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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

INSTITUT SUPERIEUR DES SCIENCES JURIDIQUES

MASTER 2

SEMINAIRE :

DROIT DOUANIER

SUJET :

LE DUALISME DU DROIT DOUANIER

DEVOIR DE :

- GANDA-LY Joseph
- KONA Toutou Johnattan Isaac
- KOUMAKOUE

Professeur :
M. Edem Koffi AVEGNON
SOMMAIRE

Introduction

I- L'appréhension du dualisme du droit douanier par les Etats


A-L’harmonisation de la législation fiscale et douanière
B- L’émergence des zones de libre échange
II- Les effets de la coexistence de deux objectifs du droit
douanier
A-Le risque de surimposition du tarif douanier
B- Le risque de surprotection

Conclusion

Bibliographie
INTRODUCTION

La douane constitue sans conteste une administration au caractère régalien très affirmé, dotée
de moyens d'action particuliers sur le plan juridique, notamment par l'étendue des pouvoirs de
contrainte dont elle dispose et des sanctions prononcées à l'encontre des fraudeurs, au cœur
d'un arsenal légal répressif spécifique et particulièrement efficace1. Dans un Etat, il permet de
contrôler les échanges, ce qui crée des interactions actes les normes externes. Cette
coexistence fait est marquée par le dualisme du droit douanier dont nous ferons l’étude.

Le dualisme du droit douanier se réfère à la coexistence de deux systèmes distincts de


réglementation douanière dans un même pays. Dans certains pays, il peut y avoir un système
de réglementation douanière pour les marchandises importées et un autre système pour les
marchandises exportées.

Dans de tels cas, les lois et les réglementations douanières peuvent être différentes selon que
les marchandises entrent ou sortent du pays. Cela peut avoir des implications pour les
entreprises qui importent ou exportent des marchandises, car elles doivent se conformer à des
exigences différentes en fonction de la direction de leur commerce.

Dans d'autres pays, il peut y avoir un système unique de réglementation douanière qui
s'applique à la fois aux importations et aux exportations. Dans ce cas, il n'y aurait pas de
dualisme du droit douanier.

Le droit douanier peut être défini comme l’ensemble des règles édictées par le législateur et
les procédures relative à l'entrée et la sortie des marchandises à travers les frontières d’un
pays. Toutes ces règles sont contenues dans le code douanier tel qu'il résulte de la Loi
douanière de 20121. Le droit douanier est un instrument qui est utilisé à la fois pour protéger
le territoire national contre des produits estimés dangereux ou prohibés mais également pour
permettre à l’État de percevoir des recettes nécessaires à la réalisation des missions d'intérêt
général2.

Le droit douanier togolais est basé sur le dualisme. Le dualisme juridique signifie qu'il y a
deux systèmes de lois en vigueur dans le pays. L'un est le droit national, qui est créé par les
lois et les règlements du pays, et l'autre est le droit international, qui est créé par les traités
internationaux que le Togo a signés avec d'autres pays.

1
R.cren, thèse « Poursuites et sanctions en droit pénal douanier »,université panthéon-Assas
2
P. Ibanda Kabaka, « Le droit douanier congolais : missions d’intérêt général versus enrichissement des agents »

1
En ce qui concerne le droit douanier, le Togo a signé plusieurs accords internationaux, tels que
l'Accord de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l'application des mesures
sanitaires et phytosanitaires (SPS) et l'Accord de l'OMC sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Ces accords internationaux ont une
incidence sur le droit douanier togolais et doivent être pris en compte lors de l'application des
lois douanières.

En outre, le droit douanier togolais est régi par la loi n° 2007-011 du 13 juin 2007 portant
code des douanes en République togolaise. Ce code des douanes définit les règles et les
procédures douanières applicables au Togo. Il établit également les droits et les obligations
des parties impliquées dans le commerce international, y compris les importateurs, les
exportateurs et les transporteurs.

Dans le cadre du droit douanier, l'espace OHADA a adopté un Acte uniforme relatif au droit
des douanes dans les Etats membres de l'OHADA. Cet acte uniforme prévoit deux régimes
douaniers : le régime douanier communautaire et le régime douanier national.

Le régime douanier communautaire est basé sur le tarif extérieur commun (TEC) de
l'UEMOA, qui est une organisation régionale à laquelle appartiennent certains pays de
l'espace OHADA. Ce régime douanier s'applique aux échanges de marchandises entre les
pays membres de l'UEMOA.

Le régime douanier national, quant à lui, est basé sur les règles douanières nationales de
chaque pays membre de l'espace OHADA. Ce régime douanier s'applique aux échanges de
marchandises entre les pays membres de l'espace OHADA et les pays extérieurs à cet espace.

Le dualisme du droit douanier dans l'espace OHADA présente des avantages similaires à ceux
du Togo. Il permet une plus grande flexibilité pour les opérateurs économiques et peut
contribuer à stimuler l'économie en encourageant les échanges commerciaux. Cependant, il
peut également entraîner des problèmes, tels que des différences de traitement des biens et des
entreprises en fonction de la région ou du port d'entrée.

Tout autour de nos observations, il nous revient de poser la question à savoir quel est l’impact
du dualisme du droit douanier sur les échanges économiques ?

L'étude du dualisme du droit douanier est importante pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle
permet de comprendre la complexité des relations économiques internationales, en particulier
les relations commerciales entre les pays. Elle permet également de comprendre les

2
différentes sources de droit applicables en matière douanière, à savoir le droit national et le
droit international, et les interactions entre eux.

En outre, l'étude du dualisme du droit douanier est essentielle pour les entreprises qui
souhaitent importer ou exporter des marchandises, car elle leur permet de comprendre les
règles et les procédures douanières applicables dans différents pays. Elle est également
importante pour les autorités douanières, qui doivent appliquer les lois et règlements
douaniers dans un contexte international complexe.

Enfin, l'étude du dualisme du droit douanier peut contribuer à une meilleure harmonisation
des règles et procédures douanières au niveau international, ce qui peut favoriser le commerce
et le développement économique mondial.

Tout cela nous amène à organiser notre travail sous deux angles. D’une part, nous étudierons
comment les Etats s’organisent face à la coexistence d’un droit douanier interne et externe (I),
puis nous ferons l’analyse des effets du dualisme du droit douanier sur l’économie (II).

3
I. L'appréhension du dualisme du droit douanier par les Etats

Afin de faire face au dualisme du droit douanier, les Etats se sont depuis le 19ème siècle,
évertués à harmoniser leurs législations en matière douanière (A) et ont mis en place des
mesures structurelles favorisant le libre-échange (B).

A. L’harmonisation de la législation fiscale et douanière

L'harmonisation des lois nationales avec les normes internationales en droit douanier est un
processus crucial pour assurer la cohérence et la conformité dans les échanges commerciaux
internationaux.

En effet, pendant plusieurs siècles (du XVIe siècle au XVIIe siècle) les grandes puissances
ont protégé leurs industries, en appliquant la doctrine mercantiliste selon laquelle la limitation
des importations permet d’obtenir des excédents commerciaux payés en métaux précieux,
sources de richesse. Cette conception et la croyance du libre-échange, finalement conduit
certains pays d’Europe à signer des accords de commerce bilatéraux dans la seconde moitié
du XIXe siècle3.

Au plan mondial, les États ont commencé à ratifier les accords internationaux pertinents dans
le domaine douanier, tels que les conventions de l'Organisation mondiale des douanes
(OMD)4, les accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou les accords de
GATT5. La ratification implique l'acceptation et l'adoption formelle des normes
internationales dans la législation nationale. Les États doivent ainsi incorporer les dispositions
des accords et des normes internationales dans leur législation nationale. Cela peut se faire par
le biais de l'adoption de lois spécifiques, de la modification de lois existantes ou de
l'établissement de règlements et de directives nationaux. Les procédures douanières nationales
doivent être ajustées pour se conformer aux normes et aux meilleures pratiques
internationales. Cela peut inclure l'adoption de procédures simplifiées, de normes de
transparence, de normes de classification harmonisées, de régimes de transit, de systèmes de
recours et de procédures de contrôle des douanes.

3
B. Guillochon, Économie internationale, 9ème éd., Dunod, 2020, p. 202.
4
https://www.wto.org/indexfr.htm (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
5
https://www.wto.org/french/tratop_f/gatt_f/gatt_f.htm#:~:text=L'Accord%20g%C3%A9n%C3%A9ral%20sur
%20les,veille%20au%20fonctionnement%20du%20GATT. (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).

4
En Afrique, une batterie d’instrument a donc été élaborés pour faciliter les échanges. On peut
ainsi citer l’Union africaine (UA)6, la Zone de libre-échange continentale africaine
(ZLECAf)7, les systèmes comme SYDONIA8 et Customs Webb9et10 ou les projets ALISA et
SIGMAT11.

L’Union africaine (UA) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ont pour
objectif de promouvoir l'intégration économique régionale en Afrique. Cela inclut
l'harmonisation des politiques et des réglementations, y compris le droit douanier. La
ZLECAf facilite la libre circulation des marchandises entre les pays africains, ce qui nécessite
une harmonisation des procédures douanières et des réglementations pour éliminer les
obstacles au commerce.

Quant au système SYDONIA, il s’agit d’un système informatisé de gestion des douanes
développé par l’Organisation mondiale des douanes (OMD) pour faciliter les échanges
commerciaux. Il permet la simplification des procédures douanières, l'automatisation des
processus et l'échange électronique d'informations entre les administrations douanières des
États membres. Son adoption a fortement permis l'harmonisation des pratiques douanières et
la convergence des lois nationales en matière de douane. Egalement, il faut également noter
qu’il contribue ainsi à réduire les délais de dédouanement, à minimiser les coûts liés aux
formalités douanières et à renforcer la sécurité des chaînes logistiques internationales. Les
autres systèmes qui sont des équivalents de SYDONIA, s’appuient sur le même principe
informationnel pour faciliter les échanges internationaux entres Etats. A ce niveau, l'OMD
joue un rôle important en fournissant des normes et des lignes directrices internationales en
matière de douane. Les pays africains peuvent adopter ces normes, telles que le Système
harmonisé (SH)12 pour la classification des marchandises, afin de garantir une harmonisation
6
https://au.int/fr/oau-and-au (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
7
ACCORD PORTANT CRÉATION DE LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE AFRICAINE, La
zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf2, ZLECA ou ZLEC) est un projet de zone de libre-
échange en cours de création sur l'ensemble du continent africain. Elle doit regrouper la zone tripartite de libre-
échange, qui doit inclure le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté
d'Afrique de l'Est (CAE) et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), avec d'autre part la
Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la Communauté des États sahélo-sahariens.
8
https://asycuda.org/fr/about-fr/ (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
9
https://webbfontaine.com/ (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
10
https://matinlibre.com/2022/09/12/benin-de-sydonia-world-a-customs-webb-desormais-le-dg-de-webb-
fontaine-expose-les-avantages-du-nouveau-systeme-douanier/ (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
11
https://ecowas.int/le-projet-alisa-devient-sigmat-a-lissue-de-la-reunion-des-directeurs-generaux-des-douanes-
de-lespace-cedeao/?lang=fr (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
12
https://www.wcoomd.org/fr/topics/nomenclature/overview/what-is-the-harmonized-system.aspx (Site internet,
dernière consultation le 6/05/2023).

5
avec les pratiques internationales, l’adaptation également des procédures douanières
nationales pour se conformer aux normes et aux meilleures pratiques internationales, la
formation et le renforcement des capacités aux fonctionnaires douaniers pour s'assurer qu'ils
sont familiarisés avec les normes internationales et capables de les appliquer correctement.

En Europe, l'harmonisation des lois nationales avec les normes internationales en droit
douanier est également une préoccupation importante pour faciliter les échanges
commerciaux entre les pays membres de l'Union européenne (UE) et avec les pays tiers. Il fut
donc élaboré un Code des douanes de l'Union (CDU)13 qui harmonise les règles et les
procédures douanières dans toute l'Union. Il faut également citer, le Système communautaire
de transit (SCT)14, qui est un régime de transit douanier qui permet de transporter des
marchandises d'un État membre de l'UE à un autre, ou entre un État membre et un pays tiers,
sans avoir à payer de droits de douane ni de taxes à l'entrée. Ce système est basé sur une série
de règles et de procédures harmonisées qui permettent de garantir un traitement uniforme des
opérations de transit dans toute l'UE. L'Union européenne (UE) a ensuite signé plusieurs
conventions et accords internationaux en matière de droit douanier, tels que la Convention
relative à la simplification et à l'harmonisation des régimes douaniers (Convention de Kyoto
révisée)15, l'Accord de l'OMC sur la facilitation des échanges, et l'Accord de l'OMC sur les
règles d'origine16. Ces conventions et accords visent à harmoniser les règles et les procédures
douanières au niveau international, ce qui facilite les échanges commerciaux entre les pays.
Ils favorisent également l‘instauration d’une zone de libre-échange entre eux.

B. L’émergence des zones de libre échange

Il faut définir le libre-échange comme un concept économique qui promeut la libre circulation
des biens, des services et des capitaux entre les pays sans restriction excessives telles que les
barrières tarifaires et non tarifaires. Comme précédemment cité, en Afrique, le libre échange
est favorisé par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Il s’agit d’un

13
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A32013R0952 Règlement (UE) no 952/2013
établissant le code des douanes de l’Union. (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
14
https://www.europarl.europa.eu/meetdocs/committees/cont/20031007_audition/488412fr.pdf (Site internet,
dernière consultation le 6/05/2023).
15
https://www.wcoomd.org/fr/topics/facilitation/instrument-and tools/conventions/pf_revised_kyoto_conv.aspx
(Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
16
L'Accord sur les règles d'origine vise à harmoniser les règles d'origine non préférentielles et à veiller à ce que
ces règles ne créent pas en elles-mêmes des obstacles non nécessaires au commerce. L'Accord définit un
programme de travail pour l'harmonisation des règles d'origine à entreprendre après l'entrée en vigueur de
l'Accord sur l'Organisation mondiale du commerce (OMC) conjointement avec l'Organisation mondiale des
douanes (OMD)

6
accord commercial adopté par l'Union africaine en mars 2018. Il a pour objectif principal la
promotion du commerce intra-africain.

En effet, l’UA a voulu stimuler les échanges commerciaux entre les pays africains en
éliminant les barrières tarifaires et non tarifaires. Cette zone regroupe 54 Etats signataires,
sans tenir compte des barrières linguistiques. Pour atteindre ces objectifs, la ZLECAF a prévu
la suppression progressive des droits de douane sur 90 % des biens échangés entre les pays
membres et prévoit également la mise en place de règles communes en matière de commerce
et d'investissement, la facilitation des procédures douanières, la protection des droits de
propriété intellectuelle et d'autres mesures visant à promouvoir le commerce et
l'investissement en Afrique.

Au plan international, il faut se référer aux négociations de Bretton Woods17et18 en 1944 pour
espérer avoir une harmonisation des échanges internationales et des législation douanières. En
effet, juste après la première guerre mondiale, il devint clair qu’une « Organisation du
commerce internationale » s’imposait et devait établir les règles à respecter pour éviter des «
guerres commerciales », entre Etats européens déjà affaiblies pas la guerre. Il fut ensuite créé
la Communauté économique européenne (CEE), dont l’objet était un libre-échange régional,
accompagnait le démantèlement progressif des barrières douanières entre les 6 pays membres
(Allemagne fédérale, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas) d’un tarif douanier
extérieur qui devait protéger l’espace intérieur libéralisé. S’en suivrons ensuite, l’Association
européenne de libre-échange (AELE), afin d’intégrer l’Angleterre, le GATT, pour intégrer les
Etats Unis et enfin l’OMC. Le protectionnisme est une politique économique qui vise à
protéger les industries nationales en limitant les importations de biens et de services étrangers.

La question était alors apparue de savoir si le fait qu’un pays adhère au GATT ou à l’OMC
accroît significativement ses échanges avec l’extérieur.

Pour l’économiste classique David Ricardo, le principe des avantages comparatifs vise à
démontrer la supériorité du libre-échange sur l’autarcie19. Pour lui, « Les pays sont gagnants à
l’échange s’ils se spécialisent dans la production du (des) bien(s) qui supportent le(s) coût(s)
de production relatif(s) le(s) plus faible(s) et s’ils importent le(s) bien(s) qui supporte(nt) le(s)
coût(s) de production relatif(s) le(s) plus élevé(s). ». En effet, Le libre-échange favorise la

17
https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2005-4-page-17.htm (Site internet, dernière consultation
le 6/05/2023).
18
J. SAPIR, Le protectionnisme, Que sais-je, 1ère éd, p. 57.
19
Op sit.

7
croissance économique en stimulant les échanges commerciaux. Il permet aux pays de se
spécialiser dans la production de biens et services dans lesquels ils ont un avantage comparatif
(production chinoise à moindre coût), ce qui augmente l'efficacité économique et la
productivité. Cela conduit à une augmentation de la production, des revenus et de l'emploi.

Le libre-échange permet aux consommateurs d'avoir accès à une plus grande variété de
produits à des prix compétitifs. Il favorise la concurrence entre les entreprises nationales et
étrangères, ce qui se traduit par une plus grande diversité de choix pour les consommateurs,
en éliminant les barrières tarifaires telles que les droits de douane.

Il faut également rappeler le rôle politique du libre-échange qui est le renforcement des
relations diplomatiques et la promotion de la stabilité régionale et mondiale. En effet, lorsque
les pays sont interdépendants économiquement, ils ont souvent moins d'incitations à s'engager
dans des conflits militaires. En Afrique, on est allé à instaurer un passeport de l’Union
Africaine.

Le passeport de l'UA a été lancé en 2016 lors du Sommet de l'UA à Kigali, au Rwanda. Il
promeut la libre circulation des personnes, des biens et des services sur le continent, et
favorisera le commerce et les investissements entre les pays africains. Il est actuellement en
phase de test et qu'il n'est pas encore disponible pour tous les citoyens africains.

Au regard de tous ces mécanismes mis en place par les Etats afin de favoriser le libre-
échange, il faut relever que le dualisme présente des défis à l’encontre des Etats (II).

II. Les effets de la coexistence de deux objectifs du droit douanier

Les analystes économiques font souvent la distinction entre deux types de fonctions
concernant les droits : les droits sont conçus soit comme source de recettes, soit comme
moyen de protection. En d’autres termes, les premiers visent à recouvrer de l’argent pour le
gouvernement, alors que les derniers ont vocation à gonfler les prix des marchandises
importées et à protéger les industries nationales de la concurrence étrangère.

Cette explication est toutefois trop simple pour un sujet si complexe et pourrait donner lieu à
de fausses conclusions. En effet, ces deux fonctions ne s’excluent pas mutuellement et le but
d’un droit tarifaire peut changer avec l’évolution du paysage économique dans une branche
d’activité donnée. Dans son ouvrage « Histoire mondiale de la Douane et des tarifs

8
douaniers », le professeur Hinorori Asakura remarque d’ailleurs que les économistes ont
souvent un doute quant à la fonction exacte des droits de douane20.

Toutefois, ce rôle dual expose le droit douanier à certain risque qui est évident. On a le risque
de surprotection (B) et le risque de surimposition du tarif douanier (A).

A- Le risque de surimposition du tarif douanier

Depuis l'achèvement du marché intérieur, les marchandises peuvent circuler librement entre
les États membres. Le 'Tarif Douanier Commun' (TDC) s'applique dès lors à l'importation de
marchandises au travers des frontières extérieures de l'UE.

Le tarif est un concept, un ensemble de lois par opposition à une loi codifiée unique. Il existe
néanmoins une sorte de tarif de travail, appelé, qui n'est pas à proprement parler un texte de
loi21.

Les surprix ou l'absence de droits de douane pour certaines exportations vers la France, sont
un frein à la diversification. Exemple : la viticulture22.

Les liaisons commerciales entre entreprises. La majorité des entreprises sont étrangères et
sont en liaison avec leur maison-mère, où des correspondants dans leur pays d'origine. Ces
liens sont assez solides pour constituer un frein important à la diversification géographique.

Une fois n’est pas coutume, le projet de loi de finances rectificative pour 2016 réserve une
nouvelle mauvaise surprise aux contribuables en prévoyant l’application des intérêts de retard
aux impôts, droits et taxes régis par le Code des douanes (droits de douane, TVA à
l’importation, TGAP, TIC, etc.) qui ne seraient pas acquittés dans le délai légal.

Bien que la mesure ne soit pas choquante dans son principe, ses modalités d’application
posent deux problèmes :
D’une part, les intérêts de retard ne seront pas suspendus en cas d’introduction d’une
contestation de la dette, privant, de facto, le contribuable de la possibilité de ne pas acquitter
cette dernière et de la remplacer par une garantie de paiement jusqu’à l’issue de la
contestation, une possibilité offerte pourtant par l’article 348 du Code des douanes,
20
Www. mag.wcoomd.org/fr/magazine/omd-actualites-93-octobre-2020/le-role-double-et-dynamique-des droits-
de-douane/ 10/05/2023 à 14h 33
21
Www.taxation-customs.ec.europa.eu/customs-4/calculation-customs-duties/customs-tariff_fr 10/05/2023 à 14h
50
22
KHODJA. M, « LA RESTRUCTURATION DU COMMERCE EXTERIEUR », REVUE ALGERIENNE 13°"
SEANCE 10 MAI 1963, P.249

9
D’autre part, les intérêts de retard pourront se cumuler avec les amendes douanières prévues
par les articles 410 à 414 du Code des douanes, tenant en pratique déjà compte du retard de
paiement23.
Les droits ajustables servent à fixer le prix d’un bien importé. Si le prix de cette dernière
chute, le droit augmente pour que le prix du bien sur le marché suisse reste inchangé. Le
calcul des droits ajustables s’appliquant aux produits importés passe par l’établissement d’un
prix d’importation indicatif. Ce prix indicatif correspond au prix que le produit importé doit
finalement coûter. Le droit ajustable est fixé de manière que le prix visé soit atteint. Il
correspond donc à la différence entre le prix indicatif et le prix du marché mondial. Le tarif
douanier est généralement révisé et ajusté sur une base mensuelle.

Les tarifs saisonniers sont appliqués aux produits agricoles des catégories suivantes : fruits
frais, légumes frais et fleurs coupées. Ils sont utilisés en association avec les droits
contingentaires. Il existe deux taux de droits de douane : le taux du contingent et le taux hors
contingent. Lorsqu’elles ont lieu dans les limites du contingent défini, les importations sont
soumises à un droit d’entrée réduit, le taux du contingent. Mais si les contingents sont épuisés,
un taux prohibitif – le taux hors contingent – est généralement prélevé. Le taux du contingent
moyen pour les produits laitiers est par exemple de 10,2%, alors que le taux or contingent
moyen dépasse largement 100%. Les droits exacts dépendent des divers sous-produits et de
leur contingentement.

Si ces problèmes ne sont pas réglés d’ici le vote de la loi, ils seront source d’un important
contentieux24. Toutefois, il convient d’étudier le risque de surprotection.

B- Le risque de surprotection

Article 3 1. La valeur en douane des marchandises importées sera la valeur transactionnelle


c'est-à-dire le prix effectivement payé ou à payer pour les marchandises lorsqu'elles sont
vendues pour l'exportation à destination de l'Union, après ajustement conformément aux
dispositions de l'article 4, pour autant :

a) qu'il n'existe pas de restrictions concernant la cession ou l'utilisation des marchandises par
l'acheteur, autres que des restrictions qui : i) sont imposées ou exigées par les lois et
règlements des autorités publiques de l'Union; ii) limitent la zone géographique dans laquelle
23
art 410 à 414 du Code des douanes
24
www.actualitesdudroit.fr/browse/transport/douane/3699/interets-de-retard-dans-le-code-des-douanes-une-
mauvaise-surprise 10/05/2023 à 17h 40

10
des marchandises peuvent être revendues; ou iii) n'affectent pas substantiellement la valeur
des marchandises.

b) que la vente ou le prix n'est pas subordonné à des conditions ou à des prestations dont la
valeur n'est pas déterminable pour ce qui se rapporte aux marchandises à évaluer; c)
qu'aucune partie du produit de toute revente, cession ou utilisation ultérieure des
marchandises par l'acheteur ne revient directement ou indirectement au vendeur, sauf si un
ajustement approprié peut être opéré en vertu des dispositions de l'article 4; et d) que
l'acheteur et le vendeur ne sont pas liés ou, s'ils le sont, que la valeur transactionnelle est
acceptable à des fins douanières en vertu du paragraphe 2. 2.

a) Pour déterminer si la valeur transactionnelle est acceptable aux fins de l'application du


paragraphe 1, le fait que l'acheteur et le vendeur sont liés au sens de l'article premier ne
G/VAL/N/1/BFA/1 Página 5 constituera pas en soi un motif suffisant pour considérer la valeur
transactionnelle comme inacceptable25.

25
Art 3 al 1 RÈGLEMENT N° 05/99/CM/UEMOA PORTANT VALEUR EN DOUANE DES
MARCHANDISES

11
CONCLUSION

En somme, Le droit douanier assure aux fonctionnaires certaines prérogatives qui leur
permettent d’exercer un droit de contrôle lors des opérations douanières. Ces prérogatives
sont contenues dans le Code des Douanes aux articles 60, 63 et 65.

Comme première prérogative, l’agent des douanes dispose d’un droit de visite (art 60). Il est
légalement autorisé à garder une personne dans un temps strictement défini pour visiter et
effectuer les vérifications d’usage sur une marchandise dans le but de trouver d’éventuelles
infractions.

Aussi, l’agent bénéficie d’un droit de communication qui lui permet d’exiger des opérateurs
et acteurs tous les documents nécessaires au contrôle. L’extrême nécessité du contrôle des
pièces a forcé la numérisation des activités pour fluidifier les échanges. Il faut dire que la non-
communication des informations à l’agent des douanes entraîne des pénalités financières.

Enfin, le douanier a le droit d’accéder aux locaux à usage professionnel pour des fins de
contrôle. Il s’appuie sur le régime de la perquisition pour contraindre les opérateurs
économiques récalcitrants à faciliter l’accès des bâtiments aux agents.

Si l’argent est le nerf de la guerre, les taxes douanières sont les poumons de l’économie. Les
taxes et redevances douanières constituent une immense partie des économies d’un État. Leur
gestion ne doit donc souffrir d’aucune approximation.

Le tarif douanier est un impôt prélevé sur les marchandises importées par les services de
douane. Il a une double utilité : encourager l’industrie locale et renflouer les caisses de l’État.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est obligatoire de tout déclarer à l’entrée et à la sortie
du territoire français. Si vous revenez en France avec un produit étranger (hors Union
européenne), il faudra opter pour une taxation tarifaire de 2,5 % de la valeur de la
marchandise ou être taxé sur la base du Tarif Douanier Commun.

En outre, l’obligation de déclaration prend en compte les sommes, les titres, les valeurs et
autres éléments mentionnés par l’article L.561.13 du Code monétaire et foncier. Le
rapport avec le droit douanier ? Ce dernier règlemente tout le processus en sanctionnant les
manquements à l’obligation de déclaration.

12
Dans ce sens, pour la non-déclaration d’une somme par exemple, la sanction est une amende
douanière de 50 % du montant non déclaré. Il peut aussi y avoir une consignation des
sommes consignées et saisies. Dans le pire des cas, l’État peut entamer des poursuites pour
blanchiment d’argent. Le droit douanier intervient aussi dans la règlementation des déchets à
travers le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux.

13
Bibliographie
Ouvrages
 Guillochon, Économie internationale, 9ème éd., Dunod, 2020, p. 202.
 J. SAPIR, Le protectionnisme, Que sais-je, 1ère éd, p. 57.
Articles
 P. Ibanda Kabaka, « Le droit douanier congolais : missions d’intérêt général versus
enrichissement des agents »
 KHODJA. M, « LA RESTRUCTURATION DU COMMERCE EXTERIEUR », REVUE
ALGERIENNE 13°" SEANCE 10 MAI 1963, P.249

Theses et mémoire
R.cren, thèse « Poursuites et sanctions en droit pénal douanier », université panthéon-Assas
Codes et conventions
 Art 410 à 414 du Code des douanes
 Art 3 al 1 RÈGLEMENT N° 05/99/CM/UEMOA PORTANT VALEUR EN DOUANE
DES MARCHANDISES
 ACCORD PORTANT CRÉATION DE LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE
CONTINENTALE AFRICAINE, La zone de libre-échange continentale africaine
(ZLECAf2, ZLECA ou ZLEC) est un projet de zone de libre-échange en cours de
création sur l'ensemble du continent africain. Elle doit regrouper la zone tripartite de
libre-échange, qui doit inclure le Marché commun de l'Afrique orientale et australe
(COMESA), la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) et la Communauté de
développement d'Afrique australe (SADC), avec d'autre part la Communauté économique
des États de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la Communauté des États
sahélo-sahariens.
 L'Accord sur les règles d'origine vise à harmoniser les règles d'origine non préférentielles
et à veiller à ce que ces règles ne créent pas en elles-mêmes des obstacles non nécessaires
au commerce. L'Accord définit un programme de travail pour l'harmonisation des règles
d'origine à entreprendre après l'entrée en vigueur de l'Accord sur l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) conjointement avec l'Organisation mondiale des douanes (OMD)

webographie
 https://www.wto.org/indexfr.htm (Site internet, dernière consultation le 6/05/2023).
 https://www.wto.org/french/tratop_f/gatt_f/gatt_f.htm#:~:text=L'Accord%20g%C3%A9n
%C3%A9ral%20sur%20les,veille%20au%20fonctionnement%20du%20GATT. (Site
internet, dernière consultation le 6/05/2023).
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des-douanes-une-mauvaise-surprise 10/05/2023 à 17h 40

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