraités sur dix, la réforme 9

De la conquête aux contre-réformes


Balladur de 1993 a « conduit au 2014, s’inscrit dans la stricte conti- d
versement d’une pension moins nuité des réformes menées par la
importante que celle à laquelle droite depuis 1993, et répond aux
ils auraient pu prétendre sans ré- exigences formulées par l’Union
forme  ».  La  différence  moyenne  européenne. Face aux contes de
est de 6 % pour l’ensemble de la fées de la propagande gouver-
population. Les hommes nés en nementale, il est nécessaire d’en
1938, par exemple, reçoivent une décrypter la réalité : le gouverne-
pension moyenne annuelle de ment a en effet tout faux. 1
7 110 euros par an (hors retraites
complémentaires), 660 euros de 1.L’allongement de la durée de
moins que si la réforme n’avait cotisation est reporté à 2020 :
pas eu lieu. faux ! 1
Avec les difficultés grandissantes  La durée de cotisation pour bé-
d’accès à un emploi stable et néficier de la retraite à taux plein  1
l’allongement de la durée d’acti- des assurés sociaux du régime
vité  nécessaire  pour  bénéficier  général et des fonctionnaires est
1
du taux plein, il sera de plus en actuellement de 166 trimestres
plus difficile d’avoir une retraite  (41,5 ans) pour la génération à
à taux plein. Cela amène pro- compter de 1955. Elle passera 1
gressivement les retraitéEs qui à 167 trimestres pour la géné-
en ont les moyens à préparer ration de 1958 qui prendra sa 1
leur retraite par une épargne retraite  en  2020.  En  effet  la  loi 
collective ou assurance vie et les Fillon qui lie la durée de cotisa-
autres survivent avec des pen- tion aux gains d’espérance de
sions de plus en plus basses. vie est maintenue, et entre 2020
Cette forme d’épargne, encoura- et 2035 la durée de cotisation
gée notamment par des mesures est à nouveau augmentée d’un
fiscales, augmente rapidement. trimestre de plus tous les trois
ans ; elle atteindra 43 ans pour
La « réforme » de 2013 ceux et celles nés à partir du 1er
Le projet de loi sur les retraites janvier 1973.
2013, accompagné d’autres dis-
positions du projet de loi de finan-
10 cement de la Sécurité sociale pour
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
Année Nombre de trimestres Age légal de départ Age de départ à taux
de naissance exigés pour le taux plein à la retraite plein quelle que soit
la durée de cotisation

1952 164 60 ans et 9 mois 65 ans et 9 mois

1953 165 61 ans et 2 mois 66 ans et 2 mois

1954 165 61 ans et 7 mois 66 ans et 7 mois

1955 – 1956
166 62 ans 67 ans
– 1957

Loi Ayrault

1958 – 1959
167
1960
1961 – 1962 62 ans 67 ans
168
1963

1964 – 1965
1966 169

1967 - 1968
170
1969
1970 – 1971
171
1972

1973 172

Il est aussi envisagé dans le pro- Un article du projet de loi


jet de loi que le Parlement puisse intitulé « Règles et disposi-
délibérer chaque année sur des tif de pilotage » précise le
mesures (cf. ci-dessous). rôle  d’un « comité de surveil-
lance des retraites composé de
2.  Le gouvernement ne touche cinq personnes compétentes
pas au système actuel des re- en matière des retraites » qui
traites : faux ! devra chaque année faire des 11
recommandations pouvant 3.Les fonctionnaires ne sont pas
avoir pour effet  « d’augmenter le concernés : faux !
taux de cotisation des régimes de L’allongement de la durée de coti-
base et complémentaires au-de- sation et l’augmentation des coti-
là des bornes fixées par décret » sations concernent aussi bien les
et aussi « de réduire le taux de fonctionnaires que le secteur pri-
remplacement (pourcentage du vé. Le gouvernement n’a pas osé
salaire conservé lors du départ en à cette étape aligner les régimes
retraite) assuré par les retraites spéciaux (SNCF, RATP, EdF-GdF,
au-delà des bornes fixées par dé- etc.) sur le régime général, ni mo-
cret ». Les pensions versées par difier  le  calcul  des  pensions  des 
la Sécurité sociale et les régimes fonctionnaires (calculées sur les
complémentaires fonctionnent 6 derniers mois) en les alignant
actuellement selon le principe sur le régime général (prenant
des  prestations  définies :  le  en compte les 25 meilleures an-
financement  doit  s’adapter  au  nées), espérant éviter une mobi-
montant des pensions. Selon lisation d’ensemble. À noter que
les nouvelles règles, les cotisa- les indemnités et primes diverses
tions ne devraient pas dépasser ne sont pas prises en compte
un plafond défini auparavant et  pour le calcul des retraites des
les pensions s’adapter chaque fonctionnaires, et que de ce fait
année  au  financement.  On  bas- le niveau respectif des pensions
cule dans un système de « co- versées aux anciens salariés du
tisations  définies »  y  compris  public et du privé est proche.
pour les complémentaires, les
prestations devant s’adapter 4.L’âge de départ à la retraite
aux recettes. Ce changement n’est pas repoussé : faux !
systémique est une rupture L’âge  légal  reste  fixé  à  62  ans, 
avec les principes de 1945, se- mais dans la réalité ce ne sera pas
lon lesquels chacun cotise selon possible pour l’immense majorité
ses moyens et reçoit selon ses des salariés. Ils ne toucheraient
besoins. Il a entraîné une dégra- dans la plupart des cas qu’une
dation importante du niveau de pension rabotée en raison de la
vie dans plusieurs pays, notam- décote qui s’applique sur son
12 ment la Suède. montant faute d’avoir travaillé
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
le nombre de trimestres requis. en 2014 puis 0,05 % les années
Pour toucher une retraite à taux suivantes, au total 0,30 % (à
plein, la génération de 1973 de- l’étape actuelle). L’augmentation
vra travailler sans discontinuer à de la part salariale diminue le
partir de 17 ans !   pouvoir d’achat  des salariés (54 € 
par an pour un salarié au Smic en
5.Il n’y aura pas de gel des pen- 2020). Les patrons n’auront rien à
sions : faux ! payer, Jean-Marc Ayrault a annon-
Depuis 1987, le montant des cé une compensation intégrale
pensions n’évolue plus comme de l’augmentation de la part des
les salaires, mais est indexé sur employeurs (voir ci-dessous). Ce
l’indice  officiel  des  prix.  Une  nouveau cadeau aux patrons  sera 
nouvelle mesure va aggraver la payé par les actifs et les retraités.
dégradation du niveau de vie
des retraités. La revalorisation 7.Les mesures sur la pénibilité
annuelle des pensions au 1er avril au travail sont une avancée im-
sera reportée au 1er octobre, sauf portante : faux !
pour les personnes titulaires du Le gouvernement annonce des
minimum vieillesse (« l’alloca- mesures dites de justice sociale,
tion de solidarité aux personnes la mesure phare en serait « le
âgées » prestation sans contre- compte pénibilité au travail » des-
partie de cotisation pour les per- tiné uniquement aux salariés régis
sonnes qui ont des revenus infé- par le droit privé. La pénibilité est
rieurs à 787,26 € net par mois). limitée  aux  critères  définis  par 
Ce gel des pensions pendant le code du travail : « contraintes
18 mois permettra une « écono- physiques marquées, environne-
mie » de 0,6 milliard en 2014, de ment physique agressif, rythmes
2 milliards en 2020, piquée dans de travail susceptibles de laisser
la poche des retraités. des  traces  durables  identifiables 
et irréversibles sur sa santé ». Les
6.L’augmentation des cotisa- trimestres de travail exposés à la
tions est « équitable » : faux ! pénibilité, selon la déclaration
Les parts patronale et salariale des de l’employeur, valideront des
cotisations augmenteront dans points qui permettront de béné-
les mêmes proportions de 0,14 % ficier de congés formation afin de  13
changer de métier, de travailler à Le salaire moyen des femmes
temps partiel payé à temps plein est inférieur de 27 % à celui des
en fin de carrière, ou de bénéficier  hommes, le montant des pen-
d’une majoration du nombre de sions de retraite est moindre de
trimestres cotisés. Les barèmes 42 %. Le projet de loi prévoit
seront  définis  par  décret.  Des  li- de « faciliter l’acquisition de tri-
mites sont déjà apportées au dis- mestres pour les assurés à faible
positif : plafonnement du nombre rémunération » et de « mieux
de points, obligation d’utiliser des compenser l’effet sur les pensions
points pour la formation, possibi- des interruptions de carrières
lité pour l’entreprise de refuser liées aux jeunes enfants ». Les
le temps partiel prévus pour les mesures  effectives  sont  ren-
travailleurs  en  fin  de  carrière…  Il  voyées à des décrets.
y aura peu d’élus et ils bénéficie- La seule mesure concrète porte
ront de faibles compensations, au sur la validation des trimestres
mieux une retraite anticipé d’un de travail à temps partiel des sa-
ou deux trimestres. Rien n’est pré- lariés du privé pour qu’ils soient
vu par le gouvernement pour ce pris en compte dans le calcul de
qui devrait être primordial, lutter la pension. Pour cela il faudra
contre la pénibilité, imposer des gagner durant un trimestre 150
changements dans l’organisation fois l’équivalent du SMIC horaire
du travail qui engendre souffrance  au lieu de 200 fois.
morale et physique. Les travailleurs qui n’ont pas
d’autres choix que des contrats
8.Les mesures en faveur des courts, bien souvent des
femmes réduiront les inégalités : femmes,  pourront  bénéficier  de 
faux ! plus de trimestres validés, mais
L’allongement de la durée de co- l’augmentation des pensions
tisation augmentera les inégali- restera dans la majorité des cas
tés de pension entre les hommes très  minime,  c’est  le  reflet  des 
et les femmes qui ont des car- bas salaires. Cette mesure peut
rières plus courtes, plus discon- inciter les employeurs à multi-
tinues, tandis que les mesures plier les contrats de travail très
annoncées sont minimales et très courts et donc à développer la
14 vagues. précarité puisque aucune me-
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
sure n’est envisagée pour lutter Le  gouvernement  s’est  en  effet 
contre elle. engagé auprès du Medef à com-
penser l’augmentation des coti-
9.C’est une réforme en faveur sations patronales « retraites »
des jeunes : faux ! par la baisse d’autres « charges ».
Parmi les jeunes en formation En d’autres termes, la réforme
professionnelle, seuls les appren- ne coûtera pas un centime aux
tis pourront valider les trimestres patrons.
en stage. Les étudiants notam- Le  projet  de  loi  de  finance-
ment sont exclus de cette dispo- ment de la Sécurité sociale pour


sition. La durée des études et des 2014 prévoit
formations ne sera pas prise en une baisse de
compte. 0,15 point le
Le rachat des quelques années de la part transfert des
d’étude devrait toujours être pos- patronale des
sible à la fin des études et à des  co t i s a t i o n s
revenus du
conditions fixées par décret. Elle  f a m i l i a l e s . travail vers
serait selon les annonces gou- La compen-
vernementales possible jusqu’à sation serait
les revenus
4 trimestres maximum, dans les réalisée no- du capital
5  ou  10  ans  suivant  la  fin  des  tamment par
études, et un peu moins prohibi- l ’ a u g m e n -
représente
tives qu’actuellement mais inat- tation de la de 120 à
teignables pour la plupart des TVA de 19,6
190 milliards


jeunes. à 20 % (taux
Les générations successives se- concernant la d’euros
ront de plus en plus pénalisées majorité des
par les allongements des durées biens et services) et de 7 à 10 %
de cotisation. (taux concernant les logements
sociaux, les transports de voya-
C’est donc un recul sur toute la geurs, la restauration…) dès le 1er
ligne qui s’annonce pour l’en- janvier. C’est le retour de la TVA
semble des salariés. « sociale » que voulait instaurer
Les méfaits de cette réforme Sarkozy. Ce n’est qu’une ébauche
ne s’arrêtent pourtant pas là. du projet gouvernemental, Ayrault 15
Des arguments toujours aussi fallacieux
a déclaré que la compensation généralisation des « complémen-
porterait sur les cotisations de la taires santé » dans l’accord ANI (en
branche famille et de la branche remplacement de l’assurance ma-
maladie de la Sécurité sociale. ladie), la réforme à venir du finan-
En un mot : ce qui sera payé en cement de la Sécurité sociale
plus par les patrons pour financer  C’est un pas de plus vers une
les retraites sera payé en moins transformation radicale de la pro-
pour  financer  les  allocations  fa- tection sociale voulue par l’Union
miliales dans un premier temps européenne : passer d’un système
et l’assurance maladie ensuite : unique – garantissant à tous des
c’est donc dans tous les cas la droits sociaux – à un système à 3
Sécu et les salariés qui trinquent, « piliers » : une couverture mini-
et qui devront payer par leurs mum  –  essentiellement  financée 
impôts  ce  que  les  employeurs  par les impôts des salariés –, une 
ne  financent  plus !  C’est  donc  la  couverture « professionnelle » –
double peine : payer plus pour assurance collective par capita-
moins de prestations sociales lisation dans le cadre de l’entre-
(retraites ou famille) prise (et donc liée à celle-ci) –, et
De ce point de vue, la réforme des une assurance individuelle facul-
retraites complète les mesures tative. Sous couvert de « sauver
déjà prises ou à venir du gouverne- la sécu » c’est sa liquidation qui
ment contre la Sécurité sociale : la est ainsi programmée.

Retraites complémentaires, un très mauvais exemple !


L’Agirc et l’Arrco sont gérées paritairement et négocient chaque année la
valeur du point qui sert au calcul de ces retraites. En mars 2013, un protocole
d’accord a été conclu avec le patronat sur le montant des retraites complé-
mentaires. Au 1er avril, il n’a été revalorisé que de 0,5 % pour les cadres et
de 0,8 % pour les autres salariés du privé. La part patronale et la part salariale
des cotisations augmenteront de 0, 1 % en 2013 et 2014 et, durant trois ans,
le montant des retraites complémentaires ne suivra plus l’inflation. Ce pro-
tocole a été signé par la CFDT, la CFTC, et FO… qui revendique l’indexation
des retraites du régime général sur les salaires !
16
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
Des arguments qui ne
sont pas nouveaux et qui
restent aussi fallacieux !

D
endant longtemps, les Cherche-Midi)
vieux sans ressources et Le  déficit  reste  ce  qu’il  a  tou-


sans famille ne survi-
vaient que par la charité, à l’ini- l’attaque contre
tiative d’or es gouvernements
de droite à ceux de gauche, les les retraites est une
refrains ne changent pas : composante de
l’offensive générale
L
e déficit 
Le Monde écrivait déjà… contre ce que les
le 12 janvier 1948 : « Le
capitalistes appellent


déficit se creuse, les dépenses ne
cessent de progresser, la Sécurité le coût du travail
sociale est devenue pour l’éco-
nomie une charge considérable jours été, une construction
qui risque de compromettre le politique, le gouvernement
redressement du pays » (source : décidant des dépenses et des
Claude Frémont, Adieu Sécu, le recettes. 17
Introduction
Des scénarios catastrophe sont Les écarts entre cadres et
présentés : le système menace- ouvriers se sont maintenus.
rait  de  s’effondrer.  Regardons  Les hommes cadres vivent en
les  chiffres :  les  dépenses  to- moyenne 6,3 ans de plus que
tales du système de retraite les hommes ouvriers. Chez les
tous régimes – incluant, outre femmes, les inégalités sociales
les pensions de retraite, les sont moins marquées, mais 3
dépenses d’action sociale des ans séparent les cadres et les
régimes, ainsi que diverses ouvrières (source Insee). Quant
charges  financières  et  de  ges- à l’espérance de vie moyenne,
tion – ont représenté, en 2011, il est douteux qu’elle conti-
282 milliards d’euros. Le « défi- nue à augmenter fortement du
cit » de 2011 est de 14 milliards fait des retombées du mode
d’euros. À titre de comparaison, de croissance capitaliste sur
le PIB de la France a atteint en l’environnement, les modes de
2012, 2 032 milliards d’euros vie et des conditions de travail,
et le gouvernement a décidé et des réformes hospitalières.
sans hésitation d’accorder aux On  peut  d’ailleurs  remarquer 
entreprises, à la suite du rap- que les données les plus ré-
port  Gallois,  un  crédit  d’impôt  centes de l’Insee (données
de 20 milliards. D’après les provisoires 20122) montrent
prévisions  du  COR,  le  « défi- que l’espérance de vie des
cit » devrait passer à 20 mil- femmes a diminué en 2012 par
liards en 2020 puis les régimes rapport à 2011 (de 85 ans à
de retraite devraient revenir à 84,8 ans) et celle des hommes
l’équilibre en 2040. Ce préten- a stagné (à 78,4 ans). C’est une
du déficit ne met donc aucune- tendance déjà notée aux USA.
ment en péril le paiement des Par ailleurs, il faut également
retraites, même si les recettes considérer l’espérance de vie
baissent du fait du chômage et  en bonne santé (appelée espé-
de la crise économique. rance de vie sans incapacité).
Globalement, l’espérance de
La démographie  vie sans incapacité (EVSI) pla-
L’espérance de vie a augmenté, fonne, voire recule depuis 2006 
18 mais pas pour tout le monde ! en France  comme le montre les 
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
travaux de l’Institut national tesque transfert de richesse
d’études démographiques. En au détriment des salariés : en
2010, les hommes vivent en 2007, la part des salaires dans
moyenne 61,9 ans sans dépen- la valeur ajoutée est inférieure
dance ni maladie chronique. de 10 points de PIB au pic de
Pour les femmes, la durée 1982, et de 6,5 points par rap-
moyenne de vie en bonne san- port à la moyenne des « Trente
té est de 63,5 ans. Les premiers glorieuses ». Rapportés au
peuvent donc espérer passer PIB de 2007 (1 887 milliards
79,1 % de leur vie en pleine d’euros)  ces  différentiels 


forme contre 74,4 % pour les
femmes. Ces EVSI ont diminué
d’environ un an depuis 20063.
Il est aujourd’hui
Toujours d’après l’Institut possible d’assurer
d’études démographiques
(étude de 2008, dernière dis-
à tous une vie
ponible), un ouvrier homme de meilleure en
35 ans n’avait plus que 24 ans
travaillant moins


à vivre en bonne santé (soit au
total 59 ans). Un cadre homme longtemps.
de 35 ans disposait pour sa
part d’encore 34 ans en bonne conduisent à l’évaluation sui-
santé. vante : le transfert des revenus
Les rapports d’experts visent à du travail vers les revenus du
faire croire que les choix sont capital représente de 120 à
techniques. En réalité, le choix 190 milliards d’euros. Ce trans-
de l’âge de la retraite à taux fert ne s’est pas accompagné
plein, du nombre de trimestres d’une progression de l’investis-
nécessaires pour avoir une re- sement mais d’une hausse des
traite pleine et des modes de dividendes. La part dévolue
financement  sont  d’abord  des  aux actionnaires a crû dans des
choix politiques et sociaux. proportions considérables pas-
C’est une question de partage sant en 2011 à 9 % de la valeur
des richesses. Les années pré- ajoutée brute des sociétés non
cédant la crise ont vu un gigan- financières (soit un montant de  19
Introduction
89,9 milliards d’euros). Des ri- évoluent selon les besoins) et
chesses sont donc disponibles évoluent vers des régimes à
pour financer les retraites. cotisations  définies  (les  pres-
En fait l’attaque contre les re- tations doivent s’adapter aux
traites est une composante de ressources dont le niveau
l’offensive générale en Europe  est bloqué). C’est le cas avec
contre ce que les capitalistes la proposition de supprimer
appellent le coût du travail : toute indexation du montant
salaires directs et protection des retraites, que ce soit sur les
sociale. Pour ce qui est de la salaires ou les prix.
protection sociale, les modes
d’organisation en varient se- « Si l’on vit vieux, il est
lon les pays, mais toutes les normal de travailler
réformes vont dans le même plus longtemps »
sens. Il s’agit d’en réduire les Au moment où le nombre de
coûts pour les employeurs et chômeurs  explose,  où  chaque 
d’amener les gens qui en ont les jour apporte son lot de licen-
moyens à se tourner vers des ciements et de fermetures
formules privées de garantie. d’entreprises, à qui fera-t-on
Ces dispositifs sont d’ailleurs croire qu’il faudrait contraindre
subventionnés : en France, le les plus âgés à continuer de
coût  annuel  des  avantages  fis- travailler, alors que plus de
caux liés à l’épargne retraite 10 % de la population active
est de 2 milliards d’euros. Il est  au  chômage.  En  tout,  ce 
est à remarquer que l’attaque sont 4 millions de personnes
concerne tous les systèmes de qui cherchent à travailler, à sor-
retraite  qu’ils soient fondés sur  tir de la précarité et du temps
la répartition ou la capitalisa- partiel imposé.
tion : les employeurs (avec l’ap- Quant aux « seniors » censés
pui des gouvernements) font travailler plus longtemps, ils
pression pour que les régimes continuent d’être licenciés ou
à  prestations  définies  qui  de perdre leur emploi. Ils se
donnent des garanties aux sa- trouvent souvent, pour raison
lariés (le montant des retraites de santé, dans l’incapacité de
20 est  défini  et  les  ressources  poursuivre leur activité pro-
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
fessionnelle, « cassés » par des ne  pouvaient  bénéficier  d’une 
rythmes et des conditions de misérable assistance qu’une
travail insupportables, l’inten- fois dans l’incapacité totale de
sité du travail, les méthodes produire.
de « management » destruc- C’est au nom du même raison-
trices, voire le harcèlement, nement que leurs descendants,
qui  génèrent  la  souffrance  au  et les hommes politiques qui
travail. L’espérance de vie « en le défendent, expliquent qu’il
bonne santé » régresse, et cela faut reculer l’âge du départ à la
concerne en premier lieu ceux retraite.
qui exercent les métiers les Roger, un salarié de Clermont-
plus pénibles. Ferrand interviewé par Media-
Cette société marche sur la part, résume avec lucidité une
tête : dans le seul intérêt des situation de plus en plus fré-
profits  de  quelques-uns,  elle  quente. Contraint de continuer
contraint la grande majorité de à faire des « petits boulots »
la population soit à un travail pour survivre après 43 ans de
épuisant, soit au chômage ou à  travail pénible, il envisage de
la précarité. « tout arrêter » : « Pour ne pas
Il n’y a aucune fatalité à devoir passer directement de la caisse
« travailler plus » parce qu’on à outils à la caisse en bois au
vit plus longtemps. cimetière. »
En un siècle, la productivité
du travail a été multipliée par
30 : on met en moyenne au-
jourd’hui 1 heure à produire ce
que l’on faisait en 30 heures au
début du XXe siècle ! Dans les
faits, le temps de travail a été
diminué par deux et la richesse
produite multipliée par 15.
Les patrons du XIXe siècle ex-
pliquaient qu’on ne pouvait se
passer du travail des enfants
et que les vieux travailleurs 21
Introduction
La lutte pour la défense
des retraites : un choix pour
l’ensemble de la société

L
a vie doit-elle être unique- et aliénant dépérira pour laisser
ment consacrée à un travail place à une libre activité créatrice.
contraint et souvent rendu Oui  il  est  aujourd’hui  possible 
pénible et inintéressant pour per- d’assurer à tous une vie meilleure
mettre l’enrichissement d’une en travaillant moins longtemps.
minorité ? Ou chacun a-t-il droit à  Moins longtemps chaque se-
des loisirs et des activités choisies maine et chaque année dans de
permettant son épanouissement, meilleures conditions, grâce à
tout en ayant les moyens de bien la poursuite de la réduction du
vivre et de satisfaire ses besoins ? temps de travail, avec embauches
La limitation de la durée du tra- correspondantes.
vail, les repos hebdomadaires, les Mais aussi moins longtemps dans
congés, des années de retraite en le cours de sa vie en entrant plus
bonne santé sont des avancées tardivement dans l’emploi et/ou
décisives dans la conquête de en en sortant plus tôt, grâce à la 
ce droit. Ne nous les laissons pas retraite à 60 ans pour tous, sur la
confisquer, elles préfigurent la so- base du meilleur salaire.
ciété que nous voulons construire : Loin d’être le problème, la dimi-
22 une société où le travail contraint nution du temps de travail, et le
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
partage de celui-ci entre tous est possibilité de le faire en leur ver-
précisément la solution. sant une allocation d’étude ou
Pour cela, il faut assurer à ceux un présalaire (au niveau du Smic
qui poursuivent des études la revendiqué).

Nous revendiquons donc un salaire payé par l’employeur durant toute la


vie : dès la naissance, des allocations familiales pour chaque enfant, un pré-
salaire durant les études et des pensions pour les retraités.

Il faut également garantir à tous est ainsi de faire disparaître le


la possibilité d’une retraite à chômage (autre que celui lié à la 
taux plein à 60 ans (55 ans pour transition entre deux emplois) en
les travaux pénibles). assurant un emploi à tous.
L’objectif, parfaitement réaliste,

Il faut donc partager le travail entre toutes et tous en réduisant le temps de


travail jusqu’à l’extinction du chômage. Pourquoi ne pas limiter le travail 
hebdomadaire à 32 heures (moins pour les travaux postés ou pénibles) et
en accordant la retraite à taux plein après 32 annuités pour celles et ceux
qui le souhaitent ?

Cette revendication de « travail- mettre aux plus jeunes de trou-


ler moins pour travailler tous » ver  un  emploi  stable  et  qualifié. 
permet d’assurer le lien entre les Les cotisations générées par ces
générations. La retraite est aussi nouveaux emplois permettront à
une affaire de jeunes ! leur tour d’assurer l’équilibre et
Si la retraite apparaît lointaine aux l’amélioration des retraites. Pour
nouvelles générations, l’emploi cela, bien sûr, il faut supprimer
est par contre leur souci immé- toute forme d’exonération de
diat. La « solidarité entre généra- cotisations sociales (patronales),
tions », c’est de libérer les postes et augmenter celles ci.
de travail au plus tard à 60 ans,
en créant de nouveaux emplois
pour compenser la réduction du
temps de travail, et ainsi per- 23
Les revendications

L
première exigence, c’est ciaux »,  pour  dégrader  finale-
bien sûr de refuser toute ment la situation de tous.
aggravation de la situation, C’est le chemin inverse qu’il faut
c’est-à-dire tout allongement de aujourd’hui refaire : il faut une
la durée de cotisation, et toute égalité entre public et privé,
diminution du niveau des pen- mais cette égalité doit tirer tout
sions, comme le veulent patro- le monde vers le haut et non vers
nat et gouvernement : « Pas un le bas.
euro de moins ! Pas un trimestre - Exigeons le droit à une retraite
de plus ». Sur cette base doivent complète pour toutes et tous
pouvoir se rassembler dans la au plus tard à 60 ans (55 ans
plus grande unité toutes celles pour les travaux pénibles et/ou
et ceux qui veulent combattre postés)
toute nouvelle régression. - Pour cela il faut – non pas al-
Mais il est aussi nécessaire de longer – mais réduire la durée
revenir sur les contre-réformes de cotisation nécessaire pour
qui se sont succédé depuis une retraite complète, en reve-
1993. Elles ont commencé par nant au maximum à 37,5 années
s’attaquer aux retraites du privé, de cotisations pour toutes et
pour justifier ensuite au nom de  tous et en y incluant les années
« l’équité » la casse des régimes de formation et d’études après
24 du public et des « régimes spé- 18  ans,  de  chômage,  de  temps 
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
partiel imposé, et de manière - Cette retraite doit être au moins
générale toute période d’inacti- égale à 75% du meilleur salaire
vité imposée ou « encouragée », brut dans le public comme
conditions nécessaires pour per- dans le privé (primes incluses).
mettre notamment aux femmes Aucune retraite ne doit être
d’avoir une carrière complète à inférieure au Smic revendiqué :
60 ans. 1 600 euros net.

Les gouvernements agissent sur trois paramètres : la date de départ


légal, la durée de cotisation, le montant des retraites. Ces trois re-
vendications sont donc indissociables.

- Un système de bonification doit  le patronat, c’est une répartition


permettre à ceux qui partent différente  des  richesses.  Il  faut 
plus  tôt,  en  raison  de  la  pénibi- donc  s’en  prendre  au  profit  en 
lité de leur travail, de bénéficier  inversant la tendance qui s’est
d’une retraite complète. imposée depuis une trentaine
- Exigeons le retour à l’indexa- d’années. Il faut donc augmenter
tion automatique des retraites les salaires directs, la part patro-
sur les salaires. nale de cotisations, interdire les
licenciements et partager le tra-
Augmenter la part vail afin de créer des emplois.
des salaires directs
et socialisés
La condition pour satisfaire ces
revendications, et c’est bien là
que se situe l’affrontement avec 

100 000 chômeurs c’est 1,3 milliard d’euros de cotisations en moins.
5 millions de privés d’emploi retrouvant une activité salariée, cela
apporterait 65 milliards aux caisses de Sécu
1% d’augmentation de la masse salariale du pays apporterait 3 mil-
liards d’euros
25
Un point (1%) de cotisation représente 5 milliards d’euros de re-
cettes (Rapport de septembre 2011 de la commission des comptes
de la Sécu concernant l’année 2010)

Salaires, emploi, retraites : c’est Fin  décembre  2011,  4,9  mil-


bien le même combat pour nous lions de retraitéEs du régime
réapproprier les richesses que général perçoivent le minimum
produit notre travail. vieillesse, parmi eux 70% de
femmes.
Egalité hommes-femmes :
la retraite amplifie Toutes les contre-réformes de-
les inégalités de la puis 20 ans ont accentué les iné-
vie professionnelle galités entre les femmes et les
En 2009, le salaire moyen des hommes :
femmes • Le passage des 10 aux 25  meil-


représente leures années dans le privé
seul le 75  %  de  (1993) pénalise toutes les car-
blocage, la celui des rières courtes donc les femmes.

paralysie hommes ;
la pension
Avec pour conséquence une
baisse immédiate des pensions,
de l’activité moyenne en particulier celles des femmes.

économique des femmes


ne repré-
• L’allongement de la durée de co-
tisation pénalise plus fortement
du pays sente que les femmes. Elles ont des carrières

peut faire 72  %  de 


celle des
en moyenne plus courtes que les
hommes et sont plus nombreuses
reculer le


hommes. à ne pas obtenir une carrière com-

pouvoir Aux salaires


plus faibles
plète. En 2008, les femmes va-
lident une carrière plus courte de
des femmes 2,75  ans  que  celles  des  hommes 
s’ajoute le et elles ne sont que 60 %, contre
partage inégal des tâches do- 77 % des hommes, à valider une
mestiques et d’éducation, entre carrière complète. Pour éviter la
26 hommes et femmes. décote sur une retraite déjà plus
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
faible que celles des hommes, les trictives pour les autres, faisant
femmes sont obligées de partir perdre à de nombreuses femmes
plus tard que les hommes (1,4 an leur droit à bonification. 
de plus que les hommes).
•  Parmi  les  personnes  parties  Nos revendications
à la retraite en 2008, 6 % des spécifiques
hommes ont une décote et 9 % •  Rattrapage  immédiat  des  pen-
des femmes subissent une décote sions, des salaires et égalité
plus forte que celle des hommes. salariale,
•  Suite  aux  mobilisations,  l’attri- • Transformation des emplois pré-
bution des deux années de majo- caires en CDI et des temps partiel
ration possible pour enfants a été en temps complet pour celles qui
maintenue. Pour les enfants nés à le souhaitent,
partir de 2010, la première année • Droit à une évolution de carrière 
reste réservée aux mères au titre et à une formation professionnelle
de l’incidence de la maternité sur continue rémunérée et qualifiante 
leur carrière, et un choix d’attribu- sur le temps de travail,
tion a été créé pour la deuxième •  Reconnaissance  des  qualifica-
année entre le père et la mère. tions,  des  certifications  et  des 
Cette décision qui doit être prise diplômes obtenus tout au long de 
dans un délai de 4 ans suivant la la vie
naissance, donc très longtemps • Réduction du temps de travail à 
avant la retraite, est irréversible ! 32 heures pour toutes et tous sans 
•  Dans  la  fonction  publique,  la  flexibilité  ni  intensification  avec 
loi de 2003 a particulièrement les embauches correspondantes,
pénalisé les mères en remplaçant •  Service  public  de  la  petite  en-
la  bonification  d’un  an  pour  les  fance mixte, gratuit et de qua-
enfants nés à partir de 2004 par lité et service public de prise en
la validation gratuite de l’inter- charge des personnes âgées ou
ruption ou de la suspension de dépendantes,
l’activité jusqu’aux 3 ans de l’en- • Retraite par répartition à 60 ans 
fant, et pour les femmes qui n’in- et à taux plein et au moins égal
terrompent pas leur carrière par au Smic revendiqué à 1 600 euros
l’attribution de seulement 6 mois. net.
Elle a introduit des conditions res- 27
Comment gagner cette fois :
des leçons de 2010 aux
tergiversations de 2013
Au cœur d’enjeux décisifs rer que la Cour des comptes a rai-
La contre-réforme présentée de- son. En s’inscrivant dans la logique
vant le Parlement à partir du 4 de l’austérité et en s’alignant sur
octobre est au cœur de la mise en les exigences du Medef, le gouver-
œuvre du plan global de réduction nement ne reculera sur la question
des dépenses publiques, dans le des retraites que face à une mobili-
cadre  des  obligations  fixées  par  sation puissante de l’ensemble de
la troïka et les gouvernements la population.
européens. Celles-ci sont concré-
tisées notamment par la Cour des Retour sur 2010
comptes qui exige que la France ré- L’une des leçons de la mobilisation
alise 28 milliards d’euros d’écono- de 2010 est que seul le blocage, la
mies en 2014 et 2015. Pour revenir paralysie de l’activité économique
à 3 % de déficit en 2015 (au lieu de  du pays, peut faire reculer le pou-
2013), il faut donc trouver 13 mil- voir. Les très importantes mani-
liards d’économies en 2014, et 15 festations de rue, les dizaines de
milliards en 2015. Et le Premier mi- meetings  unitaires  ont  ôté  toute 
28 nistre Jean-Marc Ayrault de décla- légitimité politique à la contre-ré-
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
forme Sarkozy-Woerth. La bataille sont évidemment concernés par
des idées a été gagnée et cette vic- la baisse programmée des pen-
toire a été une des composantes sions. Les jeunes en formation,
de la défaite électorale de Sarkozy, hors emploi ou sur des contrats
mais la contre-réforme est passée. précaires, les chômeurEs sont et 
La menace d’une extension de seront les principales victimes
la  grève  à  partir  des  raffineries  a  de l’augmentation du nombre
déclenché une riposte violente d’années de cotisations néces-
du gouvernement, conscient, lui, saires pour l’obtention d’une
de l’enjeu de cette forme de lutte : retraite à taux plein. Sous cou-
condamnations des grèves et re- vert de prise en compte des iné-
mise en cause du droit de grève par galités, le gouvernement tente
la validation par les tribunaux des de diviser l’opposition à ses
réquisitions et de l’intervention projets. Les quelques miettes
des forces de l’ordre. pour les femmes, les métiers pé-
Au total, c’est bien ce bilan qui est nibles, la limitation des attaques
tiré par les salariéEs eux-mêmes : sur les régimes spéciaux, large-
les journées d’action même mas- ment contrebalancés par l’aug-
sives, même répétées, et la grève mentation du nombre d’années
de certains secteurs avec le sou- de cotisation nécessaire pour
tien moral des autres ne suffisent  une retraite sans décote, n’ont
pas. C’est à un tout autre niveau comme objectif que d’empêcher
qu’il faut hisser le rapport de forces la constitution d’un front large
pour gagner. de mobilisation. D’autant plus
que certaines organisations syn-
La nécessaire unité dicales s’appuient sur ces pseu-
Mais, en même temps qu’elle do-concessions pour donner un
doit viser la paralysie de l’acti- avis  plutôt  favorable  au  projet 
vité économique du pays, la gouvernemental.
mobilisation doit aussi englo-
ber toutes celles et ceux impac- Une mobilisation
téEs par la contre-réforme. En en demi-teinte
effet, les salariéEs actifs ne sont  Au soir du 10 septembre, les sen-
pas les seuls concernés. Tout timents étaient partagés entre
d’abord les retraitéEs actuels un certain soulagement, devant 29
une journée qui avait mobilisé maines du gouvernement est réta-
près de 300 000 personnes dans blie en catimini, pour compenser la
la rue, et la compréhension que diminution des cotisations patro-
cela  était  bien  insuffisant  pour  nales sur les allocations familiales.
faire reculer le pouvoir. La mobi- Des restrictions, jamais vues (2,9
lisation était la plus importante milliards d’€ sont imposées à la
depuis la mise en place du gou- branche maladie de la Sécu, en parti-
vernement Hollande. Les mobi- culier 477 milliards sur les dépenses
lisations contre l’ANI de mars et hospitalières) sont imposées à la
avril 2013 ou le 1er mai n’avaient santé. Les fermetures d’hôpitaux et 
mobilisé guère plus de 100 000 de services, le manque de person-
manifestantEs. Malgré la relative nel déjà dramatique vont continuer
ampleur de la mobilisation, les de s’aggraver, si la mobilisation n’ar-
directions  syndicales  CGT,  FO  et  rête pas le rouleau compresseur de
FSU n’ont pas cherché à la déve- l’austérité.
lopper.  Du  côté  de  Solidaires, 
malgré son positionnement clair Des résistances
contre la réforme et pour le re- Le matraquage médiatique sur la
trait du projet, il y a de réelles légitimité de l’augmentation du
difficultés  à  se  distinguer  de  la  nombre d’années de cotisation au
stratégie des autres directions regard de l’allongement de l’espé-
syndicales. Il reste à trouver les rance de vie, s’il ne convainc pas sur
ressorts nécessaires à un déve- la justesse des mesures contenues
loppement à la hauteur des dans la loi, tend à justifier la néces-
reculs contenus dans le projet. sité d’une réforme. C’est d’ailleurs
Le gouvernement estime que le la posture des directions de la CGT
moment le plus difficile est der- et la FSU : tout en continuant à va-
rière lui et passe à autre chose : loriser les mesurettes censées être
il poursuit son offensive avec un  des contreparties à l’allongement
projet  de  loi  de  financement  de  de la durée de cotisation, elles re-
la Sécurité sociale qui constitue fusent de se prononcer pour le re-
un nouveau pas dans la casse de jet du projet et centrent leurs argu-
la protection sociale. mentaires sur des aménagements
La « TVA sociale » de Sarkozy, du projet notamment autour de la
30 supprimée dans les premières se- question du financement.
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
L’impopularité du Président et du tage des richesses, de la lutte contre
Premier ministre tout comme celle les politiques d’austérité. Et la néces-
du projet de loi illustre l’existence sité de l’affrontement nécessaire
d’un fort mécontentement et de pos- pour faire reculer gouvernement et
sibilités de riposte. Les mobilisations patronat... qu’il nous reste à faire par-
des salariéEs de PSA contre la mise tager par une majorité de salariéEs.
en œuvre de l’accord compétitivité, à
la SNCF ou à La Poste contre les res- Conclusion
tructurations, contre les fermetures Nous avons essayé de le montrer, la
de sites et les licenciements, les luttes mobilisation pour mettre en échec
dans le secteur de la santé, sont autant la contre-réforme des retraites 2013
d’indices de l’existence de résistances. reste à la fois possible et nécessaire.
Le NPA et ses militants continueront,
Amplifier la mobilisation dans les semaines qui viennent, à
La  semaine d’action CGT, à l’occasion  mobiliser leurs forces sur cet enjeu
de l’ouverture du débat parlemen- décisif. Si gouvernement et Medef
taire, ou la journée de mobilisation parviennent à imposer leur projet,
de FO, ne sont pas des propositions  ce sera pour eux un encouragement
suffisantes  pour  amplifier  la  mobi- à aller toujours plus loin dans leur
lisation. Dans les structures syndi- politique d’austérité, et un écœure-
cales, nous devons poursuivre le ment de plus dans les classes popu-
débat sur la nécessité de la grève et laires, faisant le lit de la droite et de
de l’affrontement avec le gouverne- l’extrême droite.
ment; au niveau des localités il faut Si à l’inverse la réforme Ayrault-
construire, élargir les cadres de mo- Hollande ne passe pas, l’espoir
bilisation  syndicaux  ou  plus  larges,  peut alors renaître dans le camp
tisser des liens entre entreprises. populaire d’imposer ses propres
Si nous centrons les discussions sur solutions, non pour faire mener à
le rejet du projet de loi nous devons ce gouvernement une autre poli-
aussi nous appuyer sur les revendi- tique, mais pour faire émerger,
cations locales, sur les salaires, les portée par le mouvement social,
conditions de travail, les licencie- une opposition de gauche por-
ments et les suppressions de postes. teuse des aspirations et revendi-
Pour nous la question des retraites cations des classes populaires. Il
illustre clairement la question du par- n y a pas une minute à perdre. 31
bien  insuffisant  pour  faire  reculer  tures d’hôpitaux et de services, le 
le pouvoir. La mobilisation était la manque de personnel déjà dra-
plus importante depuis la mise en matique vont continuer de s’ag-
place du gouvernement Hollande. graver, si la mobilisation n’arrête
Les mobilisations contre l’ANI de pas le rouleau compresseur de
mars et avril 2013 ou le 1er mai l’austérité.
n’avaient mobilisé guère plus de
100 000 manifestantEs. Malgré la Des résistances
relative ampleur de la mobilisa- Le matraquage médiatique sur la
tion, les directions syndicales CGT légitimité de l’augmentation du
et FO n’ont pas cherché à la déve- nombre d’années de cotisation au
lopper. Il reste à trouver les ressorts regard de l’allongement de l’espé-
nécessaires à un développement rance de vie, s’il ne convainc pas
à la hauteur des reculs contenus sur la justesse des mesures conte-
dans le projet. nues  dans  la  loi,  tend  à  justifier 
Le gouvernement estime que le la nécessité d’une réforme. C’est
moment  le  plus  difficile  est  der- d’ailleurs la posture des directions
rière lui et passe à autre chose : de la CGT et la FSU : tout en conti-
il  poursuit  son  offensive  avec  un  nuant à valoriser les mesurettes
projet de loi de financement de la  censées être des contreparties à
Sécurité sociale qui constitue un l’allongement de la durée de coti-
nouveau pas dans la casse de la sation, elles refusent de se pro-
protection sociale. noncer pour le rejet du projet et
La « TVA sociale » de Sarkozy, centrent leurs argumentaires sur
supprimée dans les premières se- des aménagements du projet no-
maines du gouvernement est réta- tamment autour de la question du
blie en catimini, pour compenser la financement.
diminution des cotisations patro- L’impopularité du Président et du
nales sur les allocations familiales. Premier ministre tout comme celle
Des restrictions, jamais vues (2,9 du projet de loi illustre l’existence
milliards d’€ sont imposées à la d’un fort mécontentement et de
branche maladie de la Sécu, en possibilités de riposte. Les mobili-
particulier 477 milliards sur les sations des salariéEs de PSA contre
dépenses hospitalières) sont la mise en œuvre de l’accord com-
32 imposées à la santé. Les ferme- pétitivité, à la SNCF ou à La Poste
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
contre les restructurations, contre patronat... qu’il nous reste à faire
les fermetures de sites et les licen- partager par une majorité de
ciements, les luttes dans le secteur salariéEs.
de la santé, sont autant d’indices
de l’existence de résistances. Conclusion
Nous avons essayé de le mon-
Amplifier la mobilisation trer, la mobilisation pour mettre
La    semaine  d’action  CGT,  à  l’oc- en échec la contre-réforme des
casion de l’ouverture du débat retraites 2013 reste à la fois pos-
parlementaire, ou la journée de sible et nécessaire.
mobilisation  de  FO,  ne  sont  pas  Le NPA et ses militants conti-
des  propositions  suffisantes  pour  nueront, dans les semaines
amplifier la mobilisation. Dans les  qui viennent, à mobiliser leurs
structures syndicales, nous devons forces sur cet enjeu décisif. Si
poursuivre le débat sur la nécessi- gouvernement et Medef par-
té de la grève et de l’affrontement  viennent à imposer leur projet,
avec le gouvernement ; au niveau ce sera pour eux un encourage-
des localités il faut construire, élar- ment à aller toujours plus loin
gir les cadres de mobilisation  syn- dans leur politique d’austérité,
dicaux ou plus larges, tisser des et un écœurement de plus dans
liens entre entreprises. les classes populaires, faisant le
Si nous centrons les discussions lit de la droite et de l’extrême
sur le rejet du projet de loi nous droite.
devons aussi nous appuyer sur les Si à l’inverse la réforme Ayrault-
revendications locales, sur les sa- Hollande ne passe pas, l’espoir
laires, les conditions de travail, les peut alors renaître dans le camp
licenciements et les suppressions populaire d’imposer ses propres
de postes. solutions, non pour faire mener à
Pour nous la question des re- ce gouvernement une autre poli-
traites illustre clairement la ques- tique, mais pour faire émerger,
tion du partage des richesses, portée par le mouvement social,
de la lutte contre les politiques une opposition de gauche por-
d’austérité. Et la nécessité de teuse des aspirations et revendi-
l’affrontement  nécessaire  pour  cations des classes populaires. Il
faire reculer gouvernement et n y a pas une minute à perdre. 33
Introduction
Annexes
Pour  FO  et  en  partie  la  CGT,  il 
Syndicats : les méfaits s’agit  plutôt  de  renoncements 
du dialogue social partiels, dans les faits, aux prin-
Le positionnement des organisa- cipes de la répartition. Dans les
tions syndicales sur la question années 2000, la direction confé-
des retraites est très différent au  dérale CGT cautionne une remise
moins quant au fond des posi- en cause de la répartition par sa
tions  officiellement  défendues.  participation au Comité de suivi
Si l’alignement de la CGC ou de de l’épargne salariale, véritable
la CFTC sur les analyses du patro- cheval de Troie de la capitalisa-
nat et de la bourgeoisie est ins- tion. Un pas est franchi en 2003
crit dans leur acte de naissance, avec  le  soutien  à  la  modifica-
c’est dès 1985 que la CFDT re- tion du régime des retraites des
prend l’idée que la socialisation gaziers électriciens qui a rendu
du salaire serait un handicap possible l’ouverture du capital,
pour l’emploi dans la mesure ouvrant la voie à la privatisa-
où la cotisation serait anti-inno- tion d’EdF-GdF. D’autant plus
vation, antiéconomique. Cela la dommageable que les salariéEs
conduira à s’opposer aux mobi- de cette branche avaient été
lisations depuis le mouvemen (avec les cheminots), parmi les
34 de1995 jusqu’à celui de 2003. moteurs de la mobilisation de
1995 et que cela ouvrira la voie la loi mettant en œuvre l’ANI sur
à la remise en cause des autres la « sécurisation de l’emploi ».
régimes spéciaux en 2007. Le sommet social des 20 et 21
Depuis, les reculs se multiplient juin 2013, qui avait au cœur la
avec l’abandon du mot d’ordre question des retraites, s’inscrit
de  37,5  annuités,  la  fin  de  la  dans la même logique : faire ac-
remise en cause de la CSG, qui cepter l’idée de la nécessité de
affaiblissent  le  positionnement  nouvelles mesures régressives
de la CGT. contre les retraites et les retrai-
Le deuxième volet des reculs des téEs. En refusant de participer à
organisations syndicales est lié à ce processus, les organisations
l’acceptation du dialogue social syndicales  auraient  affiché  leur 
entre « partenaires » sociaux. volonté de s’opposer clairement
Sur la question des retraites, un à la politique gouvernementale.
pas décisif a été franchi avec la
création du Conseil d’orienta- Débat avec le Front
tion des retraites (Cor) dans la de gauche.
logique des diagnostics parta- Pour les retraites et la Sécu, un
gés pour faire passer l’idée que seul mode de financement : la co-
des contre-réformes sont incon- tisation sociale !
tournables en matière d’âge de Le Front de gauche, dans
départ  et  de  financement.  La  une pétition contre le pro-
participation des confédérations jet gouvernemental, propose
à ce dispositif de concertation de « faire contribuer les reve-
cautionne les mesures prescrites nus financiers des entreprises,
en les faisant passer pour incon- de différencier le montant des
tournables, sans alternative. De cotisations selon les entre-
plus, c’est un simple décret qui prises, et d’augmenter les contri-
fixe  désormais  chaque  année  la  butions des revenus issus de
durée requise pour les généra- l’intéressement, des bonus et
tions suivantes, sur la base d’un stock-options ».
rapport du Cor. Nous voulons les uns et les
Le premier processus de som- autres  que  le  financement  de  la 
met social en 2012 a débouché Sécu soit basé sur la cotisation
sur le pacte de compétitivité et sociale. C’est un point d’accord es- 35
sentiel. Nos désaccords ne sont pas patrons développeraient la sous-
un obstacle à la lutte commune. traitance et d’autres manipulations
Comme le NPA, le Front de gauche comptables en s‘appuyant notam-
affirme  être  pour  le  financement  ment  sur  les  diverses  filiales  des 
par la cotisation sociale. Mais sa entreprises.
proposition de « taxation des re-
venus  financiers »  nous  fait  sortir  Le FN et les retraites :
de ce cadre. Le meilleur moyen national et socialiste !
de « taxer les entreprises » est de Les positions du FN sur les retraites
créer des emplois et d’augmenter et la protection sociale en géné-
les salaires. C’est ainsi que l’on ral  paraissent « sociales »…  en pre-
crée le plus de cotisations. La taxa- mière lecture. Ceci pour capter le
tion  des  revenus  financiers  des  monde ouvrier, démarche de Le
entreprises accrédite par exemple Pen Marine. Son père s’adressait
les fonds de pension et ne permet aux anciens de l’Algérie française
pas de lutter contre la baisse de la et aux pétainistes… Elle, aux ou-
part salariale dans le PIB et appli- vriers et au peuple… 
qué au financement de la Sécu, la  Ainsi le FN est pour : « l’âge légal
ferait basculer dans un autre sys- de 60 ans  et la pérennisation du
tème progressivement déconnecté système par répartition… avec
du salaire socialisé. Les bonus et des sources de financement com-
stock-options ainsi que l’intéresse- plémentaires  qui ne doivent pas
ment ne doivent pas être entérinés peser sur les salariés ». Sur la dé-
mais être supprimés et les sommes pendance, le FN est encore plus
qui y sont consacrées, transfor- radical : « il est urgent de créer au
mées en salaire. sein de la Sécurité sociale une cin-
La modulation des cotisations quième branche qui ne reposera
« afin  de  favoriser  les  entreprises  pas sur des mécanismes d’assu-
créant de l’emploi » revient à créer rance privée ».
une nouvelle modalité d’exo- Comment  financer  cela ? 
nération des cotisations. Aucun Augmenter les salaires et la coti-
emploi n’a été créé grâce aux sation patronale ?
exonérations. C’est un leurre de Non, ce seront les recettes issues
croire que ce serait différent avec  des droits de douane augmen-
36 la méthode des modulations. Les tés (sortie de l’euro, protection-
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
nisme...) qui y pourvoiront… Le patronat sur la fraude    fait dire au FN que « cela
peut souffler ! redresserait les comptes de la Sécurité
De même il n’est pas question de sup- sociale »…
primer les exonérations de cotisation Au total : Le FN parle de retraite à 60 ans
chères au patronat (qui créent – c’est pour les « Nationaux »… et épargne le
bien connu – de l’emploi !). Par contre, patronat… (PME et TPE surtout).
il est question de créer un secrétariat Ces deux facettes sont pseudo-sociales
d’État de la Fraude spécialement dirigé d’un côté (en épargnant le patronat)    et 
contre les immigrés, lesquels fraudent anti–immigrés de l’autre (en refusant
contre la carte Vitale … et ne sont pas l’unité de tous les travailleurs par…
employés « au noir » par un patro- racisme).
nat ... fraudeur … lui  ô combien ! Le délire 

1. « La retraite des syndicats. Revenu différé contre salaire continué, est le titre de l’intéressant livre de
Nicolas Castel aux éditions La Dispute.
1 Insee Première n°1372 - octobre 2011, « L’espérance de vie s’accroît, les inégalités sociales face à
la mort demeurent »
http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1372/ip1372.pdf
2 Insee Première n°1372 - octobre 2011, « L’espérance de vie s’accroît, les inégalités sociales face à
la mort demeurent »
http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1372/ip1372.pdf
3  http://www.ined.fr/fichier/t_presse_fichier/51/fichier_fichier_fr_cp_du_17_04_2012_evsi_in-
serm_ined.pdf
4 « La «double peine» des ouvriers : plus d’années d’incapacité au sein d’une vie plus courte »,
Population et Sociétés, N°441, janvier 2008
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1341/publi_pdf1_441.pdf

© Photothèque Rouge/Quentin G

37
Introduction
Glossaire
ANI. Accord National Interpro- darité aux personnes âgées » de
fessionnel. L’accord du 11 janvier plus de 65 ans disposant de res-
2013 entre le Medef et trois syn- sources ne dépassant pas 787,26 €
dicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) voté par mois pour une personne seule
par le Parlement donne pleine- et  1  222,27  €  pour  un  couple.  Le 
ment satisfaction aux exigences du montant de l’allocation complète
patronat en poursuivant le déman- les revenus jusqu’à ces montants
tèlement du code du travail. (787, 26 € et 1 222,27 €).

Arrco et Agirc. Association pour le Ircantec. Institution de retraite


régime de retraite complémen- complémentaire des agents non
taire des salariés et Association gé- titulaires de l’État et des collecti-
nérale des institutions de retraite vités publiques. Elle fonctionne
des cadres. Ce sont des régimes selon les mêmes principes que
complémentaires privés obliga- l’Arrco et l’AGIRC.
toires. Tous les ans, les cotisations
des assurés sociaux sont trans- Retraite à taux plein. Il s’agit d’une
formées en points de retraite. Les retraite dont le montant est équi-
organisations patronales et syndi- valent à la moitié du salaire annuel,
cales décident chaque année de calculé sur la base des 25 meil-
la valeur respective des points de leures années des salaires (limités
ces régimes. Le montant brut des à un plafond). Pour en bénéficier il 
retraites est calculé en multipliant faut :
le nombre de points acquis durant • soit avoir l’âge légal de départ à 
la carrière professionnelle par la la retraite et réunir le nombre de
valeur du point. trimestres requis (actuellement
de 160 à 166 selon la date de
Espérance de vie sans incapacité. naissance). Faute du nombre de
Indicateur économique concer- trimestres, le taux plein subira une
nant le nombre d’années de vie en décote ;
bonne santé. •  soit  avoir  atteint  l’âge  du  taux 
Fond national de solidarité. Il plein (porté de 65 et 67 ans) quel
finance  une  « allocation  de  soli- que soit le nombre de trimestres
38
Pour nos retraites, contre la réforme Hollande-Ayrault, MOBILISATION
validés.  Mais  pour  bénéficier  de  Retraite par répartition. Dans ce
100 % de la retraite, il faut justifier  système, les cotisations vieillesse
de la durée de cotisation requise. versées aujourd’hui par les actifs
*Retraite par capitalisation. Dans sont immédiatement reversées
ce système, les actifs d’aujourd’hui aux retraités sous forme de pen-
épargnent en vue de leur propre sion. Les cotisations sont essen-
retraite. Les cotisations font l’objet tiellement tributaires de la masse
de  placements  financiers  généra- salariale : nombre de personnes
lement gérées par un fonds collec- en activité et montant des salaires.
tif. Le montant des pensions dé-
pend donc des aléas économiques
et boursiers.

39
Introduction
Lisez la presse du NPA
.org
l’hebdomadaire du NPA ~ www.NPA2009
n°211 | 3 octobre 2013 – 1,20 €

BUDGET
2O14

2013
la revue men
suelle du NPA

OCTOBRE
N°47

le le s
4€

Le go uv er ne m en t vo RICHES
D IM E N
E T DY N A S IO N S
aux D E L A R É M IQ U E S
PAUVRES pour donner VO LU T
ACTU POLITIQUE
É GY P T IE IO N
NNE
ÉDITO
Liberté du Medef Santé : les rapports
3’:HIKOME=^UVWUW:?k@m@b@b@a";

contre droits des sortent, le massacre


Dossier travailleurs Page 2 continue Page 4

Retraites :
M 04249 - 211 - F: 1,20 E

PREMIER PLAN LIBRE EXPRESSION


Entretien
le gouvernement
Valls, le chef d’orchestre
de la campagne anti- avec les Pinçon-Charlot
Roms Page 3 Page 12
Pages 6 et 7

1973, l’ép
opée des
Lip Contre-réf

L’hebdo
retraite orme des
choses s, une leçon de ÇatalHöyü
l’égalité k, ville de

et sur internet La revue mensuelle

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