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ACCORDS COMMERCIAUX DE L’UNION EUROPÉENNE

Accords de nouvelle génération : type d’accord développé suite notamment à l’arrêt des négociations multilatérales du
cycle de Doha dans le cadre de l’OMC. Les accords de nouvelle génération se distinguent par le fait qu'ils ne se
contentent pas de diminuer les droits de douane mais ils tentent d'amoindrir toutes les entraves existantes au commerce.
Les accords de libre-échange de nouvelle génération concernent donc également les services, les marchés publics, la
protection de la propriété intellectuelle… Les accords de nouvelle génération tendent également vers une harmonisation
des normes, qu'elles soient sanitaires, sociales, techniques ou environnementales. Autre nouveauté, le mécanisme de
règlement des différends entre investisseurs et Etats (ISDS).

CETA
L’Accord Économique et Commercial Global (AECG), ou Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA),
est un traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, signé le 30 octobre 2016 et entré en
vigueur le 21 septembre 2017. C’est le premier accord commercial bilatéral que l’Union européenne signe avec une
grande puissance économique.

HISTORIQUE
6 mai 2009 : Sommet de Prague, lancement des négociations sur le CETA
26 septembre 2014 : Proclamation, lors d’un sommet à Ottawa, de la fin des négociations et présentation du projet de
traité
29 février 2016 : A l’issue de l’examen juridique du texte, un version modifiée de l’accord est proposée, qui contient
notamment une modification importante du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats (cf.
infra).
5 juillet 2016 : La Commission européenne soumet officiellement au Conseil une proposition en vue de la signature et
de la conclusion du CETA, en le qualifiant d’accord mixte.
30 octobre 2016 : Signature de l’accord par les deux parties
15 janvier 2017 : Le Parlement européen se prononce en faveur du Traité
21 septembre 2017 : L’accord entre provisoirement en vigueur

CONTENU
Le CETA contient les principales dispositions suivantes :
- Droits de douane : environ 99% des droits de douane - Indications géographiques : reconnaissance par le Canada
seront supprimés. de 145 indications géographiques, sur les 1500 que
- Agriculture : c’est l’un des seuls secteurs pour lesquels compte l’Union.
les droits de douane ne sont pas totalement supprimés. Il - Brevets : les laboratoires pharmaceutiques européens
reste soumis à des contingents tarifaires, mais qui sont vont pouvoir accroître de deux ans la protection de leurs
sensiblement allégé. Ainsi, les quotas de viande porcine médicaments sur le marché canadien avant que des
du Canada vers l’UE passent de 5500 à 75 000, et ceux fabricants de génériques ne puissent s’en emparer.
de fromages de l’UE vers le Canada de 13 500 à 18 500. - Convergence des normes : le CETA installe un cadre
- Marchés publics : 30% des marchés publics canadiens pour multiplier les reconnaissances d’équivalence des
seront ouverts aux entreprises européennes contre 10% normes.
actuellement. - Coopération règlementaire : le CETA instaure plusieurs
- Services financiers : le CETA doit dynamiser les forums censés discuter en amont des futures évolutions
investissements mutuels, encourager la concurrence et réglementaires entre le Canada et l’UE.
libéraliser les échanges financiers. - Mobilité professionnelle : la reconnaissance mutuelle des
qualifications des travailleurs sera améliorée, et les
transferts de personnels entre l’UE et le Canada facilités.

MÉCANISME DE RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS ENTRE INVESTISSEURS ET ETATS


Le CETA instaure un tribunal arbitral pour régler les différends entre investisseurs et Etats. Ce mécanisme très
controversé est notamment à l’origine de la modification de l’accord lors de son examen juridique entre septembre 2014
et février 2016.
La version révisée du texte du CETA comprend un nouvel article qui garantit que le droit de réglementer à des fins de
politiques publiques est pleinement préservé. Cet article garantit également que les dispositions relatives à la protection
des investissements ne seront pas interprétées comme un engagement des gouvernements de ne pas modifier leur cadre
juridique. Ainsi, une mesure susceptible d’avoir des répercussions négatives sur un investissement ou sur les bénéfices
attendus par les investisseurs n’est pas en contradiction avec l’accord pour cette seule raison.
Le nouveau mécanisme de règlement des différends prend désormais la forme d’un un tribunal permanent de quinze
membres nommés par l’UE et le Canada. Des divisions du tribunal composées de trois membres seront chargées de
l’examen de chaque affaire particulière.
Alors que le texte initial du CETA prévoyait la possibilité de créer un mécanisme d’appel dans les années à venir, sa
version actualisée institue une cour d’appel dès l’entrée en vigueur de l’accord.
Néanmoins, malgré des progrès indéniables, le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats
inclus dans le CETA souffre encore de quelques critiques. Ainsi, elle ne dispose pas de sa propre structure avec son
personnel et son secrétariat, mais utilisera les services du Cirdi, un organisme d’arbitrage établi à Washington. La
création d’une véritable cour multilatérale n’est proclamée que comme un objectif par l’UE et le Canada.
ACCORD UE/SINGAPOUR
L'accord de libre-échange entre Singapour et l'Union européenne (EUSFTA, EU-Singapore Free Trade Agreement) est
un accord de libre-échange.

HISTORIQUE
Mars 2010 : Début des négociations entre l’Union européenne et Singapour.
1er juin 2013 : Fin des négociations entre l’UE et Singapour.
20 septembre 2013 : L’UE et Singapour paraphent le texte de l’accord.
Octobre 2014 : Fin des négociations sur le chapitre portant sur la protection des investissements.
10 juillet 2015 : La Commission européenne introduit une demande d’avis devant la CJUE tendant à déterminer si l’UE
a la compétence requise pour signer et conclure seule l’accord de libre-échange avec Singapour.
16 mai 2017 : Dans son avis sur le Traité UE-Singapour, la CJUE juge que l’Union européenne ne dispose pas d’une
compétence exclusive pour conclure des accords commerciaux qui contiennent des mécanismes de protection des
investissements, notamment car l’Union ne dispose pas d’une compétence exclusive en matière d’investissement de
portefeuille.
19 octobre 2018 : Signature de l’accord entre l’UE et Singapour, qui est donc divisé en deux accords distincts, l’un étant
l’accord de libre-échange UE-Singapour proprement dit, l’autre l’accord de protection des investissements entre l’UE et
Singapour.
13 février 2019 : Le Parlement européen approuve l’accord de libre-échange entre l’UE et Singapour.

CONTENU
L’EUSFTA contient notamment les dispositions suivantes :
- Coopération dans la mise en œuvre des mesures - Coopération dans la mise en œuvre des mesures
sanitaires et phytosanitaires sanitaires et phytosanitaires
- Renforcement de la protection des droits de propriété - Renforcement de la protection des droits de propriété
intellectuelle intellectuelle
- Des disciplines solides en matière de politique de - Convergence en matière de politique de concurrence
concurrence - Engagement renouvelé en faveur du développement
- Engagement renouvelé en faveur du développement durable
durable
ACCORD UE/JAPON
L’accord de libre-échange entre le Japon et l’Union européenne (JEFTA, Japan-EU Free Trade Agreement) est l’accord
de partenariat économique le plus ambitieux jamais conclu jusqu’à là par l’Union européenne. C’est aussi le plus large
accord commercial bilatéral jamais conclu, qui donne naissance à une zone de libre-échange représentant près d’un tiers
du PIB mondial et regroupant plus de 630 millions de personnes.

HISTORIQUE
25 mars 2013 : Début des négociations entre l’UE et le Japon.
8 décembre 2017 : Fin officielle des négociations entre l’UE et le Japon.
17 juillet 2018 : Signature de l’accord à Tokyo.
8 et 12 décembre 2018 : Ratification de l’accord par le Japon puis par le Parlement européen.
1er février 2019 : Entrée en vigueur de l’accord.

CONTENU
Je JEFTA contient les principales dispositions suivantes :
- Droits de douane : environ 99% des droits de douane - Indications géographiques : reconnaissance par le Japon
seront supprimés. de 205 indications géographiques, sur les 1500 que
- Agriculture : 85% des produits agroalimentaires de l’UE compte l’Union.
pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais - Les procédures d'autorisation sont simplifiées en matières
parfois à l’issue de périodes de transition. Le riz est exclu sanitaire et phytosanitaire.
de l’accord. L’accord élimine notamment les droits de - Dispositions sur la protection du secret industriel et
douane sur plusieurs fromages, mais à l’issue d’une commercial, des marques, des droits d'auteur et des
période de transition de 15 ans. brevets, des règles communes minimales sur la protection
- Marchés publics : L'accord permet l'accès aux marchés des données relatives aux essais réglementaires dans le
publics des 53 plus grandes villes du Japon, ainsi que domaine pharmaceutique, etc.
dans le secteur ferroviaire pour les entreprises - Amélioration de l’accès aux services.
européennes.
- Le secteur automobile est au cœur de l’accord : les
japonais auront un total accès au marché européen à
l’issue d’une période de 7 ans.

L’accord ne prévoit pas de mécanisme de protection des investissements, afin de ne pas être qualifié d’accord mixte et
d’accélérer son entrée en vigueur.
Par ailleurs, il s’agit du premier accord commercial à faire explicitement référence à l’accord de Paris sur le climat,
l’UE et le Japon s’engageant notamment à coopérer pour le mettre en œuvre.
NÉGOCIATIONS COMMERCIALES ENTRE UE ET ETATS-UNIS
HISTORIQUE
1er juin 2018 : Les Etats-Unis annoncent qu’ils étendent les mesures unilatérales imposant des droits de douane sur les
importations d’acier et d’aluminium, décidées le 8 mars 2018, à l’Union européenne, au Canada et au Mexique, qui
avaient été dans un premier temps exemptés. Pour l’Union européenne, les exportations de produits en cause
représentent une valeur de 6 milliards d’euros.
21 juin 2018 : L’Union européenne annonce des contre-mesures, qualifiées de mesures de sauvegarde, sur une série de
biens américains d’une valeur de 2,8 milliards d’euros. L’administration américaine dénonce l’illégalité de telles
mesures et menace d’instaurer une nouvelle taxe douanière de 20% sur les importations européennes de voitures.
25 juillet 2018 : A l’issue d’une rencontre à Washington entre MM. Trump et Juncker, les Etats-Unis et l’UE adoptent
une déclaration commune. Dans cette déclaration, les deux parties annoncent vouloir :
 travailler à la suppression totale des droits de douane, des barrières non tarifaires et des subventions pour les
biens industriels non automobiles,
 ouvrir les marchés aux agriculteurs et aux travailleurs,
 augmenter les importations par l’UE de GNL et de soja américains,
 lancer un dialogue étroit sur les normes afin de faciliter les échanges et de réduire les obstacles
bureaucratiques,
 entamer une étroite collaboration en vue de réformer l’OMC et de combattre les pratiques commerciales
déloyales,
 mettre en place, avec effet immédiat, un groupe de travail commun composé des plus proches conseillers des
deux présidents.
Les deux parties annoncent un stand still en matière de nouvelles taxation pendant les négociations.
Octobre-novembre 2018 : Alors que les Etats-Unis se plaignent du faible avancement des négociations et remettent
leur menace de taxation des importations automobiles européennes sur la table, la Commission européenne annonce
qu’elle se tient prête à répliquer à toute mesure unilatérale. Les tensions commerciales entre les deux blocs ne semblent
pas apaisées.
18 janvier 2019 : En accord avec l’article 207 TFUE, la Commission européenne publie deux projets de mandat de
négociation avec les Etats-Unis, sur la base desquels le Conseil autorisera ou non l’ouverture des négociations.
14 mars 2019 : Le Parlement européen échoue à trouver une position commune sur le lancement de négociations
commerciales avec les Etats-Unis d’Amérique. Une résolution initialement favorable à l’ouverture sous conditions des
négociations avait fait l’objet d’un amendement soutenu par l’extrême gauche et l’extrême droite en changeant le sens
pour recommander au Conseil de ne pas autoriser l’ouverture des négociations, avant d’être finalement rejetée par le
Parlement.
22 mars 2019 : Lors du Conseil européen au cours duquel le sujet des négociations commerciales avec les Etats-Unis
était sur la table des discussions, Emmanuel Macron a déclaré que les conditions ne sont pas encore réunies pour que
Paris approuve les deux mandats de négociation. Il a notamment indiqué qu’il n’était pas favorable à la négociation de
nouveaux accords commerciaux avec des partenaires qui n’ont pas les mêmes exigences environnementales que
l’Union. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont donc séparés sans avoir fixé un calendrier précis en la matière.

ENJEUX
Contenu des mandats de négociation :
Le 19 janvier 2019, la Commission européenne a publié deux mandats de négociation, l’un sur l’élimination des droits
de douane pour les biens industriels, l’autre sur l’évaluation de la conformité.
Élimination des droits de douane pour les biens industriels. Le but des négociations est l’élimination réciproque des
droits de douane sur les biens industriels, qui correspondent à l’ensemble des biens exceptés ceux figurant à l’annexe I
de l’Accord OMC sur l’agriculture.
Si les droits de douane entre l’UE et les Etats-Unis sont déjà bas (4,2% et 3,1% respectivement), l’importance des
échanges entre l’UE et les Etats-Unis fait que l’élimination des droits de douane aura une conséquence significative : les
exportations augmenteraient de 10% et 13% respectivement.
Évaluation de la conformité. Le coût de l’évaluation de la conformité (le fait pour un exportateur de faire certifier ses
produits afin qu’ils puissent légalement être introduits dans le pays où il souhaite exporter) représente un obstacle aux
échanges entre les Etats-Unis et l’UE.
La présente recommandation propose donc d'engager des négociations avec les États-Unis en vue de réduire les coûts
de l'évaluation de la conformité pour les opérateurs économiques des deux côtés de l'Atlantique en acceptant les
résultats des évaluations de la conformité effectuées par des organismes d'évaluation de la conformité établis sur le
territoire de la partie exportatrice sur le territoire de la partie importatrice, conformément aux exigences techniques de
cette dernière.
Déstabilisation de l’OMC :
La décision de Trump de taxer les importations européennes d’aluminium et d’acier fait partie d’une offensive
commerciale tout azimut des Etats-Unis dans le but de déstabiliser le système commercial multilatéral. A ce titre, il est
significatif que le Président des Etats-Unis ait fondé sa décision sur l’article 232 du Trade Expansion Act qui lui permet
d’imposer des taxes sur un bien importé dans des quantités ou des circonstances telles que cela menace ou nuit à la
sécurité nationale plutôt que sur l’article XIX du GATT sur les mesures de sauvegarde.
Agriculture :
L’inclusion de l’agriculture dans les négociations commerciales est l’un des principaux enjeux et l’une des principales
divergences d’interprétation entre les Etats-Unis et la Commission européenne. En effet, d’une part, dès l’annonce de
l’accord, la France a indiqué qu’elle était tout à fait opposé à ce que l’agriculture entre dans le champ des négociations.
Dans le même temps, Trump déclarait à l’issue de l’adoption de la déclaration qu’il venait d’ouvrir le marché européen
aux agriculteurs américains, alors que la Commission européenne affirmait que seuls les biens industriels étaient
concernés.
Les mandats de négociation publiés par la Commission européenne précisent bien que l’agriculture ne fait pas partie des
négociations. Partant, la Commission n’aurait, quoi que puisse en dire les Etats-Unis, pas la compétence pour négocier
sur de tels sujets. Néanmoins, force est de constater que les divergences sur le sujet persiste, et les Etats-Unis insistent
toujours pour que l’agriculture fasse partie des négociations. On peut présager que cela représentera un point de rupture
lorsque qu’ils se rendront compte que la Commission n’a tout simplement pas la possibilité de négocier sur de tels
sujets.
L’inclusion de l’agriculture dans les négociations poserait un certain nombre de problèmes parmi lesquels :
- Les divergences sanitaires entre les Etats-Unis et l’UE, - Les aides agricoles européennes versées dans le cadre de
notamment sur les OGM, le poulet lavé au chlore ou le la PAC.
bœuf aux hormones - Le système européen de protection des indications
géographiques.
NOUVEAUX INSTRUMENTS DE DÉFENSE COMMERCIALE
NOUVEAUX INSTRUMENTS ANTIDUMPING
Jusqu’en 2016, la méthode permettant de mettre en évidence des pratiques de dumping en provenance de la Chine,
contenue dans le protocole d’accès de la Chine à l’OMC, était particulièrement favorable aux entreprises européennes :
pour montrer un dumping éventuel, elles pouvaient comparer le prix d’un produit chinois exporté vers l’Union, non pas
avec celui du même produit sur le marché intérieur chinois (qui risque d’être artificiellement bas, le pays
subventionnant des pans entiers de son économie), mais avec celui de ce produit dans un autre pays dit analogue
(Brésil, Thaïlande, etc.).
Or, le 12 décembre 2016, la Chine a pleinement accédé au statut d’« économie de marché » qui ne permet plus de lui
imposer une telle méthode. Dans ces conditions, l’UE a dû moderniser sa législation antidumping, permise dans le
cadre de l’OMC, afin de mieux lutter contre les pratiques chinoises.
Tout d’abord, dans le règlement (UE) n°2017/2321 du 12 décembre 2017, la Commission introduit une nouvelle
méthode de calcul de la marge de dumping. Ainsi, la Commission ne s’arrêtera pas à une simple comparaison des prix à
l’exportation avec les prix sur le marché intérieur du pays exportateur : si, en raison de l'intervention de l'État dans
l'économie, les prix sur le marché intérieur sont faussés, la Commission en tiendra compte lors du calcul de la marge de
dumping. Ainsi, même s'il n'existe pas de différence de prix entre les prix à l'intérieur du pays et ses prix à l'exportation,
l'UE pourra considérer qu'il y a une concurrence injuste pour le pays destinataire des produits et mettra en place des
mesures pour se protéger.
Ensuite, le règlement (UE) n°2018/825 du 30 mai 2018 vient raccourcir à sept mois le délai des enquêtes, augmente le
montant des taxes à l’importation une fois le dumping avéré, met en place un système d’alerte précoce concernant
l’institution de mesures antidumping et antisubventions provisoires.
Raccourcissement des délais d’enquête à sept mois et augmentation des taxes à l’importation une fois le dumping avéré.
De manière plus générale, la Commission souhaite renforcer le soutien aux PME de l’UE, ce qui passe par la mise à
disposition d’études détaillées permettant d’apporter plus rapidement des preuves dans le cadre de plaintes. Ainsi, la
Commission prévoit de produire chaque année un rapport sur les distorsions du marché d'un pays tiers en particulier, le
plus visé par l'activité antidumping de l'UE, afin de mettre à disposition des entreprises européennes des preuves pour
soutenir leurs plaintes et ainsi mettre en œuvre les mesures antidumping le plus rapidement possible.

SURVEILLANCE DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS


En septembre 2017, la Commission européenne a présenté une proposition de règlement visant à mieux surveiller les
investissements étrangers dans l’UE. Le 14 février 2019, la proposition de règlement a été définitivement adoptée par le
Parlement européen tandis que le 5 mars, le Conseil a approuvé la position du Parlement ; le mécanisme devrait entrer
en vigueur courant 2020.
Un tel mécanisme ne sera pas contraignant et reposera sur un échange d’informations entre Etats membres et la
Commission européenne. Ainsi, tout Etat membre devra informer ses partenaires d’un projet d’investissement étranger
sensible, sur le secteur concerné, l’identité de l’investisseur et le montant approximatif de l’investissement.
Si un autre Etat membre formule des interrogations au sujet de cet investissement, l’Etat membre concerné devra
simplement en tenir compte. Si c’est la Commission européenne qui formule de tels doutes, soit de sa propre initiative,
soit à l’initiative de d’un tiers des Etats membres, l’Etat membre concerné devra formuler une réponse à ces
inquiétudes.
En tout état de cause, l’UE n’acquière pas la compétence de bloquer un investissement étranger qu’elle considère
problématique.

NOUVELLE POLITIQUE EN MATIÈRE DE MARCHÉS PUBLICS


La Commission européenne est aussi en train de réfléchir à de nouvelles règles en matière de commande publique.
Ainsi, le jeudi 21 mars, les Etats membres devraient débattre d’une proposition visant à restreindre l’accès à la
commande publique européenne aux entreprises des Etats tiers qui n’assureraient pas une réciprocité en la matière. Si la
Chine est la cible principale de cette démarche, d’autres pays où l’accès pour les entreprises européennes à la
commande publique locale est difficile pourraient être concernés, comme la Russie, la Turquie, l’Inde, l’Indonésie, le
Japon ou la Corée du Sud.
Une telle proposition avait déjà été avancée deux fois par le passé par la Commission européenne, mais avait échouée
face à l’opposition de certains Etats membres comme le Royaume-Uni ou la Suède, mais aussi l’Allemagne
notamment.
Ainsi, en 2012, une première proposition avait été présentée par Michel Barnier, alors Commissaire au marché
intérieur, préconisait d’exclure les entreprises en cause de la commande publique européenne. Elle avait été dénoncée
comme beaucoup trop protectionniste par un certain nombre d’Etats membres, en premier lieu desquels l’Allemagne
qui avait dénoncé une proposition inacceptable. Notamment, les opposants insistaient sur le fait qu’une telle proposition
pourrait aboutir à l’exclusion d’offres économiquement bien plus avantageuses pour la seule raison qu’une entreprise
européenne aurait été exclue d’un marché similaire dans le pays en question auparavant.
En 2016, une nouvelle proposition avait été avancée par la Commission européenne, qui prévoyait de manière plus
subtile de continuer à autoriser toute entreprise à soumissionner aux offres européennes, mais en appliquant une
majoration automatique de 20% du prix des offres présentées par des entreprises originaires de pays fermés, notamment
afin de prendre en compte les aides d’Etat dont bénéficieraient lesdites entreprises.
Cette fois, Paris, Berlin et Madrid ont indiqué qu’ils supportent l’idée de travailler sur ces problématiques, même si
certains diplomates de plus petits pays à la tradition libérale restent sceptiques, Suède ou Pays-Bas en tête. Par ailleurs,
l’Italie n’a toujours pas décidé si elle supporterait ou non la proposition, alors qu’elle s’apprête à devenir la première
économie du G7 à accueillir des investissements chinois dans le cadre des routes de la soie.
La forme que prendrait cette restriction à la possibilité de participer à la commande publique européenne n’est pas
encore claire. Elle pourrait prendre la forme ou d’une exclusion pure et simple des entreprises étrangères originaires de
pays fermant l’accès à leur commande publique, ou d’une obligation pour celles-ci de payer un droit si elles souhaitent
prendre part à des appels d’offres publics européens. C’est, compte tenu des précédentes réactions en 2012 et 2016,
plutôt la seconde option qui serait aujourd’hui privilégiée.

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