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Annexe 1

Calcul/estimation de la recharge
1. Calcul/estimation de la recharge

1.1. CYCLE DE L’EAU

La recharge est généralement qualifiée comme étant la quantité d’eau qui, partant de la
surface, percole à travers la zone non saturée en échappant à la reprise évaporatoire et
rejoint l’aquifère. Ce phénomène fait partie intégrante du cycle de l’eau dans la mesure où il
correspond à la part des précipitations qui s’infiltre et qui devient l’eau souterraine
(Illustration 1).

Illustration 1 : schéma du cycle de l’eau (USGS)

Cependant, cette définition ne concerne que les apports « naturels » d’eau et ne prend pas
en compte les apports indirects, souvent anthropiques. Dès lors, une définition plus globale
serait que la recharge correspond à la quantité d’eau qui rejoint l’aquifère et qui
participe à son renflouement.

En outre, les modalités de recharge varient selon le type d’aquifère. Ainsi, les aquifères
libres sont principalement rechargés par la pluie ou éventuellement par des pertes (domaine
karstique) tandis que les nappes captives sont rechargées essentiellement par drainance et
dans une moindre mesure par la pluie.

De ce fait, la recharge d’un aquifère peut avoir plusieurs origines. Chacune d’entre elles doit
être appréhendée séparément pour estimer la recharge. Ces origines sont :

- Un apport direct par les précipitations (pluie efficace) ;


- Des apports indirects par :

o les eaux de surface (pérennes, saisonnières ou intermittentes) ;

o les eaux provenant d’autres aquifères (adjacents ou superposés) ;

o la ré-infiltration due à l’irrigation (canaux et champs) ;

o la recharge urbaine.

Chacune de ces origines peut être quantifiée par plusieurs méthodes et inversement,
certaines des méthodes peuvent servir à estimer plusieurs formes d’apport en eau.

N.B. : Il est important d’utiliser des sources de données les plus conformes et précises
possible. L’utilisation de données moyennées sur le long terme ou variable spatialement
au sein d’une même masse d’eau accroit le degré d’imprécision de l’estimation de la
recharge.

1.2. LA RECHARGE VIA LES PRECIPITATIONS

1.2.1. Concept et terminologie (extrait du bilan annuel de situation


hydrologique 2002 par le BRGM)

Le fonctionnement du milieu naturel peut être assimilé à un ensemble de réservoirs en


cascades. Le sol recueille les pluies (une partie de l’eau ruisselle plus ou moins rapidement
selon la pente et la perméabilité des terrains) et le proche sous-sol s’humecte et retient une
partie de l’eau qu’il redistribue vers l’atmosphère par évaporation et « transpiration » des
plantes (évapotranspiration : en France, près de 2/3 des pluies repartent ainsi vers
l’atmosphère) et vers le sous-sol profond. Les nappes sont ainsi « naturellement »
alimentées par l’infiltration.

Illustration 2 : Schéma présentant la distribution de la pluie au sol et dans le sol (extrait du bilan
annuel de situation hydrologique 2002 – BRGM)

Le devenir d’une pluie va donc être très différent selon l’état de la surface sur laquelle elle
tombe. Une faible pluie d’hiver, sur un sol labouré, va humidifier le réservoir superficiel qui va
se recharger jusqu’à atteindre un niveau de saturation. C’est la réserve utile du sol (RU) qui
est de l’ordre de 100 mm en climat tempéré et dans laquelle les plantes vont puiser dès le
printemps. Cette réserve s’épuisera progressivement s’il ne pleut pas de nouveau.

Si le sol reçoit plus d’eau que le volume de cette réserve, il va alors céder cette eau aux
nappes. C’est le phénomène de recharge ou d’infiltration. Au contraire, si des pluies,
mêmes importantes, surviennent alors que la végétation est très active, l’eau de la réserve
utile qui se reconstitue est redistribuée en priorité aux plantes.

Ceci explique donc :

• Que les nappes se rechargent préférentiellement en automne et en hiver (pendant


l’arrêt de croissance de la végétation). Si l’hiver est sec, il y a un risque de recharge
nulle ou insignifiante. Dans ce cas, il y a un risque de déficit quantitatif dans les cas
d’aquifères faiblement capacitifs (ne disposant pas de grosses réserves).

• Que, malgré une bonne recharge hivernale, on peut avoir un printemps et un été
chauds et secs qui engendreront alors une sécheresse superficielle (du sol et de la
végétation).

• Qu’après un hiver sec sans recharge de nappes, suivi d’un printemps humide, les
nappes resteront probablement basses mais la végétation sera florissante.

La recharge via les précipitations se base donc sur un bilan hydrologique qui vise à établir
la relation entre les entrées et les sorties en eau d’une unité hydrologique définie pendant
une période de temps donné. Ce bilan est basé sur la résolution de l’équation :

P = ETR + (I + R + ΔRU) = ETR + Peff

Avec P : précipitations, I : infiltration, R : ruissellement, ETR : évapotranspiration réelle,


ΔRU : variation de la Réserve Utile et Peff : pluie efficace.

Rappel : Ce bilan se base sur le cycle naturel de l’eau et ne prend donc pas en compte les
apports indirects éventuels.

1.2.2. Les données climatologiques

Les précipitations (P) sont mesurées à l’aide d’une jauge de station météorologique. Les
pas de temps peuvent être journaliers, hebdomadaires ou mensuels. Il est suggéré de
choisir un pas de temps adapté au niveau de vulnérabilité de la masse d’eau considérée.
Dans le cas où la masse d’eau est étendue, l’utilisation de plusieurs pluviomètres accroit la
précision de la donnée.

Comme pour les chroniques piézométriques, une étude de la représentativité spatiale et


temporelle des chroniques de la station pluviométrique utilisée pour la caractérisation de la
masse d’eau est à réaliser.

Le phénomène d’évapotranspiration correspond à la partie des eaux météoriques qui


s’évapore soit directement sous l’effet des variations de température et de l’ensoleillement,
soit indirectement sous l’action des plantes (transpiration propre et spécifique à la
photosynthèse).

On distingue :

- l’évapotranspiration potentielle (ETP) qui serait la quantité d’eau évaporée si la


quantité d’eau précipitée disponible pour l’évapotranspiration en surface était toujours
supérieure à la quantité évaporée ;
- et l’évapotranspiration réelle (ETR) qui désigne la quantité réellement évaporée
(tenant compte des déficits ponctuels du sol en eau).

Ces deux facteurs dépendent de très nombreux paramètres (précipitations, température,


insolation, vent, végétation, nature du sol, réserve utile du sol….). Ils sont exprimés en
hauteur d’eau précipitée (mm). ETP et ETR sont des facteurs qui n’ont pas la même
variabilité inter-annuelle que la pluviométrie.

Pour estimer ces paramètres, il existe de nombreuses méthodes dont les plus connues et
utilisées sont dites de « Thornthwaite » pour la plus simple, de « Turc », et enfin de
« Penman » pour la plus sophistiquée et la plus réaliste.

Les chroniques de précipitations et d’ETP (méthode Penman) peuvent être fournies par
Météo France, à divers pas de temps.

Dans certains cas, la caractérisation de la masse d’eau nécessitera une subdivision et, au
contraire de l’évapotranspiration qui se caractérise par sa faible variabilité spatiale, les
données pluviométriques seront amenées à être traitées pour être les plus représentatives
possible du bassin considéré.

Ce traitement consiste à combiner linéairement des séries pluviométriques de plusieurs


stations situées dans ou à proximité du bassin considéré de manière à engendrer la
chronique de « pluie optimale » qui expliquera au mieux les chroniques de débit ou
piézométrique du bassin. Cette combinaison linéaire est déduite de l’étude de
corrélogrammes croisés entre la chronique piézométrique ou de débit et les pluies efficaces.

Illustration 3 : Exemple de pluie optimale obtenue sur le bassin versant de l’Hem par combinaison
linéaire des pluies des stations de Boulogne, Watten et Marconnelle (extrait du rapport BRGM/RP-
56212-FR)
Pour un débit donné, la combinaison optimale des séries pluviométriques ne fait
généralement apparaître que les pluviomètres les plus représentatifs. Ceux qui sont éliminés
sont soit redondants, soit non représentatifs. Les pluviomètres dont le poids est le plus
important ne sont pas nécessairement ceux qui sont situés le plus près de la station de
jaugeage ; ils peuvent éventuellement se situer à l’extérieur du bassin d’alimentation.

1.2.3. Méthodologie de calcul de la pluie efficace

La pluie efficace est une notion permettant d’identifier la fraction des précipitations
météorologiques qui donne lieu à un apport d’eau à l’hydrosystème continental. Cette
alimentation de l’hydrosystème se traduit par un écoulement d’eau, décomposable d’une part
en ruissellement de surface ou en ruissellement hypodermique au niveau du sol, et, pour
l’autre part, en une infiltration dans le sous-sol en direction des nappes d’eau souterraine.

Le calcul de la recharge via les précipitations nécessite donc au préalable le calcul de


la pluie efficace puis une estimation de la part de la pluie efficace qui s’infiltre dans le
sol.

La pluie efficace (Peff) est toujours le résultat d’un modèle global effectuant un bilan hydrique
a posteriori de chroniques de précipitations (P) et d’évapotranspiration. Ce dernier paramètre
étant difficilement mesurable de manière régulière et sur de longues périodes, deux autres
paramètres sont donc nécessaires : l’évapotranspiration potentielle (ETP) et la réserve en
eau maximale du sol (Rmax). La méthode de calcul de la pluie efficace se compose alors de 4
étapes :

1) la détermination d’une chronique d’ETP correspondant à la quantité d’eau maximale


qu’un couvert végétal peut restituer à l’atmosphère.

2) L’évaluation d’une réserve en eau maximale du sol (Rmax) qui représente, dans ce
modèle conceptuel, la capacité en eau d’un réservoir symbolisant l’ensemble sol-
végétation. En ce sens, elle influe fortement sur l’évapotranspiration. Par
commodité, cette réserve maximale est généralement assimilée à la réserve
utile (RU), ou parfois réserve facilement utilisable (RFU), des sols définie par les
agronomes.

3) L’estimation de la chronique de l’évapotranspiration réelle (ETR) au moyen de la


méthode des bilans enchainés de Turc et Thornthwaite pour un pas de temps défini :

• Si P ≥ ETP alors ETR = ETP

• Si P < ETP alors :

ƒ Si P + ΔRU ≤ ETP, ETR = P + ΔRU ;

ƒ Si P + ΔRU > ETP, ETR = ETP ;

Avec 0 ≤ RU ≤ Rmax (avec souvent 50 ≤ Rmax ≤ 200 mm)

4) Le bilan hydrique nous conduit finalement à la valeur de la pluie efficace pour chaque
pas de temps de calcul :

• Si P ≥ ETP et si RU = Rmax alors Peff = P – ETR

• Si P ≥ ETP et si RU < Rmax alors Peff = P – ETR – (Rmax – RU)


(Recharge de la réserve utile)
• Si P < ETP alors Peff = 0

L’ensemble de cette procédure de calcul est couramment utilisé et les étapes 2, 3 et 4 sont
mises en œuvre de manière semblable par la majorité des utilisateurs. Seule l’étape 1 fait
l’objet de nombreuses variantes selon la méthode de calcul de l’ETP retenue.

Les valeurs d’ETR puis de Peff peuvent être calculées à l’aide du logiciel GARDENIA
(©BRGM). Il s’agit d’un modèle hydrologique global non spatialisé à réservoirs superposés
qui permet de choisir le pas de temps des données entrées et des résultats fournies.

De plus, des hypothèses (haute, moyenne ou basse) peuvent être émises concernant la
valeur de la réserve maximale (Rmax) en eau du sol au droit des stations météorologiques, en
fonction de l’interprétation des cartes de RU fournies par l’INRA.

1.2.4. Estimation de l’infiltration (efficace) du milieu

L’infiltration (ou recharge) correspond au phénomène de passage de l’eau à travers la


surface du sol, de sa pénétration dans le sol et de son mouvement descendant dans la zone
non saturée du sous-sol.

Il existe plusieurs méthodes permettant d’évaluer la quantité d’eau issue des pluies efficaces
qui s’infiltre dans le sol. Une approximation parfois réalisée consiste à considérer que :

- la part qui ruisselle est peu abondante (par ex, 5 à 10 % des pluies efficaces en
Haute Normandie, rapport BRGM/RP-56795-FR) ;

- la recharge de la nappe correspond à peu près à la quantité d’eau infiltrée au temps


de transit près (non prise en compte des effets de pentes topographique et
piézométrique, de la lithologie du sous-sol, des échanges avec le réseau
hydrographique par résurgence, drainance, etc…).

Dès lors, sur un cycle et connaissant la pluie efficace, la recharge de l’aquifère est
correctement estimée par la relation RECH ≈ Peff.

Il faut noter que cette recharge de l’aquifère met un certain temps pour transiter dans la zone
non saturée du sol et pour arriver jusqu’à la nappe. Ce décalage peut être de l’ordre de
quelques semaines à plus d’un an. Dans certains contextes, une partie de l’alimentation peut
se faire néanmoins avec un temps de transit très réduit (quelques jours), exemple des pertes
karstiques (« bétoires »). Plus le temps de transit sera long, plus l’alimentation sera amortie
et étalée dans le temps.

D’autres méthodes de quantification de cette infiltration sont décrites par la suite.

• Mesures in-situ par des lysimètres :

Un lysimètre est une portion de sol instrumentée de façon à ce que les écoulements d’eau
dans ce sol soient mesurés. Même si la zone étudiée est isolée du sol qui l’entoure, elle
reste représentative du milieu parce qu’exposée à la même végétation et aux mêmes
conditions climatiques.

Néanmoins, la mesure directe de l’infiltration par lysimètres est soumise à de fortes


contraintes techniques qui la rendent peu adaptée à la caractérisation initiale de la masse
d’eau pour la DCE :
- La structure du sol ne doit pas être influencée par l’équipement. Les
écoulements verticaux à travers un sol remanié ne seront pas représentatifs du
milieu.

- L’instrument de mesure doit être suffisamment large pour minimiser les effets
d’angle et les hétérogénéités à petite échelle. La surface devra être au pire de 1 m2,
au mieux de 100 m2.

- L’instrument de mesure doit être suffisamment profond pour que les systèmes
racinaires soient complètement compris dans la zone d’étude. En général, cette
condition rend l’utilisation de lysimètre impossible dans les régions semi-arides à
arides, où les systèmes racinaires peuvent dépasser 50 m de profondeur.

- La végétation doit être la même à l’intérieur et hors de la zone d’étude.

- Les écoulements verticaux étant partiellement contrôlés par les conditions à la base
(niveau de nappe), le niveau d’eau dans le lysimètre doit être similaire au niveau
d’eau du sol environnant.

La mise en œuvre de cette méthode directe, plus adaptée à des climats humides qu’à des
climats secs, est donc délicate et onéreuse, d’autant qu’elle ne fournit qu’un point de mesure
localisé. Elle nécessite une maintenance régulière et une surveillance accrue pour être sure
que des effets indésirables (fuites, écoulements type « bypass », évaporation ou drainage
défectueux…) n’affectent pas les mesures.

Seule l’infiltration efficace est mesurée par cette méthode même si elle peut
également être utilisée pour évaluer la ré-infiltration de l’eau d’irrigation.
Une telle mesure in-situ semble plus adaptée à une évaluation détaillée de la recharge dans
une zone spatialement restreinte. Elle peut néanmoins se justifier dans une zone pour
laquelle la variabilité des conditions de surface et des types de sols est faible.

Illustration 4 : description schématique de deux types de lysimètres

Un appareil de mesure de l’infiltration comparable existe également pour quantifier in-situ les
pertes des canaux d’irrigation vers les eaux souterraines.

• Utilisation de traceurs (isotopiques ou chimiques) :

Paragraphe à compléter…
Cette méthode est largement utilisée pour estimer la recharge en milieu aride et semi-aride
(traceurs naturels ou artificiels). Les traceurs naturels ou artificiels peuvent renseigner sur le
temps de transfert de l’eau de surface vers la nappe.

En outre, les traceurs naturels sont supposés spatialement constants et leurs mouvements
dans la zone non saturée sont verticaux, sans diffusion ou dispersion latérales. Dans le cas
où la concentration du traceur puisse être affectée par un processus d’évaporation, une
approche en bilan massique peut alors permettre de comparer sa concentration dans les
précipitations avec celle dans l’eau du sol. Quant au traceur artificiel, injecté au niveau d’un
site ponctuel, il ne permet pas cette approche du fait de dispersions latérales possibles dans
le sol.

La méthode des traceurs est largement utilisée pour l’infiltration ou la recharge liée à
l’irrigation mais ne peut quantifier la recharge venant des eaux de surface ou due à
l’urbanisation.

La difficulté majeure de cette méthode est la nécessité de comprendre parfaitement les


mécanismes d’écoulements et les connections entre le lieu d’injection du traceur quand il est
artificiel et les exhutoires.

Les chlorures sont souvent utilisés comme traceurs pour estimer la recharge dans les zones
arides où les concentrations sont importantes du fait de l’évaporation.

Inconvénients de ces méthodes :

- Méthodes coûteuses (mi in-situ, mi labo)

- Méthodes non pas adaptées pour la caractérisation initiale de la masse d’eau pour la
DCE (qui nécessite d’être applicable à un point de mesure, de façon rapide et peu
onéreuse) mais plutôt à des évaluations plus détaillées des risques encourues par la
masse d’eau.

extrait

• Estimation de la pluie efficace puis utilisation de la méthode IDPR

Principe :
Des estimations qualitatives de recharge et des indications de perméabilités de sub-surface
peuvent être réalisées en évaluant la densité de drainage qui est assimilée à la longueur
totale de drains par unité de surface.

Plusieurs paramètres affectent cette densité de drainage : conditions climatiques, résistance


des roches à l’érosion, capacité d’infiltration, perméabilité du sol, humidité du sol,
pentes…etc… Un bassin formé de matériaux très perméables aura en général une densité
de drainage faible. A l'inverse, un bassin formé de roches imperméables mais meubles et
érodables, comme des marnes ou des argiles, va souvent présenter une densité de drainage
élevée.

L’idée qui a mené à l’élaboration de l'Indice de Développement et de Persistance des


Réseaux (IDPR) est la suivante : l'organisation du réseau hydrographique est
dépendante des formations géologiques qui le supportent. Dès lors, la densité de
drainage est donc un indicateur révélateur des propriétés des formations géologiques
(Illustration 5).

L'IDPR devient ainsi le moyen de quantifier ce rôle en comparant un réseau théorique


établi selon l'hypothèse d'un milieu parfaitement homogène (indice de développement ID),
au réseau naturel mis en place sous le contrôle d'un contexte géologique hétérogène (de
persistance des réseaux PR).

Réseau hydrographique naturel Réseau théorique de talwegs IDPR (en rouge, zone d’infiltration
(milieu hétérogène) (milieu supposé homogène) préférentielle, en bleu zone de
ruissellement préférentiel)

Illustration 5 : Cartes du réseau hydrographique naturel (contexte géologique hétérogène), du


réseau théorique de talweg (élaboré à partir du MNT, milieu supposé homogène) et de
l’IDPR qui en découle, exemple du bassin versant de la dérivation du Canal de Neufossé de
l'écluse Flandres au confluent de l'AA canalisée.

Cet indice permet une approche qualitative de l’aptitude des formations du sous-sol à laisser
s'infiltrer/ruisseler les eaux de surface vers/depuis le milieu souterrain. Dès lors, un
coefficient de partition entre ruissellement et infiltration peut être estimé à partir de cet indice.

En partant de l’hypothèse simplificatrice que l’infiltration est égale à la recharge, le calcul de


la pluie efficace (à partir de la pluie, de l’évapotranspiration et de la réserve utile du sol),
pondéré par ce coefficient de partition évalué à partir de l’IDPR, peut donner une première
estimation de la recharge.
Un des intérêts de l’IDPR est qu’il est disponible sur l’ensemble de la France et qu’il permet
donc de mettre en évidence des variations spatiales.

Illustration 6 : Carte de l’indice IDPR de la France (2007-2008)

Il reste que l’échelle de validité des cartes est le 1/100 000, au mieux le 1/50 000. Cette
méthode n’est donc valable que pour des grandes masses d’eau (plusieurs dizaines de km2).

De plus, cette approche s’intéresse uniquement à l’infiltration. Les autres phénomènes


indirects pouvant participer à la recharge (drainance, apport des eaux de surface, recharge
urbaine…) ou l’amenuiser (écoulements hypodermiques) ne sont pas pris en compte.

Application : Modélisation hydrodynamique 2D/3D : exemple du modèle de l’Infra-


Toarcien et du Dogger en région Poitou-Charentes (extraits du rapport BRGM/RP-
55742-FR)

A partir d’un modèle géologique maillé à 5 couches et de données collectées et bancarisées


en SIG, un modèle hydrodynamique a été constitué et calé en régime permanent pour servir
de base au calage en régime transitoire au pas de temps mensuel et sur une période de 6
ans, de 2000 à 2005.

Ce modèle a été réalisé à l’aide du logiciel WinMARTHE développé au BRGM. Il s’agit d’un
logiciel complet de modélisation hydrodynamique pouvant traiter toutes les configurations
d’écoulements souterrains en milieux poreux ou "poreux équivalents": en 2D (plan ou coupe
verticale), en 3D ou en multicouche, en zone saturée et/ou non saturée, en régime
permanent et/ou transitoire. Pour prendre en compte une possible karstification, un réseau
de conduits souterrains peut être introduit. Ce logiciel permet en outre de prendre en compte
les échanges entre un réseau hydrographique (introduit avec ses caractéristiques propres) et
les nappes sous jacentes.

La recharge des nappes a été estimée par zones au pas mensuel après un bilan classique
fournissant la pluie efficace qui correspond à la lame d’eau disponible pour le ruissellement
et l’infiltration (ou recharge directe). L’Indice de Développement et de Persistance des
Réseaux (IDPR), développé par le BRGM dans le cadre d’études de vulnérabilité des
nappes, a été utilisé pour évaluer le fractionnement de cette pluie efficace entre
ruissellement et infiltration. Pour cette méthode, la recharge est donc la encore limitée à la
recharge directe et ne comptabilise pas les apports indirects (apport des cours d’eau,
recharge urbaine, apport de l’irrigation…).

La méthodologie est la suivante :


1) Traitements sur les données météorologiques utilisées

Les données météo (précipitation et ETP) ont été collectées au pas de temps décadaire pour
les 8 stations réparties sur l’ensemble du modèle. Pour les stations pour lesquelles il
manquait des données pluviométriques, un comblement des lacunes a été réalisé à l’aide
d’un processus itératif de comparaison avec les observations complètes des autres stations
(processus basé sur une analyse statistique multivariables); les valeurs reconstituées ont été
calculées au pas de temps mensuel.

2) Découpage spatial retenu pour la pluie efficace

Un découpage spatial du modèle est entrepris pour avoir en chaque maille la meilleure
approximation possible de la pluie efficace locale compte tenu des données existantes
(Illustration 7).

Il repose sur :

- un zonage correspondant aux 8 stations météorologiques retenues. Les zones


d’influence des stations météorologiques ont été définies à l’aide de la méthode de
polygonation de Thiessen.

- la carte régionale de la Réserve Utile des sols réalisée par la chambre d’agriculture
[1]. Elle donne une répartition simplifiée de la capacité maximale en eau du sol par
zone.

Illustration 7 : Découpe du modèle en zones de Réserve Utile (source : rapport CAGG 199), en zones
météorologiques (méthode de Thiessen) puis en zones de pluie efficace (extrait du rapport BRGM/RP-
55742-FR)
3) Principe du calcul de la recharge

L’indice IDPR (présenté précédemment), initialement calculé au pas de 100 mètres, est
moyenné sur chaque maille affleurante du modèle. En fonction de la valeur obtenue, la
maille est rangée dans l'une des 4 classes de répartition de la pluie efficace qui ont été
définies dans le tableau suivant.

Illustration 8 : Classes d’IDPR retenues en fonction de al valeur de l’IDPR et répartition de la pluie


efficace entre infiltration et ruissellement

Les valeurs retenues pour cette répartition de la pluie efficace entre infiltration et
ruissellement ne sont pas figées et peuvent être prises comme paramètre de calage.
Néanmoins les simulations des débits dans les cours d'eau intégrés dans le modèle
montreront que cette partition initiale donne de bons résultats.

4) Découpage retenu pour la recharge

La pluie efficace est calculée sur les 27 zones précédemment définies. Le croisement de ces
zones avec les 4 classes d'IDPR définies ci-dessus conduit en définitive à 99 zones de calcul
de recharge directe / ruissellement.

Ce découpage en 99 zones de recharge directe est introduit dans le modèle


hydrodynamique. Chaque maille affleurante possède un numéro de zone de recharge. Pour
chaque pas de temps, une valeur de recharge et une valeur de ruissellement sont affectées
à chaque numéro de zone et donc à l’ensemble des mailles affleurantes qui correspondent à
cette zone.

Cartographie de l’IDPR Calcul de la pluie efficace Calcul du ruissellement sur Calcul de l’infiltration sur les
du domaine d’étude sur les 27 zones de pluies les 99 zones (zone de pluie 99 zones (zone de pluie
efficace efficace redécoupées par efficace redécoupées par
zones IDPR) zones IDPR)

Illustration 9 : Découpe de la carte de pluie efficace par l’IDPR pour donner les cartes de ruissellement
et d’infiltration
• Estimation du débit de base par analyse des débits de rivière mesurés par
hydrographes

Dans des conditions naturelles, le débit des rivières correspond à la somme des débits de
deux composantes :

- une composante rapide correspondant au ruissellement superficiel et à la


composante rapide des écoulements karstiques ;

- une composante plus lente correspondant au drainage des aquifères, appelée débit
de base ou débit de drainage des aquifères.

Le débit de base d’un cours d’eau sous-entend l’existence d’une relation avec une nappe.
Elle correspond donc à la part de l’écoulement total contribuée par la nappe et qui soutient
l’écosystème riverain entre des événements hydrologiques comme la fonte printanière et les
chutes de pluies. Ce débit de base permet ainsi de limiter la sévérité des étiages et peut être
considéré comme équivalent de la recharge de la nappe sur une longue période.
L’estimation de ce débit de base nécessite au préalable la soustraction dans l’hydrogramme
des effets anthropiques que sont les prélèvements en surface, les pompages d’eau
souterraine, les retenues d’eau.

Illustration 10 : Exemple de séparation d’hydrogramme

Inconvénients/Difficultés :

- un nombre de données de jaugeage en rivière insuffisant à l’intérieur de la zone


d’étude ;

- la présence de plusieurs nappes souterraines, interconnectées ou non, dans la zone


d’étude ;

- la difficulté à affranchir le débit de l’influence anthropique (ex des retenues d’eau. En


Ecosse, 80% des rivières jaugées ont des débits fortement influencés par les
retenues amont) ;

- Le manque de données concernant les prélèvements provenant des rivières et ceux


qui vont dans les rivières ;
- Des erreurs dans l’estimation du débit de base (= recharge) du fait d’entrées d’eaux
non-issues d’un aquifère (écoulements hypodermiques qui atteignent les eaux de
surfaces, canaux de drainage artificiels)

- Le débit de base ne décrit pas explicitement les mécanismes de recharge à l’intérieur


d’un captage…

Ce débit de base peut être :

- mesuré en étiage, lorsque le ruissellement superficiel est nul, par des campagnes de
jaugeages différentiels réalisées le long des cours d’eau concernés. Dans des
conditions naturelles, les rivières ne sont alimentées en période sans pluie que par le
drainage des aquifères et la fonte des neiges.

- évalué à l’aide de modèles tels que les modèles hydrologiques globaux pluie-débit
et/ou pluie-niveau piézométrique (logiciel de traitement du signal TEMPO, ©BRGM).
Ces modèles sont calés sur les fluctuations des débits mesurés des rivières et/ou sur
les fluctuations ponctuelles d’un piézomètre. Ils permettent par décomposition
théorique des écoulements, d’évaluer les composantes rapide et lente (débit de
base) des écoulements superficiels et la recharge des aquifères.

- évalué à l’aide d’un modèle hydrodynamique de l’aquifère, en faisant la somme des


débits de débordement des mailles simulant les thalwegs des cours d’eau. Cette
estimation sera d’autant plus proche de la réalité que le modèle hydrodynamique
sera bien calé en débit.

Cette méthode n’est néanmoins pas recommandée pour la caractérisation initiale de la


recharge mais peut servir d’outil de validation d’autres méthodes d’estimation de la recharge,
en particulier dans les aquifères exploités.

1.3. AUTRES PHENOMENES PARTICIPANT OU LIMITANT LA RECHARGE


REELLE

Dans certains contextes, la part de la pluie efficace qui s’infiltre dans le sol ne constitue
qu’une partie de la recharge réelle. Se limiter à cette seule contribution pour estimer la
recharge peut donc s’avérer d’une précision insuffisante. En effet, des apports indirects
d’eau, parfois d’origine anthropique, peuvent contribuer à la recharge réelle de la nappe. De
même, certains phénomènes peuvent diminuer la quantité d’eau infiltrée atteignant
réellement la nappe (écoulement hypodermique).

1.3.1. La recharge via les eaux de surface

La recharge provenant des eaux de surface est probablement la plus délicate à estimer. La
variabilité des écoulements reste supérieure à celle des précipitations et la mesure in-situ est
très difficile à mener. Avant tout calcul ou estimation, il faut comprendre le contexte
hydrogéologique du milieu.

Les relations nappe / eaux de surface peuvent être de trois types :

- pas d’échange entre les eaux de surface et l’aquifère (domaine non aquifère ou
aquifère avec des berges colmatées) ;

- les eaux de surface drainent la nappe ;


- les eaux de surface alimentent la nappe. Les cours d’eau, canaux, étangs ou lacs
peuvent donc être à l’origine d’une recharge indirecte par le biais de transferts vers
l’aquifère. Plusieurs cas de figure peuvent se présenter, selon que l’aquifère soit libre
ou captif, en contact direct ou déconnecté du cours d’eau…etc...(Illustration 11).De
même, pour un même bief de la rivière, ces relations peuvent changer dans le temps
en fonction des conditions hydrologiques et hydrogéologiques.

Ces trois types de relation peuvent d’ailleurs se rencontrer le long d’un même cours d’eau
(Illustration 12).

Illustration 11 : Schémas illustrant les différents cas d’alimentation de la nappe par un cours d’eau
(extraits de la note explicative du BRGM de 2002 sur les relations quantitatives nappes-rivières et
nappes-zones humides)
Illustration 12 : Schémas illustrant le rôle de la rivière comme limite hydrodynamique ou non (extraits
de la note explicative du BRGM de 2002 sur les relations quantitatives nappes-rivières et nappes-
zones humides)

Pour les masses d’eau à risque, il est suggéré de faire un calcul simple de déversement
continu, basé sur le gradient hydraulique et un coefficient de transfert estimé à dire d’expert.

Pour des masses d’eau moins mobilisée, le niveau d’eau peut être supposé suffisamment
proche de la surface pour permettre de négliger ces entrées d’eau.

1.3.2. La recharge en eau provenant d’autres aquifères (exemple du Modèle


Nord-Aquitain, rapport BRGM/RP-56614-FR)

La réalisation d’un modèle géologique superposant plusieurs couches aquifères peut


permettre d’appréhender les éventuels échanges se produisant entre elles. Les paragraphes
suivants présentent un modèle hydrodynamique réalisé par le BRGM en région Aquitaine
dont la particularité est de prendre en compte les phénomènes de drainance entre couches
aquifères.

Depuis 1993, le BRGM dispose d’un modèle régional d’aide à la gestion de la ressource, le
modèle Nord-Aquitain. Celui-ci couvre la totalité du département de la Gironde, le sud de la
Charente et de la Charente-Maritime, les trois-quarts sud-ouest de la Dordogne, le nord et
l’ouest du Lot-et-Garonne et une grande partie des Landes. Cet outil, qui en est à sa version
3.3, a pour but de simuler les écoulements au sein de 15 couches aquifères ainsi que les
échanges entre elles au travers de chacune des épontes qui les séparent (Illustration 13).
Les niveaux aquifères pris en compte sont : le Plio-Quaternaire, le Miocène (Helvétien et
Burdigalien-Aquitalien), l’Oligocène, l’Eocène (inférieur, moyen et supérieur individualisés), le
Campano-Maastrichien, le Coniacien-Santonien, le Turonien, le Cénomanien et le
Jurassique (Tithonien, Kimméridgien, Bathonien-Callovo-Oxfordien, Bajocien individualisés).
Illustration 13 : Vues 3D des formations aquifères du Modèle Nord-Aquitain (MONA V3.2)

Ce modèle Nord-Aquitain est un modèle hydrodynamique régional construit autour d’un


nombre important de données géologique, de paramètres hydrodynamiques, de
prélèvements (2123 ouvrages), de piézométrie (145 chroniques de calage) et de données
météorologiques (5 stations météo) issues d’observations de terrain. Il est par conséquent
bien contraint et fait l’objet d’actualisations récurrentes.

Un travail d’affectation des prélèvements à chacune des couches du Crétacé et du


Jurassique a été finalisé tout comme l’inventaire des piézomètres susceptibles d’être utilisés
lors de la phase de calage, la définition des zones de recharge et leur rattachement à une
station météorologique. Toutes ces données ont été introduites dans le modèle afin de
réaliser les premiers RUN de contrôle. Ceux-ci mettent d’ores et déjà en évidence une bonne
convergence du modèle hydrodynamique et une reproduction générale des écoulements
satisfaisante.

Ce modèle Nord-Aquitain de 15 couches discrétisées au pas de 2 km sera prochainement


opérationnel et permettra in fine de dresser des bilans de flux pour chacune des couches
afin d’évaluer la recharge, les flux de drainance et le stockage-destockage de ces nappes au
cours du temps.

1.3.3. La recharge due à l’irrigation (canaux et champs)

L’irrigation représente fréquemment une des sources principales de recharge, qu’elle utilise
de l’eau de surface ou de l’eau d’origine souterraine. Par exemple, Lerner et al. (1982)
estiment que l’aquifère alluviale sous Lima au Pérou récupère 20 % de sa recharge des
pertes de l’irrigation. La recharge par l’irrigation présente deux formes principales (et qui
peuvent s’ajouter) : les pertes des canaux d’irrigation ou l’infiltration de l’eau par l’arrosage
des champs cultivées. Cette dernière forme s’apparente à de la recharge via les
précipitations et peut donc s’appréhender de la même manière.

D’après Fraenkel (1994), les principaux facteurs qui déterminent le taux d'infiltration des
eaux d’un canal vers le sous-sol sont:

• les caractéristiques du sol


• la hauteur d'eau dans le canal par rapport à la section mouillée et la profondeur de la
nappe phréatique

• la proportion des sédiments dans l'eau en fonction de la vitesse d'écoulement et de


l'ancienneté du canal.

Ce dernier point est très important car les fuites sont plus notables dans les canaux qui ont
été laissés à sec par une longue période avant d'être remise en service. Les infiltrations
diminuent au fur et à mesure que les sédiments bouchent les pores, les interstices et les
fissures du sol. Dans le cas d’une masse d’eau traversé par de nombreux canaux
d’irrigation, il est ainsi judicieux de déterminer

L'efficacité type des canaux d'adduction est d'environ 90% (et même plus) pour une rigole
non revêtue dans une terre en argile lourde, ou bien revêtue en service continue. Dans les
petites et moyennes exploitations agricoles, cette efficacité varie entre 60 et 80%, dans les
mêmes conditions, mais en service intermittent. Cependant, dans des conditions de sol
moins favorables, par exemple en sol sablonneux ou limoneux, et pour un service également
intermittent, le rendement du réseau d'adduction pourrait décroître à moins de 50 à 60%.
Autrement dit, près de la moitié de l'eau introduite dans la rigole est perdue avant d'atteindre
le bout du canal.

Les canaux sont souvent doublés afin de limiter au maximum les pertes d’eau mais Rushton
(1986) a montré que même de très légères imperfections dans la construction d’un canal
peuvent engendrer des pertes importantes. A l’aide d’un modèle numérique, il a montré
qu’un canal pour lequel 0,4% de la doublure imperméabilisante manquait, perdait quand
même un volume équivalent à 67 % de l’eau qu’i s’échappe d’un canal non doublé.

Une partie de l’eau qui s’échappe des canaux d’irrigation s’évapore néanmoins. La lame
d’eau qui s’évapore peut être calculée comme pour l’ETP à partir de l’équation de Penman et
est généralement de l’ordre de 1 à 10 mm/jour (Guide de l’IAH, 1990). De même, l’autre
partie qui s’infiltre peut constituer une nappe superficielle, l’eau ne parvenant pas à traverser
une couche imperméable et de là, être remobilisée par des drains de surface ou s’évaporer
ou bien elle peut atteindre un système aquifère profond après un certain temps de transit.

Les études d’infiltration au travers des berges des canaux comportent différents types
d’approche. Une première procède par calculs mathématiques à partir de la description
précise des caractéristiques du sol environnant et de la position de la nappe souterraine.
Une autre consiste en une approche empirique. A titre d'exemple, le Département de
l'irrigation en Egypte utilise la formule établie par Molesworth et Yennidumia :

Avec S : pertes par infiltration en m3/s, c : coefficient caractéristique de la nature du sol (par
ex, c = 0,0015 pour de l’argile et 0,003 pour du sable), L : longueur du réseau en km, P :
périmètre mouillé et R : hauteur hydraulique moyenne (cad le rapport de la section mouillée
à la largeur en gueule du canal).

Une autre approche se base sur des mesures de terrain relativement simples et notamment
la méthode du « bassin fermé » décrite par Kraatz (1977) considéré comme étant la plus
fiable et particulièrement conseillé lorsque le débit d’infiltration est faible. Cette méthode
consiste à isoler un tronçon de canal dépourvu de végétation aquatique par 2 barrages
étanches et à mesurer l’abaissement du plan d’eau en tenant compte de l’évaporation et des
apports pluviométriques. L’équation à résoudre est la suivante :
Avec δH : variation du niveau d’eau dans le bassin (mm), P : précipitations (mm) et E :
évaporation du bac en eau libre (mm).

1.3.4. La recharge urbaine

L’urbanisation peut modifier radicalement le bilan hydrologique d’une région. En effet, l’eau
est importée en grande quantité dans les zones urbaines, augmentant ainsi toutes les
composantes du bilan. Un microclimat peut se développer, s’accompagnant de changement
dans les températures, les taux d’humidité, les vitesses des vents..etc… Ces changements
peuvent influer sur les précipitations, l’ETP ou l’ETR (Guide de l’IAH, 1990).

Le développement de l’urbanisation s’accompagne généralement d’une augmentation de


l’imperméabilisation des sols qui induit elle-même une diminution de l’infiltration des eaux de
pluies. Le ruissellement augmente (même s’il peut ensuite devenir de la recharge indirecte
via les rivières…). Dans les zones où les niveaux d’eau souterraine sont élevées, les égouts
prélèvent de l’eau souterraine.

Illustration 14 : Les effets de l’urbanisation sur les écoulements souterrains et de surface (extrait de
Groundwater Recharge in Urban Areas, Lerner, 1988)

A contrario, l’urbanisation peut également contribuer à développer de nouvelles sources de


recharge :

- les fuites liées aux réseaux de distribution d’eau potable, d’eaux usées ou au sortir
des fosses septiques ;

- l’arrosage abusif des jardins privés et municipaux ;

- les relargages (délibérés ou non) d’eaux usées et d’eaux pluviales ;

La plupart de ces effets ont une échelle d’incidence bien inférieure à celle de la masse d’eau
(échelle locale) mais ils peuvent s’avérer non négligeables dans le calcul de la recharge.
D’après le rapport SNIFFER (2003), dans les zones où la surface urbanisée représente plus
de 10 % de la surface de la masse d’eau, leur prise en compte dans le calcul de la
recharge permet d’accroître sensiblement sa précision.

Le rapport « Volume d’eau importé servant à l’alimentation de la zone urbaine » /


« Volume d’eau rechargeant naturellement la nappe » peut également servir de justificatif
quant au calcul de l’incidence urbaine sur la recharge.

Il est vrai que de nombreuses données supplémentaires compliquent ainsi le calcul de la


recharge en zone urbaine et on est en droit de se demander si de tels efforts sont
justifiés. La réponse dépend de la précision exigée par la DCE sur l’évaluation de la
recharge, de la taille de la zone urbaine par rapport à la masse d’eau, du rapport cité
précédemment, de la nature de la zone urbaine...etc… Aucune règle n’existe réellement.

D’après le guide de l’IAH (1990), l’impact de l’urbanisation sur la recharge ne concerne


réellement que les zones à climats secs. En effet, dans des zones plus tempérées voire
humides, la diminution de la recharge via les précipitations du fait de l’imperméabilisation de
la surface urbaine est compensée par la recharge due aux pertes dans les réseaux de
distribution/adduction (estimées entre 15 et 25 % du volume d’eau transités). Les deux effets
s’annulent en quelque sorte, alors qu’en zone semi-aride à aride, les pertes au niveau des
réseaux constitueront toujours un apport supplémentaire d’eau pour les nappes.

En terme quantitatif, l’impact d’une zone urbaine ne semble donc pas prépondérant.
Cependant, la mobilisation des eaux transitant à travers elle ainsi que les échanges qui
ont lieu avec la surface et le sous-sol, participent généralement à une dégradation
sensible de la qualité de l’eau qui atteint l’aquifère profond. Quid vis-à-vis de la DCE ?

A noter : les écoulements issus des pertes dans les canalisations peuvent ne pas participer à
la recharge réelle mais provoquer plutôt des écoulements hypodermiques.

1.3.5. Autres phénomènes

• Fonte de la neige

Les précipitations neigeuses sont particulièrement difficiles à mesurer. En effet, les


pluviomètres ne sont pas adaptés à la mesure d’une précipitation « solide » et entraine une
prise en compte insuffisante du phénomène. A l’inverse, des mouvements latéraux localisés
comme les coulées de neige peuvent se produire et induire une surestimation du
phénomène.

La neige s’accumulant à la surface, cela peut conduire à un délai significatif entre


l’épisode neigeux et la mobilisation de l’eau vers les rivières ou l’aquifère. Cette fonte
des neiges doit donc être estimée et un délai de largage de l’eau issue de cette fonte des
neiges vers la zone humide du sol doit être pris en compte, au moins pendant les mois
d’hiver.

Une méthode pour ce faire serait, pour les masses d’eau concernées par d’importantes
chutes de neige, de contenir un % des précipitations (à dire d’experts…) qui ont lieu
entre janvier et mars et de les ajouter ensuite dans les mois de fontes des neiges (avril-
mai). Cette méthode concerne uniquement les bassins versants pour lesquels la couverture
neigeuse dépasse 10 % de la superficie totale du bassin versant pendant la période
hivernale (janvier à mars).
• Ecoulements de type « bypass »

Ces écoulements participent à la recharge de l’aquifère de manière direct, sans passer par
la zone de stockage de l’humidité du sol. Les principaux responsables de ces écoulements
sont les macropores.

Les macropores sont des petits tunnels formés pas la faune du sol, les racines des plantes
ou les fissures/fractures initiées par la variabilité du climat.

Certaines études ont montré que la recharge induite par ces écoulements de type
« bypass » était non négligeable dans les cas où le niveau de la nappe était à moins de 2 m
de la surface du sol. Cette recharge a même été estimée pouvant atteindre jusqu’à 35 % de
la recharge réelle totale, surtout pendant des périodes d’intenses activité orageuse.

Ces écoulements peuvent être inclus dans le calcul de la recharge sous la forme d’un
pourcentage de la pluie efficace. Ils doivent être pris en compte dans les cas de nappes
libres à niveau d’eau proche de la surface (< 2m).

Des valeurs allant de 5 à 25 % de la pluie efficace sont envisageable, en fonction du type de


sol.

1.4. ECOULEMENTS DE SUBSURFACE

Une partie des précipitations infiltrée chemine quasi horizontalement dans les couches
supérieures du sol pour réapparaître à l'air libre, à la rencontre d'un chenal d'écoulement.
Cette eau qui peut contribuer rapidement au gonflement de la crue est désignée sous le
terme d'écoulement de subsurface (aussi appelé, dans le passé, écoulement
hypodermique ou retardé).

Illustration 15 : Les différents types d’écoulement (extrait du site web de l’EPFL)

L'importance de la fraction du débit total qui emprunte la voie subsuperficielle dépend


essentiellement de la structure du sol. Les zones où des dépôts faiblement perméables
surplombent un aquifère peuvent constituer des lieux favorisant des écoulements de
subsurface. Les écoulements dans cette zone non saturée atteignent les eaux de surface à
un point d’altitude inférieur au point d’infiltration et peuvent être perçus comme étant du
« ruissellement de surface différé ».
Ces écoulements de subsurface sont assimilables à un pourcentage de l’eau qui atteint la
zone non saturée et sont donc à retrancher de la recharge via les précipitations.

1.5. DISCUSSION ET NIVEAU D’INCERTITUDE

Les calculs permettant d’estimer la recharge peuvent donc varier en complexité. Tout
dépend des données disponibles et du risque de stress encouru de l’aquifère
considéré. Dans le cas où la disponibilité des données est relativement uniforme pour tout
le pays, le facteur « risque de stress encouru » prendra le pas dans la démarche.

Du coup, il est possible d’adopter différents niveaux de complexité du calcul (variation du


nombre de paramètres pris en compte) selon le niveau de stress encouru par l’aquifère. Ceci
permet d’éviter de calculer la recharge de façon trop complexe pour un aquifère sans risque
réellement défini (Illustration 16).

A noter que les erreurs liées aux incertitudes seront fonction du nombre de paramètres
utilisés, et notamment :

- Le pas de temps des données : La précision de l’estimation augmente avec un


pas de temps court. Des pas de temps plus longs ont tendance à sous-estimer
la recharge réelle. Il a été montré qu’un pas de temps mensuel sous-estime la
recharge de 30 % par rapport à un pas de temps journalier (Loyd and Howard, 1979).

Finalement le pas de temps mensuel aurait tendance à donner une estimation trop prudente
de la recharge. En cas de risque décelé dans cette estimation prudente, le calcul devrait, si
possible, être reconduit à un pas de temps plus court.

- La taille des chroniques : limite mini = 10 ans de chroniques.

- La distribution spatiale des données : les données doivent être comparées à la taille
de la masse d’eau (ou aquifère) étudiée. Une forte densité augmente le niveau de
complexité du calcul mais également sa précision.

- La nécessité de faire des estimations pour certains facteurs comme par exemple, la
proportion de recharge potentielle déviée en écoulement hypodermique.

Le but de la DCE est l’estimation d’un état présent (quantitatif et qualitatif) de la masse
d’eau. La recharge réelle de n’importe quelle année dépend des fluctuations climatiques, des
variations des pressions sur la masse d’eau selon les années…etc… Pour une
caractérisation initiale, il est important de déterminer la recharge moyenne actuelle.
Des prévisions futures nécessiteront forcément la prise en compte de différents scénarios
climatiques et la prise en compte du changement climatique.
Illustration 16 : Tableau récapitulant les différentes composantes du calcul de la recharge réelle ainsi que leur niveau de précision nécessaire selon l’état de
stress de la masse d’eau considéré (extrait du rapport final de SNIFFER, 2003)

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