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Etudes

Eddy Mwanzo idin’ Aminye


Que dit le Code de la famille
africaines
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de la République Démocratique du Congo ? Série Droit


Commentaire article par article

Jusqu’à ce jour les spécialistes de droit civil des personnes ne se


sont que trop peu intéressés aux articles de la loi portant sur le Code
de la famille de la République démocratique du Congo. Assorti de
commentaires et d’annotations, appuyé souvent par des décisions
récentes des cours et des tribunaux, l’ouvrage répare ce manque
dans le souci de faire connaître les principales modifications
introduites lors de la réforme de 2016 Eddy Mwanzo
o idin’ Aminye
Une présentation thématique expose les modifications majeures

de la République Démocratique du Congo ?


apportées au Code de la famille, mettant en regard ancienne et
nouvelle version. Sont ensuite commentés de manière systématique
les différents articles.
Que dit le Code de la famille

Que dit le Code de la famille


Il s’agit ainsi d’un outil de premier choix pour les chercheurs,
étudiants et praticiens de droit désireux de mieux comprendre le de la République Démocratique du Congo ?
Code de la famille actuel de la République démocratique du Congo.
Commentaire article par article

Le Professeur Eddy MWANZO idin’ AMINYE est Docteur en


droit de l’Université Catholique de Louvain. Depuis 2015, il
est professeur full à l’Université de Kinshasa et enseigne
dans plusieurs universités de la République démocratique
du Congo.

Préface du Professeur Janvier LUZOLO Bambi Lessa

Etudes africaines
Série Droit

ISBN : 978-2-343-17357-3
45 €
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© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-17357-3
EAN : 9782343173573
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Que dit le Code de la famille


de la République Démocratique du Congo ?

Commentaire article par article


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Collection « Études africaines »


dirigée par Denis Pryen et son équipe

Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études


africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux
qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries
thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.

Dernières parutions

Mamadou Diarafa DIALLO, L’hygiène en milieu de soins au Mali, Entre


représentations, normes et pratiques, 2019.
Galedi NZEY, La formation des professeurs du second degré au Gabon (1971-
2010), 2019.
Olivier FANDJIP, Le temps dans le contentieux administratif. Essai d’analyse
comparative des droits français et des États d’Afrique francophone, 2019.
Olivier FANDJIP, Les mutations récentes de la justice administrative en Afrique
francophone. Étude critique à partir du modèle camerounais, 2019.
Placide MALUNG’MPER AKPANABI, L’éducation aux valeurs chez les Ding
orientaux en RDC, De 1885 à nos jours, tome 1, 2 et 3, 2019.
Jérôme TOUNG-NZUE, Réalités du pouvoir au Gabon et fondements du blocage
sociopolitique, 2019.
NIAMKEY-KOFFI, Révolution et liberté, 2019.
Maurel Sosthène ONOMO ETABA, Coopération internationale et terrorisme en
Afrique, L’expérience africaine du droit de poursuite terrestre, 2019.
Jean OTEMIKONGO MANDEFU YAHISULE, La gouvernance universitaire au
Congo-Kinshasa, 2019.
Emmanuel KASONGO MUNGONGO, La gouvernance des entités territoriales
décentralisées, Défis et enjeux de la gestion des finances publiques communales à
Kinshasa, 2019.
Paul AKOGNI, Arthur VIDO et Didier Marcel HOUÉNOUDÉ (dir.), Le patrimoine
historique au service du développement du Bénin, 2019.
Marie Rose BANGOURA, Gestion des déchets solides ménagers et ségrégation socio-
spatiale dans la ville de Conakry, 2019.
Ayrton AUBRY, Le G5 Sahel, Le Nouveau Régionalisme Sécuritaire en Afrique du
Nord-Ouest, 2019.
Jules Maps BAGALWA MAPATANO (dir.), La décentralisation en Afrique au début
du XXIe siècle, Réflexions à partir de l’expérience congolaise récente, 2019.
Pascasie MINANI PASSY, Burundi : Les relations interethniques et intra-ethniques. Et
la réconciliation ?, 2019.
Yaovi AKAKPO, Le technocolonialisme, Agir sous une tension essentielle, 2019.
Célestin TAGOU, Démocratie rotative et élections présidentielles en Afrique,
Transcendance et transformation politique des conflits ethnopolitiques dans les sociétés
plurielles, 2018.
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Eddy MWANZO idin’ AMINYE

Que dit le Code de la famille


de la République Démocratique du Congo ?

Commentaire article par article

Préface du Professeur
Janvier LUZOLO Bambi Lessa

Avec la collaboration des Chefs de Travaux


Eric KATUSELE BAYONGI et Théodore KATEMBO ZAWADI
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Du même Auteur

• « L’OUA et la protection des réfugiés en Afrique », in Cahiers Africains des


Droits de l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC), 1999.
• « La renonciation au droit à la vie ou la problématique de l’euthanasie en droit
comparé », in Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie
(CRIDHAC), 15ème année, n°032, vol. I, juillet-septembre 2011, pp. 31-70.
• « Le divorce mixte en droit international privé congolais », in Cahiers Africains
des Droits de l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC), 15ème année n°033, vol.
I, octobre-décembre 2011, pp. 15-29.
• « De l’ (in) effectivité des garanties légales reconnues à la femme mariée en cas
de dissolution du régime matrimonial légal en droit congolais », in Cahiers
Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC), 15ème année
n°033, vol. I, octobre-décembre 2011, pp. 31-56.
• « Existe-t-il un droit à la nationalité ? », in Cahiers Africains des Droits de
l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC), 15ème année n°033, vol. I, octobre-
décembre 2011, pp. 57-74.
• Guide pratique des méthodes, notes des références et bibliographiques ainsi que
des autres règles usitées dans un travail de fin d’études en droit, dépôt légal,
2013.
• « Le Code de la famille de la République démocratique du Congo consacre une
conception incohérente et ambivalente de l’incapacité de la femme mariée », in
Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC),
17ème année n°041, vol. I, octobre-décembre 2013, pp. 149-176.
• « Le passeport diplomatique congolais : un passeport exagérément vénéré ? », in
Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie (CRIDHAC),
18ème année n°042, vol. I, janvier-mars 2014, pp. 111-120.
• « Pesanteurs socioculturels et réception de la loi comme obstacles à l’égalité des
sexes dans la société congolaise », in Cahiers Africains des Droits de l’Homme
et de la Démocratie (CRIDHAC), 22ème année n°060, vol. II, juillet-septembre
2018, pp. 25-44.
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A la mémoire du Professeur Kapeta Nzovu wa Ilunga, de ma défunte


mère Véronique Mbonze Mangala et de Françoise Mbonda ;
A tous mes étudiants de la Faculté de Droit de l’Université Catholique de
Bukavu, de l’Université de Goma, de l’Université Libre de Kinshasa et de
l’Université de Kinshasa.
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PREFACE

L e droit civil qui s’intéresse aux questions relatives au statut et à la


capacité des personnes ainsi qu’aux relations de la famille
connaît une reconfiguration en République démocratique du
Congo depuis la promulgation, par le Chef de l’Etat, de la loi n°16/008 du 15
juillet 2016. Cette loi porte modification et complément de la loi n°87-010
du 1er août 1987 portant Code de la famille. Cette dernière a régi les mêmes
questions précitées pendant plus ou moins 28 ans depuis son entrée en
vigueur et s’est trouvée dépassée par les événements sur certains aspects.
Le Gouvernement, par la présentation d’un projet de loi, a initié la
réforme de la loi dans ce domaine qui touche la cellule de base de la société
congolaise. Les motivations énoncées dans l’exposé des motifs de la loi
n°16/008 du 15 juillet 2016 portant modification et complément du Code de
la famille font état du désir du législateur de vouloir se conformer aux
engagements internationaux tels qu’exprimés dans les instruments juridiques
internationaux auxquels le Constituant avait exprimé son attachement. Les
recommandations des instances internationales n’ont pas cessé d’être
adressées à la République démocratique du Congo à diverses occasions sur
cette question.
Le Professeur Eddy Mwanzo et son équipe ont été bien inspirés de
concevoir un document qui se veut un guide dans ce champ des
modifications mais qui va plus loin car il se veut être également un recueil
de commentaires de toutes les dispositions du Code de la famille de la
République démocratique du Congo, parfois appuyées de la jurisprudence de
nos cours et tribunaux.
L’ouvrage qu’il m’a été généreusement demandé de préfacer se fixe ainsi
pour objectif de commenter la loi précitée, d’expliquer les différents articles
de la loi portant Code de la famille et surtout de faire connaître les
principales modifications introduites lors de la réforme de 2016 en les
présentant sous deux points principaux. Dans un premier temps, une
présentation thématique est faite qui commente et reprend sous divers titres
les modifications et compléments majeurs apportés au Code de la famille. Le
Code de la famille est, là, passé en revue dans ses dispositions tant passées
qu’actuelles en ressortissant les points d’évolution et les points d’inflexions
sur lesquels le lecteur fera attention. Sont alors analysés les modifications et
compléments partant du premier au dernier article retouché en les
confrontant avec ceux non retouchés. Les analyses sont regroupées sous
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différents aspects relatifs à l’identification de la personne, à la capacité, au


gouvernement de la personne du mineur, au mariage, aux rapports entre
conjoints, aux conflits conjugaux, aux effets patrimoniaux du mariage, à la
filiation, à l’adoption, aux successions, à la compétence des juridictions, aux
infractions, aux dispositions touchant le droit international privé, à celles
justifiées par l’harmonisation des textes et à celles abrogées. Dans un second
temps, il est commenté tous les articles du Code de la famille, y compris les
nouveaux articles introduits lors de la réforme précitée. S’agissant
particulièrement des articles modifiés et/ou complétés, ils sont présentés
séparément avec leur ancienne formulation tout en comportant des
commentaires explicatifs succincts.
L’ouvrage dont présentation est rédigé de manière à permettre de pénétrer
l’information la plus réfléchie et fouillée que nous proposent le Professeur
Eddy Mwanzo et son équipe. Cet ouvrage tombe bien dans le champ de son
expertise consolidée par les réflexions produites dans le domaine lesquelles
ont été parfois éprouvées à l’occasion de différents enseignements dispensés
par lui dans tous les coins de la République.
L’on peut noter que la modification consacre des avancées majeures sur
le plan de l’égalité entre l’homme et la femme dans le domaine de la vie
sociale en ayant supprimée l’institution d’autorisation maritale souvent
décriée par la majorité de la doctrine et la société civile. A lire le contenu de
cet ouvrage, l’on découvre sans difficulté que le législateur demeure
équilibré puisqu’en recherchant l’égalité entre l’homme et la femme, il ne
pousse pas la logique trop loin mais adopte plutôt une solution qui ne
s’écarte pas beaucoup des réalités congolaises. En effet, le législateur évite
tout risque d’affrontement en obligeant les époux à collaborer ensemble au
lieu de se positionner dans une situation de confrontation. Il législateur opère
ainsi un choix entre l’abrogation complète, le changement intégral de notre
conception des rapports conjugaux et la modération sans précipitations.
C’est ainsi qu’à la place du vide, il oblige les époux à s’accorder pour tous
les actes juridiques qu’ils concluent ; à la place d’une autorité maritale
illimitée, il choisit d’imposer au mari la concertation avec son épouse ; à la
place d’une intervention directe du juge dans les affaires de famille, il choisit
une conciliation préalable.
Au-delà du caractère modéré des choix opérés par le législateur, il y a
lieu de mentionner les innovations qu’il introduit en réglementant
différemment certaines questions pouvant être controversées. Il en est ainsi
particulièrement de la question d’adoption des enfants mineurs congolais. Le
législateur se montre prudent en faisant de l’adoption une institution de
dernière instance et une solution ultime à la situation des enfants mineurs
pour lesquels les autres mesures de placement devraient être exploitées avant
d’en arriver à la décision judiciaire d’adoption. Le législateur se montre
particulièrement prudent en ce qui concerne l’adoption internationale des
enfants mineurs congolais par des étrangers. Il exige particulièrement que

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l’adoptant doit être légalement marié et cohabiter avec un conjoint de sexe


différent. Il exige en outre qu’il doit exister une convention internationale
entre la République démocratique du Congo et le pays des parents adoptants.
L’on comprend facilement que le législateur voudrait qu’il soit pourvu un
cadre familial à l’enfant mineur congolais adopté et il voudrait se donner les
moyens de suivre la situation de cet enfant dans le pays où il est adopté.
L’auteur de cet ouvrage et son équipe ne s’arrêtent pas à présenter ces
aspects positifs ; ils en exposent d’autres. Bien plus, les faiblesses sont
également relevées ; ce qui témoignent du caractère humain de l’œuvre qui a
été produite par le Parlement de notre cher pays. Cet état de chose permet
aux praticiens de saisir une occasion d’infléchir les dispositions à problèmes
en jouant un rôle interprétatif qui devra rendre le Code de la famille un
instrument vivant et non statique. Et bien qu’expert du domaine, le
Professeur Eddy Mwanzo n’est malheureusement pas investi du pouvoir de
légiférer en adoptant ce qu’il a toujours proposé au cours de ses différents
enseignements quelque savamment qu’ils aient été dispensés. La pensée
scientifique ne se taisant pas alors au constat de cette situation mais
s’exprimant par l’écrit, il se livre modestement au lecteur dans cet ouvrage.
Il me revient de constater qu’il est rare, dans notre système juridique,
qu’une loi soit commentée au lendemain de sa promulgation. Le Professeur
Eddy Mwanzo se donne ici la tâche ineffable de procéder à un délicat
exercice : celui de présenter, analyser et critiquer une œuvre grandiose du
législateur afin de tenter d’en dégager les forces et faiblesses ayant sans
doute échappé à l’attention du codifiant. Il appartient au lecteur de tirer son
épingle du jeu et de participer à la diffusion de cette loi qui fera sans doute
son chemin.
J’ose croire que les lignes qui suivent rendent justice aux écrits qui
suivent.

LUZOLO BAMBI Lessa


Professeur Ordinaire.
Ministre Honoraire de la Justice et des droits humains.
Conseiller spécial du Chef de l’Etat

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AVANT-PROPOS

C
onfrontés au lendemain de l’indépendance au choix entre
‘‘modernité’’ et ‘‘tradition’’, entre ‘‘loi’’ et ‘‘coutume’’, les
législateurs africains ont dans l’ensemble opté pour la loi parce
que celle-ci leur apparaissait comme l’instrument privilégié pour imposer, ou
tout au moins épauler, l’action générale en faveur du développement et
réaliser notamment l’unité nationale et la croissance économique. C’est en
cela que l’on a pu parler d’un ‘‘droit du développement ’’1.
Dans l’élaboration du droit de la famille, le problème qui s’est posé au
législateur congolais a été celui de la source d’inspiration qu’il lui fallait
choisir. Dans ce contexte qui était celui du Congo lors de l’élaboration de
l’actuel Code de la famille, deux solutions étaient concevables : - la première
consistait à copier purement et simplement une législation étrangère, belge
ou française par exemple ; - la seconde consistait à s’inspirer des systèmes
juridiques d’origine traditionnelle : ceux-ci étaient matérialisés par les
coutumes dont on pouvait envisager une codification.
La première solution consistant à recourir à une législation étrangère,
précisément celle de l’époque coloniale, comme modèle de la codification, à
l’instar de la position adoptée par certains législateurs africains du droit de la
famille, devait être exclue2. Une raison semblait justifier le rejet du droit

1
C.DESOUCHES, Résumé des débats. Actes du colloque de la Sorbonne : ‘‘la vie du droit en
Afrique’’, in Dynamiques et finalités des droits africains, Economia, 1980, p. 501.
2
Après l’indépendance, certains Etats africains, devenus indépendants, ont rejeté purement et
simplement les droits traditionnels rendus, selon eux, responsables du sous-développement
et ont considéré que la coutume ne mérite pas le respect parce qu’elle est ‘‘la cause du
niveau extrêmement bas où est restée la société africaine’’. (R. DAVID, ‘‘La réforme du
Code civil dans les Etats africains’’, Penant, 1962, spéc. p. 353).
Ainsi, par exemple, le législateur ivoirien, se démarquant des coutumes locales, a adopté,
dans les dix lois civiles du 7 octobre 1964, une conception du droit des personnes et de la
famille essentiellement inspirée du droit français. Ces lois, relatives au droit des personnes
et de la famille, ont été complétées par une loi postérieure, celle du 3 août 1970. En dehors
de ces lois nouvelles, quelques dispositions du Code civil français antérieures à la réforme
française de 1968 sur les incapables majeurs (V. les articles 488-515 du Code civil français
antérieurs à la réforme française de 1968 sur les incapables majeurs) régissent encore
certaines matières du droit des personnes et de la famille tels que la protection des majeurs
incapables ou le régime juridique de l’absence (V. art.112 et suiv. du Code civil français
dans la rédaction issue du décret du 15 mars 1803). Une telle attitude consistant à rejeter
purement et simplement les droits traditionnels est cependant excessive et R. DAVID qui ne
reconnaissait pas à la coutume éthiopienne le caractère de règle de droit, ne concevait pas
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belge comme modèle de la codification congolaise. N’était-il pas paradoxal


que le Congo, devenu indépendant, continue à régir la matière de la famille
par des textes à la rédaction desquels il n’a jamais participé et qui surtout
n’avaient pas été rédigés pour régler les problèmes spécifiques susceptibles
de se poser dans la colonie ?
En revanche, la seconde voie consistant à s’inspirer des systèmes
juridiques d’origine traditionnelle semblait tentante pour la simple raison
suivante : en codifiant les coutumes, ou en faisant du droit coutumier la
source d’inspiration principale du nouveau droit familial, on pouvait penser
que les justiciables seraient alors plus facilement enclins à respecter les
règles adoptées, celles-ci répondant plus directement à leurs aspirations que
les règles du droit occidental élaborées pour des mentalités différentes. En
un mot, une telle solution permettrait d’assurer une parfaite adéquation entre
la règle de droit et les sujets de droit. Ainsi, évitait-on de créer un problème
‘‘d’acculturation juridique’’3.
Le législateur du Code de la famille n’a pas complètement opté pour cette
seconde voie. On pourra alors se poser la question de savoir pourquoi ce
Code n’est ni une compilation ni une codification des coutumes. La coutume
traditionnelle présentait trop d’inconvénients pour qu’elle puisse servir de
base unique à la législation nouvelle. Plus précisément, les caractéristiques
du droit coutumier sont en contradiction avec la motivation de la réforme.
Elle est un droit d’origine tribale, fondé sur des divisions ethniques : chaque
ethnie, sinon chaque fraction d’ethnie a sa coutume qui lui est propre4. Parmi
les diverses coutumes en vigueur5, il était ainsi inconcevable que l’une
d’entre elles fut élevée au rang de loi plutôt que celle d’une autre ethnie, car

que la codification fût sans rapport avec la coutume ; ce qu’il faut éviter, selon lui, c’est de
‘‘ mettre au premier plan, dans une codification, la préoccupation de respecter les coutumes,
mais si une solution coutumière est juste il ne faut pas la rejeter.’’ (R. DAVID, article
précité, p. 354).
3
A ce propos, voy. les développements de J. CARBONNIER, in Sociologie juridique, pp.166
et suiv., collection U, Série sociologie juridique, 1972. Voir aussi ALLIOT,
M., ‘‘L’acculturation juridique’’, in Ethnologie générale, p.118 ; R. DAVID, Les grands
systèmes de droit contemporain, n° 520, précis Dalloz, 4ème éd , 1971.
4
Voir à ce sujet, par exemple, les réflexions de R. DAVID sur la réforme du Code civil
éthiopien : ‘‘La refonte du Code civil dans les Etats africains’’, Annales africaines, 1962,
p.160 et suiv. spéc. p. 160.
5
La population du Congo est estimée aujourd’hui à 85. 670.745 habitants d’origine ethnique
différente : près de 450 tribus (Source : Le Département des affaires économiques et
sociales des Nations Unies. www. esa.un.org/unpd. Estimation au 24 octobre 2018).
Quoique le quart de la population soit composé des Bantous, on trouve aussi des sous-
groupes de populations soudanaises (Ngbaka, Ngbandi, Zandé) et nilotiques. Il y a en outre
le groupe des pygmées (Voy. I. NDAYWEL E NZIEM, Histoire du Congo. De l’ancien
héritage à la République démocratique, Afrique éditions, De Boeck et Larcier, 1998, p.
254.). La coutume y diffère souvent d’ethnie à ethnie, de tribu à tribu, voire de village à
village.

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tous les individus dont la coutume n’aurait pas été choisie n’auraient pas
manqué d’y voir un signe de faveur.
On nous objectera que nous posons mal le problème : le législateur
congolais pouvait puiser dans le droit traditionnel des principes communs à
toutes les ethnies et faire ainsi œuvre utile de transaction. Sans doute existe-
t-il des analogies entre les coutumes congolaises6 et, bien souvent, les
différences entre ces coutumes ne sont pas aussi profondes qu’on pourrait le
croire7. Mais un système juridique peut-il se bâtir en se référant à des points
des détails similaires ? Si des grands principes ne se retrouvent pas à travers
l’ensemble des systèmes, toute tentative d’unification devra, ou bien sacrifier
les particularismes trop marqués, ou bien n’être qu’une tentative.
Deux arguments laissent convaincre que le droit traditionnel ne pouvait
être pris comme modèle de la nouvelle législation. Tout d’abord, à la suite de
M. ALLIOT, nous estimons que ‘‘le droit traditionnel refuse des opérations
et des institutions qui font apparaître à un moment donné une modification
de la situation juridique… Il apparaît donc comme un effort pour nier le
temps, principalement dans son aspect créateur’’8. L’idée maîtresse du droit
coutumier est qu’il faut éviter tout changement dans l’organisation sociale9.
Aussi, le droit traditionnel, matérialisé par la coutume, présente-il deux
inconvénients majeurs : il se veut résolument contre tout changement, ce qui
le rend inadapté au développement ; il ne comporte qu’une fixité et une
certitude très relatives, dans la mesure où l’interprétation sera déformante,
chaque fois que le maintien de la cohésion sociale l’exigera.
Faut-il en déduire que la coutume est absente dans le nouveau Code de la
famille ?
Absolument pas ! La Commission10 chargée de l’élaboration de ce Code a
considéré qu’il fallait réaliser dans le domaine du droit de la famille une

6
M. VANSINA souligne très nettement cette unité fondamentale des coutumes congolaises
lorsqu’il affirme : ‘‘ les cultures du Congo se ressemblent fortement quand on les compare
aux autres cultures africaines et encore plus si on les compare aux autres cultures du
monde’’. V. Introduction à l’Ethnographie du Congo, EUC, Kinshasa, 1966, préface, p. 5.
7
En matière de mariage par exemple, toutes les coutumes congolaises retiennent le versement
de la dot parmi les conditions de fond du mariage. ‘‘Pas de mariage sans payement de dot’’.
Cette condition a été également retenue par le législateur du nouveau Code de la famille en
son article 361, al. 1er.
8
J. POIRIER (sous la dir.), ‘‘Les résistances traditionnelles au droit moderne dans les Etats
francophones et à Madagascar’’ in Etudes de droit africain et de droit malgache, Ouvrage
collectif, Editions Cujas, 1965, pp. 236 et suiv., spéc. p. 237.
9
R. DAVID, op.cit, Annales africaines, 1962, p. 162.
10
Depuis l’année 1968, le Congo a entamé l’unification de son droit en mettant fin à la
dichotomie des organes judiciaires (O.L. n° 68/248 du 12 juin 1968 portant Code de
l’organisation et de la compétence judiciaires, M.C., 1968, p.1343). Le Législateur
congolais créa ainsi la même année les tribunaux de paix qui devaient remplacer les
tribunaux coutumiers, dans les trois ans, en milieu urbain et dans les dix ans en milieu
rural. Toujours dans ce processus d’unification, il a créé, par la loi n° 71-002 du 12 juin
1971, une Commission de réforme et d’unification de droit civil congolais (M.C., 1971,

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véritable réforme de structure. Elle a posé comme principe le maintien de


certaines règles coutumières susceptibles d’être conservées et aménagées.
Aussi le Code de la famille se présente-t-il comme un code moderne de droit
écrit, adapté aux mœurs et à la mentalité congolaise. L’exposé des motifs de
ce Code est d’ailleurs on ne peut plus explicite à ce sujet : ‘‘ La protection
efficace de la famille, appelle nécessairement l‘abandon de la diversité des
règles juridiques auxquelles elle est actuellement soumise du fait de
l’existence d’un droit écrit colonial d’un côté et de la multiplicité des
coutumes de l’autre. C’est pourquoi, le législateur a tenu à mettre sur pied
des règles qui régissent la famille, en conformité non seulement avec
l’authenticité congolaise mais aussi avec les exigences d’une société
moderne’’11. Les membres de la Commission ont donc fait l’effort d’adapter
l’œuvre de codification aux exigences de la vie moderne et aux impératifs du
développement, sans pour autant sacrifier l’africanité et l’originalité
congolaise.
Ainsi, si l’on envisage l’ensemble du Code de la famille, on peut
aisément constater que l’idée dominante est la foi dans le modernisme, d’où
un Code de présentation résolument moderne et dans lequel on retrouve
l’ensemble des principes qui sont supposés assurer le développement ; mais
il n’en demeure pas moins, comme nous l’avons souligné précédemment,
que le poids du passé inspire certaines dispositions de ce Code. Ainsi, au
triomphe apparent du modernisme répond comme un écho la résistance de la
tradition12.
Cependant, si le Code de la famille n’a pas rompu explicitement avec la
tradition, il s'en éloigne profondément : l'abolition de la polygamie, le
remplacement de la répudiation par le divorce judiciaire que les deux époux
ont également la possibilité de réclamer, la suppression de l'institution du
sororat ou du lévirat... Mais, dans d'autres domaines, et non des moindres
puisqu'ils touchent au statut de la femme et à l'égalité des époux dans le

p.8). Il s’agit d’une commission de spécialistes de droit écrit et de droit coutumier qui devait
permettre au Gouvernement, à l’issue de ses travaux, de déposer devant le Bureau du
Conseil législatif national (Parlement) un projet de loi relatif à la réforme et à l’unification
du droit congolais. Depuis la loi n° 76-017 du 15 juin 1976, la Commission de réforme
s’appelle Commission permanente de réforme du droit congolais (J.O., 1976, p. 791).
11
Exposé des motifs de la loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant Code de la famille, p. 7.
12
Le législateur a maintenu dans des nombreuses dispositions du Code de la famille le renvoi
à la coutume consacrant ainsi la dualité juridique qu’il était appelé à supprimer. Il consacre
ainsi par exemple l’institution de la dot longtemps ancrée dans les esprits et dans les
mœurs (art. 361 à 367). A l’article 362, le Code prévoit que la coutume applicable au
mariage détermine les débiteurs et les créanciers de la dot, sa consistance et son montant,
pour autant qu’elle soit conforme à l’ordre public et à la loi). Le Code maintient en outre la
conception congolaise de la famille, supposant la coexistence de la petite famille composée
des époux et leurs enfants et la grande famille regroupant les autres parents par le sang,
d’une part et d’autre part, en prévoyant à côté du mariage devant l’officier de l’état civil, la
célébration du mariage en famille selon les formalités prescrites par les coutumes (art. 368
et suiv). Les exemples abondent…

16
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mariage, le législateur n’a pas voulu s'écarter de la tradition. L’incapacité de


la femme y était affirmée et consacrée dans des nombreuses dispositions et,
dans plusieurs domaines, le Code de la famille consacrait, sans ambigüité, le
privilège de masculinité.
Or, plus de deux décennies après l’entrée en vigueur du Code de la
famille, et sous la pression des nécessités sociales et économiques actuelles,
la situation de la femme congolaise a évolué et semblait ne plus cadrer avec
la position adoptée par le législateur. On assiste peu à peu à une remise en
cause ‘‘des contraintes traditionnelles…qui pèsent de manière spécifique ou
préférentielle sur les femmes’’13. Ces dernières travaillent de plus en plus en
dehors du foyer, ce qui entraine évidemment de profonds changements dans
leur vie.
Nul ne doute aujourd’hui de l’évolution de la condition de la femme au
Congo par rapport à ce qu'elle était il y a une trentaine d'années. Le
changement de mentalité est amorcé, et l’on peut même dire que les
comportements évoluent. La société congolaise s’ouvre et l’association
conjugale se métamorphose. Même si ces changements ne sont pas rapides
ni effectifs, il y a lieu de reconnaitre que la société accepte de plus en plus
les changements qui s’amorcent. ‘‘Au niveau individuel un nombre croissant
de femmes congolaises apprécie la perspective d’une plus grande liberté de
mouvement dans la conduite de leur vie ainsi que dans leurs relations
familiales et sociales.’’14
Dans une étude sur la situation de la femme en Afrique, l’Unicef constate
d’ailleurs qu’actuellement ‘‘les femmes constituent un pilier fondamental
dans les sociétés et les économies d’Afrique de l’Ouest et du Centre, à
travers les rôles importants qu’elles assument dans la sphère domestique et
communautaire, ainsi que dans la sphère productive, singulièrement dans le
secteur informel où elles sont particulièrement dynamiques et
prépondérantes.15’’ Les femmes remplissent, ainsi, tant sur le plan social que
sur le plan familial, des fonctions traditionnellement réservées aux hommes ;
elles sont devenues, au même rang que leurs partenaires masculins,
responsables de la subsistance et du maintien de la famille.
Il y a lieu de noter aussi l’importance que revêt le combat pour
l’amélioration de la condition féminine dans tous les domaines au sein des
organismes internationaux. Même si les discriminations dont peuvent
souffrir les femmes ne sont pas toutes éliminées, l’égalité entre les sexes
s’impose de plus en plus comme une exigence fondamentale et les
Congolaises, à l’instar des femmes d’autres pays africains, s’inspirent de ce
principe pour revendiquer l’amélioration de leur condition.
13
R. MALU MUSUAMBA, ‘‘Le travail des femmes en République démocratique du Congo :
exploitation ou promesse d’autonomie ?’’ in Congo Forum, mars 2006, p. 43.
14
Ibidem.
15
Unicef, Analyse de la situation de la femme en Afrique de l’Ouest et du Centre, Ceprass,
Abidjan, septembre 2000, p. 15.

17
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La question-clé qui s’est posée dès lors est donc la suivante : le droit
congolais de la famille doit-il continuer à ignorer indéfiniment le
mouvement en faveur de l’égalité de sexes qui se manifeste dans des
nombreux domaines - parfois influents – de la société ? N’y avait-t-il pas
nécessité – au regard de l’évolution actuelle des mœurs - de revoir le statut
juridique de la femme dans le Code de la famille ? L’égalité des époux ne
devrait-elle pas désormais commander les rapports des époux ?
A ce propos, observons que le cadre socio-juridique dans lequel ce Code
a été rédigé il y a plus de trente ans, voire le contexte social dans lequel les
enquêtes qui ont conduit à son élaboration ne sont plus le même que celui
d’aujourd’hui. La société et les mœurs ont évolué. Il a fallu donc modifier
les dispositions légales qui réglementent actuellement les rapports des époux
et le statut de la femme en général et de la femme mariée en particulier.
C’est ce qui a justifié la modification de la loi de 1987 portant Code de la
famille en 2016.
Disons à la suite de GONIDEC que ‘‘seule l’expérience démontrera si
réellement la législation porteuse d’avenir, est capable d’être un instrument
de transformation de sociétés demeurées relativement closes et archaïques. Il
est probable que, pendant un certain temps encore, il y aura un décalage
important entre le droit théorique et idéal voulu par le législateur et le droit
réellement appliqué ; d’où la nécessité pour les juristes africains d’être
également des sociologues capables de rapprocher le droit légiféré et le droit
vécu’’16. Dans un pays comme le Congo confronté à des nombreuses
difficultés socio-économiques et l’ancrage aux traditions sexistes, c’est
finalement par la sensibilisation aux avantages des rapports égalitaires des
sexes qu’il est possible d’espérer une meilleure application du droit de la
famille, même reformé.
Nous ne pouvons clore ces lignes sans remercier tout particulièrement les
professeurs Wane Bameme, Ndomba Kabeya, Jean Paul Ségihobe et tous
nos amis et collaborateurs de la Chaire de droit familial et de son patrimoine
de l’Université de Goma. Nous sommes particulièrement reconnaissant à
l’endroit de la ministre honoraire de la Fonction Publique Charlotte Twamba
Andjelani et du professeur Placide Makwa. C’est aussi l’occasion de
remercier le Gouverneur honoraire de l’Equateur, Jean-Claude Baende Etafe
Eliko, pour ses amitiés. Par leurs réflexions, leurs argumentaires, et leurs
interrogations, ils nous ont aidé à l’élaboration de cet ouvrage, dans un esprit
de recherche, de synthèse et de prospective.

16
P.-F. GONIDEC, Les droits africains, évolution et sources, 2ème éd., t.1, LGDJ, Paris, 1976,
p. 285.

18
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Enfin, nous offrons ce travail à notre épouse Ruth Efoya, à Trecylle,


Harlem, Grace, Dan et Préfina Mwanzo et à tous ceux qui nous ont entourés
de leur chaleur, de leur disponibilité, de leur encouragement tout au long de
ces mois de travail.

Professeur Eddy MWANZO idin’AMINYE

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DOCTRINE
Présentation synthétique et thématique
des principales modifications introduites
par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016 modifiant et
complétant la loi n°87-010 du 1er août 1987 portant Code
de la famille

I. A propos du livre 1er du Code de la famille relatif à la nationalité


congolaise
A. La loi sur la nationalité congolaise constitue le 1ivre 1er du Code
de la famille, dixit l’article 932 CF.
Depuis la création de l’Etat indépendant du Congo jusqu’à ce jour, la
nationalité congolaise a successivement été réglementée par plusieurs textes
juridiques :
Avant l’indépendance. S’agissant de la législation sur la nationalité
avant l’indépendance, il sied de retenir les textes suivants :
 Le décret du 27 décembre 1892 qui régit pour la première fois la matière
de la nationalité au Congo ;
 L’arrêté du secrétaire d’Etat du 9 mars 1901 relatif à la naturalisation qui,
malgré son caractère réglementaire traite d’une matière relevant
normalement de la loi ;
 Le décret du 21 juin 1904 relatif à la nationalité des indigènes congolais
qui, à la différence du décret du 27 décembre 1892, ne traite que de la
nationalité des autochtones dit ‘‘indigènes congolais’’ et consacre, pour
la première fois, le principe de la double nationalité au Congo.
Sous la première République. La loi fondamentale de 19 mai 1960, qui
est une loi belge parce que votée et adoptée par le parlement belge, confiée
au Congo pour sa gouvernance, ne contient pas des dispositions relatives à la
nationalité congolaise. Pourtant, s’agissant de la nationalité, la Table ronde
avait déclaré dans sa résolution n° 2 relative à l’organisation de l’Etat du
Congo que ‘‘1. Le Congo, dans ses frontières actuelles, constitue, à partir du
30 juin prochain, un Etat indépendant dont les habitants auront aux
conditions que la loi déterminera une même nationalité, sur le territoire
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duquel ils pourront se déplacer et s’établir librement et où les marchandises


aussi pourront circuler sans entrave’’17.
Après l’indépendance, le premier texte qui fait référence à la nationalité
est l’article 6 de la Constitution du 1er août 1964 dite de Luluabourg qui
dispose: ‘‘La nationalité congolaise est attribuée à la date du 30 juin 1960, à
toute personne dont l’un des ascendants est, ou a été, membre d’une tribu ou
d’une partie de tribu établie sur le territoire congolais avant le 18 octobre
1908.’’
Il y a ensuite le décret-loi du 13 mars 1965 relatif à la déclaration
d’acquisition de la nationalité congolaise qui constitue le premier texte pris
par le législateur congolais en exécution de l’article 6 al. 3 de la Constitution
du 1 er aout 1964. Il sort ses effets au 30 juin 1960. Il y a lieu de citer aussi
le décret-loi du 18 septembre 1965 portant loi organique relative à la
nationalité congolaise. Ce décret se distingue des textes précédents en ce
qu’il aborde tous les aspects relatifs à la nationalité congolaise. Ce texte
abroge celui du 27 décembre 1892 pris en application des articles 6 et 7 de la
Constitution de 1964.
Sous la deuxième République. La Constitution de 1967, en son article
46, réserve à la loi, la fixation des règles concernant la nationalité. Il y a
aussi l’ordonnance-loi n°68-259 du 10 juillet 1968 qui complète l’article 39
du décret-loi du 18 septembre 1965 précité en étendant la compétence de
délivrer le certificat de nationalité, jusqu’alors réservée au seul ministre de la
justice, à un ou plusieurs fonctionnaires du ministère ayant au moins le rang
de directeur.
Il y a lieu de citer aussi l’Ordonnance-loi n° 71-020 du 26 mars 1971
relative à l’acquisition de la nationalité congolaise par les personnes
originaires du Ruanda-Urundi dont son article unique dispose ce qui suit :
‘‘les personnes originaires du Ruanda-Urundi établies au Congo à la date du
30 juin 1960 sont réputées avoir acquis la nationalité congolaise à la date
susdite’’.
Le 5 janvier 1972, le Parlement a voté une autre loi sur la nationalité
congolaise18 qui réaffirmait avant tout le principe de la Constitution de
Luluabourg selon lequel est Congolais à la date du 30 juin 1960 l’individu
dont un des ascendants est ou a été membre d’une des tribus établies sur le
territoire de la République dans ses limites de 1908, en tenant toutefois
compte des modifications intervenues dans les traités sur les frontières.
L’article 47 de cette loi a déclaré nulle et non avenue l’ordonnance-loi
présidentielle n° 71-020 du 26 mars 1971 alors que les dispositions de son

17
Voir la Résolution n° 11 de la Conférence de la Table ronde politique relative au régime
électoral, in Chronique de politique étrangère, vol. XIII, n° 4 à 6, juillet-Novembre 1960, La
crise congolaise, 1er janvier 1960, Bruxelles, Institut royal des relations internationales,
p.492.
18
Loi n° 72-002 du 5 janvier 1972 relative à la nationalité zaïroise, in Journal officiel de la
République du Zaïre, n° 2 du 15 janvier 1972, pp. 43-49.

22
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article 15 reprenaient les débats d’avant l’indépendance en ces termes ‘‘Les


personnes originaires du Ruanda-Urundi qui étaient établies dans la province
du Kivu avant le 1er janvier 1950 et qui ont continué à résider depuis lors
dans la République du Zaïre jusqu’à l’entrée en vigueur de la présente loi ont
acquis la nationalité zaïroise à la date du 30 juin 1960’’.
Cette loi n’a pas manqué d’engendrer une recrudescence des tensions
dans la région de Masisi peuplée majoritairement de Banyarwanda surtout
que sa promulgation avait coïncidé avec les mesures de zaïrianisation19
décrétées par Kinshasa, lesquelles au Kivu profiteront, selon certains
auteurs, essentiellement aux Banyarwanda20. Plusieurs commentaires ont été
faits au sujet de cette loi notamment le fait que, d’une part, elle excluait de la
nationalité zaïroise l’ensemble des réfugiés Tutsi rwandais venus au Congo
en 1959 et d’autre part, elle introduisait une discrimination parmi les
populations transplantées par l’autorité coloniale.
A la création du Comité central du MPR, parti-Etat, en 1980, la
désignation de certains membres dans le quota réservée à la province du
Kivu a suscité la levée du bouclier au nom de la nationalité zaïroise. Le
problème était posé en termes de menace à l’ordre public21. Plusieurs débats
parlementaires eurent lieu au sujet de la nationalité durant cette période et à
la séance du 24 juin 1978, le Parlement avait adopté une loi modifiant et
complétant celle de 1972 mais qui n’avait pas été promulguée.
Cependant, dominé par le nombre élevé des anciens parlementaires qui
avaient voté la loi de 1978 non promulguée et surtout suite aux interventions
très nationalistes rappelant au chef du parti, Chef de l’Etat, ses obligations de
défendre avant tout la nation, au Parlement les débats au parlement ont
tourné court22. Ainsi en juin 1981, la loi de 1972 est remplacée par la loi
n°81-002 du 29 juin 1981, nettement plus restrictive, suivie de ses mesures
d’applications de l’ordonnance n° 82-062-061 du 15 mai 1982.
La loi n° 81/002 du 29 juin 1981 sur la nationalité congolaise, dispose, en
son article 4, ce qui suit : ‘‘Est Congolais toute personne dont un des
ascendants est ou a été, à la date du 18 octobre 1908, membre d’une des
tribus établies sur le territoire de la République Démocratique du Congo,
dans ses limites du 1er août 1885 telles que modifiées par les conventions
subséquentes’’.
Outre la référence à l’année 1908 qui excluait du coup de la vie politique
nationale les hutus et les tutsi, surtout ceux issus des transplantations, la loi
de 1981 opte également pour le principe de l’unicité et de l’exclusivité de la

19
Nationalisation des entreprises étrangères installées au Congo décidée par le président
Mobutu.
20
J.-Cl. WILLAME, Banyarwanda et Banyamulenge. Violences ethniques et gestion de
l’identitaire au Kivu, Tervuren: Institut Africain, 1997, p. 54.
21
C. NGUYA-NDILA, Nationalité et citoyenneté au Congo/Kinshasa. Le cas du Kivu,
L’Harmattan, Paris, 2001, p. 100.
22
Idem.

23
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nationalité congolaise. Elle institue la petite et la grande naturalisation,


reconnaît le droit à la mère de transmettre également la nationalité
congolaise et la perte par option expresse de la qualité de congolais par la
femme qui épouse un étranger. Elle insiste sur le caractère strictement
individuel de la demande de la nationalité congolaise, sauf dans le cas
d’adjonction de territoire prévue à l’article 109 alinéa 3 de la Constitution.
De leur côté, les articles 20 et 21 de l’ordonnance-loi n° 82-061 du 15
mai 1982 prise en exécution de la loi de 1981 avaient déclaré ‘‘nuls et non
avenus’’ les certificats de nationalité délivrés en application de la loi de 1972
et punissait la détention ou l’usage d’un tel document de six mois de
servitude pénale. Avec cette loi de 1981, la nationalité zaïroise ne peut plus
être accordée aux ‘‘étrangers’’ que sur la base d’une démarche expresse et
individuelle.
Sous la troisième République. Au sujet de la nationalité, le nouveau
pouvoir, à travers le décret-loi n° 197 du 29 janvier 1999 modifia et
compléta la loi n° 81/002 du 29 juin 1981. Mais en réalité ce décret-loi
n’avait rien modifié du tout car il maintient la date –référence pour avoir la
qualité de congolais qui est l’année 1885. Actuellement, la nationalité est
réglementée par la loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la
nationalité congolaise.
Depuis la promulgation du Code de la famille en 1987. Lors de la
promulgation de la loi n° 87/010 du 1er août 1987 portant Code de la famille,
la nationalité congolaise était régie par la loi n° 81/002 du 29 juin 1981.
L’article 932 du Code de la famille disposait que la loi de 1981 sur la
nationalité congolaise constituait son livre 1er. Cette loi de 1981 sera d’abord
modifiée et complétée par le décret-loi n°197 du 29 janvier 1999, avant
d’être ensuite définitivement abrogée et remplacée par la loi n° 04/024 du
12 novembre 2004. Mais, entretemps, l’article 932 du Code de la famille n’a
jamais été abrogé. Donc, successivement ces deux lois ont constitué, chacun
en son temps, le livre 1er du Code de la famille.
Depuis 2016, le législateur a décidé, par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016
modifiant et complétant la loi n°87/010 du 1er août 1987, d’abroger l’article
932 susdit. Cette abrogation n’est pas sans conséquences tant en droit que
sur le plan de la légistique formelle.

B. Les conséquences de l’abrogation de l’article 932 du Code de la


famille
En abrogeant l’article 932 par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016, le
législateur vide le livre premier du Code de la famille. Et par conséquent, la
loi sur la nationalité forme une loi à part et le Code de la famille n’a pas
d’article 1er et débute à l’article 56.

24
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Par ailleurs, même si l’on peut se permettre de croire qu’il s’agisse là


d’une abrogation par erreur, mais compréhensible, l’on est également en
droit d’affirmer qu’une séparation de ces deux lois se justifie amplement car,
aux termes de l’article 10 de la Constitution, le texte qui régit la nationalité
est une loi organique qui, par sa nature, est une loi qui complète la
Constitution et, à ce titre, ne devrait pas être placée sur le même pied qu’une
loi ordinaire, ou, qui plus est, être contenue dans une loi ordinaire.
Une autre question demeure, et découle de la précédente, mais n’est pas
encore tranchée. Il s’agit de la question de la constitutionnalité de la loi
actuelle qui régit la nationalité congolaise, la loi n° 04/024 du 12 novembre
2004. En effet, selon l’article 10 de la Constitution pré-rappelée, la
nationalité congolaise est régie par une loi organique. Or, la loi de 2004
relative à la nationalité congolaise est une loi ordinaire ; texte qui énerve
manifestement l’article 10 de la Constitution, appelant ainsi la Cour
constitutionnelle à la censurer pour inconstitutionnalité.

II. Identification de la personne


Avec la réforme de 2016, les éléments qui composent le nom sont
précisés. Il s’agit du prénom, du nom et du post-nom (art. 56). Leur ordre est
immuable. En prévoyant que « [l]es noms [sont] puisés dans (sic) le
patrimoine culturel congolais ». (Insistance ajoutée), le nouvel article 58
semble tempérer l’ancienne formulation d’après laquelle « les noms [doivent
être] puisés dans le patrimoine culturel congolais ». Dans bien de
dispositions, le législateur utilise désormais l’indicatif présent qui « oblige ».
Le législateur ne dit pas ce qu’il faut entendre par « patrimoine culturel
congolais » et préfère une modification formelle de l’article 58 au lieu de
trancher une telle question. Cela nous amène à penser que, sans le dire, la loi
admet les noms d’origine religieuse et s’abstient de définir le patrimoine
culturel congolais comme l’avait fait l’arrêté contesté du Ministre de la
justice23. Il y a lieu cependant de s’interroger sur l’essence de l’article 70 qui
réprime l’attribution ou l’enregistrement d’un nom en violation de l’article
58 ci-dessus.
La situation de l’ordre des éléments du nom est également revue. En
effet, il est ajouté un alinéa 2 à l’article 56 du Code de la famille qui précise
que « le prénom, le nom et le post-nom constituent les éléments du nom ».
La Commission socio-culturelle du Sénat avait proposé un autre ordre qui
n’a pas été suivi. Elle suggérait que « le nom, les post-noms et les prénoms »
constituent les éléments du nom. Nous constatons d’abord que cet ordre tient
mieux compte de la réalité puisque la personne est identifiée par le nom et
ensuite d’autres ajouts pour le différencier d’autres membres de la même

23
Arrêté ministériel n° 221/CAB/MIN/J&DH du 16 juin 2011 portant détermination des
éléments du nom.

25
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famille. Ensuite, un individu peut porter plusieurs éléments et non pas


seulement trois éléments comme le suggère l’article 56 dans sa formulation
modifiée.
Par conséquent, les documents administratifs devront désormais tenir
compte de cet ordre. Déjà l’on constate que le législateur semble ne pas y
être rigoureux puisque, par exemple, lorsqu’il énumère les mentions devant
figurer sur l’acte de naissance, il parle de « noms » (art. 118, point 2).
Une autre question que soulève cette disposition est relative à son
application dans le temps. Il est de principe qu’une loi ne rétroagit pas sauf
disposition contraire. La question va se poser de savoir si tous ceux qui
s’identifient à partir du nom, post-nom et prénom devront modifier leur
ordre des éléments du nom ou bien c’est plutôt l’interprétation de cet ordre
qui changera. Ainsi, la personne qui se nomme « Maisha Furaha
Clémentine », avant cette modification pouvait considérer le premier
élément comme étant son nom, le deuxième son post-nom et le troisième
comme son prénom. Avec la modification, cette personne doit-elle modifier
cet ordre (Clémentine Maisha Furaha) ou bien l’on doit considérer que le
premier élément « Maisha » est le prénom, le deuxième « Furaha » est le
nom et le troisième « Clémentine » est le post-nom ? En tout état de cause, la
loi n’a pas donné un délai pour que l’Administration change ses documents
et pour que les individus se conforment à la loi. Il y a lieu de craindre tout
simplement que les procéduriers utilisent cette astuce. A notre avis, pour
qu’une telle discussion soit prise au sérieux par le juge, celui qui la soutient
devra démontrer la confusion créée et le préjudice qu’il subit.
En matière d’attribution des noms, la loi ne fait plus allusion au
désaccord des parents et à son ancienne solution. En effet, le nom est attribué
par les parents. Alors que l’ancienne loi faisait primer la position du père en
cas de désaccord sur l’attribution du nom, la modification supprime l’aspect
de désaccord comme s’il ne peut survenir. La loi devra alors être interprétée
à la lumière de l’article 58 et de l’intérêt supérieur de l’enfant, en cas de
désaccord entre les parents. La loi garde le terme « désaveu » comme si le
désaveu de paternité est une notion de droit positif ! La loi fait jouer un rôle
à la famille de la mère qui décède à l’accouchement en lui donnant le droit
d’accorder le nom à l’enfant dont le père est inconnu [art. 60(3)].
Dans une perspective d’égalité, l’on peut s’interroger s’il n’aurait pas été
opportun de modifier également l’article 62 dans le sens de permettre au
mari de faire également usage du nom de son épouse. L’article 62 maintient
que la femme peut faire usage du nom de son mari mais pas le mari en sens
inverse. Certainement que les usages répugnent une telle situation. Ceci
permet de constater que la réforme du Code de la famille n’a pas voulu virer
dans des exagérations féministes.
Le principe de l’immutabilité est maintenu à l’article 64 (1). Cette
disposition maintient la qualité pour introduire la requête en changement de

26
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nom à un membre quelconque de la famille maternelle ou paternelle de


l’enfant en plus du père ou de la mère si l’intéressé est mineur.
Les officiers de l’état civil sont désormais, de par le Code de la famille,
au nombre de quatre. Hormis le bourgmestre de commune, le chef de secteur
ou de chefferie qui étaient cités par l’ancien texte, il y est ajouté le maire de
la ville et le chef de mission diplomatique ou consulaire et retiré le
« commissaire de zone rurale » qui correspondrait à l’administrateur du
territoire (art. 73). Le maire de la ville a reçu la qualité d’officier d’état civil
déjà par la loi de 2008 sur les entités territoriales décentralisées24. Il est
cependant à se demander quel est le contenu des compétences du maire de la
ville en tant qu’officier d’état civil tant il est vrai que les actes principaux
(naissance, mariage et décès) sont à la compétence des bourgmestres et chefs
de secteurs et de chefferie. Certainement que le maire de la ville aura à
remplir toute autre fonction d’officier d’état civil qui ne rentre pas dans la
compétence des précités. En effet, en matière administrative la compétence
est d’attribution et de stricte interprétation.
A propos des chefs des missions diplomatiques, il ne se pose pas
beaucoup de problème puisqu’en pratique, ils délivrent les actes d’état civil
nécessaires aux Congolais vivant à l’étranger.
La loi ajoute la possibilité d’affecter un agent, comme officier de l’état
civil, dans une zone de santé, dans un groupement et même dans un hôpital
de référence [art. 77(2)]. C’est une façon de rapprocher le bureau de l’état
civil de la population.
Dans le cas où il est interdit à un officier de l’état civil de recevoir un acte
d’état civil pour un motif d’empêchement prévu par la loi, l’ancien article 79
était muet sur l’autorité qui pouvait recevoir un tel acte. La nouveauté est
que le nouvel article 79 comporte un deuxième aliéna qui précise qu’en
pareil cas, c’est un autre officier de l’état civil qui recevra l’acte. Nous osons
penser que ce dernier doit être territorialement compétent et dans le cas
contraire, l’on pourrait peut-être admettre une exception dans la mesure où il
n’existerait pas un autre officier de l’état civil dans le ressort de celui qui se
trouve dans un cas d’empêchement.
Alors que l’ancien article 80 ne prévoyait que deux cas par lesquels cesse
la fonction d’officier d’état civil, le nouvel article 80 en prévoit 9. Il y a lieu
de penser que ce nouvel article n’a fait que rassembler les causes normales
par lesquelles une telle fonction peut cesser. L’article donne des apparences
d’être exhaustif. Pourtant l’on peut s’imaginer d’autres événements qui
peuvent mettre fin aux fonctions d’officier d’état civil. Que dirait-on d’un
agent absent ? Un agent qui continue à poser des actes dans une situation
d’occupation militaire ? Cette dernière situation est imaginable dans un pays

24
Loi organique n°08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’Etat et les
provinces.

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comme la RDC où parfois certaines parties du pays sont occupées par des
groupes armés pendant des années sans que l’autorité gouvernementale ne
puisse se prononcer. Mais il semble qu’il s’agirait plus d’un cas de force
majeure qui justifierait que les actes d’un pareil agent soient valables tant il
est vrai que le Gouvernement officiel l’ait remplacé.
A propos des éléments à mentionner sur l’acte de l’état civil (naissance
ou décès) figure la nationalité des père et mère ou déclarant (art. 118, 123,
130, 134, 137, 154, 392). Son insertion dans les actes d’état civil en
confirme son caractère d’élément d’identification.
La loi affirme désormais que le jugement supplétif joue le même rôle que
l’acte de notoriété (art. 153).
La femme mariée a son domicile chez son mari. L’article 165 est
maintenu tel quel. A propos du domicile du mineur, le nouvel article 166 n’a
pas repris le concept « non émancipé ». Est-ce pour dire que le mineur
émancipé a son domicile auprès de ses parents ou de son tuteur ? Le
jugement d’émancipation peut régler cette question.
Le nouvel article 176 a augmenté le délai après lequel une requête
tendant à obtenir nomination d’un mandataire d’une personne qui est partie
sans donner de ses nouvelles. Ce délai est porté à 12 mois contrairement à
l’ancienne disposition qui le portait à 6 mois. L’on peut se demander
pourquoi allonger le délai. La réponse peut être retrouvée dans les aspects
purement sociologiques tenant à ce qu’une personne qui ne donne plus de
ses nouvelles finit souvent par revenir, rien ne sert alors de courir pour
chercher à administrer ses biens. Les enfants mineurs de l’absent (nés hors
ou dans le mariage) sont sous la responsabilité du conjoint de l’absent ou
l’autre parent sous réserve du « droit de regard » qu’a un membre de la
famille de l’absent désigné par le Tribunal pour enfants sur proposition du
Conseil de famille (art. 198 & 200). Le Conseil de famille joue un rôle
consultatif (art. 199 également).

III. Sur la capacité


Le nouvel article 211 élague la condition de naître vivant pour qu’une
personne soit considérée comme jouissant des droits civils. La personne en
jouit depuis sa conception. Dans l’ancienne lecture, il fallait tout simplement
comprendre que la jouissance avant la naissance est comme soumise à une
condition suspensive, de sorte qu’à sa réalisation, l’on considère que la
jouissance des droits est rétroactive. Désormais, cette condition n’existe
plus. Est-ce pour dire que la jouissance des droits civils est acquise ou bien
que la condition de naître vivant et viable reste sous-entendue ? La lecture de
cette disposition peut être combinée avec celle de l’article 123(2) sur la
déclaration d’un enfant mort-né. En effet, sa déclaration est faite sur le
registre de décès. Mais la loi ajoute, et ce n’est pas nouveau, que la
déclaration est faite « sans qu’il en résulte aucun préjudice sur la question de

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savoir si l’enfant a eu vie ou non ». L’on doit noter que l’article 840 non
modifié ferait maintenir la condition de viabilité. Cette disposition prévoit
que « La donation ou le testament au profit d’un enfant conçu n’a son effet
qu’autant que l’enfant est né viable ». Au regard des explications fournies
par la Commission socio-culturelle du Sénat, l’on peut considérer que la
jouissance des droits est acquise depuis la conception et que c’est l’exercice
qui exige la naissance. Etant donné que la personnalité juridique suppose la
jouissance et l’exercice des droits, l’on peut affirmer qu’elle débute au
moment de la conception. Mais que la minorité débute à la naissance puisque
c’est une notion liée à la capacité d’exercice.
Désormais, la capacité de la femme n’est plus limitée par l’effet du
mariage comme il en était le cas dans l’ancienne version de l’article 215.
Cela voudrait dire qu’une femme qui se marie peut s’épanouir sans
difficulté. Cependant, cet aspect de sa liberté doit être lu en concurrence
d’autres dispositions relatives au bon déroulement de la vie conjugale tel
qu’il sera dit plus bas.
Le législateur évite d’utiliser l’expression « mineur non émancipé ».
Le Conseil de tutelle (en ce qui concerne la tutelle de l’Etat) en plus du
Bourgmestre, du chef de secteur ou de chefferie et de l’officier du Ministère
public, est composé de cinq personnes spécifiquement désignées par la loi,
contrairement à l’ancienne disposition qui ne précisait pas (art. 263). Il s’agit
notamment des agents des divisions en charge de la famille, des affaires
sociales, de la santé et de la justice. Il faut également ajouter un membre de
la confession religieuse la plus représentative du milieu tout en répondant
aux impératifs de la représentativité homme-femme (art. 264). L’on n’est pas
éclairé sur la pertinence d’avoir un tel personnage. Pourquoi le législateur
n’a pas souhaité recourir aux assistants sociaux prévus par la loi sur la
protection de l’enfant ?
L’émancipation légale est expressément abrogée. Elle était seulement
tacitement abrogée par l’effet de la loi de 2009 interdisant le mariage
d’enfants. Et, l’émancipation est désormais révocable si l’intérêt de l’enfant
l’exige.

IV. Sur le gouvernement de la personne du mineur


D’après l’ancien article 317, en cas de dissentiment la position du père
primait avec possibilité de saisir le Tribunal de paix pour la mère. La
nouvelle formulation ne donne plus prééminence à la position du père mais
décide qu’en cas de dissentiment entre les père et mère, chacun d’eux a un
droit de recours devant le Tribunal pour enfants. Il semble que cette
disposition doive s’appliquer lorsque le dissentiment est persistant puisqu’en
cas de règlement à l’amiable, point n’est besoin de recourir au Tribunal. Et si
le Tribunal pour enfants doit statuer, il doit tenir compte de l’intérêt

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supérieur de l’enfant comme principe de base. Il est le mieux placé pour


apprécier cet intérêt.
L’article 319 accorde la compétence en matière de déchéance parentale
au Tribunal pour enfants, cela aura pour conséquence d’initier deux
procédures : la première portant sur les faits cités à l’article 319(1) et dirigés
contre le père, la mère ou toute autre personne exerçant l’autorité parentale
sur le mineur et la deuxième portant sur la déchéance de l’autorité parentale.
La première procédure peut relever de la compétence d’une autre juridiction
(à savoir le Tribunal de paix par exemple) et la deuxième, qui en est la
conséquence directe, est de la compétence du Tribunal pour enfants. Cette
disposition ne nous semble pas heureuse en ce sens que dans l’ancien
système, le Tribunal qui condamnait le titulaire de l’autorité parentale
ajoutait directement, à titre accessoire, la condamnation à la déchéance
d’autorité parentale. Cela permettait de gagner du temps et d’être sûr que
cette déchéance sera prononcée. En divisant les procédures, tel que le
suggère le nouvel article 319, il court le risque de ne pas voir la deuxième
procédure s’exercer soit par négligence, soit par oubli. Ceci est à craindre
surtout si ce n’est pas le tribunal pour enfants qui statue en principal des
infractions sus-visées d’autant plus que le Tribunal pour enfants a
compétence ratione personnae de juger les « enfants en conflit avec la loi »,
c’est-à-dire l’enfant en tant que prévenu. Or la compétence ratione materiae
que commande la connaissance des faits cités à l’article 319, al. 1-4 relève
d’autres juridictions et non du Tribunal pour enfants per se. Un autre juge
pourrait tirer de l’article 108 de la loi organique sur les juridictions de l’ordre
judiciaire la possibilité de condamner à la déchéance parentale à titre de
sanction civile mais non à titre principal. Une telle proposition pourrait
faciliter une déchéance de l’autorité parentale au lieu de diviser les
procédures.
L’ancien article 322 était rédigé, à son alinéa 1, du point de vue du père
en ignorant la mère. La nouvelle disposition rencontre les impératifs
d’égalité entre père et mère sur leurs enfants. L’article 198 renvoie à ce qui
est prévu à l’article 198. Concrètement si un conjoint (homme ou femme) se
trouve seul en position d’assurer l’autorité parentale, il le fait sous réserve du
droit de regard d’un membre de la famille de l’autre conjoint qui sera
désigné par le Tribunal pour enfants sur proposition du Conseil de famille.

V. Sur le mariage
Le nouvel article 333 évite d’utiliser les expressions « Eglise ou secte
religieuse » en les remplaçant par « confession religieuse », ce qui inclut
sans controverse la confession musulmane. Il est tout de même regrettable
que cet article maintienne le caractère indifférent du mariage célébré selon
les prescriptions religieuses. L’article 333 avait été placé dans le Code de la
famille de 1987 à la suite des incompréhensions entre le Président Mobutu et

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l’Eglise catholique à l’époque. Si l’on devait replacer le débat dans le


contexte actuel, la majorité des Congolais se présentent devant l’officier de
l’état civil après ou avant la célébration du mariage selon les prescrits
religieux. Le consentement passé dans le cadre des prescriptions religieuses
a une force « morale » que l’on ne saurait dénier de sorte qu’un mariage qui
n’est pas passé dans le processus religieux n’est pas toujours bien vu. Nous
sommes d’avis que le mariage célébré religieusement a valeur coutumière.
Le législateur y ferme les yeux, probablement pour éviter de juxtaposer un
« mariage religieux » à un « mariage civil ». Même si dans les textes cela ne
transparait pas, dans les faits c’est cela la réalité et sur ce point, l’article 333
est déphasé et déconnecté de la réalité.
Le nouvel article 334 formule le principe de la liberté du mariage mais,
cette fois-ci, reconnue à « tout individu » et non pas seulement au
« Congolais » comme dans l’ancienne formulation. Il y est également ajouté
la précision quant au sexe. La précision de la personne de « sexe opposé »
qui n’y figurait pas est ajouté pour rendre la disposition conforme à l’article
40 de la Constitution, d’après la Commission socio-culturelle du Sénat.
Alors que seule la fiancée et les membres de sa famille avaient seuls
qualité à demander le dédommagement en cas de rupture des fiançailles, le
nouvel article 347 restaure l’égalité en permettant au fiancé et à sa famille de
solliciter un tel dédommagement.
Le mariage des mineurs étant interdit, le législateur a fait le toilettage de
la loi en enlevant tout ce qui ferait référence à une telle situation.
A propos de la dot, le législateur en maintient le caractère obligatoire.
L’on pourrait d’ailleurs se demander ce que voudrait dire exactement une
« remise de biens et/ou d’argent » que l’on retrouve dans la nouvelle
formulation de l’article 361. Les parties ont le choix de combiner des biens
avec l’argent. Une situation qui continuera à affecter de nombreux jeunes en
difficulté de se marier faute d’argent, même si le législateur affirme que la
dot « peut » être symbolique nonobstant toute coutume contraire. L’article
363 dispose que « La dot est déterminée suivant les us et coutumes des
futurs conjoints ». Cet article est un peu décevant, pour certains, et heureux,
pour d’autres, en ce qu’il enlève la possibilité de limiter le seuil de la dot
jadis laissée à la compétence du Président de la République.
En laissant la dot dans l’unique domaine des us et coutumes, le nouvel
article 363 ouvre la voie aux abus, d’après les déçus, surtout que la dot n’est
pas toujours symbolique. En outre, la loi ne dit pas que les us et coutumes en
question doivent être conformes à la loi, à l’ordre public et aux bonnes
mœurs comme il le fait pour la célébration du mariage à l’article 369. Doit-
on considérer que c’est sous-entendu ? Comment faire une telle appréciation
puisqu’apparemment il n’y a pas de limite ? La Commission socio-culturelle
du Sénat renvoyait la compétence de fixer un seuil au Gouverneur de
Province après avis de l’Assemblée provinciale et après consultation des
représentants des coutumes locales. La Constitution ne s’oppose pas à ce que

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les Assemblées provinciales réglementent la question. Pourquoi, le


législateur laisse la question aux coutumes ? Et la procédure prévue à
l’article 367 d’après laquelle le désaccord sur la dot est réglé par le Tribunal
de paix siégeant en amiable compositeur n’est pas fréquente. L’article 427
maintient l’infraction de l’abus de fixation de la dot en punissant quiconque
aura sollicité, agréé, reçu la dot en violation du maximum légalement fixé et
le texte renvoi à l’article 361. Est-ce pour dire que le seuil dérive des us et
coutumes ou bien que le seuil sera légalement fixé ? Pour ceux qui
soutiennent cette formulation, le législateur a bien fait de laisser la matière
dans le domaine de la coutume puisqu’il est mal aisé que le droit écrit
intervienne dans une telle affaire.
Le délai endéans lequel le mariage célébré en famille doit être enregistré
passe de 1 mois à 3 mois avec le nouvel article 370. Désormais le volet 1 de
l’acte de mariage et le livret de ménage sont remis aux deux époux et
contrairement à l’ancienne formulation qui voulait que l’exemplaire de l’acte
de mariage soit remis à l’épouse et le livret de ménage au mari (art. 390).
La condition d’âge a une force telle que le non-respect entraîne la nullité
du mariage mais le législateur tolère que le mariage demeure lorsque les
époux ont déjà atteint l’âge requis (art. 406(2)). La question qui demeure est
celle du viol commis pendant le temps où l’âge n’était pas atteint, il en est
d’ailleurs de même du mariage forcé, infractions qui se sont cristallisées
dans le temps. Seront-elles impunies ? Nous pensons que le juge pénal ne
fera pas égard à l’article 406(6) mais encore faut-il justifier l’utilité de
sanctionner le viol pendant que le mariage reste valable au sens du Code de
la famille. Une telle disposition peut avoir l’effet pervers d’encourager les
« mariages en cachette » qui verront le jour uniquement après que les époux
aient atteint l’âge requis.
L’âge d’une personne ne peut être établi que par un titre qui l’établit de
façon certaine, tel que l’acte d’état civil. Le législateur admet que d’autres
titres peuvent servir à établir l’âge à condition que ce soit de façon certaine
(art. 422).

VI. Des rapports entre conjoints


L’article 444 maintient le ménage sous la tête du mari qui en demeure le
chef. Cependant, cette disposition modifie les rapports entre conjoints. Alors
que l’ancienne formulation demandait au mari de protéger sa femme et à
cette dernière d’obéir à son mari, la nouvelle formulation demande aux
conjoints de se protéger mutuellement. Ce n’est pas une mauvaise chose !
Doit-on sous-entendre que l’obligation d’obéissance disparait ? D’après la
lettre de l’article 444, la femme n’est plus tenue d’obéir à son mari puisqu’il
s’agissait-là d’une sorte d’assujettissement de la femme. Donc, les questions
doivent désormais se discuter conjointement. Pourquoi l’homme reste chef

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du ménage alors ? Quel est le sens de cette chefferie et quelles en sont les
conséquences ?
L’article 445 vient tempérer les pouvoirs du mari. Alors que l’ancienne
formulation tirait des conséquences de l’article 444 que la direction morale
et la gestion financière du ménage devaient se faire en concours mais sous la
direction du mari. La nouvelle formule fait disparaitre cette direction
maritale pour ne maintenir que l’aspect concours. Il est vrai que le législateur
est animé par un souci d’égalité entre époux en mettant de telles dispositions.
Dans ce cas, l’article 444 ne garde qu’une valeur symbolique. Ou bien peut-
on considérer que le mari décide en dernier en cas de désaccord !
L’article 448 qui a animé beaucoup de passions est enfin modifié.
L’ancienne formulation imposait une autorisation maritale à la femme
mariée pour tous les actes dans lesquels elle s’obligeait à une prestation à
effectuer en personne. La nouvelle formulation élimine cette autorisation à
sens unique. La disposition instaure le système d’accord mutuel ; c’est un
système qui ressemble à un double contrôle cette fois. Et le mari et la
femme, chacun doit faire avaliser ses actes ! D’après cette disposition, les
époux doivent s’accorder. C’est une obligation que de s’accorder ! Cela
voudrait dire que le mari ou la femme ont chacun un droit de veto sur les
actes individuels de l’autre. C’est une situation d’égalité qui est en effet
instaurée. Mais il se posera des questions pratiques. Par exemple, l’accord
doit-il être exprès ? Ou enfin quelle est la conséquence de la dissimulation
d’une activité ? Ou enfin l’accord peut-il porter sur la profession en général
sans besoin d’être divisé aux actes particuliers de cette profession ? Si l’on
prenait l’exemple de la profession d’avocat pour illustrer. Faut-il affirmer
que la femme qui a consenti que son mari exerce cette profession a
également consenti aux abonnements subséquents que ce dernier pourrait
conclure ou bien elle devra consentir pour chaque abonnement à conclure ?
Ce sont-là des questions que la pratique pourra résoudre certainement.
Cependant, il y a lieu de craindre que la position donnée à l’homme dans nos
sociétés fasse naître beaucoup de situations qui ne seront jamais connues de
l’extérieur. L’homme peut intimider à l’interne sa femme et cette dernière
n’aura jamais l’occasion de donner son désaccord. Tout cela tiendra du
courage qu’auront les femmes à dénoncer les abus. Il y a lieu d’observer, en
outre, que pour l’intérêt du ménage, aucune femme ne pourrait avoir intérêt à
porter le trouble interne à la place publique sauf s’il s’agit des violences
physiques qui, elles, ont une autre connotation en société.
A l’époque où cette disposition avait été prise, le motif légitime de la
limitation des droits de la femme était tiré du souci de sauvegarder
l’harmonie dans le ménage. Il se pose la question actuellement de savoir si
ce motif a disparu. L’on pourrait peut-être affirmer que son importance s’est
amoindrie de sorte que la plupart des personnes admettent aujourd’hui, du
moins dans les milieux urbains, que la femme ne devrait pas être laissée au
second plan. Il peut aussi s’agir, pour le législateur, de jouer un rôle

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pédagogique en redressant les mœurs pour les adapter aux nouvelles


situations.
La loi permet au juge d’intervenir sous certaines conditions. D’abord, il
faut qu’il y ait un désaccord persistant et ensuite, il faut que le juge soit saisi.
Un simple désaccord ne suffirait pas, encore faut-il que le désaccord soit
persistant. La persistance pourrait être caractérisée lorsque par exemple les
membres de famille, les amis influents ont été impliqués pour qu’une
solution soit trouvée. Ce n’est qu’après un tel échec que l’époux intéressé
pourra saisir le juge. Il faut dire que l’action est attitrée, elle n’appartient
qu’à l’époux lésé. Cela voudrait dire que l’époux qui saisit le juge doit
justifier d’un intérêt à agir c'est-à-dire démontrer le préjudice subi. Enfin,
l’article 460 indique la manière dont le tribunal pourra statuer sur ces genres
d’affaires, le tribunal devant privilégier la conciliation.
L’article 451 donne les trois cas dans lesquels l’accord de l’autre conjoint
n’est pas nécessaire. L’accord du conjoint n’est pas nécessaire dans les cas
suivants: 1) pour ester en justice contre l’autre ; 2) pour disposer à cause de
mort et 3) si l’un des conjoints est absent pendant douze mois. L’examen
rapide de ces éléments suggère quelques réflexions. Si l’article 451 autorise
à l’un des conjoints de ne pas requérir l’accord de l’autre lorsque l’action est
justement dirigée contre lui c’est tout à fait logique puisque ce dernier peut
refuser de le donner. Cela voudrait alors dire que si un conjoint veut agir
contre un tiers, il doit requérir l’accord de l’autre. Donc la capacité à agir est
désormais limitée lorsqu’il faut agir contre un tiers autre que son propre
conjoint. Cela reviendrait à considérer que la combinaison des articles 448 et
451 n’a pas fait disparaitre la limitation de la capacité des époux mais plutôt
a étendu cette limitation aux deux époux de sorte que ce n’est plus la femme
mariée seule qui doit être autorisée par son mari mais que le mari aussi doit
être autorisé par son épouse. Tout compte fait, la limitation demeure mais
elle a cette fois, un caractère égalitaire avec risque de bloquer le bon
fonctionnement du foyer. L’on peut donc affirmer qu’un plaideur pourra
mettre à mal l’action d’un conjoint si ce dernier ne démontre pas que l’autre
a donné son accord. Il est vrai que les juridictions auront un rôle à jouer pour
faire une interprétation intéressante de cette disposition. Toutefois, pour une
meilleure compréhension de cette disposition il convient de lire les travaux
préparatoires.
L’exception de la disposition pour cause de mort n’est pas nouvelle. C’est
plutôt celle d’absence qui change et celle de la condamnation à une peine de
servitude pénale qui disparait. En effet, si l’on entend bien ce que voudrait
dire cette disposition, c’est qu’à partir du moment où le jugement déclaratif
d’absence devient exécutoire, il faut compter encore 12 mois pour que le
besoin d’accord disparaisse. L’on se poserait la question de l’intérêt d’une
telle période puisque le jugement d’absence suffit. Le législateur voudrait
alors faire croire que dans les 12 mois l’absent peut réapparaître ? Et pendant
ce temps, l’accord est donné par qui puisque le conjoint n’est plus présent

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mais absent ? C’est autant de questions qui vont suspendre l’exercice des
actions pour une période. Nous pensons que pendant cette période, le
conjoint peut saisir le juge de paix pour qu’il autorise. Lorsqu’un conjoint est
condamné à une peine de servitude pénale, quelle que soit sa durée, l’autre
doit toujours requérir son accord pour rendre effectifs les articles 448 et 451.
L’article 452 est presque révolutionnaire. Il permet de revenir sur les
actes de l’autre conjoint aussi bien de son vivant tout comme après sa mort.
En effet, la formulation de cette disposition change. Dans l’ancienne version,
les actes passés à défaut de l’autorisation maritale pouvaient être frappés de
nullité relative à la demande de la femme mariée, de son mari ou de leurs
héritiers. Cette disposition devait être lue uniquement du point de vue de la
femme mariée. Le mari pouvait passer des actes entre vifs, sous le respect de
l’ancien article 499, sans que malheureusement les héritiers reviennent sur
ces actes, surtout lorsque le cocontractant de leur père n’était pas cohéritier.
La nouvelle formulation, qui replace tous les conjoints dans l’égalité, permet
de faire cette gymnastique. Pour être plus pragmatique, lorsqu’une personne
mariée a passé un contrat avec un tiers, il doit avoir l’accord de son conjoint
(art. 448). Le tiers cocontractant devra d’ailleurs s’assurer de l’existence
d’un tel accord. Dans le cas où un tel accord n’a pas été donné, ce contrat
s’expose à la nullité qui peut être demandé par le conjoint qui l’a passé,
l’autre conjoint ou leurs héritiers. Cela voudrait dire que du vivant de la
personne qui a contracté, il n’y a qu’elle ou son conjoint qui peut demander
la nullité du contrat. Les héritiers n’interviennent qu’après la mort. Cela
permet donc aux héritiers en général et, aux enfants en particulier, de revenir
sur les actes passés par leur auteur de son vivant. Il suffira qu’ils démontrent
qu’à l’époque l’autre conjoint n’avait pas donné son accord. Cela est une
avancée puisque l’ancien régime ne permettait aux héritiers de ne revenir
que sur les actes entre vifs passés par leur auteur mais seulement au bénéfice
d’un cohéritier par le mécanisme du rapport et de la réduction. Cela laissait
hors-circuit les biens transférés par l’auteur, surtout de sexe masculin, aux
tiers c'est-à-dire à des personnes qui ne sont pas dans la famille. Ceci vient
renforcer notre entendement de ce que le cocontractant d’une personne
mariée serait bien inspiré de demander l’accord de l’autre conjoint. Cela
permet de le mettre en sécurité. L’accord de l’autre conjoint limite quel
aspect des conditions contractuelles ? Est-ce le consentement ou la capacité ?
Est-ce aussi pour dire que les enfants, dans une mesure minimum, doivent
être informés préalablement d’une quelconque opération contractuelle passée
par leurs parents ?
A propos du lieu d’habitation, il découle de la lecture des articles 453,
454 et 455 que le choix est opéré conjointement par les époux sans toutefois
priver du droit de chacun de fixer le lieu d’habitation de manière unilatérale.
Il y a lieu d’affirmer que c’est seulement dans le cas où ce dernier fixe
unilatéralement le lieu d’habitation de manière manifestement abusive que le
juge pourra intervenir sous le préalable de la tentative de régler la question à

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l’amiable. Le législateur insiste de plus en plus sur la persistance d’un conflit


et sur les tentatives multiples d’harmonisation pour que le juge soit saisi.
C’est une façon de limiter l’intervention de l’Etat dans les affaires privées du
ménage, cela sera encore affirmé lors de l’analyse de l’article 460. Il faut
dire que la conception en matière de fixation du lieu d’habitation du ménage
a changé puisque ce n’est plus le mari qui fixe et la femme le suit, mais cela
peut se faire de commun accord ou unilatéralement mais d’après les
stipulations faites préalablement entre les deux conjoints. Il y a lieu de
craindre que la fixation du lieu de résidence conjugale ait des répercussions
sur le suivi de l’éducation des enfants, surtout s’il s’en suit une séparation.
La séparation conventionnelle est maintenue comme étant une option (art.
457). Qu’en est-il de la séparation unilatérale ?
Parmi les autres obligations du ménage, le législateur ajoute la
« considération » au-delà de la fidélité, du respect et de l’affection. L’on se
demanderait si ce n’est pas une surabondance inutile puisque le respect
pourrait bien englober la considération. Tout compte fait, cela peut être lu
plus du côté de la femme qui est souvent marginalisée en société.

VII. A propos des conflits conjugaux


L’article 460 ajoute un alinéa premier nouveau. Cet alinéa pose un
préalable de tentative de conciliation dans le cas où un conjoint estime que
l’autre a manqué à un devoir conjugal. La loi parle de plusieurs tentatives
d’harmonisation. Cette notion est vague puisque le législateur ne précise pas
celui qui organise ces tentatives d’harmonisation et ne précise pas le mot
« plusieurs ». D’ailleurs le concept « harmonisation » est éloigné du langage
habituel des modes alternatifs de règlement de conflits qui comprennent, en
droit privé, la médiation, la conciliation et l’arbitrage. Il appert que cette
situation s’apparente bien à une tentative de règlement à l’amiable de ce
conflit par les voies extrajudiciaires. Cela limite bien l’intervention du juge
dans les affaires du ménage puisque la solution peut être trouvée en dehors
des milieux judiciaires. Et même si cette solution n’est pas trouvée, le
législateur permet à l’époux lésé de saisir par requête le Tribunal de paix qui
statuera en conciliateur. La conciliation permettra de rapprocher les vues en
cherchant une solution. Le législateur limite de toutes parts l’intervention du
juge dans les conflits familiaux. C’est seulement en cas d’échec de la
conciliation, constaté sur procès-verbal, que l’époux concerné sera autorisé à
saisir le juge en phase judiciaire.
La conciliation préalable ne concerne pas seulement les conflits de
ménage mais touche également les conflits entre parents et alliés au sens de
l’article 715 CF tant il est vrai qu’en pratique des familles se déchirent
notamment autour des biens immobiliers et fonciers.
L’on peut affirmer que le législateur introduit un « préalable » procédural
important qui rendrait irrecevable toute affaire entre membres de familles

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qui irait devant le juge de manière « prématurée » sans être passée par une
tentative de conciliation. La question qui se pose est celle de savoir si pareil
préalable ne trouvera-t-il pas une limite au vu du fait que certaines personnes
préfèrent la voie pénale qui ferait que l’infraction en jeu se situe en dehors
du champ de la conciliation. Toutefois, le Code des obligations permet la
transaction sur les intérêts civils (art. 585 CCCLIII) même si l’Officier du
Ministère Public ou le juge répressif poursuivra si nécessaire l’instruction de
l’action publique.
L’article 467, dans sa nouvelle formulation, élimine l’inégalité entre
conjoints lorsqu’il s’agit de réprimer l’infraction d’adultère. Alors que
l’ancienne formulation faisait du « caractère injurieux » une condition
préalable à l’adultère imputable au mari et à la femme non mariée [ancien
art. 467(3°)] tout en exposant la femme mariée à la sanction sans exiger cette
condition [ancien art. 467(4°)], la nouvelle formulation élimine cette
condition préalable de l’adultère du mari et de la femme non mariée. Elle
transforme le caractère injurieux en circonstance aggravante de la sanction
pénale prévue par cette infraction aussi bien pour le mari que pour la femme
mariée. La loi devient dure pour le mari puisque les composantes de
l’infraction ont été amoindries. Ainsi, alors que dans l’ancien système, la
femme mariée pouvait être sanctionnée de 6 mois à 1 an lorsqu’elle avait
commis l’adultère, d’après la nouvelle loi, la peine sera portée au double.
Sur cet aspect la loi devient plus lourde.

VIII. A propos des effets patrimoniaux du mariage


Les époux sont toujours appelés à contribuer aux charges du ménage
d’après leurs facultés et leur état (les art. 447 et 475 n’ont pas subi de
modification). Cependant, l’article 477 subit une retouche. Désormais, ce
n’est plus le mari seul qui dispose du pouvoir de conclure les contrats relatifs
aux charges du ménage. Chacun des conjoints peut les passer en concertation
avec l’autre, la forme de cette concertation n’est pas précisée. L’aspect
concertation semble différent de celui d’accord requis à l’article 448.
L’accord donne à chaque époux une sorte de droit de veto. La concertation
revoie à une consultation de sorte que le consensus serait privilégié. Et à
défaut d’entente il n’y a pas vice puisque la concertation a eu lieu. C’est le
défaut de concertation qui devient un vice. Alors que le défaut d’accord est
un vice en soi. L’article 448 concerne bien les autres types de contrat que
peut conclure un conjoint en dehors de ceux relatifs aux charges du ménage.
La disposition maintient le « mandat domestique tacite » au bénéfice de
l’un quelconque des époux pour ce qui est des conventions relatives aux
charges du ménage. La disposition maintient également la solidarité entre
époux. Elle l’écarte désormais dans deux cas au lieu de trois de par le passé.
Il s’agit du cas dans lequel la dépense dépasse manifestement le train de vie
du ménage et de celui dans lequel l’autre conjoint a contracté avec un tiers

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de mauvaise foi. L’ancienne version prévoyait le cas du retrait du mandat par


le mari. Si les règles générales du mandat peuvent s’appliquer au mandat
domestique tacite, il y a lieu de constater que l’un quelconque des conjoints
peut le retirer ad nutum non plus sur le fondement du Code de la famille
mais plutôt sur celui du Code des obligations (art. 545 de ce Code).

IX. Les régimes matrimoniaux


La gestion des biens est présumé confiée au mari « en concertation avec
la femme ». L’article 490 n’a ajouté que l’aspect concertation retrouvé à
l’article 477 déjà mais conserve la présomption de gestion au mari. Il semble
que ce soit la manifestation de l’une des conséquences de l’article 444.
L’article 928 applique aux mariages contractés avant l’entrée en vigueur de
la loi du 1er août 1987 le régime de la communauté réduite aux acquêts avec
« gestion concertée » en remplacement de la « gestion par le mari ». Nous
notons que l’expression « gestion concertée » n’est pas appropriée, le
législateur aurait dû viser le mode de gestion institué à l’article 490 qui est la
« gestion maritale avec concertation de la femme ». A l’article 508, le
législateur parle de « gestion conjointe » dans un régime de séparation de
biens. Il y a lieu de s’interroger sur la signification de cette « gestion
conjointe ».
L’article 499 ne change pas foncièrement, il y a tout simplement une
réévaluation des valeurs pour lesquelles l’accord est toujours nécessaire. Le
législateur ne corrige pas le deuxième point de cette disposition « aliéner, par
incorporation, un immeuble… » qui ne dit pas grand-chose étant donné que
ce point vise plutôt le fait d’aliéner un immeuble par incorporation. L’article
500 ne change pas non plus profondément. L’alinéa premier demeure dans
l’entendement de l’ancienne formulation en ce sens que l’accord est présumé
donné dans les 6 mois de l’acte s’il n’y a pas désaccord de l’autre conjoint.
Ce délai commence à courir quand exactement ? Est-ce le jour du contrat ou
le jour où l’autre conjoint en aura eu connaissance ? Le législateur décide
que ce soit à partir du jour où l’acte a été passé. Nous penchons pour la
dernière proposition puisqu’il serait illogique de demander à un conjoint de
s’opposer à un contrat qu’il ne connaît pas.
La nouvelle formulation de l’article 510 supprime le droit pour la femme
de prélever avant le mari ou ses héritiers ses biens propres en cas de
dissolution du régime de la séparation des biens. Il nous semble qu’au
bénéfice de l’égalité des conjoints, le législateur a fait perdre à la femme
mariée un des mécanismes de discrimination positive. C’est une mesure qui
aurait pu continuer à profiter à la femme puisqu’il n’est pas sûr que la
société change rapidement ses mœurs. Il aurait fallu attendre que le
comportement des individus rende la disposition caduque au lieu de la
supprimer. Toutefois, il faut reconnaître qu’une autre opinion peut soutenir
que les mesures de discrimination positive sont inopportunes étant donné

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que c’est le principe d’égalité qui est recherché dans cette réforme. Et
l’article 511 prend en compte l’égalité, supprime l’hypothèque légale de la
femme mariée et instaure plutôt une hypothèque légale au profit du conjoint
dont le patrimoine était géré par l’autre. Le législateur considère que le mari
ou la femme peut laisser l’autre gérer ses biens et qu’à ce titre il est
inéquitable de laisser l’hypothèque uniquement au bénéfice de la femme
mariée. Nous constatons que le législateur garde le fait que cette hypothèque
prend date au jour de la requête en divorce ou au jour du décès de l’un des
conjoints. Il est vrai que cette hypothèque aura priorité sur toutes les autres
inscrites même avant elle (sauf bien entendu celle de l’Etat et celle du
sauveteur). La question de sa publicité n’a pas été traitée. Cela suggère que
son inscription peut être prise à tout moment après le fait générateur, il nous
semble que même à la veille de l’exécution c'est-à-dire avant (ou après ?) la
signification du commandement. Mais son opposabilité sera alors
rétroactive ! Il en est de même de l’article 527.

X. Filiation
L’article 593 introduit une notion sujette à débat lorsqu’il déclare que les
« droits reconnus prévus par la présente loi sont, sous réserve de la
réciprocité en ce qui concerne les étrangers, reconnus à tous les enfants
vivant sur le territoire congolais sans exception aucune ». S’agissant des
droits subjectifs, nous ne voyons pas pourquoi ceux-ci sont soumis au
principe de réciprocité d’autant plus qu’en matière des droits humains la
réciprocité ne peut pas être mise sur la table lorsqu’il y a violation desdits
droits par un Etat étranger. Le mot « réciprocité » ne se justifie pas car un
Etat ne peut pas violer les droits des individus sur son territoire puisqu’un
autre Etat partie au Traité des droits de l’homme fait de même.

XI. Sur l’adoption


La nouvelle formulation de l’article 651 intègre les notions d’adoption
par un congolais et par un étranger. Le texte reprend le contenu de l’article
18 de la loi portant protection de l’enfant en donnant une meilleure
formulation. Cela se remarque par le remplacement opéré par exemple sur le
terme « Etat d’origine » par « République démocratique du Congo ».
L’article 920 bis abroge les articles 18, 19 et 20 portant sur le même objet.
Nous tentons de dénicher ce qui a réellement évolué sur la question.
L’article 18 semblait s’insérer dans la logique du droit international privé
en posant une condition en ces termes : « … l’adoption d’un enfant par un
étranger n’a lieu que si les autorités compétentes de l’Etat d’origine :

1) Constatent, après avoir dûment examiné


les dispositions de placement de l’enfant

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dans son Etat d’origine, que l’adoption


répond à l’intérêt supérieur de l’enfant ; »

La lecture de cette disposition semble écarter la compétence des


« autorités compétentes congolaises » lorsqu’il s’agit de l’adoption d’un
enfant « étranger » par un étranger puisqu’il est clair que s’il s’agit de
l’adoption d’un enfant congolais par un étranger, l’Etat d’origine dont
question au 1er point c’est la RDC. La situation risque d’être compliquée
lorsque la question concerne un adoptant et un adopté étrangers puisque trois
Etats peuvent être concernés (l’Etat de l’adoptant, l’Etat de l’adopté et la
RDC qui examine la demande en adoption). Ajoutons que les concepts
« autorités compétentes » sont imprécis. Si elle est administrative, s’agit-il
de l’autorité centrale ou provinciale ? Décentralisée ou déconcentrée ?
L’article 651, alinéa 2 du Code de la famille tel que modifié et complété
dispose :

« L’adoption d’un enfant congolais par un


étranger n’a lieu que si les autorités
congolaises compétentes :
1) Constatent, après avoir dûment examiné
les conditions de placement de l’enfant en
République Démocratique du Congo, que
l’adoption répond à l’intérêt supérieur de
l’enfant ; »

La formulation est plus restrictive que celle découlant de l’article 18 de la


loi sur la protection de l’enfant. En analysant les dispositions de la loi sur la
protection de l’enfant en matière d’adoption internationale, il se dégage
quelques différences d’avec la modification du Code de la famille. Nous
pouvons les présenter brièvement comme suit :
- L’article 18 LPE posait le principe de l’adoption internationale. Ici
l’adoptant était un étranger et l’enfant à adopter entendu au sens général. Il
pouvait donc s’agir d’un enfant congolais ou étranger. Alors que l’article
651 CF tel que modifié ne s’applique qu’aux enfants congolais dont
l’adoption est demandée par un étranger. Les deux textes ne concernent que
l’enfant. Donc la matière d’adoption internationale ne vise que la situation
des enfants alors que l’adoption, au sens général, peut concerner également
les majeurs.
- La juridiction saisie : d’après l’article 18 LPE, le langage était flou
puisqu’il visait les « autorités compétentes de l’Etat d’origine ». Le sens
commun ne pouvait renvoyer qu’aux autorités d’origine de l’enfant à adopter
même si cela pouvait prêter à confusion. L’article 651 CF a l’avantage,
semble-t-il de préciser qu’il s’agit des autorités compétentes de la RDC. La
difficulté reste de savoir de quelle autorité il s’agit : autorité administrative
ou judiciaire ?

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- Loi applicable : s’agissant d’une question qui pouvait susciter de


l’intérêt pour le droit international privé à savoir que l’enfant à adopter
pouvait être un étranger ou un congolais (au sens de l’article 18 LPE) et du
fait que le requérant soit un étranger, le titre II du décret du 04 mai 1895
(abrogé également), à son article 8 renverrait à la loi nationale (du requérant
ou de l’adopté ?). Mais au vu du caractère impératif des dispositions sur
l’adoption posé par l’article 652 CF, nous devons faire attention puisque les
règles étrangères pourraient facilement être évincées.
- Conditions : L’article 18 LPE poursuivait en disposant que les autorités
compétentes de l’Etat d’origine :

2) se sont assurées que :


a) le consentement n’est pas obtenu
moyennant paiement ou contrepartie
d’aucune sorte et qu’il n’a pas été retiré ;
b) les souhaits et avis de l’enfant sont pris en
considération selon son âge et niveau de
maturité ;
c) le consentement de l’enfant à l’adoption,
lorsqu’il est requis, est donné librement,
dans les formes légales requises, et que ce
consentement est donné ou constaté par
écrit.
d)
L’on pouvait se demander comment concilier les points b) et c) avec
l’immaturité reconnue de l’enfant.
- L’article 19 LPE, également abrogé, ajoutait d’autres éléments en ces
termes :

L’adoption ne peut être accordée que si les


autorités compétentes de l’Etat d’accueil
constatent que :
a) les futurs parents adoptifs sont qualifiés et
aptes à adopter ;
b) l’enfant est autorisé à entrer et à séjourner
de façon permanente dans cet Etat.

Que voulait dire être « qualifiés et aptes » à adopter ? Les autorités


compétentes de la RDC pouvaient-ils rejeter le témoignage de l’Etat
d’accueil au motif qu’il y a doute sur la sincérité ou bien le témoignage
pouvait avoir force probante irréversible ? Il est possible que les règles
concernant l’effet des actes pris à l’étranger puissent être mises à
contribution mais il reste vrai que ce n’était pas facile pour les autorités de la
RDC de faire une contre-vérification du témoignage à moins d’impliquer
l’Ambassade ou le Consulat de la RDC dans l’Etat d’accueil. Le point b)
parlait du visa accordé à l’enfant à adopter. Aurait-il été irrationnel d’exiger

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une telle pièce avant même que le jugement d’adoption ne soit prononcé ?
Ou bien il fallait rester dans l’idée que les autorités compétentes englobent
les services de la Migration de la RDC de sorte que l’adoptant rechercherait
le visa après jugement et non comme pièce à annexer à la requête. Dans la
pratique, le visa faisait partie des pièces versées au dossier.
- L’article 20 LPE, également abrogé, excluait certaines personnes de la
liste des requérants à l’adoption. Il s’agissait des personnes ou « couples »
homosexuels, pédophiles, ou atteintes des troubles psychiques. La question
qui pouvait se poser était celle de savoir si ces personnes devaient être
considérées du point de vue du requérant étranger ou bien si elles
englobaient même les nationaux. Cette disposition semblait englober les
deux réalités. Il semble que les travaux préparatoires renseignaient, à propos
de cette disposition, que le fait de mentionner « couples » homosexuels ne
devait pas s’interpréter comme une reconnaissance de facto de leur existence
en RDC. Reste que la reconnaissance des couples homosexuels ne pouvait
pas être sous-entendu, puisque tout ce qui est informel n’est pas reconnu
nécessairement même si c’est une réalité à laquelle la loi fait référence. Le
législateur avait peur d’être interprété dans le sens d’accorder la licéité à ces
couples.
- Le législateur a pris soin d’abroger expressément ces dispositions par
l’effet de l’article 920 bis. Mais il y a quand même un intérêt à analyser ce
qui a évolué sur la question. Voilà le pourquoi des lignes qui suivent.
Examinons maintenant les dispositions nouvelles du Code de la famille.
- L’article 651 CF, nous l’avons dit, est explicite puisqu’il concerne
l’adoption d’un « enfant » congolais par un étranger telle qu’examinée par
les autorités de la RDC (parmi lesquelles on retrouvera le juge et d’autres
intervenants administratifs tels que l’Organisme public chargé des adoptions
créé par le Code de la famille à l’article 652 (2). Quid de la Direction
Générale des Migrations ?). L’on doit noter que le Code de la famille connaît
deux expressions « enfant » et « mineur ». Les dispositions sur la capacité
préfèrent utiliser le concept « mineur ». Au regard des précisions de l’article
651 CF, quel texte est applicable à l’adoption d’un enfant étranger par un
étranger ou par un congolais devant les autorités congolaises ? Cette
question pouvait sans doute tomber sous le coup de l’article 8 du décret du
20 février 1891 relatif au statut des étrangers qui a été malheureusement
abrogé par l’effet de l’abrogation de l’article 915 CF.
- L’article 652 CF proclame que les règles en matière d’adoption sont
impératives. Cela aurait pour conséquence d’évincer toute règle de droit
étranger si la question aurait pris des dimensions de droit international privé.
- L’article 653 CF donne la liste des personnes exclues à demander
l’adoption en ajoutant à la liste que donnait l’article 20 LPE, abrogé du reste.
Il cite les incapables, les personnes déchues de l’autorité parentale, les
homosexuels, les transsexuels, les pédophiles et les personnes souffrant des
troubles psychiques (dont il faut rapporter la preuve médicale). Nous

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observons, d’abord, que l’énumération ne semble pas être exemplative, elle a


des allures exhaustives. Pourtant l’on peut imaginer d’autres cas. Quid des
toxicomanes ou des personnes condamnées à certains crimes graves même si
cela n’a pas emporté la déchéance de l’autorité parentale ? Ensuite, le
législateur ne fait pas des distinctions pour certains cas, tels que les
homosexuels. Contrairement à la formulation de l’ancien article 20 LPE, les
homosexuels sont écartés qu’ils soient en couple ou pas. La référence aux
transsexuels est un peu innovante. Cette interdiction peut-elle sous-entendre
que le sexe est immuable puisqu’il ne procure pas d’avantage du point de
vue des enfants ? Ou bien peut-on soutenir que le changement de sexe est
permis malgré l’interdiction pour une telle personne d’adopter
puisqu’aucune disposition expresse ne se prononce sur l’immutabilité du
sexe ? Autant de questions que l’introduction de ce concept de la législation
laisse planer. Enfin, il se poserait la question de la charge de la preuve au
regard de l’état de l’adoptant. A qui incombe la charge de la preuve de la
suffisance des conditions ? Le requérant devra-t-il prouver qu’il n’est pas
homosexuel ou qu’il n’a jamais changé de sexe ou bien il faudra attendre que
cet état soit contesté par l’organe de la loi par exemple ou soit dénoncé par
les parents de l’enfant à adopter ? Et comment prouver ?
- L’alinéa 2 de l’article 653 CF demande que l’adoptant présente
l’engagement qu’il va : * œuvrer avec la famille de l’enfant à adopter ; *
œuvrer avec les autorités administratives compétentes ; * assurer la prise en
charge de l’enfant et * assurer la continuité de son éducation. La formulation
semble rendre ces éléments cumulatifs. La nature de l’éducation n’étant pas
précisée (religieuse, culturelle, morale,…) cela suppose qu’il s’agira de celle
compatible avec l’intérêt supérieur de l’enfant.
- Le contenu de l’article 19 LPE, abrogé, est repris à l’alinéa 3 de l’article
653 CF avec des changements et ses conditions deviennent accessoires. Les
conditions ainsi posées pour l’Etat d’accueil seront nécessaires si les
conditions de l’alinéa 2 précédent ne sont pas réalisables. Ici le témoignage
de l’Etat d’accueil apparaît comme une garantie alors. La rédaction est
toutefois différente de celle de l’ancien article 19 LPE. D’après l’article 653,
al. 3 :

« Les autorités compétentes de l’Etat d’accueil délivrent


des attestations constatant que :
1. l’adoptant est apte à adopter et à fournir à l’enfant
un cadre d’épanouissement acceptable ;
2. l’adoptant a l’extrait de casier judiciaire vierge et
est de moralité publique irréprochable ».

Le point 1 est différent du point 1 de l’ancien article 19 LPE qui exigeait


que l’adoptant soit aussi « qualifié » à adopter. Il ajoute d’ailleurs l’aptitude
à fournir à l’enfant un cadre d’épanouissement acceptable. Le point 2 est

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complètement différent en ce qu’il exige l’extrait du casier judiciaire vierge


et une moralité irréprochable. Il est regrettable qu’une telle condition soit
accessoire au caractère irréalisable de l’engagement exigé à l’article 653,
al.2. Pourtant cette condition pouvait compléter les exclusions de l’article
653, al.1 CF.
- La plupart des dérogations à certaines conditions sont désormais retirées
au Président de la République et accordée au Gouverneur de province pour
les adoptions des congolais par les congolais. Pourquoi pas le bourgmestre
de commune ? Ces dérogations ne peuvent être accordées que par voie d’un
arrêté interministériel des ministres ayant les affaires étrangères, l’intérieur,
la justice, la famille et l’enfant ainsi que les affaires sociales dans leurs
attributions pour le cas d’adoption internationale. Cette dernière mesure
alourdit la procédure au regard du nombre des ministères impliqués en plus
du travail que doit effectuer l’organisme public chargé des adoptions.
- L’article 662, al. 2 exige que les père et mère de l’enfant à adopter
donnent leur consentement. Si l’un est décédé ou se trouve dans
l’impossibilité de donner son consentement ou est déchu de l’autorité
parentale, le consentement est donné par le conjoint en état de le faire en
plus d’un membre de la famille de l’autre conjoint désigné par le Tribunal
pour enfants sur proposition du Conseil de famille à condition que la filiation
de l’enfant à adopter ait été établie à l’égard des deux parents. Ce
consentement peut être donné par écrit. Mais il doit être réitéré par la
personne qui doit le donner devant le Tribunal, à défaut, sous acte
authentique.
- Le législateur s’acharne sur les mesures de protection de l’enfant en cas
d’adoption internationale. Il se répète en demandant au juge d’examiner les
procès-verbaux pour s’assurer que : 1) l’enfant ne pouvait pas être gardé
dans la famille élargie (concept non défini et qui n’entre pas nécessairement
dans les termes de la famille-ménage de l’article 700 ou dans ceux de la
famille-parenté de l’article 701 CF et qui doit alors s’entendre dans son sens
usuel) ou de la communauté locale (de quelle circonscription administrative
peut-il s’agir ?) ; 2) pas de prise en charge alternative en RDC (à voir le
nombre d’enfants dans les rues, l’on peut dire que cette condition est facile à
démontrer) ; 3) si l’adoptant est en couple, il doit être marié d’abord, et
ensuite marié avec une personne de sexe opposé avec laquelle il cohabite.
Donc il y a exclusion des concubins, des Pacsés du système français, des
séparés et des homosexuels et lesbiennes mariés sous l’autorisation des lois
étrangères ; 4) la pauvreté des parents ou de la famille n’est pas la seule
motivation de l’adoption ; 5) l’intérêt supérieur de l’enfant doit être pris en
compte.
- Un certain nombre de dispositions ont été insérés sous le chapitre de
l’adoption. Au nombre de ces innovations nous citons :

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1) L’adoption des enfants séparés ou non accompagnés en période de


conflit ou post-conflit armé n’est pas recevable sous certaines
conditions.
2) En cas d’adoption internationale d’un enfant congolais, l’Etat de
destination ne peut être que celui avec lequel la RDC est liée par une
Convention internationale en matière d’adoption au moment de la
décision judiciaire.
3) Les dispenses sur le nombre d’enfants à adopter ou à l’âge de l’adoptant
par rapport à l’adopté ne peuvent être données par le Gouverneur de
Province mais par arrêté interministériel.
4) L’article 920 bis abroge l’alinéa 2 de l’article 18 LPE et les articles 19 et
20 de la même loi.
5) L’examen de nouveaux dossiers en matière d’adoption est suspendu en
attendant la mise sur pied de l’Organisme public chargé des adoptions et
des mesures prises sous l’article 691 bis (par décret du premier
Ministre). C’est une suspension plus ou moins légale, contrairement à la
décision précédemment prise par les autorités des Migrations qui était,
elle, contraire à la loi. La suspension s’applique aux nouveaux dossiers
et non aux dossiers en cours. Nous notons seulement qu’elle risque de
durer et consacrer une sorte de suppression déguisée de l’adoption
internationale en RDC si jamais les gouvernants n’y trouvent aucun
intérêt d’accélérer la mise en place de la structure qui justifie cette
mesure.

XII. Successions
La plupart des dispositions ont été maintenues dans leur ancienne
formulation. La modification est intervenue pour actualiser les sommes, jadis
fixées en zaïres. Ainsi, les grands héritages se situent au-delà de 1.250.000
FC.
L’on doit regretter que le législateur n’ait pas pris en compte le fait que
les descendants d’une femme nés hors mariage risquent de ne pas se
retrouver dans l’ordre de succession donné à l’article 758 CF. Le principe
selon lequel « Mater semper certa » peut-être brandie, reste que la
contestation ne portera pas sur la filiation maternelle mais plutôt sur le droit
de cet enfant à figurer parmi les héritiers de la première catégorie puisque
non expressément citée par cette disposition. Elle aurait pu intégrer l’aspect
de l’enfant dont la maternité a été déclarée puisque le simple fait de
l’affiliation se rattache aux enfants de l’homme. Une interprétation
analogique judiciairement ficelée pourrait aider à passer cette barrière.
Il faut également constater que les enfants à « père juridique » ne sont pas
mentionnés tout comme ceux « sous tutelle » parmi les héritiers de la
première catégorie. Cela sous-entend qu’un enfant qui se trouve sous
l’autorité d’un père juridique ou sous tutelle ne peut venir à la succession du

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père juridique ou du tuteur sauf si ce dernier l’a adopté. Pourtant, cette


question avait été abordée lors de l’examen d’un texte plus complet à
l’Assemblée nationale.
Il est ajouté certaines dispositions en cette matière.
- Selon le nouvel article 811 bis, lorsque les père et mère sont tous
décédés alors que tous les héritiers sont mineurs, le législateur décide que
pareille succession ne peut être liquidée. Il décide que le Tribunal pour
enfants nommera deux administrateurs issus des deux familles du père et de
la mère prédécédés. Un inventaire des biens des conjoints prédécédés est
dressé dans les formes prescrites par cet article. Les administrateurs devront
consigner le titre de propriété immobilière dans une banque (quid si la
parcelle n’était pas couverte par un certificat d’enregistrement ? En utilisant
le concept « titre immobilier parcellaire » le législateur semble viser tout
titre pouvant attester des droits immobiliers. En ce compris le simple
« contrat de vente » d’une parcelle ?), payer les dettes dues par les de cujus.
Ces administrateurs exerceront les mêmes fonctions que le liquidateur
ordinaire à quelques différences près. Principalement, leur tâche n’est pas de
poser des actes de disposition et de liquidation sur la succession puisque
l’article 811 bis l’interdit. Ils peuvent défendre en justice la succession ou
agir en lieu et place des héritiers mineurs pour le besoin des questions liées à
la succession. Mais que serait alors le rôle des tuteurs ? Y aurait-il
concurrence d’action ou exclusivité ?

XIII. Compétence des juridictions


Le Tribunal pour enfants est désormais compétent en cas de modification
du nom de l’enfant dont le père et la mère sont inconnus [art. 60(2)]. Le
Tribunal pour enfants est également compétent pour connaître de la requête
en changement, modification et radiation du nom d’un enfant [art. 64(2) et
65], ce qui justifie la prise en compte du greffe du Tribunal pour enfants en
ce qui concerne l’exécution de la décision (art. 66).
Les autres compétences du Tribunal pour enfants sont :
- Défaut d’acte d’état civil (article 106).
- Rectification des actes d’état civil pour des cas autres que ceux prévus
aux articles 106 et 107.
- Annulation du procès-verbal de découverte d’un enfant et de l’acte de
naissance provisoire lorsque l’acte de naissance est retrouvé ou lorsque la
naissance de l’enfant a été judiciairement déclarée (art. 122).
- Jugement déclaratif de décès dans le cas de disparition d’un enfant (art.
142). Toutefois, le Tribunal de Grande Instance reste compétent lorsqu’il
s’agit d’établir un « jugement collectif » de décès concernant des
personnes disparues dans des événements tels que le naufrage, une
catastrophe aérienne, etc. (art. 143) et spécialement le TGI du port
d’attache en cas de naufrage d’un navire ou d’un bateau battant pavillon

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congolais et le TGI de Kinshasa Gombe lorsqu’a disparu un aéronef


immatriculé en RDC (art. 144).
- Désignation du tuteur des enfants mineurs dont le conjoint de l’absent
vient à décéder avant le jugement déclarant le décès de l’absent (art. 199
& 200).
- Désignation d’un tuteur spécial en cas de conflit entre les intérêts d’un
mineur et ceux de ses parents ou de son tuteur (art. 216). C’est une
compétence alternative avec le Tribunal de paix. Le nouvel article ne
reprend plus la possibilité pour le Tribunal de remplir cet office.
- La désignation d’un tuteur pour un mineur puisque dans le cas d’un
majeur aliéné interdit, c’est le Tribunal de paix qui sera compétent (art.
224).
- Contrôle de la tutelle des mineurs (art. 231, 233).
- Emancipation d’un mineur (art. 289).
- Déchéance de l’autorité parentale (art. 319).
- Nomination du tuteur adjoint en cas de décès du père ou de la mère (art.
323).
L’homologation des actes de notoriété pour faits postérieurs à la loi est
attribuée à la compétence des Tribunaux de paix et Tribunaux pour enfants,
certainement pour différencier le cas des majeurs et mineurs.
La compétence en matière d’absence est dévolue au Tribunal de paix (art.
176, 191). Il en est de même de la compétence en matière de garde d’enfants
lorsqu’il y a désaccord sur la question entre conjoints qui cherchent à se
séparer conventionnellement (art. 457, al. 2). L’action est introduite par voie
de requête. L’on se poserait la question de savoir pourquoi le Tribunal pour
enfants n’a pas été mis à contribution puisqu’il est le mieux placée pour
interpréter l’intérêt supérieur de l’enfant. Il nous semble ici que le législateur
met au premier plan les rapports du ménage dans le sens où le Tribunal de
paix est la juridiction la mieux indiquée pour statuer en matière des conflits
de famille et peut d’ailleurs jouer un rôle de conciliateur (art. 460). La
requête aux fins d’adoption est adressée au Tribunal de paix (art. 670) après
avis de l’Organisme chargé des adoptions alors que la question tomberait
bien sous la coupe du Tribunal pour enfants puisque la loi portant protection
de l’enfant lui donne compétence en matière d’adoption (art. 99, al. 2 de la
loi portant protection de l’enfant). Et cet article 99, al. 2 LPE n’a pas été
abrogé. Est-ce pour dire que la compétence est partagée ? Pourrait-on
soutenir que pour les adoptions des mineurs le Tribunal pour enfants reste
compétent alors que pour celle des majeurs et celle qui est internationale est
réservée au Tribunal de paix ? La litispendance est-elle imaginable pour une
question qui n’oppose pas deux parties ? Nous pensons que la pratique va
tracer le chemin pour ces deux types de compétences.
La requête en vue de la mutation sur les biens fonciers et immobiliers
faisant partie d’une succession est introduite au Tribunal de paix lorsqu’il
s’agit de petits héritages (1.250.000 FC) et au Tribunal de Grande Instance

47
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pour ceux dont la valeur dépasse ce montant. L’on comprend que cette
disposition déroge à la compétence des Tribunaux de paix en limitant sa
compétence en matière des successions contrairement à ce qui est affirmé à
l’article 110, al. 1er de la loi organique portant organisation, fonctionnement
et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire25.
La nouvelle formulation de l’article 934 ne reprend pas l’abrogation des
dispositions de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre
judiciaire concernant, en particulier, la compétence des juridictions de
l’ordre judiciaire comme c’était le cas de l’ancien Code d’organisation et
compétence judiciaires. Pourtant les nouvelles dispositions de la loi
modificative abrogent « tacitement » les dispositions sur la compétence du
Tribunal de paix, du Tribunal de Grande Instance en matière des successions
(art. 807 et 817 CF) et même du Tribunal pour enfants. Cet article se limite à
souligner que dans les lieux où il n’existe pas encore de Tribunal pour
enfants, leur compétence dévolue par le Code de la famille est exercée par le
Tribunal de paix. Alors qu’il est un fait que même les Tribunaux de paix ne
sont pas encore installés partout au Congo. L’on doit regretter que la
modification du Code de la famille n’ait pu emporter l’article 23326 de la loi
n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant sur le régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des sûretés (ci-après LF) telle que modifiée
et complétée à ce jour.
L’on rappellera que l’article 233 LF précité donne qualité à un héritier ou
légataire pour introduire la requête en investiture et devant le Tribunal de
Grande Instance. Les articles 807 et 817 CF partagent la compétence entre le
Tribunal de paix (pour les petits héritages) et le Tribunal de Grande Instance
(pour les grands héritages). L’article 807 CF donne qualité au liquidateur
pour introduire la requête en investiture en vue d’opérer la mutation des
biens fonciers et immobiliers de la succession. La doctrine penche pour
l’application des articles du Code de la famille puisque ses dispositions
portant sur la mutation en cas de décès sont spéciales par rapport à celles
prévues à l’article 233 LF, d’une part et, d’autre part, puisque la loi nouvelle
déroge à l’ancienne. Mais il faut remarquer que certains aspects de la
procédure prévues par l’article 233 LF ne sont pas repris par le Code de la
25
« Les tribunaux de paix connaissent de toute contestation portant sur le droit de la famille,
les successions et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume ».
26
Sous réserve du régime des terres prévu par l’article 210 de la présente loi, les mutations
par décès ne peuvent être opérées qu’en vertu d’une ordonnance du juge du Tribunal de
grande instance de la situation de l’immeuble. La requête de l’héritier ou légataire doit être
publiée dans un ou plusieurs journaux de l’Etat à désigner par le juge. L’ordonnance
d’investiture n’est rendue qu’après examen de tous actes ou documents propres à justifier le
droit de l’impétrant, et telles mesures d’instruction qu’il appartient à la vigilance du
magistrat de prescrire. Le Procureur de la République doit donner son avis par écrit.
L’ordonnance d’investiture doit être rendue dans les quatre mois à compter du jour où ont
paru les journaux dans lesquels la requête a été publiée.

48
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famille. Ce qui porte à croire que les alinéas 1 et 2 de l’article 233 LF sont
emportés en partie.

XIV. Infractions
La modification retouche également le montant des amendes évaluées en
zaïres (monnaie) pour les fixer en Francs congolais. A titre d’illustration, on
peut citer :
- Usurpation du nom : 7 jours à 3 mois ; 500.000 à 1.000.000 FC (art. 69) ;
- Attribution ou enregistrement d’un nom tiré d’un autre patrimoine que
congolais : 30 jours et/ou 100.000 FC d’amendes (art. 70) ;
- Défaut ou refus de faire une déclaration de naissance ou de décès : 10.000
à 50.000 FC (art. 114) ;
- Le fait de contraindre une personne à se marier : un à trois mois SPP et
150.000 à 600.000 FC (art. 336) ;
- Le non-respect des conditions du mariage par l’officier de l’état civil (art.
395) ;
- Bigamie : 1 à 3 mois de SPP et 125.000 à 500.000 FC (art. 408) ;
- L’incitation d’un époux à violer l’obligation de cohabitation : un à trente
jours de SPP et 125.000 à 350.000 FC d’amende ;
- L’adultère : 6 mois à 1 an et 60.000 à 250.000 FC d’amendes (art. 467) ;
- Le défaut d’affilier son enfant : 50.000 à 100.000 FC et le refus de
l’affilier : dix à trente jours de SPP plus amendes de 100.000 à 500.000
FC (art. 614) ;
- Le défaut d’exécuter, pendant deux mois, une décision condamnant à la
pension alimentaire non susceptible d’appel ou d’opposition : 7 jours à 6
mois et une amende de 250.000 à 1250.000 francs congolais (art. 926).
L’article 414 a toujours instauré une « solidarité » dans le paiement des
amendes. C’est à se demander si cette peine fait exception au principe de
personnalisation de la peine en vogue en droit pénal puisque manifestement
l’article 414 instaure une peine collective.

XV. Droit international privé


L’identification d’un étranger est soumise à sa loi nationale (art. 71).
Nous devons faire remarquer que l’article 915 du Code de la famille a été
abrogé. Cet article consacrait la survivance du Titre II posé par le Décret du
20 février 1891 sur les étrangers et intégré dans ce qui était connu sous le
nom de Code civil livre premier. Ce titre II a constitué la matrice du droit
international privé congolais. Etant donné que l’article 915 CF est abrogé à
ce jour, cela signifie que les dispositions du droit international privé doivent
être maintenant recherchées çà et là dans divers textes existants. Il s’agit par
exemple de l’article 24 du Décret du 30 Juillet 1888 portant contrats ou

49
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obligations conventionnelles27, art. 1er 28, al. 1er 29 et 6, al. 1er 30 du Code du
travail tel que modifié et complété à ce jour31, les dispositions pertinentes de
la loi organique sur les juridictions de l’ordre judiciaire. Il y a lieu de
préciser que toutes les questions de droit international privé ne sont pas
nécessairement réglées par les textes épars. D’où les questions de ce
domaine tomberont bien sous le coup de la coutume, des principes généraux
de droit et de la jurisprudence à défaut de loi par l’effet des modes de
rattachements habituellement retenus en droit international privé.
L’article 593 introduit une limite à la jouissance des droits par les enfants
étrangers se trouvant sur le territoire de la RDC en ces termes :

Les droits prévus par la présente loi sont, sous réserve de la


réciprocité en ce qui concerne les étrangers, reconnus à tous les
enfants vivant sur le territoire congolais sans exception aucune.
Toute discrimination entre Congolais basée sur les circonstances
dans lesquelles leur filiation a été établie, est interdite.

En droits humains, la condition de réciprocité n’est pas concevable. Un


Etat ne peut violer les droits d’un individu sous prétexte que l’autre Haute
partie contractante fait de même sur son territoire. Cette disposition constitue
un recul s’il faut le comparer à l’ancien article 593.

XVI. Harmonisation des textes


Certaines dispositions mettent le Code de la famille en phase avec les
dénominations découlant de la Constitution du 18 février 2006 ou d’autres
lois. Il s’agit notamment de :
27
Art. 24 : L’état et la capacité des personnes, ainsi que leurs rapports de famille, sont régis
par les lois de la nation à laquelle elles appartiennent.
28
Article 1er : Le présent code est applicable à tous les travailleurs et à tous les employeurs, y
compris ceux des entreprises publiques exerçant leur activité professionnelle sur l’étendue
de la République démocratique du Congo, quels que soient la race, le sexe, l’état civil, la
religion, l’opinion publique, l’ascendance nationale, l’origine sociale, la nationalité des
parties, la nature des prestations, la rémunération et le lieu de conclusion du contrat, dès lors
que ce dernier s’exécute en République démocratique du Congo. Il s’applique également
aux travailleurs des services publics de l’Etat engagés par le contrat de travail.
29
Article 6: la capacité d’une personne d’engager ses services est régie par la loi du pays
auquel elle appartient, ou à défaut de nationalité connue, par la loi congolaise.
30
Loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 modifiant et complétant la loi n° 015-2002 du 16 octobre
2002 portant code du travail.
31
Art. 119 sur l’exécution des décisions étrangères ; art. 120 sur l’exécution des sentences
arbitrales étrangères ; art. 121 sur l’exécution des actes authentiques dressés à l’étranger ;
art. 132 sur la compétence du juge en matière mobilière (lieu de naissance ou d’obligation
de contrat) : disposition à contrebalancer avec le principe bien établi en droit international
privé sur l’autonomie de la volonté ; art. 136 sur la compétence du juge de la situation de
l’immeuble ; art. 137 sur la compétence du juge du lieu d’ouverture de la succession ; art.
138 sur la compétence du juge en cas de succession ouverte à l’étranger ; art. 147 et 148 sur
les conditions pour assigner les étrangers en RDC.

50
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- Siège des bureaux d’état civil (art. 73 et ss.) ;


- Nom du pays [art. 82(2)] ;
- Sanction quant aux fausses déclarations : celle prévue à l’article 124 du
Code pénal (art. 115) ;
- Délai de déclaration des naissances : 90 jours conformément à la loi sur la
protection des enfants (art. 116).

XVII. Abrogations
Sont abrogées toutes les dispositions non modifiées faisant allusion au
mariage d’enfants (ancien art. 288, 358, 359, 360, 418, 419). Il s’agit ici
d’une abrogation expresse puisque les articles 48 et 201 LPE avaient déjà
abrogé tacitement ces dispositions. Le législateur intervient donc pour
faciliter la lecture du Code de la famille à la lumière d’autres lois.
La preuve de la non-puberté est abrogée (ancien article 421) ; est
également abrogée la gestion par la femme de ses biens propres (ancien
article 497). Ceci peut se justifier par le souci de rendre efficace la « gestion
maritale avec concertation » des biens par les époux.
Un époux ne peut plus être autorisé à passer seul les actes cités à l’article
499 CF. L’ancien article 501 qui le permettait est abrogé. C’est,
certainement, dans le but de rendre efficace l’obligation pour les époux de
s’accorder lorsqu’ils doivent passer ces actes « importants ».
Est abrogée la séparation judiciaire des biens au bénéfice de la femme
mariée lorsqu’il y a eu désordre dans la gestion faite par le mari (ancien art.
515, 531 et 537). Mais l’on peut se demander si les articles 449 et 495 ne
produiraient pas le même effet. En effet, l’article 490, al. 3 CF permet aux
époux de décider que chacun gérera ses propres biens. Cela laisse sous-
entendre que les époux peuvent aussi se convenir que l’homme gère seul ou
bien que la femme gère seule tous les biens. Bref, il en ressort que les époux
peuvent choisir le mode de gestion de leurs biens. Et s’il apparaît un
désordre dans la gestion, cela peut donner lieu à un désaccord. Lorsque le
désaccord est persistant et qu’il y a préjudice pour l’un d’eux, l’article 449
peut être mis à contribution pour permettre au juge d’intervenir et, partant,
de décider de changer le mode de gestion retenu par les époux. Tout comme,
l’article 495 CF permet de modifier le mode de gestion des biens dans les
mêmes conditions que celles du changement du régime matrimonial, c'est-à-
dire par voie de requête introduite devant le Tribunal de paix et cela, une
seule fois pendant le mariage. Ceci nous permet d’arriver à la conclusion que
le juge peut prononcer la séparation des gestions avec le même effet
qu’avaient les articles abrogés concernant la séparation judiciaire.
Est également abrogée la disposition qui demandait l’autorisation
maritale lorsque la femme devait ester en justice contre une personne autre
que son mari (ancien article 450). Mais est-ce à dire qu’elle peut alors agir
sans contrôle ? Une lecture a contrario du premier point de la nouvelle

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formulation de l’article 451 peut faire dire qu’il faut l’accord de l’autre
conjoint lorsque l’un d’eux veut agir contre un tiers. L’on pourrait affirmer
que la liberté d’agir en justice est limitée pour les deux conjoints par la
nécessité de l’accord de l’autre. Bref, la limitation qui pesait jadis sur la tête
de la femme mariée seulement, pèse aujourd’hui sur la tête des deux ; cela
pour dire que la femme n’est pas libérée mais il y a plutôt égalité dans la
limitation pour forcer les conjoints à collaborer avant d’agir en justice.
Désormais, les mineurs, même judiciairement émancipés, ne peuvent plus
faire des présents d’usage ni l’aumône en rapport avec leur fortune sans
l’assistance de leur curateur par suite de l’abrogation de l’article 835.
Certainement, le législateur a voulu éviter que des biens du mineur ne
disparaissent sous la couverture d’une représentation même par les père et
mère. L’article 833 est maintenu dans le sens de cette interdiction. La
question est de savoir si un père de famille peut se faire autoriser par le
Tribunal pour enfants pour passer outre cette interdiction.
L’ancien article 915 du Code de la famille est également abrogé. Il était
la justification du maintien de l’ancien Titre II du Code civil livre premier
sur le statut des étrangers et formait la base du droit international privé
congolais. Il se pose la question de savoir si les règles de conflit seront
actuellement régies par quel texte en attendant qu’un autre texte soit pris sur
la matière. Et dans la foulée les anciennes dispositions abrogatoires (anciens
articles 916-920) sont elles-mêmes abrogées. Il en est de même de quelques
dispositions transitoires du passé qui ont été abrogées (tel que l’ancien article
921 et de l’ancien art. 922 sur la carte du citoyen).
Les anciens articles 930 et 931 sont abrogés puisque devenus,
certainement, obsolètes.
L’ancien article 932 qui faisait de la loi sur la nationalité le livre 1er du
Code de la famille est également abrogé alors que le Code de la famille
débute à l’article 56 et non à l’article 1er. Quelle est la conséquence d’une
telle abrogation ? Est également abrogée l’ancien article 933 qui se
prononçait sur l’application dans le temps des règles de fond et de forme à
l’entrée en vigueur du Code de la famille. Cela sous-entend que pareilles
questions tombent dans le champ des textes de droit judiciaire et, en cas de
silence, des principes généraux du droit judiciaire.

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Tableau 1 : Répertoire des délais


N° Objet Délai Base légale
Transcription du jugement en changement
1. de nom et transmission pour publication 3 mois Art. 66
au JORDC
Gestion et transmission des parties
2. indiquées du registre d’état civil au 2 mois généralement Art. 87 et ss.
Greffe du Tribunal de Grande Instance
Dans les 30 jours du
fait ou de l’acte
3. Dresser un acte d’état civil Art. 98
juridique qui le
constate
90 jours depuis la
4. Déclaration de la naissance Art. 116
naissance
Délai pour transcrire le dispositif d’un
5. 8 jours Art. 106
jugement supplétif d’acte de l’état civil
Prononcé du jugement supplétif d’un acte 8 jours depuis la
6. Art. 153
de notoriété pour faits antérieurs à la loi saisine
Après 1 mois de
7. Acquisition de la qualité de résidence Art. 169
séjour
12 mois depuis les
8. Demande en nomination d’un mandataire Art. 176
dernières nouvelles
3 ans s’il a constitué
9. Présomption de vie Art. 173
un mandataire
6 mois depuis les
10. Inventaire par mandataire Art. 173
dernières nouvelles
6 mois après
Prononcé du jugement déclaratif
11. l’introduction de la Art. 186
d’absence ou de décès de l’absent
requête
5 ans depuis la fin de
12. Présomption de mort Art. 191
la présomption de vie
Péremption des sûretés portant sur les
13. 8 ans Art. 202
biens de l’absent
Transcription du jugement déclaratif
14. d’absence ou de décès au Registre d’état Dans le mois Art. 205
civil
Durée interdite pour faire voyager le
mineur sous tutelle sans autorisation du
15. Plus de 3 mois Art. 231
Tribunal pour enfants après avis du
Conseil de famille
Dans les 3 mois de sa
Délai pour dresser le compte complet de Art. 234 &
16. sortie de fonction ou
gestion par le tuteur art. 259
de son décès
Validité de l’approbation du compte 6 mois après la Art. 234 &
17.
complet de gestion du tuteur reddition du compte art. 259
Durée pour dresser le compte par le Dans les 9 mois de la
18. Art. 260
Conseil de tutelle fin de la tutelle
1 an après la reddition
19. Validité de l’approbation Art. 260
du compte

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N° Objet Délai Base légale


2 mois depuis
Requête en vue du maintien ou pas de la
l’établissement ou la
20. tutelle de l’Etat pour un enfant dont la Art. 280
connaissance de la
filiation est établie
filiation
Signification de la décision accordant Dans le mois de la
21. Art. 291
l’émancipation décision
Transmission pour inscription de la
Dans le mois de la Art. 309 &
22. décision d’interdiction ou de mise sous
décision art. 315
curatelle ainsi que de leur mainlevée
Action fondée sur la rupture des 1 an à partir de la
23. Art. 348
fiançailles rupture
300 jours depuis la
dissolution ou
24. Délai de viduité Art. 355
l’annulation du
précédent mariage
Dans les 3 mois qui
Constat, publicité et enregistrement du
25. suivent la célébration Art. 370
mariage célébré en famille
du mariage en famille
Dans les 15 jours
26. Publicité du mariage célébré en famille Art. 370
après déclaration
27. Publicité du mariage-célébration 15 jours francs Art. 384

Information au Président du Tribunal de


Art. 371 &
28. paix lorsque l’OEC sursoit à célébrer un 48 heures
385
mariage

Ordonnance du président du Tribunal de


paix sur la poursuite de la surséance à Art. 371 &
29. 8 jours
célébrer mariage ou pas à la suite de 385
l’opposition
Comparution à l’audience sur
30. Dans les 15 jours Art. 371
l’opposition au mariage
Prononcé du jugement sur opposition au
31. 8 jours Art. 371
mariage
Appel contre le jugement sur opposition
32. 15 jours francs Art. 372
au mariage-constatation
Appel contre le jugement sur opposition
33. 8 jours francs Art. 386
au mariage-célébration
Prescription de l’action en nullité d’un 2 ans après la Art. 403 &
34.
mariage célébration 405
6 mois après la
Prescription de l’action en nullité du cessation de la Art. 403 &
35.
mariage pour violence ou erreur violence et depuis la 405
découverte de l’erreur
Prescription de l’action en nullité du 6 mois après que
36. mariage pour incapacité (cas l’interdit ait recouvré Art. 424
d’interdiction) sa capacité
Ordonnance prononçant les mesures
15 jours depuis la
37. provisoires urgentes lorsqu’un des époux Art. 463
requête
manque à ses devoirs

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N° Objet Délai Base légale


Transcription au registre d’état civil de la
1 mois depuis la
38. décision de changement de régime Art. 496
décision
matrimonial ou du mode de gestion
Présomption d’accord dans le cas de 6 mois après passation
39.
gestion conjointe de l’acte
Réintroduction de la requête en divorce
40. après échec de répondre à la convocation 6 mois Art. 556
du Président du Tribunal
Durée de l’ajournement de l’audience
41. pour tenter de resserrer les liens des 6 mois Art. 559
époux
Délai pour réagir aux documents envoyés
42. à un conjoint résidant à l’étranger et qui 6 mois Art. 561
est en instance de divorce
Délai pour prononcer le jugement
43. 6 mois Art. 572
complémentaire à celui de divorce
1 mois à partir du jour
Remise du jugement en divorce aux où la décision n’est
44. Art. 576
parties plus susceptible de
recours
6 mois à partir de la
Demande pour user de la maison
45. transcription de la Art. 583
conjugale après divorce
décision
Délai pour intenter l’action en recherche
46. 1 an Art. 611
de paternité (sauf pour l’enfant)
47. Délai pour affilier 12 mois Art. 614
1 an depuis la
Délai pour contester la convention
connaissance ou après
48. d’affiliation entre le père et la famille de Art. 619
la majorité si la mère
la mère
était mineure
49. Délai pour contester l’affiliation 1 an Art. 624
Injonction à l’OEC de transcrire la 1 mois à compter de
50. Art. 675
décision d’adoption la décision
3 mois depuis la
Délai pour introduire la requête civile en
51. connaissance de la Art. 676
matière d’adoption
cause d’ouverture
Délai pour réclamer les aliments dus par
52. 1 an à partir du décès Art. 725
la succession du conjoint prédécédé
Prescription de l’action en réclamation 3 mois à compter de
53. Art. 752
des arrérages l’échéance
1 an à partir de la
Acquisition provisoire de la succession à publication de la
54. Art. 763
l’Etat succession en
déshérence
Acquisition définitive de la succession en 5 ans à dater de la
55. Art. 763
déshérence publication
3 mois après que le
testateur ne soit
56. Durée de validité du testament oral Art. 764
décédé ou ait survécu
à sa maladie

55
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N° Objet Délai Base légale


3 mois depuis
Délai pour introduire l’action en
57. l’ouverture de la Art. 789
homologation du droit de reprise
succession
3 mois à partir de la
58. Faculté de renoncer à la succession connaissance de la Art. 801
qualité d’héritier
Saisine (par le liquidateur) du bureau des
3 mois depuis l’entrée
59. successions dans le cas de grands Art. 813
en fonction
héritages
Délai pour contester le projet de
60. liquidation dressé par le Bureau des 3 mois Art. 815
successions
Délai pour régulariser les cas de tutelle
61. soumise à l’Etat en vertu de la législation 6 mois Art. 923
ancienne
Délai pour afficher la déclaration de
choix du régime matrimonial et du mode
Dans le mois de la
62. de gestion adopté par les conjoints mariés Art. 928
déclaration
avant l’entrée en vigueur la loi du 1er
Août 1987

Tableau 2 : Répertoire des infractions prévues par le Code de la famille


Servitude Base
N° Infraction Amende
pénale légale
Usurpation volontaire et continue 500.000 à
1. 7 jours à 3 mois Art. 69
d’un tiers 1.000.000 FC
Attribution d’un nom en violation 100.000 FC
2. 30 jours Art. 70
de l’article 58 au maximum
Le fait d’amener un enfant trouvé,
abandonné, sans famille dans un
lieu autre qu’au siège du Conseil 50.000 à
3. 7 à 30 jours Art. 276
de tutelle ou du chef de village 250.000 FC
avec une intention coupable et
intéressée
Le fait de contraindre une
personne à se marier ou 150.000 à
4. 1 à 3 mois Art. 336
d’empêcher la célébration d’un 600.000 FC
mariage qui remplit les conditions
Célébration du mariage avant la 300.000 FC
5. 7 à 30 jours Art. 387
mainlevée de l’opposition au maximum
Le fait pour un officier de l’état
civil de célébrer un mariage 150.000 à
6. 2 à 12 mois Art. 395
sachant qu’il ne remplit pas les 700.000 FC
conditions
Le fait de s’engager dans un
mariage sans que le précédent 125.000 à
7. 1 à 3 mois Art. 408
n’ait été dissout ou annulé 500.000 FC
(bigamie)
2 mois au 1.000.000 FC
8. Polyandrie Art. 413
maximum au maximum

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Servitude Base
N° Infraction Amende
pénale légale
Le fait de solliciter ou d’agréer
des offres ou promesses de dot ou 125.000 FC
9. 7 jours à 1 mois Art. 427
solliciter et recevoir une dot en au maximum
violation de l’article 361 CF et ss.
Le fait pour les parents d’un
30 jours au 125.000 à
10. conjoint de l’inciter à abandonner Art. 466
maximum 350.000 FC
l’autre conjoint
60.000 à
11. Adultère 6 mois à 1 an Art. 467
250.000 FC
Le fait d’imposer au veuf, à la
veuve ou à ses parents un
traitement ou l’accomplissement 1 mois au 125.000 à
12. Art. 544
des rites incompatibles avec la maximum 650.000 FC
dignité humaine et la liberté
individuelle
Le fait de percevoir une 1 mois au 125.000 à
13. Art. 545
indemnité de décès maximum 600.000 FC
Défaut d’affilier son enfant dans 50.000 à
14. Art. 614
le délai de 12 mois 100.000 FC
Refus d’affilier son enfant suivi
100.000 à
15. d’une décision déclarant fondée 10 à 30 jours Art. 614
500.000 FC
l’action en recherche de paternité
Le fait de ne pas exécuter pendant
2 mois les termes d’une décision
250.000 à
16. qui n’est plus susceptible de 7 jours à 2 mois Art. 926
1.250.000 FC
recours condamnant à la pension
alimentaire

Tableau 3 : Compétence matérielle des juridictions


Tribunal de Grande Base
Tribunal de paix Tribunal pour enfants
Instance légale
MATIERES Modification du nom Art. 60
d’un enfant de moins de
5 ans dont les père et
mère n’étaient pas
connus

Changement ou Changement ou Art. 64


modification du nom modification du nom

Radiation du nom Radiation du nom Art. 65


Autorisation à consulter Art. 91
les registres de l’état
civil
Surveillance de l’état Art. 102
civil
Injonction pour rectifier Art. 105
les omissions ou erreurs
purement matérielles
Jugement supplétif Jugement supplétif Art. 106
d’acte de l’état civil d’acte d’état civil

57
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Tribunal de Grande Base


Tribunal de paix Tribunal pour enfants
Instance légale
Rectification des actes Rectification des actes Art. 107
de l’état civil en dehors de l’état civil en dehors
des cas des art. 105 et des art. 105 et 106
106
Annulation du procès- Art. 122
verbal de découverte et
de l’acte de naissance
provisoire si l’acte de
l’enfant est retrouvé ou
sa naissance est
judiciairement constatée
Annulation du procès- Art. 139
verbal de découverte
et acte provisoire de
décès d’une personne
trouvée décédée si son
identité vient à être
connue
Jugement déclaratif de Jugement déclaratif d’un Art. 143
décès d’un disparu disparu
Jugement collectif de Art. 144
déclaration de décès
(cas de naufrage)

Jugement supplétif Art. 153


d’acte de notoriété pour
fait antérieur à la loi
Homologation d’un acte Homologation d’un acte Art. 155
de notoriété de notoriété
Jugement supplétif Jugement supplétif Art. 157
d’acte de notoriété pour d’acte de notoriété pour
fait postérieur à la loi fait postérieur à la loi
Nomination du Art. 176
mandataire des biens du
non-présent
Déclaration du décès de Art. 191
l’absent
Désignation d’un Art. 198
membre de la famille de
l’absent pour exercer le
droit de regard sur les
enfants mineurs de
l’absent
Désignation du tuteur Art. 199
des enfants mineurs de & 200
l’absent dont l’autre
conjoint est décédé
Constater qu’un Art. 202
cohéritier est
judiciairement
présumé absent
Désignation d’un tuteur Désignation d’un tuteur Art. 216
curateur spécial ou curateur spécial

Désignation du tuteur Désignation du tuteur Art. 224


Confirmation de la Art. 226
tutelle testamentaire

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Tribunal de Grande Base


Tribunal de paix Tribunal pour enfants
Instance légale
Autorisation des actes Art. 231
graves du tuteur
Litiges relatifs à la Art. 262
tutelle des pupilles de
l’Etat
Maintien ou pas de la Art. 280
tutelle de l’Etat en cas
d’établissement de la
filiation du pupille à
l’égard de ses père ou
mère
Emancipation d’un Art. 289
mineur de plus de 15 ans
Jugement d’interdiction Jugement d’interdiction Art. 301
Jugement de mise sous Art. 310
curatelle
Jugement sur le Art. 317
dissentiment entre père
et mère à propos de
l’exercice de l’autorité
parentale

Déchéance de l’autorité Art. 319


parentale ou tutélaire
Nomination d’un tuteur Art. 323
adjoint
Désaccord sur la Art. 336
contrainte exercée sur le
futur époux
Dispense du délai de Art. 355
viduité

Refus de recevoir la dot Art. 367


Opposition au mariage Art. 371
& 385
Enregistrement hors Art. 378
délai du mariage célébré
en famille
Dispense de la publicité Art. 384
d’un mariage-
célébration
Dispense de célébration Art. 389
du mariage au bureau de
l’état civil
Action en nullité du Art. 399
mariage
Désaccord persistant sur Art. 449
la passation des actes
Recours sur la fixation Art. 455
du domicile ou de la
résidence conjugale
Garde des enfants après Art. 457
séparation
conventionnelle
Non-respect des devoirs Art. 460
conjugaux

59
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Tribunal de Grande Base


Tribunal de paix Tribunal pour enfants
Instance légale
Mesures urgentes dans Art. 463
l’intérêt des enfants
lorsqu’un conjoint
manque gravement à ses
devoirs
Autorisation à percevoir Art. 481
personnellement les
revenus du conjoint
défaillant
Autorisation à percevoir Art. 486
les sommes dues par des
tiers au conjoint absent
Changement du régime Art. 494
matrimonial

Autorisation à Art. 498


représenter un époux
hors d’état de manifester
sa volonté
Demande en divorce Art. 555
Mesures provisoires en Art. 568
instance de divorce :
résidence des parties,
remise des biens
personnels, garde des
enfants
Homologation de Art. 585
l’accord des parties en
divorce sur la garde
d’enfants
Action en recherche de Art. 613
paternité
Régler le dissentiment Désigner un membre de Art. 663
entre père et mère d’un la famille du parent & 662
futur adopté majeur décédé en vue de donner
consentement pour
l’adoption d’un mineur
Requête en adoption Matière d’adoption Art. 670
d’enfants CF &
art. 99
LPE
Modification de la Art. 748
déclaration de sommes
par le débiteur
d’aliments
Constat du lien de Art. 762
parenté ou d’alliance des
héritiers de la 4ème
catégorie
Preuve que l’indigne a Art. 765
rompu des relations
familiales avec le de
cujus, de son vivant
Homologation du droit Art. 789
de reprise pour les petits
héritages

60
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Tribunal de Grande Base


Tribunal de paix Tribunal pour enfants
Instance légale
Contestations relatives Contestations relatives Art. 792,
aux grands héritages aux petits héritages (de 795, 807,
(de plus de 1.250.000 moins de 1.250.000 FC) 808, 810,
FC) 815, 817
Désignation de deux Art. 811
administrateurs lorsque bis
tous les héritiers de la
première catégorie sont
mineurs en cas de
prédécès de tous les
deux conjoints

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LOI

Le code de la Famille de la République


démocratique du Congo commenté et annoté
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I.
EXPOSE DES MOTIFS DU CODE DE LA
FAMILLE
VERSION DU 1ER AOÛT 1987
ADAPTE À LA LUMIÈRE DES
INNOVATIONS INTRODUITES PAR LA LOI
N° 16/008 DU 15 JUILLET 2016

La présente loi a pour but d’unifier et d’adapter les règles qui touchent
aux droits de la personne et de la famille à la mentalité congolaise.
En effet, d’après la Constitution (article 40 alinéa 2), la famille, cellule de
base de la communauté humaine, est organisée de manière à assurer son
unité, sa stabilité et sa protection. Elle est placée sous la protection des
pouvoirs publics.
Mais, la protection efficace de la famille appelle nécessairement
l’abandon de la diversité des règles juridiques auxquelles elle est
actuellement soumise du fait de l’existence d’un droit écrit colonial d’un
côté et de la multiplicité des coutumes de l’autre.
C’est pourquoi, le législateur a tenu à mettre sur pied des règles qui
régissent la famille, en conformité non seulement avec l’authenticité
congolaise mais aussi avec les exigences d’une société moderne.
Il s’agit d’un mouvement juridique complet traitant de toutes les
questions relatives aux droits de la personne et à ses rapports de famille.
Au plan de sa dénomination et contrairement à la pratique classique qui
parle du livre des personnes, la présente loi a voulu innover en adoptant la
terminologie «code dc la famille ». Deux raisons majeures justifient cette
innovation.
La première raison est d’ordre socio-philosophique. Dans la conception
congolaise authentique de la vie, les êtres humains sont solidaires et vivent
en communauté, en famille. L’individu ne peut réaliser pleinement sa
personnalité qu’au sein du groupe social dans lequel il vit, et ce,
contrairement à la conception socio-philosophique occidentale qui accorde
priorité à l’individu, la personne. C’est pour souligner ce sens
communautaire de la vie que le législateur a estimé devoir appeler cette
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partie fondamentale de notre droit civil, code de la famille et non code des
personnes.
La deuxième raison est le fait que de tous les domaines des personnes
physiques, sujets de droit civil, le domaine de la famille est celui dans lequel
le législateur a le plus apporté d’innovations dictées par le recours à
l’authenticité.
Ce code de la famille comprend quatre livres, à savoir :
- Livre I : De la Nationalité ;
- Livre II : De la personne ;
- Livre III : De la famille ;
- Livre IV : Des successions et des libéralités.

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LIVRE IER : DE LA NATIONALITE

Ce livre ne fait plus partie du code de la famille suite à l’abrogation, par


la loi n°16/008 du 15 juillet 2016, de l’article 932 qui disposait que la loi sur
la nationalité congolaise constitue le livre 1er du Code de la famille.
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LIVRE II : DE LA PERSONNE

1. Du nom des personnes physiques


La présence loi apporte une amélioration de la loi n° 73-022 du 20juillet
1973 relative au nom des personnes physiques. En effet, l’accent a été mis
sur le fait que selon la conception congolaise authentique, le nom résume la
personnalité de chaque individu. C’est pourquoi, le législateur n’a pas cru
devoir adopter comme principe de base, le système patronymique adopté par
la loi précitée.
Il a préconisé au contraire de laisser aux père et mère l’entière liberté du
choix du nom de l’enfant, de manière à permettre aux différentes convictions
traditionnelles de pouvoir s’exprimer.

2. De l’état civil
- Du domicile et de la résidence ;
- De l’absence et de la disparition.
La présente loi s’est préoccupée d’unifier l’état civil des personnes. C’est
ainsi qu’elle a prévu la création d’un bureau central des actes de l’état civil
au niveau du Ministère de la Justice. Ce bureau regroupera toutes les copies
des actes de l’état civil et ce, dans un but de centralisation et de statistique
démographique. En outre, il sera un organe d’études et d’impulsion pour le
bon fonctionnement et l’amélioration de l’état civil, clé de voûte de
l’identification des citoyens.
Le nouveau code préconise que la conservation des registres de l’état
civil soit assurée à trois échelons :
- à l’échelon local du bureau de l’état civil ;
- à l’échelon du greffe du tribunal de grande instance ;
- à l’échelon national du bureau central des actes de l’état civil.
L’ancien code prévoyait en matière de surveillance, de contrôle et de
rectification des actes de l’état civil des procédures purement
administratives. Le nouveau code, par contre, a introduit une innovation
importante en prévoyant des procédures judiciaires pour ces cas. En effet,
rien mieux que l’organe judiciaire ne paraît pouvoir garantir l’application
des textes légaux en cette matière et la sauvegarde du caractère exceptionnel
des rectifications de ces actes.
En matière de naissance, le présent code a choisi le lieu de résidence des
parents comme lieu de déclaration des naissances, plutôt que le lieu où la
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naissance a eu lieu. Par ce changement le législateur a voulu consacrer


légalement un usage fort répandu et qui, somme toute, assure le meilleur
contrôle démographique de la population.
Au plan des documents destinés à constater et à faire foi d’un état civil, il
est instauré notamment le système du livret de ménage, du livret d’affiliation
ou d’adoption et le recours aux actes de notoriété pouvant parfois remédier à
l’absence d’acte de l’état civil. La mise en vigueur d’une pareille
organisation implique évidemment la formation préalable des officiers de
l’état civil.
En matière d’absence et de disparition, compte tenu du développement
actuel des moyens de communication de toutes sortes, il a paru préférable de
raccourcir considérablement les délais nécessaires pour arriver à la
constatation du décès. Il est inutile en effet de prolonger ces délais dès lors
que l’incertitude sur le sort de l’absent peut aujourd’hui disparaître très
rapidement.
Sur le plan des sûretés que doivent présenter les administrateurs du
patrimoine de l’absent, il a été prévu aussi bien la caution que le
cautionnement.
Enfin, dans le cadre de cette matière, il est bon de noter qu’une lacune a
été comblée grâce à l’organisation de la disparition, notion qui était inconnue
dans l’ancien code civil.

3. De la capacité
Concernant les règles sur la capacité juridique, l’âge de la majorité a été
fixé à 18 ans, et ce, dans le souci de faire correspondre la majorité politique à
la majorité civile. De plus, le législateur a voulu se conformer à la réalité
congolaise selon laquelle, l’individu atteint sa maturité bien avant 21 ans
prévus par l’ancien Code civil.
Pour la protection des mineurs, la présente loi a retenu l’organisation de
la tutelle. Elle préconise le concours du conseil de famille dans la
désignation du tuteur, consacrant ainsi l’idée de solidarité bantoue. Ce
conseil qui n’agit qu’à la mort des parents pourra ainsi continuer à veiller
aux intérêts du mineur en désignant un tuteur de son choix.
Le principe adopté est que tout mineur, est placé sous l’autorité de ses
père et mère et ce n’est qu’à défaut de ces deux auteurs que le mineur est
placé sous tutelle. L’entretien et l’éducation des enfants, en effet, incombent
en premier lieu aux père et mère. A défaut de ceux-ci, la famille du mineur
doit, en vertu de son obligation de solidarité familiale, se préoccuper de son
du mineur.
L’Etat n’exercera la tutelle que dans deux cas :
Si un mineur est vraiment sans famille (mineur orphelin ou abandonné) :
Si les auteurs sont déchus de l’autorité parentale et que personne n’est jugée
apte à assumer la tutelle ordinaire.

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En cas de tutelle de l’Etat, chaque pupille sera pourvu d’un tuteur


délégué, personne physique ou morale. Souvent, ce sera une institution
publique ou privée (orphelinat ou établissement d’enseignement). Dans tous
ces cas, la tutelle sera placée sous la surveillance d’un conseil de tutelle
institué au niveau de chaque commune.
L’émancipation peut être obtenue à partir de 15 ans à la demande de la
personne qui exerce l’autorité sur l’enfant.
Le mineur émancipé acquiert la capacité limitée aux actes pour lesquels il
est émancipé. Une autre innovation est le fait de rendre l’émancipation
irrévocable. Ces innovations ont été dictées par un souci de simplification et
de sécurité juridique. En effet, comme le mineur rendu capable par
l’émancipation aura accompli de nombreux actes valides, le rendre incapable
par la suite peut créer de la confusion et de l’insécurité dans les rapports
juridiques.
La présente loi a également innové en instaurant l’incapacité pour des
actes limitativement énumérés de certains majeurs dont les facultés
corporelles ou mentales sont altérées. Ces personnes sont alors placées sous
curatelle. Leur régime s’applique également à toute personne qui le demande
pour l’exercice de certains actes de sa capacité civile. Ainsi se trouve
consacrée la grande solidarité africaine qui vise à secourir autrui à sa seule
demande ou lorsqu’un parent ou la communauté (le ministère public)
l’estime nécessaire.
Cette loi tient à consacrer l’une des valeurs fondamentales de la
civilisation africaine, à savoir le respect et l’honneur dus aux parents et ce,
quel que soit l’âge de l’enfant. C’est pourquoi, conformément à authenticité
congolaise, l’expression « autorité paternelle » disparaît au bénéfice de la
terminologie « autorité parentale » qui indique que désormais le père et la
mère exercent conjointement l’autorité sur leurs enfants et que ceux-ci leur
doivent, à tous deux indistinctement, l’honneur et respect.
Au cas où un des père et mère vient à mourir, le principe est la
continuation pure et simple de l’autorité parentale par l’autre parent. Mais le
législateur n’a pas perdu de vue que la coutume reconnaît aux membres de la
famille du défunt, un droit de regard sur les enfants orphelins de père ou de
mère. C’est dans ce but qu’a été prévue la possibilité, pour la famille du
prémourant des père et mère, de faire désigner un tuteur adjoint au parent
survivant et dont la mission sera définie par le tribunal.

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LIVRE III : DE LA FAMILLE

1. Du mariage
La matière complexe et délicate du mariage a fait l’objet de recherches
fouillées et a connu le plus grand nombre d’innovations.
Le législateur a d’abord tenu à confirmer le principe de la liberté du
mariage, principe consacré par la constitution. A cet effet, il est prévu des
sanctions contre ceux qui porteraient atteinte à cette liberté soit en poussant
une personne à se marier contre son gré, soit en s’opposant de mauvaise foi
au mariage d’une personne. Par cette dernière disposition, le législateur a
voulu combattre les oppositions des parents aux mariages pour raisons
tribales ou autres.
Les fiançailles ont été réglementées. Ce fait constitue une innovation par
rapport à l’ancien code civil. Pour maintenir le caractère libre et précaire des
fiançailles, il est prévu que l’exécution des obligations coutumières
incombant aux fiancés et à leurs parents, ne peut être poursuivie en justice.
Cependant, en cas de rupture des fiançailles, le remboursement des
prestations et valeurs dotales se fait conformément à la coutume. L’auteur de
la rupture est tenu de tous les frais occasionnés par les fiançailles, sans
préjudice de la réparation du dommage causé par le fait de la rupture. En
effet, il est prévu notamment que la fiancée ou les membres de sa famille
peuvent faire valoir un droit au dédommagement en vertu de la loi ou de la
coutume en considération des circonstances particulières qui se sont
produites lors des fiançailles.
Au plan des modalités de célébration du mariage et compte tenu de la
politique du recours à l’authenticité, le législateur a consacré, à côté du
système de mariage devant l’officier de l’état civil, le type de mariage que
traditionnellement, nos ancêtres ont toujours pratiqué à savoir le mariage
célébré en famille. Il s’est soucié seulement d’exiger que ce mariage, une
fois célébré selon les rites coutumiers, soit enregistré pour pouvoir être
opposable à tous les tiers. C’est ce qu’on appellera mariage- constatation.
Quant au mariage célébré devant l’officier de l’état civil, il a été appelé
mariage célébration. Ces deux types de mariage restent soumis aux mêmes
conditions de fond.
A propos de ces conditions, il y a lieu de souligner, au titre des
innovations importantes, que la dot a été considérée comme condition de
mariage, consacrant ainsi une conception coutumière solidement ancrée et
largement répandue dans notre mentalité traditionnelle. Le législateur a
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cependant été conscient du danger que font courir à cette noble institution,
des parents cupides qui la transforment en opération commerciale. C’est
pourquoi, il est prévu que le montant de la dot sera fixé selon les us et
coutumes des fiancés.
Cette dernière idée a pour but de permettre éventuellement de tenir
compte des diversités régionales pour ne pas heurter inutilement certaines
habitudes.
Le versement et l’acceptation de la dot constituent la preuve nécessaire et
suffisante du consentement des parents et des membres des familles des
fiancés au mariage ; dans le cas contraire, il y a absence de consentement.
Toutes fois, en cas d’opposition basée sur des considérations tribales ou
autres, il a été prévu une procédure de conciliation devant le conseil de
famille et, si le conflit persiste, devant le tribunal de paix qui, le cas échéant,
pourrait ordonner de passer outre le refus de recevoir la dot ou en fixer le
montant.
La dot doit être versée et reçue coutumièrement, car le mariage dans la
conception congolaise est une affaire des familles et non des individus.
Concernant toujours les conditions de fond du mariage, il y a lieu de
souligner le maintien de la prohibition de la bigamie et donc aussi la
polygamie qui, malgré les raisons qui peuvent être invoquées en leur faveur,
ne parait pas une institution permettant de garantir le plein épanouissement
de la femme dans son foyer. En outre, la polyandrie a été prohibée sous
toutes ses formes.
Enfin, plusieurs autres dispositions ont été prévues pour protéger la jeune
fille impubère.
Une autre innovation est l’instauration, en cas de violation des devoirs
conjugaux par l’un des époux, des sanctions de nature coutumière, tels des
dommages intérêts de caractère coutumier (paiement de vin ancestral, de
chèvres, moutons, poules, cochons, etc.) tels aussi des rites coutumiers
d’expiation de la faute, pour autant que ces rites ne soient pas contraires à la
dignité de la personne humaine.
Concernant l’organisation de la famille, la présente loi institue une notion
authentique du ménage, en considérant que ce terme désigne les époux, leurs
enfants non mariés se trouvant à leur charge ainsi que tous ceux envers qui
les époux sont tenus à une obligation alimentaire, pourvu que ces derniers
demeurent régulièrement dans la maison conjugale et soient inscrits au livret
de ménage.
L’ancien code civil ne comporte aucune disposition relative aux régimes
matrimoniaux. Le présent code prévoit une législation appropriée dans ce
domaine, en instaurant trois régimes matrimoniaux la séparation des biens, la
communauté réduite aux acquêts et la communauté universelle, entre
lesquels les époux doivent choisir.
A défaut de le faire, le régime de la communauté réduite aux acquêts leur
est applicable, car, si la séparation des biens s’avère être le régime préféré

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par la majorité des coutumes congolaises, la tendance actuelle résultant de


sondages socio-juridiques est pour une communauté des biens acquis durant
le mariage. Elle répond bien à l’évolution de notre société qui amène souvent
les deux conjoints à travailler au dehors comme au-dedans du foyer, ce qui
entraîne nécessairement une communauté de fait.
Ainsi, la législation qui est prévue est de type statutaire légal,
limitant la liberté de volonté des époux. Ce système est simple et facile parce
qu’il peut se réaliser dans l’acte de mariage, sans oublier que, nouvelle
venue dans le droit civil congolais, la législation des régimes matrimoniaux
doit présenter aux Congolais des règles légales bien définies, pour éviter des
choix trop dispersés. Cependant, les époux peuvent, dans l’intérêt du
ménage, modifier pendant le mariage le régime matrimonial mais une seule
fois.
Ayant posé le principe suivant lequel les époux contribuent aux charges
du ménage, selon leurs facultés et leur état », ainsi que le principe d’après
lequel les époux sont tenus l’un envers l’autre d’une obligation alimentaire,
la présente loi instaure comme sanction de la violation de ces principes, la
condamnation du conjoint, défaillant à une pension alimentaire.
Mais, elle prévoit également une autre procédure visant à faire échec aux
manœuvres de l’époux défaillant. Cette procédure consiste pour l’autre
époux à obtenir du tribunal de paix l’autorisation de percevoir
personnellement les revenus de son conjoint, les produits de son travail et
toutes les autres sommes d’argent qui lui sont dues par des tiers. Le tribunal
fixe les conditions de l’autorisation ainsi que le montant à concurrence
duquel elle est accordée.
Tout en posant le principe de la gestion maritale avec obligation de
concertation, ce nouveau code s’est aussi préoccupé des activités
professionnelles de la femme mariée. Celle-ci dispose des biens réservés
dont elle assure elle-même la gestion, s’il s’agit des biens que la femme
acquiert par l’exercice d’une profession séparée.
Dans le cadre des incidents qui peuvent affecter la stabilité de la famille il
a été institué la séparation de fait. Celle-ci doit être une séparation
conventionnelle, décidée dans l’intérêt supérieur du ménage et ce, pendant
une période déterminée ou indéterminée. La séparation conventionnelle
trouve sa source dans nos coutumes qui veulent que lorsqu’un foyer est
menacé par un grave conflit, l’époux envoie son épouse soit chez ses parents
soit chez ses beaux-parents, en attendant que le temps joue son rôle
stabilisateur.
La séparation conventionnelle remplace ainsi la séparation de corps,
trop étrangère à notre mentalité. En réalité, cette procédure trop
traumatisante car judiciaire, constituait en fait l’anti chambre du divorce.
En cas d’adultère, la présente loi prévoit la possibilité pour l’époux
offensé de réclamer uniquement des dommages intérêts, s’il échet,
consacrant ainsi une coutume répandue dans les diverses régions du pays. Le

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tribunal appelé à statuer s’attachera à allouer des dommages intérêts de


nature coutumière.
Il est incontestablement prouvé que bien des mariages coutumiers ne sont
pas dissouts alors qu’il y a adultère tout simplement parce que par
l’allocation des dommages intérêts de nature coutumière, le conjoint offensé
trouve une satisfaction morale certaine- Le législateur espère, en introduisant
cette pratique dans le code de la famille inculquer la même mentalité à tous
les congolais, dans le souci de sauvegarder l’unité des foyers.
Il va de soi que ces dommages intérêts ne seront dus que si l’époux
offensé n’est pas lui-même complice de l’adultère.
Le nouveau code considère comme infractionnelle, l’infliction à l’époux
survivant lors du décès de l’autre conjoint, des traitements ou rites
incompatibles avec la dignité humaine ou avec le respect dû à la liberté
individuelle ou à la vie privée. Se trouve également sanctionné pénalement,
le fait d’exiger ou de percevoir une indemnité de décès à l’occasion de la
mort de l’un des époux. Il est en effet contraire à l’humanité que ces
moments de douleur et d’affection soient exploités pour conférer à l’époux
survivant un surcroît de souci alors qu’il devrait être objet d’une assistance
fraternelle.
Enfin, la présente loi substitue à la notion de divorce sanction, celle
de divorce remède. Ceci veut dire que le divorce ne peut être prononcé que
lorsqu’il y a preuve de destruction irrémédiable de l’union conjugale. Il y a
destruction irrémédiable de l’union conjugale si le tribunal tire des faits, la
conviction qu’une prolongation de la vie conjugale et la sauvegarde du foyer
sont devenues impossibles. Aucune cause dès lors ne pourra plus être
considérée comme ouvrant automatiquement droit au divorce.
La procédure en divorce a été aménagée de manière à permettre aux
instances compétentes de jouer efficacement leur rôle de conciliation. C’est
ainsi que l’époux demandeur est convoqué d’abord seul devant le président
du tribunal de paix qui lui adresse des observations .qu’il estime nécessaires
et attire son attention sur la gravité de sa requête en divorce. Si cet époux
persiste dans sa demande, le président du tribunal de paix convoque les deux
époux pour une audience à huis clos au cours de laquelle, hors la présence
des conseils des époux, il va tenter de resserrer les liens conjugaux. Pendant
cette même audience, il peut, dans ce but de rapprochement, convoquer les
personnes qu’il estime à même de favoriser le resserrement des liens
conjugaux. Il peut aussi ajourner la suite de l’instance pour une durée de
réflexion de six mois au maximum. Ce délai sera obligatoire si des enfants
sont à la charge des parents.
Si les tentatives de conciliation n’aboutissent pas au cas où la requête de
divorce émane du mari et que la femme est en grosse, celle-ci peut demander
qu’il soit sursis à l’action en divorce pendant la grossesse et éventuellement
jusqu’à un an après l’accouchement. Par ailleurs, il est prévu que, sauf
circonstances exceptionnelles, le divorce ne peut être prononcé dans les deux

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années qui suivent la célébration du mariage. Par ces diverses innovations; le


législateur a tenu à s’inspirer de la grande vertu africaine de la conciliation.
Au plan des conséquences pécuniaires du divorce, il est prévu une série
d’effets originaux. C’est ainsi qu’en tenant compte de toutes les
circonstances, le tribunal qui prononce le divorce peut accorder à l’époux
désavantagé, une quotité de biens sur les fonds propres de l’autre époux
indépendamment de la liquidation du régime qui les régissait au moment du
divorce. A défaut de recevoir une quotité de biens sur les fonds propres de
son époux, la femme divorcée conserve le droit de recevoir secours de son
ancien mari pendant la période de la grossesse et pendant l’année qui suit la
naissance de son enfant si la grossesse a commencé avant le divorce.
Par contre, le législateur a tenu à écarter le principe de l’allocation d’une
pension alimentaire à la femme, principe inconnu de traditions africaines qui
veulent que le divorce mette fin au mariage et partant aux droits et aux
devoirs entre les époux. Toutefois, dans le souci de donner à un des époux le
temps nécessaire pour trouver un logement, il est prévu qu’il pourra
provisoirement occuper une maison appartement en tout ou en partie à
l’autre époux et user des meubles meublants pendant six mois après la
transcription de la décision sur le registre de l’état civil.

2. De la filiation
En matière de filiation, la présente loi a tenu à traduire l’option - politique
fondamentale selon laquelle tout enfant doit avoir un père et qu’au Congo, le
vocable « enfant naturel» n’a plus droit de cité. C’est dans ce souci que sur
le plan de la terminologie le législateur a innové en utilisant le vocable
« affiliation » pour signifier la reconnaissance par le père de son enfant, mais
avec cette nuance authentiquement africaine que le père doit, lui aussi, se
faire reconnaître par la famille maternelle de l’enfant.
Mais pour éviter de retomber dans la situation des enfants sans père, la
présente loi rend l’affiliation obligatoire. Cette obligation est assortie de
sanctions dans le cas où le délai imparti pour affilier n’est pas respecté ou en
cas de refus manifeste du père de le faire.
La présente loi a maintenu l’indemnité de rachat de l’enfant né hors
mariage en ce sens que les membres de la famille maternelle de l’enfant
peuvent exiger les indemnités et présents dus par le père en vertu de la
coutume.
L’égalité des droits et devoirs de tous les enfants a été affirmée dans leurs
rapports avec leurs père et mère. Toutefois, l’enfant né hors mariage ne peut
être introduit dans la maison conjugale qu’avec le consentement de l’autre
conjoint.
Dans le même souci de traduire en termes juridiques l’option politique ci-
dessus, la présente loi a introduit dans le nouveau code la notion de père
juridique. Au cas où la filiation paternelle d’un enfant né hors mariage ne

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peut être établie, il est prévu que le tribunal désigne un père juridique parmi
les membres de la famille de la mère de l’enfant. Le père juridique exerce
vis-à-vis de l’enfant toutes les prérogatives résultant de la filiation et en
assure les devoirs.

3. De l’adoption
Concernant l’adoption, la présente loi a opté pour une nouvelle notion se
distinguant fondamentalement de celle prévue à l’ancienne législation.
L’adoption, nouvelle formule, vise d’abord à donner l’enfant un cadre
familial d’accueil, les autres motifs licites venant en seconde position.
Alors que l’ancienne adoption donnait à des personnes adultes une
progéniture qu’elles ne pouvaient avoir, la nouvelle vise essentiellement la
protection de la jeunesse bien que l’adopté puisse être aussi bien un enfant
qu’une personne adulte. Désormais, l’adoption ne résultera que d’une
décision judiciaire, excluant ainsi l’adoption conventionnelle.
L’adoption est gratuite, elle ne donne lieu à aucune contrepartie en
faveur de la famille de l’adopté. Les parents de l’adopté (au sens de la
famille nucléaire) doivent donner leur consentement à l’adoption.
Désormais, il est imposé aux personnes mariées qui veulent adopter un
enfant, d’avoir au moins cinq ans de mariage ; c’est là une garantie de
stabilité de l’union conjugale et du ménage, donc du cadre d’accueil de
l’enfant à adopter.
L’adoption entraîne une charge financière dans le chef de l’adoptant :
d’où l’obligation de limiter à trois le nombre d’adoptés, sauf si les adoptés
sont les enfants du conjoint de l’adoptant.
Innovant encore par rapport à l’ancienne adoption, le texte pose comme
principe que l’adoption ne sépare pas l’adopté et ses descendants de leur
famille d’origine à laquelle ils restent rattachés ; en effet, sauf le cas où il n’a
pas de famille d’origine, l’enfant adopté, tout en restant intégré dans sa
famille d’adoption ne rompt pas tous ses liens avec sa famille d’origine. En
d’autres termes, l’adoption ressemblera à l‘alliance entre familles,
consacrant ainsi une réalité authentiquement africaine.
Enfin, une autre innovation dictée par l’authenticité congolaise, est le
caractère irrévocable de l’adoption : la filiation par le sang étant permanente,
il convient d’octroyer à la filiation juridique le même caractère de
permanence. Toutefois, l’adoption peut être révoquée pour des justes motifs
très (comportement indigne de l’adoptant envers l’adopté, ingratitude de
l’adopté...).

4. De la parenté et de l’alliance
Il a été affirmé un principe fondamental selon lequel les liens
traditionnels de solidarité doivent être maintenus et développés au sein de la
famille, comprise ici dans un sens tout à fait nouveau.

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Par cette option, le législateur a entendu se conformer à un principe


inscrit dans le Manifeste de la N’sele et consacré par la Constitution. Ainsi
se dégage une conception nouvelle de la famille congolaise conformément à
la politique de recours à l’authenticité. La nouvelle formule ne consacre ni la
famille nucléaire qui repose sur l’individualisme et l’égoïsme, ni la famille
traditionnelle qui favorise le parasitisme. Le législateur est ainsi arrivé à
dégager diverses catégories de parenté.
Le premier type de parenté est la parenté classique résultant de la filiation
d’origine à laquelle s’ajoute la filiation purement civile (paternité juridique
et adoption).
Il y a ensuite la parenté plus large englobant tous ceux qui ont un sang
commun. A cet égard, la présente loi introduit une importante innovation en
disposant qu’il n’existe, plus de systèmes de parentés autres que le système
organisé par la loi nouvelle. Ce nouveau système de parenté n’est ni
patrilinéaire ni matrilinéaire, il est un mélange du système bilinéaire et du
système patrilinéaire, avec cependant une nette prédominance de ce dernier.
Enfin, la présente loi a conçu une notion toute nouvelle en matière de
parenté et qui est caractérisée par l’appartenance à une même maison, la
dépendance envers un même parent quel que soit son rang juridique au sein
de la famille. La réalité de tous les jours nous apprend que certains membres
influents et ayant une vie plus ou moins aisée, se trouvent en fait à la tête
d’une partie de leur famille, sans que la coutume leur connaisse des pouvoirs
sur ceux qui dépendent en réalité d’eux, vivent dans leur entourage et
comptent spécialement sur eux pour résoudre leurs problèmes quotidiens.
Aussi, le législateur a-t-il cru indiqué d’introduire dans le nouveau code civil
la notion de l’autorité domestique. En effet, il est normal que celui qui en fait
joue le rôle de dirigeant d’un groupe ait, en vertu de la loi, une autorité à
l’égard des membres de celui-ci. C’est ainsi que l’autorité domestique
appartient à celui qui, en réalité, peut être considéré comme chef de la
communauté. Mais, en contrepartie de cette autorité, il est établi dans le chef
du titulaire de l’autorité domestique une responsabilité aquilienne. Le chef
de la communauté domestique est responsable des dommages causés par les
mineurs et les interdits ou les personnes atteintes de maladie mentale ou
d’aliénation mentale placées sous son autorité. Cependant, il n’est pas tenu
responsable des actes posés par ces derniers s’il justifie les avoir surveillés
de la manière usitée et avec l‘attention commandée par les circonstances.
Un autre principe original a été instauré: l’existence entre parents et alliés
d’un certain nombre de devoirs, c’est-à-dire les obligations de secours,
d’assistance et de respect. En outre, les membres de famille doivent en toutes
circonstances, avoir le souci permanent de maintenir l’entente familiale et de
la renforcer. En cas de non-exécution de ces devoirs, il est prévu notamment
une procédure de conciliation et l’application éventuelle des dommages-
intérêts typiquement coutumiers, l’accomplissement des cérémonies
coutumières d’expiation.

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En vue de consolider la solidarité entre tous les membres de famille, Le


législateur a créé entre eux, une obligation alimentaire. La solidarité
familiale traduit en réalité le sentiment profond d’appartenance à un seul
groupe familial, sentiment qui se traduit juridiquement par des devoirs et
droits d’aide réciproque entre ses membres ainsi que le partage des misères
et des richesses.
L’obligation alimentaire rend une personne débitrice d’une autre pour la
satisfaction des besoins essentiels de la vie de la personne à qui l’on doit
fournir l’aide. Celui qui est tenu d’une obligation alimentaire doit fournir au
créancier les moyens de satisfaire les besoins vitaux auxquels il ne peut pas
faire face par son travail. Cette obligation alimentaire existe entre parents en
ligne directe. Elle existe pareillement entre frères et sœurs et entre oncle et
tantes et neveux ou nièces. Elle existe de même entre alliés en ligne directe.
Celle obligation est réciproque mais elle n’existe que si la personne qui en
réclame l’exécution est dans le besoin et est incapable de gagner sa vie par
son travail.
L’obligation alimentaire peut s’exécuter de diverses manières :
- soit en nature (recevoir dans sa demeure le créancier d’aliments ou lui
fournir l’aide en dehors de sa maison) ;
- soit sous forme d’une pension alimentaire versée par le débiteur au
créancier d’aliments.
Il est prévu que les greffiers des tribunaux de paix et de grande instance
peuvent percevoir les sommes dues pour la pension alimentaire des mains
des débiteurs et les verser aux créanciers d’aliments.
Enfin, la procédure du paiement direct des pensions alimentaires a été
adoptée: tout créancier d’une pension alimentaire peut se faire payer
directement le montant de cette pension par les tiers débiteurs des sommes
liquides et exigibles envers le débiteur de la pension. Il peut notamment
exercer ce droit entre les mains de tous débiteurs de salaire, produits du
travail ou autres revenus, ainsi que de tout dépositaire de fonds. La demande
en paiement direct est faite par l’intermédiaire d’un greffier ou d’un huissier
de justice.

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LIVRE IV :
DES SUCCESSIONS ET DES LIBERALITES

1. De la succession
En matière de succession, on a cru nécessaire de s’écarter quelque peu
des coutumes, pour faire droit aux impératifs du développement et de
l’évolution. Trois catégories d’héritiers ab intestat ont été prévues :
a. les enfants du de cujus nés dans le mariage ou hors mariage mais affiliés
de son vivant ainsi que les enfants qu’il a adoptés;
b. le conjoint survivant, les père et mère, les frères et sœurs germains ou
consanguins ou utérins;
c. les oncles et tantes ainsi que les autres parents.
Ces trois catégories ont été établies après des enquêtes approfondies qui
se sont entendues dans tous les grands centres du pays. Manifestement,
partout est né un ardent désir de voir la loi reconnaître aux enfants et au
conjoint (plus précisément à la conjointe), une vocation successorale.
En ce qui concerne les enfants nés hors mariage, seuls ceux affiliés du
vivant du de cujus viendront à la succession. Ceci pour éviter une certaine
insécurité pour le conjoint survivant qui serait surpris lors de l’ouverture de
la succession par l’arrivée subite d’un grand nombre d’enfants héritiers dont
il n’a jamais soupçonné l’existence.
S’agissant du conjoint survivant, la présente loi attribue l’usufruit de la
maison habitée par les époux, des meubles meublants, la moitié de l’usufruit
des terres attenantes que l’occupant de la maison exploitait personnellement
pour son propre compte ainsi que du fonds de commerce y afférant, l’autre
moitié revenant aux héritiers de la première catégorie.
En cas de mise en location de la maison habitée par les époux, le fruit de
celle-ci est partagé en deux parties égales entre le conjoint survivant et les
héritiers de la première catégorie.
C’est sur ces divers points qu’il y a rupture totale avec toutes coutumes.
Cette réaction est le résultat du spectacle scandaleux et affligeant auquel on
assiste dans les villes et dans la plupart des centres urbains du pays où, à la
mort du chef de ménage, la femme et les enfants sont jetés dans la rue,
pendant que les membres de la famille du de cujus se partagent
tranquillement la succession. Il devenait impérieux de mettre fin à pareille
pratique par l’intervention d’une législation appropriée.
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A la lumière de ces enquêtes, le texte présente comme suit le partage de


succession entre les trois catégories :
a) les héritiers de la première catégorie reçoivent le solde des trois quarts
de l’héritage ;
b) les héritiers de la deuxième catégorie reçoivent le solde de l’héritage
laissé par héritiers de la première catégorie ; ils reçoivent la totalité de
l’héritage s’il n’y a pas d’enfants ;
c) s’il n’y a pas d’héritiers de la première et de la deuxième catégorie, les
oncles et tantes sont appelés à la succession. S’il n’y a pas d’héritiers
de la troisième catégorie, tout autre parent ou allié viendra à la
succession pour autant que son lien de parenté ou d’alliance soit
régulièrement constaté par le tribunal de Paix.
Celui qui voudrait autrement régler la réparation de son patrimoine après
son décès, devra recourir à la solution du testament. Cependant, des
dispositions ont été prévues tendant à sauvegarder la réserve successorale.
C’est ainsi qu’il est prévu que la quote-part revenant aux héritiers de la
première catégorie ne peut être entamée par les dispositions testamentaires
du de cujus établies en faveur des héritiers des autres catégories ou des
légataires universels ou particuliers. Lorsque les biens dont le père ou la
mère a disposé dépassent en valeur les trois quarts de la succession qui
reviennent à leurs enfants, les parts testamentaires seront réduites à la quotité
disponible.
Dans sa forme, le testament a été aménagé de manière à admettre la
forme orale en faveur des personnes illettrées. Des garanties destinées à
éviter la dénaturation des dernières volontés du testateur ont été prévues.

2. Des libéralités
La matière des libéralités constitue enfin le dernier volet des dispositions
nouvelles prévues par la présente loi. L’ancien code civil n’avait pas légiféré
dans ce domaine. Le présent code comble cette lacune.
Selon la doctrine classique occidentale, la libéralité est essentiellement un
acte qui n’appelle aucune contrepartie obligatoire de la part du bénéficiaire.
Innovant à ce sujet, la présente loi prévoit que la libéralité n’est pas
nécessairement incompatible avec une certaine contrepartie de la part du
bénéficiaire. Le législateur a voulu par cette notion originale de la libéralité,
rencontrer la conception coutumière selon laquelle toute aide reçue fait
naître dans le chef du bénéficiaire une certaine obligation morale et sociale
de manifester de la reconnaissance à l’égard du bienfaiteur.
Ici aussi, le nouveau code pose le principe de réserve successorale qui
doit être sauvegardée de manière à ne pas la laisser entamer par des
libéralités inconsidérées.
La donation entre époux a été instituée mais avec possibilité de
révocation, compte tenu des pressions possibles. La présente loi prévoit de

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même l’annulation d’une libéralité pour violence physique ou morale,


considérant que la peur de l’ensorcellement et de l’envoûtement qui habite
encore la plupart des Congolais ne les amène à faire des libéralités
inconsidérées.
Tenant compte du fait que le recours au testament répugne à la plupart
des Congolais qui les considèrent comme un porte-malheur, le texte prévoit
le partage d’ascendant qui est une libéralité particulière permettant à un père
ou à une mère ou à tout autre ascendant de pouvoir faire de son vivant, entre
ses enfants et ascendants, la distribution et le partage de ses biens.
L’institution contractuelle et la substitution fidéicommissaire ont été
également introduites dans le nouveau code.
Enfin, au plan des dispositions finales, la présente loi fait du tribunal de
paix, le juge naturel des litiges relatifs au code de la famille. Mais, réalisant
que l’installation des tribunaux de paix pourrait connaître un certain retard, il
est préconisé qu’en attendant cette installation, les tribunaux de grande
instance soient comptants là où les tribunaux de paix ne sont pas encore
installés.
Quant à l’entrée en vigueur de ce code, la présente loi ne devient
applicable que dans les 12 mois de sa promulgation. Ce délai devra être mis
à profit par les instances compétentes pour mener une vaste campagne de
sensibilisation aux idées nouvelles contenues dans ce code.
Cette campagne d’information doit s’étendre à toutes les couches de la
population congolaise. Les structures et les cadres du Mouvement populaire
de la Révolution constitueront un atout majeur pour la réussite de cette
campagne.
Les idées nouvelles contenues dans le code doivent pénétrer les
mentalités des citoyens congolais par un effet de persuasion.
La réception du code de la famille par les citoyens est indispensable pour
ne pas le voir demeurer lettre morte.

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II.
EXPOSE DES MOTIFS DE LA LOI N° 16/008
DU 15 JUILLET 2016 MODIFIANT ET
COMPLETANT LA LOI N°87-010 DU 1er
AOUT 1987 PORTANT CODE
DE LA FAMILLE

La Loi n°87-010 du 1er août 1987 portant Code de la famille demeure,


près de trente ans après sa promulgation, un monument juridique ayant traité
de toutes les questions relatives aux droits de la personne, dans ses rapports
avec la famille. Elle est le produit de l’unification et de l’adaptation aux
valeurs authentiques congolaises des anciennes règles héritées de la
colonisation.
La réforme alors opérée avait le mérite de concilier les éléments du droit
moderne et ceux du droit traditionnel pour mieux refléter les aspirations
légitimes d’un peuple en pleine mutation, notamment dans le domaine du
droit de la famille, du droit des successions et du droit des libéralités.
Plus de deux décennies après son application, le Code de la famille révèle
cependant plusieurs faiblesses, notamment sur la question spécifique du
statut de la femme mariée et de l’enfant.
Sur la capacité juridique de la femme mariée, le code l’a limitée d’une
manière excessive et discriminatoire en soumettant tout acte juridique posé
par elle à l’autorisation maritale.
En ce qui concerne la situation juridique de l’enfant, le Code a fait, de
manière non objective, une distinction entre le garçon et la fille quant à leur
âge nubile et autorisé leur émancipation automatique par le mariage sans
tenir compte de leurs intérêts.
Il a paru nécessaire d’adapter le Code aux innovations apportées par la
Constitution du 18 février 2006 et à l’évolution de la législation nationale,
particulièrement la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant et la Loi n° 15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application
des droits de la femme et de la parité.
La loi sur la protection de l’enfant a notamment soustrait l’enfant de la
même juridiction que les adultes pour les soumettre à la compétence du
Tribunal pour enfants.
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De même, la loi sur les droits de la femme et la parité a promu la


concertation et la protection mutuelle en lieu et place de l’autorisation
maritale. Prise conformément à l’article 40 de la Constitution, elle s’inspire
aussi des traités et accords internationaux ratifiés par la République
Démocratique du Congo en matière des droits fondamentaux.
De manière spécifique, elle vise à conformer le code de 1987 aux
obligations souscrites par la République dans les deux Pactes internationaux
de 1966 relatifs aux droits de l’homme, dans la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples, dans la Convention sur l’élimination de toutes les
formes de discriminations à l’égard de la femme ainsi que dans la
Convention relative aux droits de l’enfant.
Les principales innovations introduites par la présente loi consistent en :
1. la suppression de l’autorisation maritale pour la femme mariée et en
l’obligation faite aux époux de s’accorder pour tous les actes juridiques
dans lesquels ils s’obligent, individuellement ou collectivement ;
2. l’exigence du respect et de la considération mutuels des époux dans leurs
rapports, sans préjudice des autres obligations respectives qui leur
incombent dans la gestion du ménage ;
3. l’affirmation du principe de la participation et de la gestion concertées du
ménage par les époux, particulièrement quant à leurs biens et charges ;
4. la suppression de l’émancipation automatique du mineur par l’effet du
mariage, sans préjudice de l’émancipation judiciaire du mineur, à la
demande motivée des parents ou, à défaut, du tuteur ;
5. la réaffirmation de la compétence exclusive du tribunal pour enfants dans
tous les actes impliquant l’état et la capacité du mineur ;
6. le renforcement des dispositions pour assurer la protection des droits de
l’enfant congolais contre toutes sortes d’abus en matière d’adoption
internationale.
La présente loi comprend quatre articles :
- le premier reprend l’ensemble des dispositions modifiées du Code de la
famille ;
- le deuxième insère dans ledit Code de nouvelles dispositions nécessitées
par les réformes introduites ;
- le troisième indique les dispositions légales abrogées ;
- le quatrième fixe la date de son entrée en vigueur.
Telle est l’économie générale de la présente loi.

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LIVRE IER : DE LA NATIONALITE

Commentaire : La loi du 12 novembre 2004 relative à la nationalité


congolaise a été extirpée du Code de la famille par l’abrogation de l’article
932 de ce code qui disposait que la loi sur la nationalité congolaise
constitue le livre 1er du Code de la famille. Du coup, le Code congolais de la
famille, débute, hélas, par l’article 56 !
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LIVRE II : DE LA PERSONNE

TITRE Ier
DE L’IDENTIFICATION

CHAPITRE Ier
DU NOM

Section I. Des principes généraux

Art. 56 : Ancien
Tout Congolais est désigné par un nom composé d’un ou de plusieurs
éléments qui servent à l’identifier.
L’ordre de déclaration des éléments du nom et leur orthographe sont
immuables.

Art. 56 : Modifié
Tout Congolais est désigné par un nom composé d’un ou de plusieurs
éléments qui servent à l’identifier.
Le prénom, le nom et le post-nom constituent les éléments du nom.
L’ordre de déclaration des éléments du nom et leur orthographe sont
immuables.
Commentaire : Contrairement à la loi n° 73/022 du 20 juillet 1973 sur le
nom des personnes physiques, le Code de la famille de 1987 n’avait pas
repris les trois éléments qui composent un nom à savoir le prénom, le nom et
le post-nom. Devant ce silence, une doctrine a soutenu que l’usage des
prénoms n’était pas autorisé en droit congolais. Pour une autre doctrine,
l’usage des prénoms n’était pas prohibé, le premier élément du nom pouvant
être qualifié de prénom. Telle semble d’ailleurs être la position de
l’Administration publique. En effet, Il ressort tant des cartes d’identité, des
passeports que des documents administratifs que l’identité des Congolais se
décline en prénom, en nom et en post-nom qui sont en fait respectivement
premier, deuxième ou troisième éléments du nom. Devant ces divergentes
interprétations, le ministre de la justice avait pris l’arrêté ministériel n°
221/CAB/MIN/J&DH du 16 juin 2011 portant détermination des éléments du
nom qui précisait en son article 2 que ‘‘les éléments du nom comprennent le
nom, le post-nom et le prénom’’. Cet arrêté a été critiqué par la doctrine au
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motif qu’il violait le principe de parallélisme de forme et de compétence, car


jugé illégal au motif qu’un arrêté ne peut modifier une loi. La nouveauté
introduite par la réforme de 2016 a consisté en l’introduction d’un nouvel
alinéa, un deuxième. L’ancien alinéa deuxième devient ainsi l’alinéa trois.
Le nouveau deuxième alinéa précise ce qu’il faut entendre par éléments du
nom : le prénom, le nom et le post-nom. Cependant il sied de constater que
cette disposition est mal rédigée sur le plan de la légistique. En effet, le
législateur donne la possibilité à une personne de se faire identifier par « un
seul élément » ou « plusieurs éléments » du nom. Ensuite, il place un alinéa
qui fixe les éléments du nom en oubliant qu’un seul élément peut suffire à
identifier la personne. Nous pensons qu’il aurait été plus conforme d’ajouter
une condition « Si le nom doit comporter plusieurs éléments, il est constitué
du … ». En outre, le législateur a préféré placer le « prénom » avant le
« nom » dans l’ordre de succession des éléments en suivant une dynamique
plus logique que pratique puisqu’en français le prénom vient avant le nom.
Le législateur n’a pas suivi l’ordre des éléments proposé par la Commission
socio-culturelle du Sénat qui était plutôt « le nom, les postnoms et les
prénoms ». Dans la pratique, les cartes d’identité ou d’électeur ne suivent
pas nécessairement l’ordre du législateur. La personne est identifiée par le
nom et le prénom est souvent rédigé après le prénom. Cela peut ouvrir la
voie à des contestations dilatoires en procédure. Le législateur aurait pu
être alors conséquent et prévoir les conséquences pratiques quant aux actes
administratifs puisque ceux-ci devront désormais se conformer à l’ordre
ainsi indiqué. Malheureusement, l’article qui devait prévoir une mesure
transitoire a été simplement abrogé (Voy. commentaires sub article 922).

Art. 57. — Si les personnes d’une même famille ont le même nom, elles
sont tenues de s’adjoindre des éléments complémentaires différents.
Commentaire : Le terme ''des'' englobe le terme ''un''. Le sens à donner à la
famille sera en général la famille nucléaire. Toutefois, dans le cas de famille
étendue, la confusion pourra aussi naître si la transmission du nom se
manifeste d'une manière continue de génération à génération. Dans ce cas,
les éléments complémentaires seront aussi obligatoires en vue d'une
individualisation correcte.

Art. 58 : Ancien
Les noms doivent être puisés dans le patrimoine culturel congolais. Ils ne
peuvent en aucun cas être contraires aux bonnes mœurs ni revêtir un
caractère injurieux, humiliant ou provocateur.

Art. 58 : Modifié
Les noms sont puisés dans le patrimoine culturel congolais. Ils ne
peuvent en aucun cas être contraires aux bonnes mœurs ni revêtir un
caractère injurieux, humiliant ou provocateur.

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Commentaire : S'agissant du patrimoine culturel congolais, la doctrine


congolaise a été autrefois divisée sur le contenu du patrimoine culturel
congolais prévu à l’article 58 du Code de la famille. La question a été
particulièrement posée de savoir si, au regard de l’article précité, l’usage
des prénoms chrétiens était légal au Congo. Rappelons que le port du
prénom chrétien parait comme un apport occidental, un fait des
missionnaires qui, ayant supplanté les noms africains – taxés des païens -
par des prénoms chrétiens, en fait des saints européens. Sur la question de la
suppression ou non des prénoms chrétiens, les débats étaient houleux au
Parlement sur la question de l’interdiction des prénoms chrétiens. En fait,
une opinion s’était élevée également contre les prénoms d’origine arabe.
Ainsi, un des députés (portant en fait un prénom musulman Ali Risasi)
s’abstint lors du vote pour l’interdiction. Finalement, il fut acquis que les
prénoms chrétiens étaient prohibés sauf ceux qui, au Bas Congo, avaient
acquis la connotation locale avant la colonisation. Il en est ainsi des noms
comme Donfunsu, Domateso, signifiant en Kikongo du Bas-Congo
(monsieur) Alphonse, Matthieu. De son côté, l’article 16 de la loi n° 22/73
du 20 juillet 1973 disait ‘‘Tout Zaïrois qui, avant l’entrée en vigueur de la
présente loi, porte un nom d’origine étrangère doit y renoncer. Il est tenu de
renoncer à son (ses) prénom(s)’’. Cette disposition ne faisait pas de
différence entre prénoms chrétiens et les autres qui ne le seraient pas.
L’actuelle législation sur le nom, c’est-à-dire le Code de la famille, ne
reprend pas cette disposition. L’article 58 de ce Code exige seulement que
les noms soient puisés dans le patrimoine culturel congolais. Le patrimoine
culturel congolais de cet article 58 n’est-il pas justement constitué de tout ce
que les Congolais ont réalisé, emprunté et conformé à leurs habitudes et
comportements à partir des contacts, de métissage issu du choc des cultures
et de l’évolution de la société ? Le patrimoine culturel congolais ne serait-il
pas enrichi des apports tant internes qu’externes dont la religion apporté de
l’Occident avec les prénoms chrétiens ?
S’agissant des noms à caractères injurieux, humiliant ou provocateur ou
encore non contraire aux bonnes mœurs ainsi qu'à l'ordre public, il sied
d’observer que dans un pays comme le Congo où il existe de nombreuses
tribus, il est curieux de savoir quand un nom revêt les caractères susvisés
tant que la langue ou le dialecte dans lequel un nom est libellé ainsi que sa
signification peuvent être indifférents dans telle autre langue ou dialecte
local. Quelles seraient les limites des bonnes mœurs, de l’ordre public, de
l’injure ou de la provocation ? N’y aurait-il pas ici conflit de localisation du
principe d’atteinte ? Ce qui est bon ici peut ou ne pas l’être forcément là. Il
en est ainsi parmi tant d’autres du nom comme ‘‘Kuma-Kuma’’ totalement
indifférent dans le dialecte de désignation et dans les langues comme
kikongo, lingala et tshiluba mais qui a occasionné un tollé dans un auditoire
qui comptait des étudiants swahiliphones pour qui ce nom signifie vagin (en
swahili). En revanche, il en irait autrement de ‘‘Mulopo Mwan’Uta

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Munzinzi’’ dont le dernier élément n’aurait aucune signification en swahili


alors qu’il signifie ‘‘cul’’ en Kikingo de Bandundu. L'article 58 sous examen
a connu une modification de forme en 2016. Ainsi « doivent être puisés » est
remplacé par «sont puisés » car l’indicatif oblige. Cependant, le législateur
se garde de dire ce qu’il faut entendre par « patrimoine culturel congolais »
et préfère une modification formelle de l’article 58 au lieu de trancher une
telle question. Cela nous amène à penser que, sans le dire, la loi admet les
noms d’origine religieuse et s’abstient de définir le patrimoine culturel
congolais comme l’avait fait l’arrêté contesté du Ministre de la justice32. Par
ailleurs, il y a lieu de s’interroger sur l’essence de l’article 70 du code de la
famille qui réprime l’attribution ou l’enregistrement d’un nom en violation
de l’article 58 ci-dessus.

Section II. De l’attribution du nom

Art. 59 : Ancien
L’enfant porte dans l’acte de naissance le nom choisi par ses parents. En
cas de désaccord, le père confère le nom.
Si le père de l’enfant n’est pas connu ou lorsque l’enfant a été désavoué,
l’enfant porte le nom choisi par la mère.
Lorsque la filiation paternelle est établie après la filiation maternelle, le
père pourra adjoindre un élément du nom choisi par lui. Si l’enfant a plus de
quinze ans, son consentement personnel est nécessaire.

Art. 59 : Modifié
L’enfant porte dans l’acte de naissance le nom choisi par ses parents.
Si le père de l’enfant n’est pas connu ou lorsque l’enfant a été désavoué,
l’enfant porte le nom choisi par la mère.
Lorsque la filiation paternelle est établie après la filiation maternelle, le
père pourra adjoindre un élément du nom choisi par lui. Si l’enfant a plus de
quinze ans, son consentement personnel est nécessaire.
Commentaire : En droit congolais, le principe reste la liberté d’attribution
du nom. Le système patronymique, institué par la loi du 20 juillet 1973, qui
voulait que chaque tout enfant ait comme premier élément du nom le nom de
son père a été abandonné. L’article 59, alinéa 1, du Code de la famille
prévoit que l’enfant porte le nom choisi par ses parents. Quid alors en cas
de désaccord des parents ? L’ancien article 59 prévoyait à cet effet que c’est
le père qui conférait le nom. Cette position a été décriée par les associations
féministes, estimant qu’il y a avait là une discrimination entre les deux
parents. Cet article a été modifié en 2016. Le projet de loi modifiant et
complétant le code de la famille avait proposé que, dans ce cas, ‘‘chacun

32
Arrêté ministériel n° 221/CAB/MIN/J&DH du 16 juin 2011 portant détermination des
éléments du nom.

92
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des parents donne au moins un élément du nom à l’enfant’’. La Commission


socio-culturelle avait estimé que cette solution tendait ainsi à ‘‘sauvegarder
l’unité au sein de la famille et du couple’’. Le législateur n’a pas voulu
suivre cette proposition. Il est resté silencieux sur la question, estimant sans
doute laisser cette question à la libre appréciation des géniteurs de l’enfant.
La modification a consisté en la suppression du bout de phrase « En cas de
désaccord, le père confère le nom ». Il n’y a pas de solution proposée. Donc,
c’est un conflit qui passera au conseil de famille ou subira « tentatives
d’harmonisations » avant d’être soumis au Tribunal en cas d’échec. Mais
cette procédure est prévue pour les personnes mariées (art. 449, 460). Les
couples non mariés pourront être amenés à saisir le Tribunal pour enfants
sur base de l’intérêt supérieur de l’enfant. La commission du Sénat avait
proposé que chacun des père et mère adjoigne un élément au nom. Bien que
le législateur n’ait pas retenu cette solution, il n’est pas exclu que ce soit
celle utilisée en pratique. Sur la forme, le législateur utilise un verbe au
temps futur « pourra adjoindre » (al. 3) alors que dans certaines
dispositions plus bas, il prend son temps à les remplacer par un verbe au
temps présent. En outre, le mot « désaveu » de paternité est utilisé à l’alinéa
2 alors que ce concept avait été abandonné au profit de la « contestation »
de paternité.

Art. 60 : Ancien
L’enfant dont on ne connaît ni le père ni la mère a le nom qui lui est
attribué par l’officier de l’état civil dans son acte de naissance.
Toute personne peut, en justifiant un intérêt matériel ou moral, demander
au tribunal de paix de modifier ce nom tant que l’enfant n’a pas atteint cinq
ans.

Art. 60 : Modifié
L’enfant dont on ne connaît ni le père ni la mère a le nom qui lui est
attribué par l’officier de l’état civil dans son acte de naissance.
Toute personne peut, en justifiant d’un intérêt matériel ou moral,
demander au Tribunal pour enfants de modifier ce nom tant que l’enfant n’a
pas atteint cinq ans.
L’enfant de père inconnu dont la mère décède à l’accouchement porte le
nom lui attribué par la famille de la mère.
Commentaire : Cet article s'est inspiré de l'article 39 du code civil
éthiopien. On y distingue trois alinéas : Cet article a été modifié en 2016. Le
premier alinéa désigne l'officier de l'officier de l'état civil comme devant
remplir cette mission. La nouvelle disposition attribue, en son alinéa 2, la
compétence au Tribunal pour enfants, et non au tribunal de paix, en matière
de changement de nom d’un enfant. Il est pourvu d’un alinéa 3 qui règle le
cas d’un enfant dont la mère décède à l’accouchement et dont le père n’est
pas connu : c’est la famille de la mère qui attribue le nom.

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Art. 61. — Dans le cas où l’un des parents transmet son nom à l’enfant, il
est tenu, selon le cas, de lui adjoindre, au moins, un élément complémentaire
différent du sien.
Commentaire : L'adjonction d'un élément complémentaire si l'enfant a reçu
à la naissance le nom du père ou de la mère est nécessaire pour assurer
d'une manière complète son identification individuelle.

Section III. Des dispositions particulières

Art. 62. — La femme mariée conserve son nom. Toutefois, pendant la durée
du mariage, elle acquiert le droit à l’usage du nom de son mari. Dans ce cas,
elle adjoint le nom de son mari au sien.
La veuve non remariée peut continuer à faire usage du nom de son mari.
Commentaire : L'usage social, certaines convenances, veulent que la femme
mariée remplace son nom par celui de mari. En réalité, l’épouse ne perd pas
son nom originaire, elle dispose simplement, par le mariage, de l'usage du
nom du mari. L'unité du nom traduit l'unité du foyer et une certaine forme de
maintien des droits du pater familias. Le fait de porter le nom de son mari
est à la fois pour elle un droit personnel qu’elle ne peut céder. Aux termes de
l’article 62 du Code de la famille, la femme mariée conserve son nom.
Toutefois, pendant la durée du mariage, elle acquiert le droit à l’usage du
nom de son mari. Dans ce cas elle adjoint le nom de son mari au sien. Cette
disposition consacre l’usage universel et permet aux tiers de connaitre la
condition de femme mariée. Ce droit se prolonge pour la veuve comme une
faveur. Elle le perdra en cas de remariage puisqu’alors elle acquerra le
droit à l’usage du nom de son deuxième époux. En cas de divorce, le
dissentiment qui est à la base de la dissolution justifie la suppression de ce
droit à l’usage du nom.

Art. 63 : Ancien.
L’adopté peut prendre le nom de l’adoptant.
L’adoptant peut également changer le nom de l’adopté, mais avec son
accord si ce dernier est âgé de quinze ans au moins. Cette modification se
fera conformément aux dispositions des articles 64 et 66.

Art. 63 : Modifié.
L’adopté peut prendre le nom de l’adoptant.
L’adoptant peut également changer le nom de l’adopté avec son accord
si ce dernier est âgé de quinze ans au moins. Cette modification se fait
conformément aux dispositions des articles 64 et 66 ci-dessous.
Commentaire : Dans la conception congolaise et vu que le nom est avant
tout une attribution de la personnalité qui de plus en plus s'impose en faveur
de celui qui le porte, ce texte prévoit que le changement du nom par le fait
de l'adoption est d’abord décidé par l'adopté. Ainsi, l’adopté, par son

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propre chef, prendra le nom de l'adoptant, s'il le désire. Dans le cas où il ne


manifeste pas sa volonté, l'adoptant peut changer le nom de l'adopté, mais
avec son consentement, s'il a plus de quinze ans. Dans cette hypothèse, ce
changement peut être l'attribution de son nom ou d'un autre nom. Cette
disposition a subi une modification de forme en 2016 qui a consisté à
supprimer le mot « mais » dans la première phrase. Elle connaît également
l’ajout d’une précision quant aux articles cités par l’ajout du mot « ci-
dessous ».

Section IV. Du changement, de la modification ou de la radiation du


nom

Art. 64 : Ancien.
II n’est pas permis de changer de nom en tout ou en partie ou d’en
modifier l’orthographe ni l’ordre des éléments tel qu’il a été déclaré à l’état
civil. Le changement ou la modification peut toutefois être autorisé par le
tribunal de paix du ressort de la résidence du demandeur pour juste motif et
en conformité avec les dispositions de l’article 58.
Le jugement est rendu sur requête soit de l’intéressé s’il est majeur, soit
du père, de la mère de l’enfant ou d’une personne appartenant à la famille
paternelle ou maternelle, selon le cas, si l’intéressé est mineur.

Art. 64 : Modifié.
Il n’est pas permis de changer de nom en tout ou en partie ou d’en
modifier l’orthographe ni l’ordre des éléments tel qu’il a été déclaré à l’état
civil.
Le changement ou la modification peut toutefois être autorisé, selon le
cas, par le tribunal de paix ou par le tribunal pour enfants du ressort de la
résidence du demandeur pour juste motif et en conformité avec les
dispositions de l’article 58 de la présente loi.
Le jugement est rendu sur requête soit de l’intéressé, s’il est majeur, soit
du père, de la mère de l’enfant ou d’une personne appartenant à la famille
paternelle ou maternelle, selon le cas, si l’intéressé est mineur.
Commentaire : Cet article met nettement en valeur un principe essentiel
pour la protection du nom à savoir son immutabilité, nécessaire à titre de
police générale et de sécurité. C'est pourquoi les cas de modification ou de
changement seront exceptionnels et devront être justifiés. Aussi dans cet
article est-il prévu la condition de ''juste motif'' outre cette d'ailleurs
réclamée par l'article 58. Elles seront donc cumulatives. La procédure est
par requête. Le ministère public devra évidemment donner son avis car il
s'agit d'une question intéressant l'ordre public. Dans le cas précis d'un
enfant né de père inconnu mais qui sera reconnu par la suite par l'un de ses
parents il y aura lieu d'appliquer cet article. Sur la forme, cette disposition
est éclatée lors de la réforme de 2016 en trois alinéas. Il connaît l’ajout du

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Tribunal pour enfants comme juridiction compétente pour statuer sur le


changement de nom.

Art. 65 : Ancien.
Le Ministère public ou toute personne qui en a intérêt peut demander au
tribunal de paix du ressort du domicile du défendeur d’ordonner la radiation
en tout ou en partie du nom inscrit en violation de l’article 58 et le
remplacement de celui-ci.

Art. 65 : Modifié.
Le Ministère public ou toute personne qui justifie d’un intérêt peut
demander, selon le cas, au Tribunal de paix ou au Tribunal pour enfants du
ressort du domicile du défendeur d’ordonner la radiation en tout ou en partie
du nom inscrit en violation de l’article 58 de la présente loi et le
remplacement de celui-ci.
Commentaire : La radiation du nom consiste à l’effacement du nom inscrit
dans les registres de l’état civil par l’officier de l’état civil et à son
remplacement par un autre. Le tribunal compétent pour autoriser la
radiation est le tribunal de paix ou le tribunal pour enfants. En effet, selon
l’article 65 sous examen le ministère public ou toute personne qui justifie
d’un intérêt peut demander au tribunal de paix ou du tribunal pour enfants
du ressort du demandeur d’ordonner l'effacement en tout ou en partie du
nom inscrit en violation de l’article 58 du code de la famille et le
remplacement de celui-ci. Rappelons que cet article impose que le nom soit
puisé dans le patrimoine culturel congolais et d’autre part qu’il n’ait rien de
contraire aux bonnes meurs ni revêtir un caractère injurieux, humiliant ou
provocateur. Sous cette disposition, est ajouté lors de la réforme de 2016 le
Tribunal pour enfants comme juridiction compétente en matière de radiation
de nom.

Art. 66 : Ancien.
Les juges prennent soin en examinant la requête ou la demande que
l’intérêt des tiers ne soit pas compromis par le changement, la modification
ou la radiation du nom.
Ces décisions judiciaires seront, dans les deux mois à partir du jour où
elles seront devenues définitives, à la diligence du greffier du tribunal de
paix, transcrites en marge de l’acte de naissance ou de reconnaissance
identifiant la personne qui a eu le nom changé, modifié ou radié.
Si la personne est mariée, cette transcription se fera également en marge de
son acte de mariage.
Le greffier du tribunal de paix transmettra également dans le même délai
ces décisions pour publication au « Journal officiel ».

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Art. 66 : Modifié.
Les juges prennent soin en examinant la requête ou la demande que
l’intérêt des tiers ne soit pas compromis par le changement, la modification
ou la radiation du nom.
Ces décisions judiciaires seront, dans les deux mois à partir du jour où
elles seront devenues définitives, à la diligence du greffier du Tribunal de
paix ou de celui du Tribunal pour enfants, selon le cas, transcrites en marge
de l’acte de naissance ou d’affiliation identifiant la personne qui a eu le nom
changé, modifié ou radié.
Si la personne est mariée, cette transcription se fera également en marge
de son acte de mariage.
Le greffier du Tribunal de paix ou celui du Tribunal pour enfants, selon le
cas, transmettra également dans le même délai ces décisions pour publication
au Journal officiel.
Commentaire : Cet article met au point les mesures de contrôle nécessaire.
Le premier alinéa constitue un contrôle judiciaire au moment de l'instance
protégeant les intérêts des tiers. D'ailleurs au cas où ce contrôle n'est pas
satisfaisant, le tiers garde par la suite le droit d'intenter une action en vue de
protéger son droit antérieur à son nom. L'article suivant traite d'ailleurs de
cet aspect. Les alinéas 2 et 3 assurent la continuité de ce contrôle en
prescrivant les modifications nécessaires aux actes de l'état civil qui ont été
en réalité modifiés par décision judiciaire. Ce sera le ministère public qui
sera chargé de cette procédure subséquente. Lors de la réforme de 2016 le
Tribunal pour enfants a été ajouté comme juridiction pouvant intervenir
dans les opérations de changement, modification ou radiation du nom. Est
remplacé « l’acte de reconnaissance » par « l’acte d’affiliation ». Nous
remarquons que dans cette disposition le législateur utilise le futur « se
fera » (al. 3), « transmettra » (al. 4) alors qu’il prend son temps pour
modifier de tels verbes dans les autres dispositions.

Section V. De la protection et de l’abus du nom


Art. 67. — Le droit au nom est garanti et confère à son titulaire le pouvoir
d’en user légitimement et d’utiliser toutes voies de droit, y compris l’action
en justice, pour obliger les tiers à le respecter.
Toutefois, l’usage de son nom dans l’exercice de ses activités
professionnelles ne doit pas avoir pour but et pour effet de porter atteinte, à
l’aide d’une confusion dommageable, au crédit et à la réputation d’un tiers.
Commentaire : Cet article donne le droit d'usage le plus étendu au nom et
permet de lutter contre toute emprise illicite faite sur les noms par les tiers.
Les tiers sont surtout tout étranger à la famille. Toutefois, même un membre
de la famille pourrait violet cet usage et la jurisprudence fixera dans ce cas
quand il y a lésion réelle. En contrepartie, il conviendrait d'ajouter la notion
d'abus du nom qui est une application spécifique de la théorie d'abus de

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droit et qui comme telle atténue l'usage absolu et parfois inadmissible du


nom. Cet abus sera exceptionnel. Le droit au nom est en effet un attribut
exceptionnel de la personnalité. Mais celui-ci dépasse les limites
raisonnables et équitables de ce droit, lorsqu'il agit dans le but de causer
sans motif valable, dommage à autrui. Cet abus, est en outre, le fait de
l'exploitation dommageable d'une homonymie dans le cadre des activités
professionnelles. C'est pourquoi la loi précise les conditions requises pour
que l'abus de droit soit retenu. D'abord l'exercice de celui-ci, dans le cadre
des activités professionnelles. Ensuite, l'intention et l'effet d'une confusion
dommageable au crédit et à la réputation d'un tiers et l'élément moral
consistant à l'intention de nuire.
Art. 68 : Ancien.
Toute convention au nom est sans valeur au regard de la loi civile, hormis
les règles relatives au nom commercial.
Art. 68 : Modifié.
Toute convention se rapportant au nom est sans valeur au regard de la
présente loi, hormis les règles relatives au nom commercial.
Commentaire : Cet article rappelle le principe que le nom est un droit extra-
patrimonial et donc hors commerce avec cependant la notable exception que
le nom à fin commerciale passe dans le domaine patrimonial et s'écarte
alors des règles énoncées aux textes relatifs au nom, attribut civil
indisponible de la personnalité d'un individu. Cet article a été modifié en
2016. La modification a consisté au remplacement du groupe de mots « de la
loi civile » par « de la présente loi ».

Section VI. Des pénalités

Art. 69 : Ancien.
Sans préjudice des autres dispositions pénales, l’usurpation volontaire et
continue du nom d’un tiers est punie de sept jours à trois mois de servitude
pénale et de 50 à 100 zaïres d’amende ou de l’une de ces peines seulement.

Art. 69 : Modifié.
Sans préjudice des autres dispositions pénales, l’usurpation volontaire et
continue du nom d’un tiers est punie de sept jours à trois mois de servitude
pénale principale et de 500.000 à 1.000.000 francs congolais d’amende ou
d’une de ces peines seulement.
Commentaire : En matière pénale, les textes doivent être précis parce qu'ils
sont de stricte interprétation. Certes les usurpations dommageables peuvent
exister sans qu'il y ait conscience de celles-ci et volonté ultérieure de s'y
maintenir. En ce cas, les articles précédents donnent les moyens civils
adéquats de mettre fin à cette lésion. Seule l'action pénale sera ouverte

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lorsque l'acte d'usurpation a été délibérément voulu et maintenu malgré les


contestations soulevées par des tiers. Ainsi, si le caractère continu qui
manifeste clairement une volonté d'usurper n'est pas constaté à suffisance,
l'infraction ne sera pas établie. En réalité, c'est ici que se dégage la
nécessité de la preuve de l'intention doleuse. Cet article a été modifié en
2016. La principale modification de cette disposition a consisté à actualiser
le montant des amendes en francs congolais.

Art. 70 : Ancien.
Toute personne qui se sera volontairement attribuée un nom en violation
de l’article 58 ou tout officier de l’état civil qui l’aura enregistré sciemment,
sera puni d’une servitude pénale de 30 jours et d’une amende de 100 zaïres
au maximum ou de l’une de ces peines seulement.

Art. 70 : Modifié.
Toute personne qui se sera volontairement attribué un nom en violation
de l’article 58 ci-dessus ou tout officier de l’état civil qui l’aura enregistré
sciemment, sera puni d’une peine de servitude pénale principale de trente
jours et d’une amende de 100.000 francs congolais au maximum ou de l’une
de ces peines seulement.
Commentaire : Cet article assez exceptionnel en matière de législation sur
le nom veut assurer dès le début une police rigoureuse dans l'attribution
correcte du nom. La modification de forme de cet article en 2016 a porté sur
l’ajout de « ci-dessus » sur l’article 58 ; le remplacement de l’expression
« servitude pénale » par « peine de servitude pénale » alors que dans
certains articles plus bas c’est la démarche contraire qui s’observe. Le
montant des amendes est actualisé en francs congolais. Le futur « se sera »
est maintenu alors que dans certaines dispositions plus bas, le législateur
prend son temps pour mettre les verbes au présent.
Section VII. De la disposition spéciale

Art. 71 : Ancien.
L’identification d’un étranger né sur le territoire congolais se fera, dans
l’acte de naissance, conformément aux dispositions de son droit national.
Art. 71 : Modifié.
L’identification d’un étranger né sur le territoire congolais se fait dans
l’acte de naissance conformément aux dispositions de son droit national.
Commentaire : Cet article rappelle qu'en matière de droit des personnes, la
règle de droit international privé est le respect de l'application de la loi
nationale de l'étranger dans la mesure où celle-ci n'est pas contraire à
l'ordre public de l'Etat. La modification de cet article en 2016 a consisté à
remplacer un verbe futur « se fera » par le présent « se fait ». Il s’agit ici
d’une naissance comportant un élément d’extranéité : la naissance d’un

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étranger sur le territoire congolais. Il est question, dans l’article sous


examen, de l’application de la règle de droit international privé, et
spécialement de la règle de conflits, consacrée, dans notre législation, à
l’article 24 du Décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou obligations
conventionnelles qui veut que l'état et la capacité des personnes, ainsi que
leurs rapports de famille, soient régis par les lois de la nation à laquelle
elles appartiennent.

CHAPITRE II
DE L’ÉTAT CIVIL

Section I. De la preuve de l’état civil


Art. 72. — Sauf dispositions spéciales prévues par la loi, l’état civil des
citoyens n’est établi et ne peut être prouvé que par les actes de l’état civil.
Commentaire : Cet article de principe pose l'obligation de recourir aux
actes de l'état civil pour tous les citoyens congolais en vue d'établir leur état.
Il s'agit là d'une mesure nécessaire de généralisation et de sécurité
juridique. Toutefois, dans certains cas, par exemple en matière de filiation,
la loi pourra prévoir comme autre preuve de celle-ci le recours à la
possession d'état. De même, elle pourra prévoir à titre exceptionnel, le
recours à des décisions judiciaires supplétives d'actes de l'état civil et même
à des actes de notoriété vérifiés par le pouvoir judiciaire. Ainsi, en précisant
''sauf dispositions spéciales prévues par la loi'', on admet dans la
réglementation des actes de l'état civil d'ériger un principe qui donne à l'état
civil le pouvoir et le devoir d'assurer selon un mode précis et précis l'état
des personnes.
Section II. Du ressort des bureaux de l’état civil
Art. 73 : Ancien
II est créé un bureau principal de l’état civil soit au chef-lieu de la zone
rurale et urbaine, soit au siège des collectivités de la zone rurale distinctes du
chef-lieu de la zone.
Art. 73 : Modifié
Il est créé un bureau principal de l’état civil au siège administratif de la
commune, du secteur ou de la chefferie.
Commentaire : Cet article détermine le ressort du Bureau central de l'état
civil. Le bureau principal de l'état civil est celui créé soit au siège
administratif de la commune, du secteur ou de la chefferie. La principale
modification en 2016 a consisté à actualiser les dénominations (chef-lieu de
la zone rurale et urbaine : siège administratif de la commune, du secteur ou
de la chefferie).

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Art. 74 : Ancien.
Le ressort de chaque bureau territorial est déterminé par les limites de la
collectivité ou de la zone urbaine.
Art. 74 : Modifié.
Le ressort de chaque bureau principal est déterminé par les limites de la
commune, du secteur ou de la chefferie.
Commentaire : Faisant suite à l'article précédent, le présent article
détermine les limites territoriales du bureau principal de l'état civil. Cet
article a été modifié en 2016. La nouvelle disposition connait le
remplacement du bureau territorial par bureau principal. Les dénominations
en vigueur sont également actualisées.
Art. 75 : Ancien.
Suivant les nécessités locales, soit le gouverneur de région, sur
proposition du commissaire sous-régional, du commissaire de zone rurale ou
urbaine intéressée ou du chef de collectivité, soit, en ce qui concerne la ville
de Kinshasa, le gouverneur de la ville, sur proposition du commissaire de
zone intéressée, peut créer un ou des bureaux secondaires de l’état civil dont
les limites du ressort seront précisées dans l’acte qui les crée.
Les actes de l’état civil du ou des bureaux secondaires sont indépendants
de ceux du bureau principal dont ils ont été détachés.
Art. 75 : Modifié.
Suivant les nécessités locales, le Gouverneur de province ou le
Gouverneur de la ville de Kinshasa, selon le cas, sur proposition du
bourgmestre de la commune, du chef du secteur ou du chef de la chefferie
concernée, peut créer un ou des bureaux secondaires de l’état civil dont les
limites du ressort sont précisées dans l’acte qui les crée.
Les actes de l’état civil du ou des bureaux secondaires sont indépendants
de ceux du bureau principal.
Commentaire : Les bureaux secondaires de l’état civil sont ceux créés, soit
par le gouverneur de province, soit par le gouverneur de la ville de
Kinshasa, selon le cas, sur proposition du bourgmestre de la commune, du
chef du secteur ou du chef de la chefferie suivant les nécessités locales. La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’actualisation des
dénominations en vigueur. L’alinéa 2 connaît la suppression du groupe de
mots « dont ils sont détachés ».
Section III. Des officiers de l’état civil
Art. 76 : Ancien.
Les fonctions d’officier de l’état civil sont remplies selon les distinctions
précisées à l’article 73, soit par le commissaire de zone rurale ou urbaine ou
sous sa direction par les agents subalternes qu’il désigne, soit par le chef de
collectivité ou sous sa direction par les agents subalternes qu’il désigne.

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Art. 76 : Modifié.
Sont compétents pour exercer les fonctions de l’état civil :
1. le maire de la ville ;
2. le bourgmestre de la commune ;
3. le chef du secteur ou le chef de la chefferie ;
4. le chef de mission diplomatique ou consulaire.
Sous sa direction et sa responsabilité, l’officier de l’état civil peut
déléguer ses fonctions à un agent subalterne de son ressort.
Commentaire : En droit congolais, plusieurs autorités exercent les fonctions
d’officier de l’état civil. Elles sont soit désignées par la loi n° 87-010 du 1er
aout 1987 portant code de la famille (art. 76 à 81 CF), soit par la loi
organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation
et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports
avec l’Etat et les provinces (J.O.RDC, 49ème année, 10 octobre 2008).
L’officier de l’état civil est dès lors : Principalement : le maire (qui exerce
les fonctions d’officier de l’état civil dans le ressort de la ville : voir aussi
l’article 41 de la loi organique précitée), le bourgmestre, le chef de secteur
(voir aussi l’article 85 de la loi organique précitée), le chef de chefferie
(voir aussi l’article 86 de la loi organique précitée) et les agents
diplomatiques et consulaires congolais à l’étranger. En effet, le droit
international public admet que les agents diplomatiques et consulaires
exercent des fonctions d’état civil ; ils ne le font cependant que dans la
mesure où les conventions et les lois locales le permettent (Art. 5 de la
Convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les relations consulaires).
Accessoirement et selon les nécessités locales, un agent de l’Etat chargé
exclusivement de ses fonctions (art. 77 CF). Cet agent est nommé par le
gouverneur de province, sur proposition de l’administrateur du territoire ou,
pour la ville de Kinshasa, par le gouverneur de la ville de Kinshasa, sur
proposition du bourgmestre compétent. Enfin, remarquons que lors de la
rédaction de cet article, le mot ‘‘officier’’ doit avoir été sauté. Cet article
aurait dû être introduit par ces mots ‘‘sont compétents pour exercer les
fonctions ‘d’officier’ de l’état civil’’.

Art. 77 : Ancien.
Suivant les nécessités locales, et sur proposition du commissaire sous-
régional ou du commissaire de zone pour la ville de Kinshasa, le gouverneur
de région dans laquelle se trouve le bureau de l’état civil intéressé ou le
gouverneur de la ville de Kinshasa peut nommer comme officier de l’état
civil un agent de l’État chargé exclusivement de ces fonctions.

Art. 77 : Modifié.
Lorsque les circonstances l’exigent, le Gouverneur de province ou le
Gouverneur de la ville de Kinshasa, suivant le cas peut, sur proposition du
bourgmestre de la commune, du chef du secteur ou de la chefferie, nommer

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dans un bureau de l’état civil, un agent de l’Etat chargé exclusivement des


fonctions d’officier de l’état civil.
L’officier de l’état civil ainsi nommé peut être affecté dans un
groupement, dans une zone de santé ou dans un hôpital de référence.
Commentaire : Cette disposition est réécrite en 2016 en utilisant les
formules « suivant les nécessités locales » au lieu de « lorsque les
circonstances l’exigent ». Les dénominations sont actualisées, ainsi
« commissaire sous-régional » est remplacé par « bourgmestre, chef de
secteur, de chefferie ». Un deuxième alinéa prévoit l’affectation d’un officier
de l’état civil dans un groupement, une zone de santé ou dans un hôpital de
référence. Les principales modifications de cet article sont justifiées d’une
part par le souci de cohérence avec la loi sur les entités territoriales
décentralisées (alinéa premier) et d’autre part par l’extension du ressort
d’activités des officiers de l’état civil des bureaux secondaires (alinéa
deuxième).

Art. 78. — Les officiers de l’état civil sont seuls compétents pour recevoir
les déclarations et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent un
caractère authentique.
Commentaire: Ce texte consacre le principe de la compétence exclusive
conférée aux officiers de l'état civil pour recevoir les actes de l'état civil
d'une part, et d'autre part de leur conférer le caractère authentique.

Art. 79 : Ancien.
II est interdit aux officiers de l’état civil de recevoir tout acte qui les
concerne personnellement ou concerne leurs épouses, leurs ascendants ou
leurs descendants. Ils ne peuvent non plus intervenir dans un même acte en
cette qualité ou à un autre titre.
Art. 79 : Modifié.
Il est interdit à l’officier de l’état civil de recevoir tout acte qui le
concerne personnellement ou concerne son conjoint, ses ascendants ou ses
descendants. Il ne peut non plus intervenir dans un même acte en cette
qualité ou à un autre titre.
Dans ce cas, l’acte est reçu par un autre officier de l’état civil visé à
l’article 76 ci-dessus.
Commentaire : Cet article interdit à l'officier de l'état civil de dresser les
actes intéressant sous ses ascendants ou descendants, mais rien ne
s'opposerait à ce qu'il en dresse un relatif à ses collatéraux. L'in fine de
l'alinéa 1er rend également incompétent l'officier de l'état civil s'il figure
dans un acte en qualité de déclarant ou de témoin. Cet article a été modifié
en 2016. L’ancienne formulation de cet article laissait sous-entendre qu’un
officier de l’état civil ne pouvait être que du sexe masculin. Cette
formulation était donc phallocratique, sexiste et discriminatoire à l’égard de

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la femme. La principale modification de cet article a ainsi consisté à


remplacer le mot ‘‘épouses’’ par le mot ‘‘conjoint’’ pour souligner que
l’officier de l’état civil peut être du sexe masculin ou du sexe féminin. Le mot
‘‘conjoint’’ est ainsi neutre et indique qu’il peut s’agir du mari ou de
l’épouse. La deuxième modification, et c’est une nouveauté, est la solution à
suivre lorsque l’acte à recevoir par l’officier de l’état civil émane d’un
membre de sa famille ou d’un parent. La modification de forme a consisté à
remplacer les mots « aux officiers » par « à l’officier ».
Art. 80 : Ancien.
Les fonctions d’officier de l’état civil cessent par le décès ou par le retrait
de l’acte de nomination.
Art. 80 : Modifié.
La fonction d’officier de l’état civil cesse par :
1. la retraite ;
2. le décès ;
3. la démission ;
4. la révocation ;
5. la déchéance ;
6. la nomination à une fonction incompatible ;
7. la fin du mandat ;
8. l’incapacité permanente ou mentale dûment constatée par un médecin ;
9. la condamnation à une peine irrévocable.
Commentaire : Cet article est relatif à la cessation des fonctions d'officier
de l'état civil. Il a été modifié en 2016. La modification de forme introduite a
porté sur le remplacement du pluriel « les fonctions » par le singulier « la
fonction ». Les causes de cessation de la fonction d’officier de l’état civil
sont ainsi allongées. Elles passent de deux à neuf. Il y a eu donc extension
des causes de cessation de la fonction d’officier de l’état civil à savoir la
retraite, la démission, la déchéance, la nomination à une fonction
incompatible, la fin du mandat, l’incapacité permanente ou mentale dument
constatée par un médecin et la condamnation à une peine irrévocable.
L’ancienne cause de cessation, à savoir, ‘‘ le retrait de l’acte de
nomination’’ peu compréhensible en droit a été remplacée par le mot
‘‘révocation ’’.

Art. 81 : Ancien.
Le commissaire de zone rurale, le commissaire de zone urbaine ou le chef
de collectivité avise sans retard, le gouverneur de province ou le gouverneur
de la ville de Kinshasa, selon le cas, du décès des officiers de l’état civil
suppléants désignés ou spécialisés, nommés dans son ressort ou de toutes
circonstances qui empêchent l’un de ceux-ci, de façon durable, de remplir
ses fonctions.

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L’officier de l’état civil suppléant ou à défaut de ce dernier, l’adjoint


direct du chef de collectivité ou du commissaire de zone rurale ou urbaine
avise sans retard le gouverneur de région du décès du chef de collectivité ou
de toutes circonstances qui empêchent celui-ci de remplir ses fonctions de
façon durable.

Art. 81 : Modifié.
Le bourgmestre, le chef du secteur ou de la chefferie avise sans délai le
Gouverneur de province ou le Gouverneur de la ville de Kinshasa, selon le
cas, du décès des officiers de l’état civil faisant fonction désigné ou
spécialisé nommé dans son ressort ou de toute circonstance qui l’empêche,
de façon durable, de remplir ses fonctions.
L’officier de l’état civil faisant fonction ou à défaut de ce dernier, le
bourgmestre adjoint, le chef de secteur adjoint ou le premier échevin de la
chefferie avise sans délai le Gouverneur de province ou le Gouverneur de la
ville de Kinshasa du décès du bourgmestre, du chef de secteur ou de
chefferie, de toute circonstance qui empêche celui-ci de remplir ses fonctions
de façon durable.
Commentaire : L'article 81 envisage le problème de remplacement par
avertissement des autorités politico-administratives du cas de décès des
officiers ou des cas où la cessation ou la suspension du service. Pour se
conformer à la loi organique sur les entités décentralisées, spécialement
s’agissant des nouvelles appellations, d’une part et d’autre part aux
dispositions de l’article 77 de la loi sous examen, l’article 81 est revu en
2016 dans le sens des dénominations. « Commissaire de zone » est remplacé
par « bourgmestre, chef de secteur ou de chefferie » ; « adjoint direct du
chef de collectivité ou commissaire de zone rurale ou urbaine » remplacés
par « le bourgmestre adjoint, chef de secteur adjoint ou le premier échevin
de la chefferie avise le Gouverneur… ».

Section IV. Des registres de l’état civil

Art. 82 : Ancien.
Toutes les naissances, tous les mariages, tous les décès sont inscrits sous
forme d’actes dans un registre de l’état civil distinct, qualifié registre de
naissance, de mariage, de décès.
Les autres faits ou actes concernant l’état des personnes sont inscrits dans
un registre supplétoire et font également l’objet d’une mention éventuelle
aux autres registres, sur base des dispositions spéciales prévues par la loi.
Lorsque cette mention ne peut être portée en marge de l’état civil au Congo,
il y a lieu à transcription sur les registres de l’état civil de la commune de la
Gombe, ville de Kinshasa.

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Art. 82 : Modifié.
Toutes les naissances, tous les mariages, tous les décès sont inscrits sous
forme d’actes dans un registre de l’état civil distinct, qualifié registre de
naissance, de mariage, de décès.
Les autres faits ou actes concernant l’état des personnes sont inscrits dans
un registre supplétoire et font également l’objet d’une mention éventuelle
aux autres registres, sur la base des dispositions spéciales prévues par la loi.
Lorsque cette mention ne peut être portée en marge du registre de l’état civil
en République Démocratique du Congo, il y a lieu à transcription sur les
registres de l’état civil de la commune de la Gombe, ville de Kinshasa.
Commentaire : Cet article très important établit le caractère universel des
actes de l'état civil. Le dénombrement des registres établit deux catégories :
les actes de base et le registre supplétoire ou registre prenant acte des
déclarations autres que celles reprises aux registres de base. Quant au rôle
de registre supplétoire, il indiquera entre autres, les actes d'affiliation, les
émancipations, les adoptions, les actes de notoriété... Enfin, on a prévu par
surcroît la règle de la mention marginale sur un acte de l'état civil par les
déclarations provenant d'un autre acte de l'état civil. Exemple : le divorce en
marge de mariage. Ce double contrôle ne sera pas superflu. Le dernier
alinéa établit aussi les bases de l'organisation des transcriptions d'actes
établis à l'étranger et dont l'organisation détaillée sera prévue dans le cadre
des dispositions relatives au droit international privé. L'article 82 a connu
des modifications de forme en 2016: Insertion à l’alinéa 2 de l’article défini
‘‘la’’ entre les termes ‘‘sur ‘’ et ‘‘base’’ pour plus de commodité ; Insertion
au même alinéa, du groupe de mots ‘‘du registre’’ entre les termes ‘‘marge’’
et ‘‘de l’état civil’’ pour une meilleure compréhension; Remplacement du
terme ‘‘zone’’ par ‘‘commune’’ pour raison de conformité avec la loi
organique sur les entités décentralisées.

Art. 83 : Ancien.
Les registres sont clos et arrêtés par l’officier de l’état civil à la fin de
chaque année et dans les deux mois, l’une des parties du registre est déposée
aux archives de la collectivité ou de la zone urbaine ou rurale, l’autre au
greffe du tribunal de grande instance et la dernière partie au bureau central
des actes de l’état civil près le Ministère de la Justice à Kinshasa.
À la clôture de chaque registre, il est dressé par l’officier de l’état civil,
une table alphabétique des actes qui y sont contenus, avec indication de leur
date et de leur numéro de référence. Cette table alphabétique est envoyée
également en copie au greffe du tribunal de grande instance et au bureau des
actes de l’état civil près le département de la Justice à Kinshasa.

Art. 83 : Modifié.
Les registres sont clos et arrêtés par l’officier de l’état civil à la fin de
chaque année.

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A la clôture de chaque registre, il est dressé par l’officier de l’état civil


une table alphabétique des actes qui y sont contenus, avec indication de leur
date et leur numéro de référence.
Dans les deux mois suivant la clôture, les parties des feuillets du registre
sont réparties conformément à l’article 87 de la présente loi. Il en est de
même des tables alphabétiques.
Commentaire : Cet article pose le principe de l'établissement du registre
annuel. Rappelons que sous l'ancienne loi avant l'entrée en vigueur du code
de la famille, le registre se continuait jusqu'à l'épuisement complet de tous
les feuillets. L'annualité est une règle automatique particulièrement utile
bien qu'un peu coûteuse. Par ailleurs, vu la fusion des actes de l'état civil
des congolais et des étrangers en un seul registre, les registres annuels
seront amplement remplis. D'ailleurs, dans le cas où le registre annuel est
insuffisant, un deuxième registre devra le continuer et il appartiendra à
l'officier de l'état civil de le demander dans les délais suffisants. Cette
disposition a connu en 2016 la suppression du bout de phrase qui exige
l’envoi d’une des parties du registre arrêté au Greffe du Tribunal de grande
instance et au Bureau central ainsi qu’au Ministère de la justice. Il est
ajouté un alinéa sur la répartition des parties des registres.

Art. 84 : Ancien.
Les registres en blanc mis à la disposition de chaque bureau de l’état civil
sont cotés et paraphés du premier au dernier feuillet par l’officier du
Ministère public dans le ressort duquel se situe le bureau de l’état civil. Les
actes sont inscrits de suite sur les registres sans aucun blanc. Rien n’y est
inscrit par abréviation.
Les dates sont énoncées en toutes lettres. Les ratures et les renvois sont
approuvés et signés de la même manière que le corps de l’acte.
Les actes sont numérotés en marge du registre au fur et à mesure de leur
établissement.

Art. 84 : Modifié.
Les registres en blanc mis à la disposition de chaque bureau de l’état civil
sont cotés et paraphés du premier au dernier feuillet par l’officier du
ministère public dans le ressort duquel se situe le bureau de l’état civil.
Les actes sont inscrits de suite sur les registres sans aucun blanc.
L’inscription par abréviation est interdite.
Les dates sont énoncées en toutes lettres. Les ratures et les renvois sont
approuvés et signés de la même manière que dans le corps de l’acte.
Les actes sont numérotés en marge du registre au fur et à mesure de leur
établissement.
Commentaire : Le premier alinéa est prévu pour empêcher l'éventuelle
suppression ou destruction d'un feuillet, de telle sorte qu'un acte de l'état
civil établi sur un feuillet non coté ni paraphé est nul. Toutefois, l'alinéa

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final du présent article prévoit la numérotation effective des actes dans le


registre. Il peut en effet se faire qu'un feuillet soit mal utilisé et annulé (art.
89). L'alinéa 2 est traditionnel et oblige l'état civil de rédiger d'une manière
continue de façon à empêcher un abus éventuel de blanc-seing. Dans la
pratique cependant une simplification est admise : il est toléré, sauf pour le
mois, comme en France ou en Belgique, que les chiffres arabes soient
utilisés pour les dates. Exemple le 08 août 1969. La phraséologie de cet
article a été revue lors de la réforme de 2016. « Rien n’y est inscrit par
abréviation » remplacé par « L’inscription par abréviation est interdite ».
Par ailleurs l’ancien premier alinéa de cet article est scindée en deux
alinéas, parce que renfermant deux idées distinctes ; il en est de même de
l’ancien deuxième alinéa qui est aussi scindée en deux.

Art. 85 : Ancien.
Les registres commencent par une première page où sont indiqués les
noms des officiers de l’état civil et leurs qualifications avec en regard de
cette indication la signature de ceux-ci.
Ils comportent ensuite une série de feuillets numérotes dont chacun doit
servir à la rédaction des actes de l’état civil. Les modèles des feuillets de
chaque registre de l’état civil seront fixés par arrêté ministériel.
Les registres se terminent par plusieurs pages destinées à contenir la table
alphabétique des personnes auxquelles se rapportent les actes des registres.

Art. 85 : Modifié.
Les registres commencent par une première page où sont indiqués les
noms des officiers de l’état civil et leurs qualifications avec, en regard de
cette indication, la signature de ceux-ci.
Ils comportent ensuite une série de feuillets numérotés dont chacun sert à
la rédaction des actes de l’état civil. Les modèles des feuillets de chaque
registre de l’état civil sont fixés par arrêté du ministre ayant la justice dans
ses attributions.
Les registres se terminent par plusieurs pages destinées à contenir la table
alphabétique des personnes auxquelles se rapportent les actes des registres.
Commentaire : Cet article précise la forme générale des registres. Il précise
que chaque registre est réparti en trois sortes de documents : les documents
d'identification du registre; les actes de l'état civil à proprement parler et
l'inventaire de ceux-ci. Cet article a été modifié en 2016. Les principales
modifications ont consisté :
- en l’insertion, à l’alinéa 1er, du signe de ponctuation «, » après les mots
« avec » et « en regard » pour marquer l’incise ;
- au remplacement, à l’alinéa 2, des verbes « doit servir » par « sert » et
« seront » par « sont » pour raison de légistique ;
- au remplacement, au même alinéa 2, in fine, du mot « ministériel » par le
bout de phrase « le ministre ayant la justice dans ses attributions ».

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Art. 86 : Ancien.
Quatre parties égales portant des mentions identiques composent les
feuillets des registres de l’état civil. Une marge égale au tiers de chaque
partie est réservée pour d’éventuelles mentions.

Art. 86 : Modifié.
Les feuillets des registres de l’état civil sont composés de quatre parties
égales portant des mentions identiques.
Une marge égale au tiers de chaque partie est réservée pour d’éventuelles
mentions.
Commentaire : Cet article indique les parties des feuillets des registres de
l'état civil. Cet article est cité parmi les articles modifiés en 2016. En réalité
cette disposition ne connait pas de grande modification. Elle est seulement
divisée en 2 alinéas.

Art. 87 : Ancien.
La partie cotée 1, extérieure à la souche et supérieure du registre, est
remise immédiatement au déclarant.
La partie cotée 2, extérieure à la souche et inférieure du registre, est
détachée du registre à la fin de l’année. Réunie en une liasse, elle est
envoyée dans les deux mois pour dépôt au greffe du tribunal de grande
instance. Cette liasse, dès sa réception, est reliée par les soins du greffe qui
en est le dépositaire.
La partie cotée 3, attachée à la souche et inférieure du registre, est séparée
à la fin de l’année de la partie 4 de la souche supérieure. Elle est envoyée
dans les deux mois au bureau central des actes de l’état civil près le
département de la Justice à Kinshasa.
La partie cotée 4 est conservée au bureau de l’état civil du lieu où ce
registre a été tenu.
Les tables alphabétiques sont détachées en deux exemplaires à la fin de
l’année, enliassées et envoyées dans les deux mois, l’une au greffe du
tribunal de grande instance et l’autre au bureau central des actes de l’état
civil près le Ministère de la Justice à Kinshasa. L’original des tables
alphabétiques reste dans le registre déposé au bureau des actes de l’état civil.
Les parties cotées 2 et 3 des registres de l’état civil ainsi que les tables
alphabétiques établies par les agents diplomatiques et consulaires sont
envoyées dans les deux mois après la fin de l’année, respectivement au
greffe du tribunal de grande instance à Kinshasa et au bureau central des
actes de l’état civil près le Ministère de la Justice à Kinshasa.

Art. 86 : Modifié.
La partie cotée 1, extérieure à la souche et supérieure du registre, est
remise immédiatement au déclarant.

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La partie cotée 2, extérieure à la souche et inférieure du registre, est


détachée du registre à la fin de l’année. Réunie en une liasse, elle est
envoyée dans les deux mois pour dépôt au greffe du Tribunal de grande
instance du ressort. Cette liasse, dès sa réception, est reliée par les soins du
greffe qui en est le dépositaire.
La partie cotée 3, attachée à la souche et inférieure du registre, est séparée
à la fin de l’année de la partie 4 de la souche supérieure. Elle est envoyée
dans les deux mois au bureau central des actes de l’état civil du ministère
ayant la justice dans ses attributions.
La partie cotée 4 est conservée au bureau de l’état civil du lieu où ce
registre a été tenu.
Les tables alphabétiques sont détachées en deux exemplaires à la fin de
l’année, enliassées et envoyées, dans les deux mois, l’une au greffe du
Tribunal de grande instance du ressort et l’autre au bureau central des actes
de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions. L’original
des tables alphabétiques reste dans le registre conservé au bureau de l’état
civil.
Les parties cotées 2 et 3 des registres de l’état civil ainsi que les tables
alphabétiques établies par les agents diplomatiques et consulaires sont
envoyées dans les deux mois après la fin de l’année, respectivement au
greffe du Tribunal de grande instance de la Gombe et au bureau central des
actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions.
Commentaire : Cet article précise la destination des différentes parties des
registres de l'état civil. La partie cotée 1 est remise au déclarant ; la partie
cotée 2 est envoyée au greffe du tribunal de grande instance; les parties
cotées 3 et 4 établies par les agents diplomatiques et consulaires sont
envoyées respectivement au greffe du Tribunal de grande instance de la
Gombe et au bureau central des actes de l’état civil du ministère de la
justice. Cet article a connu des modifications ci-après lors de la réforme de
2016 :
- A l’alinéa 2 : insertion du groupe de mots « du ressort » entre le mot
« instance » et le pronom « cette » pour raison de précision.
- A l’alinéa 3 : remplacement du bout de phrase « près le Département de
la justice à Kinshasa » par « du ministère ayant la justice dans ses
attributions » ;
- A l’alinéa 5 : Pour rester cohérent avec le texte, le législateur a
reformulé et éclaté cet alinéa en deux pour une bonne lecture du texte.
• Au niveau du nouvel alinéa 5 :
 remplacement du bout de phrase « près le Département de la
justice à Kinshasa » par « du ministère ayant la justice dans ses
attributions » ;
 insertion du groupe de mots « du ressort » entre le mot
« instance » et la conjonction « et » pour raison de précision ;
 remplacement du mot « déposé » par « conservé » plus approprié ;

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 suppression du groupe de mots « des actes» entre les termes


« bureau » et par « de l’état civil» ;
• Au niveau du nouvel alinéa 6 :
 remplacement du bout de phrase « près le Département de la
justice à Kinshasa » par « du ministère ayant la justice dans ses
attributions ».

Art. 88. — Les procurations et autres pièces qui doivent demeurer annexées
aux actes de l’état civil sont cotées par référence à l’acte qu’elles concernent,
paraphées par la personne qui les a produites et par l’officier de l’état civil,
classées chronologiquement par nature et date de l’acte et en fin d’année
enliassées pour être transmises en original dans les deux mois au greffe du
tribunal de grande instance en même temps que la partie cotée 2.
Les copies certifiées conformes de ces documents demeurent au bureau
de l’état civil du lieu où les actes ont été établis.
Commentaire : Cet article est relatif à la conservation des documents
annexes. Les documents annexes seront mieux conservés en principe au
greffe du tribunal et surtout ces documents annexes peuvent être utiles,
avant tout, dans le cas d'une requête en rectification. C'est pour cette raison
que l'on préfère confier le dépôt des documents annexes au greffe du
tribunal plutôt qu'au bureau de l'état civil lui-même qui est d'ailleurs moins
bien outillé pour une durable conservation.

Art. 89. — Lorsqu’un feuillet d’un registre de l’état civil n’a pas été utilisé
par erreur ou a été mal utilisé, l’officier de l’état civil l’annule en traçant sur
chacune de ses parties une ligne diagonale de haut en bas et en écrivant sur
chacune des parties ‘‘annulé pour erreur’’.
Commentaire : Cet article est relatif aux feuillets inutilisés ou mal utilisés.
La mention ''annulé par erreur'' doit être indiquée sur le feuillet selon les
instructions reprises dans cet article.
Art. 90 : Ancien.
Si un registre conservé au bureau de l’état civil est perdu ou détruit, il est
immédiatement reconstitué à l’aide des parties no 2 de ce registre déposées
au greffe du tribunal de grande instance sur l’initiative de l’officier de l’état
civil de la collectivité ou de la zone urbaine ou rurale.
Si les parties n°2 d’un registre sont perdues ou détruites, elles sont
immédiatement reconstituées à l’aide des parties conservées au bureau de
l’état civil de la collectivité ou de la zone urbaine ou rurale intéressée, sur
l’initiative du greffier du tribunal de grande instance du ressort où les parties
ont été perdues ou détruites.
Si les parties des registres conservées dans un bureau de l’état civil et au
greffe du tribunal de grande instance sont perdues ou détruites dans ces deux
endroits, elles sont immédiatement reconstituées à l’aide des parties cotées

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n°3 de ce registre, sur l’initiative des dépositaires des parties perdues ou


détruites, l’officier de l’état civil et le greffier du tribunal de grande instance
dans le ressort duquel ces registres ont été établis.
Si les parties n°3 d’un registre sont perdues ou détruites, elles sont
immédiatement reconstituées, sur l’initiative du responsable du département
de la Justice, à l’aide des parties conservées au greffe du tribunal de grande
instance dans le ressort duquel ce registre a été établi.
Si un registre vient à être détruit ou perdu avant que les parties n’en aient
été détachées, l’officier de l’état civil en avise immédiatement le procureur
de la République. Celui-ci mène une enquête sur les motifs de cette
disparition et prend les mesures opportunes pour la reconstitution du registre.
Dans toutes les hypothèses où un ou des registres ont été perdus ou détruits,
le dépositaire de ceux-ci est tenu d’avertir sans délai le procureur de la
République et d’établir un rapport expliquant les circonstances précises de
cette perte ou de cette destruction.

Art. 90 : Modifié.
Si un registre conservé au bureau de l’état civil est perdu ou détruit, il est
immédiatement reconstitué à l’aide des parties cotées 2 de ce registre
déposées au greffe du Tribunal de grande instance, à l’initiative de l’officier
de l’état civil de la commune, du secteur ou de la chefferie.
Si les parties cotées 2 d’un registre sont perdues ou détruites, elles sont
immédiatement reconstituées à l’aide des parties conservées au bureau de
l’état civil de la commune, du secteur ou de la chefferie intéressée, à
l’initiative du greffier du Tribunal de grande instance du ressort où les
parties ont été perdues ou détruites.
Si les parties des registres conservées dans un bureau de l’état civil et
celles déposées au greffe du Tribunal de grande instance sont perdues ou
détruites dans ces deux endroits, elles sont immédiatement reconstituées à
l’aide des parties cotées 3 de ce registre, à l’initiative de l’officier de l’état
civil et du greffier du Tribunal de grande instance dans le ressort duquel ces
registres ont été établis.
Si les parties cotées 3 d’un registre sont perdues ou détruites, elles sont
immédiatement reconstituées à l’initiative du responsable du bureau central
des actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions, à
l’aide des parties conservées au greffe du Tribunal de grande instance, dans
le ressort duquel ce registre a été établi.
Si un registre vient à être détruit ou perdu avant que les parties n’en aient été
détachées, l’officier de l’état civil en avise immédiatement le Procureur de la
République. Celui-ci mène une enquête sur les motifs de cette destruction ou
de cette disparition et prend les mesures opportunes pour la reconstitution
du registre.
Dans toutes les hypothèses où un ou des registres ont été perdus ou
détruits, le dépositaire de ceux-ci est tenu d’avertir, sans délai, le Procureur

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de la République et d’établir un rapport expliquant les circonstances précises


de cette perte ou de cette destruction.
Commentaire : L'article traite de la perte ou de la destruction des registres.
Le problème de la perte ou de la destruction des actes de l'état civil est
surtout délicat lorsqu'en réalité celles-ci se situent dans l'année en cours
lorsque les différentes parties constituant le registre de l'état civil n'ont pas
été détachées et remises à leurs dépositaires légaux. Dans l'autre cas, très
souvent cette perte ou destruction pourra être facilement corrigée par la
communication d'une des autres parties qui permettra la reconstitution du
registre perdu ou détruit. Notons enfin que dans ce domaine, le chef de
parquet local doit être immédiatement averti de façon à vérifier s'il n'existe
pas des motifs de poursuite répressive et même aussi des motifs d'intenter
une action disciplinaire contre le dépositaire.
Les modifications suivantes ont été introduites lors de la réforme de 2016:
- Remplacement aux alinéas 1er, 2, 3 et du terme « numéro » par le mot
« cotés » pour raison de précision ;
- Remplacement, aux mêmes alinéas, de la préposition « sur » par « à »
jugé approprié ;
- Remplacement, aux alinéas 1er et 2, du groupe de mots « collectivité »,
« zone urbaine ou rurale » par « territoire », « commune ou chefferie »
pour se conformer à la loi sur les entités territoriales décentralisées ;
- Insertion, à l’alinéa 3, du groupe de mots « celles déposées » entre la
conjonction « et » et la préposition « au » pour raison de précision ;
- Suppression, au même alinéa, du bout de phrase « des dépositaires des
parties perdues ou détruites » jugé de trop ;
- Insertion, à l’alinéa 4, du groupe de mots « du bureau central des actes
de l’état civil » après le terme « responsable » pour plus de précision ;
- Remplacement, au même alinéa 4, du mot « département de la justice »
par le bout de phrase « ministère ayant la justice dans ses attributions ».
- A l’alinéa 5 : Le législateur a éclaté cet alinéa en deux pour une bonne
lecture du texte.
• Au niveau du nouvel alinéa 5 :
 insertion du groupe de mots « de cette destruction ou » pour raison
de cohérence car cet alinéa vise au départ deux hypothèses, celle
de la destruction ou celle de la disparition. Malheureusement, dans
la suite de l’ancienne formulation seule la disparition a été retenue
pour justifier les mesures opportunes à prendre par le Procureur
de la République ;
• Au niveau du nouvel alinéa 6 :
 insertion du signe de ponctuation «, » entre le verbe « avertir » et
le mot « sans » ainsi que entre le terme « délai » et l’article défini
« le » pour marquer l’incise.

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Art. 91 : Ancien.
Les registres de l’état civil ne peuvent être déplacés dès qu’ils sont mis en
service.
Ils ne peuvent directement être consultés que par les magistrats chargés
de la surveillance des actes de l’état civil, les agents de l’État habilités à cet
effet et les personnes expressément autorisées par le procureur de la
République ou par le président du tribunal de paix dans les zones et
collectivités.
La consultation se fait sans déplacement, sauf quand elle est requise par
le procureur de la République ou ordonnée par les tribunaux.
Art. 91 : Modifié.
Les registres de l’état civil ne peuvent être déplacés dès qu’ils sont mis en
service.
Ils ne peuvent directement être consultés que par les magistrats chargés
de la surveillance des actes de l’état civil, les agents de l’Etat habilités à cet
effet et les personnes expressément autorisées par le Procureur de la
République ou par le Président du Tribunal de paix dans les communes,
secteurs et chefferies.
La consultation se fait sans déplacement, sauf quand elle est requise par
le procureur de la république ou ordonnée par les tribunaux.
Commentaire : Cet article énonce le principe de la nécessité de maintenir
les registres là où ils sont constitués et établis. En principe, la consultation
des registres de l'état civil est confidentielle. Seule la délivrance des actes de
l'état civil doit être faite au public. Toutefois, il pourrait très bien se faire
que certaines autorisations soient prévues pour des agents de l'état civil
chargés de la tenue par exemple du Bureau central des actes de l'état civil
mais pour des recherches dans le domaine historique, en ce qui concerne les
registres anciens de l'état civil. Dans ce cas, cette autorisation doit faire
l'objet d'une décision provenant du procureur de la République ou du
président du tribunal de paix, car il s'agit d'une dérogation portant attente
au caractère confidentiel des actes de l'état civil. La seule modification de
cet article introduite en 2016 concerne les appellations introduites par la loi
sur les entités territoriales décentralisées. Ainsi, les termes « zones et
collectivités » ont respectivement été remplacés, à l’alinéa 2, par
« communes, secteurs et chefferies ».
Section V. Des règles communes à tous les actes de l’état civil
Art. 92 : Ancien.
Les actes de l’état civil sont rédigés en français.
Outre les dispositions fixées à l’article 84, ils énoncent la date et l’heure
auxquelles ils sont dressés, le nom, la qualité de l’officier de l’état civil, les
noms, sexe, situation matrimoniale, profession, domicile ou résidence et, si
possible, les dates et lieux de naissance de ceux qui sont dénommés.

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Lorsque la date de naissance doit être mentionnée et que cette date n’est
pas connue, l’acte énoncera l’âge approximatif de ladite personne.

Art. 92 : Modifié.
Les actes de l’état civil sont rédigés en français.
Outre les dispositions fixées à l’article 84 ci-dessus, ces actes énoncent la
date et l’heure auxquelles ils sont dressé, le nom et la qualité de l’officier de
l’état-civil ainsi que le nom, sexe, situation matrimoniale, nationalité,
profession, domicile ou résidence et, si possible, les date et lieu de naissance
de ceux qui sont dénommés.
Lorsque la date de naissance doit être mentionnée et que cette date n’est pas
connue, l’acte énonce l’âge approximatif de ladite personne.
Commentaire :
• Le choix de la langue française comme langue unique des actes de l'état
civil a été préconisé pour l'établissement des actes d'une manière
uniforme sur tout le territoire de la République. Or, un des problèmes
posés par la réception de la loi est relatif à la question du langage
juridique. Dans le contexte d’indépendance des jeunes États africains, il
leur était plus facile, soit de marquer leur adhésion à la communauté
constituée par les anciennes colonies qu’ils étaient avec la métropole,
soit encore de ne pas rompre brusquement les relations avec cette
dernière. Cela s’est donc traduit par la reconduction de la politique
linguistique définie par l’ancienne puissance coloniale. Cette politique
tendait ainsi à mettre à la disposition des jeunes États une langue
d’ouverture sur le monde international qui favorisait, dans certains cas,
l’unification du pays. Ainsi, confronté pour sa part à la difficulté
d’opérer un choix entre les quatre langues nationales et autres dialectes
existant, le législateur congolais a opté, au moment de l’indépendance,
pour la consécration de la langue française, héritée de l’administration
coloniale, comme langue officielle instituant ainsi un unilinguisme
officiel dans un plurilinguisme national. C’est donc le français, langue
officielle, qui est utilisé dans le domaine public en général et dans les
milieux judiciaires en particulier. Si d’une part, l’officialisation du
français a réduit le déséquilibre lié à la présence de nombreuses langues
locales dans le pays, il faut reconnaître, d’autre part, que l’unilinguisme
officiel ne laisse aucune place aux langues nationales ; du coup le
Congolais qui ne parle que sa langue maternelle est prisonnière dans son
propre pays. En effet, le problème de la compréhension de la loi au
Congo n’est pas une simple hypothèse théorique. L’utilisation par la loi
moderne des concepts très différents de ceux connus en droit coutumier
constitue un sérieux problème. Les difficultés qu’éprouve la population à
comprendre le langage légal contribuent à l’instauration d’une situation
de déviance (Voy. P. NKOU MVONDO, ‘‘La crise de la justice de l’Etat
en Afrique noire francophone. Etude des causes de ‘divorce’ entre la

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justice et les justiciables’’, Penant, 824, 1997, pp. 208-228) laquelle


s’instaure dans la communication quand, conscient de la difficulté ou de
l’incapacité de la population d’entretenir un véritable dialogue dans la
langue officielle, le législateur utilise cette langue dans la
communication. Si en Occident une langue devient officielle parce que,
sur le plan social, elle est d’abord une langue nationale, une langue dans
laquelle se reconnaissent tous les habitants du pays ou à tout le moins,
une partie de ceux-ci, selon que le pays est unilingue ou multilingue, en
Afrique, la langue officielle n’est pas généralement ‘‘une langue
nationale, elle n’est pas une langue dans laquelle se reconnaissent les
habitants du pays’’ (N. HALAOUI, ‘‘La langue de la justice et les
Constitutions africaines’’, in Revue Droit et Société, 51/52, 2002, p. 353).
En héritant d’une langue étrangère, qui était une langue officielle de fait
pendant la colonisation, et dont ils ont fait, pour la plupart, une langue
officielle en droit, les Etats africains ont ainsi choisi le régime de
l’unilinguisme officiel du colonisateur, national ou territorial, alors
qu’ils se trouvaient eux-mêmes dans une situation sociale de
plurilinguisme. Ils ne semblent pas s’être souciés de s’assurer que cette
langue montrait toutes les aptitudes requises pour assumer en milieu
plurilingue les fonctions généralement imparties à une langue officielle.
Avec la langue, ces Etats ont donc adopté un régime unilingue qui ne
correspondait pas à leur situation sociale, d’où la déviance constatée.
(N. HALAOUI, op. cit, p. 353). Pour toutes ces raisons, l’utilisation de la
seule langue officielle, le français, comme langue juridique ne saurait
donc satisfaire le plurilinguisme congolais. La réglementation de la
langue de droit doit être modifiée dans le sens d’une adaptation à cette
réalité sociale. Comme l’a si bien souligné HALAOUI, à propos de la
langue de la justice dans les pays africains, ‘‘ Ici comme ailleurs, il ne
s’agit nullement de favoriser les langues africaines au détriment de la
langue française. Au contraire, tout en lui conservant ses prérogatives, il
s’agit d’adjoindre à celle-ci une langue africaine avec laquelle elle
pourrait assumer pleinement la communication (…). La solution semble
ainsi de résider dans l’adoption d’un multilinguisme de stratégie’’. (N.
HALAOUI, op. cit, p. 353).
• Dans les indications générales des actes de l'état civil, le deuxième alinéa
prévoit en cas de connaissance imprécise de la date de naissance que la
précision de l'âge de la personne ou du témoin suffit. Ce sera encore très
fréquent en République démocratique du Congo. L'article 95 sera aussi
d'une grande utilité lorsque l'usage de la langue française soulèvera de
difficultés. L’article 92 a été également modifié en 2016. Une précision
est donnée quant à l’article 84 « ci-dessus » cité dans cette disposition.
Sur la forme, le groupe des mots « ils énoncent » est remplacé par « ces
actes énoncent ». La nationalité est ajoutée parmi les mentions des actes
de l’état civil.

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Art. 93. — Sauf les dispositions finales prévues en matière de mariage, les
officiers de l’état civil ne peuvent rien insérer dans les actes qu’ils reçoivent,
soit par note ou énonciation quelconque, que ce qui doit être déclaré par les
comparants.
Si une déclaration leur semble contraire à la loi, ils doivent en aviser le
procureur de la République qui agit, s’il y a lieu, en rectification d’état ou en
action d’état.
Commentaire : Cet article insiste sur le rôle passif de l'officier de l'état civil
et donne les directives quant à une déclaration manifestement irrégulière.
En effet, le rôle de l'officier de l'état civil est en principe irrégulier car il est
tenu d'acter les déclarations qui lui sont faites par le ou les comparants.
Comme il a été dit à l'article 78, son rôle est de conférer aux faits et actes
juridiques qu'il consigne dans les registres, le caractère d'authenticité. Seul
dans l'acte de mariage son rôle devient plus actif soit qu'il célèbre le
mariage, soit que le mariage ayant été célébré en famille, il le constate et le
vérifie. Toutefois le texte dans le deuxième alinéa veut néanmoins prévenir
des déclarations manifestement irrégulières par l'avertissement que l'officier
de l'état civil fera au procureur de la République. Ceci est doublement
nécessaire d'une part pour une vérification approfondie et éventuelle
rectification et d'autre part, pour poursuite, s'il y a motif à répression.

Art. 94. — Sauf dispositions spéciales prévues par la loi, les témoins ne sont
requis qu’en matière de mariage. Ils doivent être âgés de 18 ans au moins; ils
sont choisis par les comparants.
Commentaire: On a constaté que la formalité des témoins est une réalité
sans grande efficacité car les comparants appellent pour remplir cette
fonction n'importe qui. Seul en matière de mariage qui constitue un acte de
l'état civil revêtu d'une solennité toute particulière vu que les futurs époux
sont les propres déclarants de leur nouvelle situation juridique, le choix des
témoins est fait alors avec soin et revêt par le fait même une réelle efficacité.
Ce qui importe avant tout en matière de naissance, est la déclaration de
celle-ci par une personne de l'art qui a assisté à celle-ci ou par les parents.
En matière de décès, la déclaration de celle-ci par une personne de l'art
également. L'âge requis pour être témoin est fixé à 18 ans vu que la capacité
juridique est fixé à l'âge de 18 ans.

Art. 95 : Ancien.
L’officier de l’état civil donne lecture des actes ou connaissance de leur
contenu aux parties comparantes en présence des témoins s’il y en a. Si les
parties comparantes ou les témoins, s’il y en a, ne parlent pas la langue
française, l’officier de l’état civil traduit d’abord leur déclaration en français
et leur donne ensuite une traduction verbale du contenu de l’acte dans une
langue qu’ils comprennent.

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Mention en est faite au bas de l’acte. Si les parties comparantes ou les


témoins ne parlent pas la langue française et si l’officier de l’état civil ne
connaît pas la langue dans laquelle ils s’expriment, leurs déclarations et le
contenu de l’acte sont traduits par un interprète ayant au préalable prêté le
serment suivant devant l’officier de l’état civil: ‘‘Je jure de traduire
fidèlement les déclarations des parties ou des témoins ainsi que l’acte qui les
constate.’’
Mention en est faite au bas de l’acte avec indication de la langue dans
laquelle la déclaration a été faite, du nom de l’interprète ainsi que de la
prestation de serment de celui-ci.

Art. 95 : Modifié.
L’officier de l’état civil donne lecture des actes ou connaissance de leur
contenu aux parties comparantes en présence des témoins s’il y en a. Si les
parties comparantes ou les témoins, s’il y en a, ne parlent pas la langue
française, l’officier de l’état civil traduit d’abord leur déclaration en français
et leur donne ensuite une traduction verbale du contenu de l’acte dans une
langue qu’ils comprennent. Mention en est faite au bas de l’acte.
Si les parties comparantes ou les témoins ne parlent pas la langue
française et si l’officier de l’état civil ne connaît pas la langue dans laquelle
ils s’expriment, leurs déclarations et le contenu de l’acte sont traduits par un
interprète à charge de l’Etat, ayant au préalable prêté le serment suivant
devant l’officier de l’état civil: « Je jure de traduire fidèlement les
déclarations des parties ou des témoins ainsi que l’acte qui les constate ».
Mention est faite, au bas de l’acte, avec indication de la langue dans laquelle
la déclaration a été faite, du nom de l’interprète ainsi que de la prestation de
serment de celui-ci.
Commentaire : Le français ne sera pas toujours compris. Ou bien l'officier
de l'état civil connait la langue habituelle du lieu et en assure la traduction
lui-même, ou bien il ne la connait pas et il est alors requis un interprète.
Cette deuxième hypothèse envisage aussi le cas d'une personne comparante
de nationalité étrangère qui ne connait pas le français. Cette disposition a
été réécrite en deux alinéas au lieu de trois lors de la réforme de 2016. Elle
connaît également l’ajout du fait que l’interprète est « à charge de l’Etat ».
Le bout de phrase « Mention en est faite » est remplacée par « Mention est
faite » et la ponctuation est revue.

Art. 96. — Après lecture et traduction éventuelle, les actes sont signés par
l’officier de l’état civil, par les comparants et les témoins, s’il y en a, et si
une ou des personnes ne savent signer, ou bien elles apposent leurs
empreintes digitales au lieu de leur signature ou bien mention est faite de la
cause qui les a empêchées de signer.

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Commentaire : Cet article envisage l'impossibilité de signer parce qu'on ne


sait pas écrire et celle momentanée due par exemple à un accident. En ce
cas, la cause devra être précisée.

Art. 97. — Les déclarations de naissance sont reçues et les actes qui les
constatent dressés par l’officier de l’état civil du lieu de la résidence du père
ou de la mère.
Les déclarations de décès sont reçues et les actes qui les constatent
dressés par l’officier de l’état civil du lieu où le décès est survenu.
Les actes de mariage ou les enregistrements des mariages célébrés en
famille sont établis par l’officier de l’état civil du ressort du lieu de leur
célébration.
Pour les déclarations autres que celles visées aux alinéas précédents et
certaines situations spéciales, la compétence est déterminée par le texte
particulier qui les prévoit.
Commentaire : Cet article réglemente la question du lieu de rédaction des
actes de l'état civil. Les alinéas 1 et 2 sont relatifs aux naissances et décès
qui sont des faits juridiques. Deux possibilités sont ouvertes quant à leur lieu
de déclaration. Soit, le lieu où le fait juridique se produit. Cette solution
''ratione loci'' adoptée par la plupart des législations étrangères notamment
française, belge ou ivoirienne, a l'avantage de pouvoir englober toutes les
situations de naissance et de décès normales ou extraordinaires. Soit, le lieu
de résidence des parents en cas de naissance et celui de la personne
décédée. Le législateur congolais a opté pour cette deuxième hypothèse pour
la naissance qui s'écarte des règles généralement appliquées sur ce point
ailleurs parce qu'il a été constaté que conformément aux réalités sociales en
République démocratique du Congo, les déclarants responsables faisaient
leur déclaration à résidence surtout pour les naissances. La résidence a été
de plus préférée au domicile parce qu'elle répond exactement à la mentalité
congolaise qui est surtout sensibilisée par cette conception de la ''demeure
habituelle''. Par contre pour le décès, le lieu de sa survenance a été préféré
vu que celui-ci peut survenir assez souvent en dehors du lieu de la résidence
de la personne décédée (cas d'accident ou d'hospitalisation). Aux termes de
l'alinéa 3, il apparaît qu'en matière de mariage, celui-ci connaîtra deux
formes officielles de constatation. Ou bien, l'acte de mariage, dressé
immédiatement par les parties et l'officier de l'état civil. Ou bien, l'acte de
mariage constatant par la suite et authentifiant vis-à-vis de tous, le mariage
célébré conformément aux coutumes des époux. C'est pourquoi ce texte parle
du ''ressort'', localisation plus étendue englobant le cas d'un lieu précis
lorsqu'il s'agit du mariage-célébration et d'une province lorsqu'il s'agit de
constatation du mariage célébré en famille. Enfin, l'alinéa 4 prévoit les cas
spéciaux où les règles des alinéas précédents ne seraient pas suivies parce
qu'à la règle générale énoncée à cet article, se substituera une disposition
spéciale. (enfant trouvé- corps découvert-adoption - tutelle de l'Etat).

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Art. 98 : Ancien.
Sauf dispositions spéciales prévues par la loi, les actes de l’état civil
doivent être rédigés dans le délai d’un mois du fait ou de l’acte juridique
qu’ils constatent.
Passé le délai légal, l’acte de l’état civil n’a que la valeur probante de
simples renseignements; toutefois, il en sera autrement s’ils sont inscrits au
registre en vertu d’un jugement déclaratif ou supplétif.

Art. 98 : Modifié.
Sauf dispositions spéciales prévues par la loi, les actes de l’état civil sont
dressés dans le délai de trente jours du fait ou de l’acte juridique qu’ils
constatent.
Passé le délai légal, l’acte de l’état civil n’a que la valeur probante de
simples renseignements.
Toutefois, il en sera autrement s’ils sont inscrits au registre en vertu d’un
jugement déclaratif ou supplétif.
Commentaire : Cet article précise le délai pour dresser les actes de l'état
civil. En cas de déclaration tardive, ou bien l'officier de l'état civil inscrit
par erreur l'acte et celui-ci n'aura que valeur de simple renseignement à
moins d'être par la suite rectifié (art. 107), ou bien, l'officier de l'état civil
constatant la tardivité refusera d'acter cette déclaration et en avertira,
comme le prescrit plus loin l'article 106 ,les autorités judiciaires
compétentes qui veilleront dans ce cas, à établir la déclaration par jugement
supplétif. Cet article a subi en 2016 une modification de forme qui a consisté
au remplacement de « doivent être » en « sont » pourtant le futur est
maintenu dans la phrase « il sera autrement ». Remplacement de « un mois »
par « trente jours ». La disposition est divisée en 3 alinéas et non plus en
deux.

Art. 99 : Ancien.
Sauf dispositions spéciales prévues aux règles propres à chacun des actes
de l’état civil, toute personne peut, moyennant paiement des frais, se faire
délivrer des copies des actes qui sont inscrits aux registres de l’état civil.
Ces copies délivrées certifiées conformes au registre portent la date de
leur délivrance, énoncée en toutes lettres et sont revêtues du sceau de
l’autorité qui les a délivrées.
Elles doivent être, en outre, légalisées lorsqu’il y a lieu de les produire
devant les autorités étrangères.
Il peut être délivré de simples extraits qui contiennent le nom de la
collectivité ou de la zone urbaine ou rurale où l’acte a été dressé, la date de
son établissement, la nature précise de l’acte et des mentions éventuelles, le
nom, le sexe de celui ou de ceux qui le concernent.
Ils sont signés par l’autorité qui les délivre et sont revêtus du sceau de
cette autorité. En cas de délivrance d’actes de l’état civil requis pour des

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besoins administratifs, la délivrance se fera uniquement par extrait et sans


frais.
Lorsque l’officier de l’état civil constate que l’acte de l’état civil n’a pas
été inscrit, il établit un certificat négatif. Les copies et extraits d’actes de
l’état civil ainsi que les certificats négatifs font foi jusqu’à l’inscription de
faux.

Art. 99 : Modifié.
Sauf dispositions spéciales prévues aux règles propres à chacun des actes
de l’état civil, toute personne peut, moyennant paiement des frais, se faire
délivrer des copies des actes qui sont inscrits aux registres de l’état civil.
Ces copies délivrées, certifiées conformes au registre, portent la date de
leur délivrance, énoncée en toutes lettres, et sont revêtues du sceau de
l’autorité qui les a délivrées.
Elles sont, en outre, légalisées lorsqu’il y a lieu de les produire devant les
autorités étrangères.
Il peut être délivré de simples extraits qui contiennent le nom de la
commune, du secteur ou de la chefferie où l’acte a été dressé, la date de son
établissement, la nature précise de l’acte et les mentions éventuelles, le nom,
le sexe de celui ou de ceux qui le concernent.
Ils sont signés par l’autorité qui les délivre et sont revêtus de son sceau.
En cas de délivrance d’actes de l’état civil requis pour des besoins
administratifs, la délivrance se fait uniquement par extrait et sans frais.
Lorsque l’officier de l’état civil constate que l’acte de l’état civil n’a pas été
inscrit, il établit un certificat négatif. Les copies et extraits d’actes de l’état
civil ainsi que les certificats négatifs font foi jusqu’à l’inscription en faux.
Commentaire : L'article sous examen aborde la question de la délivrance
des actes de l'état civil en acte ou en extrait. Le principe énoncé à cet article
donne droit à n'importe qui d'obtenir copie d'acte de l'état civil. Toutefois,
en matière de naissance, il faudra le restreindre à l'enfant, ses parents,
ascendants et descendants, son conjoint, son tuteur ou son représentant
légal et au procureur de la République. En effet, le problème de la filiation
doit revêtir un caractère individuel que les autres actes n'exigent pas, le
mariage, étant un acte public, et le décès ne signalant que la date de la fin
de l'existence d'une personne physique. En outre, les extraits peuvent être
suffisants surtout pour simple besoin administratif. Il peut arriver aussi que
l'acte de l'état civil demandé n'existe pas dans le registre du bureau de l'état
civil. Dans ce cas, il y a lieu de prévoir un certificat négatif. Pour clôturer
cet article, il est rappelé que ces documents feront foi jusqu'à inscription en
faux. La modification de cet article en 2016 a porté sur la forme et a
consisté au remplacement de « zone urbaine ou rurale » par « commune,
secteur ou chefferie », le futur « se fera » par le présent « se fait ». La
disposition est en outre subdivisée en plusieurs alinéas (al. 6). La disposition
maintient une procédure qui fait débat à savoir « l’inscription en faux ».

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Art. 100 : Ancien.


Dans tous les cas où la mention d’un acte relatif à l’état civil doit avoir
lieu en marge, elle est faite par l’officier de l’état civil sur les registres
courants de l’année sur toutes ses parties et dans le cas contraire sur la partie
cotée 4 déposée aux archives du bureau de l’état civil de la collectivité ou de
la zone urbaine ou rurale.
Dans ce dernier cas, l’officier de l’état civil avertit, dans les huit jours, le
greffier du tribunal de grande instance ainsi que le bureau central des actes
de l’état civil près le ministère de la Justice à Kinshasa en envoyant copie
conforme de la mention.
Le greffe du tribunal de grande instance ou le chef du bureau central des
actes de l’état civil veilleront à ce que la mention soit faite de la même
manière sur la partie qui leur a été envoyée pour dépôt.

Art. 100 : Modifié.


Dans tous les cas où la mention d’un acte relatif à l’état civil doit avoir
lieu en marge, elle est faite par l’officier de l’état civil sur les registres
courants de l’année sur toutes ses parties et, dans le cas contraire, sur la
partie cotée 4 conservée aux archives du bureau de l’état civil de la
commune, du secteur ou de la chefferie.
Dans ce dernier cas, l’officier de l’état civil avertit, dans les huit jours, le
greffier du Tribunal de grande instance ainsi que le chef du bureau central
des actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions, en
envoyant copie conforme de la mention.
Le greffier du Tribunal de grande instance ou le chef du bureau central
des actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions
veille à ce que la mention soit faite de la même manière sur la partie qui lui a
été envoyée pour dépôt.
Commentaire : Cet article organise la question des mentions en marge des
actes de l'état civil. Ces mentions marginales sont de deux ordres : a) pour
rectification en cas d'erreur et d'irrégularité (art. 105), ainsi que pour
déclaration tardive (art. 107) ; b) pour dispositions spéciales prévues par la
loi précisant une modification d'état de la personne (exemples : divorce,
adoption, déclaration d'affiliation, changement de régime matrimonial,
etc...). Cet article 100 sous examen a connu une modification de forme en
2016 en ce que la ponctuation est revue (al. 1) ; « collectivité ou zone
urbaine ou rurale » est remplacé par « commune, secteur ou chefferie » ;
« le greffe veille » par « le greffier veille » ; ajout « du ministère » après le
mot Bureau central des actes de l’état civil. Est également ajouté le mot
« chef » avant Bureau central des actes de l’état civil pour viser un organe
et non plus une institution.

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Art. 101 : Ancien.


Si un ou plusieurs feuillets d’un registre de l’état civil viennent à être
détruits ou perdus avant que les parties n’en aient été détachées, l’officier de
l’état civil en avise immédiatement le procureur de la République. Celui-ci
mène une enquête sur les motifs de cette disparition et prend les mesures
opportunes pour la reconstitution du ou des feuillets perdus ou détruits.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservés au bureau
de l’état civil sont perdus ou détruits, ils sont immédiatement reconstitués à
l’aide des feuillets correspondants des parties cotées 2 de ces registres,
déposés au greffe du tribunal de grande instance sur l’initiative de l’officier
de l’état civil de la collectivité ou de la zone urbaine ou rurale.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservés au greffe
du tribunal de grande instance sont perdus ou détruits, ils sont
immédiatement reconstitués à l’aide des feuillets des parties conservés au
bureau de l’état civil de la collectivité ou de la zone urbaine ou rurale
intéressée, sur l’initiative du greffier du tribunal de grande instance du
ressort où l’un ou les feuillets ont été perdus ou détruits.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservés au bureau
de l’état civil et au greffe du tribunal de grande instance sont perdus ou
détruits dans ces deux endroits, ils sont immédiatement reconstitués à l’aide
des feuillets des parties cotées no3 de ces registres, sur l’initiative des
dépositaires des feuillets perdus ou détruits, l’officier de l’état civil et le
greffier du tribunal de grande instance dans le ressort duquel ces feuillets ont
été établis.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservés au bureau
central de l’état civil sont perdus ou détruits, ils sont immédiatement
reconstitués sur l’initiative du responsable du département de la Justice, à
l’aide des feuillets des parties conservés au greffe du tribunal de grande
instance, dans le ressort duquel ce registre a été établi.
Dans toutes les hypothèses où un ou des feuillets ont été perdus ou
détruits, le dépositaire de ceux-ci est tenu d’avertir sans délai le procureur de
la République et d’établir un rapport expliquant les circonstances précises de
cette perte ou de cette destruction.

Art. 101 : Modifié.


Si un ou plusieurs feuillets d’un registre de l’état civil viennent à être
perdus ou détruits avant que les parties n’en aient été détachées, l’officier de
l’état civil en avise immédiatement le Procureur de la République. Celui-ci
mène une enquête sur les motifs de cette disparition ou de cette destruction
et prend les mesures opportunes pour la reconstitution du ou des feuillets
perdus ou détruits.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservés au bureau
de l’état civil sont perdus ou détruits, ils sont immédiatement reconstitués à
l’aide des feuillets correspondants des parties cotées 2 de ces registres,

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déposés au greffe du Tribunal de grande instance, à l’initiative de l’officier


de l’état civil de la commune, du secteur ou de la chefferie.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre déposées au greffe du
Tribunal de grande instance sont perdus ou détruits, ils sont immédiatement
reconstitués à l’aide des feuillets des parties conservées au bureau de l’état
civil de la commune, du secteur ou de la chefferie intéressée, à l’initiative du
greffier du Tribunal de grande instance du ressort où l’un ou les feuillets ont
été perdus ou détruits.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre conservées au bureau
de l’état civil et ceux des parties déposées au greffe du Tribunal de grande
instance sont perdus ou détruits dans ces deux endroits, ils sont
immédiatement reconstitués à l’aide des feuillets des parties cotées 3 de ces
registres, à l’initiative de l’officier de l’état civil et du greffier du Tribunal de
grande instance dans le ressort duquel ces feuillets ont été établis.
Si un ou plusieurs feuillets des parties d’un registre déposées au bureau
central des actes de l’état civil sont perdus ou détruits, ils sont
immédiatement reconstitués à l’initiative du responsable du bureau central
des actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses attributions, à
l’aide des feuillets des parties déposées au greffe du Tribunal de grande
instance du ressort duquel ce registre a été établi.
Dans toutes les hypothèses où un ou des feuillets ont été perdus ou
détruits, le dépositaire de ceux-ci est tenu d’avertir, sans délai, le Procureur
de la République et d’établir un rapport expliquant les circonstances précises
de cette perte ou de cette destruction.
Commentaire : Cet article reprend mutatis mutandis les dispositions qui ont
été précisées à l'article 90 en ce qui concerne la destruction des registres.
D'un côté, il s'agit d'une destruction totale des registres ; de l'autre, il 'agit
d'une destruction partielle qui s'avérera beaucoup moins compliquée. Cette
disposition a connu une modification de forme en 2016. Ainsi, « zone
urbaine ou rurale » est remplacé par « commune, secteur ou chefferie » ;
« département » par « ministère » ; « bureau de l’état civil » par « bureau
des actes de l’état civil » ; « sur l’initiative » par « à l’initiative » ;
suppression des cotes n°3 sur base desquelles il faudrait reconstituer les
parties des registres.

Section VI. De la surveillance, de la responsabilité et des pénalités


Paragraphe 1er : Des autorités de surveillance et de contrôle
Art. 102 : Ancien.
La surveillance de l’état civil est assurée par le juge président du tribunal
de paix ou le juge de paix qu’il désigne ainsi que par le procureur de la
République ou le magistrat du Ministère public qu’il désigne.

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Art. 102 : Modifié.


La surveillance de l’état civil est assurée par le Président du Tribunal de
paix ou le juge de paix qu’il désigne ainsi que par le Procureur de la
République ou le magistrat du ministère public qu’il désigne.
Commentaire : Cet article indique les autorités judiciaires habilitées à
surveiller les actes de l'état civil. Quoique citées parmi les dispositions
modifiées, cet article n’a pas manifestement subi une modification puisque le
Président du Tribunal de paix et le Procureur de la République sont
maintenus comme autorités de surveillance de l’état civil. C’est donc aussi
un cas de fausse modification.
Art. 103. — Une fois par an obligatoirement et chaque fois qu’il l’estime
nécessaire, le président du tribunal de paix ou le juge qu’il délègue à cet effet
procède à la vérification des registres de l’état civil de l’année en cours en se
transportant dans les différents bureaux de son ressort.
Mention de cette inspection et de sa date est faite sur les registres en
cours de chaque catégorie d’acte. Elle est inscrite sur la feuille réservée à
l’acte suivant immédiatement le dernier acte inscrit. Cette mention doit
comporter une appréciation générale de la tenue des registres. Elle est suivie
de la signature et du sceau du tribunal de paix. Les parties de la feuille non
consacrées à la mention sont bâtonnées.
L’inspection terminée, le président du tribunal de paix ou son délégué
adresse à l’officier de l’état civil ses observations sur les contraventions
relevées en visant les articles de la loi violée.
Il indique, s’il y a lieu, les moyens qu’il juge propres à éviter que de telles
erreurs se reproduisent. Copie de ce rapport est envoyée sans délai au
procureur de la République.
Commentaire : Cet article a trait au rôle du juge de paix dans la
surveillance des actes de l'état civil. Le contrôle annuel fait par le juge de
paix est important, surtout au début de l'installation des bureaux de l'état
civil. On a choisi le tribunal de paix car ce travail demande de la part du
juge de paix de se déplacer. Or, dans le ressort d'un tribunal de paix, on
peut envisager qu'il y a au moins cinq à dix bureaux environ. Ce qui
nécessitera de la part de ce magistrat plusieurs déplacements et également
un temps assez considérable. De plus, comme on le verra plus loin, le juge
de paix pourra rectifier sur le champ, lors de cette inspection, les erreurs et
omissions matérielles; en ce cas, il devra l'indiquer dans le rapport.
Art. 104 : Ancien.
Lors du dépôt des registres de l’état civil au greffe du tribunal de grande
instance, le procureur de la République doit en vérifier l’état. Il adresse au
chef du département de la Justice un rapport sur la tenue des registres et sur
les contrôles effectués en cours d’année par les présidents des tribunaux de
paix ou par les juges de paix qu’ils délèguent. Il relève les irrégularités et les
infractions qui ont pu être commises et en poursuit la répression.

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Art. 104 : Modifié.


Lors du dépôt du registre de l’état civil au greffe du Tribunal de grande
instance, le Procureur de la République en vérifie l’état. Il adresse au
ministre ayant la justice dans ses attributions un rapport sur la tenue des
registres et sur les contrôles effectués en cours d’année par les Présidents des
Tribunaux de paix ou par les juges qu’ils délèguent. Il relève les irrégularités
et les infractions qui ont pu être commises et en poursuit la répression.
Commentaire : Cet article a trait au rôle du procureur de la République
dans la surveillance des actes de l'état civil. Ce dernier vérifie, au moment
de leur dépôt, l'état des registres. Il fait aussi rapport au ministre de la
justice sur la surveillance annuelle des juges de paix. Cette mission est une
prérogative du Procureur de la République qui est aussi l'autorité judiciaire
compétente pour correspondre directement avec le ministre de la justice. De
plus, à partir de ces rapports, le bureau central des actes de l'état civil
pourra éclairer le ministre de la justice sur les mesures d'application à
prendre en vue d'assurer un meilleur fonctionnement des bureaux de l'état
civil. Enfin, le Procureur de la République est le gardien de l'action
publique en matière des actes de l'état civil. La modification de cet article en
2016 a porté sur la forme en ce que « doit en vérifier » a été remplacé par
« en vérifie » et « chef de département » par « ministère ».

Paragraphe 2 : De la rectification des actes de l’état civil

Art. 105 : Ancien.


En cas d’omissions ou d’erreurs purement matérielles commises dans la
rédaction des actes dressés dans leur ressort, il appartient au président du
tribunal de paix ou à son délégué de faire procéder d’office à leur
rectification. À cet effet, ils donnent directement les instructions utiles aux
officiers de l’état civil ou aux dépositaires des registres selon le cas.

Art. 105 : Modifié.


En cas d’omissions ou d’erreurs purement matérielles commises dans la
rédaction des actes dressés dans son ressort, le Président du Tribunal de paix
ou son délégué procède ou fait procéder d’office à leur rectification.
A cette fin, il donne directement les instructions utiles aux officiers de
l’état civil ou aux dépositaires des registres, selon le cas.
Commentaire : Cet article organise la rectification d'office des actes de
l'état civil par le président du tribunal de paix ou son délégué. En effet,
l'erreur ou omission purement matérielle est par exemple celle qui a trait à
l'orthographe des noms dans leurs éléments, à une date, au sexe de l'enfant
ou à une omission très patente dans un acte de naissance, suite à une
méprise, un malentendu ou une confusion. En général, l'erreur ou l'omission
purement matérielle est celle qui se manifeste directement sans discussion
aucune. Parfois, la délimitation entre l'erreur ou l'omission matérielle et

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l'erreur ou l'omission proprement dite, s'avère assez délicate et en cas de


doute, sur son caractère manifestement matériel, la rectification doit par
prudence être faite sur requête. Tel est le cas d'ailleurs de la déclaration
tardive qui est une omission globale de la déclaration dans le délai prescrit
par la loi. En 2016 cette disposition a connu d’abord une modification de
forme. En fait, elle est réécrite sur la forme. Ainsi, « fait procéder » est
remplacé par « procède », « à cet effet » par « à cette fin ». Ensuite sur le
plan du fond, il est maintenu la compétence du juge de paix pour faire
provoquer la correction des erreurs matérielles dans la rédaction des actes
dressés dans son ressort. Pourtant le Tribunal pour enfants est de plus en
plus impliqué dans les opérations d’actes d’état civil lorsque l’acte en
question concerne un mineur. Du coup cet article devra se rapporter aux
majeurs puisque l’article 99 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant dispose en son deuxième alinéa que le Tribunal pour
enfants connaît également des matières se rapportant à l’identité, la
capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telles que prévues par la loi.
Pratique devant les tribunaux : Une autre question est celle de savoir par
quel type de décision agit le juge saisi. La loi est restée muette à ce sujet.
Dans la pratique, les présidents des tribunaux pour enfants agissent par voie
d’ordonnance.

Art. 106 : Ancien.


Le défaut d’acte de l’état civil peut être suppléé par jugement rendu par le
tribunal de grande instance sur simple requête présentée au tribunal du lieu
où l’acte aurait dû être dressé.
L’initiative de l’action appartient à toute personne intéressée et au
Ministère public. Lorsque celle-ci n’émane pas du Ministère public, la
requête lui est communiquée.
Lorsque le défaut d’un acte de l’état civil est constaté par l’officier de
l’état civil parce que les déclarants se sont présentés après l’expiration du
délai légal, l’officier de l’état civil, après avoir vérifié la réalité des
déclarations à faire et les motifs du retard, envoie sans délai un rapport au
Ministère public qui saisit le tribunal.
Le tribunal, après vérification et enquête éventuelle, statue par décision
motivée.
La transcription sur le registre de l’état civil du dispositif du jugement est
faite par l’officier de l’état civil du lieu où s’est produit le fait, dans les huit
jours de la réception de ce dispositif fait à l’initiative du Ministère public.
La transcription en est effectuée sur les registres de l’année en cours et
mention en est portée en marge des registres, à la date du fait.
L’officier de l’état civil, dans le cas où cette transcription intéresse un fait
d’une année antérieure à l’année en cours, avertit, dans les huit jours, le
greffier du tribunal de grande instance et le bureau central des actes de l’état

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civil près le département de la Justice à Kinshasa de la mention à faire en


marge des registres, à la date des faits.

Art. 106 : Modifié.


Le défaut d’acte de l’état civil peut être suppléé par jugement rendu par le
Tribunal de paix ou par le Tribunal pour enfants, selon le cas, sur simple
requête présentée au tribunal du lieu où l’acte aurait dû être dressé.
L’initiative de l’action appartient à toute personne intéressée et au
Ministère public. Lorsque celle-ci n’émane pas du Ministère public, la
requête lui est communiquée.
Lorsque le défaut d’un acte de l’état civil est constaté par l’officier de
l’état civil au motif que les déclarants se sont présentés après l’expiration du
délai légal, l’officier de l’état civil, après avoir vérifié la réalité des
déclarations à faire et les motifs du retard, envoie, sans délai, un rapport au
Ministère public qui saisit le tribunal.
Le tribunal, après vérification et enquête éventuelle, statue par décision
motivée.
La transcription sur le registre de l’état civil du dispositif du jugement est
faite par l’officier de l’état civil du lieu où s’est produit le fait, dans les huit
jours de la réception de ce dispositif fait à l’initiative du Ministère public.
Elle en est effectuée sur les registres de l’année en cours et mention en est
portée en marge des registres, à la date du fait.
L’officier de l’état civil, dans le cas où cette transcription intéresse un fait
d’une année antérieure à l’année en cours, après vérification ou enquête,
avertit, dans les huit jours, le greffier du Tribunal de grande instance et le
bureau central des actes de l’état civil du ministère ayant la justice dans ses
attributions de la mention à faire en marge des registres, à la date des faits.
Commentaire : Cet article prévoit l'hypothèse des jugements supplétifs
lorsqu'en réalité il y a eu omission totale de dresser un acte de l'état civil.
En général, il s'agira de déclarations faites après l'expiration des délais
légaux. En pratique, dans ce cas, l'officier de l'état civil saisi d'une demande
après délai ne peut plus acter, mais alors il en avertira le ministère public,
après avoir fait une enquête immédiate pour vérifier la réalité des faits et les
motifs de cette déclaration tardive. La modification de cet article en 2016 a
consisté au remplacement en matière des compétences. C’est le Tribunal de
paix ou le Tribunal pour enfants qui est désormais compétent pour prendre
un acte supplétif d’un acte d’état civil. Une autre modification de fond
consiste à ajouter une obligation de vérifier ou de faire l’enquête lorsque la
décision supplétive touche un fait antérieur à l’année en cours. D’autres
modifications portent sur la forme. Ainsi « parce que » est remplacé par
« au motif que » (al. 3), la ponctuation est également revue. Le
« département de la justice » est remplacé par le « ministère de la justice ».

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Art. 107 : Ancien.


Hormis les cas prévus aux articles 105 et 106, toute rectification des actes
de l’état civil est ordonnée par le tribunal de grande instance dans le ressort
duquel l’acte a été dressé ou transmis.
Le tribunal compétent pour ordonner la rectification d’un acte est
également compétent pour prescrire la rectification de tous actes même
dressés ou transcrits hors de son ressort qui reproduisent l’erreur ou
comportent l’omission originaire.
La requête en rectification peut être présentée par toute personne
intéressée ou par le Ministère public; celui-ci est tenu d’agir lorsque l’erreur
ou l’omission porte sur une indication essentielle de l’acte.
Lorsque la requête n’émane pas du Ministère public, elle doit lui être
communiquée.
Le dispositif de la décision intervenue est transmis par le Ministère public
à l’officier de l’état civil du lieu où se trouve inscrit l’acte à réformer;
mention de ce dispositif est aussitôt portée en marge dudit acte. Expédition
ne peut plus être délivrée qu’avec les rectifications ordonnées.

Art. 107 : Modifié.


Hormis les cas prévus aux articles 105 et 106 ci-dessus, toute rectification
des actes de l’état civil est ordonnée par le Tribunal de paix ou par le
Tribunal pour enfants, selon le cas, dans le ressort duquel l’acte a été dressé
ou transmis.
Le tribunal compétent pour ordonner la rectification d’un acte est
également compétent pour prescrire la rectification de tous actes même
dressés ou transcrits hors de son ressort qui reproduisent l’erreur ou
comportent l’omission originelle.
La requête en rectification peut être présentée par toute personne
intéressée ou par le Ministère public ; celui-ci est tenu d’agir lorsque l’erreur
ou l’omission porte sur une indication essentielle de l’acte.
Lorsque la requête n’émane pas du Ministère public, elle lui est
communiquée.
Le dispositif de la décision intervenue est transmis par le Ministère public
à l’officier de l’état civil du lieu où se trouve inscrit l’acte à réformer;
mention de ce dispositif est aussitôt portée en marge dudit acte. L’expédition
ne peut plus être délivrée qu’avec les rectifications ordonnées.
Commentaire : Cet article organise la rectification contentieuse : jugement
déclaratif. Il a donc pour objet les actes entachés d'erreur ou d'irrégularité
non matérielle. Celles-ci peuvent être substantielles et doivent alors être
corrigées dans les plus brefs délais. D'où nécessité des contrôles des juges
de paix d'une part du parquet d'autre part. Notons qu'il pourrait se faire que
l'erreur ou l'irrégularité ne porte pas sur l'acte de l'état civil originaire mais
sur un acte de l'état civil suppléé ou rectifié par jugement. A nouveau dans
ce cas, le même tribunal sera compétent puisqu'il s'agit de rectifier

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également un acte de l'état civil. La modification de cet article en 2016 a


consisté au remplacement du juge compétent pour rectifier un acte d’état
civil pour toute autre cause. C’est le Tribunal de paix ou le Tribunal pour
enfants qui sont compétents désormais. L’alinéa 2 connait un remplacement
du groupe de mots « omission originaire » par « omission originelle ». Aussi
est remplacé « doit être » par « est » et est ajouté un article défini au mot
« Expédition ».
Art. 108. — Les jugements supplétifs et rectificatifs d’actes de l’état civil
ainsi que la rectification d’office sont opposables à tous.
Commentaire : Cet article insiste sur le caractère erga omnes des jugements
supplétifs et rectificatifs des actes de l'état civil.
Art. 109. — Les jugements supplétifs et rectificatifs des actes de l’état civil
peuvent être frappés d’appel par le Ministère public ou par toute personne
intéressée.
Commentaire : L'appel des jugements supplétifs et rectificatifs des actes de
l'état civil se fait dans les formes et délais ordinaires prévus par le code de
procédure civile, par les parties à la décision au premier degré, si elles ont
intérêt à interjeter appel. C'est en réalité l'application du principe " pas
d'appel sans intérêt''; mais aussi le ministère public pourra interjeter appel
en sa qualité de gardien de l'intérêt général mais également parce qu'étant
chargé de la surveillance des actes de l'état civil (art. 102 et 104), il est
toujours partie au procès (art. 106 al. 3 et 107 al. 3). Par contre, si une
tierce personne estime que pareille décision préjudicie à ses droits vu que
surtout cette dernière est opposable à tous en vertu de l'article 108, elle a
pour se défendre deux possibilités : la première est de s'adresser au
ministère public pour que celui-ci interjette appel, du moins dans l'hypothèse
où l'appel peut encore être interjeté dans les délais. Dans ce cas, ce tiers par
cet appel pourra alors intervenir volontairement à l'instance d'appel. Cette
voie est brève mais rend la décision d'appel opposable à tous. La seconde
voie de recours qui lui est ouverte sera la tierce opposition régie
actuellement par les articles 80 à 84 du code de procédure civile et qui,
comme telle, n'a pas nécessairement l'effet suspensif. De plus, si elle est
admise, elle n'entraine la rétractation de la décision attaquée que dans la
mesure où elle lésait le droit de tiers opposable et restera opposable à toute
autre personne.
Paragraphe 3 : Des responsabilités civile et pénale
I. De la responsabilité civile
Art. 110. — Toute contravention de la part des officiers de l’état civil ainsi
que des agents chargés de la conservation des registres et actes de l’état civil,
aux dispositions du présent chapitre et aux dispositions réglementaires prises
pour leur application, engage leur responsabilité à l’égard de toute personne
qui éprouve de ce fait un préjudice.

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Commentaire : Ce texte est une application précise des articles 258 et 259
du décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou obligations
conventionnelles. Le terme '' contravention" envisage aussi bien une faute
positive, par exemple par adjonction irrégulière ou altération qu'une faute
négative comme le refus d'acter les déclarations qui leur sont faites
régulièrement ou de transmettre en son temps les feuillets enliassés au greffe
compétent et au bureau de l'état central des actes de l'état civil ou de ne pas
établir les tables alphabétiques, ou de délivrer un extrait ou une copie,
comme le veut la loi, à toute personne qui demande un acte de l'état civil.
L'action sera introduite selon les règles ordinaires de compétence et de
procédure et la charge de la preuve de la faute incombe à la partie lésée.

Art. 111. — Les déclarants ou leur fondé de pouvoir et les témoins sont
tenus d’attester les faits qu’ils déclarent et de les corroborer en se
conformant à la réalité.
Avant de dresser l’acte, l’officier de l’état civil donne lecture des
dispositions de l’alinéa premier de cet article aux comparants ou à leur fondé
de pouvoir et aux témoins, et les avise des peines prévues par la loi
sanctionnant les fausses déclarations.
Commentaire : Cet article prévoit la responsabilité civile des déclarants,
des fondés de pouvoir et des témoins, en les obligeant à respecter la réalité
des faits attestés ou corroborés par eux. L'alinéa 2 est prévu pour attirer une
dernière fois l'attention des parties à l'acte de l'état civil. Cet avertissement
solennel équivaut en quelque sorte à la prestation de serment que doit faire
en justice le témoin. Cet avertissement distingue la déclaration erronée et
non volontaire qui se dégage de l'alinéa 1er de celle qui est sciemment
inexacte et fausse et qui est alors sanctionnée pénalement (art. 60
précisément).

II. De la responsabilité pénale

Art. 112 : Ancien.


Les officiers de l’état civil seront punis des peines prévues à l’article 3 de
l’ordonnance-loi 73-010 du 14 février 1973 relative notamment aux
abstentions coupables des fonctionnaires lorsque, tenus de rédiger un acte de
l’état civil, ils ne l’ont pas rédigé dans les délais prévus par la loi alors qu’ils
pouvaient le faire, et lorsque, tenus de déclarer un événement au Ministère
public, ils ne l’ont pas fait dans les délais prévus par la loi.

Art. 112 : Modifié.


Les officiers de l’état civil sont punies de peines prévues à l’article 150 F
du Code pénal relatives notamment aux abstentions coupables des
fonctionnaires lorsque, tenus de rédiger un acte de l’état civil, ils ne l’ont pas
rédigé dans les délais prévus par la loi alors qu’ils pouvaient le faire, et

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lorsque, tenus de déclarer un événement au ministère public, ils ne l’ont pas


fait dans délais prévus par la loi.
Commentaire : Cet article prévoit des peines à l'encontre de l'officier de
l'état civil coupable des abstenions coupables. La modification de cet article
en 2016 a consisté au remplacement du futur « seront punis » par le présent
« sont punis ». La nouvelle disposition connait aussi l’actualisation de la
disposition qui réprime les abstentions coupables : désormais sanctionnées
au titre de l’article 150 F du Code pénal.

Art. 113 : Ancien.


Les officiers de l’état civil seront punis des peines prévues à l’article
précédent lorsqu’ils refusent, sans motif valable, de rédiger un acte de l’état
civil ou de déclarer un événement au Ministère public.
Il en sera de même lorsqu’ils inscrivent un acte de l’état civil sur simple
feuille volante.

Art. 113 : Modifié.


Les officiers de l’état civil sont punis des peines prévues à l’article
précédent lorsqu’ils refusent, sans motif valable, de rédiger un acte de l’état
civil ou de déclarer un événement au Ministère public.
Il en est de même lorsqu’ils inscrivent un acte de l’état civil sur simple
feuille volante.
Commentaire : Cet article punit de refus d'acter (délit d'omission) et le
refus non-motivé (délit d'omission) ainsi que l'inscription sur feuille volante
(délit d'action). Dans ce dernier cas la seule négligence de l'officier de l'état
civil est punissable. Par ailleurs, le législateur n'a pas estimé nécessaire de
prévoir d'autres incriminations car le droit pénal commun suffit. Si par
exemple l'officier de l'état civil fait sciemment des énonciations inexactes, il
commet un faux en écritures publiques, ainsi que lorsqu'il omet d'inscrire
des déclarations obligatoires qui lui ont été faites (faux par omission : art.
124 et 125 du code pénal, livre II). Le faux pourrait aussi être ultérieur à
l'acte dressé par altération de toutes sortes : adjonction, surcharge, etc...De
même, la destruction ou l'altération volontaire ou plus méchante des
registres ou de feuillets est sanctionnée par le code pénal aux articles 111 et
112. Certes ces articles doivent être analysés d'une manière générale. Ainsi,
l'article 111 prévoit la destruction et la dégradation ''volontaires" d'objets
destinés à l'utilité publique alors que l'article 112 sanctionne la destruction
''méchante'' des biens meubles appartenant à autrui. Tel est le cas des actes
de l'état civil, biens de l'Etat ou du déclarant quant à la partie délivrée. On
peut encore imaginer le vol de registres ou de feuillets et ce sera les articles
79, 80 et suivants du code pénal. La modification de forme de cet article en
2016 a porté sur le remplacement du futur « seront » par « sont punis ». Est
remplacé le bout de phrase « il en sera de même » par « il en est de même ».

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Art. 114 : Ancien.


Seront punies de sept jours de servitude pénale et d’une amende
n’excédant pas 20 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, les personnes
qui, obligées de faire des déclarations de naissance ou de décès, ne le
feraient pas dans le délai légal et celles qui, convoquées par l’officier de
l’état civil pour faire une déclaration de décès, refuseraient de comparaître
ou de témoigner.
Art. 114 : Modifié.
Sont punies d’une amende de 10.000 à 50.000 francs congolais les
personnes qui, obligées de faire des déclarations de naissance ou de décès,
ne l’auront pas fait dans le délai légal et celles qui, convoquées par l’officier
de l’état civil pour faire une déclaration de décès, refusent de comparaître ou
de témoigner.
Commentaire : Cet article punit le refus de déclaration ou de convocation
pour déclarer un acte de l'état civil. La modification de cet article en 2016 a
consisté à remplacer le futur « Seront punies » par le présent « Sont punies »
et d’autres verbes « ne le feraient pas ; refuseraient de » remplacés par « ne
l’auront pas fait ; refusent de… ».. Est également supprimée la peine de
servitude pénale de 7 jours mais est seulement maintenue la peine d’amende
dont le montant est actualisé en francs congolais lorsqu’il faut sanctionner
les personnes qui n’auront pas fait la déclaration de naissance ou de décès.
Le motif est que la peine de servitude pénale est tombée en désuétude dans
ce cas. Manifestement, la proposition de la Commission n’a pas été suivie
parce qu’elle proposait le maintien de cette peine en voulant d’ailleurs faire
évoluer le qualificatif « servitude pénale » en « peine d’emprisonnement ».

Art. 115 : Ancien.


Seront punies de huit jours à un an de servitude pénale et d’une amende
de 20 à 50 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, les fausses
déclarations faites devant l’officier de l’état civil quant aux énonciations que
doit contenir l’acte soit par les personnes obligées par la loi de faire les
déclarations de naissance ou de décès, soit par celles qui auraient été
convoquées par l’officier de l’état civil pour faire une déclaration, soit par
toutes autres personnes qui, sans être tenues de faire des déclarations, auront
volontairement comparu devant l’officier de l’état civil.
Les mêmes peines seront appliquées à ceux qui auront donné la mission
de commettre des fausses déclarations mentionnées au paragraphe précédent
si cette mission a reçu son exécution.

Art. 115 : Modifié.


Sont punies conformément à l’article 124 du Code pénal ordinaire, les
fausses déclarations faites devant l’officier de l’état civil quant aux
énonciations que doit contenir l’acte soit par les personnes obligées par la loi

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de faire les déclarations de naissance ou de décès, soit par celles qui ont été
convoquées par l’officier de l’état civil pour faire une déclaration, soit par
toutes autres personnes qui, sans être tenues de faire des déclarations, ont
volontairement comparu devant l’officier de l’état civil.
Les mêmes peines sont appliquées à ceux qui auront donné la mission de
commettre de fausses déclarations mentionnées à l’alinéa précédent si cette
mission a reçu son exécution.
Commentaire : Le législateur a repris ici le contenu des articles 153 et 154
du code pénal qui sanctionnent les plus graves manquements (fausses
déclarations) des déclarants, des témoins et de leurs porteurs de
procuration. La disposition a connu en 2016 une modification de forme. Les
verbes au futur sont remplacés par des verbes au présent (auront : ont ;
seront appliquées : sont appliquées ; seront punies : sont punies). La
disposition préfère également renvoyer à l’article 124 du Code pénal au lieu
de prévoir des peines particulières pour la même infraction. Le bout de
phrase « personnes qui auraient été convoquées » est remplacé par
« personnes qui ont été convoquées ». Cependant est maintenu le bout de
phrase « ceux qui auront donné » (al. 2). Enfin, « paragraphe précédent »
est remplacé par « alinéa précédent ».

Section VII. Des règles propres aux actes de naissance

Art. 116 : Ancien.


Toute naissance survenue sur le territoire de la République doit être
déclarée à l’officier de l’état civil de la résidence du père ou de la mère dans
les 30 jours qui suivent la naissance.

Art. 116 : Modifié.


Toute naissance survenue sur le territoire de la République est déclarée à
l’officier de l’état civil de la résidence du père ou de la mère dans les quatre-
vingt-dix jours qui suivent la naissance.
La déclaration de naissance et la délivrance de l’acte de naissance
intervenues dans le délai légal se font sans frais.
Commentaire : Cet article consacre le caractère impératif de la déclaration
de naissance survenu sur le territoire congolais. L’article 116 du Code de la
famille qui disposait que: ‘‘Toute naissance survenue sur le territoire de la
République doit être déclarée à l’officier de l’état civil de la résidence du
père ou de la mère dans les 30 jours qui suivent la naissance’’, a été déjà
abrogé par l’article 16 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant. Désormais la déclaration de naissance survenue sur
le territoire de la République démocratique du Congo doit avoir lieu dans
les quatre-vingt-dix jours qui suivent la naissance de l’enfant. Cette
déclaration est faite à l’officier de l’état civil de la résidence du père ou de
la mère par le père ou la mère de l’enfant, à défaut, par les ascendants et les

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proches parents de l’enfant ou par les personnes présentes à


l’accouchement. La modification de cette disposition en 2016 a consisté à
mettre en harmonie le Code de la famille avec l’article 16 de la loi portant
protection de l’enfant qui prévoyait déjà 90 jours comme délai de
déclaration de toute naissance survenue sur le territoire de la RDC d’une
part et d’autre part la gratuité dans la délivrance de l’acte de naissance.

Art. 117. — La naissance de l’enfant est déclarée par le père ou la mère, à


défaut, par les ascendants et les proches parents de l’enfant ou par les
personnes présentes à l’accouchement.
La déclaration peut être faite par mandataire porteur d’une procuration
écrite, même sous seing privé, du père ou de la mère.
Commentaire : Selon cet article la déclaration peut être faite, en premier
lieu, aussi bien par le père que par la mère, égaux en droit et donc au même
titre responsables de pareille déclaration. Le texte laisse la possibilité aux
parents de l'enfant de mandater un ami avec un pouvoir écrit pour déclarer
la naissance. On remarquera que les personnes présentes à la naissance
(médecin, accoucheuse, infirmière) peuvent déclarer la naissance de l'enfant
sans nécessité d'un pouvoir spécial, car elles sont des témoins oculaires de
la naissance. Cas qui se manifestera surtout si les parents sont absents,
inconnus ou ne veulent pas assurer leur paternité ou leur maternité.

Art. 118 : Ancien.


L’acte de naissance énonce:
a) l’heure si c’est possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de la naissance,
le sexe de l’enfant et le nom qui lui est donné;
b) les noms, l’âge, les profession et domicile des père et mère;
c) le cas échéant, le ou les noms, l’âge, les profession et domicile du
déclarant autre que le père ou la mère.

Art. 118 : Modifié.


L’acte de naissance énonce :
1. l’heure si c’est possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de naissance,
le sexe de l’enfant et le nom qui lui est donné ;
2. les noms, l’âge, la profession, le domicile et la nationalité des père et
mère ;
3. le cas échéant, les noms, l’âge, la profession, le domicile et la nationalité
du déclarant autre que le père ou la mère.
Commentaire : Les énonciations contenues dans l'acte de naissance sont
classiques. Toutefois, il est dit "l'heure si c'est possible", car, il ne sera pas
toujours possible d'exiger l'heure exacte pour les naissances survenues dans
les coins les plus reculés. Il est écrit ''le cas échéant" au point 3, car il
arrivera souvent que cette énonciation sera inutile dans le cas où la
déclaration est faite par le père ou la mère de l'enfant. La modification de

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cet article en 2016 a consisté à l’ajout de la nationalité des parents et


déclarants comme élément d’identification.

Art. 119. — II est tenu dans les hôpitaux, maternités ou formations


médicales publics ou privés, un registre spécial sur lequel sont
immédiatement inscrites, par ordre de date, les naissances qui y surviennent.
La présentation dudit registre peut être exigée par l’officier de l’état civil
du lieu où est situé l’établissement ainsi que par les autorités administratives
et judiciaires.
Commentaire : Cet article consacre l'un (registre spécial de naissance) de
trois registres spéciaux consacrés en droit congolais à côté de registre
spécial de décès (art. 136 : registre spécial de décès) et de testament (art.
767 : registre spécial de testament). La valeur probatoire utile de ce registre
saute aux yeux dans le cas où la déclaration ne serait pas faite. De plus ce
registre peut constituer un document important, en cas de rectification ou de
recherche de filiation.

Art. 120. — Toute personne qui trouve un enfant nouveau-né est tenue de le
présenter et d’en faire la déclaration à l’officier de l’état civil du lieu de la
découverte. L’officier de l’état civil dresse un procès- verbal détaillé qui
énonce l’âge apparent et le sexe de l’enfant, toute particularité pouvant
contribuer à son identification ainsi que l’autorité ou la personne à laquelle
l’enfant a été confié.
Il enverra une copie de ce procès-verbal à l’officier du Ministère public
dans le ressort duquel il exerce ses fonctions.
Commentaire : La nécessité du procès-verbal d'un enfant trouvé est évidente
car ce procès-verbal constitue un point de départ pour l'identification de
l'enfant. Une copie est envoyée au ministère public pour entreprendre une
enquête.

Art. 121. — L’officier de l’état civil dresse ensuite un acte tenant lieu d’acte
provisoire de naissance qui énonce le nom qui est donné à l’enfant, son sexe,
la date et le lieu de la découverte, auquel acte sera annexé le procès-verbal.
Commentaire : Après avoir dressé un procès-verbal de découverte de
l'enfant, l'officier de l'état civil établira un acte provisoire de naissance. Cet
acte est dit "provisoire" en attendant l'identification exacte éventuelle de
l'enfant trouvé soit par la découverte de l'acte de naissance de l'enfant soit
par la déclaration judiciaire de naissance de cet enfant.

Art. 122 : Ancien.


Si l’acte de naissance de l’enfant vient à être retrouvé ou si la naissance
est judiciairement déclarée, le procès-verbal de la découverte et l’acte
provisoire de naissance sont annulés par le tribunal de grande instance à la
requête du Ministère public ou de toute partie intéressée.

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Art. 122 : Modifié.


Si l’acte de naissance de l’enfant vient à être retrouvé ou si la naissance
est judiciairement déclarée, le procès-verbal de la découverte et l’acte
provisoire de naissance sont annulés par le Tribunal pour enfants à la requête
du Ministère public ou de toute partie intéressée.
Commentaire : Cet article consacre l'annulation de l'acte provisoire de
naissance si l’acte de naissance de l’enfant vient à être retrouvé ou si la
naissance est judiciairement déclarée. Depuis la réforme de 2016, la
compétence pour annuler l’acte provisoire de naissance et le procès-verbal
de la découverte lorsqu’on retrouve l’acte de l’enfant est attribué au
Tribunal pour enfants et non plus au Tribunal de grande instance.
Art. 123 : Ancien.
Lorsqu’il est déclaré un enfant mort-né, la déclaration est inscrite à sa
date sur le registre des décès et non sur celui des naissances.
Elle mentionne seulement qu’il a été déclaré un enfant mort-né, sans qu’il
en résulte aucun préjudice sur la question de savoir si l’enfant a eu vie ou
non.
Sont en outre énoncés, le sexe de l’enfant, les nom, âge, profession et
domicile des père et mère ainsi que les jour, mois, année et lieu de
l’accouchement.
Art. 123 : Modifié.
Lorsqu’il est déclaré un enfant mort-né, la déclaration est inscrite à sa
date sur le registre de décès et non sur celui de naissance.
Elle mentionne seulement qu’il a été déclaré un enfant mort-né, sans qu’il
en résulte aucun préjudice sur la question de savoir si l’enfant a eu vie ou
non.
Sont en outre énoncés le sexe de l’enfant, le nom, l’âge, la nationalité, la
profession et le domicile des père et mère ainsi que le jour, le mois, l’an et le
lieu de l’accouchement.
Commentaire : Le texte ne tient compte que de l’état de l'enfant au moment
où le déclarant se présente devant l'officier de l'état civil et laisse à d'autres
autorités compétentes le soin de rechercher les circonstances de décès. La
disposition a connu une modification de forme en 2016 par le remplacement
de l’article au pluriel « des décès, des naissances » par le singulier « de
décès, de naissance ». Elle connaît aussi l’ajout de la nationalité comme
élément d’identification. L’on constatera aussi que l’article défini « les » est
remplacé par le singulier dans le groupe de mots « le jour, le mois, l’an et le
lieu de l’accouchement ».
Art. 124 : Ancien.
Les dispositions de l’article précédent sont applicables aux enfants mort-
nés dans les formations médicales, mais on spécifiera dans l’acte que
l’enfant est né sans vie.

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Art. 124 : Modifié.


Les dispositions de l’article précédent sont applicables aux enfants mort-
nés dans les formations médicales, tout en spécifiant dans l’acte que
l’enfant est né sans vie.
Commentaire : Cet article est relatif au cas de l'enfant mort-né dans les
formations médicales et renvoie à l'article à l'article 123. La modification de
cet article en 2016 a connu une réécriture par le remplacement des mots
« mais on spécifiera » par « tout en spécifiant ».

Art. 125 : Ancien.


Lorsqu’un enfant est né pendant un voyage maritime, fluvial, lacustre ou
aérien, sur un navire, bateau ou aéronef de nationalité congolaise, il est
dressé acte, dans les 48 heures de l’accouchement, sur la déclaration de la
mère ou du père s’il est à bord.
À défaut du père, et si la mère est dans l’impossibilité de déclarer la
naissance, l’acte est établi d’office par le commandant ou par la personne qui
en remplit les fonctions.
Au premier port congolais où le navire ou bateau aborde pour son
désarmement, l’officier instrumentaire est tenu d’envoyer pour transcription
sur les registres de naissance deux copies des actes de naissance dressés à
bord :
- l’une au bureau de l’inscription maritime, fluviale ou lacustre ;
- l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du père de
l’enfant ou de la mère si le père n’est pas encore connu ;
- si la dernière résidence ne peut être trouvée ou si elle est hors de la
République, la transcription est faite à l’état civil de la zone urbaine de la
Gombe, ville de Kinshasa.
En cas de naissance à bord d’un aéronef de nationalité congolaise,
l’officier instrumentaire est tenu d’envoyer pour transcription sur les
registres de naissance, deux copies des actes de naissance dressés à bord,
l’une à l’officier de l’état civil de la zone urbaine de la Gombe, ville de
Kinshasa, l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du père
ou de la mère, si le père de l’enfant n’est pas encore connu.

Art. 125 : Modifié.


Lorsqu’un enfant est né pendant un voyage maritime, fluvial, lacustre ou
aérien, sur un navire, bateau ou aéronef battant pavillon congolais, il est
dressé acte, dans les quarante-huit heures de l’accouchement, sur déclaration
de la mère ou du père s’il est à bord.
À défaut du père, et si la mère est dans l’impossibilité de déclarer la
naissance, l’acte est établi d’office par le commandant ou par la personne qui
en remplit les fonctions.
Au premier port congolais où le navire ou le bateau aborde pour son
désarmement, l’officier instrumentaire est tenu d’envoyer pour transcription

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sur les registres de naissance deux copies de l’acte constatant la naissance


dressé à bord :
- l’une au bureau de l’inscription maritime, fluviale ou lacustre ;
- et l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du père ou de
la mère de l’enfant.
Si la dernière résidence ne peut être trouvée ou si elle est hors de la
République, la transcription est faite au bureau de l’état civil le plus proche
du lieu de naissance qui le transmet au bureau central de l’état civil.
En cas de naissance à bord d’un aéronef battant pavillon congolais,
l’officier instrumentaire est tenu d’envoyer pour transcription sur les
registres de naissance deux copies de l’acte constatant la naissance dressé à
bord :
- l’une à l’officier de l’état civil de la commune, du secteur ou de la
chefferie de l’aéroport d’arrivée ;
- et l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du père ou de
la mère.
Commentaire : Pour retrouver facilement les actes de naissance des enfants
nés sur les navires (mer) ou bateaux (fleuve et lac) , il a été estimé logique
de s'adresser par la suite soit au bureau de l'inscription maritime, fluviale
ou lacustre soit au bureau de l'état civil de la résidence du père ou de la
mère. A défaut de cette dernière, les actes iront au bureau de l'état civil de la
commune de la Gombe, ville de Kinshasa conformément aux principes
généraux admis dans ce domaine. Les dispositions du présent article sont
applicables mutatis mutandis aux naissances survenues en chemin de fer.
Quant aux naissances dans un aéronef, le texte du dernier alinéa prévoit les
règles applicables en pareil cas. La modification de cet article en 2016 a
consisté au remplacement de « nationalité congolaise » par « battant
pavillon ». En outre, sur la forme, 48h est écrit en toutes lettres. Il y a aussi
la suppression de la zone urbaine.
Art. 126. — La déclaration d’affiliation ou de maternité d’un enfant né hors
mariage a lieu devant l’officier de l’état civil; elle est inscrite dans l’acte de
naissance de l’enfant ou dans un acte séparé.
Commentaire : Cet article désigne l'autorité compétente pour recevoir les
déclarations d'affiliation ou de maternité d'un enfant né hors mariage. Il
s'agit de l'officier de l'état civil de l'état civil. Cet article est en mettre en
combinaison avec les articles 621 et 623 du code de la famille.
Art. 127 : Ancien.
L’énonciation du nom de la mère dans l’acte de naissance d’un enfant né
hors mariage vaut acte de maternité.
Lorsque le père fait, soit par lui-même, soit par mandataire ayant
procuration authentique, la déclaration de naissance d’un enfant né hors

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mariage, cette déclaration vaut acte d’affiliation bilatérale, et pour le père et


pour la mère.

Art. 127 : Modifié.


L’énonciation du nom de la mère dans l’acte de naissance d’un enfant né
hors mariage vaut acte de maternité.
Lorsque le père fait, soit par lui-même, soit par un mandataire ayant une
procuration authentique, la déclaration de naissance d’un enfant né hors
mariage, cette déclaration vaut acte d’affiliation à l’égard du père et de la
mère.
Commentaire : Cet article consacre d'une part un principe : l’énonciation
du nom de la mère dans l’acte de naissance d’un enfant né hors mariage
vaut acte de maternité. D'autre part, il organise une forme spéciale
d'affiliation : celle résultant de la conséquence de la déclaration de
naissance d'un enfant né hors mariage par le père ou son mandataire. La
disposition a été réécrite en 2016 sur la forme et connaît l’ajout d’un article
dans le groupe de mot « par un mandataire » ; elle connait aussi la
suppression de « bilatérale » dans le bout de phrase « vaut affiliation ».

Art. 128. — Lorsque la déclaration d’affiliation ou de maternité a été faite


séparément de la déclaration de naissance, soit par le père seul, soit par la
mère, soit par les deux, elle est inscrite en marge de l’acte de naissance de
l’enfant.
Commentaire : Le principe de la déclaration d'affiliation et de maternité
dans l'acte de naissance de l'enfant a été admis car ceci est simple et plus
facile pour les parents. Comme l'acte de naissance comporte, en principe,
nécessairement le nom de la mère, et que la maternité est un fait certain, la
reconnaissance de l'enfant par la mère est automatique par le seul fait de la
présente de son nom dans l'acte de naissance.

Art. 129 : Ancien.


Les copies et extraits d’acte de naissance sont délivrés conformément à
l’article 99 relatif aux dispositions générales.
Toutefois, à l’exception du chef du parquet local de l’enfant, de ses
ascendants et descendants en ligne directe, de son conjoint, de son tuteur ou
de son représentant légal, nul ne peut obtenir une copie conforme d’un acte
de naissance autre que le sien, si ce n’est en vertu d’une autorisation délivrée
par le juge du lieu où l’acte a été reçu et sur la demande écrite de l’intéressé.
En cas de refus, appel peut être fait.
Le tribunal statue en chambre du conseil.

Art. 129 : Modifié.


Les copies et extraits d’acte de naissance sont délivrés conformément à
l’article 99 de la présente loi.

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Toutefois, à l’exception du Procureur de la République, du juge du


Tribunal de paix ou du juge du Tribunal pour enfants du lieu de la résidence
de l’enfant, selon le cas, de ses ascendants et descendants en ligne directe,
de son conjoint, de son tuteur ou de son représentant légal, nul ne peut
obtenir une copie conforme d’un acte de naissance autre que le sien, si ce
n’est en vertu d’une autorisation délivrée par le juge du lieu où l’acte a été
reçu et sur demande écrite de l’intéressé.
En cas de refus, appel peut être fait.
Le tribunal statue en chambre du conseil.
Commentaire : L’alinéa 2 de cet article constitue une exception au principe
posé à l’article 99 du présent code sur la délivrance des actes de l’état civil
lequel autorise toute personne intéressée, moyennant paiement des frais, de
se faire délivrer copie d’un acte de l’état civil. Cependant, pour les actes de
naissance, à cause de leur caractère confidentiel et personnel, le législateur
a restreint le champ des personnes autorisées à solliciter l’obtention de leur
copie. Il s’agit des ascendants et descendants de la personne concernée en
ligne directe, de son conjoint, de son tuteur ou de son représentant légal.
L’alinéa 2 remplace le mot « chef du parquet local » par le « Procureur de
la République » et ajoute le Président du Tribunal pour enfants parmi les
personnes qui peuvent obtenir une copie conforme d’un acte de naissance de
manière automatique.

Art. 130 : Ancien.


Les extraits précisant en outre le nom, la profession et le domicile des
père et mère ne peuvent être délivrés que dans les conditions de l’article
précédent, à moins que la délivrance n’en soit demandée par les héritiers de
l’enfant ou par l’administration publique.

Art. 130 : Modifié.


Les extraits précisant en outre le nom, la profession, la nationalité et le
domicile des père et mère ne peuvent être délivrés que dans les conditions de
l’article précédent, à moins que la délivrance n’en soit demandée par les
héritiers de l’enfant ou par l’administration publique.
Commentaire : Pour le commentaire de ce texte, on doit se référer aux
règles générales des actes de l'état civil. On a cependant limité à certaines
catégories de personnes qui peuvent obtenir facilement les copies des actes
de naissance, parce que ces actes sont si intimes que l'on ne peut permettre à
n'importe qui de les avoir. Celui qui en a besoin, aura néanmoins la
possibilité de les obtenir moyennant autorisation judiciaire. Lors de la
modification de cet article en 2016 le mot nationalité est ajouté comme
élément d’identification.

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Section VIII. Des règles propres aux actes de mariage

Art. 131. — Les règles propres aux actes de mariage célébré en famille ou
devant l’officier de l’état civil sont reprises au livre III, titre premier relatif
au mariage.
Commentaire : Cet article renvoie au titre sur le mariage les règles
relatives aux actes de mariage.

Section IX. Des règles propres aux actes de décès

Art. 132. — Tout décès survenu sur le territoire de la République doit être
déclaré à l’officier de l’état civil du ressort du lieu où le décès est survenu.
Commentaire : Comme souligné à l'article 97, le législateur a préféré ici le
lieu de la survenance du décès pour déterminer la compétence de l'officier
de l'état civil en matière de déclaration de décès étant donné que celui-ci
peut provenir assez souvent en dehors du lieu de la résidence de la personne
décédée. Soulignons qu'il s'agit ici d'une règle de police qui s'impose tant
aux nationaux qu'aux étrangers.

Art. 133. — L’acte de décès est dressé sur la déclaration d’un parent du
défunt ou de toute personne possédant sur le décès les renseignements
nécessaires.
Commentaire : Les parents du défunt sont les premiers responsables pour
déclarer le décès de l'un de leurs, car ils vivent avec lui et sont les premiers
intéressés. Le mot parent est ici à prendre au sens large prévu aux articles
695 et 697 du code de la famille c'est-à-dire l'ensemble de ceux qui sont de
la même parenté. Ensuite l'obligation de déclarer le décès d'une personne
incombe à ceux qui possèdent les renseignements nécessaires sur le décès.
Tels sont ceux qui étaient présent au moment d'un accident qui a été cause
du décès, les responsables des hôpitaux, des hôtels, etc...

Art. 134 : Ancien.


L’acte de décès énonce :
a) l’heure si c’est possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de décès, le
nom, la date et le lieu de la naissance, la profession et le domicile ou la
résidence du défunt;
b) les noms, l’âge, les professions et domicile ou résidence de ses père et
mère, si c’est possible;
c) le nom, l’âge, la profession et le domicile ou la résidence du conjoint, si
la personne décédée était mariée;
d) le nom, l’âge, la profession et le domicile ou la résidence du déclarant.
Pour autant que possible, il est fait mention du décès en marge de l’acte
de naissance de la personne décédée.

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Art. 134 : Modifié.


L’acte de décès énonce:
1. l’heure si c’est possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de décès, le
nom, la date et le lieu de la naissance, le sexe, la nationalité, la profession
et le domicile ou la résidence du défunt ;
2. le nom, l’âge, la nationalité, la profession et le domicile ou la résidence
de son père et de sa mère, si c’est possible ;
3. le nom, l’âge, la nationalité, la profession et le domicile ou la résidence
du conjoint, si la personne décédée était mariée ;
4. le nom, l’âge, la nationalité, la profession et le domicile ou la résidence
du déclarant.
Pour autant que possible, il est fait mention du décès en marge de l’acte
de naissance de la personne décédée.
Commentaire : Cet article détermine les éléments que doit contenir tout acte
de décès. Soulignons toutefois que la mention de décès en marge de l'acte de
naissance n'est pas toujours possible lorsqu'il s'agit des personnes décédées
loin du lieu où a été rédigé leur acte de naissance. La modification de cet
article en 2016 a consisté en l’ajout de la nationalité et du sexe comme
éléments d’identification à mentionner sur l’acte de décès.

Art. 135. — L’officier de l’état civil prend toutes les mesures nécessaires
pour que les décès survenus dans l’étendue de son ressort soient constatés et
déclarés. Il peut notamment inviter à témoigner d’autres personnes que le
déclarant, soit parent, soit toute personne possédant des renseignements
nécessaires ou utiles au sujet du décès.
Commentaire : Cet article tend à atteindre le but visé dans l'article 132, à
savoir que tout décès survenu sur le territoire congolais doit être déclaré. Le
témoignage des tierces personnes a pour but de contrôler la réalité du décès
ou les circonstances qui l'ont entouré telles que le cas d'une mort violente.

Art. 136. — II est tenu dans les hôpitaux, maternités et autres formations
médicales publics ou privés, un registre spécial sur lequel sont
immédiatement inscrits, par ordre de date, les décès qui y surviennent.
La présentation dudit registre peut être exigée à tout moment par
l’officier de l’état civil du lieu où est situé l’établissement ainsi que par les
autorités administratives et judiciaires.
Commentaire : Cet article institue le registre spécial de décès détenu par les
formations médicales et dans lequel doivent être mentionnés tous les décès
qui y surviennent.

Art. 137 : Ancien.


Lorsqu’il y a des signes ou indices de mort violente ou d’autres
circonstances qui donnent lieu de la soupçonner, on ne peut faire
l’inhumation qu’après qu’un officier de police judiciaire, assisté d’un

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médecin, ait dressé le procès-verbal de l’état du corps et des circonstances y


relatives, et y ait consigné des renseignements qu’il a pu recueillir sur le
nom, l’âge, la profession, le lieu de naissance, le domicile ou la résidence de
la personne décédée.
Art. 137 : Modifié.
Lorsqu’il y a des signes ou indices de mort violente ou d’autres
circonstances qui donnent lieu de la soupçonner, on ne peut procéder à
l’inhumation qu’après qu’un officier de police judiciaire, assisté d’un
médecin, ou, à défaut, d’un autre professionnel de santé, ait dressé le
procès-verbal de l’état du corps et des circonstances y relatives, et y ait
consigné des renseignements qu’il a pu recueillir sur le nom, l’âge, le sexe,
la profession, la nationalité, le lieu de naissance, le domicile ou la résidence
de la personne décédée.
Commentaire : La mort violente appelle toujours une enquête judiciaire.
Ainsi, en cas de mort violente ou lorsqu'il y a des indices d'une mort
violente, il est fait appel à l'officier de l'état civil, assisté d'un médecin, qui
établit un procès-verbal de l'état du corps et des circonstances du décès. La
modification de forme de cet article en 2016 a consisté au remplacement de
« faire l’inhumation » par « procéder à l’inhumation ». A été également
ajouté « un autre professionnel de santé » pour assister l’Officier de police
judiciaire en vue de dresser le Procès-verbal de l’état du corps trouvé avec
des signes de mort violente. Cet autre professionnel de santé est mis à
contribution lorsqu’il n’y a pas de médecin. Une autre modification a
consisté en l’ajout de la nationalité comme élément d’identification.
Art. 138. — L’officier de police judiciaire est tenu de transmettre sans délai
à l’officier de l’état civil du lieu de la résidence de la personne décédée une
copie du procès-verbal d’après lequel est dressé l’acte de décès. Au cas où
l’acte de décès est dressé avant réception du procès-verbal de l’autorité
judiciaire, l’officier de l’état civil en fera mention au bas de l’acte de décès
établi. Le procès-verbal y sera annexé.
Commentaire : Conformément à l'article 2 du code de procédure pénale,
l'officier de police judiciaire qui établit procès-verbal des circonstances du
décès tel que rappelé à l'article 137 précédent devra transmettre ce procès-
verbal aux autorités du parquet dont il dépend. L'article sous examen lui
enjoint de transmettre également sans délai ce même procès-verbal à
l'officier de l'état civil du lieu de résidence de la personne décédée. Lorsque
l'officier de l'état civil dresse un acte de décès sur base de ce procès-verbal,
il est dans ce cas déclarant lui-même.
Art. 139. — Lorsque le corps d’une personne décédée est trouvé, il est fait
appel à l’officier de police judiciaire qui dresse un procès-verbal en vue de
mener une enquête. Il est dressé ensuite un acte de décès par l’officier de
l’état civil du lieu où le corps a été trouvé.

144
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Si l’identité de la personne décédée n’est pas connue, il est dressé un


procès-verbal détaillé qui énonce les jour, mois, année et lieu où le corps a
été trouvé, l’âge apparent du mort, son sexe et la date probable du décès.
Ce procès-verbal est annexé à l’acte de décès.
Si l’identité de la personne décédée vient à être connue, le procès-verbal
de la découverte et l’acte provisoire de décès sont annulés par le tribunal de
grande instance à la requête du Ministère public ou de toute personne
intéressée.
Commentaire : La nécessité du procès-verbal d'un corps trouvé est évidente
car ce procès-verbal constitue un point de départ pour l'identification du
corps trouvé et de l’enquête. L'officier de l'état civil établira, sur base de ce
procès-verbal, un acte provisoire de décès. Cet acte est dit "provisoire" en
attendant l'identification exacte éventuelle du corps trouvé. L’alinéa 4
consacre l'annulation de l'acte provisoire de décès si l’identité de la
personne décédée vient à être connue.

Art. 140 : Ancien.


En cas de décès dans un établissement pénitentiaire ou en cas d’exécution
de la peine capitale, le responsable de l’établissement doit, dans les 24
heures, transmettre à l’officier de l’état civil du ressort dans lequel est situé
l’établissement, les renseignements énoncés à l’article 134 d’après lesquels
l’acte de décès est rédigé.

Art. 140 : Modifié.


En cas de décès dans un établissement pénitentiaire ou en cas d’exécution
de la peine capitale, le responsable de l’établissement transmet, dans les
vingt-quatre heures, à l’officier de l’état civil du ressort dans lequel est situé
l’établissement, les renseignements énoncés à l’article 134 de la présente loi.
Commentaire : Ce sont les responsables pénitentiaires qui sont chargés de
déclarer les décès de leurs pensionnaires. La modification de forme de cet
article en 2016 a consisté à écrire en toutes lettres 24h et à ajouter le groupe
de mots « de la présente loi » après l’article 134 cité dans la disposition.

Art. 141 : Ancien.


En cas de décès survenu pendant un voyage maritime, fluvial, lacustre ou
aérien, il en est, dans les 24 heures, dressé acte par le commandant du navire,
du bateau ou de l’aéronef de nationalité congolaise et dont deux copies sont,
dans le plus bref délai, transmises pour transcription :
a) l’une, dans le cas de navire ou bateau au bureau de l’inscription maritime,
fluviale et lacustre du premier port zaïrois où le navire ou le bateau
aborde pour son désarmement; dans le cas de l’aéronef, à l’officier de
l’état civil de la zone urbaine de la Gombe, ville de Kinshasa ;

145
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b) l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du défunt ; si


cette résidence est inconnue, à l’officier de l’état civil de la zone urbaine
de la Gombe, ville de Kinshasa.

Art. 141 : Modifié.


En cas de décès survenu pendant un voyage maritime, fluvial, lacustre ou
aérien, il en est, dans les vingt-quatre heures, dressé acte par le commandant
du navire, bateau ou aéronef battant pavillon congolais et dont deux copies
sont, dans le plus bref délai, transmises pour transcription :
- l’une, dans le cas de navire ou bateau, au bureau de l’inscription
maritime, fluvial et lacustre du premier port congolais où le navire ou le
bateau aborde pour son désarmement ; dans le cas de l’aéronef, à
l’officier de l’état civil de la commune, du secteur ou de la chefferie du
premier aéroport d’arrivée ;
- et l’autre à l’officier de l’état civil de la dernière résidence du défunt ; si
cette résidence est inconnue, à l’officier de l’état civil de la commune de
la Gombe.
Commentaire : Ce texte établit le même principe pour les actes de décès que
l'article 125 pour les actes de naissance. La modification de cet article en
2016 a consisté au remplacement des mots « du navire, du bateau ou
l’aéronef » par « du navire, bateau ou aéronef », « de nationalité » par
« battant pavillon » alors que l’aéronef ne bat pas pavillon mais est plutôt
immatriculé. Sur la forme, 24h est écrit en toutes lettres. Une autre
modification a consisté en l’actualisation des dénominations (zone :
commune). Remarquons qu’au point 1(a), la zone est remplacée par la
commune, le secteur ou la chefferie du premier aéroport d’arrivée. En outre
la répartition des copies a été modifiée en ces termes : une copie de l’acte
est laissée au premier port congolais ou premier aéroport et l’autre copie à
la commune de la Gombe (ville de Kinshasa).
Art. 142 : Ancien.
Lorsqu’une personne a disparu dans les circonstances telles que sa mort
est certaine, bien que son corps n’ait pas été retrouvé, le Ministère public ou
toute personne intéressée peut demander au tribunal de grande instance de
rendre un jugement déclaratif du décès de cette personne. Le jugement
déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès et est inscrit dans le registre des
décès.
Art. 142 : Modifié.
Lorsqu’une personne a disparu dans les circonstances telles que sa mort
est certaine, bien que son corps n’ait pas été retrouvé, le Ministère public ou
toute personne intéressée peut demander au Tribunal de paix ou pour
enfants, selon le cas, de rendre un jugement déclaratif du décès de cette
personne. Le jugement déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès et est
inscrit dans le registre des décès.

146
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Commentaire : Depuis la réforme de 2016 le juge compétent pour rendre un


jugement déclaratif de décès d’une personne disparu est désormais le
Tribunal de paix ou le Tribunal pour enfants. On remarquera plus loin, à
l'article 144, que tel ne sera pas le cas en cas de disparition collective.

Art. 143 : Ancien.


La requête est présentée au tribunal de grande instance de la résidence du
disparu ou du lieu de la disparition.

Art. 143 : Modifié.


La requête est présentée au Tribunal de paix ou Tribunal pour enfants de
la résidence du disparu ou du lieu de la disparition.
Commentaire : La requête en vue d’obtenir un jugement de décès du
disparu est introduite auprès du Tribunal de paix ou du Tribunal pour
enfants de la résidence du disparu ou du lieu de la disparition et non plus le
Tribunal de grande instance.

Art. 144 : Ancien.


Le décès dû à un événement tel qu’un naufrage, une catastrophe aérienne,
un tremblement de terre, un glissement de terrain, par l’effet duquel il y a
lieu de croire que plusieurs personnes ont péri, pourra être déclaré par un
jugement collectif.
Les tribunaux compétents sont, en ce cas, ceux de grande instance dans le
ressort desquels l’événement s’est produit. Toutefois, dans le cas de
disparition d’un navire, d’un bateau ou d’un aéronef de nationalité
congolaise, les tribunaux compétents sont ceux du port d’attache du navire
ou du bateau; pour l’aéronef, le tribunal de grande instance de la Gombe à
Kinshasa est compétent.

Art. 144 : Modifié.


A la requête du Ministère public ou de toute personne intéressée, le décès
dû à un événement tel qu’un naufrage, une catastrophe aérienne, un
tremblement de terre, un glissement de terrain, par l’effet duquel il y a lieu
de croire que plusieurs personnes ont péri, pourra être déclaré par un
jugement collectif.
Les tribunaux compétents sont, en ce cas, ceux de grande instance dans le
ressort desquels l’événement s’est produit.
Toutefois, dans le cas de disparition d’un navire, d’un bateau ou d’un
aéronef battant pavillon congolais, les tribunaux compétents sont ceux du
port d’attache du navire ou du bateau et le Tribunal de grande instance de
Kinshasa Gombe pour l’aéronef.
Commentaire : Cet article organise la disparition collective et est parmi les
articles modifiés en 2016:Sur le plan de la forme, disons que la disposition a
été réécrite en renversant les bouts de phrases (al. 1er et al. 2). L’article sous

147
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examen comprend désormais trois alinéas contre deux avant la réforme. Sur
le plan de fond, remarquons que le législateur a maintenu la compétence du
tribunal de grande instance en cas de disparition collective (solution a
contrario en cas de disparition individuelle : voir les articles 142 et 143 ci-
dessus). Mais une précision s’impose s’agissant du tribunal de grande
instance territorialement compétent : En cas de disparition collective, le
tribunal de grande instance compétent est celui du lieu où l’évènement s’est
produit ; mais en cas de disparition de l’engin (bateau ou navire battant
pavillon congolais ainsi que de l’aéronef immatriculé au Congo) et des
personnes qu’il transportait, le tribunal de grande instance compétent est
soit celui du port d’attache (pour les bateau ou navire), soit celui de
Kinshasa/Gombe (pour les aéronefs).

Art. 145. — Les extraits individuels du jugement collectif de décès peuvent


être obtenus par les personnes intéressées.
Ils tiennent lieu d’acte de décès.
Commentaire : En cas d'une disparition collective, un seul jugement est
rendu pour toutes les personnes disparues. Les personnes intéressées
peuvent alors solliciter du tribunal des extraits de ce jugement et ces extraits
tiennent lieu d'acte de décès.

Art. 146. — Lorsqu’il rend un jugement déclaratif de décès, le tribunal fixe


dans son jugement la date probable du ou des décès, eu égard aux
présomptions tirées des circonstances de la cause. La date ainsi fixée peut
être rectifiée judiciairement si, grâce à un événement nouveau, une autre date
de décès est certaine.
Commentaire : Le jugement déclaratif de décès du disparu indique la date
probable du décès qui peut toutefois être modifiée.

Art. 147. — Le jugement est annulé par le tribunal qui l’a rendu, soit à la
demande de la personne déclarée décédée, soit à la demande du Ministère
public si la personne dont le décès a été judiciairement déclaré réapparaît.
Commentaire : En cas de réapparition du disparu, le jugement déclaratif du
décès du disparu doit être annulé.

Section X. Du livret de ménage

Art. 148 : Ancien.


Lors de la célébration ou de l’enregistrement du mariage par l’officier de
l’état civil, il est remis à l’époux un livret de ménage portant sur la première
page, l’identité des conjoints, la date et le lieu de l’enregistrement du
mariage célébré en famille ou de la célébration devant l’officier de l’état
civil, les énonciations relatives à la dot et celles relatives au régime
matrimonial.

148
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Les énonciations qui précèdent sont signées par l’officier de l’état civil et
par les conjoints ou si ceux-ci ou l’un de ceux-ci ne savent pas signer, ils
apposent leur empreinte digitale au lieu de la signature ou bien mention est
faite de la cause qui les a ou l’a empêché de signer.
Sur les pages suivantes sont inscrits les naissances et décès des enfants,
les adoptions, les actes d’affiliation des enfants nés hors mariage, les décès
ou le divorce des époux ainsi que l’identité des parents intégrés au ménage.
Au cas où un acte de l’état civil est rectifié ou que l’un des parents
intégrés au ménage doit le quitter, il doit en être fait mention sur le livret.
Les inscriptions et les mentions portées dans le livret sont signées par
l’officier de l’état civil et revêtues de son sceau.

Art. 148 : Modifié.


Lors de la célébration ou de l’enregistrement du mariage, l’officier de
l’état civil remet aux conjoints un livret de ménage portant, sur la première
page, leur identité, la date et le lieu de l’enregistrement du mariage célébré
en famille ou de la célébration devant l’officier de l’état civil, les
énonciations relatives à la dot et celles relatives au régime matrimonial.
Les énonciations qui précèdent sont signées par l’officier de l’état civil et
par les conjoints ou si ceux-ci ou l’un de ceux-ci ne savent pas signer, ils
apposent leur empreinte digitale au lieu de la signature ou bien mention est
faite de la cause qui les a ou l’a empêché de signer. Sur les pages suivantes
sont inscrits les naissances et décès des enfants, les adoptions, les actes
d’affiliation des enfants nés hors mariage, les décès ou le divorce des époux
ainsi que l’identité des parents intégrés au ménage.
Au cas où un acte de l’état civil est rectifié ou que l’un des parents
intégrés au ménage doit le quitter, il est fait mention sur le livret de ménage.
Les inscriptions et les mentions portées dans le livret sont signées par
l’officier de l’état civil et revêtues de son sceau.
Commentaire : Cet article organise la délivrance du livret de ménage et sa
teneur et se trouve être le texte de base de l'organisation de ce livret.
Compte tenu de la loi sur la filiation, le législateur a estimé nécessaire que
les actes d'affiliation devraient être mentionnés. Et compte tenu de la loi
relative au mariage, on a précisé les deux formes de célébration du mariage
et rappelé les énonciations relatives à la dot et au régime pécuniaire choisi
par les époux. Il est évident que lorsqu'une rectification d'un acte de l'état
civil interviendra, elle sera inscrite sur le livret de ménage. Il appartiendra
alors à l'officier de l'état civil de le rectifier, de convoquer le chef de ménage
ou de le faire convoquer là où il se trouve par l'officier de l'état civil pour
que la rectification soit établie. Cet article a été reformulé en 2016 dans le
sens que le livret de ménage est remis à tous les deux conjoints et non plus
seulement au mari. Sur la forme, la disposition connait un remplacement du
bout de phrase « doit en être fait mention » par « il est fait mention ».

149
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Art. 149. — Le livret de ménage dûment coté et paraphé par l’officier de


l’état civil et ne présentant aucune trace d’altération fait foi de sa conformité
avec les registres de l’état civil.

Commentaire : Cet article est relatif à la force probante du livret de


ménage. C'est le caractère inaltérable du livret de ménage qui donne à ce
mode de preuve la garantie de son authenticité et qui permet alors de le
retenir comme preuve égale aux actes des registres. D'où la grande
simplification dans la preuve de l'état des personnes faisant partie d'une
famille.

Art. 150 : Ancien.


En cas de perte du livret de ménage, l’époux en demande le
rétablissement.
Le nouveau livret porte la mention «duplicata».

Art. 150 : Modifié.


En cas de perte du livret de ménage, les conjoints ou l’un d’eux en
demandent le rétablissement.
Le nouveau livret porte la mention « duplicata ».
Commentaire : En cas de perte de livret de ménage un duplicata est établi à
la demande des époux. Cet article a été modifié en 2016. La nouvelle
disposition connaît le remplacement du seul « époux » apte à demander le
duplicata du livret de ménage par « les conjoints » ou l’un d’eux puisque
tous reçoivent désormais le livret contrairement à l’ancien système où seul
le mari recevait cette pièce (voir également art. 148).

Art. 151 : Ancien.


L’officier de l’état civil doit se faire présenter le livret de ménage chaque
fois que se produit un fait qui doit y être mentionné.

Art. 151 : Modifié.


L’officier de l’état civil se fait présenter le livret de ménage chaque fois
que se produit un événement qui doit y être mentionné.
Commentaire : L'officier de l'état civil à qui le livret de ménage doit être
présenté est celui du lieu où l'acte doit être déclaré. La modification de cet
article en 2016 a consisté à remplacer le bout de phrase « doit se faire
présenter » par « se fait présenter ».

Art. 152 : Ancien.


Lorsqu’une personne non mariée a affilié ou adopté des enfants, il lui sera
délivré un document dénommé « livret d’affiliation ou d’adoption ».

150
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Il sera indiqué sur la première page l’identité de la personne uniquement


et sur les pages suivantes les naissances et décès des enfants affiliés ou
adoptés.
En cas de mariage subséquent, le livret est annulé pour être remplacé par
un livret de ménage tel que prévu à l’article 148.
Les dispositions des articles 149, 150 et 151 sont d’application mutatis
mutandis.

Art. 152 : Modifié.


Lorsqu’une personne non mariée a affilié ou adopté des enfants, il lui est
délivré un document dénommé « Livret d’affiliation ou d’adoption ».
Il est indiqué sur la première page l’identité de la personne uniquement et
sur les pages suivantes les naissances et décès des enfants affiliés ou adoptés.
En cas de mariage subséquent, le livret est annulé pour être remplacé par
un livret de ménage tel que prévu à l’article 148 de la présente loi.
Les dispositions des articles 149, 150 et 151 ci-dessus sont, mutatis
mutandis, d’application.
Commentaire : Comme il a été précisé précédemment, le livret de ménage
d'une personne non mariée permettra d'obtenir rapidement par la
présentation de celui-ci la preuve des filiations entre le porteur du livret et
les enfants qui y sont inscrits. Toutefois par le fait d'un mariage subséquent,
celui-ci sera remplacé par un autre livret de ménage tel que prévu à l'article
148 et qui devra alors reprendre des précisions spécifiques au mariage. En
2016, cet article a été modifié. La nouvelle disposition a subi une
modification de forme par le remplacement du futur « sera » par le présent
« est » et l’ajout d’une précision après les articles viés pour indiquer qu’il
s’agit des articles « ci-dessus ».

Section XI. Des actes de notoriété


Paragraphe 1er : De l’acte de notoriété pour faits antérieurs à la loi
Art. 153 : Ancien.
À défaut d’acte de l’état civil constatant la naissance, le décès ou le
mariage, sur base des dispositions légales ou réglementaires antérieures à la
présente loi, toute personne y ayant intérêt peut demander à l’officier de
l’état civil du lieu de naissance, de décès ou de mariage, d’établir un acte de
notoriété le suppléant.
Art. 153 : Modifié.
A défaut d’acte de l’état civil constatant la naissance, le décès ou le
mariage, sur la base des dispositions légales ou réglementaires antérieures à
la présente loi, toute personne y ayant intérêt peut demander à l’officier de
l’état civil du lieu de naissance, de décès ou de mariage, d’établir un acte de
notoriété le suppléant.

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Toutefois, le défaut d’acte de notoriété peut être suppléé par jugement


rendu dans les huit jours à dater de la saisine, par le Tribunal de paix sur
simple requête présentée par toute personne intéressée ou par le Ministère
public au tribunal du lieu où l’acte aurait dû être dressé.
Commentaire : Cet article prévoit la possibilité d'établir un acte de
notoriété lorsque la personne intéressée est dans l'impossibilité d'établir un
acte de l'état civil. En principe, le défaut d’acte de l’état civil est corrigé par
un jugement supplétif. Toutefois pour ne pas suivre cette procédure assez
complexe, le législateur a prévu la possibilité pour un individu d’établir, en
cas de besoin, un acte de notoriété pour constater une naissance, un décès
ou un mariage. L’acte de notoriété est un document qui établit une
circonstance ou un fait matériel sur la base de déclarations et témoignages.
Il s’agit en d’autres termes d’un document par lequel un officier public
recueille des témoignages en vue d'établir une circonstance ou un fait
matériel qu'un grand nombre de personnes ont pu constater, dont ils ont pu
avoir connaissance ou qui leur ont semblé avérés. Des témoins attestent leur
connaissance personnelle et la notoriété publique de l’existence ou de la
non-existence d’un fait. C'est la preuve "par la commune renommée". La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’ajout d’un alinéa 2 qui
prévoit la possibilité de suppléer au défaut d’acte de notoriété par décision
du Tribunal de paix.

Art. 154 : Ancien.


L’acte de notoriété contient la déclaration de celui qui le réclame, attesté
par deux témoins parents ou non du requérant, qui donnent les précisions
exigées :
a) pour un acte de naissance: à savoir si possible la date précise de celle-ci,
les noms des père et mère s’ils étaient ou non unis par les liens de
mariage ainsi que les causes qui empêchèrent de rapporter l’acte de
naissance et les précisions éventuellement demandées par l’officier de
l’état civil ;
b) pour un acte de décès : à savoir si possible la date et le lieu précis de
celui-ci ainsi que les causes qui empêchèrent de rapporter l’acte de décès
et toutes les précisions éventuelles demandées par l’officier de l’état civil;
c) pour un acte de mariage: à savoir le nom et la résidence des conjoints, si
possible leur date de naissance, les noms et résidences des pères et mères
des conjoints, des témoins ayant assisté au mariage et au règlement de la
dot ainsi que les causes qui empêchèrent de rapporter l’acte de mariage et
toutes les précisions éventuellement demandées par l’officier de l’état
civil. Sont applicables les dispositions des articles 92 à 96 et 99.
Les actes de notoriété sont inscrits dans les registres supplétoires du lieu
de la naissance, du décès ou du mariage.

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Art. 154 : Modifié.


L’acte de notoriété contient la déclaration de celui qui le réclame, attesté
par deux témoins, parents ou non du requérant, qui donnent les précisions
exigées :
1. pour un acte de naissance : la date précise de celle-ci si possible, le lieu
de naissance, le nom et le sexe du requérant , les noms des père et mère
s’ils étaient ou non unis par les liens de mariage ainsi que les causes qui
empêchèrent de rapporter l’acte de naissance et les précisions
éventuellement demandées par l’officier de l’état civil ;
2. pour un acte de décès: le nom, le sexe, la nationalité du de cujus, la date
et le lieu précis du décès si possible, le nom, l’âge, le sexe, la nationalité,
la profession, le domicile ou la résidence du déclarant ainsi que les causes
qui empêchèrent de rapporter l’acte de décès et toutes les précisions
éventuelles demandées par l’officier de l’état civil ;
3. pour un acte de mariage : les noms, sexe, profession, date et lieu de
naissance, domicile ou résidence des époux ; les noms, la profession, la
nationalité, le domicile ou la résidence des père et mère de chacun des
époux et témoins matrimoniaux prévus par la loi ; l’état civil antérieur
des époux ; le choix du régime matrimonial adopté par les époux;
l’accomplissement public de l’enregistrement ou de la célébration, ainsi
que les causes qui empêchèrent de rapporter l’acte de mariage et toutes
les précisions éventuellement demandées par l’officier de l’état civil.
Les dispositions des articles 92 à 96 et 99 de la présente loi s’appliquent,
mutatis mutandis, aux actes de notoriété.
Les actes de notoriété sont inscrits dans les registres supplétoires du lieu
de la naissance, du décès ou du mariage.
Commentaire : Cet article détermine d'une part les éléments que doit
contenir un acte notoriété pour les principaux actes de l'état civil et d'autre
part le registre dans lequel il doit être inscrit. La modification de cet article
en 2016 a consisté en une réécriture de la disposition en complétant les
mentions qui manquaient à savoir « lieu de naissance, sexe, nom du
requérant, nationalité, profession du déclarant ». Sur la forme, le groupe de
mots « de la présente loi » est aussi ajouté sur les articles cités.

Art. 155 : Ancien.


Ces actes doivent être homologués à la requête de la partie qui le
demande par le président du tribunal de grande instance où cet acte de
notoriété a été établi. Avant l’homologation, l’acte de notoriété n’a de valeur
que celle d’un simple renseignement.
Le président du tribunal de grande instance peut, avant l’homologation,
demander à l’officier de l’état civil un complément d’information, requérir
ou prescrire toute vérification qu’il estime nécessaire.

153
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En cas de refus, le président du tribunal doit motiver sa décision; celle- ci


est susceptible d’appel devant la Cour d’appel. Après homologation, l’acte
de notoriété est assimilé à tous égards à un acte de l’état civil.

Art. 155 : Modifié.


Tout acte de notoriété doit être homologué, à la requête de la partie qui le
demande, par le Président du Tribunal de paix ou celui de Tribunal pour
enfants où cet acte a été établi. Avant l’homologation, l’acte de notoriété n’a
de valeur que celle d’un simple renseignement.
Le Président du tribunal concerné peut, avant l’homologation, demander
à l’officier de l’état civil un complément d’information, requérir ou prescrire
toute vérification qu’il estime nécessaire.
En cas de refus, le Président du tribunal concerné motive sa décision;
celle-ci est susceptible d’appel devant le Tribunal de grande instance. Après
homologation, l’acte de notoriété est assimilé à tous égards à un acte de
l’état civil.
Commentaire : Cet article organise l'homologation et la force probante des
actes de notoriété pour fait antérieur au Code de la famille. La modification
de cette disposition en 2016 a consisté à changer la compétence judiciaire
en matière d’homologation d’un acte de notoriété. Désormais c’est le
Président du Tribunal de paix ou celui du Tribunal pour enfants qui est
compétent et l’appel peut être formé devant le Tribunal de grande instance
et non plus devant la Cour d’appel. Cet article soulève toutefois certaines
questions : comment le président du tribunal pour enfants peut être
aujourd’hui compétent pour des faits antérieurs au Code de la famille ?
Pourquoi l’appel doit être porté devant le tribunal de grande instance alors
qu’il y a deux chambres au sein du Tribunal pour enfants ? Sur la forme, les
mots « Ces actes » sont remplacés par « Tout acte » (al. 1er) ainsi qu’au
changement du verbe « doit motiver » par « motive ».

Art. 156. — Les requérants ou les témoins sont tenus d’attester les faits
qu’ils déclarent et de les corroborer en se conformant à la réalité.
Avant de dresser l’acte, l’officier de l’état civil leur donne lecture de
l’alinéa premier de cet article et les avise des peines prévues par la loi
sanctionnant les fausses déclarations.
Commentaire : Cet article organise la responsabilité des requérants et des
témoins pour les faits antérieurs au Code de la famille (dans le même sens
voir l'article 159 pour les faits postérieurs au code de la famille).

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Paragraphe 2 : De l’acte de notoriété pour faits postérieurs à la loi

Art. 157 : Ancien.


À défaut d’acte de l’état civil constatant la naissance, le décès ou le
mariage postérieur à la présente loi, toute personne étant dans l’impossibilité
de se procurer l’acte de l’état civil peut demander, par requête motivée, au
président du tribunal de grande instance du ressort de l’état civil où l’acte
aurait dû être dressé, l’établissement d’un acte de notoriété supplétif en
précisant à quelles fins celui-ci est destiné.

Art. 157 : Modifié.


A défaut d’acte de l’état civil constatant la naissance, le décès ou le
mariage postérieur à la présente loi, toute personne étant dans l’impossibilité
de se procurer l’acte de l’état civil peut demander, par requête motivée, au
Président du Tribunal de paix ou celui du Tribunal pour enfants, selon le cas,
du ressort de l’état civil où l’acte aurait dû être dressé, l’établissement d’un
acte de notoriété supplétif en précisant à quelles fins celui-ci est destiné.
Commentaire : Cet article est relatif aux actes de notoriété pour faits
postérieurs à la loi. La modification de cet article en 2016 a porté sur le
changement des compétences judiciaires en ce qui concerne l’autorisation
d’établissement d’un acte de notoriété supplétif. La requête doit désormais
être adressée au Président du Tribunal de paix ou du Tribunal pour enfants,
selon les cas et non plus à celui du Tribunal de grande instance.

Art. 158 : Ancien.


Le président du tribunal de grande instance, s’il n’estime pas la procédure
par voie de jugement supplétif nécessaire, reçoit la déclaration du requérant
corroborée par celle de deux témoins, parents ou non du requérant qui
donnent les mêmes précisions que celles prescrites à l’article 154, litera a, b
et c selon le cas.
Sont applicables les dispositions des articles 92 à 96 et 99.
Ces actes de notoriété ne sont pas inscrits au registre supplétoire du lieu
de la naissance, du décès ou du mariage.
Le Ministère public ou toute personne y ayant intérêt peut demander, par
requête au tribunal de grande instance du lieu où l’acte a été établi,
l’annulation ou la rectification d’actes.

Art. 158 : Modifié.


Le Président du Tribunal de paix ou celui du Tribunal pour enfants, selon
le cas, s’il n’estime pas la procédure par voie de jugement supplétif
nécessaire, reçoit la déclaration du requérant corroborée par celle de deux
témoins, parents ou non du requérant, qui donnent les mêmes précisions que
celles prescrites à l’article 154 points 1, 2 et 3 de la présente loi, selon le
cas.

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Les dispositions des articles 92 à 96 et 99 de la présente loi s’appliquent


mutatis mutandis.
Le Ministère public ou toute personne y ayant intérêt peut demander, par
requête au Président du tribunal concerné selon le cas, du lieu où l’acte a été
établi, l’annulation ou la rectification d’acte.
Commentaire : L'acte de notoriété post legem est de nature judiciaire mais
suit une voie de procédure gracieuse si le juge-président du tribunal estime,
vu les éléments de la cause, par exemple, leur certitude, que la procédure
par requête pour l'obtention d'un jugement supplétif n'est pas nécessaire. En
effet, cette procédure est beaucoup plus rapide mais plus précaire; c'est
pourquoi la force probante est relative à l'objet précisé exactement dans la
requête et, de plus, reste susceptible d'opposition. Cette procédure peut être
établie pour le mariage d'une personne n'ayant pas d'acte de mariage, ou en
cas de succession pour établir une filiation vis-à-vis des autres héritiers qui
d'ailleurs ont le droit de faire opposition. La modification de cet article 2016
a consisté à intégrer le fait que ce sont les Présidents des Tribunal de paix et
Tribunal pour enfants qui interviennent en matière de jugement supplétif et
non plus celui du Tribunal de grande instance. Sur la forme, le groupe de
mots « de la présente loi » est ajouté après les articles qui y sont visés pour
plus de précision.

Art. 159 : Ancien.


Les requérants ou les témoins sont tenus d’attester les faits qu’ils
déclarent et de les corroborer en se conformant à la réalité.
Avant de dresser l’acte, le président du tribunal de grande instance leur
donne lecture de l’alinéa premier de cet article et les avise des peines
prévues par la loi sanctionnant les fausses déclarations.

Art. 159 : Modifié.


Les requérants ou les témoins sont tenus d’attester les faits qu’ils
déclarent et de les corroborer en se conformant à la réalité.
Avant de dresser l’acte, le Président du Tribunal de paix ou celui du
Tribunal pour enfants, selon le cas, leur donne lecture de l’alinéa premier de
cet article et les avise des peines prévues par la loi sanctionnant les fausses
déclarations.
Commentaire : Cet article organise la responsabilité des requérants et des
témoins pour les faits postérieurs au Code de la famille. Il a été modifié en
2016. La disposition connait une modification du point de vue de la
compétence du juge en vue de l’homologation des actes de notoriété pour
des faits postérieurs à la loi. C’est désormais le Tribunal de paix ou le
Tribunal pour enfants en remplacement du Tribunal de grande instance.

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Section XII. Des modèles des registres des actes de l’état civil

Art. 160 : Ancien.


Les modèles des registres des actes de l’état civil, des livrets de ménage
ainsi que des livrets d’affiliation ou d’adoption sont établis par arrêté du chef
du département de la Justice. Il est chargé d’en assurer la distribution à tous
les bureaux de l’état civil de la République ainsi qu’aux ambassades et
consulats et, dans ces cas, par l’intermédiaire du chef du département des
Affaires étrangères.

Art. 160 : Modifié.


Les modèles des registres des actes de l’état civil, des livrets de ménage
ainsi que des livrets d’affiliation ou d’adoption sont établis par arrêté du
ministre ayant la justice dans ses attributions. Il est chargé d’en assurer la
distribution à tous les bureaux de l’état civil de la République ainsi qu’aux
ambassades et consulats et, dans ce cas, par l’intermédiaire du ministère des
affaires étrangères.
Commentaire : Pour la mise en application du chapitre II du livre 1er,
relatif à l'état civil, le Ministre de la justice sera l'organe compétent pour
l'établissement des modèles en conformité avec les dispositions du présent
code. Il sera aussi l'autorité chargée de leur distribution. Cet article a été
modifié en 2016. La nouvelle disposition connaît une actualisation des
dénominations. Ainsi le chef de département est remplacé par ministre.

CHAPITRE III
DU DOMICILE ET DE LA RÉSIDENCE

Section I. Du domicile

Art. 161. — Le domicile de toute personne est au lieu où elle a son principal
établissement.
À défaut de domicile connu, la résidence actuelle en produit les effets.
Commentaire : Le mot ‘‘domicile’’ vient du mot latin ‘‘domus’’ qui signifie
maison, lieu où habite une personne mais aussi point fixe où les intérêts
d’une personne la ramènent régulièrement. Il équivaut à une localisation
géographique stable et permanente des sujets de droit. Au sens du droit civil
et d’après l’article 161 du Code de la famille sous examen, le domicile d’une
personne se trouve ‘‘au lieu où elle a son principal établissement’’. Ce texte
a du domicile une conception abstraite, dans la mesure où, quel que soit la
durée d’absence d’un individu du lieu du principal établissement, le
domicile est à cet endroit. Une telle définition permet d’éviter l’inconvénient
pour les tiers de rechercher la personne dans tous les lieux où elle est
susceptible de se trouver. Le domicile est choisi librement et résulte de la

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conjonction d’un élément matériel (résidence effective, concentration


d’intérêts effectifs et/ou professionnels, etc.) et d’un élément intentionnel
(volonté de s’établir en cet endroit), avec une prééminence du premier sur le
second. La présence de la personne est insuffisante. Il n’y a pas transfert de
domicile quand une personne réside de façon prolongée dans un endroit non
librement choisi (hôpital, prison, etc.) ou sans intention d’y établir son
domicile (séjour professionnel ou d’études à l’étranger). Bref, le domicile
est l’endroit où la personne concentre volontairement l’essentiel de ses
intérêts.

Jurisprudence : Sont nuls, les exploits signifiés par l'huissier, le premier au


domicile du défendeur, parlant à son bailleur sans préciser les rapports
existant entre celui-ci et le défendeur, ni constater au préalable l'absence de
ce dernier au domicile, le second à l'adresse d'un avocat où selon l'exploit,
le défendeur a élu domicile alors qu'aucune preuve de cette élection de
domicile n'est rapportée. Cette nullité rend la cause non en état d'être jugée
(Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice, janvier 1980 à décembre
1984, p. 266, En cause : Balgera Sylvio et Balgero Lorenzo contre Bastiani).

Art. 162. — Le changement de domicile s’opère par le fait d’une habitation


réelle et effective dans un autre lieu avec l’intention d’y fixer son principal
établissement.
Cette intention est présumée lorsqu’une personne s’est établie en un autre
lieu.
Commentaire : Le domicile est fixe sans être immuable. C’est dire que l’on
peut en changer (changement de domicile) à sa guise pourvu que l’on
concrétise son intention. L'intention de vivre en un autre lieu de manière
permanente (animus manendi) distingue notamment le domicile de la
résidence; cette intention peut valablement se déduire des éléments de fait
telle la location d'un logement pour une longue durée, la construction d'une
habitation. Cette intention est également requise pour indiquer un
changement de domicile d'un lieu vers un autre. Bref, l'intention de
domiciliation à un autre lieu ne peut résulter que d'une habitation réelle et
effective.

Art. 163. — Lorsqu’une personne a ses occupations professionnelles dans


un lieu et sa vie familiale ou sociale dans un autre, son domicile est présumé,
en cas de doute, se trouver au lieu de ses intérêts familiaux ou sociaux.
Commentaire : Cet article permet de régler des conflits éventuels de
domicile. En effet, il prévoit implicitement la possibilité pour une personne
d'être domiciliée en un lieu et d'avoir en un autre, le centre d'une activité
professionnelle à caractère lucratif. En pareil cas, le domicile sera présumé
se trouver au lieu du centre des intérêts familiaux ou sociaux, le lieu où est
établie la famille étant en réalité celui où l'on vit habituellement.

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Art. 164. — Nul ne peut, sauf en cas d’élection de domicile, avoir au même
moment son domicile en plusieurs lieux.
Commentaire : Le domicile est unique en ce sens que l’on ne peut pas avoir
simultanément, sauf en cas de domicile élu, plus d’un domicile. Lorsqu’une
personne a plusieurs établissements, seul le principal mérite d’être
considéré comme le domicile ; c’est dire que chacun n’a qu’un domicile, les
autres intérêts constituant la résidence. Une personne peut avoir plusieurs
résidences Cependant, dans la pratique, les tiers ne peuvent pas toujours
déterminer aussi facilement le principal établissement, et il arrive que la
personne n’en ait aucun. Cela justifie d’importantes dérogations apportées
au principe de l’unité du domicile par le Code de la famille. En effet, à côté
du domicile principal existent des domiciles spéciaux : le domicile
professionnel, le domicile élu...

Art. 165. — La femme mariée a son domicile chez son mari, à moins que la
loi n’en dispose autrement.
Commentaire : Cet article est un de ceux qui sont consacrés au domicile de
certaines catégories de personnes. La femme mariée a son domicile chez son
mari. Cet article est contraire à l’évolution actuelle tendant à établir une
parfaite égalité entre les époux.

Art. 166 : Ancien.


L’interdit a son domicile chez la personne qui exerce la tutelle sur lui.
Le mineur non émancipé a son domicile, selon le cas, chez ses père et
mère ou la personne qui assume l’autorité tutélaire sur lui.

Art. 166 : Modifié.


L’interdit a son domicile chez la personne qui exerce la tutelle sur lui.
Le mineur a son domicile, selon le cas, chez ses parents ou chez la
personne qui assume l’autorité tutélaire sur lui.
Commentaire : L'interdit a son domicile de façon générale chez la personne
qui exerce sur lui l'autorité juridique. Cet article a été modifié en 2016. La
nouvelle disposition ne reprend plus le mot « non émancipé ». Par
conséquent, le mineur, même émancipé, a son domicile chez ses père et mère
ou tuteur. En outre, le législateur remplace le mot « père et mère » par ses
« parents », c'est-à-dire élargit la possibilité pour le mineur d’être
domiciliée ailleurs que chez ses père et mère.

Art. 167. — Les personnes morales ont leur domicile :


1. au siège de leur administration en ce qui concerne les institutions
publiques ou para-étatiques ;
2. en ce qui est des personnes morales de droit privé reconnues ou instituées
par l’État, à leur siège social ou à leur siège administratif au sens de
l’article premier, alinéa 2, de l’ordonnance-loi 66-341 du 7 janvier 1966 ;

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3. au siège social au sens du décret-loi du 18 septembre 1965 pour les


associations sans but lucratif ayant la personnalité civile ;
4. au domicile élu au Zaïre pour les sociétés de droit étranger qui y exercent
leurs activités.
Commentaire : L'article sous examen complète l'article 161 et précise le
domicile des personnes morales, institutions publiques ou paraétatiques
d'une part et de sociétés de droit privé d'autre part. Pour toutes les
personnes morales à but lucratif le siège administratif constitue leur
domicile. C'est au fond la même idée que celle exprimée à l'article 161 pour
le domicile des personnes physiques. Les sociétés de droit étranger qui
exercent des activités en République démocratique du Congo sont tenues d'y
faire élection de domicile. Cet article aurait dû être modifié puisque la
Commission a proposé par exemple d’actualiser le point 3 en ce qui
concerne le texte de base qui date du 20 juillet 2001 désormais ou encore en
ce qui concerne la nouvelle appellation du pays mais le législateur n'a pas
suivi cette option.

Art. 168. — Toute personne peut élire domicile pour l’exécution de tous
actes. L’élection doit être expresse et ne peut se faire que par écrit.
Toutes significations, demandes et poursuites pour l’exécution d’un acte
pour lequel domicile a été élu, peuvent être valablement faites à ce domicile
et devant le juge dudit domicile.
Commentaire : Le ‘‘domicile élu’’ est un domicile fictif choisi pour
l’exécution d’un acte. Par exemple : Monsieur Raymond Bongole part en
vacances. Or il doit recevoir des actes relatifs à une succession, il va donc
élire domicile chez un tiers où ces actes pourront être reçus. Le domicile élu
est donc le lieu choisi par une personne pour l’exécution d’un contrat ou
pour l’exécution de divers actes. Il s’agit en d’autres termes d’un domicile
fictif qu'une personne a déclaré choisir pour exercer un acte juridique, par
exemple y recevoir certaines notifications ou significations. On dit dans un
sens analogue, élire domicile, faire élection de domicile en tel endroit, etc. ;
et on appelle par opposition Domicile réel, le lieu où la personne habite
réellement. Le présent article constitue un des nombreux cas où la fiction
juridique intervient pour faciliter certains actes ou certains rapports
sociaux. Une personne peut ainsi tout en ayant un domicile propre, convenir
qu'en vue de l'exécution de certains actes, ceux-ci seront réputés
valablement lui être adressés ou communiqués à l'endroit spécifié. Ceci
constitue en réalité une exception au principe de l'unité du domicile. Aussi,
l'élection de domicile devra-t-elle être stipulée par écrit.

Jurisprudence : Est non fondée la fin de non-recevoir prise de l'absence


d'élection de domicile par la demanderesse et sera reçu le pourvoi formé,
lorsqu'il ressort des pièces du dossier que la demanderesse a effectivement
élu domicile au cabinet de son conseil (Bulletin des arrêts de la Cour

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suprême de justice, janvier 1980 à décembre 1984, p. 319, En cause :


Société Module Zaïre contre Mubalu Kipulu).
Section II. De la résidence
Art. 169. — La résidence est le lieu où une personne a sa demeure
habituelle.
Sous réserve des dispositions de l’article 172, une résidence n’est acquise
que lorsque le séjour doit durer plus d’un mois.
Commentaire : L'article 169 reprend purement et simplement la définition
de l'article 56 du décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou
obligations conventionnelles. L'élément d'habitude est donc important pour
constituer la résidence d'une personne. L'intention de s'installer en
permanence n'est pas nécessairement requise.
Art. 170. — Le lieu où une personne se trouve est censé être sa résidence,
s’il n’est pas prouvé que cette personne a sa résidence en un autre lieu.
Commentaire : Si la résidence fait appel à l'élément d'habitude dans la
demeure, (ce qui ramènerait en quelque sorte à une certaine permanence, on
conviendra que bien souvent dans la réalité, la résidence se confond avec le
lieu où une personne peut simplement se trouver. D'où d'ailleurs la
présomption prévue à l'article 170, à défaut d'autre élément de preuve.
Art. 171. — Une personne peut avoir plusieurs résidences.
Commentaire : Si la résidence peut s'entendre comme le lieu où une
personne se trouve à un moment donné, il est donc possible d'avoir deux ou
plusieurs résidences, contrairement au domicile qui, outre le critère de
permanence, requiert l'intention de s'installer pour une personne. La
possibilité d'avoir plusieurs résidences présente des facilités d'ordre
pratique, notamment de pouvoir en cas d'assignation et de significations
d'actes judiciaires, atteindre plus aisément les destinataires de tels actes. En
effet, on est censé avoir par exemple valablement assigné une personne dès
lors que pareil acte aura été signifié à une des résidences de l'intéressé car
ce dernier est présumé s'y trouver tant qu'il ne sera pas établi qu'il vivait
effectivement ailleurs au moment de la citation.
Art. 172. — Les commerçants ont une résidence au lieu où ils exercent leurs
activités.
Commentaire : En édictant que l'une des résidences des personnes qui
exercent le commerce se trouve au lieu où ils exercent leurs activités,
l'article 172 offre de plus grandes facilités de notifier divers actes judiciaires
à ces personnes.

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CHAPITRE IV
DE L’ABSENCE ET DE LA DISPARITION

Section I. Des généralités


Art. 173. — L’absence est la situation d’une personne disparue de son
domicile ou de sa résidence, sans donner de ses nouvelles et sans avoir
constitué un mandataire général.
Cette personne est réputée vivante pendant un an à partir des dernières
nouvelles positives que l’on a eues de son existence.
Si elle a constitué un mandataire général, la présomption de vie lui est
acquise pendant trois ans.
Le mandataire peut être requis, après six mois à dater des dernières
nouvelles, de dresser inventaire et de faire dresser rapport sur l’état des
immeubles, à la demande des héritiers présomptifs, des parties intéressées ou
à la réquisition du Ministère public.
Commentaire : Dans la définition qui est proposée, deux conditions doivent
nécessairement être réunies pour qu'il y ait absence au sens juridique: d'une
part la disparition de son domicile ou de sa résidence pendant un certain
laps de temps et d'une part n'avoir pas donné de ses nouvelles pendant ce
temps. La situation doit être distinguée selon qu'une personne a disparu de
son domicile ou de sa résidence après avoir ou non désigné un mandataire.
Dans le premier cas, l'intéressé est présumé se trouver en vie pendant un an
à partir des dernières nouvelles. S'il y a eu constitution d'un mandataire
général, la présomption de vie lui est acquise pendant trois ans. On appelle
période de présomption de vie la période pendant laquelle l'absent est
présumé vivant quoiqu'on a pas de ses nouvelles. Toutefois, le mandataire
ou l'administrateur peut être tenu de certaines obligations en vue de garantir
les biens de l'absent ou d'en déterminer la consistance (inventaire et rapport
des immeubles, etc...) après un délai de six mois maximum.
Art. 174. — La présomption de vie est détruite lorsqu’une personne a
disparu dans des circonstances telles que sa mort est certaine bien que son
corps n’ait été retrouvé.
Commentaire : Au sens de cet article, il n'y a plus présomption de vie
lorsque la mort est certaine bien que le corps n'ait pas été trouvé.
Art. 175. — Indépendamment du cas de la disparition prévue à l’article 174,
la présomption de vie est détruite en prouvant que le disparu est décédé à
une époque antérieure; la présomption de mort, par la preuve que l’absent est
décédé à une autre époque ou vivait encore à une époque postérieure.
Commentaire : La présomption de vie prévue à l'article 173 disparaît
lorsqu'il est prouvé que le disparu est décédé à une époque antérieure; la
présomption de mort, par la preuve de mort de l'absent à une autre époque
ou que celui-ci était encore en vie à une époque postérieure.

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Section II. De l’absence

Paragraphe 1er : De la présomption d’absence

Art. 176 : Ancien.


Lorsqu’une personne a quitté sa résidence depuis six mois sans donner de
ses nouvelles et n’a pas constitué de mandataire général, les personnes
intéressées ou le Ministère public peuvent demander au tribunal de grande
instance du dernier domicile ou de la dernière résidence, de nommer un
administrateur de ses biens.
Autant que possible, l’administrateur est choisi parmi les héritiers
présomptifs de l’intéressé.

Art. 176 : Modifié.


Lorsqu’une personne a quitté sa résidence depuis douze mois sans donner
de ses nouvelles et n’a pas constitué de mandataire général, les personnes
intéressées ou le Ministère public peuvent demander au Tribunal de paix du
dernier domicile ou de la dernière résidence, de nommer un administrateur
de ses biens.
Autant que possible, l’administrateur est choisi parmi les héritiers
présomptifs de l’intéressé.
Commentaire : L'article sous examen parle de l'administration des biens
pendant la période où la présomption d'absence joue. Si une personne a
quitté son domicile ou sa résidence depuis un laps de temps sans donner de
nouvelles et n'a pas constitué un mandataire général, le tribunal de paix du
dernier domicile ou de la dernière résidence de l'intéressé peut, à la requête
du ministère public ou de toute partie ayant un intérêt, nommer un
administrateur des biens de la personne présumée absente. Si
l'administrateur sait en effet qu'il pourra recueillir une partie de biens de
l'absent, il mettra tous ses soins à bien les gérer, étant personnellement
intéressé. Les autres héritiers présomptifs en profiteront par voie de
conséquence. Dans la mesure du possible, cet administrateur sera choisi
parmi les successibles de l'intéressé. La modification en 2016 a consisté à
allonger le délai pour solliciter la nomination du mandataire général des
biens du non-présent. Ce délai passe de 6 à 12 mois. Le juge compétent est
désormais le Tribunal de paix et non plus le Tribunal de grande instance.

Art. 177. — Même avant l’expiration du délai de six mois stipulé à l’article
176, un administrateur peut être désigné s’il y a péril en la demeure.
Commentaire : Il pourra être mis fin anticipativement au mandat
conventionnel s'il y a péril en demeure à laisser continuer pareil mandat.
Enfin, le mandataire conventionnel sera soumis, au moment de l'extinction
de sa mission, aux obligations de droit commun du mandat et,
particulièrement, à celle de reddition de compte. Nous constatons que le

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législateur n’a pas pris le soin de modifier l’article 177 qui renvoi à l’article
176 tout en utilisant l’ancien délai de 6 mois et crée ainsi une confusion.

Art. 178. — Les droits et devoirs de l’administrateur se limitent à


l’administration des biens. Il représente l’absent dans les inventaires,
comptes, partages et liquidations où celui-ci serait intéressé.
Il ne peut intenter une action, ni y défendre, sans autorisation de justice.
Commentaire : L'administrateur peut également être tenu à inventaire sous
le contrôle du ministère public ou de son délégué.

Art. 179. — Le tribunal qui nomme l’administrateur peut en même temps lui
imposer les actes conservatoires qu’il jugera utiles pour la sauvegarde de
l’avoir mobilier ou immobilier de l’absent.
Commentaire : Le tribunal qui nomme un administrateur peut en même
temps lui prescrire tout acte tendant à sauvegarder l'avoir tant meuble
qu'immeuble de l'absent.

Art. 180 : Ancien.


L’administrateur doit dresser inventaire de tout le mobilier en présence
du Ministère public ou de son délégué. Il peut demander qu’il soit procédé
par un expert nommé par le tribunal, à la visite des immeubles à l’effet d’en
constater l’état; le rapport est homologué en présence du Ministère public ou
de son délégué; les frais en sont perçus sur les biens de l’absent.
Le mandataire désigné par l’intéressé lui-même peut être requis de
dresser inventaire comme prévu à l’alinéa 3 de l’article 173.

Art. 180 : Modifié.


L’administrateur dresse un inventaire de tout le mobilier en présence du
Ministère public ou de son délégué. Il peut demander qu’il soit procédé par
un expert nommé par le tribunal, à la visite des immeubles à l’effet d’en
constater l’état. Le rapport est homologué en présence du Ministère public
ou de son délégué. Les frais en sont perçus sur les biens de l’absent.
Le mandataire désigné par l’intéressé lui-même peut être requis de
dresser un inventaire comme prévu à l’alinéa 3 de l’article 173 de la présente
loi.
Commentaire : L'administrateur des biens de l'absent peut également être
tenu à inventaire sous le contrôle du ministère public ou de son délégué. La
modification de cet article en 2016 a consisté en un remplacement du groupe
de mots « doit dresser » par « dresse ». La ponctuation est retouchée et la
précision quant à l’article est ajoutée au moyen de l’expression « de la
présente loi ».

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Art. 181. — S’il y a nécessité ou avantage évident à aliéner ou à


hypothéquer les immeubles de l’absent, l’administrateur peut y procéder
avec autorisation de justice.
Le tribunal détermine les conditions dans lesquelles ces actes de
disposition peuvent être accomplis et se fait rendre compte.
Commentaire : Les actes de dispositions éventuelles doivent spécialement
être autorisés par la justice et dans les conditions que le juge précisera.

Art. 182. — Si le tribunal le juge utile, le mandataire ou l’administrateur


donne caution ou cautionnement pour la sûreté de leur administration et pour
garantir la restitution des biens. Il rend chaque année un compte sommaire
au tribunal; il est tenu de rendre un compte définitif à l’absent qui réapparaît
ou aux envoyés en possession.
Commentaire: En vue de garantir l'administration du patrimoine de
l'absent, le tribunal peut décider que les administrateurs et mandataires de
l'absent fourniront, le cas échéant, une caution ou un cautionnement. Il
s'agit là d'une possibilité et non d'une obligation.

Art. 183. — Le Ministère public est spécialement chargé de veiller aux


intérêts de ceux qui sont absents.
Commentaire : De façon générale, le ministère public veille aux intérêts des
personnes déclarées absentes; c'est notamment ainsi que l'inventaire des
biens meubles de l'absent doit être fait en présence du ministère public ou de
son représentant; celui-ci peut demander que le tribunal désigne un expert
en vue de constater l'état des biens etc...(art. 180). Le ministère public
pourrait également demander au tribunal que le mandataire conventionnel
soit déchargé de ses fonctions, ceci se dégageant aussi bien de la présente
disposition que de l'article 177.

Paragraphe 2 : Du jugement déclaratif d’absence

Art. 184. — Le tribunal, en statuant sur la requête en déclaration d’absence


de toute personne intéressée ou du Ministère public, a égard aux motifs de
l’absence et aux causes qui ont pu empêcher d’avoir des nouvelles de la
personne présumée absente.
Commentaire : Le juge dispose d'un pouvoir d'appréciation en vue de
rendre sa décision sur la requête du jugement déclaratif d'absence.

Art. 185 : Ancien.


Pour constater l’absence, le tribunal, après examen des pièces et
documents produits, peut ordonner une enquête.
La requête introductive et le jugement ordonnant l’enquête sont publiés
par les soins du Ministère public dans la presse locale et dans les sous-
régions du domicile et de la résidence si ceux-ci sont distincts l’un de l’autre.

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Art. 185 : Modifié.


Pour constater l’absence, le tribunal, après examen des pièces et
documents produits, peut ordonner une enquête.
La requête introductive et le jugement ordonnant l’enquête sont publiés
par les soins du Ministère public dans la presse locale et dans le territoire ou
la commune du domicile et de la résidence si ceux-ci sont distincts l’un de
l’autre.
Commentaire : Usant de son pouvoir d’appréciation, le juge peut ordonner
une enquête afin d'établir si une personne est encore en vie ou est décédée.
La requête introductive et le jugement ordonnant l'enquête doivent être
publiés par les soins du ministère public dans le ressort du territoire ou de
la commune du dernier domicile de l'absent. Remarquons qu'aucun délai
n'est prévu en vue d'assurer cette publicité, ni le mode selon lequel celle-ci
sera réalisée. Dans cette disposition, est actualisée en 2016 a dénomination
« sous-région » en "territoire ou commune". Le secteur ou la chefferie ne
sont pas inclus.

Art. 186 : Ancien.


Le jugement déclaratif d’absence n’est rendu que six mois après la
requête introductive et sa publication est assurée comme dit à l’article 185.
Copie authentique en est adressée au Journal officiel par le Ministère public
pour publication.

Art. 186 : Modifié.


Le jugement déclaratif d’absence n’est rendu que six mois après la
requête introductive et sa publication est assurée comme dit à l’article
précédent. Copie authentique en est adressée au journal officiel par le
Ministère public pour publication.
Commentaire : Il appartiendra au juge d'indiquer comment rendre publics
la requête et le jugement déclaratif d'absence. Il s'agit des mesures
d'information tendant, pour ce qui est de l'enquête, à provoquer des
renseignements de quiconque aurait des nouvelles sur l'intéressé (sa vie ou
son décès) et d'autre part, à rendre le jugement déclaratif d'absence
opposable erga omnes, dans le second cas. L'article 134 prévoit que le
jugement déclaratif d'absence ne peut intervenir que six mois après la
requête introductive (art. 185). En réalité, ce délai pourrait être allongé du
fait qu'il est prévu que le juge peut ordonner une enquête. La modification
de l'article sous examen en 2016a consisté à remplacer l’article 185 par les
mots « article précédent ».

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Paragraphe 3 : Des effets du jugement déclaratif d’absence

Art. 187. — Les héritiers présomptifs de l’absent, au jour de son départ ou


de ses dernières nouvelles, peuvent, en vertu du jugement qui a déclaré
l’absence, obtenir l’envoi en possession provisoire des biens qui lui
appartenaient au jour de son départ ou de ses dernières nouvelles à charge de
donner caution ou cautionnement éventuel pour la sûreté de leur
administration.
Commentaire : Les héritiers peuvent, en vertu du jugement déclaratif de
décès, obtenir l'envoi en possession provisoire des biens de l'absent. L’envoi
en possession provisoire est une décision judiciaire autorisant une personne
à se mettre de façon provisoire en possession de certains biens ou d’une
universalité. L’envoi en possession provisoire ne confère donc pas de
pouvoirs considérables sur le patrimoine de l’absent : en effet, les héritiers,
les légataires ou le conjoint qui opte pour la continuation du régime
matrimonial ne sont que des dépositaires des biens envoyés en possession
provisoire ; ils ont aussi le droit de les administrer sans les aliéner ou en
disposer. Ils doivent fournir une sureté pour les choses susceptibles de
restitution, et jouir de ces biens en bon père de famille. A ce sujet, le
législateur a estimé nécessaire d’ajouter à la garantie du cautionnement, la
garantie de caution. La garantie réelle est en effet plus stable et partant plus
sure que la garantie personnelle. Le terme ‘‘éventuel’’ employé à l’article
187 CF signifie d’abord que le juge dispose à cet égard d’un large pouvoir
d’appréciation ; ainsi il ne sera pas absolument nécessaire d’exiger caution
ou cautionnement s’il s’agit de petits héritages.
Art. 188. — Lorsque l’absence a été déclarée, le testament, s’il en existe un,
est ouvert et il est procédé à un partage provisoire des biens de l’absent
auxquels participent, à la charge de donner caution ou cautionnement
préalable, les donataires, les légataires et tous ceux qui ont sur les biens de
l’absent des droits subordonnés à la condition de son décès.
Commentaire : Le jugement déclaratif d'absence entraine l'ouverture du
testament de l'absent s'il en existe un ; le partage des biens n'est toutefois
que provisoire. Les personnes qui recueillent l'héritage de l'absent peuvent
éventuellement être obligées par le tribunal, à donner caution ou
cautionnement ou une autre sureté.
Art. 189 : Ancien.
La possession provisoire n’est qu’un dépôt; les envoyés ont les mêmes
droits et les mêmes devoirs que l’administrateur nommé par le tribunal
pendant que la vie est encore présumée. Toutefois, ils ne sont pas tenus de
bonifier les fruits consommés à l’absent qui reparaîtrait et ne lui doivent
compte que du capital et des fruits encore existants.

167
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Art. 189 : Modifié.


La possession provisoire n’est qu’un dépôt ; les envoyés ont les mêmes
droits et les mêmes devoirs que l’administrateur nommé par le tribunal
pendant que la vie est encore présumée.
Toutefois, ils ne sont pas tenus de bonifier les fruits consommés à
l’absent qui réapparaîtrait et ne lui doivent compte que du capital et des
fruits encore existants.
Commentaire : La possession par les héritiers des biens de l'absent n'est
qu'un dépôt dans leur chef; leurs droits et obligations sont donc les mêmes et
sont régis par les dispositions du code civil relatives au dépôt. Comme
l'absent retrouve ses biens dans l'état où ils se trouvent s'il réapparaissait, le
capital seul devra lui être restitué ainsi que des fruits encore existants; ceux
qui administrent les biens de l'absent ne sont pas tenus de bonifier les fruits.
La modification introduite en 2016 a consisté en une sorte de subdivision de
l’article en deux alinéas. Mais en réalité, il n’y a pas de modification.
Art. 190. — Le conjoint survivant peut, s’il opte pour le maintien du régime
matrimonial, empêcher l’envoi provisoire et l’exercice de tous les droits
subordonnés à la condition du décès de l’absent.
Si le conjoint survivant demande la dissolution provisoire du régime
matrimonial, il exerce ses reprises et tous les droits légaux.
Dans l’un ou l’autre cas, il doit donner caution et cautionnement.
La femme, optant pour la continuation provisoire d’un des deux régimes
de communauté, conserve le droit d’y renoncer.
Commentaire : En cas de décès d'un des conjoints, avant la liquidation de la
succession, il y a lieu d'abord de régler celle-ci à partir du régime
matrimonial des biens. Cette raison justifie déjà l'article 190 qui permet au
conjoint survivant de devenir l'administrateur des biens de l'absent. La
deuxième raison est qu'il a plus que n'importe qui, un intérêt à obtenir cette
mission, vu les liens profonds qui l'unissaient à l'époux déclaré absent et à
leurs enfants. Par ailleurs, l'obligation de caution et de cautionnement sera
une sureté suffisante pour les héritiers. Enfin, le denier alinéa, en cas de
régime communautaire soit aux acquêts, soit universel, autorise l'épouse
survivante d'y renoncer ultérieurement, de telle sorte qu'alors, il y aura lieu
de désigner un autre administrateur et, s'il y a testament, d'en opérer le
partage, suivant les règles des articles 187 à 189.
Paragraphe 4 : Du jugement déclaratif de décès et de ses effets
Art. 191 : Ancien.
Lorsque depuis le moment où la présomption de vie a cessé, tel que
précisé aux articles 173 et 174, il s’est écoulé cinq ans de plus sans qu’on ait
reçu aucune nouvelle certaine de la vie de l’absent, il y a présomption de
mort. À la demande des parties intéressées ou du Ministère public, le
tribunal de grande instance du dernier domicile ou de la dernière résidence
de l’absent déclare le décès.

168
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Art. 191 : Modifié.


Lorsque depuis le moment où la présomption de vie a cessé, tel que
précisé aux articles 173 et 174 de la présente loi, il s’est écoulé cinq ans de
plus sans qu’on ait reçu aucune nouvelle certaine de la vie de l’absent, il y a
présomption de mort.
A la demande des parties intéressées ou du Ministère public, le Tribunal
de paix du dernier domicile ou de la dernière résidence de l’absent déclare
le décès.
Commentaire : L'article sous examen a trait à la procédure ; elle est
identique à celle relative au jugement déclaratif d'absence. On se référera
donc aux commentaires des articles 175 et suivants. Une précision a été faite
lors de la réforme de 2016 à propos des articles visés dans cette disposition
par l’ajout du groupe de mots « de la présente loi ». Le juge compétent pour
déclarer le décès est désormais le Tribunal de paix et non plus le Tribunal
de Grande Instance.

Art. 192. — La requête en déclaration de décès s’instruit comme il est dit


aux articles 185 et 186 et comporte la même publicité et les mêmes délais.
Commentaire : L'article 192 prévoit que la requête du jugement déclaratif
de décès s'inscrit de la même manière que le jugement déclaratif d'absence.
Le juge peut ainsi ordonner une enquête s'il estime nécessaire afin d'établir
si l'absent est décédé. La procédure à suivre est la même que celle prévue
aux articles 185 et 186 du Code de la famille s'agissant du jugement
déclaratif d'absence.

Art. 193 Ancien.


Le jugement déclaratif de décès indique le jour à partir duquel l’absent
doit être présumé décédé.
Il vaut acte de décès et doit être transcrit en marge des actes de l’état civil
de l’intéressé conformément aux dispositions de l’article 205.

Art. 193 : Modifié.


Le jugement déclaratif de décès indique le jour à partir duquel l’absent
est présumé décédé.
Il vaut acte de décès et est transcrit en marge des actes de l’état civil de
l’intéressé conformément aux dispositions de l’article 205 de la présente loi.
Commentaire : Le jugement déclaratif de décès vaut acte de décès. Lors de
la réforme de 2016, une précision a été ajoutée sur l’article visé dans la
disposition en ajoutant « de la présente loi ».

Art. 194. — Le jugement déclaratif de décès de l’absent a pour effet


d’ouvrir sa succession. Les héritiers existants à la fin du jour admis comme
celui du décès ont le droit de se partager le patrimoine de l’absent en raison
de leurs droits respectifs conformément au droit successoral.

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Commentaire : Le jugement déclaratif de décès ouvre la succession de


l'absent, les héritiers les plus proches peuvent partager son patrimoine en
raison de leurs droits respectifs et tel que le droit successoral le prévoit.

Art. 195. — Dans le cas où l’absent dont le décès avait été déclaré
réapparaîtrait, les soi-disant héritiers doivent restituer en capital les biens qui
leur ont été attribués et encore existants entre leurs mains.
La personne qui réapparaîtrait conserve cependant un recours contre ses
héritiers ou légataires ainsi que tous ceux qui ont cautionné les engagements,
s’ils ont contrevenu à leurs obligations ou s’ils ont commis une fraude.
Commentaire : Si l'absent réapparaît, ceux qui ont recueilli ses biens sont
tenus de les lui restituer en capital.

Art. 196. — Le jugement déclaratif de décès de l’absent autorise le conjoint


survivant à contracter un nouveau mariage.
Si, depuis la date où il est intervenu et avant la célébration d’un nouveau
mariage, l’absent réapparaît, la faculté prévue à l’alinéa précédent est
réputée non avenue.
Commentaire : A partir du jugement déclaratif de décès, le conjoint
survivant peut se remarier. Dans le même sens lire aussi l'article 539 alinéa
3 du code de la famille.

Paragraphe 5 : Des règles communes aux périodes de l’absence

Art. 197. — L’absent dont le conjoint a contracté une nouvelle union avant
le jugement déclaratif de décès est seul habilité à attaquer ce mariage.
Commentaire : Si l'époux survivant a contracté une nouvelle union avant le
jugement déclaratif de décès, l'époux absent est seul habilité à l'attaquer s'il
réapparaît. On remarquera que le ministère public ne dispose pas ici d’un
même pouvoir en la matière nonobstant le fait que l’ordre public pourrait,
en pareil cas, être également intéressé. Les intérêts privés étant en effet plus
prépondérants que le souci de sauvegarder l’ordre public, il importe que les
époux eux-mêmes se prononcent sur l’opportunité de reprendre la vie
commune ; car si le conjoint a pu contracter un second mariage sans
attendre la dissolution du précédent (laquelle devrait précisément résulter
du jugement déclaratif de décès de l’époux absent), il y a lieu de croire qu’il
s’est produit quelque chose d’anormal. Mais le ministère public est mal venu
d’intervenir en pareil cas et il appartient à l’époux lésé de faire lui-même
valoir ses droits s’il l’estime nécessaire. Ainsi, si par exemple, il accepte de
reprendre la vie commune, cette attitude vaudra pardon à l’égard de l’époux
coupable. En cas de refus, le second mariage considéré comme putatif,
pourra rétroactivement produire ses effets.

170
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Art. 198 : Ancien.


Si le père est absent et qu’il a laissé des enfants mineurs d’un commun
mariage, la mère et un membre de la famille du père absent, désigné par le
tribunal de paix sur proposition du conseil de famille, exercent sur les
enfants tous les attributs de l’autorité parentale, notamment quant à leur
éducation et à l’administration de leurs biens.
Art. 198 : Modifié.
Si l’un des conjoints est absent et qu’il a laissé des enfants mineurs d’un
commun mariage, l’autre conjoint exerce sur les enfants tous les attributs de
l’autorité parentale, notamment quant à leur éducation et à l’administration
de leurs biens, sous réserve du droit de regard d’un membre de la famille de
l’absent désigné par le Tribunal pour enfants, sur proposition du conseil de
famille.
Commentaire : Si l'un des conjoints est absent et qu'il a laissé des enfants
mineurs, l'autre exercera tous les attributs de l'autorité parentale sur les
enfants mineurs issus d’un mariage commun. Cet article a été réformé en
2016. Cette disposition a connu une modification dans le sens de la
suppression de l’allusion au fait que seul le père peut être absent. Le groupe
de mots « si le père est absent » par « si l’un des conjoints est absent ». La
disposition comporte aussi le remplacement de l’ancien régime dans lequel
si la mère se trouvait seule, il fallait lui adjoindre un membre de la famille
du père. Cela a été remplacé par le fait que le conjoint seul présent exerce
tous les attributs de l’autorité parentale avec droit de regard d’un membre
de la famille de l’absent(e). Enfin, c’est le Tribunal pour enfants qui
intervient pour désigner le membre de famille qui a droit de regard sur
l’administration des biens et l’éducation des enfants de l’absent(e).
Art. 199 : Ancien.
Si lors de l’absence du père, la mère était décédée avant le jugement
déclaratif de décès de l’époux absent, la tutelle est décernée à la personne
désignée par le tribunal de paix, sur proposition du conseil de famille.
Art. 199 : Modifié.
Si lors de l’absence d’un conjoint, l’autre décède avant le jugement
déclaratif de décès de l’absent, la tutelle des enfants mineurs est décerné à la
personne désignée par le Tribunal pour enfants, sur proposition du conseil de
famille.
Commentaire : Si l'un des conjoints absent est déclaré décédé et à défaut de
l'autre, la tutelle est déférée aux personnes désignées par le tribunal pour
enfants, sur proposition du conseil de famille. Cet article été modifié en
2016. Comme on le voit, la nouvelle disposition élimine l’allusion d’une
règlementation orientée vers le père. Ainsi est remplacée « l’absence du
père » par « l’absence d’un conjoint ». Le Tribunal pour enfants est
désormais compétent pour désigner un tuteur pour la tutelle des enfants
mineurs de l’absent.

171
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Art. 200 : Ancien.


Si l’absent a laissé des enfants issus d’un premier mariage, le tribunal de
paix leur désigne un tuteur parmi les membres de la famille du père ou, le
cas échéant, de la mère.
Si l’absent a laissé des enfants nés hors mariage qu’il a reconnus, leur
mère exerce sur eux l’autorité parentale avec le concours d’un membre de la
famille de l’absent.
Dans le cas où la mère est décédée, le tribunal de paix leur désigne un
tuteur parmi les membres de la famille du père absent ou de la mère décédée.
Art. 200 : Modifié.
Si l’absent a laissé des enfants issus d’un précédent mariage, le Tribunal
pour enfants leur désigne un tuteur parmi les membres de la famille du père
ou de la mère, sur proposition du conseil de famille.
Si l’absent a laissé des enfants nés hors mariage qu’il a reconnus, l’autre
parent exerce sur eux l’autorité parentale avec le droit de regard d’un
membre de la famille de l’absent désigné par le Tribunal pour enfants, sur
proposition du conseil de famille.
Dans le cas où l’autre parent décède, le Tribunal pour enfants leur
désigne un tuteur parmi les membres de la famille de l’absent ou du parent
décédé.
Commentaire : Cet article organise le sort de l'enfant mineur de l'absent né
du premier lit. En 2016 cet article a été modifié dans le sens de remplacer
« d’un premier mariage » par « précédent mariage » plus réaliste. En plus,
le Tribunal pour enfants est inséré comme tribunal compétent pour désigner
le tuteur des enfants de l’absent. Et désormais, le tuteur peut être choisi dans
la famille du père ou de la mère et non plus du père, à titre principal, et de
la mère, à titre secondaire comme le sous-entendait l’ancienne formulation.
Dans des perspectives égalitaires, est supprimé à l’alinéa 3 « la mère » et
remplacé par « l’autre parent » pour éviter de faire croire que seul le père
peut être absent, ou bien pour éviter de régler différemment la question
lorsque seule la mère est présente en laissant croire qu’elle doit être aidée
par le membre de la famille du père. La disposition connaît le remplacement
des mots « concours d’un membre de la famille de l’absent » par « droit de
regard ». Le membre de la famille de l’absent(e) est désigné par le Tribunal
pour enfants désormais et non plus par le Tribunal de paix.
Art. 201. — Quiconque réclame un droit échu à une personne dont au moins
la présomption d’absence a été judiciairement constatée, doit prouver que
cette personne existait quand le droit a été ouvert.
Commentaire : Cet article rappelle un principe général en matière des
preuves selon lequel, il appartient à celui réclame un droit un droit échu à
une personne dont au moins la présomption d'absence a été judiciairement
constatée, de rapporter la preuve de l'existence de ladite personne au
moment où le droit réclamé s'est ouvert.

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Art. 202. — S’il s’ouvre une succession à laquelle est appelée une personne
dont au moins la présomption d’absence a été judiciairement constatée, elle
est dévolue exclusivement à ceux qui l’auraient recueillie à son défaut. Les
héritiers présents peuvent, le cas échéant, faire constater par le tribunal de
grande instance, contradictoirement avec le Ministère public, que l’existence
de leur cohéritier n’est pas reconnue.
Ceux qui recueillent des biens qui devaient revenir à l’absent sont tenus
de dresser inventaire et de donner caution ou cautionnement préalable. Les
sûretés présentes prennent fin après l’expiration d’un délai de huit ans.
Commentaire : Les dispositions de cet article tendent à éviter de tenir trop
longtemps en suspens les droits et intérêts des personnes en cas d’absence
de leur auteur. Ainsi, s’il s’ouvre une succession à laquelle est appelée une
personne dont au moins la présomption d’absence a judiciairement été
constatée, elle est dévolue sans tenir compte de cette personne. La preuve du
fait de l’absence ou de la présomption de décès devra évidemment être
établie. Les biens recueillis doivent être éventuellement garantis par le dépôt
d’une caution ou d’un cautionnement. Cependant, afin d’éviter une certaine
main-morte sur les biens offerts en garantie de l’administration du
patrimoine de l’absent, ce même article prévoit que les sûretés précitées
prennent fin après huit ans.

Art. 203. — Tant que l’absent ne réapparaît pas ou que les actions ne sont
point exercées de son chef, ceux qui ont recueilli sa succession gagnent les
fruits par eux perçus de bonne foi.
Commentaire : Cet article est à prendre en considération avec ce que
stipule l’article 195. Celui-ci dispose en effet que si l’absent réapparait
après le jugement déclaratif de décès, le soi-disant héritier qui, par le fait
dudit mariage, avait recueilli ses biens, doit les lui restituer uniquement en
capital. Il s’ensuit que ceux qui ont recueilli la succession de l’intéressé qui
réapparait, gardent les fruits perçus de bonne foi

Art. 204. — Les dispositions des deux articles précédents s’appliquent sans
préjudice des actions en pétition d’hérédité et d’autres droits, lesquels
compètent à l’absent ou à ses représentants ou ayants cause et ne s’éteignent
que par prescription.
Commentaire : L'absent qui réapparaît après le jugement déclaratif de
décès peut assigner ceux qui ont été chargés de l'administration de son
patrimoine ou ont recueillis son patrimoine, sur base de l'article 258 du
Code civil livre III si un préjudice lui a été causé; il peut en outre réclamer
tous les droits qui doivent lui revenir et qui ne seraient pas encore prescrits.

173
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Art. 205 : Ancien.


Les jugements déclaratifs d’absence ou de décès sont transcrits dans le
mois par les soins du Ministère public, en marge des actes de l’état civil à la
sous-région dans laquelle l’intéressé avait son dernier domicile ou sa
dernière résidence, ou à la zone pour la ville de Kinshasa.

Art. 205 : Modifié.


Les jugements déclaratifs d’absence ou de décès sont transcrits dans le
mois par les soins du Ministère public, en marge des actes de l’état civil de
la commune, du secteur ou de la chefferie dans laquelle l’intéressé avait son
dernier domicile ou sa dernière résidence.
Commentaire : Cet article prescrit au ministère public de veiller à la
transcription des jugements déclaratifs d'absence ou de décès. Cette
obligation doit s'accomplir dans le mois, en marge des actes de l'état civil
dans laquelle l'intéressé avait son dernier domicile ou sa dernière résidence.
Avec la réforme de 2016 la disposition a connu une actualisation des
concepts (sous-région : commune, secteur ou chefferie). Est supprimée « la
ville de Kinshasa ».

Section III. De la disparition

Art. 206 : Ancien.


La constatation de la disparition en tant qu’acte de l’état civil est
réglementée par les articles 142 à 147 du chapitre II relatif aux actes de l’état
civil.

Art. 206 : Modifié.


La constatation de la disparition en tant qu’acte de l’état civil est
réglementée par les dispositions des articles 142 à 147 du chapitre II de la
présente loi relatif à l’état civil.
Commentaire : L'article 206 renvoie aux articles 142 à 147 s'agissant de la
constatation de la disparition comme cet de l'état civil. Cette disposition a
été réécrite lors de la réforme de 2016 et connait l’ajout du groupe de mots
« dispositions des articles » et « de la présente loi » aux articles cités dans
la disposition.

Art. 207. — Les dispositions des articles 194 à 205 sont d’application à
l’égard des personnes disparues déclarées décédées par jugement.
Commentaire : Selon cet article, les dispositions des articles 194 à 205 sont
d'application à l'égard des personnes disparues. Ces articles (194 à 205)
traitent des problèmes successoraux du conjoint survivant de l'absent et de
la tutelle de ses enfants mineurs.

174
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Art. 208 : Ancien.


Si une succession à laquelle la personne disparue déclarée décédée serait
appelée si elle était en vie, s’ouvre après la date fixée pour sa disparition par
le jugement déclarant le décès, elle est dévolue sans tenir compte de la part
qui lui aurait été attribuée.

Art. 208 : Modifié.


Si une succession à laquelle la personne disparue déclarée décédée serait
appelée si elle était en vie s’ouvre après la date fixée pour sa disparition par
le jugement déclarant le décès, elle est dévolue en tenant compte de la part
qui lui aurait été attribuée.
Commentaire : La dévolution de la succession du disparu est dévolue en
tenant compte de la part du disparu. La modification de cet article en 2016 a
consisté au remplacement de « sans tenir compte » par « en tenant compte »
plus compréhensible dans le contexte de la disposition. La Commission
explique que cette modification visait à rendre la disposition conforme aux
articles 758 et 759.

Art. 209. — Avant que n’intervienne à l’égard d’une personne dont la


disparition paraît certaine le jugement déclarant le décès, le tribunal peut, à
la requête du Ministère public ou des personnes intéressées, désigner un
administrateur provisoire du patrimoine du disparu, si possible parmi les
héritiers présomptifs.
Les dispositions des articles 177 à 183 et 197 à 205 relatifs à l’absence
sont applicables.
Commentaire : Cet article donne la possibilité au juge de désigner un
administrateur provisoire des biens du disparu avant tout jugement
déclarant le décès de ce dernier. A l'alinéa 2 le législateur cite les articles
177 à 183 qui régissent l'administration des biens pendant la période de
présomption d'absence comme devant s'appliquer dans la période antérieure
à la décision déclarant le décès. Enfin, le législateur précise que les articles
197 à 205 déjà cités à l'article 207 comme devant être d'application en cas
de disparition déclarée par jugement, le sont également avant jugement.

Art. 210. — Dans le cas où la personne disparue dont le décès avait été
déclaré, réapparaîtrait, les soi-disant héritiers doivent restituer en capital les
biens qui leur ont été attribués et encore existants entre leurs mains. La
personne qui réapparaît conserve cependant un recours contre ses héritiers
ou légataires ainsi que tous ceux qui ont cautionné les engagements, s’ils ont
contrevenu à leurs obligations ou s’ils ont commis une fraude.
Commentaire : Etant donné que s'agissant de la disparition tout est centré
sur la quasi-certitude du décès, il y a lieu de ne pas trop porter atteinte aux
situations acquises lorsque la personne considérée ou déclarée disparue
revenait. Dans ce cas, la bonne foi de ceux qui ont pu soit administrer les

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biens de l'intéressé, soit recueillir une partie de son patrimoine, ne peut être
mise en doute. Puisqu'il y a, par hypothèse, certitude sur la mort, s'il y a des
actes de disposition accomplis postérieurement au jugement déclarant le
décès de l'intéressé, le disparu qui néanmoins réapparaît ne pourra que se
contenter de ce qu'il va trouver entre les mains de ses héritiers. Il ne pourra
dès lors pas être question de leur réclamer de restituer les fruits par eux
perçus. Toutefois, s'ils ont contrevenu à leurs engagements de
cautionnement ou ont commis une fraude, le disparu qui réapparaît aura
droit, sur base de ce manquement à réclamer en justice ce qui lui est dû, ceci
n'étant que le rappel des principes généraux.

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TITRE II
DE LA CAPACITÉ

CHAPITRE Ier
DES PRINCIPES GÉNÉRAUX

Art. 211 : Ancien.


Sauf les exceptions établies par la loi, toute personne jouit des droits
civils depuis sa conception, à condition qu’elle naisse vivante.

Art. 211 : Modifié.


Sauf les exceptions établies par la loi, toute personne jouit des droits
civils depuis sa conception.
Commentaire : Cet article consacre une fiction issue du droit romain (infans
conceptus pro nato habetur quoties de commodies jus agitur). Selon cette
fiction lorsque l’enfant est simplement conçu, il est susceptible de recueillir
des droits, on peut le considérer comme ayant acquis la personnalité civile
dès sa conception. Ainsi par exemple, un mari qui décède pendant la
grossesse de son épouse possède un héritier (supplémentaire) de la première
catégorie. Elle est consacrée dans l’article 211 du Code de la famille.
L’ancienne formulation de cet article prévoyait que ‘‘Sauf les exceptions
établies par la loi, toute personne jouit des droits civils depuis sa
conception, à condition qu’elle naisse vivante’’. Cet article a été modifié par
la loi n° 16/008 du 15 juillet 2016. Cet article se lit désormais comme suit :
‘‘Sauf les exceptions établies par la loi, toute personne jouit des droits civils
depuis sa conception’’. Comme on peut le remarquer, le législateur a
supprimé, in fine, le bout de phrase ‘‘à condition qu’elle naisse vivante’’
parce que toute personne jouit des droits civils dès sa conception ; c’est leur
exercice qui exige la naissance préalable. En outre, tel qu’il était libellé,
l’ancien article 211 paraissait contradictoire tant avec la Constitution,
qu’avec la loi portant protection de l’enfant et le Code pénal qui répriment
l’avortement.
Contra : Il n’est pas exact d’affirmer qu’en droit positif congolais la
naissance vivante soit, depuis la réforme de 2016, une condition pour jouir
des droits civils, notamment des droits successoraux. En ce sens, H.F.
Mupila Ndjike & C. Wasengwa N’songo, Code de la famille modifié,
complété et annoté, Pax Congo Editions Universitaires, Kinshasa, 2017, p.
156.

Art. 212. — Toute personne capable peut exercer ses droits civils
conformément à la loi ou à la coutume, sauf les exceptions établies par la loi.
Commentaire : L'article 212 établit que toute personne peut exercer ses
propres droits à condition qu'elle en soit capable. Cet article établit par le
grand principe selon lequel la capacité d'exercice est la règle et l'incapacité

177
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l'exception. De plus, l'allusion à la coutume dans cet article indique qu'en


cette matière la coutume peut encore s'appliquer lorsqu'elle n'est pas
contraire à la loi.
Art. 213. — La capacité des personnes morales est réglée par les
dispositions qui les concernent.
Commentaire : L'article 213 limite le domaine de la loi à la capacité des
personnes physiques. La capacité des personnes morales sera traitée
ailleurs.
Art. 214. — L’incapacité juridique organisée par la présente loi n’affecte
pas la responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle de la personne, si elle a
le discernement.
Commentaire : Cet article pose comme principe que le régime de
l'incapacité organisé par le présente code ne vise que les actes juridiques et
non pas la responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle qui exigent le
discernement. Les principes généraux de la capacité délictuelle seront en
effet traités ailleurs.
Art. 215 : Ancien.
Sont incapables aux termes de la loi :
1. les mineurs ;
2. les majeurs aliénés interdits ;
3. les majeurs faibles d’esprit, prodigues, affaiblis par l’âge ou infirmes
placés sous curatelle.
La capacité de la femme mariée trouve certaines limites conformément à
la présente loi.
Art. 215 : Modifié.
Sont incapables aux termes de la loi :
1. les mineurs ;
2. les majeurs aliénés interdits ;
3. les majeurs faibles d’esprit, prodigues, affaiblis par l’âge ou infirmes
placés sous curatelle.
Commentaire : Deux tendances marquaient, en droit congolais, la
controverse sur la capacité juridique de la femme mariée dans le Code de la
famille. La première, apparemment dominante, soutient la thèse de
l’incapacité juridique de la femme mariée33, tandis que la seconde,

33
IDZUMBUIR ASSOP, ‘‘Le système onusien de protection des droits de l’homme : les
groupes nécessitant une protection spéciale : cas des femmes et des enfants’’, in Actes des
journées de formation à l’occasion du cinquantenaire de la DUDH, 1998, p. 199 ; E.
MWANZO idin’ AMINYE, Cours de droit civil. Les personnes, ULK-UPC-UK-
UNIMBA-UNIGOM, 2011, p. 123 ; MUKADI BONYI, Droit du travail, CRDS, 2008,
pp.166-167 ; BOMPAKA NKEYI, Cours de droit civil. Les personnes, UNIKIN, p. 56 ;
KUMBU KI NGIMBI, ‘‘Le silence coupable’’, in Afrique Espérance n° 2, février-mai

178
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minoritaire, préconise la totale capacité juridique de cette dernière34. Pour


une doctrine, en effet, la femme mariée congolaise était bel et bien
incapable en droit. Les dispositions qui consacraient cette incapacité étaient
les articles 448 et 450 du Code de la famille, aujourd’hui abrogées, qui
disposaient respectivement que ‘‘la femme doit obtenir l’autorisation de son
mari pour tous les actes juridiques dans lesquels elle s’oblige à une
prestation qu’elle doit effectuer en personne’’ et ‘‘…, la femme mariée ne
peut ester en justice, acquérir, aliéner ou s’obliger sans l’autorisation de
son mari. …L’autorisation du mari pouvait être générale, mais il conservait
toujours le droit de la révoquer’’. Plus que tout autre, l’article 448
constituait pour l’homme une arme redoutable qui lui permettait de garder
la femme sous son emprise et asseoir ainsi son autorité. Cet article
consacrait la prédominance de l’homme dans le mariage. Cette
prédominance allait de pair avec la restriction des droits de la femme
mariée. Les articles 448 et 450 étaient renforcés par d’autres dispositions du
même Code, également aujourd’hui abrogés, consacrant l’infériorité de la
femme mariée tels que l’article 444 (« la femme doit obéissance à son
mari ») et l’article 454 (« l’épouse est obligée d’habiter avec son mari et de
le suivre partout où il juge à propos de résider »). Pour une autre doctrine,
la femme mariée congolaise était capable car l’article 215 du Code de la
famille ne la citait pas expressément parmi les incapables mais disait
seulement que sa capacité était limitée durant le mariage d’une part et
d’autre part, les articles 448 et 450 du même Code étaient clairement en
contradiction avec l’article 12 et 14 de la Constitution et certaines normes
internationales, lesquelles devraient théoriquement prévaloir sur les articles
précités du Code de la famille eu égard au principe de la hiérarchie des
normes posé par l’article 214 de la Constitution. Pas plus que la doctrine, la
loi portant Code de la famille apparaissait ambivalente et incohérente sur la
question. Le principal siège de la controverse juridique sur la capacité de la
femme mariée congolaise demeurait principalement les articles 215, 448 et
450 du Code de la famille. Cette controverse était renforcée également par
le fait que dans certains domaines du droit positif congolais le principe de la
capacité ou de l’incapacité de la femme mariée était parfois remis en cause
par ce même législateur. En effet, dans des nombreux domaines de notre
législation, tantôt l’autorisation maritale était exigée par le législateur pour
que la femme pose les actes juridiques, tantôt cette autorisation n’était pas
exigée par ce même législateur non sans soulever des problèmes
d’incohérence et d’ambivalence de notre législation. Il en est notamment
ainsi en matières de l’exercice par la femme mariée d’une profession sous

2003, p. 9 ; LUWENYELA LULE, Droit du travail zaïrois, Kinshasa, ed. Lule, 1989, p.97 ;
LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés, t.1, PUZ, 1999, p. 257-259.
34
Voy. notamment NDOMBA KABEYA, Cours de droit civil. Les personnes, les familles et
les relations familiales, 1ère Partie, VmrPress, 2011, p. 99.

179
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un régime contractuel35, de l’exercice d’une profession libérale36, de l’entrée


de la femme mariée à la carrière d’agents des services publics de l’Etat ou
encore à la carrière académique37. La nouvelle disposition contenue dans la
réforme de 2016 supprime le dernier alinéa de l’article 215. Désormais, la
femme mariée ne doit plus être considérée comme incapable ou, sous
certaines réserves ci-après, comme ayant une capacité limitée. En effet, son
pouvoir d’action demeure toujours limité par la nécessité de l’accord ou de
concertation avec son mari. Et ce dernier est également limité dans les
mêmes conditions (art. 448, 477 et 490 ainsi que 499 notamment). De même,
le maintien de certaines dispositions comme l’article 165 pose des doutes
sur la pleine capacité de la femme mariée puisque ce sont les mineurs et les
majeurs aliénés interdits, donc les incapables, qui ont un domicile légal
auprès de celui qui exercice le pouvoir de représentation sur eux.

35
L’article 6 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant Code du travail, aujourd’hui
modifiée et complétée par la loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 disposait en effet : ‘‘ La
capacité d’une personne d’engager ses services est régie par la loi du pays auquel elle
appartient ou à défaut de nationalité connue, par la loi congolaise’’. Cette disposition
posait donc le principe que la capacité d’une personne d’engager ses services est régie par la
loi du pays auquel elle appartient. Il s’agissait, pour la femme congolaise, de la loi n° 87-
010 du 1er août 1987 portant Code de la famille. Or, l’article 448 du Code de la famille était
libellé comme suit : ‘‘La femme doit juridiquement obtenir l’autorisation de son mari pour
tous les actes juridiques dans lesquels elle s’oblige à une prestation qu’elle doit effectuer en
personne’’. De la combinaison de l’article 6 du nouveau Code du travail et de l’article 448
du Code de la famille, il ressortait clairement que la femme mariée Congolaise ou une
femme apatride devrait obtenir l’autorisation de son mari avant de conclure un contrat de
travail. Le Code du travail avait donc, contre toute attente, renforcé la discrimination à
l’égard de la femme mariée en ce qu’elle devait obtenir au préalable l’autorisation maritale.
36
Les professions d’avocat et de pharmacien sont régies au Congo respectivement par
l’ordonnance-loi n° 79-08 du 28 septembre 1979 et l’ordonnance-loi n° 91-018 du 30 mars
1991. La lecture des conditions générales d’accès à la profession d’avocat reprises aux
articles 7 et 8 de l’ordonnance-loi de 1979 précitée ne mentionne pas l’autorisation maritale.
Ainsi, à l’opposé de la femme commerçante par exemple avant la modification du code de
la famille, une femme mariée qui remplissait lesdites conditions pouvait s’inscrire au
barreau et exercer la profession d’avocat. Il en est de même de la femme mariée
pharmacienne. L’autorisation maritale n’était pas non plus exigée ici par la loi parmi les
conditions pour s’inscrire au tableau de l’ordre des pharmaciens, préalable à tout exercice
de la profession de pharmacien au Congo. Force est donc de constater que pour ces deux
professions libérales l’autorisation maritale n’était pas requise par la loi.
37
La carrière au sein des services publics de l’Etat ou encore la carrière académique sont
toutes, au Congo, des fonctions publiques. La femme mariée désireuse de faire carrière dans
les services publics de l’Etat, devait ‘‘ avoir reçu du conjoint l’autorisation écrite d’exercer
une fonction publique’’. Cependant, à l’égard de la femme qui veut s’engager dans la
carrière académique, une autre fonction publique, le législateur n’avait pas pris la même
attitude. Pour être recrutée dans l’enseignement supérieur et universitaire, il n’était pas
exigé de la femme mariée la production d’une autorisation maritale. C’est ce qui ressort de
la combinaison des articles 7, 36 et 47 du texte de la loi qui organise l’accès à cette carrière.

180
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Art. 216 : Ancien.


Dans tous les cas où les intérêts des père et mère, tuteur ou curateur ou de
leurs parents ou alliés en ligne directe sont en conflit avec les intérêts de
l’incapable, le tribunal de paix désignera un tuteur spécial ou remplira lui-
même cet office.

Art. 216 : Modifié.


Dans tous les cas où les intérêts des père et mère, tuteur ou curateur ou de
leurs parents ou alliés en ligne directe sont en conflit avec les intérêts de
l’incapable, le Tribunal pour enfants ou le Tribunal de paix, selon le cas,
désignera un tuteur spécial ou un curateur spécial.
Commentaire : Le régime des incapables suppose l'intervention de la
personne capable. Si cette intervention est respectée conformément à la loi,
les actes juridiques accomplis par les incapables seront valables. Cela ne
veut pas dire que l'intervention de la personne suppléante n'est pas
respectée, l'acte juridique ne pourra pas être valable. Il est simplement
annulable. On a écarté ici l'intervention du conseil de famille tout
simplement pour éviter d'alourdir la procédure et aussi compte tenu du fait
qu'il ne s'agit ici que d'un seul acte déterminé. Cet article a été modifié en
2016. La nouvelle disposition comporte l’ajout du Tribunal pour enfants
comme étant compétent à désigner un tuteur spécial en cas de conflit
d’intérêt entre l’incapable et ceux qui exercent sur lui l’autorité parentale
ou tutélaire. Le législateur a supprimé la possibilité pour le Tribunal de
remplir l’office de tuteur spécial. Nous pensons que désigner l’Officier du
Ministère Public pour remplir cet office aurait été plus pratique puisque
l’article 68, alinéa 3 de la loi organique sur les juridictions de l’ordre
judiciaire lui donne pour mission d’agir pour les personnes incapables à
agir en justice.

Art. 217. — Les actes accomplis par les incapables en violation des
dispositions de l’article 215 sont nuls de nullité relative.
Commentaire : Les actes irréguliers ne sont donc pas nuls de plein droit. La
nullité doit être demandée en justice. Il s'agira de la nullité relative qui ne
peut être demandée que par la personne lésée.
Jurisprudence : La qualité de mineur ne suffit pas pour faire annuler, sans
distinction, toutes les conventions dans lesquelles le tuteur n'est pas
intervenu ; la loi a voulu seulement, dans les dispositions où elle s'occupe de
l'intérêt du mineur, non pas qu'il ne pût jamais contracter, mais qu'il ne fût
jamais lésé (H. Capitant, F. Ferré et Y. Lequette, Les grands arrêts de la
Jurisprudence civile, Tome 1, 11ème Edition, Dalloz, 2000, p. 286, En cause :
Rovel contre Simon).

181
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Art. 218 : Ancien.


Lorsque le tuteur ou le curateur désigné par le tribunal de paix est
étranger à la famille de la personne protégée, il peut solliciter que sa fonction
soit l’objet d’une indemnité fixée par ordonnance motivée.

Art. 218 : Modifié.


Lorsque le tuteur ou le curateur désigné par le Tribunal pour enfants ou
par le Tribunal de paix, selon le cas, est étranger à la famille de la personne
protégée, il peut solliciter que sa fonction soit l’objet d’une indemnité fixée
par ordonnance motivée.
Commentaire : En principe, les fonctions de curateur et de tuteur sont
gratuites car dans la plupart des cas, elles seront exercées par un membre
de la famille de l'incapable. L'indemnité n'est prévue que lorsque ces
fonctions sont exercées par une personne étrangère à la famille. Encore
cette indemnité n'est pas automatique. Elle n'est accordée qu'à la demande
du curateur ou du tuteur étranger à la famille et de plus, elle est
proportionnée au patrimoine de l'incapable. C'est le tribunal qui évaluera
cette indemnité. La modification de cet article en 2016 a consisté à prévoir
la possibilité que le Tribunal pour enfants intervienne dans la désignation
d’un tuteur.

CHAPITRE II
DES MINEURS

Section I. Des dispositions générales

Art. 219. — Le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas
encore l’âge de dix-huit ans accomplis.
Commentaire : Un mineur est une personne qui n’a pas atteint l’âge de la
majorité légale, soit dix-huit ans en République démocratique du Congo. Le
législateur a voulu faire coïncider la majorité à la majorité politique fixée à
18 ans. Juridiquement, le mineur est une personne à part entière. Comme
telle, le mineur est apte à jouir des droits civils reconnus à tout individu.
Cette capacité de jouissance, dite « capacité civile passive », est entière :
tout mineur peut, comme un majeur, posséder un patrimoine qui lui est
propre, recevoir un héritage, être le bénéficiaire d’une donation. En
revanche, le mineur ne jouit pas de l’exercice des droits civils, soit l’aptitude
à faire produire à ses actes des effets juridiques. Cette capacité d’exercice,
dite « capacité civile active », suppose en effet deux conditions : le
discernement, c’est-à-dire la faculté d’agir raisonnablement, et la majorité
légale, qui s’acquiert à l’âge de dix-huit ans révolus. C’est la raison pour
laquelle le mineur est dit « incapable ». Tous les actes juridiques auquel il
est partie doivent être accomplis par le représentant légal du mineur (père,

182
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mère ou, si le mineur n’a plus de parents vivants, le tuteur). Concrètement,


le mineur ne peut seul, en principe, conclure un contrat ni disposer
librement de son patrimoine.

Art. 220. — L’âge d’un individu est établi conformément aux dispositions
relatives à l’état civil.
Commentaire : Toute question relative à la preuve de l'âge ou à la preuve
contraire est réglée conformément aux dispositions de l'état civil.

Art. 221. — Le mineur est, pour ce qui concerne le gouvernement de sa


personne, placé sous l’autorité des personnes qui exercent sur lui l’autorité
parentale ou tutélaire.
Il est, pour ce qui concerne ses intérêts pécuniaires et l’administration de
ses biens, protégé par les mêmes personnes.
Commentaire : Cet article pose un principe de droit. Il sera précisé par les
dispositions relatives à l'autorité parentale et à la tutelle. Le mot ''protégé"
de l'alinéa 2 couvre à la fois toutes les situations de protection juridique des
incapables c’est-à-dire, la représentation, l’opposition, l'assistance et
l'autorisation.

Section II. De la tutelle des mineurs

Art. 222 : Ancien.


Tout mineur non émancipé n’ayant ni père ou mère pouvant exercer sur
lui l’autorité parentale est pourvu d’un tuteur qui le représente.

Art. 222 : Modifié.


Tout mineur n’ayant ni père ni mère pouvant exercer sur lui l’autorité
parentale est pourvu d’un tuteur qui le représente.
Commentaire : L'article 222 établit que le régime juridique de protection
des mineurs est la représentation. C'est le tuteur qui agira donc au non, pour
le compte et dans l'intérêt exclusif du mineur. Cet article précise par ailleurs
que la tutelle n'est pas ouverte tant que les père et mère exerçant l'autorité
parentale vivent. Il faut cependant souligner deux causes exceptionnelles
d'ouverture de la tutelle du vivant des parents. Ces exceptions sont prévues
aux articles 324 et 325. Il s’agit de l’hypothèse où un parent exerce seul
l’autorité parentale et celle où, en cas de divorce des parents, la garde de
l’enfant est confiée à un tiers. Cet article a été modifié en 2016. La nouvelle
disposition a supprimé le mot « non émancipé » avec comme conséquence,
même le mineur non émancipé demeure sous tutelle et non plus sous
curatelle comme dans l’ancien système.

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Art. 223. — Le tuteur doit être une personne capable.


Commentaire : Ne peut être un tuteur qu'une personne capable en droit.

Art. 224 : Ancien.


Le tuteur est désigné par le tribunal de paix sur proposition du conseil de
famille.
Il est choisi compte tenu de l’intérêt du mineur, soit parmi les plus
proches parents de ce dernier, soit parmi toutes autres personnes susceptibles
de remplir cette fonction.

Art. 224 : Modifié.


Le tuteur est désigné par le Tribunal pour enfants ou par le Tribunal de
paix, selon le cas, sur proposition du conseil de famille.
Il est choisi compte tenu de l’intérêt du mineur, soit parmi les plus
proches parents de ce dernier, soit parmi toutes autres personnes susceptibles
de remplir cette fonction.
Commentaire : Le législateur a préconisé l'intervention d'un conseil de
famille dans la désignation du tuteur. Cette instauration de l'intervention du
conseil de famille consacre l'idée de solidarité bantoue. Ce conseil qui n'agit
qu'à la mort des parents pourra ainsi continuer à veiller aux intérêts du
mineur en désignant un tuteur de son choix. L'on remarquera que le conseil
de famille a un pouvoir de proposition, le tribunal ayant seul le pouvoir de
décision. Cette solution vise à écarter les discussions qui risquent d'être
interminables quant au choix définitif d'un tuteur parmi plusieurs candidats.
Le tribunal choisira un tuteur compte tenu de l'intérêt supérieur du mineur;
ce dire que ce tuteur peut ne pas être choisi parmi les proches du mineur. La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’ajout du Tribunal pour
enfants comme Tribunal également compétent pour désigner un tuteur sur
proposition du conseil de famille. L’on peut se demander dans quel cas le
Tribunal de paix peut être saisi puisque la question traitée ici est celle de la
tutelle des mineurs et non celle des majeurs aliénés interdits. En outre, dans
les dispositions qui suivent, le Tribunal pour enfants est cité fréquemment et
c’est lui qui contrôle les actes du tuteur.

Art. 225. — Le tuteur désigné ne peut refuser cette charge que pour motifs
graves, reconnus suffisants par le tribunal.
Commentaire : L'article 225 signifie que le tuteur désigné devrait accepter
sa mission. C'est la solidarité familiale qui le veut. Le refus doit être motivé
sérieusement. S'il est accepté, le conseil de famille propose un autre tuteur.

Art. 226 : Ancien.


Les père et mère ou le dernier mourant peuvent désigner par testament au
mineur, un tuteur dont le choix doit être confirmé par le tribunal de paix
après avis du conseil de famille.

184
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Art. 226 : Modifié.


Les père et mère ou le conjoint survivant peuvent désigner, par testament,
au profit du mineur, un tuteur dont le choix est confirmé par le Tribunal pour
enfants après avis du conseil de famille.
Commentaire : Il est prévu à l'article 226 un tuteur testamentaire. Dans une
société moderne, les testaments ne sont pas rares. Dans ce cas, le tuteur
testamentaire doit consentir à la tutelle. Et pour préserver éventuellement
les intérêts de la famille, ce tuteur doit être accepté par le conseil de famille. Le
tuteur testamentaire peut aussi être rejeté si l'intérêt de l'enfant l'exige. Cet
article a été modifié en 2016. Dans la nouvelle disposition, est remplacé le
groupe de mots « dernier mourant » par « conjoint survivant ». Le Tribunal
pour enfants est rendu compétent pour confirmer le tuteur testamentaire après
avoir entendu le conseil de famille.
Art. 227. — Le conseil de famille du mineur est composé de parents ou alliés du
père et de la mère, en évitant de laisser une des deux lignes sans représentation.
Les frères et sœurs majeurs du mineur font partie du conseil de famille.
Commentaire : La composition du conseil de famille du mineur tient compte de
la représentativité de la famille matrilinéaire et patrilinéaire de l'enfant car
chaque ligne est représentée. Le nombre des membres n'a pas été fixé de façon
expresse dans notre texte. On a estimé que ce devrait être une formation
spontanée. Le fonctionnement lui-même n'a pas non plus fait l'objet d'une
réglementation détaillée. On a voulu laisser fonctionner cette institution de
façon très libre et très souple. On saura spontanément que le conseil n'est pas
régulièrement composé dès que tel ou tel membre influent de la famille sera
absent. Il faut noter par ailleurs que dans un souci de souplesse, l’on n’a pas
opté pour une composition permanente du conseil de famille. Ce dernier doit
surtout être considéré comme une ''simple réunion" de famille dont d'ailleurs les
membres peuvent varier. Notons également que les frères et sœurs ont été
prévus d'office pour faire partie de conseil de famille, car ils sont censés mieux
défendre les intérêts des mineurs.
Art. 228. — Le conseil de famille se réunit toutes les fois que l’exige l’intérêt
du mineur.
Commentaire : Le conseil de famille se réunit chaque fois que l'intérêt de
l'enfant l'exige.
Art. 229. — Au tuteur appartiennent la garde du mineur, le soin de son
éducation et la gestion de ses biens.
Le juge peut, soit dans l’acte de nomination, soit par un acte postérieur,
décharger le tuteur de la garde du mineur qui est alors confiée à une
personne ou une institution qu’il désigne, le conseil de famille entendu, et
dont les responsables doivent rendre compte au tuteur, chaque fois que celui-
ci l’exige.
Commentaire : Cet article détermine les attributions et pouvoirs du tuteur.

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Art. 230. — Le tuteur rend annuellement compte de sa mission au conseil de


famille qui peut, chaque fois que de besoin, lui réclamer des justifications
sur l’accomplissement de sa mission.
Le tuteur consulte le conseil de famille chaque fois que l’exige l’intérêt
du mineur.
Commentaire : Il est fait obligation au tuteur de faire annuellement rapport
de sa mission au conseil de famille.

Art. 231 : Ancien.


Le tuteur ne peut ni faire voyager le mineur plus de trois mois hors du
territoire national, ni l’émanciper, ni encore passer pour ses biens aucun acte
excédant la simple administration, sans l’autorisation du tribunal de paix, le
conseil de famille entendu.

Art. 231 : Modifié.


Le tuteur ne peut ni faire voyager le mineur plus de trois mois hors du
territoire national, encore moins passer pour ses biens aucun acte excédant la
simple administration, sans l’autorisation du Tribunal pour enfants, le
conseil de famille entendu.
Commentaire : L'article 231 détermine les actes interdits au tuteur. Le
tuteur ne peut ni faire voyager le mineur plus de trois mois hors du territoire
national encore moins passer pour ses biens aucun acte excédant la simple
administration, sans l’autorisation du tribunal pour enfants, le conseil de
famille entendu. Le pouvoir de simple administration oblige celui qui détient
un bien à faire tous les actes nécessaires à la conservation de ce bien ou au
maintien de l’usage auquel il est normalement destiné. Le tuteur doit alors
agir dans le but de conserver et de maintenir la valeur des biens du mineur.
Le tuteur ne peut donc disposer des biens du mineur sans avoir obtenu
l’autorisation prescrite par la loi. Il faut ajouter aussi l'interdiction prévue à
l'article 320 qui interdit au tuteur de déléguer l’autorité parentale lui
confiée par la tutelle.La modification de cet article en 2016 a consisté en la
suppression de l’interdiction d’émanciper le pupille. Le Tribunal pour
enfants est rendu compétent pour contrôler les actes passés sur les biens du
pupille.

Art. 232. — Le tuteur est responsable de sa gestion. Il en est comptable


envers le mineur devenu majeur ou envers ses héritiers, si celui- ci meurt
avant sa majorité.
Commentaire : Le tuteur est responsable de sa gestion vis-à-vis du mineur
ou des héritiers du mineur si le mineur décédait avant sa minorité.

Art. 233 : Ancien.


Le tuteur, en entrant en fonction, dresse contradictoirement avec le
Ministère public, en présence d’un membre de la famille du mineur, désigné

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par le tribunal, sur proposition du conseil de famille, un inventaire des biens


du mineur.
Cet inventaire reste déposé au greffe du tribunal de paix jusqu’à la fin de
la tutelle.
Si l’état des biens du mineur vient à se modifier au cours de la tutelle, des
inventaires complémentaires doivent être annexés au premier.

Art. 233 : Modifié.


Le tuteur, en entrant en fonction, dresse contradictoirement avec le
Ministère public, en présence d’un membre de la famille du mineur, désigné
par le Tribunal pour enfants, sur proposition du conseil de famille, un
inventaire des biens du mineur.
Cet inventaire est gardé au greffe du Tribunal pour enfants jusqu’à la fin
de la tutelle.
Si l’état des biens du mineur vient à se modifier au cours de la tutelle, des
inventaires complémentaires sont annexés au premier.
Commentaire : Cet article est relatif à l'inventaire à l'estimation des biens
du mineur avant l'entrée en fonction du tuteur. Cet inventaire a lieu en
présence du Ministère public. La modification de cet article en en 2016 a
consisté à intégrer le Tribunal pour enfants dont le greffe est désigné pour
garder l’inventaire des biens du pupille avant l’entrée en fonction du tuteur.

Art. 234 : Ancien.


Le compte complet de gestion doit être dressé par le tuteur à sa sortie de
fonction ou par ses héritiers, s’il meurt en fonction.
Le compte est approuvé, soit par le mineur devenu majeur ou émancipé,
soit par le tribunal si le pupille est encore mineur et non émancipé. Le tuteur
ou ses héritiers ont trois mois pour dresser le compte.
L’approbation qui est donnée ne devient définitive à l’égard du mineur ou
de ses ayants droit que six mois après la reddition du compte.

Art. 234 : Modifié.


Le compte complet de gestion est dressé par le tuteur, dans les trois mois,
à sa sortie de fonction ou par ses héritiers, s’il meurt en fonction.
Le compte est approuvé, soit par le mineur devenu majeur ou émancipé
soit par le tribunal si le pupille est encore mineur.
L’approbation qui est donnée ne devient définitive à l’égard du mineur ou
de ses ayants droit que six mois après la reddition du compte.
Commentaire : Dans les trois mois de sa sortie de fonction, le tuteur ou ses
héritiers, si le tuteur mourrait en fonction, il est fait le compte complet de la
gestion du tuteur. Le mineur est approuvé par le mineur devenu majeur ou
parle tribunal, s'il est encore mineur. L'approbation devient définitive six
mois après la reddition de compte. La modification de cet article en 2016 a
consisté à réécrire la disposition en plaçant l’indication quant au délai pour

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rendre compte à l’alinéa 1er et en supprimant le mot « non émancipé » à


l’alinéa 2 puisque désormais l’émancipation n’emporte plus cessation de la
tutelle.

Art. 235. — Toute prescription est suspendue pendant la minorité.


Les actions du mineur contre son tuteur relativement aux faits de la
tutelle se prescrivent par dix ans à compter de la fin de celle-ci.
Commentaire : La prescription est un principe général de droit qui désigne
la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n'est plus
recevable. En conséquence, la prescription est un mode légal d'acquisition
ou d'extinction de droits par le simple fait de leur possession pendant une
certaine durée. Elle peut porter sur des droits réels ou personnels, mobiliers
ou immobiliers. La prescription ne s'applique ni au domaine public
domaine, ni aux dispositions des lois d’ordre public. Pour cette raison, les
lois qui ne sont plus appliquées ne sont jamais abolies par désuétude. En
matière civile, la durée de prescription de droit commun est en principe de
30 ans (art. 647 CCLIII). Le délai de prescription court à partir du jour où
le titulaire d’un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant
de l’exercer. En ce qui concerne le mineur, l’article 235 prévoit que le point
de départ du délai de prescription est la majorité de l’enfant. Donc la
prescription est suspendue pendant la minorité de l’enfant et elle ne
commence à courir qu’à la majorité. Il s’agit de l’application de l’article
643 du CCLIII. Ainsi, les actions du mineur contre son tuteur relativement
aux faits de la tutelle se prescrivent par dix ans à compter de cette majorité.

Art. 236 : Ancien.


La tutelle ordinaire prend fin à la majorité ou à l’émancipation du mineur.
Sur décision du tribunal saisi par le conseil de famille ou par le Ministère
public, le tuteur peut être déchargé de la tutelle du mineur lorsqu’il s’est
compromis gravement dans l’exercice de sa fonction de tutelle ou lorsqu’il a
fait l’objet d’une condamnation judiciaire devenue définitive à la suite d’une
infraction qui porte atteinte à l’honneur et à la dignité de sa fonction de
tuteur.

Art. 236 : Modifié.


La tutelle ordinaire prend fin à la majorité.
Sur décision du tribunal saisi par un membre du conseil de famille
dument mandaté ou par le Ministère public, le tuteur peut être déchargé de la
tutelle du mineur lorsqu’il s’est compromis gravement dans l’exercice de sa
fonction de tuteur ou lorsqu’il a fait l’objet d’une condamnation judiciaire
devenue définitive à la suite d’une infraction qui porte atteinte à l’honneur et
à la dignité de sa fonction de tuteur.
Commentaire : Cet article organise la cause de cessation de la tutelle
ordinaire : c'est à la majorité de l'enfant. La modification de cet article en

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2016 a consisté en la suppression de l’émancipation comme cause de


cessation de la tutelle ordinaire. La fin de la tutelle peut être provoquée
lorsque le tuteur est déchargé de sa fonction à la demande du conseil de
famille ou de l’Officier du Ministère Public. La nouvelle formulation
remplace la saisine par « le conseil de famille » par une « saisine par un
membre du conseil de famille ». Donc, contrairement à l’ancienne
formulation, le conseil de famille ne peut pas saisir le Tribunal, c’est plutôt
un membre de ce conseil qui peut saisir le tribunal.

Section III. De la tutelle de l’État

Paragraphe 1er : Des principes fondamentaux


Art. 237. — La tutelle de certains mineurs est déférée à l’État.
Ces mineurs sont appelés pupilles de l’État.
Commentaire : Cette disposition consacre le principe même de la tutelle
déférée à la puissance étatique. Elle propose l'appellation de "pupilles de
l'Etat".
Art. 238. — Sauf les dérogations prévues par la loi, la capacité des pupilles
de l’État est régie par les règles ordinaires de la capacité.
Commentaire : Cette disposition est l'une des plus importantes du texte :
elle prévoit que les règles sur la capacité s'appliquent aux pupilles de l'Etat,
sauf dérogation expresse au texte sur la tutelle de l'Etat. Ce principe est
précisé tant par les dispositions qui précèdent que par celles qui suivent (cfr.
l'article 246 qui précise que les attributions du tuteur délégué et du conseil
de tutelle sont respectivement celles du tuteur ordinaire et du conseil de
famille). Cette disposition a par exemple pour effet que le pupille de l'Etat de
vient majeur au même âge que le mineur ordinaire, que les pupilles de l'Etat
ont la même capacité de jouissance que les autres mineurs, que pendant leur
minorité les prescriptions ont suspendues, qu'ils peuvent être émancipés, que
les actes qu'ils posent en violation des règles de leur régime 'incapacité sont
susceptibles d'annulation, etc...
Paragraphe 2 : De l’ouverture de la tutelle de l’État

Art. 239. — Les mineurs dont les père et mère sont inconnus, les mineurs
abandonnés, les mineurs orphelins sans famille et, le cas échéant, les
mineurs dont le ou les auteurs sont déchus de l’autorité parentale, sont placés
sous la tutelle de l’État conformément aux dispositions des articles 246 à
275.
Commentaire : Cet article détermine les mineurs qui peuvent être placés
sous la tutelle de l'Etat. Il s'agit des mineurs à père et mère inconnus, des
mineurs abandonnés, des mineurs orphelins sans famille et, le cas échéant,
les mineurs dont le ou les auteurs sont déchus de l'autorité parentale. Les

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articles 240 à 242 pour leur part déterminent ce qu'il faut entendre par ces
différentes catégories d'enfants.

Art. 240. — Sont considérés comme mineurs de père et mère inconnus, les
enfants trouvés ainsi que les mineurs dont la filiation n’est établie envers
aucun de leurs deux auteurs, sauf s’ils ont été adoptés ou s’ils ont un père
juridique.
Commentaire : La notion des père et mère inconnus est une notion
juridique : il s'agit d'enfants dont la filiation n'est juridiquement établie
envers aucun de leurs auteurs, même si par hasard l'un d'eux ou même tous
les deux étaient en fait connus.

Art. 241. — Les enfants trouvés sont ceux qui, nés de père et mère inconnus,
ont été découverts dans un lieu quelconque.
Commentaire : Sont enfants trouvés les enfants recueillis par une personne
quelconque dont il apparaît à un moment donné qu'ils n'ont ni mère ni père
connus.

Art. 242. — Les mineurs abandonnés sont ceux qui, alors que leur filiation est
établie envers leurs père et mère ou envers l’un d’eux, ne sont en fait entretenus
et élevés ni par ceux-ci ou par leurs débiteurs d’aliments, ni par une autre
personne à la décharge de ces derniers.
Commentaire : Doivent également être placés sous la tutelle de l'Etat les
enfants dont la filiation est établie envers l'un de leurs auteurs au moins mais
qui sont abandonnés par ces derniers. On est parti de l'idée qu'un enfant doit
être entretenu et élevé par ses père et ou mère, à défaut d'eux par sa famille (ses
parents et alliés); ce n'est qu'à défaut de représentants de ces deux catégories de
personnes que l'Etat doit intervenir en faveur de l'enfant dont la filiation est
établie et dont les père et mère ou parents et alliés sont peut-être en vie, s'il
apparaît que l'enfant est abandonné. Il importe peu que l'abandon soit
volontaire ou fautif ou qu'il n'est pas dû à la mauvaise volonté des proches de
l'enfant : celui-ci doit être aidé, sans préjudice évidemment des mesures que les
autorités peuvent prendre pour amener les autres et la famille à remplir leurs
devoirs d'aide envers le mineur. La catégorie des enfants abandonnés est donc
constituée par les enfants dont la filiation est établie et dont les auteurs ou
parents et alliés sont en vie, mais qui ont en fait ne sont protégés, entretenus et
élevés par personne, quelle que soit la cause de cette situation.

Art. 243. — Si le manque d’entretien d’un mineur par ses père et mère ou par
l’un d’eux est exclusivement dû au défaut de ressources de ces derniers, ce
mineur ne peut être considéré comme abandonné.
Commentaire : Ne doit pas être considéré comme mineur abandonné et de
surcroît exclu de la tutelle de l'Etat l'enfant dont les manque d'entretien de
père et mère ou de l'un d'eux est dû au défaut de ressources.

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Art. 244. — Les orphelins sans famille sont les mineurs qui n’ont ni père ni
mère, ni aucun parent ou allié connu.
Commentaire : S'agissant des enfants sans famille c'est-à-dire ceux dont les
deux auteurs (ou le seul auteur, si la filiation n'est établie qu'envers un seul
de ses auteurs) sont décédés, en principe, ils seront normalement placés sous
la tutelle d'un allié, ou d'une autre personne. Ils seront entretenus grâce aux
ressources de leurs débiteurs d'aliments s'ils n'ont pas suffisamment de
ressources propres. Mais lorsqu'ils n'ont pas de proches, il y a lieu
d'organiser la tutelle de l'Etat. Pour cette catégorie (orphelins sans père) la
nécessité d'organiser la tutelle de l'Etat paraît évidente.

Art. 245 : Ancien.


Doit être déférée à l’État, la tutelle des mineurs dont le ou les auteurs sont
déchus de l’autorité parentale si personne n’est jugé apte à assumer la tutelle
selon la présente loi.
Le tribunal de paix défère la tutelle à l’État au moment où il prononce la
déchéance de l’autorité parentale ou postérieurement à cette décision, à la
demande de tout intéressé.

Art. 245 : Modifié.


Est déférée à l’Etat la tutelle des mineurs dont le ou les parents sont
déchus de l’autorité parentale, si personne n’est jugé apte à assumer la tutelle
selon la présente loi.
Le tribunal compétent défère la tutelle à l’Etat au moment où il prononce
la déchéance de l’autorité parentale ou postérieurement à cette décision, à la
demande de toute personne intéressée.
Commentaire : S'agissant des mineurs qui perdent juridiquement leurs
auteur parce que ceux-ci sont déchus de l'autorité parentale (ou de ceux qui
perdent leur seul auteur pour la même raison), en principe la tutelle
ordinaire doit être organisée à leur égard. Mais il y a lieu de prévoir
l'organisation de la tutelle de l'Etat, lorsqu'il y a personne qui semble
capable d'assumer la fonction de tuteur ordinaire. Cette disposition a connu
en 2016 une modification de forme. Le verbe « doit être » est simplifié en
« est ». Le mot « auteurs » est remplacé par « parents ». La ponctuation est
également revue. Le Tribunal de paix est remplacé par l’expression
« tribunal compétent ».

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Paragraphe 3 : De l’organisation de la tutelle de l’État

I. Des règles générales

Art. 246 : Ancien.


La tutelle des pupilles de l’État instituée par la loi est exercée par
l’entremise du conseil de tutelle et du tuteur délégué placé sous son contrôle.
Les attributions du conseil de tutelle et du tuteur délégué sont
respectivement celles du conseil de famille et du tuteur dans le cas d’une
tutelle prévue par les dispositions relatives à la capacité, au mariage ainsi
que par les lois particulières, sauf les dérogations résultant des présentes
dispositions organisant la tutelle de l’État.

Art. 246 : Modifié.


La tutelle des pupilles de l’État instituée par la loi est exercée par
l’entremise du conseil de tutelle et du tuteur délégué placé sous son contrôle.
Les attributions du conseil de tutelle et du tuteur délégué sont
respectivement celles du conseil de famille et du tuteur dans le cas d’une
tutelle prévue par les dispositions relatives à la capacité, ainsi que par les lois
particulières, sauf les dérogations résultant des présentes dispositions
organisant la tutelle de l’État.
Commentaire : Cette disposition expose les lignes maitresses du système
proposé : dans chaque cas de tutelle publique, il y aura un tuteur délégué,
qui sera assisté par le conseil de tutelle. Alors qu'il y a un tuteur délégué par
pupille bien sûr, une personne pourra assumer la tutelle de plusieurs
pupilles; l'on pourrait même envisager d'en faire dans certains endroits une
fonction en temps plein, il n'y qu'un seul conseil de famille par ressort
territorial. En outre, le tuteur délégué a en principe toutes les attributions du
tuteur ordinaire, alors que le conseil de tutelle a toutes les attributions du
conseil de famille dans une tutelle ordinaire. Evidemment, le texte
comprendra un grand nombre de dérogations et d'exceptions à cette règle,
mais elle constitue bien le principe qui domine la matière. La règle exprime
d'ailleurs l'une des options fondamentales : organiser la tutelle de l'Etat
dans la mesure du possible par analogie avec la tutelle ordinaire. Cet article
constitue le complément de l'article 238. Mais en même temps il va plus loin,
là où il dispose que le tuteur délégué et le conseil de tutelle exerceront non
seulement les attributions prévues par les dispositions relatives à la
capacité, mais aussi celles prévues ailleurs dans le code de la famille : ainsi
par exemple, le conseil de tutelle devra assumer les fonctions attribues au
conseil de famille dans les dispositions relatives au mariage. La
modification de cet article en 2016 a consisté en la suppression de toute
allusion au mariage du pupille.

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Art. 247 : Ancien.


Les mandats de tuteur délégué et de membre du conseil de tutelle ne sont
pas rémunérés.
Le gouverneur de région ou le gouverneur de la ville de Kinshasa peut
apporter des exceptions à cette règle, compte tenu des possibilités matérielles
et des qualités morales du tuteur délégué qui serait bénéficiaire
d’émoluments.

Art. 247 : Modifié.


Les mandats de tuteur délégué et de membre du conseil de tutelle ne sont
pas rémunérés.
Le Gouverneur de province ou le Gouverneur de la ville de Kinshasa peut
apporter des exceptions à cette règle, compte tenu des possibilités matérielles
et des qualités morales du tuteur délégué qui serait bénéficiaire
d’émoluments à charge de ces entités.
Commentaire : Y a-t-il lieu de rémunérer les mandats de tuteur délégué et
de membre de conseil de tutelle ? En principe, les fonctions de tuteur
délégué et de membre du conseil de tutelle doivent être gratuites. Mais l'on
peut imaginer des situations où l'application rigoureuse de ce principe
conduirait à une injustice ou empêcherait la réalisation d'un progrès dans le
domaine de la tutelle de l'Etat. Supposons par exemple que dans une
agglomération où il y a de nombreux enfants abandonnés, une personne
capable soit disposée à s'occuper d'eux et d'y consacrer une partie
considérable de son temps, dans ce cas, il est souhaitable de la rémunérer;
une décision du gouverneur de province donnera la solution et pourra ainsi
assurer d'équitables émoluments. La modification de cet article en 2016 a
porté sur l’actualisation des dénominations (région : province). La
disposition est réécrite et connaît l’ajout des mots « à charge de ces entités »
(al. 2 in fine).

II. Du tuteur délégué

Art. 248. — Le conseil de tutelle confie l’exercice de la tutelle à une


personne qu’il désigne et qui, après acceptation, prend le nom de tuteur
délégué.
Commentaire : On appellera la personne qui assumera la tutelle du pupille
de l'Etat "tuteur délégué", puisque le véritable tuteur du pupille est l'Etat lui-
même. Cette expression n'est pas neuve : elle fut déjà utilisée dans le décret
de 1952. Le tuteur délégué sera désigné par le conseil de tutelle, et non par
le tribunal pour enfants. Etant donné le rôle actif que le conseil de tutelle
sera appelé à jouer dans les tutelles assumées par l'Etat, il semble
inopportun de prévoir ici, l'intervention du tribunal. Ce serait inutilement
étendre ses tâches. Ainsi, le tribunal pour enfants ne devrait intervenir que
pour confirmer la tutelle de l'Etat dans les cas qui présentent des aspects

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particulièrement délicats (notamment lorsque les père et mère, ou le tuteur


ordinaire demandent au conseil de tutelle l'organisation de la tutelle de
l'Etat alors qu'il y a peut-être des membres de la famille du candidat pupille
qui ne sont pas d'accord avec pareille mesure), ou en cas de litige entre des
particuliers et le conseil. Il a été en outre stipulé que cette désignation doit
être acceptée.

Art. 249. — Le conseil de tutelle peut désigner comme tuteur délégué une
association ou une institution de charité ou d’enseignement dotée de la
personnalité civile.
Le président de la République peut fixer les conditions d’octroi de la
charge de tuteur délégué aux personnes morales.
Commentaire : Souvent, le pupille ne sera pas hébergé par le tuteur
délégué; ce sera même la situation normale : le pupille est confié soit à des
particuliers, soit, le plus souvent, à un établissement officiel ou privé, un
orphelinat, une école, etc... Comment cette situation doit-elle être organisée
juridiquement ? Le tuteur sera-t-il le seul titulaire du droit de garde, ne
déléguerait-il pas la garde matérielle, délégation révocable ad nutum?
Restera-t-il maitre du sort du pupille, pourra-t-il à tout moment décider le
déplacement du pupille ? Ou faut-il plutôt confier la tâche de tuteur délégué
à l'institution qui s'occupe du mineur ? En pratique, il est inopportun d'opter
pour l'un ou l'autre système exclusivement. En effet, il y a des situations où il
sera souhaitable de confier la tutelle à une personne bien distincte de
l'institution à qui la garde matérielle du mineur est confiée. Mais d'un autre
côté, souvent l'institution qui s'occupera en fait du pupille sera tout à fait
apte à se charger de la tutelle. Par conséquent il faut laisser au conseil de
tutelle la possibilité de choisir dans chaque cas la solution la plus adéquate.
Ainsi, les circonstances concrètes détermineront le choix du conseil de
tutelle. En s'inspirant des droits étrangers, la possibilité de désigner une
institution comme tuteur délégué a été reprise avec comme condition
préalable que cette institution soit dotée de la personnalité civile, et avec la
faculté, pour le président de la République, de fixer des conditions
supplémentaires que les institutions devraient remplir pour pouvoir être
reconnues aptes à assurer la fonction de tuteur délégué.

Art. 250. — Lorsqu’une personne morale est désignée comme tuteur


délégué, la fonction est exercée par la direction.
Par procuration écrite, la direction peut autoriser l’un de ses membres à
exercer la fonction envers les pupilles nominativement désignés dans l’acte
d’autorisation.
Commentaire : Lorsqu'une personne morale est désignée comme tuteur
déléguée, des problèmes particuliers peuvent surgir : d'une part, cette
institution doit agir par le truchement de représentants ou d'organes, d'autre
part, l'un des objectifs fondamentaux, à savoir la personnalisation de la

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tutelle de l'Etat, risque de n'est pas être atteint. Pour résoudre ces deux
problèmes l'institution pourra désigner l'un des membres de sa direction
comme étant plus particulièrement chargé d'exercer la fonction du tuteur
délégué.

Art. 251. — Dans tous les cas où les intérêts du tuteur délégué ou de l’un de
ses parents ou alliés en ligne directe sont en conflit avec les intérêts du
mineur, le cas est soumis à l’appréciation du conseil.
Celui-ci peut, s’il y a lieu, désigner un tuteur spécial qui représente le
mineur dans l’acte.
Commentaire : Lorsque les intérêts du tuteur délégué et du pupille sont
contradictoires, il y a lieu de prévoir la possibilité de désigner un tuteur ad
hoc. Dans le cas de pupille de l'Etat, le conseil de tutelle examinera si sa
prise d'une telle mesure s'impose réellement.

Art. 252. — Le conseil confie au tuteur délégué la garde du mineur et le soin


de son éducation.
Il peut aussi désigner au tuteur délégué, la personne ou l’établissement
officiel ou privé qui sera chargé de l’éducation de l’enfant.
Commentaire : Cette disposition applique la règle de droit commun, que le
tuteur délégué exerce l'autorité que la personne du mineur. Quel que soit
l'endroit où le pupille réside en fait, c'est le tuteur qui a la garde juridique
du mineur; il en résulte notamment que le mineur a son domicile chez le
tuteur délégué. On ne confondra pas domicile et résidence. Où résidera le
pupille en fait et qui prendra les décisions à ce sujet? Il en résulte du droit
de garde juridique du tuteur, il a le droit de décider où le tuteur résidera.

Art. 253. — Le mineur ne peut, sans le consentement du conseil de tutelle,


être soustrait à la garde du tuteur délégué.
Toute demande de retrait de la garde est adressée au conseil de tutelle qui
décide en s’inspirant uniquement de l’intérêt de l’enfant.
Commentaire : Cet article pose d'une part le principe selon lequel le tuteur
délégué ne peut être dessaisi de la garde du pupille et d'autre part désigne le
conseil de tutelle comme l'institution compétente pour connaitre en premier
lieu de différents concernant la garde de pupille. Si quelqu'un n'est pas
satisfait de la décision du conseil de tutelle, il lui sera loisible de s'adresser
au juge, en l'occurrence au tribunal pour enfants.

Art. 254. — Lorsqu’en cas d’émancipation, l’ancien tuteur du pupille de


l’État ne peut exercer les fonctions prévues à l’article 283, le conseil de
tutelle nomme un curateur.
De même, le conseil de tutelle nomme le curateur dans l’hypothèse visée
par l’article 293.

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Commentaire : Les institutions relatives à la capacité s'appliquent en


principe au pupille de l'Etat en ce qui concerne son émancipation. Mais
certains aménagements de droit commun s'avèrent indispensables en cas de
tutelle de l'Etat ; voilà l'objet de la présente disposition. Il est proposé dans
le cas où le tribunal pour enfants doit désigner un curateur, cette tâche
incombe plutôt au conseil de tutelle par rapport au pupille de l'Etat.

Art. 255 : Ancien.


Le tuteur délégué veillera à ce que les pupilles de l’État dont l’âge et
l’état de santé le permettent, fassent l’objet d’une adoption sauf lorsque cette
mesure ne paraît pas adaptée à la situation de ces enfants.

Art. 255 : Modifié.


Le tuteur délégué veille à ce que les pupilles de l’Etat dont l’âge et l’état
de santé le permettent, fassent l’objet d’une adoption, sauf lorsque cette
mesure ne paraît pas adaptée à la situation de ces enfants.
Commentaire : On se rappellera que comme option fondamentale le rôle de
l'Etat en matière de tutelle doit être déterminant. Néanmoins l'Etat ne doit
pas intervenir tant que les père et mère ou la famille du mineur peuvent
remplir leurs devoirs. Une application de ce principe consiste à favoriser
l'adoption des enfants qui ont été placé sous la tutelle de l'Etat. Dans cet
article, il est proposé de favoriser l'adoption des pupilles de l'Etat. En effet,
l'adoption constitue, dans les législations modernes, une institution de
protection de la jeunesse, permettant d'accorder une famille aux enfants
abandonnés. La modification de forme de cet article en 2016 a consisté au
remplacement du futur « veillera » au présent « veille ».

Art. 256. — Le conseil détermine les biens, revenus ou salaires du mineur


qui sont confiés au tuteur délégué.
Sauf autorisation expresse du conseil, le tuteur délégué ne peut passer
pour ces biens, revenus ou salaires, aucun acte de disposition.
Les attributions dévolues au tuteur par l’article 232 sont de la compétence
du conseil de tutelle.
Commentaire : Comment régler le problème de la gestion des biens du
pupille? Il apparut opportun de ne pas reprendre telle quelle la solution
adoptée en cas de tutelle ordinaire : en effet, il sera parfois plus intéressant
de faire gérer les biens des pupilles, de façon collective, par le conseil de
tutelle (ou par un de ses proposés), que de laisser la gestion aux divers
tuteurs. C'est pourquoi il incombe au conseil de tutelle de déterminer dans
quelle mesure le tuteur sera chargé de la gestion des biens. Dans la mesure
où le conseil de tutelle se charge de cette question, il l'exercera
conformément à l'article 271. Dans la mesure où le tuteur est gestionnaire
des biens du pupille, il doit obtenir l'autorisation du conseil de tutelle (et
non du tribunal pour enfants), pour les actes de disposition. D'une part, il y

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a parallélisme avec la tutelle ordinaire, d'autre part, il est fait application de


l'idée que le conseil de tutelle remplace normalement le tribunal pour
enfants lorsqu'il s'agit d'une tutelle de l'Etat.

Art. 257. — Par dérogation aux dispositions de l’article 731, le tuteur


délégué n’est pas tenu envers le pupille de l’obligation alimentaire sur son
patrimoine.
Commentaire : Dans des dispositions relatives à la parenté et à l'alliance
(voir supra), conformément aux traditions africaines, le tuteur est considéré
comme débiteur d'aliments de son pupille. Si cette solution est adoptée en
matière de tutelle ordinaire, il faudra cependant prévoir une exception en
matière de tutelle de l'Etat, car il ne serait pas équitable d'imposer cette
obligation au tuteur délégué.

Art. 258. — Le tuteur délégué rend annuellement compte de sa mission au


conseil de tutelle qui peut, chaque fois que de besoin, lui réclamer des
justifications sur l’accomplissement de sa mission.
Le tuteur délégué en réfère au conseil de tutelle chaque fois que l’intérêt
moral ou matériel du mineur l’exige.
Commentaire : Il est obligation au tuteur délégué de faire un rapport annuel
de sa mission au conseil de tutelle. L'alinéa deuxième fait obligation au
tuteur délégué de se référer à tout instant au conseil de tutelle lorsque
l'intérêt du pupille l'exige.

Art. 259. — Le tuteur délégué est responsable de sa gestion. Il en est


comptable envers le conseil, même durant la tutelle. Il dresse avec le conseil,
en entrant en fonction, l’inventaire des biens du mineur dont la gestion lui
est confiée. Cet inventaire reste déposé au siège du conseil jusqu’à la fin de
la tutelle.
Si l’état des biens du mineur confiés au tuteur délégué vient à se modifier
au cours de la tutelle, des inventaires complémentaires doivent être annexés
au premier.
Le compte complet de gestion doit être dressé par le tuteur délégué à sa
sortie de fonction ou par ses héritiers s’il meurt en fonction. Ce compte est
approuvé par le conseil.
Le tuteur délégué ou ses héritiers ont trois mois pour dresser le compte.
L’approbation qui est donnée par le conseil ne devient définitive que six
mois après la reddition du compte.
Commentaire : Cet article est relatif à la responsabilité de la gestion du
tuteur délégué qui est tenu, par lui-même ou par ses héritiers s'il mourrait en
fonction, de dresser le compte complet de cette gestion à la fin de la tutelle.
Ce compte est prouvé par le conseil de tutelle. Cette approbation devient
définitive six mois après la reddition de compte.

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Art. 260. — L’État est responsable de la gestion tutélaire. Il en est


comptable envers le mineur à la fin de la tutelle ou envers les héritiers de
celui-ci. Le conseil de tutelle dresse le compte dans les neuf mois de la fin de
la tutelle. L’approbation du compte de la tutelle ne devient définitive qu’un
an après la reddition de celui-ci.
Commentaire : Cet article rend l'Etat responsable de la gestion tutélaire
tant durant qu'à la fin de la tutelle de l'Etat. Pour cette raison, il doit dresser
compte de sa gestion dans les neuf mois qui suivent la fin de la tutelle de
l'Etat.

Art. 261. — La personne morale désignée comme tuteur délégué et les


membres de sa direction sont tenus personnellement et solidairement de tout
dommage résultant d’une faute dans l’exercice de la tutelle. Un membre de
la direction pourra toutefois se libérer de sa responsabilité en démontrant que
le dommage n’est pas dû à sa faute personnelle.
Lorsque la direction de la personne morale a autorisé un de ses membres
à exercer la tutelle, conformément à l’article 250, il est présumé que le
dommage résulte exclusivement de la faute du membre autorisé.
Commentaire : Lorsqu'une personne morale est désignée comme tuteur
déléguée, des problèmes spéciaux se posent en ce qui concerne sa
responsabilité. Les membres composant cette personne morale sont tenus
solidairement responsable en cas de dommage résultant d'une faute. Un
membre peut toutefois se dédouaner en démontrant que le dommage n'est
pas dû à sa faute personnelle. De même lorsque la direction de la personne
morale a autorisé à un de ses membres à exercer la tutelle, ce dernier est
présumé être responsable de cette faute.

III. Du conseil de tutelle

Art. 262 : Ancien.


II est créé un conseil de tutelle dans chaque zone. Toutefois, le président
de la République peut créer deux ou plusieurs conseils de tutelle par zone ou
au contraire, regrouper deux ou plusieurs zones sous un seul conseil de
tutelle. Il détermine alors la composition de ces conseils par voie
d’ordonnance pouvant déroger au prescrit de l’article 263. Il désigne le
tribunal de paix compétent pour connaître des litiges se rapportant à la tutelle
des pupilles.

Art. 262 : Modifié.


Il est créé un conseil de tutelle dans chaque commune, secteur ou
chefferie. Toutefois, le Gouverneur de province ou de la ville de Kinshasa
peut soit créer deux ou plusieurs conseils de tutelle par territoire ou
commune, soit regrouper deux ou plusieurs communes, secteurs ou
chefferies sous un seul conseil de tutelle. Il détermine alors la composition

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de ces conseils par voie d’arrêté pouvant déroger au prescrit de l’article 263
ci-dessous. Il désigne le Tribunal pour enfants compétent pour connaître des
litiges se rapportant à la tutelle des pupilles.
Commentaire : Cet article détermine les ressorts des conseils de tutelle. Il
s'agit des ressorts de chaque commune, secteur ou chefferie. La modification
de cet article en en 2016 a consisté en une actualisation des concepts (zone :
commune, secteur ou chefferie). La compétence pour créer les conseils de
tutelle passe du Président de la République au Gouverneur de Province. Et
la compétence pour trancher les litiges se rapportant à la tutelle de l’Etat
passe du Tribunal de paix au Tribunal pour enfants.

Art. 263 : Ancien.


Les conseils de tutelle sont composés:
1. du commissaire de zone ou de son remplaçant, président de droit ;
2. d’un représentant de l’autorité judiciaire ;
3. de quatre personnes désignées nominativement par le gouverneur de
province ou par le gouverneur de la ville de Kinshasa, qui peut également
désigner les membres suppléants.
Le mandat des personnes visées au tertio de l’alinéa 1er du présent article
dure aussi longtemps qu’il n’y a pas été mis fin par décision de l’autorité qui
les a désignées.

Art. 263 : Modifié.


Le conseil de tutelle est composé :
1. du Bourgmestre, du chef de secteur ou de chefferie, ou de leur
représentant, président de droit ;
2. d’un officier du Ministère public ou de son représentant ;
3. de cinq personnes ci-après ou leurs suppléants désignés par le
Gouverneur de province ou de la ville de Kinshasa :
- un délégué de la division provinciale en charge de la famille et de
l’enfant ;
- un délégué de la division provinciale en charge des affaires sociales ;
- un délégué de la division provinciale en charge de la justice ;
- un délégué de la confession religieuse la plus représentative du
milieu ;
- un délégué de la Division provinciale de la santé.
Le mandat des personnes visées au point 3 de l’alinéa 1er du présent
article, dure aussi longtemps qu’il n’y a pas été mis fin par décision de
l’autorité qui les a désignées.
Commentaire : Cet article détermine la composition du conseil de tutelle.
La modification de cet article en en 2016 allonge la liste des membres du
Conseil de tutelle au point 3 en donnant la précision quant aux structures
concernées. La liste se veut exhaustive pourtant il y a des structures qui
peuvent aussi intervenir comme celle de l’éducation ou autre. En outre, dans

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le futur une structure supplémentaire peut se créer et devenir pertinente


pour ce genre de travail. C’est pourquoi l’ancienne formulation semblait
plus générale.

Art. 264 : Ancien.


Le conseil de tutelle doit comprendre au moins un membre de sexe
féminin.

Art. 264 : Modifié.


La composition du conseil de tutelle tient compte de la représentativité
homme-femme.
Commentaire : Cet article fait obligation de la présence des membres de
sexe féminin dans la composition du conseil de tutelle. Au lieu de comporter
un membre de sexe féminin, la disposition reformulée en 2016 s’exprime
désormais en termes de « représentativité homme-femme ».

Art. 265 : Ancien.


Le président désigne un secrétaire choisi parmi les agents de
l’administration. Celui-ci est chargé de la rédaction des procès-verbaux des
réunions.
Les procès-verbaux et les autres archives du conseil de tutelle sont
conservés au bureau de la zone.

Art. 265 : Modifié.


Le président du conseil de tutelle désigne un secrétaire choisi parmi les
agents de l’administration. Celui-ci est chargé de la rédaction des procès-
verbaux des réunions.
Les procès-verbaux et les autres archives du conseil de tutelle sont
conservés, selon le cas, au bureau de la commune, du secteur ou de la
chefferie.
Commentaire : Un secrétaire désigné par le président du conseil de tutelle
s'occupe des procès-verbaux des réunions du conseil. Cet article a été
modifié en 2016. Dans cette nouvelle disposition, le législateur ajoute une
précision de mot sur le Président dont il s’agit en disant « le président du
conseil de tutelle ». Mais cette précision n’est pas reprise à l’article 267
plus bas. Est également remplacé le « bureau de zone » par le « bureau de la
commune, du secteur ou de la chefferie ».

Art. 266. — Le conseil se réunit sur convocation de son président au moins


une fois par trimestre.
Il ne peut prendre de décision que si le président et deux membres ou
suppléants sont présents.
Les décisions sont prises à la majorité des voix. En cas de partage, la voix
du président est prépondérante.

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Commentaire : Les réunions du conseil de tutelle se tiennent une fois par


trimestre et les décisions y sont prises à la majorité des voix. En cas
d'égalité, la voix du président est prépondérante.

Art. 267 : Ancien.


Le président peut convoquer à la réunion toute personne qu’il estime utile
d’entendre.

Art. 267 : Modifié.


Le Président peut convoquer à la réunion toute personne qui peut fournir
des informations qu’il estime nécessaires.
Commentaire : Le président peut inviter à la réunion un non-membre si cela
est nécessaire. La modification de cet article en 2016 a consisté en un
remplacement du bout de phrase « toute personne qu’il estime utile
d’entendre » par « qui peut fournir des informations qu’il estime
nécessaires ». C’est une reformulation qui se veut la meilleure. Mais le
législateur n’a pas précisé qu’il s’agit du président du conseil de tutelle
comme c’est le cas à l’a fait à l’article 265 ci-dessus.

Art. 268. — Si le tuteur délégué est choisi parmi les membres du conseil,
seuls les autres membres exercent les pouvoirs de celui-ci à l’égard de la
tutelle confiée au tuteur délégué.
Commentaire : Cet article n'appelle pas de commentaires particuliers et a
pour objectif d'éviter que ce tuteur délégué ne soit dans le cas d'espèce juge
et partie.

Art. 269. — Même s’il n’est pas membre du conseil de tutelle, le tuteur
délégué peut assister aux séances du conseil lorsque celui-ci traite des
affaires concernant son pupille et y est entendu à sa demande.
Commentaire : Cette disposition prévoit que le tuteur peut assister aux
séances du conseil qui concernent son pupille, même si le tuteur n'est pas
membre du conseil; en outre, il peut toujours demander à être entendu par le
conseil. Ainsi, le tuteur pourrait demander l'avis du conseil lorsqu'il l'estime
utile. Cette disposition souligne le fait que le conseil de tutelle n'est pas
privé des attributions consultatives que possède le conseil de famille dans le
cadre de la tutelle ordinaire.
Art. 270. — Sauf dérogation expresse de la loi, le conseil de tutelle exerce,
par rapport au pupille de l’État, toutes les compétences attribuées par les
dispositions relatives à la capacité ainsi que par des lois particulières aux
conseils de famille et aux réunions familiales par rapport au mineur. Le
conseil de tutelle dispose de tous les pouvoirs qui lui permettent d’exercer la
tutelle au mieux des intérêts du mineur.

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Commentaire : Cette disposition prévoit tout d'abord que le conseil de


tutelle a toutes les attributions dont dispose le conseil de famille dans la
tutelle ordinaire, selon les dispositions relatives à la capacité et les autres
lois, sauf dérogation légale contraire. Ces attributions ne sont cependant
exercées que par rapport aux mineurs, comme le dit expressément le texte.
En effet, on imagine mal le conseil de tutelle exercer par exemple des
missions de conciliation lors d'une dispute d'époux dont l'un a été pupille de
l'Etat lorsque ce pupille a atteint l'âge de la majorité. Le deuxième alinéa du
même article contient une clause générale qui permet au conseil d'agir
même lorsque la loi n'a rien prévu en particulier.

Art. 271 : Ancien.


Les biens, revenus ou salaires du mineur qui ne sont pas confiés au tuteur
délégué, sont gérés par le conseil de tutelle. Les dispositions de l’article 229
ne s’appliquent pas.
Le cas échéant, le président de la République impose aux conseils de
tutelle et aux tuteurs délégués la gestion des biens des pupilles de l’État.

Art. 271 : Modifié.


Les biens, revenus ou salaires du mineur qui ne sont pas confiés au tuteur
délégué sont gérés par le conseil de tutelle. Les dispositions de l’article 229
de la présente loi ne s’appliquent pas.
Le Gouverneur de province ou celui de la ville de Kinshasa impose, le
cas échéant, aux conseils de tutelle et aux tuteurs délégués la gestion des
biens des pupilles de l’État.
Commentaire : Plus haut, il est stipulé que le conseil de tutelle décide dans
quelle mesure les biens et revenus du pupille l'Etat seront confiés au tuteur
délégué. Dans la mesure où le conseil préfère gérer lui-même les biens et
revenus, il faut alors prévoir comment il gérera ces biens. Ainsi le conseil
disposera des pleins pouvoirs dans ce domaine, sans devoir s'en référer au
tribunal pour enfants. Il peut être prudent de limiter les possibilités
d'investissement, et en général, de gestion, des biens des pupilles de l'Etat.
Dans ce domaine, on a réservé au Gouverneur de Province ou celui de la
ville de Kinshasa le droit de fixer, le cas échéant, des règles concrètes. Lors
de la réforme de 2016, la disposition a connu un ajout du groupe de mots
« de la présente loi » à l’article qu’il cite. Aussi, le Président de la
République est remplacé par le Gouverneur de Province pour ce qui est de
la gestion des biens des pupilles de l’Etat.

Art. 272 : Ancien.


Pour chacun des pupilles de l’État, le conseil établira un dossier
comportant notamment :
1. les pièces d’identité du pupille ;
2. la copie des décisions et jugements intervenus à son égard ;

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3. la décision du conseil nommant le tuteur délégué ;


4. l’indication de l’établissement où il a été placé, les résultats scolaires et
professionnels obtenus ;
5. éventuellement, le document mentionné à l’article 250 ;
6. l’inventaire des biens lors de l’ouverture de la tutelle et le compte
complet de la gestion ;
7. les rapports annuels du tuteur délégué et au besoin des extraits des
rapports annuels prévus au second alinéa de l’article 275 ;
8. la correspondance et tous autres documents intéressant le pupille.

Art. 272 : Modifié.


Pour chacun des pupilles de l’État, le conseil établit un dossier
comportant notamment :
1. les pièces d’identité ;
2. la copie des décisions et jugements intervenus à son égard ;
3. la décision du conseil nommant le tuteur délégué ;
4. l’indication de l’établissement où il a été placé, les résultats scolaires et
professionnels obtenus ;
5. le document mentionné à l’article 250 éventuellement ;
6. l’inventaire des biens lors de l’ouverture de la tutelle et le compte
complet de la gestion ;
7. les rapports annuels du tuteur délégué et au besoin des extraits des
rapports annuels prévus au second alinéa de l’article 275 ;
8. la correspondance et tous autres documents intéressant le pupille.
Commentaire : Cet article détermine les éléments que doit contenir le
dossier du pupille de l'Etat. Une modification de forme de cet article en
2016 a consisté au remplacement du futur « établira » par le présent
« établit ». Le mot « pupille » est supprimé au point 1 puisque de trop. Nous
remarquons que l’article dont question se réfère à d’autres articles mais le
législateur ne fait pas œuvre symétrique comme dans les autres dispositions
en ajoutant la précision par le groupe de mots « de la présente loi ».

Art. 273. — Dans les actes de la vie civile et en justice, le conseil de tutelle
est représenté par son président ou par le remplaçant de celui- ci, ou par le
membre du conseil désigné par le président.
Commentaire : Quoique le conseil de tutelle n'ait la personnalité morale, il
y a lieu de déterminer la manière dont le conseil agira. C'est ce qui a été a
été prévu dans le présent article. Il ressort de ce texte que le conseil de
tutelle peut agir en justice et y défendre par le biais de son président ou de
son remplaçant. Cette disposition ne porte pas préjudice au pouvoir du
tuteur délégué d'agir et de défendre en justice, dans le domaine de ses
attributions propres.

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Art. 274. — Le conseil désigne les personnes chargées de contrôler les


conditions d’entretien et d’éducation des enfants placés sous tutelle de l’État.
Ces personnes adressent au moins annuellement un rapport au conseil.
Commentaire : Dans la mesure où ses ressources le permettent, le conseil
de tutelle doit pouvoir contrôler la manière dont les pupilles de l'Etat de son
ressort sont élevés et traités; c'est l'objectif poursuivi par cet article.

Art. 275 : Ancien.


Le conseil de tutelle adresse annuellement un rapport en double
exemplaire au commissaire sous-régional ou au gouverneur de la ville de
Kinshasa sur l’ensemble de ses interventions. Un exemplaire du rapport est
transmis au département qui a la tutelle de l’État dans ses attributions.
Ce rapport comportera notamment la liste complète des pupilles de l’État
avec indication de leur âge, le nom de leur tuteur délégué, l’établissement
dans lequel ils sont placés, les résultats obtenus et le montant des frais
exposés pour eux.

Art. 275 : Modifié.


Le conseil de tutelle adresse annuellement un rapport en double
exemplaire au Gouverneur de province ou au Gouverneur de la ville de
Kinshasa, selon le cas, sur l’ensemble de ses interventions. Un exemplaire
du rapport est transmis au ministère qui a la tutelle de l’Etat dans ses
attributions.
Ce rapport comporte notamment la liste complète des pupilles de l’État
avec indication de leur âge, le nom de leur tuteur délégué, l’établissement
dans lequel ils sont placés, les résultats obtenus et le montant des frais
exposés pour eux.
Commentaire : L'établissement d'un rapport annuel par le conseil de tutelle
permettra à ce conseil ainsi qu'aux autorités supérieures d'avoir des sonnées
précises sur la tutelle de l'Etat et sur les problèmes qu'elle pose. En 2016
cette disposition a subi une modification sur le point des dénominations.
Sont remplacées les dénominations de « commissaire sous-régional » en
« Gouverneur de province », « département » en « ministère ». Les mots
« selon le cas » sont ajoutés pour séparer les situations en présence (al. 1er).

IV. Des règles diverses

Art. 276 : Ancien.


Est puni d’une servitude pénale de sept à trente jours et d’une amende de
5 à 25 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, celui qui, dans une
intention coupable ou intéressée, amène ailleurs qu’au siège du conseil de
tutelle le plus proche ou aux autorités des localités ou collectivités, un enfant
trouvé, abandonné ou sans famille.
Est puni de la même peine, celui qui lui en a donné mission.

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Art. 276 : Modifié.


Est puni d’une servitude pénale de sept à trente jours et d’une amende de
50.000 à 250.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement celui
qui, dans une intention coupable ou intéressée, amène ailleurs qu’au siège du
conseil de tutelle le plus proche ou aux autorités des villages, un enfant
trouvé, abandonné, sans famille.
Est puni de la même peine celui qui lui en a donné mission.
Commentaire : Cet article punit quiconque amène ailleurs qu'au siège le
plus proche du conseil de tutelle ou aux autorités des villages un enfant
trouvé, abandonné ou sans famille. Lors de la réforme du code de la famille
en 2016 la ponctuation a été retouchée (al. 1er : celui qui). Le concept
« collectivités » a été réadapté en « villages ».

Art. 277 : Ancien.


Les autorités des localités et des collectivités sont tenues de signaler au
président du conseil les cas où la tutelle est susceptible d’être déférée à l’État
d’après les renseignements qu’elles possèdent.

Art. 277 : Modifié.


Les autorités des quartiers, groupements et villages signalent au président
du conseil les cas où la tutelle est susceptible d’être déférée à l’Etat d’après
les renseignements qu’elles possèdent.
Commentaire : Le législateur précise la correspondance actuelle des
autorités appelées à signaler le cas où la tutelle de l’Etat est susceptible de
s’exercer. Les autorités visées se trouvent à l’échelle administrative la plus
basse c'est-à-dire le quartier, le groupement et le village.

Art. 278 : Ancien.


En attendant que le conseil de tutelle prenne une décision, les autorités
des localités et des collectivités sont tenues de prendre toute mesure utile
pour assurer l’entretien et l’hébergement provisoires des pupilles de l’État ou
des enfants susceptibles de le devenir.
Elles se conforment aux instructions que leur donne le président du
conseil de tutelle.

Art. 278 : Modifié.


En attendant que le conseil de tutelle prenne une décision, les autorités
visées à l’article 277 ci-dessus prennent toute mesure utile pour assurer
l’entretien et l’hébergement provisoires des pupilles de l’Etat ou des enfants
susceptibles de le devenir.
Elles se conforment aux instructions que leur donne le président du
conseil de tutelle.
Commentaire : Cet article est relatif aux mesures provisoires que peut
prendre conseil de tutelle en rapport avec les pupilles de l'Etat ou les enfants

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susceptibles de le devenir. La modification de cet article en 2016 a consisté


en l’assouplissement de la rédaction de cette disposition par un renvoi aux
autorités citées déjà à l’article 277 précédent.

Paragraphe 4 : De la fin de la tutelle de l’État

Art. 279 : Ancien.


La tutelle prend fin à la majorité ou à l’émancipation du pupille. Le tuteur
délégué assiste le mineur émancipé dans les actes de la vie civile pour
lesquels une autorisation reste nécessaire.
La tutelle de l’État prend pareillement fin si le pupille est adopté ou s’il
lui est désigné un père juridique.

Art. 279 : Modifié.


La tutelle prend fin à la majorité du pupille.
La tutelle de l’Etat prend pareillement fin si le pupille est adopté ou s’il
lui est désigné un père juridique.
Commentaire : Plusieurs hypothèses dans lesquelles la tutelle de l'Etat
prend fin sont prévues par les articles 279 à 283. L'article 279 énonce la
règle générale : la majorité met fin à la tutelle, ainsi que l'adoption ou
l'octroi d'un père juridique. La modification de cet article en 2016 a consisté
en la suppression de l'émancipation comme cause de cessation de la tutelle
de l’Etat. Seules la majorité, l’adoption ou la paternité juridique peuvent
mettre fin à la tutelle de l’Etat.

Art. 280 : Ancien.


Lorsque la filiation des enfants trouvés ou autres mineurs des père et
mère inconnus, est établie envers leurs père et mère ou à l’égard de l’un
d’eux, la tutelle de l’État n’est maintenue que si elle est confirmée par le
tribunal de paix.
À cet effet, le conseil de tutelle ou le tuteur délégué adresse une requête
au tribunal de paix de la zone où le conseil de tutelle a son siège, dans les
deux mois qui suivent le moment où la filiation est établie ou connue.

Art. 280 : Modifié.


Lorsque la filiation des enfants trouvés ou celle des mineurs des père et
mère inconnus est établie envers leurs père et mère ou à l’égard de l’un
d’eux, la tutelle de l’Etat n’est maintenue que si elle est confirmée par le
Tribunal pour enfants.
A cet effet, le conseil de tutelle ou le tuteur délégué adresse une requête
au Tribunal pour enfants du ressort où le conseil de tutelle a son siège, dans
les deux mois qui suivent le moment où la filiation est établie ou connue.
Commentaire : Lorsque la filiation d'un enfant trouvé est établie (ne fut-ce
qu'envers un seul de ses parents), il faut créer la possibilité de mettre fin à la

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tutelle de l'Etat pour que les père et/ou mère assument leur autorité et leurs
obligations. Selon cette disposition, la tutelle de l'Etat disparaitra
automatiquement, si elle n'est pas confirmée par le tribunal pour enfants. Ce
dernier pourra en effet décider de maintenir la tutelle de l'Etat, si par
exemple le pupille de l'Etat doit être considéré comme un enfant abandonné
malgré l'établissement de sa filiation. La modification de forme de cet article
en 2016 en a touché la ponctuation par la suppression d’une virgule et
l’actualisation des concepts (zone : ressort). Le Tribunal pour enfants est
institué comme le Tribunal compétent pour confirmer ou pas le maintien de
la tutelle de l’Etat lorsque la filiation des pupilles de l’Etat (enfants trouvés)
est établie envers le père et/ou la mère.

Art. 281 : Ancien.


La tutelle de l’État envers les mineurs abandonnés ne prend fin à la
requête de leurs père et mère ou de l’un d’eux, adressée au conseil de tutelle,
que si ce dernier est d’avis que le ou les requérants s’acquitteront
convenablement de leurs obligations parentales.
En cas de contestation, les père et mère ou l’un d’eux s’adressent au
tribunal de paix, par voie de requête.

Art. 281 : Modifié.


La tutelle de l’Etat envers les mineurs abandonnés ne prend fin, à la
requête de leurs père et mère ou de l’un d’eux adressée au conseil de tutelle,
que si ce dernier est d’avis que le ou les requérants s’acquitteront
convenablement de leurs obligations parentales.
En cas de contestation, les père et mère ou l’un d’eux s’adressent au
Tribunal pour enfants du ressort, par voie de requête.
Commentaire : Dans quelle mesure les père et/ou mère d'un mineur
abandonné peuvent-ils réassumer la garde de leur enfant? C'est à cette
question que le présent article essaye de donner une solution en tenant
compte des intérêts divers en présence. La modification sur la forme de cet
article en 2016 a retouché un signe de ponctuation (virgule). Une autre
modification a consisté à intégrer le fait que le Tribunal pour enfants est
compétent pour trancher la contestation relative à la fin de la tutelle de
l’Etat à a requête des père et mère.

Art. 282 : Ancien.


La tutelle de l’État envers les enfants des père et mère déchus de
l’autorité parentale prend fin:
1. lorsque les père et mère ou l’un d’eux sont réinvestis de l’autorité
parentale ;
2. lorsque le tribunal de paix, à la requête d’un parent ou d’un allié de
l’enfant, consent à désigner le requérant comme tuteur de l’enfant selon
les dispositions relatives à la capacité.

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Art. 282 : Modifié.


La tutelle de l’État envers les enfants des père et mère déchus de
l’autorité parentale prend fin :
1. lorsque les père et mère ou l’un d’eux sont réinvestis de l’autorité
parentale ;
2. lorsque le Tribunal pour enfants, à la requête d’un parent ou d’un allié de
l’enfant, consent à désigner le requérant comme tuteur de l’enfant selon
les dispositions relatives à la capacité.
Commentaire : Cet article prévoit que si le père et la mère regagnent leur
autorité, la tutelle de l'Etat prend fin, ce qui est logique. Mais en outre, il est
prévu qu'un membre de la famille du pupille pourrait solliciter la tutelle
ordinaire, alors que les père et mère demeurent déchus de l'autorité
parentale. La modification de cet article en 2016 a tenu compte du
changement quant au Tribunal pour enfants rendu compétent pour désigner
un tuteur.

Art. 283 : Ancien.


Lorsque le conseil de tutelle est d’avis qu’une personne, disposée à
assumer la tutelle envers un pupille de l’État, conformément aux dispositions
relatives à la capacité, est apte à exercer cette fonction, il peut confier le
mineur à cette personne. La tutelle de cette personne ne devient effective que
si le tribunal de paix, décidant à la requête de tout intéressé, la désigne en
qualité de tuteur.

Art. 283 : Modifié.


Lorsque le conseil de tutelle est d’avis qu’une personne, disposée à
assumer la tutelle envers un pupille de l’Etat, conformément aux dispositions
relatives à exercer cette fonction, il peut confier le mineur à cette personne.
La tutelle de cette personne ne devient effective que si le Tribunal pour
enfants, décidant à la requête de tout intéressé, la désigne en qualité de
tuteur.
Commentaire : Cette disposition de portée très générale, est une application
importante du principe du rôle déterminant de l'Etat. Lorsqu'un tuteur
ordinaire est disponible et que la tutelle peut être organisée selon les règles
relatives à la capacité, la tutelle de l'Etat prendra fin, provisoirement sur
décision du conseil de tutelle, définitivement lorsque le tribunal pour enfants
en décide ainsi. Notons que cette disposition ne s'étend pas aux mineurs
abandonnés : puis qu'ayant un père et/ou une mère, il ne peut être question
de leur désigner un tuteur sans la déchéance de l'autorité parentale. La
disposition a été modifiée en 2016 pour tenir compte de la compétence du
Tribunal pour enfants pour désigner le tuteur. Mais la disposition manque
certains mots.

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Paragraphe 5 : Des dispositions financières

Art. 284. — À la demande du conseil, l’État supporte les frais d’entretien et


d’éducation des enfants dont la tutelle lui est déférée dans la mesure où les
revenus de ceux-ci ne leur permettent pas d’y faire face.
Les revenus des biens et capitaux appartenant au pupille, à l’exception de
ceux provenant de son travail et de ses économies, peuvent être perçus au
profit de l’État à titre d’indemnité de frais d’entretien.
Toutefois, au moment de la reddition des comptes, le conseil de tutelle
peut faire à cet égard toute remise qu’il jugera équitable.
Commentaire : Qui supportera les frais d'entretien et d'éducation des
pupilles de l'Etat ? Il faut distinguer le cas où la pupille dispose de
ressources propres, et celui où il n'en a pas. Lorsque le pupille n'a pas de
moyens d'existence ou n'en a pas en suffisance, il incombe à l'Etat de
supporter les frais d'entretien et d'éducation. Lorsque le mineur dispose de
ressources, il est normal que celles-ci soient affectées à son entretien et à
son éducation. Rarement le mineur disposera suffisamment de ressources
qu'il n'aura gagnées par son propre travail (cfr. cependant les orphelins
nantis, mais sans famille). Selon les articles 284 et 285, on n'entamera pas le
capital du mineur, mais les revenus de son capital seront acquis à l'Etat
comme indemnités des frais d'entretien, s'ils ne sont pas directement utilisés
à l'entretien du pupille, et sauf en cas de remise.

Art. 285 : Ancien.


Le commissaire d’État, qui a la tutelle de l’État dans ses attributions,
détermine le montant des subsides alloués pour l’entretien et l’éducation des
enfants placés dans les établissements officiels ou privés ou chez des
particuliers.
Ces subsides ne peuvent être utilisés qu’au profit de l’enfant pour lequel
ils sont alloués.

Art. 285 : Modifié.


Le ministre ayant la tutelle de l’Etat dans ses attributions détermine le
montant des subsides alloués pour l’entretien et l’éducation des enfants
placés dans les établissements officiels ou privés ou chez des particuliers.
Ces subsides ne peuvent être utilisés qu’au profit de l’enfant pour lequel
ils sont alloués.
Commentaire : Comme souvent le pupille sera élevé dans une institution,
l'intervention financière de l'Etat devra prendre la forme d'un subside alloué
à l'institution qui se charge de l'éducation du pupille. Voilà l'objet de
l'article 285. Lors de la réforme de 2016, il y a harmonisation des
appellations : commissaire d’Etat est remplacé par Ministre.

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Art. 286. — Le père et la mère ainsi que les autres débiteurs d’aliments du
pupille de l’État restent tenus envers lui de l’obligation alimentaire.
Dans ce cas, les allocations familiales ne sont pas versées aux père et
mère, mais au tuteur délégué, à la personne ou à l’établissement qui a la
garde du pupille.
Dans la mesure où il supporte les frais d’entretien et d’éducation du
pupille, l’État est subrogé dans les droits du pupille envers les débiteurs
d’aliments.
Commentaire : A côté des revenus propres du mineur dont question à
l'article 284, il y a lieu de se pencher sur les contributions que peuvent
fournir les débiteurs d'aliments du mineur : père, mère, parents et alliés, qui,
selon les dispositions relatives à la parenté et à l'alliance, lui doivent des
aliments. Certains pupilles de l'Etat ne sont pas des enfants sans famille. Il
est évident que le fait qu'un mineur soit mis sous tutelle de l'Etat ne peut pas
avoir pour effet d'exonérer ses débiteurs d'aliments de leurs obligations.
C'est la raison pour laquelle ils restent tenus de leur obligation, et que le
conseil de tutelle peut les poursuivre. Plus particulièrement, il est prévu les
parents peuvent être obligés à rembourser les frais supportés par l'Etat.
Cette obligation ne s'appliquerait qu'aux seuls père et mère. Mais d'un côté,
le conseil de tutelle pourra accorder remise totale ou partielle de cette dette,
par exemple si l'insolvabilité de ceux qui s'intéressent malgré tout au mineur
est le seul obstacle à sa réintégration dans un milieu familial.

Paragraphe 6 : Des mineurs temporairement recueillis

Art. 287. — Le conseil de tutelle peut accepter de recueillir temporairement


les mineurs qui ne remplissent pas les conditions pour être placés sous la
tutelle de l’État.
Ces mineurs sont assimilés aux pupilles de l’État quant à leur entretien et
leur surveillance.
Commentaire : Cet article tend à permettre un fonctionnement souple de la
tutelle de l'Etat. Il peut en effet y avoir des cas marginaux, des situations
douteuses, des cas où l'on hésite entre secours et la tutelle. Dans tous ces
cas, le mineur doit être recueilli et aidé provisoirement par le conseil de
tutelle. Voilà l'objet de la disposition de l'article 287.

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Section IV : De l’émancipation

Art. 288 (Abrogé)38.

Commentaire : L’émancipation est un stade intermédiaire entre la capacité


totale et l’incapacité complète. Elle confère au mineur, sauf quelques
exceptions, le gouvernement de sa personne ainsi que la jouissance et la
simple administration de ses biens. On peut dès lors définir l’émancipation
comme un acte juridique par lequel un mineur acquiert la capacité limitée
aux actes pour lesquels elle a été accordée. Il s’agit en d’autres termes d’un
statut qui anticipe la majorité à l’égard d’un mineur ayant acquis une
certaine maturité et qui se justifie pour des motifs particuliers faisant (ou
censés faire) apparaitre que le maintien de la protection serait contre-
productif. Sous l’ancienne législation un mineur marié devenait par là même
émancipé. On parlait alors de l’émancipation de plein droit par le mariage.
La solution s’expliquait par le lot de responsabilités et de conséquences que
le mariage entraine. Il était normal que le mineur marié puisse y faire face
seul. Mais depuis l’entrée en vigueur de la loi n° 09/010 du 1er janvier 2009,
le mariage des mineurs n’est plus possible (art. 48) et cette prohibition est
d’ordre public. L’article 288 du code de la famille qui prévoyait donc
l’émancipation de plein droit par le mariage était donc abrogé par les
articles 48 et 201 de la loi de 2009 précitée. Il n’existe donc plus en droit
congolais d’émancipation par le mariage. Cette abrogation tacite de
l’article 288 est devenue expresse en vertu de l’article III de la loi n° 16/008
du 15 juillet 2016 modifiant et complétant la loi n° 87-010 du 1er aout 1987
portant Code de la famille. Une question demeure toutefois de savoir si par
l’effet de l’émancipation, le mineur émancipé devient justiciable des
juridictions des majeurs.
Contra : Il n’est pas exact d’affirmer qu’en droit positif congolais le mineur
est émancipé de plein droit par le mariage. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike
& C. Wasengwa N’songo, op.cit. , p. 196 & 197.

Art. 289 : Ancien.


Le mineur ayant atteint l’âge de quinze ans accomplis peut être émancipé
par le tribunal de paix sur requête présentée par ses père et mère ou à leur
défaut, par le tuteur. Dans cette dernière hypothèse, le conseil de famille doit
être entendu.

Art. 289 : Modifié.


Le mineur ayant atteint l’âge de quinze ans accomplis peut, dans son
intérêt supérieur, être émancipé par le Tribunal pour enfants, sur requête

38
Le mineur est émancipé de plein droit par le mariage.

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présentée par ses père et mère ou, à leur défaut, par le tuteur. Dans cette
dernière hypothèse, le conseil de famille est entendu.
Commentaire : Lors de la réforme de 2016 les conditions de l’émancipation
ont été reformulées. En plus de l’âge que l’enfant doit avoir atteint, c'est-à-
dire 15 ans, il y est ajouté la condition de l’intérêt supérieur de l’enfant pour
que l’émancipation soit justifiée. Le juge compétent est désormais le
Tribunal pour enfants. En pratique, l’émancipation judiciaire est plus
souvent sollicitée pour permettre le mineur l’exercice d’une activité
commerciale.
Contra : Il n’est pas exact d’affirmer que le Code de la famille, depuis la
réforme de 2016, reconnait au tribunal de paix compétence en matière
d’émancipation des mineurs. Qui plus est, il n’est pas non plus
pédagogiquement correct d’évoquer à l’appui d’une telle affirmation
erronée un article du même code (art. 249) qui ne traite même pas de la
question. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa N’songo, op.cit.
(note), p. 197.

Art. 290 : Ancien.


L’émancipation ne peut être révoquée.
L’émancipation qui résulte du mariage conserve ses effets lors même que
celui-ci est dissout ou annulé.

Art. 290 : Modifié.


L’émancipation obtenue conformément à l’article 289 ci-dessus peut,
dans l’intérêt supérieur de l’enfant, être révoquée.
En cas de décision de révocation, les actes passés antérieurement par le
mineur émancipé restent valables.
Commentaire : Avant la réforme de cet article, le principe consacré est celui
de l'irrévocabilité de l'émancipation. La modification de cet article en 2016
a porté sur ce principe. Désormais, l'émancipation peut être révoquée dans
l’intérêt supérieur de l’enfant. L'ancien alinéa 2 a été supprimé car
l'émancipation par le mariage n'existe plus en droit congolais. Il est
remplacé par un nouvel alinéa qui consacre le caractère non rétroactif de la
décision de révocation.

Art. 291 : Ancien.


La décision accordant l’émancipation d’un enfant mineur est dans le mois
de celle-ci, transmise par le greffier du tribunal de paix à l’officier de l’état
civil du lieu où l’acte de naissance a été établi pour qu’y soit porté mention
de l’acte d’émancipation.

Art. 291 : Modifié.


La décision accordant l’émancipation est, dans le mois de celle-ci,
signifiée par le greffier du Tribunal pour enfants à l’officier de l’état civil du

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lieu où l’acte de naissance a été établi pour qu’y soit porté mention de l’acte
d’émancipation.
Commentaire : Cet article est relatif à l'inscription à l'état civil de la
décision d'mancipation. Lors de la réforme de 2016 cette disposition a
connu d'abord le remplacement du verbe « doit être » par « est ». La
disposition a connu ensuite la suppression du groupe de mots répétitifs
« émancipation d’un mineur ». Il a connu enfin le remplacement de la
compétence du Tribunal de paix par celle du Tribunal pour enfants en
matière d’émancipation.

Art. 292 : Ancien.


L’émancipation confère au mineur la pleine capacité.
Toutefois, lorsque l’émancipation est accordée par une décision
judiciaire, le tribunal peut apporter certaines limitations à la capacité.

Art. 292 : Modifié.


L’émancipation confère au mineur la capacité juridique limitée aux actes
pour lesquels elle a été accordée.
Commentaire : L'émancipation permet à certains mineurs d'avoir la
capacité d'un majeur. Lors de la réforme de 2016 cet article a connu le
remplacement du verbe « doit être » par « est ». La disposition est
reformulée également quant aux effets de l’émancipation en remplaçant la
formule « pleine capacité » par une capacité juridique limitée à certains
actes. Cette nouvelle formulation semble insinuer que le juge limitera la
capacité par principe. Ce n’est que dans des cas rares qu’il retiendra que la
capacité est pleine en motivant sa décision.
Contra : Il n’est pas correct d’affirmer qu’en droit positif congolais le
mineur émancipé acquiert la pleine capacité. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike
& C. Wasengwa N’songo, op.cit. , p. 197.

Art. 293 : Ancien.


Le mineur émancipé par décision judiciaire ne peut passer les actes pour
lesquels il est reconnu incapable qu’avec l’assistance d’un curateur.
Le curateur est la personne qui avait l’autorité parentale ou tutélaire.
À défaut de cette personne, le curateur est désigné conformément aux
dispositions de l’article 224.

Art. 293 : Modifié.


Le mineur émancipé ne peut passer les actes pour lesquels il est incapable
que représenté par ses père et/ou mère, ou à défaut par son tuteur.
Commentaire : Cet article organise le régime juridique de protection du
mineur émancipé. La disposition a connu en 2016 le remplacement du verbe
« doit être » par « est ». Il en est également du régime de protection du
mineur émancipé pour passer les actes pour lesquels il est reconnu

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incapable. L’ancienne disposition prévoyait le régime d’assistance par le


curateur. Le système actuel place le mineur émancipé sous le régime de
représentation par les père et mère ou tuteur.

Section V : De la sanction des actes irrégulièrement accomplis par le


mineur

Art. 294 : Ancien.


Les actes accomplis irrégulièrement par le mineur non émancipé ou par le
mineur émancipé sont nuls de nullité relative.

Art. 294 : Modifié.


Sans préjudice des articles 292 et 293 ci-dessus, les actes accomplis
irrégulièrement par le mineur sont nuls de nullité relative.
Commentaire : L'article 294 instaure une nullité relative pour les actes
irréguliers accomplis par le mineur car c'est elle qui protège le mieux la
personne lésée. Et ici cette personne lésée, c'est le mineur. L’article est
reformulé en 2016 et a connu le remplacement du verbe « doit être » par
« est » en tenant compte des limites que peut poser le jugement
d’émancipation.

Art. 295. — L’action en nullité ne peut être poursuivie que par le mineur ou
selon le cas par ses père et mère, son tuteur, son curateur ou par les héritiers
du mineur, au cas où l’acte aurait causé préjudice au mineur.
L’acte peut être confirmé.
L’action en nullité se prescrit par dix ans à dater de la majorité du mineur.
Commentaire : L'action en nullité est accordée d'abord au mineur et ce,
uniquement dans le cas où il est lésé, préjudicié. Cette action est également
accordée aux personnes qui peuvent agir pour le mineur. D'autre part, puis
que la nullité relative est celle qui protège le mieux la personne lésée,
l'article 295 a préconisé la confirmation de cette nullité se conformant
d'ailleurs ainsi à la doctrine consacrée en la matière. L’article 295 du code
de la famille énonce le principe qui consiste à permettre au juge de valider
un contrat irrégulièrement accompli par un mineur, lorsque ce contrat ne lui
cause pas préjudice. Il faut premièrement que le contrat soit irrégulier c'est-
à-dire que le mineur l’ait conclu seul en dépit de l’incapacité contractuelle
que le frappe. Ensuite il faudrait que cet acte irrégulier ne lui cause pas
préjudice c'est-à-dire qu’il n’entache en rien les intérêts du mineur, son
patrimoine. Il faut que cet acte lui soit bénéfique et avantageux. Et enfin il
faut que ni le mineur ni ses représentants légaux ne se prévalent de
l’incapacité contractuelle du mineur devant le juge afin que celui-ci ne
puisse en prononcer la nullité. En effet, la nullité relative n’ayant pour but
que la protection d’un intérêt privé, il faut admettre que la personne qui a
passé un acte nul de nullité relative, pourra, lorsqu’elle n’aura plus besoin

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de cette protection, confirmer cet acte. Un mineur parvenu à sa majorité


peut valablement confirmer les actes passés au cours de sa minorité ; le
contractant victime d’une erreur susceptible d’entrainer la nullité du contrat
peut, lorsqu’il a découvert son erreur, confirmer le contrat. La confirmation
a un effet rétroactif : elle efface la nullité dans le passé ; elle valide l’acte
dès son origine. Tout se passe, cette fois, comme si l’acte avait été, dès le
début, régulier. Il faut seulement faire exception pour les droits acquis par
les tiers. En effet, la rétroactivité de la confirmation pourrait les léser
gravement. Un mineur ayant vendu un immeuble, parvient à sa majorité, et
le vend une seconde fois. Si par la suite il confirmait la première vente, il
nuirait aux droits du second acquéreur, qui sont cependant préférables à
ceux du premier ; le second acquéreur a, en effet, acquis d’une personne
capable, tandis que le premier, en traitant avec un mineur, n’a pas respecté
les règles des incapacités ; aussi la confirmation ne pourra-t-elle pas nuire
aux droits du second. Sauf cette réserve, la nullité d’un acte nul de nullité
relative se couvre par la confirmation.

Art. 296. — Les contrats faits par le mineur ne pourront être annulés si le
cocontractant du mineur a pu croire de bonne foi que ce dernier avait reçu
l’autorisation de les conclure, et s’il n’a pas abusé de son inexpérience.
Commentaire : Cet article consacre une dérogation au régime de la
représentation qui est le régime traditionnel de protection du mineur non
émancipé, dérogation applicable uniquement en matière contractuelle. Elle
constitue donc une exception au principe de la représentation car une fois
que le mineur reçoit l’autorisation de ses représentants légaux, il peut
conclure seul l’acte pour lequel il été autorisé sans avoir besoin d’être
représenté pour que son contrat soit valablement formé. La validité dudit
contrat est soumise à la réalisation des conditions requises à cet effet.
L’article 296 du Code de la famille dit que les contrats faits par le mineur ne
pourront être annulés si le contractant du mineur a pu croire de bonne foi
que ce dernier avait reçu l’autorisation de les conclure, et s’il n’a pas abusé
de son inexpérience. De cet article l’on peut dégager trois conditions
requises, pour qu’un contrat conclu par un mineur soit considéré comme
valable et échappe par conséquent au régime de nullité auquel il est
généralement soumis, en dehors des conditions générales de formation et de
validité de tout contrat posées à l’article 8 du code civil congolais livre
trois. Les trois conditions que nous pouvons relever de l’article 296 sont :
d’abord, le mineur doit avoir l’autorisation de son représentant légal pour
le contrat ; ensuite la bonne foi dans la croyance du tiers de l’autorisation
de son représentant légal, enfin le cocontractant du mineur ne doit pas
abuser de l’inexpérience de ce dernier.

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Art. 297. — Les paiements faits au mineur sont valables, si l’on prouve
qu’ils ont bénéficié au mineur, et dans la mesure de l’enrichissement qui
subsiste au profit du mineur au jour où l’action en nullité est engagée.
En dehors de ce cas, ils sont nuls, mais le mineur n’a pas à restituer ce
qu’il a reçu.
Commentaire : Cet article constitue en réalité d'une part une application
logique des articles 294 et 295 car des actes posés par le mineur ne sont
nuls que si ce dernier est préjudicié. D'autre part, les articles 296 et 297
consacrent l'application des règles relatives à la nullité des contrats pour
erreur dans le consentement. Ces dispositions sont par ailleurs introduites
dans la loi pour mettre fin aux hésitations et aux controverses doctrinales
éventuelles sur cette question. L'article 296 implique donc que le majeur
contractant est de mauvaise foi. En cas de mauvaise foi du mineur, on
appliquera le droit commun (règles de dol).

CHAPITRE III
DES HANDICAPÉS, DES INFIRMES ET DES PRODIGUES

Section I. Des règles générales


Art. 298 : Ancien.
Lorsque les facultés mentales d’un majeur ou d’un mineur émancipé sont
durablement altérées par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû
à l’âge, il est pourvu à ses intérêts par l’un des régimes de protection prévus
au présent chapitre.
Les mêmes régimes de protection sont applicables à l’altération durable
des facultés corporelles, si elle est susceptible d’empêcher l’expression de la
volonté.
L’altération des facultés mentales ou corporelles doit être constatée par le
juge après expertise médicale.

Art. 298 : Modifié.


Lorsque les facultés mentales d’un majeur ou d’un mineur émancipé
conformément à l’article 289 de la présente loi, sont durablement altérées
par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge, il est pourvu
à ses intérêts par l’un des régimes de protection prévus au présent chapitre.
Les mêmes régimes de protection sont applicables à l’altération durable
des facultés corporelles, si elle est susceptible d’empêcher l’expression de la
volonté.
L’altération des facultés mentales ou corporelles est constatée par le juge
après expertise médicale.
Commentaire : Cette disposition fixe les règles générales sur les régimes de
protection prévus sous ledit chapitre. Le mineur émancipé reste sous
l’autorité parentale (art. 317). Cela pose la question de la pertinence de

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placer un mineur, même émancipé, sous l’interdiction ou sous curatelle


puisque l’article 298 et l’article 299 sont généraux. En outre, l’article 293
vise la question des actes pour lesquels le mineur est incapable. La
modification de cet article en 2016 a consisté au le remplacement du verbe
« doit être » par « est ».

Art. 299. — Les régimes visés à l’article précédent peuvent être soit
l’interdiction judiciaire, soit la mise sous curatelle.
Commentaire : Cet article énumère les régimes de protection des
handicapés, infirmes et prodigues.

Section II. De l’interdiction


Art. 300 : Ancien.
Les personnes qui sont dans un état habituel de démence ou d’imbécillité
peuvent être interdites dès l’âge de la majorité ou après leur émancipation,
même lorsque cet état présente des intervalles lucides.
Art. 300 : Modifié.
Les personnes qui sont dans un état habituel de démence ou d’imbécillité
peuvent être interdites dès l’âge de la majorité ou, après leur émancipation
judiciaire, même lorsque cet état présente des intervalles lucides.
Commentaire : Cet article énumère les personnes soumises au régime de
l'interdiction et cite trois conditions sont exigées pour qu’une personne soit
placée dans un état d’interdiction. Il faut d’abord que la personne soit dans
un état de démence et d’imbécilité. Il faut ensuite que cet état soit habituel.
Cela n’importe pas une continuité, car, la loi autorise l’interdiction même
lorsque cet état présente des intervalles lucides. Il faut enfin que l’intéressé
soit majeur ou du moins mineur émancipé. La loi exclut ainsi du régime
d’interdiction, les mineurs simples qui eux, sont soumis au régime de
l’autorité parentale La modification de cet article en 2016 a concerné la
forme : l’ajout de la virgule après le groupe de de mots ‘‘dès l’âge de la
majorité ou’’.
Art. 301 : Ancien.
Toute demande en interdiction sera portée devant le tribunal de paix du
lieu de résidence de la personne dont l’interdiction est sollicitée.
Art. 301 : Modifié.
Toute demande en interdiction sera portée devant le Tribunal de paix ou
devant le Tribunal pour enfants, selon le cas, du lieu de résidence de la
personne dont l’interdiction est sollicitée.
Commentaire : Cet article détermine le tribunal compétent en matière
d'interdiction. La modification de cet article en 2016 a connu le
remplacement du verbe « doit être » par « est » et a porté sur l’ajout de la

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compétence du Tribunal pour enfants dans l’examen de la demande en


interdiction. Cela voudrait insinuer qu’un enfant mineur peut être placé en
interdiction puisque le Tribunal pour enfants n’est compétent qu’à l’égard
des enfants. Pourtant, trois arguments s’opposent à cette situation. D’abord,
l’article 215 cite au point 2 les « majeurs aliénés interdits », il faut être
« majeur » et « aliéné » pour que l’interdiction soit applicable. En outre,
l’article 300 précise que l’interdiction n’est demandée que pour les
personnes « dès l’âge de la majorité ou après l’émancipation ». Enfin,
l’article 317 maintient l’autorité parentale même après émancipation, cela
pour dire que le mineur est toujours sous le régime de la représentation par
la personne qui exerce sur lui l’autorité parentale ou tutélaire puisque la
tutelle ne prend pas non plus fin avec l’émancipation.

Art. 302. — Tout parent est recevable à provoquer l’interdiction de son


enfant; il en est de même de l’un des époux et du Ministère public à l’égard
de l’autre époux.
Celui qui exerce, selon les cas, l’autorité parentale ou tutélaire est
recevable à provoquer l’interdiction du mineur dès sa majorité, au cours de
l’année qui précède celle-ci.
Commentaire : L'article organise l'action en interdiction d'un mineur. Il
reste bien entendu que l'interdiction du mineur commence à courir le jour
même de sa majorité.

Art. 303. — Le tribunal, en faisant droit à la demande, nomme un tuteur à


l’interdit sur proposition du conseil de famille.
Commentaire : L'interdit est pourvu d'un tuteur nommé par le tribunal sur
proposition du conseil de famille. Le rôle du conseil de famille sera d'autant
plus important ici que la protection visée se fonde sur la solidarité bantoue.

Art. 304. — L’interdit est assimilé au mineur sous tutelle conformément aux
articles suivants.
L’interdiction aura son effet à partir du jour du jugement.
Commentaire : Les effets de l'interdiction sont les mêmes mutatis mutandis
que ceux de la tutelle des mineurs.
Art. 305. — Les actes irrégulièrement accomplis par l’interdit sont frappés
de nullité relative; celle-ci ne peut être demandée que par le tuteur ou
l’interdit dans le cas où lesdits actes auraient causé préjudice à ce dernier.
L’acte peut être confirmé.
L’action en nullité se prescrit par dix ans à dater de la mainlevée de
l’interdiction.
Commentaire : En trois alinéas, cet article organise la sanction des actes
irréguliers accomplis par l'interdit, la possibilité de leur confirmation et leur
prescription. Le jugement prononçant l’interdiction, nous l’avons dit, est un

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jugement constitutif d’état. A compter du jugement de l’interdiction, tous les


actes passés par l’interdit sont frappés de nullité. Cette nullité concerne tous
les actes accomplis par l’interdit et ce, lorsque ces actes sont posés pendant
les périodes d’intervalles lucides (art. 300 CF modifié). L’action en nullité
se prescrit par dix ans à dater de la mainlevée de l’interdiction. La nullité
qui frappe les actes de l’interdit est une nullité relative, qui ne peut être
demandée que par le tuteur ou l’interdit dans le cas où ces actes auraient
causé préjudice à ce dernier. Comme toute nullité relative, cette nullité est
susceptible de confirmation à partir de la cessation de l’interdiction.

Art. 306. — Les actes passés par l’aliéné non interdit ou avant son
interdiction sont annulables, pour autant que la démence ou l’imbécillité
existât notoirement au moment où ces actes ont été passés.
Cette nullité est relative et se prescrit par dix ans à dater de l’acte.
Commentaire : C’est le jugement d’interdiction qui crée l’incapacité de
l’aliéné ; il s’agit d’un jugement constitutif. Il en résulte que l’interdiction ne
rétroagit pas : l’aliéné n’est interdit qu’à dater du jugement. On devrait
donc, quand l’aliéné a passé un acte avant le jugement, exiger du
demandeur en nullité la preuve de l’aliénation mentale au moment où l’acte
a été accompli. L’article 306 du code de la famille dispose à ce sujet : ‘‘Les
actes passés par l’aliéné non interdit ou avant son interdiction sont
annulables, pour autant que la démence ou l’imbécilité existât notoirement
au moment où ces actes ont été passés’’. Ainsi ce texte substitue à la preuve
de droit commun (preuve de l’aliénation mentale au moment où l’acte est
passé) celle, beaucoup plus facile, de la notoriété de la démence à l’époque
de la démence à l’époque de l’acte. Il faut remarquer que l’article 306 vise,
sans aucune distinction, tous les actes antérieurs au jugement, qu’ils aient
été accomplis pendant ou avant la procédure. Par ailleurs, il y a lieu de
noter que la nullité prévue à l’article 306 n’est pas obligatoire pour le juge.
Contrairement à la règle de droit commun selon laquelle, lorsque la cause
de nullité est établie, celle-ci s’impose au tribunal, le texte laisse, en ce cas,
le juge libre de prononcer ou non la nullité : ‘‘les actes...sont annulables...’’.
Même si la preuve de la notoriété de la démence est apportée, le tribunal a
donc la faculté de rejeter l’action. On se retrouve ainsi en présence d’une
nullité facultative. Cette nullité est relative est se prescrit par dix ans à dater
de l’acte.

Art. 307. — Dans les limites tracées par le jugement, le tuteur administre les
biens de l’interdit et exerce sur lui les droits de l’autorité tutélaire sous la
surveillance du conseil de famille.
Commentaire : Le tuteur administre les biens de l'interdit et sous la
surveillance du conseil de famille il exerce sur lui les droits de l'autorité
tutélaire.

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Art. 308. — L’interdiction cesse avec les causes qui l’ont déterminée.
L’interdit et les personnes ayant le droit de provoquer l’interdiction
peuvent seuls en demander la mainlevée, en observant les formalités
prescrites pour parvenir à l’interdiction.
L’interdit ne reprend l’exercice de ses droits qu’après le jugement de
mainlevée.
Commentaire : Quant à la procédure de jugement de mainlevée, il a paru
utile de la confier au même tribunal qui avait déjà connu de la requête en
interdiction. Ceci afin de lui permettre de mieux connaître toutes les
circonstances de la cause. Cependant comme il arrive souvent qu'une famille
change de domicile ou de résidence, il est également possible de porter la
demande de mainlevée auprès du tribunal du lieu de résidence de la
personne interdite.
Art. 309. — Un extrait du jugement d’interdiction ainsi que de mainlevée
est, dans le mois de la décision, envoyé par le greffier du tribunal à l’officier
de l’état civil du lieu où avait été établi l’acte de naissance de l’interdit aux
fins d’inscription en marge de cet acte et transmis au « Journal officiel »
pour publication.
Commentaire : L’article 309 du code de la famille organise la publicité de
l’interdiction, comme de la mainlevée d’ailleurs, et ce à la diligence du
greffier du tribunal qui statué tant par cet envoi de la décision à l’état civil
où la naissance de l’interdit a été établie, qu’au journal officiel. Cette
double publicité rend dès lors efficace l’inopposabilité de cette décision
modifiant l’état et la capacité.

Section III. Des personnes placées sous curatelle


Art. 310. — Les faibles d’esprit, les prodigues et les personnes dont les
facultés corporelles sont altérées par la maladie ou l’âge et toute autre
personne qui le demanderait, peuvent être placés sous l’assistance d’un
curateur, nommé par le tribunal de paix, dès l’âge de la majorité.
Commentaire : Cet article énumère les personnes majeures incapables qui
peuvent être placées sous curatelle. Il s'agit des faibles d’esprit, les
prodigues et les personnes dont les facultés corporelles sont altérées par la
maladie ou l’âge et toute autre personne qui le demanderait.
Art. 311. — La mise sous curatelle peut être demandée ou provoquée par
ceux qui ont le droit de demander l’interdiction.
La demande est instruite et jugée de la même manière que la demande
d’interdiction.
La mainlevée n’est obtenue qu’en observant les mêmes formalités.
Commentaire : La curatelle est cette mesure qui permet de venir au secours
du majeur qui a besoin d’être conseillé ou contrôlé dans les actes de la vie
civile. La procédure pour mettre un majeur sous curatelle est judiciaire. Le

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tribunal compétent est le tribunal de paix. La mise sous curatelle peut être
demandée ou provoquée par ceux qui ont droit de demander l’interdiction.
Elle s’effectue de la même manière que celle dont le but est de mettre sous
tutelle.

Art. 312 : Ancien.


Par le jugement de mise sous curatelle, le tribunal nomme, sur
proposition du conseil de famille, un curateur qui assistera la personne à
protéger.

Art. 312 : Modifié.


Par le jugement de mise sous curatelle, le tribunal nomme, sur
proposition du conseil de famille, un curateur qui assiste la personne à
protéger.
Commentaire : La mise sous curatelle aboutit à la nomination d’une
personne chargée d’assister le majeur incapable dans les actes de la vie
civile : le curateur, appelé sous d’autres cieux le conseil judiciaire. La
modification de cet article en 2016 a porté sur le remplacement du futur
« assistera » par le présent « assiste ».

Art. 313 : Ancien.


II sera défendu à la personne placée sous curatelle de plaider, de
transiger, d’emprunter, de recevoir un capital mobilier et d’en donner
décharge, d’aliéner ou de grever ses biens d’hypothèques, de faire le
commerce, sans l’assistance du curateur.
Le tribunal ne peut placer la personne sous l’assistance du curateur que
pour certains des actes précisés à l’alinéa précédent.

Art. 313 : Modifié.


Il est interdit à la personne placée sous curatelle de plaider, de transiger,
d’emprunter, de recevoir un capital mobilier et d’en donner décharge,
d’aliéner ou de grever ses biens d’hypothèques, de faire le commerce, sans
l’assistance du curateur.
Le tribunal ne peut placer la personne sous l’assistance du curateur que
pour certains des actes précisés à l’alinéa précédent.
Commentaire : Le régime juridique de protection des personnes concernées
ici est l’assistance. Le législateur donne une liste des actes que le majeur
doit passer avec l’assistance de son curateur. D’après l’article 313 du code
de la famille, la personne placée sous culturelle ne peut plaider, transiger,
emprunter, recevoir un capital mobilier et en donner décharge, aliéner ou
grever leurs biens d’hypothèque sans l’assistance de son curateur. Le
tribunal ne peut placer une personne sous l’assistance du curateur que pour
les actes ci-haut énumérées. Ce pour dire que pour les autres actes, le

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majeur sous curatelle reste capable. Lors de la réforme de 2016, il a été


remplacé le bout de phrase « il sera défendu » par « il est interdit ».

Art. 314. — Le régime de nullité des actes irrégulièrement accomplis par la


personne placée sous curatelle est le même que pour l’interdit.
Commentaire : Le régime de nullité des actes irrégulièrement accomplis par
la personne placée sous tutelle est le même que pour l’interdit. Il en découle
que tous les actes accomplis par l’incapable antérieurement à sa mise sous
curatelle sont annulables si le demandeur fait preuve de l’insanité de
l’incapable au moment de l’acte. Il montrera ainsi que l’intéressé atteint de
l’altération des facultés mentales ou corporelles était privé de la volonté
consciente et libre nécessaire à la validité de son acte. La situation n’est
cependant pas la même s’agissant des actes postérieurs au jugement de mise
en curatelle. La personne placée sous curatelle n’étant incapable que
partiellement, son incapacité ne s’étend qu’aux actes limitativement prévus
par la loi. Pour les autres actes, il est capable et peut donc les passer
valablement, même après le jugement de mise sous curatelle. Notons que
cette matière pourra également donner lieu à l'application de la théorie de
la lésion dont la conséquence, en droit congolais, est non la nullité, mais la
réduction des prestations dues par le conseil de famille.
Jurisprudence : Si les actes passés par un prodigue avant la nomination de
son conseil judiciaire peuvent être annulés lorsqu'ils ont été faits avec
l'intention d'empêcher les effets de cette nomination, les tribunaux peuvent, à
plus forte raison, tout en maintenant ces actes, condamner à des dommages-
intérêts les tiers qui, par leur assistance coupable, ont procuré au prodigue
les ressources que celui-ci allais dissiper (H. Capitant, F. Terré et Y.
Lequete, Les grands arrêts de la jurisprudence civile, Tome 1, 11ème édition,
2000, p. 299, En cause : Vormus contre Guignard).

Art. 315 : Ancien.


Un extrait du jugement de mise sous curatelle ainsi que de mainlevée est,
dans le mois de la décision, envoyé par le greffier du tribunal de paix à
l’officier de l’état civil du lieu où avait été établi l’acte de naissance de la
personne placée sous curatelle aux fins d’inscription en marge de cet acte et
transmis au Journal officiel pour publication.

Art. 315 : Modifié.


Un extrait du jugement de mise sous curatelle ainsi que de mainlevée est,
dans le mois de la décision, envoyé par le greffier du tribunal compétent à
l’officier de l’état civil du lieu où avait été établi l’acte de naissance de la
personne placée sous curatelle aux fins d’inscription en marge de cet acte et
transmis au Journal officiel pour publication.
Commentaire : Cette disposition de publicité de ces mesures tend à mieux
assurer la sécurité juridique des tiers. Dans le même sens l'article 309

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s'agissant de l'interdiction. Avec la réforme de 2016 cette disposition a


connu le remplacement du Tribunal de paix par le « Tribunal compétent »
dont le greffier est censé envoyer un extrait du jugement de mise sous
curatelle ainsi que de mainlevée à l’officier de l’état civil compétent.

CHAPITRE IV
DE L’AUTORITÉ PARENTALE

Section I. De l’attribution de l’autorité parentale

Art. 316. — L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère.
Commentaire : Cet aarticle consacre l’une des grandes valeurs de la
civilisation africaine à savoir le respect et l’honneur à ses parents quel que
soit l’âge de l’enfant.

Art. 317 : Ancien.


L’enfant mineur reste, jusqu’à sa majorité ou à son émancipation, sous
l’autorité conjointe de ses père et mère quant à l’administration de sa
personne et de son patrimoine et quant à la protection de sa sécurité, de sa
santé et de sa moralité.
En cas de dissentiment entre le père et la mère, la volonté du père
prévaut. Toutefois, la mère a un droit de recours devant le tribunal de paix.

Art. 317 : Modifié.


L’enfant mineur reste, jusqu’à sa majorité, sous l’autorité conjointe de ses
père et mère quant à l’administration de sa personne et de son patrimoine et
quant à sa protection, sa santé et sa moralité.
En cas de dissentiment entre le père et la mère, chacun d’eux a un droit
de recours devant le Tribunal pour enfant.
Commentaire : L'article sous examen fonde et vise l'exercice de l’autorité
parentale. En effet, animé par la volonté d’établir l’égalité entre les deux
parents, le législateur du Code de la famille a-t-il innové en consacrant
l’égalité des parents dans leurs rapports avec leur enfant c’est-à-dire une
codirection de sa personne. Il décide que cette autorité est exercée par les
deux parents et consacre désormais l’expression : autorité parentale. Le
Code de la famille consacre désormais l’autorité conjointe des père et mère
sur la personne et les biens de l’enfant. Ici, le texte du Code de la famille
innove quant au principe et quant à la terminologie même, se démarquant
ainsi de l’ancien Code civil livre 1er. Le vocable ‘‘autorité paternelle’’ qui
consacrait l’inégalité entre l’homme et la femme sous l’empire du Code civil
livre 1er, disparaît au bénéfice de la terminologie ‘‘autorité parentale’’ qui
indique que désormais le père et la mère exercent conjointement l’autorité
sur leurs enfants. Il s’agit tant des enfants nés dans le mariage que de ceux

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nés hors mariage. Les raisons de ce choix, quoique non exprimées dans
l’exposé des motifs de ce Code, découlent des attributs mêmes de cette
institution et justifient que les rapports des père et mère avec leurs enfants
cessent d’être des rapports de domination mais sont conçus désormais, sous
la terminologie de l’autorité parentale, comme un complexe de devoirs et
des droits. En droit congolais, les deux parents exercent conjointement, en
temps normal, les différents attributs de l’autorité parentale en veillant sur
la protection, la santé et la moralité de l’enfant et en administrant son
patrimoine. De même, le relâchement du lien matrimonial par le divorce ne
dispense pas les parents de leurs obligations vis-à-vis de leur progéniture.
La modification de cet article introduite en 2016 a porté sur la suppression
de l’émancipation comme cause de cessation de l’autorité parentale. A aussi
été supprimée la primauté du père lorsqu’il y a désaccord sur l’exercice de
l’autorité parentale. Le juge pour enfants peut être saisi du recours.

Art. 318. — Perd l’exercice de l’autorité parentale ou en est provisoirement


privé celui des père et mère qui se trouve dans l’un des cas suivants:
1. si un jugement de déchéance ou de retrait a été prononcé contre lui, pour
ceux de ses droits qui lui ont été retirés;
2. s’il est hors d’état de manifester sa volonté en raison de son incapacité, de
son absence, de sa disparition, de son éloignement ou de toute autre
cause.
Commentaire : Cet article énumère limitativement les deux causes de perte
de l'exercice de l'autorité parentale.

Art. 319 : Ancien.


Le père, la mère ou toute autre personne exerçant l’autorité parentale peut
être déchu de celle-ci, en tout ou en partie, à l’égard de tous ses enfants, de
l’un ou de plusieurs d’entre eux :
1. lorsqu’il est condamné pour incitation à la débauche de ses propres
enfants, de ses descendants et de tout autre mineur ;
2. lorsqu’il est condamné du chef de tous faits commis sur la personne d’un
de ses enfants ou de ses descendants ;
3. lorsque, par mauvais traitement, abus d’autorité, inconduite notoire ou
négligence grave, il met en péril la santé, la sécurité ou la moralité de son
enfant ;
4. lorsqu’il a été condamné pour abandon de famille.
La déchéance est prononcée par le tribunal de paix sur réquisition du
Ministère public.
Le tribunal de paix peut, dans les mêmes conditions, relever de la
déchéance en tout ou en partie.

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Art. 319 : Modifié.


Le père, la mère ou toute autre personne exerçant l’autorité parentale peut
être déchu de celle-ci, en tout ou en partie, à l’égard de tous ses enfants, de
l’un ou de plusieurs d’entre eux :
1. lorsqu’il est condamné pour incitation à la débauche de ses propres
enfants, de ses descendants et de tout autre mineur ;
2. lorsqu’il est condamné du chef de tous faits commis sur la personne d’un
de ses enfants ou de ses descendants ;
3. lorsque, par mauvais traitement, abus d’autorité, inconduite notoire ou
négligence grave, il met en péril la santé, la sécurité ou la moralité de son
enfant ;
4. lorsqu’il a été condamné pour abandon de famille.
La déchéance est prononcée par le Tribunal pour enfants sur réquisition
du Ministère public.
Le Tribunal pour enfants peut, dans les mêmes conditions, relever de la
déchéance en tout ou en partie.
Commentaire : La déchéance de l'autorité parentale est une mesure de droit
civil prononcée contre les parents indignes ou gravement défaillants, en vue
d'assurer la protection de leurs enfants mineurs. Il convient de souligner
qu'en droit congolais, le législateur a préféré la terminologie "déchéance"
en lieu et place de "retrait". Ce choix repose sur l'idée de la faute. Or, la
tendance qui traduit l'idée de sanction des parents au détriment de celle d
l'enfant devrait être écartée. Ainsi, le législateur devrait remplacer le
concept "déchéance" parle terme "retrait" car le premier renferme, comme
nous l'avons souligné plus haut, l'idée de "sanction", c'est-à-dire on vise à
sanctionner la conduite du parent, tandis que le second évoque l'idée de
protéger le mineur. Les causes de la déchéance restent certaines liées au
droit civil et les autres au droit pénal. Les causes de déchéance de l'autorité
parentale peuvent avoir des liens directs ou indirects avec des infractions
pénales. Cela conduit à la prononciation, outre de la peine à encourir, de la
décision de déchéance de l'autorité parentale. Les causes liées au droit civil
sont celles qui conduisent le tribunal pour enfants à prononcer la déchéance
de l'autorité parentale. Elles trouvent leur fondement dans l'article 319 sous
examen. Les causes liées au droit pénal sont des circonstances qui,
lorsqu'elles sont réunies, déclenchent l'action en déchéance de l'autorité
parentale qui doit produire des effets de droit. En effet, avant la loi n°06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940
portant code pénal congolais, la mesure de déchéance ne pouvait être
prononcée que par la juridiction civile, mais depuis l'entrée en vigueur de
cette loi, le juge pénal est autorisé à prononcer la déchéance de l'autorité
parentale. Le juge pénal congolais prononcera la déchéance de l'autorité
parentale ou tutélaire à l'égard de la personne exerçant l'autorité parentale
ou tutélaire, conformément à l'article 319 du code de la famille, quiconque
aura commis le viol sur un mineur (article 171 bis, point 10, de la loi

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précitée), quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, facilitant ou


favorisant les passions d'autrui, la débauche ou la corruption du mineur
(article 174 de la loi précitée), quiconque aura utilisé un enfant de moins de
18 ans aux fins des activités sexuelles contre rémunération ou toute autre
forme d'avantage (article 174 n de la loi précitée). Il faut signaler qu'en ce
qui concerne les causes de déchéance le juge reste souverain. Il lui
appartiendra souverainement de décider ou pas de la déchéance. Et lorsqu'il
la décide, c'est encore à lui de déterminer si la déchéance sera totale ou
partielle. Une précision mérite d'être soulignée à ce niveau : La
modification de cet article en 2016 a consisté au fait à donner la compétence
pour prononcer la déchéance de l’autorité parentale au Tribunal pour
enfants.

Art. 320. — Les père et mère de l’enfant, à l’exclusion du tuteur, peuvent


déléguer, en tout ou en partie, l’exercice de l’autorité parentale à une
personne majeure jouissant de la pleine capacité civile.
La délégation est soumise aux conditions de fond et de forme du droit
commun.
Commentaire : Le législateur ne dit pas clairement que la délégation de
l’autorité parentale est judiciaire. Il apparait dès lors judicieux que le
législateur congolais puisse reformuler l’alinéa 1er de cet article de façon à
faire à ressortir le caractère judiciaire de la délégation de l’autorité
parentale, et ce en vue d’éviter toute confusion et pallier aux diverses
interprétations doctrinales. La réformation dudit article aura pour avantage
de mettre en évidence le caractère judiciaire de l’autorité parentale qui n’est
pas souligné dans le Code de la famille de 1987, et lequel n’apparait pas
non plus dans le code de la famille de 2016, vu que l’article 320 n’a pas fait
l’objet de modification. De lege ferenda, cet article devrait être reformulé de
manière suivante : ‘‘Les père et mère de l’enfant, à l’exclusion du tuteur,
peuvent saisir le tribunal pour enfants en vue de déléguer, en tout ou en
partie, l’exercice de l’autorité parentale à une personne majeure jouissant
de la pleine capacité civile.

Art. 321. — La perte de l’exercice de l’autorité parentale n’exonère pas son


titulaire de ses obligations pécuniaires qui découlent de l’entretien et de
l’éducation de ses enfants.
Commentaire : L'article 321 met en relief les devoirs de la personne qui
exerce l'autorité parentale. Si elle perd l'exercice de ce droit, les obligations
y afférentes ne disparaissent pas pour autant. Cette solution est en réalité
une mesure de sécurité pour les enfants. Elle est aussi un frein pour ceux des
parents qui risquent de croire qu'une déchéance de l'autorité parentale les
décharge aussi de leurs devoirs envers leurs enfants. Un père ou une mère
qui tomberait dans l'une des hypothèses de l'article 318 reste lié par ses
obligations envers ses enfants.

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Art. 322 : Ancien.


Si le père décède ou se trouve dans un des cas énumérés à l’article 318,
l’autorité parentale sera exercée comme prévu à l’article 198.
En cas de prédécès de la mère, l’exercice de l’autorité parentale est
dévolu en entier au père.
Lorsque la filiation du mineur n’est établie qu’à l’égard d’un de ses
parents, l’exercice de l’autorité parentale est dévolu en entier à celui-ci.

Art. 322 : Modifié.


Si le père ou la mère décède ou se trouve dans un des cas énumérés à
l’article 318 ci-dessus, l’autorité parentale est exercée comme prévu à
l’article 198 de la présente loi.
Lorsque la filiation du mineur n’est établie qu’à l’égard d’un de ses
parents, l’exercice de l’autorité parentale est dévolu à celui-ci.
Commentaire : Cet article règle la question de l'exercice de l'autorité
parentale en cas décès de l'un des parents ou de privation de l'autorité
parentale de l'un d'eux : la règle est la continuation pure et simple de cette
autorité par l'autre parent, comme le prévoit l'article 198 modifié du code de
la famille. L'alinéa 2 prévoit le cas où la filiation n'est connue que vis-à-vis
d'un seul des auteurs et en ce cas, celui-ci exerce seul les prérogatives de
l'autorité parentale. La modification de cet article en 2016 a consisté en
l’ajout de « la mère » dans l’hypothèse visée à l’article dont question. Elle a
aussi consisté en la suppression de l’alinéa 2 qui donnait l’autorité
parentale au seul père en cas de prédécès de la mère.

Art. 323 : Ancien.


Toutefois, en cas de décès de l’un des auteurs exerçant l’autorité
parentale, le tribunal de paix pourra, à tout moment, à la requête soit du
représentant du conseil de famille de l’auteur prédécédé, soit de l’auteur
survivant, désigner un tuteur adjoint chargé d’assister l’auteur survivant dans
l’éducation, l’entretien et la gestion des biens du mineur.
Après que l’auteur survivant sera entendu sur l’opportunité et les
modalités de cette mesure, le tribunal fixera les charges et contrôles auxquels
le tuteur adjoint sera appelé à participer.
Si le tuteur adjoint est tenu de participer aux obligations d’entretien et
d’éducation du mineur, il bénéficiera des avantages fixés par la législation
sociale en faveur du tuteur.

Art. 323 : Modifié.


En cas de décès de l’un des parents exerçant l’autorité parentale, le
Tribunal pour enfants peut, à tout moment, à la requête soit du représentant
du conseil de famille du parent prédécédé, soit du parent survivant, désigner
un tuteur adjoint chargé d’assister le parent survivant dans l’éducation,
l’entretien et la gestion des biens du mineur.

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Après que le parent survivant a été entendu sur l’opportunité et les


modalités de cette mesure, le tribunal fixe les charges et contrôles auxquels
le tuteur adjoint sera appelé à participer.
Si le tuteur adjoint est tenu de participer aux obligations d’entretien et
d’éducation du mineur, il bénéficie des avantages fixés par la législation
sociale en faveur du tuteur.
Commentaire : Cet article prévoit la possibilité d'un tuteur adjoint par le
tribunal pour enfants pour aider le parent survivant dans l'exercice de
l'autorité parentale. La modification de cet article en 2016 a porté sur la
suppression de « Toutefois » avec la conséquence que cela peut être
interprété comme n’étant plus une exception. La modification a également
consisté au remplacement du groupe de mots « auteurs exerçant l’autorité
parentale » par « parents exerçant… ». La nouvelle disposition ajoute le
Tribunal pour enfants comme le Tribunal compétent pour désigner un tuteur
en remplacement du Tribunal de paix. Une modification sur la forme a
consisté à remplacer le verbe au futur « sera, fixera, bénéficiera » par le
présent.
Art. 324. — En tout état de cause, l’auteur qui seul exerce l’autorité
parentale s’il se considère incapable, peut demander au tribunal de désigner
un tuteur.
Commentaire : Un parent qui exerce seul l'autorité parentale peut solliciter
la désignation d'un tuteur. Le tribunal définira sa mission après avoir
examiné la requête, entendu le parent survivant, en s'inspirant tant
évidemment de l'intérêt du mineur que du principe du maintien intégral si
cela est possible de l'autorité parentale exclusive de l'auteur survivant. La
mission du tuteur adjoint pourra dès lors être limitée, par exemple
uniquement affectée à la gestion du patrimoine, laissant le soin de
l'éducation et de l'entretien des enfants à l'auteur survivant. Il s'agit ici d'une
exception au principe qui veut que le mineur ne soit pourvu d'un tuteur
ordinaire qu'en cas de décès de ses deux géniteurs.
Art. 325 : Ancien.
Si les père et mère sont divorcés ou séparés de fait, l’autorité parentale est
exercée par celui d’entre eux à qui le tribunal a confié la garde de l’enfant,
sauf le droit de visite et de surveillance de l’autre.
Lorsque la garde a été confiée à un tiers, les autres attributs de l’autorité
parentale continuent d’être exercés par les père et mère.
Mais le tribunal, en désignant un tiers comme gardien, peut décider qu’il
devra requérir l’ouverture d’une tutelle.
Art. 325 : Modifié.
Si les père et mère sont divorcés ou séparés de fait, l’autorité parentale est
exercée par celui d’entre eux à qui le tribunal compétent a confié la garde de
l’enfant, sauf le droit de visite et de surveillance de l’autre.

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Lorsque la garde a été confiée à un tiers, les autres attributs de l’autorité


parentale continuent d’être exercés par les père et mère.
Toutefois, le tribunal, en désignant un tiers comme gardien, peut décider
qu’il devra requérir l’ouverture d’une tutelle.
Commentaire : En cas de divorce ou de séparation de fait, l'autorité
parentale est exercée celui qui a la garde de l'enfant. L'autre parent a le
droit de visite. La modification de cet article en 2016 a consisté en l’ajout
du « tribunal compétent » et au remplaçant de « Mais » par « Toutefois » au
dernier alinéa.

Section II. Des conséquences de l’autorité parentale

Art. 326. — Les père et mère ou celui qui exerce l’autorité parentale sont
chargés de la direction de l’enfant mineur. Ils ne peuvent faire usage des
droits de l’autorité parentale que dans l’intérêt de l’enfant.
Celui qui exerce l’autorité parentale est tenu d’entretenir l’enfant et de
pourvoir à ses besoins et à son éducation dans la mesure de ses moyens.
Il a le droit et le devoir de fixer la résidence de l’enfant, de surveiller ses
actes et ses relations, de régler sa sépulture et de faire respecter sa mémoire.
Il peut infliger à l’enfant réprimandes et corrections dans la mesure
compatible avec son âge et l’amendement de sa conduite.
Commentaire : La charge de diriger l’éducation de l’enfant est reconnue
aux parents mais dans la mesure de leurs moyens. Le droit de diriger
l’éducation de l’enfant, de surveiller sa conduite et de former son caractère
appelle le pourvoir de commander. Par ailleurs, précisons que le droit de
garde et d’éducation impliquent pour les parents le droit d’infliger à l’enfant
réprimandes et corrections. Ces dernières consistent en des punitions
légères, morales ou physiques. Il va de soi qu’ils doivent s’exercer avec
modération. En cas d’abus, ils pourraient donner lieu à des poursuites
judiciaires. Il est donc nécessaire d’adapter le droit de correction aux
méthodes nouvelles suivies pour tâcher d’améliorer l’enfant et ainsi enrayer
le développement de la criminalité. Enfin, il y a lieu de noter qu’au décès de
l’enfant, les parents ont le droit de régler sa sépulture et de faire respecter
sa mémoire.

Art. 327 : Ancien.


Les père et mère ont l’administration et la jouissance des biens de leur
enfant jusqu’à sa majorité ou jusqu’à son émancipation.
Les revenus de ces biens sont par priorité consacrés à l’entretien et à
l’éducation de l’enfant.
Cette jouissance ne s’étend pas aux biens provenant d’un travail séparé de
l’enfant, ni à ceux qui lui seront donnés ou légués sous la condition expresse
d’exclusion d’une telle jouissance, ni aux biens provenant d’une succession
dont le père ou la mère ont été exclus comme indignes.

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Art. 327 : Modifié.


Sous réserve des dispositions de l’article 289 de la présente loi, les père et
mère ont l’administration et la jouissance des biens de leur enfant jusqu’à sa
majorité.
Les revenus de ces biens sont, par priorité, consacrés à l’entretien et à
l’éducation de l’enfant.
En tout état de cause, cette jouissance ne s’étend pas aux biens provenant
d’un travail séparé de l’enfant, ni à ceux qui lui seront donnés ou légués sous
la condition expresse d’exclusion d’une telle jouissance, ni aux biens
provenant d’une succession dont le père ou la mère ont été exclus comme
indignes.
Commentaire : Cet article détermine l'étendue des droits des parents sur les
biens de l'enfant mineur. Il article a été modifié en 2016 dans le sens de
supprimer l’émancipation comme cause de cessation de l’administration et
la jouissance des biens par les père et mère. Est également ajouté le groupe
de mots « En tout état de cause » qui renvoie à une exclusion totale de
l’administration ou jouissance légales des parents sur les biens de l’enfant
issus d’un travail séparé. Une autre modification sur la forme a consisté en
l’ajout de la ponctuation.
Art. 328 : Ancien.
Les charges de cette jouissance sont :
1. celles auxquelles sont tenus en général les usufruitiers;
2. la nourriture, l’entretien et l’éducation de l’enfant, selon sa fortune;
3. les dettes grevant la succession recueillie par l’enfant en tant qu’elles
auraient dû être acquittées sur les revenus.
Art. 328 : Modifié.
Les charges de la jouissance prévue à l’article 327 ci-dessus sont :
1. celles auxquelles sont tenus en général les usufruitiers ;
2. la nourriture, l’entretien et l’éducation de l’enfant, selon sa fortune ;
3. les dettes grevant la succession recueillie par l’enfant en tant qu’elles
auraient dû être acquittées sur les revenus.
Commentaire : Cet article précise les charges liées à la jouissance légale
des biens du mineur. La modification de cet article en 2016 a consisté au
remplacement du verbe « doit être » par « est ». Il a consisté aussi à la
précision quant à l’article cité par l’ajout du mot « ci-dessus » à cet article.
Art. 329 : Ancien.
Cette jouissance cesse :
1. dès que l’enfant a dix-huit ans accomplis ou même plus tôt quand il
contracte mariage ;
2. par les causes qui mettent fin à l’autorité parentale ou même plus
spécialement par celles qui mettent fin à l’administration légale ;
3. par les causes qui comportent l’extinction de tout usufruit.

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Art. 329 : Modifié.


La jouissance des biens visés à l’article 327 ci-dessus cesse :
1. dès que l’enfant a dix-huit ans accomplis ;
2. par les causes qui mettent fin à l’autorité parentale ou, même plus
spécialement, par celles qui mettent fin à l’administration légale ;
3. par les causes qui comportent l’extinction de tout usufruit.
Commentaire : Cet article énumère les causes de cessation de la jouissance
légale des biens du mineur. La modification de cet article en 2016 a consisté
au remplacement du verbe « doit être » par « est » et également elle a
consisté à préciser que l’article cité est celui qui précède en ajoutant le mot
« ci-dessus » après ledit article ainsi qu’en l’ajout de quelques signes de
ponctuation. Une autre modification a concerné la suppression de toute
allusion faite au mariage des mineurs.

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LIVRE III : DE LA FAMILLE

TITRE Ier
DU MARIAGE

CHAPITRE Ier
DES RÈGLES GÉNÉRALES

Section I. Des caractères généraux du mariage

Art. 330 : Ancien.


Le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une
femme qui ne sont engagés ni l’un ni l’autre dans les liens d’un précédent
mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et durable dont les
conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par la
présente loi.

Art. 330 : Modifié.


Le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une
femme, qui ne sont engagés ni l’un ni l’autre dans les liens d’un précédent
mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et durable dont les
conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par la
présente loi.
Commentaire : L'article 330 définit le mariage. En général, les législations
sur le mariage omettent de définir cette institution. En effet, il est difficile de
définir cette institution et même dangereux d'essayer d'en circonscrire les
contours. Toutefois, le législateur a cru bon de proposer une définition du
mariage, en mettant un accent tout particulier sur le caractère stable du
mariage. En effet, la Constitution incite nettement à proposer une
organisation du mariage assurant sa stabilité; dès l'article 330, premier
article relatif au mariage on a donc tenu à souligner le caractère stable du
mariage. Il ressort de la définition du mariage donné à cet article 330 que le
mariage présente quatre caractères qui seront explicités dans les articles qui
suivent : il est un acte personnel, public, civil et solennel.Cet article a été
cité parmi les articles modifiés lors de la réforme de 2016. En réalité il s'agit
d'une fausse modification car aucun mot n’a été modifié dans cette
disposition. Manifestement les propositions de la Commission culturelle du
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Sénat n’ont pas été admises. Elle avait proposé un deuxième alinéa d’après
lequel « La monogamie est l’unique forme du mariage autorisée en
République Démocratique du Congo ».

Art. 331. — Dans l’interprétation et l’application de la présente loi, les cours


et tribunaux auront en vue la protection du ménage fondé sur le mariage et la
sauvegarde de son unité et de sa stabilité.
Commentaire : Cet article reprend l'une des dispositions de l'article 40 de
la Constitution. Le rappel de la disposition constitutionnelle n'est pas
inutile; en effet, l'article 331 rappelle aux cours et tribunaux que dans
l'interprétation et l'application des dispositions sur le mariage, ils ont à
respecter le principe fondamental de la stabilité du mariage et de l'unité du
couple.

Art. 332. — Sauf disposition contraire, les règles de la présente loi sont
impératives et d’ordre public.
Aucune convention conclue en considération d’une union distincte du
mariage tel que défini à l’article 330 ne peut produire les effets du mariage.
Commentaire : Un principe extrêmement important est énoncé à l'article
332 alinéa 1er, lequel dispose que le code a un caractère impératif ; il s'agit
des règles auxquelles des particuliers ne peuvent déroger par des
conventions particulières. En vertu de cet article donc, le domaine du
mariage et tout ce qu'il comporte est soustrait de l'autonomie de la volonté
des parties. Les particuliers ne peuvent pas, par des contrats ou des
arrangements qui leur sont propres, déroger aux règles impératives édictées
par la loi. Quant à l'alinéa 2 de l'article 332, il contient la règle selon
laquelle le législateur n'entend que protéger les unions sexuelles qui ont lieu
dans le cadre du mariage. Dans l'esprit de la loi, les conventions conclues
en considération d'une union sexuelle qui aurait lieu en dehors du mariage
ne peuvent produire aucun effet juridique.

Art. 333 : Ancien.


L’union qui n’a été conclue que selon les prescriptions d’une Église ou
d’une secte religieuse ne peut produire aucun effet du mariage tel que défini
à l’article 330.
Toute disposition contraire est de nul effet.

Art. 333 : Modifié.


L’union qui n’a été conclue que selon les prescriptions d’une confession
religieuse ne peut produire aucun effet du mariage tel que défini à l’article
330 de la présente loi.
Toute disposition contraire est nulle et de nul effet.
Commentaire : Depuis l’entrée en vigueur du code de la famille, le mariage
n’est considéré par la loi que comme un acte civil (le mot ‘‘civil’’ est pris ici

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comme antonyme de religieux) ; la loi n’attache aucun effet au mariage


religieux. A ce propos, l’ancien article 333 du Code de la famille disposait :
‘‘L’union qui n’a été conclue que selon les prescriptions d’une Église ou
d’une secte religieuse ne peut produire aucun effet du mariage tel que défini
à l’article 330. Toute disposition contraire est de nul effet’’.
Cet article a été modifié et a connu deux amendements qui ont consisté :
- au remplacement du groupe de mots ‘‘église ou d’une secte religieuse’’
par le groupe de mots ‘ ‘confection religieuse’’ plus approprié ; et cela
en vue de capturer toutes les structures religieuses qui ne seraient pas
nécessairement des églises ou des sectes ;
- au remplacement de l’ancien alinéa deuxième ‘‘Toute disposition
contraire est de nul effet’’ par une formule plus appropriée suivante :
‘‘Toute disposition contraire est nulle et de nul effet’’.

Section II. De la liberté du mariage

Art. 334 : Ancien.


Tout Congolais a le droit de se marier avec la personne de son choix et de
fonder une famille.

Art. 334 : Modifié.


Tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de
sexe opposé, et de fonder une famille.
Commentaire : L’ancien article 334 du Code de la famille disposait que
‘‘Tout Congolais a le droit de se marier avec la personne de son choix et de
fonder une famille’’. Cette disposition prêtait le flanc à la critique au regard
de la législation de certains pays africains39 et européens40 qui admettent
actuellement les mariages des personnes de même sexe. Dire que le
Congolais a le droit de se marier avec la personne de son choix, n’est-ce pas
admettre le mariage d’homosexuels ? Cette question n’est pas sans
importance lorsque l’on se souvient de la tôlée provoquée tant au parlement
que parmi la population, la presse locale interposée, lors de l’adoption de
l’avant-projet de la Constitution qui contenait une disposition similaire à
celle de l’article 334 précité. Une opinion avait soutenu, en effet, que dire
que le Congolais pouvait se marier avec la personne de son choix équivalait
à autoriser le mariage des personnes de même sexe. Toujours pour cette
opinion, si une telle disposition était consacrée dans la Constitution, texte
supérieur à la loi portant Code de la famille, elle devait conduire à
l’abrogation notamment les articles 330, 349 et 352 du Code de la famille
qui ne conçoivent le mariage qu’entre personnes de sexe opposé. Une autre
opinion a estimé par ailleurs qu’en disant que le Congolais peut se marier

39
Afrique du Sud.
40
Pays-Bas, Belgique, France, Espagne.

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avec la personne de son choix, l’avant-projet de la Constitution ne visait


autre chose qu’un partenaire de sexe différent car dans nos traditions, le
mariage de personnes de même sexe n’est pas admis. Face à ce débat, le
texte définitif de la Constitution a tranché en consacrant explicitement, en
son article 40 alinéa 1, que ‘‘Tout individu a le droit de se marier avec la
personne de son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille’’. Le
mariage ne se conçoit en droit congolais que par rapport à une personne de
sexe opposé. Le mariage des homosexuels n’est donc pas de mise en droit
congolais. Et pour éviter toute équivocité et toute éventuelle mauvaise
interprétation de cet article 334 au regard du prescrit de la Constitution
pré-rappelé, le législateur de 2016 l’a modifié de la manière suivante :
‘‘Tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe
opposé, et de fonder une famille’’. La modification a touché le remplacement
du mot « congolais » par « individu » au début de l’article. La modification
a également consisté à ajouter le groupe de mots « de sexe opposé » qui ne
figurait pas dans l’ancienne formulation qui se limitait à parler de
« personne de son choix ».

Art. 335. — L’engagement de ne pas se marier, ou de ne pas se remarier pris


par une personne, est sans effet au regard de la loi.
L’officier de l’état civil n’en tient aucun compte.
Toute condition ou tout terme dont dépendent la naissance, la
modification ou l’extinction d’un droit ou d’une obligation, et visant à
exclure ou à retarder le mariage d’une personne, est de nul effet et n’affecte
pas la naissance, la modification ou l’extinction du droit ou de l’obligation.
Commentaire : Cet article dispose que la promesse de ne pas se marier et la
condition de ne pas se marier insérées dans un contrat n'ont aucune valeur
légale. L'utilité de ces dispositions réside notamment en ce qu'elles
permettent l'annulation de toute clause contractuelle qui mettrait
automatiquement fin à un contrat d'emploi conclu avec une femme non
mariée dans le cas où elle se marie.

Art. 336 : Ancien.


Sera puni d’une peine de servitude pénale d’un à trois mois et d’une
amende de 100 à 500 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, tout
individu autre que les père, mère, tuteur ou toute personne qui exerce en
droit l’autorité sur l’individu, qui aura contraint une personne à se marier
contre son gré ou qui, de mauvaise foi, aura empêché la conclusion d’un
mariage remplissant toutes les conditions légales.
Toutefois, en cas de contrainte exercée par les parents, le tuteur ou toute
personne qui exerce en droit l’autorité sur l’individu, ce dernier peut saisir le
conseil de famille, lequel statue. En cas de désaccord, le tribunal de paix en
sera saisi.

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Art. 336 : Modifié.


Est puni d’une servitude pénale principale d’un à trois mois et d’une amende
de 150.000 à 600.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement, tout
individu autre que le père, mère, ou tuteur, qui aura contraint une personne à se
marier contre son gré ou qui, de mauvaise foi, aura empêché la conclusion d’un
mariage remplissant toutes les conditions légales.
Toutefois, en cas de contrainte exercée par les parents, le tuteur ou toute
personne qui exerce en droit l’autorité sur l’individu, ce dernier peut saisir le
conseil de famille, lequel statue. En cas de désaccord, le Tribunal de paix en sera
saisi.
Commentaire : L'article 336 édicte les sanctions pénales qui visent à garantir la
liberté du mariage. Il s'agit d'un article à portée très générale : quiconque
"c'est-à-dire l'un des futurs époux, leurs parents, une tierce personne" contraint
quelqu'un à se marier ou qui s'oppose à un mariage voulu par deux personnes,
sera frappé par les peines prévues par cet article. Le deuxième alinéa du même
article vise à renforcer les peines lorsque l'auteur de l'infraction est un membre
influent de la famille des époux. La modification de cet article 2016 a consisté à
remplacer le futur « sera puni » par le présent « est puni ». Le groupe de mot
« peine de servitude pénale » est remplacé par « servitude pénale » tout court.
En outre, la modification a également consisté à actualiser le montant des
amendes en francs congolais.

CHAPITRE II
DES FIANÇAILLES

Section I. Des dispositions générales

Art. 337. — Les fiançailles sont une promesse de mariage. Elles n’obligent pas
les fiancés à contracter mariage.
Le mariage peut être contracté sans célébration préalable des fiançailles.
Commentaire : Après avoir défini les fiançailles comme étant une promesse de
mariage, promesse qui a lieu entre un home et une femme, l'article 337 précise
que les fiançailles n'obligent pas les fiancés à contracter mariage. Ainsi, jusqu'à
la réalisation du mariage, les fiançailles ne constituent qu'un projet auquel
chacun des fiancés peut renoncer à tout moment et à de façon unilatérale. La
rupture des fiançailles n'est pas, par elle-même, constitutive de faute ; celle-ci
peut néanmoins provenir des circonstances qui entourent la rupture. Celui à qui
cette faute aura causé un dommage pourra s'il l'estime nécessaire intenter une
action en dommages-intérêts sur la base de droit commun.

Art. 338. — Les dispositions du présent chapitre sont applicables selon le cas :
1. aux promesses de mariage échangées entre un homme et une femme
conformément à leurs coutumes ;

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2. au contrat par lequel il est convenu, entre les membres de deux familles,
qu’un mariage interviendra entre deux personnes, le fiancé et la fiancée,
appartenant à ces deux familles ;
3. aux diverses étapes du mariage célébré en famille tant que selon les règles
coutumières, le mariage n’est pas parachevé.
Commentaire : Selon les systèmes juridiques occidentaux, les fiançailles
peuvent être définies comme une promesse de mariage. L'on parle beaucoup de
fiançailles dans le contexte africain, tout en ne visant pas nécessairement les
simples promesses de mariage. Très souvent, la réalité désignée par le terme
"fiançailles" constitue en fait un début de réalisation du mariage. En droit
africain, très souvent, ceux qu'on appelle fiancés ne sont pas des personnes qui
se sont promis de contracter mariage, mais plutôt des personnes qui sont déjà
en partie mariées, des personnes qui ne sont engagées dans des liens d'un
mariage qui n'a point encore abouti à sa réalisation complète. Il y a lieu de
souligner une différence profonde entre la conception africaine traditionnelle de
la formation du mariage et la conception occidentale. En occident, le mariage
se réalise à un moment précis, le moment où l'officier de l'état civil, après avoir
entendu les époux prononcer leur oui respectif, les déclare unis par les liens du
mariage. En Afrique, le mariage ne se réalise pas en un unique instant, sa
conclusion constitue un événement qui se prolonge dans le temps. A partir de
certains événements, deux personnes peuvent affirmer qu'elles sont en train de
se marier. Pendant un laps de temps qui peut être considérable, ces deux
personnes sont liées par les liens qui font partie des obligations du mariage,
sans qu'elles soient tenues absolument à toutes les obligations dérivant du
mariage. Ainsi, ce qu'on appelle mariage en droit africain, est plutôt
l'achèvement, la finition d'un mariage qui s'est formé petit à petit, par étapes. Il
s'ensuit que le législateur considère comme fiançailles, c'est-à-dire donc comme
une situation régie par les dispositions qui suivent, tant les promesses de
mariage échangées entre deux personnes que des conventions en vue d'un
mariage conclu par les membres de la famille de ces personnes, et encore,
toutes les étapes du mariage traditionnel précédant la célébration du mariage.

Art. 339. — Les fiançailles n’entraînent les effets prévus au présent chapitre que
si lors de leur conclusion, les fiancés y donnent consentement et remplissent les
conditions de fond pour le mariage.
Commentaire : En ce qui concerne les conditions de formation des fiançailles il
a paru nécessaire de les mentionner afin qu'il soit possible d'appliquer les règles
sur les effets et sur la rupture des fiançailles aux seuls cas visés par l'article 338,
lequel définit les fiançailles. En ce qui concerne les conditions de forme, l'article
339 renvoie aux conditions du mariage.

238
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Art. 340 : Ancien.


La forme des fiançailles est réglée par la coutume des fiancés.
En cas de conflit des coutumes, la coutume de la fiancée sera
d’application.
Les fiançailles ne donnent lieu à aucune inscription dans les registres de
l’état civil.

Art. 340 : Modifié.


La forme des fiançailles est réglée par la coutume des fiancés.
En cas de conflit des coutumes, la coutume de la fiancée est
d’application.
Les fiançailles ne donnent lieu à aucune inscription dans les registres de
l’état civil.
Commentaire : En ce qui concerne la forme des fiançailles, l'article 340
renvoie aux coutumes des fiancés. Si les fiancés sont régis par une même
coutume, c'est celle-ci qui s'appliquera à eux; si, au contraire, ils ne sont pas
régis par une même coutume, c'est généralement la coutume de la fiancée
qui s'applique. L'article 340 précise aussi que les fiançailles ne donnent pas
lieu à une inscription à l'état civil. La modification de cet article 2016 a
consisté au remplacement du futur « sera d’application » par le présent « est
d’application ». Mais dans la logique des choses, le conflit nait avant la
solution, donc le futur était plus justifié.

Art. 341. — Les fiançailles peuvent être prouvées par toutes voies de droit.
Commentaire : les fiançailles peuvent être prouvées par toutes voies de
droit. Le législateur consacre ainsi le principe de la liberté des preuves en
matière des fiançailles. Il en découle que les fiançailles peuvent être
prouvées par tous les moyens organisés par la loi : écrit, témoignage...

Section II. Des effets des fiançailles

Art. 342. — Les fiançailles n’ont que les effets prévus aux dispositions de la
présente loi.
Commentaire : L'article est 342 est clair et n'appelle pas un commentaire
spécial. Il dispose que les fiançailles n'ont que les effets prévus aux
dispositions de la présente section. C'est en vue de sauvegarder le principe
de la liberté des époux au moment de la célébration du mariage, que la loi a
limité le plus possible les effets des fiançailles.

Art. 343. — L’exécution des obligations incombant aux fiancés et à leurs


parents respectifs selon la coutume applicable aux fiançailles, ne peut être
poursuivie en justice.
Commentaire : Cet article énonce que les obligations coutumières dérivant
des fiançailles constituent, pour celui à qui la coutume les impose, une

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simple obligation naturelle. La notion d'obligation naturelle est bien


connue : elle implique que l'exécution directe ou par équivalent ne peut être
poursuivie en justice. Toutefois, si l'obligation a été exécutée, la restitution
ou le remboursement de ce qui a été presté ne peut pareillement être obtenu
par celui qui a exécuté l'obligation. Certains pourraient objecter que cet
article ne respecte pas l'égalité de l'homme et de la femme, le législateur a
cependant essayer de formuler une coutume et une pratique bien établies.

Art. 344. — En cas de rupture des fiançailles, les prestations et les valeurs
données ou échangées durant les fiançailles sont remboursées conformément
à la coutume.
Commentaire : Cet article remet les parties à la coutume pour régler le
remboursement éventuel des prestations et des valeurs qui ont été données
ou échangées durant les fiançailles. Voici un exemple de prestations : le
fiancé engage des travailleurs pour construire ou réparer une maison de sa
future belle famille. Etant donné que le fiancé a payé ces travailleurs et que
ces travaux ont été effectués en vue du mariage, la rupture des fiançailles
peut éventuellement donner lieu au remboursement des sommes dépensées
par le fiancé.

Art. 345. — Les cadeaux reçus de part et d’autre doivent être restitués sauf :
1. si le tribunal estime qu’il serait inéquitable de restituer tout ou partie des
cadeaux offerts par celui des fiancés qui, par sa faute, a provoqué la
rupture ;
2. si la coutume applicable ne prévoit pas la restitution des cadeaux ou de
certains cadeaux ;
3. s’il appert que les cadeaux ont été offerts sous condition que le mariage
ait lieu.
Commentaire : Le texte opère une distinction entre les cadeaux et la dot.
Alors que les questions relatives au remboursement de la dot restent
soumises aux règles coutumières, le texte propose à l'article 345 comme
principe de solution du problème de restitution des cadeaux que ceux-ci
soient restitués en cas de rupture. Mais diverses exceptions à ce principe
sont prévues : notamment dans l'hypothèse où le tribunal estime que le
remboursement serait injuste ou inéquitable en raison du fait que celui qui le
réclame a provoqué la rupture par sa propre faute. Les autres exceptions ne
sont pas dépourvues d'importance. D'une part on a prévu le cas où la
coutume applicable aux fiançailles ne prévoit pas la restitution des cadeaux
ou d'une partie de ceux-ci. D'autre part, il est prévu que ne seront restitués
que les cadeaux qui ont été offerts sans que le donateur soumette
l'acquisition définitive de ces donations à la résiliation du mariage.

Art. 346. — La personne à laquelle la rupture des fiançailles est imputée, est
tenue de tous les frais occasionnés par les fiançailles.

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En outre, elle doit réparer tout préjudice causé par la rupture des
fiançailles, à l’exclusion de la perte des avantages qu’on pouvait espérer
légitimement en raison du mariage.
Commentaire : Les fiançailles prennent fin soit par le mariage des parties,
ce qui n’est pas obligatoire (art. 337 CF), soit par la rupture puisque la
promesse de mariage n’est susceptible d’aucune condamnation forcée et que
chacun des fiancés a le droit de rompre unilatéralement les fiançailles. Si la
rupture légitime n’entraine aucune responsabilité, la rupture abusive, celle
du fiancé ou de la fiancée qui a rompu de sa propre initiative, ou qui, par sa
faute a poussé l’autre à le faire, engage la responsabilité de son auteur ; la
rupture abusive engage, ensuite, la responsabilité des personnes qui ont
incité les fiancés à rompre. Ces dernières sont tenues aux termes de l’article
du 346 CF de tous les frais occasionnés par les fiançailles. Il s’agit donc
d’une responsabilité délictuelle. Les personnes qui ont commis une faute en
rompant les fiançailles peuvent être condamnées à réparer le préjudice
matériel (dépenses effectuées en vue des fiançailles pour un mariage projeté,
des changements apportés dans la vie professionnelle ou personnelle...) ou
moral (douleur causé par l’abandon). La perte des avantages qu’on pouvait
espérer légitimement du mariage ne constitue toutefois pas un préjudice
moral (art. 346 in fine) causé aux victimes : il peut s’agir de l’une des
parties aux fiançailles, de ses parents ou de leurs représentants. Il
appartient à celui qui invoque la rupture abusive de prouver les fiançailles
et la faute de l’auteur de la rupture abusive.

Art. 347 : Ancien.


Sans préjudice des dispositions de l’article précédent, la fiancée ou les
membres de sa famille peuvent faire valoir le droit au dédommagement en
vertu de la loi ou de la coutume, en considération des circonstances
particulières qui se seraient produites lors des fiançailles.

Art. 347 : Modifié.


Sans préjudice des dispositions de l’article 346 ci-dessus, la fiancée, le
fiancé ou les membres de leurs familles peuvent faire valoir le droit au
dédommagement en vertu de la loi ou de la coutume, en considération des
circonstances particulières qui se seraient produites lors des fiançailles.
Commentaire : A l'article 297 par contre, il est prévu qu'en dehors des
dommages-intérêts accordés en fonction des pertes subies par la rupture des
fiançailles les dommages-intérêts pourront être obtenus lorsque la fiancée a
par exemple été déflorée ou rendue enceinte ou si en vue de son mariage elle
a cessé prématurément ses études. Dans cet article, il est renvoyé tant à la
loi qu'à la coutume, étant donné que dans ce domaine le droit congolais
n'est pas encore unifié. Dans sa rédaction, la disposition englobe le cas de la
fiancée et du fiancé. Elle instaure une égalité quant au droit de réclamation.
L’ancienne formulation insinuait que seule la fiancée ou sa famille a qualité

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pour réclamer le dédommagement en cas de rupture des fiançailles même si


dans la pratique, certains hommes pouvaient se considérer lésés. La
modification de cet article 2016 emporte ajout d’une précision quant à
l’article visé par l’ajout du groupe de mots « ci-dessus ».
Jurisprudence : Toute promesse de mariage est nulle en soi, comme portant
atteinte à la liberté illimitée qui doit exister dans les mariages. Mais
l'inexécution d'une semblable promesse peut, dans certaines circonstances,
donner lieu à des dommages-intérêts, lorsque cette inexécution a causé
préjudice réel, parce que, dans ce cas, l'action en dommages-intérêts ne
prend pas sa source dans la validité de la promesse de mariage, mais dans
le fait du préjudice causé et de l'obligation, imposée par la loi à celui qui en
est l'auteur, de le réparer (H. Capitant, F. Terré et Y. Lequette, Les grands
arrêts de la Jurisprudence civile, tome 1, 11ème éd. Dalloz, 2000 , p. 155, En
cause : Bauvier contre Coutreau).

Art. 348. — Toute action fondée sur la rupture des fiançailles doit, à peine
de forclusion, être intentée dans le délai d’un an à partir du jour où les
fiançailles ont été rompues.
Commentaire : Il a paru opportun de limiter dans le temps la possibilité
d'intenter des actions en considération de la rupture des fiançailles : une
prescription d'un an a été prévue.

CHAPITRE III
DE LA FORMATION DU MARIAGE

Section I. Du but du mariage

Art. 349. — Le mariage a pour but essentiel de créer une union entre un
homme et une femme qui s’engagent à vivre ensemble jusqu’au décès de
l’un d’entre eux, pour partager leur commune destinée et pour perpétuer leur
espèce.
Commentaire : L'article 349 donne le but essentiel du mariage : c'est créer
une union entre deux personnes de sexe différent, qui s'unissent pour le
meilleur et pour le pire en vue de la procréation de l'espère humaine. La
lecture de cet article pourrait laisser croire que le législateur congolais ne
prévoit que le décès comme l'unique moyen de dissolution du mariage. Il
n'en est rien, car ainsi qu'on le verra à l'article 539, le divorce ou l'absence
d'un certain délai sont aussi des causes de dissolution du mariage. En disant
que " le but essentiel de créer une union entre un homme et une femme qui
s’engagent à vivre ensemble jusqu’au décès de l’un d’entre eux", on a tout
simplement voulu indiquer que la durée normale du mariage devrait se
prolonger jusqu'au décès de l'un des époux. Mais le texte n'entend nullement
écarter le divorce ou l'absence comme étant des modes de dissolution du

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mariage. Par ailleurs, cet article vise aussi du droit congolais la notion du
mariage à durée déterminée préconisée dans certaines législations
étrangères ou du mariage par essaie.

Art. 350. — Est nulle toute stipulation visant à écarter l’une des fins
essentielles du mariage.
Commentaire : Cet article frappe de nullité toute stipulation visant à écarter
l'une des fins essentielles du mariage visées à l'article précédent. Ainsi devra
être déclarée nulle la convention par laquelle les époux déclarent se marier
mais ne désirent pas avoir des enfants. Cette clause est nulle car elle va à
l'encontre de l'une des fins essentielles du mariage à savoir la procréation. Il
y a lieu cependant de préciser que le fait pour les époux de n'avoir pas
d'enfants ne constitue pas une clause de nullité du mariage ; c'est plutôt le
fait de convenir de ne pas avoir d'enfants qui constitue une clause de nullité.

Section II. Des conditions de fond

Paragraphe 1er : Du consentement des époux

Art. 351 : Ancien.


Chacun des futurs époux, même mineur, doit personnellement consentir
au mariage.
Toutefois, que le mariage soit célébré en famille ou devant l’officier de
l’état civil, la représentation par mandataire peut être autorisée pour motif
grave par le juge de paix.

Art. 351 : Modifié.


Chacun des futurs époux doit personnellement consentir au mariage.
Toutefois, que le mariage soit célébré en famille ou devant l’officier de l’état
civil, la représentation par mandataire peut être autorisée pour juste motif par
le juge de paix.
Commentaire : L’article 351 insiste sur le caractère individuel c’est-à-dire
personnel du consentement. Le législateur institue le contrôle de l’Etat sur
l’effectivité du consentement des futurs époux en les obligeant de se
présenter personnellement devant l’officier de l’état civil pour la célébration
ou l’enregistrement du mariage (art. 370 CF). Il n’y a pas de mariage
lorsqu’il n’y a point de consentement. L’article 390 exige que chacun des
époux manifeste sa volonté devant l’officier de l’état civil, et en présence des
témoins. Le législateur insiste sur le caractère individuel c’est-à-dire
personnel du consentement. Toutefois le mariage par représentation est
autorisé pour motif grave à apprécier par le juge de paix.La modification de
cet article 2016 a porté sur la suppression de l’allusion faite au mariage des
mineurs. Le législateur congolais a décidé de relever à dix-huit ans l’âge du
mariage de la femme. Cette modification a été introduite depuis par l’article

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48 de la loi du 10 janvier 2009 sur la protection de l’enfant qui interdit le


mariage d’enfants, c’est-à-dire, et au sens de cette loi, des personnes âgées
de moins de dix-huit. L’alinéa 1er de l’article 352 du Code de la famille qui
disposait que ‘‘l’homme avant dix-huit ans révolus, la femme avant quinze
ans révolus, ne peuvent contracter mariage’’ a été modifié en 2016 et se lit
désormais de la manière suivante: ‘‘L’homme et la femme avant dix-huit ans
révolus ne peuvent contracter mariage’’.
Contra : Il n’est pas exact, voire pas correct, d’affirmer qu’en droit positif
congolais le futur époux, même mineur, doit personnellement consentir au
mariage. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa N’songo, op.cit. ,
p. 225.

Paragraphe 2 : De la capacité de contracter mariage

Art. 352 : Ancien.


L’homme avant dix-huit ans révolus, la femme avant quinze ans révolus,
ne peuvent contracter mariage.
Néanmoins, il est loisible au tribunal de paix d’accorder des dispenses
d’âge pour des motifs graves. Le tribunal statue à la requête de toute
personne justifiant d’un intérêt.

Art. 352 : Modifié.


L’homme et la femme avant dix-huit ans révolus ne peuvent contracter
mariage.
Commentaire : L'âge nuptial est fixé à 18 ans en droit congolais tant pour
l'homme que pour la femme. La modification de cet article en 2016 a
consisté à harmoniser le Code de la famille à la loi portant protection de
l’enfant dont les articles 48 et 201 abrogeaient tacitement l’ancien contenu
de l’article 352 en interdisant le mariage d’enfants mineurs. Il y a lieu de
constater que le législateur semble faire correspondre l’âge de la
« puberté » à celui de la majorité civile. Cette question peut néanmoins
soulever des controverses sociologiques. Sur le plan du droit, néanmoins, le
législateur souhaite protéger l’enfant mineur.
Contra : Il n’est pas exact d’affirmer qu’en droit positif congolais l’âge
nuptial est toujours de dix-huit ans pour l’homme et de quinze ans pour la
femme. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa N’songo, op. cit.,
p.225.

Art. 353. — En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les
ascendants et descendants.
En ligne collatérale, le mariage est prohibé entre frères et sœurs germains,
consanguins et utérins.
Il l’est également entre alliés ou d’autres parents collatéraux pour autant
qu’il soit formellement interdit par la coutume.

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En cas d’adoption, le mariage est prohibé entre l’adoptant et l’adopté.


Commentaire : Cet article interdit le mariage en ligne directe entre tous
mes ascendants et descendants. Par exemple, un homme ne peut pas épouser
sa petite fille. En ligne collatérale, le mariage est interdit entre frères et
sœurs germains, consanguins ou utérins. Le mariage est donc interdit entre
frères et sœurs biologiques; en ce qui concerne le mariage entre frères et
sœurs classificatoires, la question est directement réglée à l'alinéa 3 de
l'article 353. En effet, d'après cet alinéa le mariage est également interdit
entre alliés ou d'autres parents collatéraux pour autant que le mariage soit
formellement interdit par la coutume. En d'autres termes, ces mariages
restent possibles dans la mesure où la coutume des parties ne les interdise
pas. Tel est le cas de mariage entre cousins croisés dans beaucoup de
provinces de la République démocratique du Congo et qui sont des mariages
préférentiels. Le dernier alinéa de l'article 353 interdit formellement le
mariage entre l'adoptant et l'adopté.

Art. 354. — Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution


ou l’annulation du précédent.
Lorsque la dissolution ou l’annulation résulte d’une décision judiciaire ou
du décès de l’autre conjoint, le nouveau mariage ne peut être conclu que
lorsque mention de la dissolution ou de l’annulation a été faite en marge de
l’acte de mariage, ou lorsque la preuve du décès de l’autre conjoint a été
faite devant l’officier de l’état civil.
Commentaire : L'alinéa 1er de cet article interdit de contracter un nouveau
mariage avant la dissolution ou la dissolution du précédent mariage. Le
second alinéa détermine les conditions pour la conclusion de tout nouveau
mariage dans le cas où la dissolution ou l'annulation résulte d'une décision
judiciaire.
Jurisprudence : L’existence d’un mariage antérieur non dissous même
contesté par une action en nullité, quand bien même que cette action a toutes
chances d’aboutir, fait obstacle à la conclusion d’un nouveau mariage
(Cass. Belge, 12 décembre 2003, J.T., 2004, p. 561). Cependant, si un
second mariage a pu être célébré malgré l’existence d’un premier, il
demeure valable si le premier est annulé, la nullité étant à l’occasion
rétroactive (Cass., 20 avril 2001, Pas. I, p. 659) cités par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit civil congolais. Les personnes. Les incapacités. La
famille, Presses Universitaires de Lubumbashi, Les Analyses juridiques,
Lubumbashi, 2008, n°42). Un mariage célébré selon la coutume entre
indigènes non-immatriculés est valable et doit sortir ses effets ; il empêche
notamment qu’un des époux contracte un second mariage, même devant un
officier de l’état civil, avant la dissolution du mariage contracté selon la
coutume (Ière Inst. Elis., 8 octobre 1913, Jur. Congo, 1921, p. 321 cité in
Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo Belge, Matières civiles,
commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et

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Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub article
101 CCLI).

Art. 355. — La femme ne peut se remarier qu’après l’expiration d’un délai


de trois cents jours à compter de la dissolution ou de l’annulation du
précédent mariage.
Ce délai prend fin en cas d’accouchement.
En outre, le président du tribunal de paix dans le ressort duquel le
mariage doit être célébré peut, par ordonnance rendue sur requête de la
femme, fixer un délai moindre, lorsque celle-ci prouve que son ancien mari
s’est trouvé de manière continue dans l’impossibilité de cohabiter avec elle.
Il peut supprimer ce délai si cette impossibilité de cohabiter a duré au moins
cent jours ou si la femme fait établir médicalement qu’elle n’est pas
enceinte.
Commentaire : Le délai de viduité est un délai d’attente (de 300 jours sauf
abrégement judiciaire) destinée à éviter la confusion de paternité que la
veuve, par extension la femme divorcée doit laisser s’écouler avant de
contracter un nouveau mariage. En droit congolais, la réglementation de ce
délai est prévue à l’article 355 CF. Le respect du délai de viduité est donc
une condition spéciale pour la femme qui, dans ce cas, doit attendre
l’expiration d’un certain temps. Ce délai court à compter du divorce, du
décès du mari ou de l’annulation du mariage précédent. Il prend fin au
moment de l’accouchement de la femme ; mais il peut être abrégé, à la
requête de la femme, par décision prise sous forme d’ordonnance du
président du tribunal de paix dans le ressort duquel le mariage doit être
célébré. Ainsi, lorsque la femme prouve que son ancien mari s’est trouvé
d’une manière continue dans l’impossibilité de cohabiter avec elle, le juge
peut décider de supprimer ce délai si cette impossibilité de cohabiter a duré
au moins 100 jours ou si la femme peut établir médicalement qu’elle n’est
pas enceinte.

Art. 356. — L’interdit ne peut contracter mariage tant que dure son
interdiction.
Commentaire : L'artiche 356 propose la solution traditionnelle en la
matière, laquelle veut que tous les actes juridiques soient interdits à
l'interdit à partir du jour de l'interdiction et ce, jusqu'à la date de la
mainlevée de l'interdiction. A l'intention de ceux qui trouvent la solution
radicale, il y a lieu de signaler que selon le droit français récent, l'interdit
peut se marier, mais ce mariage implique un contrôle judiciaire sévère. Le
législateur a estimé que la mesure de l'interdiction est une décision si grave
qu'elle justifie la prohibition totale dans le chef de celui qui en fait l'objet.

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Art. 357 : Ancien.


L’enfant, même émancipé, qui n’a pas atteint l’âge requis pour le mariage, ne
peut contracter mariage sans le consentement de ses père et mère.
Si l’un de ses père et mère est décédé, absent, hors d’état de manifester sa
volonté ou privé de l’exercice de l’autorité parentale, le consentement de l’autre
suffit.
À défaut des père et mère, il doit obtenir le consentement de son tuteur qui
doit au préalable recueillir l’avis du conseil de famille.
Art. 357 : Modifié.
L’enfant, même émancipé, ne peut contracter mariage.
Commentaire : Cet article pose le principe selon lequel l'enfant mineur même
émancipé ne peut contracter le mariage. La modification de cet article en 2016
a porté sur l’interdiction du mariage d’un enfant, même émancipé. Le
législateur suppose que dans le contexte de cette disposition, tout lecteur
considérera qu’il s’agit d’une personne qui n’a pas encore atteint l’âge pour se
marier. Il aurait été plus intéressant de le préciser (enfant mineur) puisque le
concept « enfant » ne renvoie pas nécessairement au mineur d’âge. En ce sens,
voir l’alinéa 2 de l’article 699 du code de la famille.

Art. 358 (Abrogé).41


Commentaire : L’abrogation de cet article est la conséquence de l’abrogation
de l’article 357 qui organisait la forme du consentement des mineurs à leur
mariage.
Contra : Il n’est pas compréhensible d’expliquer la forme de ce consentement
alors que cet article est abrogé. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa
N’songo, op.cit. , p. 228.

41
Le consentement prévu à l’article 357 est donné soit par la déclaration faite devant et actée
par l’officier de l’état civil, devant un juge de paix ou devant un notaire antérieurement à la
célébration du mariage, soit verbalement lors de la célébration par l’officier de l’état civil
ou de l’enregistrement.

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Art. 359 (Abrogé). 42

Commentaire : L’abrogation de cet article est la conséquence de l’interdiction


du mariage des mineurs et de la suppression du consentement des parents au
mariage de leur enfant mineur.
Contra : Il n’est pas compréhensible d’expliquer la forme de ce consentement
des parents alors que cet article est abrogé. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike &
C. Wasengwa N’songo, op.cit. , p. 229.

Art. 360 (Abrogé)43.

Commentaire : L’abrogation de cet article est la conséquence de la suppression


de l’abrogation de l’article 359 qui organisait la procédure à suivre en cas de
refus de consentement des parents au mariage de leur enfant mineur.
Contra : Il n’est pas compréhensible d’expliquer la procédure à suivre alors
que cet article est abrogé. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa
N’songo, op. cit., p. 229.

Paragraphe 3 : De la dot

Art. 361 : Ancien.


Le futur époux et sa famille doivent convenir avec les parents de la future
épouse d’une remise de biens ou d’argent qui constituent la dot au bénéfice des
parents de la fiancée.
Le mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement versée au
moins en partie.
Nonobstant toute coutume contraire, la dot peut être symbolique.

42
En cas de refus de consentement des parents ou de l’un d’eux ou du tuteur au mariage du
futur époux mineur, celui-ci, même non émancipé, peut saisir le conseil de famille. Si le
refus persiste, le futur époux mineur ainsi que le Ministère public peuvent saisir, par voie de
requête, le tribunal de paix du lieu où le mariage devrait être célébré. Le tribunal de paix
instruit à huis clos la requête en amiable conciliateur. Il convoque soit séparément, soit
ensemble le requérant ou le futur époux mineur, les parents ou le tuteur qui lui ont opposé
un refus et, s’il l’estime opportun, un conseil de famille. Sauf le cas où le Ministère public
est requérant, sa présence n’est pas obligatoire. Le tribunal tente, s’il échet, d’obtenir leur
accord soit en présence, soit hors présence du futur époux mineur. S’il y a un accord, le
tribunal rend une décision qui le constate. Dans le cas contraire, il statue par décision
motivée accordant ou non l’autorisation. En cas d’autorisation, le mariage ne peut être
célébré que devant l’officier de l’état civil.
43
En cas de dissentiment entre les père et mère, le litige peut être porté par l’un d’eux, devant
le conseil de famille. Si le conflit persiste entre les parents, le litige est porté par l’un d’eux,
par voie de requête, devant le tribunal de paix. Celui-ci statue selon les règles prévues à
l’article précédent.

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Art. 361 : Modifié.


Le futur époux et sa famille doivent convenir avec les parents de la future
épouse d’une remise de biens et/ou d’argent qui constituent la dot au bénéfice
des parents de la future épouse.
Le mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement versée au
moins en partie.
Nonobstant toute coutume contraire, la dot peut être symbolique.
Commentaire : L’institution de la dot occupe une place de choix dans le Code
de la famille. Les articles 361 à 367 lui sont consacrés. L’article 361, al. 2
énonce que ‘‘le mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement
versée au moins en partie’’. Cette disposition fait donc de la dot une condition
de fond du mariage et ce, en référence aux pratiques coutumières congolaises.
Le mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement versée au moins
en partie, dit l’alinéa 2 de l’article 361. Donc, pas de mariage sans versement
de la dot. Mais la dot peut être symbolique. La nouvelle formulation de cette
disposition introduite lors de la réforme de 2016 insère la possibilité de remettre
les biens, l’argent ou les deux ensembles comme composantes de la dot. Dans
l’entendement, il s’agit des « biens en nature ».

Art. 362. — La coutume applicable au mariage détermine les débiteurs et les


créanciers de la dot, sa consistance et son montant, pour autant qu’elle soit
conforme à l’ordre public et à la loi, plus particulièrement aux dispositions qui
suivent.
Cette coutume détermine également les témoins matrimoniaux de la dot.
Commentaire : L'article 362 dispose qu'en principe toutes les questions
relatives au payement de la dot et les questions relatives au montant de la dot et
à la consistance de la dot seront régies par la coutume applicable au mariage.
Se référer à la coutume est, faire preuve de sagesse et de réalisme, car il n'est
pas possible d'unifier le droit civil congolais en ce qui concerne la dot :
l'obstacle de la diversité des coutumes demeure insurmontable. Et, voici
pourquoi : prenons l'exemple de bénéficiaires de la dot. Selon les coutumes ces
bénéficiaires peuvent être différents, il ne s'agit d'ailleurs pas toujours des
mêmes personnes ; selon certaines coutumes la partie revenant au père est très
considérable; selon d'autres, l'oncle maternel acquiert la part de lion; en vert de
nombreuses coutumes, la dot est versée en partie à la branche paternelle de la
famille de la femme et à la branche maternelle, selon des proportions fixées plus
ou moins par la coutume et qui sont différentes de coutume à coutume. Selon de
nombreuses coutumes, lorsque dans un foyer il y a plusieurs filles, les dots
respectives versées pour ces filles reviennent à tour de rôles à certains parents.
Est-ce qu'il est concevable que l'on remplace ces multiples coutumes par un
système unique, qui par exemple consisterait à octroyer la dot aux père et mère
ou à défaut de l'un d'eux au survivant et à défaut des parents, aux grands
parents etc... Le législateur a estimé qu'il n'en était pas question. Toucher à
l'ordre des bénéficiaires de la dot menacerait de tuer l'institution même.

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Art. 363 : Ancien.


La dot ne peut dépasser la valeur maximale fixée par ordonnance du
président de la République, prise sur proposition des assemblées régionales.

Art. 363 : Modifié.


La dot est déterminée suivant les us et coutumes des futurs conjoints.
Commentaire : L’ancien code civil livre 1er ne consacrait pas la dot parmi les
conditions de fond du mariage. Avec le Code de la famille, la dot a été donc
reprise parmi les conditions de mariage consacrant ainsi une conception
coutumière solidement ancrée dans la mentalité traditionnelle que le
colonisateur avait tenté, en vain, d’éradiquer. La remise de la dot est la
cérémonie publique du mariage africain qui scelle l’alliance entre les deux
familles, celle des deux futurs époux. L’institution de la dot occupe une place de
choix dans le Code de la famille. Les articles 361 à 367 lui sont consacrés.
L’article 361, al. 2 énonce que ‘‘le mariage ne peut être célébré que si la dot a
été effectivement versée au moins en partie’’. Cette disposition fait donc de la
dot une condition de fond du mariage et ce, en référence aux pratiques
coutumières congolaises. Le législateur, conscient des dérives de la dot, a
estimé, à juste titre, qu’il fallait maintenir la dot parmi les conditions du
mariage mais en même temps il a été prévu, dans l’ancien article 363 du Code
de la famille, que le montant maximal sera fixé pour chaque province par
ordonnance du Président de la République sur proposition des autorités
provinciales. Cette ordonnance n’a jamais vu le jour bien que le Code, en son
article 427, prévoit des sanctions à l’encontre de ceux qui y contreviendraient.
Mais, disons que cette solution proposée par le législateur congolais de 1987 de
limiter le taux de la dot ne nous semblait pas défendable et cela pour deux
raisons. D’abord, une telle décision conduirait à la création ‘‘des marchés noirs
de la dot’’. Les études menées au Togo où le seuil de la dot a été fixé sont
éloquent à ce sujet. Ensuite, une telle ordonnance serait contraire à l’article 12
de la Constitution qui consacre l’égalité de tous les citoyens devant la loi. En
effet, rien ne justifiait que le montant de la dot de la femme d’une province X
soit plus élevée que celle de la province Y. Le législateur a suivi les critiques que
nous avons formulées ci-avant (Eddy Mwanzo, Cours de droit civil : les
personnes, la famille et les incapacités, Ulk-Unigom, 2017) et cet article a été
modifié. La modification de cet article 2016 emporte suppression de la fixation
de la valeur maximale de la dot par une Ordonnance du Président de la
République sur proposition des Assemblées régionales. La nouvelle
formulation décide que la dot est déterminée suivant les « us et coutumes »
des futurs « conjoints ». La proposition de la Commission culturelle du
Sénat n’a pas été suivie. Elle suggérait de donner compétence au
Gouverneur de province la compétence de fixer le maximum de la dot après
avis de l’Assemblée provinciale concernée, les représentants des coutumes
dûment consultés ».

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Art. 364. — La dot ne peut être majorée ou réévaluée en cours du mariage


ou lors de sa dissolution; toute coutume ou convention contraire est de nul
effet.
Commentaire : L'article 364 vise à mettre fin à une pratique signalée dans
certaines provinces de la République, et qui consiste en ce que les membres
de la famille de la femme, bien après la célébration du mariage, exigent le
versement d'un supplément de la dot pour la seule raison qu'à leur avis la
valeur de la dot versée parfois il y a très longtemps a diminué du fait des
modifications intervenues dans la valeur de la monnaie. Le législateur
estime que cet abus est à réprimer. La loi autorise pourtant le versement
partiel de la dot ; dans ce cas le règlement ultérieur sera constaté par l’acte
de l’officier de l’état civil. Mais la loi interdit la réévaluation ou la
majoration de la dot au cours du mariage ou lors de sa dissolution même si
des faits ultérieurs modifient la situation financière des époux.

Art. 365 : Ancien.


L’officier de l’état civil énonce dans l’acte de mariage :
1. la valeur et la composition détaillée de la dot ;
2. l’énumération des biens remis en paiement total ou partiel de la dot
versée au moment de la célébration du mariage ;
3. l’identité des débiteurs et des créanciers de la dot.
En cas de versement partiel de la dot, le règlement ultérieur sera constaté
par l’acte de l’officier de l’état civil.

Art. 365 : Modifié.


Outre les mentions prévues à l’article 392 de la présente loi, l’officier de
l’état civil énonce dans l’acte de mariage :
1. la valeur et la composition détaillée de la dot ;
2. l’énumération des biens remis en paiement total ou partiel de la dot
versée au moment de la célébration du mariage ;
3. l’identité des débiteurs et des créanciers de la dot.
En cas de versement partiel de la dot, le règlement ultérieur est constaté
par l’acte de l’officier de l’état civil.
Commentaire : Cet article fait obligation au législateur d'énoncer la dot
dans l'acte de mariage. Et en cas de versement partiel de la dot, il devra y
constater son règlement ultérieur. La modification de cet article 2016 a
consisté à préciser qu’il s’agit de l’article 392 « de la présente loi ».

Art. 366. — Les conventions relatives à la dot et les obligations qui en


découlent sont prouvées par les énonciations de l’acte de mariage.
La convention relative à la dot, conclue en vue d’un mariage non encore
célébré ou non enregistré, peut être prouvée par tous moyens de droit.
Commentaire : L'article 366 précise la portée des énonciations relatives à
la dot que l'on retrouvera dans le titre de mariage. Il y est dit que les

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énonciations de l'acte de mariage relatives à la dot constitueraient la preuve


normale de tout ce qui concerne la dot. Enfin, le deuxième alinéa de l'article
366 prévoit que la convention relative peut être prouvée par tous les moyens
de droit si la dot a été versée ou promise dans le cadre coutumier, mais que
le mariage n'a été célébré ni devant l'officier de l'état civil ni enregistré par
l'officier de l'état civil, c'est-à-dire un mariage au sujet duquel il n'existe pas
d'acte de mariage.

Art. 367 : Ancien.


Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir,
les futurs époux, même non émancipés, soit ensemble, soit séparément
peuvent porter le litige devant le conseil de famille.
Si le refus persiste, les futurs époux ainsi que le Ministère public peuvent
saisir, par voie de requête, le tribunal de paix du lieu où le mariage devrait
être célébré.
Le tribunal de paix instruit à huis clos la requête en amiable conciliateur;
il convoque soit séparément, soit ensemble le ou les requérants, le père et la
mère de la future épouse et ceux de ses ayants droit bénéficiaires de la dot et
s’il l’estime opportun, un conseil de famille.
Sauf le cas où le Ministère public est requérant, sa présence n’est pas
obligatoire.
Le tribunal tente, s’il échet, d’obtenir un accord, soit en présence, soit
hors présence des futurs époux.
S’il y a un accord, le tribunal prend une décision qui l’entérine.
Dans le cas contraire, il statue par décision motivée accordant ou non
l’autorisation du mariage et fixant le montant de la dot en tenant compte de
la coutume des parties et des possibilités financières du futur époux et de sa
famille.
En ce cas, le mariage ne peut être célébré que devant l’officier de l’état
civil qui, sur base de la décision, recevra le montant de la dot fixée et veillera
à la remettre à ceux qui doivent la recevoir. Si ces derniers refusent de la
recevoir, l’officier de l’état civil en fera mention dans l’acte de mariage.
Le montant de la dot ainsi versé et non recueilli sera, après un an à dater
de l’acte de mariage, soumis aux règles relatives aux offres réelles et à la
consignation.

Art. 367 : Modifié.


Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir,
les futurs époux, soit ensemble, soit séparément peuvent porter le litige
devant le conseil de famille composé d’au moins quatre membres en raison
de deux membres pour chaque famille.
Si le refus persiste, les futurs époux ainsi que le Ministère public peuvent
saisir, par voie de requête, le Tribunal de paix du lieu où le mariage devrait
être célébré.

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Le Tribunal de paix instruit à huis clos la requête en amiable conciliateur;


il convoque, soit séparément, soit ensemble, le ou les requérants, le père et la
mère de la future épouse et ceux de ses ayants droit bénéficiaires de la dot et,
s’il estime opportun, un conseil de famille.
Sauf le cas où le Ministère public est requérant, sa présence n’est pas
obligatoire.
Le tribunal tente, s’il échet, d’obtenir un accord, soit en présence, soit
hors présence des futurs époux.
S’il y a un accord, le tribunal prend une décision qui l’entérine. Dans le
cas contraire, il statue par décision motivée accordant ou non l’autorisation
du mariage et fixant le montant de la dot en tenant compte de la coutume des
parties et des possibilités financières du futur époux et de sa famille. En ce
cas, le mariage ne peut être célébré que devant l’officier de l’état civil qui,
sur la base de la décision, recevra le montant de la dot fixé et veillera à la
remettre à ceux qui doivent la recevoir. Si ces derniers refusent de la
recevoir, l’officier de l’état civil en fera mention dans l’acte de mariage.
Le montant de la dot ainsi versé et non recueilli sera, après un an à dater
de l’acte de mariage, soumis aux règles relatives aux offres réelles et à la
consignation.
Commentaire : Le refus d'accepter le règlement de la dot de la part de ceux
qui, selon la coutume, en bénéficient constitue une impasse grave quant à la
célébration du mariage. En effet, l'article 361 a décidé que la convention
dotale était obligatoire quand bien même le montant serait, de par la volonté
des parties intéressées, dérisoire. Par ailleurs, la Constitution consacre la
liberté des époux de se choisir librement. Le refus d'acceptation de la dot
serait indirectement un acte contraire à cette disposition constitutionnelle et
partant illicite. La seule conciliation est donc d'assurer pour les futurs époux
une possibilité d'exprimer leur liberté de se marier par recours en justice. La
procédure qui est préconisée est la suivante : la requête est ouverte aux
époux soit ensemble soit séparément. En cas d'impossibilité d'obtenir
l'accord des bénéficiaires éventuels de la dot, le tribunal, s'il accorde
l'autorisation du mariage, fixe en même temps le montant de la dot
s'inspirant alors de la coutume mais également des possibilités financières
du futur époux et de sa famille. On peut en effet imaginer très souvent que le
motif du refus serait souvent des exigences élevées quant au montant dotal.
Dans le cas de refus d'acceptation de la dot, l'article prévoit deux
possibilités au juge de paix : soit il décide que le mariage ne sera pas
célébré, soit il en autorise la célébration devant l'officier de l'état civil qui
veillera à remettre la dot aux ayants droit de l'épouse et en cas de refus de
leur part, il devra la garder pendant un an. Après ce délai, le montant de la
dot sera soumis aux règles relatives aux offres réelles et à la consignation.
La modification de cette disposition en 2016 a porté sur la suppression de
l’allusion faite au mariage des mineurs. Une précision est portée quant à la
composition du conseil de famille qui statue en cas de refus de dot.

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Section III. Des conditions de forme

Paragraphe 1er : Des règles générales

Art. 368. — Le mariage peut être célébré en famille selon les formalités
prescrites par les coutumes.
Dans ce cas, l’officier de l’état civil enregistre le mariage et dresse un
acte le constatant.
Le mariage peut également être célébré par l’officier de l’état civil selon
les formalités prescrites par la présente loi. En ce cas, l’officier de l’état civil
dresse aussitôt un acte de mariage.
Commentaire : L'article 368 énonce la faculté que possèdent les époux de
choisir entre deux types de formalités. Ou bien ils se soumettent aux rites
traditionnels coutumiers et font célébrer leur mariage en famille; dans ce
cas ils doivent se présenter devant l'officier de l'état civil dans les trois mois,
en vue de faire enregistrer leur mariage. Ou bien ils s'adressent directement
à l'officier de l'état civil qui célèbre leur mariage. Dans les deux cas un acte
de mariage est dressé; il échet cependant de relever qu'on dit dans le cas du
mariage célébré en famille, que l'officier de l'état civil dresse un acte de
constatation parce que le mariage est pleinement valable dès lors qu'il a été
célébré en famille et selon les rites prescrites par la coutume.

Paragraphe 2 : De la célébration du mariage en famille et de son


enregistrement
Art. 369 : Ancien.
La célébration du mariage en famille se déroule conformément aux
coutumes des parties pour autant que ces coutumes soient conformes à
l’ordre public.
En cas de conflit des coutumes, la coutume de la femme sera
d’application.
Art. 369 : Modifié.
La célébration du mariage en famille se déroule conformément aux
coutumes des parties, pour autant que ces coutumes soient conformes à la
loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
En cas de conflit des coutumes, la coutume de la femme est d’application.
Commentaire : L'article 369 indique quelles sont les coutumes applicables
au mariage lorsque celui-ci est célébré en famille. D'après cet article, le
mariage peut-être soumis soit aux coutumes des parties lorsque celles-ci
sont régies par la même coutume, soit par l'une des coutumes des deux
parties en présence. En cas des conflits des coutumes, c'est celle de la femme
qui s'applique. Dans tous les cas, cette coutume doit être conforme à la loi,
à l’ordre public et aux bonnes mœurs. La modification de cet article en 2016

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a porté sur la ponctuation et en l’ajout de la « loi » et des « bonnes mœurs »


comme éléments d’appréciation de la coutume qui gouvernera la célébration
du mariage en famille.

Art. 370 : Ancien.


Dans le mois qui suit la célébration du mariage en famille, les époux et
éventuellement leurs mandataires doivent se présenter devant l’officier de
l’état civil du lieu de la célébration en vue de faire constater le mariage et
d’assurer sa publicité et son enregistrement.
Chacun des époux doit être accompagné d’un témoin ainsi que des
personnes qui, le cas échéant, doivent consentir au mariage. À défaut de
celles-ci, la preuve de leur consentement sera établie conformément à
l’article 358.
Les époux peuvent se faire représenter par un mandataire porteur d’une
procuration écrite; celui-ci sera un proche parent, sauf empêchement valable
dûment constaté par l’officier de l’état civil.
Les témoins doivent être majeurs et capables ou émancipés. Ils seront pris
dans la lignée paternelle ou maternelle de chacun des époux, sauf
empêchement valable dûment constaté par l’officier de l’état civil.
Dans les quinze jours qui suivent, l’officier de l’état civil porte à la
connaissance du public par voie de proclamation faite au moins deux fois
et/ou par affichage apposé à la porte du bureau de l’état civil, l’acte
constatant la célébration du mariage.
Le délai de quinze jours écoulé, l’officier de l’état civil assure
l’enregistrement du mariage par la constatation de la formalité de la
publication.

Art. 370 : Modifié.


Dans les trois mois qui suivent la célébration du mariage en famille, les
époux et, éventuellement, leurs mandataires se présentent devant l’officier de
l’état civil du lieu de la célébration en vue de faire constater le mariage et
d’assurer sa publicité et son enregistrement. Chacun des époux est
accompagné d’un témoin.
Les époux peuvent se faire représenter par un mandataire porteur d’une
procuration écrite. Celui-ci sera un proche parent, sauf empêchement valable
dûment constaté par l’officier de l’état civil.
Les témoins doivent être majeurs et capables. Ils sont pris dans la lignée
paternelle ou maternelle de chacun des époux, sauf empêchement valable
dûment constaté par l’officier de l’état civil.
Dans les quinze jours qui suivent, l’officier de l’état civil porte à la
connaissance du public, par voie de proclamation faite au moins deux fois
et/ou par affichage apposé à la porte du bureau de l’état civil, l’acte
constatant la célébration du mariage.

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Le délai de quinze jours écoulé, l’officier de l’état civil assure


l’enregistrement du mariage par la constatation de la formalité de la
publication.
Commentaire : L'article 370 prévoit l'obligation d'enregistrement du
mariage célébré en famille endéans les trois mois depuis cette célébration.
Les époux doivent en principe se présenter en personne; ils peuvent
cependant exceptionnellement, et quand cela est justifié, se faire représenter.
L'alinéa 2 de l'article 370 prévoit la présence d'un témoin par époux.
Lorsque les époux ne peuvent se présenter personnellement devant l'officier
de l'état civil, ils peuvent se faire représenter par un mandataire; celui-ci
doit être porteur d'une procuration écrite. Il doit être un proche parent des
époux. Si le mandataire n'est pas proche parent, l'officier de l'état civil
apprécie le motif pour lequel celui-ci n'est pas proche parent. Si ce motif ne
lui paraît pas valable, il peut exiger la comparution d'un proche parent. Les
témoins doivent être majeurs et capables. Les deux derniers aminés
indiquent comment l'officier de l'état civil assure la publicité du mariage.
C'est ce qu'on appelle la publication de bans. La publication des bans est la
procédure qui consiste à afficher le projet de mariage de deux individus afin
que le public puisse en prendre connaissance. Elle a pour but de prévenir le
milieu social intéressé à la formation d’une famille et le cas échéant, de
provoquer ses réactions. Généralement les bans énoncent l’identité complète
de chacun de futurs époux et désignent l’officier de l’état civil devant lequel
le mariage sera célébré. La publication des bans est réglementée aussi bien
en ce qui concerne ses délais qu’en ce qui concerne son lieu. Les bans sont
destinés, on l’a dit, à informer le public du mariage imminent de deux
individus. Pour que leur publication soit efficace, il faudrait donc que leur
durée minimum ne soit pas trop restreinte. Mais d’autre part, on connait la
fièvre qui habite ceux qui veulent fonder une famille, d’où la nécessité de ne
pas les faire trop attendre. Devant ces deux impératifs, le législateur a
estimé que cette publication devait avoir lieu au moins pendant quinze jours
(art. 370 al. 4. Pour la publicité du mariage célébré directement par
l'officier de l'état civil, voir les commentaires de l'article 384). La
modification de cet article en 2016 a porté sur le délai pour déclarer un
mariage célébré en famille. Il passe de un mois à trois mois. Législateur
préfère utiliser le concept « époux » au lieu de « conjoints ». La modification
supprime aussi une allusion faite au mariage des mineurs (al. 1er). Sur le
plan de la forme notamment l’ajout d’une virgule et le remplacement de
certains verbes « doivent se présenter, doit être » par « se présentent, est ».
Art. 371 : Ancien.
Lorsqu’un fait susceptible de constituer un empêchement au mariage en
vertu des articles 351 à 362 est porté à la connaissance de l’officier de l’état
civil compétent, il doit surseoir à l’enregistrement et en aviser le président du
tribunal de paix dans les quarante-huit heures.

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Dans les huit jours, celui-ci ordonne à l’officier de l’état civil soit de
passer outre, soit de surseoir à l’enregistrement du mariage.
Dans ce dernier cas, le greffier notifie l’ordonnance d’opposition aux
époux et à l’officier de l’état civil et cite les époux ainsi que leurs témoins à
comparaître dans les quinze jours devant le tribunal pour plaider sur les
mérites de l’opposition. Le jugement est prononcé dans les huit jours sauf
s’il y a lieu à enquêter.
La procédure est gratuite.
Si le tribunal de paix prononce la nullité du mariage, le dispositif du
jugement sera transmis par le greffier à l’officier de l’état civil qui en
assurera la transcription en marge de l’acte du mariage et en assurera la
publicité dans les formes prévues à l’alinéa 5 de l’article 370.
Art. 371 : Modifié.
Lorsqu’un fait susceptible de constituer un empêchement au mariage en
vertu des articles 351 à 356 et 360 à 362 de la présente loi est porté à la
connaissance de l’officier de l’état civil compétent, celui-ci sursoit à
l’enregistrement et en avise le président du tribunal de paix dans les
quarante-huit heures.
Dans les huit jours, le Président du Tribunal de paix ordonne à l’officier
de l’état civil soit de passer outre, soit de surseoir à l’enregistrement du
mariage.
Dans ce dernier cas, le greffier notifie l’ordonnance d’opposition aux
époux et à l’officier de l’état civil et cite les époux ainsi que leurs témoins à
comparaître dans les quinze jours devant le tribunal pour plaider sur les
mérites de l’opposition.
Le jugement est prononcé dans les huit jours, sauf s’il y a lieu à enquêter.
La procédure est gratuite.
Si le Tribunal de paix prononce la nullité du mariage, le dispositif du
jugement est transmis par le greffier à l’officier de l’état civil qui en assure
la transcription en marge de l’acte du mariage et la publicité dans les formes
prévues à l’alinéa 5 de l’article 370 ci-dessus.
Commentaire : L'article 371 organise l'opposition à un mariage célébré en
famille et qui doit être enregistré devant l'officier de l'état civil (alors que
l'article 385 organise l'opposition à un mariage célébré directement en
famille). Le droit d’opposition est le droit de faire défense à l’officier de
l’état civil de célébrer un mariage. Ce droit est donné dans le but de
permettre à l’entourage des futurs époux de faire connaitre à l’officier de
l’état civil les empêchements au mariage projeté. L’opposition doit être
distinguée de l’avis officieux : contrairement à l’opposition, l’avis officieux
peut être dressé à l’officier de l’état civil par toute personne, il n’oblige pas
l’officier de l’état civil de surseoir, il n’est soumis à aucune forme. Il ne faut
pas confondre non plus l’opposition avec le consentement qui était exigé du
Code de la famille des parents, avant l’interdiction des mariages des

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mineurs, au mariage de leurs enfants mineurs ; l’opposition est susceptible


d’être dirigée contre le mariage des majeurs comme des mineurs.
L’opposition oblige l’officier de l’état civil à surseoir à la célébration du
mariage jusqu’à ce que la main levée d’opposition en soit donnée.
L’opposition est levée lorsque le tribunal la juge illégale. L’auteur de
l’opposition irrégulière peut être condamnée pénalement (dénonciation
calomnieuse), voire civilement, et être obligé ainsi à réparer, sur la base de
l’article 258 CCL III, le préjudice subi par les futurs époux. L’opposition
rejetée ne peut être renouvelée pour les mêmes causes par une autre
personne. En effet, contrairement à certaines législations étrangères, le
législateur congolais a décidé que le droit d'opposition a lieu, non devant le
ministère public, pour la simple raison que dans beaucoup de cas les
parquets sont éloignés, mais au tribunal de paix qui, averti par l'officier de
l'état civil d'un empêchement à un mariage, décidera s'il y a lieu de
s'opposer au mariage.L’opposition régulière est un obstacle définitif ou
provisoire à la célébration ou à l’enregistrement du mariage. La
modification de cette disposition en 2016 a porté sur la forme. Il y est ajouté
le groupe de mot « de la présente loi » ou « ci-dessus » après les articles
cités pour donner des précisions. Le pronom « Celui-ci » est remplacé par le
nom « le Président du Tribunal de paix ».
Art. 372 : Ancien.
L’appel est formé par déclaration au greffe du tribunal de paix qui a
statué dans le délai de huit jours francs à compter du prononcé du jugement.
Les pièces de la procédure sont transmises dans les quarante-huit heures au
greffe du tribunal de grande instance.
La cause est inscrite au rôle de la première audience utile et le jugement,
prononcé à l’audience suivante, est toujours réputé contradictoire.
Le jugement d’appel est notifié par le Ministère public aux époux et à
l’officier de l’état civil qui, en cas de nullité, en assurera la transcription et la
publicité comme prévu à l’article précédent.

Art. 372 : Modifié.


L’appel est formé par déclaration au greffe du Tribunal de paix qui a
statué dans le délai de quinze jours francs à dater de la signification du
jugement. Les pièces de la procédure sont transmises dans les quarante-huit
heures au greffe du Tribunal de grande instance.
La cause est inscrite au rôle de la première audience utile et le jugement,
prononcé à l’audience suivante, est toujours réputé contradictoire.
Le jugement d’appel est notifié par le Ministère public aux époux et à
l’officier de l’état civil qui, en cas de nullité, en assure la transcription et la
publicité comme prévu à l’article précédent.
Commentaire : Cet article est relatif à la procédure d’appel contre le
jugement sur l'opposition à mariage. La modification de cet article en 2016

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a touché le délai d’appel. L’appel contre un jugement rendu sur opposition à


« enregistrer un mariage » est formé désormais dans un délai de « 15 jours
francs » contrairement à celui de « 8 jours francs » prévu dans l’ancienne
formulation. Signalons que dans le cas de l’opposition à « célébrer un
mariage » le délai d’appel n’a pas été modifié. Il reste de « 8 jours francs »
(art. 386). En droit commun, le délai est de 30 jours. L’appel peut se former
par déclaration au greffe mais également par lettre recommandée (art. 61
du Code de procédure civile). La présente disposition ne prévoit que la
première forme. La modification porte sur le point de départ du délai
d’appel. L’ancienne disposition prévoyait que le délai d’appel partait du
jour du prononcé. Actuellement, le délai court à partir de la signification.
L’ancienne formulation pouvait être justifiée puisque le jugement est
toujours réputé contradictoire donc la signification pouvait ne pas être
nécessairement pour le point de départ du délai. Pourtant, dans le même
contexte, l’article 386 maintient le point de départ du délai d’appel au jour
du prononcé du jugement.

Art. 373 : Ancien.


L’officier de l’état civil exige la remise des pièces suivantes :
1. un extrait de l’acte de naissance de chacun des époux ;
2. la copie des actes accordant des dispenses dans les cas prévus par la loi ;
3. le cas échéant, les copies des actes constatant le consentement des parents
ou du tuteur, les procurations et déclarations écrites prévues par la loi.
Celui des époux qui est dans l’impossibilité de se procurer son extrait
d’acte de naissance pourra y suppléer en rapportant un acte de notoriété
délivré par le juge de paix de son lieu de naissance, de son domicile ou de sa
résidence, conformément aux dispositions relatives à l’état civil.

Art. 373 : Modifié.


L’officier de l’état civil exige la remise des pièces suivantes :
1. un extrait de l’acte de naissance de chacun des époux ;
2. la copie des actes accordant des dispenses dans les cas prévus par la loi ;
3. le cas échéant, les copies des actes constatant le consentement des parents
ou du tuteur, les procurations écrites prévues par la loi.
Celui des époux qui est dans l’impossibilité de se procurer son extrait
d’acte de naissance peut y suppléer en rapportant un acte de notoriété délivré
par le juge de paix de son lieu de naissance, de son domicile ou de sa
résidence, conformément aux dispositions relatives à l’état civil.
Commentaire : Cet article énumère les pièces qui doivent être remises à
l'officier de l'état civil lors de l'enregistrement; cette exigence doit permettre
à l'officier de l'état civil de contrôler l'accomplissement de toutes les
conditions légales. La modification de forme de cet article en 2016 a
consisté en la suppression du mot « déclarations » au point 3 de l’alinéa 1er
et au remplacement du futur « pourra » par le présent « peut ». En

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comparant avec l’article 116 du même Code, le délai est libellé en jours. Le
législateur aurait mieux fait de rester dans la même logique puisque si dans
les 3 mois celui de février est compté, une partie peut être privée d’un ou de
deux jours dans son délai.
Jurisprudence : Est ainsi nul, un mariage célébré par un officier de l’état
civil incompétent. Est aussi nul, un mariage célébré sans que les formalités
de publicité ne soient accomplies (Tribunal de paix de Lubumbashi
Kamalondo, 05 mai 1984, RC 957/1, RJZ, 1994, p. 36 cité par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit civil congolais. Les personnes. Les incapacités. La
famille, Presses Universitaires de Lubumbashi, Les Analyses juridiques,
Lubumbashi, 2008, n°371).

Art. 374. — Les époux déclarent à l’officier de l’état civil qu’ils se sont unis
lors d’une cérémonie familiale selon les coutumes.
Les témoins déclarent qu’ils ont assisté à cette cérémonie et qu’elle s’est
déroulée conformément aux coutumes.
Commentaire : Cet article a trait à la déclaration des époux et des témoins
lors de l'enregistrement du mariage. Les premiers déclarent s'être mariés
coutumièrement et les seconds témoignent avoir assisté à cette cérémonie.
Art. 375. — L’officier de l’état civil vérifie si les conditions légales du
mariage ont été respectées.
À cet effet, il interroge les comparants et agit conformément aux
dispositions des articles qui suivent.
Commentaire : Cet article enjoint à l'officier de l'état civil, lors de
l'enregistrement du mariage célébré en famille, de contrôler que les
conditions légales de formation du mariage ont été respectées.
Art. 376 : Ancien.
Si les personnes qui doivent donner leur consentement ne comparaissent
pas et à défaut de l’acte constatant leur consentement tel que prévu à l’article
358 ou si elles se rétractent au moment de l’enregistrement, l’officier de
l’état civil procède à l’enregistrement du mariage :
1. si les personnes concernées confirment qu’elles ont donné leur
consentement au moment de la célébration ;
2. si les époux ou leurs mandataires et les témoins affirment sous serment
que les personnes qui ne comparaissent pas ou qui refusent de donner leur
consentement au moment de l’enregistrement, l’ont donné au moment de
la célébration.
Les dispositions pénales relatives au faux témoignage et au faux serment
leur sont applicables.
Art. 376 : Modifié.
Dans le cas où les personnes qui doivent donner leur consentement ne
comparaissent pas et à défaut de l’acte constatant leur consentement tel que

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prévu à l’article 370 alinéa 2 de la présente loi ou si elles se rétractent au


moment de l’enregistrement, l’officier de l’état civil procède à
l’enregistrement du mariage :
- si les personnes concernées confirment qu’elles ont donné leur
consentement au moment de la célébration ;
- si les époux ou leurs mandataires et les témoins affirment sous serment
que les personnes qui ne comparaissent pas ou qui refusent de donner leur
consentement au moment de l’enregistrement, l’ont donné au moment de
la célébration.
Les dispositions pénales relatives au faux témoignage et au faux serment
leur sont applicables.
Commentaire : L'article 376 constitue un essai de solution d'un problème
qui peut surgir. Il se peut notamment que les parents qui ont consenti au
mariage lors de la célébration familiale, changent d'avis par après et
empêcheraient, par leur opposition, l'enregistrement d'un mariage célébré
en bonne et due forme. Sue base de l'article 376, l'officier de l'état civil
passe outre au refus des parents, s'il a la preuve qu'ils ont consenti au
mariage lors de la célébration familiale. D'autre part, des sanctions pénales
frappent ceux des parents qui auront menti, c'est-à-dire ceux qui au moment
où ils viennent devant l'officier de l'état civil, prétendent qu'ils n'avaient pas
consenti au mariage alors qu'ils avaient pourtant donné leur consentement.
La modification de forme de cet article en 2016 a consisté à remplacer « Si »
par « Dans le cas où ». La disposition a connu la suppression de l’allusion
faite au mariage des mineurs en remplaçant l’article 358 par l’article 370,
al. 2 avec précision qu’il s’agit de l’article « de la présente loi ».

Art. 377. — L’acte d’enregistrement du mariage est dressé conformément


aux dispositions des articles 436 et suivants.
Commentaire : Faisant suite à l'article qui précède, l'article 377 précise que
l'acte de mariage sera dressé par l'officier de l'état civil s'il estime que
toutes les conditions ont été remplies.

Art. 378 : Ancien.


Passé le délai d’un mois prévu à l’article 370, l’enregistrement a lieu sur
décision du tribunal de paix, qui statue soit sur requête du Ministère public,
soit sur requête de toute personne intéressée.
Même s’il accorde de procéder à l’enregistrement, le tribunal peut infliger
d’office les peines prévues à l’article 432.

Art. 378 : Modifié.


Passé le délai de trois mois prévu à l’article 370 de la présente loi,
l’enregistrement a lieu sur décision du Tribunal de paix, qui statue soit sur
requête du Ministère public, soit sur celle de toute personne intéressée.

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Même s’il accorde de procéder à l’enregistrement, le tribunal peut infliger


d’office les peines prévues à l’article 432 de la présente loi.
Commentaire : L'article 378 tranche la question de l'enregistrement d'un
mariage célébré en famille après l'expiration du délai de trois mois. Il est
proposé que l'enregistrement ait lieu quand même moyennant une décision
du tribunal de paix et paiement d'une amende. La modification de cet article
en 2016 a consisté en l’harmonisation quant au délai de 3 mois prévu par
l’enregistrement du mariage célébré en famille. Il connait aussi l’ajout du
groupe de mots « de la présente loi ».

Art. 379 : Ancien.


Sans préjudice des dispositions de l’article 330 de la présente loi, le
mariage célébré en famille sort tous ses effets à la date de sa célébration,
même en l’absence d’enregistrement.
Art. 379 : Modifié.
Sans préjudice des dispositions de l’article 330 de la présente loi, le
mariage célébré en famille sort tous ses effets à la date de sa célébration,
même en l’absence d’enregistrement.
Commentaire : Quelle sera la valeur de la célébration familiale du mariage
abstraction faite de l'enregistrement ? Dans ce système qui, dans les grandes
lignes, est conforme à la situation actuelle en matière de mariage de
mariage coutumier, le mariage célébré en famille sera valide sans qu'il ne
soit nécessaire de le faire enregistrer. C'est la portée exacte de l'article 379,
qui fixe la date du mariage célébré en famille au jour de la célébration en
famille. Cette solution a été prise en considération du fait qu'il serait
inéquitable de ne pas accorder à ceux qui choisissent souvent par la force
des choses, le mariage célébré en famille, les mêmes effets à leurs mariages
que ceux qui ont l'occasion de le faire célébrer par l'officier de l'état civil.
L'enregistrement a des fonctions de preuve, il est requis ad probationem, il
n'est pas requis ad valididatem. Cet article a été cité parmi les articles
modifiés en 2016. En réalité il s’agit d’un cas de fausse modification puisque
cette disposition n’a pas subi de modification.

Art. 380. — Avant l’enregistrement, le mariage célébré en famille n’est


opposable qu’aux époux et à ceux qui ont participé à cette célébration
conformément à la coutume.
Tant que le mariage célébré en famille n’a pas été enregistré et que l’un
des époux en invoque les effets en justice, le tribunal suspend la procédure
jusqu’à l’enregistrement.
Commentaire : Cet article a trait aux effets du mariage célébré en famille
mais non encore enregistré. Comme nous l'avons déjà relevé plus haut, les
mariages produisent les mêmes effets peu importe la forme dans laquelle ils
ont été célébrés. Cependant on comprend que le mariage célébré

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directement devant l'officier de l'état civil, soit directement opposable à tout


le monde, tant aux époux qu'aux tiers, du fait de sa publicité préalable.
Tandis que le mariage célébré en famille n'ayant reçu qu'une publicité
restreinte au cercle de deux familles, on comprend tant que son
enregistrement n'a pas été fait, ses effets puissent être également restreints.
C'est la raison pour laquelle l'alinéa 1er de l'article 380 prévoit qu'aussi
longtemps que l'enregistrement n' pas été fait, le mariage célébré en famille
n'et opposable qu'aux époux et à ceux qui y ont participé conformément à la
coutume, c'est-à-dire les témoins et les membres de famille. Par contre, tant
que le mariage célébré en famille n'a pas été enregistré, et que l'un des
époux en invoque les effets en justice, le tribunal suspend la procédure
jusqu'à l'enregistrement. Comme on le voit, même si d'après ce qui a été dit
à l'article précédent, l'enregistrement est fait surtout dans un but de preuve,
le mariage célébré en famille est parfaitement valide dès que les formalités
coutumières ont été accomplies; toutefois le législateur doit tout faire pour
que tous les mariages célébrés en famille soient régulièrement enregistrés.

Art. 381. — La filiation d’enfants nés d’un mariage célébré en famille mais
non enregistré s’établit conformément aux dispositions des articles 595 et
602.
Commentaire : Puisque le mariage célébré en famille sera considéré comme
valide, même s'il n'est pas encore enregistré, il faut admettre que les enfants
qui naissent d'une pareille union soient considérés comme les enfants du
mari de leur mère. C'est là l'application de l'un des principes des
dispositions relatives à la filiation. A l'article 381, ce principe fondamental
est formulé afin de déterminer surtout une procédure qui sera suivie, lorsque
l'officier de l'état civil, en l'absence d'acte d'enregistrement de mariage,
hésite à mentionner comme père de l'enfant, le mari de la mère.
Art. 382. — Est irrecevable, la demande en versement du solde de la dot
pour un mariage célébré en famille, s’il n’est pas enregistré.
Commentaire : L'article 382 édicte une autre sanction s'agissant des
mariages non enregistrés : la demande en versement de la dot pour un
mariage célébré en famille mais non encore enregistré sera déclaré
irrecevable. Cela poussera les deux parties à faire enregistrer le mariage.

Paragraphe 3 : De la célébration du mariage par l’officier de l’état civil


Art. 383 : Ancien.
L’article 373 est applicable en cas de célébration du mariage par l’officier
de l’état civil.
Art. 383 : Modifié.
L’article 373 de la présente loi est applicable en cas de célébration du
mariage par l’officier de l’état civil.

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Commentaire : Le législateur déclare applicable les dispositions de l'article


373 que nous avions commenté précédemment. Cet article 373 énumère les
pièces qui doivent être remises à l'officier de l'état civil lors de
l'enregistrement. L'officier de l'état civil doit donc exiger les mêmes pièces
lorsqu'il célèbre lui-même le mariage ; cette exigence, avions-nous souligné,
doit permettre à l'officier de l'état civil de contrôler l'accomplissement de
toutes les conditions légales. La modification de cet article en 2016 a
consisté seulement en l’ajout du groupe de mots « de la présente loi » après
l’article 373.

Art. 384 : Ancien.


Pendant quinze jours francs, l’officier de l’état civil assurera la publicité
du futur mariage par voie de proclamation faite au moins deux fois et/ou par
voie d’affichage.
Cette publicité doit énoncer les nom, filiation, âge, profession, domicile
et/ou la résidence des futurs époux ainsi que le lieu et la date de la
célébration du mariage projeté.
Elle est faite au bureau de l’état civil du lieu du mariage et à celui du lieu
où chacun des futurs époux a son domicile ou, à défaut de domicile, sa
résidence.
Le tribunal de paix du lieu de célébration du mariage peut dispenser, pour
des causes graves, de la publicité et de tout délai.

Art. 384 : Modifié.


Pendant quinze jours francs, l’officier de l’état civil assure la publicité du
futur mariage par voie de proclamation faite au moins deux fois et/ou par
voie d’affichage.
Cette publicité énonce les noms, filiation, âge, profession, nationalité,
domicile et/ou résidence des futurs époux ainsi que le lieu et la date de la
célébration du mariage projeté.
Elle est faite au bureau de l’état civil du lieu du mariage et à celui du lieu
où chacun des futurs époux a son domicile ou, à défaut de domicile, sa
résidence.
Le Tribunal de paix du lieu de célébration du mariage peut dispenser,
pour des causes graves, de la publicité et de tout délai.
Commentaire : La publication des bans doit se faire au moins pendant
quinze jours. Selon l’article 370, la publication des bans en cas de mariage
célébré en famille est faite à l’état civil du ressort du lieu où le mariage a été
célébré tandis que, selon l’article 389, celle du mariage à célébrer par
l’officier de l’état civil a lieu au bureau de l’officier de l’état civil du
domicile ou de la résidence de l’un des époux. Il faut tout de suite signaler
que les parties peuvent, dans certaines circonstances être dispensées par le
tribunal de paix de la publication des bans pour des motifs graves (art. 384
CF in fine). La modification de cet article en 2016 a porté sur la forme ; elle

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a consisté au remplacement du futur « assurera » par le présent « assure »


(al. 1er) et en l’ajout de la nationalité comme élément d’identification (al. 2).
Jurisprudence : Le mariage au Congo étant régi quant aux formes par la loi
congolaise et les publications constituant des formes, c’est, même pour le
Belge, la loi congolaise qui pour publication doit être suivie (Ière Inst. Stan.,
11 février 1924, Jur. Col., 1925, p. 34 avec note cité in Piron, P. et Devos,
J., Codes et lois du Congo Belge, Matières civiles, commerciales, pénales,
Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du
Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub article 104 CCLI).

Art. 385 : Ancien.


Lorsqu’un fait susceptible de constituer un empêchement au mariage, en
vertu des articles 351 à 364, est porté à la connaissance de l’officier de l’état
civil compétent, il doit surseoir à la célébration et en aviser le président du
tribunal de paix dans les quarante- huit heures.
Dans les huit jours, celui-ci ordonne à l’officier de l’état civil soit de
passer outre, soit de surseoir à la célébration du mariage.
Dans ce dernier cas, le greffier notifie l’ordonnance d’opposition aux
époux et à l’officier de l’état civil.
Mainlevée de l’ordonnance peut être demandée par les futurs époux,
même mineurs, qui adressent à cet effet une requête au tribunal.
Le jugement est prononcé dans les huit jours, sauf s’il y a lieu à enquêter.
La procédure est gratuite.

Art. 385 : Modifié.


Lorsqu’un fait susceptible de constituer un empêchement au mariage, en
vertu des articles 351 à 364 de la présente loi, est porté à la connaissance de
l’officier de l’état civil compétent, celui-ci sursoit à la célébration et en avise
le Président du Tribunal de paix dans les quarante-huit heures.
Dans les huit jours, le Président du Tribunal de paix ordonne à l’officier
de l’état civil soit de passer outre, soit de surseoir à la célébration du
mariage. Dans ce dernier cas, le greffier notifie l’ordonnance d’opposition
aux époux et à l’officier de l’état civil.
Mainlevée de l’ordonnance peut être demandée par les futurs époux, qui
adressent à cet effet une requête au tribunal. Le jugement est prononcé dans
les huit jours, sauf s’il y a lieu à enquêter.
La procédure est gratuite.
Commentaire : Les articles 385 à 387 organisent la procédure d'opposition
au mariage célébré directement par l'officier de l'état civil (alors que
l'article 371 organise l'opposition à un mariage célébré en famille). La
modification de cet article en 2016 touché la forme, il y a ajout du groupe de
mots « de la présente loi ». Est remplacé le verbe « Il doit sursoir» par
« Celui-ci sursoit » (alinéa er). Le pronom « Celui-ci » est remplacé par le

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nom « Le Président du Tribunal de paix » (al. 2). La modification supprime


également l’allusion faite au mariage des mineurs.

Art. 386. — L’appel est formé par déclaration au greffe de la juridiction qui
a statué dans un délai de huit jours francs à compter du prononcé du
jugement.
Les pièces de la procédure sont transmises dans les quarante-huit heures
au greffe du tribunal de grande instance. La cause est inscrite au rôle de la
première audience utile et le jugement, prononcé à l’audience suivante, est
toujours réputé contradictoire.
La procédure est gratuite.
Le jugement d’appel est notifié par le Ministère public aux futurs époux
et à l’officier de l’état civil.
Commentaire : Cet article organise la procédure d'appel de la décision du
tribunal de paix en matière d'opposition.

Art. 387 : Ancien.


Tant que la mainlevée de l’opposition n’a pas été notifiée, l’officier de
l’état civil ne peut procéder à la célébration du mariage sous peine d’une
servitude pénale de 7 à 30 jours et d’une amende ne dépassant pas 250 zaïres
ou de l’une de ces peines seulement.

Art. 387 : Modifié.


Tant que la mainlevée de l’opposition n’a pas été notifiée, l’officier de
l’état civil ne peut procéder à la célébration du mariage, sous peine de
servitude pénale de sept à trente jours et d’une amende ne dépassant pas
300.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement.
Commentaire : Cet article punit l'officier de l'état civil qui célébrerait un
mariage alors que la mainlevée de l'opposition n'a pas été notifiée. La
principale innovation introduite lors de la réforme de 2016 a consisté à
l’actualisation du montant de l’amende qui passe de 250 zaïres à 300.000
francs.

Art. 388. — Lors de la célébration du mariage, l’officier de l’état civil,


même en l’absence de toute mention marginale, demande aux futurs époux
s’ils ont déjà été mariés et leur enjoint, dans l’affirmative, d’indiquer la date
et la forme de l’union précédente ainsi que la date et les causes de sa
dissolution ou de son annulation.
L’officier de l’état civil demande aux futurs époux la valeur et la
composition de la dot ainsi que les modalités de son règlement.
Il les interpelle sur le régime matrimonial qu’ils entendent choisir et leur
explique qu’en l’absence de toute option, ils seront placés sous le régime
légal.

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Commentaire : Cet article est relatif aux questions que doit poser l'officier
de l'état civil lors de la célébration du mariage en rapport avec la
composition dotale, leur état civil antérieur et éventuellement la cause de
dissolution ou d'annulation de leur mariage antérieur et enfin il doit les
interpeller sur le régime matrimonial qui devra régir leurs biens.

Art. 389 : Ancien.


Le mariage est célébré publiquement au bureau de l’état civil du domicile
ou de la résidence de l’un des époux.
S’il y a de justes motifs, le président du tribunal de paix peut toutefois
autoriser la célébration du mariage dans un autre lieu. L’autorisation est
notifiée par le greffier à l’officier de l’état civil chargé de procéder à la
célébration; avis en est donné au chef du parquet local et copie remise aux
futurs époux. Mention doit en être faite dans l’acte de mariage.
En cas de péril imminent de mort de l’un des futurs époux, l’officier de
l’état civil peut se transporter, avant toute autorisation du juge de paix, au
domicile ou à la résidence de l’une des parties pour y célébrer le mariage
même si la résidence n’est pas établie depuis un mois d’habitation continue.
L’officier de l’état civil fait ensuite part au chef du parquet local, dans le
plus bref délai, de la nécessité de cette célébration.

Art. 389 : Modifié.


Le mariage est célébré publiquement au bureau de l’état civil du domicile
ou de la résidence de l’un des futurs époux.
S’il y a de justes motifs, le Président du Tribunal de paix peut, toutefois,
autoriser la célébration du mariage dans un autre lieu. L’autorisation est
notifiée par le greffier à l’officier de l’état civil chargé de procéder à la
célébration; avis en est donné au Procureur de la République du ressort et
copie remise aux futurs époux. Mention de cette autorisation est faite dans
l’acte de mariage.
En cas de péril imminent de mort de l’un des futurs époux, l’officier de
l’état civil peut se transporter, avant toute autorisation du juge de paix, au
domicile ou à la résidence de l’une des parties pour y célébrer le mariage,
même si la résidence n’est pas établie depuis un mois d’habitation continue.
L’officier de l’état civil fait ensuite part au Procureur de la République du
ressort, dans le plus bref délai, de la nécessité de cette célébration.
Commentaire : Cet article consacre un des caractères du mariage repris à
l'article 330 du code de la famille qui précise que le mariage est un acte
public. Le caractère public du mariage signifie que le mariage est célébré
publiquement au bureau de l’état civil du domicile ou de la résidence de l’un
des futurs époux. Toutefois, dans deux cas distincts le mariage peut être
célébré en un autre lieu qu'au bureau de l'état civil : d'abord le les époux
peuvent solliciter auprès du tribunal de paix qu'il soit célébré en un autre
lieu et en invoquant des justes motifs. Ensuite, en cas de péril imminent de

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mort de l’un des futurs époux, l’officier de l’état civil peut se transporter,
avant toute autorisation du juge de paix, au domicile ou à la résidence de
l’une des parties pour y célébrer le mariage même si la résidence n’est pas
établie depuis un mois d’habitation continue. Dans ce dernier cas, il doit en
avertir dans un très bref délai le procureur de la République du ressort. Cet
article a été modifié en 2016. La nouvelle disposition comporte le
remplacement du mot « époux » par « futurs époux » parce qu’au regard de
la procédure, ils ne sont pas encore époux. La ponctuation est également
revisitée. La nouvelle disposition précise également le chef du parquet à
savoir le Procureur de la République. Une autre modification de forme
remplace l’expression « mention doit en est faite… » par « mention de cette
autorisation est faite… ».

Art. 390 : Ancien.


Sous réserve des dispositions de l’article 351, alinéa 2, les futurs époux
accompagnés d’un témoin majeur ou émancipé, parent ou non,
comparaissent ensemble et en personne devant l’officier de l’état civil.
L’officier leur fait lecture des pièces relatives à leur état civil et de leur
déclaration relative à la dot ainsi qu’au régime matrimonial adopté.
Si l’un des époux est mineur, l’officier de l’état civil acte le consentement
des parents ou du tuteur dont le consentement est requis et, en cas d’absence,
il donne lecture de l’acte par lequel ce consentement a été exprimé et, s’il y a
eu opposition, la décision judiciaire levant celle-ci et autorisant le mariage.
Il les instruit ensuite de leurs droits et devoirs respectifs. Il reçoit de
chacune des parties la déclaration qu’elles veulent se prendre pour mari et
femme. Il prononce qu’elles sont unies par le mariage.
Il signe sur-le-champ l’acte de mariage avec les époux, les témoins et
éventuellement les parents consentants s’ils sont présents.
Si l’un des comparants ne sait ou ne peut signer, la signature peut être
remplacée par l’apposition de l’empreinte digitale et mention en est faite à
l’acte.
Il est délivré à l’épouse un exemplaire de l’acte de mariage, constitué par
le volet 1 de l’acte de mariage et au mari, un livret de ménage établi
conformément aux dispositions relatives à l’état civil.

Art. 390 : Modifié.


Sous réserve des dispositions de l’article 351 alinéa 2 de la présente loi,
les futurs époux, accompagnés d’un témoin, parent ou non, comparaissent
ensemble et en personne devant l’officier de l’état civil.
L’officier leur fait lecture des pièces relatives à leur état civil et de leur
déclaration relative à la dot ainsi qu’au régime matrimonial adopté.
Il les instruit ensuite de leurs droits et devoirs respectifs.
Il reçoit de chacune des parties la déclaration qu’elles veulent se prendre
pour mari et femme.

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Il prononce qu’elles sont unies par le mariage.


Il signe sur-le-champ l’acte de mariage avec les époux et les témoins s’ils
sont présents. Si l’un des comparants ne sait ou ne peut signer, la signature
peut être remplacée par l’apposition de l’empreinte digitale et mention en est
faite à l’acte.
Il est délivré aux époux le volet 1 de l’acte de mariage et un livret de
ménage établi conformément aux dispositions relatives à l’état civil.
Commentaire : Suivant l'ordre chronologique de la cérémonie, il y a
d'abord la comparution personnelle des futurs époux avec leurs témoins.
Dans le cas de mariage célébré devant l’officier de l’état civil, la présence
d’un témoin au moins pour les deux époux suffit. Celui-ci peut être parent ou
non des futurs conjoints, pourvu qu’il soit majeur et sain d’esprit. Son rôle
consiste à confirmer l’identité et certaines déclarations des parties au
mariage. Une fois que les parties dont la présence est indispensable sont
réunies devant l’officier de l’état civil, qu’elles ont répondu aux différentes
questions à elles posées et que les époux ont consenti au mariage, l’officier
de l’état civil commence par la lecture des droits et devoirs respectifs des
époux, puis déclare ces derniers unis par les liens du mariage. Il s’est posé
la question de savoir si c’est le ‘‘oui’’ des parties au mariage qui scellait
l’union ou si c’est l’officier d’état civil qui, par la formule ‘‘je vous déclare
unis par les liens du mariage’’ le faisait. Le problème, à notre avis, ne
trouve sa solution que dans le fait que les parties au mariage, d’une part, et
l’officier d’état civil d’autre part, sont complémentaires. En l’absence des
futurs conjoints et de leur consentement, il ne peut y avoir mariage. Tout
comme en l’absence de l’officier, l’union ne peut être constituée. Une fois ce
cérémonial rempli, l’officier d’état civil et les parties en présence signent au
bas de l’acte de mariage (art. 390 al. 6 modifié). Si l’un des comparants ne
sait ou ne peut signer, la signature peut être remplacée par l’apposition de
l’empreinte digitale et mention en est faite à l’acte (art. 390 al. 6 modifié).
La modification de cet article 2016 a consisté en la suppression de l’alinéa
qui vise le mariage des mineurs. Est également modifié l’alinéa dernier sur
la remise du volet de l’acte de mariage et un livret de ménage. Désormais
ces deux pièces sont remises aux conjoints ensemble et non pas à l’épouse,
pour la première pièce, et au mari, pour la deuxième.

Art. 391 : Ancien.


Qu’il célèbre ou qu’il enregistre un mariage, l’officier de l’état civil doit
en dresser acte dans le registre des mariages.
Les actes d’enregistrement et de célébration de mariage sont dressés dans
le même registre, à leur date.
Le modèle de l’acte de mariage est fixé par arrêté départemental.

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Art. 391 : Modifié.


Qu’il célèbre ou qu’il enregistre un mariage, l’officier de l’état civil en
dresse acte dans le registre des mariages.
Les actes d’enregistrement et de célébration de mariage sont dressés dans
le même registre, à leur date.
Le modèle de l’acte de mariage est fixé par arrêté du ministre ayant la
justice dans ses attributions.
Commentaire : L'officier de l'état civil a l'obligation de dresser l'acte de
célébration ou d'enregistrement de mariage suivant que le mariage a été
célébré directement devant lui ou l'a été en famille et fait l'objet
d'enregistrement. Ce registre dans lequel ces deux catégories d'actes sont
dressés est le même et à la date où ceux-ci ont été dressés. La modification
introduite en 2016 consiste au remplacement du groupe de mots « doit en
dresser » par « dresse » et à l’actualisation des dénominations « arrêté
départemental » en « arrêté du ministre ».

Art. 392 : Ancien.


Outre les mentions prévues à l’article 92 et aux dispositions particulières
relatives au mariage, l’acte de mariage énonce :
- les nom, profession, date et lieu de naissance, domicile ou résidence de
chacun des époux ;
- les nom, profession, domicile ou résidence des père et mère de chacun
des époux et des témoins matrimoniaux prévus par la loi ;
- en cas de minorité de l’un ou des deux époux, les consentements et
autorisations donnés selon les dispositions des articles 357 et suivants ;
- les éventuelles dispenses d’âge, de publication et du délai d’attente ;
- les éventuelles décisions de mainlevée d’opposition ;
- l’état civil antérieur des époux ;
- les noms du ou des précédents conjoints de chacun des époux ;
- la convention relative à la dot conformément aux articles 361 à 366 ou la
décision judiciaire prévue à l’article 367 ;
- le choix du régime matrimonial adopté par les époux ;
- l’accomplissement public de l’enregistrement ou de la célébration ;
- en cas d’enregistrement: la déclaration des contractants qu’ils se sont pris
pour époux avec l’indication de la date de la célébration familiale du
mariage ; l’indication que les formalités du mariage ont été suivies
conformément aux articles 369 et suivants; le cas échéant, les nom,
profession, domicile et résidence du ou des témoins coutumiers du
mariage ;
- en cas de célébration du mariage par l’officier de l’état civil :
l’accomplissement des formalités de publication; la déclaration des
contractants de se prendre pour époux et le prononcé de leur union par
l’officier de l’état civil ;
- la nature de toutes les pièces produites.

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Art. 392 : Modifié.


Outre les mentions prévues à l’article 92 de la présente loi et aux
dispositions particulières relatives au mariage, l’acte de mariage énonce :
1. les noms, sexe, lieu et date de naissance, profession, nationalité, domicile
ou résidence de chacun des époux ;
2. les noms, sexe, profession, nationalité, domicile ou résidence des père et
mère de chacun des époux et témoins matrimoniaux prévus par la loi ;
3. les éventuelles dispenses de publication et du délai d’attente ;
4. les éventuelles décisions de mainlevée d’opposition ;
5. l’état civil antérieur des époux ;
6. la convention relative à la dot conformément aux articles 361 à 366 ou la
décision judiciaire prévue à l’article 367 de la présente loi ;
7. le choix du régime matrimonial adopté par les époux ;
8. l’accomplissement public de l’enregistrement ou de la célébration :
Primo : en cas d’enregistrement, la déclaration des contractants qu’ils se
sont pris pour époux avec l’indication de la date de la célébration
familiale du mariage, l’indication que les formalités du mariage ont été
suivies conformément aux articles 369 et suivants de la présente loi. Et, le
cas échéant, les noms, profession, nationalité, domicile et résidence du
ou des témoins coutumiers du mariage ;
Secundo : en cas de célébration du mariage par l’officier de l’état civil,
l’accomplissement des formalités de publication, la déclaration des
contractants de se prendre pour époux et le prononcé de leur union par
l’officier de l’état civil ;
9. la nature de toutes les pièces produites.
Commentaire : Cet article énumère les énonciations que doit contenir un
acte de mariage. La modification de cet article 2016 a porté sur la
réécriture des alinéas de cette disposition. Elle emporte suppression de trois
mentions qui faisaient allusion au mariage des mineurs et ajoute la
nationalité parmi les éléments d’identification.

Art. 393 : Ancien.


À la diligence de l’officier de l’état civil ayant célébré ou enregistré le
mariage et sous sa responsabilité, il est notifié administrativement à l’officier
de l’état civil du lieu de naissance de chacun des époux un avis avec accusé
de réception indiquant que les parties ont contracté mariage, aux fins de
mention en marge de chaque acte de naissance. Mention de
l’accomplissement de la formalité est faite en marge de l’acte de mariage.
Lorsque l’avis de mention faite n’est pas revenu dans les trois mois de
l’envoi de la notification, l’officier de l’état civil en rend compte sans délai
au chef du parquet local du ressort dans lequel il se trouve.

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Art. 393 : Modifié.


A la diligence de l’officier de l’état civil ayant célébré ou enregistré le
mariage et sous sa responsabilité, il est notifié administrativement à l’officier
de l’état civil du lieu de naissance de chacun des époux un avis avec accusé
de réception indiquant que les parties ont contracté mariage, aux fins de
mention en marge de chaque acte de naissance. Mention de
l’accomplissement de la formalité est faite en marge de l’acte de mariage.
Lorsque l’avis de la mention faite n’est pas revenu dans les trois mois de
l’envoi de la notification, l’officier de l’état civil en rend compte sans délai
au Procureur de la République près le Tribunal de grande instance du ressort
dans lequel il se trouve.
Commentaire : L'officier de l'état civil qui a célébré ou enregistré le
mariage a l'obligation de notifier à l'officier de l'état civil du lieu de
naissance de chacun des époux, un avis indiquant que les parties ont
contracté mariage. Cet avis est fait avec accusé de réception. L'officier de
l'état civil du lieu de naissance fera mention du mariage dans l'acte de
naissance de chacun des époux. L'officier de l'état civil qui a célébré ou
enregistré le mariage fera en son tour mention de l'accomplissement de cette
formalité en marge de l'acte de mariage. Si l'avis des mentions envoyé par
l'officier de l'état civil du lieu de mariage n'est pas revenu dans les trois
mois de l'envoi de la notification, l'officier de l'état cil en rend compte
immédiatement au chef du parquet. La modification de cet article en 2016 a
consisté à préciser le chef du parquet local auprès de qui l’Officier de l’état
civil doit rendre compte du non-retour de l’avis de la mention du mariage en
marge de l’acte de naissance de chaque époux. C’est le Procureur de la
République qui est concerné puis qu’il existe actuellement un chef de
parquet près le Tribunal de paix.

Section IV. Des sanctions des conditions du mariage

Paragraphe 1er : Des règles générales et communes

Art. 394. — L’union violant les conditions de mariage telles que définies
par la présente loi ou par la coutume ne peut être enregistrée ni célébrée par
l’officier de l’état civil.
Commentaire : Cet article ainsi que ceux qui suivent énumèrent les diverses
sanctions qui interviennent lorsque l'une des conditions du mariage n'a pas
été remplie. La première sanction et la principale, une sanction préventive,
est le refus de célébration du mariage prévu à l'article 394 sous examen.

Art. 395 : Ancien.


Sera puni d’une peine de servitude pénale de sept jours à deux mois et
d’une amende de 100 à 300 zaïres ou de l’une de ces peines seulement,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sachant

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qu’il existait un empêchement de nature à entraîner la nullité conformément


aux dispositions des articles suivants.
Sera puni d’une amende de 50 à 200 zaïres, l’officier de l’état civil qui
aura commis toute autre contravention aux dispositions relatives aux
conditions du mariage.

Art. 395 : Modifié.


Est puni d’une servitude pénale de deux à douze mois et d’une amende
de 150.000 à 700.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sachant
qu’il existait un empêchement de nature à entraîner la nullité conformément
aux dispositions des articles suivants.
Sera puni d’une amende de 100.000 à 300.000 francs congolais, l’officier
de l’état civil qui aura commis toute autre contravention aux dispositions
relatives aux conditions du mariage.
Commentaire : Cet article prévoit également des sanctions pénales en
l'encontre de l'officier de l'état civil qui célébrerait ou enregistrerait un
mariage en violation de la loi. Cet article a été modifié en 2016. Le temps
futur « Sera » est remplacé par celui du présent « Est » mais de manière
imparfaite puisque l’alinéa 2 maintient le verbe au futur « Sera ». La peine
est également modifiée, au lieu de 7 jours à 2 mois, elle passe de 2 à 12
mois. C’est une peine de servitude pénale plus forte qui est prévue. Le
montant des amendes est également actualisé en franc congolais.

Art. 396. — La nullité d’un mariage, à titre de sanction de violation des


conditions du mariage, ne peut être prononcée que dans les cas prévus par la
loi ou lorsque le mariage a été contracté en violation de l’article 330 de la
présente loi.
Commentaire : Cet article consacre la règle " pas de nullité sans texte" et
celle que le mariage n'est considéré nul que si le tribunal en prononce la
nullité. A la deuxième règle, il n'est pas prévu d'exception; la première règle
sans réellement être soumise à l'exception, est rédigée de telle sorte que le
législateur peut se dispenser de se prononcer en détail sur certains
problèmes aussi exceptionnels que choquant, tel que le mariage de deux
personnes de même sexe. La partie finale de l'article 396 pourrait être
invoquée aussi en cas de mariage simulé. Mais il ne pourrait servir de
prétexte pour faire annuler un mariage qui ne viole en rien les causes de
nullité énumérées par le législateur.
Jurisprudence : Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la
dissolution ou l’annulation du précédent. Le second mariage contracté
encours la nullité absolue en vertu des articles 330 et 396 du Code de la
famille (Tripaix Kinshasa Gombe, 26 août 1993, RC 2653/I, RAJW,
Kinshasa, 1996, p. 72 Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit civil congolais. Les

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personnes. Les incapacités. La famille, Presses Universitaires de


Lubumbashi, Les Analyses juridiques, Lubumbashi, 2008, n°386).

Art. 397. — Le mariage susceptible d’annulation ne peut plus être attaqué


lorsque la cause de la nullité a disparu ou lorsque, dans le cas où le
consentement des époux ou des autres personnes qui doivent consentir au
mariage a fait défaut ou a été vicié, il y a eu ratification expresse ou tacite.
Commentaire : En droit français classique la confirmation ne se conçoit
qu'en cas de nullité relative. L’article sous examen ne fait pas de distinction
entre la nullité relative et la nullité absolue. En outre ce texte tend à étendre
la confirmation à tous les cas de nullité. Il y a lieu toutefois d'opérer une
distinction: 1. Si la nullité résulte d'une simple circonstance (acte ou fait
juridique) étrangère au mariage susceptible d'annulation (exemple :
mariage précédent), la disparition de cette circonstance opère validation du
mariage (par exemple : le second mariage du bigame est validé au moment
où sa première épouse légitime meurt). 2. Si la nullité résulte de l'absence ou
du vice de consentement, il faut que ce consentement soit donné de façon
parfaite, fut-ce implicitement. L'article ne se prononce pas explicitement sur
le moment où la validation produit ses effets.

Art. 398. — Sauf dispositions contraires, l’action en nullité est


imprescriptible.
Commentaire : La rigueur de la règle sera atténuée dans la pratique, par
l'effet de l'article 398 ainsi que par les dispositions qui établissent des
présomptions de ratification. Notons cependant que ces dernières ne
constituent pas des délais de prescriptions abrégés, mais des délais très
fixes.

Art. 399. — Les deux époux doivent être parties au procès quelle que soit la
personne qui exerce l’action.
L’action est portée devant le tribunal de paix.
Elle est intentée et jugée dans la forme ordinaire.
Commentaire : L'article 399 donne quelques précisions sur la procédure de
dissolution. Le troisième alinéa pourrait paraître surabondant, mais il ne
l'est pas, car en son absence on pourrait être tenté d'appliquer certaines
règles se rapportant au divorce, en cas de dissolution en raison de la
validation d'une condition de mariage.

Art. 400. — Le tribunal ne prononce la nullité que pour l’avenir.


Exceptionnellement, il prononce la nullité avec effet rétroactif, soit parce
que la loi l’impose, soit en raison de la gravité des circonstances.
À cet effet, il considère en particulier la bonne ou la mauvaise foi des
époux, le fait que le mariage a été ou non consommé, l’intérêt des enfants

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éventuellement nés de l’union déclarée nulle et l’intérêt des tiers de bonne


foi.
Le tribunal règle selon l’équité les conséquences de la nullité.
Les enfants issus du mariage déclaré nul, conservent vis-à-vis de leurs
père et mère la filiation qui leur avait été conférée par le mariage, même si
celui-ci est déclaré nul avec effet rétroactif.
Le tribunal s’inspire des règles prescrites pour la liquidation des rapports
entre époux dans le cas de divorce.
Commentaire : Par définition, un mariage annulé ne produit aucun effet
dans le passé et dans l’avenir. Le caractère rétroactif de la nullité la
distingue de la dissolution qui n’agit que pour l’avenir. Le législateur du
code de la famille pose cependant comme principe que le mariage nul ne
produit ses effets que pour l’avenir. Ce n’est qu’exceptionnellement que le
juge peut prononcer l’annulation rétroactive du mariage particulièrement
lorsque la loi l’impose ou lorsque la gravité des circonstances l’exige. Le
juge prendra en considération en particulier la bonne ou la mauvaise foi des
époux, le fait que le mariage a été ou non consommé, l’intérêt des enfants
éventuellement nés de l’union déclarée nulle et l’intérêt des tiers de bonne
foi. La putativité du mariage a pour conséquence essentielle de maintenir
aux enfants issus de l’union leur qualité d’enfants nés dans le mariage. Ils
demeurent, malgré l’annulation du mariage de leurs auteurs, des enfants nés
dans le mariage avec toutes les conséquences que cela implique, notamment
sur le plan successoral. Cependant, lorsque l’on est dans l’hypothèse où un
seul des époux est de bonne foi, l’autre étant de mauvaise foi, ce dernier ne
peut se prévaloir à l’égard des enfants de leur situation d’enfants nés dans le
mariage. Cela signifie concrètement que si ces enfants ont vocation à
succéder à leurs auteurs de bonne ou de mauvaise foi (art. 400 al. 3 CF),
c’est en leur qualité d’enfants nés dans le mariage, mais que l’époux de
mauvaise foi ne pourra prétendre, quant à lui, dans la succession de leurs
enfants que lors que le lien de paternité est établi entre lui et ses enfants
autrement que par la paternité issue du mariage, notamment par
l’affiliation.
Jurisprudence : Même nul, le mariage doit être considéré comme valide tant
que la nullité n’en a pas été prononcée. (Elis., 24 janvier 1956, R.J.C.B., p.
123). Le droit aux avantages matériels qu’est susceptible de procurer un
mariage putatif, constitue, dans le chef de l’épouse survivante et de bonne
foi un droit acquis indépendamment du droit analogue de la première
épouse (Ière Inst. Léo., 25 septembre 1946, R.J.C.B., 1947, p. 31 cité in
Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo Belge, Matières civiles,
commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et
Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub article
115 CCLI).

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Art. 401. — Le dispositif du jugement prononçant la nullité du mariage est


transcrit et mentionné en marge de l’acte de mariage et de l’acte de naissance
des anciens époux.
Commentaire : L'article 401 prévoit la transcription du dispositif du
jugement sur le registre de l'état civil et sa mention en marge de l'acte de
mariage.

Paragraphe 2 : De l’absence et du vice de consentement

Art. 402. — Lorsque le mariage a été contracté sans le consentement de l’un


des époux, pour quelque cause que ce soit, la nullité du mariage doit être
prononcée.
L’action peut être exercée par les époux eux-mêmes, par toute personne
qui y a intérêt et par le Ministère public du vivant des deux époux.
Commentaire : Puisque pour tout contrat la loi protège la volonté des
contractants, on comprend aisément que, pour un acte aussi important que
le mariage, le législateur soit particulièrement vigilant et exige la nullité du
mariage là où il est prouvé que le consentement a fait défaut. Du caractère
radical de l'article 402 il faut aussi déduire que le consentement apparent, le
consentement simulé, celui est donné par exemple dans le seul but de faire
acquérir à une femme une certaine nationalité ne produit aucun effet.
Comme on l'a déjà souligné plus haut, il n'y a de nullités que dès lors
qu'elles ont été prononcées par le tribunal et tant que l'acte entaché de vice
n'a pas été annulé, il demeure valable. Qui peuvent exercer l'action en
nullité basée sur l'absence de consentement ? L'action appartient d'abord,
cela va de soi, aux époux eux-mêmes; ensuite à toute personne justifiant d'un
intérêt quelconque, matériel ou oral, par exemple les père et mère, les
membres de famille, les créanciers etc...; enfin la loi reconnaît au ministère
public le pouvoir d'exercer cette action, parce que l'ordre public est en
cause, toutefois son action ne peut intervenir que du vivant des époux.

Art. 403. — Celui qui, sous l’empire de la violence, a contracté un mariage,


peut en demander l’annulation.
Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que la violence a pris
fin et, en toute hypothèse, deux ans après que le mariage a été célébré.
Commentaire : Si le défaut de consentement prévu à l'article précédent
constitue une cause de nullité absolue, les autres vices de consentement
rendent le mariage annulable. C'est ainsi que si le consentement donné par
l'un des époux ne l'a pas été que parce que dû à la violence, ce vice rend le
mariage annulable. La violence peut être d'ordre physique ou moral. Il faut,
dans ce dernier cas, que les pressions, les menaces aient été de nature à
annihiler vraiment la liberté de l'époux qui invoque la violence. Il y a
extinction de l'action en nullité si six se sont écoulés depuis que la violence a
pris fin, et, dans tous les cas, deux ans après la célébration du mariage.

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Art. 404 : Ancien.


Sans préjudice des dispositions pénales plus sévères, seront punies des
sanctions prévues à l’article 336 les personnes qui, par la violence, ont
contraint une personne à consentir à un mariage ainsi que les témoins d’un
tel mariage.
Sera également puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier,
l’officier de l’état civil qui, connaissant ou devant connaître cette
circonstance, a célébré ou enregistré un tel mariage.

Art. 404 : Modifié.


Sans préjudice des dispositions pénales plus sévères, sont punies des
peines prévues à l’article 336 de la présente loi les personnes qui, par la
violence, ont contraint une personne à consentir à un mariage ainsi que les
témoins d’un tel mariage.
Est également puni des peines prévues à l’article 395 de la présente loi,
alinéa 1er, l’officier de l’état civil qui, connaissant ou devant connaître cette
circonstance, a célébré ou enregistré un tel mariage.
Commentaire : Cet article prévoit des sanctions pénales à charge de ceux
qui ont exercé la violence sur la personne de l'un des époux pour le
contraindre au mariage, à charge des témoins et de l'officier de l'état civil
qui, tout en connaissant cette violence ont, néanmoins et selon le cas, servi
de témoins de mariage ou a célébré ou enregistré celui-ci. La modification
de cet article en 2016 a consisté au remplacement du futur « Sera » en
présent « Est » et en l’ajout du groupe de mots « de la présente loi » après
l’article cité.

Art. 405. — Si le consentement n’a été donné que par suite d’une erreur sur
une qualité essentielle, physique, civile ou morale de l’un des époux, ou par
suite d’une autre erreur substantielle, la nullité du mariage peut être
demandée par l’époux qui a été induit en erreur.
Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que l’erreur a été
découverte et, en toute hypothèse, deux ans après que le mariage a été
célébré.
Commentaire : Autre vice de consentement : erreur sur la personne.
Lorsqu'il y a erreur sur la personne ou sur une qualité essentielle de l'un des
époux, cette erreur rend le mariage annulable. Exemples : une femme peut
demander la nullité du mariage en invoquant une condamnation antérieure
infamante de son mari, condamnation qu'elle ignorait au moment du
mariage. Les vices portant sur une qualité essentielle peuvent être le passé
pénal de l'autre époux, son état mental, l'impuissance du mari, la stérilité, la
maladie grave et incurable de l'un des époux. Rappelons toutefois que les
circonstances telles que l'impuissance du mari, la stabilité ou la maladie de
l'un des conjoints n'empêchent pas à un mariage d'être valide. Néanmoins,
s'il est prouvé qu'au moment du mariage l'un des époux n'était pas au

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courant de la déficience de l'autre, le premier pourra invoquer cette


ignorance et obtenir ainsi la nullité du mariage. D'autre part, dans ces
mêmes hypothèses, l'époux dont le consentement a été vicié pourrait
demander le divorce s'il prouve que suite à ce vice de consentement, le
maintien de la vie conjugale n'est plus possible. Bien qu'en principe la loi ne
cite pas le dol comme pouvant entraîner la nullité du mariage, il est évident
que le tribunal pourra retenir le dol si celui-ci a entrainé l'erreur d'un
conjoint sur l'identité ou sur une qualité substantielle de l'autre. Il y a
prescription de l'action basée sur l'erreur sur la qualité de l'un des époux si
six mois se sont écoulés depuis que l'erreur a été découverte et, dans tous les
cas, deux ans après que la célébration du mariage.

Paragraphe 3 : Du défaut de capacité

Art. 406 : Ancien.


Lorsque l’un des époux ou les époux n’avaient pas l’âge requis, en
l’absence de dispense, la nullité du mariage doit être prononcée.
Le mariage ne peut plus être attaqué lorsque l’un des époux ou les époux
ont atteint l’âge requis ou lorsque la femme, qui n’avait pas cet âge, est
enceinte.
L’action peut être exercée par les époux eux-mêmes, par toute personne
qui y a intérêt et par le Ministère public du vivant des deux époux.

Art. 406 : Modifié.


Lorsque l’un des époux ou les époux n’avaient pas l’âge requis, la nullité
du mariage doit être prononcée.
Le mariage ne peut plus être attaqué lorsque les deux époux ont atteint
l’âge requis.
L’action peut être exercée devant le Tribunal de paix compétent par les
époux eux-mêmes, par toute personne qui y a intérêt et par le Ministère
public du vivant des deux époux.
Commentaire : L'article 406 rappelle que l'âge est une des conditions pour
que le mariage soit valablement contracté. Si l'un des époux ou tous les deux
n'avaient pas l'âge requis au moment de la célébration du mariage, le
tribunal doit en prononcer la nullité. L'action en nullité ne peut être exercée
que sous certaines restrictions. Elle ne peut plus être accordée lorsque
l'époux ou les deux ont atteint l'âge requis. Cette action peut être exercée
par les personnes énumérées à l'alinéa 3. Cet article a été modifié en 2016.
La modification emporte suppression de la possibilité d’une dispense d’âge
permettant le mariage des mineurs. La disposition maintient la possibilité de
confirmer un mariage célébré à l’époque où les conjoints ou l’un d’eux était
âgé de moins de 18 ans. Pourtant, la nullité d’un tel mariage est absolue
puisqu’elle protège un intérêt d’ordre public. En réalité, la capacité à
contracter mariage étant devenue une question liée à la « majorité civile »,

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elle devait être une notion d’ordre privé et par conséquent sanctionnée par
la nullité relative qui, elle peut être confirmée. Dans l’ancienne formulation
de cette disposition, la puberté était protégée mais au titre de notion d’ordre
public. La sanction qui avait été maintenue était la nullité absolue. La
formulation actuelle retient la capacité à contracter mariage comme une
notion d’ordre public mais sanctionne son inobservance par la nullité
absolue. Il ne se comprend pas alors comment la nullité absolue peut être
couverte ou confirmée lorsque les conjoints viennent d’atteindre l’âge légal
alors qu’à l’époque de leur mariage ils ne l’avaient pas et le fait s’est
cristallisé dans le temps.

Art. 407 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’un homme âgé de
moins de dix-huit ans ou d’une femme âgée de moins de quinze ans, s’il
connaissait ou devait connaître cette circonstance, sauf s’il y a eu dispense.
Seront également punis des mêmes sanctions l’époux ou l’épouse âgé de
moins de dix-huit ou de quinze ans, les personnes qui auront consenti au
mariage et celles qui en auront été les témoins.

Art. 407 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’un
homme et d’une femme âgés de moins de dix-huit ans s’il connaissait ou
devait connaître cette circonstance.
Sont également punis des mêmes peines, le conjoint majeur du mineur,
les personnes qui auront consenti au mariage des mineurs et celles qui en
auront été les témoins.
Commentaire : L'article 407 édicte des sanctions pénales aux règles violant
l'âge requis pour le mariage. La modification de cet article en 2016 a porté
notamment sur le remplacement du futur « Sera/Seront » par le présent
« Est/Sont ». La modification supprime aussi l’allusion faite à un mariage
d’une « femme âgée de moins de 15 ans ». Le législateur puni le mariage
d’un mineur. Sur la forme il aurait été plus intéressant pour le législateur
d’éviter les concepts « homme et femme âgés de moins de 18 ans » cela
sous-entend que sociologiquement une personne devient homme ou femme
avant 18 ans.

Art. 408 : Ancien.


Quiconque, étant engagé dans les liens d’un mariage enregistré ou célébré
devant l’officier de l’état civil, en aura fait enregistrer ou célébrer un autre
avant la dissolution ou l’annulation du précédent, sera puni du chef de
bigamie d’une peine de servitude pénale de un à trois mois et d’une amende
de 100 à 300 zaïres ou de l’une de ces peines seulement.

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L’action publique et l’action civile peuvent être intentées tout le temps


que subsiste l’état de bigamie. Elles s’éteignent par la dissolution du premier
ou du second mariage ou par la validation du second.

Art. 408 : Modifié.


Quiconque, étant engagé dans les liens d’un mariage enregistré ou célébré
devant l’officier de l’état civil, en aura fait enregistrer ou célébrer un autre
avant la dissolution ou l’annulation du précédent, sera puni, du chef de
bigamie, d’une servitude pénale de un à trois mois et d’une amende de
125.000 à 500.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement.
L’action publique et l’action civile peuvent être intentées tout le temps
que subsiste l’état de bigamie.
Commentaire : L'article 408 érige la bigamie en infraction. Celle-ci existe
dès lors que celui qui était déjà uni par un mariage enregistré ou célébré, en
aura fait célébrer ou enregistrer un autre devant l'officier de l'état civil alors
que le mariage précédent n' a pas été dissous ou annulé. L'action publique
tendant à punir le mari polygame et l'action civile visant à faire annuler les
unions postérieures au premier mariage valable, peuvent être intentées
pendant tout le temps que coexistent les deux mariages. Les deux actions
s'éteignent par la dissolution ou par la validation du second mariage. La
modification introduite en 2016 a porté sur l’actualisation des montants de
la peine d’amende en francs congolais et la réécriture de la ponctuation.
Mais ici le législateur maintient le verbe au futur « sera » alors que dans
beaucoup de dispositions il a modifié ce temps pour le présent.

Art. 409 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’une personne alors
que celle-ci est engagée dans les liens d’un précédent mariage, s’il
connaissait ou devait connaître cette circonstance.

Art. 409 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’une
personne alors que celle-ci est engagée dans les liens d’un précédent
mariage, s’il connaissait ou devait connaître cette circonstance.
Commentaire : Cet article prévoit des sanctions pénales en l'endroit de
l'officier de l'état civil qui célèbre le mariage ou enregistre le mariage
polygamique alors qu'il connaissait ou devait connaître cet état de choses.
La modification de cet article 2016 a porté sur le remplacement du futur
« Sera » par le présent « Est » et en l’ajout du groupe de mots « de la
présente loi » à l’article 395.

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Art. 410. — II est interdit à toute personne qui, en vertu de la loi ou de la


coutume, a le droit de garde sur une fille ou une femme :
1. de la remettre en mariage ou en vue du mariage dans tous les cas où, en
vertu de la coutume, ce mariage entraîne l’obligation de cohabiter avec
plusieurs hommes simultanément ou successivement ;
2. de conclure ou de promettre toute convention relative au même objet ;
3. de réclamer ou de recevoir toute somme ou valeur à titre d’avance ou de
paiement de dot dans les mêmes conditions.
Commentaire : Cet article n'appelle pas de commentaires particuliers. Il
interdit à toute personne qui a la garde de la remettre à plusieurs personnes
pour une cohabitation ou d'en conclure une convention en ce sens ou de
réclamer quelle que somme que ce soit à cette fin.

Art. 411. — II est interdit :


1. de conclure toute convention tendant à assurer à plusieurs hommes
l’usage commun d’une épouse ;
2. de réunir dans cette intention toutes sommes et valeurs, d’en faire remise
ou offre à la personne qui a le droit de garde sur la fille ou la femme
convoitée ;
3. de faire usage de tout droit que lui conférerait sur une fille ou sur une
femme une coutume ou une convention contraire à la présente loi.
Commentaire : Cet article interdit l'usage par plusieurs hommes d'une
femme ; la remise de toute somme ou valeur à une personne qui a la garde
d'une femme ou d'une fille pour cet usage commun ou encore de conclure
toute convention sur une fille ou une femme à des fins contraire à la présente
loi.

Art. 412. — Est interdit, l’accomplissement de toute cérémonie coutumière


de nature à placer une fille ou une femme sous le régime de la polyandrie ou
en faire naître la conviction.
Commentaire : Cet article interdit la remise à une fille ou une femme dans
une union polyandrique ou toute incitation à la polyandrie.

Art. 413 : Ancien.


Les infractions aux articles 410 à 412 sont punies de deux mois de
servitude pénale au maximum et d’une amende qui n’excédera pas 1.000 Z
ou d’une de ces peines seulement.
Ces peines seront doublées si l’infraction a été commise à l’aide de
violences, ruses ou menaces.

Art. 413 : Modifié.


Les infractions aux articles 410 à 412 ci-dessus sont punies de deux mois
de servitude pénale principale au maximum et d’une amende qui n’excède
pas 1.000.000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement.

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Ces peines sont doublées si l’infraction est commise à l’aide de violences,


ruses ou menaces.
Commentaire : Cet article prévoit des sanctions pénales lorsque les
interdictions prévues aux articles 410 à 412 ne sont pas observées. La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’actualisation des
amendes en francs congolais et à l’ajout du mot « ci-dessus » à l’article qui
y est cité.
Art. 414 : Ancien.
Les chefs de localité et de collectivité sont solidairement responsables du
paiement des amendes, des frais et des dommages et intérêts résultant des
condamnations prononcées, s’il est établi qu’ils ont eu connaissance de
l’infraction et ne l’ont point dénoncée.
Art. 414 : Modifié.
Les chefs des entités territoriales décentralisées, les chefs des quartiers,
des groupements ou des villages sont solidairement responsables du
paiement des amendes, des frais et des dommages et intérêts résultant des
condamnations prononcées, s’il est établi qu’ils ont eu connaissance des
infractions prévues aux articles 410 à 412 ci-dessus et ne les ont pas
dénoncées.
Commentaire : Cet article rend solidairement responsables les autorités des
entités décentralisées s'il est prouvé qu'ils ont eu connaissance des
infractions prévues aux articles 410 à 412 susmentionnées. La modification
de cet article en 2016 a porté sur l’actualisation des appellations des entités
décentralisées et leurs autorités (chef de localité, chefs de collectivité : chefs
des entités territoriales décentralisées, chefs de quartiers, des groupements,
des villages). La modification apporte aussi une précision quant aux articles
cités en ajoutant le mot « ci-dessus ». Le chef de l’entité n’est pas toujours
informé de ce qui se passe dans son entité dans certains cas. Les chefs de
quartier et de villages ne sont pas officiellement impliqués dans les
cérémonies qui conduiraient à ces infractions. La nouvelle formulation
maintient le paiement solidaire des amendes pourtant l’amende est une
peine et la responsabilité pénale est individuelle.

Art. 415. — Lorsqu’il existe entre les conjoints un lien de parenté ou


d’alliance prohibant le mariage, la nullité du mariage doit être prononcée.
L’action peut être exercée par les époux eux-mêmes, par toute personne
qui y a intérêt et par le Ministère public du vivant des deux époux.
Commentaire : L'article sanctionne de nullité absolue un mariage célébré
alors qu'il existe un lien de parenté ou d'alliance prohibant le mariage.
L'action appartient tant aux époux, aux personnes intéressées qu'au
ministère public.

282
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Art. 416 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage entre deux personnes
au mépris d’un empêchement tenant à la parenté ou à l’alliance, s’il
connaissait ou devait connaître cette circonstance.
Seront punis des mêmes sanctions, les époux eux-mêmes, les personnes
qui auront consenti au mariage et celles qui en auront été les témoins, s’ils
connaissaient ou devaient connaître le lien de parenté ou d’alliance.

Art. 416 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage entre deux
personnes au mépris d’un empêchement tenant à la parenté ou à l’alliance,
s’il connait ou doit connaître cette circonstance.
Sont punis des mêmes peines, les époux eux-mêmes, les personnes qui
auront consenti à ce mariage et celles qui en auront été les témoins, s’ils
connaissaient ou devaient connaître le lien de parenté ou d’alliance.
Commentaire : L'article 416 propose des sanctions en cas de mariage
contracté au mépris d'un empêchement de parenté ou d'alliance. La sanction
est la nullité du mariage. Rappelons que c'est l'article 353 qui cite les
personnes entre lesquelles le mariage est prohibé. La modification faite en
la forme en 2016 a consisté à remplacer le temps futur par le temps présent.
Il en est de même des verbes qui étaient conjugués à l’imparfait et cette fois
conjugués au présent. Ainsi « connaissait ou devait connaître » ont été
remplacés par « connait ou doit connaître ». Mais cela a été fait de manière
imparfaite puisqu’à l’alinéa 2 les mêmes verbes conjugués à l’imparfait
« connaissaient ou devaient connaître » ont été maintenus tels quels. Nous
pensons que la concordance dans ces modifications n’a pas été respectée
puisque la connaissance du fait devait précéder l’accomplissement de l’acte
(par exemple : aura célébré… s’il connait : mieux s’il connaissait).

Art. 417 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa 2, l’officier de
l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’une femme avant
l’expiration du délai d’attente.
Seront punis des mêmes sanctions, les époux et les personnes qui auront
consenti au mariage.
La nullité du mariage ne peut être prononcée pour le seul motif que le
délai d’attente n’aura pas été respecté.

Art. 417 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 2 de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’une
femme avant l’expiration du délai d’attente.

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Sont punis des mêmes peines, les époux et les personnes qui auront
consenti au mariage.
La nullité du mariage ne peut être prononcée pour le seul motif que le
délai d’attente n’aura pas été respecté.
Commentaire : Faisant suite à l'article précédent, l'article 417 fait de même
en ce qui concerne le délai d'attente qui frappe la femme mariée
antérieurement. Toutefois, comme le délai d'attente ne constitue qu'un
simple empêchement prohibitif, il est dit explicitement au 3ème alinéa de cet
article que le seul fait du non-respect du délai de viduité ne suffit pas pour
que le tribunal prononce la nullité du mariage. La modification de cet article
2016 a porté sur le remplacement du futur au temps présent et en l’ajout du
groupe de mots « de la présente loi » après l’article qui est cité.
Art. 418 (Abrogé)44.
Commentaire : L’abrogation de cet article est une conséquence de
l’interdiction des mariages des mineurs.

Art. 419 (Abrogé)45.


Commentaire : L’abrogation de cet article est une conséquence de
l’interdiction des mariages des mineurs.

Art. 420 : Ancien.

II est interdit à toute personne qui, en vertu de la loi ou de la coutume, a


le droit de garde sur une fille n’ayant pas atteint l’âge de la puberté, de la
remettre en mariage ou en vue du mariage.

Art. 420 : Modifié.


Il est interdit à toute personne qui , en vertu de la loi ou de la coutume , a
le droit de garde sur une personne âgée de moins de dix-huit ans ou à toute
celle exerçant en droit l’autorité sur elle, de la remettre en mariage ou en vue
du mariage.
Commentaire : Cet article interdit de donner en mariage un enfant un
enfant mineur. La modification de cet article en 2016 a consisté à supprimer
l’allusion faite au mariage d’une jeune fille impubère, c'est-à-dire de moins

44
La nullité du mariage peut être demandée par le mineur ou par les personnes habilitées à
consentir au mariage du mineur. Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que le
mineur a atteint la majorité.
45
Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier de l’état civil qui
aura célébré ou enregistré le mariage d’un mineur sans les autorisations requises, s’il
connaissait ou devait connaître la qualité de mineur du conjoint. Seront punis des mêmes
sanctions, le conjoint du mineur et les personnes qui auront été témoins de ce mariage.

284
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de 15 ans et au remplacement par une prohibition de tout mariage d’un


mineur quel que soit son âge.

Art. 421 (Abrogé)46.

Commentaire : L’abrogation de cet article fait suite à la suppression des


allusions faites à la protection de la jeune fille impubère contre un
quelconque mariage.

Art. 422 : Ancien.


Toutefois, pour l’application des dispositions relatives à la protection de
la jeune fille impubère, toute fille âgée de quatorze ans accomplis est réputée
pubère.
L’âge de la fille ne peut être établi qu’au moyen d’un titre qui le
détermine de façon certaine, tel que l’acte de l’état civil.

Art. 422 : Modifié.


L’âge d’une personne ne peut être établi qu’au moyen d’un titre qui le
détermine de façon certaine, tel que l’acte de l’état civil.
Commentaire : L'âge d'une personne ne peut être établi qu'au moyen d'un
titre tel que l'acte de l'état civil. L’article dont question a été modifié
également en 2016 par le fait de la suppression des allusions faites à la
protection de la jeune fille impubère contre un quelconque mariage. La
disposition remplace cet aspect en prévoyant une disposition générale sur la
preuve de l’âge. L’on comprend bien que le législateur veut donner des
éléments d’appréciation quant à l’âge des futurs conjoints. Ainsi, puisque
l’ancienne disposition était rédigée dans le sens du mariage d’une fille de 15
ans, il a fallu la remplacer par celle qui correspond à la situation actuelle
qui prohibe le mariage des mineurs (quel que soit le sexe).

Art. 423 : Ancien.


Les infractions à l’article 420 sont punies de deux mois de servitude
pénale au maximum et d’une amende qui ne sera pas supérieure à 2.000
zaïres ou de l’une de ces peines seulement.

Art. 423 : Modifié.


Sont punies de deux mois de servitude pénale principale au maximum et
d’une amende qui ne dépasse pas 250.000 francs congolais ou de l’une de
ces peines seulement, les personnes visées à l’article 420 de la présente loi.
Commentaire : Cet article punit des sanctions pénales toute personne qui
donne en mariage un enfant un enfant mineur. La modification de cet article

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La non-puberté s’établit par tous les moyens de preuve et même par le simple aspect de la
fille.

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en 2016 a consisté en une reformulation de l’article, en l’actualisation des


peines d’amendes en francs congolais et en l’ajout du groupe de mots « de
la présente loi » après l’article 420 cité.

Art. 424. — La nullité du mariage peut être demandée par l’interdit après la
mainlevée de l’interdiction ou par son tuteur.
Le mariage ne peut plus être attaqué six mois après que l’interdit a
recouvré sa capacité.
Commentaire : L'interdit ou son tuteur peuvent solliciter la nullité du
mariage de l'interdit après le jugement de mainlevée de l'interdiction. Dans
l'un ou l'autre cas, le mariage ne peut être attaqué six mois après l'interdit a
recouvré sa capacité.

Art. 425 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’un interdit, s’il
connaissait ou devait connaître la qualité d’interdit du conjoint.
Seront punis des mêmes sanctions le conjoint de l’interdit et les personnes
qui auront été témoins de ce mariage.

Art. 425 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré le mariage d’un
interdit, s’il connaissait ou devait connaître la qualité d’interdit du conjoint.
Sont punis des mêmes peines, le conjoint de l’interdit et les personnes qui
auront été témoins de ce mariage.
Commentaire : Cet article punit d’une servitude pénale de deux à douze
mois et d’une amende de 150.000 à 700.000 francs congolais ou de l’une de
ces peines seulement, l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré
le mariage d'un interdit alors qu'il connaissait ou devait connaître cette
qualité d'interdit. Les mêmes peines frappent le conjoint de l'interdit et les
témoins d'un tel mariage. La modification de cet article en 2016 a porté sur
le remplacement du futur « Sera» par le présent « Est» et en l’ajout de la
précision quant à l’article cité par l’ajout du groupe de mots « de la
présente loi ».

Paragraphe 4 : Des sanctions relatives à la dot

Art. 426. — Est nul le mariage contracté sans convention relative à la dot.
La nullité peut être demandée par les époux, les créanciers de la dot ou
par le Ministère public du vivant des époux.
Commentaire : L'article 426 édicte les sanctions en cas de violation des
règles relatives à la dot. Rappelons que selon l'option qui a été prise, il ne
peut y avoir un mariage sans dot. Celle-ci est tellement essentielle que tout

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mariage contracté sans convention relative à la dot doit être déclaré nul.
L'alinéa 2 indique les personnes qui peuvent intenter l'action en nullité pour
violation des règles sur la dot.

Art. 427 : Ancien.


Sera puni d’une peine de servitude pénale de sept jours à un mois et
d’une amende double de la valeur des promesses agréées ou des choses
reçues ou demandées au-delà du maximum légalement admis, sans que ladite
amende puisse être inférieure à 100 zaïres ou de l’une de ces peines
seulement, quiconque a, en violation des dispositions des articles 361 et
suivants, soit directement soit par personne interposée, que le mariage ait
lieu ou non, sollicité ou agréé des offres ou promesses de dot, sollicité ou
reçu une dot dépassant la valeur maximale fixée par ordonnance du
président de la République.
Ces peines sont portées au double, si l’auteur de l’infraction est la
personne ou l’une des personnes qui doivent consentir au mariage du
conjoint mineur.
Sera puni des peines prévues à l’alinéa premier, quiconque a, dans les
mêmes circonstances, usé d’offres ou de promesses de dot ou cédé à des
sollicitations tendant au versement d’une dot en violation de l’article 361,
alinéa 3, s’il est établi qu’il a agi en pleine liberté et sans crainte d’être
éconduit par la famille de son épouse ou de sa future épouse.
Sera puni des peines prévues à l’alinéa premier, quiconque, agissant
comme intermédiaire, a participé à la commission des infractions prévues au
présent article.

Art. 427 : Modifié.


Est puni d’une servitude pénale principale de sept jours à un mois et
d’une amende équivalent au double de la valeur des promesses agréées ou
des choses reçues ou demandées au-delà du maximum légalement admis,
sans que ladite amende puisse être inférieure à 125.000 francs congolais ou
de l’une de ces peines seulement, quiconque a, en violation des dispositions
des articles 361 et suivants de la présente loi, soit directement soit par
personne interposée, que le mariage ait lieu ou non, sollicité ou agréé des
offres ou promesses de dot, sollicité ou reçu une dot.
Est puni des peines prévues à l’alinéa 1er, quiconque a, dans les mêmes
circonstances, usé d’offres ou promesses de dot ou cédé à des sollicitations
tendant au versement d’une dot en violation de l’article 361 alinéa 3 de la
présente loi, s’il est établi qu’il a agi en pleine liberté et sans crainte d’être
éconduit par la famille de son épouse ou de sa future épouse.
Est puni des peines prévues à l’alinéa 1er, quiconque agissant comme
intermédiaire, a participé à la commission des infractions prévues au présent
article.

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Commentaire : L'article 427 prévoit des sanctions pénales en cas de


violation des règles prévues sur le taux de la dot. Le dernier alinéa
concerne les intermédiaires impliqués dans la réalisation des infractions
relatives à la dot. La modification de forme de cet article en 2016 a consisté
au remplacement du futur « Sera» par le présent « Est» et en l’ajout du
groupe de mots « de la présente loi » pour préciser la situation de l’article
cité. L’actualisation de la peine est également faite en francs congolais. L’on
doit regretter que cette disposition maintienne comme élément de
l’infraction le fait du dépassement du « maximum légalement admis » pour
ce qui est de la fixation de la dot. Cela s’interprétait dans le sens d’un seuil
fixé par Ordonnance du Président de la République que prévoyait l’ancien
article 363. Cette dernière disposition ayant été modifiée dans le sens que la
dot est fixée d’après les us et coutumes des parties, maintenir le « maximum
légalement admis » ne se justifie plus puisqu’il n’est plus question d’un
quelconque maximum, à moins qu’il soit inféré que c’est à la coutume de
constituer la source de ce maximum.

Paragraphe 5 : De la violation des conditions de forme

Art. 428 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage au mépris d’une
opposition valable.
Seront également punis des mêmes sanctions, les époux âgés de plus de
dix-huit ans, les personnes qui auront consenti au mariage et celles qui
auront été les témoins.
La nullité du mariage ne peut être prononcée pour le seul motif qu’il n’a
pas été tenu compte d’une opposition.

Art. 428 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage au mépris
d’une opposition valable.
Sont également punis des mêmes peines, les époux âgés de plus de dix-
huit ans, les personnes qui auront consenti à ce mariage et celles qui en
auront été témoins.
La nullité du mariage ne peut être prononcée pour le seul motif qu’il n’a
pas été tenu compte d’une opposition.
Commentaire : Cet article punit d’une servitude pénale de deux à douze
mois et d’une amende de 150.000 à 700.000 francs congolais ou de l’une de
ces peines seulement, l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré
un mariage au mépris d'une opposition valable. Les mêmes peines frappent
les témoins à un tel mariage. La modification de cet article en 2016 a
consisté au remplacement du futur « Sera» par le temps présent « Est ».

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Art. 429. — La nullité du mariage peut être demandée par les époux et, de
leur vivant, par le Ministère public lorsque le mariage a été célébré par un
officier de l’état civil incompétent ou sans publicité.
Toutefois, ces causes de nullité sont laissées à l’appréciation du tribunal
de paix.
La nullité du mariage ne peut être prononcée pour ces mêmes raisons
lorsqu’il s’agit de l’enregistrement d’un mariage célébré en famille.
Commentaire : Est annulable le mariage célébré par un officier de l'état
civil incompétent ou sans publicité. Mais cette nullité du mariage à raison
d'incompétence de l'officier de l'état civil ou du défaut de publicité n'est pas
une cause péremptoire, elle est laissée à l'appréciation du tribunal.

Art. 430 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage alors qu’il était
incompétent, s’il connaissait ou devait connaître cette circonstance.

Art. 430 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage alors qu’il
était incompétent, s’il connaissait ou devait connaître cette circonstance.
Commentaire : Cet article punit d’une servitude pénale de deux à douze
mois et d’une amende de 150.000 à 700.000 francs congolais ou de l’une de
ces peines seulement, l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré
un mariage alors qu'il se savait incompétent ou devant connaitre cette
circonstance. La formulation nouvelle de cet article en 2016 remplace le
verbe futur « Sera » en celui au temps présent « Est » et ajoute le groupe de
mots « de la présente loi » pour donner une précision à l’article cité.

Art. 431 : Ancien.


Sera puni des sanctions prévues à l’article 395, alinéa premier, l’officier
de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sans observer les
dispositions relatives à cette célébration ou à cet enregistrement.
La nullité du mariage ne peut être prononcée en raison de telles
circonstances.

Art. 431 : Modifié.


Est puni des peines prévues à l’article 395 alinéa 1er de la présente loi,
l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré un mariage sans
observer les dispositions relatives à cette célébration ou à cet enregistrement.
La nullité du mariage ne peut être prononcée en raison de telles
circonstances.
Commentaire : Cet article punit d’une servitude pénale de deux à douze
mois et d’une amende de 150.000 à 700.000 francs congolais ou de l’une de

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ces peines seulement, l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré
un mariage en violation des règles de célébration ou d'enregistrement du
mariage. La modification de cet article en 2016 a porté sur le remplacement
du futur « Sera » par le présent « Est » et en la précision qu’il s’agit de
l’article 395 alinéa 1er « de la présente loi ».

Art. 432 : Ancien.


Pourront être punis d’une peine d’amende de 50 à 200 zaïres, les époux
qui n’ont pas fait enregistrer leur mariage conformément aux articles 370 et
378.

Art. 432 : Modifié.


Peuvent être punis d’une peine d’amende de 60.000 à 250.000 francs
congolais, les époux qui n’ont pas fait enregistrer leur mariage
conformément aux articles 370 et 378 de la présente loi.
Commentaire : L'article 432 concerne plus particulièrement l'absence
d'enregistrement du mariage. Une sanction pénale est prévue. Il n'a pas été
jugé utile de répéter que l'absence d'enregistrement ne constitue pas une
cause de nullité du mariage. On sait en effet, qu'un mariage célébré en
famille mais non enregistré est un mariage valable même si ses effets sont
limités notamment à l'égard des tiers. La modification de cet article en 2016
a consisté à actualiser les peines prévues en cas de non-enregistrement du
mariage célébré en famille et en l’ajout de la précision après les articles
cités pour spécifier qu’il s’agit des articles « de la présente loi ».

CHAPITRE IV
DE LA PREUVE DU MARIAGE

Section I. Des principes généraux

Art. 433. — La preuve du mariage se fait exclusivement selon les règles


prévues par la présente loi.
Commentaire : Il est souvent nécessaire d'établir l'existence d'un mariage.
Non seulement les époux eux-mêmes peuvent avoir à rapporter cette preuve,
mais leurs enfants, leurs héritiers, y sont tenus lorsqu'ils se prévalent de
certains droits. Et c'est le code de la famille qui organise les différentes
preuves du mariage.

Art. 434. — L’acte du mariage ou l’acte qui en tient lieu produit effet à
l’égard de tous.
Il appartient à celui qui allègue leur fausseté d’établir à leur encontre soit
que le mariage n’a pas été célébré ou enregistré, soit qu’il a été célébré ou
enregistré à une date autre que celle résultant de ces actes.

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Commentaire : L'acte du mariage ou l'acte qui en tient compte a une valeur


probante erga omnes. Celui qui en contexte la valeur est obligé d'apporter la
preuve contraire. Cela est normal, cat l'état des personnes constitue une
question d'ordre public, dès lors on ne pourrait pas comprendre que telle
personne soit considérée comme mariée aux yeux d'un groupe de gens, et
qu'elle ne le soit aux yeux d'un autre groupe.

Art. 435. — II appartient à celui qui allègue qu’un mariage a été déclaré nul
ou a été dissout d’en apporter la preuve.
Commentaire : Faisant suite à l'alinéa 2 de l'article précédent, cet article
dispose que la preuve contraire incombe à celui qui prétend que le mariage
vanté a été déclaré nul ou a été dissout.

Section II. Des actes du mariage

Art. 436. — La preuve du mariage se fait ordinairement par la production de


l’acte de mariage ou du livret de ménage dressé lors de son enregistrement
ou lors de sa célébration.
Commentaire : La preuve par excellence du mariage se fait par la
production de l'acte même du mariage ou du livret de ménage, dressé lors de
l'enregistrement ou de la célébration du mariage, selon que le mariage a été
contracté selon les règles coutumières et enregistré ensuite ou selon qu'il a
été contracté directement devant l'officier de l'état civil.

Art. 437. — Les dispositions relatives à l’état civil sont applicables à la


célébration et à l’enregistrement du mariage.
Commentaire : Le mariage étant un acte de l'état civil, il est normal que les
règles de l'état civil s'appliquent à la célébration ou à l'enregistrement du
mariage.

Section III. Des autres preuves du mariage

Art. 438. — À défaut d’acte de l’état civil, le mariage est prouvé par la
possession d’état d’époux.
Deux personnes ont la possession d’état d’époux lorsqu’elles se
considèrent et se traitent mutuellement comme époux, et qu’elles sont
considérées et traitées comme tels par leur famille et la société.
La possession d’état d’époux est prouvée en présentant plus d’un témoin,
parents ou non des intéressés. Elle peut être contestée de la même manière.
Commentaire : Il peut arriver que l'acte de mariage ait été perdu ou détruit
(cas de guerre ou d'incendie, etc...), dans ce cas le mariage est prouvé par la
possession d'état d'époux telle que définie à l'article sous examen.
Jurisprudence : Viole les prescrits de l’article 438 du Code de la famille qui
consacre la preuve du mariage par possession d’état, le juge d’appel qui

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retient l’existence d’un mariage par possession d’état, le juge d’appel qui
retient l’existence d’un mariage et qui déclare en conséquence régulière la
vente intervenue entre parties au motif que l’immeuble litigieux, bien
qu’enregistré au nom d’une femme, est un acquêt du fait que celle-ci vit
ensemble avec le demandeur depuis au moins vingt ans et que trois enfants
sont issus de leur union, alors que cette disposition légale ne peut être
invoquée que par les époux qui n’ont pu faire établir l’acte de mariage ou le
livret de ménage et qu’il ressort du certificat d’enregistrement produit aux
débats et constatant les droits sur l’immeuble litigieux que la personne à qui
le juge attribue les acquêts était célibataire (CSJ, 30 Janvier 2004, RC 2187,
Affaire Kapend Yav et Mutuale Ntita C/ Nkingolo Kabitanshi, Revue de droit
africain, n°33, 2005, pp. 67-76).

Art. 439. — À défaut de possession d’état ou si la possession d’état est


contestée, l’existence du mariage est établie par un acte de notoriété.
Cet acte de notoriété est soumis aux règles relatives à l’état civil.
Commentaire : A défaut de la possession d'état d'époux ou si celle-ci est
contestée, l'existence du mariage est établie par un acte de notoriété (voir
les articles 153 à 159).

Art. 440. — Si la preuve de la célébration ou de l’enregistrement d’un


mariage résulte d’une décision répressive, l’inscription de celle-ci sur les
registres de l’état civil tient lieu de célébration ou d’enregistrement.
Commentaire : Enfin, il peut arriver qu'après avoir célébré leur mariage en
famille, les époux aient omis de le faire enregistrer par l'officier de l'état
civil. Ils peuvent faire l'objet de poursuite pénale. Ainsi, s'il produit un
jugement de condamnation des époux qui n'ont pas fait enregistrer leur
mariage, ce jugement sera inscrit sur les registres de l'état civil et la preuve
de la célébration ou de l'enregistrement résultera de cette inscription.

CHAPITRE V
DES EFFETS DU MARIAGE

Section I. De la règle générale et commune

Art. 441. — Tous les mariages produisent les mêmes effets, qu’ils aient été
enregistrés ou célébrés.
Commentaire : Après avoir prévu deux formes de mariage, la loi pose ici un
principe important quant aux effets du mariage. Indépendamment de la
forme choisie par les époux, le mariage produit les mêmes effets. Une
réserve cependant à rappeler; tant que le mariage célébré en famille n'a pas
été enregistré, il ne produit des effets qu'entre les époux et aussi à l'égard de
ceux qui y ont participé.

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Section II. Du ménage

Art. 442. — Le mariage crée le ménage.


L’organisation du ménage est régie par les dispositions de la présente
section.
Commentaire : Quoiqu'il précise les liens entre le mariage - acte juridique
et ses effets, l'article 444 permet d'envisager ultérieurement d'appliquer la
notion de ménage à des groupes de personnes autres que le mari, la femme
et éventuellement les enfants nés du mariage (par exemple la femme et ses
enfants nés hors mariage).

Art. 443. — Dans la présente loi, le terme ‘‘ménage’’ désigne les époux,
leurs enfants non mariés à charge ainsi que tous ceux envers qui les époux
sont tenus d’une obligation alimentaire, à condition que ces derniers
demeurent régulièrement dans la maison conjugale et soient inscrits au livret
de ménage.
La séparation de fait ne met pas fin à l’existence du ménage.
Commentaire : En définissant le ménage, à l'article 443,le législateur a
voulu insister sur le fait qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait des enfants pour
qu'il y ait ménage; sur le fait que le ménage peut comporter des personnes
autres que les père et mère des enfants; sur le fait que les textes concernant
le ménage sont applicables même en cas de séparation de fait. Ce texte est
reproduit en des termes identiques à l'article 700 du présent code.

Art. 444 : Ancien.


Le mari est le chef du ménage.
Il doit protection à sa femme; la femme doit obéissance à son mari.

Art. 444 : Modifié.


Le mari est le chef du ménage.
Les époux se doivent protection mutuelle.
Commentaire : Cet article consacre le principe selon lequel le mari est le
chef du ménage et que les époux se doivent mutuellement protection. Cet
article a été modifié en 2016. La disposition maintient le fait que le mari est
le chef du ménage. Est plutôt modifié le mode de protection. Si dans
l’ancienne formulation c’est l’homme qui devait protéger sa femme,
désormais chaque conjoint doit protéger l’autre. La modification supprime
aussi l’obéissance due par la femme au mari.
Art. 445 : Ancien.
Sous la direction du mari, les époux concourent, dans l’intérêt du
ménage, à assurer la direction morale et matérielle de celui- ci.

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Art. 445 : Modifié.


Les époux concourent, dans l’intérêt du ménage, à assurer la direction
morale et la gestion financière et matérielle de celui-ci.
Commentaire : La direction du ménage est assurée par les deux époux. La
modification de cet article en 2016 a consisté en la suppression de la
direction maritale du ménage remplacée par une « direction en concours »
par les conjoints. Le concept « concertation » aurait été plus harmonieux au
regard des dispositions suivantes où il est utilité.
Art. 446. — Si l’un des époux est frappé d’incapacité ou s’il est absent,
l’autre exerce seul les attributions prévues à l’article précédent.
Il en est de même si l’un des époux abandonne volontairement la vie
commune ou s’il est hors d’état de manifester sa volonté en raison de son
éloignement ou pour toute autre cause.
Commentaire : La direction du ménage est assurée par l'un des époux si
l'autre est frappé d’incapacité ou s’il est absent ou encore s'il abandonne
volontairement la vie commune ou s’il est hors d’état de manifester sa
volonté en raison de son éloignement ou pour toute autre cause.

Art. 447. — Les époux contribuent aux charges du ménage selon leurs
facultés et leur état.
Les aspects pécuniaires de cette obligation sont régis par les dispositions
relatives aux régimes matrimoniaux.
Commentaire : L'article 447 traduit une certaine égalité des époux dans la
contribution : ‘‘selon leurs facultés et leur état’’ c’est-à-dire que la femme
est tenue au même titre que le mari. Ainsi conçue dans le nouveau droit
congolais de la famille, l’obligation de contribuer aux charges du ménage
est désormais un principe essentiel qui donne à la règle d’égalité sa réelle
portée conjugale. Ici se mélangent intimement les aspects personnel et
patrimonial du mariage africain contemporain ; en effet, en vue de réaliser
les fins d’unité et d’entraide conjugales, les deux époux ont surtout comme
moyen d’expression leur contribution constante et active aux charges et
même plus, à l’épanouissement du ménage.

Art. 448 : Ancien.


La femme doit obtenir l’autorisation de son mari pour tous les actes
juridiques dans lesquels elle s’oblige à une prestation qu’elle doit effectuer
en personne.
Art. 448 : Modifié.
Les époux doivent s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels
ils s’obligent à une prestation qu’ils doivent effectuer.
Commentaire : Cet article oblige les époux à s'accorder pour tous les actes
dans lesquels ils s'engagent. La modification de cet article en 2016 a
consisté en la suppression de l’autorisation maritale exigée jadis à la femme

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mariée avant de contracter et son remplacement par la nécessité de


« l’accord entre époux » (le législateur utilise plus bas le concept
« conjoints »). Ainsi, tous les actes juridiques comportant une obligation à
une prestation qu’ils doivent effectuer, nécessitent l’accord entre conjoints.
La seule évolution consiste à limiter les actes du mari. Désormais, les actes
du mari nécessitent aussi l’accord de son épouse. L’autorisation maritale
limitait seulement les actes de l’épouse, ce qui était jugé discriminatoire. Le
législateur n’a pas voulu supprimer toute limite, certainement pour
contraindre les conjoints à collaborer. Dans la pratique, la femme mariée ne
pourra pas passer un contrat sans l’accord de son mari et ce dernier non
plus. Les époux « doivent s’accorder » : c’est impératif. Mais c’est une
disposition d’ordre privé puisque sanctionnée plus bas par une nullité
relative. « S’accorder pour tous les actes juridiques » : l’accord est
nécessaire pour tous les actes juridiques quels qu’ils soient. Même les actes
pour lesquels une simple concertation a été prévue plus bas (art. 490), il
faudra aussi l’accord. « Actes dans lesquels ils s’obligent » : cela sous-
entend que les actes dans lesquels une obligation pèse sur le conjoint
nécessitent l’accord. Ainsi, dans les actes unilatéraux, si le conjoint ne
s’oblige pas, l’accord n’est pas nécessaire. Il en serait ainsi s’il est
créancier dans un contrat de prêt ou de dépôt. Le point 4 de l’art. 499 ne le
limite pas non plus. Il serait limité si l’acte unilatéral simule une donation
qui tombe sous le coup du point 5 de l’art. 499. « Une prestation qu’ils
doivent effectuer » : cette exigence nous semble redondante puisque toute
prestation doit être effectuée à moins que le législateur ait eu l’intention
d’exclure les obligations « de ne pas faire » puisqu’elles supposent une
inaction. La modification supprime le bout de phrase « effectuer en
personne » qui figurait dans l’ancienne formulation. Ceci a pour
conséquence que même les « mandats » accordés à des tiers sont soumis à
l’obligation d’accord. Le législateur ne s’exprime pas sur la forme de
l’accord et sur le comportement du tiers cocontractant comme il le fait à
l’article 500.

Art. 449 : Ancien.


La femme peut, après avis du conseil de famille, recourir au tribunal de
paix pour obtenir l’autorisation dont il s’agit à l’article précédent, lorsque le
mari refuse ou est incapable ou est dans l’impossibilité de l’autoriser.
L’autorisation du tribunal est toujours provisoire.

Art. 449 : Modifié.


En cas de désaccord persistant, le conjoint lésé saisit le Tribunal de paix.
Commentaire : L'article 449 renvoie les époux à la justice en cas de
désaccord persistant. La modification de cet article en 2016 a consisté en la
suppression de l’autorisation judiciaire après avis du Conseil de famille
remplacée par l’intervention du Tribunal de paix en cas de désaccord

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persistant entre conjoints lorsqu’il s’agit de passer un acte. Le désaccord


doit être « persistant », cela suppose la preuve de l’échec des tentatives de
conciliation (ou d’harmonisations, concept utilisé plus bas à l’art. 460). Le
conjoint doit également avoir intérêt à saisir le Tribunal de paix, il doit
prouver le préjudice que lui cause le désaccord. Cela peut soulever des
discussions puisque l’on peut se trouver dans le cas d’un « préjudice
éventuel » étant donné que le désaccord peut surgir pour empêcher une
action. Le législateur ne le dit pas, mais on peut penser que cette instance
sera conduite conformément à l’article 460.
Art. 450 (Abrogé)47.
Commentaire : Cet article a été abrogé à la suite de l’abrogation de
l’article 448 CF qui prévoyait l’autorisation maritale.

Art. 451 : Ancien.


L’autorisation du mari n’est pas nécessaire à la femme :
1. pour ester en justice contre son mari ;
2. pour disposer à cause de mort.
Elle n’est pas non plus nécessaire dans les cas suivants :
1. si le mari est absent ;
2. si le mari est condamné à une peine d’au moins six mois de servitude
pénale, pendant la durée de sa peine.

Art. 451 : Modifié.


L’accord du conjoint n’est pas nécessaire dans les cas suivants :
1. pour ester en justice contre l’autre ;
2. pour disposer à cause de mort ;
3. si l’un des conjoints est absent pendant douze mois.
Commentaire : Cet article cite les actes pour lesquels l'accord de l'autre
n'est pas nécessaire pour être passés. La modification de cet article en 2016
a consisté en la suppression de l’autorisation maritale pour agir en justice et
au remplacement de l’accord pour agir en justice sauf pour certains cas.
Une interprétation a contrario ferait dire à l’article que l’accord de l’autre
conjoint est nécessaire pour agir contre les personnes autres que celles
citées sous cette disposition. Mais est-ce à dire, contrairement à l’ancien
article 451, la femme mariée peut désormais agir sans contrôle ? Une
lecture a contrario du premier point de la nouvelle formulation de l’article
451 peut faire dire qu’il faut l’accord de l’autre conjoint lorsque l’un d’eux
veut agir contre un tiers. L’on pourrait affirmer que la liberté d’agir en

47
Sauf les exceptions ci-après et celles prévues par le régime matrimonial, la femme ne peut
ester en justice en matière civile, acquérir, aliéner ou s’obliger sans l’autorisation de son
mari. Si le mari refuse d’autoriser sa femme, le tribunal de paix peut donner l’autorisation.
L’autorisation du mari peut être générale, mais il conserve toujours le droit de la révoquer.

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justice est limitée pour les deux conjoints par la nécessité de l’accord de
l’autre. Bref, la limitation qui pesait jadis sur la tête de la femme mariée
seulement, pèse aujourd’hui sur la tête des deux ; cela pour dire que la
femme n’est pas libérée mais il y a plutôt égalité dans la limitation pour
forcer les conjoints à collaborer avant d’agir en justice.

Art. 452 : Ancien.


La nullité fondée sur le défaut d’autorisation ne peut être évoquée que par
la femme, le mari ou leurs héritiers.

Art. 452 : Modifié.


La nullité fondée sur le défaut d’accord ne peut être évoquée que par l’un
des conjoints ou leurs héritiers.
Commentaire : Seul un époux ou ses héritiers sont habilités à évoquer la
nullité pour défaut d'accord. Lors de la modification de cet article en 2016
cette disposition a connu la suppression de l’allusion faite à l’autorisation
maritale déjà supprimée dans les articles qui précèdent. Elle institue plutôt
une nullité relative comme sanction en cas de défaut d’accord entre
conjoints. L’accord entre conjoint doit donc s’entendre comme une
condition de validité des contrats passés par les conjoints. Elle ne peut être
invoquée que par quelques personnes énumérées par la loi.

Section III. Des effets extra patrimoniaux du mariage

Paragraphe 1er : Des droits et obligations réciproques des époux

Art. 453 : Ancien.


Les époux s’obligent mutuellement à la communauté de vie. Ils sont
tenus de vivre ensemble et d’assurer la consommation du mariage.

Art. 453 : Modifié.


Les époux s’obligent mutuellement à la communauté de vie.
Ils sont tenus de vivre ensemble et de consommer le mariage.
Commentaire : L’obligation de cohabitation s’entend tout naturellement du
devoir de vie commune. Mais il faut aller plus loin et y englober ce qu’on
appelle le devoir conjugal, c’est-à-dire le devoir entre autres des rapports
sexuels avec son conjoint. La consécration par le législateur du principe de
cohabitation à l’article 453 du Code de la famille constitue
incontestablement une innovation par rapport aux pratiques traditionnelles
africaines et va dans le sens de l’avènement de la famille conjugale et de
l’affirmation de l’égalité dans les rapports personnels des époux. En effet, si
dans le mariage coutumier la femme n’intègre pas la famille de son mari au
point d’y acquérir les mêmes droits et d’être tenue des mêmes obligations
que les membres de cette famille et de ce fait ne rompt pas les liens avec sa

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famille d’origine, le Code de la famille, lui, a rompu avec cette tradition :


désormais, ‘‘les époux s’obligent mutuellement à la communauté de vie’’
(art. 453 al. 1 CF). L’alinéa 2 de cet article qui disposait que les époux sont
tenus ‘‘…d’assurer la consommation du mariage ’’a été modifié comme
suit : ‘’… de consommer le mariage’’, sans doute pour insister sur le
caractère contraignant de ce devoir et faire ainsi une suite logique avec la
première partie de cet alinéa 2. Limites à l’obligation de cohabitation :
L’obligation de cohabitation n’est pas absolue : elle comporte des limites.
Elle cesse dans tous les cas de séparation légale. On peut noter trois limites
à cette obligation. 1ère Limite : Choix abusif de la résidence conjugale par
l’un des conjoints : Selon les anciens articles 454 et 455 du Code de la
famille, le choix de la résidence conjugale était l’apanage du seul mari.
L’épouse était obligée d’habiter avec son mari et de le suivre partout où il
juge à propos de résider et le mari était obligé de la recevoir. Le Code de la
famille avait prévu par ailleurs la possibilité pour la femme d’obtenir du
tribunal l’autorisation d’avoir une résidence séparée dans le cas où la
résidence était fixée par le mari de façon manifestement abusive ou
contraire aux stipulations intervenues entre eux (art. 455 ancien). Ces deux
articles ont été jugé discriminatoires vis-à-vis de l’épouse. Ainsi, dans le but
de marquer l’égalité entre les deux époux, ces articles ont été modifiés par
la réforme de 2016 et se lisent désormais comme suit : ‘‘Les époux
s’obligent d’habiter ensemble partout où ils auront choisi de résider et ce,
dans l’intérêt du mariage’’ (art. 454 CF). ‘‘Dans le cas où la résidence est
fixée par l’un des conjoints de façon manifestement abusive ou contraire aux
stipulations intervenues entre eux à cet égard, le conjoint lésé peut, après
plusieurs tentatives d’harmonisation, exercer un recours devant le Tribunal
de paix’’(art. 455 CF ).2ème limite : Résidence séparée des époux décidée par
le juge lors de la procédure de divorce. Le juge peut, au cours d’une
procédure en divorce et en cas d’urgence, prendre les mesures provisoires
nécessaires, relatives à la résidence séparée des époux. Ces mesures sont
prises par voie d’ordonnance susceptible d’appel (art. 560 CF). 3ème limite :
Séparation conventionnelle : Le Code de la famille prévoit que les époux
peuvent convenir de vivre séparés pendant une période déterminée ou
indéterminée (art. 456 CF). Il s’agit de la séparation de fait qui n’exige pas
le recours devant le juge comme ce fut le cas de la séparation de corps dans
l’ancien Code civil livre 1er, évincée désormais de la législation congolaise
de la famille. Le législateur congolais justifie son choix pour la séparation
de fait en lieu et place de la séparation de corps de la sorte : ‘‘Dans le cadre
des incidents qui peuvent affecter la stabilité de la famille, il a été institué la
séparation de fait. Celle-ci doit être une séparation conventionnelle, décidée
dans l’intérêt supérieur du ménage et ce, pendant une période déterminée ou
indéterminée. La séparation conventionnelle trouve sa source dans nos
coutumes qui veulent que, lorsque le foyer est menacé par un grave conflit,
l’époux envoie son épouse soit chez ses parents soit chez ses beaux-parents,

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en attendant que le temps joue son rôle stabilisateur. La séparation


conventionnelle remplace ainsi la séparation de corps, trop étrangère à
notre mentalité. En réalité, cette procédure trop traumatisante car
judiciaire, constituait en fait l’antichambre du divorce’’ (Exposé des motifs
du code de la famille). En effet, la coutume, un peu partout en Afrique,
admet la possibilité pour la femme de quitter le foyer conjugal et de se
réfugier dans sa famille d’origine lorsque le mari ne s’acquitte pas de ses
devoirs à son endroit ou envers les enfants. La violation du devoir de
cohabitation est sanctionnée par la loi. La modification de cet article en
2016 a simplement consisté en l’éclatement de l’article en deux alinéas.

Art. 454. : Ancien.


L’épouse est obligée d’habiter avec son mari et de le suivre partout où il
juge à propos de résider; le mari est obligé de la recevoir.

Art. 454: Modifié.


Les époux s’obligent d’habiter ensemble partout où ils auront choisi de
résider et ce, dans l’intérêt du mariage.
Commentaire : Cet article est relatif à la résidence conjugale. La
modification de cet article en 2016 a consisté en la suppression de
l’insinuation que le mari fixe seul le domicile légal dans la phrase « partout
où [le mari] juge à propos de résider » remplacée par « partout où [les
époux] auront choisi de résider ». Comme dit plus bas, le législateur aurait
dû poser le principe de fixation de résidence en concertation ou en accord.
Cela est sous-entendu, certes, dans cette disposition mais l’article qui suit
suggère le contraire. Comme dit plus bas, l’article 165 n’a pas été modifié
non plus puisque d’après cette disposition, la femme mariée a son domicile
auprès de son mari.

Art. 455 : Ancien.


Dans le cas où la résidence est fixée par le mari de façon manifestement
abusive ou contraire aux stipulations intervenues entre époux à cet égard, la
femme peut exercer un recours devant le tribunal de paix contre la décision
du mari.

Art. 455 : Modifié.


Dans le cas où la résidence est fixée par l’un des conjoints de façon
manifestement abusive ou contraire aux stipulations intervenues entre eux à
cet égard, le conjoint lésé peut, après plusieurs tentatives d’harmonisation,
exercer un recours devant le Tribunal de paix.
Commentaire : Cet article traite du choix abusif de la résidence conjugale.
En 2016 cette disposition a été revue dans le sens d’affirmer que la
résidence conjugale est fixée non plus « par le mari » mais plutôt par « l’un
des conjoints ». Cela sous-entend que même la femme peut fixer la résidence

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conjugale, dans une perspective égalitaire. Ainsi formulé, la disposition


n’est pas dans la logique des dispositions qui prônent « la concertation » ou
« l’accord » dans la prise des décisions du ménage. Il aurait été plus
conforme à cette logique de disposer que la résidence conjugale est fixée en
concertation ou après accord. Puisque la formulation retenue sous-entend
que chacun des conjoints peut fixer la résidence conjugale de son côté et que
celui qui s’en trouve « lésé » devra saisir le Tribunal de paix après plusieurs
tentatives d’harmonisation. Il aurait été plus intéressant de gagner du temps
en encourageant l’harmonisation en instituant une concertation entre
conjoints. Il sied de constater que l’article 165 du même Code n’a pas été
revu. Cette disposition décide que la femme mariée a son domicile auprès de
son mari. Pourtant ce n’est pas le mari qui fixe le domicile conjugal. Nous
constatons que le législateur utilise les mots « plusieurs tentatives
d’harmonisation ». Il aurait été plus intéressant d’utiliser le concept
« tentative de conciliation » plus usité comme mode alternatif de règlement
des conflits.

Art. 456. — Les époux peuvent, dans l’intérêt supérieur du ménage,


convenir de vivre séparés pendant une période déterminée ou indéterminée.
La convention conclue à cet effet peut être révoquée à tout moment par
l’un d’entre eux.
Commentaire : Cet article institue la séparation conventionnelle. Il s’agit de
la séparation de fait qui n’exige pas le recours devant le juge comme ce fut
le cas de la séparation de corps dans l’ancien Code civil livre 1er, élaguée
désormais de la législation congolaise de la famille. Le législateur congolais
justifie son choix pour la séparation de fait en lieu et place de la séparation
de corps, dans l'exposé des motifs, de la sorte : ‘‘Dans le cadre des incidents
qui peuvent affecter la stabilité de la famille, il a été institué la séparation de
fait. Celle-ci doit être une séparation conventionnelle, décidée dans l’intérêt
supérieur du ménage et ce, pendant une période déterminée ou
indéterminée. La séparation conventionnelle trouve sa source dans nos
coutumes qui veulent que, lorsque le foyer est menacé par un grave conflit,
l’époux envoie son épouse soit chez ses parents soit chez ses beaux-parents,
en attendant que le temps joue son rôle stabilisateur. La séparation
conventionnelle remplace ainsi la séparation de corps, trop étrangère à
notre mentalité. En réalité, cette procédure trop traumatisante car
judiciaire, constituait en fait l’antichambre du divorce’’. En effet, la
coutume, un peu partout en Afrique, admet la possibilité pour la femme de
quitter le foyer conjugal et de se réfugier dans sa famille d’origine lorsque le
mari ne s’acquitte pas de ses devoirs à son endroit ou envers les enfants. La
violation du devoir de cohabitation est sanctionnée par la loi.
Jurisprudence : L’épouse séparée de fait n’est pas fondée à postuler du
tribunal l’organisation d’un droit de visite concernant les enfants issus du
mariage (Ière Inst. Elis., 14 février 1957, R.J.C.B., p. 196). Lorsque la femme

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mariée a librement consenti à vivre séparée de son mari qui ne refuse pas de
la recevoir ou de reprendre la vie commune, avec l’acceptation des charges
qui peuvent en résulter pour lui, le mari ne peut être contraint de payer à sa
femme une pension alimentaire. Il en est autrement lorsque l’éloignement de
la femme est le résultat d’événements indépendants de sa volonté et
notamment lorsqu’il est imputable aux agissements de son mari (Elis., 4
juillet 1942, R.J.C.B., p. 167). L’épouse qui intente une action en pension
alimentaire à son mari n’est pas tenue de justifier de son état d’indigence
puisque le fondement de son action réside dans un devoir qu’impose la loi
naturelle et que prescrit le Code civil ; il incombe plutôt au mari, chef de la
communauté, de produire ses exceptions et par suite d’établir que sa femme
possède les moyens nécessaires pour subsister (Léo., 21 août 1934, R.J.C.B.,
p. 162). Le refus de cohabitation doit être justifié par des circonstances
graves et exceptionnelles (Léo., 28 juillet 1953, J.T.O., 1956, p. 92 ; Léo., 23
mars 1954, R.J.C.B., p. 154 cités in Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du
Congo Belge, Matières civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand
Larcier S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo Belge,
Léopoldville, 1959, sub article 120 CCLI).

Art. 457 : Ancien.


En cas de séparation conventionnelle, la garde des enfants est confiée à
l’un des époux ou à une personne de leur choix.
Lorsqu’il y a désaccord, la garde des enfants est réglée par le tribunal de
paix sur requête de l’un des conjoints.
Les articles 584 à 589 s’appliquent mutatis mutandis.
Art. 457 : Modifié.
En cas de séparation conventionnelle, la garde des enfants est confiée à
l’un des époux ou à une personne de leur choix.
Lorsqu’il y a désaccord, la garde des enfants est réglée par le Tribunal de
paix sur requête de l’un des conjoints.
Les articles 584 à 589 de la présente loi s’appliquent mutatis mutandis.
Commentaire : La garde est confiée à l'un des époux ou à un tiers. En cas
de désaccord c'est le tribunal qui tranche la question à la requête de l'un des
époux. La modification introduite en 2016 a porté sur la précision quant aux
articles cités dans cette disposition par l’ajout des mots « de la présente
loi ».
Art. 458. — Les époux se doivent soins et assistance réciproques pour la
sauvegarde des intérêts moraux et matériels du ménage et des enfants.
Commentaire : Le devoir d’assistance n’est pas une obligation de donner.
C’est une obligation de faire qui prend naissance quand l’un des époux est
malade ou infirme, l’autre alors a le devoir de lui donner les soins que
nécessite son état. Celui-ci doit présenter une certaine gravité eu égard à

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son état, à son âge ou à sa santé. En pratique, si le mal est bénin, le conjoint
malade doit se soigner lui-même. D’une façon générale, le devoir
d’assistance vise la solidarité entre époux devant les vicissitudes de la vie. Si
les époux vivent séparés, l’assistance ne revêt qu’une forme pécuniaire : elle
consiste en la prise en charge des frais de traitement du conjoint malade ; le
devoir d’assistance se confond alors avec le devoir de secours. Ce dernier
est une application particulière entre époux de l’obligation alimentaire
existant d’une manière générale entre parents et alliés. Par rapport au
devoir d’assistance, le devoir de secours est de nature pécuniaire : c’est
l’obligation réciproque pour les conjoints de se fournir les ressources
nécessaires à la vie. La mesure de l’obligation dépend des besoins du
créancier et des moyens du débiteur. Mais l’obligation s’exécute de façon
différente selon que les époux vivent ensemble ou non.
Jurisprudence : L’exécution de l’obligation de nourrir et de loger son
épouse ne peut être poursuivie contre le mari par un tiers, sauf si l’épouse a
été, par l’urgence des circonstances, dans l’impossibilité de faire jouer
l’obligation alimentaire avant de contracter des dettes (Ière Inst. Léo., 12
novembre 1934, R.J.C.B., 1940, p. 104 cité in Piron, P. et Devos, J., Codes
et lois du Congo Belge, Matières civiles, commerciales, pénales, Maison
Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo
Belge, Léopoldville, 1959, sub article 120 CCLI).

Art. 459 : Ancien.


Les époux se doivent mutuellement fidélité, respect et affection.

Art. 459 : Modifié.


Les époux se doivent mutuellement fidélité, respect, considération et
affection.
Commentaire : A propos de l’obligation de fidélité. Par le seul fait de
contracter le mariage, tout époux doit fidélité à l’autre. Telle est la
disposition qui figure à l’article 459 du Code de la famille et que l’on
retrouve par ailleurs dans la plupart des législations modernes sur le
mariage. Les époux sont donc égaux devant l’obligation de fidélité. Dans
son principe, c’est incontestablement une évolution positive de la situation
de la femme mariée par rapport à sa condition antérieure en droit
coutumier. La fidélité est ainsi imposée par le Code de la famille de manière
rigoureuse et réciproque : chacun des époux se voit imposer l’interdiction
d’entretenir des relations sexuelles avec une autre personne que son
conjoint et cette obligation dure tant que le mariage n’est pas dissout par
une décision judiciaire définitive. L’infidélité de l’un des époux appelle donc
des sanctions que la loi organise. S’agissant justement de la sanction pénale
attachée à la violation de ce devoir, il y a lieu de remarquer que l’ancienne
formulation de l’article 467 consacrait une discrimination entre l’époux et
l’épouse. En effet, dans l’établissement de cette infraction, l’ancien article

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467 du Code de la famille était plus sévère vis-à-vis de la femme que de


l’homme. Comme on peut s’en rendre compte, cette disposition ne plaçait
pas les deux conjoints sur pied d’égalité car, alors que l’adultère de la
femme était punissable en tout état de cause, celui de l’homme n’était
répréhensible que s’il avait été entouré de circonstances de nature à lui
imprimer le caractère d’injures graves qui, du reste, était apprécié par le
juge. Cette distorsion violait, non seulement le principe d’égalité des sexes
contenue dans la Constitution, mais aussi l’article 459 du Code de la famille
qui impose aux deux époux le devoir de fidélité mutuelle car elle contient
une autorisation implicite à l’infidélité du mari. Cette disposition était aussi
contraire à l’esprit de l’article 16 de la Convention sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (O. BOLIE
NONKWA MUBIALA, Evaluation de l’état d’application de la Convention
sur l ‘élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la
femme au Zaïre, Ministère de la santé publique et Famille, Kinshasa, juin,
1996), du reste ratifiée par le Congo. Voilà pourquoi, en vue bannir cette
discrimination et de rétablir ainsi l’égalité des sexes, cet article 467 a été
modifié. La nécessité du caractère injurieux de l’adultère du mari
uniquement a été supprimée pour devenir une circonstance aggravante de
l’adultère de deux. L’adultère de l’homme et de la femme sont désormais
punis sur le même pied.
Contra : Il est erroné, en commentant cet article, d’affirmer que cet article
consacre toujours, dans la répression pénale de l’adultère, une différence de
traitement en exigeant, pour que celui-ci soit infractionnel dans le chef du
mari, le caractère injurieux. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa
N’songo, op. cit. , p. 290.
A propos de l’obligation de respect, considération et affection. La
modification ajoute un devoir à part le respect et l’affection. Il s’agit du
devoir de « considération ». Quoique le législateur congolais ait jugé bon de
jumeler les obligations de respect, considération et d’affection. Ces trois
devoirs masquent des réalités qui ne sont pas équivalentes même s’ils se
partagent des mêmes démembrements. Les obligations de sincérité et de
communion spirituelle habituellement incorporées dans l’obligation
d’assistance, peuvent prendre place au sein du devoir d’affection. La
communion spirituelle entre époux postule une certaine connivence dans la
vision des choses ainsi qu’une communauté de valeurs partagées. Elle
présume l’échange des gratifications et des témoignages de tendresse, sans
lesquels la vie du couple serait d’un ennui mortel. Quant au devoir de
sincérité conjugale, il proscrit certains comportements entre époux tels les
dols, les réticences, les dissimulations et les tromperies. S’agissant de
l’obligation de considération (nouveauté de la réforme de 2016) et de
respect, remarquons d’entrée de jeu que toutes les relations et interrelations
sociales s’y élaborent et s’y construisent ; c’est la valeur cultivée et
partagée dans les familles. Sur le plan matrimonial, l’obligation de respect

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développe ses exigences aussi bien à l’intérieur du couple que vis-à-vis des
tiers. La violation des devoirs de respect, de considération et d’affection ne
demeure pas moins une faute que la loi sanctionne. Comme les autres
obligations découlant du mariage, le manquement aux devoirs d’affection,
de respect et de considération peut motiver une condamnation à des
dommages-intérêts s’il a entraîné un préjudice ou encore constituer une
cause de divorce, susceptible d’être invoquée tant par l’époux que par
l’épouse dans la procédure de divorce.
Jurisprudence : Le devoir de fidélité subsiste même après la séparation de
corps (ceci peut s’entendre dans le sens de la séparation de fait puisque la
séparation de corps n’existe plus en droit congolais : voir Exposé de motifs
de la loi dans sa version du 1er Août 1987) (Léo., 16 septembre 1947,
R.J.C.B., 1949, p. 89 cité in Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo
Belge, Matières civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier
S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville,
1959, sub article 119 CCLI).

Art. 460 : Ancien.


Lorsque l’un des époux prétend que l’autre a manqué à ses devoirs, le
président du tribunal de paix saisi par une requête, tentera, en chambre de
conseil, de concilier les époux.
À cet effet, il peut notamment faire comparaître les époux en personne
ainsi que leurs parents respectifs, appeler en chambre de conseil les
personnes susceptibles de promouvoir la conciliation, envoyer les époux,
l’un d’eux ou leurs parents devant une réunion familiale ou convoquer un
conseil de famille qu’il préside.
Si la conciliation aboutit, le président acte, par voie d’ordonnance,
l’accord des parties.
Si la conciliation n’aboutit pas, le président rend une ordonnance
constatant l’échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal.

Art. 460 : Modifié.


Lorsque l’un des époux prétend que l’autre a manqué à ses devoirs, il
peut, après plusieurs tentatives d’harmonisation, exercer un recours devant le
Tribunal de paix.
Le Président du Tribunal de paix saisi par une requête, tentera, en
chambre de conseil, de concilier les époux. Il peut notamment faire
comparaître les époux en personne ainsi que leurs parents respectifs, appeler
en chambre de conseil les personnes susceptibles de promouvoir la
conciliation, envoyer les époux, l’un d’eux ou leurs parents devant une
réunion familiale ou, à défaut, convoquer un conseil de famille qu’il préside.
Si la conciliation aboutit, le président acte, par voie d’ordonnance,
l’accord des parties.

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Si la conciliation n’aboutit pas, le Président rend une ordonnance


constatant l’échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal.
Commentaire : L'article 460 indique la procédure à suivre lorsqu'un époux
prétend que l'autre a manqué à ses obligations. Il y a un préalable : avant
toute saisine de la justice, il faut qu'il y ait plusieurs tentatives
d'harmonisation entre époux. Le Président du tribunal saisi par la requête
devra recourir à plusieurs tentatives de conciliation. Il peut faire intervenir
toutes les personnes qu'il estime à même de concilier les époux. Il peut même
renvoyer les époux devant les réunions de famille ou le conseil de famille. Si
la conciliation aboutie, le président rend une ordonnance constatant la
conciliation; en cas de désaccord, il rend une ordonnance constatant l'échec
et autorisant alors la partie requérante à saisir le tribunal. Cet article a été
modifié en 2016. La nouvelle formulation de cette disposition ajoute un
alinéa 1er qui institue, comme sous l'avons souligné ci-haut, un préalable
relatif aux « tentatives d’harmonisation » entre époux avant de saisir le
Tribunal de paix pour conflits conjugaux fondés sur le non-respect des
devoirs conjugaux. La modification maintient également le rôle de
conciliateur que devra jouer préalablement à toute instruction le Tribunal
de paix siégeant en chambre du conseil. Sur la forme, la reformulation
ajoute les mots « à défaut » à l’alinéa 2 pour une meilleure compréhension.

Art. 461. — Lorsque la coutume le prévoit, le tribunal de paix peut, en cas


de violation de leurs devoirs par un des époux, le condamner à une
réparation en faveur de l’autre époux.
Dans la mesure du possible, le tribunal évitera d’accorder le
dédommagement en argent et ordonnera la réparation en nature sous forme
d’objets désignés particulièrement par la coutume à cet effet.
Lorsque les parents d’un des époux ont incité directement celui-ci à violer
les devoirs conjugaux, le tribunal de paix peut leur infliger les mêmes
sanctions que celles prévues aux alinéas précédents.
Commentaire : Voir les commentaires de l'article 462.

Art. 462. — Lorsque la coutume le prévoit, le tribunal de paix peut, en cas


de violation par l’un des époux de ses devoirs, ordonner à celui- ci
l’accomplissement de rites coutumiers susceptibles de réparer la faute
commise ou de resserrer les liens conjugaux ou d’alliance, pourvu que ces
rites soient conformes à l’ordre public et à la loi.
Commentaire : Cette recherche des solutions qui renvoie aux rites
traditionnels soulève de nombreuses difficultés et semble, être à notre vue,
une des causes de discriminations entre époux en matière d’adultère. La
première difficulté permet de constater que dans la plupart des coutumes
congolaises, l’adultère ne pose de problèmes que quand il est commis par la
femme. Il s’avère donc que, seules les femmes sont exposées à
l’accomplissement de ces rites expiatoires. La seconde difficulté du recours

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aux rites traditionnels, comme mode de réparation de la faute commise,


procède de l’exigence de l’article 462, qui voudrait que, pour être accompli,
le rite puisse être conforme à la loi. Or, nous savons que la majorité de la
population ignore cette loi moderne, et est régie, dans de pareilles
circonstances, par les prescriptions coutumières. Même les citadins qui
vivent éloignés des coutumes villageoises y ont parfois recours. Alors
comment la conformité à la loi peut-elle servir de garde-fou aux principaux
acteurs des rites qui ignorent l’existence et le contenu de cette loi ? La
troisième difficulté provient, cette fois-ci, de la conformité des rites à l’ordre
public. Ce vœu du législateur nous conduit à établir une distinction entre
deux niveaux de compréhension de l’ordre public. Si du côté de l’Etat,
l’ordre public est défini comme une absence de trouble sur la place
publique, l’adultère relevant de la vie privée n’a aucune incidence sur cet
ordre. En revanche, lorsqu’on se situe au niveau social, l’adultère est une
anomie au sens qu’il trouble un certain ordre psychosociologique. Dans
bien des communautés congolaises, on croit qu’une telle faute exposerait les
membres de la famille, et parfois même ceux du groupe social à des
calamités telles que la mort, les maladies graves, la famine, la sécheresse…
De telles conceptions sont soutenues par ‘‘l’éternel hier’’ plus mythique que
réel et les individus y accordent parfois leur crédibilité. D’où les rites
expiatoires servent à réintégrer le fautif, dans la plupart des cas la fautive,
dans la communauté. C’est le cas, par exemple, de la pratique en voie de
disparition, qui consiste chez les Bena Lulua du Kasaï, à promener la femme
adultère nue. Autour de celle-ci, s’attroupe une foule huant et qui gêne tout
accès à la voie publique du village. Si cette pratique porte atteinte à l’ordre
public, elle s’avère conforme au rétablissement de l’ordre social. Les
individus, dans cette situation comme dans bien d’autres, préfèrent une
tranquillité psychologique à un ordre public, qui est pour eux une notion
inconnue, parfois vague et lointaine. Ainsi, si la conformité à la loi et à
l’ordre public se révèle inopérante, elle ne saurait servir de limites efficaces
aux rites traditionnels entérinés par la loi. On voit donc qu’en voulant suivre
la coutume, la loi a conduit à des pratiques qui pénalisent toujours la
femme. Comme le propose BITOTA MUAMBA, la seule limite conséquente à
cette disposition qui autorise des rites traditionnels de réparation de
l’adultère, devrait être le respect de la dignité humaine car elle ne requiert
aucune connaissance livresque des lois. Comme la dignité est un principe
expérimenté universellement, toute communauté, quelle que soit la forme de
ses rites, devrait être en mesure de l’appréhender à partir du bon sens (J.
BITOTA MUAMBA, ‘‘Statut juridique des femmes en Afrique’’, Thèse,
Université des sciences sociales de Toulouse, 2003, p. 207).

Art. 463. — Si l’un des époux manque gravement à ses devoirs, le président
du tribunal de paix de la dernière résidence conjugale ordonne, sur requête

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verbale ou écrite de l’autre époux, les mesures urgentes et provisoires


qu’exige l’intérêt de ce dernier et des enfants.
Les pièces justificatives, s’il y en a, sont jointes à la requête.
Les époux sont convoqués par le greffier devant le président qui statue
dans les quinze jours de la requête. La convocation mentionne l’objet de la
requête.
L’ordonnance rendue en vertu des alinéas précédents est, à la diligence de
l’époux qui l’a obtenue, notifiée par le greffier à l’autre époux.
Commentaire : Cet article décrit la procédure à suivre lorsqu'un époux
manque à ses devoirs du mariage. A la requête verbale ou écrite de l'autre
époux, le président du tribunal de paix convoque les deux époux pour les
entendre. La décision est rendue par ordonnance dans les quinze jours de la
requête et elle est notifiée à l'époux défaillant par les soins du greffier. Dans
l'entretemps, le président prend prendre des mesures urgentes et provisoires
que nécessitent l'intérêt des enfants et de l'autre époux. Le tribunal de paix
compétent est celui de la dernière résidence des époux.

Paragraphe 2 : De l’exécution des devoirs réciproques des époux

Art. 464. — La violation du devoir de cohabitation, sans juste motif, est


susceptible d’être réglée sur base des dispositions des articles 442 à 447, 453
à 455,460 à 463.
Commentaire : Sans devoir réprimer l'obligation de cohabitation par des
sanctions pénales, l'article 464, conscient de la gravité de pareilles
violations, donne malgré tout à celui des époux qui est lésé, la possibilité de
recourir à la conciliation devant le tribunal de paix et même à une solution
plus rigoureuse pour l'intérêt des enfants ou le sien propre, à savoir les
mesures urgentes et provisoires prises par le juge-président du tribunal de
paix. De plus les articles qui suivent se montrent plus sévères contre les
citations de pareilles violations.
Art. 465. — Chacun des époux peut réclamer des dommages-intérêts à toute
personne qui, pour quelque raison que ce soit, a incité son conjoint à
l’abandonner.
L’action introduite en application de l’alinéa précédent sera rejetée, s’il
est prouvé que le comportement du conjoint demandeur justifie ou rend
excusable le départ du conjoint de la maison conjugale.
Commentaire : L'article 465 prévoit que les dommages-intérêts pourront
être réclamés de toute personne qui incite une personne mariée à
abandonner son partenaire. Ces sanctions civiles s'ajoutent à celle,
générale, qui permet à un époux de réclamer des dommages-intérêts au
conjoint.

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Art. 466 : Ancien.


Lorsque le comportement, qui en vertu de l’article précédent donne droit
à des dommages-intérêts, émane des parents du conjoint auteur de
l’abandon, ceux-ci seront en outre punis d’une peine de servitude pénale ne
dépassant pas trente jours et d’une amende de 100 à 300 zaïres ou de l’une
de ces peines seulement.
Art. 466 : Modifié.
Lorsque le comportement qui, en vertu de l’article 465 ci-dessus, donne
droit à des dommages-intérêts émane des parents du conjoint auteur de
l’abandon, ceux-ci seront en outre punis d’une servitude pénale principale
ne dépassant pas trente jours et d’une amende de 125.000 à 350.000 francs
congolais ou de l’une de ces peines seulement.
Commentaire : L'article 466 vise le comportement des parents qui
inciteraient leur enfant à abandonner son conjoint. Il est prévu de
sanctionner son comportement par des peines. On croit ainsi contribuer à la
protection de la stabilité du mariage, réclamée par la constitution. Le terme
"parents" mentionné à l'article 466 ne signifie pas seulement les père et
mère, mais aussi d'autres membres de la famille. La modification de cet
article en 2016 a consisté à ajouter une précision à l’article cité en le
nommant (art. 465 ci-dessus). Elle a consisté également en la suppression de
quelques virgules et en l’actualisation des montants des amendes.

Art. 467 : Ancien.


Sera puni, du chef d’adultère, d’une peine de servitude pénale de six mois
à un an et d’une amende de 500 à 2.000 zaïres :
1. quiconque, sauf si sa bonne foi a été surprise, aura eu des rapports sexuels
avec une femme mariée ;
2. le mari qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre que son
épouse, si l’adultère a été entouré de circonstances de nature à lui
imprimer le caractère injurieux ;
3. la femme qui aura eu des rapports sexuels avec un homme marié dans les
circonstances prévues au 2o du présent article ;
4. la femme mariée qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre
que son conjoint.

Art. 467 : Modifié.


Est puni, du chef d’adultère, d’une servitude pénale principale de six
mois à un an et d’une amende de 60.000 à 250.000 francs congolais :
1. quiconque, sauf si sa bonne foi a été surprise, aura eu des rapports sexuels
avec une personne mariée ;
2. le conjoint qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre que
son conjoint.

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La peine est portée au double si l’adultère a été entouré de circonstances


de nature à lui imprimer le caractère injurieux, notamment lorsque l’adultère
a eu lieu dans la maison conjugale.
Commentaire : S’agissant de la sanction pénale attachée à la violation de
ce devoir, il y a lieu de remarquer que l’ancienne formulation de l’article
467 consacrait une discrimination entre l’époux et l’épouse. En effet, dans
l’établissement de cette infraction, l’ancien article 467 du Code de la famille
était plus sévère vis-à-vis de la femme que de l’homme. Cet article disposait
que : ‘‘Sera puni, du chef d’adultère, d’une peine de servitude pénale d’un
an et d’une amende de 500 à 2000 zaïres :… le mari qui aura eu des
rapports sexuels avec une personne autre que son épouse, si l’adultère a été
entouré de circonstances de nature à lui imprimer le caractère
injurieux ;…la femme mariée qui aura eu des rapports sexuels avec une
personne autre que son conjoint.’’ Comme on peut s’en rendre compte, cette
disposition ne plaçait pas les deux conjoints sur pied d’égalité car, alors que
l’adultère de la femme était punissable en tout état de cause, celui de
l’homme n’était répréhensible que s’il a été entouré de circonstances de
nature à lui imprimer le caractère d’injures graves qui, du reste, était
apprécié par le juge. Cette distorsion violait, non seulement le principe
d’égalité des sexes contenue dans la Constitution, mais aussi l’article 459 du
Code de la famille qui impose aux deux époux le devoir de fidélité mutuelle
car elle contient une autorisation implicite à l’infidélité du mari. Cette
disposition était aussi contraire à l’esprit de l’article 16 de la Convention
sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes, du reste ratifiée par le Congo. Voilà pourquoi, en vue bannir cette
discrimination et de rétablir ainsi l’égalité des sexes, cet article 467 a été
modifié. La modification de cet article en 2016 a consisté en la suppression
des conditions inégales quant à l’établissement de l’infraction d’adultère.
L’on peut affirmer que la situation de l’homme a changé puisque dans
l’ancienne formulation, il fallait démontrer plusieurs éléments pour que
l’infraction soir retenue contre lui. Avec la modification, il devient plus
facile d’établir l’infraction à son égard. La loi de 2016 est donc plus dure
pour l’homme par la suppression de certains préalables dans l’établissement
de l’infraction car il suffit de prouver que le prévenu, marié, a eu des
rapports sexuels avec une personne autre que son conjoint. Pour la femme
mariée, on peut affirmer que la loi ne lui est ni douce ni dure puisque la
situation était la même bien avant la modification. La modification contient
une circonstance aggravante qui consiste au caractère injurieux imprimé à
l’acte de quiconque. L’actualisation des montants dus au titre d’amende a
été également effectuée.
Contra : Il est erroné, en commentant cet article, d’affirmer que cet article
consacre toujours, dans la répression pénale de l’adultère, une différence de
traitement en exigeant, pour que celui-ci soit infractionnel dans le chef du

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mari, le caractère injurieux. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa


N’songo, op.cit. , p. 290.
Jurisprudence : A bien motivé l’existence de l’infraction d’adultère dans le
chef du demandeur en cassation, le juge d’appel qui, s’appuyant sur les
témoignages et appréciant souverainement les faits de la cause, considère
que le fait pour le prévenu de s’enfermer avec une femme mariée dans une
maison non éclairée et à des heures tardives, constitue une faute lourde
(CSJ, 1er décembre 1981, R.P. 243, in Dibunda Kabuinji, Répertoire Général
de jurisprudence de la Cour Suprême de Justice, Kinshasa, 1990, p.5)
L’entretien d’une concubine n’est pas une cause péremptoire de divorce en
droit congolais (Elis., 19 février 1957, R.J.C.B., p. 166). Mais la
qualification d’adultère par entretien de concubine au domicile conjugal
peut impliquer, suivant les circonstances, celle d’injure grave (Léo., 6 mai
1947, R.J.C.B., 1948, p. 54 ; etc.). L’état de séparation de fait des époux, le
mari vivant en Europe et la femme en Afrique, diminue sensiblement le
caractère injurieux du concubinage prétendu du mari (Elis., 14 novembre
1950, J.T.O., p. 151) surtout si la séparation est due au fait de la femme qui
a refusé de rejoindre son mari (Ière Inst. Léo., 31 mars 1952, J.T.O., 1953, p.
144 cité in Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo Belge, Matières
civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et
Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub article
134 CCLI).
Art. 468. — La poursuite des infractions prévues à l’article précédent ne
pourra avoir lieu que sur plainte de l’époux qui se prétendra offensé.
Le plaignant pourra, en tout état de cause, demander par le retrait de sa
plainte, l’abandon de la procédure.
À la condition de consentir à reprendre la vie commune, le plaignant
pourra aussi demander l’abandon des effets de la condamnation à la
servitude pénale.
Commentaire : En principe, le Ministère Public a le droit et le devoir
d'exercer des poursuites, chaque fois qu'une infraction est portée à sa
connaissance. Néanmoins, dans certains cas, le pouvoir du Ministère Public
se trouve soit paralysé soit limité, et ce pour diverses raisons notamment :
La qualité de l’inculpé (cas des inculpés hommes politiques, membres du
Gouvernement, chefs coutumiers, chefs religieux, quelques fonctionnaires de
commandement, et des agents diplomatiques et consulaires ; la poursuite
subordonnée à la plainte de la partie lésée, tel est le cas de l’infraction
d’adultère : l’article 468 du Code de la famille dispose : « la poursuite pour
adultère ne pourra avoir lieu que sur la plainte de l’époux (épouse) qui se
prétendra offensé ». Ici, il faut retenir que la raison d’être de cette exigence
réside dans la considération selon laquelle l’unité et la stabilité de la famille
risquent d’être compromises par l’intervention du Ministère Public et
qu’ainsi la victime de l’infraction d’adultère doit être considérée comme le

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meilleur juge des suites à donner à l’infraction. L’époux plaignant peut


demander en tout état de cause, l’abandon de la procédure par retrait de la
plainte à condition de consentir à reprendre la vie commune, (LUZOLO
BAMBI LESA, Cours de procédure pénale, 2015, p. 110 et 111).
Art. 469 : Ancien.
Dans les cas prévus à l’article 467, l’action du plaignant sera déclarée
irrecevable si l’infraction a été commise avec son consentement ou avec sa
connivence.
Les frais de l’instance seront mis à sa charge.
Art. 469 : Modifié.
Dans les cas prévus à l’article 467 ci-dessus, l’action du plaignant sera
déclarée irrecevable si l’infraction a été commise avec son consentement ou
avec sa connivence.
Les frais de l’instance seront mis à la charge d’un tel plaignant.
Commentaire : En cas de connivence du plaignant ou de son consentement
à la commission de l'infraction d'adultère, il sera débouté de son action en
justice et pourra être condamné. La modification de cet article en 2016 a
consisté à ajouter « ci-dessus » à l’article cité en vue d’une précision.
Art. 470 : Ancien.
Sera puni d’une peine de servitude pénale ne dépassant pas six mois et
d’une amende de 500 à 2.000 zaïres, le mari qui aura incité sa femme à
commettre l’adultère ou en aura sciemment favorisé l’exécution.

Art. 470 : Modifié.


Est puni conformément à l’article 174 bis du Code pénale, le conjoint qui
aura incité l’autre à commettre l’adultère ou en aura sciemment favorisé
l’exécution.
Commentaire : L'article 470 punit pénalement l'incitation à l'adultère d'un
époux envers son partenaire. La modification de cet article 2016 a consisté
au remplacement du verbe au futur « Sera » par celui au présent « Est ». En
outre, la modification renvoie aux peines de l’article 174 bis du Code pénal
sans chercher à prévoir des peines particulières.

Art. 471 : Ancien.


L’époux offensé peut réclamer une réparation au conjoint coupable et à
toute personne avec qui son conjoint a commis l’adultère, pourvu que
l’époux lésé n’ait pas approuvé ou toléré l’adultère.
La personne avec qui le conjoint a commis l’adultère ne sera pas tenue à
la réparation si elle prouve que sa bonne foi a été surprise.
En déterminant la réparation, le tribunal s’inspirera des dispositions de
l’article 461, alinéa 2.

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Art. 471 : Modifié.


Le conjoint offensé peut réclamer une réparation au conjoint coupable et
à toute personne avec qui son conjoint a commis l’adultère, pourvu que le
conjoint lésé n’ait pas approuvé ou toléré l’adultère.
La personne avec qui le conjoint a commis l’adultère ne sera pas tenue à
la réparation si elle prouve que sa bonne foi a été surprise.
En déterminant la réparation, le tribunal s’inspirera des dispositions de
l’article 461 alinéa 2 de la présente loi.
Commentaire : L'article 471 organise l'octroi des dommages-intérêts du
conjoint lésé par l'adultère, à la charge du ou de la complice d'adultère.
L'alinéa 1er de cet article reconnaît l'admission des dommages-intérêts en
faveur de l'époux victime. On a souvent contesté ce droit parce qu'il s'y
manifesterait un esprit de vénalité. Cette explication n'est pas réalité très
conforme au véritable esprit de la coutume. En effet, cette indemnité n'est
pas justifiée comme une sorte de gain par voie de réparation mais comme un
moyen de réconciliation et de redressement de l'honneur de l'époux qui a été
humilié. C'est ainsi d'ailleurs que cette débition sera bien due par le
complice que par l'époux coupable. De plus, cette action civile distincte de
l'action pénale peut être introduite seule, mais aussi elle peut l'être en même
temps que l'action pénale. L'alinéa 3 rappelant dans ce cas l'alinéa 2 de
l'article 461, précise que le dédommagement en argent ne sera
qu'exceptionnel, puis que le tribunal devra d'abord et avant tout ordonner
les modes de réparation en nature prescrite par la coutume qui sont plus
symboliques et évocateurs d'une réconciliation que rémunérateurs. La
modification de cet article en 2016 a consisté au remplacement du mot
« époux » par « conjoint » et en l’ajout d’une précision après l’article cité,
c’est-à-dire « article 461 alinéa 2 de la présente loi ».

Art. 472 : Ancien.


Sera puni des peines prévues en cas d’adultère, sauf si sa bonne foi a été
surprise :
1. quiconque aura enlevé, même avec son consentement, une femme mariée
ou l’aura détournée de ses devoirs de façon à la soustraire à la garde de
son mari ou de la personne chargée de ce soin pour le compte du mari,
afin de faciliter ou permettre à cette femme des rapports adultères ;
2. quiconque aura caché ou gardé cette femme avec la même intention.

Art. 472 : Modifié.


Est puni des peines prévues en cas d’adultère, sauf si sa bonne foi a été
surprise :
1. quiconque aura enlevé, même avec son consentement, une personne
mariée ou l’aura détournée de ses devoirs, afin de faciliter ou permettre à
cette personne des rapports adultères ;
2. quiconque aura caché ou gardé cette personne avec la même intention.

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Commentaire : L'article 472 punit des peines d'adultère quiconque enlève


une personne mariée, la cache ou la garde en vue de la commission de
l'adultère. La modification de cet article en 2016 a porté d’abord sur la
forme par le remplacement du verbe au futur « Sera » par celui au temps
présent « Est ». Ensuite, est supprimée la phrase qui sous-entendait que la
femme se trouve sous « la garde de son mari » et que celui qui la soustrait
de cette garde pour faciliter ou permettre des rapports adultères devait être
puni. La nouvelle formulation prévoit plutôt la soustraction « aux devoirs
conjugaux ».

Section IV. Des effets patrimoniaux du mariage

Sous-section I. Des dispositions générales : règles

Art. 473. — La présente section règle les effets pécuniaires dérivant du


mariage, entre les époux et vis-à-vis des tiers et ce, à dater du jour de la
célébration ou de l’enregistrement du mariage devant l’officier de l’état civil.
Commentaire : Cet article définit le champ d'application exact de la
présente section et fixe le point de départ à partir duquel les effets
pécuniaires de mariage commencent à courir. Il apparaît dès lors que tant
que le mariage n'est pas directement célébré par l'officier de l'état civil ou
n'est pas encore enregistré, les dispositions prévues dans la présente loi ne
sont pas en principe d'application.

Art. 474. — Les dispositions qui suivent régissent les effets pécuniaires du
mariage, quel que soit le régime matrimonial auquel les époux adhèrent et
constituent les règles fondamentales communes.
Commentaire : Dans le cadre des droits respectifs des époux, une
distinction surgit immédiatement à l'esprit. D'un côté les droits quant aux
personnes et de l'autre, les droits quant aux biens. Cependant, dans le statut
matrimonial des époux, cette distinction classique est de plus en plus
abandonnée pour une autre qui correspond beaucoup plus à la réalité des
rapports entre les époux soit ceux qui sont régis impérativement par la loi,
soit ceux qui sont réglés supplétivement par celle-ci. Si, dans le cadre du
régime matrimonial, au point de vue des effets personnels, le caractère
impératif s'avère quasiment total, par contre, dans le cadre des problèmes
pécuniaires du mariage, on doit nécessairement admettre une distinction
entre les effets obligatoires pécuniaires de ceux qui ne sont point. Ainsi
donc, se manifeste nettement l'existence d'un ensemble de règles de base et
impératives qui a pour objet quelques problèmes essentiels quelle que soit
d'ailleurs l'option prise quant au régime matrimonial entre les époux. Autour
de ce fondement primordial, les époux pourront adhérer à un régime
matrimonial, au moment de la célébration du mariage. Si cependant, ils ne

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s'expriment pas à cet égard, la loi complétera d'autorité en précisant quel


est le régime matrimonial supplétif de droit commun.

Art. 475. — Les époux contribuent aux charges pécuniaires du ménage


selon leurs facultés et leur état.
Commentaire : Déjà à l'article 447, ce principe est énoncé dans sa portée la
plus générale lorsqu'il est précisé :" les époux contribuent aux charges du
ménage selon leurs facultés et leur état". Dans cet article, une précision s'est
ajoutée, à savoir la contribution aux charges "pécuniaires". D'ailleurs,
l’alinéa 2 de l'article 447 énonçait cette réglementation. L'idée d'un
patrimoine familial est à la base du régime pécuniaire des époux. En effet,
on peut considérer que le régime matrimonial familial se développe d'abord
à travers le régime patrimonial, ensuite à partir du régime des libéralités qui
peuvent éventuellement mettre en péril le patrimoine familial lorsqu'elles se
réalisent sans contrepartie et qui nécessitent dès lors un barrage juridique
contre toute libéralité nuisible à la famille et enfin, sur base du régime des
successions où l'on assiste finalement au transfert définitif de ce patrimoine.
En effet, le ménage, communauté de personnes, exige nécessairement une
certaine communauté des biens, quel que soit le régime statutaire envisagé.
Cet article énonce donc cette obligation impérative selon laquelle, les deux
époux contractent ensemble cette obligation. A vrai dire, il y a dans cette
obligation proportionnelle une conception équitable de l'égalité. Les articles
suivants devront cependant définir et développer ce principe.

Art. 476. — Les charges du ménage sont celles nécessaires à l’entretien


quotidien du ménage ainsi qu’à l’éducation des enfants, en proportion de la
situation respective et des possibilités financières et professionnelles de
chacun des époux.
Les époux sont réputés avoir fourni leur part contributive, jour par jour,
sans être tenus à aucun compte entre eux, ni à retirer aucune quittance l’un
de l’autre.
Commentaire : Il s’agit, en réalité, avec Code de la famille, d’une idée
d’égalité proportionnelle mise d’ailleurs en valeur expressément par la
formulation même de la loi : ‘‘en proportion de la situation respective et des
possibilités financières et professionnelles de chacun des époux’’. Cette
formulation garde toute son importance lorsque l’un des époux réclamera
par exemple, en cas de violation de cette obligation, l’exécution judiciaire de
cette obligation par l’époux défaillant. L’appréciation de cette capacité
financière et professionnelle se fera dès lors en fonction de la situation de
l’époux défaillant, au moment où l’action est intentée.

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Art. 477 : Ancien.


Le mari dispose du pouvoir de conclure des contrats relatifs aux charges
du ménage; la femme, en application de la théorie du mandat domestique
tacite, peut aussi conclure les mêmes contrats.
Les époux répondent solidairement des dettes ainsi contractées. Cette
solidarité n’a pas lieu lorsque les dépenses ainsi réalisées présentent un
caractère manifestement exagéré par rapport au train de vie du ménage ou
lorsqu’elles ont été contractées avec un tiers de mauvaise foi.
Elle n’a pas lieu non plus lorsque le mari a retiré à sa femme le droit de
passer des contrats déterminés relatifs aux charges du ménage et que les tiers
avaient connaissance de cette dérogation au moment où ils ont traité avec la
femme.

Art. 477 : Modifié.


Sans préjudice de l’application de la théorie du mandat domestique tacite,
chaque conjoint, en concertation avec l’autre, dispose du pouvoir de
conclure des contrats relatifs aux charges du ménage.
Les conjoints répondent solidairement des dettes ainsi contractées. Cette
solidarité n’a pas lieu lorsque les dépenses ainsi réalisées par un conjoint
présentent un caractère manifestement exagéré par rapport au train de vie du
ménage ou lorsqu’elles ont été contractées avec un tiers de mauvaise foi.
Commentaire : Cet article contracte la solidarité des époux pour les dettes
contractées dans l'intérêt du ménage. La modification de cet article en 2016
a consisté à supprimer le fait que seul le mari dispose du pouvoir de
conclure les contrats relatifs au ménage. Le législateur prévoit désormais le
fait que chacun des conjoints a ce pouvoir mais en concertation avec l’autre.
L’alinéa 2 nous permet de tirer une conséquence du défaut de concertation.
La sanction est que la solidarité ne pourra pas opérer étant donné que le
législateur a prévu que « Les conjoints répondent solidairement des dettes
ainsi contractées ». Le législateur supprime l’alinéa 3 qui prévoyait le
retrait par le mari du droit pour la femme de passer les contrats relatifs au
ménage. Cela étant, le retrait du mandat domestique quant à lui demeure
possible puisque le mandat domestique répond aux règles générales
applicables au mandat.
Jurisprudence : C’est au créancier qui se prévaut de la solidarité qu’il
appartient d’apporter la preuve de la réunion des conditions requises par la
loi à cet effet (Cass.fr. 1ère Civ., 9 mars 1994, JCP 1994, I., 3785 cité par
Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013). Le mandat domestique de
l’épouse prend nécessairement fin par la séparation de fait en cas de
résidence séparée (Ière Inst. Elis., 16 juin 1950, R.J.C.B., p. 201 cité in Piron,
P. et Devos, J., Codes et lois du Congo Belge, Matières civiles,
commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et
Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub article

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150 CCLI). Il a été jugé que la dette résultant de l’emprunt contracté par
l’épouse seule pour l’achat d’un second véhicule en vue de conduire les
enfants à l’école revêtait un caractère excessif en égard aux ressources du
ménage (Civ. Neufchateau, 23 mai 1984, Revue notariale, 1984, p. 336).

Art. 478. — L’obligation de contribuer aux charges du ménage n’est pas


suspendue vis-à-vis de l’époux qui a abandonné sans juste motif la maison
conjugale et qui refuse d’y retourner.
Commentaire : Cette disposition sanctionne surtout la séparation de fait
aggravée par le refus, sur injonction de l'autre époux, de revenir au domicile
conjugal. Les articles 456 et 457, organisant la séparation conventionnelle
entre les époux, ne donnent pas ouverture à l'application de ce présent
article, car dans cette dernière hypothèse la contribution aux charges du
ménage reste d'application. Il faut ajouter que cette suspension de
l'obligation aux charges du ménage doit uniquement pénaliser l'époux
coupable mais non les enfants des époux dont on a la charge.
Art. 479. — Les époux sont tenus l’un envers l’autre d’une obligation
alimentaire régie par le droit commun relatif aux obligations.
Dans la hiérarchie des débiteurs d’aliments, l’époux occupe le premier
rang.
Commentaire : Cet article qui énonce l'obligation générale de secours met
fin à une certaine hésitation qui s'est toujours manifestée de savoir si oui ou
non cette obligation était une des modalités d'application de l'obligation de
charge contributoire au ménage. En réalité, cet article établit une obligation
distincte de secours que l'on pourrait également qualifier de dette d'aliments
en cas de besoin. Cette obligation correspond d'ailleurs à un principe moral
qui se dégage du lien matrimonial, quels que soient les torts respectifs des
époux. Pour accentuer l'importance de cette obligation élémentaire, l'alinéa
2 établit une hiérarchie par rapport aux obligations alimentaires qui sont
plus particulièrement détaillés et organisés dans le titre V relatif à la
parenté et à l'alliance et auxquelles il confère le premier rang.

Art. 480 : Ancien.


L’époux qui ne remplit pas les obligations définies aux articles 475 et
479, pourra être condamné à payer à son conjoint une pension alimentaire.

Art. 480 : Modifié.


Le conjoint qui ne remplit pas les obligations définies aux articles 475 et
479 ci-dessus pourra être condamné à payer à son conjoint une pension
alimentaire.
Commentaire : L'action en obtention d'une pension alimentaire constitue
une règle logique sanctionnant la violation des règles définies au régime
matrimonial général. Cependant, cette action s'avérera dans la pratique

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assez complexe et c'est pourquoi une autre voie de recours, plus expéditive,
sera organisée, à partir des textes qui suivent. La modification de cet article
en 2016 a consisté à remplacer « époux » par conjoint et à préciser que les
articles cités sont ceux qui précèdent, d’où l’ajout de « ci-dessus » après
lesdits articles. Nous constatons que le verbe pouvoir est maintenu au futur
« pourra » alors que sous d’autres infractions le législateur préfère utiliser
le temps présent.

Art. 481 : Ancien.


À défaut par l’un des époux de remplir les obligations définies aux
articles 475 et 479, l’autre époux peut, sans préjudice au droit des tiers, se
faire autoriser par le tribunal de paix de la dernière résidence conjugale ou
du domicile de la partie adverse, à percevoir personnellement des revenus de
celle-ci ou ceux qu’elle administre en vertu du régime matrimonial, des
produits de son travail et toutes les autres sommes qui lui sont dues par les
tiers. Le tribunal fixe les conditions de l’autorisation ainsi que le montant à
concurrence duquel elle est accordée.

Art. 481 : Modifié.


A défaut par l’un des conjoints de remplir les obligations définies aux
articles 475 et 479 de la présente loi, l’autre conjoint peut, sans préjudice du
droit des tiers, se faire autoriser par le Tribunal de paix de la dernière
résidence conjugale ou du domicile de la partie adverse, à percevoir
personnellement des revenus de celle-ci ou ceux qu’elle administre en vertu
du régime matrimonial, des produits de son travail et toutes les autres
sommes qui lui sont dues par les tiers.
Le tribunal fixe les conditions de l’autorisation ainsi que le montant à
concurrence duquel elle est accordée.
Commentaire : A défaut d’exécution volontaire par le débiteur, plusieurs
procédés sont destinés à assurer rapidement au créancier le paiement des
aliments. On parle alors des voies d’exécution. Cependant, à côté des voies
d’exécution de droit commun, le législateur a prévu des techniques de
recouvrement propres au droit de la famille. Parmi ces techniques il y a la
délégation des sommes. Cette technique est prévue aux articles 481 à 486
CF. Elle consiste, dans le cadre du mariage, pour un époux qui ne remplit
pas ses obligations de contribuer aux charges du ménage ou qui ne remplit
pas son obligation alimentaire vis-à-vis de l’autre époux de se faire
autoriser par le tribunal de paix de la dernière résidence conjugale ou du
domicile de la partie adverse, à percevoir personnellement des revenus de
celle-ci et ceux qu’elle administre en vertu du régime matrimonial, des
produits de son travail et toutes les sommes qui lui sont dues par les tiers. Le
tribunal fixe les conditions de l’autorisation ainsi que le montant à
concurrence duquel elle est due. La modification de cet article en 2016 a

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consisté à remplacer « époux » par « conjoints » et à ajouter « de la


présente loi » aux articles cités dans cette disposition.

Art. 482. — Sur requête verbale ou écrite de l’époux intéressé, les époux
sont convoqués devant le tribunal de paix par un avertissement du greffier
précisant l’objet de la demande.
Le tribunal peut ordonner aux époux et même aux tiers, la
communication des renseignements ou la présentation des livres de
commerce ou des pièces comptables de nature à établir le montant des
revenus, créances et produits du travail des parties ; les renseignements
fournis par les tiers sont communiqués au tribunal par écrit.
S’il n’est pas donné suite aux injonctions du tribunal, dans le délai qu’il
détermine, ou si les renseignements donnés apparaissent incomplets ou
inexacts, le tribunal peut par jugement ordonner que le tiers comparaisse en
personne à la date qu’il fixe.
Une copie certifiée conforme de la décision est jointe à la convocation du
tiers.
Lorsque le tribunal ordonne à l’administration des contributions directes
de fournir des renseignements qu’elle possède sur le montant des revenus,
créances et produits du travail des époux ou de l’un d’eux, le secret imposé
aux fonctionnaires de cette administration en vertu des dispositions relatives
aux impôts sur le revenu est levé.
Le jugement est notifié aux parties par le greffier.
Commentaire : La procédure de la délégation des sommes prévue à l'article
481 est la suivante : sur requête verbale ou écrite de l’époux intéressé les
époux sont convoqués devant le tribunal de paix par un avertissement du
greffier précisant l’objet de la demande. Le tribunal peut requérir auprès
des services d’administration tout renseignement sur les revenus, créances
et produits de travail des parties. S’il n’est pas donné suite aux injonctions
du tribunal, dans le délai qu’il détermine, ou si les renseignements donnés
apparaissent incomplets ou inexacts, le tribunal peut ordonner que le tiers
comparaisse en personne à la date qu’il fixe.

Art. 483. — Le jugement est exécutoire par provision, nonobstant l’appel et,
s’il y a lieu, nonobstant l’opposition et sans caution. Le jugement demeure
exécutoire nonobstant le dépôt ultérieur d’une requête en divorce, jusqu’à la
décision du tribunal.
Commentaire : Lorsqu’un conjoint est condamné à devoir à l'autre cette
pension, celui-ci devra la fournir même si le jugement en question est frappé
d'un appel ou d'une opposition. Bref, sans qu'on attende la fin du procès. En
outre, si la procédure, en paiement de cette pension, est suivie par celle de
divorce, le condamné payera quelle que soit l’issue du procès de divorce.
L’idée principale est que s’agissant d'un droit lié à la survie, la sentence du
juge ne peut ni le supprimer ni faire attendre son exécution à la fin d'une

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procédure péniblement longue pour l’époux qui est dans le besoin. Le terme
sans caution veut dire que le condamné ne pourra pas se soustraire de la
sentence en payant une certaine somme. Il faut retenir en amont qu'en
matière civile, l'appel ou l'opposition peut suspendre certaines décisions
sauf si celles-ci sont assorties de la clause prévue à l'article 21 du Code de
procédure civile. Cet article a presque le même contenu que celui repris à
l'alinéa premier de l'article 483 du Code de la famille.

Art. 484. — La décision peut être révisée à tout moment à la demande de


l’une des parties lorsque la situation respective des époux le justifie.
Commentaire : La décision de délégation des sommes peut être révisée à
tout moment lorsque la situation respective des époux le commande.

Art. 485. — Le jugement est opposable à tout tiers débiteur actuel, en suite
de la notification que lui a faite le greffier à la requête de l’époux
demandeur.
Lorsque le jugement cesse de produire ses effets, les tiers débiteurs en
sont informés par le greffier; les notifications faites par le greffier indiquent
ce que le tiers débiteur doit payer ou cesser de payer.
Commentaire : Le jugement de délégation des sommes est opposable à tout
tiers débiteur qui doit être informé de son existence. De même lorsque
jugement cesse de produire ses effets, le tiers débiteur en est également
informé.

Art. 486. — Si l’un des époux est absent, interdit ou dans l’impossibilité de
manifester sa volonté, le tribunal de paix peut autoriser l’autre époux à
percevoir, pour les besoins du ménage, les sommes dues par des tiers à son
conjoint jusqu’à concurrence du montant qu’il fixe.
L’autorisation est demandée par requête adressée au tribunal.
Commentaire : L'article 486 étend l'application de la délégation à des cas
où l'époux n'est pas fautif mais se trouve, en raison de son état physique ou
mental, dans l'incapacité directe et personnelle d'exécuter ses obligations.
Sous-section II. Des régimes matrimoniaux
Paragraphe 1er : Des dispositions communes à tous les régimes
matrimoniaux
Art. 487. — La loi organise trois régimes entre lesquels les futurs époux ou
les époux optent.
Ce sont :
a) la séparation des biens ;
b) la communauté réduite aux acquêts ;
c) la communauté universelle.

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Commentaire : Cet article est extrêmement important dans l’élaboration des


régimes matrimoniaux congolais car il ramène ceux-ci à trois régimes
entièrement et limitativement organisés par la loi. Les régimes
matrimoniaux sont donc limitativement déterminés et sont de nature
statutaire et non conventionnelle. Pour le législateur congolais, en effet, la
loi apparaît comme le meilleur facteur d’unité, celui qui permet de
soumettre tous les citoyens à un statut unique, qui permet de transcender les
origines tribales ou ethniques différentes. Elle apparaît du coup comme le
moyen le plus efficace pour créer un nouveau modèle d’organisation sociale
et familiale. Aussi, seule la loi organise-t-elle les régimes matrimoniaux
auxquels les époux doivent se soumettre, leur volonté ne jouant
qu’exceptionnellement. C’est aux articles 487 à 533 du Code de la famille
que le législateur précise et organise les régimes matrimoniaux qu’il limite à
trois : la séparation des biens, la communauté des biens réduite aux acquêts
qui, en cas d’absence d’option de la part des époux, sera le régime
matrimonial qui les régira et le régime de communauté universelle. C’est au
moment de l’acte du mariage, soit à l’occasion de son enregistrement s’il
s’agit d’un mariage célébré en famille, soit à l’occasion de sa célébration,
s’il s’agit d’un mariage devant l’officier de l’état civil, que les époux optent
pour l’un ou l’autre régime. Pour chacun de ce régime, nous examinerons
son contenu ainsi que les règles qui gouvernent sa dissolution. La
modification qu’a connue cette disposition en 2016 est de pure forme
puisqu’elle a consisté à changer le concept « époux » par « conjoints », les
verbes conjugués au futur au présent et en la précision sur l’article 384 par
l’ajout de « la présente loi ».

Art. 488 : Ancien.


Au moment où les futurs époux ou les époux se présentent devant
l’officier de l’état civil, par eux-mêmes ou par leur mandataire, en vue de la
célébration ou de l’enregistrement du mariage, l’officier de l’état civil les
avertit du choix qu’ils peuvent faire entre les trois régimes matrimoniaux
organisés par la loi, et qu’à défaut pour eux de se prononcer, le régime
matrimonial qui leur sera applicable sera celui de la communauté réduite aux
acquêts.
Afin de permettre aux époux ou aux futurs époux de réfléchir sur le
régime à choisir, l’officier de l’état civil expliquera les régimes
matrimoniaux au moment de la publication des bans telle qu’elle est prévue
et organisée, pour le cas de l’enregistrement du mariage célébré en famille à
l’article 370 et pour le cas du mariage célébré par l’officier de l’état civil à
l’article 384.
Au moment de la célébration du mariage ou de l’enregistrement de celui-
ci, l’officier de l’état civil leur demandera de fixer leur choix. Il actera leur
réponse ou le manque de réponse dans l’acte de mariage.

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Art. 488 : Modifié.


Au moment où les futurs conjoints ou les conjoints se présentent devant
l’officier de l’état civil, par eux-mêmes ou par leur mandataire, en vue de la
célébration ou de l’enregistrement du mariage, l’officier de l’état civil les
avertit du choix qu’ils peuvent faire entre les trois régimes matrimoniaux
organisés par la loi, et qu’à défaut pour eux de se prononcer, le régime
matrimonial qui leur est applicable est celui de la communauté réduite aux
acquêts.
Afin de permettre aux conjoints ou aux futurs conjoints de réfléchir sur le
régime à choisir, l’officier de l’état civil explique les régimes matrimoniaux
au moment de la publication des bans telle qu’elle est prévue et organisée,
pour le cas de l’enregistrement du mariage célébré en famille à l’article 370
et pour le cas du mariage célébré par l’officier de l’état civil à l’article 384
de la présente loi.
Au moment de la célébration du mariage ou de l’enregistrement de celui-
ci, l’officier de l’état civil leur demande de fixer leur choix. Il acte leur
réponse ou le manque de réponse dans l’acte de mariage.
Commentaire : Cet article fixe la procédure de contrat du régime
matrimonial dans l'acte de mariage et le rôle que doit jouer à cet effet
l'officier de l'état civil. Dans une première période, au moment où les époux
se présentent pour la célébration de leur futur mariage ou pour
l'enregistrement de leur mariage célébré en famille, l'officier de l'état civil
est tenu d'avertir les époux de l'existence de ces trois régimes et de la faculté
qu'ils ont d'opter. Le texte prévoit l'obligation également pour l'officier de
l'état civil d'expliquer ces régimes. Dans ce but, au moment de la mise en
application des dispositions relatives à l'état civil et de celles relatives au
mariage, il serait nécessaire que ces documents expliquent d'une manière
claire et détaillée la portée et l'étendue de ces trois régimes qui seront remis
aux époux ou aux futurs époux ou qui seront à tout le moins expliqués. Enfin
d'acte de mariage, le régime matrimonial sera alors précisé conformément
aux dispositions de l'article 488 in fine.

Art. 489. — Si les époux n’ont pas régulièrement opéré leur choix, le régime
de la communauté réduite aux acquêts leur sera applicable.
De même, si le mariage est annulé, le régime matrimonial choisi sera
considéré comme inexistant et celui de la communauté réduite aux acquêts
leur sera applicable.
Commentaire : Cet article établit que le régime de la communauté réduite
aux acquêts constitue le régime légal supplétif. En effet, à défaut d’un choix
parmi les trois régimes prévus par la loi, les époux se trouvent
obligatoirement soumis au régime de la communauté réduite aux acquêts. Il
s’agit donc d’un régime supplétif à défaut d’un choix par les époux. Ce
régime est également celui qui s’applique aux biens des époux lorsque leur
mariage a été annulé.

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Art. 490 : Ancien.


La gestion comprend tous les pouvoirs d’administration, de jouissance et
de disposition, sous réserve des exceptions prévues par la loi.
Quel que soit le régime matrimonial qui régit les époux, la gestion des
patrimoines commun et propre est présumée être confiée au mari.
Toutefois, au moment de leur déclaration d’option d’un régime
matrimonial, les époux peuvent convenir que chacun gérera ses biens
propres.
Art. 490 : Modifié.
La gestion comprend tous les pouvoirs d’administration, de jouissance et
de disposition, sous réserve des exceptions prévues par la loi.
Quel que soit le régime matrimonial qui régit les conjoints, la gestion des
patrimoines commun et propre est présumée confiée au mari, en concertation
avec la femme ; sauf pour les choses qui sont réservées à l’usage personnel
de chacun, notamment les vêtements, les bijoux et les instruments de travail
de moindre valeur.
Toutefois, au moment de leur déclaration d’option d’un régime
matrimonial, les conjoints peuvent convenir que chacun gérera ses biens
propres.
Commentaire : Cet article organise la gestion des époux durant le mariage.
La modification introduite par la réforme de 2016 a consisté à remplacer le
concept « époux » par « conjoints ». A propos du mode de gestion, l’article
490 pose que la gestion des patrimoines commun et propre est présumée
confiée au mari, « en concertation avec la femme ». Sur la forme, le mot
« femme » est mal placé ; il aurait été plus intéressant d’écrire plutôt « en
concertation avec son épouse ». Les termes de cette disposition sont tels que
la gestion est présumée confiée au mari qui concerte son épouse. Le mari
reste la première personnalité dans cette gestion, puisque certainement il est
le chef du ménage. Il est appelé à se concerter avec son épouse dans les
actes de gestion qu’il passe. Son pouvoir ne s’étend pas aux biens réservés à
l’usage personnel de l’épouse. Ceci étant dit, il est plus conforme à cette
disposition de qualifier cette gestion en une « gestion maritale avec
concertation » plutôt que « gestion concertée » (reprise pourtant dans
l’exposé de motif de la loi et à l’article 928). L’on doit constater que la
notion de concertation n’est pas précisée. Elle s’entend donc dans le sens
courant comme une sorte de discussion pour agir en concert, échange des
idées pour rechercher une entente. Dans son sens, le mot concertation n’est
pas aussi fort que « l’accord » des articles 448 et 499. L’exigence d’un
accord donne à chacun des époux une sorte de veto alors que la
concertation donnerait au mari un pouvoir de consulter son épouse. Cela
sous-entend que le mari doit concerter mais n’est pas tenu de suivre l’avis
de son épouse. Le législateur n’attache pas de sanction particulière au
défaut de concertation. La sanction prévue à l’alinéa 2 de l’article 477 ne

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concerne que les contrats de ménage conclus sans concertation mais ne


saurait être étendue aux autres actes de gestion sauf application de
l’analogie, du reste admise en droit privé. Le législateur a également prévu
la nécessité de l’accord pour tous les actes que les époux passent (art. 448),
ce qui inclut même les actes passés dans le cadre de la gestion. Les biens
réservés sont désormais régis dans cet article et se conçoivent tant en ce qui
concerne les biens à usage personnel de l’épouse que de l’époux.

Art. 491 : Ancien.


Le consentement des personnes titulaires de l’autorité parentale ou
tutélaire est requis pour l’exercice de l’option prévue aux articles précédents
lorsque le futur époux est mineur non émancipé.
Dans les mêmes limites, l’assistance du curateur du mineur émancipé ou
du majeur sous curatelle est requise.

Art. 491 : Modifié.


L’assistance du curateur du majeur sous curatelle est requise pour
l’exercice de l’option prévue aux articles 488 à 490 ci-dessus.
Commentaire : Un majeur sous curatelle ne peut exercer l'option du régime
matrimonial ainsi que de sa gestion qu'assisté de son curateur. La
modification de cet article introduite en 2016 a consisté en la suppression de
toute allusion faite au mariage du mineur. Il est seulement maintenu
l’assistance d’un majeur marié par un curateur lorsqu’il doit se prononcer
sur le régime matrimonial et sur le mode de gestion des biens. Cependant,
remarquons que la formulation de cette disposition n’est pas heureuse. Il
aurait fallu remplacer « L’assistance du curateur du majeur sous curatelle »
par « L’assistance par le curateur du majeur placé sous curatelle… »
puisque le législateur a voulu se montrer méticuleux sur la formulation des
articles.

Art. 492. — Quel que soit le régime choisi, lorsque l’un des époux ne peut
justifier de la propriété ou de la concession exclusive d’un bien, celui-ci est
présumé indivis.
Les avantages matrimoniaux qui découlent de la répartition des charges
entre les époux sont réputés, quel que soit le régime adopté, biens indivis.
La qualité de biens propres ne peut être opposée à une tierce personne
que si celle-ci connaissait ou devait connaître cette qualité.
Commentaire : La règle de présomption d'indivision inscrite dans la loi sur
les régimes matrimoniaux s'imposait pour n'importe quel régime pour régler
d'une façon simple les cas précis et complexe des biens dont on ne peut
connaître exactement l'origine. Le terme employé par ce texte est de
qualifier ces biens non pas de communs mais d'indivis, de telle sorte que
cette qualification intéresse aussi bien le régime de la séparation des biens
que les régimes de communauté. On a également estimé nécessaire de

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constater le caractère indivis des avantages matrimoniaux, c'est-à-dire des


bénéfices qui résulteraient directement de la gestion de la communauté
conjugale puisqu'alors on peut présumer également qu'elle a été voulue
conjointement. Enfin, vis-à-vis des tiers, il était nécessaire également pour
les protéger, de permettre à ceux-ci de pouvoir récupérer leurs droits contre
les deux époux, sauf cependant qu'ils connaissaient que le bien était un
propre et qu'ils devaient le connaître. En réalité, le fait que les époux se
trouvent régis par la séparation des biens constituera évidemment une
obligation dans le chef d'un tiers, de savoir que lorsqu'il traite avec un des
époux il n'a comme garantie que le patrimoine de celui-ci.

Art. 493. — Les conventions entre époux sont valables pour autant qu’elles
ne nuisent pas aux droits et intérêts des personnes faisant partie de la famille,
aux intérêts pécuniaires des époux, ainsi qu’à l’ordre légal des successions.
Commentaire : Cette disposition permet en principe aux époux de passer
des conventions de donations ou de vente. Cette liberté d'agir est cependant
limitée dans le cas où cette convention pourrait porter atteinte aux droits
fondamentaux de la famille. Plus particulièrement aux droits des enfants
issus de cette union qui bénéficient d'un droit à l'éducation et à l'entretien.
De même, les intérêts pécuniaires des époux doivent être protégés comme
par exemple le droit à un standing de vie qui correspond à leur état de
fortune, surtout dans le cas où la gestion est maritale. Enfin, il fallait
également protéger l'avenir des patrimoines en limitant cette liberté de
convention entre les époux, au respect dû par eux à l'ordre légal des
successions. Dans le cadre des textes relatifs aux donations, libéralités,
testaments et successions, cette règle de principe sera précisée par les
obligations de rapport et de réduction éventuels. De même, plus loin, les
récompenses entre époux trouvent leur fondement dans cet article.
Jurisprudence : Ne viole pas les articles 493 et 884 du code de la famille, le
juge d’appel auquel il est reproché d’avoir révoqué indirectement la
donation avenue entre époux, car il n’a jamais révoqué ladite donation, mais
plutôt constaté que celle-ci a été révoquée pour ingratitude par le mari, à
une époque non suspecte, et que la révocation [a] été confirmée par
jugement définitif (CSJ, 9 janvier 1998, RC 2128, Bull. Arr. Années 1990 à
1999, Kinshasa, Ed. Service de Documentation et d’Etudes du Ministère de
la Justice, 2003, pp. 314-318).
Art. 494. — À la demande des époux et une fois durant le mariage, le
régime matrimonial peut être modifié.
Le demandeur doit prouver que la modification est exigée par l’intérêt du
ménage ou par une modification importante intervenue dans la situation des
époux ou de l’un d’entre eux.
Le tribunal de paix compétent est celui de la dernière résidence conjugale
des époux.

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Au cas où cette demande n’est pas accueillie, celle-ci ne peut être


renouvelée qu’après deux ans à dater de la décision devenue définitive pour
autant qu’elle s’appuie sur des éléments nouveaux.
Commentaire : Le principe d’immutabilité des conventions matrimoniales
consiste à interdire aux poux qui ont adopté un régime matrimonial donné,
avant la célébration de leur mariage, de changer ce régime après la
célébration du mariage et pendant toute la durée de la vie conjugale. Le
régime matrimonial laissé au choix des époux devient, une fois choisi, un
statut immuable. Ce principe était en vigueur, en Europe, du 16ème siècle.
De nombreux facteurs sociaux, économiques et familiaux de l’époque,
plaidaient, il est vrai, en faveur de ce principe d'immutabilité. Les futurs
époux étaient généralement mariés par leurs familles, l'alliance du cœur
était presque toujours précédée et commandée par celle des fortunes. Le
contrat de mariage était un véritable pacte de famille, à l'occasion duquel
les membres de la famille gratifiaient les futurs époux de donations, soit
pour eux personnellement, soit à charge d'en transmettre le bénéfice à leurs
enfants à naitre du mariage. Les biens ainsi transmis étaient affectés d'un
coefficient de pérennité familiale qui s'opposait à ce qu'au cours de leur
mariage les époux puissent y porter atteinte. Les donations entre époux au
cours du mariage, étaient interdites dans la crainte que le mari, seigneur et
maitre, ne put, par abus d'influence, s'avantager au détriment de sa femme,
et sans doute aussi, à raison de ce que sous leur couvert, des biens destinés
aux futurs enfants ne fussent détournés de leur destination. Elaborée par
l’ancien droit français et destinée à prohiber les donations entre époux, la
règle traditionnelle de l'immutabilité des conventions matrimoniales
permettait ainsi aux parents d'être assurés que les sacrifices consentis pour
l'établissement de leurs enfants ne l'étaient point vainement, que la dot
constituée, les biens donnés aux époux ne seraient pas détournés de leur
affectation. Cette règle est donc édictée dans l’intérêt des futurs époux, de
leurs familles respectives, des enfants à naitre et des tiers. Le législateur
congolais admet des tempéraments au principe d’immutabilité en même
temps qu’il pose quelques conditions. L’article 494 du Code de la famille
dégage trois conditions de modification de régime : la modification est
permise à la demande conjointe des époux. Un seul époux ou les héritiers de
l’un ou l’autre des époux ne sont pas recevables à demander la modification
du régime matrimonial ; la modification doit être justifiée par l’intérêt du
ménage ou par la situation nouvelle des époux ou de l’un d’entre eux (art.
494 al. 2) ; la modification est prononcée en justice une fois durant le
mariage. Le tribunal de paix de la dernière résidence conjugale est seul
compétent pour connaitre de la demande de modification (art. 494 al. 3). Au
cas où cette demande n’est pas accueillie, celle-ci ne peut être renouvelée
qu’après deux ans à dater de la décision devenue définitive pour autant
qu’elle s’appuie sur des éléments nouveaux.

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Jurisprudence : Il a été décidé que le seul fait que l’un des membres de la
famille risquerait de se trouver lésé, n’interdit pas nécessairement
l’autorisation de la modification ou du changement envisagé (Cass. Civ. 1ère,
6 Janvier 1976, D. 1976, n° 53 citée par Kifwabala Tekilazaya, Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013). Les époux peuvent, dans l'intérêt de la famille,
convenir de modifier leur régime matrimonial ou même d'en changer.
L'existence et la légitimité d'un tel intérêt doivent faire l'objet d'une
appréciation d'ensemble, le seul fait que l'un des membres de la famille
risquerait de se trouver lésé n'interdisant pas nécessairement la modification
ou le changement envisagé (H. Capitant, F. Terré et Y. Lequete, Les grands
arrêts de la jurisprudence civile, Tome 1, 11ème édition, 2000, p. 411, En
cause : Epoux Alessandri).
Art. 495 : Ancien.
Sous les mêmes conditions que celles édictées à l’article précédent, les
époux peuvent demander de modifier le régime de gestion de leurs biens
propres ou communs selon les mêmes modalités que celles précisées à
l’article 491.
Art. 495 : Modifié.
Sous les mêmes conditions que celles édictées à l’article 494 ci-dessus,
les conjoints peuvent demander de modifier le régime de gestion de leurs
biens propres ou communs.
Commentaire : Dans les mêmes conditions que celles prévues à l'article 494
les époux peuvent aussi demander la modification de gestion de leurs biens
propres ou communs. Cette disposition a subi une modification de forme en
2016 laquelle a consisté en la précision portée à l’article 494 auquel est
ajouté « ci-dessus ». Correction de l’article 495 qui renvoyait à l’article
491. Le mot « époux » est remplacé par « conjoints ».

Art. 496. — Dans le délai d’un mois à compter de la date à laquelle la


décision de modification est intervenue, et n’est plus susceptible de recours,
le dispositif du jugement est envoyé par les soins du greffier à l’officier de
l’état civil du lieu de célébration ou de l’enregistrement du mariage, pour
transcription par mention en marge de l’acte de mariage.
Il sera également procédé à la publicité du dispositif dans le même délai,
par les soins du greffier, au Journal officiel.
Lorsque l’un des époux est commerçant, mention du dispositif du
jugement de modification est portée au registre de commerce dans le même
délai. Les mentions prescrites aux alinéas précédents peuvent être requises
directement par les parties, sur présentation de l’extrait du jugement.
Commentaire : Cet article organise les mesures de publicité en cas de
modification du régime matrimonial et/ou de son mode de gestion.

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Art. 497 (Abrogé)48.


Commentaire : Le principe autrefois consacré en droit congolais de la
famille était que, quel que soit le régime matrimonial choisi, c’est le mari
qui gérait les biens des époux. Toutefois, le législateur avait jugé opportun
de détacher et de laisser au pouvoir de la femme un ensemble des biens
qualifiés de réservés. C’est ce qui découlait de l’article 497, al. 1 du Code
de la famille. Etaient considérés comme biens réservés, non seulement les
biens que la femme acquérait par l’exercice d’une profession séparée mais
également les économies qui en découlaient. On assimilait également aux
biens réservés les choses qui étaient réservées à son usage personnel
notamment les vêtements, les bijoux… Etaient donc biens réservés,
l’ensemble des biens dont la loi, sous tous les régimes matrimoniaux,
attribuait la gestion (en principe exclusive) à la femme mariée, en tant que
biens acquis par ses biens et salaires (ou économies en provenant) dans
l’exercice d’une profession séparée. Malgré que la loi autorisait la femme à
gérer les biens réservés, il fallait aussitôt remarquer que, même à l’égard de
ces biens, la femme restait sous le contrôle de son mari car aux termes de
l’article 448 du Code de la famille qui instituait l’incapacité de la femme
mariée, celle-ci était placée sous le régime préalable de l’autorisation
maritale pour exercer une profession séparée et aussi pour la continuer. Du
reste, l’alinéa 2 de l’article 497 permettait au mari de reprendre la gestion
et l’administration des biens issus de l’exercice de sa profession, s’il
estimait que par sa mauvaise gestion et administration, elle portait atteinte à
l’harmonie et aux intérêts pécuniaires du ménage. Cette atteinte pouvait être
d’ordre moral lorsqu’elle mettait en péril l’honorabilité du ménage parce
que les biens réservés seraient affectés à des objectifs immoraux ou
dégradants sans que pour autant il n’y ait péril en demeure pour la garantie
matérielle du patrimoine. Elle pouvait être aussi d’ordre matériel si la
femme mariée s’avérait mauvaise gestionnaire de ces biens qui devaient
contribuer aux charges du ménage et que cette gestion menaçait par le fait
même la stabilité du patrimoine familial. La loi ne reconnaissait pas ces
mêmes pouvoirs à la femme. Il n’y avait donc pas d’égalité entre époux à ce
sujet. Le mari qui décidait de reprendre la gestion des biens réservés de la

48
Les biens acquis par la femme dans l’exercice d’une profession séparée de celle du mari et
les économies en provenant constituent des biens qu’elle gère et administre. Si la gestion et
l’administration de ces biens par la femme portent atteinte à l’harmonie et aux intérêts
pécuniaires du ménage, le mari peut les assumer. La femme peut avoir recours au tribunal
de paix contre cette décision. La femme gère et administre également les choses qui sont
réservées à son usage personnel, notamment les vêtements, les bijoux et instruments de
travail ainsi que toutes indemnités et tous dommages et intérêts lui revenant du chef d’un
accident qui l’aura privée de gains professionnels sur lesquels elle était en droit de compter.
L’origine et la consistance des biens réservés sont établies à l’égard du mari ou des tiers, par
écrit, sauf impossibilité matérielle ou morale de se procurer une telle preuve. Les
dispositions qui précèdent ne s’appliquent pas aux gains d’un commerce exercé par la
femme à l’aide de biens mis à sa disposition par le mari.

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femme n’avait pas à recourir à une quelconque autorisation. Il lui suffisait


alors d’avertir ceux qui étaient intéressés à la gestion et à l’administration
des biens réservés. La femme mariée pouvait toutefois avoir recours contre
cette décision devant le tribunal de paix. Ce recours, quoique nécessaire
pour décourager toute intervention arbitraire et intempestive d’un mari qui
conçoit de manière abusive la reprise de la gestion et de l’administration
des biens réservés, restait cependant inexistant dans la pratique, car, rares
sont les femmes qui s’aventuraient dans cette voie qui généralement
aboutissait à l’éclatement du foyer. En vue de rétablir l’égalité entre les
époux, et surtout de supprimer la possibilité reconnu au mari de retirer à la
femme la gestion de ses biens réservés, le législateur de 2016 a jugé utile
d’abroger cet article 497 du code de la famille. Désormais les biens réservés
sont régis à l’article 490 du même code.
Contra : Il est erroné de commenter cet article en le présentant comme s’il
était encore d’application. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa
N’songo, op.cit., pp. 309-310.

Art. 498. — Un époux peut donner mandat à l’autre de le représenter dans


l’exercice des pouvoirs que le régime matrimonial lui attribue.
Si l’un des époux se trouve hors d’état de manifester sa volonté, l’autre
peut se faire autoriser par ordonnance du président du tribunal de paix de
leur résidence, à le représenter en tout ou en partie, dans l’exercice des
pouvoirs résultant du régime matrimonial.
À défaut de mandat et d’autorisation judiciaire, les actes faits par un
époux en représentation de l’autre ont effet à l’égard de celui-ci, suivant les
règles de la gestion d’affaires.
Commentaire : Quel que soit le type de gestion qui gouverne le régime
matrimonial, gestion maritale, gestion séparée et gestion des biens réservés
de la femme, les époux gardent, en principe, leur capacité d’agir et peuvent
dès lors donner mandat à l’autre d’exercer ce pouvoir. C’est le principe qui
se dégage de l’alinéa 4 de l’article 498 du Code de la famille. L’alinéa 2
donne la possibilité à l’époux qui n’est pas directement habilité à gérer les
biens à se faire autoriser par ordonnance du président du tribunal de paix
afin de représenter l’autre qui se trouve hors d’état de manifester sa
volonté, en tout ou en partie, dans l’exercice des pouvoirs résultant du
régime matrimonial. A défaut de mandat et d’autorisation, ajoute l’alinéa 3
de l’article 490, ‘‘ les actes faits par un époux en représentation de l’autre
ont effet à l’égard de celui-ci, suivant les règles de la gestion d’affaires’’.
Ainsi, les actes passés par la femme avec les tiers engagent le mari. Sous cet
angle, on peut donc considérer qu’il y a là véritablement une égalité entre
les époux, concrétisée par une extension du mandat domestique lorsqu’il
s’agit de substituer un époux à l’autre qui se trouve dans l’incapacité
d’exercer ou de manifester momentanément sa volonté dans le cadre de la
gestion des biens dont il est responsable.

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Art. 499 : Ancien.


Quels que soient le régime matrimonial et les modalités de la gestion de
ce régime, l’accord des deux époux est nécessaire pour :
a) transférer une concession foncière commune ou propre, ordinaire ou
perpétuelle ou la grever d’un droit d’emphytéose, de superficie,
d’usufruit, d’usage, d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude ;
b) aliéner, par incorporation, un immeuble commun ou propre ou le grever
d’un droit réel d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage,
d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude et d’un bail de plus de
neuf ans ;
c) aliéner un immeuble commun dont la valeur est supérieure à 50.000
zaïres ou des titres inscrits de cette valeur au nom du mari et de la femme;
d) contracter un emprunt de plus de 10.000 zaïres sur les biens communs ou
propres de l’autre époux ;
e) faire une donation de plus de 500 zaïres ou cautionner la dette d’un tiers
pour un montant supérieur à 5.000 zaïres, sur les biens communs ou
propres de l’autre époux.

Art. 499 : Modifié.


Quels que soient le régime matrimonial et les modalités de la gestion de
ce régime, l’accord des deux époux est nécessaire pour :
1. transférer une concession foncière commune ou propre, ordinaire ou
perpétuelle ou la grever d’un droit d’emphytéose, de superficie,
d’usufruit, d’usage, d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude ;
2. aliéner, par incorporation, un immeuble commun ou propre ou le grever
d’un droit réel d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage,
d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude et d’un bail de plus de
neuf ans ;
3. aliéner un immeuble commun dont la valeur est supérieure à
650.000 francs congolais ou des titres inscrits de cette valeur au nom du
mari et de la femme ;
4. contracter un emprunt de plus de 150.000 francs congolais sur les biens
communs ou propres de l’autre époux ;
5. faire une donation de plus de 650.000 francs congolais ou cautionner la
dette d’un tiers pour un montant supérieur à 650.000 francs congolais, sur
les biens communs ou propres de l’autre époux.
Commentaire : La gestion maritale - même avec concertation - mais aussi
toute gestion séparée est sur beaucoup de points sévèrement contrôlée par
cette disposition. Ceci est équitable car, quel que soit le régime, le maria, en
principe, les plus grands pouvoirs de gestion et d'administration. C'est
surtout dans les cas d'actes gratuits, (donation) ou unilatéraux, (emprunt et
cautionnement), que la loi cherche à se montrer stricte pour empêcher des
actes inconsidérés d'un des époux en faveur de tiers ou contre le ménage. En
outre, cette disposition permet au conjoint qui n'a pas le pouvoir de gestion

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de bénéficier d'une réelle co-gestion là où les actes s'avèrent importants


(aliénation, baux de longue durée, etc...). Pour clore, il y a lieu de préciser
que ce texte tient compte des dispositions qui se dégagent de la loi foncière
du 20 juillet 1973 telle que modifiée à ce jour en distinguant d'une part, le
transfert d'une concession foncière, soit ordinaire, soit perpétuelle et
d'autres par aliénation d'un bien immobilier. Dans ces deux hypothèses,
l'autorisation commune sera également exigée si la concession ou la
propriété sont grevées d'un droit réel direct ou d'une servitude ou d'un bail
de plus de 9 ans. La modification de cet article 2016 a consisté en
l’adaptation des montants uniquement. La position du législateur ne se
comprend pas puisque les baux à plus de 9 ans ont toujours été visés au
point 2 de l’ancien article 499. Une autre modification est de pure forme
puisqu’elle consiste au remplacement du concept « époux » par
« conjoints ».
Jurisprudence : L'action accordée à l'épouse par l'article 1427 du code
civil (français), dans la cas où le mari a passé seul, relativement aux biens
communs, un acte qui exigerait le consentement de la femme, tend, non pas à
une inopposabilité de l'acte, mais à une nullité qui prive cet acte de ses
effets, non seulement à l'égard de la femme, mais aussi dans les rapports de
la femme et de l'autre contractant. Et cette annulation, qui sanctionne un
dépassement de pouvoirs ne peut, sauf stipulation particulière, faire naître à
la charge du mari une obligation de garantie. (H. Capitant, F. Terré et Y.
Lequete, Les grands arrêts de la jurisprudence civile, Tome 1, 11ème
édition, 2000, p. 427, En cause : Consorts Couka contre Consorts Huchez et
autre).

Art. 500 : Ancien.


Les actes réclamant l’accord des deux époux sont présumés avoir obtenu
l’accord de l’autre époux si, dans les six mois après qu’ils aient été passés, il
n’y a pas eu manifestation écrite du désaccord notifié à la partie tierce
contractante.
Tout tiers passant un acte avec le mari ou l’épouse, nécessitant leur
accord conjoint, peut au moment de l’établissement de l’acte et dans les six
mois qui suivent, réclamer l’accord de l’autre époux.
Il notifie cette demande par lettre recommandée avec accusé de réception
adressée aux deux époux. À défaut d’une réponse dans le mois qui suit
l’accusé de réception, l’accord de l’autre est présumé être acquis
définitivement.

Art. 500 : Modifié.


L’accord des deux conjoints est présumé donné si, dans les six mois après
que les actes aient été passés, il n’y a pas eu manifestation écrite du
désaccord notifié d’un conjoint à la partie tierce contractante.

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Tout tiers passant un acte avec le mari ou l’épouse, nécessitant leur


accord conjoint peut, au moment de l’établissement de l’acte et dans les six
mois qui suivent, réclamer l’accord de l’autre époux.
Il notifie cette demande par lettre recommandée avec accusé de réception
adressée aux deux conjoints. A défaut d’une réponse dans le mois qui suit
l’accusé de réception, l’accord de l’autre est présumé être acquis
définitivement.
Commentaire : Cet article cherche à mettre fin, dans un délai assez court,
aux incertitudes que les transactions qui réclament accord conjoint des
époux peuvent susciter, en fixant un délai d'opposition à 6 mois. De même,
le tiers contractant pourra contraindre l'époux qui n'a pas été sollicité tant
au moment de l'acte que dans les six mois qui le suivent, à se déclarer. La
disposition a subi des modifications de forme en 2016. Le mot « époux » est
remplacé par « conjoints » pourtant le législateur préfère garder « mari ou
épouse » à l’al. 2 où il pouvait simplement dire « l’un des conjoints ». L’on
doit regretter que le législateur maintienne comme point de départ du délai
de 6 mois, le jour de la passation des actes. Le point de départ le plus
intéressant aurait été celui de la connaissance de la passation des actes
puisque certains peuvent être passés dans la clandestinité.
Jurisprudence : [Il] avait été jugé que les cessions d’immeubles réalisées en
cours de mariage sont présumées avoir été opérées avec l’accord de l’autre
époux dans la mesure où, dans les six mois après qu’elles aient été passées,
il n’y a pas eu de la part de ce dernier une manifestation écrite de son
désaccord notifié aux cessionnaires (Tribunal de paix de Rashi/Kampemba,
11 mai 2009, RC 5971, Les analyses juridiques, n° 17/2009, pp. 83 et ss cité
par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013). Sauf à
prouver qu’il s’agit d’un immeuble commun, tant que le propriétaire est
encore en vie, il peut disposer librement de ses biens. C’est dans ce sens que
va le jugement du Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi, lorsqu’il
décide qu’ ‘‘est irrecevable faute de qualité, l’action en résolution de vente
d’un immeuble mue par l’épouse et le fils du vendeur encore en vie contre
l’acquéreur’’ (TGI/ Lubumbashi, 4 novembre 1986, RCA433). Cette position
est aussi celle de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, si l’on considère son
arrêt par lequel elle décide que ‘‘n’est pas valide la vente d’un immeuble
commun, dont la valeur est supérieure à 50 000 Z, consentie par un époux
sans l’accord de l’autre époux, en violation des articles 499 et 500 du Code
de la famille (CA Kinshasa/Gombe, RCA 87, 28 juillet 2000, RAJC,2000, p.
33).

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Art. 501 (Abrogé)49.


Commentaire : Cet article fait partie des dispositions abrogées. La
disposition faisait suite à l’article 499 CF qui exige l’accord de tous les deux
conjoints s’il faut passer un acte grave sur les biens communs ou propres
des époux. Cette disposition permettait d’assouplir la contrainte de l’accord
dans deux cas : lorsque le refus de l’autre conjoint n’est pas justifié par
l’intérêt du ménage ou lorsque l’autre conjoint est hors d’état de manifester
sa volonté. Dans pareils cas, le juge autorisait a priori la passation de l’acte
ou ratifiait a posteriori l’acte déjà passé sans l’accord de l’autre conjoint.
Le juge fixait aussi les conditions de passation de l’acte qui était alors
opposable à l’autre conjoint. L’abrogation de cet article se justifie par le
souci de laisser l’article 499 CF produire tous ses effets, le rendre
incontournable, ne pas l’assouplir. Mais la question est de savoir comment
se régleront les deux situations dans lesquels le juge pouvait autoriser
l’autre conjoint. Une première voie de sortie est qu’en cas de refus injustifié,
l’article 449 CF sera sans doute d’application. Le deuxième cas relatif à la
manifestation de volonté peut se présenter dans plusieurs situations. Le cas
de non-présence, le cas d’absence et le cas de décès. Dans le premier cas,
l’autre conjoint est-il justifié à passer seul l’acte qui nécessitait l’accord ?
Nous pensons que la réponse positive peut être donnée en se fondant sur
l’article 477 CF. Il appartiendra à l’autre conjoint de démontrer que la
théorie du mandat domestique ou la gestion d’affaires ne s’appliquent pas.
Toutefois, le tiers cocontractant peut tirer profit de l’article 500 CF si, après
avoir recherché l’accord de l’autre conjoint, le délai de 6 mois est passé
sans qu’il l’ait obtenu. Dans le deuxième cas, les articles 190 CF et 446 CF
peuvent être mis à contribution en ce que le premier donne une option au
conjoint de l’absent de solliciter ou non la dissolution provisoire du régime
matrimonial et le deuxième lui permet de diriger seul les aspects moraux,
matériels et financiers du ménage. Il en résulte que passer outre l’article
499 CF ne pourra trouver sa justification que dans l’intérêt du ménage.
Enfin, si l’autre conjoint est décédé ou est déclaré décédé, il y a lieu de
distinguer s’il s’agit du décès normal qui éteint le mariage (art. 539 CF), et
dans ce cas, l’article 499 CF ne se justifie plus, ou bien s’il s’agit d’un cas
de déclaration de décès où l’article 196 CF sera plutôt d’application.
Contra : Il est erroné de commenter cet article en le présentant comme s’il
était encore d’application. En ce sens, H.F. Mupila Ndjike & C. Wasengwa
N’songo, op.cit. , p. 514.

49
Un époux peut être autorisé par le président du tribunal de paix à passer seul ou à se voir
ratifier un acte pour lequel le concours de l’autre conjoint était nécessaire, si le refus de ce
dernier n’est justifié par l’intérêt du ménage ou s’il est hors d’état de manifester sa volonté.
Le président du tribunal de paix autorise l’époux demandeur à représenter son conjoint et
fixe les conditions dans lesquelles l’acte sera passé ou ratifié. L’acte passé dans les
conditions prévues par autorisation de justice est opposable à l’époux dont le concours fait
défaut.

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Art. 502. — Les causes de dissolution du mariage et les effets de celle-ci


sont les mêmes quant au partage de biens.
Commentaire : Cet article rappelle le principe selon lequel s'agissant du
partage des biens des époux les causes de dissolution et les effets demeurent
les mêmes.

Art. 503. — Le partage de l’actif et du passif se réalisera quant aux biens


communs ou présumés indivis par moitié.
Commentaire : Il a été décidé que le partage des biens communs ou des
biens indivis se ferait par moitié, même en cas de divorce et même si celui-ci
est imputable aux torts exclusifs d'un des époux, vu que d'ailleurs la loi à
l'article 581 organise une indemnité de réadaptation qui peut être
importante, sur les propres de l'autre époux, en faveur de l'époux
désavantagé par le divorce. Sous cet angle, le désavantage est une notion
plus objective que subjective qui doit être appréciée tant en raison du
standing social et économique dérivant de l'union qui est dissoute que par
rapport à la gravité des torts des époux divorcés. Le partage par moitié
posera cependant des problèmes de reprise, de prélèvement, de priorité et de
garantie mais qui diffère d'un régime matrimonial à l'autre. C'est pourquoi,
si la règle du partage par moitié est commune, elle sera diversement
appliquée selon le régime matrimonial des époux au moment de la
célébration du mariage.
Art. 504. — Après le partage définitif, les anciens époux ou l’époux
survivant restent tenus des obligations de garde, d’entretien et d’éducation de
leurs enfants, en proportion de leurs facultés et de leur état actuel.
Commentaire : Il a fallu enfin opportun de rappeler ici ce qui n'est pas en
soi rigoureusement nécessaire à savoir que, la dissolution du mariage ne
peut nuire aux enfants. C'est ainsi que la part contributive proportionnelle
des époux aux charges du ménage, si elle ne subsiste plus pour ce qui les
concerne personnellement, se maintient nécessairement pour ce qui
intéressée les enfants. Cet article rappelle opportunément, à l'occasion de la
dissolution, l'étendue de la charge du ménage vis-à-vis des époux.

Paragraphe 2 : Des dispositions particulières


A) Du régime de la séparation des biens
Art. 505. — Le régime de la séparation des biens consacre l’existence de
deux patrimoines propres formés par tous les biens acquis à titre onéreux ou
à titre gratuit par chacun des époux ainsi que par leurs dettes.
Commentaire : En principe, les époux ont chacun leur patrimoine, tant en
actif qu'en passif. Peu importe l'origine de celui-ci avant ou pendant le
mariage, que ce soit à partir d'actes gratuits ou onéreux. La définition par
sa portée l'établit nettement.

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Art. 506. — Au moment de la célébration ou de l’enregistrement du


mariage, si les époux optent pour la séparation des biens, ils peuvent établir
et remettre à l’officier de l’état civil qui célèbre ou enregistre leur mariage,
un inventaire signé par eux et précisant les biens meubles et immeubles dont
ils ont la propriété ou possession légale antérieurement au mariage.
Ce document est signalé dans l’acte et fait pleine foi de leur appartenance
sauf preuve légale contraire en matière de biens fonciers et immobiliers
enregistrés.
Commentaire : Cet article est relatif à l'inventaire des biens au moment du
mariage. Observons que cet inventaire est facultatif mais constitue, s'il est
fait, une preuve de valeur absolue sauf le respect dû aux titres immobiliers
(spécialement l'article 227 de la loi dite foncière du 20 juillet 1973) qui crée
un système de preuve inattaquable en soi. Le texte a distingué propriété et
possession légale parce que très souvent, dans le patrimoine d'un des époux,
il peut y avoir un droit préalable à la propriété ou à la concession, surtout
en matière foncière et immobilière, qui, comme l'occupation préalable et
provisoire d'un fonds, constitue un cas de possession légale.

Art. 507. — Tant à l’égard de son conjoint que des tiers, un époux peut
prouver qu’il a la propriété ou possession légale d’un bien par tous moyens,
sous réserve des dispositions spéciales relatives aux concessions foncières et
aux cessions et concessions des immeubles enregistrés.
Cependant, d’après leur nature et leur destination, les biens meubles qui
ont un caractère personnel et les droits exclusivement attachés à la personne
sont présumés appartenir à l’un ou à l’autre des époux.
La preuve contraire se fait par tout moyen propre à établir que les biens
n’appartiennent pas au conjoint que la loi désigne.
Il peut également être prouvé que le bien a été acquis par une libéralité du
conjoint, suivant les règles propres aux donations entre époux.
Commentaire : Cet article est relatif à la preuve de la propriété des biens.
L'alinéa 1er de cet article énonce le principe mais le concilie avec le système
probatoire inattaquable de l'enregistrement, en matière de concessions
foncières et de cession et concession immobilières. Ainsi, dans le domaine
foncier et immobilier, il s'agira que les époux soient attentifs à la
qualification de leurs biens devant le conservateur des titres immobiliers.
Sans doute, la limitation de la gestion maritale jouera ici, mais il
appartiendra au conservateur des titres immobiliers qui joue également le
rôle éventuel de notaire, d'assurer sur ce point les vérifications nécessaires.
Dans le cas par exemple, où le bien serait dit appartenir aux époux, en cas
de séparation des biens, il y aura présomption, lorsque ce bien est acquis
pendant le mariage, que chacun des patrimoines des époux a alors contribué
par moitié. S'il y a en ce cas preuve de l'absence ou de l'insuffisance d'un des
patrimoines, il s'avèrera alors que l'autre époux a fait une libéralité par ce

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fait que le bien en question est commun. Il s'agira là d'un point délicat qui
surtout pourra se poser en cas de succession (art. 758).

Art. 508 : Ancien.


Lorsque par la volonté des époux, la gestion des biens n’est pas attribuée
au mari, chacun des époux administre ses biens et en perçoit les revenus.
Ils peuvent en disposer librement sauf, ce qui est stipulé à l’article 499.

Art. 508 : Modifié.


Lorsque par la volonté des conjoints, la gestion des biens n’est pas
conjointe, chacun des conjoints administre ses biens et en perçoit les
revenus.
Ils peuvent en disposer librement sauf ce qui est stipulé à l’article 499 de
la présente loi.
Commentaire : La gestion maritale avec concertation peut être modifiée au
moment (article 490) ou pendant le mariage (article 495). L'article 508
précise les conséquences juridiques qui découlent au point de vue de la
gestion. Cet article a été modifié en 2016. Le mot « époux » est remplacé par
« conjoints ». Le législateur maintient une sorte de « gestion conjointe » à
l’alinéa 1 dans la phrase « la gestion n’est pas conjointe ». Si l’on s’en tient
à la doctrine (Professeur Eddy Mwanzo, Cours de régimes matrimoniaux,
successions et libéralités en droit comparé, Unikin-Upc, 2018), la gestion
conjointe est celle dans laquelle les époux doivent se mettre d’accord pour
tous les actes qu’ils passent. L’article 490 fait référence à la « gestion
maritale avec concertation de la femme ». La doctrine invoquée ici
considère que la gestion conjointe est celle qui est prévue à l’article 499. A
la lecture de l’alinéa 1er, la volonté des parties peut décider que la gestion
ne soit pas conjointe. Confrontée à cette lecture, il n’est pas possible que les
conjoints se départissent de l’article 499. Donc il n’est pas possible que la
gestion ne soit pas conjointe au sens que l’entend le Professeur
susmentionné. Cela nous amène à nous interroger si le législateur ne voulait
pas viser plutôt la possibilité de la « gestion maritale avec concertation »
prévue à l’article 490, puisque l’alinéa 3 de ce dernier article prévoit la
possibilité que les conjoints se conviennent autrement. Cette disposition fait
prendre conscience de ce que le législateur utilise plusieurs concepts dont le
sens est soit proche soit excluant : « gestion concertée » (exposé de motifs et
art. 928) ; « gestion maritale avec concertation » (art. 490) et « gestion
conjointe » (art. 508).

Art. 509 : Ancien.


En cas de gestion personnelle, conventionnelle ou légale de ses biens
propres, l’époux peut librement donner mandat à son conjoint de gérer tout
ou partie de ses biens personnels.

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Il est cependant dispensé de rendre compte des fruits si la procuration ne


l’y oblige pas expressément. Quand l’un des époux gère les biens de l’autre
au su de celui-ci, mais sans opposition de sa part, il est présumé avoir reçu
mandat pour les seuls actes d’administration à l’exclusion de tout acte de
disposition.
Il est comptable des fruits existants et peut être tenu dans la limite des
cinq dernières années pour ceux qu’il aurait négligé de percevoir ou qu’il
aurait consommés frauduleusement.
Si l’un des époux s’immisce dans la gestion des biens du conjoint, malgré
l’opposition de celui-ci, il est responsable de toutes les suites de son
immixtion et comptable sans limitation de tous les fruits, tant existants que
consommés.

Art. 509 : Modifié.


En cas de gestion personnelle, conventionnelle ou légale de ses biens
propres, l’époux peut librement donner mandat à son conjoint de gérer tout
ou partie de ses biens personnels.
Le mandataire est cependant dispensé de rendre compte des fruits si la
procuration ne l’y oblige pas expressément. Quand l’un des conjoints gère
les biens de l’autre au su de celui-ci, mais sans opposition de sa part, il est
présumé avoir reçu mandat pour les seuls actes d’administration à
l’exclusion de tout acte de disposition.
Il est comptable des fruits existants et peut être tenu dans la limite des
cinq dernières années pour ceux qu’il aurait négligé de percevoir ou qu’il
aurait consommés frauduleusement.
Si l’un des époux s’immisce dans la gestion des biens du conjoint, malgré
l’opposition de celui-ci, il est responsable de toutes les suites de son
immixtion et comptable sans limitation de tous les fruits, tant existants que
consommés.
Commentaire : Cet article donne, par le canal du mandat entre époux,
beaucoup de liberté d'action. Vis-à-vis des tiers cependant, c'est le régime
matrimonial tel que connu dans l'acte de mariage qui reste opposable. Par
exemple, un mari confie à son épouse la gestion de ses propres alors qu'il y
a gestion maritale. De même si, par régime matrimonial, la gestion est
séparée, l'épouse laissera très souvent à son mari, par mandat tacite, la
gestion effective de ses biens. Il y a donc responsabilité contractuelle entre
les époux, sur base des règles de droit commun du mandat. Toutefois, les
alinéas 2 à 4 donnent certaines dispositions spéciales inhérentes au
caractère propre du mandat, dans le cadre de l'exécution des régimes
matrimoniaux. La modification de cet article en en 2016 a touché l’alinéa 2
sur le plan formel puisque le pronom « Il » qui débutait cet alinéa est
remplacé par « Le mandataire ». Ensuite, le mot « époux » est remplacé par
« conjoints ».

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Art. 510 : Ancien.


En cas de gestion attribuée au mari, à la dissolution du mariage, chacun
des époux reprend ses biens propres en nature, en justifiant qu’il en est
propriétaire ou concessionnaire.
La femme ou ses héritiers exercent avant le mari ou ses héritiers le
prélèvement des biens propres à la femme.
Au cas où le patrimoine de l’un s’est enrichi au détriment de l’autre, le
patrimoine appauvri doit être directement indemnisé par le patrimoine
enrichi, soit en nature, soit en équivalent.
Si l’enrichissement fait au détriment du patrimoine de l’épouse résulte
d’une mauvaise administration du mari, une indemnité complémentaire peut
être demandée en justice.

Art. 510 : Modifié.


En cas de gestion par l’un des conjoints, à la dissolution du mariage,
chacun des époux reprend ses biens propres en nature, en justifiant qu’il en
est propriétaire ou concessionnaire.
Au cas où le patrimoine de l’un s’est enrichi au détriment de l’autre, le
patrimoine appauvri doit être directement indemnisé par le patrimoine
enrichi, soit en nature soit en équivalent.
Si l’enrichissement fait au détriment du patrimoine de l’un des conjoints
résulte d’une mauvaise administration de l’autre, une indemnité
complémentaire peut être demandée en justice.
Commentaire : Cet article organise le bénéfice de prélèvement en faveur de
l'époux non gestionnaire. En 2016 cette disposition a été modifiée sur le
point de supprimer toute allusion au fait que seul le mari peut gérer les
biens. La connotation de protection de la femme mariée que comportait
même l’alinéa 3 est remplacé pour bénéficier au conjoint qui ne gère pas en
sachant qu’il peut s’agir aussi bien du mari que de la femme. Ainsi les
groupes de mots « En cas de gestion par le mari » et « « au détriment du
patrimoine de l’épouse… » sont remplacés par « En cas de gestion par l’un
des conjoints » et « au détriment du patrimoine de l’un des conjoints ».
Jurisprudence : N’est pas fondé le moyen qui reproche aux juges de fond de
n’avoir pas reconnu au demandeur le droit de propriété sur la parcelle
laissée par la défunte épouse, mais achetée et mise en valeur par les deux
conjoints, lorsque le livret de logeur, établi au seul nom du de cujus, apporte
ainsi la preuve irréfragable que les deux époux vivaient sous le régime de la
séparation des biens (CSJ, 8 aout 1979, Bull. Arr., 1982, pp. 181-182).

Art. 511 : Ancien.


En cas de gestion par le mari, le patrimoine foncier et immobilier du mari
est grevé d’une hypothèque légale pour sûreté du patrimoine de son épouse.
Le patrimoine visé est celui qui existe au moment de la dissolution,
déduction [faite] toutefois des donations qui ont été faites par le mari à son

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épouse. Elle prend date au jour de la requête en divorce ou au jour du décès


du mari.

Art. 511 : Modifié.


En cas de gestion par l’un des conjoints, le patrimoine foncier et
immobilier du gestionnaire est grevé d’une hypothèque légale pour sûreté
du patrimoine de l’autre.
Le patrimoine visé est celui qui existe au moment de la dissolution,
déduction toutefois des donations qui ont été faites par le gestionnaire à
l’autre conjoint.
L’hypothèque légale visée à l’alinéa premier prend date au jour de la
requête en divorce ou au jour du décès de l’un des conjoints.
Commentaire : L'article 511 donne une garantie spéciale à l'époux non
gestionnaire et à ses héritiers à savoir l'hypothèque légale foncière ou
immobilière. Mais celle-ci ne prendra date que du jour de la requête en
divorce ou du décès de l'un des conjoints. La modification de cet article en
en 2016 a porté sur la suppression de l’allusion faite à la gestion par le seul
mari qui est remplacée par « gestion par l’un des conjoints ». Le législateur
voulait éviter de considérer que seul le mari peut gérer les biens alors que la
loi prévoit, dans des perspectives égalitaires, que les conjoints peuvent se
convenir que la femme gère les biens. L’hypothèque légale consacrée ne
comporte pas des précisions quant à son rang en cas de conflit avec les
autres créanciers hypothécaires légaux (le sauveteur et l’Etat). La
disposition ne règle pas non plus la question du délai dans lequel cette
hypothèque devrait être inscrite (au préjudice des créanciers hypothécaires
conventionnels).

Art. 512 : Ancien.


En cas de gestion séparée, une indemnité est accordée à un époux ou à ses
héritiers, sauf stipulation contraire, s’il établit que les biens propres de son
conjoint se sont enrichis au détriment de ses biens propres.

Art. 512 : Modifié.


En cas de gestion séparée, une indemnité est accordée à l’un des époux
ou à ses héritiers, sauf stipulation contraire, s’il établit que les biens propres
de son conjoint se sont enrichis au détriment de ses biens propres.
Commentaire : Cet article prévoit la possibilité d'indemniser le patrimoine
appauvri par l'enrichissement d'un autre patrimoine. La modification de cet
article en 2016 a porté sur la suppression des mots « à un époux »
remplacés par « à l’un des époux ». Nous pouvons nous demander l’intérêt
que comporte une telle modification si ce n’est que purement formelle.

Art. 513. — Les dettes des époux contractées avant ou nées pendant le
mariage restent propres.

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En cas de dissolution, l’époux qui aura payé sur ses biens une dette de
l’autre a droit au remboursement.
Commentaire : Cet article complète et précise les articles 510 alinéa 2 et
512, qui prévoient l'obligation incombant à un patrimoine enrichi au
détriment de l'autre de le dédommager en stipulant le principe qu'en cas de
séparation, les dettes sont propres et qu'il y a lieu à remboursement pour le
patrimoine qui a payé une dette propre à l'autre patrimoine.

Art. 514. — Si, à la dissolution du mariage, il existe une masse de biens


indivis, le règlement des dettes et les enrichissements dus par les biens
propres d’un des époux à l’autre seront opérés par préférence sur cette
masse.
Commentaire : Ce privilège spécial sur la masse indivise est justifié par le
fait qu'elle a été créée en raison de la vie conjugale et que le patrimoine
défavorisé doit dans ces conditions avoir le bénéfice d'une créance
privilégiée, vu qu'on peut présumer que ce fut un service rendu par un
patrimoine en faveur de l'autre.
Jurisprudence : Nul ne pouvant être contraint de demeurer dans
l’indivision, il s’ensuit que les époux mariés sous régime de la séparation
des biens peuvent procéder au partage des biens indivis à tout moment et
sans même attendre la dissolution du mariage (Civ. 1er, 14 novembre 2000,
D. 2001, 1755 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars
2013).

Art. 515 (Abrogé)50.


Commentaire : Cet article, aujourd’hui abrogé, organisait la séparation
judiciaire des biens au bénéfice de la femme mariée lorsqu’il y a eu désordre
dans la gestion faite par le mari (Dans le même sens, les anciens articles
531 et 537). Il semble que l’abrogation ait été mue par l’idée selon laquelle
le mari ne peut plus être considéré comme un gérant de droit des biens de la
femme, dans une perspective d’égalité entre conjoints. Pourtant, aux termes
de l’article 490, al. 2 CF, la gestion est présumée confiée au mari « avec »
concertation de son épouse. Mais l’on peut se demander si les articles 449 et
495 ne produiraient pas le même effet. En effet, l’article 490, al. 3 CF
permet aux époux de décider que chacun gérera ses propres biens. Cela
laisse sous-entendre que les époux peuvent aussi se convenir que l’homme
gère seul ou bien que la femme gère seule tous les biens. Bref, il en ressort

50
Si le désordre des affaires du mari, sa mauvaise gestion ou son inconduite notoire donnent
lieu de craindre que le patrimoine de l’épouse géré par le mari ne soit en péril, celle-ci
pourra demander au tribunal de paix la gestion personnelle de son patrimoine. Mention du
jugement de modification de gestion sera portée en marge de l’acte de mariage à la
diligence de l’épouse. Le jugement prend effet entre les époux au jour de la demande et vis-
à-vis des tiers à la date de l’inscription marginale à l’acte de mariage.

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que les époux peuvent choisir le mode de gestion de leurs biens. Et s’il
apparaît un désordre dans la gestion, cela peut donner lieu à un désaccord.
Lorsque le désaccord est persistant et qu’il y a préjudice pour l’un d’eux,
l’article 449 peut être mis à contribution pour permettre au juge d’intervenir
et, partant, de décider de changer le mode de gestion retenu par les époux.
Tout comme, l’article 495 CF permet de modifier le mode de gestion des
biens dans les mêmes conditions que celles du changement du régime
matrimonial, c'est-à-dire par voie de requête introduite devant le Tribunal
de paix et cela, une seule fois pendant le mariage. Ceci nous permet
d’arriver à la conclusion que le juge peut prononcer la séparation des
gestions avec le même effet qu’avaient les articles abrogés concernant la
séparation judiciaire. Donc, même dans la formulation actuelle, le principe
reste la gestion maritale cependant limitée par l’obligation de consulter son
épouse. Cela nous amène à constater que le patrimoine de l’épouse peut
toujours se retrouver sous la gestion du mari. D’ailleurs, pareille hypothèse
serait plus probable lorsque les conjoints ont choisi le mode de gestion par
l’un d’eux de tous les biens puisque cette disposition ne l’interdit pas (al. 3
de l’art. 490 lu a contrario). Il peut également arriver que les conjoints
s’entendent que c’est la femme qui gérera tous les biens communs ou
propres. La question est de savoir quelle solution appliquer s’il arrivait
l’hypothèse de méconduite du gérant. L’abrogation de cette disposition prive
la femme (tout comme l’homme) de la possibilité de mettre fin à la gestion
par l’autre conjoint de tous les biens. Au lieu d’abroger l’article le
législateur n’aurait-il pas fait œuvre utile en le modifiant dans le sens
d’enlever les allusions faites à la gestion par le mari ? Une solution de
secours peut être cependant trouvée à l’article 495 CF qui permet de
modifier le mode de gestion devant le Tribunal de paix mais à certaines
conditions fixées à l’article 494 CF, ce qui est restrictif.

B) Du régime de la communauté réduite aux acquêts

Art. 516. — Le régime de la communauté réduite aux acquêts est composé,


d’une part, des biens propres de chacun des époux et, d’autre part, des biens
communs.
Sont propres, les biens que chacun des époux possède au moment de la
célébration ou de l’enregistrement du mariage ou qu’il acquiert
postérieurement au mariage par donations, successions ou testaments.
Sont communs et comme tels qualifiés acquêts, les biens que les époux
acquièrent pendant le mariage par leur activité commune ou séparée ainsi
que les biens conjointement acquis par les deux époux par donations,
successions ou testaments.
Commentaire : L'alinéa 1er établit la distinction fondamentale qui dans ce
régime sépare le patrimoine commun et les patrimoines propres aux deux
époux. L'alinéa 2 établit le principe qui détermine la qualité de propres de

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certains biens, à savoir leur origine étrangère à l'existence de la


communauté conjugale. Sous cet angle, les biens de chacun des époux avant
le mariage sont propre, que ceux qui proviennent de leur activité
personnelle, ou qu'a fortiori ils leur soient acquis en raison de leur situation
familiale. De même, les donations, successions et testaments acquis pendant
l'union sont présumés propres et ce ne sera que la stipulation de la donation
ou de legs conjoint qui pourra renverser la présomption. Pour savoir si le
legs ou la donation est commun, il ne sera pas absolument nécessaire qu'il y
ait dans l'acte, stipulation expresse de ce caractère de communauté. Il suffit
qu'en raison des éléments ou de la nature même de cette acquisition, il
apparaisse certain que la libéralité était accordée en faveur des deux époux.
En effet, suivant la conception traditionnelle, les biens d'origine familiale
doivent rester dans la famille. On pourrait citer comme biens meubles
familiaux les biens dotaux, le bétail, comme bien foncier, la terre. Enfin, les
biens communs, qualifiés d'acquêts, sont bien des biens mobiliers
qu'immobiliers, corporels ou incorporels et résultent de toutes les activités
des époux. Ici, le terme ''acquêts'' a reçu une définition étendue. En
comparant les patrimoines propres et le patrimoine commun, on peut se
rendre compte combien l'idée de communauté s'avère capitale et conforme à
une tendance actuellement admise d'avoir en ménage une caisse commune.

Art. 517. — Restent propres à chacun des époux, les biens acquis à titre
onéreux pendant le mariage, en échange d’un bien propre ou avec des
deniers propres ou provenant de l’aliénation d’un bien propre, sous réserve
des dispositions spéciales relatives aux concessions foncières, aux cessions
et concessions immobilières enregistrées.
Commentaire : Cet article organise le sort des biens acquis à titre onéreux
pendant l'union à partir d'un bien propre. Cette règle est importante lors de
la liquidation des trois masses, à savoir les propres des deux époux et la
masse commune qui sera partagée comme indivision. Il s'agira de revenir en
arrière pour savoir lorsqu'un bien est acquis pendant le mariage et qu'il est
alors présumé commun, s'il ne prouve pas non origine dans le remploi d'un
bien propre. Il y a lieu à nouveau de préciser ici que la disqualification d'un
propre pourrait être directement acquise par un certificat d'enregistrement
qui fait foi absolu et est inattaquable en principe (art. 227 de la loi dite
foncière), si dans le certificat d'enregistrement le nouveau bien est attribué
aux époux conjointement. En pareil cas il y aura eu donation d'une partie
d'un propre à l'autre conjoint qui est devenu par ce remploi copropriétaire
ou coconcessionnaire. Imaginons qu'avec une somme d'argent acquise avant
mariage par un des époux, un immeuble soit acheté et que, dans le titre
foncier, celui-ci soit désigné comme étant la copropriété ou la coconcession
des deux époux. En ce cas, l'avantage acquis par l'un des époux à titre
gratuit est bel et bien une donation. Toutefois en ce cas, au moment de la
succession, l'époux survivant de pareille donation devra alors en faire le

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rapport (articles 783, 855 et 856). Par ailleurs, en cas de divorce, ce bien
devenu commun par l'effet de la donation sera réparti par moitié entre les
deux ex-époux.
Jurisprudence : En cas d’acquisition d’un bien en vertu d’une promesse de
vente, le bien acquis l’est pendant le mariage dès l’instant que l’option a été
levée après la célébration ou l’enregistrement du mariage (Civ. 1er, 17 mars
1992, Bull. civ. I., n° 83, JCP, éd. N 1992.I. 3604, n°7 cité par Kifwabala
Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 69). En cas d’acquisition
des parts dans une société, c’est la date de la création de la Société qui
conditionne son caractère propre ou commun et celle de son
immatriculation au registre du commerce (Civ. 3ème, 18 juillet 1972, D.
1972.587 et Civ. 1ère, 3 décembre 1985, Bull. civ. I., n°328 cité par
Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 69). Ainsi, une collection
d’œuvres d’art constituée pendant le mariage est un bien commun
(Bruxelles, 13 mars 1984, J.T. 984, p. 534 cité par Kifwabala Tekilazaya,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p. 72).

Art. 518. — Au moment de la célébration ou de l’enregistrement du


mariage, si les époux optent pour la communauté réduite aux acquêts, ou à
défaut de déclaration d’option, ils peuvent établir et remettre à l’officier de
l’état civil qui célèbre ou enregistre leur mariage, un inventaire signé par eux
et précisant les biens meubles et immeubles dont ils ont la propriété ou la
possession légale antérieurement au mariage.
Ce document est mentionné dans l’acte de mariage et fait pleine foi de
l’appartenance de biens sauf preuve légale contraire, en matière de biens
fonciers et immobiliers enregistrés.
Commentaire : Cet article est relatif à l'inventaire des biens au moment du
mariage. Il est le même que l'article 508. Toutefois, avec la règle de la
présomption d'indivision édictée à l'article 492, l apparaît que vu l'aspect
communautaire de ce régime, la présomption jouera à pur et à plein, faute
d'avoir établi au moment du mariage, par inventaire justificatif, la qualité de
bien propre. L'opération de l'inventaire n'est pas obligatoire parce que cela
pourrait, pour certains époux, ternir dès le début de leur union, celle-ci par
cette opération qui constituerait un acte de méfiance.

Art. 519. — Tout bien non inventorié comme bien propre est présumé
commun. Toutefois, chacun des époux peut prouver qu’il en a la propriété
exclusive par tous moyens, sous réserve des dispositions spéciales relatives
aux concessions foncières et aux cessions et concessions immobilières
enregistrées.

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Les dispositions des alinéas 2 à 4 de l’article 507 sont applicables.


Toutefois, la qualité de bien propre ne peut être opposée par les époux à
un tiers que si celui-ci connaissait ou devait connaître cette qualité.
Commentaire : Cet article 519 se combine avec les articles précédents et
rappelle également le principe de l'article 492. Ainsi, si par inadvertance, un
bien propre important antérieur au mariage n'a pas été inventorié, cette
omission peut être, à tout le moins, entre les époux, corrigée et par la suite,
permettre à l'article 516 de pouvoir être appliqué. Toutefois, vis-à-vis des
tiers, la preuve ne peut leur être opposée que si, par exemple, par leur
nature et par la destination du bien, celui-ci revêt un caractère permanent
qui le qualifie sans nul doute de preuve ou bien si le certificat
d'enregistrement vis-à-vis des biens fonciers et immobiliers enregistrés est
établi au seul nom d'un des époux.

Art. 520 : Ancien.


Lorsque par la volonté des époux, ou par l’effet de la loi, la gestion des
biens propres n’est pas attribuée au mari et est confiée privativement à
chacun des époux, ceux-ci administrent leurs biens personnels et en
perçoivent les revenus.
Ils peuvent en disposer librement sauf ce qui est stipulé à l’article 499.
La gestion des biens acquis par la femme conformément aux dispositions
de l’article 497 suit les mêmes règles.

Art. 520 : Modifié.


Lorsque par la volonté des époux, ou par l’effet de la loi, la gestion des
biens propres n’est pas attribuée au mari et est confiée privativement à
chacun des époux, ceux-ci administrent leurs biens personnels et en
perçoivent les revenus.
Ils peuvent en disposer librement, sauf ce qui est stipulé à l’article 499 de
la présente loi.
Commentaire : Cet article 520 pour le régime de la communauté réduite
aux acquêts, est le même, mutatis mutandis, que l'article 508.La
modification de cet article en 2016 a consisté en la suppression de l’alinéa 3
qui renvoyait à l’article 497 déjà abrogé.

Art. 521. — En cas de modification du régime matrimonial conformément à


l’article 494 en vue d’opter pour le régime de la communauté réduite aux
acquêts, les époux peuvent établir un état général de leur actif commun et de
leurs actifs propres ainsi que des dettes communes ou propres. Cet état sera
homologué par le tribunal.
Une copie de cet état sera annexée à l’extrait du jugement soit par les
soins du greffier, soit à la diligence des époux conformément aux
dispositions de l’article 496 et restera annexée à l’acte de mariage sur lequel
mention de la modification du régime matrimonial aura été faite.

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À défaut par les époux d’établir cet état, les biens acquis ainsi que les
dettes contractées pendant l’union, avant modification, seront présumés
communs, à moins qu’il ne soit établi par des écrits antérieurs que l’un des
époux en avait la propriété ou la concession exclusive et ce, sous réserve des
dispositions spéciales relatives aux concessions foncières.
Commentaire : Cet article continue les dispositions générales des articles
494 à 496. En effet, c'est dans le cas de la mutation de la séparation des
biens ou de la communauté universelle vers la communauté d'acquêts que
des problèmes de réparation des biens s'avèrent les plus délicats. Dans la
première hypothèse, il y a lieu de distinguer les biens antérieurs ou
postérieurs au mariage, vu que ces derniers avec la communauté d'acquêts,
deviennent communs. Dans la deuxième hypothèse, la distinction se fera en
sens inverse en ce que la communauté se limitera alors aux seuls biens
acquis pendant l'union. Ce phénomène de disqualification des biens par le
fait de la mutation lorsqu'on passe d'un extrême à l'autre ou vice versa est
beaucoup plus simple. Toutefois, si de la communauté universelle on opte
pour la séparation des biens, il faudra alors partager, comme en cas de
dissolution, la communauté universelle. Notons cependant que
l'établissement de l'état des biens des époux est facultatif de telle sorte qu'en
cas d'absence de celui-ci, la règle générale de présomption des biens
communs ou indivis, selon les cas, (article 492) jouera à moins qu'une
preuve littérale antérieure ou le certificat d'enregistrement ne vienne établir
la propriété ou la concession exclusive des biens. Ici, le terme concession
englobe tout droit privatif autre que la propriété exclusivement attribuée à
l'un des deux époux.

Art. 522. — Les dispositions prévues à l’article 509 sont applicables en cas
de communauté réduite aux acquêts.
Commentaire : Le mandat entre époux, vis-à-vis de ses propres, de confier
leur gestion à l'autre est évidemment une disposition qui, comme pour la
séparation des biens, était nécessaire. Rappelons qu'à côté de cette
disposition, il y a l'article 498 des dispositions générales qui la complète
surtout pour la représentation dans l'exercice des pouvoirs que chaque
régime matrimonial attribue à chacun des époux.

Art. 523. — Les dettes dont l’un des époux est tenu grèvent ses biens
propres ainsi que les biens communs.
Les dettes contractées par les époux en vue de la contribution aux charges
du ménage sont des dettes solidaires qui engagent tant les biens communs
que les biens propres de chacun des époux.
Commentaire : Cette règle de la contribution aux dettes constitue aussi une
des caractéristiques du régime matrimonial de la communauté réduite aux
acquêts. L'esprit de la communauté doit également se manifester pour le

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passif et constitue par le fait que deux patrimoines y présentent une garantie
sérieuse pour les créanciers des deux époux.

Art. 524 : Ancien.


En cas de dissolution du mariage, s’il y a eu gestion par le mari, chacun
des époux reprend en nature les biens qui lui sont propres.

Art. 524 : Modifié.


Quel que soit le mode de gestion choisi par les conjoints, en cas de
dissolution du mariage, chacun des conjoints reprend en nature les biens qui
lui sont propres.
Commentaire : L'article 524 est à comparer à l'article510, alinéa 1er et
énonce le principe de la reprise des biens propres en nature. La modification
de cet article en en 2016 a consisté à supprimer l’allusion au fait que seul le
mari peut gérer les biens. Ainsi le groupe de mots « s’il y a gestion par le
mari » est remplacé par « Quel que soit le mode de gestion choisi par les
conjoints ».
Jurisprudence : Certains biens échappent à l’inventaire lors de la
liquidation du régime de la communauté réduite aux acquêts. Il a ainsi été
décidé qu’une société créée par les époux n’est pas assujettie aux règles
régissant la dissolution du régime matrimonial. Il s’agit d’une entité
juridique distincte de celle des associés, un patrimoine propre ne se
confondant pas aux patrimoines des associés (Tripaix Rwashi/kampemba, 11
mai 2009, RC 5971, in Les Analyses juridiques, n° 17/2009, pp. 83 et ss. cité
par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 76). Il a
aussi été décidé que les biens meubles des époux affectés à l’exploitation de
la société dont ils sont associés, deviennent des immeubles par destination ;
et échappent au partage des acquêts en application des dispositions légales
régissant la dissolution du régime matrimonial (Tripaix Rashi/Kampemba,
11 mai 2009, RC 5971, in Les Analyses juridiques, n° 17/2009, pp. 83 et ss.
cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 76).

Art. 525. — Si l’un des époux établit qu’un de ses biens propres a été aliéné
et que le prix en est tombé en communauté, il prélève, sur les biens
communs, la valeur correspondant à ce prix. La femme exerce ses
prélèvements avant le mari.
Commentaire : L'article 525 est un corollaire de l'article 517 et organise le
droit aux récompenses dû par le patrimoine de la communauté aux
patrimoines séparés des époux. Ce sera, sans nul doute, un cas fréquent.
Notons enfin, qu'en raison de la gestion maritale, le droit de prélèvement
antérieur de la femme a été consacré.

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Jurisprudence : L’époux qui se prétend créancier doit prouver


l’appauvrissement de son patrimoine et donc l’existence des fonds propres
ainsi que l’usage concret effectué pour le compte du patrimoine commun. Il
doit donc démontrer en termes simples qu’il y a eu entre patrimoines non
seulement transferts de richesses durant le régime, mais il doit aussi établir
une corrélation entre l’enrichissement d’un patrimoine – propre ou commun
– et l’appauvrissement de l’autre commun ou propre (Cass., 21 Janvier
1988, Revue trimestrielle du droit de la famille, 98, p. 575 cité par
Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 78).

Art. 526 : Ancien.


Au cas où il est établi qu’un patrimoine s’est enrichi au détriment d’un
patrimoine propre ou du patrimoine commun, le patrimoine appauvri doit
être directement indemnisé par le patrimoine enrichi, soit en nature, soit en
équivalent.
Si l’enrichissement fait au détriment d’un patrimoine résulte d’une
mauvaise administration du mari, une indemnité compensatoire peut être
demandée en justice.

Art. 526 : Modifié.


Au cas où il est établi qu’un patrimoine s’est enrichi au détriment d’un
patrimoine propre ou du patrimoine commun, le patrimoine appauvri doit
être directement indemnisé par le patrimoine enrichi, soit en nature soit en
équivalent.
Si l’enrichissement fait au détriment d’un patrimoine résulte d’une
mauvaise administration d’un des conjoints, une indemnité compensatoire
peut être demandée en justice.
Commentaire : Cet article consacre l'indemnisation d'un patrimoine
appauvri lorsqu'il a été établi que le patrimoine enrichi l'a été au détriment
d’un patrimoine propre ou du patrimoine commun. La modification de cet
article en 2016 a consisté à élaguer toute allusion à la seule gestion confiée
au mari. Ainsi le groupe de mot « mauvaise administration du mari » est
remplacé par « mauvaise administration d’un des conjoints ». Cette
modification s’inscrit dans une perspective égalitaire qui laisse entendre que
la femme peut aussi administrer et que l’administration des biens n’est pas
le seul apanage du mari.
Jurisprudence : Aux termes de l'article 1469 du code civil (français), la
récompense ne peut être moindre que le profit subsistant, quand la valeur
empruntée a servi à acquérir, à conserver ou améliorer un bien qui se
retrouve, au jour de la dissolution de la communauté, dans le patrimoine
emprunteur. Il en résulte que cette disposition ne distingue pas selon que le
bien a été acquis avant ou pendant le mariage, dès lors que le prix ou le
remboursement du prêt contracté en vue de payer a été réglé, au cours de

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régime, et de derniers communs (H. Capitant, F. Terré et Y. Lequete, Les


grands arrêts de la jurisprudence civile, Tome 1, 11ème édition, 2000, p.
436, En cause : Meynadier contre dame Ribard).

Art. 527 : Ancien.


En cas de gestion par le mari, le patrimoine foncier et immobilier du mari
est grevé d’une hypothèque pour sûreté du patrimoine de son épouse.
Le patrimoine visé est celui qui existe au moment de la dissolution du
mariage, déduction [faite] toutefois des donations qui auraient été faites par
le mari à son épouse.
Elle prend date au jour de la requête en divorce ou au jour du décès du
mari.

Art. 527 : Modifié.


En cas de gestion par l’un des conjoints, le patrimoine foncier et
immobilier du gestionnaire est grevé d’une hypothèque légale pour sûreté du
patrimoine de l’autre. Le patrimoine visé est celui qui existe au moment de
la dissolution du mariage, déduction toutefois des donations qui auraient été
faites entre époux.
L’hypothèque légale visée à l’alinéa précèdent prend date au jour de la
requête en divorce ou au jour du décès de l’un d’eux.
Commentaire : Cet article consacre l'hypothèque légale au profit de l'époux
non gestionnaire. La modification de cet article en 2016 a consisté au
remplacement de l’allusion faite à la gestion uniquement maritale. Ainsi le
groupe de mots « En cas de gestion par le mari » est remplacé par « En cas
de gestion par l’un des conjoints ». Le pronom, dans la phrase « Elle prend
date » est également remplacé par le nom « L’hypothèque légale visée … ».
Le législateur maintient l’hypothèque légale au profit du conjoint qui n’a
pas géré. Cette hypothèque profitera aussi bien au mari qu’à la femme
lorsqu’il/elle n’a pas participé à la gestion contrairement à l’ancienne
formulation qui laissait sous-entendre que la femme ne peut pas gérer les
biens alors que l’ancien article ne manquait pas de prévoir une telle
hypothèse. L’on doit regretter que le législateur ne règle pas une question du
rang de cette hypothèque en cas de conflit avec les autres créanciers
hypothécaires légaux (le sauveteur, l’Etat). Il est certain que l’hypothèque
légale du sauveteur prime toutes les autres, celle de l’Etat viendrait en
deuxième position et ensuite celle du conjoint privilégié. Cependant, même
ces hypothèques légales doivent être inscrites dans des délais précisés. Le
législateur ne donne pas ici de précision en ce qui concerne cette
hypothèque légale au préjudice d’autres créanciers hypothécaires
conventionnels. Si l’on s’en tient à la lecture de la disposition
« L’hypothèque légale … prend date… » même si l’inscription est
postérieure, l’effet rétroagit.

347
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Art. 528. — Les dettes des époux contractées avant et pendant le mariage
sur leur patrimoine propre restent propres.
En cas de dissolution, si ces dettes ont été payées par les biens communs,
conformément aux dispositions de l’article 523, alinéa premier, elles seront
calculées en valeur comme faisant partie de l’actif des biens communs.
Commentaire : A l’article 528, il est précisé que les dettes personnelles qui
étaient contractées avant et pendant le mariage restent personnelles. En cas
de dissolution, si ces dettes ont été payées par les biens communs, elles
seront calculées en valeur comme faisant partie des biens communs.

Art. 529. — En cas de dettes solidaires et si celles-ci ont été payées par un
patrimoine propre, conformément aux dispositions de l’article 523, alinéa 2,
ces dettes seront payées à ce patrimoine par le patrimoine commun et si
celui-ci ne peut en tout ou en partie apurer la dette, ce qui est et reste dû sera
payé par moitié par le patrimoine propre de l’autre époux.
Commentaire : En cas de dettes solidaires, ce sera le patrimoine commun
qui doit devenir, enfin d’analyse, le débiteur, de telle sorte que si un
patrimoine propre a été appauvri par l’apurement total ou partiel de cette
dette, il devra être remboursé. Et si, cependant, le patrimoine commun est
déficitaire, le patrimoine propre qui n’a pas payé devra apurer la moitié de
la dette, étant entendu que c’est là le profit par lui retiré. Cet article précise
ainsi le principe de l’enrichissement énoncé en des termes généraux à
l’article 526 précité.

Art. 530 : Ancien.


Après règlement du passif, le surplus du patrimoine commun est partagé
par moitié entre les époux ou leurs héritiers.
Les dispositions relatives aux successions et concernant les modalités de
partage, les rapports entre cohéritiers après le partage et les droits des
créanciers sont applicables par analogie au partage du patrimoine commun.
Si le passif est supérieur à l’actif, les époux ou leurs héritiers répondent des
dettes sur leurs biens, conformément à l’article qui suit.

Art. 530 : Modifié.


Après règlement du passif, le surplus du patrimoine commun est partagé
par moitié entre les époux ou leurs héritiers.
Les dispositions relatives aux successions et concernant les modalités de
partage, les rapports entre cohéritiers après le partage et les droits des
créanciers sont applicables par analogie au partage du patrimoine commun.
Si le passif est supérieur à l’actif, les époux ou leurs héritiers répondent des
dettes sur leurs biens.
Commentaire : L'article 530 clôt l'opération de liquidation par les règles
générales de partage par moitié. Le législateur a estimé utile pour
l'organisation du partage, de se référer mutatis mutandis aux règles

348
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organisées et prévues par le texte sur les successions, plus particulièrement


les articles 790 à 793. Le dernier alinéa prévoit, en cas de patrimoine
commun déficitaire, la transformation de ce régime en régime de séparation
par les époux ou leurs ayant-cause ensemble ou séparément. La modification
de cet article en 2016 a été de pure forme, elle consiste en la suppression du
groupe de mots « conformément à l’article qui suit » à l’alinéa 2.

Art. 531 (Abrogé)51.


Commentaire : Voir, mutatis mutandis, les commentaires que nous avons
formulés au sujet de l’article 515 du Code de la famille également abrogé.

Art. 532. — En cas de dissolution du mariage, si la gestion des biens est


organisée conformément aux dispositions de l’article 520, les articles 524,
525, 526, alinéa premier, 528, 529 et 530 restent d’application.
Commentaire : Cet article précise les règles à suivre dans le cas de gestion
séparée des propres de l'un des époux.

C) Du régime de la communauté universelle

Art. 533. — Le régime de la communauté universelle consacre entre les


époux la communauté de tous les biens, tant meubles qu’immeubles ainsi
que de leurs dettes présentes et à venir.
Resteront cependant propres aux époux, les biens mobiliers et
immobiliers qu’ils recueilleront à titre gratuit avec exclusion de communauté
et les biens qui leur sont strictement personnels ainsi que le capital
d’assurance-vie, les indemnités compensatoires d’un préjudice physique ou
moral, les rentes alimentaires, pension de retraite et d’invalidité.
Commentaire : A l’opposé du régime de la séparation des biens, le régime
de la communauté universelle met en commun tous les biens des époux.
Ainsi, les biens, immobiliers ou mobiliers, acquis ou reçus (par succession
ou donation) par les époux avant ou pendant le mariage sont communs, sauf
clauses contraires. Mais, en dépit de son universalité, la loi impose certaines
limites à la composition de ce régime. Celui-ci ne peut aller à l’encontre de
certains propres dits ‘‘irréductibles’’. Ainsi, aux termes de l’alinéa 2 de
l’article 533, ‘‘Resteront… propres aux époux, les biens mobiliers et
immobiliers qu’ils recueilleront à titre gratuit avec exclusion de

51
Si le désordre des affaires du mari, sa mauvaise gestion ou son inconduite notoire donnent
lieu de craindre que la continuation du régime de la communauté réduite aux acquêts avec
gestion par le mari ne compromette les intérêts de l’épouse, seule celle-ci pourra poursuivre
en justice la séparation des biens. Mention du jugement de séparation sera portée en marge
de l’acte de mariage à la diligence de l’épouse. Le jugement qui prononce la séparation des
biens prend effet entre les époux au jour de la demande et vis-à-vis des tiers à la date de
l’inscription marginale à l’acte de mariage. La séparation judiciaire des biens entraîne la
liquidation des intérêts des époux, suivant les dispositions des articles 510, 511, 512 et 514.

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communauté et les biens qui leur sont strictement personnels ainsi que le
capital d’assurance-vie, les indemnités compensatoires d’un préjudice
corporel ou moral, les rentes alimentaires, pension de retraite et
d’invalidité’’. La gestion de ce régime obéit aux mêmes règles que celles qui
régissent les régimes de la séparation des biens ou de la communauté
réduite aux acquêts, et sa gestion est censée être confiée au mari, avec
concertation, en vertu de l’article 490, al. 2.
Jurisprudence : Il n’est pas nécessaire de faire la distinction entre les biens
acquis à titre gratuit et ceux acquis à titre onéreux. Ils entrent tous dans la
masse commune. Il a été jugé que même les biens acquis irrégulièrement
entrent dans la communauté (Paris, 4 Août 1909, S, 1910, 2, 71 ; D.P. 1910,
2, 304 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p. 86).
Art. 534. — En cas de modification du régime de la communauté
universelle, conformément à l’article 494, la communauté universelle sera
partagée par moitié tant activement que passivement, comme en cas de
dissolution du mariage.
Les dettes contractées avant la modification du régime pourront être
poursuivies par les tiers après celle-ci, solidairement sur le patrimoine des
époux et éventuellement avant partage, sur ce qui subsiste du patrimoine
commun. Le règlement entre époux de ces dettes se fera conformément à
l’article 529.
Commentaire : La modification du régime de la communauté universelle
vers les deux autres régimes doit être assimilée au partage en cas de
dissolution, c'est-à-dire par moitié, vu que cette communauté est une
indivision générale. Il peut aussi arriver qu'après mutation, des dettes qui
ont été contractées avant celle-ci restent dues. Elles sont donc solidaires et
c'est pourquoi il était nécessaire de le dire et même d'organiser la
liquidation en partageant les droits des tiers, d'abord en répartissant la
charge entre époux, de la même façon que pour les dettes solidaires en cas
de communauté réduite aux acquêts (article 506).

Art. 535. — À la dissolution du mariage, l’actif et le passif de la


communauté sont partagés par moitié entre les anciens époux ou entre le
conjoint survivant et les héritiers de l’autre époux.
Les créances acquises avant la dissolution du mariage mais réglées par la
suite sont dues par moitié par les débiteurs aux anciens époux ou au conjoint
survivant et aux héritiers de l’autre époux.
Les dettes contractées avant la dissolution du mariage pourront être
poursuivies par les tiers solidairement, sur les patrimoines des anciens époux
ou sur ceux du conjoint survivant et des héritiers de l’autre époux.

350
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Celui qui a réglé la dette dispose d’un droit de recours contre le ou les
titulaires des autres patrimoines, en proportion de leur part, dans le partage
de la communauté.
Les dispositions relatives aux successions et concernant les modalités de
partage, les rapports entre cohéritiers après le partage et les droits des
créanciers non réglés par le présent article, sont applicables par analogie au
partage du patrimoine commun.
Commentaire : L’article 535 du Code de la famille règle la liquidation et le
partage de la communauté universelle. Le premier alinéa de cet article pose
ainsi le principe que les alinéas suivants explicitent. Ainsi, en cas de créance
non encore apurée, précise l’alinéa deuxième, les débiteurs sont tenus de
payer par moitié aux deux patrimoines bénéficiaires de la liquidation de la
communauté universelle. Le troisième alinéa de cette disposition, en
revanche, maintient la solidarité des époux au profit du tiers créancier.
Cette règle est juridiquement justifiée par la portée universelle de la
communauté. Le quatrième alinéa reprend, pour sa part, un principe de
droit commun en précisant le règlement ultérieur de la solidarité passive par
le recours du patrimoine qui a payé vis-à-vis des autres, en proportion de
leur obligation. Proportion en effet, car, s’il y a succession, les héritiers
seront tenus en proportion de leur part d’hérédité. Enfin, l'alinéa 5 se réfère
aux dispositions du droit successoral relatives au partage et à la liquidation,
procédé déjà repris pour la liquidation de la communauté réduite aux
acquêts (article 530).
Art. 536. — À la dissolution du mariage, les biens propres restent dans le
patrimoine de l’époux auquel ils appartiennent, si ceux-ci sont retrouvés en
nature ou s’il en est établi un compte distinct.
Commentaire : On sait toutefois que malgré la portée générale de la
communauté universelle, certains biens restent propres, ainsi l’article 536
précise qu’à la dissolution, ceux-ci resteront propres s’ils sont identifiables.
A contrario, les biens propres qui ne le sont plus, seront devenus communs
ainsi que les biens communs devront être partagés par moitié entre les deux
époux.
Art. 537 (Abrogé)52.
Commentaire : Voir, mutatis mutandis, les commentaires que nous avons
formulés au sujet de l’article 515 du Code de la famille également abrogé.

52
Si le désordre des affaires du mari, sa mauvaise gestion ou son inconduite notoire donnent
lieu à craindre que la continuation du régime de la communauté universelle avec gestion
confiée au mari ne compromette les intérêts de l’épouse, celle-ci pourra poursuivre en
justice la séparation des biens. Mention du jugement de séparation sera portée en marge de
l’acte de mariage à la diligence de l’épouse. Le jugement qui prononce la séparation des
biens prend effet, entre les époux, au jour de la demande et vis-à-vis des tiers à la date de
l’inscription marginale à l’acte de mariage. La séparation des biens entraîne la liquidation
des biens de la communauté conformément aux dispositions de l’article 535.

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CHAPITRE VI
DE LA DISSOLUTION DU MARIAGE

Section I. Des règles générales et des renvois

Art. 538. — Les causes de dissolution de tous les mariages ainsi que les
effets de cette dissolution sont les mêmes quelle que soit la forme selon
laquelle le mariage a été célébré.
Commentaire : Suite logique du principe établi à l'article 368, l'article 538
déclare que les causes de dissolution de tous les mariages ainsi que les
causes de dissolution sont les mêmes, peu importe que le mariage ait été
célébré en famille ou directement enregistré devant l'officier de l'état civil.
Autrement dit, la forme du mariage choisie par les époux n'a aucune
incidence sur les causes de dissolution et sur les effets de dissolution du
mariage.

Art. 539. — Le mariage se dissout:


1. par la mort de l’un des époux;
2. par le divorce;
3. par le nouveau mariage du conjoint de l’absent, contracté après le
jugement déclarant le décès de l’absent.
Commentaire : L'article 539 énumère les causes de dissolution du mariage :
la mort de l'un des époux, le divorce et le nouveau mariage du conjoint de
l'absent. En ce qui concerne cette dernière cause de dissolution, il y a lieu de
remarquer que le mariage de l'époux abandonné par l'absent emporte de
plein droit dissolution du précédent mariage, c'est-à-dire, dissolution du
mariage de l'époux abandonné avec celui dont l'absence a été constatée par
jugement.

Art. 540. — Les effets du jugement déclaratif de décès de l’absent sont régis
par les dispositions relatives à l’état civil.
Commentaire : Les effets du jugement qui déclare le décès de l'absent sont
régis par les articles 191 à 205 du présent code de la famille.

Section II. De la dissolution du mariage par la mort de l’un des époux

Art. 541. — Nonobstant toute coutume contraire, le mariage se dissout de


plein droit par la mort de l’un des époux.
Commentaire : L'article 541 proclame la dissolution de plein droit du
mariage au moment du décès du conjoint. Que le texte soit explicite à cet
égard paraît une bonne chose. En effet, traditionnellement, les coutumes (ou
du moins la plupart) ne considèrent pas que le mariage prend fin par la mort
de l'un des époux, puis que le mariage n'est pas seulement une affaire de
deux époux mais il est aussi une affaire de deux familles ; la mort de l'un des

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époux vient bien sûr bouleverser cette alliance, mais ne l'abolit pas de plein
droit. La veuve et, parfois, le veuf prennent un nouveau conjoint dans la
famille du premier. Lorsque l'on veut mettre fin à un mariage suite à la mort
de l'un des époux, il faut, selon la tradition, procéder par une technique qui
n'est autre que le divorce. Tout logiquement, certains tribunaux coutumiers
continuent jusqu'aujourd'hui à prononcer le divorce après la mort de l'un
des époux, notamment dans le cas où la veuve exprime le désir de ne pas se
remarier avec un parent de son époux défunt. Or en considération du
caractère hautement personnel du mariage, il échet de bannir cette
conception coutumière. C'est la raison pour laquelle l'article 541 dit
clairement que la mort de l'un des époux emporte de plein droit la
dissolution du mariage, même si les liens de l'alliance subsistent.

Art. 542. — Conformément à l’article 711 des dispositions relatives à la


parenté et à l’alliance, la mort de l’un des époux ne met pas fin aux liens
d’alliance créés par le mariage dissout.
Commentaire : Les liens de l'alliance subsistent malgré la dissolution du
mariage de plein droit par la mort de l'un des époux.

Art. 543. — La mort de l’un des époux ne donne lieu ni au remboursement


de la dot ni au payement du solde.
Commentaire : En cas de mort de l'un des époux, il n'y aura ni
remboursement de la dot, ni paiement du solde encore dû.

Art. 544 : Ancien.


Sera puni d’une peine de servitude pénale ne dépassant pas un mois et
d’une amende de 100 à 500 zaïres ou de l’une de ces peines seulement,
quiconque aura imposé au veuf, à la veuve ou à leurs parents un traitement
ou l’accomplissement de rites incompatibles avec la dignité humaine ou avec
le respect dû à leur liberté individuelle ou à leur vie privée.

Art. 544 : Modifié.


Est puni d’une servitude pénale principale ne dépassant pas un mois et
une amende de 125.000 à 650.000 francs congolais ou de l’une de ces peines
seulement, quiconque aura imposé au veuf, à la veuve ou à leurs parents un
traitement ou l’accomplissement des rites incompatibles avec la dignité
humaine ou avec le respect dû à leur liberté individuelle ou à leur vie privée.
Commentaire : Les articles 544 et 545 constituent un essai de répression
d'abus qui se pratiquent dans certaines provinces au moment du décès.
L'article 544 érige en infraction le fait d'appliquer, lors d'un deuil, des rites
ou des pratiques qui constituent une atteinte à la dignité ou à la liberté
individuelle du veuf, de la veuve ou de leurs parents. Ce texte est
suffisamment large pour couvrir une multiplicité de comportements

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répréhensibles. La modification de cet article en 2016 a consisté à


l’actualisation du montant de l’amende en francs congolais.

Art. 545 : Ancien.


Sont abrogées les coutumes prescrivant le payement d’une indemnité de
décès à l’occasion de la mort de l’un des époux.
Sera puni d’une peine de servitude pénale ne dépassant pas un mois et
d’une amende de 100 à 500 zaïres ou de l’une de ces peines seulement,
quiconque aura exigé ou perçu une indemnité de décès.

Art. 545 : Modifié.


Sont proscrites les coutumes prescrivant le payement d’une indemnité de
décès à l’occasion de la mort de l’un des époux.
Est puni d’une servitude pénale principale ne dépassant pas un mois et
d’une amende de 125.000 à 600.000 francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement, quiconque aura exigé ou perçu une indemnité de décès.
Commentaire : L'article 545 interdit la pratique de l'indemnité de décès et
sanctionne pénalement le fait de l'exiger du veuf ou de la veuve. Cette
disposition a connu des modifications de forme en 2016. L’expression « sont
abrogées » est remplacée par « sont proscrites ». La modification a consisté
en la modification du futur, « sera » au temps présent, « est ». La
modification a aussi porté en l’actualisation des montants de la peine en
francs congolais. Une autre modification a consisté au remplacement de
l’expression « sera puni d’une peine de servitude pénale » par l’expression
« sera puni d’une servitude pénale ».

Section III. Du divorce

Paragraphe 1er : Des règles générales et communes

Art. 546. — Le divorce résulte d’une décision judiciaire prononçant la


dissolution du mariage à la demande de l’un des époux.
Commentaire : Le code de la famille ne définit pas le mot divorce mais se
contente à l’article 546 de dire que le divorce résulte d’une décision
judiciaire prononçant la dissolution du mariage à la demande de l’un des
époux. Ceci pour marquer que la dissolution du mariage par les autorités
autre que judiciaires, notamment les autorités coutumières ou familiales, est
sans effet (art. 547 CF). Etymologiquement, le mot divorce vient du mot latin
divortium, de divertere, se séparer. L’on peut dès lors définir le divorce
comme la rupture d'un mariage, prononcée par l'autorité judiciaire sur la
demande de l'un des époux et pour les causes que la loi détermine.

Art. 547. — La dissolution du mariage par les autorités coutumières ou


familiales est sans effet.

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Commentaire : En droit traditionnel, le divorce, tout comme le mariage,


était une affaire concernant essentiellement deux familles. Le divorce était
réglé ou prononcé en famille. Cependant il n y a plus lieu de maintenir cet
aspect de la coutume. Il y plutôt lieu à renforcer le contrôle de l'Etat en
matière de divorce et ce, en vue de favoriser la stabilité du mariage. Le
contrôle de l'Etat devrait même être plus fort en matière de divorce qu'en
matière de mariage. La loi va d'ailleurs dans cette ligne: la célébration du
mariage en famille est permise tandis que la dissolution coutumière du
mariage n'est pas permise.

Art. 548. — La dissolution d’un mariage célébré en famille mais non


enregistré sera prononcée conformément aux dispositions de l’article 380 et
à celles de la présente section.
Commentaire : Que faut-il faire lorsque les parties réclament la dissolution
d'un mariage célébré en famille mais non enregistré par l'officier de l'état
civil ? Comme on le sait, le mariage célébré en famille est valide à partir de
sa célébration. L'exigence de l'enregistrement n'est pas requise à peine de
nullité ou de dissolution. En cas de non enregistrement, il y a donc mariage
et s'il y a mariage, il doit y avoir possibilité de divorce. On réfèrera à ce que
dit l'article 380, spécialement en son article 2, qui dispose que tant que le
mariage célébré en famille n’a pas été enregistré et que l’un des époux en
invoque les effets en justice, le tribunal suspend la procédure jusqu’à
l’enregistrement.

Paragraphe 2 : Des circonstances donnant droit à demander le divorce

Art. 549. — Chacun des époux peut agir en divorce en fondant son action
sur la destruction irrémédiable de l’union conjugale.
Commentaire : La seule cause de divorce admise en droit congolais est
énoncée à l'article 549 : la destruction irrémédiable de l'union conjugale
définie avec plus de précision à l'article 550 qui suit. Comme pour la notion
de destruction elle-même, ce qualificatif - irrémédiable - est également
relativement vague. Le législateur aurait pu préciser cette notion en la
faisant suivre d’un inventaire des circonstances qui peuvent constituer ou
provoquer la destruction définitive du mariage. Tel est le cas dans la
législation anglaise de 1969 ou encore aujourd’hui, dans la législation
togolaise. Il y est précisé que la destruction irrémédiable du lien conjugal ne
peut être démontrée qu’en prouvant certaines circonstances, par exemple
l’aliénation mentale ou l’adultère. Le législateur congolais n’a pas voulu,
avec raison nous semble-t-il, suivre ces exemples car, sans doute,
l’introduction de ces précisions dans la loi engendrerait le risque que la
notion de destruction irrémédiable ne soit pas bien saisie et que l’on
continue à réclamer le divorce, non pas parce que le mariage a été détruit
mais parce qu’il a eu tel ou tel événement, parce qu’il y a eu, par exemple,

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adultère, etc. On retomberait ainsi dans la conception de divorce-sanction.


Malgré cette imprécision, la condition de destruction ‘‘irrémédiable’’ reste,
à nos yeux, essentielle. En effet, si le tribunal constate qu’il y a possibilité de
reprise de la vie commune, il évitera dans un premier temps de prononcer le
divorce, ainsi il pourra être amené à débouter le demandeur de sa demande.
Se démarquant ainsi du législateur du Code civil livre 1er qui consacrait le
divorce-sanction en déterminant limitativement les causes de divorce, le
législateur du Code de la famille opte pour la conception du divorce –
remède. Contrairement au divorce - sanction qui n’admet la dissolution du
lien conjugal que dans la mesure où une faute a été commise par l’un ou
l’autre des époux, avec le divorce-remède, appelé aussi divorce-constat ou
encore divorce pour cause objective, au contraire, on prononce la
dissolution du lien conjugal dès lors que l’on peut constater la désunion du
ménage, quelles qu’en soient les causes, autrement dit que celles-ci soient
constitutives d’une faute ou non. Le divorce est indépendant de toute
considération de faute. En d’autres termes, le divorce-remède est conçu
comme un remède apporté à l’échec du mariage, ou mieux la conséquence
de l’échec du mariage, de la rupture de fait de l’union. C’est le ‘‘mariage
break dawn ’’ du droit anglais ou encore ‘‘le mariage gescheitert’’ (chaviré)
du droit allemand. Le régime juridique du divorce diffère nécessairement
selon que l’on opte pour l’une ou pour l’autre de ces conceptions. Dans le
premier cas, l’époux demandeur doit rapporter la preuve de la faute de son
conjoint et, à défaut de cette preuve, le divorce lui est refusé, dans le second,
au contraire, il suffit que la mésentente du couple soit prouvé. Entre ces
deux attitudes, le choix du législateur congolais s’est manifesté sans
ambiguïté. Après avoir opté pour le divorce-remède, le législateur du Code
de la famille s’est encore démarqué d’avec le législateur du Code civil livre
1er en éliminant toute possibilité d’une dissolution du mariage par
consentement mutuel.

Art. 550. — II y a destruction irrémédiable de l’union conjugale si le


tribunal tire des faits, la conviction que la continuation de la vie conjugale et
la sauvegarde du ménage sont devenues impossibles.
Le tribunal devra indiquer dans les motifs de sa décision, les faits et
situations d’où il déduit sa conviction que l’union est irrémédiablement
détruite.
Commentaire : Il s'agit de la situation, constatée par le tribunal, où le
ménage qui n'existe plus en fait, est brisé pour une quelconque raison. La
cause de cette destruction peut être constituée par une faute ou la
méconduite de l'un des époux. La folie, la stérilité ou l'impuissance de l'un
des époux peut avoir causé la destruction de fait du ménage, de même que
l'incompatibilité des caractères des époux. Dans ce cas, mais dans ces cas
seulement, le tribunal prononcera le divorce. Il n'est donc pas dit que des
circonstances telles que l'adultère ou la méconduite, l'abandon,

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l'impuissance ou la stérilité sont des causes de divorce. Si ces circonstances


provoquent en fait la destruction de la communauté de vie que présuppose le
mariage, le tribunal pourra prononcer le divorce. Qu'on ne dise pas que les
causes de divorce ne se limitent pas à la faute, qu'on dise plutôt qu'il n'y a
pas de causes de divorce; il n'y a qu'une seule circonstance qui permet de
demander le divorce, c'est la destruction véritable de la communauté
existant entre les époux. Comme nous l'avons dit dans les commentaires de
l'article 549, la notion de la destruction irrémédiable paraît vague, c'est
pourquoi à l'alinéa 2 de l'article 550, le législateur oblige le tribunal à
motiver sa décision en développant les faits et situations d’où il tire sa
conviction que l’avenir du mariage est irrémédiablement détruit. Cette
obligation toute spéciale de motivation, outre qu’elle veut arrêter tout
laxisme favorable à accorder le divorce, place les juridictions de fond sous
le contrôle de la Cour suprême de justice qui, en cas d’absence de
motivation ou de motivation insuffisante, pourra alors casser la décision.

Art. 551. — La séparation unilatérale qui s’est prolongée pendant trois ans
au moins constitue une présomption de la destruction irrémédiable de
l’union conjugale.
Commentaire : La séparation unilatérale de plus de trois ans constitue une
présomption de la destruction irrémédiable de l’union conjugale, dit
l’article 551 CF. Il s’agit ici d’une présomption simple car si le législateur
avait voulu le contraire il l’aurait précisé comme il l’a fait à l’article 552 du
même code s’agissant de l’absence. Ceci découle du libellé même de
l’article 551 qui consacre cette présomption. Le juge n’est donc pas tenu de
prononcer le divorce malgré l’écoulement de ce délai étant donné qu’un
époux peut rapporter une preuve contraire malgré la séparation unilatérale
de plus de trois ans.

Art. 552. — L’absence, telle que définie à l’article 176, qui s’est prolongée
pendant deux ans ainsi que la déclaration d’absence intervenue
conformément aux articles 187 et suivants, constituent une présomption
irréfragable de la destruction irrémédiable de l’union conjugale.
Commentaire : Il s’agit d’une présomption irréfragable. Il en découle
qu’aucune preuve contraire n’est admise. Il n'est donc pas permis de
démontrer l'inexistence de la conséquence déduite par le législateur du fait
connu. Le juge ne dispose d'aucun pouvoir d'appréciation. Le bénéficiaire
d'une présomption irréfragable est donc dispensé de faire la preuve de la
circonstance dont il se prévaut pour bénéficier d'un droit. Ainsi, lorsque ces
conditions sont réunies, le juge doit prononcer le divorce, dès lors que
conjoint de l’absent le sollicite.

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Paragraphe 3 : De la procédure du divorce

1. Des règles de principe

Art. 553. — La demande en divorce est introduite et jugée dans la forme


ordinaire, sauf les règles ci-après.
Commentaire : L'article 553 énonce le principe selon lequel la procédure en
matière de divorce n'est autre que la procédure normale, sauf les exceptions
prévues par la loi, c'est-à-dire les exceptions prévues par les articles 554 et
suivants.

Art. 554. — L’action en divorce n’appartient qu’aux époux. Si l’époux


demandeur est interdit, son tuteur peut en son nom demander le divorce avec
l’autorisation du conseil de famille.
Commentaire : L'article 554 énonce le principe très fondamental du
caractère personnel de l'action en divorce ; celle-ci n'appartient qu'aux
époux. Une exception est prévue en cas de divorce d'une personne interdite.
Le caractère personnel de l'action s'oppose évidemment aux tendances
traditionnelles; aussi, il a paru nécessaire de l'inscrire explicitement dans la
loi. Du caractère personnel de l'action en divorce, il en résulte que celle-ci
ne peut être exercée par les créanciers d'un époux, ni par ses héritiers.

2. Des instances de conciliation

Art. 555. — Celui des époux qui veut demander le divorce présente au
président du tribunal de paix de la résidence de l’autre époux ou de la
dernière résidence conjugale, une requête écrite ou verbale indiquant les
motifs du divorce.
Commentaire : L'article 555 décrit les premières démarches en cas de
divorce. Une requête orale ou écrite est présentée au tribunal de paix. Cette
requête, si elle ne doit revêtir aucune forme spéciale, doit cependant être
motivée. Il serait donc souhaitable que des instructions administratives
soient données pour que la requête, surtout verbal, actée par le greffier,
articule des griefs sérieux qui permettent de retenir de graves raisons de
constater une destruction irrémédiable de l'association conjugale.
D'ailleurs, la première réunion unilatérale organisée avec le requérant
devra permettre au juge-président de signaler la ténuité, le peu de
consistance de certaines requêtes.

Art. 556 : Ancien.


Le président du tribunal de paix convoque ensuite le requérant, lui
adresse à huis clos les observations qu’il estime nécessaires et convenables
et attire son attention sur la gravité de la requête introduite.

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À défaut de répondre à la convocation et sauf cas de force majeure, la


requête ne pourra être réintroduite qu’après un délai de six mois.

Art. 556 : Modifié.


Le Président du Tribunal de paix convoque ensuite le requérant, lui
adresse à huis clos les observations qu’il estime nécessaires et convenables
et attire son attention sur la gravité de la requête introduite.
A défaut de répondre à la convocation et sauf cas de force majeure, la
requête ne peut être réintroduite qu’après un délai de six mois.
Commentaire : C'est la première tentative de conciliation et elle est
unilatérale. Elle peut être souvent efficace parce que le juge-président
pourra expliquer la gravité de telle mesure, que le grief doit être établi et
surtout doit prouver que la vie conjugale n'est plus possible. Sans nul doute,
le juge-président doit veiller à ce que le requérant reste libre de sa décision
mais, cela étant, en lui ayant fait valoir les dangers et les difficultés de la
décision. La modification de cet article en 2016 a été de pure forme
puisqu’elle consiste en la modification du futur en présent.
Jurisprudence : La tentative de conciliation constitue une formalité
essentielle dont l’absence vicierait toute procédure subséquente (Elis., 20
janvier 1944, R.J., 1945, p. 20). Son omission entraîne la nullité de la
procédure (L’shi, 22 décembre 1969, R.J.C., n°3, p. 254) cités par
Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit civil congolais. Les personnes. Les
incapacités. La famille, Presses Universitaires de Lubumbashi, Les Analyses
juridiques, Lubumbashi, 2008, n°447).
Art. 557 : Ancien.
Si toutefois, le requérant persiste dans sa décision, le président du tribunal
de paix ordonne aux époux, par lettre missive avec accusé de réception, de
comparaître devant lui aux lieu, jour et heure qu’il indique.
Le requérant devra déposer au greffe copie de l’acte de mariage ainsi que,
le cas échéant, les actes de naissance et de décès des enfants des époux.
Art. 557 : Modifié.
Si toutefois, le requérant persiste dans sa décision, le Président du
Tribunal de paix ordonne aux époux, par lettre missive avec accusé de
réception, de comparaître devant lui aux lieu, jour et heure qu’il indique.
Le requérant dépose au greffe copie de l’acte de mariage ainsi que, le cas
échéant, les actes de naissance et de décès des enfants des époux.
Commentaire : L'article 557, tout comme l'article 558 qui sera commenté
plus bas, organisent en détails la rencontre des époux par une réunion
bilatérale de conciliation. Les copies des actes de naissance et de décès des
enfants des époux, plutôt que celle des enfants issus du mariage des époux,
s'avèrent nécessaires car c'est sur cette base que le "ménage" vit et s'est
organisé et que, partant les problèmes conjugaux peuvent être correctement
appréciés. Il est évident que le juge-président précisera à l'époux requérant

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cette obligation dans la citation à comparaître. La modification de cet


article en 2016 a été de pure forme puisqu’elle a consisté en la modification
du futur en présent.

Art. 558 : Ancien.


En cas de non-comparution de l’époux requérant, il est présumé s’être
désisté de sa requête sauf cas de force majeure. En cas de non-comparution
de l’autre époux, le président commet un huissier pour lui notifier une
assignation; si celui-ci ne comparaît pas à la date ainsi fixée, il est considéré
comme refusant toute conciliation.
Toutefois, si l’autre époux réside dans un autre ressort, le président peut,
s’il l’estime nécessaire, en cas de non-comparution, commettre
rogatoirement le président du tribunal de paix du ressort où réside l’autre
époux pour qu’il lui soit donné avis de la requête introduite et confirmée et
des observations qu’il a recueillies.
Le magistrat délégué acte de son côté les observations formulées par
l’autre époux.
Dès réception de celle-ci, le président du tribunal de paix commettant
convoque l’époux requérant.
Art. 558 : Modifié.
En cas de non-comparution de l’époux requérant, il est présumé s’être
désisté de sa requête sauf cas de force majeure. En cas de non-comparution
de l’autre époux, le président commet un huissier pour lui notifier une
assignation ; si celui-ci ne comparaît pas à la date ainsi fixée, il est considéré
comme refusant toute conciliation.
Toutefois, si l’autre époux réside dans un autre ressort, le président peut,
s’il l’estime nécessaire, en cas de non-comparution, commettre
rogatoirement le Président du Tribunal de paix du ressort où réside l’autre
époux pour qu’il lui soit donné avis de la requête introduite et confirmée
ainsi que des observations qu’il a recueillies.
Le magistrat délégué acte de son côté les observations formulées par
l’autre époux.
Dès réception de celles-ci, le Président du Tribunal de paix commettant
convoque l’époux requérant.
Commentaire : Faisant suite à l'article 557, l'article 558 veut à tout prix,
vis-à-vis de l'autre époux, l'amener à venir à la réconciliation et dans le cas
de très grand éloignement, une procédure facultative d'échange
d'observations tentera de suppléer la défaillance. Cette procédure sera
d'ailleurs reprise mutatis mutandis si l'époux cette fois requérant, est à
l'étranger. Par contre, la non-comparution de l'époux requérant vaudra
désistement de sa part. Cet article 558 a été cité parmi les articles modifiés
en 2016. En réalité il s'agit d'une fausse modification ou d'une modification
de pure forme : ajout de « s » au mot ‘‘celle-ci’’ dans le quatrième alinéa.

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Art. 559 : Ancien.


À l’audience indiquée, la partie ou les parties requérantes comparaissent à
huis clos devant le président du tribunal de paix et hors de la personne de
leurs conseils.
Le président, après avoir précisé les griefs du requérant et entendu les
observations de l’autre époux ou précisé celles-ci si ce dernier ne comparaît
pas, tente en amiable conciliateur de resserrer les liens conjugaux.
Il pourra, dans un but de rapprochement des époux, convoquer les
personnes qu’il estime susceptibles de favoriser celui-ci, ajourner la suite de
l’instance pour une durée maximum de six mois lorsque le rapprochement
n’est pas exclu. Ce délai d’ajournement sera obligatoirement de six mois si
les enfants sont à charge des parents. En cas de non-comparution de l’autre
époux, le délai d’ajournement lui sera notifié à la diligence du greffier.
Les décisions prises lors des audiences de conciliation unilatérales et
bilatérales ne sont pas susceptibles d’appel.

Art. 559 : Modifié.


A l’audience indiquée, la partie ou les parties requérantes comparaissent à
huis clos devant le Président du Tribunal de paix et hors de la personne de
leurs conseils.
Le Président, après avoir précisé les griefs du requérant et entendu les
observations de l’autre époux ou précisé celles-ci, si ce dernier ne comparaît
pas, tente en amiable conciliateur de resserrer les liens conjugaux.
Il peut, dans un but de rapprochement des époux, convoquer les
personnes qu’il estime susceptibles de favoriser celui-ci, ajourner la suite de
l’instance pour une durée maximum de six mois lorsque le rapprochement
n’est pas exclu. Ce délai d’ajournement est obligatoirement de six mois si les
enfants sont à charge des parents. En cas de non-comparution de l’autre
époux, le délai d’ajournement lui est notifié à la diligence du greffier.
Les décisions prises lors des audiences de conciliation unilatérales et
bilatérales ne sont pas susceptibles d’appel.
Commentaire : On peut dire que cette audience constitue un moment
important de la procédure, car elle indique le point précis où tout sera mis
en œuvre pour aboutir à reconsolider l'union. Il est d'ailleurs donné au
magistrat dans sa grave mission de réconciliation des moyens importants
laissés à son pouvoir d'appréciation: il peut convoquer des personnes
susceptibles d'aider les époux à se réconcilier, il peut surseoir à la
procédure en imposant aux époux un temps de réflexion... Quand il prendra
pareilles mesures, le juge-président aura l'opportunité d'en expliquer la
portée réelle aux deux époux qui restent encore sur leur position. Vu le
caractère intime et conciliateur de ces mesures, il paraît qu'elles ne puissent
être susceptibles d'appel. Cet article a subi une modification de forme en
2016 : le futur « pourra » est modifié au présent « peut » (al. 3).

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Art. 560. — Durant les instances de conciliation, le président peut en outre


prendre, en cas d’urgence, des mesures provisoires nécessaires relatives à la
résidence séparée des époux et celles relatives à la garde des enfants. Ces
mesures sont prises par voie d’ordonnance et sont susceptibles d’appel.
Commentaire : La désorganisation du ménage est déjà en cours dès cette
première phase de la procédure. L'article 560 habilite le juge-président à
prendre les mesures indispensables dans l'intérêt des époux eux-mêmes,
comme dans celui des enfants. Ces mesures sont appelées provisoires parce
que d'une part, elles cesseront lors du jugement définitif et qu'en attendant
elles peuvent toujours être modifiées. Mais elles sont immédiatement
applicables, même si l'un des époux fait appel.

Art. 561 : Ancien.


Le requérant qui réside à l’étranger lors du dépôt de la requête, peut la
faire remettre au président du tribunal de paix de la résidence de l’autre
époux ou de la dernière résidence conjugale par un mandataire spécial.
Le président du tribunal de paix, après avoir convoqué l’autre époux
conformément aux dispositions de l’article 558, peut par ordonnance
motivée accorder la dispense de la comparution du requérant en précisant les
circonstances justifiant réellement celle-ci.
Il actera les observations de l’autre époux, et pourra, dans le but de
resserrer les liens conjugaux, convoquer les personnes qu’il estime
susceptibles d’y aboutir pour recueillir leurs avis.
Il enverra à l’époux requérant, les observations de l’autre époux et les
avis des personnes éventuellement entendues.
Dans les six mois à dater de la réception des documents envoyés par lettre
recommandée à l’adresse du requérant, celui-ci devra déclarer qu’il
persévère ou non dans sa requête en divorce.
À défaut de donner réponse dans ce délai, le requérant est présumé se
désister de sa requête, sauf cas de force majeure.

Art. 561 : Modifié.


Le requérant qui réside à l’étranger lors du dépôt de la requête, peut la
faire remettre au Président du Tribunal de paix de la résidence de l’autre
époux ou de la dernière résidence conjugale par un mandataire spécial.
Le Président du Tribunal de paix, après avoir convoqué l’autre époux
conformément aux dispositions de l’article 558 de la présente loi, peut, par
ordonnance motivée, accorder la dispense de la comparution du requérant en
précisant les circonstances justifiant réellement celle-ci.
Il acte les observations de l’autre époux, et peut, dans le but de resserrer
les liens conjugaux, convoquer les personnes qu’il estime susceptibles d’y
aboutir pour recueillir leurs avis.
Il envoie à l’époux requérant, les observations de l’autre époux et les avis
des personnes éventuellement entendues.

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Dans les six mois à dater de la réception des documents envoyés par lettre
recommandée à l’adresse du requérant, celui-ci doit déclarer qu’il persévère
ou non dans sa requête en divorce.
A défaut de donner réponse dans ce délai, le requérant est présumé se
désister de sa requête, sauf cas de force majeure.
Commentaire : Il est certain que la procédure en divorce peut être
commencée à partir de l'étranger, vu que la compétence territoriale de la
procédure est en principe la résidence de l'autre époux. Ceci contrarie donc
gravement l'économie même de la procédure qui se veut avant tout
contradictoire. Le texte imagine une procédure qui substitue néanmoins des
mesures propres à pallier. De plus, le juge devra motiver cette dispense de
comparution. Cette motivation ne devra pas être de style. Le juge devra
constater la gravité des griefs, par exemple le fait que le déplacement est
difficile, parce que trop couteux, etc...C'est ce que le texte veut dire par la
formule "en précisant des circonstances justifiant nettement celle-ci...". C'est
aussi la raison pour laquelle l'appel est accordé à cet égard à l'autre époux.
Un délai préfixe de six mois est finalement donné au requérant pour faire
connaître sa décision finale. Suivant en cela la logique même de la
procédure préconisée, son défaut d'agir dans ce délai vaudra désistement de
sa part. La modification de cet article en 2016 a consisté en l’ajout de la
précision quant à l’article 558 cité à l’alinéa 2 par l’ajout du groupe de
mots « de la présente loi », il y a aussi l’ajout d’une virgule, le changement
du futur, « actera » en présent « acte » (al. 3), « pourra » par « peut » ;
« enverra » par « envoie » (al. 4) ; « devra » par « doit » (al. 5).

Art. 562. — Le président dresse un rapport constatant le déroulement des


instances de conciliation et leurs résultats.
Commentaire : En fin d'audience, le juge dresse un rapport du déroulement
des instances; ce rapport doit également constater s'il y a eu conciliation ou
non. La conciliation met fin à la procédure. Si la mésentente entre les époux
reprend, l'époux qui avait introduit la première requête peut invoquer, à
l'appui de la seconde requête, les griefs qu'il avait invoqués dans la
première.

3. De l’action en divorce

Art. 563. — À l’audience de conciliation au cours de laquelle le président du


tribunal de paix constate l’échec définitif de la conciliation, il fixe la date de
l’introduction de l’action en divorce devant le tribunal de paix, en tenant
compte éventuellement du délai d’ajournement.
Cette décision est notifiée verbalement et sur-le-champ aux époux.
En cas d’absence de l’époux défendeur, la décision lui sera notifiée par le
greffier.

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Si le requérant réside à l’étranger et qu’il a obtenu la dispense de


comparaître, le président fixe la date d’audience dès qu’il a reçu la décision
du requérant de continuer la poursuite de la cause.
Il lui fait notifier par le greffier la date de l’introduction de l’action en
divorce.
Commentaire : L'introduction de l'action en divorce coïncide donc avec
l'échec des devoirs de conciliation, et il appartiendra au juge-président de
saisir le tribunal de paix, par une décision de fixation d'audience, soit
verbale, si les époux sont présents, soit par notification, en cas de défaut du
demandeur se trouvant à l'étranger. En cas de délai d'ajournement, celui-ci
sera évidemment pris en considération. Relevons qu'à ce troisième stade de
la procédure, les termes demandeur et défendeur se substituent à ceux de
requérant et autre époux, marquant ainsi le passage définitif à la procédure
contentieuse.

Art. 564. — Au cas où la requête visée à l’article 555 et introduite par le


mari se situe pendant la période de grossesse de la femme, celle- ci peut
demander, après l’échec de l’instance de conciliation, au moment de
l’introduction de l’action en divorce, qu’il soit sursis à celle-ci pendant cette
période et éventuellement jusqu’à un an après la naissance d’un enfant né
vivant.
Commentaire : L’état de grossesse de l’épouse n’est pas à proprement
parler une fin de non-recevoir. Il est plutôt une fin de non procéder c’est-à-
dire une cause de surséance de l’action en divorce. En effet, si l’introduction
de l’action en divorce par le mari se situe pendant la grossesse de la femme,
celle-ci peut après constant d’échec de conciliation, demander qu’il soit
sursis à cette demande pendant cette période et éventuellement jusqu’à un
an après la naissance de l’enfant né vivant. Ce texte trouve son fondement,
avant tout, dans le cadre de la coutume qui très souvent refuse, pendant cette
période, l'introduction d'une action en divorce, parce que la charge de la
responsabilité de la grossesse et des premiers temps de la naissance,
incombe au mari. Même, certaines coutumes, sans doute discutable dans
leur rigueur peu rationnelle, présument une faute dans le chef des époux en
cas de fausse couche, d'enfants morts-nés ou d'enfants morts dans les temps
voisins de la naissance. Le deuxième motif retenu par les coutumes est que
la femme est, en cette période, en étant réel d'infériorité pour pouvoir se
défendre. Cette fin de non procéder, puisée à la source de nos coutumes,
peut être opportune pour sauver le ménage. Elle appartient exclusivement à
la femme et ne peut être soulevée d'office par le tribunal.

Art. 565. — Si le demandeur ne comparaît pas ni personne en son nom à la


date d’introduction de la cause, il est présumé s’être désisté de sa requête,
sauf cas de force majeure.

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Si le défendeur ne comparaît pas ni personne en son nom, le tribunal de


paix commet un huissier pour lui notifier une assignation et, s’il échet, le
tribunal peut, en motivant la nécessité de sa présence, ordonner qu’il soit
amené devant lui.
Commentaire : Le demandeur qui ne comparaît en personne ni par
mandataire à la date de l'introduction de la cause est présumé s'être désisté
de sa requête. Le tribunal doit décréter le désistement de l'action, sauf en
cas de force majeure. Si c'est le défendeur qui fait défaut, le tribunal
commettra un huissier pour lui notifier une citation à comparaître à une
nouvelle audience; et si le tribunal estime la présence du défendeur
indispensable, il peut même lancer un mandat d'amener à sa charge. Dans
ce cas, il est tenu de motiver cette décision. La nécessité de la présence du
défendeur peut s'expliquer, par exemple, par le fait qu'il a été défaillant lors
des instances de conciliation, sans qu'il y ait des raisons péremptoires, ou
bien parce que le tribunal entrevoit des chances sérieuses de conciliation,
etc...

Art. 566 : Ancien.


Après que le président du tribunal de paix aura fait rapport du
déroulement de la procédure préalable de conciliation, comme prévu à
l’article 562, la cause est instruite dans la forme ordinaire mais débattue à
huis clos ; le jugement est rendu en audience publique.

Art. 566 : Modifié.


Après le rapport du Président du Tribunal de paix sur le déroulement de
la procédure préalable de conciliation, comme prévu à l’article 562 de la
présente loi, la cause est instruite dans la forme ordinaire mais débattue à
huis clos ; le jugement est rendu en audience publique.
Commentaire : Cet article oblige le juge-président de faire un rapport sur le
déroulement de la procédure préalable. Le juge doit faire état des diverses
tentatives de conciliation : convocation des personnes susceptibles de
réconcilier les époux, envoi de ceux-ci devant un conseil de famille, délai
d'ajournement, etc... Si à ce stade de l'action, la procédure de divorce
s'aligne en général sur celle de droit commun, elle s'en écarte cependant sur
quelques points. On verra, en effet, que des particularités subsistent
notamment pour le régime de la preuve et pour le secret des débats. En ce
qui concerne le dernier point, on a voulu que l'instruction de la demande en
divorce puisse se faire en limitant les atteintes à l'intimité des familles et en
évitant aussi la publicité scandaleuse. C'est pourquoi les débats auront lieu
à huis clos, non seulement pour l'instruction de la demande principale mais
aussi pour certaines demandes qui se greffent à elle (pour obtenir une
pension alimentaire, par exemplaire, ou pour statuer sur la garde des
enfants). Toutefois le jugement doit être rendu en audience publique. La
disposition a subi une modification de forme en2016, la première phrase a

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subi une meilleure réécriture, il y a un ajout de « la présente loi » sur


l’article 562 pour plus de précision.

Art. 567 : Ancien.


Avant l’instruction de la cause, le tribunal pourra encore, à la demande
des parties ou même d’office, ordonner que celles- ci se présentent devant
des réunions de famille selon des modalités qu’il précise.
La conciliation intervenue en cours d’instance est constatée par le
tribunal ; elle éteint l’action.
En cas de non-conciliation, les conseils des parties étant éventuellement
entendus, le tribunal statue et peut, soit retenir l’affaire immédiatement et se
prononcer sur l’action en divorce, soit la renvoyer à une audience ultérieure
dont il indique la date.
Lorsque le demandeur n’a pas assisté au prononcé de l’ordonnance de
non-conciliation, le tribunal doit le faire convoquer pour la première
audience utile.

Art. 567 : Modifié.


Avant l’instruction de la cause, le tribunal peut encore, à la demande des
parties ou même d’office, ordonner que celles-ci se présentent devant des
réunions de famille selon des modalités qu’il précise.
La conciliation intervenue en cours d’instance est constatée par le
tribunal ; elle éteint l’action.
En cas de non-conciliation, les conseils des parties étant éventuellement
entendus, le tribunal statue et peut, soit retenir l’affaire immédiatement et se
prononcer sur l’action en divorce, soit la renvoyer à une audience ultérieure
dont il indique la date.
Lorsque le demandeur n’a pas assisté au prononcé de l’ordonnance de
non-conciliation, le tribunal le fait convoquer pour la première audience
utile.
Commentaire : Une dernière tentative de conciliation – une troisième - peut
toujours être décidée par le tribunal qui a, dans cette occurrence, les plus
larges possibilités pour en fixer l’organisation. Il est évident qu’à ce stade
de la procédure où les essais de rapprocher les deux époux auront échoué,
la décision de tenter encore une conciliation des époux devra être bien
pesée, parce qu’il ne faut pas non plus persévérer au risque de freiner
l’action déjà complètement engagée et qui doit connaître une solution. Mais,
si les chances de réconciliation sont sérieuses et si les griefs articulés sont
nettement dérisoires et qu’il y a des raisons de croire qu’une dernière
tentative pourrait vaincre une obstination déraisonnable, il apparaît que
cette possibilité accordée au tribunal revêt une très grande utilité.La
modification est de pure forme en 2016. . Le verbe conjugué au futur,
« pourra » est conjugué cette fois au temps présent, « peut » (al. 1er). Il y a

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aussi la modification de « doit le faire convoquer » en « le fait convoquer »


(al. 3).

Art. 568. — Dans le cas où le jugement sur le fond ne peut être


immédiatement prononcé, le tribunal statue à la demande des parties ou
d’office sur la résidence des époux durant l’instance, sur la remise des effets
personnels et s’il y a lieu sur la garde provisoire des enfants, sur le droit de
visite des parents, sur les demandes d’aliments et de provisions durant
l’instance et, de façon générale, ordonne, même d’office, toutes les mesures
provisoires conservatoires ou urgentes qui lui paraissent nécessaires pour la
sauvegarde des intérêts des enfants ou de chacun des époux.
S’il y a des enfants, il peut également commettre toute personne qualifiée
pour recueillir des renseignements sur la situation matérielle et morale du
ménage, sur les conditions dans lesquelles les enfants vivent, sont gardés et
éduqués et donner son avis sur les mesures à prendre quant à l’attribution
définitive de la garde.
Les mesures provisoires peuvent être modifiées ou complétées en cours
d’instance.
Les jugements qui les ordonnent sont exécutoires par provision
nonobstant tout recours.
Commentaire : Cet article règle la matière des mesures provisoires que le
tribunal peut prendre en attendant la décision définitive. Il est précisé que
ces mesures sont prises soit à la demande des parties, soit d'office. Le
premier alinéa de l'article énumère certaines de ces mesures provisoires
mais cette énumération n'est pas limitative. Le deuxième alinéa donne les
précisions sur les possibilités qu'a le tribunal de prendre les mesures
provisoires à l'égard des enfants. Le tribunal peut commettre toute personne
qualifiée pour recueillir des renseignements sur la situation du ménage. Les
alinéas 3 et 4 du même article prévoient l'application des règles
généralement admises en cette matière.
Jurisprudence : Les demandes provisionnelles sont recevables, vu leur
urgence, dès l’introduction de l’instance, même dès avant l’autorisation de
poursuivre l’action, sans qu’il y ait lieu d’examiner au préalable si cette
action est recevable (Ière Inst. Léo., 30 octobre 1950, R.J.C.B., 1951, p. 154
et autres. Un jugement allouant au cours d’une instance en divorce, une
provision alimentaire, conserve effet durant toute l’instance, même au degré
d’appel, à moins qu’une décision ne modifie la mesure provisoire ainsi
ordonnée (Cass., 30 juin 1949, Pas., I, p. 488). Elle reste due même pendant
la durée du pourvoi en cassation (Ière Inst. Elis., 30 novembre 1951,
R.J.C.B., 1952, p. 316 cité in Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo
Belge, Matières civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier
S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville,
1959, sub article 150 CCLI). Les mesures provisoires valent pour toute la
durée de l’instance et tombent dès lors que le jugement de rejet du divorce

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est coulé en force de chose jugée (Ière Inst. Léo., 11 février 1955, J.T.O.,
1956, p. 92 cité in Piron, P. et Devos, J., Codes et lois du Congo Belge,
Matières civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A.,
Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959,
sub article 152 CCLI).

Art. 569. — Pendant la procédure en divorce, chacun des époux peut faire
annuler les actes accomplis par l’autre époux en fraude de ses droits.
Commentaire : Profitant de la procédure en divorce, un époux peut
accomplir des actes susceptibles de nuire aux droits de son conjoint. Par
exemple, le mari peut pendant cette "période suspecte" faire des libéralités à
une concubine, diminuant ainsi les biens du ménage, ce qui risque de
diminuer la part de la femme à la dissolution du ménage. Autre exemple :
certains actes de disposition ne peuvent être accomplis que de l'accord des
époux. Si, profitant de cette période "suspecte", un époux accomplit seul ce
genre d'actes, il porte atteinte aux droits de l'autre. C'est la raison pour
laquelle l'article 568 prévoit que, pendant la procédure en divorce, chacun
des époux peut faire annuler les actes accomplis par l'autre époux, en fraude
de ses droits.

Art. 570. — Les demandes reconventionnelles en divorce sont introduites


par simple déclaration faite à l’audience et actées par le greffier.
Commentaire : Ce principe de la demande reconventionnelle accordée sans
forme spéciale à l'époux défendeur est un principe qui a toujours été
reconnu surtout parce que par cette voie de contre-attaque, il peut soit
annuler, soit contrebalancer les griefs inexacts ou peu fondés de l'époux
demandeur. On aurait peut-être envisagé cette ouverture de la demande
reconventionnelle plus tôt dans la procédure, par exemple à partir de la
conciliation bilatérale ? Cependant, ne serait-c pas aller manifestement à
l'encontre de l'esprit qui doit dominer cette période de conciliation où l'on
cherche avant tout de resserrer les liens conjugaux ? D'autre part, la place
qu'occupe cet article dans les différentes phases de la procédure en divorce
semble indiquer que l'introduction de la demande reconventionnelle sans
forme spéciale n'est opportune que dans la deuxième partie de la procédure.
Jurisprudence : L'action principale et l'action reconventionnelle ayant
chacune une existence propre, l'irrecevabilité ou le fondement de l'une
n’entraine pas nécessairement l'irrecevabilité ni le fondement de l'autre
(Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice, janvier 1980 à décembre
1984, p. 249, En cause : Ministère public et Ntoto Aley contre Mutombo
Nyemba).

Art. 571. — Lorsqu’il y a lieu à l’enquête, elle est faite conformément aux
dispositions du droit commun. Toutefois, les descendants et les domestiques
des époux ne peuvent être entendus comme témoins.

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Commentaire : Si les enquêtes sont menées conformément à la procédure de


droit commun, l'article 571 prévoit néanmoins des règles restrictives quant à
la matière de preuve. En effet, ce texte exclut les descendants et les
domestiques des époux comme témoins.

Art. 572. — Le tribunal peut se borner, dans une première décision, à


prononcer le divorce et réserver pour une décision complémentaire le
règlement des questions que soulève le divorce.
La décision complémentaire doit intervenir dans les six mois après celle
qui a prononcé le divorce.
Commentaire : Une fois la conviction des juges faite, ceux-ci peuvent soit
rejeter la demande en divorce soit prononcer le divorce. Si la demande en
divorce n'est pas retenue, les mesures provisoires qui avaient été prises
disparaissent et les rapports entre les époux sont immédiatement soumis de
nouveau aux obligations qui découlent du mariage. En raison de l'autorité
de la chose jugée, une nouvelle demande en divorce ne sera possible que si
d'autres faits antérieurs ou postérieurs au jugement peuvent être invoqués.
Mais si le tribunal prononce au contraire le divorce, il peut arriver que
d'autres questions qui se greffent sur la demande en divorce ne puissent pas
être réglées en même temps que le jugement ordonnant le divorce. Dans ce
cas, l'article 572 prévoit qu'une décision complémentaire réglant les
questions restées en suspens doit intervenir dans les six mois qui suivent le
prononcé du divorce. En effet, selon l’article 572 du Code de la famille, le
juge peut prononcer le divorce et réserver pour une décision ultérieure les
autres questions que soulève le divorce. Cette disposition devrait permettre
au juge notamment de recenser les biens du ménage après avoir identifié le
régime matrimonial et dissoudre ainsi le régime matrimonial. Tel n’est
cependant pas le cas dans la pratique des tribunaux congolais.
Jurisprudence : Plusieurs décisions rendues en matière de divorce dénotent
d’une mauvaise interprétation de l’article 572 du Code de la famille par les
juges congolais. Dans un cas d’espèce, monsieur MN. avait sollicité et
obtenu le divorce avec madame JN. Dans son jugement qui prononce le
divorce, le juge s’abstient de régler les questions relatives à la garde des
enfants et à la dissolution du régime matrimonial. Il réserve cette question à
une décision ultérieure sans aucune motivation, au seul motif que c’est une
faculté reconnue au juge par l’article 572 du Code de la famille. Après le
délai de six mois madame JN. saisit le tribunal pour solliciter que je juge se
prononce sur les questions laissées en suspens. Pour la défense, il y a
forclusion au motif que l’action n’a pas été introduite dans les six mois, ce à
quoi va adhérer le tribunal qui, en date du 26 avril 2007, dira l’action
irrecevable pour forclusion. Plusieurs autres décisions rendues par les
tribunaux de Kinshasa semblent aller dans ce sens. Dans la plupart des cas,
le juge saisi soutient que l’article 572 du Code de la famille soulève le
problème d’interprétation. Tel ne semble pas être notre position et ce pour

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plusieurs raisons qu’il convient de résumer en six points : Premièrement, il


n’existe aucune obligation pour le juge de se borner à prononcer le divorce
et réserver les autres questions que soulève le divorce à une décision
ultérieure. Le législateur a donné une faculté et non un impératif, et comme
la motivation des jugements est une garantie constitutionnelle, le juge
devrait motiver sa décision, justifiant les raisons qui l’empêchent de vider le
litige dont il est saisi ; Deuxièmement, et c’est la conséquence de la raison
sus évoquée, il y a le problème de l’étendue de l’office du juge. En effet, les
règles du procès équitable exigent que le juge saisi vide sa saisine en
rencontrant toutes les questions qui lui sont soumises. Le juge qui recourt
aux dispositions de l’article 572 du Code de la famille ne peut se considérer
comme dessaisi après la première décision. Comme dit supra, le législateur
semble avoir mesuré l’intérêt des questions en jeu qu’il a voulu permettre
une instruction supplémentaire après cette décision pour, notamment,
inventorier les biens du ménage, les charges y relatives (et donc les droits
des tiers), les modalités pratiques pour la garde et les autres droits des
enfants. En somme, l’office du juge n’est pas vidé par une telle décision et se
dessaisir n’est rien d’autre qu’un déni de justice avec les conséquences qui y
sont attachées ; Troisièmement, il n’y a pas lieu de considérer le délai de six
mois prévu à l’article 572 du Code de la famille comme un délai de
prescription pour la simple raison que tous les délais en droit n’emportent
pas forclusion. Sinon, que dire de la huitaine dans laquelle le jugement doit
être prononcé ; peut-on considérer qu’il y aura prescription si dans ce délai
le juge n’a pas rendu son jugement ? Que dire aussi des délais prévus en
matière des violences sexuelles et les conséquences y afférentes en termes de
prescription. Fondamentalement, la prescription est une mesure de sécurité
juridique et de paix sociale, il s’agit de ne pas remettre au débat public (à
travers le procès) des questions qui n’intéressent plus l’ordre public. Peut-
on considérer qu’en six mois le sort des enfants et des biens du ménage
n’intéressent plus la société ? Est-il concevable de considérer que les droits
extrapatrimoniaux entre parents et leurs enfants soient prescriptibles ? Il
serait, à notre avis, inconcevable que le juge pense s’acquitter de son
obligation de dire le droit en sacrifiant les droits élémentaires des enfants
déjà traumatisés par le divorce ainsi que les droits patrimoniaux des ex-
époux à l’hôtel d’une formalité rendue substantielle par une interprétation
malheureuse d’une loi pourtant conçue en faveur de la famille et de
l’enfant ; Quatrièmement, il sied de remarquer qu’en refusant de donner une
décision définitive après le délai de six mois, le juge maintient en état ses
mesures provisoires et crée ainsi une nouvelle institution qui n’est prévue
par aucun texte et qui, de surcroit, menace la famille. Ainsi, le mariage se
dissout mais ses effets sont maintenus ; Cinquièmement, le refus du juge de
se prononcer après le délai de six mois constitue l’hypothèse la plus
plausible de ce qu’on peut qualifier ‘‘d’expropriation sans cause’’ car les
biens seront, dans ce cas, acquis par celui qui en avait la maitrise -

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généralement le mari - et deviendront sa propriété. Ce mode d’acquisition


ne correspond à aucune hypothèse que la loi du 20 juillet 1973 ne consacre ;
Sixièmement, il sied de remarquer que dans un pays comme la République
démocratique du Congo où les biens du ménage sont souvent sous l’emprise
du mari, les biens immeubles qui constituent l’essentiel du patrimoine sont
enregistrés la plupart de fois au nom du mari, il en est de même des biens
meubles soumis à l’immatriculation mais aussi des comptes bancaires.
Appliquée à la lettre, cette jurisprudence ‘‘liberticide’’ revient à renier à la
femme tout droit patrimonial dans le ménage.
Dans son jugement rendu en date du 03 avril 2003 ; le Tribunal de paix de
Rwashi/Kampemba sous RC 4691/1827 a dit irrecevable pour tardiveté
conformément à cet article 572 du Code de la famille, l’action en liquidation
du régime matrimonial initiée plus de six mois après le prononcé du divorce
(Tripaix Rashi/Kampemba, RC 4691/1827, in Les Analyses juridiques, n°
10/2006, pp. 94-95 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars
2013).

Art. 573 : Ancien.


Outre les cas prévus aux articles 558, alinéa premier, 561, dernier alinéa,
l’action en divorce ne peut être introduite après le décès de l’un des époux
ou après la réconciliation des époux survenue en cours des instances de
conciliation ou après le désistement exprès de l’époux requérant.
Outre le cas prévu à l’article 565, alinéa premier, l’action en divorce
s’éteint soit par le décès de l’un des époux survenu avant que le jugement
prononçant le divorce soit devenu définitif, soit par la réconciliation des
époux survenue au cours de la procédure en divorce ou après le désistement
exprès de l’époux demandeur.
Toutefois, en cas de désistement, s’il y a eu demande reconventionnelle,
celle-ci demeure.

Art. 573 : Modifié.


Outre les cas prévus aux articles 558 alinéa 1er et 561 alinéa 6 de la
présente loi, l’action en divorce ne peut être introduite après le décès de l’un
des époux ou après la réconciliation des époux survenue en cours des
instances de conciliation ou après le désistement exprès de l’époux
requérant.
Outre le cas prévu à l’article 565 alinéa 1er de la présente loi, l’action en
divorce s’éteint soit par le décès de l’un des époux survenu avant que le
jugement prononçant le divorce soit devenu définitif, soit par la
réconciliation des époux survenue au cours de la procédure en divorce ou
après le désistement exprès de l’époux demandeur.
Toutefois, en cas de désistement, s’il y a eu demande reconventionnelle,
celle-ci demeure.

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Commentaire : Il y a extinction de l'action en divorce et par conséquent fin


de non recevoir en cas de décès de l'un des époux ou de la réconciliation des
époux ou en cas de désistement. La réconciliation a un effet radical : quelle
que soit la cause pouvant être invoquée, la réconciliation produit, selon le
cas, les effets suivants : elle fait obstacle à la requête ou si elle intervient
après celle-ci, elle met fin à la procédure, elle éteint l'action. Même si les
époux ne l'ont pas invoquée, la réconciliation peut être soulevée d'office par
le tribunal. Quant au désistement, il peut être légal ou volontaire selon la
période de la procédure. Le premier alinéa précise qu'en cas de désistement
la demande reconventionnelle demeure. La modification de cette disposition
en 2016a été de pure forme puisqu’elle a consisté en la suppression des
virgules (al. 1er) et à préciser qu’il s’agit de l’alinéa 6 de l’article 561 « de
la présente loi ».
Jurisprudence : En matière de divorce, la réconciliation est une exception
d’ordre public, qui peut être opposée en tout état de cause. Elle implique le
pardon de l’époux coupable et éteint ainsi la demande en divorce (Elis., 14
novembre 1925, Kat., II, p. 29 et autres cité in Piron, P. et Devos, J., Codes
et lois du Congo Belge, Matières civiles, commerciales, pénales, Maison
Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo
Belge, Léopoldville, 1959, sub article 156 CCLI).La réconciliation n’est pas
un acte unilatéral de l’époux offensé ; elle consiste dans un accord des
volontés des conjoints, l’offensé octroyant le pardon et le coupable
l’acceptant en manifestant la volonté de ne pas retomber dans les erreurs
antérieures. La continuation de relations injurieuses exclut pareille volonté
de s’amender (Cass., 14 mai 1954, J.T., p. 499).La partie qui invoque la
réconciliation doit l’établir. Le seul fait de la continuation de la
continuation de la vie commune après le fait allégué ne constitue pas à lui
seul une présomption suffisante (Ière Inst. Léo., 26 février 1941, R.J.C.B., p.
193).Constituent un désistement déguisé, des exceptions opposées par
l’appelant à la recevabilité de son propre appel. Ces moyens ne peuvent être
accueillis (Elis., 15 octobre 1957, J.T.O., 1958, p. 124) cités in Piron, P. et
Devos, J., Codes et lois du Congo Belge, Matières civiles, commerciales,
pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A., Bruxelles et Editions des Codes et
Lois du Congo Belge, Léopoldville, 1959, sub articles 156 et 157 CCLI.

Art. 574. — Sauf circonstances exceptionnelles et lorsque le président ou le


tribunal est convaincu que la conciliation est exclue, le divorce ne peut être
prononcé dans les deux années qui suivent la célébration du mariage.
Commentaire : Afin de donner au mariage la stabilité voulue par le
constituant, cet article prévoit qu'en principe le tribunal ne peut prononcer
le divorce dans les deux années qui suivent la célébration du mariage, sauf
circonstances exceptionnelles qui doivent être relevées et si le juge-président
ou le tribunal est convaincu que la conciliation est devenue impossible.

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4. De l’appel et de la publicité

Art. 575. — En cas d’appel, la cause est débattue en chambre du conseil et


le jugement rendu en audience publique.
Les demandes reconventionnelles peuvent être formées en appel sans être
considérées comme demandes nouvelles.
Les voies de recours ordinaires ou extraordinaires exercées contre les
décisions rendues en matière de divorce ont, ainsi que leurs délais, un effet
suspensif.
Le jugement qui prononce le divorce n’est pas susceptible
d’acquiescement.
Commentaire : Le jugement accordant ou rejetant le divorce est susceptible
de recours : les voies de recours ordinaires et extraordinaires sont ouvertes
aux parties. La procédure en appel se déroule à huis clos à l'instar de la
procédure au premier degré et ce pour les mêmes raisons. Dérogeant au
droit commun, l'alinéa 2 de l'article 575 prévoit que les demandes
reconventionnelles peuvent être formées en appel, sans être considérées
comme demandes nouvelles. Le texte n'exigeant rien de spécial, les
demandes nouvelles peuvent sans doute être introduites par voie de simples
conclusions. L'alinéa 3 de l'article 575 a trait à l'effet suspensif des voies de
recours et des délais pendant lesquels elles peuvent être exercées. En raison
de la gravité des conséquences du divorce pour les époux, les enfants et les
tiers, le texte prévoit que l'exercice d'une voie de recours ainsi que les délais
eux-mêmes pendant laquelle la voie de recours est possible ont un effet
suspensif. L'état des personnes étant indisponible, l'alinéa 4 prévoit que le
jugement qui prononce le divorce n'est pas susceptible d'acquiescement.
Bref, les époux ne retrouvent donc leur liberté qu'au moment où les voies de
recours auront été épuisées, ou lorsque le délai du pouvoir aura expiré.
Même alors les anciens époux ne pourront se prévaloir du jugement de
divorce à l'égard des tiers que moyennant publicité. Celle-ci est organisée à
l'article 576 ci-après.
Jurisprudence : Viole l’article 575 alinéa 1 du Code de la famille, le juge
d’appel auquel il est reproché d’avoir tenu des débats de la cause en
audience publique au lieu de l’être en chambre du conseil (CSJ, 29 janvier
1998, RC 2204, Affaire Ngwaliba Mobangi C/Iyeti Bowuya, Bulletin des
arrêts de la Cour Suprême de Justice années 1990 à 1999, éd. 2003, pp.
322-325).

Art. 576. — Dans le délai d’un mois à compter de la date à laquelle la


décision de divorce n’est plus susceptible de voie de recours, le greffier
remet à chacun des époux un extrait du jugement.
Il fait parvenir à l’officier de l’état civil du lieu où le mariage a été
célébré une expédition du même jugement, aux fins de transcription du
dispositif sur les registres de l’état civil du lieu de célébration du mariage, en

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marge de l’acte de mariage et de l’acte de naissance des anciens époux,


conformément aux dispositions relatives à l’état civil.
Mention du divorce est portée au livret de ménage par les soins du
greffier du tribunal de paix qui a rendu la décision devenue définitive.
Lorsque l’un des époux est commerçant, mention du divorce est portée au
registre de commerce dans le même délai.
Les mentions prescrites aux alinéas précédents peuvent être requises
directement par les parties, sur présentation de l’extrait du jugement et d’un
certificat délivré par le greffier attestant que la décision n’est plus
susceptible de voie de recours.
Commentaire : Afin de permettre aux tiers de connaître le nouvel état des
anciens époux, cet article montre la manière dont le divorce doit faire l'objet
de publicité. Celle-ci est organisée de la façon suivante. D'abord, une
expédition du jugement sera envoyée aux officiers compétents de l'état civil
qui devront transcrire le dispositif du jugement du divorce sur leurs registres
en marge de l'acte du mariage et des actes de naissance de chacun des
anciens époux. Ensuite, mention du divorce est portée au livret de famille
ainsi qu'au registre de commerce si l'un des époux est commerçant.

Art. 577. — Le jugement prend effet à dater:


1. du jour où il n’est plus susceptible de voie de recours en ce qui concerne
les effets personnels du mariage entre les époux;
2. du jour de la requête en divorce en ce qui concerne les rapports
matrimoniaux entre les époux;
3. du jour de sa mention en marge de l’acte de naissance en ce qui concerne
les tiers.
Commentaire : Cet article précise la date des effets du jugement de divorce.
Une distinction est faite selon qu'il s'agit des effets personnels du mariage
entre les anciens époux, ou selon qu'il s'agit de leurs rapports pécuniaires
ou qu'il s'agit des rapports avec les tiers. Cet article 577 détermine donc de
manière précise à partir de quel moment le jugement de divorce produit ses
effets : A l’égard des époux c’est-à-dire s’agissant des effets personnels des
époux, le jugement de divorce produit ses effets du jour où il n’est plus
susceptible de voies de recours c’est-à-dire lorsque le jugement est coulé en
force de la chose jugée. S’agissant des rapports matrimoniaux entre époux,
le jugement produit ses effets au jour de la requête en divorce. En effet, le
législateur a voulu éviter que, durant l’instance de divorce un époux dissipe
impunément les biens communs ou propres. A l’égard des tiers, le jugement
de divorce produit ses effets lorsqu’il est transcrit en marge de l’acte de
naissance des époux.

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Paragraphe 4 : Des effets du divorce

Art. 578. — Le divorce dissout le mariage et met fin aux devoirs


réciproques des époux et à leur régime matrimonial.
Chacun des époux peut contracter une nouvelle union sous réserve des
dispositions de l’article 355.
Commentaire : Le divorce entraine la dissolution du lien conjugal; les
époux cessent d'être mari et femme. Il se crée pour eux un état nouveau.
Chacun reprend sa liberté. L'homme peut immédiatement se remarier si le
jugement prononçant le divorce n'est plus susceptible de voie de recours.
Quant à la femme elle est tenue de respecter, malgré la forclusion de voie de
recours, le délai d'attente, à moins qu'elle ait obtenu une dispense. La
dissolution du lien conjugal a comme conséquence normale la cessation des
devoirs réciproques des époux : les anciens époux ne sont plus tenus à
cohabiter, l'obligation de fidélité disparaît de telle sorte que l'enfant né de la
femme plus de trois cents jours après la dissolution du mariage ne peut plus
être présumé l'enfant de l'ancien mari. Les devoirs d'assistance et de secours
disparaissent également, sous réserve de ce qui sera dit à l'article 582. La
disparition du lien conjugal emporte la disparition du régime matrimonial.
Chacun des époux reprend ses biens propres; s'il y a un patrimoine commun,
il est procédé à sa liquidation.

Art. 579. — Le remboursement de la dot se fera conformément à la coutume


des parties; toutefois, le mari peut toujours renoncer à demander le
remboursement de la dot.
Dans tous les cas, le tribunal apprécie la demande de remboursement de
la dot et peut soit refuser celui-ci, soit ordonner le remboursement partiel,
notamment en cas de présence d’enfants, en cas de mariage de longue durée
ou si l’épouse est inapte au travail.
Commentaire : Quel est le sort de la dot après le divorce? A cette question,
l'article 579 s'en remet à la coutume des parties, tout en ajoutant que dans
tous les cas, le mari peut toujours renoncer à demander le remboursement
de la dot. Mais au cas où le mari ou les membres de sa famille réclament le
remboursement de la dot, le tribunal n'est pas tenu d'ordonner le
remboursement intégral de la dot. Il peut, selon le cas, soit refuser le
remboursement, soit ordonner le remboursement partiel, notamment lorsque
la femme a eu des enfants, ou lorsque le mariage a été de longue durée ou si
l'épouse est inapte au travail soit par vieillissement soit pour raison de
maladie, etc.

Art. 580. — Les libéralités faites entre deux époux à l’occasion ou pendant
le mariage sont régies conformément au droit commun.

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Commentaire : C'est au droit commun, c'est-à-dire à la législation sur les


donations et les successions qu'il faut se référer pour connaître le sort des
libéralités que les époux se sont faites à l'occasion ou au cours du mariage.

Art. 581. — En tenant compte de toutes les circonstances, le tribunal peut


accorder à l’époux désavantagé par le divorce, une quotité de biens sur les
fonds propres de l’autre époux, indépendamment de la liquidation du régime
qui les régissait au moment du divorce.
Le tribunal décide, selon les circonstances de la cause, si cette quotité
doit être versée en une seule fois ou par fractions échelonnées.
Commentaire : A l’issue du divorce les deux conjoints peuvent se trouver,
du fait du règlement de leurs intérêts pécuniaires, dans des situations
matérielles pour les moins différentes. Or, il n’est pas nécessairement
équitable de laisser cette différence dans l’état. Il se peut, en effet, que la
situation matérielle défavorable de l’un des époux soit due au fait qu’il se
consacrait à l’activité commune, dont l’autre a recueilli les fruits essentiels.
Ce sera le plus souvent le cas de la femme qui se trouve sans profession ou
formation professionnelle, après s’être consacrée durant le mariage à
l’entretien du foyer et à l’éducation des enfants. Cette situation ne lui
apportait pas préjudice pendant le cours du mariage en raison de l’existence
du devoir de secours dont elle bénéficiait et qui pesait sur son mari.
Cependant, la disparition de ce devoir peut rendre très précaire sa situation.
Aussi, le législateur a-t-il aménagé certaines compensations en faveur de
l’époux qui se trouve dans un état matériel inférieur. C’est ce que nous nous
avons qualifié des exceptions à la ‘‘conséquence normale du divorce’’. La
première exception découle de l’article 581 du Code de la famille qui
prévoit la possibilité pour le tribunal d’accorder à l’époux désavantagé par
le divorce – c’est généralement la femme – une quotité des biens sur les
fonds propres de l’autre époux. Il s’agit, selon les termes de la loi, d’une
possibilité et non d’une obligation que le juge peut ne pas retenir. Il s’agit
de ce que l’on qualifie de la prestation compensatoire. Cette mesure consiste
en une indemnité payée par l'époux le plus favorisé financièrement au profit
de l'autre. Cette prestation est destinée à compenser, autant qu'il est
possible, la disparité que la rupture du lien conjugal crée dans les
conditions de vie respectives des époux. Cette technique héritée et connue de
la coutume sous la dénomination d’ ‘‘ indemnité de réadaptation’’ - mais
qui s’en distingue en ce que l’époux désavantagé peut être aussi bien
l’homme que la femme - vise à permettre de rétablir l’équilibre rompu par le
mariage, d’éliminer les situations qui risquent d’être inéquitables et de
donner à l’époux désavantageux par le divorce la possibilité de s’adapter à
son nouvel état de personne seule. Cette technique vise ainsi plusieurs
objectifs : compenser le partage en cas de régime de séparation des biens,
aider la femme divorcée à refaire sa vie ; récompenser les efforts faits par la
femme durant la vie commune, etc.

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Jurisprudence : L'indemnité compensatoire présente un caractère


indemnitaire, elle présente aussi un caractère alimentaire. Dans ce cas, c'est
à bon droit que faisant application de l'article 2092-2-2 du code civil
(français) à une rente allouée à titre de prestation compensatoire, une cour
d'appel (française) l'a déclaré insaisissable et a prononcé la nullité de la
saisie-arrêt pratiquée sur cette rente (H. Capitant, F. Ferré et Y. Lequette,
Les grands arrêts de la Jurisprudence civile, Tome 1, 11ème Edition, Dalloz,
2000, p. 192, En cause : C....contre Dame B.)..

Art. 582 : Ancien.


La femme divorcée conserve le droit de recevoir secours de l’homme
pendant la période de grossesse et pendant l’année qui suit la naissance de
son enfant si la grossesse a commencé avant le divorce.
La femme perd le droit au secours si la non-paternité du mari est établie
judiciairement.
Dans le cas où la femme a bénéficié des avantages fixés à l’article 581, il
n’y a pas lieu à application de ce droit de secours temporaire.

Art. 582 : Modifié.


La femme divorcée conserve le droit de recevoir secours de l’homme
pendant la période de grossesse et pendant l’année qui suit la naissance de
son enfant si la grossesse a commencé avant le divorce.
La femme perd le droit au secours si la non paternité du mari est établie
judiciairement.
Dans le cas où la femme a bénéficié des avantages fixés à l’article 581 ci-
dessus, il n’y a pas lieu à application du droit de secours temporaire prévus à
l’alinéa premier.
Commentaire : La deuxième exception à l’effet naturel du divorce est prévue
à l’article 582 modifié du Code de la famille. Il s’agit en d’autres termes du
prolongement de l’obligation de secours en période de grossesse. En effet, le
législateur du Code de la famille, ayant rejeté le principe d’octroi d’une
pension alimentaire après le divorce, admet néanmoins que l’ancien époux
vienne au secours de son ancienne épouse dans cette circonstance
particulière de divorce. Cette mesure, conforme à l’esprit de la coutume, se
justifie en raison de l’état de faiblesse dans lequel pareille femme se trouve.
Cette pension n’est pas à confondre avec celle versée par l’ancien mari pour
l’entretien de l’enfant. Ce droit de secours durant la grossesse cesse dans
deux cas : si la non-paternité est établie judiciairement ou si la femme a
reçu, en application de l’article 581 précité, une quotité des biens sur les
fonds propres de son ancien mari.En 2016 une modification de forme est
portée à cette disposition. Elle consiste en la suppression d’un trait d’union
au mot « non-paternité » de l’alinéa 2. Il faut également ajouter qu’une
précision est portée à l’article 581 par l’ajout de « ci-dessus » derrière cet
article à l’alinéa 3.

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Art. 583. — À la demande de l’un des époux qui occupe au moment de la


transcription du jugement, une maison appartenant en tout ou en partie à
l’autre époux, le tribunal de paix peut disposer qu’il occupera la maison et
usera des meubles meublants pendant six mois après la transcription de la
décision.
Les actes posés par l’autre époux en violation de la décision prise en
vertu de l’alinéa précédent ne sont pas opposables à l’ancien époux qui l’a
obtenue.
Commentaire : La troisième exception à l’effet naturel du divorce concerne
l’usage provisoire de l’ancienne maison conjugale. En effet, le divorce une
fois prononcé, il peut arriver que d’autres questions qui se greffent sur la
demande de divorce – notamment la pension alimentaire, la garde des
enfants – ne puissent être réglées en même temps que le jugement
prononçant le divorce. Dans ce cas, l’article 572 prévoit qu’une décision
complémentaire réglant les questions restées en suspens doit intervenir dans
les six mois qui suivent la décision du divorce. En attendant et à la demande
de l’un des époux, le tribunal peut disposer qu’il occupera en tout ou en
partie la maison appartenant à l’autre époux. C’est ce qui résulte de
l’article 583 du Code de la famille.

Art. 584. — La garde et l’autorité parentale sur les enfants issus du mariage
sont attribuées par le tribunal conformément aux dispositions relatives à la
capacité et par les articles 585 à 589.
Commentaire : Cet article renvoie l'organisation de la garde et de l'autorité
parentale sur les enfants issus du mariage aux articles 585 et 589 qui
suivent.

Art. 585 : Ancien.


Jusqu’au moment du jugement prononçant le divorce, les père et mère
peuvent conclure sur la garde de leurs enfants mineurs un accord qui sera
soumis à l’homologation du tribunal.
À défaut de la convention homologuée établie par les parents, le tribunal
confiera pour le plus grand avantage des enfants la garde de ceux-ci à l’un
ou l’autre des époux ou même à une tierce personne.
Cette décision peut être prise soit sur la demande des époux, soit sur celle
du Ministère public, soit même d’office.
Art. 585 : Modifié.
Jusqu’au moment du jugement prononçant le divorce, le père et la mère
peuvent conclure sur la garde de leurs enfants mineurs un accord qui sera
soumis à l’homologation du tribunal.
A défaut de la convention homologuée établie par les parents, le tribunal
confie, pour le plus grand avantage des enfants, la garde de ceux-ci à l’un ou
l’autre des époux ou même à une tierce personne.

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Cette décision peut être prise soit sur la demande des époux, soit sur celle
du Ministère public, soit même d’office.
Commentaire : On estime que l'intérêt des enfants peut être servi par des
conventions à l'amiable qui peuvent intervenir entre les parents. C'est ce qui
est prévu à l'article 585 qui dispose que les parents peuvent, jusqu'au
moment du jugement prononçant le divorce, conclure un accord sur la garde
de leurs enfants, accord qui sera soumis à l'homologation du tribunal. A
défaut des conventions entre les parents, la garde des enfants sera confiée
par le tribunal à l'un ou l'autre des époux ou même à une tierce personne. Le
tribunal sera guidé par la recherche du plus grand avantage des enfants.
Notons dès à présent que la garde des enfants constitue une mesure qui, par
essence même, est toujours susceptible de révision. Ce point sera d'ailleurs
généralisé à l'article 588. La modification est de forme de cet article en
2016 a consisté à remplacer l’expression « les père et mère » par « le père
et la mère » ainsi que le futur « le tribunal confiera » en présent « le tribunal
confie ».

Art. 586 : Ancien.


Quelle que soit la personne à laquelle la garde des enfants est confiée, les
père et mère conservent respectivement le droit de surveiller l’entretien et
l’éducation de leurs enfants et sont tenus d’y contribuer en proportion de
leurs facultés.
Le divorce ne les prive pas des pouvoirs que la loi leur confère en matière
de consentement au mariage, à l’émancipation et à l’adoption de leurs
enfants.

Art. 586 : Modifié.


Quelle que soit la personne à laquelle la garde des enfants est confiée, le
père et la mère conservent respectivement le droit de surveiller l’entretien et
l’éducation de leurs enfants et sont tenus d’y contribuer en proportion de
leurs facultés.
Le divorce ne les prive pas des pouvoirs que la loi leur confère en matière
de consentement à l’émancipation prévue à l’article 289 de la présente loi et
à l’adoption de leurs enfants.
Commentaire : L'article 586 prévoit que, quelle que soit la personne à
laquelle les enfants sont confiés, les père et mère conservent respectivement
le droit de surveiller l'entretien et l'éducation de leurs enfants en même
temps qu'ils sont obligés d'y contribuer. Ces droits et obligations résultent,
en principe, non pas du mariage mais des règles de filiation par lesquelles
les père et mère des enfants issus dans et hors mariage sont tenus de
surveiller l'entretien de leurs enfants et de pourvoir à leur éducation. A la
différence du droit de garde qui, par le fait du divorce, est nécessairement
divisible, les droits et obligations d'entretien et d'éducation restent
indivisibles et doivent, en réalité, se partager entre les époux

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proportionnellement à leurs moyens et à leurs facultés. En outre, malgré le


divorce les parents doivent tous les deux consentir au mariage; de même ils
gardent leurs prérogatives reconnues par la loi en ce qui concerne
l'émancipation et l'adoption. Ce sont là des manifestations concrètes de
l'autorité parentale sensu lato, généralement admises. La modification de cet
article en 2016 a consisté en la suppression de toute allusion faite au
mariage des enfants. Nous pensons que le concept « enfants » utilisé dans
cette disposition renvoie nécessairement aux mineurs au vu du contexte. Il y
a également une modification de forme sur l’expression « les père et mère »
qui est remplacée par « le père et la mère ».

Art. 587. — À la demande des époux ou anciens époux ou de l’un d’eux, le


tribunal peut prendre des mesures concernant les rapports entre les enfants
mineurs et celui ou ceux de leurs père et mère qui ne sont ou ne seront pas
chargés de leur garde.
Commentaire : Lorsque un parent ou les deux n'ont pas la garde, et à leur
demande, le tribunal peut prendre des mesures concernant les rapports avec
leurs enfants encore mineurs.

Art. 588. — Les dispositions concernant la garde, l’entretien et l’éducation


des enfants ainsi que celles relatives au droit de visite, peuvent toujours être
révisées en considération du plus grand avantage des enfants, à la demande
du père, de la mère ou du Ministère public.
Commentaire : L'article 588 prévoit que les arrangements ou les décisions
prises en matière de garde ou d'entretien des enfants ainsi qu'en matière de
visite peuvent toujours être révisés. Il échet de relever que cet article
distingue nettement l'obligation d'éducation de celle d'entretien. Les
personnes susceptibles de demander la révision de ces mesures ont été
limitées au père et à la mère et au ministère public, étant entendu que les
autres membres de la parenté pourront intervenir par l'intermédiaire du
ministère public.

Art. 589 : Ancien.


Lorsque le tribunal prend une décision se rapportant aux enfants mineurs,
il peut les entendre s’il l’estime nécessaire.

Art. 589 : Modifié.


Lorsque le tribunal prend une décision se rapportant aux enfants
mineurs, il les entend en tenant compte de leur âge et de leur degré de
maturité, avec l’assistance d’une personne exerçant sur eux l’autorité
parentale ou de l’assistant social.
Commentaire : L'article 589 introduit une certaine originalité. Il vise à
reconnaître à l'enfant dont le sort est déterminé à l'occasion du divorce de
ses parents le droit d'être entendu par le tribunal qui s'apprête à statuer sur

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son sort. Le texte ne précise pas l'âge à partir duquel les enfants pourraient
être entendus. Toutefois, on peut considérer que lorsque l'enfant n'a pas
encore atteint l'âge de raison, il n'y a aucune opportunité à devoir entendre.
Par contre dans la période se situant entre 7 et 14 ans, époque où se situe
plus ou moins la puberté, l'audition des enfants pour ces problèmes s'avère
extrêmement délicate et peut provoquer parfois certains traumatismes
préjudiciables. Il appartiendra donc aux tribunaux de se montrer
particulièrement prudents pour cette période d'âge. Enfin, c'est surtout à
partir de l'âge de 14 ans que les problèmes qui touchent aux enfants peuvent
être débattus avec bonheur en leur présence ou en demandant leur avis. La
modification de cet article en 2016 a porté sur l’obligation du juge à
entendre les enfants mineurs lorsqu’il prend une décision qui les concerne.
L’ancienne formulation de cette disposition laissait au juge la possibilité
d’apprécier si c’est nécessaire d’entendre les mineurs.

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TITRE II
DE LA FILIATION

CHAPITRE Ier
DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Art. 590. — Nul ne peut, par convention contraire, déroger aux règles
relatives à l’établissement et aux conséquences de la filiation.
Le droit commun des preuves ne peut être appliqué en matière de filiation
qu’en conformité avec les dispositions du présent titre.
Commentaire : Cet article souligne le caractère impératif et d'ordre public
des règles qui organisent la filiation.

Art. 591 : Ancien.


Tout enfant zaïrois doit avoir un père.
Nul n’a le droit d’ignorer son enfant, qu’il soit né dans le mariage ou hors
mariage.
Les dispositions du présent titre devront s’interpréter conformément aux
principes ci-dessus énoncés.

Art. 591 : Modifié.


Tout enfant congolais a un père et une mère.
Nul n’a le droit d’ignorer son enfant, qu’il soit né dans le mariage ou hors
mariage.
Les dispositions du présent titre s’interprètent conformément aux
principes ci-dessus énoncés.
Commentaire : Cet article traduit l'option politique fondamentale selon
laquelle tout enfant doit avoir un père. Cet article a été modifié en 2016 et
cette modification a été d’abord de forme puisqu’elle a consisté à remplacer
« doit avoir un père » par « a un père ». Ensuite, le législateur a décidé que
tout enfant doit avoir également une « mère ». Cependant, nous devons
constater que seule l’institution de « père juridique » est consacrée. Le
législateur aurait dû aller au bout de la logique et prévoir aussi une
institution de « mère juridique ». Une comparaison peut être faite en ce sens
avec l’article 649 du Code de la famille, dont commentaires.

Art. 592. — L’intérêt supérieur de l’enfant prévaudra dans l’établissement et


les contestations relatives à sa filiation.
Commentaire : Dans toutes les décisions à prendre concernant la filiation
de l'enfant, l'on devra avoir en comme fil conducteur l'intérêt supérieur de
l'enfant. En ce sens voir aussi les articles 6, 18, 47, 111, 120 et 176 de la loi
n° 09/008 du 10 janvier 2009 portant protection de la famille.

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Art. 593 : Ancien.


Toute discrimination entre Zaïrois, basée sur les circonstances dans
lesquelles leur filiation a été établie, est interdite.
Les droits prévus par la présente loi doivent être reconnus à tous les
enfants zaïrois, sans exception aucune.

Art. 593 : Modifié.


Les droits prévus par la présente loi sont, sous réserve de la réciprocité en
ce qui concerne les étrangers, reconnus à tous les enfants vivant sur le
territoire congolais sans exception aucune.
Toute discrimination entre Congolais basée sur les circonstances dans
lesquelles leur filiation a été établie, est interdite.
Commentaire : Cet article, de même que l'article 641, organisent l'égalité
de tous les enfants en matière de filiation, ce qui impliquent : l'absence
d'entrave à l'établissement de la filiation (art. 641) et le refus de maintenir
ou d'introduire des différences de statut en matière de filiation et notamment
le rejet de la distinction entre enfant légitime et enfant naturel (art. 643). La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’ordre des alinéas qui a été
renversé. Il faut ajouter que l’alinéa 1er introduit une condition de
« réciprocité » pour que soient reconnus des droits à tous les enfants
étrangers vivant sur le territoire de la RDC. Cette condition est critiquable
d’autant plus que l’application des conventions en matière de droits de
l’homme n’est pas soumise à la réciprocité.

Art. 594. — La loi présume que l’enfant a été conçu pendant la période qui
s’étend du trois centième au cent quatre-vingtième jour inclusivement, avant
la date de la naissance.
La conception est présumée avoir eu lieu à un moment quelconque de
cette période, suivant ce qui est demandé dans l’intérêt de l’enfant.
Commentaire : Cet article fait suite à l’article 211 que nous avons
précédemment analysé et qui consacre la fiction infans conceptus pro nato
habetur quoties de commodies jus agitur. Selon cette fiction lorsque l’enfant
est simplement conçu, il est susceptible de recueillir des droits, on peut le
considérer comme ayant acquis la personnalité civile dès sa conception.
Cependant, la faculté d’acquérir des droits dès la conception suppose une
détermination précise de l’instant de celle-ci pour prouver son antériorité au
droit recherché. La loi fournit deux présomptions, l’une pour la période de
conception, l’autre pour son instant précis (art. 594 CF) : Un enfant est
présumé conçu entre le 300ème et le 180ème jour précédant la naissance. Cet
intervalle correspond à la durée moyenne d’une grossesse. La preuve
contraire est inadmissible (art. 594 al. 1). Un enfant est présumé avoir été
conçu au moment qui lui est le plus favorable, compte tenu de l’objet de sa
demande ou du moyen de défense proposé par lui (présomption dite omni
meliore momento). En d’autres termes, il choisit la date précise de sa

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conception en fonction de son intérêt et pourra, par exemple, la fixer à la


veille de l’ouverture d’une succession à laquelle il peut prétendre si ce jour
est compris dans la période légale de conception. Cette présomption est
également irréfragable (art. 594 al. 2).

CHAPITRE II
DE L’ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONTESTATION DE LA
FILIATION MATERNELLE

Art. 595. — La filiation maternelle résulte du seul fait de la naissance.


Elle s’établit soit par l’acte de naissance, soit par une déclaration
volontaire de maternité, soit par une action en recherche de maternité.
Commentaire : Cet article détermine les modes d'établissement de la
filiation maternelle que les articles suivants précisent.

Art. 596. — L’indication du nom de la mère sur l’acte de naissance de


l’enfant suffit à établir la filiation maternelle.
Toutefois, la femme dont le nom est indiqué dans l’acte peut contester
être la mère de l’enfant lorsqu’elle n’a pas été l’auteur de la déclaration de
naissance.
Commentaire : La filiation maternelle s’établit normalement par l’acte de
naissance. Comme le dit la loi, l’indication de la mère sur l’acte de
naissance suffit à établir la filiation maternelle. Et l’énonciation du nom de
la mère dans l’acte de naissance né hors mariage, dit l'article 127, vaut acte
de maternité. Il s’agit dans toutes ces hypothèses de l’application de la règle
‘‘mater semper certa est’’.
Jurisprudence : L'indication dans l'acte de naissance d'un enfant naturel, du
nom de la mère par l'homme qui se déclare le père de cet enfant a pour effet
de donner à tout aveu de la mère, dans quelque forme et quelque époque
qu'il se produise, la valeur d'une reconnaissance légale de maternité. Mais il
faut pour cela que la reconnaissance du père soit valable; si elle est nulle
comme constatant une filiation adultérine, l'indication de la mère doit
disparaître avec elle (H. Capitant, F. Ferré et Y. Lequette, Les grands arrêts
de la Jurisprudence civile, Tome 1, 11ème Edition, Dalloz, 2000, p. 238, En
cause : Lambert contre Ferlet).

Art. 597. — Lorsque le nom de la mère n’est pas indiqué dans l’acte de
naissance de son enfant, la mère peut faire une déclaration de maternité.
Celle-ci est faite devant l’officier de l’état civil, qui l’inscrit dans l’acte
de naissance ou en dresse un acte séparé.
La déclaration de maternité peut être faite même si la mère est incapable.
Dans ce cas, elle agit seule.

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La déclaration de maternité peut être contestée du fait de l’incapacité


résultant de l’interdiction judiciaire par le tuteur de l’interdit et, après la
mainlevée de l’interdiction, par l’auteur de la déclaration.
Commentaire : Lorsque le nom de la mère n’est pas indiqué dans l’acte de
naissance de son enfant, dit l’article 597 du code de la famille, la mère peut
faire une déclaration de maternité. La filiation dérive dans ce cas de la
déclaration de maternité, c’est-à-dire de la volonté de son auteur. Et cette
volonté peut être émise en tout lieu. Tout officier de l’état civil est compétent
pour recevoir la déclaration de maternité dès l’instant où il est
territorialement compétent. Le lieu de naissance de l’enfant n’exerce, à ce
sujet, aucune influence. C’est l’interprétation de l’alinéa 2 de cet article qui
dispose la déclaration ‘‘est faite devant l’officier de l’état civil, qui l’inscrit
dans l’acte de naissance ou en dresse un acte séparé’’ sans préciser qu’il
s’agisse nécessairement de l’officier de l’état civil du lieu de naissance de
l’enfant. Et selon l’article 128 du code de la famille, lorsque la déclaration a
été faite séparément de la déclaration de naissance, elle est inscrite en
marge de l’acte de naissance de l’enfant. Par ailleurs, du caractère
essentiellement personnel de la déclaration, il découle des exceptions aux
règles relatives à la capacité juridique. Ainsi, la déclaration de maternité
peut être faite même si la mère est incapable. La loi ne vise pas
nécessairement ici le cas de la minorité de la mère, il faut considérer
également les hypothèses de mère majeure incapable. Même incapable, la
mère agit seule.

Art. 598. — La déclaration de maternité ne peut être révoquée.


Elle peut être contestée par toute personne intéressée ainsi que par le
Ministère public, s’il est prouvé que celle à qui la maternité a été attribuée
n’est pas la mère de l’enfant.
Commentaire : Comme tout aveu, la déclaration de maternité lie celui dont
elle émane : c’est le caractère irrévocable de la déclaration. Cependant,
cette déclaration peut être attaquée par le mode normal établi par la loi
pour la faire tomber à savoir l’action en recherche de maternité (voy. infra).

Art. 599. — Un enfant peut faire l’objet d’une déclaration de maternité


même après son décès.
Commentaire : Enfin, il y a lieu de noter qu’un enfant peut faire l’objet de
déclaration de maternité, même après son décès. La loi ne se préoccupe pas
du mobile qui inspire l’auteur de cette déclaration posthume, quand bien
même il y a reconnaitre que dans certaines hypothèses les déclarations de
maternité après décès peuvent s’inspirer uniquement d’un sentiment de
cupidité de leur auteur : échapper aux charges de maternité et profiter
cependant de la succession de l’enfant.

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Art. 600 : Ancien.


Tout enfant peut intenter une action en recherche de maternité. L’enfant
qui exerce l’action en recherche de maternité sera tenu de prouver qu’il est
celui dont la mère prétendue a accouché.
Il sera reçu à prouver la maternité en établissant qu’il a, à l’égard de la
mère prétendue, la possession d’état d’enfant. À défaut, la preuve de la
maternité pourra être faite par témoins.
La preuve contraire pourra se faire par tous moyens. Les articles 595 et
596 du présent titre s’appliquent, mutatis mutandis, à l’action en recherche
de maternité.

Art. 600 Modifié.


Tout enfant peut intenter une action en recherche de maternité. L’enfant
qui exerce l’action en recherche de maternité sera tenu de prouver qu’il est
celui dont la mère prétendue a accouché.
Il sera reçu à prouver la maternité en établissant qu’il a, à l’égard de la
mère prétendue, la possession d’état d’enfant. A défaut, la preuve de la
maternité peut être faite par témoins.
La preuve contraire peut se faire par tout moyen. Les articles 595 et 596
de la présente loi s’appliquent, mutatis mutandis, à l’action en recherche de
maternité.
Commentaire : L'action en recherche de maternité est reconnue à tout
enfant dont la maternité n'est pas établie. Celui-ci doit apporter la preuve de
la maternité. La filiation maternelle peut être prouvée soit par l’acte de
naissance, soit par la possession d’état d’enfant, soit enfin par témoins,
précise l’article 600 du Code de la famille. A défaut d’acte de naissance, la
filiation maternelle peut être prouvée par la possession d’état d’enfant. Une
personne a la possession d’état d’enfant lorsqu’elle est traitée par un
homme ou une femme, leurs parents et la société comme étant l’enfant de cet
homme ou de cette femme. Concrètement, les principaux faits qui indiquent
un rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle
il prétend appartenir sont : que l’individu a porté le nom de celui qu’il
prétend avoir pour père (le nomen) ; que ceux dont il se dit l’enfant l’ont
toujours traité comme tel et ont pourvu, en cette qualité, à son éducation, à
son entretien et à son établissement (le tractutus) ; et enfin qu’il a été
reconnu comme tel dans la famille et qu’il a été reconnu comme tel par la
société (le fama). La preuve par témoins entre en jeu à défaut d’acte de
naissance et de possession d’état d’enfant. C’est ce qui résulte de l’article
600 CF in fine qui dispose que tout enfant ‘‘sera reçu à prouver la maternité
en établissant qu’il a, à l’égard de la mère prétendue, la possession d’état. A
défaut, la preuve de la maternité pourra être faite par témoins’’. La
modification de cet article en 2016 a consisté au remplacement du singulier
par le pluriel : « tout moyen » remplacé par « tous moyens ».

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CHAPITRE III
DE L’ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONTESTATION DE LA
FILIATION PATERNELLE

Art. 601. — La filiation paternelle s’établit par la présomption légale en cas


de mariage ou par une déclaration ou par une action en recherche de
paternité.
Commentaire : Cet article détermine les modes d'établissement de la
filiation paternelle que les articles suivants précisent en détail.

Section I. De la présomption de paternité en cas de mariage

Art. 602. — Nonobstant toute convention contraire, l’enfant né pendant le


mariage ou dans les trois cents jours après la dissolution du mariage a pour
père le mari de sa mère.
Commentaire : Comme il est parfois difficile de prouver la paternité et afin
de promouvoir la tranquillité des ménages, le code prévoit que le mari d'une
femme mariée doit être considéré comme le père de tous les enfants qui
naissent pendant le mariage ou qui ont été conçus dans les trois cents jours
après la dissolution de celui-ci. C’est l’application de l’adage ‘‘Pater is est
quem nuptiae demonstrant’’. La preuve de la filiation paternelle qui est
difficile à établir directement, découle donc de la preuve de la filiation
maternelle. La loi présume que les deux époux ont eu l’un avec l’autre des
rapports sexuels et que la mère n’a eu de tels rapports qu’avec son mari seul
(présomption de fidélité). L’application de cette règle suppose que l’enfant a
été conçu pendant le mariage ; mais quand pourra-t-on dire que l’enfant a
été conçu pendant le mariage ? C’est ici qu’entre en jeu la seconde
présomption légale : un enfant est réputé conçu pendant le mariage de sa
mère a existé à un moment se situant entre le 300è et le 180è jour qui ont
précédé sa naissance. Il y a donc une période de vingt et un jours dans
laquelle se place la conception ; et il suffit que la mère ait été mariée à un
moment quelconque se situant dans cette période pour que son mari soit
réputé le père de l’enfant et que, par conséquent, l’enfant soit considéré
comme né dans le mariage.
Jurisprudence : Tout enfant né au cours du mariage a la qualité d'enfant
légitime, quelle que soit la date de sa conception. Ainsi, un enfant néanmoins
de cent-quatre-vingts jours après la célébration du mariage et non désavoué
par le mari est légitime. Et des tiers intéressés sont irrecevables à contester
cette légitimité par une action fondée sur le prétendu caractère adultérin de
l'enfant (H. Capitant, F. Ferré et Y. Lequette, Les grands arrêts de la
Jurisprudence civile, Tome 1, 11ème Edition, Dalloz, 2000, p. 209, En
cause : Degas contre Dégas).

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Art. 603. — L’article précédent reste d’application même si l’acte de


naissance de l’enfant n’indique pas le mari comme étant le père de l’enfant
ou lorsqu’il indique qu’un autre homme est le père de l’enfant.
L’acte de naissance doit simplement, en pareil cas, être rectifié.
Commentaire : Cet article souligne la supériorité de la présomption légale
lorsque l'acte de naissance indique un autre père que le mari de la mère de
l'enfant.

Art. 604. — L’enfant, issu d’une femme dont le mariage antérieur est
dissout depuis moins de trois cents jours et qui est né après la célébration du
mariage subséquent de sa mère, est tenu pour enfant des nouveaux époux,
sauf contestation de paternité.
Commentaire : Lorsqu'une femme n'observe pas le délai de viduité, se
remarie et met au monde un enfant moins de trois cents jours après la
dissolution du mariage, il y a conflit de présomption légale. La loi donne
préférence au second mari mais permet la contestation de paternité. Si
l'enfant est né moins de 180 jours après la célébration du second mariage, la
contestation de paternité sera permise de la manière prévue à l'article 608.

Art. 605. — La filiation paternelle établie en vertu des articles 601 et


suivants ne peut être contestée qu’au moyen d’une action judiciaire en
contestation de paternité.
Commentaire : Cet article a remplacé le terme "désaveu" usité dans l'ancien
code civil livre 1er par celui de "contestation" pour deux motifs : d'abord
pour souligner les ressemblances avec la contestation en cas d'affiliation et
ensuite parce que le terme désaveu n'est correct que dans un système où seul
le mari peut contester la paternité, système abandonné depuis l'abrogation
du code civil livre 1er.

Art. 606. — La paternité peut être contestée s’il est prouvé que pendant le
temps qui a couru depuis le trois centième jour jusqu’au cent quatre-
vingtième jour inclusivement avant la naissance de l’enfant, le père était soit
pour cause d’éloignement, soit pour toute autre cause établie de façon
certaine, dans l’impossibilité physique de procréer.
Commentaire : La paternité peut être contestée s'il est prouvé qu'il était
dans l'impossibilité physique de procréer.

Art. 607. — La paternité peut être aussi contestée lorsque, à la suite de


l’inconduite de la mère et de tous autres indices ou faits constants et
notoires, la preuve certaine est rapportée que le mari n’est pas le père de
l’enfant.
Commentaire : La contestation de la paternité est aussi admise s'il est
prouvé que la mère s'est méconduite et que le père déclaré n'est pas le vrai
père de l'enfant.

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Art. 608. — Lorsque l’enfant est né moins de cent quatre-vingts jours après
la célébration du mariage, et que pendant la période légale de la conception
les époux vivaient séparément ou lorsque la naissance se produit plus de
trois cents jours après qu’un jugement a déclaré l’absence du mari, aucun
autre fait ne doit être prouvé pour contester la paternité.
Commentaire : La contestation de paternité est admise dans tous les cas où
la non-paternité du mari peut être prouvée. Cela est conforme tant à la
tradition africaine qu'aux tendances des législations modernes.

Art. 609. — La contestation de paternité n’est pas recevable s’il est établi
que l’enfant a été conçu par voie d’insémination artificielle, avec le
consentement écrit du mari.
Commentaire : L'assistance médicale à la procréation (PMA) n’est pas
définie dans le Code de la famille. L’article 609 de ce Code de la famille
congolais qui fait allusion à ce procédé, ne le définit pas. Nous allons
recourir au droit français pour cerner cette notion. Selon le Code français
de Santé publique, l’assistance médicale à la procréation s'entend des
techniques cliniques et biologiques permettant la conception in vitro, le
transfert d'embryons et l'insémination artificielle ainsi que de toutes
techniques d'effet permettant la procréation en dehors de processus naturel
(Code de santé Publique. Article L. 2141-1). Les techniques d'assistance ont
pour objet de remédier à l'infertilité pathologique médicalement constatée
mais également d'éviter la transmission à l'enfant ou un membre du couple
d'une maladie d'une particulière gravité. Le droit congolais prévoit la
possibilité de recourir à la PMA qu’en cas de mariage. C’est qui ressort de
l’esprit de l’article 609 du Code de la famille. Une femme célibataire ne
peut donc pas recourir à l’insémination artificielle en droit congolais.
Lorsque les époux décident recourir à la PMA, la filiation de l’enfant e peut
être contestée lorsque le mari a donné son accord à l’écrit pour recourir à
un tel procédé. La filiation de cet enfant s’établit donc de la même manière
que pour un enfant qui est né de procédé naturel. Le médecin qui pratique la
PMA doit donc s’assurer de l’accord écrit du mari.

Art. 610. — L’action en contestation de paternité peut être intentée par :


1. celui auquel la loi attribue la paternité d’un enfant ;
2. l’enfant majeur ;
3. la mère de l’enfant ;
4. les cohéritiers de l’enfant ou ceux qu’il exclut d’une succession, lorsque
celui auquel la loi attribue la paternité est mort.
Commentaire : Contrairement à l'ancien code civil livre 1er où l'action en
désaveu appartenait au seul père, l'article 610 ouvre l'action en contestation
également à la mère de l'enfant, à l'enfant devenu majeur et aux co-héritiers
de l'enfant ou ceux qu'il exclut d'une succession. Au Congo, l'établissement

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de la filiation paternelle intéresse non seulement un individu mais plutôt un


groupe de personnes.

Art. 611. — Sauf pour l’enfant, le délai pour intenter l’action en contestation
de paternité est d’un an.
Il court pour le père à partir de la date de naissance ou de la date à
laquelle il aura connaissance de la naissance; pour la mère à partir de la date
de naissance et pour l’héritier à compter de la date à laquelle il aura
connaissance du lien de filiation.
Commentaire : Un délai a été fixé pour l'intentement de l'action en
contestation de paternité et de dans l'intérêt même de l'enfant.

Art. 612. — Selon le cas, l’action est dirigée contre l’enfant ou contre le
mari de sa mère.
Si l’action est exercée contre un enfant mineur, interdit ou hors d’état de
manifester sa volonté, celui-ci sera représenté par sa mère, son tuteur, ou par
un membre de sa famille maternelle, désigné par le tribunal conformément à
la coutume.
Commentaire : L'action en contestation de paternité est dirigée soit contre
l'enfant, soit contre le mari de sa mère. Si l'enfant est mineur, interdit ou
hors d'état de manifester sa volonté, c'est sa mère ou un membre de sa
famille maternelle qui le représente.

Art. 613. — Le tribunal de paix du lieu de résidence de l’enfant est seul


compétent pour connaître de l’action en recherche ou en contestation de
paternité.
Commentaire : Cet article reconnait compétent le tribunal de paix pour
toutes les actions en recherche ou en contestation de paternité. Pourtant le
Tribunal pour enfants est de plus en plus impliqué dans les opérations
d’action en recherche ou en contestation de paternité lorsque l’action en
question concerne un mineur. Du coup, comme l'article 105 que nous avons
examiné précédemment, celui-ci aussi entre en contradiction avec l’article
99 de la loi n 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant qui
dispose en son deuxième alinéa que le Tribunal pour enfants connaît
également des matières se rapportant à l’identité, la capacité, la filiation,
l’adoption et la parenté telles que prévues par la loi. Il s'en suit que c’est le
Tribunal de paix ou le Tribunal pour enfants qui devrait être reconnu
compétent pour connaître de l'action en recherche ou en contestation de
paternité selon que l'enfant est majeur ou mineur.

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Section II. De la déclaration obligatoire de paternité ou affiliation

Art. 614 : Ancien.


Tout enfant né hors mariage doit faire l’objet d’une affiliation dans les 12
mois qui suivent sa naissance.
Passé ce délai, l’affiliation ne pourra se faire que moyennant paiement
d’une amende allant de 1.000 à 5.000 zaïres.
Si le père refuse d’affilier son enfant né hors mariage et lorsque l’action
en recherche de paternité est déclarée fondée, le jugement vaut affiliation et
mention en est faite dans l’acte de naissance de l’enfant.
Dans ce cas, le père sera puni d’une peine de servitude pénale de 10 à 30
jours et d’une amende de 5.000 à 10.000 zaïres ou de l’une de ces peines
seulement.

Art. 614 : Modifié.


Tout enfant né hors mariage doit faire l’objet d’une affiliation dans les
douze mois qui suivent sa naissance.
Passé ce délai, l’affiliation ne pourra se faire que moyennant paiement
d’une amende allant de 50.000 à 100.000 francs congolais.
Si le père refuse d’affilier son enfant né hors mariage et lorsque l’action
en recherche de paternité est déclarée fondée, le jugement vaut affiliation et
mention en est faite dans l’acte de naissance de l’enfant.
Dans ce cas, le père sera puni d’une peine d’une servitude pénale
principale de dix à trente jours et d’une amende de 100.000 à 500.000 francs
congolais ou de l’une de ces peines seulement.
Commentaire : La déclaration désormais obligatoire de paternité, appelée
aussi affiliation, est la reconnaissance de l’enfant né hors mariage avec
l’obligation faite au père de se faire aussi reconnaitre par la famille
maternelle de l’enfant. C’est pour éviter de retomber dans la situation des
enfants sans père que le législateur a rendu obligatoire la déclaration de
paternité hors mariage et l’a assortie de sanctions en cas de non-respect du
délai. La modification de cette disposition en 2016 a consisté en
l’actualisation des montants des peines d’amendes en francs congolais en
cas de refus ou de retard d’affilier son enfant.

Art. 615. — L’affiliation peut être faite dès que l’enfant est conçu. L’enfant
peut également faire l’objet d’une affiliation après son décès.
Commentaire : L'enfant simplement conçu ou l'enfant déjà décédé peut faire
l'objet d'affiliation.

Art. 616. — L’affiliation doit intervenir même si le père est mineur.


Dans ce cas, il agit seul.

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Si le père meurt ou n’est pas en mesure de manifester sa volonté, un


ascendant ou un autre membre de sa famille doit agir en son nom.
Commentaire : L'affiliation est un acte à caractère personnel et déclaratif
car la reconnaissance implique un aveu, une admission de sa qualité de
parent qui en fait un acte éminemment personnel et doit relever de la volonté
du parent lui-même dès lors qu’il a conscience de la portée de son acte. En
droit congolais cette capacité ponctuelle qu’ont les parents pour reconnaître
leurs enfants, même étant mineur, est prévu aux articles 596 al. 1, 597 al. 1
et 3, 616 al. 1er et 2ème du Code de la famille.

Art. 617. — Est nulle, toute clause tendant à limiter les effets de l’affiliation.
Commentaire : Cet article déclare nulle toute clause restrictive des effets de
l'affiliation.

Art. 618. — L’affiliation peut être réalisée soit par convention conclue entre
le père et la famille maternelle de l’enfant, soit par déclaration du père ou
déclaration commune des parents.
Commentaire : Le système proposé en matière d'affiliation est un
compromis entre la tradition de l'affiliation négocié entre familles et les
tendances plus individualistes du droit. Tout comme le mariage se réalise
par la concertation entre familles et le versement d'une dot, la déclaration
de paternité ou affiliation peut s'opérer par une convention entre le père et
la famille maternelle de l'enfant. L'affiliation peut également être unilatérale
sans intervention de la famille maternelle de l'enfant, mais suppose dans
tous les cas, l'acceptation de la mère de l'enfant.

Art. 619. — La convention d’affiliation est conclue entre le père et les


membres de la famille maternelle de l’enfant.
La convention n’est valable que si ta mère de l’enfant, même mineure,
l’accepte.
L’acceptation de la convention est présumée, lorsque la mère n’a élevé
aucune protestation contre cette convention dans le délai d’un an à dater du
jour où elle en a eu connaissance et si elle est mineure, un an après sa
majorité, dans le cas où elle en avait déjà connaissance.
Commentaire : Cet article explicite l'affiliation conventionnelle.

Art. 620. — L’affiliation conventionnelle est déclarée à l’officier de l’état


civil. Elle produit néanmoins ses effets même en l’absence de déclaration.
Dans ce cas, elle peut être prouvée par toutes voies de droit.
Commentaire : L'autorité compétente pour recevoir la déclaration d'une
affiliation conventionnelle est l'officier de l'état civil. Mais le législateur
ajoute que ce type d'affiliation produit néanmoins ses effets même en
l'absence de toute déclaration.

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Art. 621. — L’affiliation peut être réalisée par la déclaration commune faite
par les père et mère de l’enfant devant l’officier de l’état civil.
Commentaire : Ce type d’affiliation parait avantageux car elle empêche
toute contestation ultérieure de la mère. La loi assimile à l’affiliation par
déclaration commune des père et mère, la déclaration de naissance d’un
enfant né hors mariage faite par le père, ou par mandataire ayant
procuration authentique, au vu du nom de la mère de l’enfant repris dans
l’acte de naissance de l’enfant (né hors mariage) : art. 127 CF.

Art. 622. — L’affiliation peut être réalisée par une déclaration unilatérale de
paternité faite par le père.
Commentaire : L'affiliation par déclaration unilatérale est celle qui est
réalisée par le père seul qui fait une déclaration devant l’officier de l’état
civil (art. 622 CF). La mère ou les membres de la famille maternelle de
l’enfant peuvent contester ce type d’affiliation dans le délai d’un an à dater
du jour où il est fait par le père.

Art. 623. — Dans les cas prévus aux articles 620 et 622, la déclaration est
faite à l’officier de l’état civil, qui l’inscrit dans l’acte de naissance de
l’enfant ou en dresse un acte séparé.
Commentaire : L'autorité compétente pour recevoir les déclarations
d'affiliation par commune déclaration ou unilatérale est l'officier de l'état
civil.

Art. 624. — Dans le cas prévu à l’article 622, la mère ou les membres de la
famille maternelle de l’enfant peuvent contester l’affiliation faite par
déclaration unilatérale du père dans le délai d’un an à dater de celle-ci.
Le fait que l’affiliation est préjudiciable aux intérêts de l’enfant pourra
être invoqué.
Dans le cas où le tribunal fait droit à la demande, il désigne le père
juridique de l’enfant parmi les membres de la famille de la mère.
Cette décision est susceptible de révision.
En aucun cas, une coutume subordonnant l’affiliation de l’enfant au
mariage de ses parents ne peut être invoquée.
Commentaire : La mère et les membres de la famille maternelle de l'enfant
peuvent contester l'affiliation unilatérale. Le délai de prescription d'une telle
action est de un an à dater de celle-ci.

Art. 625. — Lorsqu’un enfant a fait l’objet d’une affiliation, nulle autre
affiliation ne sera admise, hors le cas où la première a été contestée avec
succès.
Commentaire : Cet article consacre le principe de la supériorité de la
première affiliation par rapport aux autres affiliations ultérieures.

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Art. 626. — L’affiliation ne peut être révoquée.


Commentaire : L'article 626 consacre le principe l'irrévocabilité de
l'affiliation.

Art. 627. — L’affiliation peut être contestée par toute personne intéressée
ainsi que par le Ministère public, s’il est prouvé que celui auquel la paternité
a été attribuée n’est pas le géniteur de l’enfant.
L’affiliation par déclaration peut être contestée du fait de l’incapacité
résultant de l’interdiction judiciaire par le tuteur de l’interdit et, après la
mainlevée de l’interdiction, par l’auteur de l’affiliation.
Commentaire : L'affiliation peut être contestée par toute personne
intéressée ou par le Ministère public.

Art. 628 : Ancien.


Les membres de la famille maternelle de l’enfant peuvent exiger les
indemnités et présents dus par le père en vertu de la coutume.
Le montant des indemnités doit être déterminé en tenant compte des
dépenses réellement effectuées pour l’entretien et l’éducation de l’enfant
antérieurement à l’affiliation.

Art. 628 : Modifié.


Les membres de la famille maternelle de l’enfant peuvent exiger les
indemnités et présents dus par le père en vertu de la coutume.
Commentaire : De même que le code de la famille a consacré la dot en
matière de mariage, il a également maintenu l’institution traditionnelle de
l’indemnité et présents en cas d’affiliation. Selon l’article 628, aujourd’hui
modifié, les membres de la famille maternelle de l’enfant peuvent exiger les
indemnités et présents dus par le père en vertu de la coutume. L’alinéa 2 de
cet article qui précisait le critère pour le calcul de ces indemnités a été
supprimé par la réforme de 2016. Selon cet ancien alinéa, le critère de
calcul devait se baser sur les dépenses réellement effectuées pour l’entretien
et l’éducation de l’enfant antérieurement à l’affiliation. Précisons que le
paiement d’indemnité n’est pas une condition de fond de l’affiliation. Ainsi,
en cas de désaccord entre les parents maternels et le père sur le montant des
paiements, le père seul ou le couple des parents peuvent recourir à
l’affiliation par déclaration. Dans ce cas, les exigences pécuniaires de la
famille maternelle de l’enfant ne pourront empêcher l’affiliation. Enfin,
remarquons que dans l’exposé des motifs de la loi portant code de la famille,
le législateur utilise l’expression ‘‘indemnités de rachat’’ pour indiquer les
indemnités et présents d’affiliation. Cette expression nous semble peu
heureuse et non recommandable car l’enfant n’est pas une marchandise.
Lors de la réforme de 2016 le législateur a supprimé l’alinéa 2 qui
quadrillait la manière de fixer les indemnités et présents en cas d’affiliation.
Le fait de supprimer cet alinéa laisse libre court aux membres de la famille

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maternelle d’exiger ce qu’ils veulent. C’est une ouverture bien trop grande à
notre humble avis. Il est vrai que la coutume dont référence devra être
conforme à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Mais l’ancien
alinéa limitait clairement le pouvoir des membres de la famille maternelle.
Jurisprudence : Viole la coutume qui veut que la dot constitue le titre
d’appartenance des enfants au groupe du père et qu’en l’absence du
mariage, le père se voit attribuer les enfants, le juge d’appel qui a méconnu
au demandeur un droit quelconque sur les enfants, alors qu’il a été établi
que l’ayant droit coutumier avait reconnu par écrit avoir reçu un montant
qualifié de dot à lui versée par le demandeur après le décès de sa concubine.
(CSJ, 18 mai 1995, RC 1377, Bull. Arr. Années 1990 à 1999, Kinshasa, Ed.
Service de Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice, 2003, pp.
115-118).

Art. 629. — Lors de la déclaration de l’affiliation, l’officier de l’état civil


mentionne le montant des indemnités ou des présents versés à la famille
maternelle de l’enfant, à l’occasion de l’affiliation ou l’absence de ceux-ci.
Commentaire : L'indemnité et les présents d'affiliation dont question à
l'article précédent doivent, aux termes du présent article, être mentionnés
dans l'acte d'affiliation.

Section III. De l’action de recherche de paternité

Art. 630. — La filiation paternelle peut être établie à la suite d’une action en
recherche de paternité, si elle ne résulte pas de l’application des articles 601
à 629.
Le tribunal décide suivant les circonstances de la cause si l’enfant a pour
père celui qu’il réclame.
Commentaire : Cet article pose le principe que l'enfant ne peut rechercher
son père que si sa filiation paternelle n'est pas autrement établie en vertu de
la présomption légale de paternité ou d'une affiliation.

Art. 631. — L’action en recherche de paternité appartient à l’enfant.


Pendant la minorité de l’enfant, la mère, même mineure, peut l’exercer.
Si la mère de l’enfant est décédée ou encore si elle se trouve dans
l’impossibilité de manifester sa volonté, l’action sera intentée par un membre
de la famille maternelle de l’enfant, désigné par le tribunal conformément à
la coutume ou par celui qui a la garde de l’enfant.
Si la mère de l’enfant n’est pas connue ou chaque fois que l’intérêt de
l’enfant le requiert, le Ministère public peut exercer l’action en recherche de
paternité.
Commentaire : En droit congolais, l'action en recherche de paternité
n'appartient qu'à l'enfant. Cependant puisqu’il ne peut l’exercer pendant sa
minorité, la loi l’attribue à sa mère même mineure pour l’exercer pendant la

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minorité de l’enfant, c’est ce que dispose l’article 631 du code de la famille.


Si la mère est décédée, un membre de la famille agit à sa place mais si la
mère est inconnue, le ministère public peut agir à sa place.

Art. 632. — L’action en recherche de paternité est exercée contre le père ou


contre ses héritiers.
Commentaire : Les défendeurs de l'action en recherche de paternité sont
soit le père soit ses héritiers.

Art. 633. — La filiation paternelle est prouvée par acte de l’état civil.
À défaut d’acte, la filiation peut être prouvée par la possession d’état
d’enfant.
Une personne a la possession d’état d’enfant lorsqu’elle est traitée par un
homme ou une femme, leurs parents et la société comme étant l’enfant de cet
homme ou de cette femme.
La possession d’état doit être prouvée; elle peut cependant être contestée
par témoignage.
Commentaire : L’article 633 vise tant la situation de l’enfant né dans le
mariage que celle de l’enfant né hors mariage. L’acte de l’état civil est le
mode normal de preuve de filiation. Il s’agit de l’acte de naissance
éventuellement accompagné d’un jugement rectificatif, déclaratif ou
supplétif ou bien d’un acte de notoriété homologué ou établi par le juge ou
bien d’un acte constant la déclaration de paternité ou de maternité.

Art. 634. — Lorsque la filiation paternelle est prouvée par acte de l’état civil
alors qu’elle n’est pas fondée sur la présomption légale du mariage, celui
dont le nom est indiqué dans l’acte peut contester être le père de l’enfant
lorsqu’il n’a pas été partie à l’acte.
Commentaire : Cet article organise l'ordre des preuves en matière de
filiation paternelle. En effet, lorsque la filiation paternelle n'est pas fondée
sur la présomption légale, l'indication du nom du père dans l'acte de l'état
civil n'a de valeur que si le père a été partie audit acte de naissance. En
effet, pour prouver sa filiation à l'égard de son père, lorsqu'il y a application
de la présomption légale, il suffit à l'enfant de prouver sa filiation à l'égard
de sa mère et le fait que sa mère et son père sont mariés. Dans ce cas, il
importe peu que le père ait été présent ou non lors de la déclaration de
naissance à l'état civil. Par contre, lorsqu'il n'existe aucun lien juridique
entre le père et la mère, l'enfant doit prouver sa filiation à l'égard de chacun
d'eux. Il va de soi que le père peut contester un acte de naissance dont il
n'aurait pas eu connaissance.

Art. 635. — Lorsque la filiation paternelle fondée sur la présomption légale


est conforme à la possession d’état, nul ne peut contester cette filiation.

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Corollairement, nul ne peut réclamer un état contraire à celui que donnent


son titre de naissance et la possession conforme à ce titre.
Commentaire : La loi attache à la combinaison de ces deux modes de
preuve une force particulièrement énergétique. D’une part, l’intéressé ne
peut pas réclamer un état contraire ; d’autre part, nul ne peut contester son
état. Selon le législateur, lorsque l’enfant jouit d’un titre et d’une
possession d’état conformes, sa filiation est incontestable, définitive, et ne
souffre plus de preuve contraire. Il s’agit là d’une présomption légale qui
réjouit le bon sens. Il est en effet évident que, lorsque l’acte de naissance est
corroboré par la présomption d’état d’enfant, les fraudes ne sont
pratiquement plus concevables. La filiation de l’enfant issu d’un mariage est
présumée d’une manière irréfragable. Il en découle qu’aucune action
tendant à démontrer une filiation contraire n’est recevable : non seulement
les tiers ne peuvent pas contester la situation créée par la conformité de
l’acte de naissance et de la possession d’état mais l’enfant lui-même ne
pourrait être admis à prouver que son état véritable est autre que celui qui
résulte de cette conformité. Cette règle légale protègera l’ordre et la
tranquillité des familles. Le caractère irréfragable de cette règle ne nous
semble défendable. A notre avis, ces règles peuvent recevoir exception
lorsqu’il est allégué par exemple qu’il y a eu substitution d’enfant soit avant,
soit même après la rédaction de l’acte de naissance. De plus, la
concordance de l’acte de naissance et de la possession d’état ne doit pas
mettre obstacle à une action en contestation de paternité ou de maternité.

Art. 636. — À défaut d’acte de l’état civil et de possession d’état ou si la


possession d’état est contestée ou si elle ne concorde pas avec les
énonciations de l’acte de naissance, la preuve de la paternité peut se faire par
témoin lorsque les présomptions ou indices résultant de faits constants sont
assez graves.
Le commencement de preuve par écrit résulte des titres de famille, des
registres et papiers domestiques ainsi que des lettres du père et de la mère,
des actes publics et même privés émanés d’une partie engagée dans la
contestation ou qui y aurait intérêt si elle était vivante.
Commentaire : Comme pour la preuve de la maternité, la preuve de la
paternité par témoins entre en jeu à défaut d’acte de naissance et de
possession d’état d’enfant. Mais l’admission de la preuve par témoins est
subordonnée ici à l’existence d’un commencement de preuve par écrit ou de
présomptions ou indices assez graves pour rendre vraisemblable la
prétention du réclamant. Le commencement de preuve par écrit dont il s’agit
n’émane pas nécessairement de l’adversaire du réclamant (différence avec
le commencement de preuve par écrit de droit commun, défini à l’article 223
du code civil livre III) ; il résulte des titres de famille, des registres et
papiers domestiques, des lettres de père et mère ainsi que de tous autres

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écrits publics ou privés émanés d’une des parties au procès ou d’une


personne qui y aurait intérêt si elle était vivante.
Jurisprudence : Est fondé le grief qui reproche à la décision de n’avoir pas
établi la paternité juridique du défendeur que sur base de l’expertise
sanguine alors que la preuve de celle-ci devait aussi être établie sur la base
de la coutume des parties (CSJ, 28 Juin 1977, RC 132, Affaire Mianda
Ngandu C/Tshilumba, Bulletin des Arrêts de la Cour Suprême de Justice
année 1977, année d’édition 1978, pp. 54-58).

Art. 637. — Sans préjudice des autres moyens de défense, la demande en


recherche de paternité peut être rejetée:
1. s’il est établi que, pendant la période légale de conception, la mère a eu
des rapports sexuels avec une autre personne, à moins qu’il ne résulte
d’un examen de sang ou de tout autre examen selon des méthodes
médicales certaines que cette personne ne peut être le père;
2. si le père prétendu était pendant la même période, soit par suite de
l’éloignement, soit par l’effet de quelque accident, soit par l’incapacité de
procréer, dans l’impossibilité physique d’être le père;
3. si le père prétendu établit par un examen de sang ou par tout autre examen
selon des méthodes médicales certaines qu’il ne peut être le père de l’enfant.
Commentaire : Cet article consacre les différents cas dans lesquels la
demande en recherche de paternité peut être rejetée, sauf s'il existe d'autres
moyens de défense.

Art. 638. — Une pension alimentaire à charge du père prétendu peut être
allouée par le tribunal, à titre provisionnel, à la personne qui a la garde de
l’enfant, si elle est indigente, au cas où la paternité s’avère très probable.
Commentaire : Lorsqu’elle est indigente, la personne qui a la garde de
l'enfant peut introduire, au cours de l'instance en recherche de paternité,
une demande provisionnelle pour obtenir l'allocation d'une certaine somme
d'argent, à fixer par le juge, à titre de pension alimentaire pour l'enfant.
Cette demande est fondée sur le fait que le père prétendu, et dont le tribunal
estime que la paternité sera très probablement déclarée judiciairement, doit
supporter lui-même les frais d'entretien et d'éducation de son enfant. C'est
en quelque sorte une "avance" ou une "provision" qu'il est amené à devoir
payer.

Art. 639. — Lorsque l’action est déclarée fondée, le tribunal peut, à la


demande de la mère ou du Ministère public, condamner le père au
remboursement de tout ou partie de frais de gésine et d’entretien pendant les
neuf mois de la grossesse et tout le temps qui a précédé l’affiliation.
Toutefois, le père reste soumis aux dispositions de l’article 614, alinéa 4.

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Commentaire : Le tribunal peut condamner le père au paiement des frais de


gésine et d'entretien lorsqu'il est établi, par une action en recherche de
paternité, qu'il est le vrai père de l'enfant. Le calcul de ces frais à
rembourser comprend non seulement les frais de gésine mais également les
frais d'entretien pendant la grossesse et tout le temps qui a précédé la
reconnaissance de l'enfant né hors mariage par son père. Dans l'ancien
français, étaient appelés frais de gésine les frais qui étaient employés au
soulagement de l'accouchée et aux premiers secours de l'enfant à naître.
Dans le langage juridique actuel, ces frais désignent la somme d'argent que
le tribunal ordonne à une partie de payer à une femme seule pour les
dépenses occasionnées durant la grossesse et la naissance de son enfant.

CHAPITRE IV
DES RÈGLES RELATIVES AUX ACTIONS EN JUSTICE EN
MATIÈRE DE FILIATION

Art. 640. — Toute juridiction saisie par voie incidente d’une contestation
relative à la filiation d’une personne devra surseoir à statuer jusqu’à ce que
la juridiction civile compétente ait tranché la question de la filiation par une
décision passée en force de chose jugée.
Commentaire : En attribuant à la question d'état la qualité de question
préjudicielle à l'égard des tribunaux répressifs, l'article 640 déroge au droit
commun. Cette question préjudielle ne s'impose pas seulement aux
juridictions répressives mais aussi aux autres juridictions, qu'elles
appartiennent au pouvoir judiciaire ou à l'ordre administratif. Si une
contestation relative à la filiation d'une personne est soulevée devant l'une
de ces juridictions celle-ci doit surseoir à statuer jusqu'à ce que le tribunal
civil compétent ait vidé la question préjudicielle.

Art. 641. — Sauf si la loi dispose autrement, les actions relatives à la


filiation sont imprescriptibles.
Commentaire : Toutes les fois qu'elles ne sont pas enfermées dans des
termes plus précis (par exemple, selon l'article 611 les actions en
contestation de paternité se prescrivent en un an), en droit congolais les
actions relatives à la filiation ne se prescrivent pas.
Jurisprudence : Selon un arrêt de rejet de la Chambre civile de la Cour de
cassation française rendu le 07/10/2015(14-14702), le fait que le code civil
allemand ne soumette pas l'exercice de l'action en constatation judiciaire de
paternité à un délai de prescription (à la différence du droit français), n'est
pas suffisant pour écarter la loi étrangère au motif qu'elle serait contraire à
l'ordre public français. Voici les faits : Deux sœurs ont assigné les héritiers
de l'homme qu'elles pensent être leur père en contestation judiciaire de
paternité. Leur mère étant de nationalité allemande, le tribunal a déclaré la

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loi allemande applicable et a ordonné une expertise biologique. En effet, en


matière de droit international privé français, la filiation est régie par la loi
personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant ; si la mère n'est
pas connue, par la loi personnelle de l'enfant (l'article 311 du code civil
français). La loi allemande trouve donc à s'appliquer en l'espèce, à
condition toutefois qu'elle ne soit pas contraire à l'ordre public français. Les
héritiers du père présumé ont saisi la Cour de Cassation sur cette question
de la loi allemande par rapport à l'ordre public international français, en se
fondant sur l'absence de délai de prescription de l'exercice de l'action en
constatation judiciaire de paternité selon le droit allemand. Rappelons que
l'ordre public français permet d'écarter l'application d'une loi étrangère par
les tribunaux français si celle-ci a pour effet de créer en France une
situation juridique qui heurte la conception française de l'ordre public.
Alors qu'en France, les actions relatives à la filiation, telle que l'action en
constatation judiciaire de paternité, se prescrivent par 10 ans à compter "
du jour où la personne a été privée de l'état qu'elle réclame, ou a commencé
à jouir de l'état qui lui est contesté (article 321 du code civil français):
l'action allemande en constatation judiciaire de paternité imprescriptible
est-elle contraire à l'ordre public international français ? A cette question de
droit, la Cour de Cassation française statue : le fait que l'article 1600d du
code civil allemand ne prévoit pas le délai de prescription pour l'action en
constatation judiciaire de paternité n'est pas contraire à l'ordre public
international français. L'action de deux sœurs est donc recevable.

Art. 642. — L’action qui appartenait à une personne quant à la filiation peut
être exercée par ses héritiers. Ceux-ci peuvent eux-mêmes introduire
l’action, quand l’enfant est décédé mineur ou dans les cinq ans qui ont suivi
sa majorité sans l’avoir exercée.
Ils peuvent poursuivre l’action que l’enfant avait engagée, à moins qu’il
ne s’en fût désisté.
Commentaire : Les actions relatives à la filiation étant des actions relatives
à l'état des personnes, elles sont soumises aux mêmes règles
d'intransmissibilité que l'action en divorce ou l'action en nullité. Ayant un
caractère personnel, l'action relative à la filiation ne peut être exercée par
les créanciers de l'intéressé. Le principe d'intransmissibilité de cette action
subit cependant d'importantes restrictions. En effet, les héritiers peuvent
poursuivre l'action déjà engagée à moins qu'il n'y ait eu désistement ou
péremption c'est-à-dire extinction de l'instance lorsque le demandeur a
laissé passer un délai sans poursuivre la procédure. Les héritiers peuvent
également agir de leur propre chef dès lors que le titulaire de l'action est
mineur ou dans les cinq ans qui ont suivi sa majorité sans l’avoir exercée.
Dons l'action relative à la filiation est transmissible aux héritiers.

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Art. 643. — Les actions relatives à la filiation ne peuvent faire l’objet de


renonciation.
Commentaire : Non seulement l'action relative à la filiation est en principe
intransmissible, elle est également indisponible et d'ordre public : la filiation
et hors du commerce juridique. On ne peut ni transiter, ni renoncer à une
action, ni acquiescer au jugement qui tranche l'affaire au fond c'est-à-dire
renoncer de façon anticipée à faire appel. Ainsi par exemple, une
transaction sur une éventuelle action à fins de subsides conclue
antérieurement par la mère du demandeur avec le prétendu père ne peut
inclure une renonciation à exercer une action en recherche de paternité
contre ce dernier.

Art. 644. — Les jugements rendus en matière de filiation sont opposables


même aux personnes qui n’y ont point été parties ; celles-ci ont néanmoins le
droit d’y former tierce opposition.
Les juges peuvent d’office ordonner que soient mis en cause tous les
intéressés auxquels ils estiment que le jugement doit être rendu commun.
Toute rectification des actes de l’état civil résultant d’un jugement rendu
en matière de filiation suit les règles inscrites aux articles 105 à 109.
Commentaire : Les jugements qui statuent sur la filiation sont déclaratifs.
L'état d'une personne est, par nature, indivisible. Il est contraire au bon sens
d'admettre qu'à la suite d'une ou de plusieurs procédures judiciaires, un
enfant puisse être considéré comme enfant à l'égard de son père et comme
étranger à l'égard de ses frères. La nature et la loi s'accordent pour exiger
que l'état, une fois fixé, le soit définitivement à l'égard de tous. D'autre part,
le juge doit statuer en pleine connaissance de cause et avec toute la sécurité
désirable. La matière de la filiation étant indivisible, il incombe donc à celui
qui réclame ou conteste de mettre tous les intéressés en cause et le juge peut
d'office ordonner cette mise en cause. Dans ce cas, l'action judiciaire
demeurera dirigée contre le principal contradicteur, et les autres seront
assignés en déclaration de jugement commun, procédure qui a précisément
comme but de devancer la tierce opposition.

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CHAPITRE V
DES EFFETS DE LA FILIATION

Art. 645. — Tous les enfants ont les mêmes droits et les mêmes devoirs
dans leurs rapports avec leurs père et mère.
Commentaire : L’ancien code civil livre 1er, aujourd'hui abrogé et remplacé
par le code de la famille, distinguait trois sortes de filiation à savoir la
filiation légitime, la filiation naturelle et la filiation adoptive. La filiation
légitime est celle qui établit le lien entre un enfant et ses parents tous deux
mariés. Un enfant légitime était donc, sous le code civil livre premier, un
enfant dont les père et mère sont unis l’un à l’autre par le mariage. La
filiation naturelle est celle qui établit le lien entre un enfant et ses parents
non mariés. Un enfant naturel était donc celui dont les père et mère ne sont
pas unis l’un à l’autre par le mariage. En raison de l’absence de mariage
entre les parents, l’établissement juridique de la filiation naturelle se faisait
distinctement à l’égard du père et à l’égard de la mère ; filiation paternelle
et filiation maternelle étaient, en principe, indépendantes l’une de l’autre.
La filiation naturelle se subdivisait en trois : la filiation naturelle simple, la
filiation naturelle adultérine et la filiation naturelle incestueuse. D’où trois
sortes d’enfants illégitimes : les enfants naturels simples, issus des rapports
sexuels entre un homme et une femme, non unis par le mariage, mais qui
auraient pu l’être, parce lors de la conception de l’enfant, il n’existait aucun
empêchement au mariage. Les enfants incestueux, issus des rapports sexuels
entre un homme et une femme, non unis par le mariage, et qui n’auraient
pas pu l’être, parce qu’il existait un empêchement à ce mariage tenant à la
proximité de leur parenté. Les enfants naturels adultérins, issus des rapports
sexuels entre un homme et une femme, non unis par le mariage, et qui ne
pouvaient pas l’être parce que, lors de la conception de l’enfant, l’un d’eux
au moins était engagé dans les liens du mariage avec un tiers. Le code civil
établissait une hiérarchie entre la filiation légitime et la filiation naturelle,
qui se traduisait notamment par la limitation des droits des enfants naturels
incestueux et adultérins par rapport à ceux des enfants légitimes(en
particulier au point de vue successoral) : ces enfants naturels n’avaient droit
qu’aux aliments; à la limite, certains enfants naturels se voyaient privés de
tout droit résultant de leur filiation, car l’établissement juridique de cette
filiation était prohibé (cas des enfants adultérins et incestueux).Le
législateur du code de la famille a banni toute forme de discrimination entre
les enfants car ceux-ci ne choisissent pas de naitre dans telle ou telle
condition. Le législateur pose donc comme principe l’égalité de tous les
enfants dans leurs rapports avec leurs père et mère et ce, quel que soit leur
mode de filiation. On peut lire à l’exposé des motifs de la loi portant code de
la famille ce qui suit : ‘‘en matière de filiation, la loi a tenu à traduire
l’option politique fondamentale selon laquelle tout enfant doit avoir un père
et qu’au Congo, le vocable ‘‘enfant naturel’’ n’a plus droit de cité.

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Art. 646. — Quel que soit son mode d’établissement, la filiation produit ses
effets dès la conception de l’enfant selon les dispositions de l’article 594.
Commentaire : La filiation produit ses effets à dater de la conception de
l'enfant.

Art. 647. — L’enfant d’un seul des conjoints dont la filiation a été établie
pendant le mariage ou dont la filiation, établie avant le mariage n’a pas été
révélée à l’autre conjoint, ne peut être introduit dans la maison conjugale
qu’avec le consentement de ce dernier.
Commentaire : Cet article ne prévoit pas seulement le cas de l'enfant qu'un
homme marié a eu d'une autre femme que son époux. Dans ce cas, il est
inconcevable que le mari puisse introduire l'enfant dans son foyer contre le
gré de son épouse. Inversement, le consentement du mari doit être obtenu
pour l'introduction au foyer d'un enfant dont la filiation maternelle se serait
établie que tardivement, à un moment où la mère est mariée à une personne
qui n'est pas le père. On ne peut imposer à l'un des conjoints un enfant dont
la naissance lui a cachée, que celle-ci ait lieu avant ou pendant le mariage.
Art. 648. — Les père et mère ont l’obligation de nourrir, entretenir et élever
leurs enfants.
À défaut par l’un d’eux de remplir cette obligation, l’autre ainsi que le
Ministère public ont une action en pension alimentaire.
Commentaire : L’obligation de nourrir comporte celle de donner à l’enfant
tout ce qui est nécessaire pour sa substance. L’obligation alimentaire de
l’article 716 du code de la famille diffère de l’obligation de nourrir de
l’article 648. Cette dernière est une obligation plus rigoureuse : elle n’est
pas liée à l’état de besoin, elle doit procurer à l’enfant tout le bien possible,
elle n’est pas réciproque. Par contre elle cesse à partir de la majorité de
l’enfant. Par l’obligation d’élever, le législateur a eu en vue l’éducation et
l’entretien de l’enfant. Il importe de relever ici la distinction entre
l’obligation alimentaire, que nous avons examinée avant, et l’obligation
d’éducation du mineur. L’inexécution de l’obligation alimentaire expose
celui qui a été condamné à payer une pension. La négligence de la part de
parents de veiller à donner à leurs enfants une éducation convenable suivant
leur rang social et leur incurie à l’égard de mauvaises tendances dont
témoigneraient leurs enfants, permet au tribunal de priver de leur autorité
les parents coupables et de déclarer la tutelle. Par l’obligation d’entretenir,
il faut comprendre l’habillement et le logement. L’article 326 al. 2 charge
spécialement de ces tâches celui qui exerce l’autorité parentale et précise
qu’elle doit s’accomplir suivant sa condition et ses aptitudes.

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CHAPITRE VI.
DU STATUT JURIDIQUE DE L’ENFANT DONT LA FILIATION
PATERNELLE N’A PU ÊTRE ÉTABLIE

Art. 649. — Lorsque la filiation paternelle d’un enfant né hors mariage n’a
pu être établie, le tribunal, à la demande de l’enfant, de sa mère ou du
Ministère public, désigne un père juridique parmi les membres de la famille
de la mère de l’enfant ou à défaut de ceux-ci, une personne proposée par la
mère de l’enfant.
Dans ce cas, le père juridique exerce vis-à-vis de l’enfant toutes les
prérogatives résultant de la filiation et en assume les devoirs.
La parenté juridique ne crée pas d’autres effets.
Commentaire : Le législateur a innové en introduisant la notion de "père
juridique" à côté de celle, communément admise, de père biologique. Tout
enfant devant avoir à l'avenir un père, il fallait trouver une forme de
paternité dans le cas où il serait impossible d'établir la filiation.
L'attribution par le tribunal d'un père juridique à un enfant né hors mariage
et dont la filiation paternelle n'a pu être établie n'équivaut pas à une
adoption. En effet, coutumièrement, l'enfant issu d'une union de fait est
membre de la famille de sa mère. Il est élevé et éduqué par cette famille.
C'est l'ayant-droit coutumier de cette famille qui est son père de droit. En
désignant comme père juridique cet ayant-droit coutumier, le code de la
famille consacre une institution propre aux coutumes congolaises. Par
contre, l'adoption obéit à une philosophie toute différente de cette de
l'intégration automatique de l'enfant né hors mariage eu sein de la famille
de sa mère. Il est vrai que, à défaut de membre de la famille maternelle, le
père juridique peut être une personne étrangère à cette famille, désignée par
la mère. Selon l'alinéa 3 de cet article la parenté juridique ne crée pas
d'autres effets. Les prescrits de cet alinéa doivent être bien compris :
d'abord il signifie d'une part qu'il n'existe pas de lien juridique entre l'enfant
et les descendants, descendants et collatéraux du père juridique, sauf si père
juridique est issu de la famille de sa mère et d'autre part que l'enfant à père
juridique ne concourt pas en principe à la succession de son père juridique
en qualité d'héritier de la première catégorie; ensuite il signifie qu'il n'existe
entre le père juridique et l'enfant à père juridique que des devoirs d'entretien
et d'éducation.

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TITRE III
DE L’ADOPTION

CHAPITRE Ier
DES PRINCIPES GÉNÉRAUX

Art. 650. — L’adoption crée, par l’effet de la loi, un lien de filiation distinct
de la filiation d’origine de l’adopté.
Commentaire : Le texte ne donne pas une définition de l'adoption, on a
estimé que c'est là une tâche incombant à la doctrine plutôt qu'au
législateur. Cet article donne seulement une indication assez générale.
Malgré son caractère laconique, l'article indique clairement la place de
l'adoption dans le droit familial : cette institution établit un mode de filiation
distinct de la filiation d'origine, sans mettre fin à celle-ci. Le texte tel qu'il
est formulé, n'empêche pas l'adoption, par l'adoptant, de son propre enfant
ou d'un membre de sa famille.

Art. 651 : Ancien.


L’adoption ne peut avoir lieu que s’il y a de justes motifs et si elle
présente des avantages pour l’adopté.

Art. 651 : Modifié.


L’adoption ne peut avoir lieu que s’il y a de justes motifs et si elle
présente des avantages pour l’adopté.
L’adoption d’un enfant congolais par un étranger n’a lieu que si les
autorités congolaises compétentes :
1. Constatent, après avoir dûment examiné les conditions de placement de
l’enfant en République Démocratique du Congo, que l’adoption répond à
l’intérêt supérieur de l’enfant ;
2. Se sont assurées que :
a. le consentement n’est pas obtenu moyennant paiement ou contrepartie
d’aucune sorte et qu’il n’a pas été retiré ;
b. les souhaits et avis de l’enfant sont pris en considération selon son âge
et niveau de maturité ;
c. le consentement de l’enfant à l’adoption, lorsqu’il est requis, est donné
librement, dans les formes légales requises, et que ce consentement est
donné ou constaté par écrit.
Toute adoption est soumise à une enquête sociale préalable.
Commentaire : Cette disposition souligne la fonction de l'adoption comme
instrument de protection de la jeunesse tout en excluant pas la réalisation de
l'adoption pour des motifs autres que la protection de l'adopté, pourvu que
l'adoption soit également avantageuse pour l'adopté et que ces motifs soient
licites. L'article 651 complète par ailleurs la disposition précédente en

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précisant la finalité de l'institution exprimée sous la forme de conditions


fondamentales. Les conditions fondamentales de l'adoption sont donc d'une
part la licéité des motifs de l'adoption et d'autre part l'avantage de l'adopté.
Ces conditions sont si fondamentales qu'il était bon pour le législateur de les
formuler dans la première section, plutôt que dans la section II, consacrée
aux conditions de l'adoption. La modification de cette disposition en 2016 a
ajouté des conditions particulières à l’adoption internationale. Le
législateur a mis sous un seul article le fondement de l’adoption en général
et les conditions de l’adoption d’un enfant (mineur seulement ?) congolais
par un étranger. Le législateur se montre rigoureux dans le cas de
l’adoption d’un enfant congolais par un étranger en fixant un certain
nombre de préalables à savoir l’inefficacité des mesures de placement en
RDC à répondre à l’intérêt supérieur de l’enfant. Il apparaît alors que
l’adoption internationale est une mesure de dernier recours. Elle ne peut
être autorisée que si l’intérêt supérieur de l’enfant l’exige. La manière de
consentir à une telle adoption est également strictement encadrée par cette
disposition. A lire cette disposition, le consentement peut être retiré après
avoir été donné. Cela suppose que le retrait se fasse avant le jugement.

Article 651bis — En période de conflit ou post-conflit, ou dans les


situations quelconques d’urgence, les enfants séparés ou non accompagnés
ne peuvent faire l’objet d’une requête en adoption qu’après avoir été
hébergés dans un établissement spécialisé en République Démocratique du
Congo pendant au moins une année, moyennant avis du ministre de la
justice, délibéré en Conseil des ministres et des procès-verbaux d’enquête
retraçant :
1. les efforts fournis pour retrouver les parents de l’enfant et qui se sont
avérés sans succès ;
2. le parcours de l’enfant, du site de recueillement à l’établissement
d’hébergement ;
3. l’absence de tout lien de parenté ou social de l’enfant au sein de la
communauté ;
4. l’absence de toute offre de prise en charge alternative dans les familles
congolaises en République Démocratique du Congo.
Commentaire : Le législateur a innové sur cette question en émettant des
mesures pour empêcher l’adoption d’un enfant en situation exceptionnelle
(au sens de la loi sur la protection de l’enfant). Le législateur évite que la
situation de vulnérabilité supplémentaire dans laquelle se trouve cet enfant
soit un motif facile pour justifier son adoption. Le législateur donne une
année pour que l’Administration se soit rassurée que l’adoption est une
mesure ultime à défaut de toute mesure de placement disponible. La
difficulté est de nature pratique parce qu’il faudrait préciser quelle structure
administrative se charge des mesures d’hébergement dans un établissement
spécialisé. Textes en parallèles : Articles 72 et 73 de la loi portant

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protection de l’enfant : Article72 : L’Etat garantit la protection, l’éducation


et les soins nécessaires aux enfants affectés par les conflits armés, les
tensions ou troubles civils, spécialement à ceux trouvés et non identifiés par
rapport à leur milieu familial. Cette disposition s’applique également à
l’enfant déplacé par suite d’une catastrophe naturelle ou d’une dégradation
des conditions socio-économiques. Article 73 : L’Etat assure la réadaptation
et la réinsertion de l’enfant en situation difficile et/ou exceptionnelle.
Art. 652 : Ancien.
Les dispositions relatives à l’adoption sont impératives.
Art. 652 : Modifié.
Les dispositions relatives à l’adoption sont impératives.
Un décret du Premier ministre, délibéré en Conseil des ministres, crée un
organisme public chargé des adoptions.
Commentaire : La législation sur l'adoption, comme généralement toutes les
dispositions du droit de la famille, a un caractère impératif : l'on ne peut y
déroger par des conventions ou par des clauses particulières. Le terme
"impératif" plutôt que "ordre public" a été préféré afin d'éviter que les
nullités que l'on établira dans ce domaine (cf. plus loin, article 674 alinéa 1
et art. 683 CF) ne soient nécessairement considérées comme absolues. Le
présent article est renforcé par la disposition de l'article 683 qui en
constitue une application en ce qui concerne les effets de l'adoption. Lors de
la modification de cet article en 2016 un alinéa 2 a été ajouté qui prévoit
qu’un organisme public des adoptions est à créer par un décret du Premier
ministre. Cela sous-entend que la loi, elle, ne crée pas ; c’est le décret qui
créera. Il eut été plus correct que la loi crée en laissant le décret du premier
ministre organiser.

CHAPITRE II
DES CONDITIONS DE L’ADOPTION

Art. 653 : Ancien.


Ne peuvent adopter que les personnes majeures et capables, à l’exception
de celles qui sont déchues de l’autorité parentale.

Art. 653 : Modifié.


Ne peuvent adopter que les personnes majeures et capables, à l’exception
de celles qui sont déchues de l’autorité parentale, des homosexuels, des
transsexuels, des pédophiles et des personnes souffrant des troubles
psychiques.
L’adoptant doit donner la preuve de son engagement à œuvrer avec la
famille de l’enfant dont l’adoption est sollicitée ainsi que les autorités

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administratives nationales chargées de l’adoption, à assurer la prise en


charge de l’enfant au sein de sa propre famille ou communauté, afin de
garantir la continuité de son éducation, dans son environnement
socioculturel naturel.
Si cela s’avère matériellement irréalisable, l’adoption internationale de
l’enfant congolais ne pourrait être accordée que si, en sus des conditions
prescrites à l’article 651 alinéa 2 de la présente loi, les autorités compétentes
de l’Etat d’accueil délivrent des attestations constatant que :
1. l’adoptant est apte à adopter et à fournir à l’enfant un cadre
d’épanouissement acceptable ;
2. l’adoptant a l’extrait de casier judiciaire vierge et est de moralité publique
irréprochable.
Commentaire : Cet article pose le principe selon lequel ne peut adopter que
celui qui est capable. La modification de cet article en 2016 a consisté en
l’ajout des conditions relatives à l’adoptant. Ainsi, la liste des personnes
exclues à adopter est allongée : à part les majeurs incapables, les mineurs,
les personnes déchues de l’autorité parentale, sont exclus les homosexuels
(en couple ou pas), les transsexuels, les pédophiles et les personnes souffrant
des troubles psychiques. D’autres conditions ont été ajoutées relativement à
l’environnement qui sera offert à l’adopté.

Article 653 bis.


L’adoption internationale d’un enfant congolais ne peut être autorisée
qu’à destination de l’Etat avec lequel la République Démocratique du Congo
est liée par une Convention internationale en matière d’adoption au moment
de la décision judiciaire.
Commentaire : Cette disposition a pour effet de permettre à la RDC d’être
en mesure de suivre les cas des enfants adoptés même au sein des familles
qui les accueillent à l’étranger. Or, cela ne peut être possible que par la voie
d’une coopération interétatique. Le fait de soumettre l’adoption
internationale d’un enfant congolais à la condition de l’existence d’une
Convention internationale avec l’Etat destinataire est une façon d’assurer ce
contrôle.

Art. 654. — L’adoption ne peut être demandée qu’après cinq ans de


mariage, sauf s’il s’agit de l’enfant de son conjoint.
Commentaire : L’adoptant ne peut adopter qu’après cinq ans de mariage,
sauf s’il s’agit de l’enfant de conjoint. Tel qu’il est formulé, l’article 654 du
code de la famille a pour effet de soumettre deux époux désireux d’adopter
à des exigences plus sévères. Le législateur ne permet au couple d’adopter
des enfants qu’au moment où leur mariage a prouvé sa stabilité par sa
durée.

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Art. 655. — L’adoption peut être conjointement demandée par les époux
quel que soit leur âge.
Commentaire : Nul ne peut être adopté par plusieurs personnes, dit l'article
667. Mais l'article 655 autorise l'adoption conjointement par les deux
époux ; toutefois ces deux époux doivent être majeurs et capables.

Art. 656 : Ancien.


L’existence d’enfants chez l’adoptant ne fait pas obstacle à l’adoption.
Toutefois, l’adoption n’est permise qu’aux personnes qui, au jour de
l’adoption, ont moins de trois enfants en vie, sauf dispense accordée par le
président de la République.
Nul ne peut adopter plus de trois enfants, sauf s’il s’agit des enfants de
son conjoint.

Art. 656 : Modifié.


L’existence d’enfants chez l’adoptant ne fait pas obstacle à l’adoption.
Toutefois, l’adoption n’est permise qu’aux personnes qui, au jour de
l’adoption, ont moins de trois enfants en vie, sauf dispense accordée par le
Gouverneur de province ou de la ville de Kinshasa.
Nul ne peut adopter plus de trois enfants, sauf s’il s’agit des enfants de
son conjoint.
Commentaire : Dans les systèmes traditionnels de l'Europe, l'adoption
n'était pas possible si l'adoptant avait des descendants. Cette limitation tend
à disparaître : la plupart des législations ne prescrivent plus cette
interdiction. Le législateur congolais a opté pour admettre l'adoption par
des personnes ayant déjà des descendants, solution, certainement plus
conforme à la mentalité des Congolais que la solution inverse. Cette règle
est exprimée par le 1er alinéa de l'article 656. Toutefois, on a estimé qu'il
devait y avoir une limitation à ce principe. Ainsi, le deuxième alinéa édicte
que ne peut adopter que celui qui au jour de l'adoption avait trois enfants en
vie, sauf dispense. De même, l'alinéa 3 ajoute une deuxième réception en
décidant qu'une personne ne pourra adopter plus de trois enfants. Mais
parfois des difficultés sérieuses peuvent surgir. Supposons qu'un homme
épouse une mère de quatre ou cinq enfants, et qu'il désire accueillir les
enfants de son épouse dans son foyer et les adopter. Sera-t-il obligé de faire
un choix entre ces enfants, de sorte qu'un ou deux parmi eux seront privés de
la faveur de l'adoption ? Cette solution serait inéquitable. Pour cette raison,
il faut une exception à la restriction imposée par l'alinéa 2. Ainsi, pour
permettre à l'époux d'adopter tous les enfants de son épouse ou inversement
cette limitation n'est plus requise en pareille solution; dans tout autre cas, il
faut une dispense. La modification de cet article en 2016 a porté sur la
compétence pour accorder la dispense en ce qui concerne le nombre
d’enfants qu’un couple doit avoir pour adopter plus d’enfants. La dispense
est à solliciter désormais auprès du Gouverneur de province.

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Art. 657. — L’un des époux ne peut adopter qu’avec le consentement de son
conjoint, à moins que ce dernier ne soit dans l’impossibilité de manifester sa
volonté ou s’il n’a aucune demeure connue.
Commentaire : Ce consentement est exigé de façon à ne pas mettre en
danger la paix du ménage, par l’introduction d’une personne étrangère au
foyer et par le préjudice matériel qu’elle pourrait causer à l’autre conjoint.
La forme la plus pratique de donner son consentement sera la comparution
personnelle devant le juge du tribunal de paix (art. 671 CF modifié). Mais
en cas de non comparution, celui-ci doit résulter d’un acte authentique (art.
671 in fine CF modifié).

Art. 658. — Ne peut adopter la personne qui a effectué ou fait effectuer, a


promis ou fait promettre un paiement ou des avantages en nature à une
personne devant consentir à l’adoption, en vue d’obtenir ce consentement.
Commentaire : De craintes se sont faites jour au sujet des transactions
pécuniaires qui pourraient se conclure à l'occasion de l'adoption. Des
moyens ont été imaginés en vue de prévenir que l'adoption ne devienne
parfois une "vente d'ente". D'où la justification de cette disposition.

Art. 659. — Le tuteur ne peut adopter son pupille qu’après avoir rendu les
comptes de son administration.
Commentaire : Cette restriction a pour finalité d'éviter que le tuteur ne
profite de l'administration des biens du mineur pour solliciter la tutelle afin
de capter en partie ou en totalité les biens du mineur. D'où l'obligation lui
faite par la loi de rendre compte de son administration avant qu'il ne soit
autorisé à adopter son pupille.

Art. 660. — L’adoption est permise quel que soit l’âge de l’adopté.
Commentaire : Cette option corrobore avec la finalité de l'adoption telle
qu'arrêtée par le législateur du code de la famille. En effet, sous l'époque
coloniale, l’adoption était vécue comme une sorte de conclusion de
fraternité chez les Bantous. Pendant la période coloniale, cette institution fut
organisée par le code civil congolais. Le législateur colonial avait estimé
qu’il fallait non seulement conserver cette institution, mais aussi en favoriser
la pratique. Dans le code civil, l’adoption ne se concevait que vis-à-vis du
couple sans enfant c’est-à-dire par rapport à un couple sans enfants. Et
l’adoption de personnes majeures ne se concevait pas. Avec le code de la
famille, le législateur a opté pour une nouvelle notion d’adoption se
distinguant fondamentalement de celle prévue par l’ancienne législation.
L’adoption, nouvelle formule, vise d’abord à donner à l’enfant un cadre
familial d’accueil, les autres motifs licites venant en seconde. Alors que
l’adoption donnait à des personnes adultes une progéniture qu’elles ne
pouvaient avoir, la nouvelle adoption introduite par le code de la famille
vise essentiellement la protection de la jeunesse bien que l’adopté puisse

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être aussi bien un enfant qu’une personne adulte. Soulignons toutefois que
dans l'adoption internationale, l'adopté doit nécessairement être un mineur.

Art. 661. — L’adopté âgé de plus de quinze ans doit personnellement


consentir à son adoption.
Il doit être entendu dès qu’il a atteint l’âge de dix ans, sauf si, en raison
de circonstances, son audition est inopportune.
Il ne doit consentir ni être entendu s’il est interdit ou s’il est hors d’état de
manifester sa volonté.
Commentaire : L'on ne conçoit pas l'adoption sans libre consentement de la
part de la personne directement concernée, l'adopté. Il a paru toutefois
opportun au législateur de prévoir une distinction : d'une part l'adopté aura
droit à consentir dès l'âge de 15 ans (alinéa 1er), et d'autre part il aura le
droit à être entendu dès l'âge de 10 ans (alinéa 2). Cette dernière disposition
risque de créer des difficultés là où un enfant très jeune, parfaitement
intégré dans le foyer de ses père et mère nourriciers, apprendrait le
caractère de sa situation familiale à l'occasion de l'interrogatoire au cours
de la procédure en adoption. C'est la raison pour laquelle l'alinéa 2 prévoit
que le tribunal peut estimer qu'en raison des circonstances, cette audition
serait inopportune. L'exigence du consentement ne doit pas être poussée à
un degré tel qu'elle empêcherait l'adoption d'une personne incapable
d'exprimer une volonté raisonnable (malades mentaux ; oligophrènes).
Rendre possible l'adoption de ces catégories de personnes, voilà le but que
poursuit le troisième alinéa.

Art. 662 : Ancien.


Les père et mère de l’adopté mineur doivent tous deux consentir à
l’adoption.
Si l’un des père ou mère est décédé, se trouve dans l’impossibilité de
manifester sa volonté, n’a aucune demeure connue ou s’il est déchu de
l’autorité parentale, le consentement sera donné conjointement par l’autre
époux et un membre de la famille de son conjoint désigné par le tribunal de
paix sur proposition du conseil de famille.
Lorsque la filiation d’un mineur n’est établie qu’à l’égard de l’un de ses
auteurs, celui-ci consent seul à l’adoption.

Art. 662 : Modifié.


Le père et la mère de l’adopté mineur doivent tous deux consentir à
l’adoption.
Si l’un des parents est décédé, se trouve dans l’impossibilité de
manifester sa volonté, n’a aucune demeure connue ou s’il est déchu de
l’autorité parentale, le consentement sera donné conjointement par l’autre
époux et un membre de la famille de son conjoint désigné par le Tribunal
pour enfants, sur proposition du conseil de famille.

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Lorsque la filiation d’un mineur n’est établie qu’à l’égard de l’un de ses
auteurs, celui-ci consent seul à l’adoption.
Commentaire : Le consentement du père et de la mère de l'adopté mineur
est requis pour son adoption. Cette règle est conforme à l'idéal de l'égalité
de l'homme et de la femme, notamment dans le ménage. Pour un acte qui
revêt l'importance de l'adoption, on ne conçoit pas que le père impose sa
volonté en invoquant sa qualité de chef du ménage. Les deux auteurs ne
s'inspireront pas seulement des intérêts de l'adopté, mais tiendront compte
également des intérêts de la famille d'origine. Il n'a pas paru opportun au
législateur de prévoir un droit d'immixtion de la part d'autres membres de la
famille d'origine; car cette intervention pourrait aller à l'encontre de la
cohésion dans le ménage dont l'adopté fait partie. Les deux parents ont le
droit de consentir à l'adoption, même si l'un d'eux n'a pas le droit de garde
(par exemple en cas de divorce). La modification de cet article en 2016 a
touché l’expression « les père et mère » qui est remplacée par « le père et la
mère ». « Si l’un des père ou mère » est remplacé par « Si l’un des parents »
comme si le mot « parents » renvoyait aux « père et mère » uniquement. Une
lecture rigoureuse de cette disposition ferait constater qu’elle insinue que
seuls les enfants nés dans le mariage peuvent faire l’objet d’adoption. Ce qui
serait une contradiction au regard des préalables que la loi pose.

Art. 663. — Les père et mère de l’adopté majeur doivent tous deux donner
leur consentement.
Si l’un d’eux est décédé ou s’il est hors d’état de manifester sa volonté,
n’a aucune demeure connue ou s’il est déchu de l’autorité parentale, le
consentement sera donné conjointement par l’autre époux et un membre de
la famille de son conjoint désigné par le tribunal de paix sur proposition du
conseil de famille.
S’ils refusent ou s’il y a dissentiment entre le père et la mère, l’adopté
peut, après qu’il leur aura notifié un acte respectueux, demander au tribunal
qu’il soit passé outre.
Commentaire : Il sera peu concevable au Congo de ne pas solliciter, même
si l'adopté est majeur, le consentement des parents d'origine. Toutefois, le
refus de consentement des parents ou de l'un d'entre eux ne peut arrêter,
comme c'est le cas pour un mineur, l'adoption qui intéresse, d'abord et avant
tout, l'adopté vu que, par ailleurs, celui-ci, majeur, est le seul, en principe, à
pouvoir juger de l'opportunité de modifier son état de filiation. Ainsi, après
l'acte respectueux qu'il notifiera à ses parents, il pourra, par requête
spéciale, manifester clairement sa volonté d'être adopté. Ce sont là des
mesures de filtrage suffisantes mais aussi nécessaires dans le contexte social
du pays. Notons enfin, que si l'adoption d'un majeur paraît insolite, elle peut
cependant être imaginée dans certaines situations notamment : pour un
adulte qui n'a pas de parent connu, ou qui n'a plus de père et mère ou pour

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un adulte qui voudrait se rapprocher par l'adoption de l'adoptant, et que


cela existe, par exemple, dans le pacte de sang.

Art. 664. — Si l’adopté mineur n’a ni père ni mère susceptible de donner


son consentement, celui-ci doit être donné par le tuteur.
Le tuteur recueille au préalable l’avis du conseil de famille.
Toutefois, en cas de refus, le ou les futurs adoptants peuvent demander au
tribunal de passer outre, après que le tuteur aura été entendu pour expliquer
le motif de son refus.
En cas d’adoption d’un pupille de l’État, le consentement est donné par le
conseil de tutelle, le tuteur délégué entendu.
Commentaire : Cet article est conforme aux dispositions relatives à la
capacité, y compris l'exigence de consulter le conseil de famille. Selon cet
article l'avis du conseil de famille ne lie pas le tuteur. En l'absence des père
et mère, le tuteur, assisté du conseil de famille, constitue à la fois le
protecteur indiqué du mineur et le meilleur juge des intérêts de la famille
d'origine. L'insertion de l'alinéa 3 s'avère nécessaire car si l'on peut
admettre que le refus de consentement des parents d'origine soit à lui seul
décisif, il ne peut en être de même du tuteur qui peut agir plus dans son
intérêt que celui de son pupille. Quant au pupille de l'Etat, il paraît
conforme à la réglementation de la tutelle d'Etat de déférer le consentement
u conseil de tutelle qui exerce l'autorité sur le pupille et délègue certains
pouvoirs qu'il contrôle d'ailleurs, au tuteur délégué (alinéa 4).

Art. 665. — Une personne mariée ne peut être adoptée qu’avec le


consentement de son conjoint, à moins que ce dernier ne soit dans
l’impossibilité de manifester sa volonté ou n’a aucune demeure connue.
Commentaire : On pourrait, à première vue, considérer comme choquant
l'adoption de personne mariée. Mais, en réalité, plusieurs situations peuvent
expliquer pareille adoption. On peut penser par exemple à un pupille de
l'Etat qui veut avoir une famille.

Art. 666. — S’il s’agit de l’adoption d’un interdit, les articles 662, 663 et
664 lui sont applicables.
Commentaire : On estime que le consentement est, avant tout, une
prérogative des parents d'origine, si même le tuteur de l'interdit est une
autre personne.

Art. 667. — Nul ne peut être adopté par plusieurs personnes si ce n’est par
deux époux.
Toutefois, en cas de décès de l’adoptant ou de deux adoptants, une
nouvelle adoption peut être prononcée tant que l’adopté est mineur.

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Lorsque l’adopté l’a été par deux époux et que l’un d’eux vient à décéder,
une nouvelle adoption est permise par le nouveau conjoint de l’époux
survivant.
Commentaire : On a voulu limiter les exceptions d'adoption successive aux
seuls cas d'adoption des mineurs qui ont perdu l'un de leurs parents adoptifs
au décès. Les alinéas qui suivent ne peuvent être interprétés comme ayant la
portée de permettre l'adoption par deux personnes de même sexe; il vise
uniquement à rendre possible l'adoption par le conjoint de l'adoptant
survivant ou du père ou de la mère de l'adopté.

Art. 668 : Ancien.


L’adoptant doit avoir au moins quinze ans de plus que l’adopté.
Toutefois, s’il adopte l’enfant de son conjoint, il faut qu’il ait dix ans de plus
que l’adopté, sauf dispense du président de la République.

Art. 668 : Modifié.


L’adoptant doit avoir au moins quinze ans de plus que l’adopté.
Toutefois, s’il adopte l’enfant de son conjoint, il faut qu’il ait dix ans de
plus que l’adopté, sauf dispense accordée par le Gouverneur de province ou
de la ville de Kinshasa.
Commentaire : Remarquons que cet article n'exige nullement que le
conjoint soit encore vivant au moment de la demande pour que l'adoptant
puisse se prévaloir de la réduction à dix ans de la différence d'âge.

Art. 669. — L’adoption d’une personne par une autre, célibataire, veuve ou
divorcée de sexe différent, ne peut être admise que si les circonstances la
justifient.
Commentaire : On pourrait craindre que l'adoption par une personne
célibataire de sexe différent cache en réalité une situation de concubinage
qui reste toujours une situation qui va à l'encontre de la protection du
mariage d'une part et d'autre part de l'esprit de ce texte qui est établi pour
créer un lien de parenté juridique. Notons enfin, que ce texte oblige le
tribunal à se montrer particulièrement attentif sur le fondement des motifs de
la requête d'adoption et, il semble, que le défaut par le tribunal dans sa
décision, de préciser les circonstances justificatives, serait une omission ne
respectant pas la loi, entrainant possibilité de cassation, lorsque cette
omission serait maintenue par la juridiction d'appel.

Article 669 bis — Les dispenses prévues aux articles 656 et 668 ci-dessus
ne sont accordées, en cas d’adoption par un étranger, que par arrêté
interministériel des ministres ayant les affaires étrangères, l’intérieur, la
justice, la famille et l’enfant ainsi que les affaires sociales dans leurs
attributions.

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Commentaire : Les dispenses que peut accorder le Gouverneur de Province


quant au nombre d’enfants que doit avoir l’adoptant étranger au moment de
l’adoption et quant à l’écart d’âge entre l’adoptant étranger et l’enfant
congolais adopté sont de la compétence de plusieurs ministères. La logique
derrière une telle procédure est certainement de permettre à tous ces
ministères de passer en revue les conditions d’une telle adoption. La
question est de savoir si un seul ministère ne pourrait-il pas suffire tant il est
vrai qu’au préalable un avis aura été donné par l’Organisme chargé des
adoptions. Un avis défavorable d’un seul ministère peut bloquer la machine
alors que la procédure était déjà en marche. L’intérêt de l’enfant à adopter
justifie-t-il une telle lourdeur ? En plus de cette lourdeur, chaque
intervenant garde le droit de faire opposition à l’adoption ou à tout le moins
demander à ce que le Ministère public fasse appel de la décision accordant
adoption.

CHAPITRE III
DES FORMES D’ADOPTION

Art. 670 : Ancien.


La requête aux fins d’adoption est présentée au tribunal de paix par la ou
les personnes qui se proposent d’adopter. La requête est présentée au
tribunal du domicile des adoptants ou de l’un d’eux, ou du domicile de
l’adopté. Il est obligatoirement joint à la requête un extrait des actes de
naissance des adoptants ainsi que de celui qu’on propose d’adopter et
éventuellement, l’acte constatant les consentements requis.

Ceux qui ont consenti à l’adoption sont avertis de la date de l’audience,


dans le délai d’ajournement, augmenté, s’il y a lieu du délai de distance.

Art. 670 : Modifié.


La requête aux fins d’adoption est présentée au tribunal de paix, après
avis de l’organisme public chargé des adoptions, par la ou les personnes qui
se proposent d’adopter.
Sauf pour la requête en adoption par un étranger qui ne peut être
présentée au tribunal du domicile des adoptants ou de l’un d’eux, ou du
domicile de l’adopté. Il est joint à la requête des actes de naissance ou des
extraits des actes de naissance des adoptants ainsi que de celui qu’on
propose d’adopter et éventuellement, l’acte constatant les consentements
requis.
Ceux qui ont consenti à l’adoption sont avertis de la date de l’audience,
dans le délai d’ajournement, augmenté, s’il y a lieu, du délai de distance.
Commentaire : Cet article est relatif à la requête en vue de l'adoption. La
modification de cet article en 2016 a consisté en l’ajout de la nécessité de

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recueillir l’avis de l’organisme public chargé des adoptons avant


d’introduire la requête aux fins d’adoption. Il est supprimé l’adverbe
« obligatoirement » à l’alinéa 2 après « Il est joint à la requête… ». Il y a
lieu de noter que la formulation de la première phrase de cet alinéa 2 n’est
pas heureuse puisque le sens ne ressort pas facilement. Il a lieu de constater
que l’article 99 de la loi portant protection de l’enfant consacre à son
deuxième alinéa la compétence du juge pour enfants en ce qui concerne la
question de l’adoption. Pourtant l’article 670 CF tel que modifié renvoie
plutôt au Tribunal de paix. Etant donné la nature de la modification, l’on est
porté à se demander si le législateur a voulu exclure le Tribunal pour
enfants de la compétence en matière d’adoption ordinaire et même
internationale. L’on pouvait soutenir, avant cette modification, que le
Tribunal pour enfants est compétent dans les cas d’adoption des mineurs et
le Tribunal de paix est compétent en cas d’adoption des personnes majeures.
Cependant, l’article 670 CF modifié vise l’adoption internationale à son
alinéa 2 alors que cette dernière forme d’adoption concerne plus les enfants
mineurs. Cela nous amène à douter de la compétence exclusive du juge pour
enfants. La difficulté résulte du fait que le législateur n’a pas ajouté l’article
99 LPE parmi les dispositions à abroger dans l’hypothèse de l’adoption
comme il l’a fait à l’article 920 bis. Ce qui fait que dans la pratique, une
interprétation stricte ferait de l’article 670 CF une disposition qui doit
prévaloir puisque faisant partie de la loi nouvelle. Dans le cas contraire, la
question sera réglée par l’article 145 de la loi sur les juridictions de l’ordre
judiciaire en cas de litispendance.

Art. 671 : Ancien.


Le consentement de l’adoptant et de l’adopté est donné en personne,
devant le tribunal.
Lorsqu’il n’est pas donné en personne devant le tribunal, le consentement
des père et mère de l’adopté, de la personne chargée de donner son
consentement conjointement avec l’un des parents conformément aux
articles 662 et 663, du tuteur ou du conseil de famille de l’adopté, du
conjoint de l’adoptant et de l’adopté, celui-ci doit résulter d’un acte
authentique établi par un officier de l’état civil, un notaire ou un agent
diplomatique ou consulaire congolais.
Le consentement donné par acte authentique peut être rétracté dans les
mêmes formes, jusqu’au dépôt de la requête aux fins d’adoption.

Art. 671 : Modifié.


Le consentement de l’adoptant et de l’adopté est donné en personne,
devant le tribunal.
Lorsqu’il n’est pas donné en personne devant le tribunal, le consentement
de l’adoptant, du père et de la mère de l’adopté, de la personne chargée de
donner son consentement conjointement avec l’un des parents conformément

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aux articles 662 et 663 de la présente loi, du tuteur ou du conseil de famille


de l’adopté, du conjoint de l’adoptant et de l’adopté, celui-ci doit résulter
d’un acte authentique.
S’agissant de l’adoption internationale, outre le consentement de toutes
les parties à l’instance d’adoption, le tribunal s’assure, sur base des procès-
verbaux d’enquête ou de toutes autres pièces versés au dossier et
l’instruction à l’audience, de :
1. la difficulté de garder l’enfant au sein de la famille élargie ou de la
communauté locale ;
2. la difficulté d’une prise en charge sociale alternative en République
Démocratique du Congo ;
3. l’existence d’un lien légal de mariage entre l’adoptant et un conjoint de
sexe opposé avec lequel il cohabite sous un même toit ;
4. la non pertinence de la précarité ou de la pauvreté de parents ou de la
famille comme seule motivation de l’adoption ;
5. la nature exceptionnelle de l’adoption sollicitée, uniquement guidée par
l’intérêt supérieur de l’enfant.
Le consentement donné par acte authentique peut être rétracté dans les
mêmes formes, jusqu’au dépôt de la requête aux fins d’adoption.
Commentaire : L'article 671 ne prévoit pas que l'adoptant ou l'adopté
peuvent se faire représenter devant le tribunal qui doit prononcer l'adoption.
L'on pourrait éventuellement prévoir cette possibilité. Lors de la
modification de cet article en 2016 il y a eu ajout d’un alinéa qui concerne
l’adoption internationale lequel ajoute 5 conditions préalables à l’adoption
internationale. Ces conditions semblent répétitives par rapport à celles
prévues aux articles 651 et 653 du même Code.

Art. 672. — L’instruction de la demande et, le cas échéant, les débats ont
lieu en chambre du conseil.
Le tribunal, après avoir, s’il y a lieu, fait procéder à une enquête par toute
personne qualifiée et après avoir vérifié si toutes les conditions de la loi sont
remplies, prononce l’adoption.
Le dispositif du jugement indique le nom ancien et le nom nouveau, s’il y
a lieu, de l’adopté et contient les mentions devant être transcrites dans les
registres de l’état civil.
Le jugement qui admet l’adoption est prononcé en audience publique.
Commentaire : Cet article précise la procédure de l'adoption devant le
tribunal. Les débats ont lieu en chambre du conseil.

Art. 673. — Si l’adoptant vient à décéder après la présentation de la requête


aux fins d’adoption, l’instruction est continuée et l’adoption prononcée s’il y
a lieu.
Dans ce cas, elle produit ses effets au moment du décès de l’adoptant.

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Les héritiers de l’adoptant peuvent s’opposer à l’adoption. Dans ce cas,


ils remettent au tribunal tous mémoires et observations.
Commentaire : La procédure d'adoption se poursuit même si l''adoptant
décède au cours de celle-ci. Toutefois ses héritiers peuvent s'opposer à
l'adoption.

Art. 674. — Le jugement relatif à l’adoption est susceptible d’appel et de


recours en cassation par les adoptants, l’adopté, par ceux dont le
consentement est requis ainsi que par le Ministère public.
Le délai commence à courir à compter de la décision.
L’adoption prononcée par une décision passée en force de chose jugée ne
peut être attaquée par voie de nullité.
La requête civile n’est recevable que si elle émane de l’adoptant, des
époux adoptants ou de l’un d’eux ou de l’adopté et pour autant qu’elle soit
signifiée dans les trois mois du jour où le requérant a eu connaissance de la
cause sur laquelle il appuie sa requête.
Les jugements refusant de prononcer l’adoption ne font pas obstacle à
l’introduction ultérieure d’une demande semblable fondée sur d’autres
éléments de faits découverts ou survenus depuis la décision de rejet. Le cas
échéant, de nouveaux actes constatant les consentements requis devront être
produits.
Commentaire : L’article 674 du code de la famille dispose que le jugement
relatif à l’adoption est susceptible d’appel et de recours en cassation par les
adoptants, l’adopté, par ceux dont le consentement est requis ainsi que par
le ministère public. Vu qu’il s’agit d’une matière gracieuse, le délai
commence à courir à compter de la décision. Il parait opportun de préciser
clairement les voies de recours ouvertes. Ainsi, l’opposition n’est pas
retenue vu qu’en réalité l’adoption est un acte de juridiction gracieuse où
nécessairement les parties intéressées sont présentes ou du moins
représentées. Le législateur a estimé opportun d’accorder le droit d’appel et
le recours en cassation aux personnes qui doivent consentir car elles sont en
réalité parties jointes à la demande. Signalons par ailleurs que le législateur
donne à l’article 674 la possibilité d’une requête civile contre le jugement
d’adoption. Mais il ne réserve cette procédure qu’au seul adoptant, aux
époux adoptants ou à l’un d’eux et au seul adopté. Ceux-ci doivent sous
peine de forclusion agir dans les trois mois à dater du jour où le requérant a
eu connaissance de la cause sur laquelle il appuie sa requête. La tierce
opposition doit-elle être retenue comme voie de recours en matière
d’adoption en droit congolais ? Nous ne le pensons pas car si le législateur
l’avait voulu, il l’aurait nommément citée. Cette exclusion se comprend
amplement dès lors que l’on sait que la tierce opposition est une voie de
recours extraordinaire qui peut être exercée sans délai, après la décision ;
ce qui, dans le cas de l’adoption qui est un jugement déclaratif d’état, met en
péril l’efficacité de la décision passée en force de la chose jugée, opposable

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aux tiers et qui, comme telle, a autorité absolue de la chose jugée. Enfin,
précisons que les jugements refusant l’adoption ne font pas obstacle à
l’introduction ultérieure d’une demande semblable fondée sur d’autres
éléments de faits découverts ou survenus depuis la décision de rejet (art 674
al. 5 CF).

Art. 675. — Dans le délai d’un mois à compter du jour où la décision n’est
plus susceptible de voie de recours, le Ministère public près la juridiction qui
l’a prononcée ou le greffier du tribunal de paix doit faire injonction à
l’officier de l’état civil du domicile de l’adopté, en vue de transcrire le
dispositif du jugement sur ses registres.
Il est porté mention de l’adoption en marge de l’acte de naissance de
l’adopté.
Il sera délivré copie de l’acte d’adoption aux adoptants et à l’adopté.
Commentaire : L’adoption est un acte de l’état civil. Aussi l’article 675 du
code de la famille prévoit-il que dans le délai d’un mois à compter du jour
où la décision n’est plus susceptible de voie de recours, le ministère public
près la juridiction qui l’a prononcée ou le greffier du tribunal de paix doit
faire injonction à l’officier de l’état civil du domicile de l’adopté, en vue de
transcrire le dispositif du jugement sur les registres. Il est dès lors porté
mention en marge de l’acte de naissance de l’adopté et une copie de l’acte
d’adoption est délivrée aux adoptants et à l’adopté. Et ce n’est que lorsque
la décision de l’adoption est ainsi transcrite qu’elle produit ses effets vis-à-
vis des tiers (art 676 al 2 CF). L'article 675 n'a pas prévu de sanction en cas
d'absence de transcription. Soulignons aussi que la validité de l'adoption ne
dépend en aucun cas de transcription effective de la décision judiciaire.

CHAPITRE IV
DES EFFETS ET DE LA RÉVOCATION DE L’ADOPTION

Art. 676. — L’adoption produit ses effets à compter du jour du dépôt de la


requête. L’adoption n’est opposable aux tiers qu’à partir de la transcription
de la décision.
Commentaire : Selon 676 du code de la famille, l’adoption produit ses
effets à compter du dépôt de la requête. En effet, l’adoption n’opère pas ex
tunc : elle n’a d’effets que pour l’avenir. Etant donné que la procédure peut
se prolonger dans le temps sans que cela soit dû à la faute des intéressés, le
législateur a jugé opportun de remonter les effets de l’adoption au jour du
dépôt de la requête. La réalisation de l’adoption ne dépend pas par
conséquent de son enregistrement. Mais la transcription de la décision aux
registres de l’état civil s’impose comme mesure de publication. Ainsi, il a été
jugé que l’adoption ne sera opposable aux tiers qu’à partir de la
transcription.

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Art. 677. — L’adopté est considéré à tous égards comme étant l’enfant de
l’adoptant. Il entre dans la famille de l’adoptant.
Commentaire : Les articles 676 précité à 618 contiennent les grands
principes régissant les effets de l'adoption. En vertu de l'article 677,
l'adoptant entre dans la famille de l'adoptant.Ce principe ne s’applique pas
seulement aux rapports personnels entre l’adoptant et l’adopté, mais aussi à
ceux entre l’adopté et la famille de l’adoptant. C’est ici que réside la grande
difficulté par rapport à l’adoption simple du code civil livre L’expression
‘‘entrer dans la famille’’ se réfère à une situation juridique plutôt qu’à une
situation de fait. Elle signifie qu’en vertu de l’adoption, des liens de parenté
se créent entre d’une part l’adopté, d’autre part l’adoptant et les parents de
l’adoptant. Elle ne signifie pas nécessairement que l’adopté doit vivre,
résider auprès des membres de la famille de l’adoptant.

Art. 678. — L’adopté conserve ses liens avec sa famille d’origine.


Ses descendants ont des liens avec la famille adoptive ainsi qu’avec la
famille d’origine.
Commentaire : L'adopté demeure aussi dans sa famille d'origine. Les
législations distinguent généralement entre l’adoption simple et l’adoption
plénière. L’adoption plénière qui se caractérise par la rupture de tous les
liens entre l’adopté et sa famille d’origine ainsi que par l’intégration
parfaite de l’adopté dans la famille adoptante. L’adoption simple, qui se
caractérise par le fait que l’adopté demeure membre de sa famille d’origine
malgré les liens nouveaux entre l’adoptant et l’adopté créés par l’adoption.
Il s’agit là, bien sûr, de types d’institutions. Les institutions concrètes ne
correspondant jamais parfaitement à l’un de ses deux types idéaux.
Lorsqu’on dit par exemple que l’Allemagne et la France connaissent
l’adoption simple, on ne prétend nullement que les deux institutions visées
sont identiques. La République démocratique a opté pour une formule
originale : intégration sans rupture. L’adopté entre dans la famille de
l’adoptant ; mais il demeure aussi dans la famille d’origine. Tout en entrant
dans la famille de l’adoptant, l’adopté reste dans sa famille d’origine (art
678 CF). Voilà le trait le plus original de l’adoption congolaise. On peut lire
dans le recueil des exposés généraux et commentaires analytiques des
articles du code de la famille ce qui suit : ‘‘il a été constaté qu’on ne devait
pas opérer un choix entre deux formes opposés. En effet, si l’adopté n’a pas
de famille d’origine, il doit s’intégrer complètement dans la famille
d’adoption : il ne suffit pas de le faire enfant de l’adoption ; si l’adopté a
une famille d’origine, il doit être de même. Mais dans ce cas, il ne se conçoit
pas que l’adopté rompe des liens avec sa famille d’origine. Il doit y avoir
cumul de lien. Dans ce contexte, l’adoption ressemblera en quelque sorte à
l’alliance entre familles que constitue le mariage. On rejette dès lors
l’adoption-rupture avec intégration autant que l’adoption-maintien sans
intégration, en faveur d’une adoption avec maintien et intégration à la fois’’.

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Si cette formule est originale, elle n’est cependant pas sans présenter
quelques difficultés.

Art. 679. — Dans tous les cas où un choix doit être fait entre la famille
adoptive et la famille d’origine, la famille adoptive est préférée, sauf si la loi
en dispose autrement.
Commentaire : Dans certaines hypothèses, le cumul des liens - famille
d'origine et famille d'adoption - peut s’avérer inéquitable, soit impraticable.
Ainsi, dans les deux cas, la loi a préconisé une solution prenant en
considération que l’adoption vise avant tout l’intégration de l’adopté dans
une nouvelle famille : l’article 679 du code de la famille dispose que dans
tous les cas où un choix doit être fait entre la famille adoptive et la famille
d’origine, la famille adoptive est préférée.

Art. 680. — L’adoption n’entraîne aucun rapport civil entre l’adoptant et la


famille d’origine de l’adopté.
Commentaire : L’adoption signifie un accroissement de liens familiaux pour
l’adopté. Pour l’adoptant elle se traduit exclusivement par l’accession au
statut de père ou de mère par rapport à l’adopté. Le risque est voir, surtout,
eu égard à la mentalité congolaise de concevoir l’adoption comme une
véritable alliance entre deux familles, ce qu’elle n’est pas en réalité. Voilà
pourquoi à l’article 680 du code de la famille, le législateur a prévu que
l’adoption n’entraine aucun rapport civil entre l’adoptant et la famille
d’origine de l’adopté.

Art. 681. — L’adoption conserve tous ses effets nonobstant l’établissement


ultérieur d’un lien de filiation.
L’affiliation de l’adopté par une personne autre que l’adoptant intervenue
postérieurement à l’adoption, ne confère à l’adopté ni droits alimentaires ni
droits héréditaires.
Commentaire : Cet article aborde la question des liens postérieurs de
filiation. En effet, lorsqu'un enfant sans père ni mère est adopté, il n'est pas
exclu que sa filiation paternelle ou maternelle soit établie par la suite. Quel
sera l'effet de l'établissement de la filiation (par le sang) postérieurement à
l'adoption ? D'abord, y-a-t-il lieu d'admettre la validité de pareil
établissement de la filiation? En principe, oui mais il y a cependant lieu de
régler certains conflits qui peuvent surgir. Il y a lieu de distinguer le cas où
celui qui a adopté affilie ensuite l'adopté du cas où l'adoptant n'est pas le
père ou la mère biologique de l'adopté. Dans ce dernier cas, il y a lieu
d'affirmer la priorité de l'adoptant. Il faut avant tout éviter que le père ou la
mère biologique établisse ou fasse établir la filiation pour en tirer des
avantages pécuniaires (aliments, droits héréditaires). Ensuite, il y a intérêt à
prévoir explicitement que l'affiliation ou la reconnaissance de maternité
n'aura pas d'effets sur le plan de l'autorité parentale, du nom, de la

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nationalité. Voilà la portée de l'article 681, qui essaye d'apporter des


solutions aux problèmes de conflit entre l'adoptant et les auteurs de l'adopté
sans avoir la prétention de résoudre tout en détail.

Art. 682 : Ancien.


Sans préjudice des exceptions résultant de dispositions particulières, les
textes législatifs et réglementaires ainsi que les actes juridiques soumis au
droit congolais utilisant les termes enfant, fils et fille sont interprétés comme
s’appliquant à l’adopté.

Art. 682 : Modifié.


Sans préjudice des exceptions résultant de dispositions particulières, les
textes législatifs et réglementaires ainsi que les actes juridiques soumis au
droit congolais utilisant les termes enfant, fils et fille sont interprétés comme
s’appliquant à l’adopté.
Commentaire : Il y a intérêt à prévoir une disposition générale assimilant
l'adopté à l'enfant dans tous les textes juridiques qui ne le prévoient pas et
qui ne prévoient pas le contraire. Ce texte de droit social, de procédure, de
droit fiscal, etc... Il évitera que l'on doive adapter immédiatement les textes
en vigueur. Il obligera toutefois le législateur à prévoir des exceptions. L'on
peut penser au droit fiscal, où il y aura lieu de prévoir que l'adoption ne
peut pas servir indûment à contourner les dispositions concernant les droits
successoraux. Notons que cette disposition s'appliquera aux actes juridiques
privés. Par exemple le testament : si un individu laisse ses biens à ses
enfants, sa dernière volonté serait considérée comme visant non seulement
ses enfants par le sang, mais également ses enfants adoptifs. Cet article a été
cité parmi les articles modifiés en 2016. En réalité il s'agit d'une fausse
modification car aucun mot n’a été modifié dans cette disposition.

Art. 683. — Toute clause particulière modifiant les effets légaux de


l’adoption est nulle et réputée non écrite.
Commentaire : On a cru utile de prévoir une disposition prévoyant que
toute clause (conventionnelle ou autre) dérogatoire au droit commun et
impératif de l'adoption est nulle et réputée non écrite. Son existence
n'annulerait par conséquent pas l'adoption, si celle-ci est prononcée. Si le
tribunal apprend son existence avant d'avoir pris une décision, il pourrait se
baser sur l'existence de cette clause pour refuser l'adoption.

Art. 684. — La personne adoptée par deux époux ou par le conjoint de son
père ou de sa mère est considérée comme leur enfant commun.
Lorsqu’une personne de sexe masculin adopte un mineur dont la filiation
paternelle n’a pas été établie, l’adoptant et la mère de l’adopté exercent
conjointement l’autorité parentale et assument les obligations parentales, si
le tribunal en décide ainsi.

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Commentaire : Cet article doit permettre l'application des dispositions


légales organisant l'exercice conjoint de l'autorité parentale par deux
parents : deux parents; l'adoptant et son conjoint, ce dernier étant le père ou
la mère de l'adopté. Si cet article n'était pas prévu, le père ou la mère de
l'adopté, qui a consenti à l'adoption de son enfant par son conjoint, perdrait
son autorité au moment de l'adoption. Le deuxième alinéa de l'article 684
vise essentiellement à résoudre un problème qui surgit si l'on permet
l'adoption d'un enfant par son père biologique, lorsque, pour une raison ou
pour une autre, ce dernier ne désire pas procéder à l'affiliation. Dans ce
cas, il ne serait pas raisonnable de priver la mère de l'enfant des
prérogatives parentales.

Art. 685. — Les effets de l’adoption quant au nom de l’adopté et de ses


descendants sont régis par les dispositions relatives au nom.
Commentaire : L’adopté peut prendre le nom de l’adoptant. L’adoptant peut
également changer le nom de l’adopté, mais avec son accord si ce dernier
est âgé de quinze ans au moins (art. 63 CF). Ce changement ne peut se faire
que selon les prescrits de la loi, c’est-à-dire par voie judiciaire et dans des
conditions autorisées par la loi.

Art. 686. — L’adoption n’entraîne pas d’autres effets sur la nationalité que
ceux prévus par la loi relative à la nationalité.
Commentaire : La matière de la nationalité, nous l’avons vu, est
actuellement régie par la loi n° 04/024 du 12 novembre 2004. Selon l’article
17 de cette loi, l’enfant mineur (étranger) légalement adopté par un
congolais acquiert de plein droit la nationalité congolaise. Ceci est une
conséquence de l’article 25 de la loi de 2004 précitée qui dispose que :
‘‘l’enfant âgé de moins de dix-huit ans dont l’un des parents acquiert la
nationalité congolaise devient Congolais de plein droit’’. L’article 17
prévoit en réalité trois hypothèses d’acquisition de la nationalité congolaise
par adoption. Peut acquérir la nationalité par l'effet de l'adoption: l’enfant
mineur légalement adopté par un congolais, l'enfant mineur dont le parent
adoptif est devenu congolais ou encore l'enfant mineur dont le parent adoptif
a recouvré volontairement la nationalité congolaise.

Art. 687. — Le mariage est prohibé entre l’adopté, son conjoint et ses
descendants d’une part, et leurs parents et alliés tant originels qu’adoptifs
d’autre part, conformément aux dispositions relatives au mariage.
Commentaire : Cet article est un rappel de l'article 353 alinéa 4 qui interdit
le mariage entre l'adoptant et l'adopté. Cette interdiction est absolue en ce
sens que la loi n’admet pas les dispenses comme c’est le cas dans certaines
législations. Cette interdiction se justifie par des motifs de convenance par
suite du respect et des égards que doivent témoigner l’adopté et ses
descendants à l’adoptant, à ses descendants ainsi qu’à son conjoint.

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Art. 688. — L’adoptant est investi de l’autorité parentale à l’égard de


l’adopté.
En cas de décès, d’interdiction ou d’absence déclarée de l’adoptant ou de
deux adoptants, la tutelle est organisée conformément aux articles 222 à 287
des dispositions relatives à la capacité.
Toutefois, les père et mère de t’adopté mineur peuvent demander
conjointement au tribunal que l’enfant soit replacé sous leur autorité
parentale.
La demande prévue à l’alinéa précédent peut être faite par le père ou la
mère si l’un d’eux est décédé, interdit ou déclaré absent ou s’il est
légalement inconnu.
Commentaire : Puisque le législateur a permis l’adoption des mineurs, il
devait trancher la question de savoir à qui appartiendrait la charge et le
devoir de l’éducation avec les pouvoirs corrélatifs. Le législateur comprit
que l’adoptant ne serait porté à accomplir sa mission sur l’adopté mineur
que s’il n’avait pas à craindre un partage d’influences et des conflits
d’autorités. Aussi, l’article 688 du code de la famille prévoit-il que
l’adoptant est investi de l’autorité parentale à l’égard de l’adopté. Toutefois,
les père et mère de l’adopté peuvent demander conjointement au tribunal
que l’enfant soit replacé sous leur autorité. La demande seule si l’autre est
décédé, interdit ou déclaré absent ou s’il est légalement inconnu (al. 3 de
l’art. 688 CF). Il nous semble toutefois que le droit de garde des parents
adoptifs n’exclut pas le droit de visite des parents véritables. Ce dernier
droit ne saurait être refusé ou limité strictement que si les circonstances de
l’adoption, comme la conduite habituelle des parents originels, révélaient
soit une absence d’affection, soit une insuffisance de moralité, permettant de
craindre que des rapprochements fréquents n’aient pour les enfants de
fâcheuses conséquences.

Art. 689. — L’adopté, son conjoint et leurs descendants ne peuvent


demander des aliments à la famille d’origine de l’adopté que si la famille
adoptive est hors d’état de les fournir.
Ils ne doivent des aliments aux ascendants de la famille d’origine de
l’adopté que dans le cas où ceux-ci ne peuvent s’adresser, pour les obtenir, à
un autre membre de leur famille.
Commentaire : Sans exclure le cumul en matière d'aliments, l'article 689
établit une préséance en ce domaine : d'une part, l'adopté (et sa famille) ne
peut demander des aliments à sa famille d'origine, que si la famille adoptive
est incapable de les fournir et d'autre part, l'adopté et sa famille ne doivent
des aliments à la famille d'origine de l'adopté que si les autres membres de
la famille d'origine sont incapables d'aider leur parent ou allié d'indigent.

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Art. 690. — L’adopté et ses descendants conservent tous leurs droits


héréditaires dans leur famille d’origine. Ils acquièrent des droits héréditaires
dans leur famille adoptive.
À défaut des dispositions entre vifs ou testamentaires, la succession de
l’adopté, dans la mesure où elle ne revient ni à ses descendants ni à son
conjoint, se divise en deux parts égales entre la famille d’origine et la famille
adoptive.
Commentaire : Le cumul des liens familiaux est appliqué sans réserve quant
aux droits héréditaires de l'adopté : il hérite tant dans sa famille d'origine
que dans sa famille d'adoption. Cela est conforme aux dispositions relatives
aux successions qui mettent les enfants adoptifs sur un pied d'égalité que les
autres enfants du de cujus. En ce qui concerne l'héritage laissé par l'adopté
lui-même, le problème est assez délicat. La solution adoptée par l'article 741
est celle d'un partage égal entre les deux familles, si d'autres solutions ne se
présentent pas d'abord. Et ces autres solutions sont mentionnées par
l'article : d'une part il est évident que le problème ne se pose pas d'une façon
aigue lorsque l'adopté décédé laisse des descendants et/ou son conjoint.

Art. 691 : Ancien.


La révocation de l’adoption peut, exceptionnellement, pour des motifs
très graves, être prononcée à la demande de l’adoptant ou de l’adopté.
La décision de justice devenue définitive qui prononce la révocation sera
inscrite dans le registre de l’état civil du lieu où l’adopté est domicilié.
L’officier de l’état civil en fera mention en marge de l’acte de l’adoption
et de l’acte de naissance de l’adopté et de ses descendants.
Les effets de l’adoption cessent à partir du jour où le jugement de la
révocation devient définitif.

Art. 691 : Modifié.


La révocation de l’adoption peut, exceptionnellement, pour des justes
motifs, être prononcée à la demande de toute personne intéressée.
La décision de justice devenue irrévocable qui prononce la révocation est
inscrite, en République Démocratique du Congo, dans le registre de l’état
civil du lieu où l’adopté est domicilié.
L’officier de l’état civil en fait mention en marge de l’acte de l’adoption
et de l’acte de naissance de l’adopté et de ses descendants.
Les effets de l’adoption cessent à partir du jour où le jugement de la
révocation devient irrévocable.
Commentaire : Etant donné que l'adoption proposée par le législateur est de
type exclusivement judiciaire, l'annulation de l'adoption ne se conçoit pas.
La modification de cet article en 2016 a touché le caractère des motifs pour
lesquels l’adoption peut être révoquée. Désormais, l’adoption peut être
révoquée non plus pour « des motifs très graves » mais pour « des justes
motifs ». C’est donc un allègement des conditions, la révocation de

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l’adoption devient plus facile. Une autre modification porte sur le moment à
partir duquel la décision sur adoption peut être inscrite. La décision sera
inscrite au registre de l’état civil dès lors qu’elle est devenue « irrévocable »
et non plus simplement « définitive ». Cela a pour conséquence qu’il faut
attendre l’épuisement des voies de recours extraordinaires. Cela peut porter
à interprétation tant il est vrai que la tierce opposition est une voie de
recours extraordinaire qui n’a pas de délai. La modification porte également
sur le point de départ des effets du juge de la révocation (al. 4). Une
modification de forme a consisté à modifier le verbe du futur au présent (al.
3).

Article 691 bis— Un décret du premier ministre délibéré en Conseil de


ministre fixe des mesures d’exécution des dispositions du présent titre.
Commentaire : La loi prévoit qu’un décret du Premier Ministre fixe les
mesures d’exécution des dispositions du Titre III sur l’adoption. Cela voudra
dire que le Premier Ministre interviendra en exécution des dispositions sur
l’adoption sans ajouter d’autres conditions. Mais l’on pourrait se demander
quelle autre mesure d’exécution le Premier Ministre devra prendre tant il est
vrai que le législateur a tout fait pour être claire et encadrer suffisamment la
procédure surtout en vue d’éviter une adoption facile d’un enfant congolais
par un étranger. Seul l’article 652, al. 2 CF fait appel à un décret du
Premier Ministre.

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TITRE IV
DE LA PARENTÉ ET DE L’ALLIANCE

CHAPITRE Ier
DE LA PARENTÉ ET DE L’ALLIANCE EN GÉNÉRAL

Section I. Des règles générales

Art. 692. — Les liens traditionnels de solidarité doivent être maintenus et


développés au sein de la famille telle que définie dans la présente loi.
Les dispositions du présent titre seront interprétées à la lumière de ce
principe.
Commentaire : Le législateur souligne dès ce premier article sur la parenté
et l'alliance qu'il n'entend pas renoncer à la valeur traditionnelle africaine
de la solidarité familiale. Le mot famille est bien entendu pris ici dans le
sens de la présente loi. Il semble que ce maintien et développement de la
solidarité familiale ne peuvent entrainer des effets nocifs pour la petite
famille ni favoriser le parasitisme.
Art. 693. — II n’est pas permis de déroger, par convention particulière, aux
dispositions du présent titre.
Commentaire : Cet article dispose que la loi sur la parenté et l'alliance est
d'ordre public. Cette loi est composée des règles impératives. Il n'est par
conséquent pas permis d'y déroger par des conventions particulières ou par
des actes juridiques unilatéraux particuliers. Ce n'est que dans les cas où la
loi elle-même permet des dérogations, que celles-ci auront des effets.
Art. 694 : Ancien.
Sauf disposition contraire, les articles 695 à 713 s’appliquent à toutes les
dispositions législatives ou réglementaires du droit privé congolais.
Art. 694 : Modifié.
Sauf disposition contraire, les articles 695 à 713 de la présente loi
s’appliquent à toutes les dispositions législatives ou réglementaires du droit
privé congolais.
Commentaire : Cet article dispose que les règles qui définissent des notions
telles que la parenté, l'alliance, le père, la mère, la sœur, le frère, etc..., ainsi
que les dispositions contenant des règles concernant les effets généraux de
la parenté (par exemple celle que la parenté est limitée quant à ses effets
juridiques au sixième degré) trouveront leur application non seulement dans
le présent code, mais également dans toute législation future. Cette
disposition n'est pas sans intérêt. Elle explicite la fonction de droit commun
qui est en général reconnue, du moins en théorie, aux dispositions d'un code
civil. Par cette disposition, le législateur a essayé de fixer une fois pour

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toutes le sens de certains termes que l'on rencontre fréquemment dans la


législation congolaise. La modification de cet article en 2016 a consisté à
apporter une précision quant aux articles cités dans cette disposition en
ajoutant qu’il s’agit des articles « de la présente loi ».

Section II. De la parenté


Art. 695. — La parenté résulte de la filiation d’origine.
Elle résulte en outre de la paternité juridique et de la filiation adoptive
dans la mesure déterminée par les dispositions relatives à la filiation et à
l’adoption.
Commentaire : Cet article dispose que la parenté résulte de la filiation. Elle
résulte également de la paternité juridique et de l'adoption. Mais le
législateur ne détermine pas dans cet article dans quelle mesure l'adoption a
pour effet de créer les liens de parenté au-delà du premier degré.
Art. 696. — Les filiations successives forment une ligne de parenté.
Sont parents en ligne directe les personnes qui descendent les unes des
autres. La descendance s’établit en suivant le cours des générations,
l’ascendance, en le remontant.
Les ascendants du côté du père forment la ligne paternelle et ceux du côté
de la mère la ligne maternelle.
Sont parents en ligne collatérale les personnes qui descendent d’un auteur
commun, sans descendre les unes des autres ; les collatéraux par le père sont
dits consanguins, par la mère, utérins. Sont germains les collatéraux qui ont
une double parenté par le père et par la mère.
La ligne patrilinéaire est constituée par tous ceux qui descendent d’un
ancêtre commun exclusivement en ligne masculine ; la ligne matrilinéaire est
constituée par tous ceux qui descendent d’une aïeule commune
exclusivement en ligne féminine.
La parenté est dite bilatérale lorsqu’aucune distinction n’est faite entre
lignes patrilinéaire et matrilinéaire.
Commentaire : Cet article définit les termes lignes de parenté, ligne directe,
ligne collatérale, descendants, ascendants, ligne paternelle et ligne
maternelle, patrilinéaire et matrilinéaire, qui jouent un certain rôle en droit
successoral. Il y a lieu de ne pas confondre ligne paternelle et ligne
maternelle d'une part, ligne patrilinéaire et ligne matrilinéaire d'autre part.
Tous les individus qui font partie de la ligne paternelle ne font pas partie du
lignage patrilinéaire d'une personne déterminée. On a également défini les
termes consanguin, utérin et germain, quoique dans d'autres textes on ait
préféré parler de frère et sœurs, d'enfants de même père et de même mère.
Art. 697. — II n’existe plus de système de parenté autre que le système
organisé par la présente loi.

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Commentaire : Cet article exclut de la présente loi toute parenté autre que
celle organisée par le code de la famille.

Art. 698. — La proximité de la parenté se calcule en degré; chaque degré


correspond à un intervalle entre deux générations dans la ligne de parenté.
En ligne directe, la numération des intervalles qui séparent les personnes
considérées donne leur degré de parenté.
En ligne collatérale, le degré de parenté est calculé par addition des
degrés qui séparent chacun des deux parents de leur auteur commun.
Commentaire : Cet article définit la notion de degré de parenté. Il reprend
le calcul de la proximité de la parenté par un comput de degrés qui se
pratique dans les pays de droit français. L'adoption du système préconisé
dans cet article présente l'avantage d'être communément accepté dans les
Etats d'expression française du continent européen. Par rapport à Ego, pour
les degrés de parenté, on ne compte pas Ego de telle sorte qu'entre lui et un
collatéral qui a comme ancêtre commun l'arrière-grand-mère, on remonte
au père d'Ego à son arrière-grand-père : soit trois degrés, puis on redescend
vers le collatéral concerné, également de trois degrés. Ainsi celui-ci est par
rapport à Ego, un collatéral du sixième degré.

Art. 699. — Aux termes de la présente loi, on entend par père ou mère la
personne liée par un lien de paternité ou de maternité à l’individu désigné
par les termes fils, fille ou enfant.
On entend par fils, fille ou enfant la personne liée par un lien de filiation
au père ou à la mère.
Considérés dans leur rapport entre eux, ces fils, fille ou enfant sont
appelés frère et sœur.
Commentaire : Cet article a pour objectif principal de fixer clairement les
définitions des termes examinés et d'éviter à l'avenir la confusion qui règne
parfois en législation congolaise lorsqu'on les utilise. Ces définitions sont
précises et plus restreintes que celles qui sont traditionnellement admises
dans la séance anthropologique qui envisage la parenté classificatoire. On
estime en effet nécessaire dans un texte de loi de limiter à certaines
personnes les effets juridiques attachés aux termes définis. Cela n'empêche
pas que dans la pratique les gens continuent de donner aux termes définis
une sociologique plus extensive. Et à cet égard, il faut souligner que ces
termes ont une portée générale et sont censés couvrir l'hypothèse de la
filiation d'origine, de la filiation adoptive et dans une certaine mesure, de la
filiation juridique. Mais il ne couvre pas la filiation résultant d'un pacte de
sang, car l'on risque de tomber dans la parenté classificatoire.

Art. 700. — Dans la présente loi, le terme ménage désigne les époux, leurs
enfants non mariés à charge ainsi que tous ceux envers qui les époux sont
tenus à une obligation alimentaire, pourvu que ces derniers demeurent

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régulièrement dans la maison conjugale et soient inscrits au livret de


ménage.
La séparation de fait ne met pas fin à l’existence du ménage.
Commentaire : En définissant le ménage, à l'article 700, le législateur a
voulu insister sur le fait qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait des enfants pour
qu'il y ait ménage; sur le fait que le ménage peut comporter des personnes
autres que les père et mère des enfants; sur le fait que les textes concernant
le ménage sont applicables même en cas de séparation de fait. Ce texte est
reproduit en des termes identiques à l'article 443 du présent code.

Art. 701. — On entend par famille l’ensemble des parents et alliés d’un
individu, tels que définis par la présente loi.
Commentaire : Ce groupe est distinct de la grande famille traditionnelle,
mais il est limité à un groupe plus restreint comme le précise la présente loi.

Art. 702. — La parenté se prouve conformément aux dispositions relatives à


l’état civil.
Cependant, lorsque l’état des personnes n’est pas en cause, une parenté
ancienne, qui ne peut être établie par des preuves régulières impossibles à
réunir, peut se prouver par tous moyens.
Commentaire : Cet article dispose que la parenté se prouve pat les actes de
l'état civil. Puisque la parenté coïncide avec la filiation, ou bien est formé
par l'addition de plusieurs liens de filiation, il est normal qu'elle soit
prouvée de la même filiation que la filiation, c'est-à-dire à l'aide des actes de
l'acte civil. Mais comme il peut être difficile de réunir les actes de l'état civil
nécessaires pour prouver une parenté qui peut être assez éloignée, le
législateur a adopté une disposition qui permet, sous certaines conditions, la
preuve de la parenté par tous les moyens.

Art. 703. — Sauf dispositions particulières, la parenté ne produit aucun effet


au-delà du sixième degré en ligne collatérale.
Commentaire : Le législateur a dans cet article voulu limiter les effets
quelque peu excessifs de la parenté et faciliter la vie juridique en écartant du
groupe familial les parents trop éloignés. Ce texte limite en principe les
effets jusqu'au sixième degré inclus en ligne collatérale. Notons cependant
par exemple, dans le cas des dispositions relatives aux successions, la
quatrième catégorie des héritiers est constituée à défaut d'héritiers des trois
catégories précédentes de toute personne qui a un lien de parenté avec le de
cujus et dont le lien a été reconnu par le tribunal de paix.

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Section III. De l’alliance

Art. 704. — L’alliance naît du mariage.


Commentaire : Cet article prévoit qu'il y a alliance qu'en rapport avec le
mariage. Cela signifie que par exemple le concubinage ne peut créer
l'alliance.

Art. 705. — Un lien d’alliance unit un époux aux parents de son conjoint. Il
existe en ligne directe avec les ascendants et descendants de l’autre époux,
en ligne collatérale avec les collatéraux du conjoint jusqu’au quatrième
degré.
Les ascendants et descendants d’un époux sont alliés aux ascendants et
descendants de l’autre.
Commentaire : Ici, l'alliance est définie à la façon occidentale; sont mes
alliés, les parents de mon conjoint et les conjoints de mes parents.

Art. 706. — Un lien de double alliance existe entre une personne et les
conjoints de ceux qui sont ses alliés.
Ce lien de double alliance produit les mêmes effets que le lien de simple
alliance.
Commentaire : Dans cet article, les liens d'alliance sont définis de façon
plus large qu'en droit occidental. Sont considérés comme des alliés au point
de vue juridique, non seulement les parents du conjoint et les conjoints des
parents, mais également les alliés au sens de l'article 703, c'est-à-dire les
conjoints des parents du conjoint. Une pareille définition large de l'alliance
est conforme aux conceptions africaines en la matière; aussi a-t-on cru bon
de prévoir son introduction en droit congolais. Cela signifierait cependant
que les devoirs de l'alliance devront être observés envers un groupe très
considérable des personnes.

Art. 707. — La proximité de la parenté à l’égard d’un époux fixe le degré de


l’alliance à l’égard de l’autre.
Commentaire : Cet article doit permettre le calcul du degré de l'alliance.

Art. 708. — Les père et mère d’un conjoint sont qualifiés vis-à-vis de l’autre
époux de beaux-parents et chacun selon leur sexe, de beau-père et de belle-
mère.
Par rapport à ses beaux-parents, l’époux est appelé beau-fils, l’épouse
belle-fille.
Les frères et sœurs germains, consanguins et utérins d’un conjoint sont
respectivement qualifiés vis-à-vis de l’autre de beaux-frères et belles-sœurs.
Commentaire : Cette disposition vise à donner aux termes beau-père, belle-
mère, beau-fils, belle-fille, belle-sœur des significations écartant les beaux-
parents au sens classificatoire.

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Art. 709. — L’alliance se prouve, mutatis mutandis, conformément aux


dispositions de l’article 702.
Commentaire : Cet article renvoie pour l'établissement de l'alliance à
l'article 702 qui édicte que la preuve doit être fournie à l'aide des registres
de l'état civil.

Art. 710. — L’alliance ne produit aucun effet au-delà du quatrième degré en


ligne collatérale.
Commentaire : Les considérations émises plus haut en ce qui concerne les
effets de la parenté à un certain nombre de degrés, valent tout autant pour
l'alliance, puis que les dispositions aux successions accordent aux alliés des
droits à l'héritage.

Art. 711. — Le lien d’alliance subsiste, en ligne directe et en ligne


collatérale, malgré la dissolution du mariage par lequel il a été créé, sauf si la
loi en dispose autrement.
Commentaire : L'un des problèmes importants en matière d'alliance
consiste à décider s'il faut édicter que l'alliance prendra fin en cas de
divorce ou de décès de l'époux qui crée l'alliance. L'on sait qu'en droit
traditionnel, ni le divorce ni le décès de l'époux qui crée l'alliance ne mettent
fin à l'alliance. C'est sur base de ce principe de droit coutumier que le
législateur a décidé qu'en règle générale le lien d'alliance subsiste malgré la
dissolution du mariage pour lequel il a été créé. Le législateur cependant
prévu des exceptions à ce principe. Ainsi, après le divorce, les ex-époux ne
sont plus tenus de l'obligation alimentaire envers les alliés. De même, les
époux et leurs alliés après le divorce n'ont plus de vocation successorale. En
définitive, ce principe est surtout valable pour la dissolution normale de
l'alliance par le fait de la mort.

CHAPITRE II
DE L’AUTORITÉ DOMESTIQUE

Art. 712. — L’autorité domestique sur les personnes vivant en ménage


commun appartient à celui qui en est le chef en vertu de la loi.
Cette autorité s’étend sur tous ceux qui font partie du ménage.
Commentaire : Cet article précise la personne qui détient l'autorité
domestique. L'autorité en question appartiendra au chef d'un groupe de
personnes vivant en commun. En fait, ces personnes seront surtout des
parents et des alliés; cependant parfois même des non parents feront partie
du ménage. C'est une situation qui se rencontre surtout au Congo. Il est
normal que celui qui en fait jour un rôle de dirigeant de ce groupe ait une
autorité à l'égard des membres du groupe en vertu de la loi. Cette
disposition est certainement conforme aux conceptions africaines en la

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matière. La justification de cette institution est donné dans l’exposé des


motifs du code de la famille : ‘‘La réalité de tous les jours nous apprend que
certains membres influents et ayant une vie plus ou moins aisée, se trouvent
en fait à la tête d’une partie de leur famille, sans que la coutume leur
reconnaisse des pouvoirs sur ceux qui dépendent en réalité d’eux, vivent
dans leur entourage et comptent spécialement sur eux pour résoudre leurs
problèmes quotidiens. Aussi, le législateur a-t-il cru indiqué d’introduire
dans le nouveau code civil la notion de l’autorité domestique. En effet, il est
normal que celui qui en fait joue le rôle de dirigeant d’un groupe ait, en
vertu de la loi, une autorité à l’égard des membres de celui-ci’’.

Art. 713. — Le chef de famille est responsable du dommage causé par les
mineurs et interdits ou les personnes atteintes de maladie mentale ou
d’aliénation mentale placés sous son autorité, à moins qu’il ne justifie les
avoir surveillés de la manière usitée et avec l’attention commandée par les
circonstances.
Il est tenu de pourvoir à ce que les personnes de la maison atteintes de
maladie mentale ou d’aliénation mentale ne s’exposent pas, ni n’exposent
autrui à péril ou dommage.
Il s’adresse au besoin à l’autorité compétente pour provoquer les mesures
nécessaires.
Commentaire : L’article 713 du code de la famille établit dans le chef du
titulaire de l’autorité domestique une responsabilité aquilienne. La
responsabilité aquilienne trouve ses origines dans la lex Aquilia, qui
sanctionnait à Rome le damnum injuria datum : le dommage causé
injustement. Elle est aussi appelée responsabilité délictuelle, quasi-
délictuelle ou extracontractuelle. Elle repose sur le principe suivant: toute
personne qui, par sa faute, cause un dommage à autrui est tenue de le
réparer. Ainsi, quiconque subit un dommage et désire obtenir réparation
auprès de la personne responsable devra nécessairement apporter la preuve
de trois éléments: l'existence d'une faute imputable à cette personne,
l'existence d'un dommage, l'existence d'un lien de causalité entre la faute et
le dommage. Le principe qui régit la responsabilité extra-contractuelle est
donc la faute. La responsabilité aquilienne est, avec la responsabilité
contractuelle, une des deux parties de la responsabilité civile. Le chef de la
communauté domestique est responsable des dommages causés par les
mineurs et interdits ou les personnes atteintes de maladie mentale ou
d’aliénation mentale placés sous son autorité. Tel que cet article est rédigé,
la responsabilité du chef de la communauté domestique est engagée dès
qu’un dommage a été causé. Il ne peut être question ici de prouver une
quelconque faute dans le chef des auteurs du dommage, puisque, par
définition, il s’agit de personnes incapables de discernement. Selon ce texte,
la responsabilité du chef de la communauté domestique ne sera toutefois pas
engagée s’il prouve qu’il a suffisamment veillé sur le comportement des

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auteurs du dommage, ou a fait tout ce qu’il est raisonnable d’attendre de lui.


Enfin, notons que par rapport à l’article 260 du code civil livre III qui
prévoit la responsabilité aquilienne des père et mère vis-à-vis des enfants
mineurs habitants chez eux, il s’avérera que ces deux textes s’appliqueront
cumulativement vis-à-vis des enfants mineurs de celui qui exerce à la fois
l’autorité domestique ou l’autorité parentale.

CHAPITRE III
DES DEVOIRS DÉCOULANT DE LA PARENTE ET DE
L’ALLIANCE

Art. 714. — Les parents et alliés se doivent mutuellement secours,


assistance et respect conformément à la loi et à la coutume.
En toute circonstance, leur comportement doit être guidé par le souci de
maintenir et de renforcer l’entente familiale.
Commentaire : Cet article dispose que entre parents et alliés existent un
certain nombre de devoirs, c'est-à-dire les obligations de secours,
d'assistance et de respect. Le deuxième alinéa fournit un critère devant
permettre aux parents et alliés de déterminer leur comportement au sein de
leur famille; dans toutes circonstances, ils doivent avoir le souci du maintien
de l'entente familiale et de son renforcement. Cette disposition est originale
par rapport aux autres législations africaines. Elle découle cependant du
bon sens même. Et les remèdes et sanctions qui peuvent être appliqués
lorsque l'entente familiale est menacée à cause du comportement de l'un de
ses membres, qui viole ses devoirs de secours, d'assistance et de respect,
sont déterminés à l'article suivant.

Art. 715. — En cas de violation de l’article précédent, les articles 460 à 463
sont applicables, mutatis mutandis.
En outre, le devoir de secours est régi par les dispositions du chapitre IV
du présent titre.
Commentaire : On n'a pas estimé devoir entrer dans les détails et des
sanctions, sauf en ce qui concerne le devoir de secours et d'aide d'ordre
matériel. Le devoir de secours est sanctionné par l'obligation alimentaire,
qui, on le verra tantôt, est mise en œuvre notamment par une condamnation
au paiement d'une pension alimentaire. Mais en ce qui concerne l'ensemble
des devoirs découlant de la parenté ou d'alliance, le législateur a estimé
suffisant de renvoyer aux articles 460 à 463 du titre II relatif au mariage.
Ces articles prévoient que, lorsqu'il y a litige entre conjoints, l'on peut
organiser des séances de conciliation (art. 460), que le tribunal peut
imposer des dommages-intérêts lorsque la coutume le prévoit (art. 460), et
qu'il peut également ordonner que des cérémonies coutumières seront
effectuées (art. 461).

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CHAPITRE IV
DE L’OBLIGATION ALIMENTAIRE

Section I. Des dispositions générales

Art. 716. — L’obligation alimentaire rend une personne débitrice d’une


autre pour la satisfaction des besoins essentiels de la vie du créancier.
Elle résulte de la loi ou d’une convention et s’exécute dans les conditions
prévues au présent chapitre.
Le legs d’aliments est régi par les dispositions relatives aux testaments.
Commentaire : Cette disposition donne une définition très générale de
l'obligation alimentaire et explique qu'il en a de deux sortes : l'obligation
alimentaire légale et l'obligation alimentaire conventionnelle. Le dernier
alinéa renvoie au droit relatif aux testaments en ce qui concerne le legs
d'aliment. La jurisprudence précisera les besoins essentiels, mais l'on peut
d'ores et déjà signaler que ces besoins comprendront surtout les aliments et
habits. Pour les créanciers en jeune âge, ces besoins couvriront aussi les
frais d'éducation.

Section II. De l’obligation alimentaire légale

Paragraphe 1er : De l’objet de l’obligation alimentaire légale

Art. 717. — Le débiteur de l’obligation alimentaire légale doit fournir au


créancier les moyens de satisfaire les besoins vitaux auxquels il ne peut faire
face par son travail.
Commentaire : Dans cette disposition, il est précisé en quoi consiste l'objet
de l'obligation alimentaire. Le législateur a opté pour la formule qui limite
l'obligation alimentaire normale à ce qui est nécessaire au créancier. On
laisse au juge un grand pouvoir d'appréciation. La référence au travail
indique le souci d'écarter le parasitisme profiteur. On ne peut aider en
principe que ceux qui travaillent et ce, dans la mesure de ce qu'ils ne
peuvent obtenir par leur travail. Mais l'aide peut également être accordée à
ceux qui chôment involontairement.

Art. 718. — Lorsque le créancier d’aliments est mineur, l’objet de


l’obligation alimentaire comprend aussi les frais d’éducation et de
préparation à une profession.
Commentaire : Il est précisé que lorsque le créancier est mineur, il faut non
seulement lui donner une aide pour assurer ses besoins matériels vitaux
mais aussi et surtout l'aider à devenir économiquement rentable par un
soutien relatif aux frais d'éducation et de préparation à une profession.

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Art. 719. — Celui qui est tenu, vis-à-vis d’une personne, de l’obligation
alimentaire, est également tenu de payer les frais nécessaires à l’inhumation.
Celui qui a fait l’avance de ces frais peut en demander le remboursement
au débiteur d’aliments.
Commentaire : Ici les conceptions occidentales communes ont été suivies,
en proposant que seraient inclus dans l'objet de l'obligation alimentaire les
frais funéraires. Le parent ou l'allié muni de ressources a l'obligation de
supporter les frais de funérailles de son parent ou de son allié nécessiteux.
Cette idée est d'ailleurs tout à fait conforme à la conception africaine des
obligations en cas de décès. En fait, selon, le droit traditionnel, les
contributions des membres de la famille en cas de décès ne se limitent pas
aux seuls frais funéraires, mais s'étendent à des contributions diverses tant
au moment du deuil proprement dit et des funérailles, qu'au moment du
retrait de deuil. Cet article tend cependant à freiner les excès qui se
commettent parfois lors des décès et n'impose au débiteur que l'obligation de
supporter les seuls frais d'inhumation pour éviter les nombreux frais
qu'entrainent les deuils.

Paragraphe 2 : Des sujets de l’obligation alimentaire

Art. 720. — Une obligation alimentaire existe entre parents en ligne directe.
Une obligation alimentaire existe pareillement entre frères et sœurs et
entre oncles ou tantes et neveux ou nièces.
L’obligation alimentaire résultant de la parenté est réciproque.
Commentaire : Cet article a trait à l'obligation alimentaire envers les
parents en ligne directe et en ligne collatérale. Bien sûr, cette obligation
entre parents en ligne directe ou collatérale est réciproque ; l'oncle doit
entretenir le neveu, mais, le cas échéant, le neveu devra également des
aliments à l'oncle. Il est à noter que cet article vise tous les parents, qu'il
s'agisse de la parenté résultant de la filiation dans ou hors mariage ou
adoptive ou même de la parenté découlant d'un pacte de sang, pourvu que la
coutume applicable en cette matière soit conforme à la loi.

Art. 721. — Indépendamment de leur obligation d’entretien et d’éducation,


les père et mère sont tenus d’une obligation alimentaire envers leurs enfants
inaptes au travail et ce, quel que soit leur âge.
Commentaire : Dans cet article, il est souligné explicitement qu'entre père
et mère et enfants outre l'obligation alimentaire, il existe l'obligation
d'entretien et d'obligation, et quel que soit l'âge des enfants.

Art. 722. — Eu égard aux circonstances concrètes du cas, le tribunal peut


décider que l’enfant ne sera pas tenu d’une obligation envers celui de ses
père ou mère dont la parenté résulte d’une filiation judiciaire.

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Commentaire : Cet article répond à la question de savoir s'il est équitable


d'imposer à un enfant dont le père a dû être forcé à assumer ses
responsabilités paternelles, une obligation alimentaire envers son père.
Certaines législations africaines écartent l'obligation alimentaire dans ce
cas, et ce d'une façon absolue. Le législateur congolais n'est pas allé assez
loin, en proposant que le juge pourra, mais ne devra pas, écarter dans ce
cas l'obligation alimentaire incombant à l'enfant. Ainsi, le tribunal pourra
imposer à l'enfant une obligation alimentaire envers son père qui malgré le
fait qu'il s'est fait prier pour assumer la paternité, s'est par la suite
honorablement acquitté de ses devoirs paternels avant de tomber dans le
besoin.

Art. 723. — Une obligation alimentaire existe entre alliés en ligne directe.
L’obligation résultant de l’alliance est réciproque.
Commentaire : L'obligation alimentaire réciproque entre les alliés en ligne
directe (c'est-à-dire entre beau-frère ou belle-mère et gendre ou belle-fille,
éventuellement entre arrière-beau-parent et petit-beau-fils) et entre les
beaux-frères et belles-sœurs est fixée légalement et constitue une position
très favorable au niveau de l'alliance. Soulignons que le texte parle d'allié
en ligne directe : cela inclut non seulement les beaux-parents et les beaux-
enfants mais également les parâtres ou marâtres et enfants d'un lit antérieur.

Art. 724. — L’obligation alimentaire n’existe plus entre alliés, dans le cas
où le mariage qui créait l’alliance a été dissout.
Commentaire : En cas d'alliance, l'obligation alimentaire disparaitra plus
facilement qu'en cas de parenté. Ainsi, si le mariage qui a créé l'alliance est
dissout par un divorce, l'obligation alimentaire découlant de l'alliance
disparaît.

Art. 725. — La succession du conjoint prédécédé doit des aliments au


conjoint survivant.
Le délai pour le réclamer est d’un an à partir du décès et se prolonge, en
cas de partage, jusqu’à son achèvement.
Les aliments se prélèvent sur l’héritage. Ils sont supportés par tous les
héritiers, et en cas d’insuffisance, par tous les légataires particuliers,
proportionnellement à leur émolument.
Si les aliments ne sont pas prélevés en capital sur la succession, des sûretés
suffisantes seront données au bénéficiaire.
Cette obligation cesse si le conjoint survivant se remarie.
Commentaire : Selon ces dispositions, la succession c'est-à-dire, l'ensemble
des héritiers du conjoint prédécédé doivent des aliments au conjoint
survivant, aussi longtemps que le conjoint survivant ne se remarie. Voilà
l'une des techniques qui permettent d'assurer au conjoint survivant une
survie décente. Ce droit accordé au conjoint survivant s'ajoute, comme une

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ultime possibilité, aux droits que le conjoint survivant puisera normalement


dans les règles en matière des régimes matrimoniaux et les règles
successorales. Ainsi, lorsque malgré le partage des biens et l'application des
règles du droit des successions, le conjoint survivant n'est pas en mesure de
vivre décemment avec ce qu'il possède et ce qu'il acquiert, il est raisonnable,
avant de partager les biens du défunt entre ses parents, de penser aux
besoins essentiels et vitaux de son partenaire survivant. Notons que les
héritiers du conjoint prédécédé ne seront pas nécessairement des alliés du
conjoint survivant.

Art. 726 : Ancien.


Sauf si le tribunal en décide autrement, le tuteur est tenu de fournir des
aliments à son pupille tant qu’il est chargé de la tutelle.

Art. 726 : Modifié.


Sauf si le Tribunal pour enfants en décide autrement, le tuteur est tenu de
fournir des aliments à son pupille tant qu’il est chargé de la tutelle.
Commentaire : Il a paru normal d'inclure parmi les personnes tenues à
l'obligation alimentaire, le tuteur envers le pupille. Cette règle est conforme
au droit africain traditionnel, et on ne voit pas de raison convaincante pour
s'écarter de la tradition. Souvent le tuteur sera un parent ou un allié qui, en
cette qualité, sera tenu d'une obligation alimentaire envers son pupille en
l'absence d'une pareille disposition. S'il ne tombe pas sous l'application des
articles précédents, en principe, le tuteur devra non seulement se charger de
l'administration de la personne et des biens du pupille, mais il devra le cas
échéant, sur ses propres deniers, entretenir et élever le pupille dont il a la
responsabilité. Peut-être certains, disposés à se charger de l'éducation de
l'orphelin ou d'un autre enfant abandonné reculeront devant cette
responsabilité, s'ils doivent supporter les frais de l'éducation. C'est la raison
pour laquelle on a formulé l'article 726 d'une façon très prudente; en effet,
le tribunal pourrait décider que le tuteur ne sera pas tenu de fournir des
aliments à son pupille. Ainsi, on pourra peut-être obtenir que certaines
personnes s'occupent de l'éducation d'un enfant qui leur est étranger dans le
contexte familial, sans qu'elles doivent personnellement supporter les frais
d'entretien et d'éducation du pupille. Cette disposition est modifiée en
2016sur le point de préciser que le Tribunal pour enfants a compétence pour
statuer sur les aliments à fournir par le tuteur à son pupille.

Art. 727. — L’aide fournie dans le cadre de la solidarité familiale à une


personne envers qui on n’est pas tenu d’une obligation alimentaire peut,
selon les circonstances, être considérée comme l’exécution d’une obligation
naturelle.

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Commentaire : On constate que certains congolais sont poussés à venir en


aide à des parents ou alliés lointains envers qui ils ne sont pas tenus d'une
obligation alimentaire conformément à la présente loi. Quelle sera la nature
juridique de cette aide ? Faudra-t-il la considérer comme une prestation
gratuite, une donation ? On a estimé qu'il fallait permettre aux tribunaux de
considérer cette fourniture d'aide comme l'exécution d'une obligation
naturelle. Si le tribunal décide de considérer l'aide comme l'exécution d'une
obligation naturelle, cela aura pour conséquence que celui qui l'a fournie ne
pourra en principe pas la réclamer. La théorie de l'obligation naturelle est
connue. Elle est d'ailleurs inscrite dans l'article 133 du Code civil livre III et
le sera sans nul doute dans le code des obligations.

Paragraphe 3 : De la pluralité de débiteurs

Art. 728. — Les débiteurs d’aliments sont :


1. le conjoint ;
2. la succession du conjoint prédécédé ;
3. les descendants ;
4. les ascendants ;
5. les frères et sœurs ;
6. les autres parents visés à l’article 720, alinéa 2 ;
7. les descendants par alliance ;
8. les ascendants par alliance ;
9. les autres débiteurs d’aliments visés à l’article 726.
Commentaire : Cet article est le premier de trois articles qui concernent
l'hypothèse d'une pluralité de débiteurs. Il se peut que la personne qui est
dans le besoin ait plusieurs parents ou alliés qui seraient en mesure de
l'aider. Est-ce dans ce cas le créancier d'aliments a le droit de s'adresser à
n'importe lequel parmi eux, ou doit-il plutôt suivre une certaine hiérarchie
dans la recherche de la personne ou des personnes qui l'aideront ? S'il doit
suivre un certain ordre, quel sera cet ordre ? La solution adoptée est
originale. Dans le but d'éviter de heurter l'esprit de la solidarité familiale,
on n'a pas voulu établir une quelconque hiérarchie parmi les débiteurs
d'aliments. Tous sont tenus solidairement de la dette alimentaire.

Art. 729. — S’il existe plusieurs personnes du même rang tenues de


l’obligation alimentaire à son égard, le créancier d’aliments peut adresser sa
demande à l’une quelconque d’entre elles.
Le débiteur qui a été condamné à payer la pension n’a aucun recours
contre ses codébiteurs solidaires.
Commentaire : Si le tribunal n'applique pas le principe de l'ordre entre les
débiteurs, il peut y avoir plusieurs débiteurs d'aliments à la fois. Même si le
tribunal s'en tient au principe de l'ordre entre les débiteurs, il se peut qu'il y
ait plusieurs représentations d'un même groupe et donc plusieurs débiteurs

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d'aliments à la fois. Dans ce cas, comment les rapports entre le créancier et


les débiteurs ainsi que les rapports entre ces derniers seront-ils réglés ? On
a opté pour la solidarité de la dette alimentaire. Ceci signifie que le
créancier d'aliments peut s'adresser à l'un quelconque de ses débiteurs.
Chaque codébiteur sera le cas échéant condamner à verser au créancier
l'ensemble de la dette.

Paragraphe 4 : Des conditions d’existence de l’obligation alimentaire

Art. 730. — L’obligation alimentaire n’existe que si la personne, qui en


réclame l’exécution, est dans le besoin et hors d’état de gagner sa vie par son
travail.
Le tribunal peut, selon les circonstances, décider que la dernière
condition ne s’appliquera pas à une personne qui n’a pas encore achevé ses
études, même si elle est majeure.
Commentaire : Le droit aux aliments ne nait que si la personne qui est dans
le besoin n'est pas en mesure de pourvoir à ses besoins vitaux par son
travail. Après avoir tracé à l'obligation alimentaire un domaine
d'application très vaste par la multiplication des catégories de sujets de
l'obligation, il fallait prévoir des limites, pour que cette obligation ne se mue
pas en source de soucis et de découragement pour les congolais les plus
actifs. Celui qui peut survivre en travaillant, a le devoir de travailler : le
principe paraît évident, mais il était bon de l'inscrire dans la loi. Une
exception doit être faite pour les jeunes qui n'ont pas achevé leur formation :
ils sont peut-être en mesure de pourvoir à leurs besoins par le travail, mais
il serait contraire à leurs intérêts ainsi qu'à ceux de la nation, de les priver
de la possibilité de parfaire leur éducation, s'ils ont des parents ou alliés qui
peuvent les entretenir. Au juge de trancher en cas de contestation, selon les
circonstances. Voilà le sens de l'alinéa deux.

Art. 731. — Le débiteur de l’obligation alimentaire peut être exonéré,


lorsque le tribunal constate que le créancier a gravement manqué aux devoirs
prévus par l’article 648 du présent titre ou, dans le cas des père et mère, à
leur devoir d’entretien et d’éducation.
En aucun cas, les père et mère ou le tuteur ne peuvent être exonérés de
l’obligation alimentaire vis-à-vis de leurs enfants ou de leurs pupilles.
Commentaire : Le débiteur d'aliments pourra refuser de fournir des
aliments s'il prouve que le créancier d'aliments a manqué à ses devoirs
découlant de la solidarité au sens large. Seule la personne qui a subi
l'affront est exonérée, mais non les autres débiteurs. Dans le cas du père ou
de la mère créanciers, l'enfant débiteur pourrait invoquer que ses père et
mère ne l'ont pas entretenu et élevé décemment. Par contre, selon l'optique
du législateur, les père et mère ne pourront jamais invoquer le mauvais
comportement de leur enfant (jusqu'à l'âge adulte), pour lui refuser ce qui

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est nécessaire à son entretien et à son éducation. Cette solution ne porte pas
atteinte à leur autorité : ils peuvent notamment décider qu'ils
n'entretiendront leur enfant que dans leur maison.

Art. 732. — L’obligation alimentaire n’est due que si la personne poursuivie


a des ressources suffisantes pour fournir des aliments.
Commentaire : Cet article formule la condition essentielle et évidente que le
débiteur ne doit des liements que s'il dispose lui-même de ressources
suffisantes. C'est le terme "ressources" qui a été utilisé, et non le terme
"revenus", plus limitatif. Le tribunal devra décider dans quelle mesure le
débiteur peut être forcé à entamer son capital pour aider son parent ou allié.
L'expression "ressources suffisantes" est assez large afin de permettre une
décision équitable en toute hypothèse.

Art. 733. — Le débiteur marié n’est tenu que sur ses biens propres et sur le
produit de son propre travail; lorsqu’il est marié sous un régime de
communauté de biens, il est tenu solidairement avec son conjoint sur les
biens communs.
Commentaire : La détermination des ressources du débiteur peut présenter
des difficultés lorsque le débiteur est marié sous le régime de communauté
des biens. La solution adoptée dans le présent article fait appel à la
solidarité des dettes des conjoints.

Paragraphe 5 : De la mise en œuvre de l’obligation alimentaire

Art. 734. — Le débiteur d’aliments peut exécuter son obligation en nature


soit en recevant dans sa demeure le créancier d’aliments, soit en lui
fournissant cette aide en dehors de sa demeure.
Cette exécution peut être limitée dans le temps par le tribunal.
Il ne peut toutefois être contraint de recevoir dans sa demeure le créancier
de l’obligation alimentaire.
Les dispositions de cet article ne s’appliquent pas aux obligations à
caractère alimentaire régies par des dispositions particulières.
Commentaire : On conçoit essentiellement deux modes d'exécution de
l'obligation alimentaire. D'une part, il y a l'exécution en nature, d'autre part
l'exécution en argent. L'article 735 organise l'exécution en nature de cette
obligation. Ainsi, le débiteur d’aliments peut être admis à s’acquitter en
nature, en recevant sous son toit son parent ou allié tombé dans le besoin.
C’est sous cette forme que les époux se viennent en aide mutuellement
lorsqu’ils cohabitent ou encore que les parents accomplissent leurs
obligations d’entretien le plus souvent à l’égard de leurs enfants. S’il est
plus économique pour le débiteur, il porte cependant atteinte à
l’indépendance des intéressés, surtout il entrave la liberté du créancier et
peut être une source de heurts fréquents. C’est pour cette raison que le

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législateur prévoit que le débiteur ne peut en aucun cas être contraint de


recevoir dans sa demeure le créancier de l’obligation alimentaire.

Art. 735. — Lorsque l’exécution n’a pas lieu en nature, l’obligation


alimentaire est exécutée au moyen d’une pension alimentaire versée par le
débiteur au créancier d’aliments.
Commentaire : L’obligation alimentaire peut s’exécuter aussi par le
paiement d’une pension (sommes d’argent versées périodiquement, appelées
arrérages) (art. 735 CF). Le tribunal peut limiter l’octroi de la pension
alimentaire dans le temps (art. 737 CF). Sauf décision contraire du tribunal,
les arrérages de la pension alimentaire sont payables au lieu où le
demandeur a sa résidence (art. 739 CF). Par ailleurs, à la demande du
débiteur comme du créancier d’aliments, le montant de la pension
alimentaire peut être révisé (art. 740 CF).

Art. 736. — Le tribunal peut ordonner aux parties, et même aux tiers, la
communication de renseignements ou la présentation des livres de commerce
ou pièces comptables de nature à établir le montant des revenus, créances et
produits du travail des parties; les renseignements à fournir par les tiers sont
communiqués au tribunal par écrit.
S’il n’est pas donné suite aux dispositions du tribunal, dans le délai qu’il
détermine, ou si les renseignements donnés apparaissent incomplets ou
inexacts, le tribunal peut ordonner que le tiers comparaisse en personne, à la
date qu’il fixe. Une copie certifiée conforme de la décision est jointe à la
convocation du tiers.
Lorsque le tribunal ordonne à l’administration des contributions directes
de fournir des renseignements qu’elle possède sur le montant des revenus,
créances et produits du travail des parties ou de l’une d’elles, le secret
imposé aux fonctionnaires de cette administration est levé.
Commentaire : Afin de déterminer le montant d'une aide ou pension
alimentaire, le tribunal doit être au courant des ressources des parties. Afin
de lui faciliter les recherche, des larges pouvoirs d'investigation, tant envers
les parties qu'envers les tiers lui sont conférés.

Art. 737. — Le tribunal peut limiter l’octroi de la pension alimentaire dans


le temps.
Commentaire : Dans cette disposition comme dans celles qui suivent,
certaines modalités importantes de la fixation et du versement de la pension
alimentaire sont réglées. Il est prévu à l'article 737 que le tribunal peut
limiter l'octroi de la pension alimentaire dans le temps : par exemple,
lorsque le tribunal prévoit que dans un avenir proche, une modification
importante interviendra dans la situation de fortune du débiteur ou du
créancier. Ou encore, lorsque le tribunal désire que le créancier soit aidé
momentanément, pour lui permettre de trouver du travail ; dans cette

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hypothèse, octroyer une pension sans hésitation dans le temps, reviendrait à


donner une prime à la paresse.

Art. 738. — Sauf décision contraire du tribunal, la pension alimentaire doit


être payée mensuellement et d’avance.
Le débiteur de cette pension doit la totalité de la somme mensuelle même
si le créancier vient à décéder dans le courant du mois.
Commentaire : L'article 738 pose le principe fort important du paiement des
versements périodiques au début de chaque période. Puisque les aliments
sont dus en cas de réel besoin, ils doivent être fournis au début de la période
envisagée. Cette période sera normalement d'un mois. Ceci est conforme à
la pratique actuelle. Mais le tribunal a la faculté de prévoir d'autres
modalités de paiement : par exemple des paiements bimensuels des
paiements une fois ou deux fois l'an.

Art. 739. — Sauf décision contraire du tribunal, les arrérages de la pension


alimentaire sont payables au lieu où le débiteur a sa résidence.
Commentaire : L'article 739 détermine le lieu où la pension doit être payée;
ici également le tribunal est libre d'adopter une solution différente. Mais la
solution proposée dans l'article est conforme au principe général de la
quérabilité des dettes ainsi qu'aux usages congolais. Car on estime normal
que le créancier de la pension qui est dans le besoin aille la chercher chez le
débiteur. Ceci vaut cependant pour la pension en nature. En cas de
versement en espèce, la pension alimentaire peut être remise par le débiteur
par voie judiciaire.

Art. 740. — La décision qui fixe le montant de la pension alimentaire peut


être révisée en tout temps, à la demande du débiteur ou du créancier.
Commentaire : L'article 740 énonce le principe, admis généralement, que la
pension alimentaire doit être susceptible de révision à tout moment. La
décision qui fixe le montant de la pension alimentaire est essentiellement
modifiable.

Art. 741 : Ancien.


Les greffiers des tribunaux de paix et de grande instance peuvent
percevoir les sommes alimentaires des mains des débiteurs et les verser aux
créanciers d’aliments.
Le tribunal peut contraindre le débiteur de l’obligation alimentaire de
s’acquitter de sa dette par l’intermédiaire du greffe.

Art. 741 : Modifié.


Les greffiers des Tribunaux pour enfants, des Tribunaux de paix et de
grande instance peuvent percevoir les sommes alimentaires des mains des
débiteurs et les verser aux créanciers d’aliments.

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Le tribunal peut contraindre le débiteur de l’obligation alimentaire de


s’acquitter de sa dette par l’intermédiaire du greffe.
Commentaire : La perception et le versement des pensions alimentaires au
sein des greffes des tribunaux de paix ou de grande instance constituent sans
doute un facteur d’efficacité en matière alimentaire. Il s’agit d’un moyen de
pression efficace envers le débiteur d’aliments, que de le contraindre de
verser des sommes alimentaires à un service du tribunal qui l’a condamné. A
ce service incombera la tâche de verser régulièrement les sommes aux
créanciers. Ce système vise surtout à forcer les débiteurs à exécuter leur
obligation, et constitue, par-là, en faveur des créanciers une garantie contre
la mauvaise foi du débiteur. Mais ce système n’offre aucune garantie contre
l’insolvabilité du débiteur. Cette disposition a été modifiée en 2016 sur
l’ajout du Tribunal pour enfants parmi les juridictions qui peuvent intervenir
dans la perception des sommes alimentaires.

Art. 742. — Tout créancier d’une pension alimentaire peut se faire payer
directement le montant de cette pension par les tiers débiteurs de sommes
liquides et exigibles envers le débiteur de la pension.
Il peut notamment exercer ce droit entre les mains de tout débiteur de
salaires, produits du travail ou autres revenus ainsi que de tout dépositaire de
fonds.
La demande en paiement direct sera fondée dès qu’une échéance d’une
pension alimentaire, fixée par une décision judiciaire exécutoire, n’aura pas
été exécutée à son terme.
Commentaire : Certaines difficultés que fait naitre l’exécution de la pension
alimentaire sont dues au fait que le créancier dépend de la bonne volonté du
débiteur. Pour éviter le contact direct qui se noue entre le créancier et le
débiteur, on peut obliger des personnes qui doivent de l’argent au débiteur
d’aliments de payer directement leur dû au créancier directement, sans
intervention du débiteur d’aliments. En réalité, selon cet article le créancier
d'une pension alimentaire peut se faire payer directement le montant de cette
pension par les débiteurs de son débiteur d'aliments. La technique de
paiement direct est fixée par une décision judiciaire et la loi impose
certaines conditions à la recevabilité de la demande d’une part et d’autre
part au débiteur. Le créancier d'aliments peut alors s'adresser à tous ceux
qui doivent des sommes liquides et exigibles à son débiteur. Il s'agit des
revenus de toutes sortes du débiteur d'aliments. Le paiement direct pourra
être sollicité dès qu'il apparaît que le débiteur n'a pas rempli son devoir lors
d'une échéance. Ainsi, la demande sera fondée dès qu’une échéance d’une
pension alimentaire, fixée par une décision judiciaire exécutoire, n’aura pas
été exécutée à son terme (art. 742 al.2 CF). La demande de paiement direct
est faite par l’intermédiaire d’un greffier ou d’un huissier de justice (art.
746 al. 1).

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Art. 743. — La demande en paiement direct vaut par préférence à tous


autres créanciers, attribution au bénéficiaire des sommes qui en font l’objet
au fur et à mesure qu’elles deviennent exigibles.
Le tiers est tenu de verser directement ces sommes au bénéficiaire selon
les échéances fixées par le jugement.
Commentaire : Cet article consacre le droit de préférence du créancier de
la pension alimentaire à tous autres créanciers. Tout créancier d'une
pension alimentaire peut donc se faire payer directement le montant de cette
pension par les tiers débiteurs de sommes liquides et exigibles envers le
débiteur de la pension. Il peut notamment exercer ce droit entre les mains de
tout débiteur de salaires, produits de travail ou autres revenus, ainsi que de
tout dépositaire de fonds. La demande en paiement direct sera recevable dès
qu'une échéance d'une pension alimentaire, fixée par une décision judiciaire
devenue exécutoire, n'aura pas été payée à son terme. Cette procédure est
applicable notamment au recouvrement de la contribution aux charges du
ménage.

Art. 744. — La demande de paiement direct peut être contestée en justice,


sans préjudice de l’exercice d’une action aux fins de révision de la pension
alimentaire.
Cette contestation ne suspend pas l’obligation incombant au tiers de
payer directement les sommes dues au créancier de la pension alimentaire.
Commentaire : Celui qui n'est pas d'accord avec la démarche devant
résulter dans le paiement direct, peut s'adresser aux tribunaux mais la
contestation ne suspend pas l'obligation incombant aux tiers de payer les
sommes dues au créancier.

Art. 745. — Sauf convention contraire, les sommes payées au créancier de


la pension alimentaire doivent être versées à son domicile ou à sa résidence.
Les frais du paiement direct incombent au débiteur de la pension.
Commentaire : L'article 745 précise l'endroit où le paiement direct doit
avoir lieu, et à qui incombent les frais du paiement direct.

Art. 746. — La demande de paiement direct est faite par l’intermédiaire


d’un greffier ou d’un huissier de justice.
Lorsqu’une administration publique est subrogée dans les droits d’un
créancier d’aliments, elle peut elle-même former la demande de paiement
direct et se prévaloir des dispositions de l’article 751.
Commentaire : Comme précisé plus haut (art. 742) ce texte prévoit un
système mixte. Selon le texte le paiement direct s'effectuera en principe par
l'intermédiaire des huissiers. Mais les greffiers auront la même fonction à
remplir dans les endroits où il n'y aurait pas assez d'huissiers. En outre, on
a laissé la possibilité pour les organismes publics, subrogés dans des droits
d'un créancier d'aliments, d'agir eux-mêmes.

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Art. 747. — Les administrations et les services de l’État ainsi que les
organismes qui assurent la gestion de prestations sociales sont tenus de
communiquer, conformément au jugement intervenu, à l’huissier ou au
greffier, chargé par le créancier de former la demande de paiement direct, les
renseignements qu’ils ont en leur possession permettant de déterminer
l’adresse du débiteur de la pension alimentaire, l’identité et l’adresse de son
employeur ou de tout tiers débiteur ou dépositaire de sommes liquides ou
exigibles.
Commentaire : Selon l’article 747 CF pour que le paiement direct soit
possible il faut que le débiteur dispose des sommes liquides et exigibles qui
se trouvent entre les mains des tiers : banques, centre des chèques postaux,
clients, employeurs du débiteur... Les administrations et services de l’Etat
sont tenus, selon le jugement intervenu, de communiquer à l’huissier ou au
greffier, chargé de former la demande de paiement direct, les
renseignements qu’ils ont en leur possession permettant de déterminer
l’adresse du débiteur de la pension alimentaire, l’identité et l’adresse de son
employeur ou de tout tiers débiteur ou dépositaire de sommes liquides ou
exigibles.

Art. 748. — Le paiement direct au créancier de la pension alimentaire est


également effectué conformément aux articles 742, 743, 745 et sur base
d’une déclaration écrite du débiteur d’aliments, adressée à son employeur.
Cette déclaration ne peut être révoquée ou modifiée, sauf en cas
d’augmentation du montant, que suite à une décision du tribunal de paix,
saisi par requête émanant du déclarant.
Dans ce cas, l’alinéa 2 de l’article 678 est d’application. L’existence de la
déclaration visée à l’alinéa premier ne fait pas obstacle à l’application des
articles 741 à 747.
Commentaire : Mais le paiement direct au créancier de la pension
alimentaire est également effectué sur base d’une déclaration écrite du
débiteur d’aliments, adressée à son employeur. Comme on peut le
remarquer, la technique de paiement direct est non seulement une voie
d’exécution mais aussi un privilège que la loi a formulé au bénéficiaire de la
pension alimentaire. Celui-ci reçoit ses arrérages par préférence aux autres
créanciers.

Art. 749. — Les dispositions reprises aux articles 741 à 748 relatifs à
l’exécution de la pension alimentaire par paiement direct, sont également
applicables pour l’obtention de la pension alimentaire due à un conjoint par
l’autre époux et visées à l’article 481 des dispositions relatives au mariage.
De même, les dispositions reprises aux articles 481 à 486 organisant la
délégation de perception des revenus et des créances en faveur d’un conjoint
sont applicables en faveur de tous les créanciers d’aliments visée à ce
présent titre.

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Commentaire : Cet article énonce en deux alinéas la possibilité accordée


au créancier d'aliments, quels qu'ils soient, entre conjoints ou en raison des
liens de parenté, d'alliance ou de tutelle, de procéder vis-à-vis de leur
débiteur récalcitrant, par la procédure de la délégation des revenus
développée dans le titre relatif aux mariage, aux effets patrimoniaux ou par
une procédure du paiement direct développé dans les articles précédents.

Paragraphe 6 : Des caractères de l’obligation alimentaire

Art. 750. — L’obligation alimentaire est d’ordre public.


Le créancier ne peut renoncer par convention aux arrérages à échoir.
Commentaire : Cet article proclame le caractère d'ordre public de la dette
alimentaire. L’obligation alimentaire est d’ordre public car elle ne concerne
pas seulement les intérêts privés du créancier, mais également l’intérêt
général. Le législateur a pris diverses mesures pour assurer sa bonne
exécution car celle-ci permet d’éviter que la collectivité n’ait à prendre en
charge la personne dans le besoin. La survie des individus intéresse l’ordre
public et la pension alimentaire qui la permet participe donc à cette nature.
Il en résulte qu’il n’est pas possible de renoncer à l’avance à une pension
alimentaire. Il est seulement possible de renoncer aux arrérages échus de la
pension, mais en aucun cas au principe même de cette pension, ni aux
versements futurs.

Art. 751. — L’obligation alimentaire est exclusivement attachée à la


personne du créancier et du débiteur.
L’obligation alimentaire est intransmissible à cause de mort.
L’obligation alimentaire est incessible.
Elle peut toutefois même avant l’échéance, faire l’objet d’une cession au
profit des œuvres d’assistance qui pourvoient aux besoins du bénéficiaire de
la créance.
L’obligation alimentaire est insaisissable. Elle peut toutefois être saisie
par les personnes qui ont fourni au bénéficiaire de la créance ce qui était
nécessaire à son existence.
L’obligation alimentaire ne peut être éteinte par la compensation.
Commentaire : Le caractère personnel de l'obligation alimentaire est
souligné et explicité à l'article 751. L’obligation alimentaire est personnelle
signifie qu'elle est attachée à la personne du créancier et du débiteur.
Ensuite, ce texte proclame explicitement que l'obligation alimentaire est
intransmissible pour cause de mort. Ainsi l'obligation alimentaire ne se
transmet pas près la mort, ni activement ni passivement. C'est là son
deuxième caractère consacré par le même article. En principe donc la dette
alimentaire ne se transmet pas aux héritiers du débiteur. Il en va toutefois
autrement pour l’obligation alimentaire entre époux ; l’époux survivant peut
réclamer les aliments aux héritiers de celui-ci. C’est ce que prévoit le

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législateur du code de la famille lorsqu’il dispose à l’article 725 al. 1 du


Code de la famille que ‘‘la succession du conjoint survivant doit des
aliments au conjoint survivant’’. L'obligation alimentaire est aussi incessible
c'est-à-dire on ne peut céder sa créance à un tiers. Elle peut toutefois faire
l’objet d’une cession au profit des œuvres d’assistance qui pourvoient aux
besoins du bénéficiaire de la créance. L'obligation alimentaire est également
par principe insaisissable sauf par les personnes qui ont fourni aux
créanciers d'aliments les aliments. Enfin, l'obligation alimentaire ne peut
être éteinte par compensation. En effet, quelle que soit sa source,
l'obligation n'est pas éternelle. Elle s'éteint par les différents modes
d'extinction énumérés par la loi. En dehors du paiement il existe d'autres
modes de paiement dont la compensation. Il s'agit de l'extinction de deux
obligations de la même espèce, en particulier de deux obligations de somme
d'argent existant réciproquement entre deux personnes; extinction totale, si
les deux obligations ont le même montant, partielle, jusqu'à concurrence de
la plus faible, si elles ont des montants inégaux. De ce fait la compensation
est l'extinction simultanée de deux obligations ayant un objet semblable et
coexistant en sens inverse l'une de l'autre, le créancier de l'un étant débiteur
de l'autre et réciproquement. La compensation peut être légale, judicaire ou
conventionnelle. Le caractère vital de la créance alimentaire explique le fait
que le créancier ne peut pas la compenser.

Art. 752. — Tous arrérages qui n’ont pas été perçus dans les trois mois qui
suivent leur échéance cessent d’être dus, sauf au créancier à établir que son
inaction a une autre cause que l’absence de besoin.
En cas de demande en justice, le créancier qui aura obtenu un jugement
de condamnation pourra réclamer la somme échue depuis la demande en
justice, sans que le débiteur puisse opposer la prescription de l’alinéa
précédent.
Le présent article n’est pas d’application aux diverses obligations à
caractère alimentaire régies par des dispositions particulières, notamment
aux obligations réciproques des époux et aux obligations des père et mère
envers leurs enfants.
Commentaire : Le créancier d’aliments qui s’abstient de toucher à
l’échéance les sommes qui lui sont dues ne peut plus réclamer par la suite
l’arriéré de sa pension : les sommes non réclamées ne s’accumulent pas.
L’inaction du créancier d’aliments fait donc présumer que le besoin qui
servait de base à sa créance a disparu pour la période où il a vécu sans
réclamer les annuités échues. C'est la règle "Les aliments ne s'arréragent
pas". Cette règle n’est cependant pas absolue. Aussi le législateur y apporte
certains assouplissements en permettant au créancier de prouver que son
inaction était excusable et ne résultait pas d’une absence de besoins (art.
752 in fine CF).

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Section III. De l’obligation alimentaire conventionnelle

Art. 753. — Un contrat relatif au versement d’aliments peut être conclu à


titre gratuit entre personnes qui ne sont pas tenues légalement à l’obligation
alimentaire ou lorsque les conditions d’existence de celle-ci ne sont pas
remplies.
Une telle convention, prouvée selon les règles du droit commun, ne
pourra couvrir une période supérieure à trois ans. Cependant, elle sera
susceptible de renouvellement.
Les prestations fournies en exécution du contrat constituent des libéralités
soumises aux règles propres aux donations.
Commentaire : L'article 753 définit le contrat relatif aux conventions
d'aliments. Il précise qu'une convention peut étendre les limites de
l'obligation alimentaire légale. Un contrat relatif au versement d’aliments
peut être conclu à titre gratuit entre personnes qui ne sont pas tenues
légalement à l’obligation alimentaire ou lorsque les conditions d’existence
de celle-ci ne sont pas remplies. Autrement dit, la loi permet d’étendre les
limites de l’obligation conventionnelle. Ainsi une personne qui n’est pas
tenue de fournir des aliments peut souscrire à cette obligation par voie
conventionnelle. D’un autre côté, une personne qui doit fournir des aliments
peut s’engager conventionnellement à fournir plus que ce que prescrit la loi.
Le deuxième alinéa de cet article prévoit qu’une telle convention ne peut
être souscrite pour une période qui dépasse trois ans ; cependant, après les
trois ans l’engagement pourra être engagé. Le troisième alinéa du même
article dispose que l’obligation conventionnelle de fournir des aliments
tombe sous l’application des règles relatives aux actes à titre gratuit.

Art. 754. — Sauf stipulation contraire, les articles 731, 738 à 748, 751 et
752 sont applicables à l’obligation alimentaire conventionnelle.
Commentaire : Cet article très important rend applicables à la convention
d'aliments, bon nombre de dispositions prévues en ce qui concerne
l'obligation légale. Ainsi, exonération en cas d'indignité s'appliquera même
aux obligations conventionnelles; de même, les diverses techniques
permettant de promouvoir l'efficacité de la mise en œuvre de l'obligation
sont applicables aux obligations conventionnelles; c'est le cas notamment du
paiement direct. De même est applicable la possibilité exceptionnelle de
remboursement. Enfin, certains caractères de l'obligation alimentaire légale
devraient s'appliquer obligatoirement à l'obligation conventionnelle.

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LIVRE IV :
DES SUCCESSIONS ET DES LIBÉRALITÉS

TITRE Ier
DES SUCCESSIONS

CHAPITRE Ier
DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Art. 755 : Ancien.


Lorsqu’une personne vient à décéder, la succession de cette personne
appelée de cujus est ouverte au lieu où elle avait, lors de son décès, son
domicile ou sa principale résidence.

Art. 755 : Modifié.


Lorsqu’une personne vient à décéder, la succession de cette personne
appelée «de cujus» est ouverte au lieu où elle avait, lors de son décès, son
domicile ou sa principale résidence.
Commentaire : L’intérêt que présente la détermination du lieu d’ouverture
de la succession, c’est que le tribunal de ce lieu, mieux placé que tout autre,
pour se prononcer en connaissance de cause, est seul compétent pour
statuer sur certaines contestations concernant la succession. Cet article a
été cité parmi les articles modifiés lors de la réforme de 2016. En réalité il
s'agit d'une fausse modification car aucune modification n’a été portée à
cette disposition.

Art. 756. — Les droits et obligations du de cujus constituant l’hérédité


passent à ses héritiers et légataires conformément aux dispositions du présent
titre, hormis le cas où ils sont éteints par le décès du de cujus.
Commentaire : La détermination de la date d’ouverture de la succession
présente de grands intérêts. C’est, en effet, à ce moment qu’il faut se placer :
pour savoir si l’héritier appelé est capable de succéder ; Pour déterminer,
s’il y a plusieurs héritiers, le moment où commence l’indivision, moment
auquel remontera l’effet du partage ultérieur ; enfin, la fixation précise de la
date d’ouverture de la succession présente une importance capitale, lorsque
deux personnes héritières présomptives l’une de l’autre, ou dont l’une
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seulement est héritière présomptive de l’autre, décèdent dans un même


événement, accident, bataille, naufrage, incendie tremblement de terre, etc.
Si, par exemple, l’héritier a survécu au de cujus, ne fût-ce que de quelques
minutes, il aura recueilli la succession et la transmettra avec son propre
patrimoine, qu’elle se trouvera ainsi grossir, à ses propres héritiers. Il en
sera autrement dans le cas contraire. C’est la théorie des commorientes
(comourants). Le Code de la famille ne consacre pas des dispositions à cette
question prévue pourtant dans certaines législations étrangères.
Jurisprudence : Prohibition des pactes sur successions futures (art. 29
CCCLIII). Le pacte prohibé est ainsi toute stipulation ayant pour objet
d’attribuer un droit privatif sur tout ou partie d’une succession non encore
ouverte sans qu’il y ait à distinguer selon qu’il s’agit de la succession de
l’une des parties à l’acte ou d’un tiers (Cass. fr., Chambres réunies, 2 Juillet
1903, D. 1903.I.353, S. 1904.I.65 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p. 97). Il a été décidé que chacun des héritiers, avant
même le partage successorale, a une vocation successorale sur les biens du
de cujus ; et partant, a qualité d’exercer pour toute la succession les actions
patrimoniales appartenant au défunt (CA Kanenga, 27 Juillet 2000, RCA
1212, in Les Analyses juridiques, n° 21, p. 68 et ss. par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 205).

Art. 757. — La succession du de cujus peut être ab intestat ou testamentaire,


en tout ou en partie.
Les biens dont le de cujus n’a pas disposé par le testament sont dévolus à
ses héritiers ab intestat.
Commentaire : L'article énonce le principe des deux grands types de
succession pris ici dans le sens subjectif "ab intestat et testamentaire" et la
possibilité d'une succession partiellement ab intestat et partiellement
testamentaire de telle sorte que dans le problème de la liquidation, il faudra,
en pareil cas, distinguer deux masses successorales à partir des données
mêmes du testament; problème différent et préalable de l'hypothèse où, en
raison du principe de la réserve obligatoire en faveur des enfants, il y aurait
à établir les réductions nécessaires pour la respecter.

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CHAPITRE II
DES RÈGLES GÉNÉRALES
DE LA SUCCESSION AB INTESTAT

Art. 758 : Ancien.


a) Les enfants du de cujus nés dans le mariage et ceux nés hors mariage
mais affiliés de son vivant, ainsi que les enfants qu’il a adoptés, forment
la première catégorie des héritiers de la succession.
Si les enfants ou l’un des enfants du de cujus sont morts avant lui et
qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ces derniers
dans la succession.
b) Le conjoint survivant, les père et mère, les frères et sœurs germains ou
consanguins ou utérins forment la deuxième catégorie des héritiers de la
succession et constituent trois groupes distincts.
Lorsque les père et mère du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant lui
mais que leurs père et mère ou l’un d’eux sont encore en vie, ceux-ci
viennent à la succession en leurs lieu et place.
Lorsque les frères et sœurs du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant
lui mais qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ceux-ci
dans la succession.
c) Les oncles et les tantes paternels ou maternels constituent la troisième
catégorie des héritiers de la succession.
Lorsque les oncles et tantes paternels ou maternels du de cujus ou l’un
d’eux sont décédés avant lui mais qu’ils ont laissé des descendants, ils
sont représentés par ceux-ci dans la succession.

Art. 758 : Modifié.


1. Les enfants du de cujus nés dans le mariage et ceux nés hors mariage
mais affiliés de son vivant ainsi que les enfants adoptifs forment la
première catégorie des héritiers de la succession.
Si les enfants ou l’un des enfants du de cujus sont morts avant lui et
qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ces derniers
dans la succession.
2. Le conjoint survivant, les père et mère, les frères et sœurs germains ou
consanguins ou utérins forment la deuxième catégorie des héritiers de la
succession et constituent trois groupes distincts.
Lorsque les père et mère du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant lui
mais que leurs père et mère ou l’un d’eux sont encore en vie, ceux-ci
viennent à la succession en leurs lieu et place.
Lorsque les frères et sœurs du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant
lui mais qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ceux-ci
dans la succession.
3. Les oncles et les tantes paternels ou maternels constituent la troisième
catégorie des héritiers de la succession.

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Lorsque les oncles et tantes paternels ou maternels du de cujus ou l’un


d’eux sont décédés avant lui mais qu’ils ont laissé des descendants, ils
sont représentés par ceux-ci dans la succession.
Commentaire : Cet article est la base générale de l'ordre des héritiers
répartis en trois catégories (la vocation successorale de la quatrième
catégorie est prévue à l'article 762). La première catégorie comprend, dans
l’ordre, tous les enfants du de cujus nés dans le mariage et ceux nés hors
du mariage, mais affiliés de son vivant, ainsi que les enfants qu’il a
adoptés. Est enfant affilié, tout enfant né hors mariage mais reconnu par
son géniteur, en l’occurrence le père. La deuxième catégorie comprend le
conjoint survivant (veuf ou veuve), les père et mère du de cujus, les frères et
sœurs germains, consanguins ou utérins. Il y a lieu de préciser les
terminologies usitées ici par le législateur congolais : les enfants nés d’un
même père mais de mères différentes sont des consanguins, les enfants nés
d’une même mère mais des pères différents sont des utérins, les enfants qui
ont une double parenté par le père et la mère sont des germains. Par
ailleurs, comme on le voit les héritiers sont classés ici en groupe. Le
conjoint survivant constitue le premier groupe des héritiers de la deuxième
catégorie. Remarquons aussi que le législateur utilise le terme conjoint
survivant pour marquer l’égalité entre les époux dans la succession. Le
terme conjoint survivant n’est plus usité ici pour désigner l’épouse, mais
l’un ou l’autre époux, quel que soit son sexe, qui reste en vie après le décès
de l’autre. Il s’agit donc du veuf ou de la veuve, contrairement à l’erreur
qu’on fait souvent de croire qu’il ne s’agit que de la veuve. Les droits
reconnus par la loi au conjoint survivant valent aussi bien pour le mari que
pour la femme. Il n’y a pas pour ainsi dire des droits spéciaux conférés à la
veuve en cette qualité. Lorsque le de cujus a été uni a un mariage
polygénique sous l’empire du décret du 4 avril 1950, les coépouses
survivantes viendront à la succession en formant le premier groupe des
héritiers de la deuxième catégorie. Enfin, disons que le conjoint décédé
avant le de cujus, ne bénéficie pas de la représentation dans la succession
de ce dernier. Le père et la mère du défunt constituent le deuxième groupe
des héritiers de la deuxième catégorie. Contrairement au conjoint
survivant, la représentation des père et mère prédécédés à la succession du
de cujus est admise. C’est ce qui découle de l’alinéa 4 de l’article 758 du
Code de la famille qui dispose : ‘‘lorsque les père et mère du de cujus sont
décédés avant lui, mais que leurs père et mère ou l’un d’eux sont encore en
vie, ceux-ci viennent à la succession en leurs lieux et place’’. Enfin, les
frères et sœurs du de cujus forment le troisième groupe de cette catégorie.
L’alinéa 4 de l’article 758 in fine prévoit également la représentation à la
succession des frères et sœurs prédécédés du de cujus. La troisième
catégorie d’héritiers comprend les oncles et les tantes paternels et
maternels. Ceux-ci ne viennent à la succession que lorsque le de cujus ne
laisse pas d’héritiers de la première et de la deuxième catégorie (art. 758

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du Code de la famille). Le Code de la famille autorise également la


représentation ici. Ainsi, selon l’alinéa 6 de l’article 758, ‘‘lorsque les
oncles et tantes paternels ou maternels du de cujus ou l’un d’eux sont
décédés avant lui, en laissant des descendants, ils sont représentés par
ceux-ci dans la succession’’. La modification de cet article introduite en
2016 a été de pure forme puisque est amoindrie l’expression « enfants qu’il
a adoptés » par « enfants adoptifs » ainsi que la retouche sur la
ponctuation (quelques virgules). Pourtant certaines questions auraient pu
être réglées telle que la qualité d’héritier de l’enfant qui a été reconnu par
voie de déclaration de maternité c'est-à-dire l’enfant qu’une femme a mis
au monde en dehors du mariage lequel ne fait pas objet d’affiliation mais
plutôt d’une déclaration de maternité. Il peut se poser des questions sur
l’héritage pour cet enfant lorsque sa mère décède (sauf s’il a été adopté, ce
qui est inutile dans pareil cas). Il est ainsi du cas de l’enfant à père
juridique, sous tutelle, …ou encore la question de la succession d’un enfant
né hors mariage et dont le père est décédé dans le délai légal
d’affiliation… En parallèles : On peut lire en parallèle le texte du Code du
travail tel que modifié le 15 juillet 2016 et qui intègre certaines catégories
d’enfants tels que l’enfant dont le travailleur est le « père juridique » et est
le « tuteur » et qui, de ce fait, ont droit à des avantages dans le cadre du
droit social : Par Famille du travailleur il faut entendre : Le conjoint ; Les
enfants tels que définis par la Loi n° 087-010 du 1er août 1987 portant
Code de la famille ; Les enfants que le travailleur a adoptés ; Les enfants
dont le travailleur a la tutelle ou la paternité juridique ; Les enfants pour
lesquels il est débiteur d’aliments conformément aux dispositions de la Loi
n° 087-010 du 1er août 1987 portant Code de la famille. Un enfant entre en
ligne de compte s’il est célibataire et : Jusqu’à sa majorité en règle
générale ; Jusqu’à l’âge de 25 ans révolus, s’il étudie dans un
établissement de plein exercice ; Sans limite d’âge, lorsqu’il est incapable
d’exercer une activité lucrative en raison de son état physique ou mental et
que le travailleur l’entretient.
Jurisprudence : Il a cependant été décidé que la carte d’électeur est une
pièce suffisante pour établir la qualité d’héritier en ce qu’elle permet dans
une certaine mesure d’établir le lien de filiation avec le de cujus (TGI Haut
Katanga, 19 décembre 2007, RC 1012, in Les Analyses juridiques, n° 15, pp.
767 et ss. par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p. 165) point de vue qui n’est pas partagé par le Professeur Kifwabala
Tekilazaya. La qualité de frères ou de sœurs du de cujus, doit être prouvée
avant de prendre part à la succession (CSJ RCR.C023 du 23 janvier 2004, in
Les Analyses juridiques, n°04/2004, pp. 40 et ss. avec note de Me Mbuyi
Tshimbadi, La preuve de la qualité d’héritier ou du liquidateur par
Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 174). Ne

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peut être reçu pour contester la qualité d’héritier celui qui, vis-à-vis de la
même personne, dans un passé récent, s’est comporté de manière non
équivoque en le considérant comme effectivement héritier dans la même
succession (TGI Matete, 16 mai 2012, RC 25.257, in Les Analyses
juridiques, n° 24, novembre 2012, p. 88 et ss. cité par Kifwabala Tekilazaya,
J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p. 208).

Art. 759. — Les héritiers de la première catégorie reçoivent les trois quarts
de l’hérédité. Le partage s’opère par égales portions entre eux et par
représentation entre leurs descendants.
Commentaire : Cet article détermine la part des héritiers de la première
catégorie qui est en principe de 3/4 de l'hérédité. Ce principe connait deux
exceptions prévues aux articles 760 alinéa 3 et à l'article 764. Ainsi par
exemple si le de cujus a laissé un héritage dont l'actif net est évalué à
60000$, les héritiers de la première catégorie auront 45.000$. A l'intérieur
de la catégorie le partage se fait à parts égales; ainsi s'il y a trois héritiers
de la première catégorie, in specie, chacun aura 15.000$.
Jurisprudence : En application de l’adage « actori incumbit probatio », s’il
prétend que les biens reçus du vivant de leur père par l’intimé ont entamé la
réserve légale, il incombe à l’appelante de fournir les éléments permettant
de déterminer la consistance de la masse successorale. Ainsi, à défaut de ce
faire, l’appelante ne permettant pas à la Cour de connaître la consistance
réelle de la masse successorale (CSJ, 7 décembre 1995, RCR/C 005, Affaire
Alsberge et consorts C/Etango, Revue analytique de jurisprudence du
Congo, Volume I, Fascicule unique, 1996, pp. 15-23).Le juge qui décide de
procéder au partage des biens d’une succession doit fixer la valeur de
chaque bien du patrimoine du de cujus et les partager entre les héritiers en
démontant l’équilibre des portions. Comporte bien un vice de motivation le
jugement qui procède au partage des biens laissés par le de cujus, sans
démontrer l’égalité des portions attribuées à chaque héritier par une
évaluation claire et objective (CSJ, 8 avril 2011, RC 2524, Affaire
Benabiayau Luntadila C/Benabiayau Luvanga et consorts, Les analyses
juridiques, n°22, pp. 69-73).

Art. 760. — Les héritiers de la deuxième catégorie reçoivent le solde de


l’hérédité si les héritiers de la première catégorie sont présents et l’hérédité
totale s’il n’y en a pas.
Les trois groupes reçoivent chacun un douzième de l’hérédité.
Lorsque, à la mort du de cujus, deux groupes sont seuls représentés, ils
reçoivent chacun un huitième de l’hérédité.
Lorsque, à la mort du de cujus, un seul groupe est représenté, il reçoit un
huitième de l’hérédité, le solde étant dévolu aux héritiers de la première
catégorie.

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À l’intérieur de chaque groupe de la deuxième catégorie selon les


distinctions précisées ci-dessus, le partage s’opère par égales portions.
Commentaire : Cet article détermine la part des héritiers de la deuxième
catégorie qui est en principe de 1/4 de l'hérédité. Ainsi par exemple si le de
cujus a laissé un héritage dont l'actif net est évalué à 60000$, les trois
groupes des héritiers de la deuxième catégorie auront 15.000$. A l'intérieur
de la catégorie le partage se fait à parts égales; ainsi s'il y a trois groupes
de la deuxième catégorie, chaque groupe aura 5.000$. Cependant, cette
règle connait deux exceptions : d'abord lorsque deux groupes seulement sont
présents ou représentés, il reçoit chacun le 1/8 de l'hérédité, in specie le 1/8
de 60000$ donc 7500$; ensuite lorsqu'un seul groupe est présent ou
représenté, ce seul groupe reçoit le 1/8 de l'hérédité mais le solde ira
augmenter la part des héritiers de la première catégorie. En voici une
illustration : le de cujus a laissé un héritage dont l'actif net est évalué à
60000$; il a laissé trois héritiers de la première catégorie et un seul groupe
de la deuxième catégorie. En application de l'alinéa 3 de l'article 760, ce
seul groupe présent ou représenté recevra le 1/8 de l'hérédité soit 7500$ et
le solde ira augmenter la part des héritiers de la première catégorie ; ce qui
fait pour les héritiers de la première catégorie : 45000$+7500$ donc
52500$.

Art. 761. — Lorsque le de cujus ne laisse pas d’héritiers de la première et de


la deuxième catégorie, les oncles et tantes paternels ou maternels sont
appelés à la succession conformément aux dispositions de l’article 758; le
partage s’opère entre eux par égales portions.
Commentaire : Cet article détermine la part des héritiers de la troisième
catégorie. Rappelons que cette catégorie ne vient jamais en concours avec
les héritiers de deux premières catégories c'est-à-dire lorsqu'il y a ne serait-
ce qu'un seul héritier de ces deux premières catégories ceux de la troisième
ne viennent pas à la succession. En d'autres termes, en l'absence des
héritiers de la première et de la deuxième catégorie, ceux de la troisième
reçoivent alors la totalité de l'hérédité. A l'intérieur de la catégorie le
partage se fait à parts égales.

Art. 762. — À défaut d’héritiers de la troisième catégorie, tout autre parent


ou allié viendra à la succession, pour autant que son lien de parenté ou
d’alliance soit régulièrement constaté par le tribunal de paix qui pourra
prendre telles mesures d’instructions qu’il estimera opportunes.
Le partage s’opère entre ces héritiers par égales portions.
Commentaire : La vocation successorale des alliés et parents qui composent
la quatrième catégorie est prévue à l'article 762 sous examen. Les héritiers
de la quatrième catégorie ne viennent pas en concours avec ceux de trois
premières catégories. Ils reçoivent ainsi la totalité de l'hérédité mais

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seulement en l'absence des héritiers de trois premières catégories. A


l'intérieur de la catégorie le partage se fait à parts égales.
Jurisprudence : Le juge saisi d'une question de preuve de parenté unissant
le défunt à ceux qui réclament la succession peut, à défaut d'actes de
filiation, que l'éloignement du temps et des circonstances particulières
indépendantes du fait des parties ne leur permettent pas de représenter,
accueillir comme preuves d'autres actes qu'il est en droit d'apprécier, sans
contrevenir aux articles 46, 320, 321 et 325 du code civil (français) (H.
Capitant, F. Terré et Y. Lequete, Les grands arrêts de la jurisprudence
civile, Tome 1, 11ème édition, 2000, p. 481, En cause : Petit contre Héritiers
Pourradier).

Art. 763 : Ancien.


À défaut d’héritiers des quatre catégories, la succession est dévolue à
l’État.
En pareil cas, l’hérédité sera provisoirement acquise à l’État un an à dater
de la publication de l’existence d’une succession en déshérence.
Cette publication sera faite par l’État dans deux journaux du pays, dont
l’un doit se trouver dans la région de l’ouverture de la succession et précisera
l’identité complète du de cujus et le lieu d’ouverture de celle-ci.
Si aucun journal ne paraît dans la région de l’ouverture de la succession,
la publicité doit être effectuée par voie d’affichage au chef-lieu de la région,
des sous-régions, aux sièges administratifs des zones et des collectivités.
Après ce délai, les héritiers qui se présenteront, recevront l’hérédité dans
l’état où elle se trouve, déduction faite des frais de garde, de gestion et
d’éventuelles dispositions faites par l’État.
Après cinq ans à dater de la publication, la succession est définitivement
acquise à l’État.

Art. 763 : Modifié.


A défaut d’héritiers des quatre catégories, la succession est dévolue à
l’État.
En pareil cas, l’hérédité sera provisoirement acquise à l’Etat un an à dater
de la publication de l’existence d’une succession en déshérence.
Cette publication sera faite par l’Etat dans deux journaux du pays, dont
l’un doit se trouver dans la province de l’ouverture de la succession et
précisera l’identité complète du de cujus et le lieu d’ouverture de celle-ci.
Si aucun journal ne paraît dans la province de l’ouverture de la
succession, la publicité doit être effectuée par voie d’affichage au chef-lieu
de la province, aux sièges administratifs des territoires, des villes, des
communes, des secteurs et des chefferies.
Après ce délai, les héritiers, qui se présenteront, recevront l’hérédité dans
l’état où elle se trouve, déduction faite des frais de garde, de gestion et
d’éventuelles dispositions faites par l’État.

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Après cinq ans à dater de la publication, la succession est définitivement


acquise à l’État.
Commentaire : A défaut des héritiers des quatre catégories, la succession
ira à l’Etat comme ‘‘ succession en déshérence’’. En réalité, cette dernière
situation est rare : la notion large de famille en Afrique fait qu’on puisse
toujours trouver un successeur. Le droit de l’Etat ne s’ouvre que dans le cas
où le défunt ne laisse ni enfant, ni parent, ni conjoint. Les successions
réclamées par l’Etat, à défaut de parents, sont dites en déshérence ; celles
qui ne sont pas réclamées par personne, pas même par l’Etat, sont dites
vacantes. L’Etat n’est pas un héritier. Quand il recueille les biens d’une
personne décédée sans laisser de famille ni avoir institué de légataire (ou
dont tous les membres de la famille ou les légataires renoncent à la
succession), ce n’est pas en vertu d’une vocation successorale, mais en
qualité de souverain (afin de ne pas laisser les choses à l’abandon et les
droits sans titulaire). Ceci découle de l’article 12 de la loi n° 73-021 du 20
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier
et régime des suretés, telle que modifiée par la loi du 18 juillet 1980, selon
laquelle ‘‘ Toutes les choses sans maître appartiennent à l’État, sauf ce qui
sera dit au sujet du droit d’occupation’’. Voici une conséquence. Si par
testament, le de cujus a déclaré priver de sa succession tous ses héritiers,
sans instituer de légataire, l’exhérédation ne peut viser l’Etat, qui
recueillera donc la succession. La publication de la succession en
déshérence est faite par l’État dans deux journaux du pays, dont l’un doit se
trouver dans la région de l’ouverture de la succession et précisera l’identité
complète du de cujus et le lieu d’ouverture de celle-ci. L’hérédité sera
provisoirement acquise à l’État un an à dater de la publication de
l’existence d’une succession en déshérence. Après ce délai, les héritiers qui
se présenteront, recevront l’hérédité dans l’état où elle se trouve, déduction
faite des frais de garde, de gestion et d’éventuelles dispositions faites par
l’État. Après cinq ans à dater de la publication, la succession est
définitivement acquise à l’État. La modification de cet article en 2016 a
consisté en l’actualisation des appellations conformément à la
décentralisation (région : province ; sous-région : territoire, villes, …).
Jurisprudence : Il a été jugé que l’Etat ne peut devenir propriétaire des
biens successoraux si la procédure décrite dans l’article 763 du Code de la
famille et spécialement la publicité que cette disposition prévoit, n’a pas été
correctement réalisée (CA Kinshasa Matete, 03 avril 2003, RCA 4226, inédit
par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 183). Il
résulte de l'article 768 du code civil (français) que l'Etat recueille les
successions à défaut d'héritiers, par droit de déshérence. Une clause
d'exhérédation, valable dans la mesure où elle concerne les parents du
testateur, est nulle à l'égard de l'Etat, le testateur ne pouvant, par une
exhérédation pure et simple, et sans désigner de légataires, faire échec aux

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droits de l'Etat. Par suite doit être cassé l'arrêt qui, pour faire droit à la
demande de la sœur du de cujus tendant à la nullité de la clause
d'exhérédation, relève que la disposition générale prise par ce dernier vise
non seulement ses parents mais l'Etat et ouvre ainsi les droits des héritiers
(H. Capitant, F. Terré et Y. Lequete, Les grands arrêts de la jurisprudence
civile, Tome 1, 11ème édition, 2000, p. 411, En cause : Administration des
domaines contre Consorts Moreau-Ménard).

Art. 764. — Si, par l’effet du concours des héritiers de la première catégorie,
la quote-part dévolue à chaque groupe des héritiers de la deuxième catégorie
est supérieure à une quote-part d’enfant héritier de la première catégorie, le
partage égal de l’hérédité sera calculé en additionnant le nombre d’enfants
présents ou représentés et les groupes présents ou représentés.
Commentaire : Quel que soit la valeur de la succession et le nombre
d'héritiers de la première catégorie, jamais un héritier de cette dernière ne
recevra moins qu'un des groupes de la deuxième catégorie. En effet, s’il y a
de nombreux héritiers de la première catégorie, situation assez fréquente, il
se trouve, par l’effet de partage normal, que la part effective attribuée à un
enfant soit inférieure à celle du ‘‘groupe’’ d’héritiers de la deuxième
catégorie. Dans ce cas il y aura réduction d’office de la quote-part
d’héritiers de la deuxième catégorie par un remaniement de partage qui
réunira les enfants et les groupes. Le calcul change en additionnant tous les
héritiers et les groupes et on divise la succession à la somme. L’article 764
montre donc la nécessité de vérifier en cas de partage à ce que les enfants
bénéficient toujours chacun pris séparément, d’une part d’hérédité égale au
moins à celle qui sera attribuée à chaque groupe de la deuxième catégorie.
En voici une illustration qui constitue une deuxième exception de la règle de
la part de 3/4 des héritiers de la première catégorie prévue à l'article 759, à
côté de la deuxième exception de l'article 760 alinéa 3 : X décède et laisse
12 héritiers de la première catégorie et trois groupes de la deuxième
catégorie. Comment opérer le partage ?
Solution :
Application des articles 759 et 760 :
- Première catégorie reçoit les 3/4 de 120000$, donc 90000$ : 12 enfants,
donc 7500$ par enfant.
- Deuxième catégorie reçoit 30000$ :3 groupes, donc 10000$ par groupe.
On remarque que la part que reçoit chaque héritier de la première
catégorie est inférieure à la part de chaque groupe : 7500$ est inférieur à
10000$. Il faut alors reprendre le calcul en appliquant l'article 764.
Application de l'article 764 :
120000$ : (12 enfants + 3 groupes), donc 120000$:15=8000$
Donc la première catégorie aura 8000$ x 12 enfants = 96000$, donc 8000$
par enfant

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Et la deuxième catégorie aura 8000$ x 3 groupes = 24000$, donc 8000$ par


groupe.

Art. 765. — Est indigne de succéder et comme tel exclu de l’hérédité,


l’héritier légal ou le légataire :
a) qui a été condamné pour avoir causé intentionnellement la mort ou voulu
attenter à la vie du de cujus ;
b) qui a été condamné pour dénonciation calomnieuse ou faux témoignage,
lorsque cette dénonciation calomnieuse ou ce faux témoignage aurait pu
entraîner à rencontre du de cujus, une condamnation à une peine de cinq
ans de servitude pénale au moins ;
c) qui, du vivant du de cujus, a volontairement rompu les relations
parentales avec ce dernier, cette situation devant être prouvée devant le
tribunal de paix, le conseil de famille entendu ;
d) qui, au cours des soins à devoir apporter au de cujus lors de sa dernière
maladie, a délibérément négligé de les donner, alors qu’il y était tenu
conformément à la loi ou à la coutume ;
e) qui, abusant de l’incapacité physique ou mentale du de cujus, a capté
dans les trois mois qui ont précédé son décès, tout ou partie de l’héritage;
f) qui a intentionnellement détruit, fait disparaître ou altéré le dernier
testament du de cujus sans l’assentiment de celui-ci ou qui s’est prévalu,
en connaissance de cause, d’un faux testament ou d’un testament devenu
sans valeur.
Commentaire : L’indignité est une sorte de déchéance attachée par la loi à
certains faits dont l’héritier est rendu coupable envers le défunt. Il s’agit
donc d’une peine civile qui consiste à exclure de la succession l’héritier qui
s’est rendu coupable de fautes graves envers le de cujus. Elle est donc une
situation juridique définie par la loi, et qui entraine une déchéance, une
peine ; elle prive l’héritier du droit de recueillir une succession déterminée,
celle d’une personne à l’égard de laquelle il s’est montré indigne en se
rendant coupable de l’un des faits particulièrement graves limitativement
énumérés par la loi. Ainsi définie, l’indignité emporte donc une peine civile,
une peine privée, sanction exceptionnelle dans notre droit qui ne connait
plus, en principe, que des peines publiques. L’article 765 donne une liste
limitative des cas d’indignité qui excluent de l’hérédité l’héritier légal ou le
légataire. Il y a en réalité six causes d’indignité : Première cause : - Est
indigne celui qui était condamné pour avoir causé intentionnellement la
mort ou voulu attenter à la vie du de cujus. Deux conditions sont donc
exigées : le meurtre, ou une tentative de meurtre, du de cujus par l’héritier ;
la condamnation de l’héritier. Pour qu’un héritier encoure cette cause
d’exclusion, il faut qu’il ait été condamné. Donc pas d’exclusion si, pour une
cause quelconque, le coupable n’a pas été condamné, par exemple, parce
qu’il est mort avant une décision de condamnation, ou si l’héritier a tué le
défunt, mais a été acquitté ou absous pour défaut de discernement, ou parce

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qu’il se trouvait en état de légitime défense. Ajoutons qu’il faut une


condamnation définitive. L’indignité successorale n’est pas encourue par
l’héritier condamné pour homicide par imprudence du défunt. En effet, la
loi, parlant de celui qui a causé intentionnellement la mort ou voulu attenter
à la vie du de cujus, indique assez clairement qu’elle exige chez le coupable
une intention meurtrière qui ne se rencontre pas dans l’infraction
d’homicide par imprudence. Deuxième cause : - Est indigne de succéder
celui qui a été condamné pour dénonciation calomnieuse ou faux
témoignage qui aurait pu entraîner à l’encontre du de cujus, une
condamnation de cinq ans de servitude pénale au moins.- Pour que
l’indignité soit encourue dans ce cas, il faut : -Qu’il y ait de la part de
l’héritier une dénonciation ou même un témoignage à charge contre le
défunt ; -Il faut que cette dénonciation ou ce témoignage soit de nature à
entrainer une condamnation de cinq ans de servitude pénale au moins ; -Il
faut enfin que cette dénonciation ait été jugé calomnieuse ou que ce
témoignage ait été jugé faux. Donc il ne suffit pas que le défunt dénoncé ou
victime de faux témoignage ait été acquitté ou absous, ou ait bénéficié d’un
non-lieu ; il faut encore que l’héritier calomniateur ait été poursuivi et
condamné pour faux témoignage ou dénonciation calomnieuse. Troisième
cause : - Est indigne de succéder celui qui, du vivant du de cujus, a
volontairement rompu les relations parentales avec ce dernier, cette
situation devant être prouvée par le tribunal de paix, le conseil de famille
entendu. Pour encourir cette sanction, il faut 5 éléments : -Que l’héritier ait
rompu les relations avec le défunt. -Il faut que cette rupture soit volontaire.
Echappe ainsi à l’indignité, l’héritier qui se trouve dans une situation qui
l’empêche involontairement d’avoir des relations parentales aves le de
cujus. -Il faut que cette rupture ait lieu du vivant du de cujus. -Comme le
précise l’article 765 du Code de la famille, cette situation doit être prouvée
par le tribunal de paix. Une précision mérite d’être faite à ce niveau. Selon
l’article 817 du Code de la famille ‘‘Toutes contestations d’ordre
successoral sont de la compétence du tribunal de paix lorsque l’héritage ne
dépasse pas 100.000 zaïres et de celle du tribunal de grande instance
lorsque celui-ci dépasse ce montant. Le montant est établi sur base de l’actif
brut’’. Mais s’agissant de l’appréciation de l’indignité pour cause de
rupture des relations avec le défunt, la compétence est du tribunal de paix et
ce, quelle que soit la valeur de la succession car il s’agit ici d’une
compétence d’attribution. -Il faut que le conseil de famille soit
préalablement entendu c’est-à-dire avant de saisir la justice. Quatrième
cause : - Est indigne de succéder celui qui, au cours des soins à devoir
apporter au de cujus, lors de sa dernière maladie, a délibérément négligé de
les donner alors qu’il y était tenu par la loi ou par la coutume. L’indignité
suppose ici la réunion de trois éléments :-Une obligation légale ou
coutumière d’apporter des soins au de cujus en cas de maladie ; -Un constat
de la dernière maladie nécessitant des soins ; -Une négligence délibérée

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dans le chef de l’héritier ou du légataire, c’est-à-dire l’inexécution


intentionnelle de l’obligation légale ou coutumière d’apporter des soins.
Cinquième cause : - Est indigne de succéder celui qui, abusant de
l’incapacité physique ou mentale du de cujus, a capté dans les trois mois qui
ont précédé son décès, tout ou partie de l’héritage. Trois éléments sont ici
nécessaires : -Il faut que l’héritier ou le légataire ait abusé de l’incapacité
physique ou mentale du de cujus; -Il faut qu’il y ait capté tout ou partie de
l’héritage, c’est-à-dire qu’il l’ait obtenu par insinuation ou par artifice ; -Il
faut que la captation ait eu lieu dans la période de trois mois qui ont précédé
la mort du de cujus. Sixième cause :- Est indigne de succéder celui qui a
intentionnellement détruit, fait disparaître ou altéré le dernier testament du
de cujus sans l’assentiment de ce celui-ci ou qui s’est prévalu, en
connaissance de cause, d’un faux testament ou d’un testament devenu sans
valeur. L’héritier est ainsi indigne de succéder lorsque se trouvent réunis les
cinq éléments suivants : -que l’héritier ou le légataire ait détruit, fait
disparaitre ou altéré le testament du de cujus ; -que l’acte retenu contre lui
ait été commis intentionnellement, c’est-à-dire délibérément ; ce qui exclut
toute altération, destruction ou perte de testament par négligence ou
imprudence. -qu’il s’agisse du dernier testament du de cujus, c’est-à-dire de
celui qui précède la mort de celui-ci. -que l’acte de destruction ou
d’altération ait été commis sans l’assentiment du de cujus. C’est dire donc
que si l’héritier ou le légataire a agi avec l’accord du de cujus, il ne sera
pas frappé d’indignité. -que l’héritier ou le légataire se soit prévalu
sciemment d’un faux testament ou d’un testament sans valeur.
Jurisprudence : Manque en fait le moyen pris de la violation du principe
général du droit selon lequel toute donation testamentaire ne prend effet
qu’au moment de l’ouverture de la succession (c'est-à-dire à la mort du
testateur) et, révocable du vivant du testateur, alors que le juge n’a pas
admis le principe de l’irrévocabilité des donations faites aux enfants en
déclarant n’avoir pas des raisons pour révoquer les donations aux enfants
faute de preuve d’indignité dans leur chef (C.S.J., 31 juillet 1979, RC 216,
Affaire Kieto wa Sansisa C/ Nsona Lunkiesa, Bulletin des arrêts de la Cour
Suprême de Justice année 1979, année d’édition 1984, pp. 157-168). Il a été
décidé que la sanction de l’indignité successorale qui est une peine civile de
nature personnelle et d’interprétation stricte, ne peut être étendue au-delà
des textes qui l’instituent (Cass. civ. 1ère, 18 décembre 1984, Bull. civ. I, n°
340 par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p. 161).

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CHAPITRE III
DES RÈGLES DE FORME
ORGANISANT LES TESTAMENTS

Art. 766. — Le testament est un acte personnel du de cujus par lequel il


dispose, pour le temps où il ne sera plus, de son patrimoine, le répartit,
détermine ses héritiers et fixe les dispositions tutélaires, funéraires ou de
dernière volonté que la présente loi n’interdit pas et auxquelles des effets
juridiques sont attachés.
Le testament peut être fait sous forme authentique, olographe ou orale à
l’article de la mort.
Toute autre forme de testament est nulle.
Commentaire : Cet article précise en réalité les conditions de fond
générales du testament. Il rappelle d'abord le caractère strictement
personnel de telle sorte qu'est nul, un testament rédigé par quelqu'un pour le
compte d'autrui. Il consacre ensuite la liberté générale qu'a le de cujus de
disposer de ses biens. Quant aux autres règles de fond, touchant surtout au
consentement, violence, abus d'influence, ruse, vol... il faudra se référer aux
principes généraux de droit. L'alinéa deux énumère les formes de testament.
Art. 767. — Le testament authentique est celui établi par le testateur soit
devant le notaire, soit devant l’officier de l’état civil de son domicile ou de
sa résidence.
Si un testament authentique est établi devant l’officier de l’état civil,
celui-ci garde dans ses archives un des deux originaux et inscrit en outre
dans un registre spécial des testaments, la date à laquelle celui- ci a été établi
ainsi que les noms et le domicile ou la résidence du de cujus.
Ce registre peut être consulté après le décès du testateur par toute
personne qui le demande et qui pourra prendre connaissance sur place de
l’original.
Commentaire : Le testament authentique est celui est établi par le testateur,
soit devant le notaire, soit devant l’officier de l’état civil de son domicile ou
de sa résidence. Il reste bien entendu que le testament authentique fait
devant le notaire doit obéir aux prescrits de l’ordonnance-loi du 9 juin 1966
relative aux actes notariés.
Art. 768. — Le testament olographe est celui qui est écrit en entier, daté et
signé de la main du testateur.
Commentaire : Cet article n'appelle pas de commentaires particuliers car il
précise clairement ce qu'il faille entendre par testament olographe qui est
celui fait, signé et daté de la main du testateur.
Jurisprudence : Peu importe l’écriture en caractère majuscule ou
minuscule, que le testateur ait recopié un modèle, ce qui compte c’est le fait
que son écriture soit reconnaissable (Cass. civ., 8 avril 1986, Bull. civ., I.,

464
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n°81 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes


matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p. 116). Le TGI/Gombe a décidé que reste valable le testament en trois
versions écrit en entier, daté et signé du testateur quoique renfermant dans
son contenu quelques dispositions qui pêchent contre la loi mais que cette
dernière ne prescrit pas à peine de nullité (TGI/Gombe, 18 octobre 2007,
RC 93368/93872 in Les Analyses juridiques, n° 15, p. 67 et ss. cité par
Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 117). Le principe est
qu’est nul un testament sans date ou portant une fausse date (Civ 1ère, 2
février 1971, D. 1971.421 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais.
Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques,
mars 2013, p. 118). Il est généralement décidé que la fausseté de la date
énoncée dans un testament olographe équivaut à l’absence de date et
entraîne la nullité de l’acte, lorsque les éléments émanés de celui-ci ne
fournissent pas le moyen de lui restituer sa date véritable (Cass. civ. 1ère, 11
février 2003, Bull. civ. I, n°46 ; Cass. civ. 1ère, 10 mai 2007, Bull. civ. I, n°
182, D. 2007.2135 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p. 118). La date doit être écrite de la main du testateur (Civ. 1ère, 11 janvier
1984, Bull. civ., n° 15, RTDC 1985.2000 cité par Kifwabala Tekilazaya,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p. 119). Il a été décidé que le testament
n’est point valable s’il ne comporte point la signature du testament qui est la
marque de l’approbation personnelle et définitive du contenu de l’acte et de
la volonté de s’en approprier les termes ; et à laquelle il ne peut être suppléé
(Cass. civ. 1ère, 16 mars 2004, D.2004.2341 cité par Kifwabala Tekilazaya,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p. 119). Il appartient à celui qui conteste un
testament connu d’apporter la ou les preuves de son irrégularité ou de sa
caducité (TGI/Gombe, 18 octobre 2007, RC 93368/93872 in Les Analyses
juridiques, n° 15, p.7 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais.
Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques,
mars 2013, p. 126).

Art. 769. — Le testament olographe peut être écrit à la machine par le


testateur, à condition que, sur chacune des feuilles et ce, à peine de nullité, le
testateur indique par une mention manuscrite cette circonstance et qu’il date
et signe le testament de sa main.
Commentaire : Il peut arriver que le testateur souhaite écrire son testament
à la machine. Dans ce cas il doit, par une mention manuscrite, indiquer sur
chaque feuille cette circonstance, dater et signer de sa main. Si ces
formalités ne sont pas respectées, ce testament est nul.

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Art. 770. — Dans le cas où une personne ne sait pas écrire ou se trouve dans
l’incapacité physique de rédiger ou de signer un testament, les formes
précisées aux articles 768 et 769 et dressées par un tiers seront admises pour
autant que l’officier de l’état civil du lieu de la rédaction du testament
légalise le testament ainsi rédigé, en présence du testateur.
Commentaire : Lorsque le testateur se trouve dans l'impossibilité physique
de rédiger ou de signer un testament, un tiers peut agir à sa place. Mais
pour être considéré comme valide, ce testament doit être légalisé par
l'officier de l'état civil et ce, en présence du testateur.

Art. 771 : Ancien.


Le testament oral est celui qui est fait verbalement par une personne
sentant sa mort imminente et en présence d’au moins deux témoins majeurs.
En pareil cas, le testateur ne peut que :
a) formuler des prescriptions relatives aux funérailles ;
b) faire des legs particuliers dont le montant ne peut dépasser 10.000 zaïres
pour chaque legs ;
c) prendre des dispositions relatives à la tutelle de ses enfants mineurs ;
d) assurer, en cas d’héritage inférieur à 100.000 zaïres, l’exercice du droit de
reprise ;
e) fixer entre les héritiers de la première et de la deuxième catégorie une
règle de partage différente de celle du partage égal prescrit par la loi en
cas de succession ab intestat.
Toute autre disposition prise dans un testament oral est nulle et les legs
supérieurs à 10.000 zaïres sont réduits à cette somme.

Art. 771 : Modifié.


Le testament oral est celui qui est fait verbalement par une personne
sentant sa mort imminente et en présence d’au moins deux témoins majeurs.
En pareil cas, le testateur ne peut que :
1. formuler des prescriptions relatives aux funérailles ;
2. faire des legs particuliers dont le montant ne peut dépasser 125.000 francs
congolais pour chaque legs ;
3. prendre des dispositions relatives à la tutelle de ses enfants mineurs ;
4. assurer, en cas d’héritage inférieur à 1.250.000 francs congolais,
l’exercice du droit de reprise ;
5. fixer entre les héritiers de la première et de la deuxième catégorie une
règle de partage différente de celle du partage égal prescrit par la loi en
cas de succession ab intestat.
Toute autre disposition prise dans un testament oral est nulle et les legs
supérieurs à 125.000 francs congolais sont réduits à cette somme.
Commentaire : L'article 771 qui organise la possibilité d'un testament oral
au moment proche de la mort tout en limitant les points sur lesquels il peut
s'exercer permet au de cujus d'assurer surtout une modification des règles

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successorales en matière de partage et d'organisation de la tutelle de ses


enfants mineurs. Nonobstant le danger et l'imprécision que revêt
nécessairement un testament oral, il était nécessaire de le prévoir et même
de lui conférer de larges pouvoirs vu qu'il y a encore beaucoup
d'analphabètes. La modification en 2016 a consisté en l’actualisation du
montant de la valeur des legs qui peuvent être prévus par testament oral
(c'est-à-dire 125.000 FC) ainsi que de la valeur des petits héritages (qui est
de 1.250.000 FC).

Art. 772. — Les dispositions testamentaires peuvent être contenues dans


plusieurs testaments et seront exécutées dans la mesure du possible
conjointement.
Lorsque les dispositions de deux ou plusieurs testaments ne sont pas
compatibles, la préférence est donnée à celles des dispositions contenues
dans le testament le plus récent.
Commentaire : Lorsque la volonté du de cujus est contenu dans plusieurs
testaments non compatibles, le législateur a donné préférence au dernier
testament pour la simple raison que par définition un testament est un acte
de dernière volonté.

Art. 773. — II appartient à la personne qui se prévaut d’un testament de


prouver l’existence et le contenu de celui-ci.
Il appartient à celui qui conteste un testament connu d’apporter la ou les
preuves de son irrégularité ou de sa caducité.
Commentaire : La preuve de l'existence et de l'authenticité d'un testament
varie en fonction de la forme de ce dernier. En effet, s'il est passé devant
notaire ou officier de l'état civil, c'est la production de l'acte authentique
dûment enregistré devant cet officier de l'Etat qui justifiera la preuve de son
existence. Si c'est un testament olographe il doit être daté, signé et
obligatoirement écrit de la main du testateur qui doit disposer de toutes ses
facultés mentales au moment de la rédaction. En cas de l'authenticité d'un
tel testament, concernant notamment un problème de calligraphie de la
personne qui teste, il convient de demander une étude graphologique sur le
corps du sujet et sur la signature. S'agissant de la contestation d'un
testament notamment dû à l'état de santé mental du testateur, sénile ou pas,
il y a possibilité de saisir le tribunal pour affirmer que la personne était
capable ou non de tester.

Art. 774. — Tout testament peut être révoqué en tout ou en partie par le
testateur, selon les mêmes formes requises pour la validité des testaments
dans les limites légales de son contenu.
Le testament oral est révoqué d’office si le testateur n’est pas décédé dans
les trois mois du jour où il a testé oralement.

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Commentaire : En raison du caractère strictement personnel du testament,


le testateur peut révoquer son testament en toute liberté. La révocation
consiste à l'anéantissement d'un legs ou du testament. La faculté de
révocation du testament se fait par la volonté du testateur.

Art. 775. — Le testateur peut de même révoquer son testament ou une


disposition contenue dans son testament, en détruisant matériellement ou en
déchirant ou en biffant les énonciations de celui-ci d’une manière qui
démontre suffisamment son intention de révoquer ou de modifier son
testament.
La destruction, le biffage ou la surcharge avec paraphe du testament sont
présumés, sauf preuve contraire, être l’œuvre du testateur.
Commentaire : Il existe plusieurs manières de révoquer son testament. 1/ Le
testateur peut le déchirer, le brûler, ou simplement le jeter. 2/ Il peut rédiger
un autre qui révoque le premier. 3/ Il peut rédiger un autre testament, dont
les dispositions sont incompatibles avec les dispositions du premier
testament. Dans ce cas, les dispositions du premier testament, qui sont
incompatibles avec celles du second, sont révoquées (en revanche, les
dispositions qui sont compatibles ne sont pas révoquées). Exemple : dans un
testament 1, le testateur a décidé de déshériter son épouse. Dans un
testament 2, il décide de léguer tout son patrimoine à cette même épouse.
Dans ce cas, il faut considérer que la disposition du testament 1 est
révoquée par celle du testament 2. Ainsi, un nouveau testament peut
révoquer totalement un testament plus ancien. Exemple : dans un testament
1, le testateur décide de léguer sa voiture à son cousin et de déshériter son
frère. Dans un testament 2, il décide seulement de léguer cette même voiture
à sa sœur. Il faut considérer que la disposition du testament 1 par laquelle le
testateur déshérite son frère est toujours valable. En revanche, la disposition
du testament 1 par laquelle il lègue sa voiture à son cousin, est révoquée par
la disposition du testament 2 par laquelle il lègue la même voiture à sa sœur.
Ainsi, un nouveau testament peut révoquer partiellement un testament plus
ancien. 4/ Le testateur peut décider de vendre un bien qu'il avait pourtant
légué dans son testament. Exemple : dans son testament, il lègue sa voiture à
son cousin. Peu après, il vend la voiture à une autre personne. La
disposition du testament est révoquée par cette vente. 5/ Il peut être
révoquée par un "codicille" (acte spécifique, par lequel le testateur déclare
annuler son testament).
Jurisprudence : Il est régulièrement décidé que l’aliénation réalisée avant
le décès du testateur de l’immeuble légué emporte révocation du legs de cet
immeuble (Civ. 1ère, 24 avril 1985, D.1986.143 ; égal. Civ. 1ère, 8 avril 1986,
Bull. civ. I., n°80). C’est pourquoi le légataire n’a pas qualité pour agir en
justice en annulation de la vente opérée par le testateur (Cv. 3ème Juillet
1979, Bull. civ. III, n° 150, n°150, D.1980.IR.139 cité par Kifwabala

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Tekilazaya, Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.


Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 137).

Art. 776. — Sauf stipulation contraire prévue par la présente loi, le testateur
dans son testament peut exhéréder de façon expresse ses héritiers ab intestat
ou l’un d’eux sans désigner de légataire universel.
La succession est réglée dans ce cas comme si l’héritier ou les héritiers
exclus étaient décédés avant le testateur.
Commentaire : Les exhérédations sont des dispositions négatives par
lesquelles le de cujus exclut certaines personnes de sa succession. Il s'agit
d'une clause par laquelle le testateur, dans son testament, prive de façon
expresse certains de ses héritiers ou l'un d'entre eux, de leurs droits dans
l'héritage. La forme expresse est exigée pour parler de l'exhérédation.

Art. 777. — Le legs universel ou à titre universel est la disposition par


laquelle le testateur appelle une ou plusieurs personnes à recueillir en
propriété, l’intégralité ou une quote-part des biens de la succession, soit
mathématique, soit mobilière, soit immobilière.
Toute autre disposition constitue des legs particuliers. Tout legs universel
ou particulier doit être individualisé au profit de qui ou de quelle institution
il est institué, sauf lorsqu’il s’agit de legs aux pauvres.
En ce cas, il est censé devoir profiter aux pauvres de la collectivité où le
de cujus avait, au moment de son décès, son domicile ou sa résidence
principale.
L’administration de la collectivité représentera dans la liquidation et le
partage de l’héritage les bénéficiaires du legs.
Commentaire : Le legs universel ou à titre universel est la disposition
testamentaire par laquelle le testateur désigne la ou les personnes qui sont
appelés à recueillir en propriété, l'intégralité ou une quote-part des biens de
la succession, soit mathématique, soit mobilière, soit immobilière. Toute
autre disposition constitue le legs particulier selon l'article 777 du code de
la famille. Tout legs particulier ou universel doit être individualisé au profit
de qui ou de quelle institution il est institué, le bénéficiaire du legs doit
nécessairement être identifié par son nom sauf s'il s'agit de legs aux pauvres.
Jurisprudence : Il n’est pas nécessaire que le légataire recueille
effectivement l’ensemble des biens du de cujus ; mais il suffit qu’il ait
vocation à recueillir l’universalité (Civ. 1ère, 08 mai 1973, RTD.civ. 1974,
182). Ce faisant, il peut y avoir plusieurs légataires universels, chacun d’eux
ne recueillera effectivement qu’une quote-part des biens (Civ. 1ère, 10 janvier
1961, Bull. civ. I, n°25 cité par Kifwabala Tekilazaya, Droit congolais.
Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques,
mars 2013, p. 131).

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Art. 778. — Le testateur pourra désigner un ou plusieurs exécuteurs


testamentaires qui seront chargés d’assurer la liquidation de la succession,
conformément aux dispositions testamentaires et à défaut, conformément
aux dispositions légales prévues au chapitre VI du présent titre.
Commentaire : L’article 778 du Code de la famille permet au testateur de
désigner un ou plusieurs exécuteurs testamentaires pour assurer la
liquidation de sa succession testamentaire ou ab intestat. Le testateur est à
la fois un mandataire et un liquidateur. En tant que liquidateur, l’exécuteur
testamentaire exécute les fonctions dévolues au liquidateur successoral.

CHAPITRE IV
DES RÈGLES RELATIVES À LA RÉSERVE SUCCESSORALE

Art. 779. — La quote-part revenant aux héritiers de la première catégorie ne


peut pas être entamée par les dispositions testamentaires du de cujus établies
en faveur d’héritiers des autres catégories ou d’autres légataires universels
ou particuliers.
Commentaire : Cet article est important car il veut respecter la tendance
actuelle de favoriser avant tout et surtout les enfants.

Art. 780. — Lorsque la succession comporte une maison, celle-ci est


exclusivement attribuée aux héritiers de la première catégorie.
Lorsqu’elle comporte plusieurs maisons, l’une d’elles est exclusivement
attribuée aux héritiers de la première catégorie.
L’aliénation éventuelle de cette maison ne peut être opérée qu’avec
l’accord unanime des enfants tous devenus majeurs et à condition que
l’usufruit prévu au bénéfice du conjoint survivant ait cessé d’exister.
Commentaire : Cet article veut que lorsque la succession du de cujus ne
comporte qu'une seule maison, qu'elle revienne uniquement aux enfants,
héritiers de la première catégorie. Certaines précisions méritent d'être faites
à ce niveau car sources des conflits en pratique : d'abord, lorsque la loi
parle d'une seule maison, l'on doit comprendre, si le cujus a été marié de
son vivant, qu'au préalable le régime matrimonial a été dissout et surtout
que l'unique maison dont question ici n'appartenait qu'au de cujus. Ensuite,
l'on doit reconnaître que la ratio legis de cette disposition n'était pas
d'exclure de la succession les autres héritiers des autres catégories, surtout
ceux de la deuxième catégorie mais plutôt d'éviter que les héritiers de la
première catégorie se retrouvent sans demeure à la mort du de cujus. Dans
l'application de cet article le juge saisi d'un litige se rapportant à cette
question doit plutôt considérer la valeur de la maison pour ne pas exclure
les héritiers de la deuxième catégorie. L'alinéa 3 de cet article prévoit
l'hypothèse d'une indivision forcée jusqu'à la majorité de tous les enfants
lorsque dans la succession un enfant héritier est mineur.

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Art. 781. — Lorsque les biens dont le père ou la mère a disposé dépassent
en valeur les trois quarts de la succession qui revient à ses enfants, les parts
testamentaires seront réduites à la quotité disponible.
La réduction se fera entre les légataires proportionnellement aux legs
dont ils ont été déclarés bénéficiaires.
Commentaire : Cet article prévoit l'hypothèse de la réduction à la quotité
disponible lorsque les libéralités faites par le de cujus de son vivant a
dépassé a fait des libéralités au-delà de la quotité disponible.

Art. 782. — Si le testateur n’a pas d’enfant, la quotité disponible ne peut


excéder la moitié des biens s’il y a au moins deux groupes de la deuxième
catégorie représentés à la succession et les deux tiers s’il n’y en a qu’un seul.
La réduction se fera entre les légataires proportionnellement aux legs
dont ils ont été déclarés bénéficiaires.
Commentaire : Les héritiers de la deuxième catégorie sont aussi héritiers
réservataires mais uniquement à défaut d'héritiers de la première catégorie.
Seulement dans cette hypothèse, la quotité disponible et la réserve
héréditaire ne sont pas les mêmes. Ainsi, en l'absence des héritiers de la
première catégorie, lorsque deux groupes au moins sont présents ou
représentés c'est-à-dire lorsque deux ou trois groupes sont présents ou
représentés, la quotité disponible est égale à la moitié de la succession et la
réserve héréditaire est également de la moitié de la succession. Cependant,
lorsque dans ce cas, un seul groupe est présent ou représenté, la quotité
disponible sera de deux tiers de la succession et la réserve héréditaire sera
d'un tiers. Dans le même sens voir aussi l'article 853.

Art. 783 : Ancien.


Lorsqu’en faveur d’un quelconque héritier ab intestat ou testamentaire,
venant à la succession, le de cujus a fait des donations entre vifs, celles-ci
seront imputées pour le calcul de sa quotepart successorale et éventuellement
réduites par retour à la masse successorale de ce qui dépasse la portion que
la loi lui permet d’avoir.
Toutefois, les donations accordées aux héritiers de la première catégorie
seront réputées avoir été faites à titre de legs et ne seront réduites après
retour à la masse successorale, que dans la mesure où elles dépassent la part
de l’hérédité disponible qui leur a été de la sorte dévolue, soit à titre de seuls
bénéficiaires, soit en concours avec d’autres légataires.
La preuve de ces donations entre vifs incombe à celui des héritiers ab
intestat ou à celui des légataires qui l’invoque.
Toutefois, ne sont pas pris en considération les dons manuels ne
dépassant pas le montant de 1.000 zaïres pour autant que ceux-ci totalisés ne
dépassent pas 5.000 zaïres.
Dans tous les cas de réduction, celle-ci se répartira en proportion de la
part successorale initiale attribuée à chaque héritier.

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Art. 783 : Modifié.


Lorsqu’en faveur d’un quelconque héritier ab intestat ou testamentaire,
venant à la succession, le de cujus a fait des donations entre vifs, celles-ci
seront imputées pour le calcul de sa quote-part successorale et
éventuellement réduites par retour à la masse successorale de ce qui dépasse
la portion que la loi lui permet d’avoir.
Toutefois, les donations accordées aux héritiers de la première catégorie
seront réputées avoir été faites à titre de legs et ne seront réduites après
retour à la masse successorale, que dans la mesure où elles dépassent la part
de l’hérédité disponible qui leur a été de la sorte dévolue, soit à titre de seuls
bénéficiaires soit en concours avec d’autres légataires.
La preuve de ces donations entre vifs incombe à celui des héritiers ab
intestat ou à celui des légataires qui l’invoque.
Toutefois, ne sont pas pris en considération les dons manuels ne
dépassant pas le montant de 125.000 francs congolais pour autant que ceux-
ci totalisés ne dépassent pas 620.000 francs congolais.
Dans tous les cas de réduction, celle-ci se répartira en proportion de la
part successorale initiale attribuée à chaque héritier.
Commentaire : Suivant la règle généralement admise, l'établissement de la
quote-part d'hérédité légale ou testamentaire, se fait en tenant compte de ce
que l'héritier a reçu entre vifs et par la succession. Cet article prévoit deux
situations, d'abord l'imputation de la succession sans que celles-ci n'arrivent
à dépasser la quote-part de l'hérédité. Ensuite, la réduction par retour au
patrimoine successoral, si les libéralités sont supérieures à la quote-part
héréditaire permise par la loi. Dans les deux cas, le calcul de l'actif brut de
l'hérédité se réalise par les biens que le de cujus avait au moment du décès,
augmentés des libéralités faites aux héritiers. Toutefois, cette règle de retour
des libéralités ne jouera que si l'héritier vient à la succession. Ainsi, pourra-
t-il éviter cette obligation en renonçant à la succession. La modification de
cet article 2016 a consisté en l’actualisation des montants en ce qui
concerne la valeur des dons manuels non rapportables. Ce montant est de
125.000 FC pour autant que la totalisation des dons manuels effectués ne
dépasse pas 620.000 FC.

Art. 784. — Lorsque des héritiers légaux et des légataires universels


concourent au partage de l’hérédité, les héritiers légaux choisissent d’abord
leurs parts, que le partage se fasse avec ou sans réduction.
Commentaire : Cette règle qui sera d'ailleurs complétée plus loin veut
donner aux héritiers légaux l'avantage du choix par rapports aux légataires
universels.

Art. 785. — Le conjoint survivant a l’usufruit de la maison habitée par les


époux et des meubles meublants.

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Il a en outre droit à la moitié de l’usufruit des terres attenantes que


l’occupant de la maison exploitait personnellement pour son propre compte
ainsi que du fonds de commerce y afférent, l’autre moitié revenant aux
héritiers de la première catégorie.
En cas de mise en location de la maison habitée par les époux, le fruit de
celle-ci est partagé en deux parties égales entre le conjoint survivant et les
héritiers de la première catégorie.
L’usufruit du conjoint survivant cesse par le convol de ce dernier ou sa
méconduite dans la maison conjugale, s’il existe des héritiers de la première
ou de la deuxième catégorie.
Commentaire : Le conjoint survivant, dans la plupart des cas il s’agit de la
veuve, est protégé par le Code de la famille qui lui reconnaît le droit
d’usufruit sur la maison, habitée jadis avec le conjoint décédé, et des
meubles meublants. Il s’agit du droit qu’il a d’user et de jouir de cette
maison comme le ferait le de cujus sous condition de l’entretenir, sans
jamais la vendre. Lorsque cette maison est mise en location, le loyer sera
partagé en deux parties égales entre le conjoint survivant et les enfants,
héritiers de la première catégorie. Le conjoint survivant a, en outre, droit à
la moitié des terres que l’occupant de la maison exploitait personnellement
pour son propre compte ainsi que du fonds du commerce y afférent, l’autre
moitié revenant aux héritiers de la première catégorie. Ce droit d’usufruit
cesse pour deux raisons : en cas de remariage du conjoint survivant, et en
cas de méconduite dans la maison conjugale. Le législateur reste cependant
muet quant à la question de savoir ce qui arriverait au cas où la méconduite
a lieu en dehors de la maison conjugale. Nous estimons qu’une telle
méconduite n’a en principe aucune incidence sur la jouissance de ce droit
d’usufruit.

CHAPITRE V
DES RÈGLES SPÉCIALES RÉGISSANT LES PETITS HÉRITAGES

Art. 786 : Ancien.


Tout héritage qui ne dépasse pas 100.000 zaïres sera attribué
exclusivement aux enfants et à leurs descendants par voie de représentation,
en cas de concours éventuel de ceux-ci avec les héritiers de la deuxième
catégorie ou les légataires.
Toutefois, le droit d’usufruit tel que prévu à l’article 785 au profit du
conjoint survivant est maintenu.
Les règles successorales ordinaires restent d’application dans les cas où il
n’y a pas d’héritiers de la première catégorie.

Art. 786 : Modifié.

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Tout héritage qui ne dépasse pas 1.250.000 francs congolais est attribué
exclusivement aux enfants et à leurs descendants par voie de représentation,
en cas de concours éventuel de ceux-ci avec les héritiers de la deuxième
catégorie ou les légataires.
Toutefois, le droit d’usufruit tel que prévu à l’article 785 ci-dessus au
profit du conjoint survivant est maintenu.
Les règles successorales ordinaires restent d’application dans les cas où il
n’y a pas d’héritiers de la première catégorie.
Commentaire : Cet article prévoit que le petit héritage c'est-à-dire celui qui
ne dépasse pas 1250.000 francs sera exclusivement attribué aux héritiers de
la première catégorie mais cela sans préjudice de droit d'usufruit que la loi
reconnait au conjoint survivant. La modification introduite en 2016 a
consisté à actualiser le montant qui permet de déterminer la valeur du petit
héritage qui est exclusivement attribué aux enfants (mieux aux héritiers de la
première catégorie). Ce montant est de 1.250.000 FC. Une autre
modification de forme a consisté à préciser l’article 785 « ci-dessus » dont
référence.

Art. 787 : Ancien.


A défaut de dispositions testamentaires contraires attribuant l’hérédité en
tout ou en partie à l’un des enfants, chacun de ceux-ci par ordre de
primogéniture a la faculté, lorsque les héritages ne dépassent pas 100.000
zaïres, de la reprendre en tout ou pour une part supérieure à sa quote-part
légale.
Si cette faculté n’est pas exercée par l’aîné, elle peut l’être par le
deuxième et ainsi de suite.

Art. 787 : Modifié.


A défaut de dispositions testamentaires contraires attribuant l’hérédité en
tout ou en partie à l’un des enfants, chacun de ceux-ci, par ordre de
primogéniture, a la faculté, lorsque les héritages ne dépassent pas 1.250.000
francs congolais, de la reprendre en tout ou pour une part supérieure à sa
quote-part légale.
Si cette faculté n’est pas exercée par l’aîné, elle peut l’être par le
deuxième et ainsi de suite.
Commentaire : Le Code de la famille a consacré le principe de droit de
reprise dans les petits héritages en lieu et place de celui de partage. Il en est
ainsi s'il n'y a qu'un seul héritier ; celui-ci hérite à titre universel. A défaut
de la désignation de l'enfant qui reprendra la succession dans le testament,
chacun des enfants par ordre de primogéniture a la possibilité de reprendre
la succession. C’est le droit de reprise par ordre de primogéniture. Si cette
faculté n'est pas exercée par l'aîné, elle pourra l'être par le deuxième et ainsi
de suite. Il s'agit là d'une faculté et non d'une obligation qui sera surtout
utile dans l'hypothèse où l'héritage est constitué par un seul immeuble. La

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modification de cet article en 2016 a consisté en l’actualisation du montant


de la valeur du petit héritage dans lequel l’exercice du droit de
primogéniture est permis.

Art. 788. — Lorsque le droit de reprise est exercé par un des enfants, celui-
ci est tenu d’assurer les charges prévues par la coutume, en faveur des autres
enfants.
Commentaire : L'enfant qui exerce le droit de reprise par primogéniture a
l'obligation d'assumer les charges prévues par la coutume en faveur des
autres enfants.

Art. 789 : Ancien.


L’enfant voulant exercer le droit de reprise sera tenu de le faire
homologuer par le tribunal de paix dans le ressort duquel la succession est
ouverte.
Le tribunal vérifiera si l’héritage ne dépasse pas 100.000 zaïres et fixera
éventuellement les charges d’aide et d’entretien que l’héritier privilégié
devra respecter.
La demande d’homologation du droit de reprise devra être introduite dans
les trois mois après l’ouverture de la succession.

Art. 789 : Modifié.


L’enfant voulant exercer le droit de reprise sera tenu de le faire
homologuer par le Tribunal de paix dans le ressort duquel la succession est
ouverte.
Le tribunal vérifiera si l’héritage ne dépasse pas 1.250.000 francs
congolais et fixera éventuellement les charges d’aide et d’entretien que
l’héritier privilégié devra respecter.
La demande d’homologation du droit de reprise devra être introduite dans
les trois mois après l’ouverture de la succession.
Commentaire : Le droit de reprise par primogéniture doit être homologué
par le tribunal de paix dans les trois mois après l'ouverture de la succession.
A l'occasion, le tribunal vérifiera qu'il s'agit du petit héritage et veillera à
fixer les charges d'aide et d'entretien à respecter par l'héritier ayant exercé
le droit de reprise. La modification de cet article en 2016 a consisté en
l’actualisation du montant de la valeur de l’héritage pour déterminer la
compétence du juge de paix en matière d’homologation du droit de reprise
exercé sur des biens d’un petit héritage.

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CHAPITRE VI
DES PRINCIPES RÉGISSANT L’ADMINISTRATION ET
LA LIQUIDATION DE LA SUCCESSION

Section I. Des règles générales de partage entre héritiers


Art. 790 : Ancien.
Lors du partage de la succession du de cujus et compte tenu des
dispositions de l’article 786, il sera procédé de la manière suivante:
a) en cas de concours d’héritiers des première et deuxième catégories, les
héritiers de la première catégorie choisissent d’abord leur part;
b) en cas de concours d’héritiers de la deuxième catégorie uniquement, le
conjoint survivant choisit d’abord sa part, puis les père et mère et enfin
les frères et sœurs.
Art. 790 : Modifié.
Lors du partage de la succession du de cujus et compte tenu des
dispositions de l’article 786 de la présente loi, il est procédé de la manière
suivante :
1. en cas de concours d’héritiers des première et deuxième catégories, les
héritiers de la première catégorie choisissent d’abord leur part ;
2. en cas de concours d’héritiers de la deuxième catégorie uniquement, le
conjoint survivant choisit d’abord sa part, puis le père et la mère et
enfin les frères et sœurs.
Commentaire : L'article 790 établit une certaine inégalité, non pas dans la
vocation successorale entre les enfants nés dans ou hors mariage, mais dans
les modalités de partage de la masse successorale. En effet, les enfants nés
dans le mariage et adoptif pourront d'abord choisir leurs parts en cas de
concours des enfants nés hors mariage. Les motifs avancés sont les
suivants : si les enfants doivent avoir une même vocation successorale, il
faut aussi protéger le mariage qui constitue la cellule de base reconnue et
défendue par la Constitution. C'est un compromis nécessaire entre ces deux
principes de valeur égale. En outre, cette solution est assez conforme avec la
réalité sociologique. En effet l'opinion souhaite que les enfants nés dans le
mariage ainsi que le conjoint survivant puissent choisir la maison familiale
où ils ont toujours vécu. Il serait injuste de les priver de cette possibilité de
choix. Enfin, la solution inverse serait en soi impensable. Cette disposition a
connu en 2016 un ajout de précision après l’article 786 « ci-dessus ». Il y a
également remplacement du futur « sera » par le présent « est ». Au point 2)
il y a une séparation faite entre le père et la mère comme s’il y avait une
distinction dans l’ordre de prélèvement à faire en cas de concours.
L’ancienne formulation prévoyait que « les père et mère prélèvent après le
conjoint survivant ». La nouvelle formulation parle du père et de la mère.

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Cela peut donner lieu à interprétation faisant du père celui qui prélève le
premier dans le second groupe.
Art. 791. — Le partage a lieu en principe en nature, chacun des héritiers
recevant des biens de la succession.
Toutefois, lorsqu’il y a impossibilité d’établir l’égalité des parts en
nature, l’inégalité de celles-ci se compense par l’attribution d’une soulte due
par les héritiers ayant reçu une part supérieure à leur part légale ou
testamentaire d’hérédité en faveur de ceux qui ont reçu une part inférieure.
Commentaire : La règle est que les héritiers eux-mêmes composent les lots.
Ils décident eux-mêmes ce qui doit être mis dans le ¾ et dans le ¼. En cas de
désaccord, le liquidateur devra le composer en tenant compte de la
catégorisation des héritiers. Il devra tenir compte de la catégorie d'héritiers,
de leur tête ainsi que de la souche en cas de représentation. La règle de base
est qu'en principe chaque lot doit comprendre la même quantité d'immeubles
et de meubles, les droits de créance de même nature, de même valeur et de
même qualité. Les inégalités dans le lot sont compensées par le paiement
d'une soulte. On appelle soulte la somme d’argent qui doit être payée par
celui qui, à l’occasion du partage de l’indivision reçoit un lot d’une valeur
plus élevée que celle à laquelle ses droits lui permettent de prétendre. Il en
est de même en cas d’échange, si les choses échangées ont des valeurs
différentes. Bref, il s’agit d’une somme que celui qui se trouve favorisé dans
un partage, dans un échange, doit payer à un autre pour rétablir l’égalité.
Art. 792 : Ancien.
Dans la mesure du possible, les héritiers reçoivent des lots ayant la même
composition ou qui leur sont les plus utiles. En cas de désaccord sur la
répartition de l’héritage, un arbitrage du conseil de famille proposera une
solution. Si la solution n’est pas accueillie, le tribunal de paix, pour les
héritages ne dépassant pas 100.000 zaïres et le tribunal de grande instance
pour les autres, fixeront d’une manière définitive l’attribution des parts.
Art. 792 : Modifié.
Dans la mesure du possible, les héritiers reçoivent des lots ayant la même
composition ou qui leur sont les plus utiles. En cas de désaccord sur la
répartition de l’héritage, un arbitrage du conseil de famille proposera une
solution. Si la solution n’est pas accueillie, le Tribunal de paix, pour les
héritages ne dépassant pas 1.250.000 francs congolais et le Tribunal de
grande instance pour les autres, fixeront d’une manière définitive
l’attribution des parts.
Commentaire : Cet article trace les directives de base pour composer les
lots et la procédure à suivre en cas de désaccord par arbitrage d'un conseil
de famille. Sous cette disposition, lors de la réforme de 2016, est actualisé le
montant de la valeur de l’héritage dont doit connaître le juge à des fins de
détermination de la compétence matérielle du Tribunal à saisir pour une
question liée à la contestation du partage des parts. Le législateur maintient

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le concept « arbitrage du conseil de famille » alors que ce concept a un sens


technique. Il aurait mieux fait d’utiliser le concept « conciliation » qui nous
semble mieux approprié à la nature de l’intervention du conseil de famille
dans ce contexte.
Art. 793. — Le conseil de famille appelé à devoir fixer le partage sera
composé de trois membres de la famille du de cujus dont deux au moins ne
sont pas appelés à l’hérédité ou, à défaut, d’une ou de deux personnes
étrangères acceptées par les héritiers.
Commentaire : Le conseil de famille appelé à siéger en cas de désaccord
entre héritiers dans la composition des lots devrait être constitué
majoritairement de membres de la famille non concernés par l'hérédité, si
cela est impossible par des tiers choisis par les héritiers eux-mêmes. Ce
conseil de famille ne s'identifie pas avec celui permanent jusqu'à la majorité
des enfants mineurs et qui contrôle le régime de la tutelle, organisée en
principe lorsque les enfants mineurs n'ont ni père ni mère.

Section II. Des règles générales de liquidation de la succession


Art. 794. — Tant que la succession n’est pas liquidée, elle constitue un
patrimoine distinct.
Commentaire : Cette règle ne suit pas, d'une manière absolue, le principe "
le mort saisit le vif " en reconnaissant la réalité de ce temps requis pour
l'opération de la liquidation où nécessairement, l'inventaire du patrimoine
du de cujus, constitue une entité spéciale qui, pour cette raison, doit être
traité séparément. C'est ainsi que tous tiers, héritiers compris, gardent leurs
droits vis-à-vis d'elle, comme par exemple retour des libéralités entre vifs.
Art. 795 : Ancien.
En cas de succession ab intestat, le plus âgé des héritiers sera chargé de la
liquidation de la succession ou en cas de désistement, celui qui sera désigné
par les héritiers.
Si les liquidateurs ont été désignés par le testament ou s’il y a un légataire
universel, la liquidation de la succession leur sera attribuée.
Lorsque le testament désigne plusieurs légataires universels, le
liquidateur sera le plus âgé d’entre eux.
Si les héritiers légaux et testamentaires mineurs ou interdits sont présents
à la succession, le liquidateur de la succession devra être confirmé par le
tribunal de paix, pour les héritages ne dépassant pas 100.000 zaïres et par le
tribunal de grande instance pour les autres héritages; toutefois, par décision
motivée, susceptible de recours, le tribunal compétent pourra désigner un
autre liquidateur parmi les héritiers.
Lorsque les héritiers ne sont pas encore connus ou sont trop éloignés, ou
qu’ils ont tous renoncé à l’hérédité ou en cas de contestation grave sur la
liquidation, le tribunal compétent désigne d’office ou à la requête du

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Ministère public ou d’un des héritiers, un liquidateur judiciaire parent ou


étranger à la famille.
Art. 795 : Modifié.
En cas de succession ab intestat, les héritiers de la première catégorie
désignent parmi eux un liquidateur. A défaut, le plus âgé des héritiers est
chargé de la liquidation de la succession.
Si les liquidateurs ont été désignés par le testament ou s’il y a un légataire
universel, la liquidation de la succession leur sera attribuée.
Lorsque le testament désigne plusieurs légataires universels, le
liquidateur sera le plus âgé d’entre eux.
Si les héritiers légaux et testamentaires mineurs ou interdits sont présents
à la succession, le liquidateur de la succession devra être confirmé par le
Tribunal de paix, pour les héritages ne dépassant pas 1.250.000 francs
congolais et par le Tribunal de grande instance pour les autres héritages.
Toutefois, par décision motivée, susceptible de recours, le tribunal
compétent peut désigner un autre liquidateur parmi les héritiers.
Lorsque les héritiers ne sont pas encore connus ou sont trop éloignés ou
qu’ils ont tous renoncé à l’hérédité ou en cas de contestation grave sur la
liquidation, le tribunal compétent désigne d’office ou à la requête du
Ministère public ou d’un des héritiers, un liquidateur judiciaire parent ou
étranger à la famille.
Commentaire : Cet article a pour objectif d'assurer l'unité dans la charge
de la liquidation de la succession, pour que cet état transitoire s'achève le
plus rapidement possible. Toutefois, dans certains cas, le liquidateur ne
pourra procéder à sa mission qu'à partir d'une confirmation judiciaire.
Même plus, en cas d'absence et de désistement des héritiers, ou de conflit, un
liquidateur judiciaire s'impose. Notons enfin, que le liquidateur d'une
succession où il y a un incapable, pourra être également tuteur de celui-ci.
Cet article a été modifié en 2016 : Sur la désignation du liquidateur, alors
que l’ancienne disposition prévoyait que c’est le plus âgé qui est liquidateur
d’office en cas de succession ab intestat, la nouvelle formulation donne
priorité à la désignation par les héritiers de la première catégorie. Ce n’est
qu’à défaut que le plus âgé sera chargé de la liquidation. A l’alinéa 4, le
législateur actualise le montant de la valeur de l’héritage à des fins de
détermination du Tribunal qui doit connaître de la confirmation du
liquidateur (légal ou testamentaire) d’une succession comprenant des
mineurs. Sur la forme, l’alinéa 4 contient un verbe conjugué au futur
« devra » qui est maintenu alors que sous d’autres dispositions le législateur
aurait modifié.
Jurisprudence : Un liquidateur désigné par le Conseil de famille a qualité
pour agir en justice au nom de la succession à moins que la régularité de la
réunion dudit conseil soit mise en cause (C.S.J, 23 Janvier 2004, RCR/023,
Affaire Succession Mwaka Lukondo C/Nzita Phezo et Succession Lukenie
Khonde, Les Analyses juridiques, n° 4/2004, pp. 40-44). Lorsqu’il y a

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contestation grave entre les héritiers, le choix du liquidateur judiciaire dont


la nomination est sollicitée, relève du pouvoir discrétionnaire du tribunal
(TGI Matete, 16 mai 2012, RC 25.257, in Les Analyses juridiques, n° 24,
Novembre 2012, p. 88 et ss. cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p. 217).

Art. 796. — Nul n’est tenu d’accepter les fonctions de liquidateur.


Le liquidateur ne peut se démettre de ses fonctions que lorsqu’il invoque
de justes motifs acceptés par le tribunal compétent.
Le désistement ne devient effectif qu’à partir du moment où il est accepté
par le tribunal et qu’un nouveau liquidateur a été désigné.
Commentaire : Cet article laisse une marge de liberté à toute personne
d'accepter ses fonctions ou d'y renoncer. Mais à cette liberté, il y a deux
limitations : d'abord s'il accepte ses fonctions, le liquidateur désigné ne peut
s'en démettre que pour des justes motifs ; ensuite, son désistement ne devient
effectif que lorsque son désistement a été accepté par le tribunal et qu'un
nouveau liquidateur a été désigné par celui-ci.

Art. 797 : Ancien.


Après la désignation du liquidateur légal ou testamentaire ou judiciaire,
celui-ci devra notamment :
a) fixer d’une manière définitive ceux qui doivent venir à l’hérédité ;
b) administrer la succession ;
c) payer les dettes de la succession qui sont exigibles ;
d) payer les legs particuliers faits par le défunt et assurer toutes les
dispositions particulières du testament ;
e) assurer les propositions de partage et veiller à leur exécution dès qu’un
accord ou une décision est intervenu ;
f) rendre compte final de sa gestion à ceux qui sont venus à l’hérédité ou au
tribunal compétent, s’il s’agit d’un liquidateur judiciaire.

Art. 797 : Modifié.


Après la désignation du liquidateur légal, testamentaire ou judiciaire,
celui-ci accomplit notamment les missions suivantes :
1. fixer d’une manière définitive ceux qui doivent venir à l’hérédité ;
2. administrer la succession ;
3. payer les dettes de la succession qui sont exigibles ;
4. payer les legs particuliers faits par le défunt et assurer toutes les
dispositions particulières du testament ;
5. assurer les propositions de partage et veiller à leur exécution dès qu’un
accord particulier ou une décision est intervenu ;
6. rendre compte final de sa gestion à ceux qui sont venus à l’hérédité ou au
tribunal compétent, s’il s’agit d’un liquidateur judiciaire.

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Commentaire : Cet article détermine les différentes missions du liquidateur


et lui reconnait de ce fait deux catégories des pouvoirs : d'une part les
pouvoirs d'administration et d'autre part les pouvoirs de liquidation.
D'abord les pouvoirs d'administration : sous le contrôle du conseil de
famille et avec l'accord unanime des héritiers, le liquidateur administre la
succession (art. 797.2). A cet effet, il accomplit tous les actes nécessaires à
la fructification et à la conservation des biens successoraux. Il peut, de la
main à main, réaliser immédiatement ceux de ces biens qui sont susceptibles
soit, de dépérissement, soit, d'une conservation couteuse ; disposer de
certains biens pour satisfaire aux besoins journaliers des héritiers, en
application de la règle traditionnelle de la jouissance collective. Il doit
rendre compte final de sa gestion aux héritiers ou au tribunal compétent,
dans l'hypothèse d'un liquidateur judiciaire (art. 797.6). Ensuite, les
pouvoirs de liquidation : ceux-ci confèrent au liquidateur des pouvoirs
étendus qui se traduisent d'un côté par les actes classiques de gestion et de
l'autre par les actes spéciaux de procédure. Dans la catégorie des actes
classiques de gestion, on peut y inclure la détermination des héritiers et de
leurs parts (art. 797.1), le règlement du passif (art. 797.3) et l'exécution des
dispositions testamentaires (art. 797.4). Les actes spéciaux de procédure
apparaissent quant à eux comme le prolongement de l'exercice des pouvoirs
de liquidation conférés au liquidateur. Il se traduit par quatre interventions :
l'introduction d'une requête en investiture (art. 807), la demande du
maintien en indivision de certains biens héréditaires (art. 810), l'avis pour
l'homologation du droit de reprise (art. 811), la contestation du projet de
liquidation établi par le bureau des successions (art. 815). Cet article a
connu des modifications de forme en 2016. D’où le remplacement de « ou »
après « liquidateur légal » par une virgule et remplacement de la
conjugaison du verbe devoir au futur « devra» par « accomplit ». Aussi, au
point e) qui devient le point 5) il y a remplacement du simple « accord » par
« accord particulier ».
Jurisprudence : Est prématurée la demande de licitation d’un immeuble
appartenu au de cujus dès lors que quelques préalables s’imposent dont
notamment l’inventaire de tous les biens laissés par le de cujus, le choix du
liquidateur de la succession (TGI Matete, 16 mai 2012, RC 25.257, in Les
Analyses juridiques, n°24, Novembre 2012, pp. 88 et ss. avec note de
Kinuani Lusela, Les préalables pour une action en licitation cité par
Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p.241).

Art. 798. — Dans le règlement des charges de la succession, le liquidateur


doit respecter l’ordre suivant :
- en premier lieu, payer les frais de funérailles du défunt ;
- en deuxième lieu, les salaires et traitements dus par le de cujus ;

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- en troisième lieu, les frais d’administration et de liquidation de la


succession dont les taxes et droits de succession payables à l’État ;
- en quatrième lieu, les dettes du de cujus pour lesquelles il fera les
recherches et avis publics qui s’imposent et distinguera les dettes
exigibles de celles qui ne le sont pas ;
- en cinquième lieu, les legs particuliers faits par le de cujus.
Commentaire : Le législateur a voulu à travers cet article réglementer
l'ordre de paiement du passif qui constitue l'un des problèmes complexes du
droit successoral avant d'arriver à celui du partage définitif. Ainsi, après
avoir déterminé la composition du passif héréditaire, le liquidateur procède,
pour le compte de la succession, à son règlement dans l'ordre prévu à
l'article 798.

Art. 799. — Le liquidateur a droit à une rémunération si le travail qu’il a


accompli justifie celle-ci, soit d’accord avec les héritiers légaux, soit dans les
conditions déterminées par 1e de cujus, soit par décision du tribunal en cas
de liquidation judiciaire.
Commentaire : Lorsque les héritiers sont d'accord ou si le de cujus l'a prévu
ou encore lorsque le tribunal le décide ainsi, le liquidateur peut être
rémunéré.
Section III. De l’option des héritiers et des légataires
Art. 800. — Nul n’est tenu d’accepter la succession ou le legs auquel il est
appelé.
Commentaire : Personne n'est tenu d'accepter la qualité d'héritier ou de
légataire. A cet effet, le droit offre aux héritiers une option qui leur permet
de ne pas se voir imposer la transmission de la succession. Le choix ainsi
offert à l'héritier de refuser ou d'accepter une succession est justifié pour des
raisons suivantes : il est des hypothèses dans lesquelles les successions
présentent un tel déficit qu'il n'est pas souhaitable de les recueillir. Dans
l'hypothèse d'une succession déficitaire, il n'est pas avantageux pour
l'héritier de recueillir une telle succession, d'autant moins quand on sait
qu'il appartiendrait à l'héritier de payer les dettes en vertu du principe de
continuation.
Jurisprudence : Ne peut agir, l’héritier qui a renoncé à la succession n’a
pas exercé son option en temps utile (cass. civ. 1ère, 17 Juin 1986, Bull. civ.,
I, n° 175, D, 1987, som. 126 par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p. 207).

Art. 801. — La faculté d’accepter ou de renoncer à une succession est


strictement personnelle.

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L’héritier a, pour renoncer à la succession, un délai de trois mois à partir


du jour où le liquidateur lui a signalé sa vocation successorale ou même à
partir du moment où il s’est manifesté personnellement en qualité d’héritier.
Commentaire : L'option successorale est la faculté ouverte au successible
d'accepter ou de refuser la succession du défunt. Il a trois mois pour opter.
Durant ce délai, à partir du jour où le liquidateur lui a signalé sa vocation
successorale ou même à partir du moment où il s’est manifesté
personnellement en qualité d’héritier, il ne peut être contraint d'opter. A
l'expiration de ce délai, il est réputé avoir purement et simplement accepté la
succession.

Art. 802. — L’acceptation est expresse de la part de l’héritier lorsqu’il prend


acte de sa qualité d’héritier.
L’acceptation est tacite lorsque l’héritier accomplit un acte qui manifeste
de façon non équivoque son intention d’accepter ou lorsque, après le délai
pour renoncer, l’héritier ne l’a pas fait.
Commentaire : L'acceptation est expresse ou tacite. L’acceptation ne fait
que consolider les droits de l’héritier, lesquels naissent par le seul effet de la
mort du de cujus. Elle a pour conséquences : 1° d’imposer à l’héritier
l’obligation de payer les dettes du défunt et les charges de la succession,
même au-delà de l’actif qu’il recueille (on dit que l’héritier est tenu ultra
vires : au-delà de ses forces de la succession) ; 2° d’opérer une confusion
entre le patrimoine du défunt et le patrimoine personnel de l’héritier.
Comment se fait l’acceptation ? L’acceptation peut être expresse ou tacite.
L’acceptation est expresse quand l’héritier prend acte de sa qualité
d’héritier (art. 802 al.1). Même si la loi ne le dit pas, on peut supposer
l’hypothèse où l’héritier prend le titre ou la qualité de l’héritier dans un acte
authentique ou privé. L’acceptation est tacite quand l’héritier accomplit un
acte qui manifeste de façon non équivoque son intention d’accepter ou
lorsque, après le délai pour renoncer, l’héritier ne l’a pas fait. Ainsi, seront
considérés comme acceptants, non seulement l’héritier qui, poursuivi dans le
délai de renonciation, se sera laissé condamner comme héritier pur et
simple, ou qui poursuivi pendant ce délai, aura négligé d’opposer
l’exception dilatoire mais encore l’héritier qui aura poursuivi un débiteur
héréditaire, vendu ou donné un immeuble héréditaire ; vendu sans s’y être
fait autoriser par la justice, un meuble héréditaire ; donné, vendu ou
transporté ses droits successifs à l’étranger, à un cohéritier ou à tous ses
cohéritiers ; touché une créance, par exemple, le reliquat dû par l’Etat au
défunt. En revanche, n’emportent pas acceptation tacite les actes de simple
administration, a fortiori, les actes purement conservatoires.

Art. 803. — L’acceptation de l’héritier est irrévocable et remonte au jour du


décès du de cujus.

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Commentaire : L'article 803 consacre le principe de l'irrévocabilité de


l'acceptation.

Art. 804. — Tout héritier légal ou légataire universel est tenu, en cas
d’acceptation de la succession, de supporter le passif de celle-ci sur son
patrimoine, en proportion de la part qui lui revient.
Commentaire : L'article 804 énonce le principe de la garantie sur le
patrimoine de l'héritier qui accepte, en proportion avec sa part. Ce principe
donne donc aux créanciers de la succession un surcroît de garantie.

Art. 805. — La renonciation doit être faite, à peine de nullité, par écrit et
être signifiée au liquidateur avant le délai fixé à l’article 801, alinéa 2.
Si l’héritier ne sait pas écrire, il peut le déclarer verbalement au
liquidateur dans le délai fixé à l’article 801, alinéa 2, en présence de deux
témoins qui constateront en signant avec le liquidateur cette renonciation
verbale.
Commentaire : La renonciation doit être faite par écrit et signifié au
liquidateur dans un délai de trois mois à partir du jour où le liquidateur a
signalé au renonçant sa vocation successorale ou même à partir du moment
où il s’est manifesté personnellement en qualité d’héritier. Si le renonçant ne
sait écrire, la renonciation est faite devant deux témoins qui signeront avec
le liquidateur cette renonciation. Faute d'écrit ou de cette formalité la
renonciation est nulle.

Art. 806. — La renonciation de l’héritier a pour effet de retenir celui- ci


comme n’ayant jamais été appelé à la succession du de cujus; sa part est
dévolue aux autres héritiers légaux ou testamentaires qui ont accepté la
succession, mais qui peuvent éventuellement renoncer à cette part d’hérédité.
La renonciation ne devient irrévocable qu’au jour où le délai de trois
mois prévu à l’article 801, alinéa 2, est écoulé, à moins que cette
renonciation n’ait été obtenue par dol, violence ou menace d’un autre
héritier.
Toutefois, si la renonciation n’est pas retirée un an après la cessation de
la violence ou de la menace ou de la découverte du dol dont l’héritier a été
victime, elle devient irrévocable.
Commentaire : A l'alinéa premier in fine de l'article 806, il a été stipulé
qu'en cas de renonciation d'un ou de plusieurs héritiers, leurs parts
reviendront aux héritiers qui ont accepté, avec cependant possibilité pour
ces derniers de renoncer. En effet, la renonciation se fera surtout si la
succession est déficitaire. En pareil cas, un héritier aura peut-être accepté,
mais ne voudra pas le faire au-delà de sa part. A la différence donc de
l'acceptation qui est irrévocable, la renonciation est susceptible de
rétractation. L'héritier peut ainsi revenir éventuellement sur sa décision
jusqu'à la fin de délai de trois mois. De plus, la violence, la menace et le dol

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seront des causes conformes d'ailleurs aux principes généraux qui


invalideront l'option.

Section IV. Des règles spéciales

Art. 807 : Ancien.


La requête en investiture, en vue d’opérer la mutation par décès des biens
fonciers et immobiliers de la succession, sera introduite par le liquidateur au
tribunal de paix pour les héritages ne dépassant pas 100.000 zaïres et au
tribunal de grande instance pour les autres héritages, en indiquant ceux qui
viennent à la succession, la situation des fonds, des immeubles et leur
composition.

Art. 807 : Modifié.


La requête en investiture, en vue d’opérer la mutation par décès des biens
fonciers et immobiliers de la succession, sera introduite par le liquidateur au
Tribunal de paix pour les héritages ne dépassant pas 1.250.000 francs
congolais et au Tribunal de grande instance pour les autres héritages, en
indiquant ceux qui viennent à la succession, la situation des fonds, des
immeubles et leur composition.
Commentaire : Cet article détermine le tribunal compétent et la personne
habilitée à saisir le tribunal pour solliciter l'ordonnance d'investiture en vue
d'opérer une mutation par décès des biens fonciers et immobiliers de la
succession. Sous cette disposition est actualisé lors de la réforme de 2016le
montant qui détermine le grand héritage, de la compétence du Tribunal de
grande instance, et le petit héritage, de la compétence du Tribunal de paix.
Ce montant est de 1.250.000 FC. Ainsi fixé, il fait échapper au Tribunal de
paix des héritages qui auraient pu être de sa compétence en vertu de la loi
organique sur les juridictions de l’ordre judiciaire dont l’article 110 lui
donne compétence pour des demandes dont la valeur ne dépasse pas
2.500.000 FC. Cela a pour conséquence que les héritages dont la valeur se
situe entre 1.250.000 FC et 2.500.000 FC échappent à la compétence du
Tribunal de paix, quelle que soit la nature qui est posée dès lors qu’elle est
liée à une succession. Cette disposition maintient donc la différenciation des
compétences contrairement à ce qui est prévu par l’article 233 de la loi du
20 juillet 1973 dite foncière. Il maintient aussi la qualité au liquidateur et
non aux héritiers pour introduire une requête en investiture. Sur la forme, le
verbe est conjugué au futur alors que pour d’autres dispositions, le
législateur a cherché à éliminer ce temps à tout prix.

Art. 808 : Ancien.


Lorsque les héritiers mineurs ou interdits viennent à la succession, le
tribunal de paix pour les héritages ne dépassant pas 100.000 zaïres ou le
tribunal de grande instance pour les autres héritages convoque, à côté du

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liquidateur qui le saisit, un conseil de famille composé de trois membres de


la famille du de cujus ou, à défaut de ceux-ci, de toute personne étrangère à
la famille et désignée par le tribunal.
Art. 808 : Modifié.
Lorsque les héritiers mineurs ou interdits viennent à la succession, le
Tribunal de paix pour les héritages ne dépassant pas 1.250.000 francs
congolais ou le Tribunal de grande instance pour les autres héritages
convoque, à côté du liquidateur qui le saisit, un conseil de famille composé
de trois membres de la famille du de cujus ou, à défaut de ceux-ci, de toute
personne étrangère à la famille et désignée par le tribunal.
Commentaire : Cet article prévoit des mesures protectrices en faveur des
héritiers mineurs ou interdits par l'instauration d'un conseil de famille et le
contrôle judiciaire. Sous cette disposition, est simplement actualisé lors de
la réforme de 2016 le montant qui permet de déterminer les grands et les
petits héritages pour guider la compétence des juridictions en matière civile.

Art. 809. — Le conseil de famille surveillera l’administration de la


succession, approuvera les actes de disposition tels que le paiement des
dettes et des legs ; il donnera son avis lors de l’approbation de la clôture des
comptes du liquidateur par le tribunal.
En cas de désaccord entre le liquidateur et le conseil de famille, le
tribunal décidera en dernier ressort des mesures à prendre.
Commentaire : Cet article détermine la mission du conseil de famille qui est
de surveiller l’administration de la succession, d'approuver les actes de
disposition, de donner son avis lors de l’approbation de la clôture des
comptes du liquidateur par le tribunal.

Art. 810. — À défaut d’héritiers exerçant le droit de reprise, si certains


héritiers sont mineurs, sur proposition du liquidateur et avis du conseil de
famille, le tribunal de paix ou de grande instance selon le cas, peut maintenir
tout ou partie des biens en indivision, mais pas après la majorité de l’héritier
le moins âgé.
Toutefois, cette décision peut toujours être revue sur requête motivée du
liquidateur, le conseil de famille entendu.
Commentaire : L'indivision héréditaire est un état précaire auquel il peut
être mis fin à tout moment dès l'instant qu'un co-diviseur demande le
partage, le principe étant que nul ne peut être contraint à rester dans
l'indivision. Mais, à défaut d’héritiers exerçant le droit de reprise, si
certains héritiers sont mineurs, le juge peut maintenir tout ou partie des
biens en indivision, mais pas après la majorité de l’héritier le moins âgé. La
requête en indivision forcée est introduite par le liquidateur après avis du
conseil de famille. Toutefois, cette décision peut toujours être revue. L'action
tendant à obtenir le partage de la succession est imprescriptible. Les

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héritiers peuvent convenir d'un partage successoral amiable tout comme ils
peuvent convenir de rester en indivision.

Jurisprudence : La date [de maintien de l’indivision] sera déclarée


irrecevable si aucun héritier n’est mineur en application de la règle « nul ne
peut être contraint de demeurer dans l’indivision » (TGI Kinshasa Ndjili, 1er
Novembre 1990, RCA 418/1163/RR 044).Il a ainsi été décidé que pour être
valide, le mandat de vendre un bien successoral requiert l’accord de tous les
héritiers ; la nullité de la vente entraîne celle des droits que ce titre est censé
constater (CA Kisangani, 20 Janvier 2004, RCA 3760/3762/3763, RAJC,
Fasc. I, 2004, p. 29 ; voir aussi Kateta Bwango, Du sort de la vente d’un
bien immobilier indivis d’origine successorale sans l’accord de tous les
héritiers, note sous CA Kisangani, 27 Juillet 2000, RCA 1212, in Les
Analyses juridiques, n°21, pp. 7 et ss. cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P.,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p.240).

Art. 811. — Outre les dispositions prescrites à l’article 789, le droit de


reprise, si certains héritiers sont mineurs ou interdits, ne peut être homologué
par le tribunal de paix qu’après avoir pris avis du conseil de famille et du
liquidateur. Le tribunal de paix devra fixer les charges incombant à celui qui
exerce le droit de reprise vis-à-vis des héritiers mineurs ou interdits.
Commentaire : Dans l'exercice du droit de reprise des petits héritages,
lorsque des mineurs ou interdits sont héritiers, le contrôle du tribunal de
paix doit être plus strict en imposant, après avis du liquidateur et du conseil
de famille, les charges incombant à l'héritier exerçant le droit de reprise vis-
à-vis des héritiers mineurs ou interdits, alors que les règles de l'article 789
ne précisaient qu'une procédure d'homologation au cours de laquelle le
tribunal pouvait fixer éventuellement certaines charges.

Article 811 bis — La succession des conjoints décédés, et dont les héritiers
de la première catégorie sont tous en âge de minorité, ne peut être liquidée
avant que certains héritiers ne soient majeurs.
En attendant la majorité des héritiers de la première catégorie, le
Tribunal pour enfants désigne deux administrateurs issus de la famille du
père et de la mère prédécédés sur proposition des conseils des familles.
Un inventaire des biens des parents prédécédés est établi en quatre
exemplaires. Un exemplaire est remis au Tribunal pour enfants, aux héritiers,
représentés par le Ministère public du domicile des parents prédécédés et aux
administrateurs.
Les administrateurs exécutent notamment les charges ci-après :
1. déterminer la masse successorale et consigner le titre immobilier
parcellaire dans une institution bancaire ;
2. fixer d’une manière provisoire ceux qui doivent venir à l’hérédité ;

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3. payer les dettes de la succession qui sont exigibles ;


4. assurer les dispositions particulières du testament ;
5. payer les salaires et traitements dus par le de cujus ;
6. payer les dettes du de cujus pour lesquelles il fera les recherches et avis
publics qui s’imposent et distinguera les dettes exigibles de celles qui ne
le sont pas ;
7. rendre compte final de sa gestion aux héritiers, les conseils de famille à
ceux qui sont venus à l’hérédité ou au tribunal compétent, s’il s’agit d’un
liquidateur judiciaire.
Dès leur désignation, les administrateurs sont tenus de déclarer leurs
biens au Tribunal pour enfants visé à l’alinéa 2 ci-dessus.
Jusqu’à la désignation du liquidateur, les administrateurs posent tous les
actes de gestion et d’administration prévus à l’article 797 de la présente loi, à
l’exception des actes de disposition et de liquidation de la succession.
Commentaire : La disposition a été introduite dans le but, certes, de
protéger les biens des enfants mineurs dont tous les père et mère sont tous
décédés. Le législateur introduit la possibilité de désigner deux
administrateurs issus de la famille du père et de celle de la mère. Mais le
législateur ne règle pas la question relative à un tuteur préexistant. Il ne dit
pas quel sera le sort du tuteur s’il en existait un. Dans l’hypothèse où les
père et mère sont décédés au même moment, la question d’un tuteur
préexistant ne se poserait pas sauf si un testament a été laissé dans ce sens
par les père et mère. Si c’est l’un des parents qui décède après l’autre, il
peut se faire qu’il y avait déjà un tuteur adjoint (art. 323) ou un tuteur (art.
324). Doit-on en déduire que la fonction d’un tel tuteur prend fin ? Ou bien,
il sera désigné parmi les deux administrateurs ? Le législateur se limite à la
question des biens. Un inventaire des biens des conjoints prédécédés est
dressé dans les formes prescrites par cet article. Les administrateurs devront
consigner le titre de propriété immobilière dans une banque (quid si la
parcelle n’était pas couverte par un certificat d’enregistrement ? En
utilisant le concept « titre immobilier parcellaire » le législateur semble
viser tout titre pouvant attester des droits immobiliers. En ce compris le
simple « contrat de vente » d’une parcelle ?), payer les dettes dues par les
de cujus. Ces administrateurs exerceront les mêmes fonctions que le
liquidateur ordinaire à quelques différences près. Principalement, leur tâche
n’est pas de poser des actes de disposition et de liquidation sur la succession
puisque l’article 811 bis l’interdit. Ils peuvent défendre en justice la
succession ou agir en lieu et place des héritiers mineurs pour le besoin des
questions liées à la succession. Mais s’il existait un tuteur, ce dernier pose
les actes d’administration sur les biens des enfants mais n’ira pas jusqu’à
administrer les biens faisant partie de la succession à laquelle les enfants
sous tutelle ont vocation. Toutefois si en cas d’urgence, il est nécessaire
qu’un enfant mineur pose un acte sur ces biens avant que les
administrateurs ne soient nommés, quelle sera la situation ? Certainement

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une gestion d’affaires qui pourra toujours être revérifiée. Bref, l’on peut
comprendre que les deux administrateurs poseront les actes, non pas sur les
biens des enfants, mais sur les biens des parents prédécédés. Quid alors du
liquidateur ? Mais que serait alors le rôle des tuteurs ? Y aurait-il
concurrence d’action ou exclusivité ? Peut-il y avoir la désignation d’un
liquidateur en même temps que les deux administrateurs ? Ce sont des cas
que le législateur ne tranche pas clairement à bien lire cette disposition.
Toutefois, si un liquidateur est désigné en même temps que les deux
administrateurs, il y a risque de conflit dans les attributions.

Article 811 ter — Est puni des peines prévues à l’article 168 de la loi
n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, tout
administrateur qui aura détruit, altéré, fait disparaitre ou qui se sera
volontairement attribué des biens du de cujus sous son administration.
Commentaire : La loi portant protection de l’enfant (LPE) a prévu des
infractions différentes lorsqu’il y a atteinte sur les biens des enfants et des
peines particulières dans chaque cas. Nous ne voyons pas l’intérêt qu’il y a
à prévoir cet article qui renferme plusieurs actes en une seule infraction
punissable d’une seule peine soit de 2 à 5 ans de SPP et d’une amende de
100.000 à 200.000 FC. Pourtant les seuls articles 163 à 168 de la loi portant
protection de l’enfant pouvaient être utilisés sans problèmes étant donné
qu’ils sont généraux. Déjà, l’article 166 LPE puni de 5 à 10 ans quiconque
« vend ou met en gage un immeuble qu’il sait appartenir à l’enfant » (ce
qu’on pourrait appeler « stellionat à l’égard d’enfant). Mais sous
l’expression « fait disparaitre les biens du de cujus » le législateur punit le
fait de 2 à 5 ans selon l’article 168 LPE qui réprime le fait de dissiper des
biens au préjudice d’un enfant. Il en est de même de la peine prévue en cas
de « dégradation » des biens. L’article 165 LPE réprime ce fait de 5 à 10
ans, mais le Code de la famille les réprime désormais de 2 à 5 ans. L’on
peut discuter sur la « propriété » et soutenir que sous les articles 165 et 167
LPE sus-évoqués, le législateur réprime celui qui porte atteinte aux biens
qu’il « sait appartenir à l’enfant » alors que l’article 811 ter CF vise les
biens « du de cujus », raison pour laquelle il aurait préféré les peines de
l’abus de confiance au préjudice de l’enfant. Mais ce sont des biens qui sont
susceptibles d’appartenir aux enfants.

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CHAPITRE VII
DU BUREAU ADMINISTRATIF DES SUCCESSIONS

Art. 812 : Ancien.


II est institué en milieu rural à l’échelon de la zone et en milieu urbain à
l’échelon de la ville, un bureau administratif des successions chargé d’aider
les liquidateurs dans leurs fonctions. Le bureau sera tenu par un agent de
l’État désigné, selon le cas, par le commissaire de zone, le commissaire sous-
régional ou le gouverneur de la ville de Kinshasa.

Art. 812 : Modifié.


Il est institué en milieu rural à l’échelon du territoire et en milieu urbain à
l’échelon de la ville un bureau administratif des successions chargé, d’aider
les liquidateurs dans leurs fonctions. Le bureau est tenu par un agent de
l’Etat désigné par l’administrateur du territoire ou le bourgmestre ou le
Gouverneur de la ville de Kinshasa.
Commentaire : Cette disposition définit clairement la mission assignée au
Bureau Administratif des successions qui n’est rien d’autre que d’ ‘‘aider les
liquidateurs ou exécuteurs testamentaires dans l’accomplissement de leurs
devoirs’’, lesquels sont prévus à l’article 797 du Code de la famille. Lors de
la réforme du code de la famille en 2016, les appellations sont actualisées à
la situation actuelle de la décentralisation du pays (zone rurale, territoire ;
commissaire de zone, administrateur du territoire ; commissaire sous-
régionale, bourgmestre). L’article connait aussi une modification de forme
puisque le verbe conjugué au futur est modifié pour le temps présent (sera :
est).
Jurisprudence : La preuve par témoins ne peut être admise face aux
affirmations non reconnues fausses, contenues dans les actes dressés par le
Bureau de succession (CSJ, 23 Janvier 2004, RCR/023, in Les Analyses
juridiques, n° 04/2004, pp. 42-44, note de Me Mbuyi Tshimbadi, La preuve
de la qualité d’héritier ou de liquidateur cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P.,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p. 227).

Art. 813 : Ancien.


En cas de succession ne dépassant pas 100.000 zaïres, l’établissement de
l’actif net, après fixation du passif, la détermination des héritiers légaux et
testamentaires qui participent à la succession et de leurs parts respectives
seront arrêtés par le liquidateur avec le contrôle et le concours du bureau des
successions compétent.
Le liquidateur saisira le bureau dans les trois mois de son entrée en
fonction.

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Art. 813 : Modifié.


En cas de succession ne dépassant pas 1.250.000 francs congolais,
l’établissement de l’actif net, après fixation du passif, la détermination des
héritiers légaux et testamentaires qui participent à la succession et de leurs
parts respectives seront arrêtés par le liquidateur avec le contrôle et le
concours du bureau des successions compétent.
Le liquidateur saisira le bureau dans les trois mois de son entrée en
fonction.
Commentaire : Suivant les articles 813 et 814 du Code de la famille, le
bureau administratif des successions de la commune ou de la ville peut être
consulté à la demande expresse du liquidateur dans le délai de trois mois de
son entrée en fonction pour obtenir son assistance. Il s’agit là d’une
possibilité donnée au liquidateur ou exécuteur testamentaire d’obtenir un
concours extérieur pour faciliter l’accomplissement de sa mission.
Cependant, dans la pratique, nous remarquons que ce sont plutôt les
héritiers eux-mêmes, collectivement ou individuellement, qui prennent dans
la plupart des cas cette initiative de saisir le bureau administratif des
successions. Fort étonnant est de constater que même les hommes et les
femmes de droit (professeurs, magistrats, avocats, etc.) se réfèrent à cette
pratique, alors qu’elle n’est même pas prévue par la loi, et ce en s’appuyant
à tort sur le principe qui veut que ‘‘ce qui n’est pas interdit, est permis’’. En
2016, cette disposition a été modifiée uniquement sur le point de
l’actualisation du montant déterminant la valeur du grand ou du petit
héritage.

Art. 814 : Ancien.


En cas de succession supérieure à 100.000 zaïres, le bureau des
successions de la zone ou de la ville peut être consulté aux mêmes fins qu’à
l’article précédent, à la demande expresse du liquidateur et en cas de
présence du conseil de famille, sur avis conforme de celui-ci.

Art. 814 : Modifié.


En cas de succession supérieure à 1.250.000 francs congolais, le bureau
des successions du territoire ou de la commune peut être consulté aux
mêmes fins qu’à l’article précédent, à la demande expresse du liquidateur et
en cas de présence du conseil de famille, sur avis conforme de celui-ci.
Commentaire : Il sied de se référer aux mêmes commentaires de l'article
précédent. Lors de la réforme de2016, il a été actualisé le montant qui
détermine la valeur de l’héritage pour lequel le bureau des successions peut
être consulté.

Art. 815. — Le bureau des successions établit un projet de liquidation.


Celui-ci peut être contesté selon le cas tant par le liquidateur que par les
héritiers et éventuellement le conseil de famille devant le tribunal de paix ou

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le tribunal de grande instance, dans les trois mois de sa notification. Après ce


délai, le projet devient définitif pour la détermination des héritiers et des
parts qui leur sont dévolues.
Commentaire : Il faut relever que l’article 815 du Code de la famille, qui
autorise l’établissement d’un projet de liquidation pour les grands héritages
par le Bureau administratif des successions, et non d’un acte de succession,
permet au liquidateur, aux héritiers et éventuellement au ministère public de
contester ce dernier devant soit le tribunal de paix soit le tribunal de grande
instance, mais dans le délai de trois mois à partir de sa notification, délai
après lequel le projet devient définitif pour la détermination des héritiers et
des parts qui leur sont dévolues. Somme toute, l’acte de succession établi
par le ‘‘curateur aux successions’’, lorsqu’il ne rencontre pas l’assentiment
d’un des héritiers, peut être attaqué en annulation devant les cours et
tribunaux. En pratique, cet article est à la base des conflits entre le
liquidateur et le bureau des successions qui apparaît investi des pouvoirs
concurrents. Qui plus est, c’est sur base de ces dispositions que le curateur
aux successions justifie, à tort bien entendu, le fondement de l’établissement
de ces actes.

Art. 816. — Indépendamment des droits de succession, il est dû au bureau


des successions une taxe rémunératoire au profit de l’État fixée à 1 % de la
valeur de la succession.
Commentaire : Avant le partage de la succession, il est prélevé les droits de
successions au profit de l'Etat en vertu de l'article 798. Mais en contrepartie
des services du Bureau des successions, l'article 816 lui reconnaît en outre
le droit de prélever une taxe rémunératoire fixée à 1% de la valeur de la
succession.

Art. 817 : Ancien.


Toutes contestations d’ordre successoral sont de la compétence du
tribunal de paix lorsque l’héritage ne dépasse pas 100.000 zaïres et de celle
du tribunal de grande instance lorsque celui- ci dépasse ce montant.
Le montant est établi sur base de l’actif brut.
Toutefois, dès que la compétence du tribunal est fixée pour connaître
d’un héritage, il reste compétent pour connaître de toute autre contestation
en relation avec cet héritage.

Art. 817 Modifié.


Toutes contestations d’ordre successoral sont de la compétence du
Tribunal de paix lorsque l’héritage ne dépasse pas 1.250.000 francs
congolais et de celle du Tribunal de grande instance lorsque celui-ci dépasse
ce montant.
Le montant est établi sur base de l’actif brut.

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Toutefois, dès que la compétence du tribunal est fixée pour connaître


d’un héritage, il reste compétent pour connaître de toute autre contestation
en relation avec cet héritage.
Commentaire : Cet article détermine la compétence des juridictions en
matière des conflits des successions. L’on comprend que cette disposition
déroge à la compétence des Tribunaux de paix en limitant sa compétence en
matière des successions contrairement à ce qui est affirmé à l’article 110, al.
1er de la loi sur les juridictions de l’ordre judiciaire qui déclare que les
tribunaux de paix sont compétents pour les contestations dont la valeur en
argent ne dépasse pas 2.500.000 francs congolais. Lors de la réforme de
2016et sous cette disposition, le législateur a actualisé les montants qui
distinguent les petits et grands héritages dont la compétence est
différemment attribuée aux tribunaux civils. Le montant déterminant est de
1.250.000 FC. Le Tribunal saisi reste compétent pour connaître des
contestations liées à l’héritage dont il peut être saisi.

Art. 818. — Les règles de la présente loi s’appliquent également à la


succession d’une personne déclarée absente ou disparue.
Commentaire : L'article 818 étend l'application de cette loi non seulement
au de cujus mais à celui qui est déclaré absent ou disparu assimilant
d'ailleurs celui-ci à une personne décédée comme le prévoit d'ailleurs les
textes régissant l'absence ou la disparition.

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TITRE II
DES LIBÉRALITÉS

CHAPITRE Ier
DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Section I. Des espèces et formes des libéralités

Art. 819. — Aux termes de la présente loi, une libéralité est un acte par
lequel une personne transfère à une autre un droit patrimonial sans en
attendre une contrepartie égale.
Commentaire : La notion de libéralité proposée à l’article 819 du CF est
une symbiose de deux critères de gratuité relevant l’un du droit écrit, l’autre
des coutumes traditionnelles. Si la gratuité consiste en général en l’absence
d’une contrepartie équivalente (critère de droit écrit), elle peut aussi se
caractériser par l’obligation pour le bénéficiaire de fournir une contrepartie
non équivalente (critère de droit coutumier). La notion ainsi proposée peut
s’appliquer aux donations comme aux transmissions pour cause de mort.
Mais, à côté de celle-ci qui ne correspond guère aux conceptions
traditionnelles de la libéralité, subordonnant en général une contrepartie
tantôt immédiate, tantôt future laquelle se justifie par le lien de solidarité
créé par l’acte de libéralité, le législateur a jugé nécessaire d’englober dans
la définition une libéralité avec certaines contreparties sans doute inférieure
à l’avantage obtenu. Aussi, dans la définition générale, en précisant ‘‘sans
contrepartie égale’’, il a été possible d’englober par cette formule : -1° la
donation pure et simple ; -2° la donation avec charge immédiate ou future
découlant d’un lien de solidarité. Comme on peut s’en apercevoir, le champ
d’application de la matière des donations est moins large que celle des
libéralités. Concernant uniquement les transmissions entre-vifs, les
donations excluent les libéralités pour cause de mort. Aussi, le législateur a-
t-il préféré la notion de libéralité à la notion restreinte de donation, d’où
l’intitulé du titre II du livre IV du Code de la famille ‘‘des libéralités’’.
Jurisprudence : Une opération juridique ne présente pas le caractère de
libéralité si son auteur, même mû par une pensée de pure bienveillance et
agissant dans un avantage exclusif d’autrui, ne se dépouille volontairement,
par-là, d’une portion de son patrimoine (Cass. civ., 05 avril 1938, DH,
1938.305). Le contrat qui a attribué à l’emprunteur un droit sur les fruits et
revenus de la chose constitue une donation car il y a eu transfert de
propriété (Cass. civ. 1ère, 3 Novembre 1988, Bull. civ., I., n°300 ; D., 1988,
IR, 272 cités par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013,
p.260).

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Art. 820. — La loi n’admet comme libéralités que celles définies aux
dispositions qui suivent :
1. la transmission des biens entre vifs ou donation ;
2. la transmission des biens pour cause de mort ou legs ;
3. le partage d’ascendant ;
4. la donation des biens à venir en faveur d’un époux ou d’un futur époux,
ou l’institution contractuelle ;
5. la double donation ou la substitution fidéicommissaire.
Les libéralités pour cause de mort ou legs sont également régies par les
dispositions sur les successions.
Commentaire : Le Code de la famille admet comme libéralités: la
transmission des biens entre vifs ou donation; la transmission des biens
pour cause de mort (testament) ou legs; le partage d’ascendant; la donation
des biens à venir ou l’institution contractuelle; la double donation ou la
substitution fidéicommissaire.

Art. 821. — Les libéralités sont faites par acte authentique ou sous seing
privé ou par simple tradition.
Commentaire : L’article 821 CF. pose comme principe général que toutes
les formes sont permises pour constater une libéralité : qu’il s’agisse d’un
acte authentique ou sous seing privé, ou de la simple tradition, c’est-à-dire
la remise d’un bien de la main à la main.

Art. 822. — Lorsqu’un immeuble est transféré gratuitement à une personne,


la mutation ne s’opère qu’après l’observation des règles prescrites par les
articles 219 et suivants de la loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés telle
que modifiée à ce jour.
Commentaire : Etant donné que le sol est la propriété exclusive et
inaliénable de l'Etat, toute mutation entre-vifs ou pour cause de mort ayant
pour objet une propriété immobilière ne s'opère que par un certificat
d'enregistrement. Cette disposition rappelle ainsi au donateur comme au
donataire leur obligation de se conformer aux formalités prescrites par la
loi foncière en ce qui concerne les mutations foncières. L'article 822 est une
application particulière aux libéralités des articles 207 et 217 du code civil
livre III. Il a uniquement pour but de faciliter aux parties la charge de
l'administration de la preuve des libéralités qu'elles auraient faites.

Art. 823. — Lorsque le gratifié est une personne morale de droit public ou
de droit privé, les conditions relatives à l’acceptation déterminées par
l’article suivant doivent être respectées à peine de nullité.
Commentaire : L'article 823 prescrit, à peine de nullité, la formalité de
l'acceptation lorsque la libéralité est faite en faveur d'une personne morale.
L'acceptation est essentielle, parce que d'une part nul n'est tenu d'accepter

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une libéralité qui lui est faite et que d'autre part une libéralité peut entrainer
des charges que le bénéficiaire ne devrait exécuter que si au préalable il y a
consenti.

Art. 824 : Ancien.


Les libéralités au profit des régions, des zones, des collectivités, des
établissements publics ou d’utilité publique n’ont leur effet qu’autant
qu’elles sont acceptées par l’autorité compétente.
Cette acceptation lie le donateur dès qu’elle lui a été notifiée.
Cette notification peut être constatée par une déclaration du donateur
authentiquement certifiée au bas de l’acte portant acceptation.
Lorsque la libéralité a pour objet des biens susceptibles d’hypothèque, la
transcription des actes contenant la libéralité et l’acceptation ainsi que la
notification de l’acceptation, doivent être faites au bureau du conservateur
des titres immobiliers dans la région où les biens sont situés.

Art. 824 : Modifié.


Les libéralités au profit des provinces, des villes ou communes, des
secteurs ou chefferies, des établissements publics ou d’utilité publique n’ont
leur effet qu’autant qu’elles sont acceptées par l’autorité compétente.
Cette acceptation lie le donateur dès qu’elle lui a été notifiée.
Cette notification peut être constatée par une déclaration du donateur
authentiquement certifiée au bas de l’acte portant acceptation.
Lorsque la libéralité a pour objet des biens susceptibles d’hypothèque, la
transcription des actes contenant la libéralité et l’acceptation ainsi que la
notification de l’acceptation, doivent être faites au bureau du conservateur
des titres immobiliers dans la province où les biens sont situés.
Commentaire : L'alinéa 1er de cet article consacre le principe de
l'acceptation par l'autorité compétente s'agissant des libéralités faites aux
provinces, des villes ou communes, des secteurs ou chefferies, des
établissements publics ou d’utilité publique; celles-ci ne pourront avoir
aucun effet en l'absence de cette autorisation. Le mot "accepté" évoque donc
ici l'idée d'autorisation. Le principe de l'autorisation trouve sa justification
dans le fait que certaines libéralités entrainent des charges onéreuses pour
le donataire qui, étant une personne morale, serait empêché de réaliser son
objet social par suite des dépenses imprévues que pourrait entrainer
l'exécution des charges liées à la libéralité. L'alinéa 2 organise la
notification de l'acceptation : l'acceptation de la libéralité par l'autorité
compétente doit, pour obliger le disposant, lui être notifiée par l'exploit
d'huissier. Mais l'acceptation, ajoute l'alinéa 3, peut également être
constatée par une déclaration du donateur lui-même, portée en bas de l'acte
contenant l'acceptation. Enfin, l'alinéa 4 est relatif à l'inscription de
l'hypothèque : en effet, cet alinéa impose, en plus de l'acceptation et de sa
notification, la formalité de l'inscription dans les registres du conservateur

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des titres fonciers de tous les actes se rapportant à la libéralité, son


acceptation et sa notification, lorsque le bien donné est un immeuble grevé
d'une hypothèque. Or, en vertu de la loi foncière, nulle hypothèque n'existe
si elle n'est inscrite au livre d'enregistrement, sur le certificat de l'immeuble
qu'elle grève. Lors de la réforme de 2016, dans cette disposition, le
législateur n’a fait qu’actualiser en les appellations à la situation actuelle
du pays : régions, provinces ; zones, villes ou communes, secteurs ou
chefferies.

Art. 825. — Aux termes de la présente loi, l’ayant cause est la personne à
qui les droits d’une autre ont été transmis.
Commentaire : En pratique, une certaine confusion plane sur le sens des
termes juridiques d'ayant cause et d'ayant droit. En vue de pallier cet état de
choses, l'article 825précise en matière de libéralité la notion d'ayant cause,
en faisant ressortir que le droit de l'ayant cause a sa source dans l'acte de
transfert accompli par le disposant, tandis que pour l'ayant droit, les
avantages, auxquels il peut prétendre, reposent principalement sur les liens
de parenté ou d'alliance.

Art. 826. — Toute libéralité qui transfère à l’ayant cause un droit sur la
totalité des biens est universelle.
Elle est à titre universel lorsque le droit transmis a pour objet une quote-
part des biens dont la loi permet de disposer, ou tous les immeubles, ou tous
les meubles, ou encore une quotité fixe de tous les immeubles ou de tous les
meubles.
La libéralité est à titre particulier lorsque le droit transmis a pour objet un
seul bien déterminé.
Commentaire : De même que le texte sur les successions distingue les legs
universels, à titre universel ou particulier (article 777), de même la présente
disposition oppose les libéralités universelles à celles faites à titre universel
ou particulier. Ces diverses modalités trouvent leur justification dans le
droit de propriété dont l'exercice et la jouissance, libre et paisible, sont
garantis par la constitution et les lois particulières.

Section II. Du consentement du disposant et du gratifié

Art. 827. — Sous réserve des dispositions qui suivent, les vices de
consentement en matière de libéralités sont les mêmes que ceux admis par le
droit commun des obligations conventionnelles.
Commentaire : La libéralité étant un acte juridique, voire un contrat
lorsqu'il s'agit d'une donation, les vices de consentement en cette matière
obéissent aux principes généraux qui régissent la matière des obligations
conventionnelles.

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Art. 828. — II n’y a point de libéralité valable si le disposant ou le gratifié


n’est pas sain d’esprit.
Le tribunal prononce la nullité de la libéralité à cause des altérations,
même mineures ou partielles, de la volonté. Ces faits sont prouvés par toutes
voies de droit.
Commentaire : La sérénité d'esprit n'est pas seulement exigé dans le chef du
disposant mais également dans celui du gratifié. La sérénité d'esprit visée
par l'alinéa 1er, est particulièrement imposée en cette matière, parce que les
libéralités constituent une atteinte aux patrimoines familiaux qui en général
sont de faible importance par rapport au nombre des membres de famille
toujours croissant. En vue de protéger la famille contre les prodigalités
excessives d'un de leurs membres, la sérénité d'esprit dans le chef de toutes
les parties à l'acte peut être un moyen de garantie supplémentaire. Le
deuxième alinéa vise les altérations mineures ou partielles de la volonté.
Celle-ci peut être affaiblie, perdre sa spontanéité pour d'autres causes
encore : le grand âge qui affaiblit la résistance, la conscience, le jugement ;
le manque de stabilité de caractère; une nature influençable ; la maladie...
Toutes ces différentes causes justifieront la nullité de la libéralité.

Art. 829. — Même s’il émane d’un tiers, le dol est une cause de nullité de la
libéralité.
Commentaire : On admet qu'en matière de libéralité, contrairement à la
règle générale, le dol pourra entrainer la nullité, même s'il émane d'un tiers.
C'est encore une conséquence de ce que toute libéralité dictée
principalement par l'intention de nuire est de nul effet, car elle est faite pour
une cause illicite. Tel est le cas d'une personne qui abandonne à son voisin
la mitoyenneté du mur pour échapper aux dépenses occasionnées par son
entretien.

Art. 830. — La crainte révérencielle envers le père, la mère ou un autre


ascendant, sans qu’il y ait eu de violence exercée, peut être une cause de
nullité de la libéralité.
Commentaire : Cette disposition vise principalement à protéger les jeunes
contre les perpétuelles exploitations dont ils sont victimes de la part de leurs
ascendants. Dans la société traditionnelle, en effet, la crainte d'être
ensorcelé par un ascendant détermine les jeunes à se dépouiller
fréquemment et presque complètement en sa faveur. Ainsi, contrairement à
la règle des obligations conventionnelles et aussi en considération du
caractère d'absolue liberté que doit présenter le consentement du disposant,
le texte préconise l'annulation d'une libéralité pour faits de violence
physique ou morale, moins caractérisés que ceux qui font annuler des actes
à titre onéreux.

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Section III. De la capacité de disposer et de recevoir

Art. 831. — Sous réserve des incapacités prévues par les dispositions qui
suivent, toute personne physique ou morale peut disposer de ses biens ou
recevoir une libéralité.
Commentaire : Cet article est une application à la matière des libéralités du
principe général sur la capacité juridique, " toute personne capable peut
exercer ses droits civils conformément à la loi ou à la coutume, sauf les
exceptions établies par la loi", tel est le dispositif du texte dont question.

Art. 832. — Les incapacités prévues par la loi sont impératives. Toute
convention contraire est de nul effet.
Commentaire : A l'instar des règles contenues dans le texte sur la capacité
juridique, celle de disposer et de recevoir est impérative. Les parties ne
peuvent, en conséquence, y déroger par des conventions ou clauses
particulières.

Paragraphe 1er : Des incapacités de disposer

Art. 833 : Ancien.


Le mineur ne peut disposer de ses biens, même par représentation.
Toutefois, le mineur marié peut donner à l’autre époux soit par donation
simple, soit par donation réciproque, moyennant le consentement et
l’assistance de ceux dont le consentement est requis pour la validité de son
mariage; avec ce consentement, il peut donner tout ce que la loi permet à
l’époux majeur de donner à l’autre conjoint.
Si cette donation est antérieure à la célébration du mariage, elle sera
précisée dans l’acte de mariage.

Art. 833 : Modifié.


Le mineur ne peut disposer de ses biens, même par représentation.
Commentaire : Aux termes des dispositions relatives à la capacité juridique,
le mineur est, pour ce qui concerne le gouvernement de sa personne et
l'administration de ses biens, placé sous l'autorité des personnes qui
exercent sur lui l'autorité parentale ou tutélaire. Il en résulte que toute
espèce de libéralité et interdite au mineur de moins de dix-huit ans.
L'incapacité demeure même si la libéralité est faite par le tuteur, car celui-ci
n'est pas habilité à accomplir les actes de disposition. Cet article a été
modifié en 2016. Est supprimé l’alinéa 2 qui faisait allusion au mariage
d’un mineur devenu illégal depuis le 10 janvier 2009 par l’effet de la loi
portant protection de l’enfant. Le seul alinéa maintenu pose une interdiction
générale qui frappe même les détenteurs de l’autorité parentale qui ont
pourtant les droits d’administration et de jouissance légales sur les biens de
leur enfant mineur.

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Jurisprudence : Ne viole pas l’article 96 du code pénal, livre II, le juge


d’appel auquel il est reproché d’avoir retenu dans le chef du demandeur le
stellionat alors que la vente de la maison a été faite par le mineur représenté
et sans qu’il ait démontré le dol, car l’article 833 du Code de la famille
interdit au mineur de disposer de ses biens même par représentation (CSJ,
28 mai 1996, RC 1650, Bull. Arr. Années 1990 à 1999, Kinshasa, Ed.
Service de Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice, 2003, pp.
150-153).

Art. 834. — Le mineur de quinze ans accomplis ne peut disposer que par
testament et jusqu’à concurrence seulement de la moitié des biens dont la loi
permet au majeur de disposer.
Commentaire : La législation sur les libéralités se propose avant tout de
protéger le patrimoine familial contre les dilapidations excessives. C'est une
des raisons pour lesquelles des règles spéciales sont dictées en vue de mettre
fin aux abus auxquels donne lieu la pratique des libéralités. Ainsi, le présent
article interdit-il au mineur de moins de dix-huit ans toute espèce de
donation. On lui reconnaît la capacité seulement pour faire un testament,
mais alors il ne peut tester qu'à concurrence de la moitié de la quotité
disponible. Supposons le cas d’un mineur dont la succession est évaluée à
16 000 FC. Si on considère la réserve héréditaire qui est de 12 000 FC (3/4)
et la quotité disponible qui est de 4 000FC (1/4), le mineur ne peut disposer
uniquement par testament que pour 2000 FC. Si les legs excédaient la
portion dont le mineur peut disposer, on les réduirait au marc le franc. Cette
réduction aurait lieu lors même que le mineur décéderait en majorité ; car,
pour disposer valablement, il faut être capable aux deux époques de la
confection du testament et de la mort.

Art. 835 (Abrogé)53.


Commentaire : Le législateur a écarté toute possibilité pour le mineur,
même émancipé, de faire des présents d’usage ou des aumônes en rapport
avec son patrimoine.

Art. 836. — L’interdit est assimilé au mineur et toute libéralité lui est
interdite, même par représentation.
Commentaire : En vertu des dispositions relatives à la capacité juridique,
l'interdit est assimilé au mineur sous tutelle Il en résulte que, pour l'interdit,
l'incapacité de disposer est totale.

Art. 837. — Les prodigues et faibles d’esprit placés sous curatelle peuvent
disposer par testament.

53
Le mineur émancipé peut faire, sans l’assistance de son curateur, des présents d’usage ou
des aumônes, s’ils sont en rapport avec sa fortune.

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Les donations ne leur sont permises que moyennant l’assistance de leur


curateur.
Commentaire : Contrairement à la donation qui a pour effet de dépouiller
immédiatement et irrévocablement le patrimoine du disposant, le testament
est une simple manifestation de la volonté qui ne produit d'effet qu'à la mort
du testateur, et à cette époque l'incapacité du prodigue ou du faible d'esprit
aura cessé et les héritiers seront à même d'apprécier la validité et
l'opportunité de la libéralité D'autre part le testament est toujours
révocable. Par conséquent, les prodigues et les faibles d'esprit sont déclarés
capables de tester. Mais ils ne peuvent donner entre-vifs moyennant
l'assistance de leur curateur.

Art. 838. — Toute libéralité faite par le failli, après le jugement déclaratif de
faillite et pendant la période suspecte, est nulle. L’action en nullité
n’appartient qu’à la masse des créanciers.
Le failli peut, pendant la période suspecte, faire une donation
rémunératoire à condition qu’elle constitue un paiement en espèces et pour
une dette échue.
Il peut par testament disposer de ses biens, mais ses légataires ne peuvent
être payés qu’après la masse des créanciers.
Commentaire : Le failli est l’individu qui fait l’objet d’un jugement de
faillite. La faillite est une sanction prononcée, dans le cadre d’une
procédure de redressement ou de liquidation judiciaires, à l’encontre des
dirigeants de personne morale, des commerçants qui se sont rendus
coupables d’agissements malhonnêtes ou gravement imprudents. Cette
sanction, applicable aux seules personnes physiques, emporte interdiction de
diriger, de gérer ou de contrôler, directement ou indirectement, toute
activité commerciale. Elle s’accompagne également d’un certain nombre
d’interdictions et de déchéances. Selon l’article 838 al. 1 CF, le failli ne
peut disposer à titre gratuit après le jugement déclaratif de faillite ou
pendant la période suspecte. Cette disposition est une application des
articles 6 et 7 du décret du 27 juillet 1943 régissant la faillite et le concordat
préventif de la faillite. En effet, à partir du jugement déclaratif de faillite, le
failli est déclaré incapable de gérer ses propres affaires et subit, par le fait
même, de graves déchéances politiques et professionnelles. Par conséquent,
le failli est dessaisi de l’administration de ses biens, y compris ceux qui
peuvent lui échoir pendant l’état de faillite. Et tous les actes à titre gratuit
qu’il peut accomplir pendant cette période sont nuls de plein droit ; mais
cette nullité n’est que relative puisqu’elle ne peut être invoquée que par ses
créanciers (al. 2). L’incapacité de disposer entre-vifs qui frappe le failli ne
concerne pas les donations rémunératoires, faites en récompense des
services rendus à l’occasion d’un paiement en espèce d’une dette échue. En
effet, les libéralités interdites au failli sont celles qui ne lui fournissent
aucune contrepartie et qui, par le fait même, diminuent son patrimoine. Ce

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qui n’est pas le cas pour la donation rémunératoire : le failli peut gratifier
une personne qui lui aurait notamment facilité les formalités destinées au
paiement d’un de ses créanciers, pareil acte ne diminue en rien le
patrimoine du failli. Le testament est également permis au failli, car son
incapacité aura cessé à son décès ; mais les légataires ne seront payés
qu’après la masse des créanciers, puis que les legs faits par le failli
pourraient l’être en fraude des droits de ses créanciers (al. 3).

Paragraphe 2 : Des incapacités de recevoir

Art. 839. — Les enfants non conçus au jour de l’acte de donation ou au


décès du testateur ne peuvent recevoir aucune libéralité, sous réserve des
dispositions relatives à l’institution contractuelle et à la substitution
fidéicommissaire.
Les groupements ou établissements sans personnalité morale ne peuvent
recevoir aucune libéralité.
Commentaire : En application des dispositions sur la capacité juridique,
une incapacité totale de recevoir frappe les enfants non conçus au jour de
l'acte de donation ou du décès du testateur.
Art. 840. — La donation ou le testament au profit d’un enfant conçu n’a son
effet qu’autant que l’enfant est né viable.
Commentaire : L'enfant conçu est jugé capable de bénéficier d'une
disposition entre-vifs ou testamentaire; mais ses droits restent conditionnels
jusqu'à sa naissance viable.
Art. 841. — Les libéralités faites à des personnes incertaines sont nulles.
Commentaire : Les personnes incertaines, dont l'identité n'est pas révélée
par le disposant ou n'apparaît pas clairement dans l'acte, sont incapables de
recevoir toute espèce de libéralité. La nullité absolue qui est proposée
comme la sanction de pareille libéralité, trouve sa justification dans
l'absence de consentement qui pourrait en résulter. Une personne incertaine
ne saurait manifester sa volonté, fût-ce un mandataire; elle est donc
assimilée à une personne inexistante.
Art. 842. — Les prodigues et les faibles d’esprit placés sous curatelle
doivent être assistés de leur curateur pour accepter une libéralité avec
charges, un legs universel ou à titre universel.
Commentaire : En application des règles impératives à la capacité
juridique, les prodigues, les faibles d'esprit sont déclarés incapables. Par
conséquent, ils ne peuvent, sans assistance de leur curateur, accepter une
libéralité, celle-ci pouvant entraîner pour eux des charges qu'ils ne
sauraient être à même d'exécuter personnellement.

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Art. 843. — Les personnes morales de droit public ou de droit privé ne


peuvent recevoir toute espèce de libéralité que conformément aux
dispositions légales ou statutaires qui les régissent.
Commentaire : Pour savoir les conditions dans lesquelles une personne
morale de droit public ou de droit privé peut recevoir une libéralité, il faut
se référer à ses statuts.
Art. 844 : Ancien.
Les entités administratives non dotées de la personnalité morale ne
peuvent accepter toute espèce de libéralité que moyennant l’autorisation du
Gouvernement.
Art. 844 : Modifié.
Les entités administratives non dotées de la personnalité morale ne
peuvent accepter toute espèce de libéralité que moyennant l’autorisation du
Gouverneur de province ou de la ville de Kinshasa.
Commentaire : Les entités non pourvues de personnalité morale ne sont que
des simples subdivisions administratives. Etant ainsi des organes de l'Etat,
ils ne peuvent exercer les pouvoirs et n'accomplir que les actes
limitativement déterminés par les lois et règlements. Or les libéralités
échappent à leurs compétences ordinaires. Par conséquent ces diverses
personnes doivent avoir l'autorisation de l'autorité dont elles dépendent
pour recevoir une libéralité, afin d'éviter le danger de corruption ou le trafic
d'influence voire les atteintes à la sûreté des institutions. Dans cette
disposition, est remplacée lors de la réforme du code de la famille en 2016
la compétence jadis réservée au Gouvernement d’autoriser l’acceptation des
libéralités par les entités administratives non dotées de la personnalité
morale. Cette compétence est désormais dévolue au Gouverneur de
province. C’est une manière de donner effet à la décentralisation.
Art. 845. — Les médecins, les infirmiers et les pharmaciens qui ont traité
une personne pendant la maladie dont elle meurt, ne peuvent profiter des
dispositions entre vifs ou testamentaires qu’elle a faites en leur faveur au
cours de cette maladie.
Sont exceptées :
1. les dispositions rémunératoires faites à titre particulier, eu égard aux
facultés du disposant et aux services rendus ;
2. les dispositions universelles, dans le cas de parenté ou d’alliance jusqu’à
la troisième catégorie inclusivement, pourvu que le décédé n’ait pas
d’héritiers d’une catégorie supérieure en ligne directe et à moins que le
bénéficiaire de la disposition ne soit lui-même du nombre de ces héritiers.
Les mêmes règles sont applicables aux ministres de culte.
Commentaire : La présente disposition édicte une présomption légale de
non-sérénité dans le chef d'un malade. Celui-ci, affaibli par les souffrances,
ne peut apprécier à juste propos l'opportunité d'une libéralité qu'il serait

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amené à faire en faveur d'une personne exerçant l'art de guérir (médecin,


pharmacien, infirmier) ou d'un ministre de culte qui l'aurait traité ou assisté
durant la maladie dont il meurt. Il sied en pratique d'étendre cette même
incapacité aux sages-femmes et aux guérisseurs de la médecine
traditionnelle. La loi n’entend cependant point priver le malade de la
satisfaction de reconnaitre les soins qui lui ont été rendus. Elle tolère ainsi :
* les dispositions rémunératoires faites à titre particulier, eu égard aux
facultés du disposant et aux services rendus. Les dispositions rémunératoires
sont ceux considérées comme le prix des services rendus, et par suite comme
faites à titre onéreux et non à titre de bienfaisance ; aussi celui qui est
appelé à les recueillir ne peut-il ensuite demander un salaire pour les
services rendus, telle est la règle générale. Puis que les dispositions
rémunératoires sont censées être faites en compensation de la créance, elles
doivent être proportionnées à la fortune du donateur et aux services rendus ;
en cas de contestation, le juge doit prononcer, d’après l’avis des gens de
l’art, sur la nature et l’importance des services, et à dire d’expert sur la
valeur de l’objet donné. Le Code de la famille parle des dispositions
rémunératoires à titre particulier c’est-à-dire d’un objet déterminé. Une
disposition universelle ou à titre universel est donc prohibé ; *des
dispositions universelles, dans le cas de parenté ou d’alliance jusqu’à la
troisième catégorie inclusivement, pourvu que le décédé n’ait pas d’héritiers
d’une catégorie supérieure en ligne directe et à moins que le bénéficiaire de
la disposition ne soit lui-même du nombre de ces héritiers.

Section IV. De l’objet et de la cause des libéralités

Art. 846. — Est nulle toute libéralité dont l’objet est contraire à l’ordre
public ou aux bonnes mœurs.
Commentaire : En application de la théorie générale des obligations, la
nullité absolue est proposée comme la sanction d'une libéralité dont l'objet
est contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs. Si la prestation promise,
objet de la libéralité, doit consister en un transfert d'un droit patrimonial
appréciable en argent, ce transfert ne peut concerner ni un droit patrimonial
ni une obligation. D'autre part la prestation promise ne peut heurter les
principes de morale publique sur laquelle tous les honnêtes gens s'entendent
parfaitement. En cette matière donc, le contenu de l'ordre public est plus
restreint que celui de l'ordre public général : des intérêts essentiels ou de
l'organisation de la collectivité nationale il se réduit aux principes
fondamentaux qui conditionnent la validité des actes juridiques. Par
ailleurs, une libéralité entre concubins mérite une précision. Ainsi, les
concubins ne sont, comme tels, frappés d'aucune incapacité de recevoir.
Néanmoins, les libéralités qu'ils se font sont illicites lorsque la cause
impulsive et déterminante a été les relations de concubinage, pour dire

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qu'une libéralité qui s'expliquerait par une autre cause, démontrée réelle et
justifiée, reste licite.
Jurisprudence : Récemment, la cause des libéralités a fait l'objet de deux
arrêts importants de la Cour de Cassation de Belgique : · Cass., 6 novembre
1989 : en l'espèce, les parents d'une femme avaient fait donation à elle et à
son mari en considération du mariage. Après divorce, les parents ont
demandé en justice que ce soit constaté la révocation pour disparition de la
cause. La Cour de Cassation l'a admis. · Cass., 21 janvier 2000 : un grand-
père avait légué sa quotité disponible à ses petits-enfants au lieu de son fils,
Serge Thibaut de BOUZINGUE, poursuivi pour détournement, afin de faire
échapper ses biens aux créanciers de son fils une fois condamné. Le fils
acquitté, après mort du père, demande la caducité du testament. La Cour l'a
refusé sous motif que le testament avait déjà produit ses effets. Cela sous-
entend que si le père était encore vivant, la caducité du legs aurait été
prononcée (Source : "Droit des libéralités, caducité pour disparition de la
cause", http :cerclededroit.be/cercle/resumes/successions_notesdecours.doc.). De
ces deux arrêts, l'on conclut que la cause des libéralités réside dans les
motifs ou mobiles qui ont poussé le disposant à gratifier. Enfin, une cause
illicite ou immorale annule la libéralité, comme dans le droit commun. Ainsi
en est-il par exemple d'une libéralité consentie pour féliciter un crime
commis. Lorsque l’objet d’une donation consiste dans une créance que le
disposant crée sur lui-même de façon actuelle et irrévocable au profit du
gratifié, il y a donation des biens présents alors même que l’exigibilité de
cette créance serait reportée au décès du disposant (Cass. civ., 30 Novembre
1937, DH, 1938.19 ; S 1938.I.241 cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p.327).

Art. 847. — Sans préjudice des dispositions prévues au 4o de l’article 820,


la donation entre vifs ne peut comprendre que les biens présents du donateur;
si elle comprend des biens à venir, elle est nulle à cet égard.
Commentaire : Les juristes romains enseignaient que "Nemo plus iuris ad
alium transferre potest quam ipso habet" : une personne ne peut transférer à
autrui plus de droits qu'elle n'en a elle-même. En conséquence, un droit
futur, qui n'est pas encore entré dans le patrimoine du disposant, ne peut
être transféré par lui à autrui. Une libéralité qui aurait pour objet une chose
future est frappée d'une nullité absolue, car elle n'a pas d'objet certain.

Art. 848. — Toute libéralité qui comprend une chose d’autrui est nulle.
Commentaire : La nullité absolue, pour les motifs développés à la
disposition précédente, est également proposée comme la sanction d'une
libéralité dont le droit à transférer appartenant à autrui. En effet, aliéner
une chose d'autrui constitue une grave atteinte à l'ordre social établi et par

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la loi pénale. C'est donc la société toute entière qui est intéressée et non pas
seulement le disposant ni le gratifié.

Art. 849. — Une disposition entre vifs ou testamentaire, déterminée par un


mobile contraire à la loi ou aux bonnes mœurs, est de nul effet.
Commentaire : Dans les actes à titre gratuit, le contenu de la cause de la
libéralité se réduit au but poursuivi par le disposant ou au mobile qui
déclenché l'intention libérale. Celle-ci doit être licite ou conforme aux
bonnes mœurs peine de nullité. Ainsi, les libéralités déterminées uniquement
par le mobile de faire naître, entretenir ou récompenser des relations de
concubinage sont annulables. Le juge de fond apprécie souverainement si le
but de la libéralité est illicite. La preuve de la fausse cause ou de la cause
illicite peut donc se faire par tous les moyens, y compris les présomptions.
Jurisprudence : La cause d’une libéralité entre vifs ou testamentaire ne
réside pas exclusivement dans l’intention libérale du disposant, mais dans
celui des mobiles qui, in specie, l’a inspiré principalement, et qui l’a conduit
à donner ou à léguer, c'est-à-dire sa raison déterminante, des circonstances
qui ont amené le donataire et le légataire à agir, et sans lesquelles la
libéralité n’aurait pas de raison d’être (Cass. Belge, 16 Novembre 1989,
Pas. I., 165 ; Cass. Belge, 12 décembre 2008, RGDC, 2009, 236 cité par
Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p.292). Il a été
considéré que n’est pas immorale la libéralité faite par souci de compenser
le préjudice causé au gratifié par la prolongation d’une union irrégulière
(Cass. fr., 16 Octobre 1967, JCP 1967, II, 15287 cité par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p.293).

Art. 850. — Dans toute disposition entre vifs ou testamentaire, les


conditions impossibles, celles qui sont contraires aux lois ou aux bonnes
mœurs sont réputées non écrites.
Commentaire : En matière des libéralités, la condition est un événement
futur et incertain auquel le disposant ainsi que le gratifié subordonnent le
transfert du droit promis. Si la condition est en irréalisable ou contraire à
l'ordre public, la libéralité ne peut avoir aucun effet. Exemple de la
condition impossible : X fait la libéralité à Y s'il est nommé à telle fonction,
alors qu'au départ ses aptitudes ne le permettent pas. Exemple de la
condition illicite : X fait la libéralité Y s'il tue Z.

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Section V. De la quotité des biens disponibles et de la réduction

Paragraphe 1er : De la quotité disponible

Art. 851. — La portion de biens disponible soit par acte entre vifs, soit par
testament est le quart des biens du disposant.
Commentaire : Le présent texte a pour but principal de protéger les
descendants, héritiers réservataires et le patrimoine familial lui-même
contre les prodigalités excessives de leurs descendants et descendants. La
consistance de la quotité disponible est déjà fixée par l'article 760 et il l'est
dans certains cas exceptionnels à l'article 853. Toute libéralité qui
dépasserait la quotité des biens disponibles au préjudice de la réserve
héréditaire devra être réduite.

Art. 852. — Les héritiers réservataires comprennent les enfants nés dans le
mariage ou hors mariage, les enfants adoptifs ainsi que leurs descendants à
quelque degré que ce soit; ceux-ci ne sont comptés que pour l’enfant qu’ils
représentent dans la succession du disposant.
Commentaire : Nous avons vu que l’alinéa premier de l’article 758 de la loi
n° 87/010 du 1er août 1987 exclut l’enfant né hors mariage mais non affilié
du vivant de son père de l’héritage. Or les articles 591 et 592 de la même loi
sont clairs lorsqu’ils disposent que tout enfant congolais doit avoir un père.
Nul n’a le droit d’ignorer son enfant, qu’il soit né dans le mariage ou hors
mariage. De ce fait, l’intérêt supérieur de l’enfant prévaudra dans
l’établissement et les contestations relatives à sa filiation. Le législateur lui-
même d’une part punit à l’article 614 le refus pour un père d’affilier son
enfant en ces termes : « si le père refuse d’affilier son enfant né hors
mariage et lorsque en recherche de paternité est déclarée fondée, le
jugement vaut affiliation et mention en est faite dans l’acte de naissance de
l’enfant…». D’autre part, il convient de noter une discordance entre cet
article 758 et l’article 852 du code de la famille qui dit expressément que «
les héritiers réservataires comprennent les enfants nés dans le mariage ou
hors mariage, les enfants adoptifs ainsi que leurs descendants à quelque
degré que ce soit ceux-ci ne sont comptés que pour l’enfant qu’ils
représentent dans la succession du disposant ». Ici la condition d’affiliation
n’est pas évoquée pour que l’enfant né hors mariage soit classé dans la
première catégorie, donc hérite du de cujus. A la lecture de toutes ces deux
dispositions du code de la famille, il convient de retenir qu’en cas de conflit
d’intérêts entre un géniteur et dans le cas d’espèce un père et son fils, ce
sont les intérêts de l’enfant qui seront pris en compte par rapport à ceux de
son géniteur, car en principe aucun enfant ne souhaite d’être né hors
mariage enfin qu’il accepte cette discrimination et cette humiliation. De ce
fait, même si le père qu’il soit par mégarde ou volontairement n’a pas affilié
son enfant, il se peut que l’enfant s’affilie lui-même par la procédure

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judiciaire de l’action en recherche de paternité qui peut avoir comme


soubassement la possession d’état d’enfant qui s’explique souvent par la
reconnaissance sociologique et biologique, et par là nous excluons la
reconnaissance légale, qui se traduit quelque fois par la reconnaissance de
la grossesse, le paiement des frais de maternité et l’indemnisation de la
famille de la mère de l’enfant et cela sans passer malheureusement chez et
par l’officier de l’état civil pour qu’il puisse acter, par ce seul fait de la
possession d’état d’enfant on ne pourrait donc pas recourir aux témoignages
en vue de l’établissement de la paternité du géniteur vis-à-vis de l’enfant
dont on a reconnu sa grossesse, supporté son accouchement et dans la
plupart des cas supporte même sa scolarité. De toutes les manières, dans de
telles circonstances, l’autorité judiciaire ne peut pas seulement s’en tenir, se
limiter ou se cantonner à la loi quand bien même cette même loi est presque
contradictoire (voir les articles 758 et 852 CF), elle peut aussi faire appel à
l’équité et au bon sens lors de la prise de sa décision car même on sait qu’il
y a aussi de partage d’héritage à l’amiable.

Art. 853. — Si le disposant n’a pas d’enfant, la quotité disponible ne peut


excéder la moitié des biens s’il y a des héritiers d’au moins deux groupes de
la deuxième catégorie ou les deux tiers s’il n’y en a que d’un seul groupe.
Les biens ainsi réservés sont recueillis par les héritiers dans l’ordre où la
loi les appelle à succéder.
Commentaire : Voir les commentaires de l'article 782.

Art. 854. — À défaut d’héritiers des deux premières catégories, les


libéralités par acte entre vifs ou testamentaire peuvent épuiser la totalité des
biens.
Commentaire : Le disposant aura l'entière liberté de faire des libéralités
entre-vifs ou testamentaires, s'il n'a aucun héritier dans la première
catégorie ou dans la deuxième catégories.

Art. 855. — Une libéralité entre vifs faite à un héritier réservataire est
réputée un avancement d’hoirie et doit être rapportée à la succession du
disposant, si celui-ci n’a pas dispensé la libéralité du rapport.
Il en est de même de l’allotissement et de toute libéralité par testament faite
à un réservataire.
Commentaire : Cet article fait allusion à l'institution d'avancement d'hoirie
et à celle d'allotissement. Un avancement d'hoirie est une libéralité entre-
vifs faite à un héritier réservataire de la première ou de deuxième catégorie
des successibles; elle est considérée comme une avance faite à un
réservataire qui, au décès du disposant, devra la retrancher à la partie de la
réserve héréditaire à laquelle il doit prétendre. Ce dernier doit donc
rapporter à la succession du disposant la libéralité dont il a déjà bénéficié
aux fins de réduction sur la réserve. Le rapport des libéralités entre-vifs

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repose sur le principe de l'égalité des droits de tous les héritier


réservataires. Dans le même ordre d'idées, l'allotissement est par contre une
libéralité pour cause de mort faite par avance à un héritier réservataire.
Enfin, au point de vue terminologie juridique, une libéralité faite avec
dispense de rapport est synonyme de libéralité faite "par préciput" ou " hors
part".
Paragraphe 2 : Des rapports
Art. 856. — En application des articles 779 à 783, l’héritier venant à la
succession du donateur ne peut bénéficier de dons et legs recueillis avec
dispense de rapport que jusqu’à concurrence de la quotité disponible;
l’excédent est sujet à rapport.
Commentaire : Toute personne capable peut disposer de son patrimoine,
mais en le faisant il ne peut diminuer la réserve successorale; les
dispositions qui entament la réserve successorale sont rapportables.
Jurisprudence : Le droit de demander le rapport peut être exercé au nom de
chaque héritier par ses créanciers personnels suivant la voie oblique de
l’article 1166 (= 64 Code des obligations) (Cass. civ. 1ère, 12 mars 1968,
Bull. civ., i., n°97 cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais.
Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques,
mars 2013, p.237).
Art. 857. — Les dons ou legs faits avec dispense de rapport sur la réserve
successorale doivent être restitués à l’hérédité et sont, par portions égales,
partagés entre tous les cohéritiers.
Commentaire : L'article 857 oblige tous les donataires et légataires qui
auraient bénéficié des dispositions faites sur la réserve héréditaire, de les
restituer à l'hérédité au décès du disposant; elles seront, dès lors, partagées
par parts égales entre tous les cohéritiers.
Art. 858. — Le rapport des dons ou legs ne peut avoir lieu qu’à l’ouverture
de la succession du disposant.
Commentaire : Le présent article entend déterminer l'époque où devra avoir
lieu la restitution des libéralités excédentaires : ce sera à l'époque de
l'ouverture de la succession du disposant, puis que c'est à ce moment
seulement qu'a lieu la transmission générale du patrimoine du défunt à ses
héritier et légataires, suivie des opérations de partage.
Art. 859. — Le rapport comprend tout ce qui a été employé pour
l’établissement d’un des cohéritiers ou pour le paiement de ses dettes.
Commentaire : Si le donateur avait fait des frais pour installer un des
héritiers réservataires ou pour payer les dettes de ce dernier, les sommes
ainsi dépensées sont une libéralité et devront, par conséquent, être restituées
à l'héréditaire aux fins d'imputation.

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Art. 860. — Les frais de nourriture, d’entretien, d’éducation,


d’apprentissage, les frais ordinaires d’équipement, ceux des noces et des
présents d’usage ne doivent pas être rapportés.
Commentaire : La présente disposition établit une exception à la règle du
rapport des libéralités excédentaires : les frais énumérés ne seront pas
restitués à l'hérédité par leurs bénéficiaires. Ils reposent l'un ou l'autre sur
le principe de la solidarité familiale, de l'obligation alimentaire ou des
devoirs découlant du mariage.

Art. 861. — L’immeuble qui a péri par cas fortuit ou sans la faute du
donataire n’est pas sujet à rapport.
Commentaire : La présente disposition est un cas d'application particulière
de la théorie des risques. Le cas fortuit ou la force majeure est une cause
générale d'extinction non seulement des obligations mais aussi des droits
patrimoniaux.

Art. 862. — Le rapport n’est dû que par le cohéritier à son cohéritier; il n’est
pas dû aux légataires ni aux créanciers de la succession.
Commentaire : Deux conditions se dégagent de cette disposition de la loi : -
d’une part, il faut être un héritier venant à la succession. Cette condition est
une conséquence imposée à l’article 856 qui soumet au rapport toute
libéralité faite à un héritier venant à la succession du donateur. L’héritier
qui a renoncé à la succession n’est donc pas tenu de rapporter la libéralité
reçue. D’autre part, il faut être personnellement donataire. L’héritier doit
avoir été personnellement été gratifié par le défunt. Si c’est son proche qui
l’a été, il ne saurait en être bénéficiaire et ne sera donc tenu du rapport.

Art. 863. — Le rapport se fait en nature ou en moins prenant.


Commentaire : Le rapport en nature consiste en ce que les biens donnés
sont remis tels quels à l'hérédité en vue du partage. Par contre dans le
rapport en moins prenant, le donataire conserve les biens donnés, mais leur
valeur sera retranchée sur sa part dans succession.

Art. 864. — II peut être exigé en nature, à l’égard des immeubles, toutes les
fois que l’immeuble donné n’a pas été aliéné par le donataire, et qu’il n’y a
pas dans la succession d’immeubles de mêmes nature, valeur et qualité, dont
on puisse former des lots à peu près égaux pour les autres cohéritiers.
Commentaire : Dans certains cas le rapport peut être exigé en nature
particulièrement lorsque l'immeuble donné n'a pas été aliéné et qu'il n y a
pas la succession d'immeubles de mêmes nature, valeur et qualité dont on
puisse former des lots à peu près égaux pour les autres cohéritiers.

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Art. 865. — Le rapport a lieu en moins prenant, quand le donataire a aliéné


l’immeuble avant l’ouverture de la succession ; il comprend la valeur de
l’immeuble à l’époque de la réalisation.
Commentaire : S’opposant au rapport en nature, le rapport le moins
prenant suppose donc que l’héritier gratifié conserve le bien, objet de la
libéralité mais n’est tenu d’en verser seulement sa valeur dans la masse
partageable. Le rapport en moins prenant présente l’avantage de remettre
en confiance l’héritier gratifié qui se consacrera entièrement à l’exploitation
du bien donné. Mais il a l’inconvénient de ne pas respecter l’égalité en
nature. Toutefois, l’inégalité qui en résulte peut être évitée de deux
manières : d’une part, lorsqu’il a dans la succession des biens de même
nature susceptibles d’être attribués aux autres catégories ; d’autre part, ces
derniers peuvent la compenser par l’attribution des soultes.
Jurisprudence : Cependant, il a été décidé que si le bien n’est devenu
frugifère que par le fait du donataire en raison des améliorations qu’il lui a
apportées le donataire n’a pas à rapporter les fruits, car ils résultent non de
la chose donnée mais de l’activité du donataire (Cass. civ. 1ère, 14 mars
2006, Bull. civ., I., n°163 cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p.236).

Paragraphe 3 : De la réduction des libéralités excessives

Art. 866. — Toute libéralité entre vifs ou testamentaire faite à un


successible avec dispense de rapport, mais qui excède la portion disponible,
est sujette à réduction ou à retranchement.
Commentaire : Cette disposition précise la notion de libéralité successive
c'est-à-dire celle qui va au-delà de la quotité disponible.

Art. 867. — L’action en réduction ou en retranchement n’appartient qu’aux


héritiers réservataires, à leurs héritiers ou ayants cause, à l’exclusion des
donataires, des légataires et des créanciers du défunt.
Commentaire : L’exclusion des donataires et des légataires semblent
logiques étant donné que par définition l’action en réduction est dirigée
contre eux. Les créanciers sont également exclus car ces biens ne sont plus
dans le patrimoine du défunt.

Art. 868. — L’existence et l’étendue de la réserve ne peuvent être


déterminées qu’au décès du disposant et moyennant les opérations visées
aux articles qui suivent.
Commentaire : C'est au décès du disposant qu'on évalue le montant de la
réserve.

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Art. 869. — II est formé une masse de tous les biens existant au décès du
donateur ou testateur.
Après la déduction des dettes, la masse comprend les biens dont le défunt
a disposé entre vifs, d’après leur état à l’époque des donations et leur valeur
au temps du décès, sous réserve des dispositions de l’article 865.
Commentaire : En vue de faciliter les opérations de partage de l'hérédité et
d'éviter qu'une personne ne soit appauvri de son vivant par ses parents, cet
article détermine l'époque où devra avoir lieu le calcul de la réserve et la
formation de la masse successorale.

Art. 870. — Les diverses libéralités sont imputées, eu égard à la qualité des
héritiers, les unes sur la réserve, les autres sur la quotité disponible.
Commentaire : La qualité d'héritier est importante lors des opérations du
partage de la succession. En effet, seront imputées sur la réserve les
libéralités faites à un héritier réservataire parce qu'elles sont considérées
comme un avancement d'hoirie. Tandis que les libéralités faites aux héritiers
ordinaires s'imputent sur le disponible.

Art. 871. — Les donations entre vifs ne peuvent être réduites qu’après avoir
épuisé la valeur de tous les biens compris dans les dispositions
testamentaires; le cas échéant, cette réduction se fait en commençant par la
dernière donation en date.
Commentaire : La loi établit cet ordre de réduction en raison du fait que les
donations les plus anciennes en date ont été faites sur le disponible et que
seules les plus récentes risquent de dépasser celui-ci, et d’entamer la
réserve. Le donataire a la charge d’apporter la preuve de la date des
donations entre vifs dont il est gratifié. Cette preuve se révèle facile lorsque
la donation entre vifs est faite par acte authentique ou par acte sous seing
privé. Elle devient difficile dans l’hypothèse de dons manuels. La preuve par
tous moyens apparaît dans cette hypothèse admise.

Art. 872. — Lorsque la valeur des donations entre vifs excède ou égale la
quotité disponible, toutes les dispositions testamentaires sont caduques.
Commentaire : Puis que la constitution garantit l'exercice libre de droit de
propriété, toute personne peut faire entre-vifs des donations qui pourront
excéder ou égaler la quotité disponible. En ce cas, les dispositions
testamentaires qui, elles, s'imputent sur le disponible seront caduques faute
d'objet.

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CHAPITRE II
DES DONATIONS ENTRE VIFS

Section I. De la forme et des espèces des donations entre vifs

Art. 873. — La donation entre vifs est un contrat de bienfaisance par lequel
une personne, le donateur, transfère actuellement et irrévocablement un droit
patrimonial à une autre, le donataire qui l’accepte.
Commentaire : En comparaison avec l'article 819 du texte, la présente
disposition précise la notion de donation entre-vifs, en mettant l'accent sur
l'élément contractuel, sur l'époque du transfert et la manière dont le bien
donné sort de patrimoine. Alors que dans une disposition pour cause de
mort, le testament prend naissance dans la volonté unilatérale et que le
transfert du droit n'a lieu qu'au décès du testateur, la donation résulte du
concours des volontés de deux ou plusieurs personnes, et le bien donné sort
actuellement et une fois pour toutes du patrimoine du disposant. Le
donataire devient propriétaire par la volonté du donateur.

Paragraphe 1er : De la forme des donations entre vifs

Art. 874. — II est permis de disposer de ses biens dans les formes visées aux
articles suivants et dans les limites permises par la loi.
Commentaire : La présente disposition a une portée générale et met l'accent
sur la libéralité que la loi reconnaît aux parties en ce qui concerne les
variétés des donations et ce dans le cadre du présent chapitre et dans les
formes prescrites par la loi.

Art. 875. — La donation entre vifs ne produit d’effet qu’au jour de son
acceptation expresse par le donataire.
L’acceptation est faite du vivant du donataire soit par acte authentique,
soit par acte sous seing privé.
Elle n’engage le donateur qu’à la date où elle lui est notifiée.
Commentaire : La présente disposition est une conséquence de ce que la
donation est un contrat dont la formation résulte du concours des
consentements du donateur et du donataire. La manifestation de volonté
chez le donataire doit, à peine de nullité, revêtir deux formes : l'acceptation
constatée par un acte authentique ou sous seing privé et la notification de
l'acceptation. Cette dernière formalité devra s'effectuer par exploit
d'huissier. Ces formalités sont destinées à faciliter la charge de la preuve
des libéralités, quand il s'agira soit de les rapporter soit de les réduire.
Jurisprudence : Autrement dit, la présence du donataire à l’acte et sa
simple signature ne suffisent pas pour la validité de la donation (Cass. civ.
1ère du 2 mars 1999, Bull. civ. I., n° 74). L’acte doit avoir nécessairement la
mention de l’acceptation de la donation, c'est-à-dire une déclaration

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spéciale d’acceptation sans pour autant que cela soit sacramentelle. Il a été
jugé que ni l’acceptation d’une clause de l’acte de donation, ni l’attitude du
donataire se comportant en propriétaire du bien donné, ne peuvent suppléer
la mention exigée par l’article 932 (= 875 du Code de la famille) (Cass. civ.
1ère, 03 mars 1998, Bull. civ. I., n° 89 cité par Kifwabala Tekilazaya, J.P.,
Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les
Analyses juridiques, mars 2013, p.304).

Art. 876. — Sous réserve des dispositions visées à l’article 842, la donation
faite à un incapable doit être acceptée par son représentant légal,
conformément aux dispositions relatives à la capacité.
Commentaire : En rapport avec la disposition qui précède, l'acceptation des
libéralités par les incapables s'effectuera par l'intermédiaire de leurs
représentants légaux.

Art. 877. — La propriété des biens donnés n’est transférée au donataire que
pour autant que la tradition soit réalisée.
Commentaire : L'article 877 est une conséquence de ce que la donation est
un contrat consensuel pour la formation duquel l'accord des volontés suffit,
sans la remise de la chose, objet du contrat. Mais le transfert de la propriété
suppose la remise de l'objet donné.

Art. 878. — Les mineurs et les interdits ne sont point restitués contre le
défaut d’acceptation ou de transcription des donations, sauf leur recours
contre leurs tuteurs, s’il échet, et sans que la restitution puisse avoir lieu,
dans le cas même où lesdits tuteurs se trouveraient insolvables.
Commentaire : La présente disposition est une conséquence de l'article qui
précède (art. 877). Elle est aussi une des applications du principe "Nemo
auditur suam turpitudinel allegans". En effet, le défaut d'acceptation ou de
transcription d'une donation, imputable àla négligence du représentant légal
d'un mineur, d'un interdit ou d'une femme mariée ne peut légitimer la
demande en restitution du bien donné.

Paragraphe 2 : Des espèces des donations entre vifs

Art. 879. — Le don manuel résulte de la remise en propriété par le donateur


d’un bien meuble et de sa réception par le donataire.
La réception du bien donné emporte l’acceptation de la donation.
Il n’est soumis à aucune condition de forme.
Commentaire : Les dons manuels sont une pratique courante. Et leur
souplesse d'utilisation peut séduire plus d'un contribuable. Mais les pièges à
éviter sont nombreux... Le don manuel résulte de la remise en propriété par
le donateur d’un bien meuble et de sa réception par le donataire (art. 879).
La loi n’impose aucune obligation de forme pour sa validité. La preuve d’un

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don manuel est difficile à fournir en raison de l’absence d’écrit. Elle est
pourtant requise lorsque le donateur veut reprendre le bien donné ou
lorsque ses héritiers réclamant la révocation, le rapport ou la réduction de
la donation. En effet, en principe, une donation doit être formalisée par un
acte. Le don manuel échappe à la règle puisqu'il consiste en une simple
remise matérielle d'un bien meuble quelconque : un objet, un meuble, une
somme d'argent, un chèque, voire des valeurs mobilières. Aucune condition
de forme n'est exigée. Le don manuel se distingue du « présent d'usage » qui
se caractérise par sa faible valeur au moment de la transmission (en
fonction de la fortune du donateur) et par le fait qu'il est motivé par un
usage social (mariage, anniversaire, etc.). Le don manuel peut se faire par
simple jeu d'écritures (virement bancaire de fonds ou de titres, etc.). Les
bateaux et avions ne peuvent faire l'objet d'un don manuel puisqu'ils exigent
des formalités spéciales de publicité. En droit belge, l'existence du don
manuel est soumise aux règles générales de la preuve : acte écrit pour les
biens de plus de 1 500 euros ou témoignage quand il y a commencement de
preuve par écrit (écritures bancaires, etc.) ou impossibilité morale d'établir
un écrit (entre parents proches, par exemple).
Jurisprudence : Lorsque le disposant a entendu garder la maîtrise du bien
donné par n’importe quel mécanisme, il n’y a pas dans ce cas de don manuel
(Cass. civ. 1ère, 19 Novembre 1996, D. 1997, Somm. 365 cité par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p.311).

Art. 880. — Tout acte à titre onéreux qui simule la transmission gratuite
d’un bien est réputé une donation déguisée.
Celle-ci n’est valable qu’autant qu’elle ne constitue pas une fraude à la
loi ou aux droits des tiers.
Commentaire : La donation déguisée est celle qui se présente sous
l'apparence d'un acte à titre onéreux (vente principalement), mais dissimule
une libéralité. Ainsi en est-il par exemple de la vente fictive, de la vente
fictive, de la reconnaissance d'une dette inexistante... En cas de vente, la
donation déguisée est valable si les conditions de forme requises pour la
vente, dont elle emprunte l'apparence, et les conditions de fond des
donations sont réunies. La loi interdit cependant les donations déguisées
faites en fraude à la loi ou qui portent atteintes aux droits des tiers (art. 880
al. 2 CF). Sauf présomption légale, la preuve de la dissimulation doit être
apportée. Tous les moyens sont autorisés. Comme la donation indirecte, la
donation déguisée est normalement rapportable. Elle peut être réduite si elle
porte atteinte à la réserve des autres héritiers (mais ceux-ci ne peuvent
demander son annulation totale).
Jurisprudence : Les libéralités faites sous le couvert d’actes à titre onéreux
sont valables lorsqu’elles réunissent les conditions des actes dont elles
empruntent l’apparence, les règles auxquelles elles sont assujetties quant au

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fond étant celles propres aux actes à titre gratuit (Cass. civ. 1ère, 29 mai
1980, Bull. civ. I., n° 164). Un contrat de vente ne peut être déclaré nul pour
simulation d’une donation qu’autant qu’il aurait eu pour objet de déguiser
une libéralité au profit d’une personne incapable (Civ. 31 mai 1813 cité par
Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux.
Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p.314).

Art. 881. — Toute stipulation pour autrui, toute remise de dette, toute
renonciation translative d’un droit ou tout paiement pour autrui qui se réalise
à titre gratuit et sans simulation est réputé une donation indirecte.
Commentaire : L’article 881 CF cite quatre cas de donation indirecte :
"stipulation pour autrui" (art. 21 CCL III), une remise de la dette (art. 174
CCL III), une renonciation à un droit (renonciation "in favorem"), à
succéder notamment et tout paiement pour autrui. Par exemple André qui
ape une dette de Philippe, à qui il ne doit rien. On peut considérer cette liste
comme exemplative et y inclure aussi par exemple un achat d'un bien pour
un autre, une souscription au profit d'un tiers d'un contrat d'assurance-vie...
La donation indirecte faite à une personne appelée par la suite à la
succession du donateur est présumée faite en avancement départ
successorale, donc rapportable, sauf volonté contraire du donateur et cas
particulier de l'assurance-vie. S'il dissimule la libéralité qui lui a été
consentie, cet héritier peut se rendre coupable de "recel successoral". Les
conditions de validité des donations indirectes sont les mêmes que celles de
tout libéralité. Mais les donations indirectes doivent aussi obéir aux
conditions de forme de l’acte juridique qui leur sert de support.

Art. 882. — Une disposition entre vifs non consécutive à une obligation
civile ou naturelle est rémunératoire lorsqu’elle est faite en récompense de
services rendus.
Commentaire : La donation rémunératoire est celle qui est faite pour
récompenser de services. Ces sortes de donations sont plutôt un payement
qu'une donation proprement dite: cependant elles sont assujetties à la
formalité de l'insinuation, comme les autres donations. Elle tend, souligne
l’article 882 CF, à récompenser de services rendus au donateur par le
donataire. Ainsi, la donation rémunératoire ne vaut donation que pour ce
qui excède la valeur de la rémunération ou de la charge.
Jurisprudence : Par définition, toute donation qualifiée de rémunératoire,
doit, en principe, échapper au rapport successoral ou encore à la réduction
successorale. Cela est logique car la donation rémunératoire est par
définition un paiement. C’est dans ce sens que s’est prononcé la Cour de
cassation de France en 2006 dans l’affaire un litige M. Sciandra c/
Directeur des services fiscaux de Paris-Ouest dont voici le résumé des faits :
‘‘M. Sciandra avait rendu, sur une longue période, des services à une dame
âgée. Quelques mois avant sa mort, elle lui fait deux dons manuels par

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chèques émis les 2 novembre 1992 et 14 avril 1993 pour un montant global
de 1,05 million de francs [un peu plus de 160 K€]. La dame décèdera le 2
juillet 1993 et laisse notamment pour légataire à titre particulier M.
Sciandra. À la suite du contrôle de la déclaration de succession déposée par
les héritiers, l'administration fiscale a notifié, le 6 juillet 1998, un
redressement concernant les deux dons manuels qu'elle entend rapporter à
la succession et a ensuite délivré, le 17 août 1998, un avis de mise en
recouvrement pour obtenir paiement des droits de mutation à titre gratuit.
Par un arrêt confirmatif (Paris, 15 avr. 2005.), M. Sciandra a obtenu la
décharge de ces droits et devant la cour de cassation (Com. 19 déc. 2006,
pourvoi n° 05-17086, M. Sciandra c/ Directeur des services fiscaux de
Paris-Ouest.), l'administration reproche aux juges du fond d'avoir accueilli
la demande alors qu'"échappe à la qualification de donation, la libéralité
ayant en réalité pour objet de rémunérer les services évaluables en argent
rendus par le donataire au donateur, à condition toutefois qu'il y a
équivalence entre la valeur des biens donnés et celle des services rendus" et
il convenait donc, selon l'administration, "de rechercher et comparer les
valeurs respectives de la somme donnée et de la contrepartie alléguée en vue
de déterminer si elles étaient ou non équivalentes". Au cas particulier, la
cour suprême approuve la cour d'appel qui avait retenu que l'intéressé
"avait rendu sur une longue période à Anne Gruner des services d'une
qualité exceptionnelle", de sorte que la somme versée avait eu pour
contrepartie le travail fourni’’. (Source : http// :avocats.fr Consulté le 28
décembre 2017).

Art. 883. — Toute disposition entre vifs faite en considération d’un prochain
mariage est une donation en faveur du mariage.
Elle est régie par le chapitre IV du présent titre.
Commentaire : La donation en faveur du mariage est celle qui est faite en
prévision du mariage, soit par l’un des futurs époux à l’autre, soit par des
tiers, parents ou étrangers à la famille. Elle est soumise à la condition de la
célébration du mariage pour lequel elle a été consentie. Si ce mariage ne se
réalise pas, elle est caduque (art. 906 CF).

Art. 884 : Ancien.


Pendant le mariage, il est permis aux époux de se faire toute espèce de
donation.
Les donations entre époux sont régies par les dispositions du chapitre IV
de la présente loi.

Art. 884 : Modifié.


Pendant le mariage, il est permis aux époux de se faire toute espèce de
donation.

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Les donations entre époux sont régies par les dispositions du chapitre IV
du présent titre.
Commentaire : Il s’agit d’une donation consentie par un époux à l’autre
pendant le mariage. En légiférant sur les libéralités, le législateur n’a pas
voulu perdre de vue les abus auxquels donne souvent lieu ce genre d’acte.
En effet, les libéralités entre époux peuvent prêter à des abus d’autorité d’un
époux sur l’autre, au chantage (en l’inconduite de l’époux donateur), voire à
l’exploitation par l’époux donateur. Etant des donations valables, les
libéralités entre époux obéissent cependant à certaines règles spéciales eues
égard aux dangers décrits ci-dessus. Aussi, la loi déclare-t-elle que les
libéralités entre époux sont toujours révocables (art. 889 CF). Lors de la
modification du code de la famille en 886 il a été rajouté une précision qui
manquait selon laquelle le chapitre IV y visé est celui du « présent titre » et
non pas de la « présente loi » comme le faisait lire l’ancien article.
Jurisprudence : Ne viole pas les articles 33, 201 et 202 du Code civil
congolais, livre III, le juge d’appel qui a ordonné la vente et le partage du
prix d’un immeuble ayant fait l’objet d’une donation entre époux, étant
donné qu’il s’est fondé sur la preuve littérale contraire de l’inexistence dudit
acte de donation faite à l’épouse, apportée par le mari, soit un acte notarié
de rétrocession d’immeuble établi en période non suspecte et confirmé par
un jugement civil définitif (CSJ, 9 janvier 1998, RC 2128, Bull. Arr. Années
1990 à 1999, Kinshasa, Ed. Service de Documentation et d’Etudes du
Ministère de la Justice, 2003, pp. 314-318). Ne viole pas les articles 493 et
884 du code de la famille, le juge d’appel auquel il est reproché d’avoir
révoqué indirectement la donation avenue entre époux, car il n’a jamais
révoqué ladite donation, mais plutôt constaté que celle-ci a été révoquée
pour ingratitude par le mari, à une époque non suspecte, et que la
révocation [a] été confirmée par jugement définitif (CSJ, 9 janvier 1998, RC
2128, Bull. Arr. Années 1990 à 1999, Kinshasa, Ed. Service de
Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice, 2003, pp. 314-318).
N’a pas révoqué la donation faite à l’épouse et n’a donc pas violé les
articles 493 et 884 du Code de la famille, le juge d’appel qui a constaté que
cette donation a été révoquée par le mari pour cause d’ingratitude de son
épouse (CSJ, RC 2128, 15 avril 1998, Affaire Marie Josée C/Rémy, Recueil
analytique de jurisprudence du Congo, Volume V, Fascicule unique, 2000, p.
22).

Section II. Des conditions de fond

Art. 885. — Toute donation entre vifs faite sous des conditions dont
l’exécution dépend de la seule volonté du donateur est nulle.
Commentaire : Il s’agit ici d’une mise en application de l’article 72 CCL III
qui déclare nulle toute obligation contractée sous une condition potestative
de la part de celui qui s’oblige. Ainsi, en matière de donation la loi proscrit

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la condition potestative pure et simple dans laquelle le donateur se réserve


le droit de révoquer la donation, soit de décider dans quel cas elle sera
résolue. La condition potestative estcelle qui fait dépendre l'exécution de la
convention d'un événement qu'il est au pouvoir de l'une ou de l'autre des
parties contractantes de faire arriver ou d'empêcher.

Art. 886. — Est nulle la donation qui impose au donataire de payer des
dettes ou charges du donateur, autres que celles qui existaient à l’époque de
la donation ou qui seraient exprimées dans l’acte de donation.
Commentaire : Il s’agit des dettes ou charges qui n’existent pas au moment
de la donation ou qui n’étaient pas exprimées dans l’acte de celle-ci.

Art. 887. — Toute donation entre vifs dans laquelle le donateur se réserve le
droit de disposer d’un ou de plusieurs biens donnés est nulle à cet égard.
Commentaire : Mais cette disposition peut être contournée, notamment en
recourant à l’usufruit. Le donateur peut disposer à titre gratuit en
conservant la jouissance du bien donné. Dans l’hypothèse d’une donation
d’une maison faite par un père à ses enfants par exemple, le donateur aura
intérêt généralement à opter pour l’usufruit : il restera dans le logement et
percevra les revenus de tous les autres biens lui permettant d’assurer son
niveau de vie. Les héritiers seront seulement nus propriétaires de la maison
dont ils recouvreront la propriété au décès de leur parent usufruitier.

Art. 888. — II est permis au donateur de faire la réserve à son profit ou de


disposer au profit d’un autre de la jouissance ou de l’usufruit des biens
meubles ou immeubles donnés.
Commentaire : La donation ayant pour objet le transfert actuel et
irrévocable d'un droit patrimonial, celui-ci peut être soit le droit de
propriété lui-même, soit un de ses démembrements, à savoir la jouissance ou
l'usufruit. Le donateur peut donc se réserver l'usufruit des biens qu'il donne
et en ce cas, l'opération équivaut à une donation irrévocable de la nue
propriété. La réserve d'usufruit n'est pas une charge pouvant grever une
libéralité ; elle est donc permise.

Section III. Des exceptions à la règle de l’irrévocabilité des donations


entre vifs

Art. 889. — Toutes donations entre époux faites pendant le mariage quoique
qualifiées entre vifs sont toujours révocables.
Commentaire : En matière des libéralités, on a souvent dénoncé une série
d'abus auxquels elles donnent lieu. Entre les époux, ces abus peuvent revêtir
une certaine gravité non seulement pour les époux eux-mêmes, mais aussi
pour l'avenir de leurs enfants. Les dangers que présentent les donations
entre époux peuvent être : un abus d'autorité d'un époux sur l'autre, le

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chantage en cas d'inconduite de l'époux donateur, l'exploitation par l'époux


donataire, etc... En tenant compte de tous ces dangers et de l'intangibilité de
la réserve successorale, il est proposé que contrairement à la règle de
l'irrévocabilité, les donations entre époux soient révocables.

Art. 890. — Toute donation entre vifs est révocable pour cause
d’inexécution par le donataire des charges sous lesquelles elle a été faite lors
même que l’inexécution est due à un cas fortuit.
Commentaire : Il s’agit en réalité des charges qui peuvent être imposées au
donataire par le donateur, soit à son profit, soit au profit de toute personne.
L’action en révocation pour cause d’inexécution des charges est, en réalité,
une application de la règle énoncée à l’article 2 du Décret du 30 juillet 1888
Code civil Livre III des Contrats et obligations conventionnelles, à propos
des contrats synallagmatiques (et la donation avec charge rentre bien dans
cette catégorie). Il résulte de là que, si le donataire n’exécute pas la charge
qu’il a promise de remplir, le donateur possède le choix ou de poursuivre
directement l’exécution directement l’exécution de la charge, ou de
demander en justice la révocation. Qui peut demander la révocation ?- Le
droit de faire révoquer la libéralité appartient toujours au donateur. Il lui
appartient même quand la charge a été stipulée par lui dans l’intérêt d’un
tiers. C’est, en effet, envers lui, donateur, que le donataire s’est obligé, et il
a toujours intérêt à exiger l’exécution de cette obligation. Dans quels cas
l’action en révocation peut-elle être intentée ?- L’action en révocation
appartient au donateur, du moment que le donataire a manqué à son
obligation d’exécuter les charges qui lui ont été imposées. Il importe peu que
l’inexécution provienne de sa mauvaise volonté, de sa négligence ou d’une
circonstance indépendante de sa volonté.

Art. 891. — La donation est également révocable pour cause d’ingratitude


ou pour cause de survenance d’enfants.
Commentaire : La révocation de la donation pour cause d'ingratitude ou de
survenance d'enfant trouve sa justification d'une part dans la méfiance que
doit manifester le législateur à l'égard des libéralités en général puisqu'elles
nuisent aux intérêts des familles et d'autre part dans le principe
d'intangibilité de la réserve successorale. En effet, les mobiles qui
déterminent, dans le chef du donateur, l'acte de libéralité résidant
généralement dans le souci de maintenir les bonnes relations d'amitié ou de
sauvegarder la solidarité familiale. Or, tout acte d'ingratitude que pourrait
commettre le bénéficiaire de la libéralité à l'égard du disposant détruit
l'amitié, désunit les familles. Il est dès lors conforme à l'équité, que le droit
autant que la morale puisse sanctionner pareil acte par sa révocation.

Art. 892. — La donation entre vifs ne peut être révoquée pour cause
d’ingratitude que dans les cas suivants :

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1. si le donataire a attenté à la vie du donateur ;


2. s’il s’est rendu coupable envers lui des sévices ou injures graves ;
3. s’il lui refuse aide et assistance en cas de besoin.
Commentaire : Cette disposition ressemble beaucoup au premier alinéa de
l’article 765 du Code de la famille, qui énumère les causes d’indignité
successorale. Mais l’héritier n’encourt l’indignité que s’il a été condamné
pour avoir donné ou tenté de donner la mort au défunt, tandis que l’article
892 n’exige pas de condamnation ; pour que la révocation soit encourue, il
suffit que la culpabilité que la culpabilité du donataire soit prouvée. Il n’est
même pas nécessaire que la tentative d’homicide tombe sous le coup de la
loi pénale, car l’article 892 emploie une formule large.

Art. 893. — La révocation pour cause d’inexécution des charges ou pour


cause d’ingratitude ou de survenance d’enfants n’a jamais lieu de plein droit.
Le tribunal saisi de la demande en révocation peut accorder des délais
pour l’exécution des charges.
Commentaire : La révocation pour cause d’ingratitude n’a jamais lieu de
plein droit, dit l’article 893. Il faut que le juge apprécie l’exactitude et la
gravité des actes reprochés au donataire. Dans le cas où le tribunal
prononce la révocation de la donation, le donataire ne sera pas tenu de
restituer les fruits par lui perçus de quelque nature qu’ils soient jusqu’au
moment de l’action. La mise en demeure préalable du donataire ne paraît
pas davantage nécessaire : elle n’est pas exigée par l’article 893 du Code de
la famille et ferait double emploi avec la citation en justice. Ce qui est hors
de doute, en tout cas, c’est que le tribunal saisi de la révocation, pourrait
accorder un délai de grâce au débiteur de bonne foi.

Art. 894. — La donation ne peut être révoquée pour cause de survenance


d’enfants au donateur sauf stipulation contraire faite dans l’acte de donation.
Commentaire : La donation ne peut être révoquée pour cause de survenance
d’enfants au donateur, sauf stipulation contraire, dispose l’article 894 du
Code de la famille. Ainsi formulé par le législateur congolais, cet article
s’oppose à la disposition équivalente du Code civil français, l’article 960
ancien, en vertu duquel ‘‘Toutes les donations entre vifs faites par des
personnes qui n’avaient point d’enfants ou de descendants actuellement
vivants dans le temps de la donation…, demeureront révoquées de plein
droit par la survenance d’un enfant…’’ Cette cause de révocation est fondée
surtout sur l’idée de la protection due aux enfants. Pour le législateur
congolais la survenance d’un enfant ne peut être une cause de révocation
d’une donation.

Art. 895. — Dans le cas où le tribunal prononce la révocation de la


donation, le donataire ne sera pas tenu de restituer les fruits par lui perçus de
quelque nature qu’ils soient jusqu’au moment de l’action.

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Commentaire : La présente disposition fait exception au principe suivant


lequel la propriété d'une chose, soit mobilière, soit immobilière, donne droit
sur tout ce qu'elle produit, et sur ce qui s'y unit accessoirement, soit
naturellement, soit artificiellement. En effet, la survenance d'enfant pouvant
justifier la révocation judiciaire de la donation n'est pas une faute que l'on
peut imputer au donateur ni au donataire. Mais pour des raisons
humanitaires et par équité d'une part, et en tenant compte du fait que la
libéralité comporte toujours un critère de gratuité, il est équitable et logique
que le donataire ne doive pas restituer les fruits produits par la chose qui lui
avait été donnée. Mais la gratuité des fruits cesse pour le donataire au
moment où le tribunal est saisi d'une demande en révocation de la donation.
Art. 896. — Dans les trois cas de la révocation visés aux articles précédents,
les biens compris dans la donation révoquée rentrent dans le patrimoine du
donateur, libres de toutes charges et hypothèques du chef du donataire.
Le donateur a, contre les tiers détenteurs des immeubles donnés, tous les
droits qu’il aurait contre le donataire lui-même.
Commentaire : Par l’effet de la révocation, tous les biens nés du chef du
donataire sur les biens donnés sont effacés. Les tiers acquéreurs de ces biens
seront obligés de les restituer ou demandeur, à moins qu’ils ne soient
protégés par la prescription acquisitive, ou par la règle ‘‘En fait de meubles
possession vaut titre’’. Ils pourraient également résister à l’action en
revendication en offrant d’exécuter la charge, au cas où cette exécution
serait encore possible de leur part.
Art. 897. — La demande en révocation pour cause d’ingratitude ou pour
cause d’inexécution des charges doit être formée dans l’année, à compter du
jour du fait imputé par le donateur au donataire, ou du jour où le fait a pu
être connu par le donateur.
Cette révocation ne peut être demandée par le donateur contre les
héritiers du donataire ni par les héritiers du donateur contre le donataire, à
moins que, dans ce dernier cas, l’action n’ait été intentée par le donateur ou
qu’il ne soit décédé dans l’année du fait.
Commentaire : L’alinéa 1 de l’article 897 dispose que la demande en
révocation pour cause d’ingratitude (ou pour cause d’inexécution des
charges) doit être formée dans l’année, à compter du jour du fait imputé par
le donateur au donataire, ou du jour où le fait a pu être connu par le
donateur. Dans quel délai les héritiers du donateur doivent-ils intenter
l’action ? Si le donateur est mort sans connaitre les actes commis, ils sont
certainement un an à partir du jour ils auront eux-mêmes connaissance de
ces actes. Mais si le donateur a connu les faits d’ingratitude avant sa mort,
les héritiers ne doivent jouir que du temps qui reste à courir pour compléter
l’année. Quant aux héritiers, l’alinéa 2 de l’article 897 du Code de la
famille commence par leur refuser le droit d’agir ; mais il leur permet : a)
de continuer l’instance intentée par le donateur et interrompue par son

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décès b) d’exercer l’action en révocation quand le donateur est décédé dans


l’année du fait sans l’avoir découvert. Si bien que, en réalité, l’action est
transmise aux héritiers toutes les fois qu’elle n’est pas encore prescrite au
moment du décès du donateur, car ce dernier, on va le voir, doit demander
la révocation dans un délai d’un an. Pourtant, s’il est prouvé que le
donateur avait, avant de mourir, connu l’offense commise à son égard et
cependant manifesté sa volonté de ne pas demander la révocation, l’action
passerait pas aux héritiers, car elle serait éteinte par le pardon.

Art. 898. — La révocation pour cause d’ingratitude ou pour cause


d’inexécution des charges ne peut porter préjudice ni aux aliénations faites
par le donataire ni aux hypothèques et autres charges réelles qu’il a pu
imposer sur l’objet de la donation.
En cas de révocation, le donataire est condamné à restituer la valeur des
objets aliénés, eu égard au temps de la demande, et les fruits à compter du
jour de cette demande.
Commentaire : La présente disposition est une application non seulement du
principe de la relativité des conventions mais aussi du principe de la
convention-loi. Par conséquent, les aliénations faites par le donataire et les
hypothèques qu'il aura pu imposer sur l'objet de la donation, avant la
demande en révocation, produiront tous leurs effets juridiques. Mais le
donataire sera tenu des dommages-intérêts.

CHAPITRE III
DU PARTAGE D’ASCENDANT

Art. 899. — Les père et mère et autres ascendants peuvent faire, entre leurs
enfants et descendants, le partage et la distribution de leurs biens.
Si le partage se réalise par donation entre vifs, on l’appelle donation-
partage; il est le testament-partage s’il se réalise par testament.
Commentaire : Dans la société traditionnelle, les successions ont toujours
été la source de multiples conflits parmi les membres d'une famille donnée.
L'on sait aussi que généralement le citoyen congolais n'est pas encore
entièrement acquis à l'idée de faire un testament qui devra régir les biens le
jour où il n'existera plus, puis que le testament est considéré comme un porte
malheur. Compte tenu de ces résistances du milieu traditionnel, le présent
chapitre propose une nouvelle institution, le partage d'ascendant, qui pourra
contribuer à prévenir les conflits au sein des familles et à apaiser des
consciences encore timorées à l'idée de mort. Il pourra prendre tantôt la
forme de donation-partage tantôt celle de testament-partage.

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Art. 900. — La donation-partage est soumise à toutes les conditions et


formalités que la loi impose aux dispositions entre vifs; et le testament-
partage à celles des dispositions pour cause de mort.
Commentaire : Puisque la donation-partage est une donation entre-vifs et le
testament-partage est une libéralité pour cause de mort, les deux institutions
obéissent aux mêmes conditions de fond et de forme que les libéralités
ordinaires.

Art. 901. — Les partages faits par actes entre vifs ne peuvent avoir pour
objet que les biens présents du disposant.
Commentaire : Cet article est une des applications du principe "Nemo plus
juris ad alium transferre potest quam ipse habet" qui signifie que qu'aucune
personne ne peut transférer à autrui plus de droits que ce qu'elle n'en a elle-
même. Il en découle que les biens qui n'existent pas encore, les biens à venir
ne pourront jamais faire l'objet d'un partage d'ascendant.

Art. 902. — Si tous les biens que l’ascendant laisse au jour de son décès
n’ont pas été compris dans le partage, ceux de ces biens qui n’y ont pas été
compris, sont partagés conformément à la loi.
Commentaire : En vertu du principe de l'autonomie de la volonté, un acte
juridique ne peut produire les effets que ceux que les parties à l'acte ont
voulu réaliser. Ainsi, en matière de partage, les règles ordinaires régiront
ceux des biens que l'ascendant aura exclus du partage.

Art. 903. — Tous les enfants et les descendants des enfants prédécédés,
excepté celui ou ceux exclus pour cause d’indignité ou d’ingratitude, ont les
mêmes droits au partage fait par leurs ascendants.
En cas d’omission, le partage est nul.
L’action en nullité appartient aux enfants et à leurs descendants qui n’ont
reçu aucune part ainsi qu’à ceux entre qui le partage avait été fait.
Commentaire : De même que la survenance d'enfant est cause de
révocabilité de toute donation, de même l'omission d'un enfant au partage
opéré par l'ascendant entraîne la nullité absolue de l'acte. La présente
disposition entend ainsi sauvegarder l'égalité de tous les enfants dans la
succession de leurs ascendants.

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CHAPITRE IV
DES INSTITUTIONS CONTRACTUELLES

Art. 904. — Toute personne ne peut disposer, à titre gratuit, de tout ou partie
des biens qui auront composé sa succession, qu’au profit d’un futur époux ou
d’un époux et au profit des enfants à naître de leur mariage dans le cas où le
donateur survit à l’époux donataire.
Le donateur s’appelle l’instituant et le donataire l’institué.
Commentaire : La Constitution ainsi que les lois particulières garantissent
la jouissance paisible et l'exercice libre du droit de propriété. Ainsi toute
personne peut, pour l'époque où elle n'existera plus, attribuer à une autre,
qu'elle soit son héritière légale ou non, une partie de son patrimoine. L'acte
équivaut à une institution d'héritier; s'il se réalise uniquement au profit d'un
enfant, d'un époux ou d'un futur époux, il correspond à une institution
contractuelle. Cette dernière, constitue à côté de la substitution
fidéicommissaire, une des modalités de la succession contractuelle.

Art. 905. — Toute institution contractuelle, quoique faite au profit


seulement des époux ou de l’un d’eux, est toujours, dans le cas de survie du
donateur, présumée faite au profit des enfants et descendants à naître du
mariage.
Commentaire : En application du droit successoral, les enfants et leurs
descendants à naître d'un mariage qui aura été la cause d'une institution
contractuelle, acquièrent la qualité de successible du fait de l'institution au
profit de leurs père et mère ; il s'agit toutefois d’une présomption.

Art. 906. — Toute donation faite en faveur du mariage est caduque si le


mariage ne s’ensuit pas.
Commentaire : Le mariage étant la cause déterminante de l'institution
contractuelle, celle-ci ne produira aucun effet si le mariage n'a pas lieu.

Art. 907. — La donation faite à l’un des époux devient caduque si


l’instituant survit à l’institué et à sa postérité.
Commentaire : Puisque seul le décès de l'instituant opère l'aliénation des
biens dans l'institution, celle-ci sera également sans effet si l'instituant survit
à l'époux donataire et à sa postérité. L'institution contractuelle est donc
soumise à deux conditions : le mariage de l'institué et le décès de l'instituant.

Art. 908. — Toute institution contractuelle doit, à peine de nullité, être


stipulée par acte authentique établi soit par un notaire, soit par un officier de
l’état civil.
L’institution contractuelle est portée à la connaissance de l’officier de
l’état civil, soit au moment de l’enregistrement du mariage, soit au moment
de sa célébration, soit dans l’acte de mariage.

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Elle n’est opposable aux tiers que lorsque l’officier de l’état civil en porte
mention dans l’acte de mariage.
Dans les cas visés aux alinéas précédents, l’officier de l’état civil portera
la mention de la donation dans l’acte constatant le régime matrimonial des
époux.
Commentaire : Les conditions de forme que prescrit l'article 908 ont pour
but d'alléger le fardeau de la preuve de la libéralité au décès de l'instituant.
Un écrit (acte authentique) pourra mieux établir les droits de l'institué que
les simples présomptions ou témoignages.

Art. 909. — L’institution contractuelle ne s’ouvre qu’à la mort de


l’instituant.
Commentaire : Puisque l'institution contractuelle confère à l'institué la
qualité de successible, et que la succession de l'instituant ne s'opère qu'à son
décès, l'institution contractuelle opère au même moment. Ainsi,
contrairement à la donation ordinaire, l'instituant n'aliène pas actuellement
les biens compris dans l'institution, mais il s'interdit seulement d'en disposer
encore à titre gratuit. Par conséquent les biens compris dans l'institution
contractuelle peuvent être saisis par les créanciers de l'instituant, puis que
la saisie est un acte à titre onéreux.
Jurisprudence : Il a été décidé que la faculté de disposer à titre onéreux est
d’ordre public (Civ. 5 Juillet 1928, D.1929.I.43 cité par Kifwabala
Tekilazaya, J.P., Droit congolais. Régimes matrimoniaux. Successions.
Libéralités, Les Analyses juridiques, mars 2013, p. 146).

Art. 910. — L’institution contractuelle est révocable pour cause


d’inexécution des charges imposées à l’institué ou pour cause d’ingratitude.
Commentaire : Entant une donation entre-vifs, l'institution contractuelle
peut être révoquée pour les mêmes causes que les libéralités entre-vifs.

CHAPITRE V
DES SUBSTITUTIONS FIDÉICOMMISSAIRES

Art. 911. — Hormis les prohibitions établies par la loi, toute personne peut
attribuer un bien à une première personne, à charge pour celle-ci de
transmettre le même bien, après sa mort, à une seconde.
Le premier gratifié se nomme le grevé, le second, l’appelé.
Commentaire : Les pactes sur les successions futures sont généralement
prohibés. Ce sont essentiellement des raisons de moralité qui étaient à
l’origine de cette prohibition : la crainte de la spéculation sur la mort d’une
personne vivante dans le but de protéger le défunt contre la cupidité de ses
proches. Il était donc considéré comme immoral car traduisant un votum
mortis, avec le risque, réel à certaines époques, de passage à l'acte. Mais il
y avait également des raisons d’équité tenant notamment à l’atteinte à

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l’égalité successorale et la réserve héréditaire (la part successorale


minimum réservée à certains héritiers). Sous l'Ancien Régime français, la
substitution fidéicommissaire fut utilisée comme un instrument de
conservation du patrimoine familial et de mise en œuvre du droit d'aînesse
sur certains biens. M. Michel Grimaldi rappelle ainsi que : ‘‘Par des
substitutions graduelles, c'est-à-dire à plusieurs degrés, voire perpétuelles,
la noblesse assurait tout à la fois l'accroissement progressif de la fortune
familiale, essentiellement foncière, et sa concentration entre les mains de
l'aîné de chaque génération. Cet usage de l'institution explique son histoire :
le pouvoir royal, qui redoutait les trop fortes puissances familiales, prohiba
la substitution au-delà de deux générations ; la Révolution, tout à la fois
hostile à la famille comme aux institutions nobiliaires, l'abolit purement et
simplement’. D’où le principe de la prohibition des pactes sur succession
future. Selon ce principe, on ne peut valablement conclure un acte ayant des
effets définitifs sur une succession éventuelle. Ainsi, on ne peut renoncer à
l’avance à la succession à laquelle on sera appelé. De même, quel que soit
le caractère onéreux ou gratuit de l’acte, on ne peut transmettre les droits
que l’on tiendra dans la succession d’une autre personne. Mais le
législateur congolais du Code de la famille, soucieux de restaurer la famille
mais non de ressusciter les privilèges successoraux, maintint la prohibition
tout en y apportant certaines exceptions au profit de la proche famille. Tels
sont les cas de l’institution contractuelle et de la substitution
fidéicommissaire. La présente disposition met l'accent sur l'élément
constitutif de la substitution fidéicommissaire, à savoir l'ordre donné au
bénéficiaire de transmettre, après sa mort, le même bien à ses enfants déjà
nés et aux enfants à naître de ces derniers.
Jurisprudence : Obligation de conserver et de transmettre. Il doit s’agir
d’une véritable obligation civile de sorte qu’une simple obligation morale ne
suffirait pas à constituer une substitution fidéicommissaire (Civ. 1ère, 19
mars 1963, Bull. civ.1963.I., n° 172 par Kifwabala Tekilazaya, J.P., Droit
congolais. Régimes matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses
juridiques, mars 2013, p. 152).

Art. 912. — Sont prohibées les substitutions par lesquelles le donataire,


l’héritier institué ou le légataire est chargé uniquement de conserver et de
transmettre un bien à un tiers.
Commentaire : L'article 912 entend enrayer la pratique de la "main morte"
qui, pendant plusieurs années, soustrait un bien de la circulation
économique. Ainsi, si le bénéficiaire ne peut jouir du bien donné, la
libéralité est nulle.

Art. 913. — Les substitutions fidéicommissaires sont permises entre père et


mère, entre frères et sœurs.

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Les uns et les autres peuvent disposer de leurs biens, en tout ou en partie,
soit en faveur d’un ou de plusieurs de leurs enfants, soit en faveur des frères
et sœurs, par acte entre vifs ou testamentaire, avec la charge de rendre ces
biens aux enfants nés et à naître, au premier degré seulement desdits
donataires.
Commentaire : Les substitutions fidéicommissaires sont permises entre père
et mère, entre frères et sœurs (personnes pouvant faire la substitution). Ces
derniers peuvent disposer de leurs biens soit en faveur d’un ou de plusieurs
de leurs enfants, soit en faveur des frères et sœurs, par acte entre vifs ou
testamentaire, avec la charge de rendre ces biens aux enfants nés et à naître
(bénéficiaires de la substitution), au premier degré seulement desdits
donataires.

Art. 914. — La disposition par laquelle un tiers est appelé à recueillir le don,
l’hérédité ou le legs, dans le cas où le donataire, l’héritier institué ou le
légataire ne le recueille pas, n’est pas regardée comme une substitution et est
valable.
Commentaire : Si par une disposition un tiers est appelé à recueillir le don,
l’hérédité ou le legs, dans le cas où le donataire, l’héritier institué ou le
légataire ne le recueille pas, cette disposition n’est pas regardée comme une
substitution mais est néanmoins une donation valable.

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DES DISPOSITIONS ABROGATOIRES,


MODIFICATIVES, TRANSITOIRES
ET FINALES

TITRE Ier
DES DISPOSITIONS ABROGATOIRES

Art. 915 (Abrogé)54.


Commentaire : L’abrogation de cette disposition prive le droit international
privé congolais de soubassement commun. Le titre II qui restait après
l’abrogation du Livre 1er du Code civil en 1987 a constitué la matrice du
droit international privé congolais. Etant donné que l’article 915 CF est
abrogé à ce jour, cela signifie que les dispositions du droit international
privé doivent être maintenant recherchées çà et là dans divers textes
existants. Il s’agit par exemple de l’article 24 du Décret du 30 Juillet 1888
portant contrats ou obligations conventionnelles55, art. 1er, al. 1er56 et 6, al.
1er57 du Code du travail tel que modifié et complété à ce jour58, les
dispositions pertinentes de la loi organique sur les juridictions de l’ordre
judiciaire59. Il y a lieu de préciser que toutes les questions de droit

54
Sont abrogés le Code civil, livre l ainsi que ses mesures d’exécution, à l’exception du titre
II.
55
Art. 24 : L’état et la capacité des personnes, ainsi que leurs rapports de famille, sont régis
par les lois de la nation à laquelle elles appartiennent.
56
Article 1er : Le présent code est applicable à tous les travailleurs et à tous les employeurs, y
compris ceux des entreprises publiques exerçant leur activité professionnelle sur l’étendue
de la République démocratique du Congo, quels que soient la race, le sexe, l’état civil, la
religion, l’opinion publique, l’ascendance nationale, l’origine sociale, la nationalité des
parties, la nature des prestations, la rémunération et le lieu de conclusion du contrat, dès lors
que ce dernier s’exécute en République démocratique du Congo. Il s’applique également
aux travailleurs des services publics de l’Etat engagés par le contrat de travail.
57
Art. 24 : L’état et la capacité des personnes, ainsi que leurs rapports de famille, sont régis
par les lois de la nation à laquelle elles appartiennent.
58
Loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 modifiant et complétant la loi n° 015-2002 du 16 octobre
2002 portant code du travail.
59
Art. 119 sur l’exécution des décisions étrangères ; art. 120 sur l’exécution des sentences
arbitrales étrangères ; art. 121 sur l’exécution des actes authentiques dressés à l’étranger ;
art. 132 sur la compétence du juge en matière mobilière (lieu de naissance ou d’obligation
de contrat) : disposition à contrebalancer avec le principe bien établi en droit international
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international privé ne sont pas nécessairement réglées par les textes épars.
D’où les questions de ce domaine tomberont bien sous le coup de la
coutume, des principes généraux de droit et de la jurisprudence à défaut de
loi par l’effet des modes de rattachements habituellement retenus en droit
international privé.

Art. 916 (Abrogé)60.


Commentaire : Les différents textes de loi visés par cet article ont été
abrogés lors de la promulgation du Code de la famille en 1987. D’où
l’inutilité de cet article.

Art. 917 (Abrogé)61.


Commentaire : Les différents textes de loi visés par cet article ont été
abrogés lors de la promulgation du Code de la famille en 1987. D’où
l’inutilité de cet article.

Art. 918 (Abrogé)62.


Commentaire : Les différents textes de loi visés par cet article ont été
abrogés lors de la promulgation du Code de la famille en 1987. D’où
l’inutilité de cet article.

Art. 919 (Abrogé)63.


Commentaire : Les différents textes visés par cet article ont été abrogés lors
de la promulgation du Code de la famille en 1987. D’où l’inutilité de cet
article.

privé sur l’autonomie de la volonté ; art. 136 sur la compétence du juge de la situation de
l’immeuble ; art. 137 sur la compétence du juge du lieu d’ouverture de la succession ; art.
138 sur la compétence du juge en cas de succession ouverte à l’étranger ; art. 147 et 148 sur
les conditions pour assigner les étrangers en RDC.
60
Sont abrogées les dispositions de la loi 73-022 du 20 juillet 1973 relatives au nom des
personnes physiques ainsi que ses mesures d’exécution.
61
Sont abrogées les dispositions relatives à l’état civil prévues par l’ordonnance 21-219 du 29
mai 1958 telle que modifiée par l’ordonnance 69-067 du 25 février 1969.
62
Sont abrogés le décret du 4 août 1952 relatif à la tutelle à exercer par l’État sur certaines
catégories d’enfants et l’ordonnance d’exécution 21-396 du 15 novembre 1954.
63
Sont abrogés: a) le décret du 9 juillet 1936 relatif à la protection de la jeune fille impubère;
b) l’ordonnance législative 37/AIMO du 31 janvier 1947 relative à la polyandrie; c) le
décret du 5 juillet 1948 relatif au mariage monogamique indigène et ses mesures
d’exécution; d) le décret du 25 juillet 1948 relatif à l’adultère et à la bigamie; e) le décret du
15 juillet 1949 relatif à l’abandon de famille ; f) le décret du 4 avril 1950 relatif à la
polygamie.

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Art. 920 (Abrogé)64.


Commentaire : Le texte visé par cet article a été abrogé lors de la
promulgation du Code de la famille en 1987. D’où l’inutilité de cet article.

Article 920 bis — Sont abrogés l’alinéa 2 de l’article 18, les articles 19 et 20
de la Loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
Commentaire : Cette disposition a abrogé les articles de la loi portant
protection de l’enfant qui fixaient les conditions quant à l’adoption
internationale d’une part et celles liées à la personne de l’adoptant puisque
le Code de la famille a eu vocation à en fournir une meilleure formulation. Il
y a lieu d’observer que les articles 18, al. 2 et 19 LPE visaient l’adoption de
« tout enfant » par un étranger. La question qui se pose est celle de la
protection des enfants étrangers adoptés par des étrangers au Congo.
Certainement que l’article 593 CF pourrait être utilisé avec sa condition
malheureuse de « réciprocité » lorsqu’il s’agira de protéger les droits des
enfants étrangers.

64
Est abrogé l’article 232 de la loi 80-008 du 18 juillet 1980 modifiant et complétant la loi
73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des sûretés.

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TITRE II
DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET MODIFICATIVES

Art. 921 (Abrogé)65.


Commentaire : Cette disposition a été abrogée. Pourtant elle portait sur
l’application dans le temps de la loi au regard des conséquences
administratives qu’entrainait la nouvelle philosophie en matière
d’attribution des noms au Zaïre, à l’époque. Est-ce pour dire que la question
ne se pose plus à ce jour ? Nous pensons au contraire que cette disposition
aurait dû être reformulée au lieu d’être abrogée. Elle pouvait comporter un
alinéa sur l’application dans le temps du contenu de l’article 56 CF. Cette
disposition a introduit un alinéa 2 qui fixe les éléments du nom et leur ordre.
En effet, lorsque le nom est constitué de plusieurs éléments, ceux-ci sont
présentés dans l’ordre ci-après : « le prénom, le nom et le post-nom ». Or,
depuis l’entrée en vigueur de cette loi modificative, les documents
administratifs, dans leur majorité, ou bien pour citer les plus intéressants à
savoir la carte d’électeur, le passeport biométrique et même certains actes
de l’état civil, ou d’autres documents fréquemment sollicités tels que
l’extrait du casier judiciaire ou le certificat de nationalité risquent de
continuer à être délivrés en ne respectant pas cet ordre fixé à l’article 56
CF. Donc, il aurait fallu un alinéa qui précise que les documents
administratifs comportant l’identification valide sous l’ancienne loi restent
valables mais que l’Administration devrait mettre en œuvre toute sa machine
pour modifier ses formulaires d’actes à délivrer ultérieurement. Un autre
alinéa aurait pu régler la question de la carte d’identité comme le faisait
l’ancienne législation en élaguant biens sûr l’allusion faite à la preuve du
nom puisque seul l’acte d’état civil prouve le nom. A l’heure actuelle, les
congolais n’ont pas de véritable carte d’identité. Mais ce n’était pas une
raison pour que le législateur laisse le champ vide.

65
La carte d’identité du citoyen zaïrois sur laquelle le nom n’est pas établi conformément aux
dispositions de la présente loi, doit être renouvelée dans les six mois, à dater de sa mise en
vigueur. Ce renouvellement constituera la preuve du nom de ce citoyen. Ne sera pas tenu de
renouveler sa carte d’identité, le citoyen qui a, sur celle-ci, un nom conforme aux
dispositions de la présente loi. Toutefois, il devra la faire viser par l’autorité administrative
de sa résidence dans les six mois à dater de la mise en vigueur de la présente loi. Lorsque
sur une carte d’identité à renouveler ou à viser, sont inscrits le ou les noms de ses enfants
mineurs, le titulaire de la carte déclarera les modifications éventuelles qui doivent être
apportées au nom des enfants inscrits.

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Art. 922 (Abrogé)66.


Commentaire : L’abrogation de cette disposition s’est faite dans la suite de
celle qui précède. Nous pensons qu’une telle disposition n’est pas nécessaire
même si la précédente avait été retenue. En effet, suite à plusieurs difficultés
d’ordre pratique, il n’est pas sûr que tous les congolais aient eu la
possibilité d’obtempérer aux appels dans les meilleurs délais.

Art. 923. — Dans un délai de six mois à partir de leur constitution, les
conseils de tutelle examineront les cas des mineurs dont la tutelle a été
déférée à l’État, en vertu de la législation ancienne et les soumettront aux
dispositions prévues par la présente loi.
Commentaire : Il s'agit ici d'une disposition transitoire qui donne la
solution à suivre pour les mineurs qui étaient sous la tutelle de l'Etat en
vertu de l'ancienne législation.

Article 923 bis — En entendant les mesures d’exécution prévues à l’article


691 bis et la création de l’organisme public chargé des adoptions prévu à
l’article 652 de la présente loi, l’examen de nouveaux dossiers d’adoption
internationale des enfants congolais est suspendu.
Commentaire : L’article 923 bis suspend l’examen de nouveaux dossiers
d’adoption internationale jusqu’à ce que des mesures d’exécution de la loi
aient été prises. La question est de savoir qu’est-ce qu’il faut entendre par
« nouveaux dossiers ». Sont-ce les dossiers introduits après l’entrée en
vigueur de cette loi ou bien il faut y inclure les dossiers dont l’examen avait
déjà été suspendu auparavant ? Une interprétation pratique ferait que les
dossiers dans lesquels les juges ont déjà rendu une décision autre qu’une
simple mesure d’ordre intérieur n’y sont pas compris. Cette mesure de
suspension vise l’adoption internationale contrairement à la suspension
administrative qui avait été opérée précédemment. Le risque est de se
retrouver devant une suspension qui ne prendra jamais fin si jamais la
question n’apparaît pas être prioritaire pour le Premier Ministre compte
tenu du contexte actuel du pays. Une telle suspension est-elle dans l’intérêt
de l’enfant qui a droit à l’adoption aux termes de l’article 18, al. 1er LPE ?
Art. 924. — Les mariages monogamiques contractés conformément à la
coutume antérieurement à la date d’entrée en vigueur de la présente loi ainsi
que les mariages célébrés conformément au Code civil, demeurent valides.
Leurs effets extra patrimoniaux sont régis par la présente loi; celle-ci
s’applique également pour la dissolution du lien matrimonial aux unions
antérieures à sa mise en vigueur.

66
Celui qui omettra ou négligera de se soumettre aux prescriptions de l’article précédent ou
qui refusera ou négligera de répondre aux appels des autorités administratives compétentes
chargées des opérations de renouvellement ou de visa des cartes d’identité, sera puni d’une
peine d’amende pouvant aller de 10 à 200 zaïres.

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Les divorces, séparations de corps ou annulations prononcés par décision


passée en force de chose jugée avant l’entrée en vigueur de la présente loi,
produisent les effets prévus par la loi ou la coutume en vigueur au moment
où ils sont intervenus.
Commentaire : Mais que dire de la validité des mariages coutumiers et
religieux célébrés avant l’entrée en vigueur du Code de la famille ? Les
mariages monogamiques célébrés en famille avant l’entrée en vigueur du
Code de la famille, et les mariages religieux y assimilés, demeurent valides
en vertu de l’article 924.

Art. 925. — Les mariages polygyniques conclus selon la coutume avant le


premier janvier 1951 sont valides.
Commentaire : Au moment de la pénétration européenne en terre d’Afrique,
il existait deux catégories de polygamies : -il y avait la grande polygamie
qui était le fait des chefs conquérants qui imposaient à chaque groupe
conquis la livraison d’une jeune femme à leur harem ; c’est cette grande
polygamie que l’on rencontrait par exemple chez les conquérants Azande et
le grand chef Bakuba. (Voir Rapport du Conseil colonial cité dans les Codes
et Lois du Congo Belge, Tome I, p. 196). -il y avait aussi la petite polygamie,
de deux à dix femmes qui était pratiquée chez la plupart des peuplades
congolaises, par les chefs et les notables. (Voir Rapport précité). A l’heure
actuelle, on peut affirmer que la grande polygamie a disparu ; subsiste
encore la petite polygamie mais qui ne semble plus réservée uniquement aux
chefs et notables, tout en restant cependant circonscrite généralement aux
milieux coutumiers traditionnels. A ces deux catégories de polygamie est
venue s’ajouter une troisième, que le législateur colonial appelait la
polygamie de ‘‘nouveaux riches’’. Il s’agit d’une polygamie qui se
rencontrait, avant l’indépendance, surtout parmi les Congolais dont les
revenus étaient importants, par exemple les clercs, les artisans qualifiés, les
commerçants, les trafiquants de produits, etc. (Exposé des motifs du décret
du 4 avril 1950, annulant les mariages polygyniques, cité dans Codes et Lois
du Congo Belge, Tome I, p. 195). Il y a lieu d’ajouter que la polygamie de
‘‘nouveaux riches’’ revêt à l’heure actuelle une forme larvée : c’est le
phénomène vulgairement appelé ‘‘concubinage’’, consistant pour un homme
marié, à prendre en charge une femme célibataire, avec laquelle il va vivre
maritalement, après avoir remis un peu d’argent et de boisson à la famille
de la femme mais sans véritablement avoir suivi toute la procédure
coutumière du mariage. Généralement cette seconde femme ne vit pas dans
la maison où l’homme habite avec sa première femme ; il lui trouve une
maison à louer ou même lui achète ou lui construit une maison. (Voir
BAYONA-BA-MEYA MUNA KIMVIMBA, ‘‘A propos de la polygamie’’, in
Annales de la Faculté de droit, Unikin, 1978, p. 73). Dans le jargon
populaire congolais, ces différentes femmes, autres que la femme légitime,
sont également appelées ‘bureaux’. Une expression tirée du prétexte

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couramment utilisé par les hommes mariés pour aller retrouver une autre
Dulcinée : ‘‘Je suis au bureau’’ ; ‘‘j’ai beaucoup de travail au bureau.’’
Ainsi, selon qu’un homme a 1, 2 ou 3 concubines, on les désignera par 2ème,
3ème ou 4ème bureaux ; la femme légitime, légalement mariée, étant le
premier bureau. Précisons pour clore ce point qu’il n’est pas rare
aujourd’hui encore au Congo de rencontrer des couples unis par le mariage
polygamique légal. En effet, si le Code de la famille, comme le fit d’ailleurs
à l’époque coloniale le décret du 04 avril 1950, interdit le mariage
polygamique (art.408), ce même Code considère comme valides, donc
légaux, les mariages polygamiques conclus selon la coutume avant le 1er
janvier 1951 (art. 925) c’est-à-dire bien avant l’entrée en vigueur du décret
précité. Par ailleurs, quoique érigée en infraction par le Code de la famille,
la polygamie est généralement tolérée par la société et le pouvoir lorsqu’il
s’agit des mariages des chefs coutumiers.

Art. 926 : Ancien.


Sera puni de sept jours à deux mois de servitude pénale et d’une amende
de 20 à 100 zaïres ou de l’une de ces peines seulement, quiconque ayant été
condamné, par décision judiciaire désormais sans recours en opposition ou
appel, à fournir une pension alimentaire à son conjoint, à ses descendants ou
à ses ascendants sera volontairement demeuré plus de deux mois sans en
acquitter les termes.

Art. 926 : Modifié.


Est puni de sept jours à deux mois de servitude pénale principale et d’une
amende de 250.000 à 1250.000 francs congolais ou de l’une de ces peines
seulement, quiconque ayant été condamné, par décision judiciaire désormais
sans recours en opposition ou en appel, à fournir une pension alimentaire à
son conjoint, à ses descendants ou à ses ascendants sera volontairement
demeuré plus de deux mois sans en acquitter les termes.
Commentaire : Cette disposition a été modifiée seulement sur la forme :
remplacement du futur par le présent et actualisation des montants.
Cependant, il y a lieu de dire que cette disposition ne tient pas compte de
deux éléments. Premièrement, elle ne tient pas compte du caractère
réciproque de l’obligation alimentaire et de sa suspension à l’état des
ressources. Elle ne tient pas compte également du caractère fluctuant du
patrimoine d’une personne si bien exprimé à l’art. 245 de la loi dite foncière
« … biens présents et à venir … ». L’on pourrait même soutenir que la
disposition est inconstitutionnelle puisqu’elle prévoit une peine
d’emprisonnement pour une dette de nature civile (art. 61, 6 de la
Constitution). Réunissant ces éléments l’on peut soutenir que cette
disposition est contraire à la Constitution en ce qu’elle présume la
culpabilité (pénale) de celui qui fait deux mois sans exécuter un jugement en
matière civile alors que son patrimoine peut être fluctuant (art. 17 in fine de

535
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la Constitution) et elle est contraire à l’article 61, 6 de la Constitution tel


qu’expliqué plus haut.

Art. 927. — Sera punie des mêmes peines, l’inexécution dans les conditions
prévues à l’article précédent des obligations qui font l’objet des articles 480
à 485,487 et 488, 700, 717, 728 et 735 à 749 de la présente loi.
Commentaire : Le Code de la famille prévoit, en ses articles 926 et 927, des
sanctions pénales à l’encontre de l’épouse ou de l’époux qui manque à ses
obligations de secours. Ces dispositions répriment en réalité l’abandon
alimentaire, matériel et moral de la famille. Elles n’incriminent plus
spécialement ni l’abandon matériel et moral de la femme, ni l’abandon
matériel et moral de l’enfant comme sous les décrets du 5 juillet 1948 relatif
au mariage monogamique indigène et du 15 juillet 1949 relatif à l’abandon
de famille, que le Code de la famille a abrogés en son article 919. En effet,
tout en s’inspirant de l’esprit et de la lettre des anciens textes légaux de
l’époque coloniale, le Code la famille a voulu corriger le caractère
discriminatoire à l’égard de l’homme qui devait supporter seul la charge des
soins matériels et moraux au bénéfice de la femme et des enfants. Cette
perception, qui était conforme à l’impérium de l’autorité maritale et
paternelle, devait naturellement tomber dès lors que le Code de la famille a
prescrit aux époux une obligation réciproque de soin et d’entretien et que
l’autorité maritale était désormais mitigée par le principe de la codirection
du foyer conjugal et, enfin, dès lors que l’autorité parentale s’était
substituée à l’autorité paternelle.

Art. 928 : Ancien.


Les époux, ayant contracté mariage avant l’entrée en vigueur de la
présente loi, seront régis par le régime de la communauté réduite aux acquêts
avec gestion confiée au mari.
Toutefois, dans l’année qui suit l’entrée en vigueur de la présente loi, les
époux pourront par déclaration conjointe faite devant l’officier de l’état civil
de leur résidence, soit opter pour un des deux autres régimes organisés par la
loi, soit opter, dans le cadre du régime choisi par eux, pour la gestion séparée
de leurs biens propres.
Cette déclaration sera affichée dans le mois au bureau de l’état civil, à la
diligence de l’officier de l’état civil qui, en même temps, enverra copie de la
déclaration d’option pour publication au Journal officiel.
Si les deux époux ou l’un d’entre eux sont commerçants, ils devront, dans
le mois de leur déclaration, adresser en outre copie de celle-ci au registre du
commerce auquel les époux ou l’un d’eux sont inscrits.
La déclaration prend effet :
1) à dater du jour où elle est faite en ce qui concerne les époux ;
2) dans le mois qui suit son affichage par l’officier de l’état civil vis-à-vis
des tiers ;

536
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3) à dater du jour de l’inscription au registre du commerce, en ce qui


concerne les époux commerçants ou l’un d’entre eux, vis-à-vis des tiers
ayant avec eux des relations commerciales.
Après un an, si les époux n’ont pas fait de déclaration d’option, ils ne
pourront modifier le régime de la communauté réduite aux acquêts que
conformément aux dispositions ordinaires de la présente loi.

Art. 928 : Modifié.


Les époux, ayant contracté mariage avant l’entrée en vigueur de la loi n°
87-010 du 1er août 1987, sont régis par le régime de la communauté réduite
aux acquêts avec gestion concertée.
Toutefois, les époux peuvent, par déclaration conjointe faite devant
l’officier de l’état civil de leur résidence, soit opter pour un des deux autres
régimes organisés par la loi, soit opter, dans le cadre du régime choisi par
eux, pour la gestion séparée de leurs biens propres.
Cette déclaration est affichée dans le mois au bureau de l’état civil, à la
diligence de l’officier de l’état civil qui, en même temps, enverra copie de la
déclaration d’option pour publication au Journal officiel.
Si les deux époux ou l’un d’entre eux sont commerçants, ils doivent, dans
le mois de leur déclaration, adresser en outre, copie de celle- ci au registre du
commerce et de crédit mobilier auquel les époux ou l’un d’eux sont inscrits.
La déclaration prend effet :
1. à dater du jour où elle est faite en ce qui concerne les époux ;
2. dans le mois qui suit son affichage par l’officier de l’état civil vis-à-vis
des tiers ;
3. à dater du jour de l’inscription au registre du commerce, en ce qui
concerne les époux commerçants ou l’un d’entre eux, vis-à-vis des tiers
ayant avec eux des relations commerciales.
Après un an, si les époux n’ont pas fait de déclaration d’option, ils ne
peuvent modifier le régime de la communauté réduite aux acquêts que
conformément aux dispositions ordinaires de la présente loi.
Commentaire : Dans cette disposition, il s’est effectué un remplacement de
la « gestion confiée au mari » par la « gestion concertée ». Ce dernier
concept n’est pas clair puisque le législateur semble vouloir mettre en
harmonie cette disposition avec celle de l’article 490 qui prévoit plutôt
« gestion maritale avec concertation de la femme », à moins que cela soit
considéré comme synonymes. Il y a également remplacement du délai :
« dans l’année qui suit l’entrée en vigueur de la présente loi » pour faire
déclaration de choix du régime. Et le point de départ pour changer le régime
d’après les dispositions de l’article 494 n’est plus précisé. Ils ont un an,
mais le dies a quo n’est pas déterminé. Le législateur veut adapter les
concepts en remplaçant le « registre de commerce » par le « registre du
commerce et de crédit mobilier » en tenant compte de l’adhésion au Traité

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de l’Ohada. Cependant, le remplacement n’est pas parfait puisque l’erreur


subsiste au point 3.

Art. 929. — Lorsque les époux avaient établi un contrat régissant leur
régime matrimonial, soit avant soit pendant leur union, ils resteront régis par
celui-ci à moins que dans l’année qui suit l’entrée en vigueur de la présente
loi, ils ne fassent une déclaration d’option conjointe devant l’officier de
l’état civil de leur résidence, pour l’un des régimes organisés par la loi.
Après un an, si les époux n’ont pas fait de déclaration d’option, ils ne
pourront modifier le contrat régissant leur régime matrimonial que
conformément aux dispositions de la présente loi.
Commentaire : Cet article réglemente le sort de contrat de mariage conclu
entre époux pour régir les biens avant l'entrée en vigueur du code de la
famille. Ce contrat de mariage demeure valable. Toutefois, les époux avaient
la latitude de le modifier dans l'année qui a suivi l'entrée en vigueur de ce
code ou actuellement en se basant sur l'article 494.

Art. 930 (Abrogé)67.


Commentaire : Selon la Commission socio-culturelle du Sénat, cet article a
été abrogé faute de conformité avec l’article 614.

Art. 931 (Abrogé)68.


Commentaire : En abrogeant cette disposition, le législateur laisse la
matière de définition de la « famille du travailleurs » au Code du travail, lui
aussi actualisé dernièrement.

67
Tout enfant né hors mariage et non encore affilié doit faire l’objet d’une affiliation dans les
12 mois qui suivent l’entrée en vigueur de la présente loi. Les dispositions de l’article 614,
alinéas 2, 3 et 4, sont d’application.
68
L’article 4, littéra K, de l’ordonnance-loi 67-310 du 9 août 1967 portant Code du travail,
telle que modifiée à ce jour, est remplacé par la disposition suivante : K) Famille du
travailleur: – le conjoint ; – les enfants nés dans et hors mariage; – les enfants que le
travailleur a adoptés ; – les enfants dont le travailleur a la tutelle ou la paternité juridique; –
les enfants pour lesquels il est débiteur d’aliments conformément aux dispositions du Code
de la famille.
Un enfant entre en ligne de compte s’il est célibataire et – jusqu’à sa majorité en règle
générale; – jusqu’à l’âge de 25 ans, s’il étudie dans un établissement de plein exercice; –
sans limite d’âge, lorsqu’il est incapable d’exercer une activité lucrative en raison de son
état physique ou mental et que le travailleur l’entretient. N’entre pas en ligne de compte,
l’enfant mineur engagé dans les liens d’un contrat de travail ou d’apprentissage qui lui
donne droit à une rémunération normale. Dans tous les textes légaux et réglementaires
relatifs à la sécurité sociale s’appliquant tant au secteur public qu’au secteur privé, le terme
«enfant» doit être interprété conformément à l’article 4, littéra K, du Code de travail tel
qu’il est modifié sans préjudice des dispositions plus favorables au bénéficiaire des
avantages sociaux.

538
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TITRE III
DES DISPOSITIONS FINALES
Art. 932 (Abrogé)69.
Commentaire : En abrogeant cet article, le législateur vide le livre premier
du Code de la famille. Et par conséquent, la loi sur la nationalité forme une
loi à part et le Code de la famille n’a pas d’article 1er et débute à l’article
56.
Art. 933 (Abrogé)70.
Commentaire : L’abrogation a pour effet de renvoyer aux principes
généraux de droit en ce qui concerne l’application dans le temps des règles
nouvelles de compétence et de procédure. Les règles nouvelles de
compétence s’appliquent aux affaires qui n’ont pas encore reçu une décision
autre qu’une mesure d’ordre intérieur. En outre, les règles de procédure
s’appliquent immédiatement, contrairement aux solutions jadis prévues.
Art. 934 : Ancien.
Les dispositions de la présente loi attribuant compétence au tribunal de
paix ou au tribunal de grande instance, abrogent les dispositions relatives à la
compétence matérielle des tribunaux civils telles que prévues par
l’ordonnance-loi n°82-020 du 31 mars 1982 portant Code de l’organisation
et de la compétence judiciaires, spécialement ses articles 118, alinéas 2 à 4,
et 150.
En attendant l’installation des tribunaux de paix sur l’ensemble du
territoire national, les actions soumises par la présente loi à leur compétence
seront jugées par les tribunaux de grande instance, là où les tribunaux de
paix ne sont pas encore installés.
Art. 934 : Modifié.
Là où il n’existe pas de Tribunaux pour enfants, les compétences leurs
dévolues par la présente loi sont exercées par les Tribunaux de paix.
Commentaire : Cette disposition ne reprend pas les anciennes abrogations
de la loi qui se rapporte à l’organisation, au fonctionnement et aux
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. Elle se contente de régler
la question de la carence d’installation des Tribunaux pour enfants dans
certains coins du pays. Cela laisse sous-entendre que les dispositions
contraires relatives à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire
sont abrogées tacitement parce que la nouvelle loi a prévu des dispositions
qui s’écartent des compétences ordinaires.

69
La loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise constitue le livre
1er du présent Code.
70
Les règles antérieures de fond, de compétence et de procédure restent d’application pour
toutes les affaires dont les cours et tribunaux étaient régulièrement saisis au moment de
l’entrée en vigueur de la présente loi.

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Art. 935. — La présente loi entre en vigueur douze mois à dater de sa


promulgation.
Commentaire : L'entrée en vigueur de la loi suppose que soient remplies
deux conditions : la promulgation et la publication. Ce n'est qu'à partir du
moment où elles sont remplies que la loi acquiert force obligatoire. La
promulgation : pour les lois votées par le Parlement (et pas pour les
règlements qui sont exécutoires par nature), il faut, pour qu'elles soient
exécutoires, une décision du pouvoir exécutif. Cette décision appartient au
Président de la République qui a seul pouvoir, en vertu de l'article 79 de la
Constitution, de promulguer les lois. La promulgation des lois est un acte
ordonnant l'exécution de la loi. Il donne cet ordre par ordonnance. En plus
de son rôle d’authentification de la loi, l’ordonnance de promulgation a
pour fonction complémentaire de localisation de la loi dans le temps. C'est
en effet la date de cette ordonnance qui devient celle de la loi. Il doit
promulguer la loi dans les 15 jours qui suivent la transmission de la loi
définitivement adoptée (art. 137 Const.). Selon l’article 136 de la Const., la
loi est transmise au Chef de l’Etat six jours après leur adoption par le
Parlement. Pour les décrets, il n'est pas nécessaire de procéder à cette
promulgation. Ils sont exécutoires par nature puisqu’ils émanent du pouvoir
exécutif. La publication: Les lois et les règlements doivent être publiés. La
nécessité de cette publication est évidente. Vouée à régir le comportement
des citoyens, la règle de droit doit être connue par ceux-ci. A partir de cette
publication, "Nul n'est censé ignorer la loi" (art. 62 al. 2 Const.). C'est cette
fin que poursuit directement l'exigence d'une publication des lois. Cette
publication est faite au Journal Officiel de la République démocratique du
Congo (art. 141 Const.). Selon l’article 142 de la Constitution la loi entre en
vigueur trente jours après sa publication au Journal officiel à moins qu’elle
n’en dispose autrement. Mais, dans beaucoup de cas, l'entrée en vigueur est
retardée : - soit par la volonté même du législateur, car il s'agit, par
exemple d’un texte complexe qui exige une vulgarisation ou une étude
approfondie de la part des principaux intéressés et, en particulier, des
praticiens qui auront la charge de l'appliquer Le texte de loi précise alors
lui-même la date de son entrée en vigueur (ex. Quoique promulguée en août
1987, l’article 935 de la loi n° 87-010 du 1er août 1987 dispose que cette loi
entre en vigueur douze mois à dater de sa promulgation) ; - soit que l'entrée
en vigueur de la loi est subordonnée à la publication d'un décret ou d’un
arrêté d'application.

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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

I. LEGISLATION ET TEXTE CONNEXE


1. Arrêté ministériel n° 221/CAB/MIN/J&DH du 16 juin 2011 portant
détermination des éléments du nom.
2. Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février
2006, telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011,
J.O.RDC, Numéro spécial du 05 février 2011.
3. Décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou obligations
conventionnelles, B.O., 1888.
4. Loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des sûretés, JOZ, numéro spécial, 1992.
5. Loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 modifiant et complétant la loi n° 015-
2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail, J.O.RDC, 2016.
6. Loi n° 72-002 du 5 janvier 1972 relative à la nationalité zaïroise, in
JOZ, n° 2 du 15 janvier 1972.
7. Loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant code de la famille, telle que
modifiée et complétée par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016, J.O.RDC.,
Numéro spécial 2016.
8. Loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant,
J.O.RDC, 50ème année, n° spécial, 25 mai 2009.
9. Loi organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et
leurs rapports avec l’Etat et les provinces, J.O.RDC, 49ème année, 10
octobre 2008.
10. Résolution n°11 de la Conférence de la Table ronde politique relative au
régime électoral, in Chronique de politique étrangère, vol. XIII, n° 4 à
6, juillet-Novembre 1960.

II. DOCTRINE
1. ALLIOT (M.), « L’acculturation juridique », in Ethnologie générale,
Paris, Encyclopédie de la Pléiade, 1968.
2. BOMPAKA NKEYI, Cours de droit civil. Les personnes, UNIKIN,
2008.
3. Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice, janvier 1980 à
décembre 1984.
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4. CAPITANT (H.), FERRÉ (F.) et LEQUETTE (Y.), Les grands arrêts


de la Jurisprudence civile, Tome 1, 11ème Edition, Dalloz, 2000.
5. CARBONNIER (J.), Sociologie juridique, Collection U, Série
sociologie juridique, 1972.
6. DAVID (R.), « La refonte du Code civil dans les Etats africains »,
Annales africaines, 1962.
7. DAVID (R.), « La réforme du Code civil dans les Etats africains »,
Penant, 1962.
8. DAVID (R.), Les grands systèmes de droit contemporain, n° 520,
Précis Dalloz, 4ème éd, 1971.
9. DESOUCHES (C.), Résumé des débats. Actes du colloque de la
Sorbonne : « la vie du droit en Afrique », in Dynamiques et finalités des
droits africains, Economia, 1980.
10. DIBUNDA KABUINJI, Répertoire Général de jurisprudence de la
Cour Suprême de Justice, Kinshasa, 1990.
11. GONIDEC (P.-F.), Les droits africains, évolution et sources, 2ème éd.,
t.1, LGDJ, Paris, 1976.
12. HALAOUI (N.), « La langue de la justice et les Constitutions
africaines », in Revue Droit et Société, 51/52, 2002.
13. IDZUMBUIR ASSOP, « Le système onusien de protection des droits de
l’homme : les groupes nécessitant une protection spéciale : cas des
femmes et des enfants », in Actes des journées de formation à
l’occasion du cinquantenaire de la DUDH, 1998.
14. KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit congolais. Régimes
matrimoniaux. Successions. Libéralités, Les Analyses juridiques, mars
2013.
15. KUMBU KI NGIMBI, « Le silence coupable », in Afrique Espérance
n° 2, février-mai 2003.
16. LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés, t.1, PUZ, 1999.
17. LUWENYELA LULE, Droit du travail zaïrois, Kinshasa, ed. Lule,
1989.
18. LUZOLO BAMBI LESA, Cours de procédure pénale, Unikin, 2015.
19. MALU MUSUAMBA (R.), « Le travail des femmes en République
démocratique du Congo : exploitation ou promesse d’autonomie ? », in
Congo Forum, mars 2006.
20. MUKADI BONYI, Droit du travail, CRDS, 2008.
21. MUPILA NDJIKE (H.F.) & WASENGWA N’SONGO C.), Code de la
famille modifié, complété et annoté, Pax Congo Editions Universitaires,
Kinshasa, 2017.
22. MWANZO idin’ AMINYE (E.), Cours de droit civil. Les personnes,
ULK-UPC-UK- UNIMBA-UNIGOM, 2011.
23. NDAYWEL E NZIEM (I.), Histoire du Congo. De l’ancien héritage à
la République démocratique, Afrique éditions, De Boeck et Larcier,
1998.

542
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24. NDOMBA KABEYA, Cours de droit civil. Les personnes, les familles
et les relations familiales, 1ère Partie, VmrPress, 2011.
25. NGUYA-NDILA (C.), Nationalité et citoyenneté au Congo/Kinshasa.
Le cas du Kivu, L’Harmattan, Paris, 2001.
26. NKOU MVONDO P., « La crise de la justice de l’Etat en Afrique noire
francophone. Etude des causes de ‘divorce’ entre la justice et les
justiciables », Penant, 824, 1997.
27. PIRON, (P.) et DEVOS, (J.), Codes et lois du Congo Belge, Matières
civiles, commerciales, pénales, Maison Ferdinand Larcier S.A.,
Bruxelles et Editions des Codes et Lois du Congo Belge, Léopoldville,
1959.
28. POIRIER (J.) (sous la dir.), « Les résistances traditionnelles au droit
moderne dans les Etats francophones et à Madagascar », in Etudes de
droit africain et de droit malgache, Ouvrage collectif, Editions Cujas,
1965.
29. Unicef, Analyse de la situation de la femme en Afrique de l’Ouest et du
Centre, Ceprass, Abidjan, septembre 2000.
30. VANSINA (M.), Introduction à l’Ethnographie du Congo, EUC,
Kinshasa, 1966.
31. WILLAME (J.-Cl.), Banyarwanda et Banyamulenge. Violences
ethniques et gestion de I’ identitaire au Kivu, Tervuren: Institut
Africain, 1997.
32. www. esa.un.org/unpd. Estimation au 24 octobre 2018.

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TABLE DES MATIERES

DEDICACE ........................................................... Erreur ! Signet non défini.


PREFACE ..................................................................................................... 9
AVANT-PROPOS ....................................................................................... 13
DOCTRINE : Présentation synthétique et thématique des principales
modifications introduites par la Loi n°16/008 du 15 juillet
2016 modifiant et complétant la Loi n°87-010 du 1er août
1987 portant Code de la famille .......................................... 21
I. A propos du livre 1er du Code de la famille relatif
à la nationalité congolaise........................................................................ 21
A. La loi sur la nationalité congolaise constitue le 1ivre 1er
du Code de la famille, dixit l’article 932 CF.................................... 21
B. Les conséquences de l’abrogation de l’article 932 du Code
de la famille...................................................................................... 24
II. Identification de la personne ................................................................ 25
III. Sur la capacité ..................................................................................... 28
IV. Sur le gouvernement de la personne du mineur.................................. 29
V. Sur le mariage ...................................................................................... 30
VI. Des rapports entre conjoints ............................................................... 32
VII. A propos des conflits conjugaux ....................................................... 36
VIII. A propos des effets patrimoniaux du mariage.................................. 37
IX. Les régimes matrimoniaux ................................................................. 38
X. Filiation ................................................................................................ 39
XI. Sur l’adoption ..................................................................................... 39
XII. Successions ....................................................................................... 45
XIII. Compétence des juridictions ............................................................ 46
XIV. Infractions ........................................................................................ 49
XV. Droit international privé .................................................................... 49
XVI. Harmonisation des textes ................................................................. 50
XVII. Abrogations .................................................................................... 51
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LOI : LE CODE DE LA FAMILLE DE LA REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO COMMENTE ET ANNOTE .. 63
I. Exposé des motifs du Code de la famille version du 1er août 1987
adapté à la lumière des innovations introduites par la loi n° 16/008
du 15 juillet 2016 ......................................................................................... 65
LIVRE Ier : De la nationalité ......................................................................... 67
LIVRE II : De la personne ............................................................................ 69
1. Du nom des personnes physiques ......................................................... 69
2. De l’état civil ........................................................................................ 69
3. De la capacité ........................................................................................ 70
LIVRE III : De la famille .............................................................................. 73
1. Du mariage............................................................................................ 73
2. De la filiation ........................................................................................ 77
3. De l’adoption ........................................................................................ 78
4. De la parenté et de l’alliance................................................................. 78
LIVRE IV : Des successions et des liberalités.............................................. 81
1. De la succession .................................................................................... 81
2. Des libéralités ....................................................................................... 82
II. Exposé des motifs de la Loi n° 16/008 du 15 juillet 2016 modifiant
et complétant la Loi n°87-010 du 1er août 1987 portant Code
de la famille ................................................................................................. 85
LIVRE Ier : De la nationalité ......................................................................... 87
LIVRE II : De la personne ............................................................................ 89
Titre Ier : De l’identification ...................................................................... 89
Titre II : De la capacité ........................................................................... 177
LIVRE III : De la famille ............................................................................ 233
Titre Ier : Du mariage ............................................................................... 233
Titre II : De la filiation ............................................................................ 382
Titre III : De l’adoption .......................................................................... 405
Titre IV : De la parenté et de l’alliance................................................... 427
LIVRE IV : Des successions et des libéralités............................................ 451
Titre Ier : Des successions ........................................................................ 451
Titre II : Des libéralités ........................................................................... 494
DES DISPOSITIONS ABROGATOIRES, MODIFICATIVES,
TRANSITOIRES ET FINALES.............................................................. 529
Titre Ier : Des dispositions abrogatoires .................................................. 529
Titre II : Des dispositions transitoires et modificatives .......................... 532

546
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Titre III : Des dispositions finales........................................................... 539

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE ............................................................ 541

547
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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


AUX ÉDITIONS L'HARMATTAN

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Éléments d'élaboration, d'analyse et d'évaluation des lois
Mukendi Mukendi Ntantamika
Préface de Maître Emery Mukendi Wafwana
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meilleur système d'appropriation des ressources naturelles, d'un meilleur dispositif de contrôle d'accès à
leurs gisements et de redistribution des revenus de leur exploitation. C'est par la construction
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Préface d'Albert Yuma Mulimbi - Postface de Gabriel Mwepu Numbi
"Les objectifs de cet ouvrage sont de sensibiliser les professionnels et les autres acteurs du commerce
international aux spécificités du contrôle douanier a posteriori et d'offrir une approche pratique et
spécifique des rôles et responsabilités des uns et des autres. En l'intitulant Les procédures de contrôle a
posteriori en RD Congo, mise en oeuvre de contrôles douaniers et accisiens modernes et efficaces,
l'auteur a volontairement pris le parti de questionner l'ensemble des composantes susceptibles
d'influencer la performance de l'administration douanière, y compris les aspects humains" (extrait de la
préface de Albert Yuma Mulimbi)
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Foreword by Déo Rugwiza Magera
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meant by customs policy in general, its basics namely: objects, elements, sources, instruments,
functions (...), regional and international frameworks. The author stresses on the customs policy
progress from 2003 to 2010, which is a decisive period in the DRC customs management, through the
implementation of 2003 customs reform and modernization programme.
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Considérant le caractère déclaratif du régime fiscal congolais et la série de contrôle que doit effectuer la
douane sur une déclaration des marchandises, l'agent de douane, le déclarant en douane, ainsi que tous
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les usagers de la douane doivent être formés et outillés pour avoir la même compréhension sur la
procédure de dédouanement conformément aux lois et textes légaux et réglementaires en vigueur. Ce
manuel est à la fois une contribution à la formation et un outil de travail pour les usagers de la douane.
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LE PYGMÉE CONGOLAIS EXPOSÉ DANS UN ZOO AMÉRICAIN


Sur les traces d'Ota Benga
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Le 16 septembre 2017, une plaque historique en mémoire d'Ota Benga, le Pygmée congolais qui avait
été exposé dans une cage avec des singes au Zoo de New York en 1906, a été dévoilée à Lynchburg,
dans l'état de Virginia aux États-Unis. Voilà qu'un être humain qui a connu l'extrême déchéance pour
avoir été traité comme un animal est honoré et devient le premier Africain reconnu dans l'histoire
américaine. Son histoire s'inscrit dans le contexte de la propagation de l'idée de « hiérarchie des races »
et est emblématique du phénomène de « zoos humains » en vogue dans le monde occidental au 19e
siècle et au début du 20e siècle. Ce livre expose cette curieuse, poignante et très complexe histoire par
devoir de mémoire historique et pour en appeler au respect de la dignité humaine.
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DROITS DES TÉLÉCOMS ET DU NUMÉRIQUE


Profil africain et congolais, prospective comparée d'Europe et de France
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Les télécoms, l'Internet et le numérique sont des facteurs techniques de transformation du droit. À
l'origine, les télécoms étaient sous le régime des services publics. À partir des États-Unis et de l'Europe,
l'OMC (1994-1997) a promu le droit sectoriel de la régulation. Partout, de nouveaux défis sont nés,
dans le démantèlement des monopoles vers une totale économie de marché. Pour la République
démocratique du Congo, ses lois « dérégulatrices », figées depuis le 16 octobre 2002, contrastent avec
les mutations numériques, économiques et sociétales des États postmodernes à l'épreuve d'Internet.
L'« Europe des télécoms » réajuste constamment sa politique législative autour d'objectifs structurants :
construction du marché, diffusion technologique, protection des données, etc. Si l'Afrique s'adapte à
peine et avec peine, la République démocratique du Congo entend bien encadrer télécoms et TIC,
renouveau de régulation étatique, échanges et commerce électroniques, à travers trois textes de loi en
gestation...
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ISBN : 978-2-343-15722-1, EAN EBOOK : 9782140119033

DROIT DE L'ÉCONOMIE NUMÉRIQUE


E-commerce et dérégulation européenne, française, internationale, africaine, congolaise des
télécoms
Kodjo Ndukuma Adjayi
Télécoms, Internet et numérisation ont donné prise à la révolution numérique. La phénoménologie
d'ordre sociétal qui en résulte est une source réelle pour le Droit. Aujourd'hui, l'État fait face à des
polycentres du pouvoir normatif et aux géants planétaires du Net. L'indépendance du Net postule la
régulation seulement par le code informatique et par le marché. Tourneboulés, les paradigmes du droit
offrent deux approches possibles de législation : via le contenu des activités réseautées ou via leur
contenant. Le réseau est, en effet, la voie électronique pour le commerce à distance. Il monétise la
valeur du clic ainsi que les intelligences sans cesse inventives. Il faut donc appréhender les enjeux dans le
champ d'un Droit de l'économie numérique.
(Coll. Enjeux et droits numériques, 460 p., 42 euros)
ISBN : 978-2-343-15721-4, EAN EBOOK : 9782140119057
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CONJONCTURES DE L'AFRIQUE CENTRALE 2019


Sara Geenen, Aymar Nyenyezi Bisoka, An Ansoms
L'année 2018 en Afrique centrale a été marquée par une transition politique inopinée en République
démocratique du Congo, une réforme constitutionnelle attendue au Burundi et une victoire législative
prévisible de la coalition présidentielle au Rwanda. Cet ouvrage analyse tour à tour cinq thématiques :
les élections, les exilés, l'ethnicité, la gouvernance et les innovations. Par ailleurs, il permet d'envisager
les transitions et les transformations en Afrique centrale, mais également les continuités et les reculs,
afin de pouvoir penser des voies possibles et constructives vers des changements futurs au bénéfice de la
population de la région.
(Coll. Cahiers Africains, 462 p., 39 euros)
ISBN : 978-2-343-17514-0, EAN EBOOK : 9782140120183

L'ÉDUCATION AUX VALEURS CHEZ LES DING ORIENTAUX EN RDC TOME 3


De 1885 à nos jours
Approche pédagogique
Placide Malung'Mper Akpanabi
Préface de Guy Avanzini
Ce troisième tome analyse le concept « valeur » et présente la pédagogie et la didactique de l'éducation
aux valeurs. Son enjeu est d'avoir trouvé, d'une part, la médiation pédagogique comme une forme de
pédagogie d'éducation aux valeurs pouvant harmoniser le conflit des systèmes des valeurs en jeu et,
d'autre part, d'avoir réellement trouvé dans la palabre africaine les bases de la pédagogie de la médiation
socio-cognitive, puis d'avoir développé les modalités d'une vraie entrée de cette approche dans le
système éducatif.
(Coll. Études africaines, 378 p., 38 euros)
ISBN : 978-2-343-16421-2, EAN EBOOK : 9782140119712

L'ÉDUCATION AUX VALEURS CHEZ LES DING ORIENTAUX EN RDC TOME 2


De 1885 à nos jours
Approche historique
Placide Malung'Mper Akpanabi
Préface de Guy Avanzini
Ce deuxième tome est une analyse historique des acquis de la colonisation et de l'évangélisation, des
témoignages des acteurs de cette époque et des transformations introduites dans le système éducatif de
la R. D. Congo et des traditions des Ding Orientaux, comme des codes culturels occidentaux et le
contexte de la pénétration des valeurs occidentales chez ces populations, offrant une clé de
confrontation, entre elles, de la Tradition et de la Modernité, pour ou contre une
continuité-discontinuité.
(Coll. Études africaines, 320 p., 33 euros)
ISBN : 978-2-343-16420-5, EAN EBOOK : 9782140119705

L'ÉDUCATION AUX VALEURS CHEZ LES DING ORIENTAUX EN RDC TOME 1


De 1885 à nos jours
Approche ethnologique
Placide Malung'Mper Akpanabi
Préface de Guy Avanzini
« L'éducation aux valeurs » permet de passer de la nature à la culture et à la société humaine. Ce
premier tome aborde l'ethnologie des populations des Ding orientaux où sont présentées les
descriptions ethnographiques des racines et de l'évolution de l'univers traditionnel des Ding orientaux
(Kwilu) donnant la clé de lecture de la mentalité et des valeurs traditionnelles de ce peuple.
(Coll. Études africaines, 338 p., 35 euros)
ISBN : 978-2-343-16419-9, EAN EBOOK : 9782140119699
Licence accordée à Cattaneo Franco unlibroperdomani@gmail.com - ip:169.255.204.62

LE ZAÏRE, PAYS À GÉOMÉTRIE VARIABLE


Venant Fali Ngalikpima
L'Histoire du Royaume du Congo remonte à quelques siècles en arrière. L'imaginaire, le roman et la
réalité cruelle se côtoient, se croisent et se confondent. C'est bien cette porosité qui explique et dicte le
comportement et la logique de l'évolution des acteurs de cet ouvrage. C'est cette confrontation avec
l'Histoire que le docteur Jean-Marie Mokili fera vivre à travers ses propres souvenirs et ceux de son
peuple.
Les Impliqués (154 p., 17,5 euros)
ISBN : 978-2-343-17031-2, EAN EBOOK : 9782140119453

SOUS LA CHICOTE
Nouvelles congolaises
Patrice Yengo, Daniel Bersot
avec la collaboration de Roger Little
Les nouvelles réunies dans cet ouvrage témoignent de la réalité coloniale telle que Daniel Bersot l'a vue
à l'oeuvre au début du XXe siècle dans l'État Indépendant du Congo (EIC). Pouvait-il imaginer qu'un
siècle plus tard, les fantômes du roi Léopold hanteraient encore ce pays autant que la conscience du
monde ? L'EIC a cédé la place au Congo-Belge, puis au Congo-Léopoldville, au Congo-Kinshasa, au
Zaïre et enfin à la RDC ; une multitude de noms pour une seule et même réalité, celle de la violence de
l'arbitraire qui prend ici sa source. Nulle main coupée pourtant dans ces récits, juste ce qu'il faut
d'exactions autour de cet instrument de torture, la chicote, à la mesure de ce que fut l'oeuvre
civilisatrice du roi des Belges.
(Coll. Autrement Mêmes, 158 p., 17 euros)
ISBN : 978-2-343-17232-3, EAN EBOOK : 9782140117015

LA GOUVERNANCE UNIVERSITAIRE AU CONGO-KINSHASA


Modèles et chantiers d'avenir
Jean Otemikongo Mandefu Yahisule
Préface de Frédéric Esiso Asia Amani
Depuis trois décennies, la gouvernance universitaire est au coeur des réformes du système éducatif
congolais du supérieur. Cet ouvrage procède à l'autopsie sans complaisance de la gouvernance du
système éducatif congolais du supérieur et en identifie les goulots d'étranglement. Il met au point un
modèle de gouvernance rénovée du système éducatif congolais du supérieur. Le modèle proposé attire
l'attention sur les écueils majeurs qui ont miné et minent encore la gouvernance des Établissements
publics d'enseignement supérieur et universitaire au cours des réformes passées et en cours.
(Coll. Études africaines, 332 p., 34 euros)
ISBN : 978-2-343-16189-1, EAN EBOOK : 9782140117879

LA GOUVERNANCE DES ENTITÉS TERRITORIALES DÉCENTRALISÉES


Défis et enjeux de la gestion des finances publiques communales à Kinshasa
Emmanuel Kasongo Mungongo
Préface de Pierre Englebert
La République démocratique du Congo est lancée dans un processus de réforme de toutes ses
institutions depuis l'avènement du nouvel ordre politique institué par la constitution de 2006, qui
prévoit que les provinces et les entités territoriales décentralisées (ville, commune, secteur, chefferie)
soient dotées d'une personnalité juridique et gérée par les organes locaux. L'auteur se concentre sur les
défis relatifs au financement de la décentralisation à l'échelon des ETD et livre les fruits de son
expérience du terrain, particulièrement dans les communes de la ville de Kinshasa, capitale de la RDC
et miroir de la réalité de toutes les ETD du pays.
(Coll. Études africaines, 304 p., 31 euros)
ISBN : 978-2-343-16240-9, EAN EBOOK : 9782140116001
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Etudes

Eddy Mwanzo idin’ Aminye


Que dit le Code de la famille
africaines
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de la République Démocratique du Congo ? Série Droit


Commentaire article par article

Jusqu’à ce jour les spécialistes de droit civil des personnes ne se


sont que trop peu intéressés aux articles de la loi portant sur le Code
de la famille de la République démocratique du Congo. Assorti de
commentaires et d’annotations, appuyé souvent par des décisions
récentes des cours et des tribunaux, l’ouvrage répare ce manque
dans le souci de faire connaître les principales modifications
introduites lors de la réforme de 2016 Eddy Mwanzo
o idin’ Aminye
Une présentation thématique expose les modifications majeures

de la République Démocratique du Congo ?


apportées au Code de la famille, mettant en regard ancienne et
nouvelle version. Sont ensuite commentés de manière systématique
les différents articles.
Que dit le Code de la famille

Que dit le Code de la famille


Il s’agit ainsi d’un outil de premier choix pour les chercheurs,
étudiants et praticiens de droit désireux de mieux comprendre le de la République Démocratique du Congo ?
Code de la famille actuel de la République démocratique du Congo.
Commentaire article par article

Le Professeur Eddy MWANZO idin’ AMINYE est Docteur en


droit de l’Université Catholique de Louvain. Depuis 2015, il
est professeur full à l’Université de Kinshasa et enseigne
dans plusieurs universités de la République démocratique
du Congo.

Préface du Professeur Janvier LUZOLO Bambi Lessa

Etudes africaines
Série Droit

ISBN : 978-2-343-17357-3
45 €

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