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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

[] ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE


UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
U.C.B.

B.P. 285 BUKAVU

FACULTE DE DROIT

ANALYSE DE L’ARTICLE 40 DE LA CONSTITUTION ET

DE L’ARRET DE L’ASSOCIATION POUR LE PROGRES

ET LA DEFENSE DES DROITS DES FEMMES MALIENNE

ET INSTITUTE FOR HUMAN RIGHTS AND

DEVELOPEMENT IN AFRICA CONTRE LE MALI


Cours dispensé par : prof. Arnold NYALUMA MULAGANO
(FOND) (2018)2RJCA 393
Assistée par : Ass. BAPOLISI NJOVU Odile
Présenté par : CIRAANE AINULIWE Léa
Promotion : deuxième année de licence (L2)
Option : Droit économique et social

ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023


1

INTRODUCTION
Les droits sociaux et culturels sont des éléments clefs pour garantir une société juste et équitable
droits comprennent des aspects tels que l’accès à l’éducation, à des soins de santé de qualité, à
un logement décent, à une alimentation suffisante etc…1les droits sociaux et culturels sont
souvent inter-indépendants et ont une influence importante sur la qualité de vie de l’individu.2

Cependant, malgré l’importance de ces droits, ils sont souvent négligés ou violes dans de
nombreux pays.3

La Constitution de la République démocratique du Congo contient de multiples dispositions qui


garantissent la protection des droits sociaux et culturels soulignant ainsi les obligations
fondamentales qui lui incombent.4

Globalement, l'article 40 de la constitution met en avant l'importance de la famille dans la


société congolaise et garantit que les pouvoirs publics en assurent la protection et la stabilité. Il
souligne l'importance des devoirs parentaux dans l'éducation et le bien-être des enfants, ainsi
que le renforcement de la solidarité intergénérationnelle

Dans le cadre de notre travail pratique, nous allons analyser le contenue de l’article 40 à la
lumière de notions déjà apprises dans le cours des droits humains tout en y apportant notre
critique personnelle ainsi l’analyse d’une jurisprudence s’y rapportant

CHAPITRE 1. CONTENUE DE L’ARTICLE 40.


La protection des droits sociaux et culturels découle de l’article 40 de la constitution de la
République démocratique du Congo. Aux termes de cette disposition, « tout individu a le droit
de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille.

La famille, cellule de base de la communauté humaine, est organisée de manière à assurer son
unité, sa stabilité et sa protection. Elle est placée sous la protection des pouvoirs publics.

1
Art 10-15 du Pacte international relatifs aux droits économiques, sociaux et économiques, Spécial, avril,1999.
Également disponible sur http://www.ohchr.org
2
Principe 5 du rapport de la conférence internationale sur la population et le développement. Le Caire 5-13,
septembre 1994.A/CONF.171/13/Rev.1.
3
ASF, Etat de lieux des droits économiques, sociaux et culturels en lien avec les violences basées sur le genre
dans le district de l’ituri,2016, p.8.
4
Haut-commissariat des nations unies aux droits de l’homme, Droits économiques, sociaux et culturels :
manuels destinés aux institutions des droits de l’homme, p.11.
2

Les soins et l’éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un droit naturel et
un devoir qu’ils exercent sous la surveillance et avec l’aide des pouvoirs publics.

Les enfants ont le devoir d’assister leurs parents.

La loi fixe les règles sur le mariage et l’organisation de la famille »

Section 1. Tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé,
et de fonder une famille
L'article 40 est un article important d'un point de vue social et familial. Ce premier reconnaît le
droit pour tout individu de se marier avec la personne de son choix de sexe opposé et de fonder
une famille. Cette clause est rédigée de manière à garantir la liberté matrimoniale de chacun et
à garantir que la famille soit la cellule de base de la société, cette disposition insiste également
sur la nécessité d’organiser la famille de manière à assurer son unité, sa stabilité et sa protection,
qui relèvent en dernier ressort de la responsabilité de l'État.

Critique : Cet alinéa interdit le droit aux personnes de même sexe de se marier, ce qui peut être
discriminatoire pour les personnes non hétérosexuelles. Cela contredit également les normes
universelles de non-discrimination et de la liberté individuelle.

Section 2. La famille, cellule de base de la communauté humaine, est organisée de manière à


assurer son unité, sa stabilité et sa protection. Elle est placée sous la protection des pouvoirs
publics
Cet article reconnait l'importance fondamentale des familles et leur place dans la société,
affirmant la nécessité pour l'État de fournir un soutien pour assurer leur sécurité et leur bien-
être. Elle jette les bases de politiques et de lois qui protègent les familles et garantissent leur
bien-être, en particulier celles qui contribuent à protéger les droits des enfants. Il établit
également le rôle et la responsabilité de l'État dans le soutien aux familles, représentant une
avancée importante vers la reconnaissance et la protection des droits de la famille en République
démocratique du Congo.

Critique : Bien que la famille soit considérée comme la cellule de base de la communauté
humaine, cet alinéa ne précise pas comment les pouvoirs publics protègent et soutiennent la
famille. De plus, il peut y avoir des situations où la famille ne fonctionne pas bien, et les
pouvoirs publics doivent déterminer comment aider à résoudre ces problèmes.
3

Section 3. Les soins et l’éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un droit
naturel et un devoir qu’ils exercent sous la surveillance et avec l’aide des pouvoirs publics
Cette disposition met l'accent sur l'importance du rôle parental dans la construction de la société
et souligne la nécessité de garantir que les enfants soient élevés dans des conditions
appropriées.5

Le texte ajoute que cet exercice de leurs devoirs parentaux doit être effectué sous la surveillance
et avec l'aide des pouvoirs publics. Cette condition est essentielle pour garantir que tous les
enfants bénéficient des soins et de l'éducation adéquats, et que leur développement est cohérent
avec les valeurs de la société.

Critique : Bien que la famille soit considérée comme la cellule de base de la communauté
humaine, cet alinéa ne précise pas comment les pouvoirs publics protègent et soutiennent la
famille. De plus, il peut y avoir des situations où la famille connait des avancées importantes
soit au niveau financier soit au niveau relationnel entre parents et enfants ou entre les époux, et
les pouvoirs publics doivent déterminer comment aider à résoudre ces problèmes.

Section 4. Les enfants ont le devoir d’assister leurs parents


Cet alinéa reflète l'importance du concept de solidarité intergénérationnelle et de soutien
familial dans la culture congolaise.

Critique : Bien que la solidarité intergénérationnelle soit importante dans les sociétés
congolaises, cet alinéa peut susciter des malentendus quant à savoir dans quelle mesure les
enfants sont obligés d'aider leurs parents en toutes circonstances. Il serait nécessaire
d'approfondir la notion d'assistance des enfants aux parents et de préciser le contexte de cette
obligation.

5
O. KANGOMBA, guide pratique des droits des enfants et des élèves, p.5-6. [En ligne], http://www.leganet.cd
Consulté le 26/04/2023.
4

CHAPITRE 2. ANALYSE JURISPRUDENTIELLE DE L’ARRET DE L’ASSOCIATION POUR LE


PROGRES ET LA DEFENSE DES DROITS DES FEMMES MALIENNE ET INSTITUTE FOR
HUMAN RIGHTS AND DEVELOPEMENT IN AFRICA CONTRE LE MALI (FOND)
(2018)2RJCA 393
Section 1. Les faits
Dans la requête, il est allégué que l’Etat défendeur d’avoir violé :

• Le Protocole de Maputo a son violé article 2(2), les États parties sont tenus d'éliminer
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et de promouvoir leur égalité
avec les hommes dans tous les domaines de la vie, y compris en ce qui concerne
l'éducation, l'emploi, la santé, la participation à la vie politique et la propriété.
• L'article 21(2) du Protocole de Maputo oblige les États parties à garantir l'accès des
femmes aux services de santé, y compris à la planification familiale, à l'éducation
sexuelle et à la prévention et à la prise en charge des maladies sexuellement
transmissibles.

• La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant (CADBEE) est un instrument


international qui protège les droits des enfants en Afrique. Les articles 3 et 4 de la
CADBEE reconnaissent que tous les enfants ont droit à une protection contre toutes les
formes de violence, de négligence, d'exploitation et de maltraitance et que les États
parties doivent garantir que ces droits sont respectés et protégés.

Section 2. Les parties au procès


1. L’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes Maliennes (APDF) se
présente comme une association malienne jouissant du statut d’observateur auprès de la
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ci-après « la Commission »). Elle
a pour mission de favoriser le regroupement des femmes pour la défense de leurs droits et
intérêts contre toutes formes de violence et de discrimination.

2. Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA) se présente de son côté
comme une organisation non gouvernementale panafricaine basée à Banjul en Gambie. Elle a
pour mission d’assister les victimes de violation des droits de l’homme en quête de la justice en
utilisant les instruments de droits de l’homme à l’échelle nationale, africaine et internationale.
Elle déclare également avoir le statut d’observateur auprès de la Commission.

3. Les deux entités ci-dessus sont ci-après désignées « les requérants ».


5

4. L’État défendeur est la République du Mali, devenue partie à la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples (ci-après « la Charte ») le 21 octobre 1986, au Protocole à la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples portant création d’une Cour africaine des droits
de l’homme et des peuples (ci-après « le Protocole ») le 25 janvier 2004. Il est également devenu
partie au Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits
des femmes (ci-après « le Protocole de Maputo ») le 25 novembre 2005, à la Charte africaine
sur les droits et le bien-être de l’enfant (ci-après « la CADBEE) le 29 novembre 1999 et a, en
outre, a déposé la Déclaration spéciale prévue par l’article 34 paragraphe 6 du Protocole,
autorisant les individus et les ONG à saisir directement la Cour, le 19 février 2010. L’État
défendeur est également devenu partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes

Section 3. Question en litige


• Au sens de l’art.300 du code de la famille malienne, l’officier de l’état civil a-t-il le droit
de célébrer un mariage sans avoir vérifier au préalable si les époux sont consentis au
mariage ?
• Si l’adoption d’une loi permettant la continuation des coutumes et traditions des
mariages sans le consentement des époux est -elle conforme à l’engagement pris l’Etat
malien aux articles 6(a) du protocole de Maputo et 16(a) et (b) de la convention sur
l’élimination de toutes formes des discriminations à l’égard des femmes ?

Section 4. Décision de la cour


La cour a l’unanimité : dit que l’Etat défendeur (le mali) a violé l’article défendeur 6(a) du
protocole de Maputo et l’article 16.1 (a) et (b) de la convention sur l’élimination de toutes les
formes de discriminations à l’égards des femmes, relatifs au droit de consentir au mariage

Section 5. Motifs
L’article 6(a) du Protocole de Maputo dispose : « Les États veillent à ce que l’homme et la
femme jouissent de droits égaux et soient considérés comme des partenaires égaux dans le
mariage. À cet égard, les États adoptent les mesures législatives appropriées pour garantir qu’ :

a. aucun mariage n’est conclu sans le plein et libre consentement des deux ».
6

La Cour observe que le Protocole de Maputo dans ses articles2(1)(a) et 6 et la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans ses articles 10
et 16 énoncent le principe de libre consentement au mariage.

La Cour note qu’en dépit du fait que ces instruments soient ratifiés par le Mali, le Code de la
famille en vigueur prévoit l’application de la loi islamique (article 751) et donne compétence
aux ministres du culte pour célébrer les mariages, mais n’exige pas d’eux la vérification du libre
consentement des époux.

De plus, alors que des sanctions sont prévues à l’égard de l’officier d’état civil en cas de non
vérification du consentement des futurs époux, aucune sanction n’est prévue pour un ministre
du culte qui ne respecte pas cette obligation. La vérification du consentement donné oralement
et en personne est exigée devant l’officier d’état civil en application de l’article 287 du Code
de la famille, alors qu’elle ne l’est pas concernant le ministre du culte.

La Cour relève également que les conditions que doit remplir un officier d’état civil pour
célébrer un mariage or la présence des époux, sont la déposition par la partie empêchée, d’un
acte dressé par l’officier civil de sa résidence, condition non exigée dans le mariage célébré par
un ministre du culte.

La Cour fait remarquer que la manière dont se déroule le mariage religieux au Mali présente
des risques graves pouvant donner lieu à des mariages forcés et constitue une pérennisation des
pratiques traditionnelles qui violent les normes internationales qui consacrent les conditions
précises quant à l’âge et au consentement des époux pour qu’un mariage soit valide.

La Cour relève que dans la procédure de célébration du mariage, la loi contestée permet
l’application des droits religieux et coutumier concernant le consentement au mariage. Elle
ménage, en outre des régimes différents selon que le mariage est célébré par l’officier d’État
civil ou par le Ministre du culte, ce qui constitue une violation des instruments internationaux
à savoir, le Protocole de Maputo sur les droits de la femme et la CADBEE.

Section 6. Commentaire personnel


Cette affaire a permis d'affirmer clairement que le mariage forcé est une violation des droits de
l'homme et que le consentement libre et éclairé est essentiel dans tout mariage. La cour a
souligné que les femmes ont le droit de choisir librement leur partenaire, et que cela ne peut
être considéré comme consenti que s'il est basé sur un choix libre et éclairé des deux partenaires.
7

La décision de la cour est également importante car elle oblige l'État malien, et probablement
d'autres États membres de la CEDEAO, à prendre des mesures concrètes pour prévenir et
réprimer le mariage forcé. Ces mesures incluent la ratification de la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes
8

CONCLUSION
Les droits sociaux et culturels jouent un rôle essentiel dans la création et le maintien d’une
société juste et équitable. Cependant, ces droits continuent d’être négliges dans certains pays et
dans d’autres être violes. Ce pourquoi, il est nécessaire de mettre en place des programmes et
politiques qui permettent un accès équitable a des services de santé, et d’éducation de qualité,
ainsi qu’à la promulgations des lois pour protéger les droits sociaux et culturels. Ces actions
peuvent aider à réduire les inégalités économiques et sociales et à garantir que tous les individus
aient droit à une vie décente.
9

BIBLIOGRAPHIE
A. INSTRUMENTS JURIDIQUES
1) La constitution de la République démocratique du Congo, février 2006, J.O., nºspecial,5
février 2011
2) Pacte international relative aux droits économiques, sociaux et culturels
3) Principe 5 du rapport de la conférence internationale sur la population et le
développementale Caire 5-13 septembre 1994.A/CONF.171/13/Rev.1.
4) Haut-commissariat des nations unies aux droits de l’homme, Droits économiques,
sociaux et culturels : manuels destinés aux institutions des droits de l’homme
B. OUVRAGES
1) ASF, Etat de lieux des droits économiques, sociaux et culturels en lien avec les violences
basées sur le genre dans le district de l’ituri,2016.
2) O. KANGOMBA, guide pratique des droits des enfants et des élèves
C. SITES WEB
1) http://www.leganet.cd
2) http://www.issuu.com
3) http://www.ohchr.org
4) http://www.ahry.up.ac.za
5) http://www.african-court.org
6) http://www.ihrda.org
10

Table des matières


INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 1
CHAPITRE 1. CONTENUE DE L’ARTICLE 40............................................................................................ 1
Section 1. Tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé, et
de fonder une famille ...................................................................................................................... 2
Section 2. La famille, cellule de base de la communauté humaine, est organisée de manière à
assurer son unité, sa stabilité et sa protection. Elle est placée sous la protection des pouvoirs
publics.............................................................................................................................................. 2
Section 3. Les soins et l’éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un droit
naturel et un devoir qu’ils exercent sous la surveillance et avec l’aide des pouvoirs publics ......... 3
Section 4. Les enfants ont le devoir d’assister leurs parents ........................................................... 3
CHAPITRE 2. ANALYSE JURISPRUDENTIELLE DE L’ARRET DE L’ASSOCIATION POUR LE PROGRES ET LA
DEFENSE DES DROITS DES FEMMES MALIENNE ET INSTITUTE FOR HUMAN RIGHTS AND
DEVELOPEMENT IN AFRICA CONTRE LE MALI (FOND) (2018)2RJCA 393 ............................................ 4
Section 1. Les faits .......................................................................................................................... 4
Section 2. Les parties au procès ...................................................................................................... 4
Section 3. Question en litige ............................................................................................................ 5
Section 4. Décision de la cour.......................................................................................................... 5
Section 5. Motifs .............................................................................................................................. 5
Section 6. Commentaire personnel ................................................................................................. 6
CONCLUSION ........................................................................................................................................... 8
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................ 9

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