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1

EPIGRAPHE

« Les erreurs ne sont pas dans l’art, mais chez


l’artisan ».
Isaac Newton

Gédéon Jules OKITO OTSHUDI


2

IN MEMORIAM

À mon géniteur bien-aimé Gabriel OKONDO qui nous a précédés au seuil de


l’éternité. Ton sang dans mes vaines marque ta perpétuelle présence en moi.
Mon amour envers toi vivifie ta mémoire dans mon être. Repose en paix
Homme fort !

Gédéon Jules OKITO OTSHUDI


3

DEDICACE

À ma tendre mère, Isabelle EFUTO, toi qui t’es battue dans tous le sens du
terme pour me voir fleurir, toi qui as réalisé ce travail avec moi par tes multiples
prières, tes conseils pertinents et ton aide financière sans faille, je dédie
fièrement ce travail.
4

REMERCIEMENTS

Ce travail qui marque la fin de nos études du premier cycle universitaire,


est le fruit de multiples efforts venant de part et d’autres sous toutes les formes
possibles. Voilà pourquoi il nous est important de témoigner notre sincère
gratitude à ceux qui ; de près comme de loin nous ont soutenu afin de réaliser
cette œuvre scientifique.
Aux encadreurs sous la direction de qui ce travail s’est réalisé j’envoie des
remerciements spéciaux ; le Professeur Serge MAKAYA KIELA directeur et
l’assistant Apollon KOBO codirecteur, vous qui ; en dépit de toutes les
occupations les plus prépondérantes que vous aviez, vous n’avez pas mis de côté
ce travail.
A mon oncle Jean Bernard VANDA ainsi qu’à toute sa chère famille y
compris à ma tante maternelle Rosalie AKENDA j’envoie mes remerciements
les plus sincères pour l’aide tant morale, spirituelle que financière apportée à ma
personne durant ces trois bonnes années. A mon cousin que j’aime beaucoup
Henri OKITO j’envoie également mes remerciements, votre rigueur et votre
amour manifestés sans oublier votre aide pécuniaire à mon égard n’ont cessé de
me stabiliser dans ce parcours.
A nos compagnons de lutte, ceux avec qui nous avons souffert durant ces
trois dernières années ; Jérémie BIKINDU, Espérance TSHIBOLA, Diego
PHEMBA, Plaisir MAKIESE, Marcus DIASILUA, Naiphtalie NDIYE,
Céline ONGENDA, Jemima ILUNGA ainsi que Gradi NGOMA.
Aux amis et proches qui nous ont prouvé une amitié sincère en
l’occurrence de Corneille EKOFO, Albert Caleb KOYLONGO, Jean-
Luckas NGUWA, Daniel VANDA ainsi que Joseph MALUTA.
Enfin, nous remercions aussi tacitement tous les gens qui nous ont assuré
un appui sans relâche, qu'ils trouvent ici l'expression de notre reconnaissance la
plus sincère.
5

SIGLES ET ABBREVIATIONS

Al : Alinéa ;
AOAC : Association of Official Agricultural Chemists ;
Art: Article ;
Ed : Edition ;
EN : Economie Nationale ;
CAB/ECONAT : Cabinet de l’Economie Nationale ;
MIN-ECO : Ministère de l’économie ;
OCC : Office Congolais de Contrôle ;
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit des affaires ;
Op.cit. : Opus Citatum ;
RDC : République Démocratique du Congo ;
Unilu ; Université de Lubumbashi.
6

0. INTRODUCTION

1 POSITION DU PROBLEME

La République Démocratique du Congo garantit les droits économiques,


sociaux et culturels1 en encourageant et en veillant à la sécurité des
investissements privés, nationaux et étrangers. Cette garantie touche au droit à
l’initiative privée tant aux nationaux qu’aux étrangers et encourage l’exercice du
petit commerce, de l’art et de l’artisanat par les Congolais et tout en veillant à la
protection et à la promotion de l’expertise et des compétences nationales dans ce
domaine2.

Encourager l’exercice du commerce en général suppose, pour l’Etat


Congolais, la détermination d’un cadre juridique permettant le déroulement des
activités économiques dans un climat assaini en se réservant la responsabilité
d’intervenir des multiples façons dans le quotidien des activités économiques sur
le marché, notamment dans la réglementation des prix. Cette réglementation des
prix, en République démocratique du Congo, a été une préoccupation du
législateur de l’avant et l’après l’indépendance. D’où la pertinence de faire une
étude là-dessus car les prix constituent un élément pertinent dans la vie
économique.

Avant l’indépendance, le prix en matière économique était régi par la


législation de 1944. Ainsi, le prix de vente était la résultante de toutes les
dépenses engagées ou à engager en y ajoutant un pourcentage de marge
bénéficiaire. Autrement dit, l’Opérateur économique fixait le prix de vente ou du
prix total d’un produit ou d’un service en tenant compte de l’ensemble des
sommes dépensées en y incorporant une marge bénéficiaire ; et cela, en vue de
lui éviter de commettre des abus par la fixation des prix anormaux.

Après l’indépendance, la réglementation des prix en République


démocratique du Congo a pris une autre orientation. Par le décret – loi du 20
mars 1961 tel que modifié et complété par l’Ordonnance – loi N°83-026 du 12
1
Article 34 alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 11 janvier
2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo, in J.O de
la RDC
2
Article 35 alinéas 2 et 3 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 11
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo, in
J.O de la RDC
7

septembre 1983 relative aux prix, le législateur congolais a mis en place une
législation basée sur, d’abord, l’intervention de l’Etat ; et puis sur le système
libéral d’homologation, pour enfin rentrer dans l’ancien système du libéralisme
modéré par la loi organique n° 18–020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des
prix et à la concurrence. Comprenant les enjeux économiques tablant sur le fait
que la détermination de prix s’assoit sur les ingrédients « offre et demande »,
l’Etat congolais a conçu sa politique économique sur le besoin du moment.

Ce travail focalise son étude sur une critique portant sur l’intervention de l’Etat
Congolais dans le domaine de la détermination des prix en général et de ceux
des objets artisanaux, en particulier.

Dans un même ordre d’idées, la présente étude suit les traces des
chercheurs qui nous ont précédés. Sous la thématique de la critique du décret-loi
du 20 mars 1961 et l’ordonnance-loi du 12 septembre 1983 sur la réglementation
des prix en RDC, Monsieur KABWE Wilson a relevé le même problème mais
avec des conclusions retraçant la période durant laquelle le décret-loi du 20 mars
1961 était en vigueur et ce qu’a été son impact sur la vie économique du pays,
conduisant à sa modification par l’ordonnance-loi du 12 septembre 1983 sur la
réglementation des prix, donnant la liberté de fixation du prix à ceux qui en font
usage.

De ce travail et de la lecture croisée des ouvrages abordant la thématique


du prix, nous nous sommes donné la peine de circonscrire notre thématique
comme suit : « Étude critique sur l’inefficacité des lois portant libéralisation des
prix : cas du marché artisanal en droit positif congolais »
8

Problématiser, c’est s’apprêter au jeu de questions liées entre elles et


tirées du sujet lui-même auxquelles le développement va progressivement
répondre3.

Partant de la thématique, il y a lieu de noter que la volonté de l’Etat


congolais, à travers sa législation, est de garantir le bon déroulement des
activités économiques mais également de protéger les consommateurs contre les
abus des commerçants.

Il va de soi que pour réaliser ce travail qu’il faille se poser des questions
qui vont être au centre de cette étude, à savoir :
Est-ce qu’en déclarant se lancer sur un système libéral dans la fixation de prix,
les dispositions légales actuelles se rapportent réellement à la théorie du
libéralisme ?
Est-ce que le marché artisanal est – il concerné par la loi N°18-020 du 9 juillet
2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence ?
Quels sont les moyens mis en jeu pour rendre efficace l’encadrement de la
fixation de prix par la puissance publique ?

La base de notre thématique étant posée dans la problématique, il est


intéressant de répondre anticipativement aux questions posées.

D’entrée de jeu, il ressort de la lecture de la loi N°18-020 du 9 juillet


2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence que le législateur Congolais
a déjà mis en place une série de mesures pour l’encadrement du secteur
économique en matière des prix des objets divers. Cette loi prône le libéralisme
dans la fixation des prix en réduisant en même temps très sensiblement le cadre.
Ainsi, les opérateurs économiques sont soumis à beaucoup de conditions qui
seraient à la base de multiples spéculations.

Les activités artisanales font aussi partie de la réglementation de prix telle


que régie par la loi N°18-020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la
concurrence. Le Titre II (des règles relatives à la liberté des prix) de cette loi
prévoit dans son chapitre III (des dispositions spéciales applicables aux
commerçants, industriels, producteurs agricoles et artisans) des orientations que
doit suivre l’artisan, à l’instar des commerçants, industriels et producteurs
agricoles.

3
MPALA MBABULA, Pour vous chercheur : Directives pour rédiger un travail scientifique suivi de recherche
scientifique sur internet, édition MPALA Presses Universitaires de Lubumbashi, 2002, P. 54.
9

Actuellement les activités commerciales connaissent une recrudescence


très remarquable. Il est devenu difficile aux acteurs de veiller aux règles de
conduite réglementant les prix. Non seulement parce que le contrôle n’est pas
très efficace mais aussi et surtout parce que les pratiques illicites sont devenues
nombreuses au point que l’État ne s’implique plus et ne s’aperçoit plus d’une
certaine tombée en désuétude des normes sur les prix.4

2 CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

Le présent travail s’inscrit dans le cadre du cours du droit économique qui


est un droit apparu vers les années 1980 comme une émanation du droit des
affaires. C'est une nouvelle approche du droit, liée à la prise en charge par l'État
de l'économie. Ce droit cherche à réglementer les institutions chargées de
l'organisation économique globale, il ne s'intéresse pas aux sociétés mais au
marché.5

3 MODE OPERATPOIRE

3.1 Intérêt du sujet

Elaborer un travail de fin de cycle est un impératif dévolu à tout finaliste


du premier cycle de graduat en droit à travers les Universités de la République
Démocratique du Congo. C’est dans ce cadre que s’inscrit le présent travail.

L’intérêt de ce sujet découle des cris d’alarme que l’on reçoit quotidiennement
sur la situation des prix au marché. Ainsi, l’intérêt de ce travail sera abordé sous
deux axes : théorique et pratique.

3.1.1 Sur le plan théorique

Ce travail constitue une contribution scientifique tendant à démontrer


l’insuffisance des règles couvrant le domaine de la fixation de prix. Il est temps
que la législation congolaise s’inspire des règles internationales en la matière.
Ainsi, ce travail se propose de présenter ces règles en mettant l’accent sur les
différents points essentiels.
4
Madeleine GRAWITZ, Méthode de recherche en sciences sociales, 11ème édition, Dalloz, Paris, 2001, p.398
5
Idem, p, 473
10

3.1.2 Sur le plan pratique

Il est important de relever que, sous l’empire de l’actuelle loi relative à la


liberté des prix et à la concurrence, la fixation des prix ne tient pas compte de la
particularité de la matière. D’où, il est question de voir dans la pratique la
manière dont les choses se passent.

3.1.3 Méthodes

La méthode est considérée comme l’ensemble des opérations


intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle
cherche, les démontre et les vérifie.6 Ce travail est axé sur trois méthodes :

 La méthode exégétique qui consiste à chercher la volonté du législateur


dans l’élaboration des textes. Elle nous permet de situer les origines des
problèmes7 juridiques et abus que connait la pratique de la règlementation
des prix sur le marché artisanal particulièrement.
 La méthode comparative nous permet de comparer la législation
congolaise en la matière à d’autres législations.
 La méthode sociologique nous permet de voir la recevabilité de ces règles
dans la société. Elle est l’autre reflet de l’adage « Ubi jus, ibi societas ».

3.1.4 Techniques

En plus, de ces trois méthodes, nous allons recourir à la technique


documentaire qui nous permettra de rassembler divers documents dont nous
nous servirons. En effet, la technique d’interview, qui est une technique vivante,
permet à tout chercheur d’obtenir des informations à partir de sujets vivants,
pour appuyer les méthodes pré énumérées.

4 Délimitation du sujet

Ce travail, est limité dans le temps et dans l’espace.

6
Madeline GRAWITZ, op.cit. p. 15.
7
Idem, p, 23
11

La délimitation dans l’espace suppose que notre champ d’action est le territoire
de la République Démocratique du Congo.

Par contre, dans le temps, la période qui sera prise en compte est celle de 2018
jusqu’à ce jour.

Plan sommaire

Hormis l’introduction et la conclusion ce travail sera subdivisé en deux


chapitres, le premier portera sur l’Approche analytique sur les concepts de base.
Tandis que le deuxième portera sur la pratique de fixation des prix des objets
artisanaux en droit positif congolais : critiques et perspectives.
12

CHAPITRE 1er : DE LA LIBERTE ET LA


CONCURRENCE DES PRIX SUR LE MARCHE

Après plusieurs études, nous constatons que les consommateurs sont des
victimes de plusieurs maux qui rongent notre société. C’est ainsi qu’il est
indispensable de les protéger. Telle est notre première préoccupation dans cette
étude : les mécanismes juridiques de protection des consommateurs en droit
congolais

Le prix étant un élément très important dans la vie commerciale d’un


pays, l’Etat congolais s’est arrangé pour réglementer ce domaine en vue de
faciliter la vie aux consommateurs qui sont censés faire face à cela
régulièrement.

Tout d’abord, la RDC est passée du régime de la règlementation à la


libéralisation des prix sur tout le marché, ce qui fait même l’objet de nos
recherches mais dans un domaine particulier qui touche les objets artisanaux sur
ce nouveau régime, retenons que la réglementation des prix sur le marché est un
exercice de l’Etat qui intervenait dans le domaine économique. Cette
intervention étatique dans les activités économiques se matérialise sous deux
formes : entreprenariat et régulation8.

Ce qui implique que nous parlions sur le l’analyse de ce régime suivi des
autres qu’il a précédés qui nous ont fait chuté à ce genre de problèmes
aujourd’hui. Le régime la réglementation des prix ; présentant des interactions
complexes dans les mesures prises par le pouvoir public, à la limite, toute
intervention publique pourrait être au moins indirectement qualifié
d’économique9.

Mais pour bien analyser ceci, nous nous évertuerons de faire comprendre
la liberté des prix entendue selon l’économie, ce qui va constituer notre 1 ère
section.

8
NGOY NDIMBU L., (notes de cours de réglementation de prix 2014-2015) p 2
9
Idem p 1
13

SECTION 1ère : LA LIBERTE DES PRIX EN MATIERE ECONOMIQUE

En République Démocratique du Congo, l’exercice de fixer les prix des


biens revient aujourd’hui aux personnes qui les mettent en vente en vertu de la
loi organique no 020 du 09 Juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la
concurrence déloyale. Et pourtant, cette liberté n’a rien d’absolu si ce n’est par
principe car les lois et règlements qui ont reçu de la constitution la charge d’en
fixer les modalités pratiques prévoient quantité de limitations essentiellement en
cas des incapacités, des incompatibles et déchéances. 10

Alors qu’avant cette loi, le prix au Congo est une matière qui était plusieurs fois
traitée par le décret-loi du 20 Mars 1961 tel que modifié et complété par
l’ordonnance-loi 83-026 du 12 Septembre 1983 qui porte sur les dispositions
relatives aux prix, particulièrement sur la transparence et la loyauté dont
l’adaptation s’avère nécessaire au regard de l’évolution institutionnelle du pays.
Mais dans ce texte des lois sus-évoqué, la liberté des fixer le prix n’était le prix
demeure un instrument de l’émergence du commerce dans la vie de nos sociétés
actuelles.

§ 1er : Fixation de prix (définition, historique et fondement)

A. DEFINITION

D’entrée de jeu, nous pouvons comprendre le prix lui-même comme une


somme d’argent réclamée, proposée ou obtenue en échange de la fourniture
d’un bien ou d’une prestation de service. Ne le confondons pas alors à la ce
niveau avec le coût. si le prix fait référence au coût, il sera compris
comme : « une mesure monétaire qui facilite la comparaison des valeurs des
biens et des services. On applique ce terme aussi dans les transactions d’une
entreprise avec l’extérieur : prix d’achat, prix de vente. Un prix implique une
notion de résultat ».
La fixation du prix quant à elle ; elle se présente comme le fait de déterminer
par un montant quelconque (Cette somme d’argent), la valeur marchande d’un
bien ou d’un service. En outre, c’est la définition du cout à payer pour s’acquérir
d’un bien ou d’un service en matière économique. En droit civil par exemple,
c’est les parties qui fixent le montant du prix de leur contrat11.

10
KUMBU KI NGIMBI J-M,. Notes de droit de législation en matière économique, Ed 2em, 2009, p, 18
11
Le code larcier, Droit commercial et économique, tome III, V1, Ed. Afrique, 2003
14

Les principes de base sont invités pour procéder à la fixation des prix en
RDC. 1. Le facteur de la conjoncture du marché, qui est un facteur économique
très imposant et 2. Le facteur juridique qui résulte la politique économique de
l’Etat, s’exprimant par une réglementation.
I. LES CARACTERS DU PRIX FIXE

I.1 LE PRIX DOIT ETRE DETERMINE

Le prix fixé doit être déterminé ; ceci s’explique du fait que pour fixer le
prix, un certain nombre de facteurs doit y répondre. Le code civil congolais livre
III renseigne à son Art 272 que le prix de la vente doit être déterminé et désigné
par les parties.

Est déterminé, le prix fixé par les parties après discussion (prix
consensuel) ou le prix fixé par le vendeur avec l’accord de l’acheteur ou, encore,
le prix fixé par le vendeur en cas de vente aux enchères.12

Par ailleurs, si le prix doit être fixé à une certaine somme d’argent, il n’est
pas nécessaire qu’il soit désigné dans le contrat ; il suffit qu’il soit déterminable
au moyen des éléments du contrat, sans dépendre de la volonté des parties. Est,
donc, déterminable, le prix de vente fait à prix courant (prix du marché) ou le
prix déclaré sujet aux variations d’après l’index du marché, ou encore que la
détermination du prix peut être laissée à l’arbitrage d’un tiers. Si le tiers ne veut
pas en faire l’estimation. Il n’y a point de vente (Art 273 du code civil congolais
livre III)13.

I.2 LE PRIX DOIT ETRE REEL OU SERIEUX

Du caractère réel, le contrat de vente suppose le paiement du prix de la


chose par l’acquéreur. Si donc, au moment de la conclusion du contrat de vente,
les parties conviennent que le prix ne soit pas payé par l’acheteur, il n’y a pas de
prix et, par voie de conséquence, il n’y a pas vente, puisqu’aucune prestation
n’est fournie par l’acquéreur en contrepartie du transfert de la propriété de la
chose par la vente.

12
KATAMBWE MALIPO, Précis de droit civil : les contrats usuels, PUL, Lubumbashi, 2011, p, 123
13
Idem
15

On dira que le vendeur n’a pas, au moment de la vente, l’intention d’exiger le


prix et, par conséquent, qu’il n’y a pas vente entre les parties14.

B. HISTORIQUE

En ce qui concerne l’histoire de cette matière en RDC, tout d’abord


comme tout consommateur aura besoin de connaitre le prix du bien dont il veut
se disposer de la part du commerçant, cet aspect s’avère alors indispensable dans
la vie économique d’un pays. Et ce, le début d’une réglementation sur les prix
pour éviter tout abus sur le consommateur.
Pour garder le pouvoir d’achat du consommateur sur le commerçant, le
législateur colonial a jugé bon de réglementer la matière de la fixation des prix.
Ce qui veut dire qu’avant même l’accession de la RDC à l’indépendance, le prix
était déjà légiféré en son sein. Nous avons la législation de 1944 sur le prix, elle
qui obligeait à aout commerçant de fixer le prix de son bien ou de son service en
faisant le calcul de toutes les dépenses déjà engagées et celles à engager en y
mettant un pourcentage limité par la loi, ce pourcentage qui représenterait la
marge bénéficiaire. Cette pratique trouvait son objectivité sur le fait que le
commerçant, cherchant le gain, peut en abuser et faire souffrir le consommateur.

Malgré ça, le système de la fixation des prix était libéral et c’est par après
que le législateur va mettre en place un système d’homologation(1961). Une
législation qui se verra être modifiée et complétée par l’ordonnance-loi de 1983
modifiant et complétant certains articles du décret-loi de 1961.

a. DE L’HOMOLOGATION DU PRIX

Le prix, étant le principal critère d’un commerce équitable, il ne suffit pas


seulement qu’il soit fixé mais encore faut-il qu’il soit renforcé par des normes
mises en place car le renforcement de l’organisation du prix constitue un critère
aussi majeur du commerce équitable15. La raison d’être même du décret-loi du
20 Mars 1961.

Ce déséquilibre économique a fait que tous les produits vendus sur le


marché fassent objet d’une homologation préalable par voie d’arrêté jusqu’à la
publication de l’ordonnance n°67/294 du 27 juillet 1967 relative au blocage des
prix des produits, des marchandises et des services. En réalité, cette ordonnance
14
Ibidem
15
Tristan LECOMPTE, le commerce équitable, Eyrolles pratique, p 87
16

ne les avait pas bloqués. Cette situation poussa l’autorité du Ministre à fixer les
marges bénéficiaires applicables à l’échelon vente en gros et au détail de toutes
les marchandises vendues au Zaïre par l’arrêté EN/023 du 20 décembre 1969.16
En général, une période de blocage des prix a dominé les années 1960 à
1968 ; elle était nécessaire compte tenu des difficultés économiques des
premières années poste indépendance. Entre 1968 et 1972, un contexte
économique et un climat social favorable permirent l’assoupissement de la
politique des prix, excepté pour certains produits. Dans l’ensemble, producteur
et distributeur retrouvèrent leur liberté dans la détermination des prix, sous
réserve du respect des textes fixant les modalités de calcul des prix de revient. A
compter de 1972 et 1973, la dégradation de l’économie se traduit par une
pénurie des biens de consommation, un marché noir triomphant et une hausse
des prix vertigineuse. La politique des prix redevient autoritaire, mais l’action
des « contrôleurs des prix » puis de la « commission des prix » se révèle peu
efficace ; tout comme le blocage des prix décidé par le bureau politique du
mouvement populaire de la Révolution (1973), cette action semble avoir
échoué.17 Mais à partir de 1966, l’économie du pays tenta de se relever. Et ce, le
quadruplement des prix pétrole, fin 1973 qui a permis au pays d’avoir accès au
marché financier international.18.

Bref, le lendemain de l’indépendance n’a été que cauchemardesque


puisque le pays connaitra une période très troublante avec des guerres et des
sécessions. Plusieurs causes ont fait que le prix soit réglementé au ZAIRE
actuellement République Démocratique du Congo, comme dans d’autres pays
comme nous venons de le voir. Naitre dans le système de la liberté des prix,
passant par celui de l’homologation et aujourd’hui retournant au système de la
liberté des prix, ça sent on bon nombre de législation en matière des prix en
RDC.

b. DE LA LIBERTE DU PRIX

L’Etat congolais, constatant que ce système d’homologation ne


correspondait plus aux exigences d’une économie nationale forte, il décida de
rentrer dans le système libéral avec l’ordonnance-loi du 12 Septembre 1983.

16
MPINDI-MBENSA KIFU G., Le droit zaïrois de la consommation, p.203
17
MASAMBA MAKELA Jr., La protection des consommateurs en droit zaïrois,Op.cit.,p.109
18
MUTAMBA LUKUSA G., CONGO/ZAIRE LA FAILLITE D’UN PAYS, DESEQUILIBRE MACRO-ECONOMIE ET
AJUSTEMENT (1988-1999), p 18
17

C. FONDEMENT

Les consommateurs sont, depuis les temps anciens, en relation avec les
professionnels qui leur fournissent les biens et services dont ils ont besoin. Mais
cette relation n’est pas équilibrée : le professionnel étant compétent, détenant les
informations et très souvent, ayant une position financière élevée, dicte sa loi au
consommateur. Ceci justifie la position de supériorité qu’occupent les
professionnels par rapport aux consommateurs.

Raison pour laquelle cette loi est venue pour défaire les manœuvres
montées par les professionnels du commerce en instituant que les prix des biens
et services sont librement fixés par ceux qui en font l’offre. Ils ne sont pas
soumis à homologation préalable mais doivent, après qu’ils aient été fixés, être
communiqués, avec dossier y afférent, au ministère ayant l’économie nationale
dans ses attributions, pour un contrôle a posteriori 19. Dans un sens plus
démocratique cela parait très juste et admissible. Mais il ne suffit pas que la loi
se limite à ce niveau sinon les abus seront au rendez-vous. Comme nous le
verront dans ce travail.

Cette loi trouve sans doute son fondement sur l’idée d’une économie au
marché plus concurrentiel, celle de l’assurance la transparence, de la régularité
et de la loyauté des prix ainsi la lutte contre les pratiques restrictives et la hausse
illicite des prix20, placés sous la tutelle du ministère de l’économie nationale.
§ 2ème Les exigences légales : la transparence et la loyauté des prix

Les seules bases qui fondent la démocratie sont le respect de l’homme


comme être humain : l’option privilégiée étant celle d’un homme à qui est
reconnu la capacité et le droit à l’initiative, à la libre entreprise… 21 ceci s’inscrit
notamment dans l’aspect d’une liberté de fixer les prix des objets mis en vente
garantie par la loi et reconnue exclusivement aux personnes qui sont auteurs de
cette mise en vente. Mais dans cette optique, le pouvoir public intervient d’une
manière ou d’une autre pour déterminer le cadre d’action à ces commerçants qui
fixent librement les prix de leurs objets.

Cela ne va pas nous étonner que l’Etat garantisse une certaine liberté à ses
gouvernés puis la restreindre tout petit peu. Car dans sa mission de réguler la vie

19
Loi organique no 18-020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, art6
20
IDEM, Art 1
21
Georges NGAL, RECONSTRUIRE LA RDC-CONGO UN PROJET DE SOCIETE, Ed, L’Harmattan, p. 10
18

en société, la puissance publique se voit dans l’obligation de protéger les faibles


qui ; à force de garantir certaines libertés peuvent se transformer en proie devant
les forts. Il doit se placer dans le socialisme en liberté, tel est notre choix
fondamental, ni trop d’Etat ni trop peu d’Etat, mais un Etat efficace, juste et
responsable22.

La liberté de prix donne le droit à toute personne exerçant une activité


économique ou commerciale de fixer le prix de son bien ou service dans les
conditions prévues par la loi.23

Nous pouvons en ce sens distinguer les conditions de forme et de fond dans


l’exercice de la fixation des prix par les commerçants.

A. CONDITIONS DE FORME

L’article 6 de la même loi cité ci-haut parle de condition que nous


appelons condition de forme pour que le prix soit fixé. Le commerçant est libre
de fixer le prix de son produit ou service mais il doit en informer le ministère de
l’économie nationale de l’effectivité de son action de fixation du prix afin que le
ministère procède au contrôle a posteriori

B. CONDITIONS DE FOND

Les conditions de fond, telles qu’énumérées dans l’Arrêté Ministériel no


034/CAB/ECONAT/JKN/2018 portant mesures d’exécution de la loi organique
18-020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, sont
surtout sur le calcul des prix selon que le produit est industriel, agricole ou
artisanal. Hors taxes ou pas…

Dans tous les cas, cet exercice personnel et unilatéral qui consiste pour la
personne qui fait l’offre d’un bien ou d’un service d’en fixer le prix, peut finir
par un autre prix outre que celui qu’il a fixé selon qu’il s’agit d’une discussion
avec l’acheteur. En cas d’attente, ce prix fixé, par lequel l’acheteur se procure du
bien ou du service est appelé le prix consensuel.

Parlant de la loyauté, ça doit toujours se sentir dans le prix fixé par le


l’opérateur économique. L’Etat, tout ce qu’il refuse c’est les abus sur les
22
Alfred SAUVY, LA MORALE ET L’EFFICACITE ‘’le socialisme en liberté’’, Ed Paris P.V.F p 14
23
Loi organique no 18-020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, art 4
19

consommateurs sur le fait que le commerçant fixe le prix au-delà de ce qu’il


fallait ou alors en dessous pour gagner plus de clients que les autres
commerçants autour. Ces pratiques d’anti concurrence sont les causes de
l’intervention restrictive de l’Etat en la matière car tout ce qu’il a à faire, lui
l’Etat c’est de protéger sa population.

Alors dans ce cas, il fixe seul les prix des produits et services en faveur de
l’équilibre économique entre la valeur du produit ou service et le prix. En vertu
de l’Art 8 de la LOI ORGANIQUE NO 18-020 DU 09 JUILLET 2018 RELATIVE A LA LIBERTE
DES PRIX ET A LA CONCURRENCE , cette règle de fixation des prix par ceux qui en
font l’offre se déroge pour dans les hydrocarbures et des transports publics,
l’électricité et l’eau.

Section 2ème LA CONCURRENCE EN MATIERE ECONOMIQUE

Françoise Bayard, Patric Fidenson et Albert Rigaudière disaient ‘’Au


commencement était la concurrence’’ dans leur œuvre collective intitulée
‘’Genèse des marchés’’.

Cette phrase, tirée du premier verset de la Bible, remonte l’histoire de la


concurrence dès l’apparition de l’homme sur la terre car ce dernier était
confronté à la problématique du choix qui consiste toujours à opter pour une
chose et laisser une autre. Cela ne fut pas clair en ce sens que le marché dont il
est question aujourd’hui est un marché qui confronte les opérateurs économiques
dans leur domaine à leurs semblables et les demandeurs en tant que
consommateurs des biens et services entre eux.

§ 1ER Notions et fondement

1. NOTIONS

La concurrence est définie comme la structure d’un marché caractérisé par


une confrontation libre d’un grand nombre de gens qui font l’offre et de ceux qui
en font la demande, dans tout domaine et pour tout bien et service24.

24
Ahmed Silem et Jean-Marie Albertini, Lexique d’économie, Paris, Dalloz, 2014(13er éd), p, 207
20

Déjà en XIXème, on pouvait remarquer les pratiques et la politique de la


concurrence qui ; jusqu’à ce jour ne cesse d’évoluer et d’étendre les notions à
travers le monde

Aujourd’hui, la concurrence est l’un des moyens les plus démocratiques


dans le monde économique qui permette aux acteurs de ce secteur (économique)
la liberté de contracter, de commencer, de circuler et d’entreprendre. Elle donne
libre cours à des comportements humains très répandus dans un monde aux
ressources rares. Cela peut se passer de de la simple émulation et de la
compétition d’allure sportive à des actes de rivalité agressive. Dans ces cas, on
parle de la concurrence loyale et déloyale respectivement.

2. FONDEMENT

En République Démocratique du Congo, La concurrence en matière


économique est la rivalité entre plusieurs agents économiques pour acquérir des
parts de marché, en vendant des biens et services identiques ou similaires. Elle
est donc une compétition entre les commerçants ou agents économiques pour
capter la demande émanant des consommateurs.

On retient sur cette définition, que la concurrence consiste pour ses


acteurs de se mettre dans une compétition économique, visant tous le même
intérêt ou le même but qui ; le plus souvent est celui de gagner plus de
demandeurs. Ce sens, qui tend à penser la concurrence en termes de rivalité,
compétition, affrontement, n’est que second. Le premier sens, selon l’outil de
lexicographie du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales 25. Un
premier sens considère la concurrence comme le ‘’fait d’être ensemble, d’agir de
concert, conjointement, à égalité dans la poursuite d’un même but’’. Bien que
cette définition mette aussi en exergue le but commun, elle est dépourvue de
l’idée de l’opposition. On peut comprendre que ce premier soit tienne
entièrement compte de l’étymologie du mot concurrence, tiré du verbe latin
conjurer qui ; en latin classique, insiste sur le rassemblement, la convergence, la
rencontre…

Alors que, le législateur congolais, en cette matière, veut placer la


compétition au centre au centre de cette action pour arriver à encadrer ou à
protéger le principe fondamental de la liberté du commerce et de l’industrie. Le
système économique congolais étant un système construit sur les règles de la
25
https://www.cnrtl.fr/portail/. Consulté le 13/07/2023 à 14h 08’’
21

libre concurrence entre ses acteurs, il exige en outre que cette concurrence soit
loyale. Le droit de la concurrence est assis sur les lois et règlements ainsi que
les principes jurisprudentiels fondés sur le droit civil et le droit commercial
afin de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles telles que la concurrence
déloyale, l’entente illicite et l’abus de position dominante.

§ 2em : Règles relatives à la concurrence

La concurrence étant une matière très exigeante, elle est parfois régie par
différentes lois qui cherchent toutes l’uniformité de la règle sur le marché
économique. En France par exemple, où il y’a eu :
 Le décret d’Allard
 des 2-17 mars 1791 qui instituait le délit de coalition et posait le
principe de la liberté de commerce et de l’industrie ;
 L’ordonnance du 4 décembre 1836 qui déclarait que « tous les
marchés au nom de l’Etat seront faits avec concurrence et
publication »…

Cependant, l’Etat n’abandonne pas toute possibilité d’intervenir sur les


marchés26.

De même que le législateur français a agi de cette manière de donner une place
considérable à la concurrence sur les marchés, de même aussi celui de la RDC,
colonial tout comme du post indépendance a institué le même aspect
économique sur les marchés congolais.

 Tout d’abord, en définissant la concurrence déloyale comme « tout


acte de concurrence contraire aux usages honnêtes en matière
industrielle ou commerciale », les parties à la Convention d’Union
de Paris sur la protection de la propriété industrielle du 20 mars
1889, plusieurs autres textes de loi sont apparus avec des définitions
allant dans le même sens et en déterminant aussi les sanctions pour
des tels actes ;
 L’arrêté départemental du 15 juin portant création et organisation
de la commission de la concurrence ;

26
Jean-Paul Valette, Droit Public Economique, Ed, Hachette Supérieur, p, 128
22

 L’ordonnance-loi numéro 41-63 du 24 février 1950 relative à la


concurrence déloyale. Cette ordonnance-loi résume la matière de
concurrence en République Démocratique de Congo.

Ces textes de lois ont existé dans le but de réguler la matière économique en ce
qui concerne la concurrence sur les marchés congolais.

Parlant des règles, aujourd’hui la loi organique numéro 18-020 du 09


juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence a prévu dans son
TITRE IIIème comme REGLES RELATIVES A LA CONCURRENCE. A cela,
le législateur accorde aux personnes publiques le droit de concurrencer les
privés sur les marchés congolais.

L’article 26 dispose que « les personnes puniques peuvent intervenir dans


le domaine économique en vue de concurrencer l’initiative privée dans les cas
ci-après :

1. Insuffisance de l’initiative privée ;


2. Rattachement de l’objet du service à l’exercice d’une attribution
légale de la personne publique ;
3. Satisfaction de leurs propres besoins de fonctionnement de service ;
4. Amélioration de prestation des services dans l’intérêt de la
population »27.

Ici, l’État, il se crée un espace pour exister également dans la sphère


économique tout en se mêlant dans le jeu de la concurrence qui constitue une
règle majeure du marché pour y conserver un bon déroulement des activités.
En effet, cette loi contient toute une litanie de règles de jeu de la
concurrence tel dans ses articles 28, 30, 31, 32, 33 qui se résument sur le fait que
le marché doit être concurrentiel, aucun individu peut en faire le monopole en
restreignant le champ pur d’autres opérateurs économiques, la concurrence doit
se régner un climat assaini et professionnel.

Toutefois, l’arrêté ministériel portant mesures d’application de la


loi précitée, énumère des sanctions prévues en cas de concurrence déloyale sur
le marché pour les récalcitrants. En outre, il fait mention des détails à suivre
pour arriver à fixer les prix et à procéder à la concurrence dont il est question.

27
Loi organique no 18-020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, art 26
23

Pourquoi donc le législateur, dans ses diverses interventions en cette matière


emploie toujours le terme « loyal ».

Le mot « loyal » » issu est du Latin, legalis qui veut dire à la fois
loyal et légal : la loyauté est la qualité de quelqu’un ou de quelque chose qui est
conforme à la loi, au sens moral ou au sens juridique 28. La loyauté est donc un
principe pour le marché économique de notre temps.

Comme en France, la création du conseil de la concurrence est


d’une importance capitale. Ce conseil aura des missions spécifiques remplir
dans le marché économique. Elles se subdiviseront en 1) Fonction Consultative :
Le conseil peut faire objet des consultations par le gouvernement, le parlement,
les collectivités territoriales les autorités administratives indépendantes, les
organisations professionnelles syndicales, les organisations des consommateurs.
La saisine est, selon le cas, facultative ou obligatoire29.

Le conseil peut également, en matière de pratiques


anticoncurrentielles, être consulté par les juridictions, judiciaires ou
administratives, de droit commun ou spécialisées, à l’occasion des affaires dont
elle est saisie30.

Ainsi, l’idée de la concurrence se veut concrète sur une notion de


loyauté et de transparence pour maintenir de la fluidité du marché par
l’existence d’une règlementation des pouvoirs publics, au nom du libéralisme.
Une réglementation forte, capable de limiter les éventuels abus des commerçants
tout comme des personnes publiques qui exercent dans ce domaine sur les
consommateurs.

28
William Charbonnier, La loyauté : de la règle morale au principe juridique, Ed, Revue Juridique de l’Ouest,
2012, Paris, p, 1
29
Jean-Paul Valette, Droit Public Économique, Ed, Hachette Supérieur, p, 139
30
Idem
24

CHAPITRE 2ème : LA PRATIQUE DE FIXATION DES PRIX DES


OBJETS ARTISANAUX EN DROIT POSITIF CONGOLAIS :
CRITIQUES ET PERSPECTIVES

Après plusieurs études, nous constatons que les consommateurs des


produits artisanaux sont des victimes de plusieurs maux qui rongent notre
société. C’est ainsi qu’il est indispensable de les protéger.
Il sera ici question d’analyser l’inefficacité des textes légaux en
rapport avec la liberté de la fixation des prix des objets artisanaux suivant la loi
N°18-020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence
(section 1) et les considérations critiques et les perspectives (section 2).

Section 1ère L’inefficacité des textes légaux en rapport avec la liberté de


la fixation des prix des objets artisanaux suivant la loi N°18-020 du 9
juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence

Tout comme le commerçant industriel. L’artisan est aussi libre de


fixer seul le prix de son produit sur le marché. Cependant, la loi garde un œil
très regardant sur le commerce industriel, hélas, le constat est tout contraire en
ce qui concerne le marché artisanal.

Cela va nous amener à voir l’état des lieux (paragraphe 1er) et les insuffisances
d’adaptabilité des règles dans la pratique (paragraphe 2).

§ 1er : Etat des lieux

L’Ordonnance-loi n° 22/031 du 08 septembre 2022 relative à la


promotion de l’artisanat,31 dans son article 3 point 3 définit qui est un artisan en
disposant qu’est artisan « Tout travailleur autonome ayant les qualifications
professionnelles requises et exerçant, pour son propre compte et à titre principal,
seul ou avec l’aide des membres de sa famille, d’apprentis ou de compagnons,
une activité artisanale à des fins lucratives ».
Nous devons analyser l’artisan d’une part et d’autre part son activité
(l’activité artisanale). Quant à cette dernière, l’Ordonnance-loi précitée prend
également soin de la définir toujours dans son article 3 point 1. Est appelée
31
L’Ordonnance-loi n° 22/031 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat, Art 3 al.3.
25

activité artisanale « Toute activité d’extraction, de production ou de


transformation de biens et/ou de prestations de services, exercée à titre principal
par une personne physique ou morale, dont la maitrise technique et le savoir-
faire requièrent un apprentissage ou une formation assortie d’une pratique du
métier, où le travail et l’habileté manuelle occupent une place prépondérante et
où le mode de production, pouvant inclure des machines et outillages simples
actionnés directement par l’artisan, ne débouche pas sur une production en
série ».32
Il y a lieu de noter qu’à MATADI, il n’existe qu’un seul endroit où
l’on peut facilement trouver tous les objets artisanaux, du moins ceux qui font
l’objet de vente.

Ce marché connaît une série de pratiques en marge avec la


législation en la matière. Ces pratiques constituent un frein au développement de
l’économie du marché alors que la liberté de fixation des prix s’inscrit aussi
dans le cadre de la protection des consommateurs.

a. Les pratiques abusives

Au regard de l’observation et des entretiens avec certains artisans


vendeurs des objets d’arts, nous avons pu déceler des pratiques, des pratiques
que nous pouvons résumer 8 aspects :

 La pratique des prix illicites ;


 La pratique de non affichage des prix et de non établissement des
factures pour le client ;
 La pratique de la fixation des prix à la tête du client ;
 La pratique des ventes agressives ;
 La pratique de rétention des stocks ;
 La pratique des attentes illicites et les positions dominantes ;
 La pratique de la fixation des prix en monnaie étrangère ;
 La pratique de la fixation des prix selon les heures ;

32
IDEM, 3 al. 1
26

I. La pratique des prix illicites

Conformément aux dispositions de l’article 5 de la Loi organique


du 9 juillet 2018, un prix illicite est un prix supérieur au prix fixé conformément
aux dispositions de la présente loi et à leurs mesures d’applications ou prix
supérieur au prix réglementé.33
Constituent la pratique des prix illicites :34
 Toute vente de produits, prestation de service, offre, propositions de
vente de produits ou prestation de services faites ou contractées à un
prix illicite ;
 Tout achat ou offre d’achat de produits ou toute demande de
prestations de services fait ou contactés à un prix illicite ;
 La vente ou offre de vente et tout achat ou offre d’achat comportant,
sous quelque forme que ce soit, une prestation occulte ;
 Toute prestation de services, offre de services comportant, sous
quelque forme que ce soit, une rémunération occulte ;
 Toute vente ou offre de vente et tout achat ou offre d’achat
comportant la livraison de produits inférieurs en quantité et en
qualité à ceux facturés ou à facturer, retenus ou proposés, ainsi que
les achats contractés dans les conditions ci-dessus visées ;
 Toute prestation de services, ou offre de prestation de services, toute
demande de prestations de services comportant la fourniture de
travaux ou de services inférieurs en importance ou en qualité à ceux
retenus ou proposés pour le calcul du prix de ces prestations, offres
ou demandes de services, ainsi que les prestations de services
acceptées dans les conditions ci-dessus ;
 Toute vente ou offre de vente de produits et toute prestation ou offre
de prestation de services subordonnée à l’échange d’autres produits u
services, hormis celles qui visent la satisfaction des besoins
personnels ou familiaux.

II. La pratique de non affichage des prix et celle de non établissement


des factures

33
Article 5 alinéa 12 de la Loi entreprise
34
Article 25 de la Loi entreprise.
27

L’arrêté n°AE/2 du 24 janvier 1963 relatif à l’affichage des prix et à


l’établissement des factures exige que les prix soient affichés et les factures
établis et remis au client.35 Et l’arrêté ministériel N°046/CAB/MINET/ECO
NAT/JKN/2018 du 27 décembre 2018 relatif à la publicité des prix, des tarifs et
à l’établissement d’une facture fait de la publicité des prix une de conditions
essentielles dans l’exercice de l’activité de l’artisanat - vente.

En effet, l’article 1er dudit arrêté prévoit que :


« Tout vendeur de produit ou tout prestataire de services, à l'exception des
prestations offertes par l'exercice d'une profession libérale, est tenu d'informer
le consommateur du prix ou du tarif, d'une manière visible, lisible et non
équivoque, par voie d'affichage, de marquage, d'étiquetage eu par tout autre
procédé approprié. ». Il en est de même de tous les produits groupés au même
endroit faisant l’objet d’un prix identique, l’artisan doit mentionner un seul
prix36.

Lorsque des prix de vente sont établis au poids ou à la mesure,


l'unité de base adoptée doit être expressément indiquée.

L’affichage joue le rôle de la transparence et de la loyauté des


prix. Car s’il faut marchander, cela se fera en fonction du prix affiché. Les
services de contrôle n’auront pas de difficulté dans leur travail de vérification.

L’article 12 de la loi du 9 juillet 2018 dispose : « Tout vendeur


de produit ou tout prestataire de services, à l’exception des prestations offertes
par l’exercice d’une profession libérale, est tenu d’informer le consommateur
du prix par voie de marquage, d’étiquetage ou par tout autre procédé
approprié. ».

Le même devoir est aussi imposé au producteur, grossiste,


importateur ou prestataire de communiquer à tout revendeur son barème de
prix et ses conditions générales de vente. Cette communication devait se faire
par écrit et comprend, outre les modalités de règlement, les rabais et ristournes
accordés de façon permanente ou occasionnelle ainsi que les actions
promotionnelles du distributeur37.

En outre, si au départ, le prix n’est pas fixé, il est logique que


l’achat d’un objet artisanal ne fasse l’objet d’une facture.
35
TELOMONO M., Op. cit
36
Article 2 de l’arrêté ministériel N°046/CAB/MINET/ECO NAT/JKN/2018 du 27 décembre 2018 relatif à la
publicité des prix, des tarifs et l’établissement d’une facture.
37
Article 13 de la loi N°18-020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence.
28

C’est ce que prescrit l’article 14 de la loi du 9 juillet 2018


relative à la liberté des prix et à la concurrence : « Toute vente de produits,
toute prestation de service pour une activité professionnelle fait l’objet d’une
facturation. La facture est délivrée dès la réalisation de la vente ou de la
prestation de service. L’acheteur la réclame lorsqu’elle n’est pas spontanément
remise. »
Cette facture doit indiquer le nom ou la raison sociale du
vendeur, le siège social, le numéro du registre de commerce et du crédit
mobilier, le nom de l’acheteur ou client et la date. En outre, elle doit donner
toutes spécifications permettant d’identifier la marchandise vendue, la quantité
vendue, le prix unitaire, le total par article et le total de la vente pour un bien
d’une part, la nature des prestations fournies, le prix unitaire et la valeur totale
pour un service d’autre part. Les taxes, les remises, les rabais et les ristournes
accordés y sont également indiqués.

Enfin, cette facture doit être établie suivant une numérotation


ininterrompue, par ordre des dates, sans blanc, lacunes, ratures ni surcharges et
copies doivent être reliées périodiquement au moins tous les mois.

Le vendeur est tenu de présenter les factures d’achat et la


structure de prix à la demande de l’autorité compétente.

III. La pratique de la fixation du prix à la tête du client

Faute de l’affichage du prix sur les objets à vendre, il s’est créé une
pratique malheureuse de voir le vendeur se livrer à la fixation de prix à la tête du
client.
Ce prix dépend de l’apparence extérieure du client. Ainsi, le prix
sera élevé pour un client qui donne l’apparence de fortune, d’aisance et qui roule
en voiture ; ou il sera moins élevé au regard d’un client présentant une
apparence d’infortune.
Cette situation traduit bien le brocard usuel selon lequel « l’habit
fait le moine ».
.
29

IV. La pratique de ventes agressives

Le concept des ventes agressives évoque un ensemble des pratiques


commerciales qui paraissent licites mais sont en réalité illicites et peuvent avoir
un impact sur le doit de la consommation.
Parmi ces pratiques, nous citons :
 La vente à porte à porte ou la vente à domicile, cette pratique n’offre
pas au client la possibilité de comparer différents produits afin de
mieux faire son choix.
 La vente subordonnée ou vente jumelée ou vente conjointe : la loi
interdit aux commerçants d’offrir en vente des produits à l’échange
d’autres produits ou services.38
 La vente à la sauvette : cette pratique consiste pour un vendeur de
quitter le lieu où la vente a été conclue pour un autre lieu. Cette
vente ne permet pas au client de retrouver facilement son vendeur en
cas de réclamation par rapport au produit acheté.
 La vente avec prime ou vente à prime cadeau ou vente avec bonus :
vente dont la particularité réside dans le fait que l’acquéreur d’un
bien se verra offrir des cadeaux complémentaires pour le remercier
de son acte d’achat.39
 La vente en boule de neige : offre des marchandises à titre gratuit ou
à un prix réduit sous condition, pour l’acheteur, de recueillir des
commandes semblables passées par de nouveaux clients. 40 Il s’agit
ici d’une sorte de vente à la chaîne où seul le premier acheteur trouve
son compte.

V. La pratique de rétention des stocks

38
SAKATA M., Op. cit.
39
Article 5 al. 19 de la Loi organique n°18/020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence,
in JORDC n°spécial du 23 juillet 2018.
40
Article 5 al.17 de la Loi organique n°18/020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence,
in JORDC n°spécial du 23 juillet 2018.
30

La loi définit cette pratique comme le fait pour un opérateur


économique de conserver ou de posséder un stock ou des stocks pour une
utilisation future dans le cadre de ses activités.41
Dans la pratique, l’artisan n’étale pas tous ces produits. Il arrive
souvent que le gros de son stock est conservé pour une utilisation future dans le
cadre de ses activités. Cette situation peut constituer une autre manière de
dissimilation volontairement de stock de marchandises pour donner l’impression
d’une rareté de l’offre. Son objectif, on peut s’en douter, est de créer une rareté
apparente pour monter les enchères.
C’est dans ce sens que l’article 22 de la loi du 9 juillet 2018
interdit toute détention d’un stock de produits quelconques dans l’intention d’en
provoquer la pénurie.

VI. Les ententes illicites et les positions dominantes

Se retrouvant dans un marché de référence, les artisans de


GONDOLA fixent des prix sans tenir compte de la marge prévue par le
législateur. Le prix donné par l’un est confirmé par l’autre sur le même objet
d’art. Ces ententes sont illicites car basées sur leur intention commune de fixer
un prix illicite sur un bien ou service.

Par contre la position dominante se traduit par le fait, pour une


entreprise ou un groupe d’entreprise d’occuper une situation de monopole de fait
ou légal ou de disposer d’un avantage concurrentiel tel qu’il a le pouvoir de faire
obstacle au maintien de la concurrence effective sur le marché, en raison de sa
force économique, financière ou technologique.42

VII. La fixation du prix en monnaie étrangère

En matière de monnaie, il y a lieu de préciser qu’elle relève de la


souveraineté de l’Etat. C’est ainsi que l’article 122 alinéa 10 de la Constitution
de la République Démocratique du Congo prévoit dans son article 122 point 10
que c’est la loi interne qui fixe les règles concernant le régime d’émission de la
monnaie. Cet état de chose est aussi évoqué par l’article 202 point 14. De sa
part, l’article 1er de la même Constitution précise que notre monnaie est « le
Franc congolais ».
41
Article 5 al.5 de la Loi organique n°18/020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, in
JORDC n°spécial du 23 juillet 2018.
42
Article 5 al.9 de la loi organique n°18/020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, in
JORDC n°spécial du 23 juillet 2018.
31

VIII. La fixation du prix selon les heures

Le prix varie aussi selon le moment. Il en va de soi que lorsque le


navire accoste au port de MATADI et sachant très bien qu’ils seront visités par
les marins, la plupart de temps des sujets étrangers, le prix sera placé à la
hauteur de ces visiteurs pour être rabaissé après leur départ.

b. Les pratiques abusives concernant la qualité des biens et services.

Étant donné que les professionnels sont détenteurs des biens et


services, il leur est facile de poser des actes contraires à l’intérêt des
consommateurs, des actes qui portent atteinte à la qualité des biens et services.
Parmi ces actes, nous citons :
• La vente des produits et services de mauvaise qualité
• La pratique des clauses limitatives ou élusives de responsabilité ;
• La publicité tapageuse ou mensongère ;
• La concurrence déloyale ;
• L’inexécution des obligations contractuelles etc.

§ 2ème : LES DIFFICULTES D’ADAPTABILITE DES REGLES DANS LA


PRATIQUE

La République Démocratique du Congo dispose suffisamment des


textes légaux régissant pratiquement tout le domaine. Mais il se pose toujours ce
problème d’adaptabilité de ces règles.

Il est un fait que le citoyen a non seulement des droits mais il a


aussi des devoirs. De ces devoirs, il y a ceux prévus dans la Constitution et dans
les lois. Ainsi, l’article 62 de la Constitution dispose : « Nul n’est censé ignorer
32

la loi. Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer


aux lois de la République. »
Commentant cette disposition constitutionnelle, MUKUBI
KABALI argue que le principe « nul n’est censé ignorer est un principe qui veut
que dès qu’une loi est promulguée et publiée au journal officiel, elle devient
opposable à tous les membres de la communauté qu’elle vise. Il s’agit là d’une
présomption déduite de l’universalité du phénomène juridique renforcée par la
publication de la loi au journal officiel. Désormais, quiconque invoque son
ignorance de la loi, ne peut échapper aux sanctions pénales, civiles,
administratives, fiscales ou politiques 43. Il se constate sur terrain que ces artisans
ignorer l’existence des textes régissant leur métier ni la loi N°18-020 du 9 juillet
2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence. Il se pose là un problème
qu’il faille résoudre urgemment. Sinon, la fiction juridique de cette disposition
constitutionnelle risque de créer une insécurité permanente et un malaise dans la
société. L’Etat Congolais a l’obligation de sensibiliser et de conscientiser pour
permettre aux règles de produire mieux les objectifs assignés.
Concrètement, un prix est dit illicite lorsqu’il est supérieur ou
inférieur à la marge bénéficiaire. Un tel prix viole les règles de la concurrence 44
La marge bénéficiaire est fixée entre la fourchette de 0,001 à 25%
pour les produits artisanaux, et de 0,001 à 20% pour les produits commerciaux
et industriels. Donc le prix de vente égale prix d’achet plus charge plus marge
bénéficiaire.45
Mais, dans la pratique, ces règles connaissent de problème car le
marché des arts est un marché qui connait plusieurs difficultés.
Nous pouvons donc retenir que les artisans aussi rencontrent des
difficultés telles que :
La carence clientèle :
Avec la croyance religieuse qui considère la possession des objets
d’arts comme la possession des fétiches, il est quasi impossible pour un chrétien
laïc d’accepter acheter et détenir un objet d’arts. Exception près pour les
croyants catholiques qui peuvent chercher chapelet, effigie de Christ, de Marie
et autres.
En sus, l’homme noir n’a pas le même goût culturel comme un
blanc. Préoccupé par le souci de survie, il s’attache plus à chercher comment

43
MUKUBI KABALI, La Constitution de la RDC : annotée, commentée et expliquée, ITONGUA, Kinshasa, 2007,
p.101
44
SAKATA G., Droit de la concurrence, Ucc, 2017-2018, inédit
45
Idem
33

nouer les deux bouts du mois par l’acquisition des produits vivriers que de
s’enliser avec des objets qui ne peuvent lui procurer la satisfaction du ventre
Ce marché intéresse plus les étrangers qui sont soucieux non
seulement de connaître l’histoire mais de garder ses vestiges. Ainsi, les étrangers
cherchent à comprendre chaque œuvre afin d’en conserver et l’objet et sa
signification ou sa portée. Plus tard, ces mêmes objets rapportent suffisamment
d’argent dans le cadre de la vente aux enchères ou dans le cadre des expositions
multiples.

Le travail harassant :

Ceci fait partie des causes de la hausse excessive des produits


artisanaux. L’artisan congolais rencontre d’énormes problèmes dans la
réalisation de son travail. Ceux qui nous ont reçu dans ce marché nous ont
renseigné que pour trouver du bois, le bois avec lequel ils fabriquent les objets
artisanaux, ils sont obligés de se déplacer à peu près 200 Kilomètres pour
trouver de quoi fabriquer leurs produits.
Cela contribue à la pratique de hausse illicite des prix des objets
qu’ils mettent en vente. Ils nous ont également renseigné qu’ils calculent la
fourchette de leurs bénéfices au regard des efforts qu’ils fournissent et des
dépenses qu’ils effectuent en recherchant les matières à transformer en œuvres
d’art. Constamment, cela se fait sans tenir compte des normes qui leur sont
imposées par le législateur. En outre, la facturation telle qu’exigée par la loi, elle
n’est pas retrouvée chez les artisans.
En effet, les exigences sont multiples pour qu’on soit appelé
ARTISAN en République Démocratique du Congo. L’Ordonnance-loi n° 22/031
du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat énumère les
différents types d’artisanat dans son article 15. Elle dispose : « Les activités
artisanales exercées individuellement, en association ou sous la forme
d’entreprise, peuvent prendre l’une des formes ci-après :
1. Artisanat de production ou de transformation pour vente ;
2. Artisanat de service ou de vente de services ;
3. Artisanat d’art ou de décoration. »46

Pourtant, dès l’entrée en vigueur de l’Ordonnance-loi n° 22/031 du


08 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat, ceux qui se sont
constitués en groupe d’artisans pour avoir longtemps travaillé devaient répondre

46
L’Ordonnance-loi n° 22/031 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat, article 15
34

à ce critère, indiqué par l’Article 16 de la même Ordonnance-loi qui dispose :


« Il peut être constitué un groupe d’artisans par des professionnels exerçant des
activités artisanales similaires, différentes, complémentaires ou non.

Le groupe d’artisans doit disposer d’un nom spécifique et sans équivoque.


Le nom du groupe est protégé et fait partie de son fonds artisanal »47
Le fait que cela ne soit pas effectif permet certains abus car
lorsqu’on se constitue à un groupe, surement y’aura des règles à suivre et le
contrôle sera permanant contrairement à ce que nous allons voir dans les lignes
qui suivent.
Donc, parmi les difficultés que rencontrent les consommateurs d’œuvres d’art il
y’a :
 L’ignorance de la loi par les artisans,
 La recherche assoiffée des bénéfices ;
 Le dol ;
 La lésion ;
 La mauvaise foi, etc.

Alors que le consommateur est un acteur très important dans le monde


économique, c’est pourquoi, parmi les grands esprits qui ont donné une
impulsion décisive au droit de la consommation et du consumérisme, nous
pouvons citer outre Ralph NADER, Adam SMITH et John KENNEDY. Dans
son célèbre discours du 15 mars 1962 devant le congrès américain, le Président
John KENNEDY disait « Nous sommes tous des consommateurs, ceux qui
contribuent le plus aux dépenses de l’économie nationale ; malheureusement, le
groupe social dont les droits sont les plus ignorés ».48 Une des vérités n’est pas
acceptée par les commerçants.

Section 2ème Considérations critiques et les perspectives

La critique étant une opinion intimement personnelle, elle trouve


son importance lorsqu’elle est suivie d’une perspective qui tient à projeter les
moyens de redressement et de mise en place pour remédier aux problèmes
détectés ou aux comportements déplorés. Raison pour laquelle cette section va
porter premièrement sur les considérations critiques (1 er paragraphe) et enfin sur
les perspectives (2ème paragraphe).
47
Idem, article 16.
48
PINDI-MBENSA KIFU G., Le droit de la consommation, Kinshasa, CADICEC, 1995, p.9.
35

§ 1er : Considérations critiques

Pour les doctrines comme pour les praticiens du droit, la qualité de


la loi apparait comme une question familière. Elle suscite toujours des réflexions
aussi éparpillées que tendues, anciennes qu’actuelles ; selon les familles des
législations, selon les nations et selon les convictions personnelles. A cet égard,
le sujet pourrait sembler épuisé.

a. LA QUALITE DE LA LOI

Nous avons eu une conviction différente : non seulement la


question de la qualité législative a connu un regain d’actualité qui a renouvelé
les termes du débat, mais la complexité de ce phénomène n’a peut-être pas
encore été appréhendée.49 Ceci évoque la notion de la crise de la loi en vigueur
dans certains domaines de la société sensibles et dignes d’être règlementés sans
légèreté. L’efficacité d’une loi se mesure à la taille de ses effets.

Sur le plan théorique d’abord, quelques précautions s’imposent.


Le constat d’une « crise » de la loi, bien qu’assez reconnu, renvoie à des
problématiques très différentes : inflation législative, inadaptation aux réalités
locales, inadaptabilité des textes, perte de clarté ou de portée normative…
Ensuite la complexité normative traduit non seulement la technicisation des
sujets appréhendés par le droit et la complexification des politiques publiques
qui en découle mais, également, l’extension du champ d’intervention législative
du fait de la juridisation de la société. Enfin, liée aux exigences démocratiques
qui imposent le débat et la confrontation des intérêts, la question d’une loi dite
« de qualité » est aussi complexe qu’équivoque.50

Une loi est la conséquence de facteurs qui ne sont rien d’autres


que les faits naturels et sociaux qui ont une influence sur la vie en société.

49
TRIPPENBACH I., Présentation de la problématique de la qualité de la loi, Institut d’études politiques de Paris,
p.3.
50
Idem
36

b. LA MALADIE DE LA LOI

La loi est vouée à résoudre les problèmes qui opposent les sujets de
droit dans leurs rapports de vie. C’est évident et ça reste le seul moyen pour que
la société demeure ordonnée, mais lors que la loi, elle qui a la mission de placer
les limites dans une société elle-même souffre, ça donne une issue généralement
catastrophique.

Sur le plan pratique, les problèmes à résoudre sont tellement


nombreux que les lois paraissent insuffisantes, et lorsqu’elles existent, elles sont
parfois inadaptées que ceux qui doivent l’appliquer ont du mal à mettre cette
tâche en œuvre. Le cas des textes qui portent qui la réglementation des prix en
matière des objets artisanaux. Ces textes sont inefficaces sur le plan pratique car
la marge bénéficiaire ne correspond pas aux efforts consentis, et si le législateur
a bien réfléchi de la règlementer ainsi, ce que cela n’est pas encadré d’un suivi
car les pratiques sont tout au contraire de ce qui est réellement prévu.

La maladie de ces lois réside sur leur mesure d’application. En


dehors d’être inadaptées, elles sont mal appliquées à la merci des autorités ayant
leur contrôle dans leurs attributions.

De façon énumérée, les différentes maladies que connaissent les textes qui
portent sur la règlementation des prix en RDC sont :

 L’inadaptation de ces textes aux réalités actuelles ;


 Le contrôle quasi inexistant.

1. DE L’IDAPTATION DES CES TEXTES AUX REALITES


ACTUELLES

Cette inadaptation est due au moment de l’entrée en vigueur de ces


textes et celui de l’application de ces derniers. Aujourd’hui, les artisans se
confrontent à des nombreuses difficultés dans l’exercice de leur métier dans des
milieux tels que la vielle de Matadi dans le Kongo-Central. Ne pas tenir compte
de ces difficultés dans la réglementation est quelque chose qui entrave le bon
déroulement de leur métier. Fixer le prix à une marge bénéficiaire d’une
fourchette allant de 20 à 25 pourcents semble ne pas correspondre aux efforts
37

que les artisans mettent œuvre pour réaliser les objets d’art que nous admirons
tous.

2. LE CONTRÔLE QUASI INEXISTANT

L’Ordonnance n° 83-178 du 28 Septembre 1983 qui porte sur la


création de la commission de la police du commerce dispose dans son article 2
que « La Commission de la police du commerce a pour mission de veiller de
manière permanente au respect de la législation économique et commerciale par
les opérateurs économiques, qu’ils soient producteurs industriels, producteurs de
services ou commerçants grossistes ou détaillants. »51 Cet article laisse entendre
que les artisans ne sont pas concernés alors qu’en réalité ils font partie des
commerçants comme l’Ordonnance-loi n° 22/031 du 08 septembre 2022 relative
à la promotion de l’artisanat l’insinue.

En effet, si les artisans parviennent à fixer les prix de leurs


produits de manière hors règle c’est non seulement parce qu’ils ne connaissent
quasiment pas les lois qui les régissent mais c’est aussi et surtout parce que le
contrôle qui devrait être mis en place est totalement ineffectif et c’est ce qui
cause leur inefficacité. Cela ouvre une porte aux pratiques tant anti
concurrentielles que déloyales qui sont pourtant déplorées par le législateur.

§ 2ème Les perspectives

Dans le souci d’assurer la protection de l’intérêt général ou du


consommateur, il nous est important de proposer des moyens qui permettront
que les lois sur la règlementation des prix dans le marché artisanal soient encore
plus efficaces et comptent surtout pour les acteurs de ce secteur.
Il s’est avéré indispensable de réguler le domaine économique car il devenait
une source des conflits dans la société, d’où l’ingérence de l’État ou du pouvoir
public dans la vie économique et cela à toutes les époques. 52 Voilà ce pourquoi
il était institué une intervention étatique dans le domaine économique
notamment en matière des prix. Pour vivre donc l’applicabilité de cette
intervention dans son effectivité, l’État doit :
51
L’Ordonnance n° 83-178 du 28 Septembre 1983 portant sur la création de la commission de la police du
commerce., art 2.
52
KALOMBO BONGALA, Note de cours de Droit économique, UNILU, 2015-2016, p, 3
38

 Adapter les lois aux réalités actuelles ;


 Renforcer les services chargés de faire le suivi :
 Appliquer les sanctions économiques prévues en cas de violation de la loi.

a. Adapter les lois aux réalités actuelles

Parmi les branches classiques du droit, le droit civil et le droit commercial


contiennent des règles dont pourraient utilement se servir les consommateurs en
vue de la promotion de leurs intérêts.
Vielle de plus d’un siècle pour le droit civil, particulièrement le droit de
obligations53 et de près d’un demi-siècle pour le droit commercial, plus
précisément la réglementation du registre du commerce 54, ces règles n’ont perdu
ni leur actualité ni leur portée. Elles mériteraient, cependant, d’être
perfectionnées dans la perspective d’une meilleure prise en compte des intérêts
légitimes des consommateurs, face à la réalité socio-économique de nos jours.
L’inflation législative n’est donc pas simplement un thème d’allocution
pour les cérémonies républicaines de vœux de début d’années ou un sujet de
discussion, fort prisé depuis peu, dans les cénacles de constitutionnalistes. C’est
aussi une réalité tangible et mesurable. Selon les contextes de le point de vue
adopté, le rapport du droit au changement social peut apparaitre comme
correspondant tantôt à l’une, tantôt à l’autre, des images proposées. À
l’évidence, des réformes juridiques peuvent être à l’origine de transformations
des pratiques sociales. Mais parfois, l’ordre juridique semble entériner une
évolution des usages, des mentalités, des conditions de vie, qui s’est fait en
dehors, voire malgré lui.55
La présence abondante des lois est bénéfique lorsqu’elle répond aux
besoins sociaux. Par ailleurs, lorsqu’il existe dans l’arsenal juridique un tas de
lois qui ne correspondent pas aux réalités que vivent les populations dans leurs
rapports de vie, dans leurs relations mutuelles ou dans leurs affaires, il y’aura
toujours un déséquilibre dans la société.
Dans le cas d’espèce, les artisans ne parviennent pas à se conformer aux
règles qui leur sont imposées parce qu’ils vivent dans leur travail est loin d’être
ce que la loi veut. Le rôle que doit jouer législateur dans ce cas est d’adapter la
loi sans céder à la panique. Cela implique de la rigueur et du sérieux. Les lois en
tant qu’un ensemble des règles générales destinées à réglementer la vie en
société, elles sont appelées à être commodes aux conditions vitales de la

53
PINDI-MBANSA KIFU G., op.cit, p.116
54
PINDI-MBANSA KIFU G., op.cit, p.116
55
RINGELHEIM J., Droit, contexte et changement social, revue interdisciplinaire de Paris, p 4
39

population pour ne pas la suffoquer, car la mission première de la loi ce n’est


pas de punir, mais plutôt de faciliter la vie.

b. Renforcer les services chargés de faire le suivi

Le rôle des organes publics doit être renforcé. Ce renforcement implique


une assistance qui veut tout simplement dire que le pouvoir public s’implique
dans la démarche de la protection extra-juridique des consommateurs.
L’assistance du consommateur par le pouvoir public s’avère importante dans la
mesure où le pouvoir public est garant des lois et règlements. Cette assistance
consiste en un contrôle de qualité et de conformité des biens et services. Par
conséquent, il peut sanctionner les pratiques ou comportements qui ne sont pas
licites.
o Le consommateur peut être assisté par :
o Le ministère de l’économie nationale ;
o L’Office Congolais de Contrôle (OCC) ;
o La Commission de la Police de Commerce ;
o Les Officiers de la police judiciaire en matière économique et
commerciale.

I. Le ministère de l’économie nationale

Le présent ministère peut limiter et réglementer le commerce, il peut aussi


procéder à la détention des biens destinés à la consommation humaine.

Il contrôle les services en rapports avec le commerce des biens et services


en vue de permettre un équilibre tant pour les opérateurs économiques que pour
les consommateurs.

II. L’office congolais de contrôle (OCC)

Les missions assignées à l’Office Congolais de Contrôle par l’article 3 de


l’ordonnance-loi du 10 janvier 1974 sont les suivantes :56

56
Article 3 de l’Ordonnance-loi n°74/013 du 10 janvier 1974 portant création de l’Office Congolais de Contrôle
40

o Effectuer les contrôles de qualités, de paix et de conformité de toutes


marchandises et produits ;
o Analyser tous les échantillons et produits ;
o Effectuer le contrôle technique de tous les appareils et travaux ;
o Procéder à la constatation des avaries survenus aux marchandises et
produits et certificats d’avaries y afférents.
Cet office a un pouvoir largement étendu du fait qu’il est le seul
établissement public qui a reçu une mission de surveillance générale au Congo.
Nous déplorons cependant son rendement et les moyens mis à sa disposition.
Pour l’analyse des échantillons qui lui sont soumis, l’Office Congolais de
Contrôle dispose d’une division dénommé : gestion des dossiers et traitements
des échantillons. Cette division soutient les autres départements à réaliser leurs
activités. Cette même division a pour mission principale de gérer tous les
dossiers relatifs aux échantillons.
C’est donc dans cette division que les échantillons des boissons alcooliques
qui sont produites localement et celles qui sont importées sont analysées afin
d’être mises sur le marché ou être détruites au cas où elles ne sont pas
conformes aux normes ou encore être reconduites à des fins autres que la
consommation.
L’OCC se base sur les normes suivantes pour différentier les teneurs :
o Pour les bières locales, la norme utilisée est « Official Methods of
Analysis of AOAC international ». Selon cette norme, la teneur pour
la bière locale blonde est de 4,5% à 6% et pour la bière brune, de
5,50% à 8% ;
o Pour les vins, liqueurs et whiskies, la norme suivie est celle de «
Seychelles Standard (SS38) » de 1997. Suivant cette norme, le
pourcentage d’alcool est de 8% à 15% pour les vins, de 16% à 17%
pour les crèmes de liqueur, de 17% à 45% pour les liqueurs et de
40% à 45% pour les whiskies.
Dans le but de protéger les consommateurs que l’OCC écarte les boissons
alcooliques qui ne respectent pas les teneurs ci-haut précisées.
Cet Office est plus ou moins dynamique et opérationnel mais ses actions
semblent ne pas encore être à la hauteur de ses ambitions, parce que nous
constatons que certaines boissons alcooliques impropres à la consommation sont
sur le marché.

III. La commissionde la police de commerce


41

Il a été Institute en République Démocratique du Congo, en date du 28


septembre 1983, l’ordonnance n°83-178 portant création de la commission de la
police de commerce. La mission de cette police est déterminée en ces termes : «
La commission de la police a pour mission de veiller de manière permanente au
respect de la législation économique et commerciale par les opérateurs
économiques qu’ils soient producteurs, industriels, producteurs des services,
commerçants grossistes ou détaillants. Elle procède ou fait procéder à toutes
enquêtes et inspection qu’elle juge utiles à l’accomplissement de sa mission, fait
rapport de ses constatations au gouvernement et lui propose les voies et moyens
qu’elle juge appropriés pour assurer le respect des lois et règlements relatifs au
commerce ».57
En effet, la police de commerce vérifie le respect de la législation
économique et commerciale. Par cette ordonnance, le législateur a voulu faire
connaître d’un côté les lois aux opérateurs économiques et aux consommateurs,
et d’un autre côté, faire respecter ces lois dans le but de lutter efficacement
contre la concurrence déloyale.

IV. Les OPJ en matière économique et commerciale


L’arrêté ministériel n°006/CAB/MIN-ECO/2006 du 27 février 2006 sur la
réglementation du contrôle économique dispose en son article premier que : sont
qualifiés pour procéder à toute mission de contrôle économique (recherche et
constat des infractions en matière économique), les agents et fonctionnaires
sous-statut du Ministère de l’Economie porteurs d’un ordre de mission délivré à
cet effet par le Ministre ou son délégué.58 L’article 2 du même arrêté renchérit en
ces termes : ces agents doivent être revêtus de la qualité d’Officier de la Police
Judiciaire, O.P.J. en sigle, à compétence restreinte, en matière économique.
Les O.P.J. à compétence restreinte en matière économique peuvent : 59
o Demander communication à toutes entreprises commerciales,
industrielles, agricoles, artisanales ou des services des documents
relatifs à leur activité qu’elles détiennent ;
o Demander toutes justifications des prix et tarifs pratiqués ainsi que la
décomposition de ceux-ci en leurs différents éléments constitutifs ;
o Procéder à toutes visites d’établissements commerciaux ou des
services ;

57
Article 2 de l’Ordonnance n°83-178 du 28 septembre 1983 portant création de la commission de la police de
commerce.
58
Article 1ier de l’Arrêté Ministériel n°006/CAB/MIN-ECO/2006 du 27 février 2006 portant réglementation du
contrôle économique
59
Article 15 de l’Arrêté Ministériel n°006/CAB/MIN-ECO/2006 du 27 février 2006 portant réglementation du
contrôle économique
42

o Exiger copie des documents qu’ils estiment nécessaires pour


l’accomplissement de leur mission.

L’absence du contrôle fait que certaines institutions financières surfacturent


leurs produits ou services.
Il est normal que les artisans haussent leurs taux d’intérêt dans l’exercice de leur
métier car en un moment ils sont oubliés par les services de contrôle.
Pour parvenir à rétablir l’ordre dans ce secteur, la police économique doit
travailler avec l’appui des services commissionnaires qui auront comme mission
de faire un suivi régulier sur le marché artisanal pour rappeler à l’ordre les
artisans qui agissent à l’encontre de ce qui est prévu. En dehors de cela, ces
services joueront également le rôle de tenir au courent aux artisans ignorent de
la présence des lois qui régissent leur secteur professionnel et d’éclairer leur
lanterne quant à ce.

c. Appliquer les sanctions économiques prévues en cas de violation de


la loi
Toujours dans cette idée de limiter les abus des commerçants ou des
opérateurs économiques dans leurs rapports avec les clients, la législation
régionale de l’espace OHADA est intervenue. L’OHADA en tant
qu’organisation d’intégration juridique des Etats membres, a aussi fait le choix
de l’uniformisation des lois. Mais elle a préféré de pour ce qui est de la légalité
criminelle, la pratique de l’éclatement des éléments de celle-ci. Ainsi, les Actes
Uniformes déterminent l’incrimination alors que les législations nationales
fixent la sanction.60 Ceci nous peut nous amener justement à un double risque
qui sont :
o Le risque d’impunité ;
o Le risque de punissabilité variable selon les Etats.

a. LE RISQUE D’IMPUNITE

L’article 5, alinéa 2, du Traité OHADA dispose « Les actes uniformes peuvent


inclure des dispositions d’incrimination pénale. Les Etats parties s’engagent à

60
www.actualitesdudroit.fr, consulté le 17 Octobre 2023 à 07h 45’
43

déterminer les sanctions pénales encourues »61. Au regard de cette disposition,


certains pays intégrant l’OHADA se voient dans l’impossibilité d’appliquer les
dispositions pénales des Actes Uniformes révisés parce qu’elles manquent soit
un élément soit elles ne sont pas applicables chez eux.

b. LE RISQUE DE PUNISSABILITE VARIABLE SELON LES ETATS

Chaque Etat a la compétence de faire appliquer les sanctions sur son territoire et
selon sa législation. Ce qui explique logiquement une diversité de peines,
d’amendes et une diversité de considération criminelle. Néanmoins, les droits du
consommateur doivent être protégés.

Après John KENNEDY, ce fut le tour des Nations Unies de proclamer les
droits fondamentaux. En effet, dans sa Résolution n°38/248 du 16 avril 1985,
l’Assemblée générale des Nations Unies avait énoncé huit droits fondamentaux
du consommateur, à savoir :62
 Le droit à la sécurité : ce droit implique que les biens et services
misent à la disposition des consommateurs ne doivent comporter
aucun danger pour sa santé et sa sécurité. Mais il se pose un
problème lorsque les professionnels ne rassurent pas ou ne
garantissent pas aux consommateurs que leurs produits ou services
soient sans dangers et que leur consommation ne soient accompagné
d’un aléa néfaste;
 Le droit d’être informé : implique que l’on donne des informations
nécessaires pour opérer un choix avisé et être protéger contre les
publicités et l’étiquetage frauduleux ;
 Le droit de choisir : ce droit rend un consommateur capable de faire
un choix à partir d’une série des produits et services offerts à des
prix compétitifs, avec l’assurance d’une qualité satisfaisante. Ceci
implique la liberté de concurrence ;
 Le droit d’être entendu : par l’entremise de ce droit, les
consommateurs participent à la vie économique pour laquelle ils
deviennent des sujets actifs, ils collaborent à la définition de la
politique économique et de la politique administrative en cette
matière;
61
Traité de Port-Louis du 17 Octobre 1993, art, 5
62
MUSUNGAY KANTULUMBA P., La protection des consommateurs par l’Office congolaise de contrôle de 2011,
p, 36
44

 Le droit à la satisfaction des besoins essentiels ou de base : avoir


accès aux biens et services essentiels de base (nourriture adéquate,
vêtement, logement, soin de santé, éducation, service public, eau et
hygiène) ;
 Le droit à la réparation :à travers ce droit, le consommateur bénéficie
d’une juste réparation en cas de dommage subi du fait de l’achat ou
de l’utilisation des produits impropres à la consommation. En droit
positif congolais, l’article 258 du code civil livre III dispose que tout
fait quelconque de l’homme qui cause préjudice à autrui oblige celui
duquel il est arrivé à le réparer. 63 A ceci s’ajoute l’article 40 du
même code dans l’hypothèse d’un contrat préalable. Ce qui implique
que le consommateur ayant subi préjudice doit être indemnisé
intégralement dans ses droits ;
 Le droit à l’éducation du consommateur : acquérir les savoir et les
aptitudes nécessaires pour être informé, pour faire des choix de biens
et services en confiance, tout en étant conscient des droits
fondamentaux et des responsabilités du consommateur et comment
agir sur celle-ci ;
 Le droit à un environnement sain : vivre et travailler dans un
environnement qui ne menace le bien-être des générations présentes
et futures.

Quant à la RDC, les lois pénales de droit commun sont essentiellement


constituées dans le Code Pénal ordinaire, où, la protection des consommateurs
est de mise. Certains articles du code pénal congolais livre II assurent la
protection des consommateurs tels que l’article 99 et 100. L’article 99 punit
d’un an de servitude pénale et d’une amende dont le montant ne dépasse pas
mille zaïres, ou d’une de ces peines seulement, celui qui a trompé l’acheteur : 64
1° sur l’identité de la chose vendue, en livrant frauduleusement une chose
autre que l’objet déterminé sur lequel a porté la transaction ;
2° sur la nature et l’origine de la chose vendue, en vendant ou en livrant
frauduleusement une chose qui, semblable en apparence à celle qu’il a achetée
ou qu’il a cru acheter, déçoit l’acheteur dans ce qu’il a principalement recherché

63
Article 258 du code civil congolais livre III des contrats et des obligations conventionnelles du 18 juillet 1888 in
B.O 1888
64
Article 99 du Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que modifié et complété par la loi
n°15/022 du 31 décembre 2015 in Journal Officiel de la RDC, 57ème année, numéro spécial du 30 novembre
2004.
45

Et l’article 100 punit les peines prévues à l’article 99 celui qui, par des
manœuvres frauduleuses, a trompé :65
1° l’acheteur ou le vendeur sur la quantité des choses vendues ;
2° les parties engagées dans le contrat de louage d’ouvrage, ou d’une
d’elles, sur les éléments qui doivent servir à calculer le salaire. C’est un dol.

Tenant compte de cela, les artisans qui exercent leur métier à l’encontre de
la loi comme nous l’avions vu mériteraient de subir sans doute la rigueur de la
loi car la loi est générale et impersonnelle, s’appliquant à tous.
Mais à notre humble avis, pour que cela arrive à cette fin, il faudra mieux la
police économique se déploie régulièrement sur les lieux de vente de produits
artisanaux pour effectuer le contrôle et sanctionner en cas de possibilité.

CONCLUSION

Le travail que nous venons de réaliser a porté sur « l’étude critique sur
l’inefficacité des textes portant règlementation des prix sur le marché : cas du
marché artisanal en droit positif congolais » et nous nous sommes basé plus
précisément sur la ville de Matadi.
Comme c’était une recherche purement scientifique, nous nous sommes
servis de la méthode exégétique, méthode indispensable pour les juristes que
nous sommes parce qu’elle nous éclaire dans l’analyse des textes de lois se
rapportant au cas sous examen, de la méthode sociologique pour constater et
recenser les principales pratiques abusives, la méthode comparative pour
exploiter l’expérience des autres pays et organisations régionales et la méthode
analytique pour examiner différentes mesures prises afin d’améliorer les
conditions des relations artisans/consommateurs.
Les artisans en tant des professionnels, ils ont pour objectif de satisfaire les
besoins des consommateurs. Ainsi, ils ont l’obligation de ne pas tromper et de
65
Article 100 du Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que modifié et complété par la loi
n°15/022 du 31 décembre 2015 in Journal Officiel de la RDC, 57ème année, numéro spécial du 30 novembre
2004.
46

ne pas décevoir les clients qui sont consommateurs. Par conséquent, il faut que
la production suive la demande et s’efforce à répondre aux exigences des
consommateurs conformément à la loi n°18/020 du 09 juillet 2018 relative à la
liberté des prix et à la concurrence.
Cependant, cette satisfaction tend à s’effacer actuellement, les intérêts que les
artisans ont à gagner dans leur métier par l’inadaptabilité des lois aux conditions
dans lesquelles ils travaillent. C’est ainsi que la défense accrue des intérêts du
consommateur ne doit pas ignorer ceux des artisans qui militent en faveur de
leurs familles.
A cet effet :
• Une loi portant code de la consommation qui servira d’instrument juridique
approprié pour la défense et la protection contre tout abus des opérateurs
économiques aura une grande envergure dans la législation congolaise ;
• Une sensibilisation d’un grand nombre d’artisans pour les sortir du fléau
d’ignorance serait une réussite pour l’autorité publique. Pour le succès de cette
démarche, il faudrait que le gouvernement travaille avec la société civile pour
mettre en place des stratégies efficaces de sensibilisation ;
• La mise en place des moyens de contrôle et de suivi approximatif et efficace en
vue de bien réguler le secteur artisanal par l’Office Congolais de Contrôle et la
Police de Commerce.
A notre humble avis, ceci fera que l’équilibre soit rétabli dans ce secteur
économique et précisément artisanal car cette étude donne lieu à un triste constat
: les règles de droit commun sont supplétives, inadéquates, d’une part et, d’autre
part, la législation économique est superficielle, inappliquée, timide et non
coordonnée. Ce qui ne permet pas de garantir aux consommateurs une protection
efficace. Une loi qui s’applique pas vaut à son inexistence pourtant, la loi sur
l’artisanat existe, donc elle doit s’appliquer.
47

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES JURIDIQUES
A. Internationaux
 Traité de Port-Louis du 17 Octobre 1993 modifié par le traité de
Québec

B. Nationaux

 Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que modifié et
complété par la loi n°15/022 du 31 décembre 2015 in Journal Officiel de
la RDC, 57ème année, numéro spécial du 30 novembre 2004 ;
 Code lacier ;
48

 Code Civil Congolais livre III ;


 La Constitution République Démocratique du Congo du 18 février 2006
telle que modifiée par la loi n°11/002 du 11 janvier 2011 portant révision
de certains articles ;
 Loi n°18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la
concurrence ;
 L’Ordonnance-loi n° 22/031 du 08 septembre 2022 relative à la
promotion de l’artisanat ;
 Loi sur l’entreprise ;
 L’Ordonnance-loi n°83-178 du 28 Septembre 1983 portant création de la
commission de la police de commerce ;
 L’Ordonnance-loi n° 74/013 du Janvier 1974 portant création de l’Office
Congolais de Contrôle.

II. DOCTRINES

 Alfred SAUVY, LA MORALE ET L’EFFICACITE ‘’le socialisme en


liberté’’, Ed Paris ;
 Gaston MUTAMBA LUKUSA, CONGO/ZAIRE LA FAILLITE D’UN
PAYS, DESEQUILIBRE MACRO-ECONOMIE ET AJUSTEMENT (1988-
1999) ;
 Georges NGAL, RECONSTRUIRE LA RDC-CONGO UN PROJET DE
SOCIETE, Ed, Le Harmattan ;
 Jean-Paul Valette, Droit Public Economique, Ed, Hachette Supérieur ;
 MPALA MBABULA, Pour vous chercheur : Directives pour rédiger un
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 KUMBU KI NGIMBI J-M,. Notes de droit de législation en matière
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 MUKUBI KABALI, La Constitution de la RDC : annotée, commentée et
expliquée, ITONGUA, Kinshasa, 2007
 MUSUNGAY KANTULUMBA P., La protection des consommateurs
par l’Office congolaise de contrôle de 201 ;
49

 TRIPPENBACH I., Présentation de la problématique de la qualité de la


loi, Institut d’études politiques de Paris ;
 Tristan LECOMPTE, le commerce équitable, Eyrolles pratique ;
 RINGELHEIM J., Droit, contexte et changement social, revue
interdisciplinaire de Paris ;
 William Charbonnier, La loyauté : de la règle morale au principe
juridique, Ed, Revue Juridique de l’Ouest, 2012, Paris.

III. NOTES DE COURS

 Ahmed Silem et Jean-Marie Albertini, Lexique d’économie, Paris, Dalloz,


2014(13er éd) ;
 KALOMBO BONGALA, Note de cours de Droit économique, UNILU,
2015-2016 ;
 KUMBU KI NGIMBI J-M,. Notes de droit de législation en matière
économique, Ed 2em, 2009 ;
 Laurent NGOY NDIMBU (notes de cours de réglementation de prix
2014-2015);
 Madeleine GRAWITZ, Méthode de recherche en sciences sociales,
11ème édition, Dalloz, Paris, 200
 SAKATA G., Droit de la concurrence, Ucc, 2017-2018 ;
 PINDI-MBENSA KIFU G., Le droit de la consommation, Kinshasa,
CADICEC, 1995.
IV. SITES ELECTRONIQUES

 https://www.cnrtl.fr/portail/;
 TELOMON
50

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE.............................................................................................................................................1
IN MEMORIAM.......................................................................................................................................2
DEDICACE...............................................................................................................................................3
REMERCIEMENTS...................................................................................................................................4
SIGLES ET ABBREVIATIONS.....................................................................................................................5
0. INTRODUCTION..............................................................................................................................6
1 POSITION DU PROBLEME................................................................................................................6
2 CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE...........................................................................................9
3 MODE OPERATPOIRE......................................................................................................................9
3.1 Intérêt du sujet.......................................................................................................................9
3.1.1 Sur le plan théorique......................................................................................................9
51

3.1.2 Sur le plan pratique......................................................................................................10


3.1.3 Méthodes.....................................................................................................................10
3.1.4 Techniques....................................................................................................................10
4 Délimitation du sujet....................................................................................................................11
Plan sommaire......................................................................................................................................11
CHAPITRE 1er : DE LA LIBERTE ET LA CONCURRENCE DES PRIX SUR LE MARCHE.................................12
SECTION 1ère : LA LIBERTE DES PRIX EN MATIERE ECONOMIQUE.....................................................13
A. DEFINITION...................................................................................................................................13
I. LES CARACTERS DU PRIX FIXE...................................................................................................14
I.1 LE PRIX DOIT ETRE DETERMINE.......................................................................................................14
I.2 LE PRIX DOIT ETRE REEL OU SERIEUX..............................................................................................14
B. HISTORIQUE.................................................................................................................................15
a. DE L’HOMOLOGATION DU PRIX....................................................................................................15
b. DE LA LIBERTE DU PRIX................................................................................................................16
C. FONDEMENT................................................................................................................................17
§ 2ème Les exigences légales : la transparence et la loyauté des prix.................................................17
A. CONDITIONS DE FORME...........................................................................................................18
B. CONDITIONS DE FOND..............................................................................................................18
Section 2ème LA CONCURRENCE EN MATIERE ECONOMIQUE............................................................19
§ 1ER Notions et fondement..............................................................................................................19
1. NOTIONS...................................................................................................................................19
2. FONDEMENT.............................................................................................................................20
§ 2em : Règles relatives à la concurrence.........................................................................................21
CHAPITRE 2ème : LA PRATIQUE DE FIXATION DES PRIX DES OBJETS ARTISANAUX EN DROIT POSITIF
CONGOLAIS : CRITIQUES ET PERSPECTIVES......................................................................................24
Section 1ère L’inefficacité des textes légaux en rapport avec la liberté de la fixation des prix des objets
artisanaux suivant la loi N°18-020 du 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence. .24
§ 1er : Etat des lieux..............................................................................................................................24
a. Les pratiques abusives..................................................................................................................25
b. Les pratiques abusives concernant la qualité des biens et services.............................................31
§ 2ème : LES DIFFICULTES D’ADAPTABILITE DES REGLES DANS LA PRATIQUE........................................31
Section 2ème Considérations critiques et les perspectives..................................................................34
§ 1er : Considérations critiques.............................................................................................................35
a. LA QUALITE DE LA LOI...................................................................................................................35
b. LA MALADIE DE LA LOI..................................................................................................................36
1. DE L’IDAPTATION DES CES TEXTES AUX REALITES ACTUELLES......................................................36
52

2. LE CONTRÔLE QUASI INEXISTANT.................................................................................................37


§ 2ème Les perspectives.........................................................................................................................37
a. Adapter les lois aux réalités actuelles...........................................................................................38
b. Renforcer les services chargés de faire le suivi.............................................................................39
c. Appliquer les sanctions économiques prévues en cas de violation de la loi.................................42
CONCLUSION........................................................................................................................................45
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................................48

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