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L’évaluation à l’épreuve de la pluralité des savoirs

Enquête sur les interactions entre arts et sciences humaines et sociales à travers des dispositifs
expérimentaux de recherche et de formation

1. Contexte
Plusieurs observateurs l’affirment ou le démontrent : les pratiques d’évaluation, quantifiées ou qualitatives,
touchent de plus en plus tous les secteurs de notre société, privés et publics, entraînant nombre d’obligations
formelles et de contraintes nouvelles (Bruno, Didier, 2013, parmi d’autres). Dans leur généralité, ces pratiques
n’ont certes rien d’inédit à l’échelle de l’histoire longue des institutions et des organisations. Elles relèvent d’un
processus de rationalisation des sociétés qu’on peut déplorer ou au contraire soutenir. Mais depuis plusieurs
décennies, pour certains sous l’effet du néolibéralisme, elles se systématisent, se professionnalisent et se soumettent
plus souvent aux logiques du management. Les mondes de la recherche et de l’art n’échappent pas à cette évolution
profonde, les systèmes d’évaluation par les pairs perdant du terrain face à des critères de classement ou de gestion
qui paraissent, aux protagonistes de ces univers, de plus en plus externes, voire externalisés, comme le montrent par
exemple les controverses autour du classement de Shanghaï. L’objectif de cette thèse est d’étudier les pratiques
d’évaluation dans un secteur particulier, qui n’a pas fait l’objet de travaux jusqu’à présent bien qu’il soit en
expansion : celui des projets ou des dispositifs collectifs contemporains de recherche et de formation associant arts
et sciences humaines et sociales (SHS).
Derrière le mot d’« évaluation » se cachent en réalité des procédures extrêmement diverses qui restent en partie
méconnues pour les arts comme pour les sciences et le sont plus encore sur le terrain, pourtant en plein essor, des
rencontres entre ces domaines d’activité. En effet, la détermination des valeurs artistiques et scientifiques ne repose
pas exclusivement sur de simples grilles ou répertoires prédéfinis de critères, mais sur des cadres d’interprétation
complexes qui sont eux-mêmes les produits composites de cultures académiques et artistiques spécifiques, de
conventions disciplinaires, de normes coutumières et qui dépendent aussi de l’expérience et du contexte
d’évaluation. Si les questions soulevées par l’évaluation de la recherche scientifique ou artistique ont fait l’objet de
publications spécifiques (par exemple, Heinich 2017, Lamont 2009, Moulin 1995), les contours de ce domaine
d’études épousent pour une large part la division disciplinaire des pratiques.
Or ces problématiques se complexifient lorsqu’il s’agit de considérer les enjeux du décloisonnement des
disciplines, quel que soit par ailleurs le terme utilisé pour le penser – pluridisciplinarité (juxtaposition),
interdisciplinarité (collaboration), transdisciplinarité (association) –, ces trois régimes d’interaction étant possibles
et se recoupant fréquemment. Le phénomène de rencontre ou d’hybridation des recherches issues de domaines
différents n’a rien de nouveau, mais il semble aujourd’hui être valorisé au point de faire de l’interdisciplinarité (ou
de ses dérivés) un critère positif général d’évaluation de la recherche. Les arts comme les sciences sont de plus en
plus affectés par cette injonction récurrente à la collaboration réciproque, ce dont témoigne la fortune croissante du
vocable international « Arts&Sciences » pour décrire la cristallisation de leurs relations dans un nouvel ensemble
de pratiques (Dautrey 2010, During et al. 2009, Huyghe 2017, entre autres). C’est au sein de cet ensemble que nous
nous proposons d’enquêter.
Les relations entre arts et sciences dures ayant fait l’objet de nombreux travaux, cette thèse s’attachera à étudier
celles qu’entretiennent plus particulièrement les SHS avec les arts. Le contexte institutionnel et intellectuel est en
effet favorable depuis plusieurs années à de nouveaux rapprochements entre ces domaines. Pour certains chercheurs
en SHS, il ne s’agit plus uniquement de prendre l’art comme objet d’étude, mais de travailler avec des artistes en
tant que producteur de savoirs pour mener des enquêtes, visualiser des données ou diffuser des résultats (par
exemple dans Becker 2009). De nombreux artistes et designers collaborent aussi avec les productrices et les
producteurs de savoirs scientifiques dans la confection de leurs œuvres. Ces déplacements, encore discrets il y a
une dizaine d’années, le sont beaucoup moins aujourd’hui, bien qu’ils fassent régulièrement l’objet de critiques –
notamment à travers la question de l’instrumentalisation – qui feront partie intégrante de l’enquête (revues Tracés,
11 2011 et Critique, 759-760 2010).
Au-delà de quelques grands exemples historiques connus, comme le Black Mountain College (Cometti, Giraud
2014), le ZKM/HFG ou le MIT, nous voyons aujourd’hui se développer un certain nombre de programmes
(Sensory Ethnography Lab, Harvard ; Forensic Architecture, Goldsmiths ; Knowing from the inside, Aberdeeen,
etc.), de réseaux/symposiums (Society for Artistic Research, SHARE, Alliance for the Arts in Research
Universities-a2ru) et de revues (Journal of Artistic Research, Journal of Arts and Humanities, PARSE journal, etc.)
plus ou moins expérimentaux mobilisant des chercheurs des SHS et des artistes. Des appels à projets émanant
d’universités (notamment de COMUe), de fondations philanthropiques privées et d’agences de recherche (ANR,
Horizon 2020) incitent les sciences à intégrer les arts dans leurs projets et les artistes à collaborer avec des
scientifiques. Sous l’effet du processus de Bologne, nous voyons enfin apparaitre des programmes doctoraux de
recherche en création, ou par la création, dans plusieurs pays, ce qui étoffe le champ des recherches en arts. Enfin, à
côté des universités et, en France, de quelques grandes écoles, un certain nombre d’écoles d’art, de centres d’art et
de fondations privées sont en train de devenir des lieux stratégiques de dialogues entre arts et SHS.
Au regard de ces évolutions (dont nous faisons l’hypothèse qu’elles vont se poursuivre dans les années à venir), il
nous semble donc important d’observer ce qui se joue au plus près des interactions entre acteurs et entre disciplines
tout en s’interrogeant sur les raisons d’être de cette convergence, les cadres dans lesquels ces associations ont lieu,
leurs formes, leurs finalités, les types de savoir en jeu, ainsi que sur la manière de les qualifier et de les évaluer. Il
s’agira donc, avec cette thèse, de saisir les pratiques d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche
lorsqu’elles sont à l’épreuve d’une pluralité de savoirs mais aussi de comprendre l’état des relations actuelles entre
arts et SHS à la lumière de leurs évaluations institutionnelles et plus quotidiennes.
2. Hypothèses et perspectives de recherche
Notre projet de recherche entend en effet aborder les questions de l’évaluation dans une perspective large, héritée
notamment de la tradition philosophique et sociologique pragmatiste, plutôt que dans une perspective de
dénonciation immédiate. Il s’agit d’observer de nouvelles pratiques avant d’en concevoir la critique éventuelle : de
décrire de manière fine ce qui est encore peu connu avant d’en concevoir les limites et les changements possibles.
La tradition pragmatiste rappelle en effet que l’évaluation est une activité banale puisque nous ne cessons d’évaluer
les situations dans lesquelles nous sommes engagés et les décisions que nous choisissons de prendre : évaluer c’est
donner du sens à une activité et par-là augmenter (ou diminuer) son degré d’existence dans l’expérience. Le
pragmatisme nous invite donc à penser l’évaluation et les valeurs dans un sens constructif et non plus seulement
comme un facteur arbitraire dont on ne pourrait, par définition, pas discuter (Dewey 2011).
Pour faire apparaître cet aspect, il faut cependant remettre les énoncés moraux et les jugements dans leur contexte
expérientiel, c’est-à-dire dans la situation complète dont ils font partie, l’expérience étant toujours première et
radicale pour le pragmatisme. Dans cette perspective, l’évaluation ne se joue pas uniquement aux moments
institués, administratifs ou politiques – dans cette étude, ceux des programmes ou des projets de recherche, de
formation et de création –, mais dans tous les moments d’interactions entre les protagonistes impliqués dans les
expériences collectives que nous considérons. Elle doit donc aussi être observée et décrite dans les phases de
conception, de production et de diffusion des travaux artistiques et/ou scientifiques ainsi qu’en amont et en aval de
ces moments : dans les situations depuis lesquelles elles se construisent (structuration historique longue de la
disciplinarité et de l’interdisciplinarité, par exemple) et dans les situations qu’elles produisent, comme les rapports
que les protagonistes étudiés créent entre eux et avec le monde.
La nouveauté, la fragilité et l’instabilité relatives des dispositifs que nous étudierons constituent des atouts pour
l’enquête. Ces propriétés singulières nous permettent de mieux les envisager « en action », autrement dit en
tensions, en partie exempts de routines héritées, traversés par des controverses et des débats qui formeront la
matière première de notre recherche. Nous nous inspirerons pour cela de l’anthropologie et de la sociologie des
sciences, notamment celle développée par Bruno Latour (mais que nous appliquerons ici de manière souple, non
exclusive), à des configurations de recherche nouvelles négligées par ce courant de recherches (Latour 1988, 1989).
Une telle approche implique de considérer les contributions des humains, des non-humains, des dispositifs
techniques, des institutions et des organisations qui agissent aussi bien en tant qu’acteurs et que médiateurs dans les
processus de recherche collaborative entre arts et SHS. Armée de ce regard, qui rejoint au fond une conception
élargie des acteurs des « mondes de l’art » et des productions artistiques (Becker 1988), nous interrogerons la forme
et le fonctionnement, la consistance et la durabilité, et enfin les effets de ces nouveaux collectifs issus des
associations entre arts et SHS.
Loin d’être dépolitisée ou axiologiquement neutre, la tradition pragmatiste nous engage à penser et à créer dans la
perspective des effets que nous voulons produire sur une réalité ou une situation dont nous sommes de fait partie
prenante, et non en fonction de ce que nos pratiques seules nous engageraient à faire (Stengers 1996). L’élément clé
d’une telle démarche est ce que Dewey appelle l’enquête, en en redéfinissant la signification car on associe trop
souvent le terme à l’activité distanciée de l’analyse. Elle est au contraire un processus actif qui exige de décrire des
situations mais aussi d’en penser les transformations potentielles. Sans vouloir prescrire ce que serait une bonne ou
une mauvaise évaluation, ce projet de thèse n’est donc pas dénué d’enjeux normatifs : il est porté par une candidate
qui a été partie prenante de plusieurs des expériences collectives qu’elle entend étudier, reste engagée dans son
objet, et ce d’autant plus que ce projet pourrait prendre place dans une institution nouvelle – une EUR – où les SHS
et les arts collaborent déjà et sont appelés à collaborer encore plus. Dans ce cadre particulier, la recherche proposée
vise à identifier les conditions sous lesquelles des expériences collaboratives entre arts et SHS posent la question de
l’évaluation et la rendent plus intéressante (c’est-à-dire plus mobilisatrice) qu’elle ne l’est actuellement.
3. Objets d’études
Inscrit dans une trajectoire personnelle en prise directe avec l’objet étudié, ce projet vise aussi à mettre à distance
des expériences vécues en réfléchissant sur les pratiques auxquelles j’ai eu le privilège de prendre part et sur
d’autres pratiques comparables. La recherche prendra pour objets principaux quatre dispositifs qui expérimentent
ou ont expérimenté, dans la période récente et sous diverses conditions institutionnelles et sociales, économiques et
politiques, la rencontre entre arts (définis largement dans délimitation a priori et en fonction des périmètres
observés sur le terrain) et SHS :
• Le Programme d’expérimentation en arts et politique (SPEAP), fondé à Sciences Po Paris par Bruno Latour en
2010 : cette formation post-diplôme s’adresse à des artistes, des chercheurs et des professionnels du monde de la
culture (140 depuis 2010) afin d’expérimenter avec eux une nouvelle façon de travailler dans laquelle les
pratiques artistiques et scientifiques jouent, au même titre, un rôle essentiel dans l’appréhension conjointe de
certains problèmes de société.
• Dingdingdong (Ddd) – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington, co-fondé par Émilie
Hermant et Valérie Pihet en 2012 avec un groupe de 15 chercheurs (philosophes, historiens, sociologues,
anthropologues, médecins), artistes (plasticiens, vidéastes, chorégraphes, écrivains) et usagers de la maladie.
Ddd cherche à instaurer une articulation spécifique entre la recherche, la création et les usagers de cette maladie
dite « neuro-dégénérative », rare et incurable, et pense ses travaux en termes de coproduction de connaissances
afin de créer de nouvelles manières d’appréhender une expérience qui nous concerne potentiellement tous :
comment « bien » vivre avec une maladie génétiquement annoncée.
• Le programme doctoral SACRe (Sciences, arts, création, recherche), premier doctorat de recherche en art
reconnus en France par le MENESR, créé en 2012 au sein de la COMUe Paris Sciences et Lettres (PSL) par
cinq écoles nationales supérieures d’art (ENSBA, ENSAD, CNSAD, CNSMDP, La Fémis) et l’ENS Paris : le
doctorat SACRe (46 doctorants et 19 thèses soutenues en 2018) consiste pour les artistes en la création d’une
œuvre et la rédaction d’un écrit réflexif s’appuyant sur une démarche scientifique, et pour les « théoriciens » en
une thèse écrite en association étroite avec une pratique artistique.
• L’appel à projets intitulé « Composer les savoirs pour mieux comprendre les enjeux contemporains », lancé en
2015 par la Fondation Daniel&Nina Carasso (FDNC) dans le cadre de son axe « Arts, Sciences, Société ».
Depuis sa mise en place, 45 projets ont été soutenus en France et en Espagne. Ces projets sont portés dans des
cadres institutionnels hétérogènes (établissements d’enseignement supérieur et de recherche, associations,
musées, centres d’art, théâtres, laboratoires, etc.), révélant l’intérêt partagé par certains acteurs de l’art et de la
recherche pour repenser leurs méthodes et leurs rôles dans la société.
Ayant eu l’opportunité de participer pleinement à la création des deux premiers dispositifs (comme directrice
exécutive et responsable pédagogique de SPEAP, 2010-2014 et co-fondatrice de Dingdingdong) et de travailler
avec les deux derniers (chargée de mission pour SACRe, 2016-2018 ; consultante pour la FDNC 2017-2018), nous
avons un accès privilégié aux données nécessaires à l’enquête (documents, archives, contacts en vue d’entretiens,
etc.) et avons déjà accumulé des centaines heures d’observation participante (journal de terrain, carnets de bord).
Les quatre terrains sélectionnés pour notre enquête feront néanmoins l’objet de nouvelles recherches dans la mesure
où ils n’ont pas fait encore l’objet d’investigations approfondies, et parce que cette thèse entend reprendre ces
expériences dans une perspective comparative afin de dégager des axes de réflexion et d’analyse communs et
transférables dans le cadre d’autres expériences similaires. On n’exclut pas non plus bien entendu, d’étendre le
spectre des terrains envisagés afin de parfaire le protocole de comparaison qui sera mis en œuvre. Un ou plusieurs
points de confrontation international pourront être souhaitables. Un séjour de recherches à Harvard pourrait être
envisagé car s’y développe à l’heure actuelle le Critical Media Practice Program qui permet aux doctorants de
l’université, toutes disciplines confondues, d’intégrer une pratique artistique liée à leur thèse ; c’est un lieu où se
pensent aussi les formes d’un PhD spécifique de recherche en arts.
Afin de mieux saisir les conditions de la collaboration entre arts et SHS et les conflits autour de l’évaluation de ces
collaborations, nous tiendrons compte également des différences entre les terrains envisagés, en particulier sous
l’angle de leurs inscriptions institutionnelles, les quatre objets d’études se développant, ou bien au sein d’une
institution universitaire ou philanthropique plus ou moins ancienne, quoique de manière plus ou moins intégrée
(SACRe, SPEAP, FDNC), ou bien en marge des institutions artistiques et scientifiques (Ddd). Nous envisagerons
aussi les modalités variées de leurs rapports avec d’autres types de savoirs, dits « profanes », notamment le fait que
ces dispositifs travaillent directement avec ces savoirs (Ddd, FDNC, SPEAP) ou pas. Nous nous pencherons enfin
sur leur manière de partager (de diffuser) les résultats d’enquête et de création. Ces premiers angles de
questionnement transverse aux quatre terrains devront bien entendu être étendus.
Chacune des expériences étudiées sera également abordée en fonction de sa spécificité relative dans l’espace des
collaborations existant entre arts et SHS et de manière à interroger les étapes successives de la production de
recherches situées entre arts et SHS. Dans le cas de SPEAP, nous nous demanderons par exemple si cette formation
a transformé ou pas les pratiques et les trajectoires professionnelles des artistes, des chercheurs et des
professionnels impliqués. Nous interrogerons sous cet angle également des docteur.e.s ayant soutenu une thèse
SACRe. Dans ce dernier cas et celui de la FDNC, nous nous concentrerons sur les procédures d’évaluation
institutionnalisées, à partir des polémiques qu’elles suscitent au moment où elles ont lieu (sélections de projets,
soutenances de thèse, suivis de programmes de recherche, etc.). Enfin, dans le cas de Ddd, nous envisagerons
davantage la question des interactions et des types de collectifs, de réseaux ou de groupes formés par les pratiques
de collaboration entre arts et SHS et des effets d’un travail collectif d’enquête sur la transformation d’une situation
problématique ou d’un problème social ou public.
4. Méthode
La mise en œuvre de notre approche nécessitera d’abord une exploitation des carnets de notes et des journaux de
terrain déjà existants, notes prises dans un cadre d’observation participante (SPEAP, Ddd), des archives
audiovisuelles (enregistrements vidéos et audios des ateliers de travails et travaux d’étudiants SPEAP sur quatre
ans) et des archives écrites (dossiers de subvention, rapports d’activité, rapports d’instruction, documents
administratifs, rapports de jury de thèse pour SACRe, compte-rendus de réunions, articles de presse, documents de
communication, publications). Cette première étape de travail, ainsi qu’une revue générale de la littérature
scientifique disponible, nous permettront d’accéder à un premier niveau d’analyse, ainsi que d’affiner les
hypothèses de travail et de mieux définir les corpus à étudier et les études de cas à mener.
En second lieu, un travail d’analyse d’un corpus sélectionné d’œuvres et de publications (dont des thèses) produits
dans le cadre de nos quatre objets d’études ou à leur suite, prenant en compte leurs phases de conception, de
production, de diffusion et d’évaluation ; la réalisation d’entretiens avec les différents acteurs, auteurs des œuvres et
publications analysées et parties prenantes des dispositifs étudiés dans cette thèse (artistes, chercheurs,
directeurs.rices de thèse, encadrants, professionnels).
En troisième lieu, des observations de terrain : soutenances de thèse SACRe ; jurys de sélection de l’appel à projets
de la FDNC et situations de travail collaboratifs (réunions, workshops etc) mises en place dans certains projets
soutenus, etc.
Ces deux dernières étapes de travail se développeront en parallèle, sur un temps assez long, un an environ, en raison
des calendriers respectifs des dispositifs étudiés.
L’enquête envisagée s’appuie sur des méthodes issues de plusieurs sciences humaines et sociales, en particulier
l’observation participante ou directe, l’entretien semi-directif et le travail documentaire. Une place constante sera
naturellement accordée à une réflexion sur nos choix de méthodes dans le cadre d’un projet lui-même « pluri-inter-
trans-disciplinaire ». Nous réfléchirons notamment aux outils de description et d’écriture adéquats pour rendre
compte des chemins empruntés par l’ensemble des acteurs objets de l’enquête, de leurs interactions, ainsi que des
réseaux et des technologies intellectuelles et artistiques déployées, avec à l’esprit le travail de plusieurs artistes
visuels ou conceptuels contemporains.
5. Inscription dans les axes de recherche de l’EUR ArTeC
Cette recherche s’inscrit principalement dans le premier axe de recherche de l’EUR ArTeC, « La création artistique
comme activité de recherche » dans la mesure où elle s’attachera à étudier les modes d’enquête et de production de
connaissance propres à un certain nombre de pratiques artistiques et des rapports qu’ils entretiennent avec la
recherche académique. Elle s’inscrit également dans le deuxième axe, « Nouveaux modes d’écritures et de
publications », car elle entend, en partie, interroger les formes actuelles de partage des travaux de création et de
recherche dans leurs contextes de circulation et de diffusion, mais également parce qu’elle vise à intégrer une
dimension créative dans l’écriture même de la thèse.
Les quatre principaux objets d’études étant des dispositifs, soit de formation, de formation par la recherche ou de
recherche, cette thèse investit naturellement le champ d’activité « Les nouveaux dispositifs éducatifs et
scientifiques ». Dans une moindre mesure, certains objets étudiés pourront interroger deux autres champs : « Les
œuvres comme publication scientifique » et « Approches artistiques de la critique sociale, de l’éthique et de
l’écologie ».
De manière plus générale, cette recherche répond aux enjeux soulevés par l’EUR ArTeC en termes de projets
hybrides et expérimentaux du point de vue des méthodes utilisées.
6. Calendrier prévisionnel
Année 2018 2019 2020 2021
Trimestre 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
Revue de la littérature générale/Définition des hypothèses
de travail, des corpus et des terrains d’observation

Analyse des corpus


Entretiens semi directifs individuels et collectifs

Etudes de cas (observation)


Retranscription des entretiens et analyse
Rédaction finale et relecture de la thèse
7. Références bibliographiques (sélection)
BECKER (H.), Les Mondes de l’art, Paris, Flammarion, 1988.
BECKER (H.), Comment parler de la société ? Artistes, écrivains, chercheurs et représentations sociales, Paris, La
Découverte, 2009.
BRUNO (I.), DIDIER (E.), Benchmarking: L’Etat sous pression statistique, Paris, La Découverte/Zones, 2013.
COMETTI (J-P), GIRAUD (E.), dir., Black Mountain College. Art, démocratie, utopie, Rennes, Presses Universitaires de
Rennes, Rennes, 2014.
Critique, « À quoi pense l’art contemporain », n°759-760, Paris, 2010.
DAUTREY (J.), dir., La recherche en art(s), Paris, éditions mf, 2010.
DEWEY (J.), La formation des valeurs, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2011.
DURING (E.), JEANPIERRE (L.), KIHM (C.), ZABUNYAN (D), dir., In actu. De l’expérimental dans l’art, Dijon, Les
Presses du Réel, 2009.
HEINICH (N.), Des valeurs. Une approche sociologique, nrf, Gallimard, Paris, 2017.
HUYGHE (P-D), Contre-temps. De la recherche et de ses enjeux. Arts, architecture, design, Paris, B42, 2017.
LAMONT (M.), How Professors Think. Inside the Curious World of Academic Judgment, Cambridge, Harvard University
Press, 2009.
LATOUR (B.), La Vie de laboratoire. La Production des faits scientifiques, traduit de l'anglais par Michel Biezunski, Paris, La
Découverte, 1988 [1979].
LATOUR (B.), La Science en action, Paris, La Découverte, 1989.
MOULIN (R.), De la valeur de l’art, Flammarion, Paris, 1995.
STENGERS (I.), Cosmopolitiques, Tome 1 : La guerre des sciences, Les Empêcheurs de penser en rond/La découverte, Paris,
1996.
Tracés, « À quoi servent les sciences sociales », dossier Sciences sociales et arts, décembre 2011.

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