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L1: Le système-monde: des espaces interdépendants

Introduction :
Un système est un ensemble d’éléments interdépendants. Le monde actuel est constitué par différents
espaces (éléments) unis par des liens d’interdépendance très forts. C’est ainsi que le terme de système-
monde est de plus en plus utilisé pour qualifier cet ensemble. La révolution des transports et des
télécommunications principale source de l’augmentation des différents flux (capitaux, marchandises et
personnes), constitue le pilier majeur de cette interconnexion de l’espace mondial.

I. La mondialisation : facteur de renforcement des interdépendances :


La mondialisation est la mise en relation généralisée des différentes parties du monde, d’abord par les échanges, puis
par l’internationalisation de la production qui multiplie les flux. Elle est aussi appelée la globalisation. C’est donc, un
mouvement d’internationalisation des économies et des sociétés induits par l’essor des échanges. Elle est le résultat
d’un processus d’extension du capitalisme occidental dans l’espace mondial.

1. Les facteurs de la mondialisation :


a. La contraction de l’espace et du temps :

La nouvelle révolution des transports et des télécommunications de l’après - guerre a rendu plus rapide la circulation
de l’information et a provoqué un raccourcissement des distances entre les différentes parties du monde. La
contraction de l’espace et du temps a entrainé une circulation massive des produits d’un bout à l’autre de la planète.
On assiste à un véritable maillage de la planète terre, grâce à l’action d’hommes d’affaires en quête d’opportunités de
toutes sortes. C’est ce qui est à l’origine de nombreux rapprochements culturels.

b. La mobilité du capital et la mondialisation des firmes :

Les firmes multinationales sont responsables de l’essentiel de la mobilité du capital. Issues pour la plupart des pays
développés, elles ont entamé dès le 19ème siècle la conquête économique du monde. Les fusions, les offres publiques
d’achat, les prises de participation qu’elles effectuent, leur permettent de s’agrandir de jour en jour. Leurs activités
s’étendent sur l’ensemble de la planète qui ressemble de plus en plus à une zone unique d’échange et de production :
c’est la globalisation de l’économie. Les firmes multinationales procèdent à des délocalisations ou à des fermetures
de filiales en fonction de leur santé financière ou des avantages comparatifs proposés par les Etats. Beaucoup
d’entre-elles contrôlent des banques ce qui facilitent les mouvements de capitaux. Les plus grandes banques sont soit
américaines, européennes ou asiatiques.

2. Les différents pôles du système-monde :

Plusieurs pôles économiques constituent le système-monde. Nous avons la Triade et les périphéries.

a. La Triade :

Elle rassemble l’Amérique du nord (Usa, Canada), l’Europe occidentale principalement les pays de l’UE et l’Asie-
pacifique (Japon, Chine, Taiwan, Hong Kong, Corée du sud, Malaisie, Singapour, Thaïlande). La Triade contrôle
l’essentiel des échanges mondiaux (plus de 50 %) ; elle émet et absorbe la quasi- totalité des investissements directs
étrangers (IDE). Elle abrite les plus grandes places financières qui fixent les cours des différentes productions. La
triade met aussi en circulation les monnaies les plus utilisées dans les échanges à savoir le dollar, l’euro et le yen.
Elle concentre ainsi l’essentiel de l’industrie mondiale (90% des plus grandes entreprises du monde). Elle détient le
monopole de l’information ce qui renforce son rayonnement et sa puissance. En résumé la Triade est la colonne
vertébrale de l’économie mondiale.

Les grands ensembles de la Triade

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- Les Usa et l’Amérique : les Usa polarisent le Canada et le Mexique avec lesquels ils ont créé l’accord de
libre-échange nord-américain (ALENA) en 1992. L’influence américaine va jusqu’en Amérique latine ;
même si elle est de plus en plus contestée par des puissances émergentes comme le Brésil ou dans une
moindre mesure le Venezuela. Les Usa ont comme projet de créer une zone de libre-échange des
Amériques (ZLEA) en intégrant les pays sud-américains.

- Le Japon et l’Asie-pacifique : en raison de son succès économique le japon sert de référence à l’ensemble
des pays de l’Asie-Pacifique. Mais, la puissance japonaise en constante repli depuis quelques années, est
sérieusement menacée par celle de la Chine populaire.

- L’Union européenne : l’UE n’est pas seulement une entente entre Etats visant à abaisser les barrières
douanières, c’est plutôt une ambitieuse union économique et monétaire regroupant 28 pays. Elle polarise des
régions comme l’Afrique du nord et une grande partie du Moyen-Orient.

b. Les périphéries :

Il s’agit de la majorité des pays du tiers-monde faisant de maigres performances économiques. Ils regroupent les
¾ de l’humanité. Leurs rythmes de développement n’est pas le même. Les pays de la périphérie sont catégorisés
en pays les moins avancés (PMA), en pays intermédiaires et en pays émergents.

- Les pays les moins avancés : c’est essentiellement les pays de l’Afrique subsaharienne, ceux de l’Amérique
latine et beaucoup de pays asiatiques. Leur revenu par habitant est inférieur à 500 $/an et les populations y
vivent souvent avec moins 2 $/jour. Ils sont faiblement associés à la mondialisation. Ils sont plus des
consommateurs de biens et services que des producteurs : Sénégal, Niger, Mali, Gambie, Bangladesh,…

- Les pays intermédiaires : ils sont incomplètement intégrés à la mondialisation. Ce sont des exportateurs de
produits agricoles (Côte d’ivoire, Ghana), des produits miniers (RDC) ou énergétiques (Nigéria). M ais leur
situation est instable.

- Les pays émergents : ils sont en forte croissance et leur niveau de vie s’apparente quelque fois à celui des
pays développés. Ils s’intègrent rapidement à l’économie mondiale. Certains d’entre – eux produisent des
biens manufacturés et concurrencent les pays du nord alors que d’autres tirent des revenus consistants de
l’exportation du pétrole. Des pays comme le Brésil, la Chine, le Chili, l’Inde, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du
sud sont considérés comme émergents. Mais, ils sont caractérisés par des inégalités sociales très
prononcées (Brésil, Arabie Saoudite,…).

II. Les effets de l’interdépendance :

1. Les problèmes liés à la mondialisation :

L’existence du système-monde a entrainé la mondialisation des problèmes ce qui appellent des solutions à l’échelle
mondiale. Ces fléaux ont pour nom :
- Les crises économiques qui occasionnent des replis de l’économie mondiale.
- Les multiples trafics (stupéfiants, armes, humains) de même que le terrorisme. Les malfaiteurs sont organisés
en réseaux mondiaux. Ainsi, la collaboration entre Etats apparait comme le seul remède efficace contre eux.
- L’émigration clandestine vers les pays du nord qui exprime le vrai visage de la pauvreté du tiers-monde. Elle
appelle aussi une large concertation entre les Etats concernés.
- Les problèmes liés à l’environnement qui ont de plus en plus une dimension planétaire. De nombreuses
conférences ont été organisées à ce propos (RIO, KYOTO et COPENHAGUE) mais les intérêts des uns et des
autres étant divergents, résultat elles n’ont abouti à aucune solution concrète face surtout au problème de
l’effet de serre qui demeure toujours un défi à relever pour les générations futures.

2. L’uniformisation des comportements :

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Elle se propage à grande vitesse et se généralise. Nous pouvons citer comme exemple l’économie libérale,
les modes vestimentaires, les modes de vie, les habitudes de consommation, les paysages urbains,…

Conclusion :
La mondialisation à transformé le monde en un « village planétaire ». L’essor des mouvements
altermondialistes, fondamentalistes, nationalistes, régionalistes montre que la mondialisation n’est acceptée
de tous. Car elle met en compétition les Etats, les régions et même les quartiers entrainant marginalisation,
exclusion ou promotion.

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L2 : L’ESPACE NORD-AMERICAIN : ATOUTS ET HANDICAPS DE LA NATURE

Introduction
L’espace nord-américain est le cadre naturel commun à trois grands Etats fédéraux d’envergure continentale : le
Mexique (1 976 000 km2), les USA (9 373 000 km2) et le Canada (9 976 000 km2), soit au total 21.557.900km2.
Cet ensemble est limité à l’est par l’océan Atlantique, au nord par l’Alaska et le Canada, à l’ouest par l’océan
Pacifique et au Sud par l’isthme de Tehuantepec, au Mexique.
L’espace Nord-Américain renferme d’énormes potentialités qui sont des atouts considérables, mais il comporte aussi
des faiblesses liées aux handicaps naturels qui perturbent ou freinent les activités des hommes.
I/ Les caractères physiques de l’espace nord-américain
1/ Les grands ensembles de relief
Le relief de l’Amérique du Nord est caractérisé par la simplicité de la disposition de ses 3 grands ensembles orientés
dans le sens méridional (Nord Sud) :
- A l’Est, on a de vieux massifs où les es altitudes dépassent rarement 2000m. Il s’agit du bouclier canadien
et des Appalaches (vielles chaînes de montagnes nées au primaire, large de 200 à 400 km et s’étirant du nord
au sud sur 2 000 km). Le mont Mitchell est le point culminant des Appalaches avec 2045m.
- A l’Ouest, on note des chaînes de montagnes élevées, datant du tertiaire (-65 à -1,8MA). Il s’agit des
Montagnes Rocheuses au Canada et aux Etats-Unis qui se prolongent par les Sierras Madre au Mexique.
Le point culminant des Rocheuses se situe au mont McKinley avec 6194m
- Au centre, il ya les grandes plaines centrales qui ont la forme d’un entonnoir allongé qui s’ouvre vers l’Est.
Elle est drainée par de puissants fleuves : le Mackenzie (1 700 km) au Canada, le Mississippi (3 780 km) et
le Missouri (4 370 km) aux Etats-Unis et le Rio Grande ou "Rio Bravo" (3 100 km) au sud des Etats-Unis et
à la frontière américano-mexicaine.
2/ La diversité climatique
La variété des climats de l’espace Nord-Américain s’explique par l’immensité de l’espace, son étirement en latitude
(de 18°N à 83°N) et la disposition du relief. Il existe deux grands types de climats :
- Les climats zonaux : Ils sont disposés du Nord au Sud, dans la zone des plaines et des vieux massifs. Ce sont
des climats dont les caractères dépendent de la position en latitude. Il s’agit du climat polaire (Canada), du
climat continental froid (Canada), du climat continental tempéré (Etats Unis) et du climat tropical
(Mexique et Sud Mexique). Les écarts entre les températures d’Hiver et d’Eté sont considérables (New York :
-0,5°C en Janvier et 23,3°C en Juillet).
- Les climats azonaux : ils sont localisés dans la façade Ouest de l’espace Nord-Américain. Ce sont des climats
dont les caractères ne dépendent pas de la position en latitude, mais de la disposition du relief et de son
influence sur les courants marins venant du pacifique. Il s’agit des climats océanique et méditerranéen qui
reçoivent les influences de la mer, le climat de montagne dû à l’altitude, le climat continental sec (domaine
des grands déserts : Arizona, Nevada, …).

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3/ L’hydrographie
La diversité climatique et la disposition du relief donnent à cet espace de puissants fleuves : Mackenzie, Yukon,
Saint-Laurent au Canada, Mississipi, Missouri, Tennessee, Ohio, Arkansas aux Etats-Unis, Rio Grande sur la
frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
Cet espace dispose aussi d’un réseau de Grands lacs entre les USA et le Canada qui totalisent 250.000km2.
II/ Atouts et Handicaps de l’espace nord américain
A/ Les atouts
1/ L’immensité de l’espace
L’immensité de l’espace nord-américain offre de grandes potentialités agricoles et forestières. L’ouverture de cet
espace sur les deux océans favorise l’accès et les activités de la pêche. Enfin, le découpage du littoral Nord-est et
Nord-ouest est propice à l’implantation de ports.
2/ Des milieux naturel généreux
Les grandes plaines de l’espace nord-américain offrent un grand potentiel en terres cultivables. C’est une région
vitale, le véritable grenier de l’E.N.A.
Le bouclier canadien et les Appalaches offrent des ressources hydrauliques importantes et recèle un fort potentiel
énergique (charbon, pétrole, hydroélectricité).
Le sous-sol des montagnes rocheuses à l’Ouest est également riche en sources d’énergie et en minerais divers
(charbon, argent, uranium, pétrole, gaz naturel, cuivre, fer, etc.).
La diversité climatique est aussi un atout important car elle donne de nombreuses possibilités agricoles (spécialisation
des régions en matière de production économique suivant les climats et les sols).
Les possibilités d’irrigation offertes par les fleuves et les lacs renforcent les potentialités agricoles (barrages hydro
agricoles).Les fleuves constituent également d’importants moyens de communication face à la massivité de l’espace.
Enfin, les montagnes sont rentabilisées (tourisme, cinéma, sport …).
En résumé, l’espace nord-américain offre de nombreuses possibilités ou avantages (forêts, minerais divers, ressources
énergétiques, réserves d’eau considérables, terres agricoles de qualité, irrigation, etc.).
B/ Les handicaps
1/ La massivité du relief et les menaces volcaniques et sismiques
Les montagnes rendent difficiles l’aménagement de cet espace. L’extension des montagnes freine l’agriculture et elle
ne facilite pas en plus la communication.
La présence de volcans sur la façade Pacifique et la fréquence des séismes (Californie vit sous la menace de secousses
sismiques avec la faille de San Andréas) constituent également un frein à la maîtrise de l’espace.
2/ La brutalité et la rigueur climatique
Les climats de l’espace Nord-américain sont contrastés (froid, aridité). Dans cet espace, les vagues de froid et de
chaleur font annuellement de nombreuses victimes. Les amplitudes thermiques sont fortes. Par exemple, dans le
désert de l’Ouest, la température tombe souvent jusqu’à -30°C en Janvier et peut atteindre 40°C à midi en
Juillet.
Les catastrophes naturelles causées par les cyclones qui se manifestent par des tornades (hurricanes) provoquent
des pertes humaines, des destructions d’infrastructures et l’inondation des cultures. Les dégâts matériels entraînent

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aussi un chômage technique. Récemment, en 2005, le cyclone Katrina a ravagé une bonne partie du Sud-est des
Etats-Unis (New Orléans).
Conclusion
L’espace Nord-américain renferme tous les types de relief, de climat mais aussi une gamme de ressources
économiques. Son milieu physique porte de nombreux avantages mais aussi de certaines contraintes. Le plus grand
atout de cet espace est qu’il ne présente pas d’obstacles majeurs pour sa mise en valeur par l’homme. Par conséquent,
le niveau de développement actuel de cet espace est aussi lié aux facteurs humains (ingéniosité et labeur des
populations).

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L 3 : L’espace nord-américain : Populations, villes et Sociétés

Introduction
L’espace nord-américain compte 442 millions d’habitants (estimation 2007) soit 7 % de la population mondiale. Il
présente des caractéristiques démographiques originales liées à son histoire. La population qui est très inégalement
répartie connaît une forte urbanisation. En outre, les sociétés Nord-Américaines sont marquées par une hétérogénéité
particulière et par des disparités économiques et sociales frappantes qui créent des problèmes socio-économiques
graves.
I/La population de l’espace Nord-Américain
1/ L’historique du peuplement
L’Amérique fut découverte par Christophe Colomb en 1492. Mais, avant son arrivée sur le continent, des
populations appelées Amérindiens y vivaient déjà. A partir du XVe siècle jusqu’au XIXe siècles des Britanniques,
Français, Espagnols en quête de mines d’or, d’argent ou de refuges convergent en masse vers l’Amérique considérée
comme une terre d’abondance, un nouvel eldorado. A ces vagues d’immigrants vont s’ajouter des africains qui sont
victimes de l’esclavage. Aujourd’hui, l’immigration provient essentiellement des pays du tiers-monde : Latino-
Américains (Mexicains surtout) et Asiatiques (Coréens, Philippins, Vietnamiens).
2/ La Composition de la population
L’espace nord-américain apparaît comme un véritable « melting-pot » avec des populations descendant de migrants
de race et d’origine différentes.
La population de l’espace est composée de 3 grands groupes avec un métissage très important :
Les blancs représentent près de 80% de la population totale. C’est un groupe hétérogène dans lequel on trouve les
anglo-saxons (WASP : White Anglo-Saxon Protestant), les hispaniques (ou Latinos constituent une communauté
grandissante que l’on retrouve au Mexique et au sud des Etats-Unis), les français, les italiens, etc. Certains
hispaniques pénètrent aux Etats-Unis en traversant le fleuve Rio Grande à la nage, d’où leur surnom de "Wet
Backs" (Dos Mouillés).
- Les noirs qui sont surtout présents aux Etats-Unis, sont des descendants d’anciens esclaves, vivant souvent
dans des conditions difficiles. Ils sont peu intégrés dans la société américaine.
- Quant aux amérindiens, ils représentent la plus vieille communauté Nord-Américaine. On les trouve
essentiellement aujourd’hui au Mexique (+30% de la population).
En dehors de ces 3 groupes, il ya les esquimaux à proximité du cercle polaire, les asiatiques le long de la côte Ouest
et les métis localisés essentiellement au Mexique (+60% de la population).cependant, la composition raciale ou
ethnique varie d’un Etat à un autre dans cet espace.
3/ La répartition de la population
La densité moyenne de l’espace nord-américain est d’environ 21 habitants au km2. Cependant la population est
inégalement répartie avec 56 habitants au km2 au Mexique, 32 habitants au km2aux Etats-Unis et
3,4 habitants au km2 au Canada.
Cette inégale répartition s’observe à l’intérieur de chaque Etat. Elle résulte d’une part, des contraintes du milieu et
d’autre part, des facteurs historiques et économiques.
Les régions les plus peuplées sont :
- La région des Grands lacs (Chicago, Détroit, Toronto, Montréal, Québec) : La forte concentration est liée à
l’industrialisation importante de cette région aux possibilités énormes.
- La côte atlantique de l’Est : C’est la position géographique qui explique la forte concentration humaine dans
cette zone. En plus, le Nord-est a été la première région à s’industrialiser de l’espace Nord-Américain.
- La côte pacifique de l’Ouest : C’est le facteur naturel qui explique la forte concentration. Les densités sont plus
fortes au niveau de l’axe californien, de Los Angeles à San Francisco. La Californie, plus puissant Etat des Etats-
Unis, a une puissance attractive extraordinaire (25% de ses habitants sont nés à l’étranger), ce qui renforce les
densités.

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- la région mexicaine
Aujourd’hui, la population se déplace progressivement vers l’ouest et le sud devenus une ceinture du soleil ou "Sun
Belt" attractive (Texas, Floride, Californie, stations balnéaires mexicaines).Par contre, au centre des Etats-Unis et
dans le Grand Nord canadien, les densités sont très faibles.

4/ Des dynamiques démographiques différents


Les trois pays de l’espace nord-américain ont des poids démographiques différents : 301 millions d’habitants aux
Etats-Unis (estimation 2007), 33,4 millions d’habitants au Canada et 108,7 millions d’habitants au Mexique. Le
rythme d’évolution de la population n’est pas le même également.
Le Canada connaît une croissance démographique très faible avec un taux d’accroissement naturel de 0,4 %.
Les Etats-Unis enregistrent depuis la fin du « baby boom » de l’après-guerre (1945-1960), une natalité en recul
(« baby crash ») et une croissance démographique de 0,6 %.
Cette chute importante de la fécondité et de la natalité entraîne un problème de renouvellement des générations et le
vieillissement de la population du fait de l’allongement de l’espérance de vie (77 ans aux Etats-Unis et 80 ans au
Canada).
Le Mexique connaît un taux d’accroissement naturel de 1,5% et une forte jeunesse de la population (30,98 % ont
entre O-14ans) entraînant des problèmes d’éducation, d’alimentation, de logement, d’emploi, de formation, de
sécurité, etc.
II/ Les villes de l’espace Nord-Américain
L’espace Nord-Américain est fortement urbanisé. Les trois Etats de l’espace nord-américain ont des taux
d’urbanisation élevés : 77 % au Canada et aux Etats-Unis ; 74 % au Mexique. Depuis le début des années 1950,
les villes abritent la majorité de la population nord-américaine.
1/ Les villes américaines et canadiennes
Les États-Unis comptent 39 métropoles de plus d’1 million d’habitants (contre 14 en 1950) ; ces 39 métropoles
regroupent 124,8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population totale. La Mégalopolis atlantique qui
s’étend sur plus de 1000km , de Boston à Washington, en passant par New York, Philadelphie et Baltimore, est
la plus grande concentration urbaine du monde (60 millions de personnes).
Au Canada, les principales villes sont Montréal, Vancouver, Ottawa, Edmonton, Québec, Winnipeg, Toronto.
Aux Etats-Unis et au Canada, les villes sont structurées ainsi :
- Le centre peuplé de gratte-ciel est le « Central Business District » (CBD).
- Les quartiers résidentiels qui jouxtent le centre sont d’anciens quartiers où l’on trouve des minorités comme
les noirs et les hispaniques aux Etats-Unis.
- Les banlieues avec des maisons individuelles sans clôture et des espaces verts, sont aisées (« gated
community » = quartier résidentiel dont l’accès est contrôlé et dans lequel l’espace public est privatisé).
2/ Les villes mexicaines
Elles ressemblent beaucoup à celles des pays sous-développés avec la concentration des activités secondaires et
tertiaires dans le centre et l’extension des bidonvilles.
Les principales villes sont mexico (2e agglomération du monde derrière Tokyo avec 18,7 millions d’habitants),
Guadalajara (3,8millions d’habitants), Monterrey, Puebla (2millions d’habitants). Elles sont les principales
destinations de l’émigration intérieure (exode rural).La misère s’amplifie dans les bidonvilles qui manquent presque
de tout : eau, électricité, emploi, santé, sécurité, etc.
III/ Les sociétés de l’espace Nord-Américain
1/ Une pluralité ethnique en recomposition
La pluralité ethnique dans l’espace Nord-Américain est en recomposition car les différents groupes ethniques n’ont
pas la même croissance démographique. L’accroissement naturel chez les minorités dépasse souvent 1, 3 % par an et

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celui des blancs moins de 1%. D’après la tendance actuelle, la part des blancs dans la population totale connaîtra une
chute tandis que celle des minorités enregistrera une hausse au milieu du XXIe siècle.
2/ Les disparités sociales
Dans la société, les disparités sont frappantes. Des communautés sont écartées de la société d’abondance, de
consommation et de très haut niveau de vie. Au Canada et aux Etats-Unis, les Blancs connaissent une réussite
personnelle et un statut social élevé ("self made men"). Au bas de l’échelle sociale, Amérindiens, Noirs,
Hispaniques vivent en général dans la pauvreté. Ces minorités sont, dans l’ensemble, économiquement et socialement
défavorisées. Cette situation remet en cause le melting-pot (« creuset ») américain qui a bien fonctionné, mais
n’aboutit pas pour autant à l’assimilation ou à l’homogénéité de la population.
Par ailleurs, les grands problèmes sociaux sont aujourd’hui l’insuffisance de la protection sociale, un chômage
chronique, la pauvreté, la criminalité et la violence.
Conclusion : La population de l’espace nord-américain se caractérise donc par des comportements démographiques
contrastés, une grande diversité raciale et une forte urbanisation. Cependant les problèmes d’intégration des groupes
minoritaires menacent sérieusement la stabilité et la cohésion des Etats de l’Amérique du Nord.

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L 4 : La construction de l’espace économique : Etats-Unis, Canada et Mexique (ALENA)

Introduction
La série de récessions économiques et la mondialisation de l’économie ont poussé les Etats-Unis à accroître ses
rapports avec ses voisins. C’est ainsi que l’ALENA (Accord de Libre Echange Nord-Américain) est entré en
vigueur le 1er Janvier 1994. Cet accord réunit les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Malgré ses réussites,
l’ALENA est confronté à un certain nombre de problèmes.
I/ Objectifs et réussites de l’ALENA
1/ Objectifs
Ils sont essentiellement économiques :

- Promouvoir une grande croissance économique des trois Etats en favorisant l’accroissement des échanges
entre eux.
- Faire face à la concurrence de l’UE et du Japon.
- Créer une vaste zone d’échange par la suppression progressive des barrières douanières.
- Favoriser la libre circulation des biens, des investissements et des services entre les trois pays.
- Permettre aux USA de profiter des immenses ressources de ses partenaires et de réduire considérablement la
migration clandestine mexicaine.
- Encourager le Mexique à poursuivre les transformations économiques d’inspiration libérale.
2/ Réussites
Les USA profitent de cette intégration pour investir au Mexique et bénéficier de la main d’œuvre bon marché
mexicaine. L’ALENA permet aux différentes entreprises américaines d’écouler plus facilement leur production. Les
investissements américains vers le Canada et le Mexique ont enregistré une forte augmentation.
Le Mexique trouve aussi son intérêt dans cet accord car il profite des investissements du Canada et des USA et de la
création des nombreux emplois qu’ils génèrent. Ce qui diminue le chômage. Il exporte plus facilement ses produits
agricoles et industriels en direction des USA et du Canada. Il bénéficie aussi du transfert de technologie en
provenance de ces pays. De nombreuses entreprises américaines et canadiennes ont été délocalisées au Mexique : les
Maquiladoras (entreprises industrielles appartenant à des sociétés étrangères, essentiellement américaines, et (--
((implantées au Mexique, le long de la frontière des Etats-Unis) ont créé près d’un million d’emplois (main-d’œuvre
mexicaine 10 fois moins chère qu’aux Etats-Unis).Avec ces entreprises, le Mexique est devenu le premier fournisseur
textile et électronique des Etats-Unis.
Le Canada tire aussi profit de l’ALENA de par son essor commercial. De plus en plus ses exportations en direction
des USA sont à la hausse. Il accède en même temps à la main d’œuvre bon marché mexicaine tout en assurant 40% de
ses exportations vers ce pays.
L’ALENA permet à ces trois partenaires de disposer d’un important marché de plus de 400 millions de
consommateurs, d’importantes ressources naturelles et humaines qualifiées, d’un potentiel agricole, industriel et
financier mais aussi d’un niveau de vie élevé.
II/ Limites ou problèmes de l’ALENA
Malgré ces performances ou réussites cet espace rencontre des problèmes :
- Aux Etats-Unis, les syndicats s’opposent aux délocalisations industrielles vers le Mexique et le Canada car
elles s’accompagnent de pertes d’emplois.
- Le commerce sous régional présente une grande asymétrie (déséquilibre). En effet, les USA représentent 70%
des échanges alors que le Canada ne réalise que 20% et le Mexique 10%.
- La concurrence déloyale tributaire des subventions et du dumping des USA débouche à un échange inégal.
- Les niveaux de vie et de développement des trois pays sont très différents. A titre d’exemple, le PNB des USA
est de 34280 dollars, du Canada 26530 dollars, du Mexique 8240 dollars.
- De nombreuses PME-PMI mexicaines résistent difficilement à la concurrence des sociétés étatsuniennes
- L’ALENA ne permet pas la libre circulation des personnes.
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En définitive l’ALENA est une organisation à vocation économique et non politique ni sociale d’où sa différence par
rapport à l’Union européenne.

Conclusion
La proximité géographique des Etats-Unis, du Canada et du Mexique est un atout pour la coopération économique.
Ainsi, l’ALENA a renforcé considérablement les relations économiques des Etats membres même si quelques
problèmes subsistent encore. Les Etats membres essaient d’étendre l’ALENA à toute l’Amérique latine avec la ZLEA
(zone de libre-échange) ou ALCA (Accord de Libre Commerce des Amériques). Mais, beaucoup de pays latino-
américains ne sont pas pour le moment favorable à cause des subventions fédérales aux agriculteurs américains et les
restrictions à l’immigration vers les Etats Unis.

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L5 : Le modèle économique américain : caractéristiques et problèmes

Introduction:

Les élections présidentielles 2008 et de 2012 très médiatisées hors des EU sont les preuves de l’impact des médias,
mais aussi de l’intérêt que chacun peut porter à ce qui se passe dans un État dont les décisions ont souvent des
répercussions mondiales.
Avec 9.4 M km² et plus de 300 M d’hbts, les EU tirent leur puissance de leur base territoriale, de leur population et
des valeurs auxquelles elle adhère. Il importe de préciser ces fondements de la puissance. D’autre part, cette puissance
est complète et s’exerce dans le monde. Quels sont ses principaux aspects économiques, financiers, culturels et
militaires.
Cependant toute puissance a ses limites.

I. Les bases de la puissance

1. Une population dynamique, héritée de courants migratoires multiples et encore fondée sur l’immigration. La
population adhère aux valeurs libérales : esprit pionnier d’hier (territoire « don de Dieu », à mettre en valeur), esprit
d’entreprise ou d’innovation aujourd’hui (new is better). La population est renouvelée par des flux de migrants
hispaniques, asiatiques et européens ce qui donne au pays cet aspect multiculturel si utile à l’heure de la
mondialisation. L’accroissement naturel est encore remarquable malgré un de haut niveau de vie et d’instruction.
Le pays qui reste attractif, rêve américain pour certains, effet du brain drain pour d’autres, ou simple recherche de
libertés et de bonnes conditions de vie…
Autrefois attirée par les libertés, l’immensité et les terres disponibles, la population a conservé une grande mobilité sur
son territoire et s’adapte avec plus ou moins de facilité à la variation des dynamiques intérieures

2. Un territoire maîtrisé : Vaste mais doté d’infrastructures de transport efficaces. Ouvert sur le monde par deux
façades océaniques… ports multiples, Landbridge, hubs aéroportuaires…
Disposant encore de ressources abondantes, bien qu’épuisables : Ressources minérales comme le charbon des
Appalaches ou du Wyoming, hydrocarbures du Texas ou d’Alaska, non ferreux des Rocheuses…
La surface agricole utile très vaste (.les Grandes Plaines) et une diversité climatique permettent des productions
variées : blé de la Weat belt, viande de la corn belt, agrumes de Floride, coton du Texas, vignoble californien…
Rien ne manquait lors de la 1ère mise en valeur et l’industrialisation du pays ; elle fut efficace et cette efficacité
demeure, même si actuellement les EU sont dépendants en produits de base et doivent importer.

3. C’est par le choix de l’ouverture et l’adaptation à la mondialisation que les EU ont renforcé leur puissance et
cela se voit sur leur territoire.
La métropolisation se traduit par des aires urbaines étalées dont le CBD(le Central Business District) et les noyaux
d’activités périphériques concentrent les lieux de décision ou d’innovation : sièges sociaux, centres financiers, parcs
technologiques (Research Triangle Park), lieux de pouvoir spécialisé (NSA et Pentagone à Washington, ICANN à Los
Angeles…)
Les principales métropoles sont sur les littoraux ou en secteur frontalier….Certaines d’envergure mondiale, NY,
Chicago et LA… Cosmopolites, ces métropoles sont donc attractives, et se situent souvent à l’interface des autres
espaces planétaires dynamiques, dans les régions motrices du pays : NE et Grands lacs face au Canada et à l’Europe,
Floride et Texas face à l’Amérique latine, Californie et NO face à l’Asie.
Dans ces métropoles, se retrouvent tous les aspects de la puissance américaine : transformations industrielles, parcs
technologiques, commercialisation, services financiers, culturels… Elles sont l’illustration d’une puissance complète.

II. Une puissance complète

1. Puissance économique : FTN  IDE en Europe pour accéder aux marchés de pays riches, en Asie ou au
Mexique pour profiter de bas coût de production et de marchés émergents. 1ère puissance commerciale…
Puissance industrielle : hautes technologies, exemples d’innovations ou de firmes dominantes*. Profite des royalties
des ventes de brevets (ex : GPS)

12
Puissance agricole. Ex. de productions. 1er exportateur en valeur…

2. Puissance financière …$, transactions boursières, produits financiers. Investit la planète, mais attire aussi les
capitaux.

3. Puissance culturelle… Langue. Produits de sous-culture (séries TV, films…), Hollywood, mais aussi universités
prestigieuses…Yale, Harvard ou Berkeley…NY Broadway (théâtres, comédies musicales

4. Militaire et politique: flottes dans tous les océans et mers stratégiques. Liens entre Pentagone et complexe
industriel. Armée à la technologie impressionnante.
Place influente dans toutes les instances internationales (ONU siège à New York, FMI siège à Washington, OMC,
G7…).

III. Les limites de la puissance américaine

1. L’hégémonie américaine est de plus en plus contestée par la montée en puissance du Japon, de l’Union européenne,
du Brésil et des Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie (NPIA). Concurrencée désindustrialisation lourde de
difficultés (NE surtout). Perte de parts de marché (difficultés de l’industrie automobile en 2008…)

2. Déficit commercial croissant depuis 1971 (surtout Chine, Japon aujourd’hui…) et considérable. Toutefois, les
importations de produits manufacturés depuis des filiales américaines, faussent le bilan commercial réel.
Les E-U ont une dépendance pour les produits de base (ex: EU achètent 20 % du pétrole exporté dans le monde) et
sont victimes d’un surendettement avec leur déficit budgétaire en raison des engagements militaires critiqués aux EU
même et à l’extérieur… dettes des ménages ayant recours à trop de crédit. On dit des Américains qu’ils vivent au –
dessus de leurs moyens.
Les E-U sont entrés dans une crise financière sévère depuis 2007avec la crise des subprime et la perte de liquidités (et
crise économique dès le printemps 2008).

3. Société inégalitaire. Pauvreté persistante. Tensions communautaires…Discrimination visible dans les villes
(quartiers ghettos)

4. Pays pollueur car 1er consommateur. Lutte contre la dégradation de l’environnement (EPA), mais n’est pas habitué
aux économies d’énergie (gaspillage) …Doit assumer le coût de la protection de l’environnement…

Conclusion :

Puissance en elle-même, l’Amérique a su utiliser les ressources mondiales pour accroître ses atout
s. Influente et parfois dominante, elle suscite d’autant plus la critique qu’elle l’admet en son sein (démocratie). Les
EU, comme tout État, sont confrontés au défi du développement durable.

13
L6 : L’Europe : Milieux naturels et Populations

Introduction :

L’Europe est le plus petit des cinq continents. Sa superficie est de 10 519 793 km2. Elle est délimitée au sud par
l’Afrique et n’a aucune frontière conventionnelle avec l’Asie même si certains avancent que l’Europe s’arrête au
mont Oural. Avec ses 750 millions d’habitants, l’Europe est le 3ème foyer de peuplement du monde. C’est l’un des
continents les plus urbanisés et sa population présente toutes les caractéristiques démographiques des pays
développés.

I. Le cadre physique :

1. Le relief :

Il peut être divisé en deux grands ensembles : l’Europe des vieux socles et l’Europe alpine :

- L’Europe des vieux socles : elle s’étend de l’Angleterre au sud de la Russie. Elle est constituée de vastes
plaines limoneuses fertiles entrecoupées par des mers peu profondes comme la Manche, la Mer du Nord et la
Mer Baltique. Au sud de cette vieille Europe, nous avons des massifs datant de l’ère primaire (massif
Armoricain, Massif central, Vosges,…) séparés par des zones d’effondrement (Alsace, Bohême) ou des
bassins sédimentaires.

- L’Europe alpine : c’est l’Europe du Sud celle des grands arcs montagneux jeunes formés au tertiaire : les
Alpes et les Pyrénées. L’Europe est bordée par de nombreuses mers. Ses côtes très découpées s’alignent sur
4300 km. On y note l’existence de plusieurs îles.

2. Le climat et la végétation :

Le continent européen est en majorité sous l’influence du climat tempéré océanique ou continental. Au nord on a un
climat polaire et au sud un climat méditerranéen. L’océan et le relief influencent fortement le climat. Par exemple :
les Alpes protègent le bassin de la méditerranée des courants d’air froid en provenance du nord. L’Est a un climat
tempéré continental (fortes amplitudes thermiques) avec des pluies estivales fortes, ou quelques fois l’aridité et une
longue période de gelée qui s’atténue à mesure qu’on va vers l’ouest (vers l’Océan). Le centre et l’ouest sont sous
l’influence de la mer, les amplitudes thermiques annuelles sont limitées, l’humidité est importante et les
précipitations sont réparties dans toute l’année. Le sud est méditerranéen les hivers y sont doux et pluvieux, les étés
chauds et arides. Il y pleut durant l’hiver. La végétation du domaine océanique est constitué par les feuillus et la
prairie, celle du méditerranéen par le maquis et la garrigue et celle du domaine continental par la taïga au nord, les
feuillus au centre et la steppe au sud avec quelques forêts. La présence des forêts explique le développement de
l’industrie du bois.

3. Hydrographie, sols, et ressources du sous-sol :

14
a. Le réseau hydrographique :

L’Europe renferme trois types de fleuves :


- Les fleuves des plaines orientales : ils sont longs et leur débit est puissant. Ils sont gelés en hiver et le dégel
survient au printemps. Exemple : Danube et Volga.
- Les fleuves atlantiques : leur régime est régulier : Rhin, Escaut, Tamise, Seine,…
- Les fleuves méditerranéens : ils sont courts et peu navigables. Ils servent plutôt à l’irrigation : Guadalquivir,
Ebre,…
b. Les sols :

L’Europe dispose de vastes étendues de sols cultivables d’où l’importance de l’agriculture dans l’économie, à
l’exception de l’extrême nord.

c. Les ressources du sous- sol :

Le sous- sol européen est particulièrement riche en gisement de charbon, de fer, de bauxite (sert à fabriquer
l’aluminium), de potasse et des sels. Dans une moindre mesure existaient du plomb, du zinc, de l’uranium, du
chrome, du magnésium, de l’argent, …. Ces richesses sont exploitées depuis des siècles. Elles ont favorisé
l’industrialisation du continent. Beaucoup parmi elles sont aujourd’hui épuisées ou dépassées (charbon). Le sous-sol
européen est pauvre en hydrocarbures, surtout en pétrole. Les principaux gisements de pétrole se trouvent en Mer du
nord et sont exploités selon la technique du « offshore ». Cette carence, et cet épuisement induisent une dépendance
coûteuse à la fois économiquement et politiquement.

II. La population européenne :

La population européenne est inégalement répartie, vieillissante et riche. Elle est blanche et résulte des vagues
migratoires venues d’Asie il y a longtemps. Sa richesse a attiré de nombreux migrants africains et asiatiques. Le
métissage y est donc de plus en plus important. On distingue quatre grands groupes : les nordiques (anglais,
allemands, suédois, danois,…), les slaves (russes, européens de l’Est),les alpins (suisses, autrichiens) et les
méditerranéens(italiens du sud, espagnols, grecs,…). Nous avons aussi 3 groupes de langues : les langues germaniques
(anglais, allemands, finnois,…) ; les, de langues slaves (russe, polonais, bulgare,…) et les langues gréco- latines
(français, espagnol, italien). La population européenne est la 3è du monde après celle de l’Asie orientale et du sous-
continent indien. Sa densité moyenne est élevée (70 habitants/ km2). Elle est inégalement répartie dans l’espace.
Nous avons une « Europe vide » dont les densités sont inférieurs à 20 habitants/ km2. Il s’agit de l’Europe froide,
l’Irlande, des montagnes françaises et les cordillères espagnoles. Et une « Europe peuplée » qui correspond à la zone
urbaine allant l’Angleterre à l’Italie du Nord en passant par l’axe du Rhin. Il y a aussi des zones de fort peuplement en
Hongrie et en Pologne. Dans certaines zones les densités peuvent atteindre des pointes impressionnantes. C’est le cas
de la Rondstad hollandaise avec 971 habitants/ km2, à Anvers en Belgique avec 572 habitants/km2 et à Zurich en
Suisse avec 711 habitants/km2. Les ¾ des européens vivent en ville. Il y a la Rondstad hollandaise ou la Rhin- Ruhr
allemande qui sont de grandes agglomérations. Les européens vivent longtemps (espérance de vie élevée, 73 ans en
moyenne). Le Tan est faible (0,3% en moyenne) et l’ISF est de 1,42 enfants/ femme ce qui explique le vieillissement
de la population. Cette évolution bouleverse les grands équilibres démographiques. Le renouvellement des générations
n’est plus assuré. Par conséquent, l’immigration semble indispensable. L’Europe est une région riche. Les principaux
indicateurs de richesse (PNB/HBT, PIB/HBT, IDH) classent ses populations parmi les premières du monde. Foyer de
la révolution industrielle et de la modernisation de l’agriculture, l’Europe voit son économie se tertiarise de plus en
plus.

Conclusion :

Continent très petit et considéré comme un cap de l’immense Asie ; l’Europe se caractérise par la diversité de ses
paysages naturels et de sa population. En dépit des guerres et des conflits religieux du passé et du morcellement des
Etats ; l’union européenne est aujourd’hui le symbole de l’unité européenne même si on note une diversité des langues
et des traditions nationales.

15
L7 : La Construction européenne : Réalités et Perspectives

Introduction :

L’Europe, ruinée et affaiblie après la seconde guerre mondiale, tente de se reconstruire pour faire face au déclin de sa
puissance dans un monde alors dominé par les Usa et l’URSS. Par construction européenne, il faut entendre
l’ensemble du processus de rapprochement économique et politique de l’Europe par la mise sur pied d’organisations
sous-régionales. Ainsi pour enterrer la hache de la guerre et entrer résolument dans l’ère du progrès, les européens
sous l’impulsion des français et des allemands, vont créer d’abord la CECA (communauté européenne du charbon et
l’acier) en 1951, puis la CEE (communauté économique européenne) en 1957 et enfin l’UE (union européenne) en
1992.

I. Les débuts de la construction européenne :

L’idée d’une Europe unie remonte au 17è siècle. Elle est ensuite l’objet de réflexion et gagne les responsables
politiques conscients de l’affaiblissement du continent. La guerre froide peut être considérée comme un élément
détonateur dans la construction européenne avec le « Plan Marshall » qui donne naissance à l’OECE en 1949 qui
regroupait les 16 pays bénéficiaires.

1. La naissance de l’Europe des six (CECA)

Aux yeux des hommes politiques il fallait dépasser l’antagonisme franco- allemand pour construire une Europe
occidentale forte. Les plus ardents défenseurs de cette union furent le belge Paul Henri Spaak, l’italien Alcide de
Gasperi, l’allemand Konrad Adenauer et la français Robert Schuman. C’est ce dernier qui proposa dans une
déclaration historique (préparée par le ministre du plan Jean Monnet le 09 mai 1950) la mise en commun de la
commercialisation franco- allemande du charbon et de l’acier. Ce projet aboutit à la création le 18 Avril 1951 de la
Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) avec la participation des pays du BENELUX (Belgique,
Pays Bas et Luxembourg) et l’Italie.

2. L’avènement de la communauté économique européenne :

La tentative de la création d’une communauté européenne de défense (CED) ayant échoué, les dirigeants des six se
réunissent à Messine (Italie) en juin 1955 pour lancer la construction européenne. Ces efforts aboutiront à la création
de la communauté économique européenne (CEE) par la signature du traité de Rome le 25 Mars 1957 qui marque la
naissance d’un marché commun par le rapprochement des politiques économiques sectorielles. Le traité de Rome
donne aussi naissance à la Communauté Européenne de l’Atome (CEA) ou Euratom. La CEE avait pour but la mise
en place d’un tarif extérieur commun (TEC), la suppression progressive des barrières douanières et la libre circulation
des personnes, des marchandises, des capitaux et services. Les pays qui refusent l’Union douanière fondent en 1959
l’Association européenne de libre-échange (AELE) sous la houlette de la Grande Bretagne qui s’associe à six autres
Etats (Autriche, Suède, Norvège, Portugal, Suisse, Danemark). Au sein de la CEE, le pouvoir est transféré à un
conseil des ministres tandis qu’une commission prépare et fait exécuter les décisions. A la fin des années 1950, les
principaux éléments de la construction européenne étaient en place autour du CAEM d’une part et la CEE d’autre
part.

II. La stabilisation de la construction européenne (1958- 2007) :

1. L’émergence d’un pôle économique de premier plan :


Cette émergence se manifeste par :
- La poursuite de la construction européenne avec l’instauration d’un marché commun lé 1 er janvier 1959,
l’achèvement de l’union douanière le 1er juillet 1959 et l’affirmation de la CEE comme un pôle économique
de premier plan qui négocie avec USA sur un même pied d’égalité

16
- La politique agricole commune (PAC) ou «Europe verte » largement subventionnée a travers le Fonds
Européen d’orientation et de garantie agricole (FEOGA). Première politique le communautaire lancée en
1962, La PAC a pour objectif de créer un espace protégé pour l’agriculture et un système de prix communs.
Une politique assez semblable est appliquée dans le domaine industriel ;
- La politique monétaire avec la création en 1972 du « Serpent monétaire européenne » pour échapper aux
fluctuations du dollar. Ce serpent monétaire est remplacé le 13 mai 1979 par le système monétaire européen
(SME) qui instaure une unité monétaire de référence : l’unité de compte européenne ou European Currency
Unit (ECU). L’ECU servait à calculer les prix agricoles et les tarifs extérieurs à la communauté ;
- L’élargissement de la CEE d’abord au Royaume- uni, au Danemark et à la République d’Irlande en 1973, puis
aux pays méditerranéens (la Grèce en 1981, l’Espagne et le Portugal en 1986). A partir de 1992, la CEE qui
devient l’union européenne s’élargit en 1995 à l’Autriche, à la Finlande et la Suède. Le 01 mai 2004, dix
nouveaux pays adhèrent à l’union (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Hongrie, République Tchèque,
Slovaquie, Slovénie, Malte et Chypre) suivis de la Bulgarie et de la Roumanie le 1 er janvier 2007.
L’adhésion de la Croatie est effective le 1er juillet 2013 et confirme les perspectives d’élargissement dans les
Balkans commencé neuf ans plus tôt. Ainsi l’union européenne à 28 membres couvre près de 4 493 712 km2
et compte 507 millions d’habitants. L’élargissement complète la dimension géographique de la construction
européenne, ouvre de nouveaux marchés pour les grandes entreprises de l’ouest et donne aux pays d’Europe
Centrale et Orientale (PECO) un moyen d’accéder à la prospérité.
2. Une construction politique en chantier :
Ayant franchie de grands pas dans le domaine de l’intégration économique (marché commun, grand marché unique,
Euro, PAC,…). L’UE n’a pas encore réussi l’union dans la sphère politique. L’Acte unique européen signé le 1 er
février 1986 prévoyait en plus de la création d’un marché unique une coopération politique élargie en matière de
politique étrangère. C’est ainsi qu’en 1991 pour consolider cette vision, la décision de bâtir une politique étrangère et
de sécurité commune (PESC). L’Eurocorps est le crée le 21 janvier 1993 sur une initiative franco- allemande : c’est
une organisation de défense de 61 000 hommes au service de l’UE et de l’OTAN. Le chemin qui mène à l’Union
politique l’Europe s’est obscurci quand le projet d’une constitution européenne proposé en 2002 et soumis au
référendum se heurta au « non » de la France le 29 mai 2005. Pour sortir de ce mauvais pas les chefs d’Etat de
l’union sous la houlette du président Sarkozy ont réussi à faire adopter une nouvelle constitution en passant par la
voie parlementaire au détriment de celle des populations. Malgré ces nombreux obstacles la construction politique de
l’Europe a récemment enregistré de petits succès avec la mise sur pied d’une présidence de l’union incarnée par une
personnalité pour une durée de 2 ans et d’une institution chargée de coordonner la politique étrangère de l’Europe.
(2009). Actuellement, la crise financière grecque a fini de montrer les difficultés de l’UE l’harmonisation d’une
politique d’aide et d’assistance aux pays surendettés et insolvables de l’union. Le couple franco- allemand et dans
une moindre mesure le Royaume- uni sont critiqué par les « petits pays » dans la prise de décision car s’estimant
oublier. Nous en voulons comme illustration la tension qu’il y a eu entre le président tchèque Vaclav Claus et le
président Sarkozy quand ce dernier a tardé à apposer sa signature dans le document final de la constitution
européenne. En résumé, en dépit des problèmes liés à l’intégration économique, l’unité politique reste le grand défi
que l’UE devra relever dans les années à venir au risque de jouer les seconds rôles dans la diplomatie internationale.
Conclusion :

Suscitée au départ par des initiatives américaines, la construction européenne a été reprise par les européens eux-
même. Aujourd’hui, l’Union européenne constitue une réussite économique remarquable et s’impose comme un des
pôles de la mondialisation. En revanche elle a du chemin à faire sur le plan politique.

17
L 8 : L’Allemagne : étude économique
Introduction
Situé au centre de l’Europe, l’Allemagne est l’un des plus grands pays industrialisés du monde. Connaissant un
redressement spectaculaire de son économie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne est redevenue
une des puissances économiques du monde et son poids ne cesse de peser dans l’UE et dans le monde. C’est pourquoi
on parle du « miracle économique allemand ».
I/ Les fondements de l’économie allemande
1/ La qualité et l’engagement des ressources humaines
C’est grâce à ses hommes, la formation et la volonté de travailler de la population active ainsi que le savoir-faire des
chefs d’entreprise que l’Allemagne doit son retour dans le cercle des premières nations industrialisées après le
désastre de la Seconde Guerre mondiale.
2/ L’essor des services
Les services font partie des leviers de l’économie allemande. Ils emploient 72,3% de la population active et
fournissent 69,4% du PIB. Comme l’ensemble des pays développés, l’Allemagne a connu ces dernières décennies
une forte tertiarisation de ses activités.
3/ Une industrie puissante
L’industrie est la colonne vertébrale de l’économie allemande. L’industrie se compose essentiellement de petites et
moyennes industries. Elle emploie 25,1% de la population active et contribue pour 29,6% au PIB.
Cependant, la dépendance énergétique est une faiblesse de l’industrie et généralement de l économie allemande.
Le pays importe 97% de son pétrole consommé, 82 % du gaz, et 59% de la houille.
4/ Une agriculture performante
L’agriculture allemande occupe près de 2,6 % de la population active et contribue pour près de 1% au PIB.C’est une
agriculture performante. L’élevage arrive en tête dans ce secteur et fournit à lui seul 70% du revenu agricole.
Cependant, l’agriculture n’assure pas l’autosuffisance du pays. L’Allemagne est obligée d’importer près du
tiers de ses denrées alimentaires.
II/ Le poids et le rôle de l’Allemagne dans l’UE et dans le monde
1/ Dans l’UE
L’Allemagne est la première puissance économique de l’UE et la troisième du monde. Comptant 82 millions
d’habitants, l’Allemagne est le pays le plus peuplé de l’UE et par conséquent le plus grand marché de l’UE. Sa
situation centrale en Europe en fait un carrefour pour les biens et les services. Le pays profite surtout de
l’élargissement de l’UE.
Les entreprises allemandes ont su se positionner sur les marchés des pays d’Europe centrale et orientale. Avec
l’élargissement de l’UE en 2004, les exportations allemandes vers les pays e l’Est ont augmenté. Les entreprises
allemandes se sont aussi délocalisées vers l’Est où elles ont créé près d’un million d’emplois.
L’Allemagne est donc la locomotive de l’UE. Ainsi, les problèmes de son économie sont souvent ressentis dans
l’espace européen.
2/ Dans le monde
L’Allemagne est un centre de l’économie mondiale, un marché international et un site technologique productif,
offrant des produits innovants de qualité. Le pays a assuré 8 ,1% des exportations mondiales en 2011.
Cette performance s’explique par la qualité compétitive des produits de marque « made in Germany », mais aussi
par la concentration des exportations sur certains secteurs très dynamiques (automobile, chimie, pharmacie, machines-
outils). Les investissements à l’étranger des entreprises allemandes sont très importants.
L’Allemagne est aussi un marché ouvert et très accueillant pour les investisseurs étrangers. En effet, 22.000
entreprises étrangères sont implantées en Allemagne.
Conclusion
L’économie allemande est caractérisée par les PME.C’est ce qui fait sa grande flexibilité, sa diversité et sa
compétitivité. Grâce à l’étroite coopération entre les entreprises et les grands organismes de recherches, les nouvelles
idées se transforment vite en produits commercialisables. L’Allemagne est actuellement la première puissance
l’Europe. Mais, malgré cette puissance, l’économie allemande est confrontée à un certain nombre de difficultés
(chômage, vieillissement de la population, dépendance énergétique …).

18
L 9: l’Asie Pacifique : Les facteurs d’émergence et leurs limites

Introduction :

L’Asie pacifique regroupe les pays situés sur la façade asiatique de l’océan pacifique. Après 40 ans de guerres
dévastatrices (expansionnisme japonais, mouvement de décolonisation et guerre froide), cette région a connu au
cours des années 1980 et 1990 une rapide expansion économique. Ainsi l’Asie- pacifique est devenue un pôle
économique de premier plan dans le monde et continue de renforcer sa position malgré les difficultés grâce à l’essor
sans cesse croissant de la Chine.

I. Les bases de l’émergence de l’Asie-Pacifique :

Les raisons suivantes expliquent l’émergence de cette partie du monde : une croissance économique spectaculaire,
l’essor de l’industrie, l’existence de relations intenses et multiples et le rôle moteur du Japon.

1. Une croissance économique spectaculaire :

Des années 1960 au milieu des années 1990 émerge puis s’affirme, une aire de croissance économique qui s’étend du
Japon jusqu’à Singapour. Elle intéresse la Corée du sud, Taïwan, des régions dispersées dans les îles et péninsules de
l’Asie orientale, notamment en Thaïlande et en Malaisie. Elle englobe le littoral de la Chine. Cette aire a affiché des
taux de croissance très forts, d’abord au Japon puis dans le reste du domaine. Par exemple la Corée du sud et
Singapour 7,2% par an en moyenne entre 1965 et 1995. Un ralentissement s’est produit après 1990, aggravé par une
crise en 1997, mais la zone a été inégalement affectée et la croissance s’est maintenue ou a repris grâce surtout à la
Chine qui assure une croissance moyenne de 9% par an depuis le début des années 2000. De nouveaux concepts sont
apparus pour qualifier cette embellie économique il s’agit des mots comme : « miracle asiatique », « nouveaux pays
industrialisés » (NPI) qui fait allusion aux « dragons asiatiques » (Corée du sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong) et
aux « tigres »(Malaisie, Thaïlande, Indonésie) en gros les pays de la péninsule Indochinoise.

Au cours de cette période, la région a accru son poids et sa présence dans le commerce mondial en assurant environ
1/5 des exportations dans le monde. Ainsi malgré les diversités les niveaux de vie ont sensiblement augmenté par
rapport au reste de la planète.

2. L’industrie : un élément majeur de la réussite

A l’image des autres aires de puissance, l’Asie-pacifique a une activité industrielle importante. Elle est devenue
aujourd’hui « l’atelier du monde » c'est-à-dire l’endroit où l’essentiel des produits manufacturés viennent. Toutes les
industries y sont représentées des industries lourdes (constructions navales et sidérurgiques) jusqu’aux fabrications de
matériels informatiques. L’utilisation des technologies de pointe se généralise comme en atteste l’essor de la
robotique. Et dans chaque pays les industries motrices se sont succédées dans le temps.

3. Des relations intenses et multiples :

La forte croissance a donné naissance a des flux de toutes sortes (maritimes, aériens, dce télécommunications). Ils ont
été rendus possibles par la construction d’importantes infrastructures modernes. Des carrefours majeurs assurent les
contacts avec les flux mondiaux et les redistributions à l’intérieur de l’Asie. La région abrite des ports de premier plan
jouant un rôle primordial dans le trafic mondial. Exemple : Singapour, Hong Kong, Kaohsiung (Taïwan), Pusan
(Corée du Sud) ; un réseau boursier très bien interconnecté par des télécommunications de tous types (câbles sous-
marins, satellite).

4. Le rôle moteur du japon :

L’essor de l’Asie- pacifique est en parfaite relation avec le décollage économique foudroyant de l’empire du soleil
levant, ayant comme point de départ la révolution du « Meiji » de 1868. Mais c’est après la seconde guerre mondiale,
19
que l’essor du Japon a pris un tournant décisif. Et cela avec l’aide et la complicité des américains qui voyaient
l’émergence du japon comme un facteur capable de freiner l’avancée du communisme en Asie.

Ainsi du milieu des « années 1950 » aux « années 1980 », le Japon a connu une phase de « haute croissance » qui lui
a permis de tirer les autres pays de la région. Néanmoins, les « années 1990 » ont marqué un ralentissement qui
amène certains à parler de crise du modèle japonais.

En résumé, tous ces facteurs expliquent l’émergence spectaculaire de l’Asie- Pacifique, qui deviendra d’ici peu le
centre du système- monde selon de nombreux analystes en dépit des difficultés actuelles.

II. Les faiblesses du modèle de l’Asie - Pacifique

1. Les limites du modèle économique :

De graves crises ont montré les limites du système économique asiatique. La crise japonaise de 1990, liée à
l’éclatement de la « bulle spéculative », a été suivie d’une décennie de croissance ralentie. Elle a été un facteur de la
crise financière, partie de Thaïlande en 1997, qui a entraîné des perturbations économiques et sociales dans toute la
région. Les origines de ces difficultés font l’objet de vives discussions parmi les économistes. Mais ils sont unanimes
à dire que ces crises proviennent d’une recherche du profit à court terme, qui conduit à des investissements à
rentabilité incertaine, à des spéculations immobilières notamment, rendues possibles par un système bancaire qui a
consenti des prêts imprudents (« mauvaises dettes ») et cela avec la complicité des décideurs politiques et financiers.

2. Les particularismes politiques et les tensions :

Sauf en Chine (régime autoritaire), les régimes démocratiques sont dominants avec chacun ses particularités. (Japon,
Corée du Sud, Taïwan, Singapour,…). La disparité des régimes politiques n’est pas propice à la mise en place de
structures de coopération économique et au règlement des tensions entre pays. La tension la plus importante reste les
relations entre Taïwan et la Chine qui considère l’île comme une province qui doit un jour lui revenir à l’image de
Hong Kong. Il y a aussi les tensions entre les deux Corées avec des accrochages fréquents en Mer Jaune entre les
pays.

3. L’acuité des problèmes environnementaux :

Les très fortes densités de population, en particulier sur des bandes côtières étroites, ont conduit à une forte
dégradation des milieux. A cause de la pollution des airs et des eaux notamment. A cela s’ajoute la fréquence des
fléaux naturels comme les séismes et les typhons. Les premièrs sont particulièrement fréquents dans les guirlandes
insulaires, comme au Japon, mais ils affectent tout le domaine, y compris l’intérieur de la Chine. Les seconds peuvent
atteindre toutes les côtes de la région et y provoquer des dégâts considérables.

Conclusion :

L’expansion de l’Asie- pacifique s’est faite grâce à la diffusion de progrès économiques et de changements sociaux à
partir du Japon. L’émergence de cette aire a été facilitée par des atouts importants comme les masses démographiques,
l’association d’une main- d’œuvre de haut niveau technique et des populations forcées d’accepter des bas salaires ou
des comportements de soumission aux règles édictées par les entreprises. Mais après trois décennies de croissance
soutenue le modèle asiatique est en train de s’essouffler et cherche à repartir en raison des dépressions successives.

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L10 : Le modèle économique japonais : caractéristiques et problèmes

Introduction :
Le Japon se compose d’un archipel situé à l’Extrême-Est de l’Asie. Son économie est la deuxième du
monde, derrière les USA. Ruiné au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, le Japon a assuré une croissance
économique spectaculaire depuis 1950 malgré les handicaps de son milieu naturel et l’insuffisance des
matières premières et de sources d’énergie. Le pays doit donc sa réussite économique à des facteurs
socioculturels tels que l’ingéniosité et le labeur de sa population. Mais, le modèle économique japonais
certes des signes de faiblesses qui entravent sa croissance économique.
I -Les caractéristiques du modèle économique japonais
1-Des avantages naturels limités
Le milieu naturel nippon est dominé par deux éléments, la montagne et la mer. Il y a peu de terres et
d’espaces favorables à l’agriculture et à l’implantation humaine. Les plaines ne représentent que 16% du
territoire national .De plus, le volcanisme et les tremblements de terre sont fréquents. Ces phénomènes
naturels détruisent souvent les infrastructures.
La pauvreté en ressources du pays est surtout manifeste pour les sources d’énergie fossile (charbon, pétrole,
gaz naturel) et pour les matières minérales. Le Japon importe presque tous ses besoins dans ces domaines.
C’est cette double pauvreté en espace et en ressources du sous-sol qui avait conduit le pays à l’impérialisme
à partir de la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, le Japon est condamné à s’ouvrir pour assurer son
développement économique.
2-Une culture nationale favorable au consensus social
L’économe japonaise a pu s’appuyer sur la tradition du confucianisme. L’enracinement culturel est
certainement la première qualité qui fonde l’originalité du modèle économique japonais.
La société japonaise fonctionne toujours en mettant en avant certaines vertus tirées de leur longue tradition
et de leur religion : la frugalité, le respect de la hiérarchie, le culte de la famille, de la discipline, de l’ordre,
du travail bien fait, des devoirs. Ces valeurs rejaillissent sur tout le processus économique et favorisent le «
patriotisme d’entreprise ».C’est ce patriotisme qui explique certainement le peu de conflits sociaux (grèves)
enregistrés au niveau des entreprises.
Cette quête de consensus existe aussi entre l’Etat et le patronat (Keidanren).En effet, aucune décision
majeure concernant la vie économique du pays n’est prise sans au préalable une collaboration franche entre
l’administration, les grandes sociétés multinationales et la classe politique.
3-Un Etat régulateur et interventionniste
L’Etat nippon, par l’intermédiaire du puissant MITI (Ministère du commerce international et de l’industrie)
devenu en 2001 METI (Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie) , contrôle très fortement la
politique industrielle du pays à travers ses directives et la mise en place d’une planification indicative.
L’Etat apporte également un soutien à certaines entreprises en difficultés, facilite la création d’activités
économiques basées sur l’innovation, agit sur la parité monétaire entre le Yen et les autres devises. Il aide
les entreprises japonaises à conquérir des marchés extérieurs grâce à ses actions diplomatiques. C’est surtout
pendant les moments de crise que l’Etat nippon montre toute sa dextérité managériale et son efficacité.
Grande puissance économique, le Japon connaît cependant des limites à sa puissance et à son modèle, qui
tiennent à plusieurs facteurs.
II-Les problèmes du modèle économique japonais

1-Une économie dépendante


Le japon doit importer 80% de son énergie, la quasi-totalité de ses matières premières et une grande partie
de ses besoins alimentaires. En cas de crise, il est exposé à une hausse des coûts de son énergie et de ses
matières premières et donc, à une baisse de sa compétitivité.
Mais, sa plus grande dépendance est celle qui le lie à la conjoncture internationale. Sa puissance étant
fondée sur les exportations, il est dépendant du marché mondial et principalement du marché américain.
La montée du yen (« endaka ») rend les produits japonais à l’exportation plus chers, et donc moins
concurrentiels sur le marché américain et mondial.
21
2-Le problème du vieillissement de la population
La population japonaise vieillit vite. Le taux d’accroissement (-0.06 % en 2011) et l’indice de fécondité
(1,39) sont faibles.
Le peuple japonais est le plus « vieux du monde » (19,73% sont âgés de 65ans et plus en 2007).Le marché
de l’emploi doit faire face à une situation de pénurie de main-d’œuvre. Du coup, les retraités se remettent à
travailler (« papy-boomers.
Le pays enregistre les taux d’activité des seniors les élevés du monde, avec plus de 30% de plus de 65 ans
comptant encore parmi les actifs.
3-La remise en cause du consensus social : une société en mutation
Les signes de la remise en cause du consensus social s’observent aujourd’hui. Les difficultés économiques
tendent à remettre en question la stabilité de l’emploi dans les grandes entreprises, un des piliers du
consensus. L’apparition de licenciements et la multiplication des emplois précaires bouleversent les
habitudes. Le chômage concerne plus de 5% de la population active et le taux de suicide est le plus élevé des
pays développés. Les freeters se multiplient, la criminalité et la xénophobie se développent.
Des mouvements de contestation pour l’augmentation des salaires commencent à se manifester. On peut, par
exemple, citer les négociations entre le syndicat Rengo qui défend 6,5 millions de travailleurs et le patronat
en 2007.
Conclusion
Le Japon est devenu en moins de 40 ans la deuxième puissance économique mondiale et une puissance
régionale en Asie. Il doit cette position à un modèle économique original, une recherche permanente de la
compétitivité et une internationalisation de sa production. Malgré sa réussite spectaculaire, le modèle
japonais enregistre des signes de faiblesses .La crise financière, qui a gravement frappé les pays d’Asie en
1997 (bulle spéculative), a ébranlé la puissance japonaise et montré combien celle-ci était tributaire des
marchés mondiaux.

22
L11 : La Chine : les problèmes démographiques
Introduction :

Avec une population de 1325 619 678 habitants, la Chine est l’Etat le plus peuplé du monde. Elle représente 21% de
l’humanité avec une densité de 142 habitants/km2. C’est la raison pour laquelle la chine est souvent appelée,
l’empire du milliard. Cette marée humaine est source de problèmes pour le pays qui a intégré la question
démographique dans toutes ses politiques de développement et cela depuis la naissance de la Chine communiste.

I. Croissance et politiques démographiques

1. L’évolution démographique :

Entre 1950 et aujourd’hui, nous constatons que la population chinoise est passée du simple au double.(553 millions
en 1950 à 1325,619 millions en 2008 en raison d’une natalité importante). Mais des années 1980 à aujourd’hui, on
note un ralentissement de la croissance résultat des politiques malthusiennes initiées par les autorités. Comme en
témoigne la diminution progressive de l’ISF qui est passée de 2,9 à 1,73 enfants par femme entre 1980 et 2008. La
chine a presque fini sa transition démographique car la natalité a rejoint la mortalité à un niveau très bas raison pour
laquelle les autorités essaient de maintenir cet équilibre.

Evolution de la population chinoise de 1980 à 2008

Années Effectifs (en millions) Tan (en %) Taux de mortalité (en %)

1950 553 3,7 1,8

1960 662 2,08 2,54

1970 830 3,34 1,53

1980 987 1,89 0,68

1990 1120 2,1 0,67

1995 1200 1,71 0,65

2004 1288 0,62 Non paru

2008 1325,619 0,57 Non paru

Source : Atlas éco 2006 et Images économiques du monde 2010.

Evolution de l’ISF de la Chine.

Années ISF

1980 2,9

1990 2,2

2000 1,8

2004 1,8

2008 1,73

23
Source : Atlas éco 2006 et 2010.

2. La thèse optimiste :

De 1949 jusqu’aux années 1990, la Chine a connu des hésitations voire des absences en matière de politiques
démographiques. Mao adorait déclarer : « plus on est nombreux, mieux l’ouvrage se fait ». Raison pour laquelle
durant toute la période maoïste, le malthusianisme a été considéré comme un moyen utilisé par l’occident pour
mieux dominer le tiers- monde. La Chine comptait donc sur sa population nombreuse pour accroître la production
et le bien-être social. C’est pourquoi les politiques antinatalistes tentées entre 1955 et 1957 ont été vite
abandonnées. Ainsi de 1949 à 1976, la population chinoise n’a cessé de croître avec un taux proche de 3%. Durant
tout le règne de Mao, la croissance démographique a été plus rapide que celle de la production alimentaire d’où
l’importation annuelle de 10 à 20 millions de tonnes de céréales. A cause de cette population nombreuse, l’Etat
chinois avait d’énormes problèmes dans les secteurs du logement, de l’éducation, l’emploi, les transports, etc. A
partir de 1979, pour faciliter le développement économique de la Chine, une politique antinataliste ferme a été
mise en œuvre. L’explosion démographique apparaît désormais comme un handicap pour la modernisation
socialiste de l’économie chinoise.

3. La politique de l’enfant unique :

Amorcée en 1979, cette politique vise à promouvoir le couple à enfant unique. Cette politique est l’une des plus
contraignantes et des plus volontaristes au monde. Elle prévoit des avantages sociaux pour les couples à enfant
unique comme des bonus sur le salaire des parents, un congé de maternité de 6 mois, la priorité dans les crèches et
les magasins d’alimentation. Les familles contrevenantes sont sanctionnées (diminution des salaires de 10 %,
suppression du congé de maternité, etc.). Cette politique s’accompagne de mesure comme le recul de l’âge du
mariage (25 ans pour les filles et 28 ans pour les garçons en milieu urbain ; 23 ans et 25 ans respectivement en
milieu rural), la légalisation de l’avortement et de la stérilisation, la généralisation de la contraception. Ces mesures
draconiennes de limitation des naissances ont conduit à une grande baisse de l’accroissement qui est de l’ordre de
0,57 % aujourd’hui. De nos jours, on assiste de plus en plus à une humanisation de cette politique en raison des
conséquences dramatiques qu’elle cause (avortements nombreux, infanticides multiples, non déclaration à l’état
civil, etc.). En outre dans les campagnes cette politique n’a pas prospéré car on y rencontre des familles de 3 à 4
enfants. C’est pourquoi les autorités deviennent de plus en plus tolérantes depuis 1984 en acceptant les couples à
deux enfants.

II. La répartition inégale de la population :

La densité moyenne est de 142 habitants / km2. Mais la population de la Chine est inégalement répartie dans
l’espace. Nous avons une zone densément peuplée à l’Est : la Chine du plein avec les densités supérieurs à 1000
habitants/ km2 et la Chine du vide à l’ouest et au nord ayant de faibles densités. Les zones fortement peuplées
correspondent aux régions de plaines, aux bassins sédimentaires et zones côtières orientales. En général, ces régions
sont industrialisées ou correspondent à des zones d’agriculture céréalière intensive (riz). Le riz attire les
populations. Par contre, les régions faiblement peuplées sont les déserts de l’ouest, le plateau du Tibet et de la
Mongolie intérieure. L’hostilité du milieu rend difficile toute tentative de mise en valeur agricole ou industrielle.
Cette inégale répartition freine le développement de la Chine. L’Etat essaie de corriger cela par la création de foyers
industriels isolés pour maintenir la population dans les campagnes de l’ouest et du nord (« politique du quitter la
terre sans quitter la campagne ») et la lutte contre l’exode rural en subordonnant tout déplacement à une
autorisation administrative.

III. Le problème des minorités :

24
La population chinoise est très hétérogène malgré son grand nombre. En effet, à côté de la majorité des Hans
(chinois) qui représentent 91,9% de la population totale, on trouve de nombreuses minorités qui se distinguent des
Hans par leurs cultures, leurs langues et leurs religions : les Zhuangs, les Ouigours, Huis, Yis, Tibétains, Miaos,
Metchous, Mongols, Buyis, Coréens. La cohabitation entre les Hans et ces minorités reste très difficile comme en
témoigne les affrontements courants entre Hans et ouigours faisant souvent de nombreuses victimes dans la
région du Xinjiang. Parmi, les autres conflits il y a la question tibétaine qui amène souvent les autorités de Pékin à
réprimer les révoltes de ces derniers qui réclament avec véhémence leur indépendance par l’entremise de leur chef
spirituel le Dalai Lama qui vit en exil en Inde. En théorie l’autonomie « nationale » est attribuée à toutes les
provinces où vivent les minorités en groupes importants. Exemple : La région autonome ouigour du Xinjiang, le
Tibet, etc. Sur le plan économique l’Etat essaie de promouvoir la mise en valeur agricole et industrielle et le
désenclavement de ces régions. Sur le plan social et culturel, l’enseignement des langues nationales des minorités
ainsi que la valorisation de leurs cultures sont presque généralisés.

Conclusion :

La réussite économique et sa population nombreuse donnent à la Chine son statut de géant économique et
démographique. Dans ce pays économie et démographie font bon ménage dans la mesure où l’harmonie entre les
deux est seul gage de prospérité. La question de l’intégration des minorités nationales constitue le grand défi pour
les autorités chinoises.

25
L 12 La Chine : le modèle de développement économique et social
Introduction :
L’économie chinoise s’est transformée, au cours des trente dernières années, d’un système centralisé et
planifié, fermé aux échanges internationaux, en une économie de marché avec un rapide développement du
secteur privé. Le pays a connu, grâce aux réformes entreprises, le développement capitaliste le plus rapide
au monde, passant de 1% au PIB mondial à 6% aujourd’hui. Son modèle de développement économique ne
cesse d’inspirer la plupart des pays en développement.
I -Les caractéristiques du modèle économique chinois
1-Une économie socialiste de marché
A partir de 1978, un nouveau modèle de développement apparaît sous l’égide de Deng Xiaoping.La Chine
devient ainsi un pays d’économie mixte où planification et économie de marché cohabitent. C’est une
idéologie économique originale.
L’économie socialiste de marché est terme officiel du gouvernement chinois pour désigner le retour à
l’économie de marché (capitalisme) avec l’initiative privée comme moteur du développement. Et,
l’expression « Un pays, deux systèmes », traduit la doctrine officielle établie par Deng Xiaoping afin de
qualifier l’évolution économique de la Chine contemporaine : un pays, la Chine ; deux systèmes, l’alliance
de l’autoritarisme politique communiste et du libéralisme économique. Ses successeurs Jiang Zemin et Hu
jintao vont parachever cette vision par la reconnaissance du secteur privé comme pilier du jeu économique.
Aujourd’hui la chine affiche une forte croissance 9.1% en 2011 8.2% en 2012. Son PNB global le place
derrière les Usa avec 7991.74 milliards de $ en 2012.
2-Une politique d’ouverture
Les réformes lancées par Deng Xiaoping ont ouvert la Chine à l’extérieur. Il était question d’accélérer le
développement économique de la Chine en recourant aux capitaux étrangers.
Forte de son immensité territoriale et de sa masse démographique, la Chine s’est transformée en atelier du
monde en accueillant d’importants investissements étrangers. Le pays est devenu le premier destinataire
mondial d’IDE (53 millions de dollars en 2002) et plus de 420.000 entreprises étrangères y sont aujourd’hui
implantées.
Près de 60% des investissements émanent de Hong-Kong et Taiwan, ce qui traduit l’appui de la diaspora
chinoise dans le développement économique. Les pays de l’Asie de l’Est sont aussi les premiers
investisseurs en Chine. Ces investissements ont permis la création de zones économiques spécialisées (ZES)
et des zones d’exploitation économique (ZEE). L’agriculture chinoise est devenue performante comme en
atteste ses chiffres en 2012 : Blé 1er mondial, maïs 2ème, riz 1er, bovin 1ère, etc. Elle assure 9.3% du PIB
contre 44,4% pour l’industrie et 46,4% pour les services.
Cette politique d’ouverture a permis à la Chine de devenir la locomotive de l’Asie et de jouer un rôle
majeur sur la scène commerciale mondiale. Elle est devenue aujourd’hui, le premier bailleur de l’Afrique en
doublant en doublant ses crédits estimés à 20 milliards de $.
II-Les faiblesses du modèle économique chinois
1-La persistance de la misère
La réussite du modèle chinois reste fragile. Le chômage demeure encore important (5%en 2004).Même si
plus de 350 millions de chinois sont sortis de la pauvreté en2008, ce phénomène concerne encore des
millions de chinois, essentiellement des paysans.
2-L’apparition de nouvelles disparités
De profondes disparités font leur apparition aussi bien sur le plan social que sur le plan régional. Les
inégalités ne cessent de se creuser (apparition d’une nouvelle catégorie de riches) car l’égalitarisme prôné
par l’idéologie communiste a été sacrifié par les nouvelles réformes économiques libérales. La richesse et le
dynamisme sont aujourd’hui concentrés sur le littoral qui produit 61% du PIB chinois.
3-L’absence de libéralisation politique
26
Depuis le début des années 1980, les chinois réclament la « Cinquième modernisation » c’est-à-dire la
démocratisation (Massacre de Tien Amen).
Nous avons aussi la forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur relative aux exportations et aux matières
premières ce qui peut freiner la croissance en cas de crise internationale.

Conclusion
Premier pays industriel du Sud, la Chine réalise un développement économique stable et durable avec des
taux de croissance compris entre 7 et 10 % chaque année. La stabilité politique, la hausse de la demande
intérieure, l’urbanisation et la libéralisation économique constituent les moteurs de ce dynamisme. Son
modèle de développement qui émeut l’essentiel des pays en développement doit encore relever 3 grands
défis : la réforme des entreprises d’Etat, l’ouverture complète du marché chinois aux capitaux étrangers,
l’impératif d’un développement harmonisé.

27
L13 : L’Amérique latine : Milieux naturels et populations
Introduction :

On entend par Amérique latine, la zone comprise entre la frontière nord du Mexique et l’Argentine au niveau du Cap
Horn, sur 10000 km. Sa superficie est de 22,5 millions de km2 pour une population de 500 millions d’habitants. Le
nom « Amérique latine » est hérité de la colonisation des espagnols et des portugais qui se partagèrent la région en
1494 grâce au traité de Tordillas. Géographiquement l’Amérique latine est souvent divisée en 3 zones : l’Amérique
centrale, l’archipel des Antilles, l’Amérique du sud. Dans l’ensemble les pays latino-américains appartiennent au lot
des pays en développement. L’étirement en latitude de ce sous –continent lui confère une grande diversité des milieux
naturels. Sa population est très hétérogène du fait des nombreux brassages.

I. Les milieux naturels

1. L’ouest : une région de montagnes, de hauts plateaux tropicaux et des volcans :

Les rocheuses se prolongent au Mexique Madre par la Sierra Madre et en Amérique du sud par la cordillère des
Andes. Au Mexique comme en Bolivie, ces hautes chaînes de montagnes s’élargissent en encerclant de hauts plateaux
intérieurs (altiplanos) secs, caillouteux ou poudreux : c’est le pays des steppes. L’Aconcagua constitue le plus haut
sommet des Andes avec 6960 m. La rencontre des plaques pacifique et américaine est à l’origine de la fréquence des
éruptions volcaniques, des tremblements de terre, des coulées de laves et des nuées ardentes, témoins de la grande
instabilité de l’écorce terrestre. Les hauts plateaux intérieurs abritent de grands lacs comme le lac Titicaca au Pérou.
Dans ces régions, l’aridité est quasi générale à cause du courant marin froid de Humboldt, qui longe les côtes du Chili
au Pérou. Dans les hautes terres, la sécheresse prolongée donne des broussailles et de petites herbes qui constituent le
type de végétation.

2. L’Est : une région de plaines et plateaux tropicaux

A l’exception de l’archipel antillais qui est un alignement montagneux fortement morcelé dans les Petites Antilles, la
partie Est du bourrelet andin correspond à de vastes régions de plaines. Le relief oppose les plateaux de Guyane et
du Brésil à la vaste Cuvette de l’Amazonie. Ces plateaux descendent en pentes douces vers les puissants fleuves que
sont l’Orénoque (2650 km), l’Amazone (6400km) et ses nombreux affluents (le Madeira, le Rio Négro, etc ), Sao
Francisco (2900km), le Paranà (3940km) et le Paraguay (2550km). A l’Est, les rebords du plateau brésilien
présentent de vigoureux reliefs sous forme de blocs surélevés, de fossés et de vastes baies. C’est la Sierra Do Mar qui
surplombe la ville de Rio de Janeiro. La cuvette amazonienne au centre est formée de terrains tertiaires et quaternaires
qui s’étalent de l’embouchure de l’Amazone à l’Est aux pieds des Andes à l’Ouest. L’Amazone (6400km de long),
dont la plus grande partie se trouve au brésil, est le fleuve le plus important du monde par l’étendue de son bassin (7
millions de km2), par le nombre d’affluents (+100), et par le volume des eaux débités (1200m3 /S). Les alizés du
nord- Est et du sud -Est sont porteurs d’humidité et ainsi occasionnent d’abondantes précipitations (2000 à 3000mm)
et permettent le développement d’une luxuriante végétation (forêt amazonienne) qui est fortement attaquée par
l’homme. C’est le climat équatorial. La diminution des précipitations entraîne une modification des paysages
végétaux puisque l’arbre se raréfie dans les Llanos du nord (Venezuela) et le campos (Brésil intérieur) : c’est le
domaine des savanes herbeuses découpées par de jeunes forêts- galeries. Le Nordeste (particulièrement celui du
Brésil) souffre de sécheresses souvent désastreuses.
28
3. Les régions tempérées du sud :

Ici l’ouest contraste fortement avec l’Est. La côte Pacifique, toujours dominée par la chaîne andine et ses volcans, est
fortement morcelé en un chapelet d’îles au sud du chili. Cependant, les vents d’Ouest apportent des perturbations
atténuées par les effets du courant froid de Humboldt ainsi que la vallée côtière chilienne qui est recouverte d’une
forêt tempérée de type méditerranéen. A l’Est, cette forêt cède la place à la plaine herbeuse de la Pampa, entre
l’Uruguay et le Paraguay. La Patagonie (région de plateaux) se dresse comme une région froide, parcourue par des
vents violents et couverte de steppe.

II. Les aspects humains :

Les indiens constituent la population autochtone et ils seraient venus d’Asie via le détroit de Béring. Ils sont les
maîtres d’œuvres des civilisations précolombiennes (Mayas et Aztèques en Amérique centrale, Incas sur les hauts
plateaux andins). Ces dernières seront anéanties en moins d’un siècle par les conquérants portugais et espagnols à
partir du XVIè siècle.

1. Une population métissée :

La population latino- américaine est essentiellement constituée de blancs, d’indiens et de noirs. Le brassage entre ces
trois groupes humains a donné différents types de métis à savoir les Zambos (indiens et noirs) ; les mulâtres
(européens et noirs) ; les métis (indiens et européens). Tout ceci montre l’hétérogénéité de la population de cette
région.

2. Une population jeune, inégalement répartie et mobile :

Entre 1950 (156 millions d’habitants) et aujourd’hui (500 millions) la population de l’Amérique latine a triplé en un
demi- siècle. Le rythme a fortement diminué avec une fécondité qui a considérablement baissé. La population
demeure jeune (+ de 50% ont – de 20 ans). La population est inégalement répartie puisque d’immenses espaces ont
des densités inférieures à 5 habitants/km2 (forêt amazonienne, déserts, hauts plateaux, hautes montagnes). La
population reste concentrée surtout dans les régions périphériques, particulièrement la côte Est. Les villes sont
nombreuses et se développent rapidement : Mexico, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Bogota, Lima, La Paz,
Santiago, etc. Dans ces villes, la pauvreté est omniprésente et touche de nombreuses couches sociales. Cette situation
est l’origine des migrations intérieures vers les régions industrielles, minières ou de plantations notamment. Mais aussi
vers le grand voisin du nord, les Etats unis d’Amérique. Les disparités sont nombreuses d’abord entre les pays
majoritairement sous - développés exceptés certains pays émergents comme le Brésil, l’Argentine, le Chili, etc. Mais
aussi entre les villes développées et les campagnes. Les inégalités sociales sont énormes car nous avons presque
partout une minorité qui accapare l’essentiel des richesses au détriment de la majorité de la population condamnée à
trimer et à trinquer.

Conclusion :

Majoritairement comprise dans la zone chaude, l’Amérique latine regroupe les Etats de l'Amérique à l’exception des
usa et du Canada. En plus de son morcellement politique, elle se caractérise par de grands écarts entre riches et
pauvres, par le développement de la culture et du trafic de drogue (Colombie et Pérou notamment), par l’extrême
pauvreté du bonne frange de sa population. Dans ce lot de pays en développement le Brésil fait figure de grande
puissance et locomotive.

29
L14 : Le Brésil une puissance émergente ?

Introduction
Le Brésil était, il y a quelques décennies, un pays dépendant et pauvre. Aujourd’hui, il est la 5e puissance mondiale
pour son PIB. Grâce à son poids démographique et politique et à une forte croissance économique qui a favorisé
l’industrie et les exportations de produits agroalimentaires, le Brésil apparaît de plus en plus comme un pays puissant
et émergent, une puissance régionale à l’échelle du continent sud-américain. Mais les fortes inégalités sociales, la
dépendance et les difficultés financières témoignent encore des faiblesses du Brésil.
I. Le Brésil : une grande puissance en devenir
1. Un géant territorial
Le Brésil a les dimensions d’un continent, avec 4 500 km d’Est en Ouest et du Nord au Sud et une superficie de
8 547 400 km2 (5e rang mondial). Sa superficie fait 16 fois celle de la France et plus de 40 fois celle du Sénégal. En
outre, pour les habitants du pays, « Dieu est brésilien » car il a doté le Brésil d’une nature généreuse. Le soleil et l’eau
sont très souvent en abondance. Frontalier avec dix pays de l’Amérique latine, le Brésil bénéficie d’une large
façade atlantique qui l’ouvre au commerce mondial. En plus, le Brésil occupe les premiers rangs mondiaux pour toute
une gamme de produits miniers (fer, bauxite, manganèse, étain, or, etc.). Le Brésil apparaît donc comme un véritable
eldorado minier. Il y a aussi la grande réserve forestière de l’Amazonie qui constitue la première réserve de la
biosphère mondiale.
2. Une superpuissance agricole
Disposant de surfaces cultivables énormes, le Brésil est un grand producteur agricole et le 3e exportateur mondial de
produits agroalimentaires. Santos est le plus grand port d’exportation de grains de toute l’Amérique. Le Brésil
occupe notamment le 1er rang mondial pour le café, la canne à sucre, les oranges et l’élevage bovin, le 2e rang pour
le soja, le 3e rang pour le maïs et les porcins, le 5e rang pour le cacao, le coton, etc. Le Brésil a le plus grand cheptel
bovin du monde évalué à 192 millions de têtes. Grâce à cette production agricole diversifiée, le Brésil a pu se doter
d’un vaste complexe agro-industriel. Des firmes étrangères interviennent dans ce secteur : c’est le cas de Danone
(Italie), de Nestlé (Suisse), etc.
3. La 6e puissance industrielle du monde
Désormais, le Brésil se range du côté des nouveaux pays industrialisés (N.P.I.). Le Brésil dispose d’une puissance
industrielle impressionnante et diversifiée. L’énergie hydroélectrique est abondante car le Brésil est arrosé par des
cours d’eau parmi les plus puissants du monde. Les industries agroalimentaires et textiles représentent plus de 25 %
de la production industrielle. Les industries lourdes contrôlées par l’Etat figurent parmi les plus modernes du
30
monde. Par exemple, le Brésil est le 9e producteur mondial d’acier, le 8e pour le caoutchouc, le 6e pour l’aluminium,
etc. Le Brésil est également un grand producteur d’éthanol, un alcool fabriqué à partir de la canne à sucre pour les
automobiles (moteurs Flex). Dans trois autres domaines également, le Brésil a enregistré des succès éclatants : la
construction automobile, l’armement et les constructions aéronautiques et aérospatiales.
4. Une grande puissance régionale
Sur le plan démographique, le Brésil compte 196 653 000 habitants (en 2011), d’où son rang de 5e puissance
démographique du monde (derrière la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et l’Indonésie). Ce poids démographique ainsi que
la taille du pays permettent au Brésil de se conduire comme le chef de file du continent sud-américain. D’ailleurs, le
Brésil organise l’espace économique de l’Amérique latine à son profit avec la mise sur pied, en 1991, du
MERCOSUR (Marché commun de l’Amérique du Sud).
Au total donc, le Brésil apparaît comme un pays puissant et riche voire comme une menace économique potentielle
pour les Etats-Unis. Pourtant, le Brésil doit encore faire à de grosses difficultés.
II. Les faiblesses du Brésil
1. Des inégalités sociales criardes
Le Brésil est un des pays les plus inégalitaires et les plus injustes du monde. Fernando Henrique Cardoso, ancien
président de 1994 à 2002, a raison en disant que « le Brésil est un pays injuste ». En effet, les 10 % des Brésiliens les
plus riches possèdent 50 % du revenu national, tandis que 37 % vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins de 2
dollars par jour). Dans cette catégorie des pauvres, il y a 20 % de pauvres absolus. Il s’agit de l’immense masse des
sous-prolétaires et de sans emploi qui vivent en marge de la croissance et du « miracle » brésiliens (Indiens
d’Amazonie, habitants des favelas, habitants du Sertão, etc.). Pour ces derniers, la drogue, la prostitution, la
criminalité et le travail des enfants sont des phénomènes fréquents. Par ailleurs, pour le contrôle de la terre, les
tensions sont également aiguës car la question agraire n’est pas encore résolue. Depuis l’élection de Lula en 2002,
les réformes se font attendre.
2. De forts contrastes régionaux
On dit souvent qu’il y a plusieurs Brésil, tant les disparités régionales sont importantes. On dit qu’il y aurait au
Brésil « la Suisse, le Pakistan et le Far West réunis ». Cette formule permet de désigner les régions riches, les
régions pauvres et les régions pionnières du Nordeste, ancien centre économique du Brésil et maintenant en crise.
Par contre, le Sudeste constitue le poumon économique du Brésil actuel, avec notamment le « triangle utile »
constitué par São Paulo, Belo Horizonte et Rio de Janeiro. L’Ouest intérieur, avec Brasilia (devenue capitale en
1960), représente la zone des fronts pionniers vers l’Amazonie.
3. Une cruelle dépendance économique
L’économie brésilienne est dépendante et extravertie. En effet, 40 % des exportations de produits manufacturés sont
le fait des firmes étrangères implantées au Brésil. 500 sociétés françaises emploient 200 000 Brésiliens. En plus, la
situation financière du Brésil est catastrophique, comme le prouve l’endettement colossal du pays, évalué à 414,362
milliards de dollars en 2012. Le Brésil est l’un des pays les plus endettés de la planète. Le service de la dette
(remboursement de la dette) accapare une part importante des recettes, laissant les autorités à la merci des créanciers
privés et des institutions internationales. Pour asseoir sa puissance économique, le Brésil est à la quête permanente
de marchés et d’investisseurs. C’est ce qui explique la campagne menée par le président Lula pour promouvoir la
coopération Sud-Sud.

31
Conclusion
Le Brésil est, à coup sûr, une solide puissance intermédiaire et apparaît même en situation de devenir une grande
puissance. Mais le Brésil demeure une terre de contrastes, d’injustices sociales et de déséquilibres régionaux. En
réalité donc, le Brésil est un pays contradictoire, un « géant aux pieds d’argiles » pour certains ou « un mendiant
assis sur une mine d’or ».

L 15 : LES PROBLEMES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DU CONTINENT AFRICAIN

Introduction
Regroupant 54 pays, le continent africain est situé de part et d’autre de l’Equateur. Il est délimité à l’est par l’océan
Indien et la mer Rouge, au nord par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’océan Atlantique ; la pointe sud du
continent marque la séparation entre les océans Indien et Atlantique. L’Afrique est séparée de l’Asie par le canal de
Suez et de l’Europe par le détroit de Gibraltar. Le continent africain couvre une superficie d’environ 30 millions de
km2 et comptait (en 2014) une population d’environ 1,125 millard d’habitants (15,5 % de la population mondiale).
L’Afrique est à la traîne. Son poids dans l’économie mondiale est insignifiant. La traite négrière atlantique et la
colonisation européenne ont complètement désorganisé sa vie sociale et économique. L’Afrique est aujourd’hui
confrontée à de nombreux problèmes (chaos politiques multiples, guerres nombreuses et meurtrières, agriculture
extravertie, industrialisation embryonnaire, endettement très lourd, pauvreté, pandémies, chocs de la mondialisation).
Ces lourds handicaps empêchent le décollage du continent. Ainsi, l’Afrique doit faire à de nombreux défis et non des
moindres.

I. Les problèmes économiques


1. Les problèmes de l’agriculture
L’agriculture emploie environ 60 % de la population active africaine et fournit 35 % du PIB du continent. La
colonisation européenne a contribué au recul des cultures vivrières de subsistance avec la monétarisation de
l’économie africaine. Les cultures commerciales sont pratiquées à outrance et les cultures de subsistance reléguées au
second plan. Ce qui conduit aux problèmes d’autosuffisance alimentaire. Le manque de moyens techniques et le
faible niveau de recherche agricole sont à l’origine de la médiocrité des rendements.
2. Une faible industrialisation
Le faible niveau technologique et l’équipement industriel vétuste empêchent toute possibilité d’industrialisation.
L’Afrique ne participe que pour moins de 1 % de la production industrielle mondiale à cause de la faible
compétitivité de ses produits, de l’étroitesse des marchés et de la mauvaise gestion. Le taux de croissance
industrielle a chuté de 14,6 % au début des années 1960 à 1,4 % dans les années 1980. De là, l’explication de la
pauvreté et de la dépendance extérieure. L’Afrique devient ainsi la consommatrice des produits conçus par
l’Occident et la principale pourvoyeuse de matières premières.
3. Les problèmes des échanges
Le manque d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires empêche le développement des
échanges commerciaux. La détérioration des termes de l’échange, avec la chute des cours des matières premières, a
entraîné un véritable malaise économique. La part de l’Afrique dans le commerce mondial n’est que de 2 %.
L’organisation du système commercial mondial est très défavorable pour l’Afrique. Le protectionnisme agricole
32
dans les pays industrialisés réduit l’accès aux marchés pour les produits des pays africains alors que les
subventions occidentales à l’agriculture font du tort aux producteurs du continent noir. Ainsi, pour la période
1997-2001, on a noté une baisse de 53 % des exportations africaines par rapports aux biens manufacturés importés.
Cette dégradation des termes de l’échange provoque une raréfaction des devises nécessaires aux investissements et
pousse à l’endettement.

4. Le fardeau de la dette
La régression économique a conduit à l’endettement. Le poids de la dette de l’Afrique est lourd. Cette dette n’a pas
toujours servi à l’investissement productif. Le service de la dette a englouti l’essentiel des maigres recettes
d’exportation. Quant à l’aide, elle est considérablement réduite. Dans la décennie 1990-2000, l’aide publique au
développement (APD) octroyée par les pays de l’OCDE a chuté de 29 %. L’aide reçue par l’Afrique, elle, est passée
de 32 $/hab à 19 $/hab pendant la même période. La situation est rendue plus difficile par le choc de la
mondialisation.

5. Les problèmes contextuels : l’Afrique et la mondialisation


Avec une certaine ouverture sur l’économie de marché mondiale, l’économie africaine a pris du plomb dans l’aile.
Elle traîne un handicap de plus de 350 milliards de dollars en l’an 2000, soit près de 230 000 milliards de francs
CFA, ce qui est l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) du continent africain, et qui s’accroît de 12 % par an. Son
équipement industriel demeure le plus archaïque et ne participe que pour moins de 1 % de la production mondiale, au
moment où ses transactions commerciales font seulement 2 % des échanges mondiaux alors qu’elle n’attire que 1,2 %
des flux d’investissements mondiaux. Parmi les méfaits de la mondialisation pour l’Afrique, on peut citer un chapelet
de maux endémiques tels les famines, maladies, trafics d’armes et de munitions, commerce de la drogue, etc. La
plupart des pays africains sont exclus des bénéfices de la mondialisation.

II. Les problèmes politiques et sociaux


1. Les problèmes politiques
Le premier problème est la « balkanisation » du continent, avec des Etats souvent très petits et aux frontières
artificielles. Au sortir des indépendances, la plupart des pays d’Afrique connaissent des régimes politiques
dictatoriaux. Ce manque de tradition démocratique est souvent à l’origine d’une grande instabilité (coups d’Etat à
répétition, guerres civiles et interétatiques réelles ou larvées, etc.). Cette instabilité entraîne des déplacements massifs
de populations (les réfugiés). Au début des années 1990, les fortes aspirations démocratiques ont donné naissance à
un grand mouvement de contestation qui prit souvent la forme de rébellions entretenues pour la plupart des cas par
les grandes puissances. Dans cette situation, les activités économiques sont ralenties et les ressources du sous-sol sont
utilisées pour l’armement. C’est le cas dans plusieurs pays : Sierra Leone, Soudan, RD Congo, Liberia, etc.

2. Les problèmes sociaux


Ils sont très nombreux et sont repérables dans plusieurs domaines : la santé, l’éducation, l’alimentation, la
criminalité, le chômage, etc. Le taux de scolarisation est le plus bas du monde (71 % dans le primaire). Aucun pays
33
africain n’a encore réussi à généraliser l’enseignement primaire. En plus, l’enseignement et la formation ne sont pas de
qualité en raison des difficultés financières des Etats et des choix souvent mal faits. Face à la nudité scientifique et
technique du continent, les gens bien formés préfèrent aller grossir les rangs de l’élite intellectuelle occidentale.

Par ailleurs, l’Afrique doit faire face à des problèmes au niveau de la santé. On note un nombre important de maux
endémiques : les maladies récurrentes, l’abandon d’une bonne politique médicale, la propagation du paludisme
et du Sida, etc. Sur les 40 millions de personnes vivant avec le VIH/Sida dans le monde, 26,6 millions habitent en
Afrique d’après l’ONUSIDA.

L’autosuffisance alimentaire n’est pas assuré ; d’où les nombreuses famines et l’élargissement de la pauvreté. La
croissance démographique très rapide aggrave les problèmes de couverture des besoins des besoins alimentaires. A
cela, il faut ajouter les problèmes des villes africaines (logement, sécurité, assainissement, emploi, électricité, eau
potable, pollution, etc.).
III. Que faire pour sortir l’Afrique du sous-développement ?
En ce début de 3e millénaire, l’Afrique, pourtant très riche en ressources agricoles, minières et énergétiques, cherche
encore sa voie. Les Programmes d’Ajustement Structurel et le Plan de Lagos (pour répondre aux problèmes de
croissance au début des années 1980) n(ont pas donné des résultats probants. Quelles sont alors les solutions ? Il y a de
multiples voies de salut pour l’Afrique. Il faut :
- promouvoir l’autonomie intellectuelle permettant aux Africains de prendre en charge leur propre destin ;
- rechercher la paix et la stabilité à l’intérieur des pays et au niveau des frontières, en luttant contre les rébellions,
guerres, tensions ethno claniques et religieuses ;
- consolider et protéger les axes prioritaires du développement (agriculture, industrie, éducation, santé) pour
atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) avant 2015 ;
- obtenir l’annulation de la dette, voire son allègement ;
- développer la coopération Nord-Sud mais également la coopération Sud-Sud ;
- concrétiser l’Union africaine en renforçant l’intégration régionale déjà existante (UEMOA, CEDEAO, UDEAC,
CEMAC, SADC, UMA, etc.).
L’intégration n’est pas une solution, mais elle est la solution pour sortir l’Afrique de sa situation économique
difficile. En effet, comme l’affirmait le Professeur Cheikh Anta Diop, « même l’égoïsme le plus lucide milite pour
une fédération des peuples ». Aujourd’hui, les dirigeants africains ont compris la nécessité de promouvoir
l’intégration. C’est que le président Abdoulaye Wade considère que « le développement séparé ne peut plus
marcher ». Ainsi, il propose, en 2001, le plan Oméga, qui vise surtout à « gommer les différentiels dans les secteurs
stratégiques que sont les infrastructures routières, l’éducation, la santé, l’agriculture et la bonne gouvernance, en
vue d’une gestion globale en lieu et place des gestions nationales ». De son côté, le président sud-africain, Thabo
Mbeki, propose le Millenium African Recovery Plan (MAP), qualifié de « Plan Marshall » pour l’Afrique, qui
prévoit le prévention des conflits et la lutte contre les maladies comme le Sida dans une dimension continentale et le
développement économique au niveau régional. Ces deux plans, présentés au Forum économique mondial de Davos
(Suisse), en février 2001, sont à l’origine du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique ou
NEPAD (New Partnership for Africa’s Development), associant les présidents Abdelaziz Bouteflika (Algérie),
Olusegun Obasanjo (Nigeria) et Hosni Moubarak (Egypte). Cependant la mise en œuvre du NEPAD pose problème.
34
Conclusion
L’Afrique semble croule sous les problèmes : pauvreté, dépendance, guerres, massacres, coups d’état, crises politiques
et sociales, dictatures, maladies, exodes... Les défis que l’Afrique doit relever sont nombreux. Et pourtant, la comme
ailleurs, des femmes et des hommes luttent pour leurs droits et leur dignité, des associations à caractère civique se
multiplient, des expériences démocratiques se prolongent, les sociétés de plus en plus urbanisées bougent, se
transforment et se projettent avec confiance vers l’avenir.

L16 : LE SENEGAL : MILIEUX NATURELS ET POPULATION

Introduction
Le Sénégal est un petit pays (196 722 km2), situé à l’extrême ouest du continent africain (entre les méridiens 11° 30
ouest et 17° 30 ouest), dans la zone tropicale (entre les parallèles 12° 30 nord et 16° 30 nord) et présentant une large
ouverture sur l’océan Atlantique avec 700 km de côtes. Le cadre physique est un peu contrasté. Avec 10 239 000
d’habitants, la population sénégalaise se caractérise par sa diversité ethnique, linguistique et religieuse, sa
jeunesse, sa croissance rapide, son inégale répartition et sa mobilité.
I. Le milieu naturel
1. Le relief
Le relief du Sénégal est très peu accidenté. Les plaines et les plateaux dominent. Les altitudes dépassent rarement 100
m, à l’exception de quelques massifs au sud-est du pays (Mont Bassari, 581 m) et à l’ouest du pays (Plateau de
Thiès : 130 m ; les Mamelles : 105 m ; le Massif de Ndiass : 100 m). Quatre grands ensembles de relief
s’individualisent :
- le Sud-Est, région la plus élevée du Sénégal qui abrite le point culminant (Mont Bassari) ;
- le Centre-Ouest et le Ferlo, ensemble de vastes plateaux sableux allant de la vallée du fleuve Sénégal à la
Casamance ;
- la vallée alluviale du fleuve Sénégal qui entaille les plateaux et les dunes fixées et décrit un arc de cercle de 600 km
de Bakel à Saint-Louis. Elle se caractérise par un micro-relief complexe ;
- les régions littorales (700 km de côtes entre Saint-Louis et le Cap Roxo), avec des côtes basses et sableuses entre
Saint-Louis et Dakar (la Grande Côte), des côtes rocheuses à falaises dans la Petite Côte et, enfin, des côtes à rias
dans le Bas-Saloum, la Basse-Gambie et le Bas-Sénégal.
2. Le climat
Situé dans la zone intertropicale, le Sénégal est soumis à l’alternance de deux saisons : la saison sèche de novembre à
juin et la saison des pluies ou hivernage de juillet à octobre. Les températures présentent de grandes différences entre
les régions côtières et l’intérieur (23,8 °C en moyenne à Dakar contre 29 °C à Matam). L’amplitude thermique,
assez faible sur la façade maritime, est très forte dans le reste du pays. Le Sénégal est soumis à l’influence de
plusieurs vents : la mousson, vent humide venant de l’océan Atlantique à partir de l’hémisphère Sud, l’alizé nord-

35
atlantique ou alizé maritime qui souffle au nord-ouest du pays et abaisse les températures sur la Grande Côte et,
enfin, l’harmattan ou alizé continental, vent chaud et sec en été et frais et sec en hiver venant du désert souvent
accompagné de sable et de poussières.
Les précipitations, qui tombent durant l’hivernage, diminuent du sud vers le nord : Ziguinchor : 1 500 mm/an,
Kaolack : 800 mm, Thiès : 600 mm, Dakar : 500 mm, Saint-Louis : 300 mm. La distribution des températures et
des pluies fait apparaître plusieurs régions climatiques : la Grande Côte aux températures basses (influence de la
mer), le région sahélienne soumise à l’harmattan et aride, le Fouladou (Haute et Moyenne Casamance) bien arrosé, le
Boundou autour de Tambacounda aux températures très élevées, la Basse-Casamance région la plus arrosée du pays,
la région de la Petite Côte et le Saloum (à l’ouest de Kaolack).
3. Les sols et la végétation
Les sols, d’une grande variété, présentent des possibilités agricoles diverses. On distingue : les sols bruns et pauvres
de régions sahéliennes, les sols ferrugineux tropicaux lessivés et les sols ferrugineux tropicaux non lessivés ou sols
« joor » dans le domaine soudanien, les sols rouges dans le domaine soudano guinéen, les sols hydromorphes le long
des fleuves et dans la cuvette des Niayes (cultures irriguées), les sols halomorphes le long de côtes à rias, les sols
calcaires sur la Petite Côte.
Le climat détermine la répartition des paysages végétaux. Le couvert végétal se dégrade du sud vers le nord. On
distingue :
- la forêt dégradée en Casamance et au Sénégal oriental ;
- la savane boisée (2/3 du territoire) constituée de grands arbres et d’un tapis herbacé ;
- la steppe sahélienne dans la partie nord du pays, domaine des arbustes à épineux ;
- les groupements azonaux ayant des conditions hydrologiques particulières : forêt-galerie dans la vallée inondable
du fleuve Sénégal, groupements de palmiers dans les Niayes, palétuviers (mangrove) dans les estuaires des fleuves.
4. L’hydrographie
Le réseau hydrographique sénégalais comprend :
- des fleuves comme le Sénégal long de 1 750 km avec un bassin versant de 350 000 km2 et un débit moyen de 780
m3/s, la Gambie avec 1 150 km et un bassin versant de 80 000 km2, la Casamance avec 300 km ;
- des bras de mer comme le Sine et le Saloum navigables respectivement jusqu’à Fatick et jusqu’à Kaolack ;
- des lacs qui ont tendance à se dessécher (lac de Guiers, lac Tanma, lac Rose ou lac Retba)
- des eaux souterraines dont les nappes deviennent de plus en plus profondes à cause de la diminution des pluies.
II. La population
1. La composition de la population (peuples, langues et religions)
La population sénégalaise est estimée à 10 239 000 habitants en 2004. Malgré les mélanges et les brassages de plus
en plus fréquents, la population demeure multiethnique. On distingue :
- les Wolofs majoritaires (44 % de la population), répartis sur tout le territoire ;
- les Sérères (13 %) dans les régions de Thiès, Kaolack, Fatick et Diourbel ;
- le groupe Halpulaar (23 %) dans toutes les régions, mais surtout présents au Ferlo, au Fouladou et le long de la
vallée du fleuve Sénégal ;
- les Diolas (6 %) en Basse-Casamance ;
- les Mandingues (6 %) dans les départements de Sédhiou et de Kolda ;

36
- les autres ethnies (6 %) sont les Soninkés, les Mandjacks, les Bambaras, les Balantes, les Bassaris, les
étrangers africains et non africains.
On note une grande diversité de langues. Le wolof reste la langue traditionnelle la plus parlée. Le français est la
langue officielle employée dans l’enseignement, l’administration et les affaires.
Les Sénégalais sont en majorité des musulmans (94 % environ), répartis en plusieurs confréries. Les chrétiens
représentent 5 % de la population, avec une majorité de catholiques et une minorité de protestants.
Les animistes constituent moins de 1 % de la population. La cohabitation entre les ethnies et entre les personnes de
religions différentes est bien vécue au Sénégal.

2. Evolution, répartition et structures par âge de la population


La croissance démographique est rapide du fait du mouvement naturel de la population (natalité de 37 %o et
mortalité de 11 %o) et de l’apport migratoire. Le taux d’accroissement naturel moyen est de 2,6 %.

Evolution de la population sénégalaise de 1960 à 2004

Année Population en millions d’habitants

1960 3 110 000

1970 3 620 000

1976 5 100 000

1986 7 000 000

2000 9 000 000

2004 10 239 000


2014 13 120 000
Source : ANDS ? 2014.

La densité moyenne de la population sénégalaise est de 52 hab/km2. La population sénégalaise est inégalement
répartie. Les fortes densités sont enregistrées dans les régions de Dakar (4 145 hab/km2), de Diourbel (214 hab/km2)
de Thiès (208 hab/km2), Fatick (77 hab/km2), Kaolack (69 hab/km2), Ziguinchor (59 hab/km2). Les plus faibles
densités sont enregistrées dans les régions de Saint-Louis (36 hab/km2), Louga (27 hab/km2), Matam (14 hab/km2)
et surtout Tambacounda (10 hab/km2).
La population est très jeune (44 % des Sénégalais ont moins de 15 ans et 2,7 % ont plus de 65 ans).
3. Les migrations
La population sénégalaise est extrêmement mobile. Trois types de migrations l’affectent :
- l’exode rural est la migration interne la plus importante et concerne surtout les jeunes. Les causes sont d’ordres
naturel (pauvreté des sols et aridité), économique (insuffisance des revenus agricoles), social (pression
démographique) et psychologique (attrait de la ville). Les principaux pôles d’attraction sont Dakar et sa banlieue ;
- les migrations interrégionales, liées à la recherche de terres fertiles et de pâturages (déplacements saisonniers des
paysans vers les terres riches de Tambacounda, transhumance des éleveurs peuls) ;

37
- les migrations internationales, avec comme principales régions de départ la vallée du fleuve Sénégal, Louga et
Diourbel et comme principaux pays d’accueil : * en Afrique, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Nigeria, le Maroc,
l’Afrique du Sud, la Mauritanie, la Libye, etc. ; * en Europe, la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne,
la Belgique, etc. ; * en Amérique, les Etats-Unis et le Canada ; * en Asie, les pays du golfe Persique.
Les retombées financières des migrations internationales sont très importantes. Certains parmi les 2 millions
d’émigrés sénégalais sont confrontés à des problèmes dans les pays d’accueil. Le « pays de la Teranga » accueille un
nombre important d’étrangers originaires des pays frontaliers et du reste du monde (immigrants volontaires, réfugiés,
experts).

4. La poussée urbaine
Le Sénégal demeure un pays rural. Les ruraux représentent plus de la moitié de la population (50,43 %). Le taux
d’urbanisation est de 49, 57 % fait du Sénégal l’un des plus urbanisés d’Afrique. Dakar est, de loin, la région la plus
urbanisée, avec un taux de 97 %, suivie de Thiès (44 %), Ziguinchor (44 %) et Saint-Louis (36 %).
Les plus faibles taux d’urbanisation sont enregistrés dans les régions de Kolda (12 %), Fatick (13 %), Matam (14
%), Diourbel (16 %) et Tambacounda (17 %).
Il y a plusieurs villes qui se distinguent par le nombre d’habitants et les fonctions :
- les grandes villes assez peuplées et attractives (plus de 100 000 habitants) : Dakar, Thiès, Saint-Louis, Kaolack,
Diourbel, Ziguinchor, etc. ;
- les villes secondaires qu’on peut diviser en deux sous-groupes : * les villes commerçantes et religieuses (Bakel,
Touba, Tivaouane, etc.) ; * les centres urbains semi-ruraux (Vélingara, Kaffrine, Koungueul, etc.).
Le phénomène urbain s’accélère depuis 1960 à cause de l’exode rural. Toutes les villes dépendent pratiquement de
l’agglomération dakaroise (macrocéphalie de Dakar). Les problèmes d’urbanisation sont très nombreux : insalubrité,
problèmes de logement, de transport, d’insécurité, d’emploi…
Conclusion
Le Sénégal est un pays aux traits physiques assez simples. Sa population est à l’image de celles des pays africains
(population composite, croissance démographique forte, jeunesse et mobilité importantes). Les conditions physiques
déterminent les activités des populations.

38
L17 : LA QUESTION DE L’EAU AU SENEGAL

Introduction
« L’eau est, pour un Etat et pour un peuple, la souveraine richesse », dit Jean Brunhes (1864-1930) dans son
ouvrage Géographie humaine (1910). L’eau est une ressource vitale pour tous les êtres vivants en général et l’espèce
humaine en particulier. Elle intervient dans tous les domaines de la vie. L’eau est donc une importante source de vie et
moteur essentiel du développement. Pourtant, ce bien précieux peut créer des problèmes par sa rareté ou par son excès.
Dans les pays arides ou semi-arides comme le Sénégal, se pose une question de l’eau. Pour mesurer l’acuité du
problème de l’eau, il est nécessaire de faire l’inventaire des ressources hydriques, de voir les contraintes qui limitent
sa disponibilité, l’importance des déficits et les solutions mises en œuvre pour régler ce problème.
I. Les ressources en eau du Sénégal
1. La pluviométrie
Le premier élément qui régit le problème de l’eau est la pluviométrie. Le Sénégal est un pays tropical où l’année
climatique est divisée en deux saisons. La tranche d’eau qui tombe sur le Sénégal en un an est comprise entre 300
mm et 1 500 mm et le nombre de jours de pluies varie entre 20 et 85. Les précipitations diminuent du sud vers le nord
et sont inégalement réparties sur le territoire. La moitié septentrionale (nord) du pays accuse un grand déficit
pluviométrique. La moyenne des précipitations au Sénégal est d’environ 600 mm, ce qui représente pour la surface du
Sénégal un volume de 130 milliards de m3.
2. Les eaux de surface
Trois bassins, auxquels on peut ajouter quelques marigots intermittents (temporaires), constituent l’essentiel des eaux
du Sénégal. Il s’agit des fleuves Sénégal (le Lac de Guiers en faisant partie), Gambie et Casamance. Ces cours d’eau
ont des régimes tropicaux, qui suivent le rythme des saisons avec une période de hautes eaux (de juillet à octobre) et
une période de basses eaux (de novembre à juin.
39
Au total, on admet que l’ensemble des eaux douces de surface traversant le Sénégal ou existant en permanence peut se
situer entre 40 et 50 milliards de m3 par an.
3. Les eaux souterraines
Le Sénégal renferme de nombreuses nappes souterraines utilisables réparties en trois catégories :
- les nappes phréatiques superficielles localisées au Cap-Vert, sur le littoral Nord, au niveau des bassins des fleuves
et dans les Niayes. Les potentialités sont estimées à 270 000 m3 par jour ;
- les nappes peu profondes avec des puits villageois de 30 à 100 m. les potentialités sont estimées à 700 000 m3 par
jour ;
- la nappe maëstrichtienne, peu profonde, dans tout le bassin sédimentaire qui couvre la quasi-totalité du territoire.
Elle est atteinte par forage entre 100 et 400 m de profondeur et l’eau remonte jusqu’à quelques mètres de la surface.
Son volume théorique est de 100 milliards de m3 de réserve d’eau douce, soit environ 500 000 m3 par jour.
Au total, un bilan général des ressources souterraines donne un potentiel théoriquement mobilisable de 2 600 000 m3
par jour pendant 2000 ans. Ce bilan optimiste doit tenir compte des contraintes techniques et économiques liées à
leur exploitation. Il en est de même pour les autres ressources.

II. Les contraintes limitant la disponibilité de l’eau au Sénégal


Elles sont de plusieurs ordres : mécanique (ruissellement, infiltration), climatique (évaporation), conjoncturel
(sécheresse), sanitaire (maladies liées à l’eau), technique et financier.
1. Les difficultés de conservation des ressources
La conservation des ressources est rendue difficile par trois phénomènes : l’évaporation, l’infiltration et le
ruissellement.
L’évaporation est fonction de la surface d’eau et des facteurs climatiques (température, vents, nébulosité). Elle est
maximale au milieu de la saison sèche quand l’insolation est importante et les précipitations inexistantes.
L’infiltration est très importante même si une récupération est possible avec les nappes phréatiques. Les sols
sénégalais absorbent l’eau plus ou moins lentement. Le surplus, qui est considérable, cherche aussitôt des possibilités
d’écoulement.
L’écoulement s’effectue de deux façons :
- dans un bassin fermé où l’eau vient se rassembler en mares que l’on peut retrouver un peu partout au Sénégal ;
- vers la mer, notamment par l’intermédiaire des fleuves.
2. La sécheresse
Au Sénégal, les pluies sont irrégulières. Pendant certaines périodes, on assiste à un grand déficit en eau. La sécheresse
n’est pas un phénomène nouveau au Sénégal. Aussi des périodes de sécheresse ont-elles été enregistrées durant le
XXe siècle : 1910-1914 ; 1939-1949 ; 1941-1942, 1950-1967 ; 1972-1973 ; 1983-1984. Depuis 1968, la sécheresse est
de plus en plus persistante. Depuis 1998, les pluies sont redevenues normales ; ce qui donne espoir au ponde rural.
III. Les problèmes techniques, financiers et politiques
Le Sénégal est un pays en développement, caractérisé par une insuffisance des moyens techniques et financiers. La
profondeur des nappes les plus importantes et l’éloignement des ressources en eau de surface par rapport aux
principaux centres de consommation nécessitent d’importants moyens techniques et financiers. Le coût d’un forage
de 100 à 300 m de profondeur est estimé entre 20 et 30 millions de francs CFA. Si l’on y ajoute l’équipement en

40
pompes et réservoirs, on s’approche de 40 millions. Les projets de doublement de la conduite du Lac de Guiers et du
Canal du Cayor sont estimés entre 92 et 220 milliards de francs CFA.
Il y a également les problèmes politiques liés à l’exploitation et la gestion commune de certaines ressources en eau,
principalement le fleuve Sénégal. Un projet vital, celui de la revitalisation des vallées fossiles du Sénégal a été
finalement abandonné à cause de l’opposition de la Mauritanie.
A ces problèmes, il faut ajouter les méfaits de l’excès de l’eau. En effet, cette ressource tant désirée livre parfois un
lot massif de sinistrés, par exemple les hivernages de 1992 et 2000 à Dakar, Kaolack et Saint-Louis, les pluies hors
saison de mi-janvier 2002 et les inondations de Dakar en 2005, 2006,2012 et 2013.

IV. Les politiques de l’eau


Le Sénégal a entrepris une série d’actions visant à trouver des solutions au problème de l’eau. Pour rentabiliser le
réseau hydrographique, la Société d’Aménagement et d’exploitation des Eaux du Delta (SAED) développe
l’agriculture irriguée sur le bassin du Sénégal. La construction du barrage de Diama participe de cette volonté
d’irrigation. Un vaste programme de réseau hydrographique national est lancé. Les principaux axes de ce programme
sont :
- l’aménagement des bassins de rétention d’eau (138 déjà mis au point) pour empêcher l’écoulement et la perte des
eaux et en même temps limiter les dégâts causés par les inondations ;
- la désalinisation des eaux de Basse-Casamance, avec la construction de digues et de barrages sur les fleuves
Gambie et Casamance.
Concernant l’approvisionnement en eau potable, des efforts sont fournis. Outre les efforts de la Société des Eaux
(SDE), la Coopération japonaise a permis la construction d’une centaine de châteaux d’eau. Pendant l’hivernage
2000, le président Abdoulaye Wade a offert aux habitants de Linguère 800 citernes d’eau d’une capacité de 1 000
litres chacune. La production d’électricité hydraulique grâce au barrage de Manantali est effective.
Pour renforcer l’alimentation de Dakar en eau potable, c’est le Projet Sectoriel Eau (PSE) qui a été retenu avec deux
phases.
La 1re phase (entre 1997 et 1999) concerne la pose d’une conduite de 1 000 à 1 200 mm de diamètre entre Guéoul et
Dakar, la réalisation et l’équipement de 11 forages dans la zone du littoral nord, la rénovation et l’extension de la
station de Gnith pour porter sa capacité de 39 000m3/j à 64 000 m3/j.
La 2e phase (entre 1999 et 2001) porte sur la construction d’un réservoir aux Mamelles à Dakar, la réalisation de
deux forages pour la ville de Thiès, la construction et la réhabilitation des stations de chloration.
Déjà, en mai 2000, le PSE aura permis d’injecter 65 000 m3/j supplémentaires ; ce qui a permis de couvrir totalement
les besoins en eau de Dakar pendant la saison normale et de réduire les déficits de 30 % à 10 % en saison chaude.
Après 2001, il est prévu le projet d’alimentation en eau potable de Dakar à long terme jusqu’à l’an 2011. Le
Programme Eau Potable et assainissement pour le millénaire (PEPAM) élaboré dans le cadre des OMD a aujourd’hui

41
permis de régler la question des besoins humains mais pour ce qui est de l’assainissement les objectifs ne seront pas
atteints.
Les projets essentiellement hydrauliques sont complétés par de grands projets d’aménagements hydro – agricoles :
celui du développement intégré de la rive gauche de la vallée du Sénégal qui concerne 250 000 ha de terres
cultivables et celui d’aménagement hydro – agricole du bassin de l’Anambé qui concerne 2 000 ha.
Conclusion

Le Sénégal est relativement bien pourvu en eau. Les ressources sont inégalement réparties sur le territoire. La moitié
septentrionale (Nord) du pays souffre d’un déficit pluviométrique combiné à une quasi absence d’eau de
surface. Le grand problème de l’eau au Sénégal est celui de sa bonne maîtrise. Les actions entreprises jusqu’à
maintenant, quoique louables, n’ont pas réglé définitivement le problème de l’eau. La question de l’eau risque de se
poser encore et compromettre du coup le développement du pays.

L18 : LES PROBLEMES ECONOMIQUES

ET LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT AU SENEGAL

Introduction
Pays sahélien à vocation agricole, le Sénégal fait partie de l’Afrique subsaharienne, considérée comme l’une des
régions les plus sous-développées de la planète. Classé parmi les pays les moins avancés (PMA), le Sénégal est
confronté à de réels problèmes économiques liés à des facteurs historiques, géographiques et conjoncturels. Mais,
l’Etat, par la mise en place de politiques de développement, cherche à s’adapter au contexte de mondialisation.
I. Les problèmes économiques
1. L’agriculture
L’agriculture constitue la principale activité économique en milieu rural et contribue pour un peu moins de 10 %
du PIB. Elle est caractérisée par une très faible productivité qui se traduit par une baisse importante des revenus
des producteurs.
* La prééminence de la culture arachidière : L’agriculture sénégalaise a longtemps souffert de la monoculture qui
a régné en maître absolu, aussi bien pour les surfaces emblavées que pour les productions et les exportations du pays.
Cette situation est d’autant plus grave que l’arachide est concurrencée sur le marché des oléagineux par le tournesol, le
colza et le soja.
* Le déficit de la production vivrière : Il entraîne des importations massives de denrées alimentaires qui grèvent la
balance commerciale. Et ce déficit a pour conséquence le recours à l’aide alimentaire.
* Les aléas climatiques : Le Sénégal est frappé depuis plusieurs décennies par la sécheresse, malgré une reprise de la
pluviométrie notée ces dernières années. Les précipitations sont devenues très déficitaires et la saison des pluies s’est
généralement écourtée. Ce qui entraîne des conséquences néfastes sur les productions et sur les revenus des paysans et
de l’Etat (devises). Le phénomène de l’exode rural s’accentue avec les dures années de sécheresse et entraîne un
dépeuplement des campagnes.

42
* Les problèmes de la dégradation des sols, de l’intensification de l’activité humaine et animale sur le couvert
végétal (charbon de bois, bois de chauffe) : Le déficit des précipitations, en plus de dégradé les sols, augmente la
salinité des eaux et des sols qui rend difficiles voire impossibles les cultures.
* Les difficultés d’accès aux crédits par le biais de la Caisse nationale de Crédit agricole (CNCA). Il s’y ajoute le
manque d’infrastructures de stockage, la cherté des facteurs de production (semences, engrais, machines, etc.).
* L’élevage constitue une composante essentielle de l’économie sénégalaise et occupe une place importante dans la
recherche de l’autosuffisance alimentaire. En 2002, ce secteur a représenté 35 % du PIB du secteur primaire et 4,8 %
du PIB total. Mais ce secteur est confronté à une insuffisance des pâturages liée à une péjoration climatique et à la
faible production en viande et en lait.
2. La pêche
La pêche est une activité très importante de l’économie sénégalaise. Elle constitue une des principales sources de
recettes en devises. Sa part dans le PIB tourne autour de 3 %.
La pêche est confrontée à problème principal, à savoir la rareté des produits halieutiques. On remarque ces dernières
années une baisse des quantités débarquées due à la pollution marine, aux méthodes de pêche non sélectives, à
l’accroissement de l’effort de pêche et à la vétusté de la flotte nationale.

L’autre obstacle qui peut compromettre les exportations de ce secteur, c’est la qualité et l’hygiène des produits
transformés.
3. Les problèmes de l’industrie
Les difficultés de l’industrie sénégalaise sont nombreuses :
*le manque de capitaux et l’absence d’industries lourdes ;
*la pauvreté du sous-sol : les ressources minières et énergétiques sont modestes et souvent réduites à l’état d’indices
ou de potentiel. Le Sénégal consacre la moitié de ses recettes d’exportations à des approvisionnements énergétiques,
donnant lieu à des problèmes pour la politique de réinvestissement, pour la stabilité de la balance commerciale et de la
balance des paiements ;
*l’inégale répartition des unités industrielles à l’échelle nationale traduit le déséquilibre entre Dakar (qui concentre 90
% des industries) et le reste du pays ;
*la faible compétitivité des produits industriels sénégalais et la rude concurrence internationale ;
*la cherté des coûts des facteurs de productions techniques (eau, électricité, téléphone, transports, etc.) ;
*l’étroitesse du marché (population peu importante, faiblesse des revenus) ;
*l’artisanat est handicapé par la faible qualification des artisans et le problème des débouchés ;
*le tourisme, 2e source de devises derrière la pêche, souffre aussi de nombreux problèmes : faiblesse des moyens
financiers pour la promotion, dépendance vis-à-vis de la saisonnalité, inégale répartition des infrastructures hôtelières,
rapatriement des bénéfices vers les pays développés, etc. ;
II. Les politiques de développement
Depuis une décennie, nous assistons à un établissement de bases d’une politique économique plus adaptée aux grands
courants de l’économie mondiale actuelle. Depuis 1960, les politiques de développement peuvent se résumer en deux
grandes périodes.
1. La période de l’intervention étatique

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Au lendemain de son indépendance, le Sénégal a choisi une voie intermédiaire entre le capitalisme et le socialisme : le
socialisme démocratique. Pour parvenir à cette voie médiane, l’Etat a eu recours à une planification souple, à la
création de sociétés d’économie mixte (association entre l’Etat et des partenaires privés), de coopératives dans le
monde rural et en encourageant l’initiative privée.
Durant cette période, l’Etat est le principal inspirateur, exécutant et évaluateur de la politique économique. A partir de
1966, par le biais de l’Office national de Coopération, d’Assistance au Développement (ONCAD), encadre le monde
rural, contrôle les coopératives, s’occupe de la commercialisation de l’arachide et de son transport ainsi que de
l’importation de riz.
D’autres établissements sont créés : la SAED (Saint-Louis), la SODEVA (Bassin arachidier), la SOMIVAC
(Casamance) et la SODEFITEX ( Tambacounda).
Au plan industriel, il y a la création de la société Dakar Marine et le projet d’exploitation des mines de fer du Sénégal
oriental (MIFERSO). A la fin des années 1970, cette politique de développement est abandonnée pour deux raisons :
-l’inadaptation des structures d’encadrement (coopératives) ;
-l’absence de participation des producteurs (paysans) aux prises de décisions.
En plus, cette politique a montré ses limites (lourdeurs administratives, méfiance des bailleurs de fonds, politisation de
l’action économique, etc.).
2. La période du désengagement de l’Etat
Les nouvelles politiques économiques voient leur application à partir de mars 1984.
-Au plan agricole, le Nouvelle Politique agricole (NPA) repose sur le désengagement de l’Etat, la responsabilisation
des paysans, la mise en place d’une politique de prix pour encourager la culture des céréales locales, la prise en charge
de l’approvisionnement par les privés et la réadaptation du mode d’encadrement. Certaines sociétés de développement
rural sont dissoutes (ONCAD, STN, SOMIVAC) et d’autres redimensionnées (SAED).
La NPA n’a pas atteint ses objectifs et l’Etat a mis en œuvre un Programme d’Investissement du Secteur agricole
(PISA), pour la période 1995-2000. Ce programme vise à assurer une croissance agricole dans la vallée du fleuve
Sénégal et à préserver les ressources.
Depuis 2000, le gouvernement libéral a mis en place un programme d’urgence visant à relancer les cultures vivrières
avec une dominance du maïs, ,suite aux difficultés rencontrées par la culture de l’arachide.
-Au plan industriel, la Nouvelle Politique industrielle (NPI) a été initiée en 1986. Elle vise la poursuite du
désengagement, l’accroissement de la compétitivité des entreprises industrielles, la promotion des PME-PMI, la
réduction des coûts des facteurs de productions techniques.
Le bilan de la NPI a été négatif. Cependant, l’Etat poursuit la politique de libéralisation à outrance avec la
privatisation des grandes entreprises, l’incitation à la création de PME et PMI, la libéralisation du secteur commercial.
Actuellement Macky Sall a lancé le PSE
Conclusion
Le Sénégal, comme tout pays en développement, fait face à des difficultés économiques. Des stratégies de
développement ont été engagées par l’Etat popu faire du Sénégal un pays émergent (la stratégie de croissance
accélérée en 2005, le programme national de développement économique et social en 2013, etc). Néanmoins, les
problèmes persistent.

44
LE COMMENTAIRE DE DOCUMENTS EN GEOGRAPHIE

Le commentaire de documents géographiques est un exercice qui invite le candidat à la réflexion, à une observation
attentive et à l’analyse critique des documents. Il vise à évaluer ses aptitudes à un raisonnement rigoureux fondé sur
une démarche géographique. Le commentaire porte en général sur plusieurs documents (séries statistiques et
graphiques, textes, fond de carte etc.) Ces documents sont en général assortis de questions précises auxquelles le
candidat doit répondre. La démarche repose sur trois étapes : l’introduction, la réponse aux questions
(développement) et la conclusion.

I- L’INTRODUCTION

L’introduction est en général structurée autour des points suivants :

 L’approche du problème abordé dans le commentaire


 L’identification de la problématique (ou thème central)
 La présentation détaillée des différents documents en indiquant la nature, les thèmes évoqués par les différents
documents, l’indication des dates et des sources respectives et éventuellement les unités utilisées.
 Dégager les thématiques à développer dans le corps du travail ou établir un plan.
II- LA REPONSE AUX QUESTIONS OU DEVELOPPEMENT

La démarche à suivre dans le développement est déterminée par les questions posées. Le développement peut reposer
sur trois aspects essentiels : les calculs statistiques, la construction et l’analyse de graphiques, la réponse aux
questions. Les calculs effectués doivent être suivis d’une interprétation des résultats obtenus de même que les
graphiques construits.

Comment répondre aux questions en se fondant sur les documents ?

Les documents présentés pour le commentaire peuvent être exploités directement et constituer une réponse aux
questions ou être exploités pour servir de supports dans le traitement des questions.

45
On peut demander de se fonder sur un ou plusieurs documents pour expliquer une situation. Dans ce cas, les
documents servent de supports où le candidat doit tirer des idées ou citations (cas du texte), des chiffres ou des
évolutions (cas des tableaux statistiques) à utiliser pour étayer l’explication. Pour ce faire il faut lire au préalable les
questions qui servent d’orientation, exploiter les documents pour mieux les utiliser dans les réponses. Cette
exploitation doit permettre de dégager les thèmes importants, les principales évolutions ou les faits pour chaque
document.

Dans les épreuves le candidat peut rencontrer d’autres types de questions notamment celles relatives aux textes,
statistiques, cartes mais aussi les questions de type transversal.

 Les textes, les tableaux statistiques, les cartes apparaissent comme des supports importants qui permettent au
candidat d’illustrer un phénomène géographique. Sous ce rapport, il peut les utiliser pour étayer son
argumentation.
-Les textes sont des extraits d’ouvrages, d’articles de revues ou de journaux. Il est donc important pour le candidat de
faire attention à la nature du texte, à son auteur mais aussi à sa date de parution.

- Les tableaux statistiques se composent généralement de données statistiques es sous formes de valeurs absolues
(chiffres bruts), de pourcentage (valeurs relatives), d’indice. Ici le candidat de faire attention aux quantités (millier,
million, milliard) et aux unités (tonne, tep, km, habitants, dollars, euros, etc.)

-Les cartes sont de nature et de forme très variées. Il peut être demandé au candidat de remplir le fond de carte ou
d’expliquer les faits cartographiés. Dans ce cas il doit identifier le type de carte.

 NB : Le candidat a la latitude de commencer par répondre à la question de son choix. Toutefois, les
réponses doivent être obligatoirement numérotées.

III- LA CONCLUSION

La conclusion doit

 Faire le bilan de l’analyse et le bilan critique des documents. Cela revient à se prononcer par rapport à la
pertinence, à la fiabilité, au caractère ancien ou récent des documents et dégager les liens éventuels entre les
documents.
 Relier l’analyse aux autres connaissances
 Dégager les perspectives à court ou long terme, particulières ou générales.

Exemples de Commentaire de documents

EXERCICE 1

Thème : une mondialisation inégale.

Document 1 : Le commerce de marchandises par région en 2009 (en %)

Régions Exportations Importations

Amérique du Nord 13,2 17,5

Amérique du sud et Centrale 3,8 3,6

Europe 41,2 41,6

Afrique 3,2 3,3

46
Moyen-Orient 5,7 4,0

Asie 29,4 27,4

Source : statistiques du commerce international, OMC ,2010

Document 2 : L’Afrique dans la mondialisation

A lire les statistiques officielles, l’Afrique pèse de moins en moins dans la mondialisation : elle ne capte que 2% des
investissements internationaux, ne représente que 2% du commerce mondial, contre 10% dans les années 1970.
Pourtant (…) l’Afrique est ouverte sur l’économie mondiale. Les ressources pétrolières et minières que recèle son
vieux socle géologique en font un continent convoité (…). Mais les grandes entreprises internationales qui exploitent
ces ressources contribuent peu au développement. Elles alimentent surtout une « économie d’enclave » qui enrichit les
Etats, mais ne bénéficie pas à la population. (…). La crise des Etats des années 1990 explique en effet que l’Afrique
soit devenue le domaine de la mondialisation sauvage (…). Faux médicaments, déchets toxiques, drogue, armes,
diamant, mais aussi contrebande de cigarettes ou de voitures… tous les trafics illicites ont été rendus possibles par
l’affaiblissement, voire la disparition du contrôle des territoires, les situations de guerre civile et de criminalisation des
économies. (…) Mais depuis le début du XXIe siècle, cette situation est en train de changer. Peu à peu, la
mondialisation en Afrique s’exerce dans un cadre plus régulé. (…) De nouveau, l’Afrique est devenue un enjeu. Si son
marché intérieur est encore limité par la pauvreté de sa population, les immenses besoins non satisfaits des 900
millions d’Africains offrent aux entreprises d’immenses opportunités. Toutes les grandes puissances, du nord comme
du sud, l’ont compris.

Sylvie Brunel, « l’Afrique dans la mondialisation », La documentation Photographique n°8048,2005

Document 3 : mondialisation et inégalités.

La mondialisation ne saurait être tenue pour responsable d'une éventuelle aggravation des inégalités (qui n'est
d'ailleurs pas démontrée) entre pays du Nord et pays du Sud ; ce sont en effet les pays qui sont parvenus à s'intégrer au
mouvement qui ont enregistré les meilleures performances de croissance alors qu'à l'inverse la non-participation au
processus explique que certains pays pauvres soient restés en arrière. Pour autant, la mondialisation ne constitue pas la
solution universelle aux problèmes d'inégalités. La première difficulté est que la participation à la mondialisation ne
va pas de soi, la seconde est que les gains qui peuvent être retirés de la participation à la dynamique ne sont pas
automatiques, loin s'en faut. Ce devrait être l'une des priorités de la gouvernance mondiale que d'améliorer les
opportunités offertes par la mondialisation, même pour les pays les plus pauvres. Ce faisant, il convient d'éviter deux
écueils, d'une part condamner la mondialisation comme le mal absolu, car ce serait priver les PED d'une chance de
parvenir un jour à décoller économiquement et de rattraper le peloton des économies émergentes, et d'autre part ériger
la mondialisation en arme toute puissante de lutte contre la pauvreté, car ce serait occulter certaines difficultés (en
particulier l'absence d'automaticité des effets positifs de l'insertion dans la mondialisation ainsi que les coûts
d'ajustement que cela peut induire) et finalement desservir la mondialisation. Si le débat continue d'être placé ainsi sur
le terrain de la polémique, il ne fait guère de doute que les pays pauvres seront les principaux perdants.

Françoise NICOLAS, « Mondialisation et inégalités Nord/Sud »,


les Cahiers français; n° 305, La Documentation française, novembre-décembre 2001.

Questions

1. A partir du document 1, calculer la balance commerciale des différentes régions. Avec les résultats obtenus,
tracer le diagramme en barres du solde commercial. Interpréter le graphique. (6 points)
2. À l'aide des documents 1 et 2, montrez que la mondialisation est asymétrique. (4 points)
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3. Expliquez en quoi le document 2 confirme mais nuance le document 1. (3 points)
4. Relevez dans le document 3 les arguments montrant que la mondialisation est objet de débats. (3 points)
NB : introduction (2 points) conclusion (2 points)

CORRIGE EXERCICE 1

INTRODUCTION

Notre commentaire porte sur trois documents dont le thème général est : « une mondialisation inégale ».

Le document 1 est un tableau statistique intitulé le commerce de marchandises par région en 2009. Les données
sont exprimées en pourcentage et ont comme source : statistiques du commerce international, publiées par l’OMC
en 2010.

Le document 2 est un texte qui a pour titre l’Afrique dans la mondialisation. C’est un extrait de « l’Afrique dans la
mondialisation », la documentation Photographique n°8048,2005 écrit par Sylvie Brunel.

Le document 3 est également un texte intitulé mondialisation et inégalités. C’est un extrait de « Mondialisation et
inégalités Nord/Sud », les Cahiers français; n° 305, La Documentation française, novembre-décembre 2001, écrit
par Françoise NICOLAS

La réponse aux questions consistera à calculer la balance commerciale des différentes régions et construire avec les
résultats un diagramme en bandes, montrer en quoi la mondialisation paraît asymétrique et analyser les textes.

1°) Calcul de la balance commercial des différentes régions :

B C = Exportations – Importations
Pour l’Amérique du N : BC = 13,2 – 17,5 = - 4,3%

Régions Balance commerciale (%)

Amérique du Nord -4,3

Amérique du sud et Centrale 0,2

Europe -0,4

Afrique -0,1

Moyen-Orient 1,7

Asie 2

- Construction du diagramme en bandes du solde commercial des régions.

48
diagramme en barres du solde commercial des différentes régions
en 2009

effectifs en %
3
2
1
0
Am du Nord Am du Sud Europe Afrique Moyen Asie
-1
Orient
-2 régions
-3
-4
-5

- L’analyse du graphique montre deux grandes tendances. Les régions telles que l’Amérique du Sud (0,2%), le
Moyen Orient (1,7%) et l’Asie (2%) sont excédentaires. Par contre, l’Amérique du Nord (-4,3%), l’Europe (-
0,4%) et l’Afrique (-0,1%) sont déficitaires. Les déficits de l’Amérique du Nord et de l’Europe semblent liés
aux effets de la crise économique mondiale qui a favorisé une hausse du prix des ressources énergétiques qui
constituent une grande part de leurs importations. Quant à l’Afrique on pourrait expliquer son déficit surtout
par ses importations de produits manufacturés alors qu’elle exporte majoritairement des matières premières à
faible valeur ajoutée. Concernant les régions excédentaires, leur situation pourrait être liée aux exportations de
ressources énergétiques (Moyen Orient) et à la place de plus en plus importante que tient dans l’économie
mondiale les économies émergentes moins touchées par la crise.

2/ Les documents 1 et 2 montrent que l’économie mondiale est dominée par l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie
qui assurent l’essentiel du commerce international avec un total de 83,8% des exportations et 86,5% des importations.
A coté, les autres régions jouent les seconds rôles. L’Afrique est la région la plus marginalisée puisqu’elle ne
polarisait que 2% des IDE et ne participe que pour 2% au commerce mondial en 2005. Cette tendance semble se
maintenir en 2009 car elle a la part la plus faible dans les échanges (3,2% des exportations et 3,3% des importations).

3/ Le document 2 confirme la marginalisation de l’Afrique dans le commerce mondial puisque les chiffres montrant
son faible rôle dans les échanges semblent maintenus. Toutefois, il note que malgré tout, l’Afrique reste convoitée
pour ses importantes ressources et son poids démographique croissant qui sont des atouts importants pour le continent
en vue d’une plus grande intégration dans les circuits de la mondialisation.

4/La mondialisation est l’objet de débats puisque si les uns la considèrent comme un facteur d’aggravation des
inégalités de développement, d’autres pensent qu’elle est à l’origine du décollage économique des pays émergents.
Donc qu’il ne faut pas la rejeter dans la mesure où elle semble être la seule alternative pour les PED pour se
développer.
CONCLUSION
Il apparait à travers ce commentaire que l’économie mondiale reste dominée par les pôles de la triade. Les documents
2 et 3 semblent anciens. Toutefois les thématiques qu’ils abordent restent d’actualité. Cependant, la tendance est en
train de changer avec le rôle de plus en plus grand que jouent les pays émergents particulièrement l’Asie avec la
montée en flèche de la Chine. Les puissances traditionnelles semblent progressivement reléguées au second plan.

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