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Deploige Simon. L'émancipation des femmes. In: Revue néo-scolastique. 9ᵉ année, n°33, 1902. pp. 53-94;
doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1902.1731
https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1902_num_9_33_1731
I.
1) Ch". Leto urneau, La sociologie d'après l'ethnographie. Paris, 1880, pp. 357-
360 et 379-382.
2) Bebel, Die Frau und der Sozialismus, ICe éd. Stuttgart,, 1881. — Nous rea-
voyons à la traduction française, publiée par Henri Rave, à Paris, en 1891.
3) Epinglons cet échantillon: «Ce qui a progressivement amélioré le sort de la
femme dans ce qu'on est convenu d'appeler le monde chrétien, ce n'est pas le
christianisme, mais bien les progrès que la civilisation a faits en Occident malgré lui» (p. 36).
4) Un socialiste français écrit, non sans malice peut-être : « Le seul, parmi les
socialistes, qui ait eu la véritable pénétration de la femme, de sa situation présente et
surtout de son avenir, c'est Fourier. Or,parler de Fourier, n'est-ce pas revenir à l'Utopie ?»
«L'Utopie»,répond-il,« n'est en somme qne le magasin où puise et doit toujours puiser
le socialisme». Ch. Bonnier, La question de li femme, dans le Devenir social,
troisième année, p. 388. Paris, 1897.
L EMANCIPATION DES FEMMES . OO
1) Voir E. Glas s on, Le mariage civil et le divorce, 2e éd. Paris, 1880. — Cfr.
K. et J. de G on court, Histoire de la société française pendant le Directoire. Paris,
X864. Chapitre IV : « Qu'est-ce que le mariage pour le législateur de la Révolution ? Un
simple commerce .... un acte purement naturel sans rien de civil ou de religieux....
Se plaît-on, on -s'accouple légalement; ne se plaît-on pas, on rompt de façon aussi
légale. La femme \ va de mari en mari, poursuivant le plaisir, indigne du bonheur,
dénouant, renouant et redénouant sa ceinture. La France n'est qu'un vaste lieu de
prostitution.... »
58 S. DEPLOIGE
no 1)duMorizot-Thibault,
16 juillet 1901, p. 195. La femme et le divorce, dans la Réforme sociale de Paris,
2) Voir les très belles considérations de saint Thomas en faveur de l'union monogame
ef indissoluble dans la Summa contra Gentiles, lib. Ill, cap. 123 et 124.
l'émancipation des femmes 59
1) i Aujourd'hui, après dix-huit . siècles, sur les deux continents, depuis l'Oural,
jusqu'aux Montagnes Rocheuses, dans les moujiks russes et les settlers américains, le
christianisme opère comme autrefois dans les artisans de la Galilée, et de la même
façon, de façon à substituer à l'amour de soi l'amour des autres ; ni sa substance
60 S. DEPLOIGE'
ni son emploi n'ont changé ; il est encore pour des millions de créatures humaines,
l'organe spirituel, la grande paire d'ailes, indispensables pour soulever l'homme
au-dessus de lui-même, de sa vie rampante et de ses horizons bornés ; pour le
conduire à travers la patience, la résignation et l'espérance jusqu'à la sérénité ; pour
l'emporter par delà la tempérance, la pureté et la bonté, jusqu'au dévouement et au
sacrifice. Toujours et partout depuis dix-huit cents ans, sitôt que ces ailes défaillent
ou qu'on les* casse, les mœurs publiques et privées se dégradent. En Italie pendant
la Renaissance, en Angleterre sous la Restauration, en France sous la Convention
et le Directoire, on a vu l'homme se faire païen comme au I<"r siècle ; du même coup
il se retrouvait tel qu^au temps d'Auguste et de Tibère, c'est-à-dire voluptueux et
dur ;* il abusait des autres et de lui-même ; l'égoïsme brutal ou calculateur avait
repris l'ascendant ; la cruauté et la sensualité s'étalaient ; la société devenait un
coupe-gorge et un mauvais lieu. ■» Taine, Les origines de la France contemporaine.
Le Régime moderne, t. II, p. 118.
1) P. Bourget, Œuvres complètes, t, I, p. X de la Préface. Paris, Plonr 1899.
2) Louis Proal, Le crime et le suicide passionnels* Paris, 1900, p. 655.
■ • ^EMANCIPATION DES FEMMES 61
en"
des dépit
hommesdu qui
Code,
ne protègent
des femmes
pasqui
leurn'obéissent
femme, il pas
y a à
aussi,
leur
.
si elle a pris des dispositions — dans la mesure où cela est -
en son pouvoir — pour garantir les droits x de l'épouse et
de la mère. C'est un des côtés l) vers lesquels doit se diriger
l'attention de ceux qui ont le souci de protéger légalement
la personne et les biens de la «femme. Est-il établi, que. les •
intérêts de la femme mariée sont sacrifiés et que,
moyennant une révision de la loi ou de la procédure, on pourrait -
mieux les sauvegarder, alors, soit-, qu'on légifère. Telle a
été la pensée du1 législateur belge dans la loi du 10 février
1900 relative à l'épargne de la femme mariée, et dans
plusieurs dispositions de là loi du 10 mars 1900 sur le contrat
du travail.
préface.
1) Ce n'est
Paris,pas1900.
le seul. Vpir d'Haussonville, Salaires et misères de femmes,
l'émancipation des .femmes 65
/
Toutefois « on ne doit guère attendre d'effet de la loi/
pour réprimer les excès d'oppression domestique » (p. 77).
Stuart Mill a raison. - L'efficacité de la loi est limitée ; la
portée de son action, restreinte.. Dans l'ordre de relations
dont il s'agit, la loi peut bien édicter des principes et
formuler des règles ; mais en bien des cas, elle est
impuissante a sanctionner les obligations imposées aux époux.
Les lois ouvrières n'ont produit des résultats utiles que du
jour où l'on a créé l'inspectorat des fabriques et des ateliers.
Pourrait-on songer à organiser L'inspectorat des ménages ?
Évidemment non. Il faut que la loi trouve ici un adjuvant
dans les mœurs. L'éducation morale doit amener les
individus à conformer spontanément leur conduite aux principes
de la loi, à suivre ses règles, à exécuter les obligations
qu'elle énonce.
IL
1] « Dans la théorie moderne, on soutient que les choses où l'individu est senl
directement intéressé, ne vont jamais bien que laissées à sa direction exclusive et
que l'intervention de l'autorité, excepté pour protéger les droits d'autrui, est
pernicieuse. La liberté et la concurrence sont l'unique moyen de faire adopter les
meilleurs procédés et de mettre chaque opération aux mains du plus capable » [p. 37].
« Si l'incapacité d'un individu est réelle, les motif| ordinaires qui dirigent la
conduite des hommes, suffisent en définitive à empêcher l'incapable d'essayer ou de
persister dans sa tentative » [p. 38].
2] « Si à la peine physique de faire des enfants, à toute la responsabilité des soins
qu'ils demandent et de leur éducation dans les premières années, la femme joint
le devoir d'appliquer avec attention et économie au bien général de la famille les
gains du mari, elle prend à sa charge une bonne part et ordinairement la plus forte
part des travaux de corps et d'esprit que demande l'union conjugale. Si elle assume
d'autres charges, elle dépose rarement celles-ci, mais elle ne fait que se mettre
dans l'impossibilité de les bien remjlir. Le soin qu'elle s'est rendue incapable de
prendre des enfants et du ménage, personne ne le prend ; ceux des enfants qui ne
meurent pas grandissent comme ils peuvent, et la direction du ménage est si
mauvaise qu'elle risque d'entraîner plus de pertes que la femme ne fait de gain»
[p. 105].
3] « Nous pouvons être tranquilles sur un point. Ce qui répugne aux femmes, on ne
le leur fera pas faire en leur donnant pleine liberté. L'humanité n'a que faire de se
substituer à la nature, de peur qu'elle ne réussisse pas à atteindre son but. Il est
tout à fait superflu d'interdire aux femmes ce que leur constitution ne leur permet
pas. Si les femmes ont une inclination naturelle plus forte pour une certaine chose
que pour une autre,. il n'est pas besoin de lois ni de pression sociale pour forcer la
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majorité des femmes à faire . la première plutôt que la seconde. Le service des
femmes le plus demandé sera, quel qu'il soit, celui-là même que la liberté de la
concurrence les excitera le plus .vivement à entreprendre; elles seront le plus
demandées pour ce qu'elles sont le plus propres à faire» [p. 58-59].
1] « La femme a le droit de travailler, de diriger son intelligence et ses efforts
dans toutes les sphères et directions de l'activité humaine; d'user, comme il lui plaît,
de ses facultés et de ses aptitudes... Le principe de la science économique qu'il
importe de ne méconnaître jamais et d'affirmer toujours, c'est le principe de la
liberté du travail. Là seulement est la vérité en matière économique. La conséquence
de ce principe est de rendre accessibles à tous, sans aucune distinction, tous les
métiers, toutes les carrières et professions... La réglementation du travail des
femmes majeures est souverainement despotique, cruellement tyrannique... Le droit
de travailler doit être et doit rester le droit le plus sacré, le plus imprescriptible, v.n
droit intangible ». L. Frank, Essai sur la condition politique de la femme,
pp. 209, 212-213, 215. . . • .
L'
ÉMANCIPATION.DES FEMMES 79
p. l)342.
Ch. Darwin, La descendance de l'homme et la sélection sçxueller tome II,
L'ÉMANCIPATION JDES FEMMES 83
1) « La véritable vertu des êtres humains, c'est l'aptitude à vivre ensemble comme
des égaux, sans rien réclamer pour soi que ce qui est accordé librement à tout
autre » [p.' 97].
84 S.
III.
1) Proudhon, Idée générale de la Révolution au XIXe siècle, pp. 140, 124, 149,
235.
2) Kropotkine, L'Anarchie, sa philosophie, son idéal, p; 17. Parisj 1896,
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